L A R T D U MENUISIER. PREMIERE PARTIE. Par M. RovBO le fils. Compagnon Menuifier. M. DCC. JLXIX. TH • EXTRAIT DES REGISTRES de l'Académie Royale DES Sciences. Du ij Décembre lydS. L'Académie m'ayant chargé d'examiner l"Art du Menuifier, fait par le fieur Roubo fils. Compagnon Menuifier , je vais expoler la marche que l'Auteur a fuivie dans la def- cription de ce bel Art ; mais auparavant je dois rappeller àla Compagnie que M. Jeaurat avoit entrepris de décrire ce même Art , & que le fieur Roubo étant venu le préfenter à l'Académie , M. Jeaurat a eu la générofité de renoncer au travail qu'il avoit commencé , jugeant convenable de l'abandonner à un hom- me du métier , capable de le bien exécuter. Le fieur Roubo a compris dans fon travail tous les ouvrages en bois qui fervent àla fù- leté , à la commodité & à la décoration des Maifons & des Appartements; ainfi il s'eft en- gagé à traiter de la Menuiferie d'affemblage, & de celle de rapport connue fous le nom de Marqueterie & à' Ebétiiflerie. La Menuiferie d'affemblage , appliquée aux Bâtiments , fe divife en deux parties , (cfl- voir ; la Dormante , qui comprend les Lam- bris, Chambranles, Cloifons, Parquets & tous autres ouvrages qui reftent en place ; 8c la Mo- bile, qui regarde les fermetures, telles que les Portes , Croifées , Contrevents , &c. celle-ci fait l'unique objet de la partie de cet Art dont nous avons à entretenir l'Académie. Le Menuifier doit débiter , dreffer , cor- royer, affembler, orner de moulures, & polir les Bois avec lefquels il fait fes ouvrages ; ce qui le diftingue du Charpentier qui ne tra- vaille point Te bois avec autant de précifion & de propreté. Comme le fieur Roubo em- ploie pour fon Trait & même pour tracer les Moulures , des opérations de Géométrie- pratique , il commence par donner des Elé- ments de cette Science, fe bornant à ce qui eft néceffaire pour l'intelligence des métho- des qu'il propofe ; ôc ce petit Traité forme le premier Chapitre. Il entame dans le fécond Chapitre la pra- tique de fon Art , en faifant connoître quels font les Bois propres à la Menuiferie , ex- pofant leurs diiférentcs qualités , & les cir- conftances ou il convient d'employer les uns plutôt que les autres. Il dit comment on doit les empiler par échantillon , ayant foin de féparer les Battants des Portes - cocheres , d'avec les Membrures & les Planchers , dif- tinguant tous ces bois félon leurs différen- tes longueurs , largeurs & épaiffeurs. Il parle enfuite du débit des Bois, objet très- important à l'oeconomie , & qui eft fur-tout effentiel quand on entreprend de grands ouvra- ges , où il y a des parties cintrées ou bombées. Il s'agit dans le troifieme Chapitre des Moulures & des Profils ; il fait connoître ceux qui font en ufage dans la Menuiferie ; les circonftances où il convient d'employer les uns plutôt que les autres , & la façon de les tracer , ou en fuivant la pratique dés Ou- vriers, ou par des opérations de Géométrie- pratique , au moyen defquelles on les rend Menuisier. plus régulières. Les Affemblages dont il traite dans le qua- trième Chapitre , contribuent non-feulement a la beauté des ouvrages , mais encore à leur folidité ; auffi c'eftune partie très intérelfante de cet Art. L'Auteur parle d'abord de leurs ufages & de leurs proportions ; il explique la façon de faire les Affembliges à tenons & mortaifes , ceux à enfourchements, comment on doit ménager les Onglets dans différen- tes circonftances , les Affemblages que l'on nomme à his de fil, ceux de fauffe coupe quand les champs font inégaux ; ceux à clefs, à queues d'aronde apparentes ou perdues. J'étendrois trop cet Extrait , fi j'entreprenois de fuivre l'Auteur dans toutes les fortes d'Af- femblages dont il parle. Ce Chapitre eft ter- miné par les Affemblages en flûte , ceux à mi bois, & ceux que Van nomme à Tr a» de Ju- ptter. Après avoir donné très clairement la façon de traiter ces différentes fortes d'Af- lemblages , avec les attentions néceffaires pour ne point interrompre l'ordre des Mou- lures , 1 Auteur indique les circonftances où il convient d'employer les unes plutôt que les autres. Les Menuifiers font ufage de beaucoup de différentes fortes d'Outils , que l'on trou- vera décrits dans le cinquième Chapitre qui eft fort étendu. L'Auteur y donne leurs dif- férentes formes , & fur-tout les ufages au.x- quels cliaque outil doit fervir. Le fieur Roubo traite fpécialement dans le «'.Chapitre de la Menuiferie mobile , & d'a- bord des Croifées ; & après en avoir parlé en général , il fait remarquer que les ouvrages de Menuiferie que l'on met dans les Bayes prati- quées dans les murailles fe nomment Cro:- Jees , ainfi que les Bayes elles-mêmes , & que les Croifées de Menuiferie prennent des noms particuliers , fuivant leurs différentes formes & ufages. Par rapport à leurs formes on les nomme Croifées enéve.iiml, quand elles font dans des bayes cintrées ; elles font ou plein ceintre, ou bombées, ou furbaiffées , à ini- /. ""i-ê"' "rV!^'- P^"' " y a des Croifées d Entrefol, a la T.îanfàrde, à couliffe double ou fimple, à l'Angloife & à la Fran- çoife : fi elles font garnies de volets , on les nomme Pleine! & celles qui font cintrées fur le plan , fe nomment Cintrées en vlan , loit qu elles foient creufes ou bombées. Eu égard à leur ouverture , les unes fe nomment à cSté double ou jimple , à gueule de loup , à champfrain double ou limple , â noix ôc à feuillure , &c. Par rapport à leur affemblage , les unes font a pomte de diamant ; d'autres à grandes ou a petites plinthes, ou à rond entre deux cavees ; en trèfle , à cœur, à petit cadre , &c. La plupart des Croifées font à limple pa- rement ; cependant il y en a qui ont des pa- rements des deux côtés. Le fieur Roubo traite féparénient de toutes ces différentes efpeces a \ de Croifées, faifant remarquer leurs avanta- ges & leurs inconvénients , les lieux où cha- cune peut convenir ; & il termine ce fixieme Chapitre par les Portes vitrées , les doubles Croifées, & celles à jaloufies d'aflemblage , & les Perfiennes. Dans le feptieme Chapitre , il s'agit des Volets ou Guichets : on fait que ce font des Vantaux de Menuiferie qui recouvrent les Chaffis à verre , rendent les appartements plus fnrs , 6c empêchent que le jour n'y pé- nètre lorfqu'on le juge à propos. Si les em- brafures avoient affez de profondeur pour que l'on pût fe difpenfer de brifer les volets, cet article exigeroit peu de précaution, puif- que ce ne feroit qu'un panneau de IVIenuife- lie ; mais on efl: prefque toujours dans la né- ceiïité de les brifer , & en ce cas les Menui- liers peu expérimentés font des difformités choquantes ^ le fieur Roubo les en avertit , & leur fournit des moyens pour les éviter. Le huitième Chapitre où il s'agit des peti- tes Croifées , eft en quelque forte une conti- nuation du fixieme , au moins à l'égard des Croifées à deux battants ; mais après avoir indiqué quelques différences qui appartien- nent à î:es Croifées , l'Auteur traite des Croi- fées Manfardes & à couliffe. Ces Croifées qui n'exigent aucunes ferrures , étoient au- trefois bien plus en ufage qu'elles ne le font préfentement ; on les a beaucoup perfection- nées : car anciennement elles n'avoient point de dormants , tes Vitriers étoient obligés de les emporter chez eux pour les nettoyer , & les joints étoient feulement fermés par du panier & de la colle de farine ; maintenant elles ont un dormant , & le Vitrier empor- te feulement les chalTis à verre , qu'il remet en place fans papier ni colle. Les Menuifiers ont beaucoiip varié la fa- çon de travailler ces fortes de Croifées ; ils y ont quelquefois mis des volets : tous ces détails font amplement expofés dans ce Cha- pitre , où l'Auteur a toujours l'attention de faire remarquer l'avantage & l'inconvénient des différentes pratiques. Dans les trois derniers Chapitres qui ter- mine la première Paitic , dùuL j'di à ren- dre compte à la Compagnie , il s'agit des Portes battantes. Le fieur Roubo en diflin- gue de trois efpeces , fçavoir ; les grandes , qui comprennent les Portes d'Eglifes , les Portes cocheres des Hôtels , les Portes char- retières des Baffes-cours & Fermes, & gé- néralement toutes celles qui ont affez d'ou- varture pour le paifage des voitures. Les moyennes Portes comprennent les bâtardes qui fervent d'entrées aux Maifons bourgeoi- ses , celles des veftibules, & toutes les por- tes des grands appartements qui font à deux vantaux. Les petites qui n'ont qu'un vantail. Elles font tres-ordinaires dans les maifons communes , & l'on s'en fert dans les palais & dans les hôtels pour les garde - robes & ies dégagements. A l'égard des grandes Por- tes , il y en a qui n'ont point d'impofles , & qui ouvrent dans le cintre ; d'autres avec importes ou fans importes , n'ouvrent point de toute la hauteur, & fourniffent un en- trefol. Notre Auteur entre à ce fujet dans des détails fort întéreïïants fur les orne- ments qui conviennent à ces différentes par- ties i il donne aulTi l'échantillon de la for- ce des bois qu'il faut employer pour les Por- tes cocheres , fuivant leurs grandeurs , les af- femblages qui conviennent pour leur folidité. Les difcufïions de notre Auteur s'étendent fur les Guichets, tant à l'égard de leur foli- dité, que par rapport à leurs décorations i mais plus toutes ces chofes font détaillées dans l'Ouvrage du fieur Roubo , moins il eft pofTible d'en faire l'extrait. Il remarque fort a propos que quoique les Portes d'Eglifes doivent l'emporter fur les autres pour la dé- coration , il faut éviter de les trop charger d'ornements. A l'égard des Portes de Bafl'es- cours & de Fermes , il faut s'attacher pref- que uniquement à la folidité. Pour ce qui efl des Portes bâtardes ou bourgeoifes, com- me elles n'ont qu'un vantail , elles doivent , à peu de chofe près , être femblables aux gui- chets des grandes Portes cocheres. Quoique les Portes que l'on nomme en Placards , qui fervent pour l'entrée des ap- partements foient, à proprement parler, des panneaux de Menuiferie, elles exigent des attentions particulières , eu égard aux Cham- branles, aux Embrafements, aux Attiques, &c. Le fieur Roubo donne différentes maniè- res de déterminer la forme & la largeur des Chambranles , comment il faut revêtir les Embrafements : il parle enfuite des Placards à petits cadres, de ceux à grands cadres i des Placards dont les traverfes font fufceptî- bles de contours & d'ornements ; & , à cette occafion , des différentes manières de chan- tourner les traverfes & de faire les coupes des traverfes cintrées. _ Notre Auteur dit quelque chofe des Portes dont les cintres & la décoration changent des deux côtés. U donne enfuite plufieurs façons de couper les Portes dans les lambris, puis il parle des pla- cards pleins & ravalés dans l'épaiueur des bois. Cette première Partie qui fait au plus le tiers de cet Ouvrage, eft terminée par les pe- tites Portes , ôc elle a exigé cinquante Plan- ches qui ont toutes été defTinées par le fieur Ruubo. Je puis afTurer qu'il règne beaucoup d'ordre & de clarté dans cet Ouvrage j qu'iî ert écrit dans le ftyle convenable à la chofe ; & jeTuis perfuadé que ceux qui liront cet Art , feront furpris de voir au Titre qu'il a été fait par un Compagnon Menuifier. Que l'Académie feroit fatisfaite fi dans tous les Arts il fe trouvoit des Ouvriers capables de rendre aulTi bien les connoiffances qu'ils ont acquifes par un long exercice ! Moins ce phé- nomène eft commun , plus' il fait d'honneur au fieur Roubo, 6c deplaifir à l'Académie, dont l'unique objet eft le progrès des Arts & des Sciences. Ces confidérations ont en- gagé les Libraires à ne rien épargner pour la perfection des Gravures. Signe, DUHAMEL DU MONCEAU. Je certifie l'Extrait ci-dej[us conforme à fon Original & au jugement de (Académie, A Paris , le lo Janvier ij6ç}. GRANDJEAN DE FOUCHY, Sécr. perp. de l'AcR. des Scierces. L'ART L A R T D U MENUISIER. Par M. R o V B o le fils , Compagnon Menuifier. PREMIERE PARTIE- A VAN T-P Ropos, ôG Divijîon de rpt Ouvrage- S o u s le nom de Menuiferie , on comprend tous les ouvrages faits en bois fervant , tant à la commodité , qu'à la sûreté & à la décoration des Apparte^ ments. On diflingue deux fortes de Menuiferîe : celle à l'ufàge des Bâtiments , que l'on nomme d'ajfemblaoe , & l'autre qui fe fait de bois de différentes couleurs débités par feuilles très-minces que l'on applique fur la Menuiferie ordinaire , ce qui s'appelle Menuiferie de rapport, ou Marqueterie , ou enfin Ehcnijlerie ; ces deux branches fe fubdivifent en plufieurs autres , comme je le dirai dans un inftant. Le détail de la Menuiferie d'allèmblage eft d'une très-grande étendue, vû que c'ell de celle-ci qu'émanent toutes les autres elpeces , & que leurs principes font les mêmeç rl,Tn<; le fond. On la divife en deux parties , la Dormante , Se la Mobile. Par Dormante on entend toutes les efpeces de revêtilfements propres aux Appartements , comme Lambris , Cloifons , Parquets , & tous autres ouvrages reliants en place ; & par Menuiferie Mobile , toutes fortes de fermetures, comme les Portes & les Croi- fées , & généralement tous les ouvrages ouvrants , fervants à la commodité & à la sûreté. On nomme donc Menuiferie l'Art de débiter , de dreffer , de corroyer , d'af fembler , d'orner de moulures , de coller & de polir les différentes elpe- ces de bois : Art qui diffère de la Charpenterie , en ce que les Menuifiers n'em- ployent que des bois fecs & d'une médiocre épaiffeur , lelquels font corroyés avec la varlope & le rabot ; au lieu que les Charpentiers n'emploient que des gros bois prefque toujours verts , charpentés ou équarris avec la coignée , & reparés feulement avec la befaiguë. Menuisier, A 3 MENUISIER,!. Partie. Les Menuifiers étoient autrefois appelles Huchers , du mot Huche , qui défi- gne une e/pece de coffre de bois propre à pétrir & à mettre le pain. On les a auffi appelles Uuiffiers, àcaufe del'ancien mot //uij, qui fignifie la porte d'une cham- bre , lequel nom eft encore refté aux poteaux de Charpente ou de Menuiferie qui fervent de baies aux portes des Appartements de peu d'importance. Les Menuifiers ont confervé les différents noms dont je viens de parler jufqu'à la fin du quatorzième Cécle, qu'un Arrêt rendu le 4 Septembre 1382, en aug- mentant les Statuts de cette Communauté, ordonna qu'à l'avenir on les appelle- roit Menuifiers , du mot Minutarius ou Mbiudarius , ce qui fignifie un ouvrier qui travaille à de menus ouvrages. Les Meniùfiers étoient autrefois dépendants du Maître Charpentier du Roi ; on ne fait pas combien a duré cette Jurifdiétion ; mais ce qui eft certain , c'eft qu'il leur fut donné des Statuts au mois de Décembre de l'année 1250, par le Ceur Charles de Montigny , Garde de la Prévôté, i^'^) Depuis ce temps on leur donna encore d'autres Règlements , où l'on confirma les anciens. Le dernier de ces Règlements eft du mois d'Août i (Î4y. Quoique laMcnuiIerie foit très-ancienne en France, il eft certain qu'elle n'a commencé d'être fufceptible de la beauté & de l'élégance que l'on y remarque, que depuis le Régne de Louis XIII. On ne fauroit cependant nier que celui de François I. ne foit l'époque de la naiffance des beaux Arts dans ce Royaume ; mais les temps malheureux qui ont fuivi ce Règne , en ont arrêté le progrès jufqu'à la fin du Règne de Louis XIII, ainfi que je l'ai déjà dit, où les temps devenant plus tranquilles , ont donné aux ouvriers le loifir de s'appliquer à faire ufige de leurs talents , pour perfeèlionner leur Art. Le nombre des Menuifiers venant à s'augmenter , ainfi que leur induftrie , re- lativement aux différents befoins , les a obligés de fe féparer , non-feulement en deux Corps , ( quoique réunis dans une feule & même Communauté ) , qui font les Menuifiers d'AHembUgp & les F.héniftes , mais encore les premiers fe divi- ferent en Menuifiers d'Affemblage ou de Bâtiments , & Menuifiers en Carroffes lefquels ne font que des caiffes de Voitures , comme les Berlines , les Vis-à-vis les Cabriolets , &c ; & les féconds en Menuifiers Ebéniftes , ou de Marqueterie & en Menuifiers en Meubles d'Affemblage , tels que font les Armoires , les Com- modes , les Secrétaires , &c. Il y a encore des Menuifiers en Meubles , qui ne font que des Chaifes , des Canapés , des Bois de lits avec leurs PaviËons de toutes efpeces , lefquels font un Corps à part , & demeurent prefque tous dans un quartier de Paris appellé la Ville-neuve. En général , les Menuifiers font tous obligés d'apprendre le Deffein , chacun relativement à la partie qu'ils embraffent, pour la traiter avec quelque fuccès • ceux de Bâtiments fur - tout doivent non - feulement apprendre le Deffein propre à leur Art , mais encore l'Ornement & l'Architedlurejtant pour la déco- (*J Voy. le Diaionnaire des Arts & Métiers. MENUISIER, l Partie. 3 ration que pour la diftribudon, afin d'être plus à portée d'entrer dans les vues de celui qui préfide à l'ordonnance totale du Bâtiment ; la connoiiTance des Elé- ments de Géométrie pratique , leur eft aulTi abfolument néceflaire pour les ac- coutumer à mettre de l'ordre & de l'arrangement dans leurs ouvrages , & pour leur faciliter les moyens d'en accélérer la pratique par le fecours d'une théorie fondée fur des principes invariables. (*) Comme la plupart des ouvriers n'ont ni le temps ni les commodités nécelTaires pour faire une étude complette & fuivie des Eléments de Géométrie , j'ai cru ne pouvoir pas me difpenfer de leur en donner ici quelques notions , lefquelles en leur donnant les lumières & les fecours néceflàires , tant pour la coupe des Bois & l'art du Trait , que pour le Toifé de leurs ouvrages , les difpenfera d'une plus longue étude qu'ils feroient fouvent dans l'impolfibilité de faire. Après les Eléments de Géométrie , je traiterai de la connoifîànce & du choix des bois , de ceux qui font propres à cha4uc «fp^ce de Menuiferie , de la manière de les débiter avec toute l'économie & la folidité potfibles. Enfuite je traiterai de l'art des Profils , & de la manière de les tracer géomé- triquement ; des différents affemblages de la Menuiferie. D'après ccj nonnoif- fànces générales , j'entrerai dans le détail des outils néceffaires aux Menuifiers , de leurs formes & ufages, & de la manière de les faire & de s'en fervir. Et, par une fuite nécelfaire , ce détail entraînera après lui la manière de corroyer & af- fembler les bois , en commençant d'abord par les chofes les plus fimples dans la pratique , jufqu'à celles qui font les plus difficiles. Je donnerai enfuite le détail de la Menuiferie Mobile , tant pour ce qui re- garde fes rapports & ufages , que pour ce qui eft relatif à fes dilférentes formes, profils & affemblages; ce qui fera le lùjet de cette première Partie. Dans la féconde, je parlerai de la Menuiferie Dormante: je ne négligerai aucun foin pour la détailler parfaitement & la rendre auffi intérelTante que la première. Cette féconde Parrîe Luudcndra auflî le détail de la Menuiferie des Eglifes , qui comprend les Chœurs , les Chaires à prêcher , les Sacrifties ou Tréfors , &c : je la terminerai enfin par un traité complet de l'Art du Trait pro- prement dit. Dans la troifiéme Partie , je parlerai de la Menuiferie en CarrofTes , de l'Ebé- niflerie , & de la Menuiferie en Meubles de toutes efpeces. Je joindrai à la fin de cette dernière Partie , un petit Diélionnaire ou Table alphabétique des termes propres à la Menuiferie , afin que l'Ouvrage foit à la portée de tout le monde. (♦)raifaitmoi-mêmerheureure expériencede ce que j'avance ici , ayant été fécondé & même prévenu parles bontés de M. Blondel , Archi- tefte du Roi, Profelieur de l'Académie d'Ar- chitedure , lequel a bien voulu , pendant près decincj années, me procurer toutes les lumières néceffaires ; ce qu'il a fait avec toute la géné- rofité poiîible , ma grande jeuneffe dans ce temps , Se mon état de fimple ouvrier , me met- tant dans l'impollibilité de payer des Maîtres. t MENUISIER, I. Part. Chap. L CHAPITRE PREMIER. Abrégé des Eléments de Géométrie. Je divirerai ce petit Traité de Géométrie en trois Sedlions. Dans la première , il s'agira de la Géométrie en général , des lignes , des angles , de la génération du cercle , du demi-cercle , & de fon ulàge. Dans la féconde, je traiteraides lurfaces , comme les triangles , les figures quar- rées , les polygones ; des corps folides, comme les cubes , les prifmes , les pyra- mides , &c. Dans la troifiéme , je traiterai de la melùre des lignes , des flirfaces , & des corps de quelque elpcce qu'ils foient relativempnr à la Meniiirprip, Section première. Des Ligriff, des Angles , des Cercles ÔC demi-cercles. - La Géométrie efl une fcience qui a pour objet la mefure de l'étendue , que Planche p^j^ connoît fous trois dimenCons dilïerentes : étendue en longueur fans lar- geur ni profondeur , que l'on nomme Longimetrie , ou mellire des lignes. Etendue en longueur. & en largeur fans profondeur, nommét Planimécrie, ou meflire des plans ou furfaces. Etendue en longueur , largeur & profondeur , nommét S tcrcomùrie , ou me- fiire des folides. Il eft de deux fortes de points , le point phyfique , & le mathématique. Le point mathématique n'a aucune des trois dimenfions ci-deffus , & eft purement intelleéluel. Le point phyfique eft celui que l'an fa'a fiir le papier avec la plume ou le crayon, ou fur le terrain avec la pointe d'un jalon. ( J^oye^ la Figure I & z.y Ce point , ainfi que l'autre , n'a aucune dimenfion déterminée , puifqu'il n'efl lui-même que le terme de la grandeur ; cependant on eft obligé de lui donner une grandeur exiftante pour le rendre fenfible aux yeux , comme le point ma- thématique l'eft à notre elprit. La ligne confidérée comme longueur fans largeur ni épailfeur , peut , ainfi que le point , être mathématique ou phyfique , puilqu'elie n'eft qu'une continuité de points fervants à déterminer la diftance d'un lieu à un autre , ou les extrémités d'une furface. ( f^oye^ les Figures j , ^ , ^.') Il eft de trois fortes de lignes , la droite , la courbe , & la mixte. La droite eft celle dont toutes les parties fe fuivent exaélement les unes les autres , fans s'écarter ni à droite ni à gauche , de forte qu'on puilîe les enfiler toutes d'un feul coup d'œil, ainfi que la ligne ponéhiée ÇFig. 6) , ou celle indiquée Section I. Des Lignes. 5 indiquée par des jalons (^Figure 7.) ; en forte que cette ligne devientle plus court ______ chemin pour aller d'un lieu à l'autre. pTÂnThË La ligne courbe eft celle qui eft formée par un trait de compas , comme la I. Fig. 8. La ligne mixte enfin eft celle qui eft formée par les deux premières enfem- ble, & par conféquent qui participe des deux genres. (Voy. la Figure g.") Les lignes prennent encore différents noms , félon qu'elles font difpofées. On les nomme horizontales ou de niveau , perpendiculaires ou d'àplomb , paral- lèles , diagonales , tangentes Se fécantes , &c. La ligne horizontale eft celle qui fe préfente à notre vue , de manière qu'une de fes extrémités ne (bit pas plus haute ni plus baffe que l'autre ; telle nous pa- roît f extrémité d'un baffm plein d'eau, (luppofé qu'il Ibit d'une forme quarrée & qu'il fe préfente droit à nous). Koyei^ la Figure 10. La perpendiculaire eft celle qui eft repréfèntée du haut en bas , de forte qu elle ne penche d'aucun côté ; on ne peut mieux la définir que par la fi- gure d'un plomb , lequel étant fixe par fon propre poids , ne peut affurément s'écarter d'aucun côté. (Voye^:^ la Figure 11). Les lignes parallèles Ibnj celles dont tous les points de l'une font égale- ment diftants de l'autre , de forte que quand on les prolongeroit à l'infini , elles ne fe rencontreroient jamais. ( Voye^ la Figure iz ). Deux circonférences de cercle peuvent auffi être parallèles , pourvû toutefois qu'elles ayent un même centre. La ligne diagonale eft celle qui traverfe une figure quarrée d'un angle à l'au- tre. ( Voye:^ la Figure Ij"). La ligne tangente eft celle qui touche un cercle en un feul point , de forte qu'elle eft toujours perpendiculaire avec le rayon du même cercle , qui pafle par le point de contaél. ÇVoye^ la Figure «4). La ligne fécantc eft celle qui, venant à rencontrer un cercle ou une au- tre ligne , la coupe dans fa longueur en quelque point que ce foit. ( Voye:(^ la Fig. 74. cote A ). §. L Diverfes manières d'élever des Perpendiculaires. Le point a étant donné fiir la ligne fîir laquelle vous voulez élever une per- pendiculaire , ouvrez le compas à volonté, & faites les deux feélions b, h, def quels points & d'une ouverture de compas plus grande que la première, vous ferez deux autres feélions c , du milieu defquelles, & par le point a , vous ferez palier une ligne qui fera la perpendiculaire demandée. (Voye^^ la Figure z^). Autre Manière. Lorsque le point milieu d'une ligne n' eft pas donné , mais feulement les Menuisier. B 6 MENUISIER,!. Part. Chap. I. ___ deux points d,e, au milieu defquels on veut faire palTer une perpendiculaire. Planche prenez une ouverture de compas quelconque , & des deux points d,e, faites ^" les fedions /, g, deffus & deffous la ligne horizontale ; puis faites pafler une ligne par les points /, g , laqueUe coupera la ligne d, e en deux parties éga- les , & fera perpendiculaire à cette même ligne. ( Fojq la Figure iff). §. II. Manière d'élever une Perpendiculaire à l'extrémité dune Ligne. Le point h étant donné à l'extrémité d'une ligne , ouvrez le compas à vo- lonté; des points A & i faites deux feftions en /; puis du point i , & par le point / , vous ferez pafTcr la ligne i m , que vous prolongerez jufqu'à ce que la diftance l m foit égale à celle i l ; alors par les points h, m, vous ferez paf- fer une ligne, laquelle fera la perpendiculaire demandée. (VoyeilaFig. f/). Autre Manière, La ligne étant bornée au point n , du point o pris à volonté au-de(lus de la ligne , décrivez l'arc de cercle pnq, puis du point ? , où le cercle coupe la ligne, menez une ligne par le pointa, jufqu'à ce qu'eUe coupe l'arc de cer- cle au point/.; alors vous ferez paffer une ligne parles points n/^, laqueUe fera la perpendiculaire. (V oyeila Fig. 18)^ $. III. Manière d'élever des Lignes perpendiculaires au milieu ôC à l! extrémité d'une portion de Cercle. Le point r étant donné , prenez les deux diftances s ,s , à volonté , (pourvu toutefois qu'elles foient égales) ; puis des deux points s, s, faites deuxfeftions , par le milieu defquelles ,& par le point r, palTera la perpendiculaire. ( Foyq la Figure ic)'^. Lorfqu'on veut élever une perpendiculaire fur l'extrémité d'une ligne circu- laire , du point s qui eft donné , prenez à volonté la diftance i r , que vous por- terez en u , par le moyen defquels points vous élèverez la perpendiculaire IX, ce qui étant fait, vous porterez encore une pareille diftance f « de « en j, afin d'avoir une féconde perpendiculaire , laquelle venant à rencontrer la pre- mière perpendiculaire r X, vous donnera le centre de l'arc sty, qu'il étoit nécelTairede trouver pour avoir la perpendiculaire que l'on demandoit , par la raifon que toute ligne perpendiculaire à un arc de cercle palTe par fon centre. (Voye^ laFigare ao). §. IV. Manière de tracer des Lignes parallèles. La ligne a A étant donnée, à laquelle vous voulez mener une parallèle, prenez une ouverture de compas telle que vous le jugerez néceffaire, & faites ANCHE Section I. Des Lignes, 7 les deux arcs de cercle c, c, par les extrémités defquels vous ferez paflèr une ligne , laquelle fera parallèle à la ligne ab.(F oye^ la Figure Plan Autre Manière. Les points d, e , étant donnés , par lefquels on veut faire pafTer deux lignes parallèles , des deux points d,e, comme centres , faites les deux arcs de cercles efScdg, puis vous ferez fur ces mêmes arcs les deux feâions ,/,g, de la diftance que vous voudrez mettre entre vos deux lignes , que vous ferez paffer par les points i/,/, &. g, e. (Voyeila FigureZZ). §. V. Des Angles , de la génération du Cercle , du demi-Cercle, ÔC de fes ufages. Un angle eft l'inclinaifon de deux lignes , lefquelles venant à fe rencontrer, forment un point que l'on nomme point angulaire , ou fommet de l'angle. Les angles prennent différents noms lelon leurs différentes lorrnes & ouvertures , lefquelles fe mefurent par le moyen d'un demi-cercle. Pour connoître le rapport qu'ont les angles avec le cercle , & le même cercle avec les angles , il faut fuppofer que fur la ligne h i , foit attachée une régie au point cl y de forte qu'elle foit mobile ; & qu'au bout de la régie on attache une pointe : il eft certain que la régie venant à fe mouvoir fur elle-même à droite & à gauche décrira une ligne courbe , dont tous les points feront également éloi- gnés du point /. (Voyei la Figure 2j). Si l'on continue à faire mouvoir la régie au-deffous de la ligne hi, comme on a fait au-dsffus , on décrira un cercle en- tier , de manière que le cercle eft une figure piane enfermée par une ligne courbe nommée circonférence , dont tous les points font à une diftance égaie du point milieu que l'on nomme centre. (Voye^la Figure 24). 11 y a piufieurs lignes dans un cercle : celle qui le traverfe & qui paffe par le Centre -, comme la ligne m m (Fig. 23) , fe nomme diamètre ; celles qui paf- fent au-deffus ou au-deffous du centre, comme les lignes /z n & 00, fe nom- ment cordes ; & celles qui font depuis le centre jufqu'à la circonférence , comme j[: la ligne /? y , fe nomment rayons. La partie de la circonférence qui eft comprife entre une corde comme celle 0 0, fe nomme arc de cercle. (Voyeila Fig.zr,). Pour la mefure des angles , il faut faire attention que la régie que j'ai fuppofé mobile dans la Fig. 23 , en s'éloignant de la ligne h i pour venir du point h au point i , forme des angles plus ou moins ouverts , dont le fommet eft au point /, &qui ont une ouverture plus ou moins grande en rapport avec la demi-circonférence. Pour avoir ce rapport jufte , on a imaginé un demi-cercle , qui eft un inftru- ment de fVIathématique , fait de cuivre ou de corne tranfparente , fur lequel on a décrit une demi-circonférence , que l'on a divifée en 1 80 parties égales , que Ton Wmm^' degrés , de forte que le quart d'un cercle , qui eft la moitié de la demi- 8 MENUISIER,!. Pan. Chap. 1. — circonférence, en contient 90 , & par conféquent le cercle entier 360. Foy«:j Planche la Figure 27 , où eft dcffiné un demi-cercle , & où les nombres font doubles pour la plus grande intelligence. On a choifi le nombre 3^0, parce que c'ell celui qui a le plus de divifeurs, ce qui rend l'ufage de cet inftrument plus facile. §. VI. Manière de faire ufage du demi-Cercle. Soit donné l'angle s c r dont on veut avoir l'ouverture ; prolongez un des côtés de l'angle , comme de s enu, fur lequel vous poferez le rapporteur, ayant foin que le centre de l'inftrument foit jufte au fommet de l'angle , dont le côté pafTera fous la demi-circonférence , qui par fa divifion indiquera fouverture de l'angle. (Flg. xG). Que les côtés d'un angle foient plus ou moins prolongés , ou que le demi- cercle foit plus ou moins grnntl, ucla ne fait rien à fouverture de l'angle, ainfi qu'on peut le voir dans la Figure 28 , où l'angle x j ^ a également 40 degrés d'ouverture dans deux quarts de cercle , dont un cependant a le double de la gran- deur de l'autre. Lorfque f on n'a pas abfolument befoin de la valeur d'un angle , & que Ton veut feulement en tracer un femblable à un autre , on fe fervira de la manière fiii vante. Du fommet de l'angle donné, décrivez un arc de cercle à volonté , puis faites- en un femblable llir la ligne fur laquelle vous voulez élever un angle ; prenez avec un compas la grandeur de ce même arc que vous porterez fur le fécond, par lequel point & du fommet , pafTera une ligne qui fera le fécond côté de l'angle demandé. (Figures ZQ & jo"). Les angles ont différents noms par rapport à leurs ouvertures & à leurs formes. Par rapport à leurs formes , on nomme ReBiligne celui qui efl compofé de deux lignes droites. ( Figure J/). Curviligne, celui qui eft compofé de deux lignes courbes. Fig.jz. Et Mixtiligne , celui qui eft compofé d'une ligne droite & d'une courbe. (^Figure 33). Par rapport à leurs ouvertures , on nomme angle rectangle ou droit celui qui a pour mefure un quart de cercle , ou 90 degrés. Fig. 3^. Angle aigu, ou acut-angle, celui qui a moins de 90 degrés. Fig. 3^. Et angle ohms , ou obtus-angle , celui qui a plus de 50 degrés. Fig. 36. Section s E c T I o N II. Des Surfaces en général. 9 SectionSeconde. Des furfaces en général. Des Triangles , &c. De toutes les figures Géométriques , il n'y a que le cercle & l'ellipfe qui d'une a feule ligne puiffent enfermer une furface. P l a^n c h e Pour tracer les autres figures, il faut trois lignes au moins, lefquelles com- binées enfemble , forment ce qu'on appelle un Triangle , ou figure plane qui eft compofée de trois angles & de trois côtés. On diflinguc les triangles de deux manières , par rapport à leurs angles , ou par rapport à leurs côtés. Par rapport à leurs côtés , on appelle Triangle équilatcral celui dont les trois côtés font égaux. {Fig. /). Triangle ifofcele , celui qui a deux côtés égaux. ( Figure a. ). Et Triangle Jcalene , celui qui a les trois côtés inégaux. {Fig. j ). Par rapport à leurs angles , on nomme Triangle rectangle celui qui a un angle droit , ou de po degrés , ce qui efl la même chofe. ( Figure ^'). Triangle obtus -angle , celui qui a un angle obtus. (Fig. 5). Enfin Triangle acut-angle , celui qui aies trois angles aigus. ( Fig.ff"). Il efl démontré dans les éléments de Géométrie , que les trois angles de tout triangle quelconque font égaux à deux droits, ou ont enfemble 180 degrés; & le plus grand angle eft toujours oppofé au plus grand côté , ainfi qu'on peut le re- marquer dans les figures ci-deffus. § I. Des Figures à (quatre côtés. Après les triangles font les figures à quatre côtés : il y en a de deux fortes , les régulières , & les irrégulieres. Les régulières font les quadrilatères , les parallélogrammes , les rhombes ou lozanges , & les trapèzes. Les irrégulieres font les rliomboïdes &les trapézoïdes , & généralement toutes les figures dont les angles & les côtés oppofés ne font pas fymmétriques. Le quadrilatère , ou quarré parfait , eft une figure compofée de quatre côtés & de quatre angles égaux ; les quatre angles valent enfemble 360 degrés , com- plément du cercle. ( Figure 7). Il y a deux fortes de parallélogrammes , l'un que l'on nomme parallélogram- me reBangle , & l'autre parallélogramme oblique. Ces deux figures ont chacune deux côtés plus grands l'un que l'autre , & qui font difpofés de manière que les plus grands font toujours oppofés aux plus grands , & les plus petits aux plus petits. (^Figure 8). Le parallélogramme reélangle a les quatre angles égaux , ainfi que fon nom Menuisier, C Section II. Des Surfaces en général- 1 1 droits qu'ils ont de côtés , en en retranchant quatre. Ainfî les angles d'un Pentagone égalent lo8. Les angles d'un Hexagone égalent 120. Ceux d'un Heptagone égalent 128 ^. Ceux d'un Oftogone, 135'. Ceux d'un Ennéagone, 140. ^Degrés. Ceux d'un Décagone , 144. Ceux d'un Endécagone, 147. Ceux d'un Dodécagone, 1^0. Et ceux d'un Pentadécagone , ou figure à r J côtés ,l'j6. Je donne ici feulement la valeur des angles , des figures régulières, fans en faire la démonftration , parce que je ne pourrois le faire fans fortir des bornes que je me fuis prefcrites , & que mon principal objet n'eft pas de faire un Traité de Géométrie complet. § III. De l'Ovale , SC de fes diverfes efpeces. L'Ovale , ou figure ellipnque , eft une figure plane enfermée par une ligne courbe ainfi que le cercle , avec la différence que tous fes points ne font pas égale- ment éloignés du centre , ce qui lui donne néceflâirement deux diamètres, qui font plus ou moins inégaux félon les différents befoins. On diftingue trois fortes d'ovales , celui qui fe trace au cordeau fur une meilire donnée , qu'on appelle Ovale du Jardinier. Celui dont le petit diamètre eft au grand , comme deux eft à trois , c'eft-à- dire qu'il en a les deux tiers. Et celui dont la forme eft comme fept eft à neuf ; la manière de le tracer eft tirée des Mémoires de l'Académie Royale des Sciences. Première manière de tracer l'Ovale. L'ovale du Jardinier fe trace de la manière fuivante : Les deux diamètres étant donnés , vous prenez la moitié du grand diamètre a b , que vous portez du point c lùr la ligne ab , fur laquelle vous faites les deux feflions de , auxquelles vous plantez deux piquets ; puis vous prenez une corde dont la longueur égale la diftance d e , plus celle ec , & celle c d, à l'extrémité de laquelle vous attacherez une pointe , avec laquelle vous tracerez l'ovale , en obfervant de tenir toujours la corde bien tendue autour des deux pi- quets. ÇFigure 22). Seconde manière de tracer l'Ovale. Les diamètres de l'autre ovale étant donnés , ainfi qu'il eft dit ci-deftlis , com- me deux eft à trois , quoiqu'on puifTe les faire plus ou moins allongés fuivant la Planche II. I 12 MENUISIER, 1. Part. Chap. II. ■ ■ néceffité , prenez la diftance f g que vous porterez de keni: puis vous divr P L A^N c H E ferez la diftance i g en fept parties égales , dont vous en porterez deux de c en /, ce qui fera le centre du petit cercle. De la même ouverture de compas, du point A & du point m , vous ferez les quatre ferions oo , pp: alors vous prendrez la diftance o , & des mêmes points vous ferez les deux {èâions q q, lefquelles feront les centres des grands cercles. ( Fig. 23^. Troijîéme manière de tracer l'Ovale. Soit donné le grand diamètre a ^, & la hauteur ^/c, par où il faut faire paflèr les arcs qui compofent cet ovale , lefquels ont chacun 60 degrés ; on pren- dra la diftance de, que l'on portera de i en e: on divifera l'efpace d e en deux parties égales, une defquelles on portera de en enfuite on divifera /c en deux autres parties égales au point g-, pour former le demi-cercle _/"/; e; la ligne fli portée de f en/, marquera le point de centre du petit cercle ; le refte comme à la Fig. 23. (V^oyei^ la Fig. 24). Avant que de palTer aux corps foiides , j'ai cru devoir donner la manière de tracer les cintres bombés , & les cintres furbaifles ou demi-ovales , fans fe fervir de compas pour déterminer leurs courbes. Pour les cintres bombés, ayant la longueur;; y ,& la hauteur/^ étant don- née, du point f, qui eft le milieu de la ligne pq, tirez les diagonales s c Sc i r , que vous diviferez en autant de parties que vous le jugerez à propos ; puis vous élèverez fur les diagonales autant de perpendiculaires que vous aurez de diviflons : vous diviferez aulfi la ligne p s, & celle qr, en autant de parties que vous en aurez fur les diagonales ; de chacun de ces points vous mènerez au- tant de lignes au point / , & par les ferions qu'elles feront avec les perpendi- culaires pafTera le cintre demandé. CVoyei laFig. 25). Pour les demi-ovales, la largeur & la hauteur du cintre étant données , vous diviferez la hauteur en autant de parties que vous le voudrez ; vous diviferez: de même la moitié de la largeur ; puis par chaque point de divifion , en commen- çant par la première , & tendant à l'extrémité de chaque côté , vous ferez paffer des lignes , lefquelles venant à fe couper mutuellement , forment la courbe de- mandée. V oyei la Fig. z6 , on les lignes font marquées du même chiffre à leurs extrémités. Lorfqu'on veut que le cintre foit un peu plus renflé , on ne fait comment cer les lignes qu'au fécond point de divifion, comme on peut le voir dans la même Figure. § IV. Des Corps foiides en général. Planche '^^^ ^'"'P^ prennent différents noms félon leurs formes. III. On nomme cube un folide dont toutes les dimenfions font égales, c'eft-à- dire , Section II. Des Corps Solides en général. 13 dire , qui a autant de hauteur qu'il a de largeur , ainfi qu'un dcz à jouer. ParalldlpLpede , un folide terminé par fix parallélogrammes , lefquels font de deux en deux de dimenfion égale, ainfi qu'une poutre ou une planche dont les bouts feroient coupée bien quarrément. ÇFig.J^ & Piifme , un folide qui a deux faces parallèles & égales , & dont les quatre autres font des parallélogrammes. ( Fig. 8)- On nomme Piijme triangulaire , celui dont les faces parallèles font des trian- gles ; lorfque ces faces font des polygones , les prifmes en prennent le nom : on dit alors PriJ'me pentagonal , hexago?tal. (Fig.^"). Globe ou Sphère , un folide qui ell rond tel qu'une boule , & dont toutes les parties de la lurface font également diftantes du centre. ( Fig. 2). Cylindre , un folide qui a un cercle pour bafe , & dont les côtés font paral- lèles & perpendiculaires n fà bafe. (Fig.j"). Lorfque l'axe de ce folide eft inchné , on le nomme Cylindre oblique ( Fi- gure 4). La Fig. f, repréfente une demi-fphère creufe , dont la furface de dedans fe nomme Concave , Se celle du dehors Convexe : je l'ai mife au rang des folidcs plutôt que des furfaces, parce que la manière dont elle eft repréfentée , lui fup- pofe néceflàirement une épailTeur. Pyramide , eft un folide dont la bafe eft d'une forme quelconque , les faces triangulaires , c'eft-à-dire , qu'elles vont fe joindre en un feul point au fommet de la pyramide. ( Fig. 10') . On la nomme triangulaire , lorfque la bafe eft un triangle. ( Fig. 11'). Les pyramides peuvent être auifi polygonales , c'eft-à-dire, qu'elles peuvent avoir un polygone pour bafe , ainfi que les prifmes. Les pyramides font auflî fujettes à Être inclinées ainfi que les cylindres & les prifoes. Lorfque les pyramides ont pour bafe un cercle , elles changent de nom , & pour lors on les nomme Cônes. Les différentes coupes que l'on peut faire dans ce folide , ont donné lieu à ce qu'on appelle Seciions coniques , dont je vais don. ner une légère idée. Lorfqu'on coupe un cône par fon,. axe , la coupe qui en réfulte eft un triangle qui a pour bafe le diamètre de cette dernière , & pour hauteur celle de la pyramide. ( Voye^ le triangle abc, Fig. ff). Lorfqu'on le coupe par un plan parallèle à fa bafe, comme de, c'eft un cercle. La coupe parallèle à un de fes côtés, comme fgli, donne une courbe nom- mée Parabole. La coupe parallèle à fon axe , comme i l m , eft une courbe nommée Hy- perbole. Menuisier, D Planche III. 14 MENUISIER, I. Part. Chap. I. - Enfin lorfqu'on coupe un cône par un plan diagonal , en quelque endroit du Planche cône que ce foit , comme la ligne no , { Fig. 7) , la figure qui réfulte de cette coupe fe nomme ELllpfe, qui fera plus ou moins longue , félon que la ligne n 0 fera plus ou moins inclinée ; car plus elle tendra à être parallèle à la bafe du cône, & plus elle approchera de la figure du cercle. Lorfqu'un céne eft coupé par un plan parallèle à fa bafe , & qu'on en fupprime la partie fupérieure , on le nomme Cône tronqué. Section troisième. De la Mefure des Lignes ÔC des Surfaces. La longueur des lignes , ou la capacité des furfaces , quoiqu'exiftante par elle-même , a cependant eu befoin d'être fixée d'une manière relative à nos be- foins , & à la sûreté de ceux qui font dans le cas de vendre ou d'acheter des cho- fes fujettes à une mefure confiante. Les mefiires en général font certaines longueurs dont on eft convenu , lef quelles comparées avec ce que l'on veut mefurer , en déterminent l'étendue & la valeur , comparaifon faite avec celle que l'on eft convenu de donner à chaque longueur. La mefure dont on fe fert ordinairement , fe nomme To'ijè , laquelle fe divife en fix parties égales appellées Pieds : le pied fe divife en douze pouces , le pou- ce en douze lignes, & la ligne en douze points. ( Voye:^la Figure ij) , la- quelle repréfente une toife , dans laquelle cependant je n'ai pas marqué de lignes à caufe de la petite/fe du delTein. Ainfi le pied contient 144 lignes , & la toife 72 pouces , ou 864 lignes. On nomme Toijè quarrée une lurface qui a une toife ou fix pieds lur deux dimenfions. Ce que je vais réduire par table, pour plus d'intelligence. Le pouce quatre contient 144 lignes quarrées. Le pied quatre contient 144 pouces quarrés , ou 20,731? lignes quarrées. Et la toife quarrée contient 35 pieds quarrés , ou 5,184 pouces quarrés , ou 746,451? lignes quarrées. La ligne cube contient 1,728 points cubes. Le pouce cube contient 1,728 lignes cubes, ou 2,p85',984 points cubes. Le pied cube contient 1,728 pouces, ou 2,985,984 lignes cubes. Et la toile cube contient 216 pieds cubes, ou 373,248 pouces cubes, ou 644,972, 544 lignes cubes. On appelle Toife cube un folide qui a une toife fur toutes fes dimenfions. J'ai mis les mefures cubiques à la luite des quarrées , afin de ne point me répé- ter , & auffi pour que l'on puifTe voir plus aifément le rapport qu'elles ont les unes avec les autres. Il y a encore une autre manière de mellirer & de réduire une cholè du petit s E c T I o N III. De la mefure des Lig. ôC des Surfaces. ly au grand, ou du grand au petit , ce qui fe fait par le moyen des échelles. On appelle Echelle une ligne qu'on trace lur le papier , & que l'on divife P en parties égales, en rapport cependant les unes avec les autres ; c'eft-à-dire, fi l'on veut qu'une échelle repréfente une toifè , on divife la ligne en fix par- ties égales , & une des fix en douze autres parties , lefquelles repréfentent les pouces. On difiingue deux fortes d'échelles , l'une que l'on nomme Echelle de pied ou de toijè , laquelle fert à diriger toutes les parties d'un deffein , qui font affujetties àdes grandeurs données &ordinaires, ou relativesà la grandeur humaine; (ScTau- tre , Echelle de module , laquelle n'a de rapport qu'avec la décoration & l'ordon- nance d'un édifice, ainfi qu'en Architeélure le module eft en rapport avec la colonne ou l'expreflion d'un ordre , dont il eft le feizieme , le dix-huitiérae , &c. Lorfque les échelles font trop petites pour que l'on puilTe y exprimer les pou- ces ou les lignes félon qu'il eft néceflâire , on fe fert d'une échelle de réduélion , laquelle fe fait de la manière Hiivante. Lorfqu'on veut faire une échelle de cette elpece , on borne une ligne à deux toifes de long, que l'on divife en douze parties égales, & à f extrémité de la ligne on élevé une perpendiculaire à laquelle on donne un pied de hauteur , ou un douzième de la longueur de la ligne , ce qui e(l la même chofe ; puis du haut de la perpendiculaire , on tire une ligne jufqu'à fautre extrémité de la pre- mière : alors &r chacun des douze points de divifion , vous élèverez des perpen- diculaires, lefquelles ont de hauteur depuis un pouce jufqu'à douze, qui eft la hau- teur de la première perpendiculaire. (^Fig. 2^). C'eft la même chofe pour les échelles de modules , excepté que pour les modules qui fe divifent en dix-huit ou en trente parties , on met dix-huit ou trente modules de longueur à l'échelle. Lofqu'on a une échelle divifée en un certain nombre de parties , & que l'on veut en faire une autre qui ne foit que le tiers ou le quart de la première , on forme un triangle quelconque , auquel l'échelle fert de bafe , & au fommet du- quel on mené autant de lignes qu'il y a de points de divifion fiir l'échelle ; puis vous mettez la ligne que vous voulez divifer au-defious de l'échelle ; aux deux bouts de la ligne vous élevez deux perpendiculaires , que vous prolongez jufqu'à ce qu'elles rencontrent les deux côtés du triangle ; & par les deux points de fec- tion vous tirez une ligne qui fe trouve divifée en autant de parties que la pre- mière. ( Fig. fz). Lorfqu'une ligne eft donnée comme celle ai , (Fig. if,^ , & qu'on veut la divifer en parties égales , fans chercher aucunement , on fait deux an- gles aux extrémités de la ligne , l'un deftus & l'autre delTous , d'une ouverture quelconque , pourvu qu'ils foient égaux entr'eux ; puis d'une ouverture de compas à volonté , vous portez fur les deux côtés a c,bd, autant de points que vous en avez befoin pour la divifion de la ligne a i ; & de chacun de i6 MENUISIER,!. Part. Chap. I. ces points vous menez les lignes» , i, lefquelles en trayerfant la ligne ah. Planche la divifent en parties égales fuivant le nombre dont vous avez befoin. III. § I. Evaluation des Surfaces. Les dimenfions des furfaces peuvent contenir diiFérentes mefijres ou ter- mes , c'eft-à-dire , des toifes feulement , ou des toifes & des pieds , ou enfin des toifes, des pieds & des pouces, &c. Lorfque la dimenfion ne contient que des toifes , il eft fort facile d'en avoir le produit ; car fiippofé qu elle foit quarrée , on n'a qu'à multiplier un de fes côtés par lui-même , par exemple , 6 par 6 , il eft aifé de voir que le nombre 35 eft le produit cherché. Si la longueur étoit de 9 , & la largeur de 5 , le produit feroit 4^. Mais lorfque la dimenfion contient des toifes , des pieds & des pouces , le calcul en devient plus compliqué, & demande beaucoup d'attention. Suppofé que le quatre de la Fig. iff, contienne trois toifes , 2 pieds , 3 pou- ces fur chacun de fes côtés , & qu'à l'extrémité de chaque terme ou grandeur on tire des lignes , il eft certain que ces lignes venant à fe croifer , forment des quarrés & des reélangles de différentes grandeurs. Ainfi une grandeur , laquelle a trois termes , élevée à fon quarré , produit pre- mièrement le quarré du premier terme , plus deux reélangles du premier terme par le fécond , & le quarré du fécond. * Plus , deux reélangles du premier par le troifiéme, deux autres reélanglcs du fécond par le troifiéme , & le quarré du troifiéme. Pour rendre cette explication plus intelligible , on n'a qu'à fe rellouvenir que nous avons fuppofé que le quarré (Figi6^ avoir de longueur par un de fes côtés 3 toifes , 2 pieds , 3 pouces ; ainfi le quarré du premier terme n'eft autre chofe que 3 toifes multipliées par 3 toifes , lefquelles produifent. p'. Les deux reélangles du premier terme par le fécond , font deux fois 3 toifes de long fur 2 pieds de haut , qui f r. produifent chacun 1 j-_ Le quarré du .même fécond terme eft 2 pieds fur ^ pieds , qui font 4 . Les deux reélangles du premier terme par le troifiéme font 3 toifes de long fur 3 pouces de haut , ce qui fait f 4. 5'°< pour chacun 4- ^• Les deux reélangles du lècond par le troifiéme terme , font deux fois 2 pieds de long &r 3 pouces de haut , j , . 6. ce qui fait pour chacun (_ . . 6. Et le quarré du troifiéme terme , eft 3 pouces multipliés par 3 pouces , qui font 9. Total . . . II'. 14" . 9°. Ce i Section III. De la mefure des Lig. §C des Surfaces. 1 7 Ce qui prouve que non-feulement chaque efpece de terme doit multiplier tous les autres termes d'une grandeur, mais encore fe multiplier lui-même. Planche lorfque les deux dimenlions font égales comme dans cet exemple-ci ; ou bien ^ ^ ^• lorfqu'elles font inégales chaque elpéce de terme doit toujours fe multiplier l'un par l'autre. Je ne fais cette explication que pour qu'on foit plus sûr des véritables va- leurs des différents termes d'une grandeur , multipliés les uns par les autres. Ce qui réfulte de ces démonftrations , eft de prouver que des toifes multi- pliées par des toifes , donnent des toifes quarrées ; que des pieds multipliés par des toifes donnent des pieds de toifes , c'eft-à-dire , des reâangles qui ont un pied de large fur une toife de long ; comme il y a fix pieds courants dans une toife courante , il s'enfuit qu'il y a lix pieds de toife quarrée dans une toife quarrée. Les pouces multipliés par des toifes donnent des pouces de toifes quarrées , c'eft-à-dire des reftangles , lefquels ont un pouce de large fur une toife de long : comme dans un pied de toife quarrée il y a douze pouces de toife quarrée , la toife quarrée contient 72 pouces de toife quarrée. De même les pouces multipliés par les pieds , donnent des pouces de pieds quarrés ; donc il en faut 12 pour faire un pied quarré. §. IL Manière d'évaluer les différentes Surfaces. Les furfaces quarrées , comme les quarrés ou les parallélogrammes reélangles , s'évaluent en multipliant leurs bafes par leurs hauteurs , & le produit de cette multiplication eft celui de la furface , ainfi que je l'ai déjà dit {Fit. jff &17). On a la Hirface d'un triangle quelconque eu multiplianc la longueur de fà bafe par la moitié de fa hauteur , ou fa hauteur par la moitié de £1 bafe , ce qui eft la même chofe. Pour être convaincu de cette vérité , on n'a qu'à confidérer le triangle abc, (,Fig. 18) comme enfermé dans un quarré , & que ce quarré foit féparé en deux ainfi que le triangle a ^ , par la ligne « of ; il eft certain que fi toutes les lignes du quarré font parallèles comme elles le doivent être , la ligne j eft égale à celle cf,&. par conféquent la ligne d c égale à celle af-Ai ces lignes font éga- les entr'elles, il eft certain que le triangle adc égal au triangle c f a. Or comme ces deux triangles égalent la furface du reélangle a d cf, qui eft lui-mê- me la moitié du quarré b cfe , il eft certain que le triangle abcn'd. de furface que la moitié de ce même quarré. Si c'eft un triangle redangle que l'on veut mefurer,la démonftration en eft en- core aufli fimple ; car fi aux deux côtés redangles du triangle ghi, ( Fig. IC). ) on mené deux parallèles , il eft certain que ces lignes venant à fe rencontrer au Menuisier. E i8 M E N U I S I E R, I.Pan. Chap.I. point /, elles formeront un reflangle g h il, dont le triangle ne fera que la Planche moitié de la furface, puifque la diagonale f g- , partage le reûangle en deux III. ■ / 1 parues égaies. De telle forme que foient les triangles , ils ont toujours même furface , pourvû qu'ils ayent même bafe Se même hauteur. Il en eft de même pour les parallélogrammes obliques qui font égaux en furfaces aux parallélogrammes droits , lorfqu'ils ont la bafe égale & la hau- teur égale. Car fuppofons que le parallélogramme oblique mno p, ( Fig. 3.0 ) foit inf- cript dans le parallélogramme droit q r p m ,'A e& sûr que la ligne y r eft égale à celle n o , puifque ces deux parallélogrammes ont même bafe , & que les côtés oppoles font égaux ; fi les côtés obliques du parallélogramme font parallèles en- tr'eux ,1a diftance q n fera égale à la diftance r o , & par conféquent le triangle mqn fera égal au triangle pro. Si ces deux triangles font égaux , il n'y a qu'à retrancher le triangle pro, qui eft excédent , & le faire rentrer à la place de cAuïmqn, que le côté du parallélogramme oblique laiiTe dans le parallé- logramme droit , ce qui prouve très-certainement l'égalité des deux parallé- logrammes de même bafe & de même hauteur. Pour avoir l'étendue d'un trapèze , ( Fig. ZI. ) il faut ajouter enfemble les deux côtés parallèles , en prendre la moitié & la multiplier par là hauteur ; le produit eft fétendue du trapèze. Lorfqu'on voudra mefurer une furface d'une forme irréguliere , comme la Fig. 22 , on y tirera une ligne diagonale la plus longue qu'il fera polfi- ble , lùr laquelle on abailfera des perpendiculaires de tous les angles de la fi- gure , & l'on aura des triangles reûangles & des trapèzes de chacun defquels on cherchera la valeur féparément , & qui ajoutés enfemble , donneront la valeur de la figure. Je dis qu'il faut toujours faire des triangles reélangles pour mefiirer des fur- faces d'une figure irréguliere , parce que ces fortes de triangles font les feuls dont on ait la hauteur jufte fans le fecours d'une Géométrie plus étendue , & par conféquent hors de la portée du plus grand nombre ; ainfi lorfqu'on aura des triangles d'une autre forme dont on voudra avoir la llirface , on les con- vertira en des parallélogrammes obliques dont on prendra la moitié du pro- duit. (Figures 2J ê 24). Pour avoir la furface d'un polygone régulier , multipliez la moitié de fon con- tour ou périmètre , par une perpendiculaire abailTée du centre fur un des côtés. Pour juftiner ce que j'avance , on n'a qu'à faire attention qu'un polygone renferme autant de triangles qu'il a de côtés , & que par conféquent le pé- rimètre du polygone eft la bafe de tous les triangles qui y font circonfcripts , dont la hauteur eft égale à la perpendiculaire prife du centre du polygone. (%.25). Section 1 1 1. De la mefure des Surf. ÔC des Solides. 19 On fè {en de la même méthode pour évaluer la furface d'un cercle ; car eri le confidérant comme un polygone d'une infinité de côtés , on peut de mê- P l a n c h me le réduire en triangles ; ainfi on a la furface d'un cercle en multipliant fa circonférence par la moitié de fon rayon , ou par le quart de fon diamètre. Lorf- qu'on veut avoir la circonférence d'un cercle dont on ne connoît que le dia- mètre , on fe fert de la proportion d'ArcLimede , dont le rapport eft à peu-près comme 7 efl à 22 ; de ces deux nombres & de celui du diamètre connu , on fait une régie de trois , & l'on dit , 7 eft à 22 , comme , par exemple , 14 efl: à im quatrième terme , circonférence cherchée ; ce que fon trouve en multipliant 22 par 14 , & en divilànt le produit par 7 , ce qui donnera 44. Si au contraire on ne connoît que la circonférence , & que l'on veuille connoître le diamètre , on fut finverfe de la règle ci-delîùs indiquée , & on dit : 22 eft à 7, comme 44 eft au quatrième terme , diamètre cherché. On appelle Secteur de cercle , l'aire compris entre deux rayons & une por- tion de la circonférence ; lorfqu'on en veut avoir la furface , on prend la lon- gueur de l'arc , que l'on multiplie par la moitié du côté du rayon ; fi on ne peut pas tnefurer f arc , & que l'on n'ait feulement que la longueur du rayon & l'ou- verture de f angle , on cherche d'abord la furface du cercle entier , ainfi que je l'ai dit ci-defiîis ; puis on compare le rapport de f ouverture de l'angle avec celui du cercle entier , duquel on retranche le cinquième , le fixiéme ou le fep- tieme , félon ce que l'angle eft à la circonférence. ( Fig. zGê 27 ). On nomme Segment de cercle , faire compris entre un arc de cercle & la corde qui le foutient ; & fon a la furface de ce fegment en agi/Tant comme fi c'étoit un feéleur entier , du produit duquel on retranche la furface du triangle , auquel la corde de ce fegment fert de bafe. ( Vig. 28 ). § III. Mefure des Solides ; Evaluation de leurs Surfaces. Avant que de déterminer la mefure des folides , il eft néceffaire d'en con- noître les llirfaces , lefquelles fè meliirent différemment , félon les différen- tes formes des folides. Le cube a toutes fes dimenfions égales , ( comme je l'ai déjà dit ) ; ainfi les fix faces qu'il repréfente étant égales en furface , il fuffic d'en meflirer une dont on multipliera faire par fix : le produit qui viendra de cette multipli- cation donnera la llirface totale du cube. Le parallélipipede a aufîi fix faces ainfi que le cube, dont celles qui font op- pofées font égales , ce- qui fait trois efpeces de furfaces à trouver , du produit def. quelles vous ferez une feule & même fomme que vous multiplierez par 2 , & vous aurez le produit des fijrfaces du parallélipipede. Pour ce qui eft de la furface du prifme , on comptera les côtés de {on plan générateur , dont chacun eft comme la bafe d'autant de parallélogram- Sectton III. Des Corps Solides en général. 21 Un cube dont le côté eft compofé de toifes , de pieds , & de pouces , con- ■ lient premièrement le cube du premier terme, ou des toifes quarrées multipliées Planche par des toifes courantes , ce qui donne des toi/ès cubes. Plus , trois parallélipipedes du quatre du premier terme multiplié par le {è- cond , c'eft-à-dire , des toifes quarrées multipliées par des pieds courants , ce que l'on nomme des pieds de toifes cubes ; il en faut fix pour faire une toile cube. Plus , trois prifmes du premier tefme multiplié par le quarré du fécond j ou des toifes en longueur multipliées par des pieds quarrés ; il faut 36 de ces pieds quarrés de toiles cubes pour faire une toife cube. Plus, le cube du fécond terme , ou des pieds quarrés, multiplié par des pieds courants, ce qui donne des pieds cubes; il en faut 2 1 (5 pour une toife cube. Plus, trois parallélipipedes du quarré du premier terme par le troifiémCjOU des toifes quarrées multipliées par des pouces courants , que l'on nomme pour ces de toifes cubes : il faut 12 de ces pouces de toifes cubes pour un pied de toife cube , & 72 pour une toife cube. Plus, trois prifmes du premier terme par le quarré du trolfiéme, ou des toifes en longueur multipliées par des pouces quarrés : il faut 144 de ces pou- ces pour faire un pied de toife cube , & 5,184 pour faire une toife cube. Plus , fix prifmes du premier terme multiplié par le produit du fécond terme par le troifiéme , ou des toifes en longueur multipliées par le produit des pouces multipliés par des pieds quarrés , ce qui donne des pouces de pieds de toifes cubes. Plus , trois prifines du quarré du fécond terme multiplié par le troifiéme , ou des pieds quarrés multipliés par des pouces courants , ce qui donne des pou- ces de pieds cubes : il en faut 12 pour un pied cube , & 2,552 pour une toife cube. Plus , trois prifines du fécond terme par le quarré du troifiéme , ou des pieds de longueur multipliés par des pouces quarrés : il faut 144 de ces pou- ces pour faire un pied cube. Plus , le cube du troifiéme terme , ou des pouces quarrés multipliés par des pouces , ce qui donne des pouces cubes : il en faut 1,728 pour un pied , & 373 , 248 pour une toife cube. Pour avoir le toifé d'un folide qui n'eft compofé que d'un terme , l'opé- ration eft facile ; car en fuppofant que chaque tranche de pieds ou de toifes en enferme un certain nombre , on répétera ce nombre autant de fois qu'il y aura de tranches de pieds ou de toifes. ( Foyei/e parallélipipede , Figure 34, & le prifme , Figure 3S ) , où font indiquées les tranches de pieds ou de toifes. En général un prifine contient toujours en folidité trois pyramides de mê- me bafe & de même hauteur; ainfi on a la folidité d'une pyramide quelcon Menuisier. p I 22 MENUISIER,!. Pan. Chap. IL . en multipliant le produit de fa bafe , par fa hauteur perpendiculaire , duquel pro- Planche duit on prendra le tiers qui fera la folidité de la pyramide ; ou bien multipliez la ^ ' ^' bafe par le tiers de fa hauteur , ce qui eft la même chofe. ( Vpyei les F'ig. 3G & 3j), oh font démontrées les coupes de ces trois pyramides dans un priCne triangulaire. On a la folidité d'un cylindre en multipliant la furface de fa bafe par fa hauteur. -~ La folidité du cône eft égale au tiers de la folidité d'un cylindre de mê- me bafe & de même hauteur : ainfi il faudra multiplier la furtace de fa bafe par le tiers de fa hauteur. Pour avoir la folidité d'un cône tronqué , on lui ajoutera un autre petit cône fait par la prolongation des côtés du grand ; on évaluera enfuire la folidité du I petit , que l'on retranchera de la folidité du grand , prife du fommet du petit ajouté au grand , & le reftant exprimera la folidité du cône tronqué. La folidité de la fphere eft à celle d'un cylindre circonfcrit , comme 1 eft à 3 , c'eft-à-dire , les deux tiers. Pour l'avoir plus promptement , on multipliera fi furface par le tiers d'un de 1 fes rayons , d'oià il fuit que la Iphere eft égale en folidité à une pyramide ou à I un cône qui auroic pour bafe la furface de la fphere , & pour hauteur fon rayon ou demi-diametre. La folidité d'un ellipfoïde eft égale à celle d'une fphere dont le diamètre eft moyen proportionnel entre le grand & le petit diamètre d'un ellipfoïde. : CHAPITRESECOND. I Des Bois propres à la Menuiferîe. Le s bois propres à la Menuiferie , font le chêne tendre & dur , le châtaignier, le noyer , l'orme , le hêtre , le fapin , le tilleul & le peuplier. De ces différentes fortes de bois , il n'y a que le chêne , le châtaignier , I le fapin & le tilleul qui foient propres aux ouvrages de bâtiment ; l'orme ferc à faire les bâtis des voitures , & le noyer à en faire les panneaux. Le noyer fert auffi à faire des meubles en tout ou en partie , ainfi que le hêtre. Pour ce qui eft des bois de marqueterie , ce font le noyer noir & blanc, & le poirier làuvageon , lefquels font moins chers que les autres bois rares & de couleurs qui nous viennent de l'Étranger , & font connus fous le nom de bois des Indes ; favoir , les bois de Bréfil , d'acajou de toute efpece , le bois fatiné , le cèdre , l'olivier , le laurier aromatique de couleur maron ou quelques- fois violet , le bois de fainte Lucie , le bois violet d'une odeur agréable , le Fer- nambouc , dont la couleur approche de celle de for ; enfin l'ébene de quatre ê Section I. Des différentes qualités des Bois. 2 3 difFérentes efpeces , favoir , la noire , la rouge , appellée gremdiUe , la verte , & lëbene de Portugal , qui eft noire parfemée de taches blanches. Tous ces diflFérents bois fe vendent à la livre à caufe de leur rareté , & ne s'emploient qu'en placage. Les Ébéniftes emploient auffi dans leurs ouvrages l'étain , le cuivre , la nacre de perles , lecaille & l'ivoire , comme nous l'expli- querons en parlant de l'Ébénifterie. Section première. Des différentes qualités des Bois. On diftingue auffi les bois félon leurs qualités bonnes ou mauvaifes ; mais en fait de bois de Menuiferie , il n'y a prefque que le chêne qui foit aflîijetti aux différentes régies dont je vais parler. On emploie dans la Menuiferie de deux efpeces de chêne , favoir , le dur & le tendre. Le dur fe nomme bois François ou de Pays , lequel vient du Bour- bonnois & de la Champagne. Le Bourbonnois eft dur , noueux , rebours, & étant flotté il eft fouvent rempli de gravier ; fa couleur eft pâle & grife ; il eft très-difEcile à travailler ; il fe tourmente ordinairement , & ne doit s'em- ployer qu'aux ouvrages groffiers qui demandent de la folidité : on doit oblèr- ver fur-tout de ne jamais l'employer pour faire des panneaux , parce qu'ils fe- roient fujets à fe fendre & à fe cofiner. Le bois de Champagne eft moins dur Se moins noueux que le précédent : il eft d'une couleur jaune , & peut s'employer pour des panneaux lorfqu'il eft bien fec , & qu'après avoir été lefendu en planches minces ou voliges , on l'a laifle quelque temps à l'air. Le bois tendre eft celui que l'on nomme Lois Ae Lorraine ou de Vojges , le- quel diffère des premiers , non-feulement parce qu'il eft plus tendre , mais auffi parce qu'il eft plus droit & plus égal ( étant refendu par des moulins ) , & qu'il n'eft point flotté ainfi que les autres. Ce bois eft très-propre aux ouvra- ges des dedans, comme les Lambris , les Alcôves , les Armoires, les Buffets, & tous autres ouvrages qui ne font pas fujets à l'humidité : en général il eft d'une très-belle couleur , le plus tendre étant d'un jaune clair parfemé de peti- tes taches rouges. Le grain de ce bois eft large & poreux , & prefque tou- jours fans nœuds ni gale. Lorfqu'il eft d'une qualité trop tendre , on ne doit l'employer que pour les panneaux & les ouvrages de fculpture , mais jamais pour les pièces d'affemblage , parce qu'étant très-gras , fes fils trop courts l'expofent à fe caffer. La plupart des bois de Vofges étant refendus dans toute la largeur des arbres , le bois des deux rives des planches eft d'une pa- reille denfité & d'une même couleur , ce qui , dans certaines circonftances , eft agréable à la vue ; mais ils font toujours plus fujets à fe retirer & à fe tour- 24 MENUISIER,!. Pan. Chap.II. menter que les bois cartelés , & qu'on a refendus lur la maille; Le bois de Fontainebleau tient le milieu entre le bois Ftançois & le bois de Vofges ; il eft moins dur que le premier & moins tendre que le fécond , ce qui le rend très-propre pour l'affemblage , ainfi que pour les moulures ; ilfe tra- vaille aifément , & reçoit mieux le poli que le bois de Volges , qui étant trop gras , a les ports très-ouverts , & eft toujours rude , quelque précaution que l'on prenne en le travaillant. Le défaut du bois de Fontainebleau eft d'être fujet à une elpece de ver, qui y fait des trous de la grolTeur du doigt fur cinq à fix pouces de long , & même plus , lefquels ne s'apperçoivent quelquefois que quand l'ouvrage eft prelque fait ; il eft aulTi fujet à être fendu par le milieu , ce qui fait qu'il n'eft propre que pour les bâtis , & prefque jamais pour les panneaux. Sa couleur eft très-belle , & un peu plus foncée que celle du bois de Vofges ; fon grain plus ferré , & fes pores moins ouverts : on le rendroit propre pour les pan- neaux, fi on le refendoit lur la maille. On fait encore ufage de bois de chêne du Nord , dit de Hollande , parce que c'eft dans ce pays qu'il eft fabriqué ou débité en planches. Autrefois on appor- toit ce bois en France de toutes fortes d'épailTeurs , ainfi que les autres bois ; mais préfentement il n'en vient prefque plus que de fix & de neuf lignes d'é- paiffeur , ce qui fait qu'on ne s'en fert que pour faire des panneaux , à quoi il eft très-bon , parce qu'il eft refendu fur la maille ; c'eft pour cette raifon que les planches de ce bois ont toujours une rive dure & une tendre ; ces rives r.e font prefque jamais droites , parce que l'on fend les arbres par quartiers avant de les refendre , ce qui fait qu'il y a beaucoup de déchet dans l'emploi de ce bois , fur-tout quand il eft néceflàire que les planches foient d'une cer- taine longueur ; de plus , la rive dure étant très-rude & prefque toujours prife au cœur du bois , on eft obligé d'en hacher un pouce ou deux , ce qui joint à la courbure des planches , diminue confidérablement de leur largeur. Au refte, lorfque ce bois n'eft pas trop dur , il eft très-propre à faire des panneaux • & ce qu'il a d'avantageux fur le bois de Vofges , c'eft qu'étant prefque auffi tendre , il eft moins fujet à fe travailler , fon grain étant plus ferré & moins poreux : ce bois eft prefque toujours refendu fur la maille , ce qui le rend moins fuf- ceptible aux imprelTions de l'air ; fa couleur eft d'un jaune de paille , tirant quelquefois fur le brun : il eft refendu au moulin , ainfi que le bois de Volges , & n'eft point flotté. Il y a encore une autre efpece de bois qu'on emploie pour les panneaux, on le nomme Mérin , ou Crefon ou Courfon , en terme d'ouvrier ; il n'eft pas refendu à la fcie , mais au coutre , ainfi que la latte & le bois des féaux. An- ciennement il étoit fort en ufage , mais depuis que l'on donne une certaine grandeur aux panneaux , on l'a totalement abandonné , les plus longues pièces ds ce bois n'ayant que quatre pieds à quatre pieds & demi de longueur : on ne Section I. Des différentes qualités des Bois. 25 ne s'en fert plus que pour faire des panneaux de parquet , le refte étant em- ployé à faire des féaux, des douves de tonneaux & des lattes , ce qui fait que le beau bois devient très-rare en France , le plus beau étant employé à ces fortes d'ouvrages. Le châtaignier efl auffi très-propre à la Menuiferie ; mais il eft très-rare à pré- fent : la couleur de ce bois eft d'un beau jaune clair ; fes fils font droits & pa- raUeles, & on prétend que jamais la vermine ne s'y attache. Les charpentes des combles de nos anciens édifices font prefque toutes de ce bois ; mais depuis l'hiver de 1709 , où prefque tous ces bois ont été gelés, on les coupe en taillis pour en faire des échalats, du bois pour les treillages, & des cerceaux. Les défauts qui fe rencontrent dans les bois dont je viens de parler , font l'au^ bier , les Haches , les nœuds , les malandres, les gélifs ou gelivurcs , ou enfin givelures en terme d'ouvrier, les gales, les fiftules , les roulures, les rou- geurs ou échauffhres, les piquures de vers , & la pourriture. L'aubier eft la dernière croiiTance de l'arbre, laqueUe fe trouve entre l'é, corce & le bon bois d'une plus ou moins grande épaiffeur , félon que le bois eft plus ou moms tendre. Il eft fort aifé à diftinguer, parce que non-feule- ment il eft plus tendre que le refte, mais aufll par fa couleur, qui com- mence par être rougeâtre lorfque le bois eft encore vert, & qui blanchit à mefure qu'il feche , de forte que quand il eft parfaitement fec , il eft tout blanc & fouvent parfemé de piquures de vers. Il faut avoir grand foin de retrancher totalement l'aubier des bois que l'on emploie, parce que fi on en lailFoit, il feroit bien-tôt vermoulu & tombe- roit en poufliere. Les Haches font des défauts qui dépendent de l'équarrifTage , lorfqu'il n'a pas été fait à vive arrête; ils occafionnent lors du corroyage une grande perte de bois , & fi on ne le retranchoit pas , l'ouvrage feroit très-difforme. Les nœuds font la fortie , ou pour mieux dire , le centre d'une branche lefquels venant à paffer au travers du corps de l'arbre , non-feulement en dérangent & en féparent les fils , mais encore percent les planches lorfqu'elles font refendues , & les font fendre ; dans ce cas on les appeUe nœuds vi- cieux , & ils ne peuvent pas Être employés : le bois dur & tortueux y eft crès- fujet ; le %in quoique droit en eft rempli , fur-tout celui d'Auvergne Ces nœuds font plus durs que ceux du chêne, & forcent deux-mêmes lorfque le bois vient à fe fécher. Les malandres font des veines de bois tantôt rouges tantôt blanches qui tendent à la pourriture , & pour cette raifon il eft néceffaire de les retrancher Les gélifs ou gelivures, font des fentes caufées parles fortes gelée. Lorf- quune planche eft ainC fendue par un bout, il faut la refendre à la fcie tout du long, & y faire un joint, fans quoi cette fente iroit toujours en aug- mentant. ° Menuisier. q 26 MENUISIER,!. Part. Chap. IL Les gales font des défauts femblables à de petits nœuds , lefquels ne font qu'endommager la furface du bois qu'ils défigurent , fans pour cela le mettre Lors de fervice. Les fiftules ne font autre chofe que des coups d'outils , tels que les haches, les coignées , lefquels fe trouvent fur les bois , ainll que des balles qui s'y ren- contrent quelquefois. Les roulures font des défauts de liaifon qui fe trouvent entre la croiflàn- ce de la féve d'une année , avec celle de la précédente , de forte que le bois le fépare de lui-même : ce défaut eft des plus confidérables , & doit faire rebuter les bois qui en font attaqués. Le bois rouge eft celui qui eft couvert en tout ou en partie de taches rou- ges & flambées ; ces taches qui font un commencement de pourriture , indi- quent un arbre qui étoit en retour fur pied : ce bois s'échauffe , devient pi- qué de vers , & enfin {è pourrit. Le bois tranché eft celui dont les fils traverfent fon épaiffeur , & par confé- quent ne font pas parallèles à fa furface , ce qui eft un défaut d'autant plus grand , qu'il ôte la force du bois , & le rend peu propre à faire des affem- blages , lefquels n'ont de bonté qu'autant que les bois font de droit fil. Il y a de deux fortes de noyers , ainfi que je l'ai déjà dit , le blanc & le noir. Le blanc fe nomme Noyer femelle , & eft tiré d'arbres jeunes , ou qui ont crû dans des terreins humides : il eft moins eftimé que le noir , cepen- dant il a l'avantage d'être plus de fil , & plus propre aux ouvrages d'af- femblage. Le noyer noir eft plus eftimé , Se par conféquent plus cher que le blanc ; il eft ferme & plein , & quelquefois même très-dur : il eft peu de fil ; fa cou- leur eft grife , avec des taches ou veines plus foncées tirant fiar le noir. En général le noyer n'a point d'aubier , & n'eft lùjet qu'aux vers lorfqu il eft vieux. Le meilleur vient d'Auvergne. L'orme eft un bois liant , dont le grain efl ferré & veiné : là couleur eft rougeâtre , ou bien jaune tirant fur le vert ; il n'a point d'aubier , ou du moins celui qu'il a eft dur & s'emploie fans aucune difficulté : il eft affez de fil en l'em- ployant d'une longueur médiocre , & n'a pas beaucoup de nœuds vicieux. Le hêtre eft un bois plein , dont le grain eft ferré & de fil : là plus belle couleur eft un blanc roufTeâtre ; il n'a point d'aubier , mais il eft fijjet à s'échauf- fer & à être piqué de vers : il fe tourmente toujours fi fec qu'il foit, ce qui fait qu'on ne l'emploie pas dans les ouvrages de bâtiments , mais feulement dans le meuble. Le fapin eft un bois léger , tendre & de fil , mais de dureté inégale : ^à couleur eft blanche avec de petites raies vertes , lefquelles deviennent jau- nes lorfqu'il eft fec; il fe travaille difficilement : il n'a point d'aubier, mais beau- coup de nœuds , fur-tout celui d'Auvergne , comme je fai dit ci-deffiis : celui SectionII. De la façon 3C de l'empilage des Bois. 27 de Lorraine en a moins , & eft plus uni. En général ce bois eft fujet à s'é- chauffer & à être mangé de vers ; on ne doit l'employer qu'à de légers ouvra- ges , comme tablettes , cloifons & petites portes ; car pour les autres ouvrages, non-feulement il dure peu , mais auffi ils ne font jamais propres , & coûtent tou- jours très-cher , vû leur peu de durée & leur mauvais ufage. On prolonge beau- coup fa durée en le couvrant de peinture à l'huile. Le tilleul eft une efpece de bois blanc , plus uni & plus plein que le fapin : il eft très-propre aux ouvrages de fculpture , parce que quand il eft bien fec , il prend aifément la colle & fe coupe bien ; mais auffi a-t-il le défaut d'être de peu de durée quant aux ouvrages de bâtiments ; fon ufage n'eft gueres meilleur que celui du fapin. Le peuplier eft auffi de couleur blanche : ce bois eft mou , difficile à travailler , & ne s'emploie que rarement. Section Seconde. De la façon ÔC de L'empilage des Bois. P A R la façon des bois non ouvrés , on entend la manière de les refendre & de les équarrir , ce qui fe fait de différentes façons , félon la nature , la P l a n c h i qualité, & la groffeur des bois; ils fe refendent au moulin, ce qui eft ^ la meilleure -manière, ou bien à bras , par des ouvriers appelles Scieurs dais ou Scieurs de long , ce qui eft la même chofe. Je ne parlerai point ici de l'exploitation des bois dans les forêts ; je me contenterai de dire feulement qu'ils font fciés & débités en groffeurs & en longueurs relatives à nos diffé- rents befoins , & que le bois ainfi préparé fe nomme bois d'échantillon , lequel fe trouve abondamment de toute efpece & de toute qualité poffibles dans les chantiers des Marchands de bois , lefquels pour l'ordinaire le font débiter eux- mêmes & pour leur compte , & le fouc voiturer dam leurs cliantiers ou ma- gafins à Paris. Les bois débités ou équarris prennent différents noms félon leurs groffeurs, & félon la place qu'ils occupoient dans le corps de l'arbre : on les appelle dojfes, contre-dojjes, battants de portes coche res , membrures, chevrons , enfin planches & voliches ou voliges. Les doffes font les premières levées que l'on fait fur le corps de l'arbre pour l'équarrir, après en avoir ôté l'écorce , comme celles cotées g g, tlg. ^ & ff. Lorfque le diamètre de l'arbre eft trop confidérable , & qu'on craint que les doffes ne deviennent trop épaiffes , on y fait une double levée , laquelle fe nomme contre-dojfe , c'eft-à-dire , qu'elle eft entre la doffe & le vif du bois , ainfi que font celles cotées h h, Fig. G. Lorfque le bois eft beau , les contre- doffes font très - tendres , étant très - proches des rives de l'arbre : elles n'ont de l'aubier que fur leurs extrémités , au lieu que les doffes en ont fur toute leur partie bombée : l'épaiiTeur des contre-doffes n'eft pas précife; elle varie de- 28 MENUISIER, I. Part. Chap. II. ■ puis deux jufqu'à quatre pouces. Après qu'un arbre eft ainfi équarri , on le re- Planche fend en battants ou en planches , félon que fa qualité dure ou tendre fait ju- g^'' l" ''- propre à l'un ou à l'autre , à moins toutefois qu'on ne refende les planches de toute la largeur de l'arbre , ce qui arrive quelquefois , fur-tout dans le bois tendre , ainfi que je le dirai ci-après. Les battants des portes-cocheres ont ordinairement douze , quinze , ou mê- me dix-huit pieds de longueur , fur un pied ou quinze pouces de largeur pour les plus grandes longueurs , & fiir quatre à cinq pouces d'épaiiïeur : ils Ibnt prefque toujours de bois d'une qualité dure ; il fuffit qu'ils ne foient pas noueux ni fendus : il s'en trouve de bois de Vofge ; mais ils font chers & très-rares. Les membrures ont de longueur depuis fix jufqu'à quinze pieds par dilïe- rence de trois en trois pieds , c'eft-à-dire , qu'il y en a de fix , neuf, douze, & de quinze pieds ; elles portent fix pouces de largeur fur trois pouces d'é- pai fleur. Les chevrons portent la même longueur que les membrures , & quelquefois plus , fur trois à quatre pouces quarrés , c'eft-à-dire , qu'ils ont autant d'épailFeut que de largeur. Les planches ont fix , neuf , douze , quinze , & même dix-huit pieds de longueur, fiir un pouce, quinze lignes , un pouce & demi , un pouce neuf lignes , & deux pouces d'épaifl"eur. Il y a auffi des planches de fept pieds de long ; mais elles Ibnt plus rares que les autres , & on a de la peine à en trouver de toute épaifleur. Pour la largeur des planches de bois François , elle varie depuis neuf pouces jufqu'à un pied ; cependant celles de pouce & demi & de deux pouces , ont or. dinairement un pied de large , & celles au-deflbus de cette épaifliur depuis neuf jufqu'à dix ou onze pouces tout au plus. Il eft encore une autre elpece de bois François mince , nommé Entrevoux , lequel ne porte que neuf à dix lignes d'épailTeur , fur fix, fept, ou neuf pieds de longueur , lequel eft propre à faire des panneaux , pourvu qu'il foie beau & tendre. Pour ce qui eft du bois de Vofge , il y en a de toutes les longueurs & épaif- feurs dont j'ai parlé ci-deflùs , excepté qu'il n'y en a pas de fix & de fept pieds j ou du moins bien peu : il y en a auffi de trois pouces d'épaifTeur , fur douze pieds de long. Pour fa largeur elle n'eft pas fixée : car dans toutes les différen- tes longueurs & épaifleurs de ce bois , il y en a depuis fix ou fept pouces de largeur jufqu'à dix-huit, vingt , & même vingt-fix à trente pouces ; c'eft pour-, quoi les Marchands ne vendent pas ce bois à la toife courante comme les au- tres , mais par chaque rang de pile , lequel a quatre pieds de largeur. Pour faciliter la connoiffance des largeurs & épaiffeurs des bois de Me- nuiferie relativement à leurs différentes longueurs , j'ai joint une table où tous s ECT 1 0 N IL De la façon 3C de l'empilage des Bois. 2 9 tous les bois d'échantillon font diftingués félon leurs longueurs , largeurs & épaiffeurs. TABLE des Battants de Portes-cocheres. Longueurs. Largeurs, EpaifTeurs. Pieds. Pouces- foiitll. 18 iÇ IJ 12 i 12 12 4 Planche IV. TABLE des Membrures. Longueurs . Largeurs . EpaiiTeurs. Pieds. ir 6 î 1 2 6 3 9 6 3 7 6 3 6 6 s T ^ B L E DES PLANCHES. Longueurs. pied!. Pouces. 1 Lignes. Ligne*. L^nes. JpiedJi. Pouc:. 18 2 1 21 2 21 18 lî 1 2 I 1 2 2 21 18 I 2 I ou y 9 2 21 18 1 2 10 ■■ 0-1 9^° 7 l3 i; 1 2 10 <j ou I 0'' 6 2 18 1 2 10 9 ou 10''" Les bois de Hollande n'entrent pas dans le nombre de ceux dont js fais ici mention, parce que ce n'eft que du bois mince , lequel fe vend à la poignée ou bien au rang de la pile: fes longueurs font de fix, fèpt, neuf, ou douze pieds fur l'épaiflèur de fix ou neuf lignes. Le plus épais de ces bois fe nomme trois quarts , à caufe qu'il doit avoir neuf lignes d'épaiffeur , quoique fouvent il n'en ait que fept ou huit tout au plus. Le plus mince fe nomme feuillet , & n'a que quatre à cinq lignes d'épaiffeur quoiqu'il doive en avoir fix. Il eft à remarquer que le bois François eft toujours plus épais que le bois de Vofge à chaque échantillon, c'eft-à-dire , que le premier a toujours deux à trois lignes plus que fon épaiffeur , de forte que le bois de pouce a quelquefois quatorze à quinze lignes , & qu'au contraire le dernier a prefque toujours une ligne de moins qu'il ne doit avoir , ce qui ell: un défaut ; mais auffi a-t-il Favan- tage d'être plus droit que l'autre , & d'avoir moins de déchet. Pour ce qui eft des voliges de chêne , les Marchands de bois n'en vendent que très-rarement ; les Menuifiers fe fervent de bois de Hollande pour les pan- Mekuisier. h MENUISIER,!. Part. Chap. II. . neaux minces , ou bien ils font refendre chez eux des planches fur le champ , Planche de l'^pai(reur& de la qualité qu'ils jugent à propos. ^ ^' Le fapin n'eft pas fujet aux règles de groffeur dont je viens de parler, du moins pour celui qu'on emploie dans la Menuiferie de Bâtiments. Celui d'Auvergne porte ordinairement douze pieds de long fur quatorze à quinze lignes d'épaiffeur; fa largeur varie depuis dix jufqu'à quatorze à quinze pouces. Celui de Lorraine ne porte que onze pieds de longueur au plus ; il y en a d'auffi épais que celui d'Auvergne : mais l'épaiffeur la plus ordinaire eft de dix à douze lignes : fa largeur varie ainfi que celle de ce dernier. Il y a auffi du feuillet de fapin de Lorraine , de même longueur que les plan^ ches , lequel porte depuis fix jufqu'à huit lignes d'épailfeur. Le noyer & l'orme ne fe trouvent pas débités en planches ainfi que les autres bois ; pour peu que les Menuifiers en carrofTes foient un peu opulents , ils achè- tent des corps d'arbres tout entiers qu'ils font débiter eux-mêmes , favoir, l'orme par tables de cinq pouces d'épailfeur, & le noyer par tables de trois pouces; ils font encore refendre le noyer noir pour faire des panneaux par tables de qua- tre lignes d'épailfeur , lefquelles ont de largeur celle du corps de l'arbre , qui a quelquefois deux à deux pieds & demi de largeur. Le hêtre fe trouve débité par planches de quinze à dix-huit lignes , & même deux pouces d'épailfeur fur fept , neuf, & douze pieds de longueur ; on vend auffi des tables de ce bois propres à faire des établis de Menuifiers , des tables de cui- fme & des étaux de Bouchers , lefquelles tables portent de longueur depuis fept jufqu'à douze , & même quinze pieds, fur dix-huit à trente pouces de large , & cinq à fix pouces d'épailfeur. Quoique les bois qu'on a choifis ayent par eux-mêmes toutes les qualités re- quifes , il eft encore nécelTaire de veiller à leur confervation , & comme le bois de Menuiferie ne doit être employé que très-fec , il eft de la dernière confé- quence aux Menuifiers d'être toujours bien approvifionnés de bois de tout échan- tillon , lefquels ils confervent & font fécher dans leurs chantiers avant de les employer. Ils doivent auffi avoir foin que leurs chantiers ne foient pas dans un endroit trop bas , ni planté d'arbres , parce que la chute & famas des feuilles empêche- roit fécoulement des eaux , lefquelles pourriroient les couvertures & le pied des piles. Le terrein occupé par les piles , doit être plus haut que le refte du chantier , afin que les eaux n'y féjournent pas ; il faut qu'il foit bien drelfé & de niveau , après quoi on pofe delFus des pièces de bois cotées A , que l'on nomme chan- tiers , lefquelles ont de longueur la largeur de la pile , qui eft ordinairement de quatre pieds ( quoique quelquefois on les falfe plus larges ) ; on leur donne le plus d'épailfeur qu'il eft poffible , afin qu'ils élèvent la pile davantage. Section II. De la façon ôC de l'empilage des Bols. 3 1 On met les chantiers diftants des uns les autres de trois en trois pieds ; leur deflus doit être bien dreffé & dégauchi, après quoi on empile le bois delTus, après Plan avoir pris la précaution de mettre de mauvaifes planches au premier rang pour ' ^ empêcher l'humidité de tranfpirer. On fait les piles de deux manières , félon que le bois eft encore mouillé ou qu'il eft fec. Dans le premier cas on empile à claire-voie , ce qui fe fait des deux ma- nières fuiyantes. La première eft d'elpacer les planches les unes des autres d'une diftance à peu-près égale aux deux tiers de leur largeur , & de féparer chaque rang de plan- ches par des lattes_yy, lefquelles en les féparant , les empêchent de fe toucher, & les entretient d'une façon folide les unes fur les autres , de forte que l'on peut faire monter des piles jufqu'à vingt & vingt-cinq pieds de haut. ( Fig. 7). La féconde manière de faire des piles à claire-voie eft de les faire quarrées , c'eft-à-dire , de leur donner autant de largeur que les planches font longues , ce qu'on fait en mettant d'abord un rang de planches efpacées à diftance égale les unes des autres . comme dans la première manière , de forte toutefois que la largeur des planches & l'efpace qui eft entr elles foit égal à leur longueur ; en- fuite de quoi on remet pardeflîis ces planches un autre rang dans le mêine ordre & en fens contraire , ce qui fait qu'on n'a pas befoin de lattes , & que les plan- ches ont plus d'air entr' elles ; cependant on ne doit pas les laifter long-temps em- pilées de cette façon , de crainte que le bois ne s'échauffe djns les endroits qui portent les uns fur les autres. (^Flg. 2). Les chevrons de fix & de neuf pieds s'empilent de cette façon, fans cepen- dant être à claire-voie. La manière d'empiler le bois fec ne diffère de la première de ces deux ma- nières , qu'en ce que les planches fe touchent les unes les autres , au lieu d'être à claire-voie. On fépare chaque rang avec des lattes que l'on met d'une diftan- ce égale à celle des chantiers , c'eft-à-dire , de trois en trois pieds , afin que les planches foient toujours droites & ne fe gauchiffent pas , ce qui s'appelle caujjîner ou déjater , ou enfin coffiner , en terme d'ouvrier , quoique cepen- dant ce dernier terme fignifîe plutôt une planche crçufée fur fa largeur que gauchie, (f/o-.j). Le deffus des piles le couvre avec des planches pofées à recouvrement les unes fur les autres , un des bouts defquelles pofe fur une autre planche ( cotée a , Fig. ^) , que l'on nomme l'égout de la couverture , Se qui porte à plat {ur la pile : on doit cependant obferver qu'elle excède de trois à quatre pouces le de- vant de la pile , & qu'elle penche un peu en dehors , afin de faciliter l'é- coulement des eaux ; on la calle un peu fur le derrière pour cet effet. L'au- tre bout des planches de la couverture porte fur une pièce de bois l, que l'on nomme chevet , qui fe pofe fur le champ fur deux morceaux de bois ( , dans lefquels elle entre en entaille & y eft arrêtée avec des coins afin 32 MENUISIER,!. Part. Chap. II. qu'elle ne tourne pas. Le chevet doit être élevé d'un pied & demi au moins , N c H E afin que l'eau féjourne moins fur les piles. ^' Le milieu de la couverture doit être foutenu par une pièce de bois e qui pafle pardeflbus , & les deux planches des rives rs , rs, doivent faillir de trois à quatre pouces des deux côtés de la pile , afin que l'eau ne retombe pas le long. Lorfqu'on veut donner aux piles plus de quatre pieds d'épaiffeur, on doit avoir foin de mettre les lattes en liaifon , c'efl:-à-dire , que le bout qu'on mettra pour completter ce que la pile aura de plus de quatre pieds , ( ce qui eft la longueur des lattes ) que ce bout , dis-je , palTe encore fur l'autre planche pour entretenir la folidité de cette même pile, qu'on aura foin d'élever bien d'à-plomb de tous fens , afin d'éviter les accidents que fa chûte pourroit occafionner. Pour les bois minces , comme le bois de Hollande , la volige de chêne 8c de fapin , la coutume n'eft pas de les empiler à l'air au milieu du chantier , mais de les empiler fous des hangars & au-delfus de la boutique oi:i travaillent les ou- vriers , par la raifon , dit^on, qu'ils s'y confervent mieux ; mais je crois malgré l'ufage , qu'ils feroient mieux dans le chantier , où ils recevroient l'air de tous co- tés , & où ils ne feroient pas expofés aux vers. Quant à leur confervation , je crois qu'ils ne courent _aucun danger étant à l'air. Les piles de bois de Hollande , qui font depuis très-long-temps dans les chantiers du Port de l'Hôpital & de la Râpée , fans être aucunement endom- magés , font de sûrs garants de la vérité de ce que j'avance. Ce que je dis ici n'eft que général ; je fçai parfaitement que tous les Menui- fiers ne peuvent pas avoir de grands chantiers ni de grofles provifions di bois ; mais encore pour peu qu'ils ayent d'économie , ils doivent tou- jours faire leur poffible pour en être à peu-près échantillonnés , & pour veil- ler à la confervation du peu qu'ils en ont , afin de ne pas être obligés d'en acheter chez les Marchands à mefure qu'ils en ont befoin , parce que le bois qu'ils vendent n'eft prefque jamais fec , ou bien qu'ils le leur font payer très- cher lorfqu'ils en ont. Plus les bois font durs , & plus ils font de temps à fécher ; c'eft pour- quoi on ne doit pas raifonnablement employer de bois qu'il n'ait huit an- nées de coupe au moins , afin de pouvoir faire de bons ouvrages : il ne faut cependant pas qu'il foit trop fec , fur-tout pour les ouvrages d'alfemblage , où le bois qui n'a plus de féve , & dont l'humidité eft totalement expulfée , ne peut être propre. Section troisième. Du débit des Bois. On débite le bois de deux manières , ^àvoi^ , lùr le champ & iùr le plat; Le bois fur le champ eft celui qu'on fait refendre fur i'épailTeur de la plan- che Section III. Du débit des Bois. 33 che pour en faire des panneaux & autres ouvrages minces. Le bois débité fur le plat eft celui qu'on fait refendre fur fa largeur pour la divifer en battants , en montants , en traverfes , & autres pièces dont on a befoin dans la conftruc- tion de la Menuiferie. Quand on fait refendre des planches fur le champ , on doit choifir celles qui font les plus droites , fans fentes & fans nœuds ni gales ; il faut au(fi avoir foin qu'elles foient d'une belle couleur , ce qu'on connoît en les découvrant fur le plat avec la demi-varlope , ce qui s'appelle fonder le bois ; dans le nom- bre des planches que Ton trouve propres à être refendues fur le champ , il fauï préférer celles qui font fur la maille du bois , c'eft-à-dire , dont la lùrface eft parallèle aux rayons qui s'étendent du centre à la circonférence. La raifon qui doit faire préférer le bois fur la maille dans ces fortes d'oc- cafions , eft qu'il eft moins fùjet à fe tourmenter que de f autre fens , l'air & l'humidité le pénétrant plus difficilement , & la féve qui eft contenue entre les rayons de l'arbre ne faifant plus d'eifet que fur l'épaiifeur , au lieu que du dernier fens f effet fe fait fur la largeur ; c'eft pour cette raifon que tous les bois de féaux , & les douves de tonneaux font fendues ftir la maille. Le feul défaut du bois fur la maille , eft qu'il fe polit difficilement , les rayons de l'arbre fe trouvant coupés fur leur épaiffeur , forment fur fa furface des parties dures , lefquelles ont peine à s'unir & la défaffleurent prefque toujours , ou bien elles s'enlèvent & y forment des cavités. Lorfque le bois eft encore vert, la couleur des mailles eft d'un rouge! tirant fur le bleu ; mais lorfqu'il eft fec , elles deviennent blanches , & à peu- près femblables à fintérieur d'un noyau d'abricot ; au refte quand ce bois eft bien fec , & que les panneaux auxquels on femploie font bien replanis , ils font un fort bel effet , fur-tout dans les ouvrages qui ne font que vernis. En général le bois fur la maille eft celui qui eft refendu parallèlement aux rayons de l'arbre , ainfi que je l'ai dit ci-delTus : ces rayons font des prolonge- ments du tiflu vafculaire , lefquels joignent & coupent les cercles concentriques formés par les couches annulaires. Quand on refend les arbres de toute leur lar- geur pour en faire des planches , comme dans la Fig. 7 , toutes celles qui pat fent par le centre font fur la maille , ainfi que celles // ; à mefure que les plan- ches s'éloignent du centre , elles font moins fur la maille , de forte que celles qui font proches de la circonférence de farbre comme celles m m, nn, font à fens contraire , c'eft-à-dire , parallèles aux couches concentriques. Quand on refend les arbres par quartiers , comme on fait aux bois de Hollande, on les débite en planches fur la maille de deux manières ; la première eft de les refendre par des lignes parallèles à fun des côtés du triangle q , que forme le quartier de l'arbre ; la féconde eft de les refendre par des lignes parallèles à une autre ligne qu'on mené du fommet du triangle r s t, Fig. 8 , au point 0, qui eft le milieu de la bafe. Ces deux manières font indiiférentes en elles-mêmes , Menuisier. I 34 MENUISIER,!. Pan. Chap. II. ■■ parce que dans l'une ou dans l'autre, il n'y a que les planches les plus parallèles Planche aux rayons qui foient parfaitement llir la maille. ^ ^' On doit cependant obferver de ne jamais refendre les bois de quartier d'un fens parallèle à leur circonférence , comme le quartier p (Vig. 8) , parce qu'il cft plus fujet à fe tourmenter , comme je l'ai dit plus haut. Je n'entrerai pas ici dans un détail plus circonftancié de la nature & de l'effet des bois lors de leur delTéchement ; ceux qui voudront approfondir cette ma- tière, auront recours au Traité des Forêts de M. Duhamel du Monceau, dans lequel ils trouveront tout ce qu'on peut dire à ce fujet *. Pour ce qui eft des bois propres à refendre fur le champ , relativement à leut épaifTeur , ce font les bois de deux pouces refendus en trois , c'efl-à-dire , dans lefquels on fait deux traits de fcie, ce qui produit trois planches ou voliges d'environ fept lignes d'épaillèur chacune , chaque trait de Icie prenant deux lignes de bois : on ne refend pas ce bois en deux , parce que le bois de pouce de Vofge , ou l'entrevoux , fait le même effet. Le bois de vingt-une lignes le refend auffi en trois , ce qui donne trois feuil- lets d'environ fix lignes d'épailTeur. Celui de pouce & demi fe refend en deux , ce qui produit deux planches de huit lignes d'épaillèur. On ne doit pas le refendre en trois , parce que les feuillets auroient moins de cinq lignes d'épaiffeur , ce qui eft trop mince. Les bois de quinze lignes fe refendent en deux, & donnent deux feuillets de fix lignes & demi d'épaiffeur. Le bois d'un pouce fe refend en deux , & donne deux feuillets très-minces , fur-tout celui de Volge , lefquels ne font bons que dans les menus ouvrages ; mais en général le moins qu'on peut en employer eft le meilleur. Les Menuiliers doivent toujours avoir des bois refendus fiir le champ de toutes les épaiffeurs convenables , afin de n'être pas obligés d'en faire refendre à me- firre qu'ils en ont befoi-n. De plus , le bois anciennement refendu efttoujours meilleur que le nouveau , qui , quelque fec qu'il foit, fait toujours un peu d'effet après avoir été refendu. Le débitage des bois fur le plat , mérite la plus férieufe attention ; car c'eft du loin & de féconomie avec lefquels ils font débités , que dépend en partie la bonté de l'ouvrage & le profit de l'Entrepreneur. Avant de commencer à débiter le bois , il eft d'abord néceffaire de fe ren- dre compte du nombre des pièces dont on a befoin , favoir , fi c'eft des battants, des montants , ou des traverfes ; de leurs longueurs , largeurs & épailTeurs : on doit auffi faire attention aux profils & aux moulures qui y feront pouffées ** , à leurs largeurs , s'il y a des pièces qui en ayent des deux côtés , ou bien s'il y en a d'autres qui n'en ont point du tout. * Le TkaitS complet des Bois & des Forêts , S. vol. in-/^. fe trouve chez L. F. Delatmr. *» Poiipr les moulures , en termat d'ouvriers , c'eft les former dans le bois avec les outils dertinc's à cet ufage. Section III. Du débit des Bois. Apf ès quoi, on doit prendre des planches ou autres pièces de bois d'une épaif- t A N G H E feur & d une longueur convenables aux befoins qu'on en a , parmi lefquelles on P choifira celles qui font les plus droites & plus de fil pour faire des battants , qu'on ^ ^' débitera en commençant par le plus large , à moins qu'il ne fe rencontre dans une planche des fentes ou des nœuds vicieux qui traverfent la largeur ; dans ce cas on prend dans la partie faine de la planche un battant de moyenne largeur , & le refte fe débite en traverfes ou autres petites pièces. Avant de débiter le bois ,' il faut d'abord le fonder ; enfuite on pofe la règle ou le cordeau fur la plus belle ri- ve ou arrête du bois , pour voir fi elle eft parfaitement droite : s'il arrive qu'elle foit creufe , ou ronde , ou bouge , (ce qui en termes d'ouvriers eft la même chofe que ronde ou bombe , ce mot fe prenant pour le champ du bois , comme pour le plat ) , on y marque une ligne qui palTe & affleure le long du creux , ou aux deux extrémités du bouge , d'après laquelle on en mené d'autres paral- lèles à la première, félon la largeur dont on a befoin. (Fig.^ & lo). Quand les planches font trop courbes , & que dans leur longueur elles peu- vent contenir deux ou plufieurs longueurs démontants ou de traverfes, on mar- que d'abord deifus la longueur dont on a befoin , après quoi on la divife en autant de lignes qu'on le juge à propos. ( Fig. //). On doit obferver en débitant les bois , de n'en pas prendre de plus longs qu'il ne faut , c'eft-à-dire , de ne pas prendre des battants de huit pieds dans des planches qui en auroient douze , à moins qu'elles ne foient coupées par des fentes ou des nœuds vicieux ; alors il n'y a plus d'inconvénient à prendre du bois de longueur. (Fig. iz). Hors ce cas , il ne faut jamais prendre de bois plus long qu'il ne faut , c'eft-à-dire , qu'on doit prendre des planches de fix pieds pour des longueurs de cinq pieds ou cinq pieds fix pouces ; des planches de fept pieds pour celles de fix pieds fix pouces ; des planches de neuf pieds pour des longueurs de fept pieds fix pouces , huit pieds , ou huit pieds fix pouces ; ainfi du refte , afin de ménager les bois longs qui font toujours plus chers & plus rares que les autres. Cependant les longueurs de quatre pieds & demi peuvent fe prendre dans du bois de neuf pieds , parce qu'il n'y a pas de perte , & qu'il y en auroit davan- tage dans le bois de fix pieds , ou les bouts reftans des quatre pieds & demi ne font pas toujours fains , & ne peuvent fervir qu'à faire de petites traverfes. On ne doit pas débiter les planches qui font parfaitement faines tant fur la longueur que fur la largeur ; mais il faut les réferver pour faire des panneaux , ou pour être employées de toute leur largeur , & ne débiter que celles qui font fendues ou noueufes , parce que ces défauts s'échappent dans les refentes & dans les coupes des bois , ainfi qu'on peut le voir dans les figures ci-deflùs. Il faut avoir foin de débiter les bois de trois lignes chacun plus larges qu'il ne faut , parce que le trait de la fcie en emporte deux lignes au moins , & que quelque droit que les fcieurs de long refendent , ils s'écartent toujours un peu d'un côté ou d'un autre. Section III. Du débit des Bois. 37 mes d ouvriers , cette levée fe nomme veau ) , ce qui eft très-folide , & en même tems épargne beaucoup de bois. ( Fig. ^ ). Pour les courbes en plan , on commence d'abord , avant de débiter le bois , par faire des calibres , qui Ibnt des morceaux de bois minces , lefquels font chantournés conformément au plan , comme les Tig. / & 8 , 8c qui fervent de régies pour débiter le bois. On doit avoir foin que les courbes fe prennent les unes dans les autres autant qu'il eft poflible , ou bien en fe chevauchant ; on évitera le bois tranché le plus qu'on pourra , afin que l'ouvrage en foie plus fclide. P^oyei les Fig. ^ & ff, lefquelles démontrent tout ce qu'on peut dire à ce fiijet. Il eft encore une manière de ceintrer lur le plan , qui eft de prendre du bois droit , que l'on travaille & façonne prêt à l'aflembler , enfùite de quoi on le mouille du côté oppofé à celui qu'on veut faire creufer , puis on l'expofe au- deflus d'un feu de charbon , afin de le moins noircir , & peu à peu on le fait ployer à l'aide d'un EiréJiUon ou Goberge , dont on appuyé l'un des bouts con- tre le plancher , & l'autre contre le bois que l'on veut faire courber. Cette manière de ceintrer les bois n'eft d'aucun avantage , fi ce n'eft d'en épargner la dépenlè ; car du refte elle eft pleine de défauts. Premièrement elle n'eft pas propre à toute forte de bois ; de plus il faut que le bois fcit un peu vert , fins quoi il cafferoit ; on n'eft prelque jamais sûr de le ceintrer jufte , & quand même on y parviendroit , rien ne peut garantir que le bois en fe fé- chant ne fe redrellè. Je ne parle donc ici de cette méthode que comme d'une chofe à éviter , & pour avertir les jeunes gens de ne fe pas lailîèr féduire par l'intérêt & par le mauvais exemple. Les Menuifiers en carrofles {ùivent cette méthode pour ceintrer leurs pan- neaux , ainfi que je le dirai en fon lieu , & ils font très-bien : fi je la blâme ici , ce n'eft que dans les ouvrages de bâtiments. Lorfque le bois eft débité , on fait venir les fcieurs de long pour le refen- dre , lefquels font toujours deux enfemble , & fe fourniffent de fcies de toute elpece ; les Menuifiers ne leur fourniffent que deux tréteaux , & deux pièces de bois nommées Coulones : ( je ne fçai fi ce terme eft très-propre , mais enfin c'eft l'ufage ). (^Fig. ci). Les tréteaux doivent être faits de bois fort , & avoir quatre pieds de large lut cinq à cinq pieds & demi de haut ; leur tête n , doit avoir quatre pouces d'épais lur fix pouces de large ; les pieds 0, trois pouces quarrés avec une tra- verfè p par le bas : de defius & au milieu de cette traverfe , on fait monter deux autres pièces de bois q q , lefquelles viennent buter contre la tête du tréteau à environ quatre pouces du milieu de chaque côté ; entre ces deux montants , & à un pied de defiâus la tête du tréteau , on y affemble une traverfe r , laquelle fert à les retenir. Menuisier. K 38 MENUISIER, I. Pan. Chap. Il " Defllis & au milieu de chaque tréteau, eft une pièce de bois s, d'environ Planche dix-huit pouces de long for deux à trois pouces d'épaifleur : for ces deux pièces pofent les bouts des coulottes t, lefquelles ont de longueur douze à quinze pieds for trois pouces d epaifleur , & cinq à fix de largeur. Sur les coulottes , & du côté de la tête , eft un bout de planche v, de deux à trois pieds de longueur , qui eft retenu for les coulottes par une forte corde x , laquelle le tient folidement attaché à plat for les tréteaux ; cette corde eft ban- dée par le moyen d'un garrot y, qui s'arrête derrière le montant du tréteau. (P'g-9)- Cette planche fort à porter le fcieur de long lorfqu'on change la planche à refendre , ou bien que le trait eft au bout ; alors il fe retire de/Tus. Il doit y avoir un pouce ou un pouce Se demi de jour au moins entre les coulot- tes , afin de laifler du palîàge à la fcie. Les coulottes ainfi difpofées , fervent à refendre le bois for le plat ; mais pour le bois for le champ , on les retourne & les met fur leurs largeurs , & on les efpace de manière que les bois que l'on a à refendre foient pris juftes entre • elles : on fait porter le bout des planches fur le tréteau , & on les y attache avec la corde que l'on ferre & arrête comme j'ai dit ci-devant , de forte que les planches à refendre , les deux coulottes & le tréteau tiennent enfemble ; l'au- tre bout des planches eft porté par un morceau de bois , lequel eft de la hau- teur des tréteaux , & qu'on change félon que la fcie avance. La fcie des fcieurs de long , (fig. lo), efl compofée d'un chaffis ou mon- ture de vingt-fix pouces de largeur entre les montants , & de quatre pieds huit pouces de haut entre les travcrfes ou fommiers ; cette largeur eft la plus ordi- naire ; mais lorfque les fcieurs de long ont du bois très-large à refendre , ils apportent des fcies dont la monture a jufqu'à trois pieds de largeur , & même plus s'il eft nécelTaire. Ce chaflis eft ordinairement de fapin , afin d'être plus léger , & que les montants («°. /) ne fe courbent pas : ils ont ordinairement deux pouces de large fur un pouce & demi d'épailTeur , & font aiTemblés à goujon dans les fommiers {n«. 2 ) , à travers defquels ils paiTent ; les fommiers ont trois pouces à trois pouces & demi de largeur par les bouts , & quatre pou- ces à quatre pouces & demi dans le milieu ; de forte qu'ils font bouges en de- hors pour leur donner plus de force : ils ont deux pouces d'épailTeur , & dé- bordent les deux montants de trois pouces de chaque côté. Dans le fommier d'en-bas , eft affemblé en retour d'équerre un petit chaffis («°- 5), nommé Renard, lequel faille de quatre pouces du fommier, & a environ vingt pouces de long : ce renard fert à tenir la fcie par le bas. Au haut de la fcie , & fur le fommier , s'afTemble un autre chaffis ( n°. 4), nommé Chevrette , lequel eft diftant du fommier de douze à treize pouces ; les deux montants de ce chaffis font inclinés en dedans , afin qu'ils ne fortent pas de dedans le fommier , & s'alfemblent dans une petite traverfe arrondie, qui a environ quinze pouces de long ,& les excède de trois ou quatre pouces, Section III. Du débit des Bois. 39 afin que le fcieiir de long puilTe s'en fervir pour relever & baiflèr la fcie. _____ Le fer de la fcie («f. 5 ) , cft une lame de fer plate , d'environ une ligne & P l a n c h e demie d'épaiiFeur , fur trois pouces de largeur par les bouts , & quatre pouces ^• au milieu. Pour être bonne , elle doit être plus épaifle du côté de la denture que par derrière , & être exempte de pailles & d'inégalités ; fes deux bouts font arrêtés par des elpeces d'anneaux de fer (/zo. 6) , que l'on nomme équiers , dans lefquels pa/Tent les fommiers , & qui faillent en dedans & en dehors du chaflîs , tant pour recevoir la fcie qui y eft arrêtée par deux goupilles de fer, que pour faire place à un coin de bois ( «o. 7 ) , que l'on met entre le fommier & l'équiers , afin de faire roidir la fcie. Ses dents font faites en forme de cremaillée & à angles arrondis : elles font à un pouce de diftancc l'une de l'autre , & ont trois à quatre lignes de profondeur ; elles ne fe liment pas quarrément , mais de biais , chaque dent à contre-fens l'une de l'autre. Il feut obferver que ce biais ne régne que dans la partie creufc de la dent , & que le bas eft à angle droit ou d'équerre avec la fcie. ( Flg. II & iz. ) Pour les ouvrages ceintrés , les fcieurs de long fe fervent de fcies nommées Raquettes , Icfquelles ne différent des autres qu'en ce que la feuille ou lame n'a qu'un pouce ou quinze lignes de largeur au plus , afin de pouvoir tour- ner plus facilement. La lime qui fert à limer ou à affûter la fcie des fcieurs de long , eft d'une forme ovale , de la longueur d'environ neuf à dix pouces , fur la largeur de dix lignes au plus large ; cette lime a un manche de bois , à l'extrémité duquel eft placé un morceau de fer plat , d'une forme ronde d'environ un pouce ou quinze lignes de diamètre , dans lequel font trois entailles qui font de différentes gran- deurs , & qui fervent à donner de la voie à la fcie. {Fig. i]). En général , donner de la voie à une Jcie , c'eft en écarter les dents en dehors de leur épai/Teur , les unes à droite & les autres à gauche , afin qu'elles pafTent mieux dans le bois. On donne plus ou moins de voie aux fcies félon leurs diffé- rents ufages , ainfi que je le dirai en fon lieu ; mais en général le moins qu'on peut en donner eft le meilleur ; il faut auflî faire attention que la voie que l'on donne à une fcie ne doit jamais égaler , ou du moins furpaffer la moitié de fon épaifleur , parce que fi cela étoit la fcie feroit deux traits, & par conféquent ne pourroit plus aller. (Fig. 12). Les fcieurs de long ne fe fervent pas d'entailles pour limer leurs fcies ; mais ils la liment couchée fur le champ , la lame appuyée contre leurs genoux. Des deux fcieurs de long , l'un eft en bas au-deffous des coulottes , & va toujours en avan- çant; & l'autre au contraire eft monté delfus le bois qu'il refend, & va tou- jours à reculons , de forte qu'ils font tournés vis-à-vis l'un de l'autre : lorfqu'iis refendent du bois fur le champ & quand il eft commencé à refendre d'une certaine longuetir , ils y mettent un coin de bois qu'ils nomment bon-dieu , lequel fert 40 MENUISIER,!. Fan. Chap. III. à ouvrir le bois, & par conféquent à faciliter le paflàge de la fcie : ils enfon- cent ce coin à mefure qu'ils avancent avec un autre morceau de bois mince. (Fig. 74 & ij). CHAPITRE TROISIEME. Des Profils. A PRÈS le choix des bois , rien n'eft plus recommandable en cette partie de l'Architeélure , que l'Art des aiïèrablages , relativement à la folidité , & celui des Profils pour ce qui a rapport à la décoration. Quoique dans les ouvrages de quelque importance, les profils foient donnés par les Architeftes ; il ell néan- moins de la dernière néceffité pour les Menuifiers, d'entrer dans le détail des différents profils ufités dans la décoration de la Menuiferie , afin de pouvoir parvenir à une parfaite pratique par le moyen d'une théorie sûre & confiante. Section première. Des Moulures en général. Les moulures font partie des ornements de l'Architeâure , ( & par confé- quent de la Menuiferie , laquelle fait partie de cette dernière ) , ou pour mieux dire, ce font des caraéleres diftinftifs , lefquels fervent à donner aux différents ouvrages un caraélere de richeffe ou de fimplicité relatif aux différents fujets que l'on traite. On peut donc comparer les Moulures aux lettres dont on fe fert dans l'écriture , lefquelles par la combinaifon des différents caraâeres , for- ment une infinité de mots félon la diverficé des langues *. Il efl de trois elpeces de moulures , favoir , les premières , que l'on nomme droites ; les fécondes , creujes ou rondes , & les troifiemes , mixtes. Les moulures droites font les plinthes , les larmiers , les faces foit d'architraves , d'impoftes ou de chambranles , les lijleaux grands & petits , les grains d'orge, & les filets. Les creufes ou rondes font les tors , les quarts-de-rond , les aflragales , les ba- guettes , talons ou bourements , les doucines droites ou renverfées , les cavets & les gorges régulières, &c. Les mixtes font celtes qui font formées par deux lignes différentes , & qui par conféquent participent des deux premiers genres de moulures , telles que font les fcoties , les congés méplats , les gorges rompues , les becs de corbin , les boudins , & généralement toutes elpeces de moulures d'une forme irréguliere. On divife encore les moulures en grandes & petites. * M. Daviler s'efl fervi de cette comparai- I réflexion ne feroit pas mal placée ici, quoique fon dans f^s Commentaires , & j'ai cru que cette j prife lous un diftérent point de vue. Les Section I. Des Moulures en général. 41 Les premières font les larmiers , les plinthes , les grands quarts de ronds , les doucines droites ou renverfées , les tors , les fcoties , & les grandes gorges. Les fécondes font les ajlragales , les baguettes , les petits talons ou bouve- ments , les petites gorges , les lijlets , les facettes , les Jïlets ou quarrés , les grains d'orge ou dcgagements. Les grandes moulures doivent toujours fervir de couronnement & avoir la prééminence dans un profil, les petites fervant à les accompagner & à les dégager les unes des autres. Quoique toutes ces dilFérentes moulures fe puiflent tracer à l'œil , ileft cepen- dant très-néceflàire de favoir les tracer géométriquement , afin de s'accoutumer de bonne heure à mettre de l'ordre & de la vraifemblance dans la compofition des profils , pour ne pas s'expofer à tomber dans le défaut des Architedles Goths , lefquels en s'éloignant des formes parfaites & régulières que les Grecs & les Romains donnoient à leurs profils & à leurs moulures , en ont inventé d'autres dont le mauvais goût a régné fi long-temps en France. § I. Manière de tracer les Moulures géométriquement. On peut tracer les moulures de trois manières différentes. ■ La première , & la plus parfaite , eft de leur donner autant de faillie que de hauteur, & de les décrire par des quarts de cercle comme le font le quart de rond ou le cavet. ( Fig. r & 2."). La féconde , en preaant la difl:ance a b , 8c en formant une fediion en c , qui formera un triangle équilatéral , du fommet duquel on décrira Tare de cercle «^.(f'^-J 4)- La troifieme enfin , en prenant le point de centre à une diftance moyenne entre les deux premières. ( Fig. y & 6). Les doucines & les talons fe tracent de la manière fuivante. Du point i au point e, menez la ligne diagonale ie, que vous partagerez en deux parties égales au point f, par lequel point vous ferez paffer la per- pendiculaire g h ; puis du point g- & du point h , comme centres , vous tra- cerez deux quarts de rond , l'un en delfus & l'autre en defibus de la ligne dia- gonale i e , lelquels venant à fe rencontrer au point f, décriront la doucine ou talon demandés. (Fig. 7 & 10). Lorfqu on voudra que ces moulures foient moins reflenties , on fe fervira de la même méthode que pour les quarts de ronds , c'eft-à-dire , que l'on formera des triangles équilatéraux , dont les fommets ferviront de centres ■ , ou bien une diftance moyenne entre le quart de cercle & un triangle équilatéral , ( Fig- 8 ,g iz). Il faut prendre garde que je fuppofe à ces moulures autant de làiUie que de hauteur. Quand les doucines font renverfées , on leur donne quelquefois plus de creux Menuisier. L 4* M E N U I S I E R, I.Part Chnp. III. ■ que de rond ; alors on divife la diagonale en neuf parties égales , defquelles PiANCHE on donne cinq à la partie lupérieure , c'eft-à-dire , cinq au creux , & les qua- tre autres au rond de la doucine. ( Fig. ). Lorfque les moulures auront plus ou moins de faillie que de hauteur , on les diminue de la même manière que je l'ai dit ci-delFus , en obfervant que le point de centre n'entre point en dedans de la ligne horizontale , fi la moulure a moins de faillie que de hauteur, ou en dedans de la ligne perpendiculaire, li elle en a plus ; c' eft pourquoi on prendra toujours la diftance du point de centre du plus grand côté. ( Fig. , rf), iG & ij). Les fcoties ou gorges , fe tracent des deux manières fuivantes. La première , en divifant en trois parties égales la hauteur de la fcotie , avec deux delquelles parties vous formerez un quarré dont l'angle , pris au dehors de la moulure , vous fervira de point de centre pour décrire le grand quart de cercle mn: de la troifieme partie reliante , vous ferez la même opération pour décrire le petit quart de cercle « c , ( Fig. l8). La féconde , en divilànt la hauteur de la fcotie en cinq parties égales , deux defquelles fervent pour la partie fupéricure , & les trois autres pour la partie in- férieure de la fcotie : le refte comme à la Fig. i8. ( Fig. iq ) . Il eft encore une autre efpece de fcotie antique , dont Vignole nous a lailTé le profil ; mais la cavité qui entre dans le liftet n'eft pas propre aux ouvrages de pierre & même de bois expofés dans les dehors , parce que les arrêtes étant trop vives , font fujettes à fe caffer , & que cette même cavité conferve l'eaU qui tombe de/îus , ce qui par conféquent les expole à la pourriture. Cette fco- tie ne pourroit être tolérable que pour les ouvrages des dedans , lur-tout quand ils ibnt exécutés en bronze ou en quelque autre matière dure. {Fig. 20 }. Les boudins fè tracent de la manière fuivante. Après avoir déterminé la hauteur & la largeur du boudin que vous voulez tracer , vous partagerez la ligne p q en cinq parties égales , quatre defquelles fe- ront pour le corps du boudin , & la cinquième pour le talon, au point du centre duquel vous abai/Terez la perpendiculaire s t ; puis du point u , &. par la féconde divifion de la ligne p q , vous mènerez la ligne « x , & à l'endroit où elle coupera la ligne s r , ce fera le centre de l'arc sjy , & le point ;j fera celui de l'arc y q V ojeiles Fig. 21& 22 , qui ne différent qu'en ce que les deux moulures ont plus ou moins de renflement , tant dans le corps de la moulure que dans le talon. Les tors & les baguettes fe tracent par un demi-cercle ainfi que l'indique la Fig. 23. Pour les aftragales , elles fe tracent ainlî que les gorges ou fcoties , excepté que dans celles-ci c'eft le convexe qui eft le côté apparent de la moulure. (Fig. 24). Les moulures droites doivent profiler fur leur quarré , c'eft-à-dire , qu'elles doivent avoir autant de faillie que de hauteur , quoique dans certains cas elles 1 Sec T z o N I. Des Moulures en géne'ral. 43 n'ayent de faillie que les deux tiers , ou même la moitié ; on doit cependant == excepter les larmiers , qui doivent avoir plus de faillie que de hauteur , leur P a n c uiàge étant pour mettre à couvert les autres moulures , & pour mettre de l'or- dre & du repos dans un profil , en évitant la confufion que produiroient plu- fieurs moulures rondes ou creufes les unes fiar les autres. J^oje^ les Fig. 2^ , z6 , Zj , z8 , Zg , 30 , 31 & JZ , lefquelles repréfentent différentes fortes de larmiers , de plinthes , de lilleaux , de filets , de grains d'orge , &c. § 1 1. Des Moulures ufitées dans la Menuiferie. Après avoir donné la connoifîànce des différentes moulures dont nous venons de parler, lefquelles font relatives à l'Architeéture en général, il efl: né- eeflàire d'entrer dans le détail de celles qui font en ulàge dans la Menuiferie ; car , quoiqu'elles foient les mêmes par leur nature , elles ne laiffent pas d'être très-différentes dans l'exécution , la faillie des moulures ne pouvant pas être la même qu'à celles dont je viens de parler , les moulures de la Menuiferie propre- ment dite , n'ayant de faillie que le tiers , ou tout au plus la moitié de leur lar- geur , l'épaiffeur des bois ne permettant pas d'en donner davantage ; de plus , la trop grande làillie des moulures ne fervant qu'à rendre la Menuiferie d'une dé- coration ■ lourde & pefante , ne pouvant être tolérée que dans les corniches & les plafonds , à moins que la Menuiferie que l'on fait ne foit imprimée en couleur de pierre ou de marbre ; pour lors il eft néceflàire de rendre les mou- lures ferablables à celles des matières que l'on veut imiter , afin qu'il n'y ait point de contradiélion entre la chofe & ce qu'elle repréfente. De plus , le bois étant une matière plus aifée à travailler que la pierre ou le marbre , on doit par conféquent faire les moulures delà Menuiferie plus tendres & plus reflènties que celles que l'on emploie dans la décoration extérieure des bâtiments. On doit aufîî avoir égard au rang que la pièce que l'on veut décorer , tient dans un bâtiment , les différents degrés de richefîès devant fe faire connoître jufques dans la plus petite partie de la décoration d'un Appartement ; il faut d'abord le rendre compte fi la pièce que l'on décore fera imprimée en huile ou en détrempe , fi les moulures feront dorées ou feulement rechampies ; car cha- cune de ces différentes façons d'imprimer, demande une différente manière de profiler. Si la Menuiferie n'efl que vernie , on ne rifque rien de faire les mou- lures telles qu'on veut qu'elles paroiffent ; fi au contraire elle eft imprimée en dé- rempe , ou même dorée , les moulures doivent changer de forme , c'eft-à-dire , que dans ce cas on doit faire les baguettes plus petites , & les dégagements plus forts , parce que fi on n'avoit pas cette précaution , les moulures n'auroient plus aucune forme lorfqu'elles feroient peintes , les couches de peinture réité- rées les unes fur les autres rempliffant tous les dégagements , & groflilTant les petites parties qu'elles environnent de moitié plus qu'elles ne doivent être. Section I. De l'An des AJfemblages: forme & l'ordonnance de ces mêmes profils ; mais en général on aura foia qu'ils foient toujours d'accord avec la décoration totale de l'ouvrage auquel on les emploie , de même que cette décoration doit être en rapport avec l'or- donnance totale du bâtiment. Tels riches que foient les profils , on y afFe£lera toujours le plus de fimplicité qu'il fera pofTible, en y évitant la trop grande quantité de membres & les trop petites parties , lefquelies ne fervent qu'à y mettre du défordre & de la confufion. De plus , on ne doit jamais employer dans la décoration de la Menuiferie que, des profils reconnus & ufités par les Maîtres de l'Art , ( c'eft-à-dire les Ar- chiteéles*), afin de ne point donner lieu à des nouveautés prefque toujours vicieufes , & qui ne fervent qu'à corrompre le goût du plus grand nombre. Il feroit même fort à fouhaiter que tous les ouvrages du même genre fe ref femblaffent, du moins pour la forme générale, & qu'ils ne différaffent entre eux que par le choix des ornements , ( quoique cependant toujours relatifs au lùjet) , & par le plus ou moins d'élégance avec lefquels les profils feroient traités. CHAPITRE QUATRIEME. De VAn des AJfemblages , de leurs ufages ôC proportions. L'a r t des Alîèmblages eft la partie la plus intérefîànte de la Menuiferie ( eû égard à la folidité ) , & celle qui demande le plus d'attention , fur-tout de la part des Praticiens. La folidité & la propreté dans la conftruélion de la Menuiferie , a donné lieu à nombre de différents affemblages , lefquels je vais détailler le plus exaélement qu'il me fera poffible. Les affemblages en général fe font à tenons & mortaifes , qui font des Cavités faites dans l'épaiffeur du bois , lefquelies reçoivent les tenons , & par leur union raffemblent toutes les difl^érentes pièces nécefiâires à la conftrac- tion de toutes fortes d'ouvrages , & leur donnent en même temps toute la folidité polfible. Voyez dans la Pl. VlII. la ¥ig. I , laquelle repréfente une mortaife ; celle 3 repréfente un enfourchement , & celles 2 & 4 un tenon vû de plat& de champ ou de face & de côté , ce qui eft la même chofe. On nomme différemment les affemblages , fuivant la diverfité de leur coupe, de la décoration des moulures de la Menuiferie , ou de la privation de ces parties : ainfi on dit affembler la Menuiferie à tenons & mortaifes , ou enfourchement , quarrérnent, d'onglet, à bois de fil, en fauffe coupe, 2sic. tenons &. mortaifes & etifourchement double ou fimple , &c. * Quand je dis qu'il faut fuivre les profils donnés par les Architefbes , ce n'eft qu'autant que ces derniers feront remplis de toutes les connoifTances nécefiâires à leur état , ce qui eft quelquefois très-rare à trouver ^ l'expérience fai- Menujsier. P L A N C VII faut voir tous les jours que bien des gens fe difant Architedes , n'en ont que le nom qu'ils deshonorent; & que ces mêmes gens, pour fe diffinguer , inventent des profils tout- à-fait contraires au bon fens & à l'ufage. M i 46 MENUISIER,!. Part. Chap. IV. — Les afîèmblages quarrés , font ceux dont les deux arrazements du tenon font ^'vni"'^ égaux, ( Fig. 5). On nomme arraiements les deux extrémités de la pièce qui porte le tenon , lequel vient joindre à la pièce dans laquelle eft faite la mortaife. Les alTemblages en enfourchements , font ceux dont la mortaifo & le tenon occupent toute la longueur de la pièce , & qui n'ont point d'épaulement , (^Fig. 6). On appelle épaukmenc un petit elpace de bois plein que l'on réforve entre deux mortaifes , ou entre une mortaife & l'extrémité de la pièce , d'où il s'enfuit qu'il n'y a pas de mortaifes làns épaulement , ou bien , fî elle n'en a pas , elle perd fon nom , & fe nomme enfourchement. Quand de deux pièces de bois l'une eft plus épailTe que l'autre , & que l'on veut en conferver toute l'épailTeur , on y fait alors un a/Temblage à tenon & mor- taife , plus un enfourchement avec le refte de l'épaifTeur de la pièce. {Fig. j ). On nomme les aiTemblages d'onglet , lorfque la Menuiferie eft décorée de moulures ; alors on prolonge l'arrazement du tenon du côté de la moulure , de la largeur de cette même moulure , ce que les Menuifiers appellent raloncrer une barbe ; & la diftance qu'il y a depuis l'arrazement jufqu'à l'extrémité de la barbe ralongée , fo coupe d'onglet , c'eft-à-dire , par un angle de 4^ degrés , ( Fig. 8 ). Lorfque l'ouvrage eft d'une certaine confidération , & que par conféquent on veut aflembler avec plus de propreté , on coupe non-feulement la mou- lure d'onglet , mais aufll le champ , afin que le bois de bout ne paroifte d'aucun côté , c'eft ce qu'on appelle affemhler à bois de fil. Cet aifemblage fe fait oà mortaife ou e!r enfourchement , félon qu'il eft nécelTaire. (Pig.g ôio). ^=S5 Lorfqu'on veut donner plus de force à ces aflemblages , & que l'épailTeur du Pl A î^c H E bois le permet , dans la partie reftante après la faillie de la moulure, on l'alfem- ble quarrément à l'ordinaire , & on fait paffer en enfourchement la faillie de la moulure, que l'on coupe d'onglet. (Fig. /). Lorfque fonglet devient trop long après le premier enfourchement , on en fait un fécond pour donner plus de foliditè à fouvrage. ( Fig. 2 ). Quand une coupe à bois de fil eft grande , comme dans le cas d'un cham- branle, ou même d'un cadre, après l'épaulement de la mortaife , on fi petit enfourchement pour empêcher que le joint ne varie dans fon extr Lorfque des champs font inégaux en largeur, & qu'on veut les affembler à bois de fil, on le fait de la manière fuivante : après avoir coupé d'onglet la largeur de la moulure , on mené une ligne depuis l'onglet jufqu'à la rencontre des deux lignes qui forment l'extrémité des champs , ce qui fait la coupe deman- dée: on appelle cet affemblage fiu(fe coupe. ( Fig. Comme il arrive quelquefois que l'on aflèmble des pièces de différentes lar- geurs dans une même pièce , & que l'épaiffeur des deux premières jointes en- femble , égale celle dans laquelle on les aifemble , alors on fait une mortaife d'une largeur capable de contenir les tenons des deux pièces jgintes en- ait un émité. Section L Différentes manières d'alonger les Bois. 47 ftmble : cet a/Temblage fe nomme à tenon Jlottc. ( Figure 3). - Quand on veut que l'ouvrage foit très-folide & que le bois a alTez d epaifleur , Planche on y fait deux tenons l'un fur l'autre en y obfervant une joue entre-deux , fans ^ ^" que pour cela la traverfe foit de deux pièces , ainfi que dans la Figure ci-deffus. Lorfqu'on veut joindre des planches les unes avec les autres , & qu'elles ont affez d'épaiffeur , on fait dans chacune de ces planches des mortaifes dans lef- quelles on rapporte un tenon commun aux deux planches que l'on nomme clef, lequel étant chevillé , retient le joint & l'empêche de fe décoller. On fait en- core dans le milieu de l'épaiiTeur de ces planches une rainure très-mince , parce que fa trop grande épailTeur ôte la folidité du joint , & que la languette que l'on rapporte , n'eft deftinée qu'à empêcher l'air de pénétrer au travers du joint. iFig.6). La Fiff. y repréfente un affemblage qui fe nomme a queue d'aronde : ce font des entailles d'une forme évafée , lefquelles étant faites avec précifîon , retiennent deux pièces de bois enfemble d'une manière très-folide. Voye^ les Fig. 8 & Q, où font repréfentées une queue & fon entaille féparées l'une de l'autre. Les queues recouvertes , ou queues perdues , fe font pour plus de propreté ; on donne de grandeur à ces fortes de queues , les deux tiers ou les trois quarts de l'épaiiTeur du bois , & le reftant eft coupé d'onglet. ( T^oye^ les Fig. 10 , II& 12), lefquelles repréfentent des queues recouvertes affemblées , & les Iiiêmes queues féparées pour en faire voir les dedans. Section Première. Différentes manières d'alonger les Bois. L E ralongement des bois doit aulTi être rais au nombre des alTemblages , lu- . làge en étant très-ufité , vû l'impolTibilité d'avoir des bois d'une longueur né- Planche ceflâire, ou fuppofé qu'ils le foient , le défaut qu'ils ont quelquefois de ne ^• pas être d'une qualité parfaite , dans toute leur longueur , fe trouve corrigé par ce moyen. Il y a deux manières de ralonger le bois ; la première , en entaille à moitié bois de chaque pièce avec des rainures & des languettes à l'extrémité des en- tailles , & que l'on retient a.Temblées par le moyen de la colle & des chevilles. / (& 4 ) . Le féconde manière eft de ralonger le bois à traits de Jupiter, (appa- remment nommée ainfi, parce que la forme de fes entailles eft à peu-près fem- blable à celle que l'on donne à la foudre lorfqu'on veut la repréfenter). Il eft de deux fortes de traits de Jupiter , l'une que l'on fait en entaille 3 moitié bois dans chaque pièce , & en y formant une féconde entaille pour recevoir la clef : il faut obferver de faire cette féconde entaille plus 48 MENUISIER,!. Fan. Chap. IV. étroite du côté de l'extrémité de la pièce, afin que la clef forçant contre , ne trouve point de réfîftance dans le côté oppofé de l'autre entaille , & que par conféquent elle falFe mieux approcher les joints. ( Fig. 2 & 5). La féconde manière eft de tracer au milieu de la pièce deux lignes paral- lèles ab,cd, lefquelles donneront l'épaifTeur de l'entaille ; puis après avoir dé- terminé la longueur de l'entaiUe , & avoir tracé la place de la clef au milieu , on jette tout le bois qui fe trouve depuis le devant du bois ( fuppofé que l'on regarde le devant de l'entaille ) , jufqu'à la première ligne parallèle ; enfuite depuis la place de la clef jufqu'à la diilance e , on fait la féconde entaille a e , de forte que dans chaque pièce, ce qu'il y a de plus remplace ce qu'il y a de moins dans la profondeur des entailles , & fait une place à la clef Pour les extrémités de ces entailles , elles fe font à rainures & languettes , ou feulement en pentes; mais les languettes font meilleures. ( Fig. 3,6 & 7). Cette féconde manière eft très-folide , & vaut beaucoup mieux que la première , parce que la clef porte de toute fon épaiffeur , au lieu que dans l'autre il n'y en a que la moitié ; de plus , la clef ne portant que de moitié eft fu- jette à tourner , & par conféquent à faire ouvrir le joint , & en fuppofant même que le joint n'ouvre pas , la clef peut fe manger , & étant forcée , porter fur le côté de l'entaille oppofée , ce qui lui ôte fon effet. ( Voye^ les Fig. ci-deffus'). Cet aftemblage eft très-utile & très-folide , & eft en ufige non-feulement pour la Menuiferie , mais aufïï pour la Charpenterie tant des bâtiments que des navires. Lorfque toute la largeur du bois que l'on veut ralonger eft occupée par des moulures , & qu'on ne peut ou ne veut pas faire des traits de Jupiter , de crainte que la clef & les rainures ne fe rencontrent dans les moulures , on fe fert d'un aflèmblage nommé ou fifflct, qui fe fait de cette manière. Après avoir divifé la largeur de votre pièce en deux parties égales , comme l'indique la ligne^y^ , vous formez la longueur que vous voulez donner à vos entailles par celle hi im; puis de cette ligne à l'extrémité de votre pièce , vous menez les diagonales ropi Scf q m n, les unes d'un côté de la ligne & les au- tres de l'autre , de forte que ces entailles étant faites dans les deux pièces avec beaucoup de précifion , font tout à la fois un affemblage folide & très-propre : il faut avoir foin que ces entailles foient faites en montant de droite à gauche , afin que quand on vient à poufler les moulures , elles ne foient pas fujettes à s'éclatter. (^Fig. 8). Quoique j'aie dit qu'il falloit féparer la pièce en deux pour faire ces fortes d'entailles , cette régie n'eft cependant pas générale ; car lorfqu'on a plu- fleurs membres de moulures dans la pièce , on met le joint dans le dégage- ment d'une d'entr'elles , s'il s'en trouve lui à peu-près au milieu, ou au milieu d'une gorge , ainfi qu'on peut le voir dans la Fig.Q. Quand Section I. Différentes manières d'alonger les Bois. 49 Quand on ralongera des pièces ornées de moulures à traits de Jupiter , on — aura foin de faire i'entailie après la rainure ou la profondeur de la moulure , ^ *, s'il n'y a pas de rainure , afin que la clef ne fe découvre point. ( Fig. lo). On peut aulîî ralonger les parties cintrées , tant fur le plan que fur l'éléva- vation , à traits de Jupiter , ainfî que l'indiquent les Fig. Il & iz. Pour ce qui eft des pièces cintrées fur le plan , pour peu q\i' elles ayent de cintre , on ne doit jamais y prendre de tenons , parce qu'ils deviennent trop tranches , & par conféquent peu folides ; mais on doit les rapporter en faifant dans le bout de la pièce un enfourchement peu profond , & de Tépai/Teur du tenon ; dans cet enfourcliement on fait trois ou quatre trous pour y placer les chevilles ou goujons du tenon que l'on rapporte : ces efpeces de tenons fe nomment tenons à peignes. (Fig. 12). Voilà tous les différents afîemblages dont on fè fert pour la conllruélion de la Menuiferie : je les ai détaillés le mieux qu'il m'a été poifible , cette matière, froide par elle-même , ne pouvant fe rendre avec autant de clarté que je l'au- rois fouhaité: on aura recours aux planches où j'ai deifmé tous les différents alFemblages tant joints que féparés , afin qu'on en voye mieux Teffet ; j'ai auffi indiqué tous ceux qui font cachés , par des lignes ponâuées ; & j'efpere que pour peu qu'on veuille faire d'attention , la démonftration que j'en ai faite fuppléera à ce que Ton pourroit trouver d'obfcur dans le difcours. Ce que j'ai dit touchant les affemblages , n'eft qu'en général , & j'aurai foin , à chaque efpece d'ouvrage que je détaillerai, d'indiquer ceux qui y font propres, leurs proportions, & ce qu'on doit y ajouter ou retrancher. . J'ai mis dans la planche XXIII , toutes les échelles fur lefquelles cet ouvrage eft fait , afin d'éviter la multiplicité des répétitions , y ayant quelquefois jufqu'à trois différentes échelles dans une même planche ; je me fuis donc contenté de les indiquer , leur ufage n'étant pas même fort nécelfaire , yû que toutes les proportions font expliquées dans le difcours. I lin I • , CHAPITRE CINQUIEME. Des Outils propres aux Menuifiers , de leurs différentes efpeces, formes ôC ufages. De tous les Arts méchaniques , la Menuiferie eft celui où les outils font en plus grand nombre , & dont la parfaite connoiflànce eft d'une néceffité indif. penfable , tant pour la manière de les faire , que pour celle d'en faire ufàge ; mais avant d'entrer dans ce détail , je crois qu'il eft nécelfaire de parler de la boutique , ou attelier où travaillent les Menuifiers. Ce n'eft pas que tous doivent avoir des logeme-nts d'une forme régulière , mais c'eft feulement pour N MENUISIER,!. Part. Chap. V. I indiquer les grandeurs & les commodités qui font néceflâires à ce talent. Planche U eft de deux efpeces de boutiques de Menuifiers , favoir , les boutiques qu'ils occupent dans les maifons à loyer , & celles qu'ils font conftruire à leurs frais, lefquelles fe font en charpente en forme de hangards. Les premières font propres aux Ébéniftes , aux Menuifiers en meubles de toute efpece , & aux Menuifiers en carroffès ; ce n'efl pas que quelquefois ceux dont je viens de parler n'ayent de très-grands atteliers , mais ce que je dis n'eft que pour le gênerai. Pour les Menuifiers de bâtiments, les boutiques or- dinaires ne leur font gueres propres , vû le grand eipace qu'il leur faut ; c'eft ce qui fait que la plupart ( du moins les plus opulents ) , & ceux qui font de groffes entreprifes , ont une boutique dans le lieu de leurs demeures , où ils font faire leurs menus ouvrages , & un chantier en ville , où ils mettent leur provifion de bois , & dans lequel ils font conftruire un hangard capable de contenir un plus ou moins grand nombre d'établis , félon qu'ils en ont be- &in. U y en a d'autres qui n'ont pas de boutiques , mais qui choififlent des demeures affèz ipacieufes pour les loger commodément , & pouvoir contenir leur provifion de bois & un attelier d'une grandeur raifonnable : cette dernière manière eft la meilleure , parce qu'elle les met à portée d'avoir l'œil à ce qui iè paflè chez eux , ce qui ne pourroit être s'ils logeoient ailleurs. Quand le terrein eft borné , & qu'on a befoin d'un grand nombre d'ou- vriers , on fait le hangard double , c'eft-à-dire , que l'on place des établis au rez-de-chauflee & au premier étage. La boutique de M. Menageot , porte Saint Martin , eft confijuite de cette façon , & c'eft peut-être la mieux conftruire de Paris , tant pour la folidité que pour toutes les commodités que les ou- vriers y trouvent. La boutique d'un Menuificr de bâtiments doit avoir douze pieds & demi de haut au moins , parce que douze pieds font la hauteur ordinaire des bois , & qu'il faut qu'on puiflè les drelTer & les retourner fans être gêné. Sa profondeur doit être de quinze à dix-huit pieds , afin qu'il y ait trois pieds de diftance entre le devant de l'établi & l'appui de la boutique, neuf pieds de longueur d'établi, & environ fix pieds au bout , pour que chaque ou- vrier puillê placer fon bois & fbn ouvrage. Pour la largeur , elle doit être bornée par le terrein que l'on veut occuper & par le nombre d'établis qu'on veut y mettre , lefquels ont de largeur pour l'ordinaire dix-huit à vingt pouces , & autant de diftance entre chaque établi, ce qui fait pour chaque ouvrier aux environs de trois pieds quatre pouces de place, laquelle largeur déterminera celle de la boutique, comparaifon faite avec le nombre d'ouvriers qu'on veut y mettre. L'appui de la boutique doit être d'une hauteur égale à celle des établis , atîn que dans le cas d'ouvrages d'une longueur extraordinaire , on puifti faire paffer les bois par-delFus en les travaiUant , & les y appuyer. Des Outils propres aux Menuïjlers. jr Il doit y avoir pluiîeurs entrées félon fa largeur , lefqueiles feront fermées = de portes qui doivent ouvrir de toute la hauteur pour faciliter l'entrée des bois ^Planche & feront garnies de toile claire , afin qu'étant fermées , on puilfe jouir du ^ jour dans l'intérieur de la boutique. Le deffus des appuis doit auflî être fermé par des chaflis garnis de toile , lef- quels fe relèvent pendant le jour , & font retenus au plancher par des manto- nets qui les y arrêtent. Au haut du devant de la boutique , doit être placé un auvent d'environ dix- huit pouces ou deux pieds de làillie , lequel fert à empêcher les eaux d'y entrer & de gâter l'ouvrage & les outils. Il doit y avoir proche de la boutique un endroit fermé de douze à quinze pieds quarrés , dans lequel on pratique une cheminée dont le manteau doit être élevé de fix à fept pieds de haut , & avoir de largeur le plus qu'il fera poffible , c'eft-à-dire , toute la largeur fi on en a la commodité ; & vis-à-vis du foyer de cette cheminée on forme un petit mur ou banquette de maçon- nerie de quinze à feize pouces de hauteur, fur fept à huit d'épaiffeur , & diftant de quatre à cinq pieds du nud du mur , ou contre-cœur de la cheminée; le deiEis de cette banquette doit être revêtu d'une pièce de bois de trois à quatre pouces d'épaiileur , laquelle fera comprife dans la hauteur de la ban- quette. Ce lieu fe nomme étuve ou firbonne , en termes d'ouvriers , & fert à faire fondre Se chauffer la colle , à chauifer & à coller les bois , & à mettre fécher les collages dans l'hiver & dans les temps humides. Il eft très-utile qu'il y ait auffi un établi dans la forbonne pour pouvoir y frapper & coller les joints ; au défaut d'établi , on fe fert du deflus de banquette , lequel eft deftiné à cet ufage , ainfi qu'à retenir le devant du feu , & fempêcher de fe commu- niquer au dehors. La forbonne doit être bien clofe , & cependant claire , afin de pouvoir y travailler , ainfi que je l'ai dit ci-dedvis : elle fert auifi aux ouvriers pour prendre leurs repas ; c'cŒ pourquoi on doit apporter tous les foins poflî- bles pour qu'ils y foient commodément , fur-tout pendant la mauvaife faifon. Elle doit être conftruite très-proche de la boutique , & même y être contiguë s'il eft poffible , afin que les bois que l'on y porte pour être chauffés & collés , ne foient pas fujets à être mouillés , ce qui arriveroit fi elle étoit placée autrement. J^oye[ la vignette de la Planche XI : elle repréfente l'intérieur d'une boutique de iWcnuiferie , & plufieurs ouvriers occupés à différentes fortes d'ouvrages. On doit aulfi avoir foin de pratiquer proche de la boutique , un hangard ou appentis d'une grandeur aiTez confidérable , pour pouvoir placer les fcieurs de long , ainfi que les bois refendus , & ceux qui font à refendre , & on doit mettre fous ce hangard un établi lur lequel on puiffe débiter & couper les bois. ja MENUISIER,!. Part. Chap. V. Section Première, Des Outils de la Boutique. Par outils dt boutiques , on entend tous ceux que les Maîtres Menuifiers font obligés de fournir à leurs ouvriers , tant ceux qui leur fervent en commun , que ceux qu'ils leurs fourniiîènt à chacun en particulier. Anciennement ils fourniiToient toutes fortes d'outils de quelque efpece qu'ilj puffent être; mais depuis que la coutume s'eft introduite que les ouvriers font les ouvrages à leur tâche , ils fe fournilTent eux-mêmes de tous les outils né- celfaires , excepté les gros outils nommés d'affûtage, comme les établis, varlopes, demi-varlopes , &c. qu'ils ne fçauroient avoir fans s'expofer à la confifcation , non-feidement des outils d'affûtage , mais encore de tous les autres que l'on trouveroit chez eux *. Les outils de boutique font de deux lôrtes , ainfi que je l'ai dit plus haut , favoir ceux qui font commims à tous les ouvriers , & ceux qui font propres à chacun d'eux. Les premiers font les fcies à refendre & à débiter de toute efpece , les fcies à main , les triangles de toutes grandeurs , les grands trufquins ou compas à verge , les grands compas , les fergents de toutes grandeurs , un ou plufieurs niveaux , les étraignoirs , les réglets , les entailles de toute elpece , les valets de pied , les pieds de biche , le grais pour affûter les outils , de la colle & un pot de cuivre pour la faire chauffer. Les outils propres à chaque ouvrier , & que l'on nomme d'affûtage , font , premièrement un établi & un valet , une varlope & une demi-varlope , deux guillaumes, un feuilleret d'établi, une varlope à onglet, un rabot, un mar- teau , un fermoir &. un cifeau. Section Seconde. Des Outils appartenants aux Ouvriers. Les outils appartenants aux ouvriers font de deux efpeces , fwoir, ceux qui font compofés de fer & de bois, que l'on nomme outils à fût, & les autres qui font tout de fer , ou avec un lîmple manche. * La Loi qui défend aux ouvriers d'avoir ciiez eux des outils d'affûtage e(l très-bonne, parce qu'elle empêciie ceux qui n'ont point de qualité de travailler à leur compre; mais en même temps il elt très-fâcheux que cette Loi , bonne par elle- même , ferve de prétexte à l'injuflice & à la vio- lence de quelques particuliers , qui , parce qu'un ouvrier a cliez lui un établi qui lui fert , & même ne peut lui fervirpar fa petiteffe , qu'à faire les outils qui loi font néceffaires pour fes ou- vrages , ce^ qu'il ne peut même faire que les Fêtes & Dimanches , & aux dépens de fon re- pos ; que ces mêmes hommes, dis- je, ne rou- ^iiïent pas de fe fervir de cette Loi pour enlever à un ouvrier foible & fans dcfenfo, le feul moyen qu'il a de gagner fa vie , puifqu'ils refufcroient de lui donner de l'ouvrage s'il n'avoir point d'outils. Les XI. Section II. Des Outils appartenants aux Ouvriers. J3 , Les outils à fût font les fcies de toute efpece , comme fcie à débiter , fcie à : tenon , à enrazement , à tourner , à reflbrt , à arrazer & à chevilles ; (ces der- Planche nieres devroient être au rang des outils à manche , je ne les place ici que pour ne pas me répéter ) ; les équerres, les triangles droits & à onglets , les faulTes équerres ou fauterelles , les trufquins à pointes & d'alTemblages , & les boëtes à recaller les onglets , les maillets & l'entaille aux afEloires ; les rabots de bout, les rabots cintrés tant fur le plan que fur l'élévation , les feuillerets tant droits que cintrés de toute efpece , les guillaumes de bout , de côté , & adoucis , à plattes bandes , cintrés & à navettes ; les guillaumes étroits & les guillaumes courts , les bouvets de tout pas , depuis ceux qui font prçpres à joindre les bois de trois lignes d'épailfeur , jufqu'à celui d'un pouce & demi ; les bouvets de deux pièces à languettes de bois & de fer de toutes formes & grallèurs , les bouvets de deux pièces cintrés fur le plan & {m l'élévation , & ceux à vis , lefquelles reçoivent différentes joues; les bouvets à coulilfes & à embreuver , les rabots ronds & les mouchettes de toutes groffeurs , depuis une ou deux li- gnes jufqu'à un pouce & demi ou deux pouces ; les mouchettes à joues , & les congés de toutes fortes de pas , les bouvets ou feuillerets à ravaller , les gorgets & les gorges de toutes formes & groffeurs avec des joues, ou bien propres à être montés fur les bouvets à vis & les gorges fouillées ; les grains d'orge de toutes groffeurs , & les becs de cannes ; les bouvements fimples & les ronds en- tre deux quarrés de tous pas , depuis trois à quatre lignes jufqu'à un pouce & demi , & même plus. Les boudins à baguettes , les bouvements ou doucines à baguettes , ce qui eft la même chofe , & les talons renverfés de toutes grolîèurs depuis fept ou huit lignes jufqu'à deux pouces & au-delfus ; les vilbrequins avec leurs boëtes gar- nies de mèches depuis deux jufqu'à fix ou huit lignes de diamètre , & lesracloirs. Les outils de fer & à manches , font, les compas de différentes grandeurs^ les pointes à tracer , les cifeaux & les fermoirs , depuis trois lignes de largeur jufqu'à un pouce & demi ; les becs-d'ânes de tous pas , depuis une ligne juf^ qu'à neuf & même un pouce ; & les becs-d'ânes crochus , propres à vuider les mortaifes. Les gouges droites & coudées de toutes formes & grolTeurs , les fermoirs à nez rond , les quarlets ou burins , les râpes en bois , douces & rudes , droites & coudées , les limes en tiers-point , propres à limer les fcies ; le plomb garni de fon chas & d'un fouet ; enfin des tire-fonds , des vrilles de différentes grof- feurs, & des tenailles ou triquoifes. Le détail de tous ces différents outils eft très-compliqué & d'une grande éten- due , vû leur application à la pratique ; c'eft pourquoi , afin d'éviter les répéti- tions , je les diviferai en trois feélions : dans la première , qui eft la troilîéme du préfent Chapitre , je traiterai des outils propres au débit & au corroyage des bois ; dans la féconde, de ceux propres aux joints, ravalements & alfemblages; Menuisier. O ;4 MENUISIER,!. Part. Chap. V. ■ dans la trôifieme, de ceux propres à pouffer les moulures, tant droites que cïn-; P A H E jf^gj ^ ^ fervent à cheviller , à finir & à pofer l'ouvrage. Section Troisième. Des Outils propres au débit SC au corroyage des Bois. L'ÉTABLI eft le premier & le plus néceflaire des outils de Menuiferie : il efl com- pofé d'un defliis , de quatre pieds , de quatre traverfes & d'un fond ; le deflus eft fait d'une forte planche ou table de cinqà fix pouces d'épaiffeur furvingt à vingt- deux pouces de largeur ; pour fa longueur, elle varie depuis fix jufqu'à douze pieds ; mais la longueur la plus ordinaire eft de neuf pieds : cette table eft de bois d'orme ou de hêtre , mais plus communément de ce dernier , qui eft très- plein & d'un grain plus ferré que fautre. Elle doit être percée de plufieurs trous , dans lefquels entre le valet ; ces trous doivent avoir quatorze à feize lignes de diamètre , & être percés bien perpendiculairement : leur nombre n'eft pas abfolument borné , mais en général on doit éviter de les trop multiplier fans néceflité , huit ou neuf étant à peu-près le nombre convenable ; favoir , quatre placés à huit à dix pouces du bord de l'établi , un defquels fera éloigné de quatorze à feize pouces du crochet , & les autres à égale diftance depuis le pied de l'établi jufqu'à celui dont nous venons de parler , ainfi que font ceux a ,a ,a ,a, (Fig. J ). Les autres b ,h, h , font percés fur l'autre côté de f é- tabli , & difpofés de manière qu'ils fe trouvent placés au milieu de l'ef^ pace des premiers, à environ un pied de diftance du bout de l'établi; à trois pouces du devant, on perce au travers de la table une mortaife c, de trois pouces en quarré, laquelle doit être bien perpendiculaire & bien dreffée intérieurement, afin que la boëte d, qu'on y fait entrer à force, & que l'on fait haufler & baiffer à coups de maillet , ne fafte point éclater les bords , ce qui arriveroit fi elle étoit creufe. La boëte doit avoir un pied de long au moins , & être de bois de chêne très-ferme & fec , afin qu'elle puilîè réfifter aux coups de maillet qu'on eft obligé de frapper deffus pour la faire mouvoir : à fextrêmité fupérieure de cette boëte eft placé un crochet de fer , qui eft garni de dents femblables à celles d'une fcie , lequel lèrt à retenir le bois que l'on travaille. On doit obferver qu'il affleure le deffus de la boëte , & que le côté des dents relevé un peu , afin que dans le cas d'ouvrages très- minces , on ne foit pas expofé à le rencontrer avec le fer des outils , ce qui arriveroit fi le derrière du crochet étoit plus haut que le devant. La tige du cro- chet qui entre dans la boëte , doit être d'une forme quarrée & pointue par le bout ; pour qu'ils foient bons , il faut que la tige & le deffus ne foient point foudés , mais d'une feule pièce que f on fait couder au feu : les dents du cro- chet doivent excéder le devant de la boëte de Cx à huit lignes ; une plus grande Section III. Des Outils propres au débit SC au corroyage. jf^ faillie deviendroit inutile , Se même préjudiciable , parce qu'elle rexpoferoit à = fe caflèr. Foy. les Fig. ^ & 6, lefquelles repréfentent une boëte avec fon ^ ^ crochet , & un crochet tout feul. Les pieds de l'établi fe font de bois de chêne dur , très-ferme , de fix pou- ces de largeur , fur trois ou quatre d'épaiflcur ; ils font aflèmblés dans le deflus à tenon & enfourchement à queue : la coutume eft de faire affleurer le derrière du tenon e , fig. 2 , avec le derrière du pied ; mais je crois qu'il feroic meilleur de laiflèr un arrazement au derrière de ce même pied , afin que la table porte également fur le derrière du pied , comme fur le devant , & que quand les établis deviennent vieux, ils ne foicnt pas fujets à s'enfoncer comme il arrive quelquefois : les aifemblages de ces pieds doivent être extrêmement juftes , fijr- tout lur leur largeur , & pour les rendre encore plus folides , on élargit les mor- taifes par deflus pour faire place à des coins de bois que l'on fait entrer à force dans les tenons , ce qui les feit écarter , de forte qu'ils font à queues dans les mortaifes , & par conféquent ne peuvent pas relfortir. Les pieds de devant de l'établi doivent être percés de trois trous chacun , dans lefquels entrent des valets de pied : au pourtour de Fétabli , & à quatre ou cinq pouces du bas des pieds, font affemblées quatre traverfes de quatre pouces de large au moins , fur deux pouces d'épaiffèur : le fond de l'établi eft rempli par des planches qui portent fur des talfeaux^, Fig. 4 , qui font attaches for les traverfes ; on doit obferver de mettre la longueur de ces planches fur la largeur de fétabli , afin de leur donner plus de force , ainfi qu'on peut le voir dans la Fig. 1. On doit aufîî placer un tiroir au bout de fétabli, afin que les ouvriers puiflênt y ferrer leurs menus outils , comme gouges , compas , &c ; il eft même des boutiques où les établis font fermés de planches au pourtour , ce qui eft très-commode , parce que cela empêche les copeaux & lapouffiere d'y entrer, & que les outils que l'on met dedans , font moins fojets à le perdre. La hauteur de l'établi eft ordinairement de deux pieds & demi ; mais comme tous les ouvriers ne font pas de même hauteur , il fuffit de dire qu'il ne faut pas que rétabli ait plus de hauteur que le haut des cuifl^ès de celui qui y travaille, parce que s'il étoit plus haut , cela lui ôteroit de là force , & fexpoferoit à devenir voûté en peu de temps. On obfervera auifi de mettre le côté du cœur du bois de la table de fétabli en deflus , parce qu'il eft plus dur que f autre , & que s'il fe travaille , il ne fait que fe bougir de ce côté , au lieu qu'il fe creufe de l'autre. Les valets font des outils de fer dont f ufàge eft de fixer l'ouvrage for fétabli d'une manière ferme & ftable : ils ont ordinairement dix-huit à vingt pouces , & même deux pieds de longueur de tige ; leur grofliur doit être de douze a quinze lignes , & la courbure de leurs pattes , de neuf à dix pouces de faillie fur aux environs de fix pouces de haut : il faut qu'ils foient de fer très-doux , 1. jiî MENUISIER,!. Part. Chap. V. === forgés d'une feule pièce , afin d'être moins fujets à fe cafler ; toute leur force ""^^ " ^ doit être dans leur tête ; c'eft pourquoi on obfervera que depuis la tête g juf- qu'à la patte ils s'amincilTent infenfiblement , de forte que leur extrémité n'ait que deux lignes d'épailTeur au plus , ce qui les rendra plus élaftiques , & en facilitera la prelTion : il faut auffi avoir foin de les courber , de manière que quand ils font ferrés , ils ne pincent que du bout de la patte , parce que s'ils portoient par le milieu, ils ferreroient moins, & gâteroient l'ouvrage. (JFi^. 4.) De plus , il eft fort aifé de voir que par le long ufage & par la force de la prelTion , la tige du valet élargit les trous de fétabli , & que s'il ne pinçoit pas bien du bout , avant qu'il fût peu de temps , il porteroit tout-à-fait fur le derrière de la patte , d'où il s'enfuivroit les inconvéniens dont j'ai parlé ci-def- lus. On ferre & arrête le valet fur l'établi en frappant fur la tête g avec le maillet , & on le delTerre en frappant la tête en fens contraire, c'eft-à-dire du côté i, en relevant, ou bien fur fa tige du côté /. Les valets ne doivent pas être polis , parce qu'ils ne tiendroient pas dans l'établi , mais feulement reparés avec le carreau : il n'y a que la patte qui doit être propre , afin qu'elle ne gâte pas fouvrage. Les valets de pied ne différent des autres qu'en ce qu'ils font petits ; leur ufage eft de retenir le bois fur le champ le long de l'établi , où il demeure d'une manière ftable à l'aide du crochet de bois m , Fig. i ; ce crochet eft attaché avec des vis ou de forts clous fur le champ du deffus de l'établi , & eft quelque- fois garni de pointes de fer ; mais comme elles gâtent fouvrage , il vaut mieux les fupprimer , & les faire en pente comme dans la Figure ci-deflùs. (Fig. Les Ébéniftes ont au pied de devant de leurs établis une preife , laquelle eft compofée d'une pièce de bois n n , Fig. 3 & 4, qui a quatre à cinq pouces de largeur , llir deux pouces d'épailfeur au moins : cette pièce eft percée au mi- lieu de fa largeur d'un trou rond , par où palTe la vis 0 p , auquel le pied de l'établi q , fert d'écrou. Cette vis eft ordinairement de bois , au travers de la tête de laquelle paife un boulon de fer r , avec quoi on la ièrre & la deiîèrre félon qu'on en abefoin , & on garnit fextrêmité de la tête de la vis d'un cercle de fer de peur qu'elle ne fe fende. L'ufage de ces prefles eft très-commode, parce que non-feulement elles tiennent l'ouvrage d'une manière très-folide , mais encore parce qu'elles ne le gâtent en aucune manière , & que quelque délicats que foient les morceaux , on ne craint pas de les gâter ; ce que l'on ne peut pas faire avec le valet de pied , lequel ne tient l'ouvrage qu'en un feul endroit , & quel- quefois le fait calfer lorfqu'il eft délicat. Je ne fçai pour quelle raifon les iVIenuilîers de bâtiments n'ont pas adopté cette méthode , qui , non-feulement eft très-commode , & en même temps n'eft aucunement embarralfante , puifqu'on peut ôter la prelfe de fétabli lorA qu'on n'en a plus befoin. Quand on en fait ufage , il faut avoir foin de mettre par le bas une calle d'une épaiifeur égale à celle de fouvrage , afin que la tête da mm Section III. Des Outils propres au débit 5C au corroyage. de k vis porte également par tout ; on fera auffi la pièce de la preffe n , un : peu creufe fur Ca. longueur , afin que venant à être ferrée , elle puiffè tou- Planche jours pincer du bout. Sur le côté de l'établi s s , qui eft oppofé au crochet , on pofè une planche d'environ dix-huit pouces de long , laquelle eft attachée fur des taflèaux qui la féparent de l'établi de fîx à huit lignes : cette planche fe nomme râtelier , & fert à placer les outils à manches , comme fermoirs , ci- fèaux , &c ; c'eft pourquoi on la tiendra la plus large poflîble , afin que les ou- tils étant cachés derrière, ne foient pas dans le cas de bleffer perfonne. A côté de ce râtelier , & le long de l'établi , on attache un taflèau qui eft plus bas d'environ deux pouces que le deflùs de l'établi , & eft percé par le bout d'une mortailè de trois pouces de longueur , dans laquelle pafle la lame d'un triangle t , que Ton pofe fur le taffeau dans le temps qu'on n'en a point befbin. Deflbus la table de l'établi , on attache avec une vis un morceau de bois creux en forme de boëte , dans laquelle on met de la graille fervant à frotter les outils pour les rendre plus doux. ( Fig. 7). Le maillet du Menuifier eft un morceau de bois qui eft ordinairement de charme ou de frêne , lequel a fept pouces de longueur , fur quatre à cinq de hauteur , & trois pouces d'épaiflèur ; il doit être arrondi lur fes extrémités ' tant de plan que de face , afin de ne point meurtrir l'ouvrage en frappant delîùs : il faut que fà longueur & fon épailfeur diminuent par le bas pour lui donner plus de coup , & qu'il frappe toujours à plat ; fon manche doit être d'un bois liant , & avoir environ huit pouces de longueur pris du deflbus du maillet. ( Fig. 8). Le marteau eft de fer , d'environ quatre à cinq pouces de longueur ; le bout qui eft quarré fe nomme la panne , & doit être d'acier , afin de mieux ré- fiftcr à la violence du coup ; l'autre bout eft mince , & n'eft gueres d'aucun ufàge : le manche du marteau doit avoir neuf à dix pouces de longueur. (Fig. p). Quoique les Menuifiers faffent refendre leurs bois par les Scieurs de long , il eft quelquefois des occafions où ils font obligés de le refendre eux-mêmes , Pl anche comme dans le cas où le peu de bois qu'ils auroient à refendre ne vaudroit pas ^ -T- la peine de les faire venir ; ce cas eft prelque le feul où l'on doive faire re- fendre le bois par les Menuifiers , parce que fufage fait voir que les Scieurs de long refendent trois fois autant de bois que ces derniers dans un même efpace de temps , & que par conféquent il y auroit de l'abus à fe fervir de ceux-ci. La fcie à refendre des Menuifiers , Fig. i , eft à peu-près difpofée comme celle des Scieurs de long, c'eft-à-dire, qu'elle eft comme elle compofée d'un chafiîs de bois , & d'un fer de fcie placé au milieu de ce chalîls ; mais elle diffère de la première en cé qu'elle eft plus petite , n'ayant que trois pieds ou trois pieds & demi de hauteur , fur deux pieds de largeur ; le fer de la fcie à refendre eft arrêté par le bas dans une équerre de fer plus petite que celle Menuisier. P l M i j8 MENUISIER,!. Part. Chap. V. ■~ de la fcie des Scieurs de long , & par le haut dans un morceau de bois qui efl Planche ^^^^^ ^^^^ mortaife , dans laquelle entre le fommier de la fcie : au deflus de "^^ ^ ^" cette mortaift , & en fens contraire , en efl: percée une autre de trois pouces de largeur , fur fept à huit lignes d epailTeur , dans laquelle palTe une clef en forme de coin , qui fert à roidir la fcie , en obfervant que la mortaife de la clef foit plus étroite d'un côté que de l'autre , & que l'autre mortaife par où palfe le fommier , foit auffi plus large que le fommier de neuf lignes au moins , afin qu'en ferrant la clef, elle ne trouve d'autre réfiftance que celle de la feuille de la fcie. Au-deifus de la mortaife de la clef, & du même fens que celle du fommier , eft percé un trou de huit à neuf lignes de diamètre , dans lequel paffe un bâton ou cheville , lequel fert à tenir la fcie en refendant. La lame ou fer de la fcie à refendre , a de largeur trois pouces à trois pouces & demi , fur une ligne & demie d'épaiifeur tout au plus du côté de la d -nture , & une ligne de fautre côté : les dents ont aux environs de quatre lignes de large , & doivent avoir pour ouverture un angle de foixante degrés , parce que toutes les fcies étant limées avec une lime nommée tiers-point, Fig. ry , dont le plan forme un triangle équilatéral , il eft donc exaftemenc vrai que les dents des fcies forment des angles de foixante degrés : en gé- néral elles ne doivent pas être droites , c'eft-à-dire , qu'il faut qu'elles pen- chent plus d'un côté que d'un autre , fans pour cela rien changer à leur ouverture ; celles des fcies à refendre & à débiter doivent être plus inclinées que les autres , ce qui , en termes d'ouvriers , s'appelle donner du croc ; ce- pendant il ne faut pas les incliner plus que le tiers de leur largeur , ce qui fe fait en divifant la largeur des dents en trois parties égales , d'une defquelles on abaiffe une perpendiculaire par laquelle on fera palfer le fommet de fan- gle de la dent , ainfi que le repréfentent les Fig. 6 , 7 , 8, & 9 , où les côtés a, b, c , repréfentent les différentes pentes des dents des fcies. On donne de la voie aux fcies avec un inftrument nommé tourne-à-gauche , lequel eft un morceau de fer plat d'environ une ligne ou une li^ne & demie d'épaiffcur , dans lequel font faites plufieurs entailles de trois à quatre lignes de profondeur fur diiférentes épaiffeurs , avec quoi on prend les dents des fcies pour les écarter à droite & à gauche alternativement , afin que la fcie pafl"e plus aifément dans le bois. ( Fig. 16). Bien fouvent on fait des tourne- à-gauche avec des fers de rabots que l'on entaille en frappant deux fun fin: l'autre avec un marteau , de forte que le plus dur entre dans le plus tendre & y fait une entaille, quelquefois même il s'en fait à tous les deux. On donne aulfi de la voie aux fcies avec un fermoir, en le pofant de- bout dans l'angle des dents , & en le faifant tourner de forte qu'il écarte deux dents à la fois ; cette méthode efl: moins bonne que la première , par^ ce qu'on n'eft pas sûr de donner la voie également. Lorfque les fcies ne coupent plus , on les affûte avec des limes nommées tiers-point , dont les côtés ont Section III. Des Outils propres au débit ëC au corroyage. trois à quatre lignes de large , & même plus , ce qui eft indifférent , puif- - que les angles font toujours les mêmes : on doit auffi avoir une lime plate pour P l a n c dre/Ter les dents , afin qu'elles ne foient pas plus longues les unes que les autres , ce qui feroit un très-grand défaut. En général , lorlqu'on veut limer ou affûter les fcies , ce qui eft la même chofè , on met leurs fers dans une entaille à limer les fcies , qui eft un mor- ceau de bois de cinq à fix pouces de large , fur trois ou quatre d'épaiffeur , & environ un pied de longueur , à un des bouts duquel on fait une entaille de deux pouces de profondeur & d'une largeur à peu-près égale , en obfervant cependant de la faire plus large d'un bout que de f autre d'environ fix lignes. On met , dis-je , le fer de la fcie qu'on veut limer dans fentaille , qu'on y arrête avec un coin ; cette entaille eft elle-même fixée fur l'établi par le moyen d'un valet , après quoi on lime la fcie félon fon ufage , c'eft-à-dire , qu'on leur donne de la voie , ce que Ton doit toujours faire avant de les limer , & que l'on incline plus ou moins les dents , félon que les fcies font deftinées à faire de gros ou de moyens ouvrages. (^Figures l8 & tfj). Les dents des grofles fcies , comme celles à refendre & à débiter , fe liment quelquefois obliquement, à peu-près comme celles des Scieurs de long, afin de les faire mordre davantage ; mais cette méthode n'eft pas également à Cui- vre : il 'aut auffi faire attention que l'inclinailbn des dents de la fcie doit être du ha. t en bas, fans quoi on ne pourroit s'en fervir. Les fers de fcies que les Menuifiers emploient, viennent d'Allemagne pour lap'ûf art , & ne font pas trempés ; il y en a cependant qui le font, mais on en fait peu d'ufage à caufe de la difficulté d'en trouver de parfaitement bonnes , & de pouvoir leur donner de la voie fans caffer quelques dents , ce qui arrive très- fcuvent. On ne fe fert communément que de celles qui ne font pas trempées ; & en lerchoifiiTànt, on doit préférer celles qui font d'une couleur brillante làns pailles ni inégalités ; pour être parfaitement bonnes, il faut qu'elles foient plus épaiflès par le milieu que par les bouts , & que le côté de la denture fbit d'un tiers plus épais que le derrière , ce qui exempte de donner beaucoup de voie & fait un grand avantage. Quand les Menuifiers veulent refendre du bois, ils commencent par l'arrêter fur l'établi par le moyen d'un valet , enfuite de quoi un ouvrier monte delîùs , & prend la fcie par le bâton qui paffe au travers de la tête , & un autre refte en bas qui la prend par les deux montants à environ le tiers de fa hauteur. Cet ouvrage eft un des plus rudes que les Menuifiers ayent à faire , vû la contrainte de leur pofition , celui qui eft en bas étant obligé d'écarter les jambes pour faire pafler la fcie , fe trouve par conféquent hors de force pour la relever , ce qui fatigue beaucoup celui qui eft en haut Foyei la Fi g. 15. Quelquefois un ouvrier feul mené la fcie à refendre , mais ce ne peut être que dans du bois 6o M E N UI S I E R, I.Pan. Chap.V. tendre & mince. Les Menuifiers en chaifes refendent feuJs, mais ils ont de E plus petites icies que les autres , ainfi que je le dirai en fon lieu. La fcie à débiter eft compofée, ainfi que toutes les autres , de deux bras, d'un fommier , ou montant , d'un fer de fcie , d'une corde & d'un garrot. (jFiir. La hauteur eft d'environ deux pieds & demi ; fon fer doit être un peu épais, fes dents larges de trois lignes ,1e plus inclinées poffible, avecbeaucoup de voie, afin qu'elle paffe aifément dans toutes fortes de bois. En général les montures de toutes les fcies doivent être très-légeres , afin de les rendre plus commodes ; les fommiers fe font de fapin, parce que ce bois eft léger, plus roide, & moins fujet à fe courber que tout autre : les bras fe font ordinairement de bois Je frêne très-fec , afi n qu'ils ne fe courbent pas facilement : ils doivent être pres- que droits par defllis , à fexception de fentaille que l'on fait à leurs extrémités pour arrêter la corde ; on doit les faire peu épais , mais larges , parce que tout l'effort fe fait fur ce fens. La lame ou fer de la fcie , y eft placée ordinairement dans une entaille faite au milieu de leur épailTeur , laquelle a de profondeur la largeur de la lame , moins cinq à fix lignes qu'il faut qu'elle les défaffleure , & on l'arrête avec un clou rivé qui paffe au travers du bras & de la lame : ce clou doit être placé dans le tiers de fa largeur , afin qu'elle roidiffe mieux , & le plus haut poffible , c'eft-à-dire , vers fon extrémité , pour que le bras ait plus de force , & qu'il foit moins expofé à fe fendre. (Fig. lo). Il eft encore une autre manière de placer la lame de fcie , qui eft d'y mettre des étriers , qui font des morceaux de tôle ou de fer plat que Ton reploye en double , en forme de f , & que Ton attache à ces deux extrémités avec un feul clou de la même manière que ci-devant ; enfuite de quoi on les fait entrer dans l'entaille des bras , que l'on a foin de tenir affez épaifTe pour les conte- nir: cette dernière manière efl très-bonne , parce que les étriers prenant par deffus les bras , font jouir de toute leur force fans qu'ils foient expofés à fe fendre , & on ne met qu'un clou pour arrêter la lame à chaque bout , parce que s'il y en avoit deux , ils fempêcheroient de fe tendre également. ( Fig. Xï & 12 ). Les fommiers s'affemblent dans les bras en enfourchement de deux ma- nières. La première , & la plus ordinaire, eft d'y ralonger une barbe en pente d'environ quatre à cinq lignes d'après fon arrazement , lequel doit être égal à la diftance qu'il y a entre les deux bras , lorfqu'ils font affemblés avec la lame , dans laquelle on fait un enfourchement d'environ le tiers de fon épaif feur , en obfervant que le côté le plus long regarde toujours la lame. (Fig. 4). L'autre manière eft de ralonger une barbe au fommier dont la longueur égalera la moitié de fa largeur , & qu'on arrondit en forme de demi-cercle , & où Ton fait un enfourchement : ces deux manières font également bonnes , mais la première eft la plus facile & la plus ufitée. ( Fig. 5}. Pour Section TII. Des Outils propres au débit & au corroyage. 6t Pour ce qui eft de la largeur des bras , dans les grandes fcies comme celles à débiter , elle doit être de quinze pouces au moins ; & dans les autres , comme ^ celles à tenons & arrazement de onze à treize pouces. Quant à la place du fomraier , elle a toujous varié ; il y a des fcies où il eft placé au milieu des bras , d'autres aux deux tiers pris depuis la lame , d'autres enfin aux deux cinquièmes de leur longueur ; ce qu'il y a de plus certain , c'eft que plus ils font proches de la lame , & plus la tenfion fe fait avec force & facilité ; mais comme fouvent on a des pièces de bois à couper qui font extrê- mement larges , on eft obligé de reculer le montant jufqu'aux deux tiers de la lon- gueur des bras , ce qu'on obfervera aux fcies à débiter. Quant à celles à tenons & autres , le plus qu'on pourra les approcher du milieu ne fera que le mieux. La corde qui fert à tendre la fcie , doit être d'une grolTeur proportionnée à (à grandeur , & faire au moins trois à quatre fois le tour de la fcie fur laquelle on la tend & l'arrête le plus ferme qu'il eft poffible : enfuite on la fait tour- ner lùr elle-même avec un morceau de bois que l'on nomme garrot , jufqu'à ce que la fcie foit affez tendue , puis on arrête le bout de ce garrot dans une mortaife qui eft pratiquée dans le derrière du fommier. ( Fig. 3 & 4). La fcie à débiter ne fert qu'à couper les bois après qu'ils ont été refendus , ce qui fe fait fur l'établi , où on les arrête avec un valet ; mais quand l'ouvrage eft fufceptible de contours dans lefquels la fcie à tourner des Scieurs de long ne iàuroit paifer , les Menuifiers font obligés de les refendre eux-mêmes avec des fcies à tourner , lefquelles font de deux efpeces : la première eft faite comme une fcie à refendre ordinaire , excepté qu'elle eft plus petite & plus étroite de lame , & qu'un feul ouvrier fuffit pour la conduire. ( Fig 1 ). L'autre eft faite comme la fcie à débiter , & d'une grandeur à peu-près égale , excepté que la lame n'a que huit ou neuf lignes de largeur , & qu'elle eft arrêtée dans deux tourillons de fer , lefrjuels pa(îèi-it \ travers des bras de la fcie , & ont chacun une ouverture pratiquée à leurs têtes pour pouvoir les tourner à droite ou à gauche , félon qu'on en a befoiii. Il eft encore d'autres fcies à tourner qui ne différent de celle-ci que parce qu'elles font plus petites , & que leur lame n'a quelquefois que quatre à fix lignes de largeur , afin de pouvoir palfer dans toutes fortes de contours, (F%.5,i3&i4)- Quand le bois eft ainfl débité en longueur & largeur convenables à l'ouvrage que l'on veut faire , on commence par le corroyer , c'eft-à-dire, le drelTer & p le dégauchir, le mettre à l'équerre ou angle droit , ce qui eft la même chofe , & enfuite le mettre de largeur & d'épailfeur ; mais avant de parler de la ma- nière de le faire , il eft néceffaire d'entrer dans un détail exaél des outils fervants à cet ufage , parce qu'il eft très-naturel de les connoître avant de s'en fervir. Les outils propres au corroyage du bois, font les varlopes & les demi -varlopes , Menuisier. Q 6x MENUISIER,!. Part. Chap. V. les feuillerets, les réglets , 1 equerre , les trufquins , le fermoir & le cïfeau , les ^ bots tant droits que cintrés de tous fens , & le rabot de bout. La varlope Fig' i , eft compofée d'un fût , qui eft ordinairement de bois de cormier, d'un fer & d'un coin ; le fût doit avoir vingt-fept pouces de longueur fur deux pouces neuf lignes d'épaiffeur , & quatre pouces moins un quart ou quatre pouces au plus haut : cette hauteur ne doit pas être égale , mais elle di- minue d'environ neuf lignes fur les extrémités. Au milieu de l'épaiiTeur de ce fût , & à feize ou dix-fept pouces de fon extrémité , eft percé un trou que l'on nomme lumière , dans laquelle fe place un fer d'environ deux pouces de large , & qui y eft arrêté par un coin de bois. Voye^ les Fig. i , 2 , 3 & 4 , lefquelles xepréfentent une varlope vue en coupe & de tous les fens poflibles. C'eflde la manière dont eft percée la lumière de la varlope , & de la pente ou inclinaifon qu'on lui donne , que dépend & bonté ; c'eft pourquoi on ne fauroit prendre trop de précautions en la failànt, ce que je vais expliquer. La pente ou inclinaifon de la lumière n'eft pas arbitraire , ainfi que beau- Coup de gens fe le perfuadent ; car c'eft la plus ou moins grande inclinai- Ion qui rend tous les outils en général doux ou rudes à conduire. Lorfqu'elle eft beaucoup inclinée vers la bafe de l'outil , les copeaux qu'il fait fortent ai- fément , mais auffi pour peu que le bois foit un peu vert ou de rebours , il eft fort fùjet à faire des éclats , Se devient rude à pouffer* ; au contraire fi la pente eft trop élevée , on ne fait pas d'éclats , mais auffi les copeaux de- viennent rudes à en].ever , & fe reployant fur eux-mêmes , fortent difficilement de la lumière , Se fouvent même s'y engorgent. Il faut donc éviter ces deux extrémités , & prendre une pente qui mette hors de ces deux inconvéniens , ce qui fe fait d: différentes manières. La mé- thode la plus ordinaire dont fe fervent les Menuifiers pour déterminer la pente de leurs outils , c'efl de lever une perpendiculaire ou trait quarré fiir le morceau dans lequel ils veulent percer une lumière , fiar laquelle ils marquent les quatre points a , i, c ,d , à diftances égales les uns des autres ; puis avec un compas ils prennent la diftance a ^ ou ^ c , ou enfin r ce qui eft la même chofe , & font les deux feûions ef, l'une en dedans & l'autre en dehors ; puis par les points eS<.f , ils font paffer une ligne qui eft la pente de la lumière , la- quelle fait avec la bafe de l'outil un angle d'environ cinquante degrés. i.F^ë- 5)- Cette pente eft afTez bonne , mais ne peut convenir à toutes fortes d'outils ; c'eft pourquoi on donnera aux lumières des varlopes , des guillaumes & des rabots , quarante-huit ou même cinquante dégrés de pente , quarante-cinq à celle des demi-varlopes & des feuillerets , & cinquante au moins aux varlopes à onglets , & aux outils de moulures. Lorfque le bois eft un peu rude , on ne *Le terme de poujjer efl propre aux Menui- | ieref, ainfi des autres outils à fût: on dit aufli fiers ; on dit poujer la vadojjz, Ls rabot. Ufmil- \ pouffer des moulures tant droites que cintrées. Sec T I o nII T. Des Outils propres au débit 3C au corroyage. 63 rifque rien d'en donner cinquante-deux , & même cinquante-cinq à ces der- ■■ ■ niers : pour ce qui eft des rabots <& des guillaumes de bout , il faut leur donner P * n c h e foixante dégrés de pente , parce que ces outils font faits pour finir & polir l'ouvrage , (ce qui , en termes d'ouvrièrs , s'appelle replanir ) , & que leurs fers ne mordant que foiblement , ils font des copeaux très-fins ; c'eft pourquoi il n'efl: pas à craindre qu'ils engorgent, p^oje^ la Fig. 6 , où font marquées toutes les différentes pentes. Le deiîbus de la lumière d'une varlope doit être le plus mince qu'il eft poffible , c'eft-à-dire , qu'après avoir pris f épaifîèur du fer qui efl d'environ deux li();nes à deux lignes & demie , on ne laiffe qu'une bonne demi-ligne pour le paflàge du copeau. Le derrière de la lumière doit être bien dégauchi & un peu creux fur fà longueur, afin que le fer porte bien delîus ; le devant doit être moins en pente que le derrière , pour que le coin puilfe y tenir & y arrêter le fer , il faut qu'il foi: bien uni & évafé environ aux deux cinquièmes de fà hauteur en forme d'entonnoir , afin que le copeau en fortant avec ra- pidité , ne s'y arrête pas. Les deux côtés de la lumière doivent être très-unis & le plus parallèles qu'il eft poffible , ainfi que le coin qui fait partie de ces mêmes côtés dans lefquels il entre en entaille. Ce coin efl évidé par le milieu , & terminé par le haut en forme d'un arc éj'afé pour lui donner plus de force , & pour faciliter le paffage du copeau : on doit avoir foin qu'il joigne bien des deux côtés de la lumière , & fur-tout par le bas , où il eft bon qu'il ferre un peu plus que du haut , afin que le fer coupe plus vif & ne tremble pas. Voye^ les Fig. a iS" 7. Au-defîùs & à trois ou quatre pouces du bout de la varlope , eft une poignée de trois potices de haut, fur cinq à fix pouces de longueur , laquelle eft év'idée par le milieu d'une manière affez commode pour qu'on puiffe tenir la varlope làns être gêné. ( Voye^^lestFlg. i , 2 6- 3 }. A l'autre extrémité , & à environ cinq pouces du bout , eft une autre poignée en forme de volute , laquelle , ainfi que la première , fert à conduire la varlope. ( Voye^ les mêmes Figures). Le fer de la varlope eft un morceau de fer plat de fept à huit pouces de lon- gueur , fur environ deux pouces de largeur , & une ligne ou une ligne & de- mie d'épaifîèur , d'un côté & fur le plqt duquel eft adaptée une tranche d'acier que Ton trempe après qu'elle a été foudée avec le fer^ui eft abattu en champ- frain du côté oppofé à f acier , ce qui s'appelle le hifeau du fer. Voye[ les Fig. 8 , 9 ê' 10 , lefquelles le repréfentent vû de tous fens. En général, prefque tous les fers d'outils à fût nous viennent d'Allemagne, du moins les meilleurs : ils s'aiguifent ou s'affiuent ( en terme d'ouvriers ) fiir un grais avec de f eau ; il faut avoir foin que ce grais ne Ibit ni trop dur ni trop tendre , parce que quand il eft trop tendre , il rend le taillant des outils gros & rude , ce qui les empêche de couper vif & long-temps : quaid au contraire il eft trop dur , il aflFûte bien les outils , à la vérité , mais aufTi don- Planche XIII. â l Planche XIV. '64. MENUISIER,!. Pan. Chap. V. nent-ils beaucoup de peiae , & l'on y pafTe beaucoup plus de temps. C'efl: pour- quoi il eft bon d'avoir deux grais , l'un tendre fur lequel on commence à afïà- ter les outils , & à atteindre leurs brèches s'ils en ont ; & un dur fur lequel on finit de les afïuter , & de leur ôter le morfil : il faut avoir foin en aflfutant , que ,ies bifeaux des outils ne foient pas trop courts , parce que s'ils l'étoient, ils ne pourroient plus couper , la pente de la lumière leur en ôtant une partie , ainfi qu'on peut le voir dans la Fig. 2. Le fer de la varlope doit être affûté très-quarré , excepté qu'on l'arrondit infenfiblement lùr les coins , afin d'éviter l'engorgement des copeaux , ce que l'on doit obferver fur-tout lorfqu'on emploie du bois qui n'eft pas parfaitement fec , ou bien du fapin. On ferre & enfonce le coin avec un marteau, & on le deflèrre en frap- pant fiir l'extrémité de la varlope , afin que le contre-coup le fafle revenir ; c'eft pourquoi il faut faire attention de ne le pas trop ferrer , parce que les coups redoublés qu'on feroit obligé de frapper pour le faire fortir , font quelquefois {àuter les poignées & fendre la varlope. La demi-varlope ne diffère de la grande , qu'en ce qu'elle eft plus petite d'environ fix pouces ; là lumière doit être un peu plus en pente , & fon fer afïuté rond pour éviter les éclats. Le feuilleret eft un outil dont le fût a environ quinze poyces de longueur fur trois pouces & demi de largeur, & un pouce d'épaiffcur : fa lumière eft à entaille, & de la profondeur du fer, qui efl ordinairement de fix à fept lignes: on y fait une feuillure ou conduite par defiious , de trois à quatre lignes de làil- lie , fur une largeur égale à celle du fer , que l'on enfonce d'une bonne ligne de plus que le conduit, afin que faifint ufage du feuilleret, il ne pallè pas de copeaux entre le fer & le fùr. Cette obfervation eft très-elfentielle , & doit s'appliquer à tous les outils à conduits : le fer doit un peu faillir en dehors^ & être affûté fur l'arrête , afin qu'il ne foit pas fujet à fuir ; la lumière doit aulfi être un peu déverfée en dehors fur fbn épaifteur , afin de faciliter la fortie du copeau. Toutes les arrêtes extérieures du feuilleret font arrondies , & on y fait une encoche fur fbn extrémité pour retenir la main. F oye:^ les Figures i r , 12 , 13, 14, ly, 16 & 17 , lefc^uelles repréfentent le fût, le coin, & le fer d'un feuilleret. Les réglets font deux tringles d'environ dix-huit pouces de long, fur un pouce & demi ou deux pouces de largeur , & trois à quatre lignes d'épaiiTeur ; cha- cune defquelles paffe dans deux autres morceaux de bois percés d'une mortaife de forte qu'ils puiftent y couler à faife : ces morceaux de bois ont environ un pouce & demi de plus long que leurs mortaifes , & font creufés en deflbus ; il faut faire attention qu'ils foient bien parallèles entr'eux , & égaux en hauteur; car c'eft dans leur juftefTe que confifte leur bonté. Aux deux bouts des réglets, on cment mor- Sec TiON III. Des Outils propres au débit ôC au corroyage. 6j on met de petites chevilles pour empêcher ces morceaux de forcir. ( Fig. r . & 2.). Pl A N C H E L'équerre ell compofée de deux morceaux de bois que l'on alTemble à angle ^' droit très-jufte , & le plus folidement poffiblc. On doit avoir foin que les mor- ceaux de bois qui la compofent foient eux-mêmes bien quarrés, fans quoi elle déverferoit & ne feroit pas jufte : fa longueur n'eft pas bornée , pourvu qu'elle ait cinq à fix pouces de branche fur un pouce d epailfeur , cela fufEt. ( f ier. 5). Il eft encore une autre efpece d'équerre qui n'eft pas d'alfemblage , mais qui eft prife dans un même morceau de bois , lequel eft ordinairement de noyer. Ces équerres fervent aulFi de triangles quarrés d'un bout , & de triangle à on- glet de l'autre par le moyen de deux conduits qu'on y ravale , ce qui eft très- commode pour tracer les petits ouvrages ; mais en même temps ce ravalen l'aminciiTant ne la rend guère propre à mettre d'équerre que de très-petits ceaux de bois, pour les raifons que j'ai dites ci-defTus. (Fig. 4). Les trufquins font compofés d'une tige de bois de dix à onze lignes en quarré , fur neuf pouces & même un pied de long, d'une tête & d'une clef. La tête eft longue de fix pouces au moins , fur trois pouces de large & un pouce d'épaiffeur : elle eft percée au milieu de fa largeur d'un trou quarré de la grofteur de la tige , laquelle paffe au travers , & eft placée à deux bons pouces du haut. Au-deifus de la tige, & fur l'épailTeur de la tête, eft percée une mortaife de fix lignes de largeur d'un bout, & huit à neuf de l'autre, laquelle doit defcendre d'une ligne au moins en contre-bas de la tige , afin que la clef qu'on y fait paffer puilfe l'arrêter dans la tête du trufquin d'une manière ferme & ftable. Tout le bois d'un trufquin doit être très-fec , d'une qualité dure , fur-tout la clef & la tige , que l'on gar lit d'une pointe très-aiguë d'en- viron deux lignes de long tout au plus , laquelle eft pofée du côté qui regarde le bas de la tête. (Fig. j). Il y a auffi des trufquins dont la tête eft cintrée fur le plan , & d'autres qui ont de longues pointes pour atteindre dans le fond des gorges & des ra- valements. (Fig. 6"). Il eft encore une autre efpece de trufquin que l'on nomme d'ajjemblage , dont la tête eft d'une figure oftogone , fur à peu-près la même largeur & épaif feur que le précédent : ce qu'il y a de différence , c'eft que la clef pa(fe au mi- lieu de la tige , laquelle eft évidée dans fon milieu en forme de coulifle ; cette tige n'a guère que cinq à fix pouces de long, & eft garnie fur chacune des faces de fes deux bouts de deux pointes de fer, lefquelles font diftantes l'une de l'autre de la groffeur des afl"emblages , lefquels varient depuis deux lignes jufqu'àhuit & même plus. (Fig. 7). Chaque compagnon doit avoir trois truf- quins de la première efpece , & un de chaque autre. Le fermoir & le cifeau font des outils de fer de huit à neuf pouces de long fur deux de large , depuis leurs bafes ( ou embajes , en terme d'ouvriers) jufqu'à R 66 MENUISIER,!. Pan. Chap. V. ■ leur extrémité , laquelle eft amincie en venant à rien. Le cifeau a un bifeau , & F L A N c H E n'a de l'acier que d'un côté , au lieu que le fermoir a deux bifeaux , ou pour ^ ' ^' mieux dire n'en a point , puifqu'on l'affûte le plus long qu'il eft poffible , & que l'acier eft placé au milieu de fon épaifleur. Ces outils , ainfî que tous les autres , ne font pas de pur acier , parce qu'ils feroient trop fujets à cafler , vô les grands efforts qu'ils ont à foutenir; c'eft pourquoi ils font tour de fer, le cifeau n'ayant de l'acier que du côté du taillant , & le fermoir au milieu de fon épaifleur , ainfi que je viens de le dire plus haut. Le fermoir & le cifeau font garnis chacun d'un manche de bois qui eft pour l'ordinaire de frêne ou de charme , long de cinq pouces au moins , & d'une grofleur convenable ; on aura foin qu'ils foient emmanchés bien droit , & qu'ils portent également llir la bafe de l'outil , de crainte qu'ils ne le faflènt caflèr en frappant deiîus , ce que l'on doit obfcrver à tous les outils à manches , & for- tout aux bec-d'ânes : le manche du fermoir doit être arrondi par le bout, & ce- lui du cifeau arrondi & abattu en champ-frain du côté du bifeau , afin que l'on ne fe bleflê point en le frappant avec la main. Voyei[^ les Fig. S , ç) , lo 8c ii , qui repréfentent ces outils de face avec leurs manches & de profil fans leurs manches. Les rabots ont ordinairement fept à neuf pouces de longueur , fur trois pou- ces de hauteur & deux pouces d'épaifTeur ; leur lumière eft percée par-deflbus à quatre pouces & demi ou cinq pouces de leur extrémité ; au refte elle eft faite comme celle de la varlope , tant pour la pente que pour la forme : leurs fers font auffi faits comme ceux des varlopes , à l'exception qu'ils font plus petits , & on les retire en frappant le bout du rabot du côté oppofé au derrière de la lumière : il en eft auflî de cintrés tant fur la longueur que for la lar- geur ; les meilleurs font de bois de cormier. (_Fig. 12 , 14 & i j). Le rabot de bout ne dilTere des autres qu'en ce qu'il eft plus petit , & que la pente de fa lumière eft plus droite , ainfi que je l'ai dit ci-deffiis en parlant de la pente des lumières. ( Fig. 13). Quand on veut corroyer le bois , on commence d'abord par prendre garde de quel côté il eft plus de fil , s'il eft bouge ou creux, ou s'il eft gauche. Ces précautions prifes , on commence par le corroyer for le plat à la demi-varlope à grand fer , jufqu à ce qu'il foit droit , & qu'on en ait atteint toutes les fautes ; enfoite de quoi on finit de le drefler & de le dégauchir avec la varlope : pour voir fi le bois eft bien dégauchi , on le met for le champ du côté du jour, & on le tient un peu incliné vers foi , enfoite de quoi on le bornoye. Si une des deux rives ne levé ou ne baiflè pas plus d'un bout que de l'autre , & qu'elles fe cachent également , c'eft une marque que le bois eft bien dégauchi : pour peu qu'il foit un peu large , il faut prendre une régie que l'on préfente deiîus de diftance en diftance , pour voir s'il n'eft pas creux ou bouge for la largeur. Après que le bois eft ainfi corroyé fur le plat , on le retourne for le champ Section III. Des Outils propres au débit âC au corroyage. 67 pour le mettre à l'équerre , ce qui fe fait en le dreffant de bout avec la demi-varlo- == pe ; puis avant de pafler la varlope , on préfente f équerre deflus de diftance en dif- ^^^^^^ tance , afin de ne pas ôter plus de bois qu'il ne faut , enfuite de quoi on le finit à la grande varlope. Quand le bois eft bien droit & à l'équerre , on le met de largeur en paf- fànt un trufquin , que l'on ajufte à la largeur convenable , le long de la rive droite , de forte que fà pointe trace lut l'autre rive du bois une ligne parallèle à la première. On doit tenir le trufquin de la main droite , & le pouifer devant foi en remontant du côté de la tête de fétabli , enfuite de quoi on re- tourne le bois , & s'il eft trop large , on le hache avec le fermoir & le maillet , après avoir arrêté le bois lùr fétabli avec le valet ; puis on y paife le fcuille- ret pour atteindre le trait du trufquin , & on finit par le mettre d'équerre avec la demi-varlope & la varlope ; quand le bois eft un peu épais on pafîe le truf quin des deux côtés pour qu'il foit plus jufte de largeur. Le bois étant de largeur , on le met d'épaiffeur , ce qui fe fait de la même manière que pour le mettre de largeur , à fexception qu'il faut toujours paffèr le trufquin des deux côtés. Quand le bois que f on veut corroyer eft d'une certaine largeur , comme dans la Figure 2 , on commence par le drefîèr fur le plat avec le feuiileret que l'on y paiTe des deux côtés, après avoir remarqué de quel côté il eft gauche ; enfiiite de quoi on pofe les réglets fur les coups de feuiileret aux deux extré- mités ds la planche , & on les bornoye pour voir C elle eft bien dégauchie : fi elle eft encore un peu gauche , on en ôte avec le feuiileret , ce qui eft nécelîâire pour la dégauchir ; puis on la corroyé à la demi-varlope , enfuite à la varlope , comme je l'ai dit ci-deffus. Quand le bois eft dur & de rebours , après avoir paffé le feuiileret , on le corroyé à bois de travers avec la demi-varlope , en- fuite avec la varlope toujours à bois de travers , en inclinant cependant un peu du côté du fil du bois. Pour drefîèr les planches fur le champ , on les ar- rête le long de l'établi avec les valets de pied , ou bien quand elles font trop courtes , on les arrête d'un bout avec un valet de pied , & de l'autre avec un pied de biche , qui eft arrêté lui-même fur l'établi avec le valet , & que l'on ferre con- tre le bout de la planche à coups de maillet. Le pied de biche eft un morceau de bois dur, au bout duquel eft faite une entaille triangulaire , dans laquelle entre le bout des planches (Fig- 19 ). Quant aux bois cintrés en plan, on les corroyé de deux manières diffé- rentes. La première eft de les dreflèr fur le champ & de les mettre de largeur, en- fuite de quoi on les met d'équerre par les deux bouts ; puis on trace le cin- tre des deux côtés avec le calibre , & on les corroyé enfuite avec le rabot cintré. {Fig. 18). La féconde manière eft que quand les courbes font trop larges , & qu'on ^8 MENUISIER,!. Pan. Chap. V. ■ craint de les gauchir en les mettant d'équerre , comme je l'ai dit ci-deflus , on X* l'y tire fur le plat de la courbe & à fes deux extrémités , deux traits quarrés , d'a- près lefquels on donne deux coups de guillaume en forme de feuillures ; puis on pofe dans ces deux feuillures deux morceaux de bois d'égale largeur , lef- quels font la même cholè que les réglets. Quand les deux extrémités de la courbe font bien dégauchis, on y marque un trait des deux côtés , & on la cor- royé ainfi que je viens de le dire en parlant de la première manière. {Flg. 20). Celui qui corroyé le bois, doit fe tenir droit & ferme le long de l'établi , la jambe gauche tendue en avant , & le pied parallèle à fétabli , la droite en ar- rière , un peu plus écartée de fétabli que la gauche , & la pointe du pied en dehors. On tient la poignée de derrière de la varlope de la main droite , & celle du devant de la gauche : il faut avoir foin de la pouffer bien droite , & plutôt en dedans de fétabli qu'en dehors. On ne doit jamais quitter la main droite de delTus la demi-varlope , & au contraire ne la mettre fur la varlope que pour la conduire & la lâcher à chaque coup , afin qu'on puiffe lapoulfer de toute féten- due du bras droit. Voye^ la Fig. 21 , laquelle repréfente un homme qui cor- royé du bors. Quand on hache le bois , il faut fe tenir droit & tourné vis-à-vis de fon ou- vrage , le corps un peu écarté de fétabli , la jambe gauche tendue en avant , & la droite en arrière : le feuilleret fe pouffe à peu-près comme la varlope , excepté qu'on le tient de la main droite par un bout , & que la gauche çmbraflè f autre bout du feuilleret dans toute fa largeur, le pouce étant arrêté dans f en- taille qui eft faite au-deffiis. Le rabot fe tient de la main droite , laquelle f embraffe & appuyé deffus ; la gauche f embraffe tout-à-fait par devant & en doit defcendre à environ un pou- ce du bas : il faut obferver d'appuyer fur la main droite en commençant à ra- boter un morceau de. bois , & au contraire la lever & appuyer iur la gauche à l'autre bout. Cette obfervation eft eflèntielle , lur-tout quand on replanit des panneaux ou autres ouvrages dont il faut que les extrémités foient vives & égales. Section Quatrième. Des Outils propres aux Ravalements , aux Joints âC aux AJfemblages. ? Lorfque les bois font corroyés , on commence par les établir , ainfi qu'on ' '■ xv^ " ^ ^'^^^ ^'^^ débitant, à f exception qu'on fe fertde pierre noire ou rouge, parce que la craie s'efface trop facilement ; enfuite de quoi on les trace , c'eft-à-dire , que fon détermine la largeur de chaque morceau , relativement à la place qu'il occupe , les coupes , & le lieu des affemblages. Les outils propres à tracer , font un ou plufieurs campas , le grand truf quin Section IV. Des Outils propres aux Ravalements , ôCc. 6ç iquin ou compas à verge , la pointe à tracer , les triangles tant à angle droit = que d'onglet , la faulTe équerre ou làuterelle , & le trufquin tant à pointe que Plan d'a/Temblage. ^ ^ Le compas eft un inftrument trop connu pour que j'entreprenne d'en faire ladefcription ; tout ce que j'en dirai , c'eftque ceux dont fe fervent ordinairement les Menuifiers, font de fer, d'une forme ronde lorfqu'Lls font fermés , d'environ fept à huit pouces de long : il en eft de la même forme , qui ont quinze à vingt pouces , lefquels fervent à faire des compartiments , auxquels il eft très-bon (ainfi qu'aux autres) de faire rapporter des pointes d'acier que l'on fait trem- per, parce qu'en .général toutes ces fortes de compas font d'un fer très-mou, lequel s'émouffe aifément,- & par conféquent empêche de faire les comparti- ments juftes. ( Fig. 2). On fait encore ufage d'un autre compas de fer plat , lequel eft beaucoup plus folide que les autres , à caufe que la largeur de fes branches empêche qu'elles ne ployent , & par conféquent qu'il ne s'écarte. Ce compas a ordinairement deux à deux pieds & demi de longueur , & fe nomme fiujje c'quene de fer , en termes d'ouvriers. (^Ftg. 3). Le compas à verge eft une tringle de bois qui porte ordinairement un pou- ce en quarré ( quoiqu'il feroit meilleur qu'elle fût plus large qu'épaifle , afin qu'elle ployât moins) , & de fix ou huit , ou même de douze pieds de long, à l'un des bouts de laquelle eft affemblé un morceau de bois qui l'excède en deffous d'environ deux pouces : ce morceau de bois eft arrondi par le bout , & eft garni d'une pointe de fer; l'autre bout de la tringle entre dans un autre morceau qui eft d'un bon pouce plus épais , & qui à cet effet eft percé d'un trou quarré au milieu de fa largeur , au-deflus duquel & en fens contraire eft per- cée une mortaife , laquelle fert à placer une clef ainfi qu'aux trufquins ordi- naires ; le deflbus de ce morceau eft garni d'une pointe dtj fer , & eft d'une longueur & d'une forme égale au premier. On fe fert de cet outil pour tra- cer les grands cintres , ce que l'on peut faire à toutes les diftances poffibles , puifque le fécond morceau de bois eft mobile lut la tringle, & s'y arrête par le moyen de la clef. (J'ig. i). La pointe à tracer n'eft autre chofe qu'un morceau d'acier terminé en pointe, & qui eft garni d'un manche , afin de pouvoir le tenir , ou pour mieux dire pour empêcher qu'elle ne fe perde. Les Menuifiers fe fervent ordinairement de leurs vieux tiers-points , qu'ils fontarrondir & retremper pour cet ufage. (Fig. 4). Le triangle eft compofé d'une tige & d'une lame ; la tige a ordinairement • neuf à dix pouces de long , fur un pouce & demi de large , & environ dix lignes d'épaiifeur : la lame doit avoir un pied à quinze pouces de long , fur trois à quatre lignes d'épais , & deux à deux pouces & demi de largeur: elle doit s'afTembler bien quarrément dans le milieu de l'épaifTeur de la tige Menuisier. c 70 MENUISIER,!. Part. Chap. V. = à tenon & enfourchement fur fà largeur , & la déborder d'un demi pouce par ';^c"Me bout. {Fig. 6). Les grands triangles ne différent de ceux-ci qu'en ce qu'Us font plus grands, ayant deux à trois pieds de lame & même plus , & en ce que la lame eft foute- nue par une écharpe , laquelle lui eft égale d'épaifleur , & qui eft aflemblée à tenon & mortaife , tant dans la tige ou fommier , que dans la lame du triangle. (F'ig . 5 ) . En général l'ufige des triangles dont je viens de parler , eft d'ap- puyer ou de conduire la pointe pour tracer des angles droits fur le bois. Le triangle à onglet eft compofé d'une lame de bois mince , d'environ un pied de long , lùr quatre à cinq pouces de large , à l'un des bouts de laquelle eft alTemblé à angle de quarante-cinq degrés , un autre morceau de bois , le- quel la déborde de trois à quatre lignes de chaque côté liir fon épailTeur , afin de l'appuyer contre le bois & lui fervir de conduite. Cet outil fert à tracer la coupe des moulures quand l'ouvrage eft affemblé à angle droit. ( Vig. 7). Il eft encore un autre petit triangle à onglet, dont j'ai fait la delcription en par- lant des outils propres au corroyage des bois. ( Voye-^ la page 65 ). La faulTe équerre ou làuterelle , eft compofée , comme le triangle , d'une tige & d'une lame , à l'exception que la tige eft ouverte dans le milieu de fon épaif feur par une elpece d'enfourchement qui a d'épaifTeur celle de la lame , qui doit être environ le tiers de la tige , & de longueur celle de la lame , en ob- fervant de couper en pente le bout de cette dernière , ainfi que le fond de l'enfourchement , afin qu'elle ne puiftè pas entrer plus avant , & qu'elle affleure la tige lorfqu'elle eft fermée. La tige & la lame font arrêtées en- femble par le moyen d'une vis ou d'un clou rivé, de manière cependant que cette dernière eft mobile & peut s'ouvrir ou fe fermer félon qu'il eft néceflàire. Cet outil fert à tracer toutes les coupes irrégulieres , c'eft-à-dire , qui ne font ni à angles droits, ni de quarante-cinq degrés ou d'onglet, ce qui eft la même chofe. ( Fig. 8). En général , le bois des triangles , du moins les lames doivent être de bois de cormier ou de noyer dur & de fil , afin qu'ils s'ufent moins , & que par conféquent ces outils foient toujours juftes. J'ai parlé ailleurs des trufquins tant à pointes que d'aflèmblage. Voye:^ ce que j'ai dit page 65. En général , on doit favoir , avant de tracer fouvrage , que les mortaifes & les enfourchements fe placent , du moins pour l'ordinaire , dans les battants , & les tenons dans les traverfes; que les battants font toujours placés verticalement ou d'à-plomb, & que les traverfes au contraire -fe placent horizontalement ou de niveau ( ce qui eft la même chofe ) ; & qu'il n'y a que les montants qui , quoique d'à-plomb , font dans le cas d'avoir des te- nons par les bouts. Quant à la manière de tracer, voye:^ les Fig. 9, 10, 11 & 11, fur lefquelles font repréfentées toutes fortes d'alTemblages & de coupes. Après avoir tracé les bois , & avant de faire les affemblages , on commence Section IV. Des Outils propres aux Ravalements , ôCc. par y pouflèr les gorges ou les tarabifcots , ou dégagements , quand l'ouvrage = efl fufceptible de l'un ou de l'autre , & par y faire les ravalements néceflàires *. Plan Les outils propres à cet ufage font les gorges , les gorgets & les tarabifcots ^ ^ de toutes formes & groITeurs , les bouvets de deux pièces & à ravaler , les guiUaumes , & les rabots tant ordinaires que de bout. En général , les gorges & les gorgets , ainfî que tous les autres outils pro- pres à poulfer les moulures, font compofés d'un fer & d'un fût de neuf pou- ces de longueur , lùr deux pouces & demi à trois pouces de largeur , non compris la faillie de la moulure , & d'une épaifîèur relative à cette dernière , c'eft- à-dire , qu'il faut qu'il refte huit à neuf lignes d'épaiffeur au fût d'après le fond de l'entaille ou lumière , afin qu'il ne fe tourmente pas , & qu'il puiiTe réfifter à la preflîon du coin. Pour la pente de la lumière , on lui donnera cinquante de- grés d'inclinaifon au moins , ainfi qu'à celles des varlopes , & on obfervera de la faire toujours déverfer en dehors , afin de faciliter la fortie des copeaux , ce qui eft une régie générale pour tous les outils de moulures & à fût, ainfi que je l'ai dit plus haut en pariant de k lumière du feuilleret. Quant aux gorges & aux gorgets , aux tarabifcots & aux bouvets à ravaler , il faut avoir foin d'y faire une conduite au point d'appui fur le devant , afin qu'ils portent également des deux côtés, ce qui les rend plus doux à poufler, & en même temps ce qui empêche les gorges d'être d'une profondeur inégale , fùr-tout fur le derrière : pour l'ordinaire on applique fur le côté de la gorge oppofé à la lumière , un morceau de bois que Fon nomme une joue , pour lui fervir de conduit , ou quelquefois même on le ravale dans le même mor- ceau. (Fig. I, 2, 5,4 & 5 ). Mais comme les largeurs des moulures ne font pas toujours les mêmes, on eft alors obligé de changer ces joues , ce qui eft très-incommode ; c'eft pour quoi on a imaginé de n'en point faire du tout , mais de les monter fur des bouvets de deux pièces à vis , ce qui eft très-commode , vu que l'on peut les ouvrir ou les fermer, félon qu'on en a befoin. Quant aux fûts de gorges , on n'en trouve pas de tout faits chez les Mar- chands ; c'eft pourquoi les Menuifiers font obligés de les faire eux-mêmes , c'eft-à-dire , qu'ils achètent des fers de feuilleret qu'ils détrempent , & aux- quels ils donnent la forme convenable , enfiiite de quoi ils les retrempent. Il y en a qui ont pour ufage de mettre plufieurs fers à une gorge , c'eft-à-dire , un qui forme le quarré & l'autre le creux , ce qui eft fiijet à de grands in- convéniens , ces fers fe retirant quelquefois , ce qui rend le profil d'une forme inégale, tant lùr la largeiu: que fur la profondeur; c'eft pourquoi il vaut mieux n'y mettre qu'un feul fer dans lequel on forme les quarrés que l'on affûte avec une lime. Pour ce qui eft du fût , il fe fait avec du chêne bien fec * Par ravahi- h bois , on entend la manière de l'amincir ou d'en diminuer l'c'paifieur en certains en- droits , afin de donner du relief aux moulures. • 7» MENUISIER,!. Part. Chap V. == afin qu'il ne fe tourmente pas , & qu'il foir plus léger , fur lequel on appli- ANCHE que une femelle de cormier ou d'autre bois dur pour faire la moulure & le conduit , à moins toutefois que l'on ne veuille le faire tout entier de ce der- nier bois , ce qui cependant n'eft pas fort nécelTaire. Cette obfervation eft gé- nérale pour tous les outils de moulures. Voyelles F ig. ^ > 7 ,S , Ç) , 10, ir, 13, 13 , 14 , 15 , 16, 17, 18 , 19,20 , 21 , 22, 23 , 24, 2 J (g 25, où Ibnt repréfentées toutes les elpeces de gorges & de gorgets avec leurs fers vus des deux faces. Pour ce qui eft des tarabifcots , comme ils Ibnt très-foibles il eft bon d'y rapporter des languettes à bois de bout , lefquelles forment le dégagement ; il feroit encore meilleur d'y rapporter une femelle de fer , laquelle s'attache avec des vis , ce qui foutiendroit mieux le fer que ne feroit un fût tout de bois , lur-tout dans d'auffi petites parties. ( Vqy. les Fig. 27 , 28 (S 29). Les i^z^. 30, 31 & 32 , repréfententun bouvetà ravaler;celles 33, 34 (& 35 , un bouvet à embreuver, dont la diftance qu'il y a entre le con- duit & le fer eft égale à la largeur de ce dernier , afin que deux morceaux de bois rainés avec ce bouvet , puifîènt aifément entrer fun dans fautre ; ce bou- vet fe nomme encore bouvet à coulijje ; dans ce cas on fait enforte que le fer foit un peu plus large que la joue , afin que les bois que Ton raine avec , cou- lent facilement fun dans l'autre , en quoi il diffère du bouvet à embreuver qtii doit être jufte (ans avoir de jeu. Le bouvet de deux pièces eft un des outils le plus néceflâire aux Menui- fters , vû fon application à toutes fortes d'ouvrages : il eft compofé d'une prin- cipale pièce ou conduit ; d'une autre pièce que l'on change quand il eft néceflâi- re, de deux tiges & de deux clefs. La principale pièce , Fig. ^6 , 8c 38 , doit avoir neuf pouces & demi de longueur , fur trois pouces & demi de largeur , feize lignes d'épaifleur à l'endroit du conduit, & dix lignes au plus mince : ce conduit doit avoir neuf lignes de large au moins , & être fouillé par deflâus pour pouvoir placer fextrêmité des doigts de celui qui le tient. Au milieu de la largeur , & à vingt- trois lignes des bouts , font percés deux trous ou mortaifes de dix lignes quar- rées , dans lefquelles paffent les tiges : au-defTus de ces trous & en fens con- traire , c'eft-à-dire , fur la largeur de la pièce font percées deux mortaifes qui font difpofées pour recevoir des clefs, lefquelles ferrent & arrêtent les tiges ainfi qu'aux trufquins. Il faut obferver que celle de derrière Vig. 38 eft en de- dans de la tige , & fautre en dehors , afin qu'elles ne nuifent point à l'ouvrier pour tenir le bouvet , ce qui arriveroit fi elles étoient difpofées autrement. Les tiges doivent avoir fept à huit pouces de longueur , fur onze lignes en quarré : une de leurs arrêtes doit être abattue en champfrain , f une en defiùs & fautre en deflous , afin qu'elles ne bleflènt point la main ; on doit avoir loin qu'elles entrent jufte dans leurs mortaifes, auxquelles on obfervera de kiifer plein l'an- gle quifera abattu aux tiges, & qu'elles foient percéesbien perpendiculairement, afin Section IV. Des Outils propres aux Ravalements , SCc. 73^ afin que les tiges foieiit bien parallèles entr elles & à angles droits avec les pièces : le bout des tiges eft aiTemblé à tenon double dans la pièce du devant, P & on aura foin d'y faire un arrazement de chaque côté , afin qu'elle porte éga- lement des deux côtés. Foyeila Fig. 37, laquelle repréfente la coupe d'un bouvet de deux pièces. La pièce du devant doit avoir neuf pouces de longueur, afin que l'autre la déborde de trois lignes par chaque bout , ce qui eft néceffaire afin de pouvoir la frapper avec le marteau pour l'ouvrir : fa largeur doit être de deux pouces huit lignes moins la faillie de la languette , de forte que le defilis des deux pièces affleure , & qu'il y ait environ une ligne de jeu entre le defiius de la féconde & le defllis du ccyiduit de la première pièce : pour Tépaifleur de la féconde pièce , elle doit être déterminée par celle de la languette , plus par celle de la joue , qui doit être de fept à huit lignes , ainfi que je l'ai déjà dit. Pour ce qui eft des languettes , elles font de deux fortes, les unes de bois, & les autres de fer. Les premières ont depuis trois jufqu'à fix ou huit lignes d'épailTeur, & fonc prifes dans le même morceau que la féconde pièce , laquelle doit être d'un bois liant & dur , afin qu'il puiffe réfifter à la preffion du fer ( Foyc^ les Fier. ci-delîùs). Les fécondes font faites de lames de fer , lefquelles font attachées fur la pièce ou joue , ce qui eft la même chofe , avec des vis ou des clous rivés : ces languettes font ordinairement de deux pièces , mais qui font féparées par la lumière ; il feroit beaucoup meilleur de les faire d'un feul morceau , dans lequel on feroit une entaille à l'endroit de la lumière , & qui s'atta- cheroit par deffous la pièce avec des vis dont les têtes feroient arrafées. ( Fig. 40 & 41). On fait auifi des languettes avec du cuivre ; mais celles de fer leur font pré- férables , parce qu'elles s'échauffent moins , & par conféquent tiennent moins dans le bois. En général les languettes de fer ou de cuivre faillent le defiâus de la pièce de fix à fept lignes ; pour leur épaiifeur , elle varie depuis trois quarts de ligne jufqu'à deux lignes : la pente de la lumière des bouvets doit être de quarante-cinq à quarante-huit degrés. On la place à cinq pouces du derrière de la languette en deffous , ce qui eft la même chofe pour tous les ou- tils de moulures , & 1 on doit avoir loin qu'elle déverlè un peu en dehors Le fer des bouvets de deux pièces, ainfi que des autres ( Fig. 42 (5 43 ) doit être le plus mince poflTible, fur-tout ceux qui font au-defltis de trois lignes de largeur : on doit avoir foin qu'ils foient affïités à vif des deux côtés , & qu'ils dé- bordent un peu l'outil , lequel doit être lui-même bien parallèle avec la principale pièce ou conduite ; il eft cependant bon qu'il ouvre un peu plus du derrière que du devant, afin qu'il foit plus doux à conduire. La largeur du fer doit diminuer un peu par le haut , afin qu'il ne tienne pas dans le bois; Menuisier. 'j \ M -A ■a m XVI. 74 MENUISIER,!. Pan. Chap. V. — & l'on doit avoir foin qu'il foit bien placé dans fon fût, afin qu'il ne foit pas Planche fujet à fuir*. On doit avoir foin de bien arrondir toutes les arrêtes des bouvets , ainfi que de tous les autres outils , afin de les rendre plus aifés à manier. Pour ce qui eft du bois propre à faire les bouvets de deux pièces , il doit être ferme & fec ; c'eft pourquoi le cormier eft préférable à tout autre. Les bouvets de deux pièces à vis , ne différent de ceux dont je viens de parler , qu'en ce que leurs tiges ne font pas arrêtées à demeure dans la pièce de devant , mais feulement avec des vis , lefquelles les ferrent & arrêtent par le moyen d'un écrou qui eft placé dans le milieu de l'épaiflèur de la tige. Le haut de ces vis eft garni d'un collet d'environ neuf lignes de diamètre , lequel porte fur une plaque ou rondcUç de fer , qui empêche qu'en ferrant la vis , ce collet n'entre dans le bois : leur tête eft percée à jour en forme de piton , afin de pouvoir les ferrer plus commodément ; il faut que les tiges entrent de deux à trois lignes dans la pièce de devant , en obfervant de faire un arrazemcnt au pourtour , afin qu'elles portent bien quarrément. ( F^g- 39 )• Ces fortes de bouvets font très-utiles, parce que non-feulement on peut y placer des joues de différentes groffeurs de languettes , mais encore des gorges de toute efpece , & autres outils propres à fouiller & ravaler le bois ; de plus ils épargnent de faire un grand nombre d'outils , lefquels font fouvent par la grolTeur de leurs fûts , rudes & difBciles à mener ; c'eft pourquoi toutes les coupes d'outils à joue qui font fur cette planclie, font difpofées de cette manière. Il eft des bouvets de deux pièces auxquels on ne met point de clefs , mais feulement deux vis , lefquelles font arrêtées par des écrous dans le delfus du bouvet , & en les ferrant font prelfion fur les tiges , en obfervant de mettre entr'elles & ces dernières , un petit morceau de fer mince , lequel eft arrêté dans la mortaife , & empêclie le bout de la vis d'entrer dans le bois. ÇFig. 39). Il eft encore une autre manière de ferrer les tiges des bouvets , qui eft de faire la principale pièce de deux morceaux joints enfèmble à rainures & lan- guettes , & de placer les tiges diagonalement au milieu de ce joint , que Fon a foin de faire un peu creux lur fà longueur , & de le faire porter également des deux côtés ; enfuite de quoi on le ferre avec une forte vis qui eft placée au milieu de fa longueur , & laquelle palTe au milieu de fon épaifîèur , & eft arrêtés dans la partie du bas avec un écrou. (Fig. 47 & 48). On fait aulîl des bouvets de deux pièces , cintrés tant fur le plan que fiir l'élévation, qui ne différent en rien des premiers qu'en ce que le conduit ou bien le deifous de la joue de devant eft cintré. Il eft encore une autre elpece de bouvet que l'on nomme bouvet à noix , lequel ne diffère des autres dont j'ai parlé ci-deifus , que parce que la languette de la pièce du devant eft arron- die. Ce bouvet fert à faire des noix ou rainures creufes pour les croifées & au- * En terme d'ouvriers , on dit cju'un outil a/ui lotfqu'il fe dérange de fa place , & qu'il ne fe poulTe pas bien parallèlement. Section IV. Des Outils propres aux Ravalements , ôCc- 7; très parties ouvrantes : il a de largeur depuis qilacre jufqu'à huit lignes , & . ' ^ une ligne de plus de profondeur qu'il n'a de largeur : fon fer doit être alTùtc Planche des deux côtés , pour l'empêclier de fuir. ( Fig. 44 , 45 (& 46). X \ 1. Les bouvets de deux pièces fe pouffent à un homme feul ; mais lorfque les fers des bouvets ou des gorges font trop gros , on fe met deux à les pouffer , fun derrière , lequel le tient & le conduit , & fautre devant , qui le tire de la main gauche par la tige , & de la main droite par le bout de la vis , ou par une cheville que Ton place dans la joue de devant. Le guillaume eft compofé d'un fût, d'un fer, & d'un coin: le fût a ordi- nairement quinze à feize pouces de longueur , fur trois pouces & demi de lar- Planche geur , & un pouce ou quinze lignes d'épaiffeur , par deffous lequel & à envi- ron neuf pouces de fon extrémité, eft percée une lumière , laquelle occupe toute fa largeur jufqu'à environ quinze lignes de hauteur , d'après quoi elle fe termine par une mortaife en forme de coin de quatre à cinq lignes d'épaif- feur : cette lumière doit être d'une pente égale à celle des varlopes , excepté celle du guiUaume de bout , qui doit avoir foixante degrés ; elle doit être le plus étroite pofllble par le bas , c'eft-à-dire , qu'elle n'ait que Fépailfeur du fer & le paffàge du copeau ; enfuite de quoi elle fe termine en rond vers le commencement de la mortaife en forme d'entonnoir , afin que les copeaux fortent plus aifément. Voyei les Flg. r , 2 , 3 , 4 <& 5 , lefquelles repréfen- tent un guillaume vû tant de face , que de plan & en coupe. On doit faire cette lumière un peu creufe fur fa largeur , afin que le fer porte bien fur fon extrémité ; cependant il faut éviter de la faire trop creufe , parce qu'alors le fer relevé du bout , au lieu de porter comme il paroît natu- rel qu'il falfe, & que pour peu que fon ferre le coin , on fait fendre le guil- laume. Pour ce qui eft du coin , il n'a d'épai/feur que quatre à cinq lignes , qui eft la largeur de la lumière ; il faille le deffiis du guillaume d'environ deux pouces , & on y fait une encoche par le haut pour le retirer , ce qui eft mieux que de frapper fur le champ du guillaume , & le bas vient fe termi- ner ep pointe le plus bas poffible, afin que le fer tienne mieux. {Voyei Fig. 6 Le fer d'un guillaume eft fait en forme de pêle à four ; il doit être bien quarré , un peu aifùté fur les rives , & défaffleurer un tant foit peu le fût de chaque côté. ( Fig 8 (5 9). Le guillaume cintré tant furie plan que fur l'élévation, ne diffère de ceux dont je viens de parler, qu'en ce qu'ils font plus courts , & que celui en plan eft d'une forme femblable à celle d'une navette ; c'eft pourquoi on l'appelle guiUaume h navette. Voyez les Fig. 2 , IG , 1 1 cS" 12 , où font repréfentées tou- . tes les efpeces de guillaumes , tant de bout que cintrés. Les bois ainfi préparés , on y fait les affemblages , c'eft-à-dire , les tenons & les mortaifes , les rainures & les joints^ 75 MENUISIER,!. Pan. Chap. V. Avant de faire les tenons , on fcie les atrazements ; pour cet effet on prend ^x'v'll" morceau de bois de trois à quatre pouces d'épai/feur , fur lequel eft attaché xin taffeau contre lequel s'appuye le bois que l'on veut fcier : ce morceau fe ■nomme entaille à /lier les arrar^ements , lequel s'arrête fur l'établi avec le valet ; enfuite de quoi on enfonce dans le bout de cette entaille un fermoir ou cifeau , lequel fert à retenir le bout de la traverfe , & à foulager l'ouvrier , lequel la twat appuyée contre l'entaille de la main gauche , & fcie l'arrazement de la droite , ce qu'il doit faire le plus d'àplomb qu'il fera poflible , afin que le joint -porte également par-tout. La fcie à fcier les arrazements n'a de longueur que vingt-deux pouces ou deux pieds , il y en a même de plus petites pour les petits bois & autres menus ouvrages , lefquelles fe font avec des relTorts. En général la denture des fcies à arrazements doit être peu inclinée , afin qu'elle foit moins rude, & on doit lui donner peu de voie. ( Fig. rj). Les arrazements fe fcient en travers de l'établi , cependant un peu incliné «n remontant du côté du crochet , afin de ne pas nuire à fon camarade : il efi encore une fcie à fcier des arrazements , que l'on nomme fcie à arroger , la- quelle eft compofée d'un fût d'environ neuf à dix pouces de longueur , fur -lequel eft attachée une lame de fcie de même longueur : cet outil fert à fcier -les arrazements des portes emboîtées & autres tenons d'une grande largeur , en l'appuyant contre une tringle de bois que l'on attache le long du trait. < Fig. 14). Mais en général une fcie ordinaire fait la même chofe lorfqu'elle eft bien drelfée. Les tenons & les enfourchements fe font à la fcie ; autrefois on les faifoit au cifeau , & on réparoit enfuite au guillaume & au rabot , ainfi que les enfour- chements que l'on faifoit au bec-d'âne , & que l'on réparoit au cifeau. La méthode de faire les tenons à la fcie eft préférable , non - feulement parce qu'elle eft plus prompte , mais encore parce que le fciage rend le tenon rude & cotonneux , ce qui fait qu'il tient mieux dans la mortaife : il n'y a donc que les tenons d'une très-grande largeur qu'on doive faire au cifeau. Pour ce qui eft des enfourchements , après avoir donné deux coups de fcie des deux côtés à la profondeur nécellîrire , on vuide le bois qui refte entre deux avec un bec-d'âne , & on le recalle * avec un cifeau. La fcie à tenons doit avoir vingt-fix à vingt-huit pouces de longueur ; l'in- clinaifon de fes dents doit être entre celle de la fcie à débiter , & celle à fcier les arrazements : on doit y donner une voie raifonnable , & avoir foin que fa denture Ibit très-droite. Quand on veut faire des tenons , on commence par arrêter les traverfes ou les montants fur l'établi avec le valet, de manière que le tenon forte dehors tout-à-fait , & qu'il regarde le crochet le plus qu'il eft poffible , enfuite on prend le bras de la fcie de la main droite par le côté du fer que l'on pofe fur le * En terme d'ouvriers , on entend par recdkr , unir & drefler un -tenon ou une mortaife avec le cilcau : on dit audi malkr les coupes &■ (ei onglets. bois Section IV. Des Outils propres aux Ravalements , ôCc. 77 bois vers les deux tiers de fa hauteur , & que l'on appuie contre le pouce de la ..... main gauche , pour commencer le trait ; après quoi on joint la main gauche au Planche bras de la fcie du côté de la corde , & l'on fcie les deux côtés du tenon diago- nalement, c'eM-dire , depuis le bas jufqu'à l'arrazement , en obfervant de ne pas prendre le trait , mais de pafTer à côté. Quand le tenon eft ainfi fcié d'un côté , on le retourne de l'autre , & on fait la même opération jufqu'à ce que les deux côtés tombent d'eux-mêmes. Lorfqu'on fcie les tenons , on ne doit pas refter à terre , c'eft-à-dire au niveau du bas de l'établi , mais au contraire s'élever de cinq à fix pouces , parce qu'étant ainfi élevé on fe fatigue moins , & on a plus de force. Les outils pro- pres à faire les mortaifes , font les bec-d'ânes de toutes groffeurs , le maillet & le cifeau. Le bec - d'âne eft un outil de fer , qui a de longueur depuis fix jufqu'à neuf ou dix pouces , & de largeur depuis cinq lignes jufqu'à neuf ou dix , félon les diiTérentcs épaiffeurs, lefquelles font depuis une ligne jufqu'à neuf ou dix, comme je l'ai dit plus liaut. Le bec-d'âne eft emmanché d'un manche de bois de frêne ou de charme , de cinq à fix pouces de longueur , & d'une grof feur relative à celle de l'outil : on doit avoir foin qu'il porte bien également fur la bafe , afin que les coups redoublés que l'on frappe deftus ne le faifent point ployer. Pour qu'un bec-d'âne foit bien fait , il faut qu'il ne foit pas trop large , & qu'il diminue un peu fur fon épaiffeur , fans cependant être trop dé- gagé , ce qui eft un défaut ( Kuyq les Fig. 16 & ij). Quant au choix de ces outils , il eft très-difficile à faire , parce qu'on ne peut les connoître parfai- tement que par l'ufige. Cependant on doit rebuter ceux qui font fufceptibles de pailles & d'iné- galités le long de leurs tiges , fur-tout à fendroit où l'acier eft joint au fer ; on doit auffi prendre bien garde fi l'acier & le fer font bien joints enfem- ble , parce que quand une fois il commence à fe lever , il n'y a aucun moyen de le fixer , & qu'il fe levé tout le long. On doit aulFi prendre garde que la tige ou pointe qui entre dans le manche , foit bien faite & d'à-plomb du refte de l'outil ; les bec-d'ânes ont encore le défaut d'être trop fecs ou trop mous ; il vaut cependant mieux qu'ils foient fecs , parce que ce défaut fe corrige par l'ufage , au lieu que l'autre ne fait que s'augmenter. Quand on veut faire des mortaifes , on commence par affurer le ba'tant fur l'établi avec le valet , & le plus proche des pieds qu'il eft pofhble , afin que les coups que Ton frappe aient plus de force ; enfuite on prend le maillet de la main droite & le bec-d'âne de la gauche , le bifeau tourné vers le bouc de l'établi , & l'on commence la mortaife en frappant d'abord d'à-piomb, puis en pente en revenant à foi pour approfondir la mortaife & enlever le copeau : quand elle eft alFez profonde , on le retourne en fens contraire , c'eft-à-dire , le bifeau devers foi , puis on l'enfonce d'à-plomb en commençant le bas de Menuisier. V 78 MENUISIER,!. Pan. Chap. V. ' -'■ la mortaife , & en reculant jufqu'à ce que l'on fcit au bout. Il faut obferver Planche de ne pas prendre trop de bois , de mouvoir le bec-d'âne dans la mortaife ^ ^' à chaque coup que l'on frappe , & d'en tirer le copeau en même temps : il faut auflî de temps en temps avoir foin de tremper le bec-d'âne dans une boëce à la graiffe que l'on a à côté de foi &r fétabli, afin qu'il tienne moins dans la mortaife. ( Fig. 15). Quand la mortaife eft ainfi fouillée , on la vuide avec un bec-d'âne plus mince, ou bien lorfqu'elle eft étroite, avec un bec-d'âne crochu, (Fig. 18 ô 19) , ce qui fe fait aux mortaifes de petits bois : quand les mortaifes paflènt au travers des bois, on les fonce d'abord jufqu'à la moitié , & on les retourne enfuite afin de les percer plus jufte : il faut auifi avoir foin en faifant les mor- taifes , de mettre le parement de l'ouvrage devers foi , & la plus grande lon- gueur du battant par derrière , lur-tout aux mortaifes des bouts , afin de chaf- fer le bec-d'âne fur répaulement& non fiir l'arrazemcnt : cette obfervation eft eftentielle , fijr-tout pour les mortaifes des croifées. Celui qui fait les mortai- fes , doit fe tenir droit devant fon établi , la jambe gauche un peu en avant , & le corps éloigné du bec-d'âne le plus qu'il fera poflible ; quand les profils font d'une certaine longueur , on coupe la moulure d'onglet , & on fait à fen- droit de la mortaife une entaille de la profondeur de la barbe , & de la largeur de la traverfe , laquelle diminue la profondeur de la mortaife , & rend f af- femblage plus jufte. Voye[ les Fig. 2.0 ô 21 , lefquelles repréfentent deux ou- vriers qui font, l'un des tenons , & l'autre des mortaifes. ' = Quand les alfemblages font faits , on commence par épauler les tenons tant f c H E du côté de la rainure que de l'autre côté ; enfuite on raine l'ouvrage , ou l'on y fait des feuillures félon qu'il eft néceflàire , ce qui fe fait avec le bouvet ou le feuilleret , ainfi que je l'ai déjà dit ; après quoi on joint les panneaux , ce qui fè fait avec des outils nommés bouvets , lefquels font de deux efpeces , favoir , ceux qui font deux pièces d'outils féparés , & qui font propres à joindre du bois depuis un pouce d'épaiiîèur juiîqu'à quinze ou dix-huit lignes , & les au- tres dont les deux pièces n'en font qu'une feule , & dont les languettes font de fer ; ces derniers font propres à joindre du bois depuis trois jufqu'à neuf lignes d'épaiifeur. Les fûts de la première elpece de bouvets , ainfi que ceux de la féconde , doivent avoir neuf pouces de longueur au moins , ( leur en donnant quelque- fois jufqu'à dix ou onze félon qu'ils font deftinés à joindre du bois de forte épaiflèur ) , lur trois pouces & demi de large : leurs lumières font dilpofées ainfi que celles des autres outils à fûts dont j'ai déjà parlé , tels que font les feuillerets , les gorges , &c ; quant à leur pente , elle doit être de cinquante degrés : on doit avoir grand foin que les joues des deux bouvets foient bien égales , c'eft-à-dire , que la diftance qui eft entre le fer & la joue du bouvet qui fait la rainure , foit égale à la largeur du devant du fer du bouvet qui Section IV. Des Outils propres aux Ravalements , ôCc. 7p fait la languette , non compris ce qui entre de ce fer dans le fût de l'outil. = On doit auffi avoir grand foin que les languettes foient bien juftes , parce que ^ ^ j j" ^ quand elles font trop fortes, elles font éclatter les joues des rainures : on doit aufTi faire attention que les languettes portent bien au fond des rainures , afin que quand elles font découvertes , comme dans le cas des plates-bandes ou d'au- tre élégiffement, on ne voie pas le jour au travers; il ne faut pas non plus trop abattre l'arrête des rainures pour y donner de l'entrée , fur-tout dans les bois minces , parce que cela ôte la folidité du joint , en l'empêchant de porter également , & que les cavités que forment les champfrains font fujettes à fe découvrir en replaniirantl'ouvrage. (Fig. i , a , 3 6" 4). Pour ce qui eft de ceux dont les deux pièces ne font qu'une , c'eft la même chofe que ceux-ci, ainfi qu'on peut le voir dans les Fig- ^ , 6 & J. Quant aux fers des bouvets , il faut avoir foin qu'ils foient bien juftes , c'eft-à-dire , que celui qui fait la languette entre jufte dans l'autre , & même qu'il y foit un peu fort , fur-tout à ceux d'une forte épailFeur , où il eft bon que les joints ne foient pas trop juftes , ou trop forts , ce qui eft la même chofe. ( Fig. S , ç , to & 11). Pour ce qui eft de la manière de joindre les panneaux , après qu'ils ont été blanchis ou corroyés , félon qu'ils font plus ou moins épais, on commence par les drefter & les mettre de largeurs égales , en obfervant d'expulfer toute ef- pece d'aubier , de fentes & de nœuds , enfuite de quoi on les établir félon les différentes largeurs qu'ils doivent avoir, & on doit prendre la précau- tion de mettre les planches d'une même couleur enfemble , les plus étroites (que l'on nomms alai/es) au milieu , & les rives les plus tendres dans les joints ; après qu'ils font ainfi établis , on fait les joints en commençant par faire les rainures , puis on fait les languettes après avoir pris la précaution de préfen- ter la planche où on a fait la rainure fur celle où Ton veut faire la languette, pour voir fi elles font bien droites toutes les deux , puis on fait la languette ; & quand le bois eft épais , on abat le derrière de la languette en champfrain avec la demi-varlope , afin que le bouvet foit moins rude à pouffer : quand le bois eft rude & très-épais , on fe met deux pour le pouffer , ainfi que je l'ai dit en parlant des bouvets de deux pièces , mais tant que Ton peut être feul , l'ouvrage n'en eft que mieux. Il faut aufli avoir foin que les joints foient bien droits fur la largeur des plan- ches , & qu'ils portent bien des deux côtés , quand même fouvrage ne feroit qu'à un parement , parce que les joints ainfi bien approchés , empêchent fair d'y pénétrer , & par conféquent de faire tourmenter les panneaux. Après avoir fait les joints avec toutes les précautions dont j'ai parlé ci-de(Tiis , on les colle , & pour cet effet on défaffemble les planches les unes d'avec les autres , anrès les avoir numérotées , afin de ne pas confondre les planches d un panneau avec celles d'un autre ; puis on chauffe les joints afin que la chaleur failànt ouvrir les pores du bois , le dilpofe mieux à prendre la colle , laquelle 8o MENUISIER,!. Pan. Chap. V. '•■ les trouvant ouverts s'y agraffe & retient les joints ; il faut cependant faire at- V I II ^ '^'^"""■^ l"'^ "'^ foient pas trop chauds , parce qu'alors ils font fécher la colle trop proraptement , & f empêchent de prendre : quant à la colle, elle ne fauroit être trop chaude , parce que la chaleur en rend toutes les parties plus fines & plus fubtiles , & par conféquent plus propres à pénétrer dans les pores du bois. La colle dont fe fervent les Menuifiers, fe nomme colle forte , laquelle eft de deux fortes, favoir celle d'Angleterre & celle de Paris ; ces deux efpe- ces de colles font faites avec des nerfs & des pieds de bœufs que l'on fait bouil- lir & réfoudre en gelée, enfuite de quoi on la moule par tables de huit à neuf pouces de longueur , fur cinq à lîx de largeur , & deux à trois lignes d'épaiffeur; &lorfqu'elle cft bien féche & qu'elle eft d'une bonne qualité, elle eft auffi dure & auffi fragile que le verre. Celle d'Angleterre eft la meilleure , non-feulement parce qu'elle fait moitié plus de profit , mais encore parce qu'elle tient mieux , & que fa couleur étant d'un jaune clair , fait qu'elle ne paroît pas dans les joints, lorfqu'ils font bien faits , au lieu que celle de Paris n'eft pas fi forte , qu'elle eft d'une couleur noire & boueufe , & qu'elle paroît toujours dans les joints quelque bien faits qu'ils puifFent être. Quand on veut fiire fondre la colle , on commence par la cafter par petits morceaux, & on la met tremper dans de l'eau pendant cinq à fix heures , en- fuite de quoi on la fait fondre fur le feu dans une marmite ou chaudron de cui- vre ; il faut obferver de n'y point mettre trop d'eau d'abord , parce qu'elle lui ôteroit fa qualité : il faut auflî avoir foin de la remuer avec un bâton à mefure qu'elle fe fond, & lorfqu'elle eft tout-à-fait fondue, on la fait bouillir à pe- tit feu afin de la faire recuire : il ne faut jamais quitter la colle lorfqu'elle commen- ce à bouillir , parce que dans ce temps la force de la chaleur la fait moufl'er & la poufté hors du chaudron , ce qu'on empêche en y verfant un peu d'eau fraî- che iorfquelle eft prête à fuir. La coUe eft facile à fe tourner & à fe corrom- pre lorfqu on la fait fondre; c'eft pourquoi les hommes fculs font propres à cet ouvrage. La colle fe vend à la livre, & les Menuifiers qui ont beaucoup d'ouvrage ont foin d'en faire provifion, afin qu'elle foit toujours bien feche ; lorfqu'on veut la faire fondre , on doit avoir foin de n'en pas trop faire fondre à la fois, c'eft-à-dire , qu'il ne faut pas en avoir de fondue de plus de huit jours, fur- tout en Été , parce qu'elle fe moifit & perd de fa qualité. On la fait chauf- fer dans un pot de cuivre , lequel a trois pieds & un manche de fer : les pieds doivent être évafés pour lui donner de l'affiette, mais non pas crochus & re- levés par les bouts , parce qu'étant ainfî difpofés ils font fujets l emporter du feu avec eux , & à le faire tomber dans les copeaux, ce qui eft fort à crain- dre. Les Ébéniftes fe fervent d'un pot à colle à double fond, dans le pre- mier defquels ils mettent de l'eau , & de la coUe dans l'autre ; cette manière de Section IV. Des Outils proprés aux Ravalements , SCc. 8r chauffer la colle fk. nomme au bain-Marie , & eft très-commode , parce - '■ que l'eau étant bien chaude , entretient plus long-tèmps la chaleur de la colle , ''^ y^^j j j" ^ & l'empêche defe brûler au pourtour du pot. ( Fig. la & 13 ). Quand la coUe eft chaude , on l'étend fur les joints avec un pinceau ou broffe faite de poils de lànglier , lequel doit être plus ou moins gros félon les diffé- rents ouvrages. Voye[ les Fig. 14 & ly. Enfuite on approche les joints, & on les frappe avec le maillet ; quand il y a plufieurs joints , & qu'on craint de les gâter avec le maillet , on les retourne & on les frappe fur l'établi , ce qui fe fait en levant d'abord un bout de panneau & le faifant tomber d'à-plomb & avec violence fur l'établi ; enfuite on en fait autant à f autre bout , ce que l'on continue de faire jufqu'à ce que les joints foient parfaitement en place : enluite on les met à plat fur l'établi où on les arrête avec des valets & des barres qui les prennent dans toutes leurs longueurs , & on les ferre avec des fergents. Les fergents font des outils de fer , lefquels font compofés d'une barre ou verge de fer , dont le bout eft recourbé & en forme de crochet ou de mantonnet , lequel pafle dans un autre morceau de fer que l'on nomme la patte du fergent , laquelle glilîe le long de la tige , félon qu'on le juge à propos : le bout de cette patte eft recourbé en forme de mantonnet , ainfî quel'autre bout de la tige, & eft rayé parle bout à peu-près comme une lime , afin quelle ne gliffe pas lorfqu'on la ferre , mais qu'au contraire elle s'arrête fur le bois. La mortaife ou œil de la tige , doit être le plus jufte poflîble , fur-tout fur la largeur , & être faite un peu en pente en dedans de la patte du côté du mantonnet , afin que quand le fergent eft ferré , il foit toujours à angle droit avec fa tige , du moins le plus qu'il eft poffible : le bout eft refoulé , afin que la patte ne forte pas. ( Fig. 16 ). Cet outil fert à faire joindre & approcher les joints , tant des panneaux que des a/Ièmblages : on le ferre en frappant fur fà patte avec le maillet en deflbus de la tige , & on le deftèrre en frappant cette dernière en deflus avec le marteau , c'eft-à-dire en fens contraire. La longueur des fergents varie depuis dix-huit pouces julqu'à fix & même huit pieds de longueur ; pour leur largeur de tige , elle doit être depuis neuf lignes jufqu'à un pouce & demi félon les différentes longueurs , & leur épaif. feur doit être les deux tiers de leur largeur : la patte doit excéder le deflbus du fergent de trois à quatre pouces aux plus petits , & de fix pouces aux plus grands : le fer des fergents doit être doux , fans aucune elpece de Ibudure , fur-tout la patte , laquelle doit être forgée avec tout le loin poffible. Il eft bon que les Menuifiers foient bien fournis de fergents , fijr-tout ceux qui ont beaucoup d'ouvriers , ce qui eft très-commode pour accélérer l'ouvrage : il y a des boutiques où il y en a jufqu'à vingt de toutes fortes de longueurs. Menuisier. X Si MENUISIER,!. Pan. Chap. V. " " Quand l'ouvrage eft d'une fi grande largeur qu'on ne peut le ferrer avec des fer- 'vu I ^ S^"" ' °" ^'^ ''""^ tringle de bois , que l'on appelle entaille à ralonger les fergents , laquelle a trois à quatre pouces de largeur , fur huit à neuf pieds de longueur , & un pouce & demi d'épaiifeur au moins , & à l'un des bouts de laquelle eft fait un mantonnet pris dans la largeur du bois , laquelle fert à ferrer l'ouvrage : de l'autre côté de fa largeur , & en fens contraire , font plu- lîeurs entailles à douze ou quinze pouces les unes des autres, dans lefquelles on place le bout du fergent, lequel fe ferre llir l'autre rive de l'ouvrage. Il faut faire attention que les entailles doivent être faites à angles aigus , afin que le fèrgent s'y arrête & ne fe retire pas. (^Vig. 17). Il eft encore une autre manière de ferrer les panneaux , ce qui fe fait avec des outils de bois nommés ctreignoLrs ( du verbe ctreindre ou ferrer de près ) , lefquels font compofés de deux fortes pièces de bois nommées jumelles , de qua- tre à cinq pieds de long , fiir quatre à cinq pouces de large , & deux pouces d'épaifleur , à fix ou huit pouces des bouts defquelles eft percée une mortaife quarrée d'environ un pouce & demi , laquelle eft au milieu de leur largeur, & dans lefquelles on fait pafîèr une tige de huit à neuf pouces de long. Dans la partie lupérieure des étreignoirs , font encore percées deux ou trois autres mortaifes femblables aux premières , dans lefquelles on pafle une autre tige de même forme & longueur que la première. ( Fig. 18 ). Quand on veut faire ulàge des étreignoirs pour ferrer un panneau , on com- mence par le pafler entre les deux jumelles , & on l'appuye fur la tige du bas; enfuite de quoi on approche lés jumelles fune de l'autre , fur lefquelles le panneau tient très- droit , puis on paftè la tige de deITLis dans la mortaife la plus proche du panneau , entre laquelle & ce dernier , on fait pafler un coin de bois que l'on enfonce à force avec le maillet. Il faut toujours deux étreignoirs au moins pour ferrer un panneau , & même quand il eft d'une certaine longueur , on fait fort bien d'en mettre trois ; au refte l'ufage de ces outils eft très-bon , parce qu'ils ferrent les panneaux fans les meurtrir & fans y faire d'éclats , ce qui arrive quelquefois avec les fergents ; mais encore parce qu'ils les tiennent très-droits, & qu'ils laiflent la liberté de les voir des deux côtés , ce que l'on ne peut pas faire lorfqu'ils font couchés à plat fur l'établi. ( Fig. rç). SectionCinquieme. Des Outils propres aux Chantournements ; de ceux qui fervent à poujjer les Moulures tant droites que cintrées , âC de ceux qui font propres à finir ÔG à pofer l'Ouvrage. ' Lorsque la iVIenuiferie eft fclceptible de contours dans lès traverfes , on ne ^*'xiX,"^ les chantourne ordinairement que quand les aflemblages font faits, lur-tout Section V. Des Outils propres aux Chantournements , ôCc. 83 quand les cintres ont beaucoup de retombée , afin d'éviter qu'ils ne fe caiïènt — en faifant les affemblages. On chantourne les traverfes avec la fcie à tourner , Planche ainfi que je l'ai dit plus haut ; enfuite de quoi on atteint le trait , & on le ^ ^ X' met d'équerre avec le rabot cintré , du moins autant qu'il eft poffible : les endroits des cintres où le rabot ne peut pas aller , fe font avec le cifeau & avec la rape à bois , & fe terminent avec le racloir. La rape à bois eft une efpece de lime , dont les dents font piquées en forme d'un demi-cercle , & beaucoup plus faiUantes que celles des limes pro- pres à limer les métaux : il en efl de différentes efpeces , lavoir , les rudes , lef- quelles font propres aux gros ouvrages ou à ébaucher les autres ; les douces qui fo -.t propres à finir ; celles qui font plates d'un côté & rondes de l'autre , & celles qui font plates des deux côtés , lefquelles font propres à vuiderdes an- , gles : il en eft encore de coudées qui fervent à finir le fond des gorges & autres endroits difficiles. ( FLg. i , 2 , 3 (S' 4 ). Les racloirs font des morceaux de fer plats , ou pour mieux dire d'acier , de deux à trois pouces de long , fiir environ un pouce de large , lefquels entrent en entaille dans un morceau de bois qui fert à les tenir : on alfûte le fer de ces outils à l'ordiaaire , puis avec la panne d'un marteau ou un autre morceau d'a_ cier , on reploie le fil en dedans à contre-fens du bifeau , de forte qu'en le paffant fur le bois , il enlevé des copeaux très-minces , ce qui fait le même effet que le rabot de bout , à l'exception que le racloir polit davantage le bois que ne fait ce dernier. ( Pig. ^ ) Quelquefois on fe fert de fers de varlopes au lieu de racloirs , en les affû- tant comme je viens de dire , ce qui eft la même chofe. Après que les ti'averfes font chantournées , on les raine avec les bouvets cintrés , ou bien lorfque ces derniers ne peuvent pas aller , on fe fert d'un bec-d'âne de la groffeur de la rainure. Avant de pouffer les moulures , on fait les ravalements s'il y en a à faire , en- fliite de quoi on coupe ou recalle les onglets tant des battants que des traver- fes ; puis on ajufte une tringle dans la rainure , laquelle excède en dehors , Sc fert à porter le bas de foiitil. # En général , quoique les outils des moulures foient en fort grand nombre, la manière de les faire & de s'en fervir eft toujours la même : il me fuffira donc de dire que les outils des moulures doivent avoir neuf pouces de lon- gueur, fur trois pouces à trois pouces & demi au plus large, & une épaiffeur relative à leurs formes ; que les lumières doivent avoir cinquante dégrés de pente au moins , & être déverfées en dehors pour faire fortir le copeau , & que leurs fers ainfi que leurs coins , doivent entrer derrière le conduit d'envi- ron une ligne , ce qui eft une règle pour toutes ces fortes d'outils , ainfi qu'on peut le voir dans la Fig. 48 , où la ligne ponéluée indique le fond de la lu- mière , ce qui eft la même chofe pour tous les autres outils. On doit auffi avoir 84 MENUISIER,!. Pan. Chap. V. — attention que les outils des moulures portent non-feulement lîir la tringle que Planche l'on met dans la rainure , mais encore fur le nud du champ , afin qu'ils ne pren- ^ nent pas plus de bois dans un lieu que dans l'autre , & que l'ouvrage profile bien. Pour les outils qui ont deux fers , tels que les doucines à baguettes , & les talons renverfés , on ne les fera diftants l'un de fautre , que de l'épaiflèur de celui de deflus , & on aura foin que l'autre entre un peu derrière , afin que le copeau fe coupe net , & qu'il ne palîè pas entre deux. Pour les outils à dégagement , tels que les boudins , les doucines à ba- guettes , & les talons renverfés , comme fouvent le dégagement de la baguette eft très-mince , & par conféquent ftjet à fe caffer , on en rapporte un à bois de bout , lequel eft de cormier ou de buis , ou bien on les fait d'os ou d'yvoire , ou enfin de cuivre , ce qui eft meilleur : ces fortes de dégagements foutiennent mieux le fer, & l'empêchent de fe cafter. (FiV. 48 ). Pour ce qui eft de la forme des fers & des fïits des outils de moulures , voye^ les Fig. 6 ,j & ^ , qui repréfentent un bouvement fimple; & celles 9, 10 & 11 , un bouve- ment tarabîfcoté ; celles 12 , 13 <§■ 14, un rond entre deux carrés ; celles r j , 1(5 <& 17 , un congé; celles 18 , 19 <& 20,un boudin à baguette ; celles 2r , 22 ê 23 , un bouvement avec quatre ; celles 24 , 25' & 2.6 , un bouvement ou doucine à baguette , ce qui eft la même chofe ; celles 27 , 28 (S" 251 , un talon renverfé avec quarré ; celles 30 , 31 (S' 32, un talon renverfé à baguette ; & celles 33, 34 & 3J, une mouchette à joue ; enfin celles 35, 37, 38, 39, 40 , 41 , 42 , 43 , 44 , 4J , 45 Ê 47 , des rabots ronds , & des mouchettes de différentes groITeurs. Les fers des outils de moulures dont je parle , fe trouvent tout faits chez les Marchands , c'eft-à-dire , qu'il n'y a plus qu'à les affûter , ce qui fe fait d'abord fur le grais ( du moins pour les plus gros ) , & enfuite fur une efpece de pierre que l'on nomras affiloire ou pierre à affiler: ces pierres viennent d'Anjou , du moins pour les meilleures ; on choifit celles qui font grifes, dont le grain eft entre-mêlé de petites paillettes brillantes femblables à de l'argent : les meilleures de ces pierres fe fendent aifément fur leur épaiffeur , de forte que Ton en voit qui n'ont que deux lignes d'épais. Quand ces pierres lont ainfi fendues , on les place fir le champ dans un morceau de bois où il y a plufieurs entailles , dans lefquelles elles font arrêtées avec des coins : ce mor- ceau de Lois fe nomme entaille à affiloire , & s'arrête fur f établi avec le valet; on doit auffi avoir foin de creufer dans le milieu de fa longueur un petit et pace de deux à trois pouces quarrés , & le plus profond poffible pour y mettre de l'eau lorfqu'on s'en fert fur l'établi. ( Fig. 49 ). Quand on affûte les fers des outils de moulures , on doit avoir grand foin de bien ménager les dégagements , afin qu'ils tombent bien à plomb ; que les côtés de ces mêmes dégagements coupent bien fur-tout ; qu'ils regardent le dehors Section V. Des Oat'às propres aux Chantournements , ôCc. 8y dé1idi'fS''â9 l'ôûtil, afin qu'ils ne foicnt pont fujets à fuir. Quant à leurs difiFé- ~ rentes formes & à la grâce qu'il faut leur donner , voyez ce que j'ai dit en par- ''j^ ^ lant dés profils. ( 34 (S/"ra/2f£s)- •V régard'de la manière de les poulfer , c'eft à peu-près la même chofeque pour le feuilleret ; il faut cependant avoir foin d'abattre le devant du bois avec bdemi-varlope , afiri que L'outil n'ait- pas plus de bois à prendre qu'il ne faut, ce qui eft'une diligence, & en même temps ce qui ménage beaucoup les outils! Lopfqu'on f oulfa les moulures , on ai-rête le bois contre le crochet avec le valet , il û'y a que les- petits bois de croifées , qui fe , mettent dans une entaille pour avoir la commodité de les arrondir par-defllis, ce qu'on ne pour- roit faire fi on fe fervoit du valet pour les arrêter : quant à la forme de cette entaille , voyei la FLg. ^o. . _ ; Quand les moulures font pou ffées , on les finit, c'eft-?i-dire , qu'on les dé- — gage y & que l'on arrondit, les talons & les baguettes ( ce qui en termes d'où- ^ ^ " yriers s'appelle relever les moulures ) : les outils propres à cet ufage font les mouchettes à joues , les.gtaias d'orges , lesuSTiducheites de toutes groffçuçs , les; bec-de-canesi les; gorges ,foyilléesj r, o, ^; .„ . , : Les mouchettes fà joues? ne . différent, des ..autres mouchettes, que parce qu'elles ont une joue, ai.ifi que les autres outils de moulures dont j'ai aéja parlé ; au lieu que les autres mouchettes , ainfi que les rabots ronds , nen ont point : quant à la forme des outils dont je viens de parler , voyez ce que j'ai dit pag. 84. - , Les bec-de-canes font des outils qui fervent à dégager le deffbus des talons ou des baguettes lorfque : les mouchettes à joues n'y peuvent pas aller , com- me dans le cas d'un ravalement, ou d'une gorge: ils différent des autres outils de moulures , en ce qu'ils coup.cjit horizontalement, au lieu que les autres cou- pent d'à-plomb , & que leur fer ,oft placé droit ^ans fon fût, ou du moins très-peu incliné ( il y en a beaucoup même qui ne le font , point du tout), toute l'inelinaifon de ce fer,.n'eft que fur fi largeur , c'eft-à-dire , fur FépaiG feur de l'outil , par derrière lequel il fe vuide ; c'efl pourquoi cette pente fe fait en dedans , non feulernent ^jpour^fajfe vuider le copea4 , mais encore pour donner de la prife au, fer. ; ..1 .v.ci r c .. . ., ,„ Comme la pointe des bec-de-cane^ eft très-mince , le bois de leurs fûts ne " peut gueres fubClier long-temps ; jc'reft pourquoi on fait fort bien d'y mettre des femelles de cuivre ou ds'jfe: > .ce., qui eft encore mieux , ainfi que je l'ai dit •ailleurs. Voyei les Fig. 1,2,3,4,5,6(57, lefquelles repréfentent un .bec-de-cane vû- de .tous fens, aiflfi q^e fon fer & fon coin. Les gorges fouillées foj)t[.des ^.eces. de ,bec-de canes , qui ne différent des premiers qu'en ce quejlaur extrémité eft arrondie en forme.de gorge, & qu'elle porte un quarré. Le fer de ces^ outils ne fe trouve point tout fait chez cï.. -' MeNI/ISIEX:-.- ■i'. lueji». ,. Y 86 MENUISIER,!. Part. Chap. V. les Marchands , du moins pour l'ordinaire ; c'eft pourquoi les Menuifiers les font eux-mêmes. Leur ufage eft de fouiller le delTous des talons , pour élargir & terminer le fond des gorges ( Voyei les Fig. 8,9,lO(&ri); mais quand ce font des cadres à plates-bandes , qui ont de ces gorges fouillées , on fe fert d'une gorge ordinaire que l'dh pouffe fur le champ du cadre , en obfervant feulement de le faire vuider en dedans. ( Fby. les Fig. 21 , ai (& 23. Pl. 16 , page 72. ) Il eft encore un outil dont le fer eft placé d'à-plomb , & qui coupe ho- rizontalement , lequel fe nomme guillaume de côté : Ibn ufage eft d'élargir les rainures, & de redreffer celles qui font mal faites. ( jFz^. 12, 13 , 14 Quand les panneaux font bien fecs , c'eft-à-dire , que la colle eft bien prilè , on les met à la largeur & à la longueur qui leur eft convenable , ce qui , en termes d'ouvriers , fe nomme équarrir les panneaux ; enfuite de quoi on y pouffe les plates-bandes , ce qui fe fait avec un outil nommé guillaume à plates-bandes , lequel eft femblable aux autres guiUaumes , à fexception qu'il a un conduit , que la pente de la lumière eft inclinée en dedans fur la lar- geur du fer pour le rendre plus doux & plus propre à couper le bois de bout & de rebours. Il y a deux fers à cet outil , f un qui forme ce qu'on appelle la plate-bande , & f autre le quarré , lefquels font , les deux enfem- ble, environ quatorze à feize lignes de largeur: au-defîus du guillaume, & vers le bout , eft une encoche femblable à celle du feuilleret d'établi , laquelle fert à appuyer la main de celui qui le pouffe. ( Voye\^ la Figure 16 ). Il eft auffi des guillaumes à plates-bandes cintrées tant fiir le plan que fur l'élévation , lelquels ne différent de celui-ci que parce qu'ils font plus courts & cintrés. (Voye^lesPig. 16 , 19 , 20 , 21 , 22 , 23 , 24, 2J <& 26 , lefquelles repréfentent cet outil vu de tous fens avec fes fers. Quand on poulfe les plates-bandes , on doit avoir foin d'abattre l'arrête du bois de la largeur de la plate-bande , ainfi qu'on le fait aux autres outils de moulures. Après avoir poufîe le guillaume à plate-bande à la profondeur néceflàire , on répare le quarré avec un guillaume ordinaire , que l'on affûte le plus quarrément qu'il eft poffible , afin qu'il morde également des deux côtés , & que le côté du fer ne gâte point le quarré. On borne enfuite la hauteur de ce quarré avec un petit feuilleret , dont le conduit n'a de hauteur que celle du quarré. ( Fig. 17 )• Quand le bois des plate-bandes eft trop de rebours , on le reprend à fèns contraire avec un guillaume à adoucir , lequel n'a que huit à neuf pouces de long , & ne diffère des autres qu'en ce que fes arrêtes font arrondies , & que la pente de fa lumière eft d'environ foixante degrés. ( Fig. 18). Il faut avoir foin en pouffant les plates-bandes , qu'elles penchent un peu Section V. Des Outils propres aux Chantourncments , SCc 87 en dehors , afin qu'elles profilent mieux ; il faut cependant éviter d'y donner == trop de pente , ce qui eft un défaut confidérable. P i a n c h e Quand l'ouvrage eft à double parement , on poufle les plates-bandes des deux côtés , en commençant d'abord par le parement , & le mettant eniùite au mo- let par derrière * : on fe fert pour cet effet d'un morceau de bois de trois à quatre pouces de long au plus , où l'on fait une rainure , dans laquelle on fait entrer la languette en l'amincilTant avec le guillaume à plate-bande quand l'ouvrage eft à double parement , ou bien avec le feuilleret à mettre au molet , quand elle n'en a qu'un. Il faut avoir foin de changer fouvent de molet quand on a un grand nombre de panneaux à faire , parce qu'ils s'ufent par le frottement , & que fi on n'en changeoit pas , les languettes devien- droient trop fortes. Le feuilleret à mettre au molet n'a que neuf à dix pouces de long; fon fer eft .en pente en dedans , ainfi que celui du guillaume à plate-bande , & a fept lignes de largeur depuis le nud du conduit. ( Figures 37 28 ). Après avoir poulie les plate-bandes autour des panneaux , on les replanit , c'eft-à-dire , que l'on ôte toutes les inégalités , ce qui fe fait d'abord avec un ra. bot à grand fer , enfuite avec un autre rabot dont le fer prend moins ; puis on le finit avec le rabot de bout. Après que les panneaux ont été replanis avec les rabots , ainfi que je viens de le dire , on les termine avec le racloir , le- quel fert à les polir ; mais on ne doit faire ulàge de cet outil qu'aux bois d'un grain ferme & ferré , & qui font extrêmement fecs ; car pour ce qui eft des bois gras , & qui font un peu verts , au lieu de les polir , il ne fait que les rendre rudes & cotonneux. Quand on a fini les panneaux , on aflèmble l'ouvrage , c'eft-à-dire , que l'on ~ préfente & ajufte chaque pièce à la place qui lui eft deftinée , & on a foin Planche de préfenter la pièce quarrée à cliaque affemblage pour voir s'ils font bien quarrément , (cette pièce quarrée n'ejl autre chofe qu'un morceau de bois d'en- viron un pied de long, qui ejl coupé bien à angle droit : ( Vig. I ) , ce qui fe fait après qu'on en a recallé les onglets avec le cizeau ou le guillaume , comme je l'ai dit ci - devant. Les cadres & les autres pièces qui font tout d'onglet , fe recallent avec la varlope à onglet , laquelle ne diffère du ra- bot , qu'en ce qu'elle eft plus longue , ayant douze à quatorze pouces de lon- gueur, & que la pente de la lumière eft plus droite , ainfi que je l'ai ditplus haut, page 62 ; quant à là forme voye:;; la Fig. 3 , & pour cet effet on fe fert d'un outil de bois , que l'on nomme bocte a recaller , laquelle eft compofëe de quatre morceaux de bois joints enfemble à angles droits ou d'équerre , ce qui eft la même chofe : un des bouts de cette boëte eft coupé d'onglet , de forte que quand on veut en faire ulàge , on pafîê dedans le cadre que l'on * Par merfre un pameau au molet , on entend mettre fes languettes d'une épaifleur égale à (.elle de la rainure, de forte qu'elle entre jufte^ dans cette dernière. mmm. -il S8 MrE NU I S 1ER, 1. Pan. Chap. V. — veut ■ recaller , St on l'arrête avec un valet, de manière que le trait de l'ar- P L A N_c H E i-a^ement affleure le dehors de la boëte ; après quoi on recalle le bout du ca- dre qui excède cette dernière avec la varlope à angle , jufqu'à ce qu'elle ne trouve plus de bois à prendre. ( iF/g-. 2). Qua]id l'ouvrage eft ainfi afTemblé , on' mét les panneaux dedans afin de le cheviller & de le fixer ; mais quand il y a des traverfes cintrées , on les al- femble avant de les pouiTer , puis on les profile par les bouts avec une pointe à tracer , après quoi on les défcfTemblé , & on les pOuffè enfuite , c'eft ce qu'on appelle, ^ou^i;;- a la main. Les outils propres à pouffer à la main , font les cizeaux &■ les fermoirs de toutes grandeurs, les fermoirs à nez rond, les gouges de toute efpece , les carrelets ou burins , les petites râpes , les fcies à dégager , tant droites que coudées, celles à découper, & la peau de chien de mer. Les cizeaux 8c 'les fermoirs dont il eft ici queftion , ne différent en rien des autres , qu'en ce qu'ils font plus petits, n'ayant quelquefois que deux lignes de large. (^Fig. 4 & 5). Le fermoir à nez rond eft fait d'une forme biaife par -fon éxtirêniité , ce qui le rend très-commode pour ragréer les mou- lures , & fouiller & vuider les angles. (/^i#.-6^). Les gouges font des elpeces de fermoirs creux , lefquels fervent à creufer & arrondir les moulures ; je dis que ce font des efpeces de fermoirs , parce qu'ils ont deux; bifeaux , & qu'ils s'affûtent tant en dedans qu'en dehors , leur acier étant au milieu de leur épailîèur. Il y a des gouges de toutes groffeurs-, depuis une ligne jufqu'à deux pouces de large : il y en a de coudées en -dë- dans, & d'autres en dehors; il y en aenfin de creufes & de plates, félon les dif- férents befoins : elles s'affûtent fur les arfiloires ainfi'que les fers des outils des moulures, ( Fig. 7, 8. &^). Les carrelets ou burms, font de petits fermoirs qui font reployés à angle droit & évfdés dans le milieu : ils font très-propres à couper & évider les filets. (^Fig. 10). Pour les râpes , j'en ai fait la defcription ailleurs. V^oye^ ce que j'en ai dit, page 83 . Les fcies à dégager font de petits ou- tils de fer, garnip d'un manche dont l'extrémité eft reployée à angle droit, & garnie de dents comme une fcie ; il y en a de différentes épaiffeurs pour faire les. dégagements. plus ou moins forts ; celles qui font coudées font l'office du bec-de-cane dans les cintres. (^Fig. r r & la ). Les fcies à découper font des pe- tits morceaux de fer minces , qui font dentés par un bout , & qui s'affem- blent dans la tige d'un trufquin- ordinaire où elles font arrêtées avec un coin , ou bien elles s'affemblent dans une efpece de trufquin à verge, dont la- tête eft percée d'une mortaife deftinée à les recevoir. {Fig. 13 , 14 , ij' <& 17). Cet outil fert à découper les parties circulaires , à lever le devant des filets & des baguettes, en y ajuftant un fer de mouchette comme dans la /"zV. 14. La peau de chien de mer, fert à polir les moulures tant droites que cintrées; il y en a de douces & de rudes dont on fe fert fuiyant les différentes occa- iions. iv.. — On Section V. Des Outils propres aux Chantournments, ÔCc. 89 On fe fert auffi pour pouffer les moulures cintrées, de petits outils nom- laés fabocs , lefquels ne différent des autres outils de moulures que parce qu'ils Planche font cintrés & beaucoup plus courts , n'ayant quelquefois qu'un pouce de long ^ ^ ^• de chaque côté du fer. L'ufage de ces outils eft très-commode , parce que non- feulement l'ouvrage eft de moitié plutôt fait , mais encore parce qu'il eft beau- coup mieux , les moulures pouflees à la gouge , quelque bien faites qu'elles puiffent être , n'étant jamais auffi parfaites que celles pouffées au fabot. En général on fait des fabots de tous les outils poffibles , de forte qu'il ne refte à pouffer à la gouge que les angles & les contours qui font abfolument trop petits. ÇFig. i6). ^ Lorfque l'ouvrage eft prêt à cheviller, on le ferre avec les fergents , afin d'en faire approcher les joints ; enfuite de quoi on perce avec un vilbrequin Planche deux trous à chaque tenon , lefquels doivent être le plus près de l'arrazement ^ ^' qu'il eft poffible aux traverfes du milieu : pour les traverfes des bouts , le pre- mier trou du côté de la moulure fe perce proche de l'arrazement , & l'autre au milieu du champ , afin que les deux trous ne rencontrent pas le fil du bois , ne le faffent pas fendre; quelquefois on colle les affemblages, mais ce n'e'ft que dans de petits ouvrages , ce qui n'arrive que très-rarement. Les chevilles doivent être de bois bien de fil & très-fec , pour qu'il ne foit point fujet à fe retirer. On les fait rondes ou quarrées , ce qui eft arbitraire : on doit avoir foin qu'eUes ne diminuent pas trop par le petit bout , afin qu'elles fer- rent également dans toute la profondeur du trou : il ne faut pas non plus les trop enfoncer, parce que cela eft inutile , & ne fert qu'à faire fendre le bois : les chevilles ne fe rompent pas , mais on les coupe avec une fcie à che- villes , après quoi on les replanit avec les rabots & le racloir, ainfi que je l'ai déjà dit en parlant des panneaux. Le vilbrequin , Fig. i , eft un outil de bois évidé à peu-près comme un de- mi-ovale , à l'un des bouts duquel eft placée une poignée , laquelle a un tou- rillon qui paffe au travers de la tête du vilbrequin : ce tourillon a à fon extré- mité un bouton qui Fempêche de fortir de cette tête , fon autre bout étant coUé dans la poignée ; à l'autre bout du vilbrequin eft percé un trou quarré dans lequel entre un morceau de bois que fon appelle la boëte : c'èft dans cette boëte que doit s'affembler ou emmancher , en termes d'ouvriers , les mécheS de fer qui fervent à percer le bois , lefquelles prennent différents noms félon leurs différentes largeurs & groffeurs : on les appelle méckes à chevilla groffes ou petites , c'eft-à-dire , qui ont depuis deux jufqu'à quatre lignes de large , fur trois pouces de long : mèches à lumières , celles qui ont la même groffeur que les précédentes , mais qui ont cinq pouces de longamT: mèches à goujons , ceUes qui ont cinq à fix lignes de diamètre, fur cinq à fix pouces de lon- gueur; enfin mèches à vis , lefquelles ont depuis fix jufqu'à neuf lignes de lar- geur , fur dix pouces & même un pied de longueur. Menuisier. 2 50 MENUISIER,!. Pan. Chap. V. < Chacune de ces mèches eft garnie d'une boëte que l'on change & arrête Planche dans le vilbrequin par le moyen d'une cheville ou d'une vis (ce qui eft l3 même chofe ) chaque fois qu'on en a befoin. ( Flg. a, 3 , 4 (§■ J ). La fcie à cheville eft un morceau de fer plat , & recourbé , dont les deux cô-" tés font garnis de dents comme une fcie , à l'exception qu'elles n'ont point d'inclinaifon , & que la voie eft toute en deilûs pour ne point gâter l'ouvrage ; cette fcie eft emmanchée pour pouvoir la tenir, (^^ig. 6). Les outils propres au polàge de l'ouvrage font les niveaux , le plomb , les tire-fonds , les vrilles , la fcie à main , Se les tenailles ou triquoifes ; mais comme la pofe des ouvrages appartient à la defcription de la Menuiferie mobile , je me réferve d'en parler dans ce temps , afin de le faire d'une manière plus in- telligible, yoy. Fig. 7, 8, 9, 1 o , 1 1 6 12 , où font deffinés ces différents outils; CHAPITRE SIXIEME. De la Menuiferie Mobile , de fes Formes , Profils ÔC AJfemMages. Des Croifées en général. • O N nomme Croifées des ouvertures pratiquées dans les murs d'un bâtiment Planche pour procurer du jour & de l'air à l'intérieur des appartements. XXIII. -Qsins ces mêmes ouvertures font placés des chaflis ouventeauxde Menui- ferie , lefquels fervent à les fermer & à recevoir des carreaux ou tables de verre dans des feuillures qui y font pratiquées à cet effet : on nomme aufïi ces chaflls Croifées , ce nom leur étant commun avec leurs bayes. Les croifées prennent différents noms félon leurs différentes formes &. ufiges. Par rapport à leurs formes , on les nomme Croifées éventails ou plein cintre , Croifées bombées aa Jurbaijfées , à impofes ou fans impojîes , Croifées entrefols , à la Manfardc , à coulijfcs double ou fmple , à l' Angloife , à la Françoife; Croifées pleines , ct\\.ts qui portent des volets; dcCroiJées cintrées en plan , celles qui font creufes ou rondes for le plan. Par rapport à leurs ouvertures , on les nomme Croifées à cotes doubles ou Jimples , à gueule de loup , à douane , à champjrain double ou fmple , à noix & à feuillure. Par rapport à leurs profils , on les nomme Croifées à pointes de diamants , à grandes ou à petites plinthes , ci rond entre deux carrés ( ce qui eft le profil le plus ufité ) , à trejjles , à cœurs , à petit cadre : on appelle Croifées à glaces celles dont on a fupprimé les montants dans les chafîis , & qui n'ont que deux ou trois traverfes de petits bois for la hauteur du chalfis. Enfin on nomme Croifées ci doubles parements , celles qui font ornées de moulures après les feuillures , ou qui ont des moulures par derrière de la largeur du petit bois , lefquelles font rapportées avec des vis. s Èc T I o N I. Des grandes Cro'ifées. pr Comme toutes ces différentes efpeces de croifées demandent d'être traitées ; à part, je les diviferai en deux parties. Dans la première , je traiterai de celles jj^^ j"' qu'on appelle grandes , 8c qui portent des volets ; & dans la féconde , de celles qu'on nomme Manjardcs , à l' Angloife , à la Vrançoife , &c. Avant d'entrer dans le détail des croifées , il eft néceflàire de connoître les pièces dont elles font compofées , qui font pour le dormant, les deux battants , la pièce d'appui , la traverfe d'en haut , l'impofte s'il y en a une , & le montant. Pour le chaffis à verre , ce font les deux battants , dont l'un eft nommé battant de noix , & l'autre battant de côte ou meneau , fi c'eft le chaffis à droite , ou bien d'un battant de noix & d'un petit battant nommé communé- ment de gueule de loup ; d'une traverfe d'en haut , d'un jet d'eau , de plu- fleurs traverfes de petits bois, de petits montants , fi les petits bois font afiem- blés à pointes de diamants ; ou d'un grand montant , s'ils font affemblés à plinthes. Voye^ la Pl. XXI II , Fig. 1 , 2 , 3 (5 4 , où j'ai deffmé une croifée avec importe & fans impofte , & dont le nom de chaque pièce eft coté & écrit à la marge. Section Première. Des grandes Croifées. O N doit mettre au rang des grandes croifées toutes celles qui ont depuis s dix pieds jufqu'à douze ou quinze pieds de hauteur , auxquelles pour l'ordinaire Flanche on met des impoftes , afin de donner moins de hauteur , & par conféquent moins de lourdeur au chaffis ; ces croifées ont toujours des volets , ou du moins fi l'on n'y en met pas, on doit toujours les difpofer pour y en avoir. Les battants de dormants de ces croifées doivent avoir deux pouces neuf lignes d'épaifleur , ou deux pouces fix lignes , ou deux pouces .-lu moins , fur quatre pouces ou quatre pouces fix lignes s'il y a des embrafements , & trois pouces s'il n'y en a pas : on doit avoir foin qu'ils défiiffleurent la baye d'un quart de pouce au moins ; quelquefois même lorfque la baye a beaucoup de largeur , on orne le pourtour du dormant en dehors d'une moulure , laquelle règne & vient s'aflèmbler avec le montant de deflus l'impofte. Ce qui détermine la largeur des battants de dormants , font les deux épail^ feurs des volets , plus celle du paneton , lequel fert à porter l'efpagnolette , lequel panneton fe trouvant entre les deux feuilles de volets , les empêche de fe joindre l'un fur l'autre. On doit faire à ces battants une feuillure deffiis l'arrête de devant de cinq à fix lignes de profondeur , fur fix à fept de largeur , laquelle feuillure fert à porter le volet , & on y pouffe un congé , ainfi que fijr l'arrête du chaffis , afin que les deux enfemble forment un demi-cercle dans lequel entre lamoitié de la fiche. On doit auffi y creufer une noix oy rainure d'une forme circulaire pour re- 91 MENUISIER,!. Pan. Chap. VI. - cevoirle chaffis , laquelle aura de largeur les deux cinquièmes deTépailTeur de Ce ^ I. A N c H E rnême chaflis ; on ravalera auffi le champ du battant d'environ une ligne depuis ^"^'^^ la noix jufqu'au congé, afin de faciliter l'ouverture de la croifée. Pour ce qui eft de leurs affemblages , ainfi que de ceux des pièces d'appui & des traverfes d'en haut, ils fe font à tenons & enfourchement ; à moins que par un cas extraordinaire , les traverfes d'en haut ne foient très-larges , alors on y fait des mortaifes. L'épailTeur de ces affemblages doit avoir les deux fep- tiemes de celle du battant , ou le tiers au plus. ( Fig. I & z). Les pièces d'appui doivent avoir depuis trois jufqu'à quatre pouces d'épaiffeur, félon les différentes manières dont font faites les feuillures de la baye : ces feuillures fe font de trois manières. La première & la plus parfaite , efl: de lailTer faillir la pierre de répaiffeut de huit à neuf lignes dans la largeur de la feuillure de la baye , & de faire une feuillure &r la pièce d'appui de la même largeur & hauteur de ce que la pierre excède. (_Fig. 3). La féconde manière eft de faire une feuillure àfappui de pierre qui régne pour la largeur avec celle de la baye fur un pouce ou environ de profondeur , fur l'arrête de laquelle on réferve un liftet ou reverdeau , lequel entre dans la pièce d'appui ; cette féconde manière , quoique plus compliquée que la pre- mière , n'eft pas meilleure ; au contraire elle ne fert qu'à affoiblir la pièce d'appui, & par conféquent fexpofe à fe pourrir plutôt. {Fig. 4). La troifieme enfin, eft de faire à l'appui de pierre une feuillure comme à la précédente , mais à laquelle on lljpprime le reverdeau : cette dernière manière eft la plus vicieufè ; car non-feulement elle affoiblit la pièce d'appui , mais auflï elle favorife l'écoulement des eaux dans l'intérieur des appartements. (Fig')'). Les pièces d'appui doivent affleurer le dormant en parement, & les défaf- flourer par derrière d'un pouce au moins , laquelle faillie patTe en enfourche- ment par deftlis le battant, & eft arrondie: le liftet qui eft entre la feuillure de defliis & l'arrondiftèment, doit être abattu en pente en dehors, afin de faciliter l'écoulement des eaux ; ce liftet doit auffi faillir d'environ trois lignes d'après le battant. La feuillure du deflus doit être peu profonde pour plus de fblidité , & n'a- voir de largeur que depuis le devant du dormant julqu'au devant de joue de l'enfourchement du jet-d'eau : cela donne plus de largeur au liftet , & empêche que la partie reftante de Fenfourchement du jet-d'eau , ne vienne à s'éclatter , ce qu'elle ne peut faire , puifqu'on la fiipprime tout-à fait. Pour l'afl'emblage des pièces d'appui , voyez ce que j'ai dit en parlant des bat- tants de dormants , en obfervant , que quand le tenon n'ira pas jufqu'au derrière de la noix , de réferver dans l'enfourchement une barbe * pour remplir le vuide =*' On nomme harle une petite partie faillante | que font les rainures dans les affemblages des qu'on laifle au fond de l'arrazemenc d'an tenon battants , fur-tout quand elles défaffleutent de ou d\m enfourchement, laquelle remplit levLiide I beaucoup ces derniers. qu'il Section I. Des grandes Croifées. qu'il pourroit y avoir , ce qu'on obfervera à tous les affemblages des dormants en général. Planche Les impolies font des traverfes , lefquelles , ainfi que je l'ai déjà dit, fervent ^ à diminuer la trop grande hauteur du chaffis : elles doivent avoir trois à quatre pouces de hauteur , & défaffleurer en parement les battants de dormant de l 'épai/Teur de la côte réfervée à porter les volets , ( à moins que , comme dans le cas d'une croifée plein-cintre, les volets ne montent que jufqu'à la naiflànce du cintre ; alors elles doivent affleurer les dormants , ) & les ex- céder en dehors de la faillie de fon profil , lequel eft plus ou moins riche , feljn que le cas l'exige. La feuillure de deflous doit avoir fix à fept lignes de hauteur fur l'épaifieur du chaffis pour profondeur , afin que le devant du chaffis & l'impofte affleurent enfemble : celle de de/fus doit être moins haute , & on obfervera pour fa profondeur la même chofe qu'aux pièces d'appui. Les importes s affiemblent à tenon & enfourchement dans les battants de dormants , & on obfervera une joue au-devant du tenon ; l'épai/Feur de la côte n'étant pas fuffifante , on fait au milieu de fimpofte une mortaife pour recevoir le montant de la largeur de la côte , laquelle ne percera pas au travers , mais viendra à un demi-pouce de la feuillure. On fera par le devant de l'impofte une entaille de l'épaiffeur de deux à trois lignes fur la largeur de la mortaife, dans laquelle entrera la côte du montant. F oje^ les Fig 6 , j & ^ , oh les profils , les aifemblages , & les feuillures font marquées féparéraent. Lorfque les croifées font plein-cintre ou furbaiffiées , on place les impolies au niveau du point de centre , ou bien on fait régner le deffius avec le def- fus des importes de la baye , ce qui eft la même chofe ; mais quand les croi- fées font quarrées , après avoir fait le compartiment total des carreaux de la croifée , en y obfervant la largeur des impoftes , des jets-d'eau & des traver- fes , on mettra deux carreaux de hauteur au chaffis d'en haut , fi le compar- timent eft à petits carreaux; & s'il eft à grands carreaux on n'en mettra qu'un, ce qui déterminera la hauteur de fimpofte. Lorfqu'il y aura des impoftes aux bayes de croifées , on fera régner celles de bois avec celles de pierre, quand elle ne feront pas d'une largeur trop-confidéra- ble,foit en continuant les mêmes moulures, ou en les profilant en plinthe (Fig.^). Les traverfes d'en haut doivent avoir la même épaifleur que les battants de dormant , far deux pouces & demi à trois pouces de largeur, & un pouce de plus aux croifées qui font difpofées à recevoir des embrafements. La largeur de ces traverfes eft déterminée , premièrement par celle de la feuillure, puis celle de la gâche de l'efpagnolette , ou par le recouvrement des volets, plus, environ un pouce de jeu pour pouvoir les dégonder. Pour leurs affemblage's , c'eft la même chofe que pour les battants de dormant (Fig. 10 & II). Menuisier. A a 94 MENUISIER,!. Part. Chap. VI. On fait des montants de dormant aux croifées à importe pour plus de foli- dité , & pour donner plus de légèreté aux chaffis d'en haut ; ces montants font de l'épaifTeur des battants de côte, c'eft-à-dire, qu'ils ont l'épaiffeur des chaffis , plus celle de la côte de devant, qui eft de cinq à fix lignes , & celle de la côte de derrière , qui eft de fix à fept lignes , lefquelles prifes enferable font aux environs de deux pouces ou deux pouces & demi d'épailTeur fur la largeur de la côte du battant , fur lequel il vient tomber en paîTant en en- fourchement par deflùs fimpofte. On fait ces montants de trois façons différentes. La première en y pratiquant des feuillures pour recevoir les chaffis qui en- trent dedans tout en vie , c'eft-à-dire , de toute leur épai/Teur. Cette manière eft la plus fimple & la plus commode , fur-tout lorfqu on veut ouvrir le chaf- fis ; mais auffi elle a cette difEculté que f on eft obligé de tenir le montant plus large par derrière que le côté du battant de la largeur de deux feuillures , qui eft de huit lignes pour les deux. Ce défaut eft à la vérité couvert par l'impofte ; mais on s'en apperçoit toujours par la différence qu'il y a entre la largeur des champs des chaffis du haut & de ceux du bas. {Fig. 2 ). La féconde manière eft de faire dans le montant deux rainures de l'épai/Teur du chaffis , & profondes de quatre à cinq lignes , plus la longueur de la noix , ce qui fait en tout huit à neuf lignes , afin que le c'.iaffis étant entré première- ment dans le montant , ait de la refuite pour entrer dans la rainure du bat- tant de dormant. (F/V. 3). La troifiéme enfin , eft de refendre le montant fur fon épaiffi;ur en deux parties , dont celle de derrière , qui par conféquent refte en place , aura d'épaifteur les deux tiers de celle du montant : elle aura auffi deux feuillures de fix lignes de largeur pour recevoir les chaffiis ; & dans la partie de delîus du montant , que l'on nomme pièce à queue , on fera deux autres feuillures de la même largeur que les premières, lefquelles viendront jufqu'à l'épaiffeur de la côte. (jF/g. 4). Ou bien lorfqu'on veut donner plus de Iblidité à la pièce à queue , on fait des feuillures dans le devant des chaffis d'environ fix lignes de profondeur, pour dirninuer celles qu'on fait à la pièce à queue : ces feuillures doivent être très-juftes pour la largeur , afin que le joint du chaffis & de la pièce à queue paroiffe le moins qu'il fera poffible. ( Fig. 5 ). Lorfqu'on fera des pièces à queues aux montants , on pourra fe difpenlèr de faire des feuillures au devant de l'impofte ; mais on les fera par derrière , ce qui facilitera fécoulement des eaux , & qui en même temps difpenfera de mettre les importes & les jets - d'eau de la largeur ordinaire , cette manière donnant près d'un pouce de moins à leur largeur : on aura foin de faire les feuil- lures de la partie dormante du montant , de huit à neuf lignes de profondeur , afin d'avoir de k refuite pour les noix. {Fig. 7 & p). Section I. Des grandes Croîfées. pj torfque les montants font d'une feule pièce , ils s'aflèmblent h tenon & en- - fotircbémâW dans Timpcfte , & à tenon clans les traverfes d'en haut. Lorfqu'il Planche y a des moulures autour du dormant , on poulTe ces mêmes moulures fur la ^ ^ ^• côte de derrière du montant , laquelle s'aiïèmble d'onglet avec la traverfe. Lorfqu'ils ont des pièces à queue , la partie reftante du montant s'aflèmble ainfi que je viens de le dire ; pour la pièce h queue , elle s'aflèmble à tenon dans la traverfe d'en haut , entre en entaille dans l'impofle , & s'attache fur le montant avec une vis. Quand les croifées font cintrées plein-cintre , on eft obligé de faire régner la même largeur des battants de dormant au pourtour de la croifée , & on fait la traverfe cintrée de trois à quatre morceaux que Ton joint enfemble en en- founchement , ou pour plus de folidité à traits de Jupiter : les deux bouts de la traverfe viennent s'affembler à tenon dans l'impofte , ainfi qu'on peut le voir dans hiFL^. i cotée a c. Quelquefois on fait defcendre les deux bouts de la traverfe d'un pied ou en- viron en contre-bas de l'impofte , qui pour lors eft alfemblée dedans à l'ordi- naire ; & on aflemble les deux battants avec les deux retombées de la tra- verfe à traits de Jupiter. {Fig. i. cote bd^. Comme il eft néceflàire que le champ qui refte au battant après le tableau , régne autour de la baye , on fera la feuillure de la traverfe cintrée , pour recevoir le chaiTis du nud du ravalement de la côte du battant , & on feindra pourplus de fymmétrie le congé double au pourtour du chaffis. Quand les croifées plein-cintre ouvriront de toute leur hauteur , on fera une feuillure & un congé aux battants de dormant ainfi qu'à la traverfe (_Fig. 6. cote e g) ; ou bien on fera des noix aux battants , dont on ravalera le devant de deux à trois lignes , afin de donner naifîànce à la feuillure de la traverfe, que l'on fera haute de fept à huic lignes dans le milieu , en fijrbalŒmt le point de centre ( f^oye^ la même Fig. cotée fK). Lorlque les tableaux des croifées feront cintrés , & que les bayes en feront quarrées , on fera le deflîis de la traverfe droit , & on la ravalera de l'épaiflèur de la côte , en paflànt droit au nud du cintre pris du fond de la feuillure. ( J^oye^ la Fig. 8). Les battants de chafl'is différent de largeur félon leurs hauteurs & les difFé- ^ rents profils que l'on employé à la décoration des croifées ; cependant dans cel- Planche les d'une largeur ordinaire , c'eft-à-dire , qui ont depuis quatre jufqu'à cinq pieds ^ de tableau , on donnera deux pouces de champ aux battants de noix , plus la largeur de la noix , & celle de la moulure , ce qui fait aux environs de trois pouces à trois pouces & demi en tout. La noix doit être peu faillante , & plus arrondie lur le derrière que par devant , afin d'éviter le frottement , & de rendre l'ouverture du chaflis plusaifée. Pour ce qui eft des croifées dont la grandeur eft extraordinaire , comme celles p5 MENUISIER,!. Pan. Chap. VI. des appartements d'un Palais , des Orangeries , &c; non-feulement elles différent P , A N r H E des premières en longueur des bois , mais aulTi en épailTeur , les bois des chaf- ^ ^' fis de ces croifées ayant quelquefois deux ou trois pouces d'épaiifeur , fur quatre à cinq pouces de largeur. L'alfemblage des battants à noix doit être placé au milieu de leur épailTeur, 6 en avoir tout au plus le tiers , afin que la joue du derrière , divifée en deux parties égales, foit alTez épaiffe pour faire un enfourchement folid^ à l'endroit des jets-d'eau. Lorfque les bois n'ont pas beaucoup d'épaiifeur , & que l'on craint que la faillie du profil n'excède Tépaiffeur de la joue, on fait un épaulement au de- vant de falfembhge du bout des battants , d'environ trois à quatre lignes , ce qui fauve la difficulté. ( F 'ig. i , 2 , 3 (& 4). Les battants de côte ou meneaux, doivent avoir de la-geur , premièrement , celle de la côte , qui eft de deux pouces & demi au moi is , plus celle du c'.iamp , qui djit être d;puis fix lignes jufqu'à un pouce ( félon la plus ou moins grande largeur des croifées ) ; & celle de la moulure fur l'épailfeur des dor- mants , qui , comme je l'ai déjà dit , doit être de deux pouces & demi ou deux pouces un quart au moins. Pour ce qui efl: des petits battants , ils auront de largeur celle du champ & de la moulure da battant meneau , plus, la moitié de leur épaifi^eur. Quant à l'épailfeur des bois des diafl'S , en général elle doit être depuis quinze jufqu'à vingt lignes , félon que f exige la grandeur des croifées, ou fé- lon ce dont on eft convenu par le devis ou marcaé que l'on a fait. L'alfemblage des petits bois dans les battants de chafTis , fe fait à tenons & mortaifes, lefquels fe placent au nud de la feuillure , afin de ne fe point ren- contrer dans les moulures, (^'g- 7 > 8 "S" 9 )■ Pour les croifées qui ouvrent à doucines ou à cKampfrains , les deux battants de côtes doivent être de même largeur , & avoir d'épaiifeur celle des chaifis , plus , celle de la côte de delfus , ou de defijus félon qu'ils font placés à droite ou à gauche. ( Fig. 8 (S 9). Les battants de côte doivent toujours être aux chaffis à droite, comme les Fig. 7 (g 8 , excepté que par un cas extraordinaire on foit obligé de les mettre à gauche , ce qui n'arrive que dans le cas des portes à croifées ou de perons , dont on doit toujours pouffer devant foi le chaffis à droite en entrant. (F ig. 9). Les ouvertures des croifées à gueule de loup , font préférables à toutes , tant en ce qu'elles font plus folides , qu'en ce qu'elles tiennent les croifées plus clofes , & on ne doit employer les ouvertures à doucines ou à tharapfrains , qu'aux portes croifées , aux croifées qui donnent fur les balcons & fur les ter- laffes, &dans le cas d'une croifée cintrée en plan, dont le creux eft en pa- rement , & dont l'ouverture ne peut pas être à gueule de loup , parce qu'elle ne pourroil pas ouvrir. Quant aux portes croifées, cette ouverture feroir tiop incommode , Section I. Des grandes Croifées. 6j incommode , en ce qu'elle obligeroit d'ouvrir les deux venteaux à la fois pour = entrer ou fortir fur les terraffès , & que quand on feroi: dehors, on ne pour- ^^^"^y j" ^ roit plus les ouvrir. Les traverfes du hau: des chaflis ont ordinairement trois pouces ou trois pouces & demi , & même quatre pouces de largeur fur l'épaiffeur du battant ; & on doit leur donner ces dilïerentes largeurs à raifon de la hauteur & de la largeur du chaffis , fur-tout lorfque les petits bois font alFemblés à pointes de diamants , parce que le roide que l'on eft néceffairement obligé de leur donner , feroit bomber les traverfes fi elles n'avoient pas alfez de largeur. ( Fig. ^ é 6 ). Pour ce qui eft de leurs alTemblages , voyez ce que j'ai dit en parlant des battants. Les jets-d'eau doivent avoir depuis trois jufqu'à quatre pouces de hau- teur , & avoir un pouce & même un pouce & demi de plus épais que le chaffis , afin que cette fiillie étant creufée en douciue , facilite l'écoulement des eaux ; on doit éviter de les faire trop creux, parce que cette manière eft vicieufc en ce qu'elle oblige les eaux à y féjourner plus loig-tenips, ce qui les fait pourrir plus vite : on doit auffi fouiller le deffous du jet-d'eau en forme de larmier, & on obfervera que ce canal excède le quatre de la pièce d'appui de trois lignes au moins. Aux croifées à gueule de loup , on tiendra le jet -d'eau plus lono- de fix lignes au moins, qui excédera le battant de côte, & on abattra cette fail- lie en pente , en venant à rien fur la côte , afin que la croifée puilfe ouvrir aifëment , & que les deux bouts des jets-d'eau fe joigae;it étant fermés , ce qui ne pourroit être s'ils étoient coupés quarrément & à Heur de chaflîs. Les jets-d'eau s'affemblent à tenon & enlourchement dans les battants ; & on aura foin du côté du battant de côte, de faire un dauble eifourchem^nt à la côte du nud du ravalement du battant , fous laquelle palfe le jet-d'eau , & fur lequel la côte vient mourir : ces afiemblages doivent être faits très-juftes, afin d; don- ner plus Je folidité aux chaffis, & en même temps pour empêcher l'eau d'y fé- . journer. Les feuillures de defious des jets-d'eau , doivent avoir de largeur la fiillie du jet-d'eau , plus i'épailîèur de la joue de l'enfourchemetit ( ainfi que je l'ai dit en parlant des pièces d'appui ) fur fept lignes de hauteur , afin qu'il y ait toujours du jeu entre le delfas des pièces d'appui & le deffijus des jets-d'eau. ÇFig. ïo & II). Ce fera la même chofe pour les jets-d'eau & les traverfes des petits chaffis, à l'exception qu'ils feront moins lirges que les premiers , pour donner plus de jour & faire moins de largeur de bois dans la partie de l'irapofte. Les croifillons ou remplifiages de chaffis , fe font de deux manières. La première en divifant la largeur du chaffis par un ou plufieurs rangs de Menuisier, B b p8 MENUISIER,!. Part. CJiap. VI. • montants , & la hauteur par un nombre de traverfes proportionné à la han- Planche teut & à la largeur du chaflîs. XXVI. féconde manière eft de les faire à glaces , c'eft-à-dire , de ne don- ner qu'un carreau à la largeur du chaflis , & de le divifer &r fa liauteur par deux ou trois traverfes félon qu'il eft néceflàire. Les petits bois de la première efpece fe font de deux manières : la pre- mière à pointe de diamant , c'eft-à-dire , que les montants n'ont de lom- gueur que la hauteur de chaque carreau , plus les deux barbes des extré- mités : ils s'afTemblent dans les traverfes des petits bois en enfourchement & en onglet ( Foyei la Fig. 12), ainfi que dans celles des chaffis , & dans les jets-d'eau, à moins qu'il n'y ait point de moulures au pourtour d« chaffis, alors on les aflemble à tenon dans les traverfes & dans les jets-d'eau feulement. La féconde manière eft de les faire à grands montants , c'eft-à-dire, ceux qui vont de toute la hauteur du chaffis , lefquels s'affiemblent en entaille à moitié bois dans les traverfes de petits bois , & à tenon dans la traverfe des chaffis, & dans les jets-d'eau, à la rencontre dei montants & des tra- verfes ; la moulure de ces montants eft terminée par une plinthe , laquelle porte (en quarré) toute la largeur du petit bois , ce qui s'appelle à grande plinthe, ou bien on ne donne à la plinthe que la largeur du rond ou du boudin , & on coupe d'onglet les baguettes ou les quarrés. (Fig. 13 <S' 14). Les petits montants font plus en ufage , & même plus propres que les au- tres ; mais ils ont le défaut de ne pas être fi fjliJ^s que les grands , parce que comme ils ne s'aiîèmblent dans les traverfes que par des enfourchements , qui , lorfque les petits bois font étroits , deviennent très-foibles , & par con- féquent très-aifés à fe pourrir , lur-tout quand les croifées font expofées au grand air ou à la campagne , ou que la trop grande largeur des chaffis obligera de mettre deux rangs de montants : on évitera de les faire à pointes de dia- mant , parce qu'ils n'auroient pas aftez de folidité. La largeur des petits bois, dont nous venons de parler, doit être déter- minée par celle de la moulure qui régne intérieurement autour du chaffis, dont on prendra deux fois la largeur moins une ligne aux plus petits pro- fils , & moins deux aux plus grands , ce qui fera la largeur du petit bois. On fait , dis-je , les petits bois plus étroits que deux fois la largeur du profil , afin que quand l'onglet eft coupé , il refte encore du bois entre le fond de l'onglet & le quarré de la moulure. (Fig. 15 & 16). On n'employé à ces fortes de croifées que des profils fimples , comme les ronds entre deux quarrés , les treffles , les cœurs , &c , ainfi qu'ils font marqués aux figures ci-deffius , & jamais les profils à petits cadres , à moins que la gorge ne tourne feulement autour du chaffis , & que le petit bois profile feulement avec la moulure de devant , comme dans la F ig. 17 ; Section I. Des grandes Croifées. ou bien C l'on employé les profils à petits cadres aux petits bois , ce ne doit être que dans les croifées d'une grandeur extraordinaire , Se auxquelles on Pianche SMS veut pas mettre deux rangs de montants. L'épailTeur des petits bois eft égale à celle des chaffis à verre , moins le quarré de la moulure , fi cette moulure eft un rond entre deux quarrés ou un boudin ; car fi c'eft une autre moulure , ils doivent leur être égaux ainfi qu'aux grands montants , dont la faillie de la plinthe doit égaler le quar- ré de de la moulure. L'alTemblage des petits bois doit, ainfi que je l'ai dit , être placé au fond de la feuillure , que l'on fera la plus profonde poffible , fur trois à quatre lignes de largeur au plus, & par conféquent donner plus de force au derrière des petits bois. Pour ce qui eft des croifées à glaces , elles font fufceptibles de toute la ri- chefiè poffible , tant dans leurs profils , que dans les formes chantournées que l'on donne à leurs traverfes , & dans les ornements de foulpture que l'on y in- troduit. Ces croifées donnent plus de jour & de magnificence aux appartements ; auffi ne doit-on les employer qu'aux bâtiments d'une certaine importance , & non pas indifféremment à tous. On doit auffi éviter de les employer à la campagne & aux endroits ex- pofés aux grands vents , à moins qu'on ne pofe à l'extérieur des tableaux de ces croifées , des doubles croifées , ou bien des croifées jaloufies , lefquclles puilfent garantir des injures de l'air. Quant aux contours de ces croifées , on doit les faire le plus doux qu'il fera poffible , y évitant les petites parties , les reffiants ou reffiauts , & généralement toute forme vicieufe & tourmentée , dont on ne trouve que trop d'exemples. Lorfqu'on met des oreilles aux angles des carreaux de ces croifées , il eft plus expédient de les faire creufes que roiides , parce que cette forme eft moins lourde , & qu'en général les oreilles rondes ne font prefque jamais bien. L'ufage fait aflez connoître que les oreilles creufes font moins fujettes à fe tourmenter que les rondes, & plus faciles à réparer, fuppofé qu'elles fafl'ent quel- que effet. Voye^lesFig. 17 , l8 , 19 , 20 (S 21 , où fontmarqués les affemblages des traverfes des croifées à glaces ; Ô celles 22 , 23 , 24 , 2j , 26 (& 27 , où font marqués les alfemblages des trois efpeces de montants dans leurs traverfes. Pour ce qui eft de la forme qu'on doit donner aux carreaux de toutes les efpeces de croifées , ce doit être une forme oblongue , c'eft-à-dire , qu'il faut qu'ils ayent un quart de leur largeur de plus haut que large , ou un tiers au plus. En général , toute la folidité des croifées confifte dans leurs aflèmblages , , lefquels doivent être extrêmement juftes , & avoir toute la précifion poffible ; P l a n c h e il ne faut cependant pas croire qu'il faille que ces affemblages foient forts , ce XXVII. qui expofetoit les bouts des batta.its à fe fendre : pourvu que l'alfemblage foit roo MENUISIER,!. Part. Chap. FI. — jufte fur Con épailFcur, cela fuflîc , tout le roide ne devant être que fur les épau- 4X VI J ' °" ^^W^' "^^5 tenons , ce qui efl: la même chofe. Pour ce qui eft de leurs différents profils , voyei les Fig. i , z , ^ , ^, ^ , 6 ,y Ô 8 , M' quelles repréfentent ceux qui font les plus en ufage. Quand on fera des croifées éventails , ou plein-cintres , on les difpofera de façon que le point de centre fe trouve au-delTus du champ du chaffis éventail , & on terminera le haut des battants meneaux en forme de demi-cercle , dans lequel vient s'alTembler le montant qui reçoit les deux traverfes cintrées , le& quelles tombent à plomb du montant des chalTis d'en-bas. ( Fig. lo ). Ce que je viens de dire ne fouffre aucune diiEculté , lorfque les bayes des croifées ne font point décorées d'impoftis; mais lorfqu'elles le font, on eft obligé de placer le point de centre au-defîus de firapofte,& par conféquent au-deffous du champ de la traverfe du chaflîs , ce qui oblige alors à fur-hauffer le point de centre de la traverfe de petic bois de la moitié d; la largeur du champ, afin de rendre les carreaux égaux. (Fig. 12 )• Lorfque ces croifées font à glaces , il n'y a aucune difficulté ; m.ais de quelque manière que ce foit , on ne p;ut fe difperifer de faire régner le deffus de l'im- pofte d'une croifée avec celle de fa baye. Que les croifées éventails ayent un ou plufieurs montants ou des traverfes cintrées , on doit toujours faire tendre au centre les n-.o;-.tants de divifion , & on fera tout îon poffible pour que la divifion des carreaux fur la traverfe du chaffiS éventail , foit égale à celle des battants de chaffis du bas. Section Seconde. Des Portes Croifées. Lfs portes croifées ne différent des croifées dont nous venons de pjfrler , qu'en ce qu'elles ouvrent toujours à doucines ou à champfrains , pour les rai- fons que j'ai dites ci-devant en parlant des ouvertures des croifées , & qu'en ce qu'elles ont des panneaux par le bas , autour defquels régne en parement la même moulure qu'au defîus , à moins que l'on ne veuille les décorer d'une moulure plus riche, ce qui arrive quelquefois. Ces panneaux font arrazés par dehors, ou bien font corps fur le bâti, ce qu'on appelle panneaux recouverts. (Voyez ceux cotés ab , Fia. (j). On détermine la hauteur des appuis des portes croifées de deux manières , la première eft de faire régner le deffus de la traverfe d'appui avec le deffus des jets-d'eau des croifées , avec lefquels elles fe trouvent d'enfilade , ce qui don- ne quinze ou dix-huit pouces de hauteur au panneau pris du defîus de la tra- verfe , les banquettes ou appuis des croifées , ayant pour l'ordinaire aux en- virons d'un pied.( Fig. il ). La faconde manière eft de les faire à hauteur d'appui , c'eft-à-dire , de leur donner Section III. Des Croijées Entrefols. lor donner deux pieds & demi ou trois pieds du delTus de la traverfe , ou de faire ■ régner le de/Tus de l'appui avec le delTus des focles ou retraits du bâtiment , Planche ce qui fait un fort bon effet, à condition toutefois que ces focles n'auront pas une trop grande hauteur. On doit aufli obferver de rapporter ou de ravaler fur les traverfes d'appuis , des portes croifées , des fimaifes méplattes d'un ou deux pouces de largeur , félon la grandeur des portes , lefquelles auront d'épaiffeur celle de la côte pour fervir à porter les volets. (^Fig. 9). Section Troisième. Des Croifées Entrefols. Les croifées entrefols doivent aufli être mifes au nombre des grandes croi- . fées , puifqu'elles en ont l'apparence en dehors. Planche On les appelle de ce nom, parce que dans leur hauteur elles fervent à éclai- rer deux pièces , dont celle de delTus eft appellée fo.tpcnte ou ent-efol. On fait ces croifées de deux manières : la première , eft de faire à l'endroit du plancher qui fépare l'appartement , une frife , laquelle defcend en contre- bas du plancher de deux pouces au moins , ce qui eft néceflliire pour l'échap- pée de i'efpagnolette , & d'un pouce de plus s'il y a un plafond qui règne avec les embrafements ; ces frifes ont quinze à dix-huit pouces de hauteur , y compris les champs , & on les décore quelquefois d'un rond ou d'un ovale au milieu : les profils de ces frifes doivent être fimples , & avoir depuis un jufqu'à deux pouces de large. On les aflemble dans le dormant avec des clefs ; ou bien on fait pafler les tenons des traverfes , lefquelles viennent s'afTeniblcr d.ins le dormant. Ils doivent être arrazés en dedans & affleurer le dormant , afin que ce qui excède le chaffis ferve de côte pour porter les volets. Les chafîis ouvrent darS ces frifes à moitié champ , ou bien lorfque les champs deviennent trop étroits , ils ouvrent dans le dégagement de la moulure , & emportent le champ avec eux ; dans ce cas on ne doit pas faire les frifes d'aflèmblage , mais les ravaler pour plus de folidité. ( Fia. 1,2,^ ^ 4)- Quelquefois , & fur-tout dans des croifées d'une largeur confidérable , ces frifes affleurent le dormant par dehors , & par conféquent font corps fur le chaifis ; dans ce cas on met des jets-d'eau au chaflîs d'en haut. ( Fig. ^ & 6). Lorfque les frifes affleureront les chaflis , on n'y mettra pas de rond comme dans la Fig. 1 1 , mais on y feindra au milieu une côte femblable à celle des chaflîs à verre. ( Fig. 10 ). La féconde manière de faire des croifées entrefols , eft do pratiquer à l'en- droit des planchers un panneau ou table arrazée , lequel étant aifemblé dans les dormants , affleure en dehors les chaflîs à verre , moins l'épailTeur de la Menuisier. Ce io2 MENUISIER,!. Part. Chap. VI. ■ feuillure des petits bois , dont on feint le compartiment en appliquant fur ces Planche tables de faux battants & des tringles , lefquelles repréfentent les côtes des xxvm. , . , , petits bois en dehors. Pour plus de vraifemblance , on fait aux faux battants & aux tringles des feuillures pour recevoir des verres , ce qui fait mieux que la peinture que l'on met ordinairement fur ces tables. Voye^ les Fig. 7 , 8 (S 9 , où ces différen- tes manières font deffinées , ainfi que la manière d'attacher les faux battants & les tringles fur ces tables. De ces deux manières de faire des croifées entrefols , la première eft la plus folide ; mais elle ne doit être employée que dans un étage en foûbaflèment , dont toutes les croifées pourroient être de même , ainfi qu'on l'a pratiqué à la place de Vendôme & ailleurs , ou bien dans d'autres étages , lorfqu'il n'y au- roit pas de grandes croifées ouvrantes fur la même ligne , ou qu'elles ne fe- roient pas fur la principale face d'un bâtiment ; car autrement on eft obligé de fe fervir de la féconde manière , qui eft d'autant moins folide que l'on eft obligé de faire ouvrir les chaflis dans la largeur d'une traverfe de petit bois , quoiqne quelquefois on les ravale en dehors , ce qui donne plus de largeur à la traverfe, mais en même temps ce qui rend le carreau du haut du chaffis plus court que les autres de la hauteur du ravalement , ainfi qu'on peut le voir dans la F'ig. 9. Quant à l'ouverture de ces croifées, on les fait à gueule de loup , à doucine , ou à champfrain , & quelquefois même à couliiTe , félon les différentes pièces qu'eUes éclairent , à condition toutesfois qu'elles foient fymmétriques par de- hors, quoiqu'elles ouvrent de deux ou trois manières différentes fur la hauteur. Il faut auffl éviter de faire les croifiUons des chaffis de ces croifées , de dif- férentes façons, comme on peut le re:T\arquer à plufieurs endroits , où les uns font à montants , & les autres à glaces , ce qui eft une faute groffiere. Section Quatrième. ^ Des doubles Croifées. L E s doubles croifées font faites pour fermer , tenir plus clos les apparte- ments , &' les rendre moins froids en hyver. On les pofe dans la partie ex- térieure des tableaux des croifées de trois manières différentes : la première eft de les faire entrer à vif dans les tableaux des croifées , & de les arrêter avec des crochets : la féconde eft de les pofer dans des feuillures pratiquées pour cet effet au pourtour du tableau : la troifieme eft de faire des feuillures au dor- mant , dont farrête extérieure eft ornée d'une moulure. ( Fig. 14 , i J (S' De ces trois manières , la première eft la plus propre , fur-tout lorfqu'un bâ- timent eft fufceptible de quelque forte de décoration , & que les croifées font Section IV. Des doubles Croifées. 103 ornées de chambranles , ce qui empêche d'y faire des feuillures : elle efi: auffi préférable à la troifierae ; parce que la faillie du dorfnan: de cette dernière, ^'-^^^ j " j_ fait un mauvais effet, & qu'il altère les proportions des chambranles. Quant à leurs ouvertures , elles ouvrent de trois manières : la première à noix & en dedans , à rexception qu'il ne faut point de côte aux dormants , & qu'il faut tenir les chaffis des doubles croifées plus courts que ceux du dedans de quinze lignes , afin qu'ils puiiTent paffer entre la pièce d'appui & la tra- yerfe d'en haut du dormant , ou l'impofte de ces derniers. ( Flg. 12 & 13). L'ouverture du milieu fe fait à doucine , à champfrain ou à feuillure , & non pas à gueule de loup ; on aura foin auffi de tenir le bois de ces croifées le plus étroit poffible , fur-tout ceux des dormants, lefquels étant à vif dans le ta- bleau ne bouchent que trop de jour. Il fuffit qu'ils aient de largeur ce que les jets-d'eau du chaffis du dedans excédent , afin que les chaffis du dehors puiffent ouvrir quarrément. (Fig. 14). Quand les dormants de ces croifées font à recouvrement fur le tableau ou dans des feuillures , & qu'on craint que les chaffiis ne puiffient pas ouvrir quarrément , on les fera avec des fiches coudées ou bien avec des fiches à lon- gues ailes , lefquelles en ouvrant les rejettent de ce qui eft néceffiaire. (Fig 1 5). La féconde manière de faire l'ouverture de ces croifées , eft de les faire ou- vrir en dehors : cette manière eft préférable à la première , en ce qu'elle ôte moins de jour aux appartements , n'étant pas obligé d'y mettre des impoftes , & par conféquent pouvant faire les cliaffis de toute la hauteur , du moins du deftlis de fappui du balcon , la partie du bas reftant dormante. Cette manière eft bonne lorfque les croifées font d'une moyenne grandeur; mais lorfqu' elles font trop grandes , il ne faut pas l'employer , la trop grande portée des chaffis étant fort à craindre par rapport aux accidents qui pour- roient arriver s'ils venoient à tomber. De plus, les chaffis ouvrants ainfi font plus expofés aux injures de l'air , & par conféquent plus fujets à fe pourrir. Les chaffis des "doubles croifées ouvrantes en dehors , entrent à feuillures dans leurs dormants , & font ferrés de fiches à vafes , ou de pommelles , & ouvrent à feuillure dans le milieu. ( Fig. ï6). La troifieme maniera eft de faire ouvrir ces croifées à couliiTes : alors on ob- vie aux inconvéniens des deux premières manières ; mais on ne peut s'en fer- vir que dans les grandes croifées; de plus, les chaffis dS ces croifées étant moins hauts que les autres , ôtent plus de jour & d'air aux appartements. On peut faire les dormants de ces croifées des trois manières que j'ai dites ci-deflus ; on peut auffi y mettre des impoftes , lefquelles répondent à celles des croifées en dedans , & donner au montant du milieu la même forme & lar- geur que fi elle auvroit à côte. Dans le cas où il y auroit des impoftes , le chaf- fis de deffiis de l'impofte , doit être dormant à l'ordinaire , & celui du bas coupé io4 MENUISIER,!. Part Chap. VI. ■ en deux à l'endroit d'un petit bois , la partie du haut raflant dormante , & celle X><'v în^ du bas fe mouvant à coulifTe. ( fig. 17 & i 8). Lorfque ces croifées n'ont point d'impoftes , on les partage en deux par le milieu , afin de les rendre plus légères , & on recouvre le joint du mon- tant par une côte que l'on rapporte en dehors , & que l'on ravale dans le bois pour plus de folidité. (^Fig. 19). Les profils des doubles croifées doivent être très-fimples , & on ne doit y employer que de grands montans , parce qu'ils font plus folides que les petits. Section Cinquième. Des Croifées Jaloujies d'affemblage. = - -: Il eft encore une autre elpece de doubles croifées , que l'on nomme jaloujies; ^ Y*J^,'i? ^ eUi^ diflFérent des premières en ce qu'elles ne reçoivent point de verres , & qu en leur place on met dans les chaflîs de ces croifées des tringles de bois de l'épailTeur de quatre à cinq lignes , lefquelles font affemblées obliquement dans les battants du chaflis , afin d'empêcher les rayons du foleil de pénétrer dans l'intérieur des appartements , & de les rendre plus frais pendant l'été. Ces croifées ouvrent prefque toujours en dehors , & on peut en faire les dor- mants des trois façons que j'ai dites en parlant des doubles croifées: elles ou- vrent à feuillures ou noix dans les dormants , & toujours à feuillures dans le milieu. Les bois des chaflis ont depuis trois jufqu'à quatre pouces de large , fur quinze & même vingt lignes d'épaiffeur , félon que l'exige la hauteur des croi- fées. Les tringles ou lattes , font aifemblées dans les bâtis de trois manières différentes ; la première eft de les faire entrer en entaille dans les battants , en obfervant de faire les entailles plus profondes par le haut , afin que les lattes fe ferrent en entrant , & on les arrête par le bas avec une pointe de chaque côté. ( Fig. I & 10). La féconde manière eft de les faire entrer en entaille comme les premières', & de faire un goujon , lequel entre dans un trou que l'on fait au milieu de l'entaille. ( Fig. 2 <& 51 ). La troifieme enfin , eft de ne point faire d'entaille ni de goujon , mais de faire à chaque latte un tenon de cinq à fix lignes de largeur. Cette dernière manière eft la plus folide & la plus propre; elle eft d'autant plus commode, que l'on n'eft pas obligé de mettre de traverfe large dans la hauteur du chaflîs comme dans la Fig. 4 ; mais on laifl"e fur la hauteur du chaflîs les tenons de deux ou trois lattes d'une longueur fufiifante pour être chevillées. ( Fiaures Quelquefois les lattes font mouvantes en tout ou en partie fur la hauteur du chaflis • Section VI. Des Jaloufies connues fous le nom de Perjlennes. loj chaffis ; mais cela n'arrive que rarement, par rapport à la trop grande dépenfe ■ de la ferrure , & par le défaut qu'elles ont de ne pas fe recouvrir les unes {^^^'-'-^che autres horizontalement, ainfi qu'on peut le voir dans la Fig. 5. XXIX. Quant à la pente des lattes , ce doit être la diagonale d'un quarré , ou du moins on ne doit gueres s'en écarter : on doit avoir foin qu'elles fe recouvrent d'une ligne au moins, comme la cote « , Fig. 3 , ou du moins qu'il n'y ait point de jour entr'elles. ( Voye^h cote b b). Les lattes faillent quelquefois le bâti de trois à quatre lignes, & font ar- rondies fur leurs faces & fur leurs extrémités , comme dans la Fig. 4 ; niais la meilleure manière eft de les affleurer au bâti, comme celle cotée c d Lorfque les lattes feront mouvantes , on les pofera de façon que quand elles feront fermées , elles fe rejoignent les unes aux autres ; quelquefois on y poulTe fur l'arrête des doucines , comme celle cotée ef, ou des feuil- lures à moitié de leur épaiffeur , comme celle cotée gh, Fig. 5, ce qui eft plus foiide que le refte des champfrains. Il faut auffi mettre les traverfes du haut & du bas, fclon la pente des lattes ainfi que celles du milieu, que fon met, comme je l'ai déjà dit, au nombre de deux ou trois, félon la hauteur de la croifée. Voye^ les Fig. ci-de/fus , où les pentes & les affemblages de ces traverfes font marquées ,'ainfi que ceUes du milieu, lorfque ces croifées font coupées à la hauteur du balcon. Section Sixième. Des Jaloufies connues fous le nom de Perjiennes. Ces efpeces de jaloufies ne fe font point d'affemblages , mais feulement avec des lattes de chêne , de quatre pouces de large , fur environ deux lignes d'épaiffeur, lefquelles font retenues enfemble par trois rangs de rubans de fil di/pofës à cet efièt. Ces jaloufies ne ferment pas fi bien le dehors des appartements , & ne font pas fi fohdes que ceUes d'aifemblage ; mais auff. elles ont l'avantage de procu- rer plus de fraîcheur aux appartements, de ne pas nuire dans les tableaux de croifee, de pouvoir fe mouvoir de toutes les manières poffibles, & d'être moins coûteufes que les autres, ce qui eft un très-grand avantage. Quant à leur confirudion, elle fe fait de cette manière : après avoir cor- royé les lattes & les avoir coupées à la longueur nécelfaire , en obfervant qu'elles foient d'environ deux à trois pouces moins longues que le tableau de la croifée na de largeur, on perce à quatre pouces de leur extrémité , & au mi- lieu de leur longueur , des trous ou mortaifos de cinq à fix lignes de large , fur environ un pouce de longueur , laquelle eft prife fur la largeur des lattes ; en, fuite on prend du ruban de fil que l'on choifitle meilleur poffible , auquel on Menuisier. Dd ê ïo6 MENUISIER,!. Part. Chap. VI. donne de longueur deux fois la hauteur de la croifée ; enfuite de quoi on y H E rapporte d'autres rubans , qui ont de longueur la largeur de la latte , plus ce qui eft nécelîâire pour les attacher aux premiers , ce qui fait environ fix pou- ces de longueur en tout : ces rubans font attachés fur les premiers à quatre pou- ces les uns des autres , afin que quand on renverfe la jaloufie , toutes les lattes viennent fe joindre les unes aux autres ; il faut obferver en attachant ces ru- bans , que la partie que l'on coud , foit en contre-haut de la latte , & non en contre-bas , ainfi que plufieurs l'ont fait. Les rubans ainfi difpofés , on les arrête par les deux extrémités fur des lattes d'une largeur & d'une longueur égale aux autres , mais qui ont un pouce d'épailTeur , ce qui eft néceffaire à celle du haut pour placer à fes deux ex- trémités deux tourillons de fer i i , qui entrent dans deux autres morceaux de fer évidés qui tiennent au fommier p , Fig. 1 1 , lefquels portent toute la jaloufie. Celle du bas doit auffi être épaifle , afin de lui donner plus de poids & de mieux retenir les lattes lorfque la jaloufie eft levée. Après avoir arrêté les rubans fur les lattes Ju haut & du bas , on place tou- tes les autres fur les rubans , auxquels on perce des trous qui correfpondent à ceux des lattes , par lefquels on fait pafier les cordes l, m, n, Fig. i r , qui font arrêtées à la dernière latte o. Fia. 12, qui n'eft percée que par des trous ronds de la grofieur des cordes , lefquelles vont pafier par des pou- lies qui font placées dans le fommier de la jaloufie : on appelle fommier une planche de fix pouces de largeur, fur quinze lignes d'épaifi"eur , & d'une lar- geur égale à la largeur du tableau de la croifée , au haut duquel elle eft arrêtée ; quelquefois on la fait plus longue de deux à trois pouces afin qu'on puiffe la fcel- 1er , ce qui la rend plus folide : cette planche ou fommier eft percé au mi- lieu de fa largeur par des trous qui correfpondent à ceux des lattes & au- devant defquels font placées des poulies en entaille dans l'épailTeur du fom- mier , lefquelles fervent à porter les cordes. Vers fextrêmité & fur le devant du fommier , font placées trois autres pou- lies liir lefquelles les cordes paffent pour redefcendre en bas ; il faut obfer- ver que toutes ces poulies ne font pas parallèles avec le devant du fommier , mais au contraire qu'elles font biaifes , s'alignant chacune avec celles qui leur font correlpondantes , ainfi que font celles , rr,s s, Fig. 11 ; on doit aulîî avoir foin que les poulies foient afièz creufes pour pouvoir contenir les cor- des , & que ces dernières tombent bien perpendiculairement, afin d'éviter le frottement , & de rendre le mouvement de la jaloufie plus facile. Lorfque la jaloufie eft montée , on tend toutes les cordes , & on les attache enfemble ^ afin que quand on la haufte ou qu'on la baifi"e , elle foit toujours de niveau. Au bas & à la droite du tableau de la croifée , on place un crochet de fer auquel on arrête les cordes de la jaloufie , de forte qu'on la tient ouverte à la • Chapitre VII. Des Volets ou Guichets. xoj hauteur qu'on le juge à propos. Lorfque la jaloufie eft cout-à-fait bailTée , on doit avoir foin de toujours attacher les cordes , & faire cnforte qu'elles foient Planche toujours tendues , pour éviter qu'elles ne fortent de leurs poulies. Quant au mouvement des lattes , il fe fait par le moyen d'une corde t t, Fig. 1 1 , qui paflè fur une poulie qui eft placée à l'extrémité du fommier & en travers de fa largeur , laquelle corde eft attachée à la latte du haut fur l'arrête u , Fig. I r , de forte qu'en la tirant en dedans ou en dehors , on fait hauffer ou bailTêr les lattes ainfi qu'on le juge à propos : il y a auffi un cro- chet de fer fcellé dans le bas du tableau de la croifée , lequel fert à attacher cette corde , & par conféquent conferve aux lattes l'inclinaifon que l'on a ju- gé à propos de leur donner. En dehors & au haut du tableau de la croifée , on pofe une planche , la- quelle eft quelquefois chantournée & eft d'une largeur aflèz confidérable pour cacher toutes les lattes de la jaloufie lorfqu'elles font remontées en îfaut : cette planche fert à les mettre à couvert des injures de l'air , & à empêcher les ru- bans de fe pourrir. Il eft auffi des occafions où l'on fait au pourtour des jaloufies un bâti qui affleure le devant du tableau , & qui cache le jeu qu'il y a entre la jaloufie & ce dernier ; ce bâti empêche auffi la jaloufie de fortir en dehors de la croi- fée , & par conféquent de fe mouvoir au gré du vent. CHAPITRE SEPTIEME. Des Volets ou Guichets. A. V A N T de paffer à la féconde efpece de croifées , il eft nécefTaire d'entrer - dans le détail des volets ou guichets qui couvrent celles de la première efpece ; P ' anche ce n'eft pas que celles de la féconde ne foient auffi fujettes à en recevoir , mais ^ ^ ^• c eft que les volets font comme une fuite néceffàire des premières , & que l'on fait rarement de ces croifées fans volets , à moins qu'elles ne foient pofées fur un efcalier , ou que par un cas extraordinaire on ne veuille ou ne puilfe pas y en mettre ; quoi qu'il en foit , on doit toujours les difpofer pour en re- cevoir. Les volets font des venteaux de menuiferie , deftinés à fermer les croifées plus fûrement , & à empêcher le jour de pénétrer dans l'intérieur des appartements , félon la volonté de ceux qui les occupent : ils font compofés de battants , de traverfes , de panneaux & de frifes difpofés par comparti- ments , & font fufceptibles de toute la richefle pofllble , félon le rang de la pièce où ils font pofés. Ces volets font prefque toujours brifés en deux , ou même trois parties , félon la largeur du chaffîs qu'ils o.-uvrent , & félon la profondeur des embra- io8 MENUISIER,!. Pan. Chap. VII. zements. Pour qu'ils foient d'une feule pièce , c'eft-à-dire , fans brilùre fut ^ leur largeur , il faut que les embrazeraents foient d'une largeur alfez conH- dérable pour pouvoir les contenir , ce qui n'arrive que dans un étage en foû- baflemenc , & dans le bel étage d'un Palais , où la décoration extérieure eft fufceptible d'avant & d'arriere-corps , ce qui donne quelquefois de différentes épaiflèurs de muis dans une même pièce , & par coirféquent des embrazements d'une largeur alTez confidérables pour pouvoir contenir des volets fans brifiire. Lorfque les embrazements fontainfi difpofés, on peut faire les volets d'une feu- le pièce ; ils font beaucoup mieux , & font plus faciles à décorer d'une manière relative à la pièce dans laquelle ils font , & peuvent fervir de revêtilfement aux embrazements ; ce n'eft pas qu'on doive fe difpenfer d'en mettre , mais c'efl que quand ils font ouverts , ils doivent former une décoration qui réponde aux plafonds ou aux voulfures qui les couvrent , auxquels ils femblent plutôt appartenir qu'à la croifée. Lorfque les volets font ainfi difpofés , on n'y fait point de feuillures au pourtour , & on les ferme avec des fiches à nœuds fur farrête , ou , pour plus de propreté , avec des pivots. ( Fig. I ). Lorfque les embrazements ne font pas d'une largeur ajez confidérable pour contenir les volets de toute leur largeur , on eft obligé de les brifer , ce qui fe fait de trois manières différentes. La première , & la plus ordinaire , fe fait à rainure & languette , comme les Fig. 2 S 4. La féconde à feuillure , comme la Fig. 3 ê 5 , & la troifieme à feuillure dont le joint fe trouve dans le dégagement de la moulure du côté de la pe- tite feuille. ( Fig. 6 ). Les parties ou feuilles de volets brifés , doivent être inégales de quinze lignes au moins , afin que la faillie de la boucle de fefpagnolette ne nuife point en les brifant , & que Ton ne foit point obligé de feire des entailles dans le dormant pour faire entrer ces ferrures. Je dis qu'il faut que la feuille de volet du côté de fefpagnolette , foit plus étroite que l'autre de quinze li- gnes au moins , parce que fefpagnolette étant pofée au milieu de la côte du battant meneau , occupe d'abord un pouce au moins , depuis le recouvre- ment du volet jufqu'à fon milieu , plus la moitié de fon épailfeur & celle de la boucle , ce qui fait aux environs de dix-huit à vingt lignes , largeur qui eft égale à celle de quinze lignes que la grande feuille a de plus que fautre , plus la faillie de la fiche & le jeu nécefîàire , lequel fe réduit à très-peu de cholè , pour le peu que fembrazement aie de pente ou de déverfement , ce qui eft la même chofe. ( Fig. 7 ) . De la néceffité où fon eft de fair'e les feuilles des volets inégales , il fuit que l'on eft obligé de faire les panneaux des deux feuilles plus larges f un que fau- tre de neuf lignes au moins , ne pouvant pas faire le battant qui porte la fer- rure , que de fix lignes plus large que l'autre , défaut qui eft tolérable lorfqu'il n'y a que des panneaux & des frifes dans le compartiment des volets ; mais lorfqu'il Des Volets ou Guichets. lop lorfqu'il y a des ronds ou des lozanges , il n'eft prefque pas fupportable , fur- tout lor/que les deux feuilles font ouvertes. Pour remédier à cet inconvénient , on a fait dans la feuille large un rond & dans Fautre un ovale , dont le grand diamètre eft égal à celui du rond , ce qui rend la différence moins fenfible , mais qui en même temps ne fait que rendre l'ouvrage plus llijet , fans pour cela en ôter toute la difformité. (Fig. 2). Mais on peut cha/Ter cette difficulté en faifant les deux panneaux égaux, ce qui en même temps oblige de rendre les deux battants de milieu inégaux , toute la différence ne pouvant pas être fur les battants de derrière. J^oye^ la Fig. 3 . Cette manière eft la plus commode Se la moins fojette ; mais elle entraîne encore cette difficulté , que la brifure ne peut pas venir au milieu du montant des chaflîs , ainfi qu'à la première. Lorfqu'on fait les panneaux des volets égaux , il faut toujours faire les bri- fures à rainures & languettes , parce que quand les brifures font à feuillures , la petite feuille doit être de huit lignes plus étroite que quand ils font à rai- nure & languette , à caufc que les feuillures rejettent les petites feuilles de deux fois leur largeur , ainfi qu'on peut le voir dans la Fig. 8. En ne faifant qu'un champ aux deux feuilles de volets , on remédie à tous les inconvénients des deux premières manières , pouvant faire les deux pan- neaux égaux & la brifure à feuillure ; de plus le champ qui refte à la feuille de volet eft d'une largeur fuffifante pour répondre à ceux des plafonds ; au lieu que les champs de volets de la première elpece , deviennent trop étroits lorfqu'ils font brifés, & trop larges lorfqu'ils font enfemble. Pour donner plus de folidité à la feuille de volet qui ouvre dans la mou- lure, on tient le battant de brifure de cette feuille d'une largeur égale à celui de l'autre feuille prife du milieu du point , & on la ravale en parement juf- qu'à la largeur de la moulure , plvis celle de la feuillure. Koye:^ la Fig. 6 , où le ravalement & les alTemblagcs de ces battants font delfmés. Les volets fe rangent dans leurs embrazements félon que la profondeur de ces derniers le permet ; & en général ils doivent toujours être rangés der- rière les chambranles , afin qu'ils ne foient pas apparents &r leur épailTèur. Il arrive cependant quelquefois , & même très-fouvent , que les chambran- les des croifées ne défaffleurent les embrazements que de quatre à cinq lignes , & que par conféquent les volets font apparents fur leur épailîèur , ce qui fait un allez mauvais effet , défaut que Ton évitera le plus qu'il fera poffible , parce qu'il n eft tolérable que dans les appartements de peu d'importance. Quand les embrazements font affez larges pour contenir les volets de toute leur lar- geur , il n'y a aucune difficulté , ainfi que je fai déjà dit , & qu'on peut le voir dans la Fig. ç. Mais lorfqu'ils font moins profonds que la largeur totale du volet non brifé , & en même temps trop larges pour ne contenir que la grande feuille Menuisier, E e ' l A N G H E XXX. iio MENUISIER,!. Pan. Chap. VU. de volet , & que cependant on veut que les volets forment embrazement , on fait alors la feuille qui tient au dormant de toute la largeur de l'embrazement; & de ce qui relie pour faire la largeur du chaflls , on fait une petite feuille , que l'on ravale fi elle eft trop étroite pour la faire d'affemblage. V oje^ la Fig. lo. Cette manière n'eft bonne qu'aux croifées des appartements qui ne font pas fujets à une grande décoration , à caufe du mauvais effet que font les volets lorfqu'ils font fermés. Il feroit beaucoup mieux , dans le cas où les embraze- ments feroient trop larges pour faire les volets à l'ordinaire , de pratiquer der- rière le chambranle un pilaftre , lequel regagneroit la trop grande largeur & recevroit le volet , dont le champ feroit commun avec le pilaftre. F ojei la Fig. 13 ; ou bien fi l'on craignoit que ce pilaftre ne devînt trop large , on lui feroit faire avant-corps fur le volet. ( Fig. 14 ). Lorfque les volets fervent d'embrazements , comme dans les Figures ci-deC fus , on doit toujours les brifer à feuillure , parce que quand ils font à rainures &languettes , la faillie de cette même languette , & le jeu qu'on eft obligé de donner entre les volets & le chambranle , fait un mauvais effet ; de plus , les feuillures font plus commodes , en ce qu'elles portent contre une faillie qu'on laifle derrière le chambranle , laquelle les empêche d'entrer plus avant qu'il ne faut. ( Fig. II & 12 ). Quant à la hauteur des volets , elle eft déterminée par celle des chaffis des croifées , plus leur recouvrement fur le dormant. Au-deffous des volets & à leur à-plomb , on remplit le vuide de l'embrazement par un petit panneau nommé banquette, & dont les champs doivent, ainfi que les moulures , ré- pondre à ceux des volets : le deffus de ces banquettes eft couronné d'une fi- maife d'un pouce ou d'un pouce & demi de hauteur , laquelle a de largeur toute répaifieur des volets , plus un pouce pour recevoir l'embrazement ainfi qu'on peut le voir aux Fi^. 15 , i(5 <& 17. Lorfque les volets font fur des croifées éventails , auxquelles il y a des im- pôftes , & que 1* haut des embrazements eft terminé par une archivolte , ils ne montent alors que jufqu'à la hauteur de Fimpofte , laquelle eft auffi épaiffe que le dormant , & la retombe de l'archivolte entre dans une efpece de plinthe , laquelle a de hauteur la largeur de l'impofte , moins le recouvre- ment des volets. {Fig. 16). Ou bien fi on ne veut pas mettre de plinthe entre les volets & l'archivolte, 6n fait monter les volets jufqu'au nud du point de centre , en obfervant de faire l'impofte des croifées plus mince que le dormant à l'ordinaire , & le champ du volet fert à l'archivolte. ( Fig. 17 ). Les battants de volets doivent avoir des largeurs & des épâîfleurs proportion- nées ; mais en général ils ont depuis 2 pouces jufqu'à 2 pouces 9 lignes de champ pour ceux qui portent les fiches , plus les feuillures & la moulure : ceux des rives doivent avoir trois ou même fix lignes de moins ; ceux de brifure doivent Des Volets oM Guichets. iir avoir trois à quatre pouces de champ les deux enfemble : ces deux battants - doivent être égaux, non compris la languette, excepté que quand on fait les pan- ^ ^^x" neaux d' égale largeur, on fait le champ du battant de bri&re qui tient à la grande feuille , plus large de llx lignes que l'autre , lans cependant fortir de la largeur que doivent avoir les deux enfemble. Pour leur épaiffèur , elle doit être de quatorze à feize lignes pour ceux d'un profil fimple , & de dix-huit à vingt lignes pour ceux qui font à cadre ravalé. Les traverfes des volets doivent avoir de largeur , tant celles du haut & du bas que celle du milieu , deux pouces & demi ou trois pouces de champ , plus la largeur des moulures & des feuillures; pour leurs affemblages ils doivent être toujours placés , du moins autant qu'il eft polïïble , au derrière de la rai- nure , & avoir d' épaiffèur les deux feptiemes de celle des volets : on fera paffer ces affemblages au travers des battants de bri&re pour plus de folidité. ( Voye-^ iaFig.4). Le compartiment des volets doit être déterminé par leur hauteur; lorfqu ils auront depuis neuf jufqu'à douze pieds de hauteur , on y mettra deux panneaux ''^X^Xl" ^ & trois frifes ; à ceux qui auront moins de neuf pieds de hauteur , on y mettra deux panneaux & une frife , ainli des autres , félon qu'ils auront plus ou moins de hauteur. Les frifes feront quarrées , c'eft-à-dire , qu'elles auront de hauteur leur largeur à la plus grande feuille , celle de la petite feuille étant par confé- quent plus haute que large. Quelquefois pour plus de richeflè , on met des ronds ou des lozanges au milieu des volets au lieu de frifes : ces ronds doivent être affemblés dans les battants à bois de fil , c'eft-à-dire , du même fens que les battants , & non à bois de bout , parce qu'ils font moins d'effet étant moins larges ; au contraire lorfqu'ils font couchés, ils font fujets à fe fendre , & par conféquent à fe dé- joindre. On afTemble les ronds à bois de fil dans les battants avec des clefs que l'on colle dans ces mêmes ronds , & qu'on place dans leurs extrémités , afin qu'elles ne fe découvrent point lorfqu'on vient à alléger les frifes du milieu. ( F%. r 6- 2 ). Quand les volets ne font qu'à un parement , on ravalera le rond par der- rière de la largeur de la moulure : cela eft plus folide & moins fujet , à caufe des coupes que l'on évite. Les lozanges font des efpeces de frifes quarrées, dont la diagonale eft per- pendiculaire & parallèle avec les battants : les moulures du dedans de ces frifes touchent dans leurs extrémités au nud du champ des battants , ainfi que celles des ronds. Lorfque les feuilles des volets feront inégales , & qu'il y aura des lozan- ges , on en fera une quarrée, & l'autre plus alongée , afin que leurs deux lia MENUISIER, I. Fan. Chap. VII. - pointes foient égales ; c eft la même chofe pour les ronds , dont on fait l'un '''x XX^I ^ P^^i""'^'""^''^ & l'autre ovale. Voye^ les Fig. i <& 2 , où les frifes , les ronds & les lozanges font deflinés des diflFérentes manières que j'ai dites ci-dellus. Les volets font , ainfi que je l'ai déjà dit , fufceptibles de toute la richelle poffible , lùr-tout lorfqu'ils font ûns brilure ; on peut chantourner leurs traver- fes & leurs panneaux taillés d'ornement , comme trophées , guirlandes , &c. — Pour leurs profils , on les fait fimples , à double parement , à petit cadre XX X 1 1 ^ ^ cadre ravalé, parce que les moulures embreuvées ne font pas aflez folides : on peut enfin tailler leurs moulures d'ornement, félon que le cas l'exigera. (^Fig. I j 2»3 '4> J>'5'5 7). Lorfque les croifées font d'une forme quarrée par le haut , comme dans la ^x" l"^ Fzgf. r , ou lorfqu'elles font plein-cintre, qu'il y a des impolies , & que les volets ne montent pas plus haut , il n'y a aucune difficulté ; mais lorfque dans les croifées cintrées , on veut que les volets ouvrent de toute la hauteur , on eft obligé de faire au-delîlis des croifées , des arrieres-voulfures de Marfeille , & pour lors les volets fervent d'embrazement , à condition toutefois que les embrazements foient affez profonds pour contenir les volets de toute la largeur ainfi qu'on peut le voir dans la Fig. i , ou dans la Fig. a , 3 (& 4 , où d'un côté le volet eft fermé , & de l'autre ouvert en forme d'embrazement. Lorfque les embrazements ne feront pas aflez profonds pour contenir les volets de toute leur largeur , & que par conféquent on fera obligé de les brifer , on fera alors aux croifées cintrées une baye quarrée , afin que les vo- lets puifient fe loger facilement. Lorfque les volets monteront de toute la hau- teur des croifées cintrées , on ne mettra point d'impofte à ces croifées ; mais on fera monter les chaffis de fond, parce que lorfqu'il y a des impoftes , il lefte un jour entre les deux volets à l'endroit du chafTis éventail. ( Fig. 3 ). Lorfque les croifées font cintrées , furbai/Tées , ou en anfes de paniers , & que les chambranles font plein-cintres , on y fait des arrieres-vou/Tures , nom- mées contre-parties de Marfeille ; & pour que les volets montent jufqu'au haut du cintre, & qu'ils puiffent ouvrir dans l'embrazement , on cintre la retombe de la vouflùre par le côté , ainfi que par la face. ( Fig. ^ & 6 ). Toutes ces différentes elpeces d'ouvertures de croifées , demandent une at- tention infinie , & il efi: de la fàgefle de ceux qui préfident à la diftribution des plans & des façades d'un bâtiment , de prévoir toutes les difficultés qui peuvent fe rencontrer lors du revêti/fement des appartements, & avoir auffi égard à la diftinâion de la pièce , afin de pouvoir préférer des plafonds quar- rés aux archivoltes & aux arrieres-voufîùres , lefquelles , non-feulement coû- tent très-cher , mais encore n'ont d'autre mérite que la difficulté de leur exé- cution. C'eft pourquoi j'ai mis des coupes de chaque elpece de baye dont je viens Chapitre VIII. Des -petites Croifées. 113 viens de parler, afin d'être plus clair , & de faire connoître la difficulté de ces . fortes d'ouvertures. ( Vig. % , ^ ,6 & ']). Planche Pour la divifion des carreaux des croifées bombées , ou en cintres furbailTés 5C XXIII. on la fera du milieu de la trâverlè à l'endroit du petit bois : que les croifées foient à glaces ou à montants , c'eft la même chofe. ( Figures i (& ^ ). CHAPITRE HUITIEME. Des petites Croifées en général. Quoique j'aie mis les croifées ouvrantes au-delTous de neuf pieds au rang : des petites croifées , ce n'eft que dans le cas qu'elles ne porteroient pas de P'-'^'"^"^ volets ; car lorfqu'elles en portent , n'euifent-elles que quatre pieds de hauteur , elles doivent être mifes au rang des grandes , ne différant en rien de ces der- nières que par la largeur des bois , que f on peut diminuer à proportion de leur grandeur ; car pour fépaifTeur, ce doit être toujours la même. Les petites croifées différent des autres , en ce qu'elles n'ont point de côtes au dormant ni au-devant des battants meneaux , quoique quelquefois on pui/Iè, pour plus de folidité , en mettre aux meneaux , & non aux dormants ; pour lors les ouvertures de ces croifées font femblables à celles des grandes ; mais lorfqu'elles n'ont point de côtes, on fait leurs ouvertures des trois manières fuivantes. La première à noix , & où quelquefois on arrondit l'arrête du battant me- neau , & on fait ilir ce même battant une rainure dont on arrondit auffi une arrête pour répéter le même jour que celui que produit le jeu que l'on cft obligé de donner à l'ouverture. ( Vig. i ). La féconde manière eft de les faire ouvrir à feuillures dans le milieu , & à chamfrains fimples , comme la Flg. 2 , ou bien à doucine , comme la Vig. 3 : lorfque ces croifées ouvrent dans le milieu , comme dans les deux Figures ci- delfus , on y fait une baguette méplatte, de fix à huit lignes , laquelle fert à corrompre le joint ; ainfî on fait l'ouverture plus loin que le milieu de la moi- tié de la largeur de la baguette. La troifiéme manière efl de faire les deux battants du milieu d'une lar- geur égale , & de faire des feuillures à moitié bois avec des baguettes. Voye-^ la Fig. 4. Cette dernière manière eft la moins folide , 1S5 on ne doit s'en fervir que le moins qu'il fera poifible. Menuisier, Ff MENUISIER,!. Part. Chap. VIII. Planche SectionPremiere. XXXIV. Des Croifées Manfardes ôC à Coulijfes. Ces croifées prennent le nom des étages où on les employé ordinairement ; je dis ordinairement, parce que dans les maifons à loyer & de peu d'impor- tance on les employé indifféremment à tous les étages , les étages en manfardes rétréciiTant trop les chambres pour que les croifées puilTent être ouvrantes ; de plus, ces croifées ne nuifant en aucune manière, & n'étant fujettesà aucune efpece de dépenfe par rapport à la ferrure , puifqu'il n'y en a aucune. On met ordinairement des impoftes aux croifées manfardes pour plus de folidité , & elles font quelquefois difpofées pour recevoir des volets. En général elles font compofées d'un dormant , avec montant & impolie de quatre chaffis, dont deux font immobiles, c'eft-à-dire , arrêtés dans le dor- mant & les deux autres à couliffes. Lorfque ces croifées n'ont point de volets , les dormants doivent avoir d'é- paifTeur , premièrement celle du chaffis dormant , plus deux lignes de jeu , & celle des deux languettes, ce qui fait en tout deux pouces d'épaiffeur, fui- deux pouces à deux pouces & demi de large. ( Fig. J ). Quand ces croifées font difpofées pour recevoir des volets , il faut que les dormants ayent trois pouces d'épaiffeur , afin qu'après l'épaifTeur des deux chaffis, & celle du jeu qu'il faut entre deux, ils défaffleurent le chaffis de quatre à cinq lignes , ce qui forme une côte pour porter les volets ; ces bat- tants doivent avoir trois pouces à trois pouces & demi de large , afin que les volets puilTent fe brifer facilement. ( Fig. 7 , 8 ê 9). Lorfque les croifées manfardes ne portent pas de volets , on fait des rai- nures fur le derrière des battants de dormant , pour recevoir les chaffiis dor- mants : cette rainure doit tomber fur l'impofte s'il y en a , & s'il n'y en a pas, elle doit être bornée à la hauteur du chaffis dormant ; on la difpofera de façon qu'il refte entr'elle & celle de la couliffe, une joue de quatre à cinq lignes au moins. La rainure de ces battants doit être pouffée du haut en bas ; il faut que la lan- guette ou joue reliante , foit d'une épaiffiîur égale à celle de la rainure , moins le peu qu'il faut pour que le chaffis coule facilement : on arrondit les arrêtes de ces languettes , ainfi que celles des chaffis , afin d'éviter le frottement que ces arrêtes pourroient produire. ( F;^. 5 ). Lorfque ces croifées portent des volets , on raine le derrière des battants de dormant comme aux autres : pour ce qui eft des coulliTes du devant , elles fe font de trois manières différentes. La première eft de faire une rainure d'après la côte difpofée pour porter le volet. ( Fig. 7 ) . s E c T 1 o N I. Des Croifées Manfardes 3C à Couliffes. iiy La féconde eftde les rainer du derrière du chaffis àcoulilTe comme la Fig. 8. La troifiéme ell de faire deux rainures , l'une devant , & l'autre derrière le P t, a n c h e L/r /p- ^ XXXIV. chaffis. (Fig.p). La première de ces trois manières eft la plus fimple , ou du moins la plus commode ; mais elle a le défaut de ne pas tenir affez clofes les croifées , à caufe du jour qui fe trouve nécelfairement à fendroit où la feuillure que l'on fait à la traverfe d'en bas du chalfis , coupe la languette. La féconde manière remédie à cet inconvénient ; mais le jeu que l'on eft obligé de donner fur la largeur du chaffis , fait un mauvais effet. La troifiéme eft la plus fùjette ; mais auffi elle a l'avantage de remédier aux défauts des deux autres. ( Fig. 7, 8 (S' p ). Les montants des dormants des croifées manlàrdes, ont ordinairement deux pouces ou deux pouces & demi de largeur fur l'épailîèur des dormants , plus une côte que f on réferve par derrière d'après l'épaifteur du chaffis , laquelle paffe en enfourchement par-deiîlis la traverfe d'en haut , à moins que par un cas extraordinaire , les dormants foient de même épaiffeur que le montant , & que la moulure, qui eft fur l'arrête de ce dernier, ne régne auffi au pour- tour de la croifée. ( Fig. 6 ). Lorfqu'il n'y a point d'impofte aux croifées , on fait les montants de toute la hauteur ; mais lorfqu'il y en a , ils font coupés à la hauteur de cette même impofte, dans laquelle ils s'affemblent à tenon flotté. ( Fig. 12 ). On pouflê fur l'arrête extérieure de ces montants une moulure , qui eft ordinairement un bouvement de fîx à fept lignes de largeur , ou un rond , le- quel vient s'aflèmbler d'onglet avec le defibus de l'impofte , comme dans la Fig. 12 , ou bien avec le delîùs & le deffous de cette même importe , lorf- qu'elle eft profilée en plinthe comme dans la Fig. 10. La partie fupérieure des montants eft refendue en deux parties , dont une eft dormante , & dans laquelle on fait deux feuillures pour recevoir les chaffis , lef^ quels y entrent tout en vie : cette partie du montant doit être moins épaiffe de trois lignes que le chaffis en parement, afin qu'avec le jeu qui eft entre les deux chaffis , cela falfe une joue lliffifànte à la pièce à queue. Cette épaiffeur que l'on donne de plus à la barre à queue , oblige de faire une feuillure à chacun des deux chaffis d'en haut , lefquels doivent être le plus juftes poffible, afin que le joint paroiffi; moins. ( Fig. 5). Quant aux rainures du devant des montants , elles fe font des quatre ma- nières que j'ai dites ci-devant en parlant des battants de dormant. Les montants de ces croifées s'afi"emblent à tenon dans la pièce d'appui , & on aura foin de tenir l'arrazement de derrière afièz long pour le faire fuivre le contour de la pièce d'appui. L'autre bout s'affemble à tenon & enfourche- ment dans l'impofte , d'après & de deffiis laquelle on réferve dans le bouc du montant une queue ou tenon pour afferabler la pièce à queue. ïi5 MENUISIER,!. Pan. Chap. FI IL ■ On fait auffi dans le devant de l'impolie une entaille de la largeur du KXXIV?'^ montant, laqueUe a de profondeur ce qui refte du devant de l'impofte , & le devant de la partie dormante du montant d'en haut : comme on affemble les deux montants à tenon flotté , il faut avoir foin que le tenon du montant d'en bas foit du côté du parement pour retenir l'enfourchement, & le rendre plus folide. ( Fig. 12 & ), Les impoftes doivent affleurer le chaffis dormant en parement , & le défaf- fleurer par derrière de fix à fept lignes , laquelle épailTeur palTe en enfourche- ment par delTus le dormant ; quelquefois on les fait défaffleurer le chaflis en parement dans la moitié de leur largeur , de deux lignes au plus ( qui eft le jeu qu'on lailTe entre les deux chaffis ) , laquelle faillie , jointe à une pareille que Ton obferve au chaffis , empêche le trop grand air d'entrer , & s'appelle attrappe-mouches. Quant à leurs profils & afTemblages , roye^ les Fig. lo, II 12. Pour les pièces d'appui , elles font femblables à celles des autres croifées pour ce qui eft des feuillures du delTous ; mais pour celles du deffiis , elles font différentes : lorfque les croifées portent des volets , elles affleurent le dormant à fordinaire , & font ravalées par deffiis de quatre à cinq lignes de profondeur : ce ravalement fe fait par derrière & à-plomb du tiers de fépaif- feur du chaffis à coulilfe , pris du devant de ce même chaffis , afin que les deux tiers reftants donnent plus d'épaiffieur à la joue de la traverfe. Le ravalement du deffius de ces pièces d'appui , fe fait en adouciffement & un peu en pente pour faciliter fécoulement des eaux ; & à deux ou trois lignes d'après l'épaiffieur du dormant , on y forme un filet, & on arrondit le refte. ( Fig. 13 ). Lorfque ces croifées n'ont point de volets , on fait les pièces d'appui des deux manières fuivantes : la première eft de les faire affleurer au dor- mant , & d'y former une languette , laquelle régne avec celle des battants , & entre dans le deflbus du chaffiis , lequel eft rainé ainfi que les côtés; La féconde eft de faire excéder la pièce d'appui de trois à quatre lignes en parement , en la faifant paffer en enfourcheraent par-deflus les battants de do rmant , & d y faire un ravalement lèmblable à celles qui portent des volets. VoyeilaFig. 14. Lorfqu'on fera les pièces d'appui de cette façon, on aura foin qu'elles n'excèdent pas le dormant plus que ne fait le quarré de la moulure qui régne autour du chaffis : cette dernière manière eft la meilleure & la plus folide , tant pour la pièce d'appui que pour le chaffis , la languette des premiers étant toujours très-mince, & par conféquent fujette à s'éclatter, &les joues des traverfes trop ffijettes à fè pourrir. Toute la difficulté de faire les pièces d'appui de la féconde manière, eft que quand on ne met point d'impofte aux croifées , l'entaille que f on eft obligé de faire à la languette des s E c T I o N 1. Des Croifées Manfardes 5C à Couliffes. tij des chafTis pour les faire entrer dans les rainures du montant , fe trouve dé- _ couverte à l'endroit de la traverfe où l'on fait une feuillure au lieu d'une rai- Planche nure , ce qui donne beaucoup d'air aux appartements, pour peu qu'il y ait de jeu aux chaffis. On ne peut remédier à cet inconvénient qu'en faifant la pièce à queue du montant plus longue qu'à l'ordinaire , de la largeur de la traverfe du chaffis à coulilTe , ce qui ôte la néceffité de faire des entailles aux languettes des chaffis , mais auffi ce qui oblige de fiire entrer la pièce à queue en contre- bas dans le montant, quand les chaffis du bas font en place , & à la- faire en- trer à queue dans la traverfe de dormant , & on l'arrête avec une vis , laquelle pour lors fe pofe en haut de la pièce à queue. Les traverfes du haut des dormants de ces croifées , portent de deux pou- ces à deux pouces & demi de largeur, fur lépaiffeur des battants de dor- mant , dans lefquels elles s'affemblent à tenon ou enfourchement : elles re- çoivent les montants qui s'y affemblent de même , & d'après félégiffement de ce même montant , on y fait une mortaife pour recevoir la pièce à queue , ou bien lorfqu'elle fe met par en bas , on y fait une entaille à queue. La feuil- lure de ces traverfes doit régner avec le derrière de la rainure des battants de dormant , & avoir fix lignes de hauteur. Lorfque les croifées manfardes ont des importes, on met des jets-d'eau aux chaffis d'en haut pour faciliter fécoulement des eaux , en les empêchant de tomber dans la feuillure de fimpofte ; on pourroit cependant s'en paffer en faifant les feuillures de fimpofte par derrière à rainure : je fai déjà dit en parlant des grandes croifées. Les chaffis s'affemblent à pointes de diamants ou d'onglet, ce qui eft la même chofe , à moins que pour plus de fimplicité on ne les faffe quarrés dans les bâtis : on y met des petits montants lorfque les croifées ne palfenc pas fix à fept pieds de hauteur ; car quand elles font plus hautes , ce qui ar- rive aux doubles croifées que l'on fiit à couliffes , on y fait de grands mon- tants , parce que le roide qu'on eft obligé de donner aux petits montants , poufferoit trop au vuide , les traverfes de ces chaffis n'ayant pas affez de force pour retenir Feffort d'une travée de cinq ou fix montants. On doit auffi mettre de grands montants aux chaffis de ces croifées , quand même elles feroient baffes , lorfque pour donner plus de jour aux apparte- ments , non-feulement on fupprime fimpofte, mais auffi lorfqu'on réduit les deux traverfes du chaffis à la largeur d'un petit bois , ou bien quand on eft obligé de mettre plufieurs rangs de montants fur la largeur du chaffis, ce qui arrive toujours aux demi-manfardes , ainfi que je le dirai en fon lieu. Les battants de ces chaffis, ainfi que les traverfes, doivent avoir deux pou- ces à deux pouces & demi de largeur , lorfqu'il n'y aura point de moulure lar les bâtis , & un demi pouce de plus lorfqu'il y en aura , fur l'épaiffeur de Mehuisier. q „. ii8 MENUISIER,!. Pan. Chap. VIII. - quatorze à feize lignes : on arrondit l'arrête des chaffis à coulifles , & quelque ^XXXIV P"""^ P^"^ richefle on y pouffe un rond entre deux quarrés. Les demi-manlàrdes n'ont , comme je l'ai déjà dit , qu'un chaffis llir leur largeur , qui eft ordinairement depuis deux jufqu'à trois pieds & même trois pieds & demi: elles ont quelquefois des impoftes. Pour ce qui eft de leurs formes & façons , c' eft la même chofe que pour les autres , excepté que la pièce à queue fe place dans un des battants de dormant , & que l'on eft obligé d'affembler en chapeau la traverfe du haut du dormant , du côté de la pièce a queue : lorfque ces croifées n'auront pas d'impoftes , on obfervera de faire defcendre la pièce à queue jufqu'au deflbus du chaffis d'en haut , ainfl que je l'ai déjà dit en parlant des croifées manfardes fans impoftes. V oye^ la Fig. 5 , où eft marquée la forme & la groffeur de cette pièce à queue , la- , quelle fe place dans le battant à droite, à moins qu'on ne foit obligé de faire autrement, comme dans le cas où il y auroit des volets qu'on feroit obligé de ferrer fur ce battant. Les croifées à couliffes différent de celles à manfardes , en ce que le chaf- fis d'en haut de ces premières tient avec les dormants qui leur fervent de bat- tants , dans lefquels les traverfes font affemblées : elles n'ont point d'impoftes ni de pièce à queue : les chaffis à couliffes fc gliffant par en haut , elles ont -un montant au milieu , lequel fe brife quelquefois en deux. ( Vojei F ig. 16). Quant au compartiment de largeur de ces croifées , comme les carreaux du haut deviennent plus larges que ceux du bas , on prend la différence entre l'ar- razement du haut & du bas , que l'on partage en deux , & d'après cette lar- geur on fait le compartiment à l'ordinaire. Les croifées à l'Angloife , font des efpeces de demi-manfardes , aux deux côtés defquelles on pratique des couliffes dans lefquelles tombent des con- tre-poids qui fervent à enlever le chaffis par le moyen de deux cordes auxquels ils font attachés , lefquelles tiennent aux deux extrémités iùpérieures du chaffis & font ordinairement de corde de boyau, & qui paflèntfùr des poulies qui font placées au haut du dormant. Ces croifées font peu en ulàge , & ne peuvent être tolérées que dans le cas où on ne pourroit pas approcher d'une croifée pour l'ou- vrir:aurefte elles font mal dans leur décoration, & font fujettes à blefferceuxqui en font ufage, dans le cas où la corde viendroit à fe caffer. (Fig. 17 & 18.) Je ne parlerai point des croifées à la Françoife , parce qu'elles ne font plus en ufàge à préfent , vù leurs défauts ; on n'en voit plus que dans quelques rnaifons à loyer , ou dans les Communautés , encore font-elles toutes vieilles , leurs ouvertures devenant trop gênantes dans un appartement d'une moyenne grandeur , Se ne les fermant prefque jamais bien ; de plus les panneaux de vi- trerie ea plomb , ainfi que la grande largeur des bois ôtant trop de jour , ce qui leur a fait préférer les croilees ouvrantes pour les grands appartements , & celles à manfardes pour les petits. (Fig. 19 ). Chapitre. IX. Des Portes. îrp Il eft encore beaucoup d'autres efpeces de croifées dont je ne parle point - ici, parce que ce détail deviendroit inutile, vû que ce ne feroit qu'une répé- ^XXXIV ^ tition de ce que j'ai déjà dit. CHAPITRE NEUVIEME. Des Portes en général. O N appelle Portes proprement dites , les ouvertures pratiquées dans les murs de face & de refend d'un bâtiment ; quant à celles des murs de face , leurs formes & leurs décorations dépendent de l'ordonnance totale de l'édifice , & du goût de l'Arcliiteéle : je ne parlerai donc ici que des portes mobiles ou vantaux de menuiferie qui ferment & rempliflent les bayes de ces portes. Il y a de trois fortes de portes, les grandes , les moyennes & les petites. Les grandes font celles qui ont depuis huit pieds jufqu'à douze & même feize pieds de largeur les deux vantaux enfemble , lefquelles font nommées Fortes de villes , comme celles de la porte Saint-Martin , Saint-Antoine , & généralement toutes celles qui fervent à fermer l'entrée des villes , les portes-cocheres ou d'Hôtel , les portes charretières & de balîê-cour , & géné- ralement toutes les portes fervant à palTer des voitures & charrois. On doit aulTi mettre au rang des grandes portes , celles des Temples & des Palais, quoique d'une décoration toute diflFérente des premières. Les moyennes portes font celles qui ont depuis quatre jufqu'à fix pieds de largeur ; telles font les portes appellées bâtardes , qui fervent d entrées aux maifons bourgeoifes , les portes de veftibules , & toutes les portes d'appar- tements qui ont deux vantaux , & qui ont au-deffus de quatre pieds de largeur. Les petites portes font celles qui n'ont qu'un vantail ou vanteau , & qui ont depuis deux jufqu'à trois pieds de largeur , comme les portes des petits appar- tements & des cabinets de dégagement. Section première. Des Portes-Cocheres. Les portes-cocheres ou d'Hôtels , font pour l'ordinaire compofées de deux - vantaux , lefquels montent de fond & ouvrent de toute la hauteur de la P i a n c h s baye ; mais s'il arrivoit qu'elles fuffent circulaires , on y mettroit des impof- XXXV. tes , au-deflus defquelles on pratique des entrefols. * Pour rintelligence de ce que je dis ici , on doir voir la Planche XXXV j où eil delHjice une porte-cochere , avec le nom de toutes les parties qui la comporenc. lao MENUISIER,!. Pan. Chap. IX. • — r Lor/qu'il y a des impoftes à la baye , on eft obligé d'y faire régner celle Planche porte , du moins pour le deflus , alors on fupprime l'entrefol qui XXXVI. , ^ . 1 1_ 1 1 ^ > devient trop bas , a moins que la baye de la porte ne loit d une largeur confidérable , & à la place de l'entrefol, on remplit le cintre par un pan- neau de menuiferie , dont les champs & les moulures font en rapport avec celles de la porte , dans le milieu defquelles on peut placer des armes , un bas-relief, ou quelqu' autre ornement analogue au refte de l'ouvrage. On doit éviter de feindre les battants montants de fond, ainfi que l'ou- verture du milieu , lorfqu'il y aura une impofte : cette ouverture feinte ne doit fe tolérer que quand il n'y a .pas d'impofte , ou bien quand le defTous d e la porte eft voûté en berceau ; ou que pour éviter la trop grande lourdeur des vantaux , on les coupe à la retombée du cintre , ce qui fait qu'ils ne peuvent ouvrir de toute leur hauteur ; dans ces deux cas , on àok feindre rotfVerture de toute la hauteur, mais en même temps ne point mettre d'im- pofte, pour éviter la contrariété qu'il y auroit entre l'ouverture feinte du dcf- fus de la porte , & l'impoffibilité de la faire ouvrir. Lorlque ces defliis de portes auront une moyenne grandeur , c'eft-à-dire , quatre pieds à quatre pieds & demi de haut , & que le plafond du delTous de la porte defcendra jufqu'au deflous de fimpofte , on pratiquera dans le milieu du deflùs de porte une petite croifée ronde ou ovale , laquelle éclai- rera l'appartement qui fe trouvera au-defllis de la porte. P'oye^ les Fig. 1,2 <§■ 3 , où font dcffinées ces différentes efpeces de defllis de portes. Quand le plafond de la porte ira jufqu'au haut du cintre , & que par conféquent on n'aura pas befoin de jour dans fon delTus , on pourra tou- jours y mettre un rond ou un ovale dont les moulures & les champs ré- gneront avec ceux de la porte , ce qui donnera moins de grandeur au pan- neau , & en même temps plus de fimplicité que ne font les bas-reliefs & autres ornements qui deviennent inutiles & défeélueux lorfque la décoration d'un bâtiment eft fimple & peu ornée. _ Lorfque les defllis de portes auront au-defllis de quatre pieds & demi de Planche hauteur , on pourra y faire une croifée dont le haut fuivra le cintre de l'ar- XX.^VII. (.^jg ^ au-deflùs de laquelle on laiflièra le moins de champ que l'on pourra , afin de lui donner plus de hauteur. Lorfqu'U n'y aura point d'impoftes aux arcades , comme dans le cas d'un étage en foûbafl"ement , on pourra faire defcendre l'impofie de menuiferie de fix à huit pouces en contre-bas du cintre de l'arcade , afin de donner plus de hauteur à l'entrefol ; mais c'eft une licence qu'on ne doit fe permettre que dans des bâtiments de peu d'importance , comme les maifons à loyer , les Manufaélures , &c. "* * On obfervera que j^ai confervé dans la dé- coration des Figures des Planches ^6 Se 37 , une gradation de richcile convenable à chacune d'elles , Se relative à rcxprefTion des Ordres qui les décorent ; ceux qui connoilTent l'Architec- ture . comprendront aifément que la première Fi- Les Section I. Des Portes-Cocheres. lar Les elpaces qui reftent entre k croifée & les deux côtés de l'arcade , doivent toujours être revêtus en bois , & non en plâtre comme il s'en voit à Flanche beaucoup d'endroits , dont la décoration devient pefante & peu en rapport avec les portes de menuiferie , auxquelles ils fervent de couronnement. La décoration de ces côtés doit être conforme à celle de la porte ; on peut n'y faire qu'un feul panneau , & quelquefois même une table faiUante , fe^ Ion que la porte eft plus ou moins ornée. Lorfqu'elle eft d'une certaine ri- cheffe , on orne ces panneaux de deux conlbles , lefquelles viennent buter contre le chambranle ou le bandeau de la croifée , & lèmblent les foûtenir. L'ornement de ces confoles doit être grave , & on doit y éviter les peti- tes parties & celles qui deviendroient trop faillantes , afin qu'elles foient moins fujettes à s'éclatter: toute leur beauté doit confifter dans la forme de leur contour & dans leur fimplicité. Le pourtour des croifées doit être orné d'un chambranle qui doit faire avant-corps fur les deux côtés ; à la place d'un chambranle , on pourra , pour plus de fimplicité , n'y mettre qu'un bandeau , dont l'arrête intérieure fera ornée d'une moulure : lorfqu'on fera borné par la hauteur , on ne mettra pas de traverfes , du moins en apparence , à ces bandeaux , afin de donner plus de hauteur à la croifée , faifant affleurer la traverfe de dormant au nud du cintre de l'arcade. Le bas de la croifée ne doit jamais tomber fur fimpofte ; mais on doit faire une plinthe qui régne de toute la longueur de l'impofte ; laquelle re- cevra les chambranles , & fervira de pièce d'appui à la croifée. ( Fi^. 2 <§ 3 ) Le deifus de l'impofte doit , ainfi que je l'ai dit , être de niveau avec le deflûs de celles de la baye , avec lefquelles on fera régner la moulure de deflbus , le refte étant profilé en plinthe , afin de leur donner moins de faillie , & par conféquent diminuer moins de la hauteur du delTusdc porte ( au moins en apparence ). Ces importes doivent être d'une richeflè relative à celle de la porte , & fé- lon l'Ordre ou l'expenfion de l'Ordre qui la décore ; car quoiqu'il n'y ait point de colonnes ou pilaftres à la décoration d'une façade , cela n'empêche point que toutes les parties qui compofent cette décoration ne foient relatives à un Ordre. Ainfi on ornera les impolies profilés en plinthes , de tables faillantes , de tables renfoncées , avec moulures & fans moulures : elles pourront être dé- corées de guiUochis ou bâtons rompus de pofte , d'entrelas & d'autres orne- ments convenables. ( Voyelles Figures ci-deShs). On aura foin de donner un peu de talus au-delfus des impolies , afin de fa- ciliter l'écoulement des eaux, & on fera entrer les deifus de portes dans gure appartient à l'Ordre Tofcan , la féconde 1 gure i , de la Planche 37 , au Corintliien , com au Dorique ,1a troifieme à l'Ionique ; & la Fi- | me celles 2 5c 3 , à un étage en foùbaflement. Menuisier, H h Section I. Des Pones-Cocheres. 123 diamp , 8c on doit laiflèr quinze lignes de joue en parement à ceux qui ont == quatre pouces d'épaifleur , dix-huit lignes à ceux de cinq pouces , & vingt- '^j^XVIl/ une à ceux de llx pouces; pour la largeur des rainures , ce doit être le tiers de ce qui refte d'après la joue , ou le tiers de l'épailTeur du guichet , ce qui eft la même chofe. La traverfe au-de(îùs du guichet , doit être rainée de même : pour celle du bas , on n'y en fera point , parce qu'elle ne feroit que conferver l'eau , ce qui pourriroit la traverfe. On doit mettre dans les guichets & les battants de bâtis , une clef fur la hauteur aux plus petites portes , & deux aux grandes d'une largeur & épaif- fèur convenables , lefquelles lèrvent à retenir l'écart des battants , & empê- chent la porte de fléchir. Quant au guichet ouvrant , c'eft la même chofe que l'autre , excepté qu'à la place des rainures on y fait des feuillures , lelquelles ainfi que les rainures , ont un pouce de profondeur. ( Voye-^ les Fig. ci-defTiis). On remplit l'elpace qui refte entre le delîus du guichet & le haut de la porte de différentes manières. Lorlque les portes font circulaires , & qu'elles ouvrent de toute la hauteur d'après la naiflànce du cintre , on y fait un panneau embreuvé dans le gros bâtis, dont les champs & les moulures répondent à ceux des guichets ; lorfque les portes ont au-deflous de douze pieds de hauteur , on fait ces panneaux en tables /aillantes , dont le dehors des champs tombe au dehors des moulures des bâtis ; dans les grandes portes , en contre-bas du point du centre , on y fait des tables {aillantes qui font arrazées dans les portes d'une décoration fimple , ou bien ornées de moulures : quelquefois on les couronne de corniches , ou fimple- ment d'un bandeau fùivant l'exigence des cas. On peut auffi orner les deux cô- tés de ces tables de confoles méplattes ou chantournées , lefquelles fervent à foutenir la faillie de la corniche : ces tables peuvent être ornées de chiffres & de guirlandes de feuilles ou de fleurs , félon qu'il fera convenable. A la place de ces tables /aillantes , on peut faire des cadres renforcés , dans lefquels on peut placer des bas-reliefs & des trophées , & autres or- nements relatifs à l'ufage du bâtiment dans lequel la porte eft placée. Voye'^ les Fig. 17 , 18 , 19 , 20 , 21 (& 22 , oià font deilmées ces différentes e/pe- ces de tables faillantes avec les ornements qui leur font propres. Il eft affez ordinaire de faire des crofettes au bas des tables /aillantes, au-deffous defquelles on met des gouttes ou des fleurons , /elon la richeffè de la porte : ces crofettes doivent avoir de longueur le quart de la largeur de la table aux portes d'une expreffion ruftique , & le cinquième & même le fixieme à celles qui font plus délicates. La /àillie des tables faillantes doit être le quart du champ du bâti , excepté que quand elles font fort élevées on peut leur donner un peu plus de faillie , & la retombée des crofettes doit être égale à la faillie de la table. 134 MENUISIER, 1. Part. Chap. IX. Ces tables font pour l'ordinaire attachées fur les bâtis avec des vis , dont P i A N c H E les têtes font enfoncées dans l'épaifTeur du bois à recouvrement ; mais il fe- XXXIX. ^.^.^ beaucoup mieux de les embreuver dans les bâtis , ce qui à la vérité obligeroit à mettre des bois plus épais , mais en même temps donneroit plus de folidité , & mérite toute la confidération , fur-tout dans ces fortes d'ouvra- ges. J^ayei les Fig. 3 <& 4 , où ces deux manières d'attacher les tables faillan- tes font deffinées. Les Figures i cSc 2 de la même Planche , repréfentent les embreuvements des frifes renfoncées ; & celles 5,6,7, 8,9, &10, les différents profils qu'on y employé. Ce que je dis touchant les embreuvements des tables faillantes , devroic être la même chofe à l'égard des corniches , des bandeaux , & généralement de toutes les parties excédentes. On obfervera auffi de ne jamais rapporter les ornements de fculpture ; mais on doit les prendre dans la maffe , parce que , quelque foin que l'on prenne , il eft prefque impoffible que les ornements de rapport ne s'enlèvent & ne fa décollent étant expofés aux injures de l'air. Les panneaux embrcuvés doivent être arrazés par derrière , & affleurés avec les gros bâtis ; & lorfque les portes font à doubles parements , on les orne de moulures. ( Fig. i <& a ). Le derrière des tables faillantes eft rempli par un panneau arrazé , ou pat une frife- ( fuppofé que la porte foit à double parement ) dont les champs tombant à-plomb de ceux du guichet , font affleurés avec les bâtis. ( Fig. Il eft à propos de mettre entre les tables faillantes & les panneaux de der- rière une ou plufieurs barres de f épaiffeur du vuide qui eft entre deux , afin deles foutenir & de les empêcher de fe creufer. Lorfque les portes ne font pas à double parement , & que par confé- quent on remplit le derrière des gros bâtis avec des panneaux arrazés , on arrondit quelquefois l'arrête de ces panneaux , afin que s'il arrive qu'ils fe retirent, le joint foit moins fenfible. Les aiferablages des gros bâtis doivent avoir d'épaiflèur les deux feptiemes ou le tiers au plus de celle des bâtis ; ils doivent être extrêmement juftes : on doit éviter de les faire trop forts fur leur épaifieur, toute leur force de- vant être fur leur largeur. Si les affemblages ne rempliffent pas exaélement les rainures ou les feuillures des bâtis , on aura foin de les remplir par le moyen des barbes que l'on réfervera. Cette obfervation eft d'une très-gran- de conféquence , parce que quand il refte du vuide entre les affemblages > cela donne lieu à la joue de s'enfoncer : les arrêtes des battants de rives doivent être arrondies , afin qu'elles ne nuifent pas à l'ouverture de la porte ; on forme ordinairement ûne baguette méplatte fur le battant du milieu de la largeur de la feuillure ou de la noix ; elle fe pouffe des deux côtés , afin de Section II. Des Ouvertures des Pones-Cocheres. iif de rendre les champs égaux : on doit faire le dégagement de cette baguette - ■ d'un quart de. pouce de largeur au moins, afin qu'il foit à peu-près égal au Pi-anch jeu qui doit être entre les deux vantaux. ( Figures i , 2 , 5 (& 6 de la iP/, XXXVIII). Section Seconde. Des différentes Ouvertures des Portes-Cocheres , SC la manière de les déterminer. P 0 u R ce qui eft de l'ouverture des deux vantaux des portes-'cocheres , on a jufqu'à préfent fort varié fur la manière de la faire , & on feroit fort en peine de décider d'après l'examen de celles qui font faites , fi l'on doit faire la feuillure en parement au vantau dormant , ou bien à celui qui porte le gui- chet , le nombre des portes qui font faites des deux manières étant prefque égal ; cependant je crois que fi l'on fe rendoit compte de la manière dont elles doivent être ferrées , on pourroit décider sûrement de quel côté devroic être fouverture félon les ditférentes ferrures qu'on y mettroit. Ce «qui a donné lieu à faire indifféremment les ouvertures des portes-co- cheres , eft qu'anciennement on y mettoit des feuits à toutes ; alors il n'y avoit plus de difficulté , parce que les deux vantaux portoient également du bas comme du haut ; mais à préfent qu'on n'y en met plus , il n'eir eft pas de même , parce que quand la feuillure eft faite en parement au vantau dormant , celui qui porte le guichet étant plus foible que l'autre , eft fu- jet à revenir en devant , & par conféquent à gauchir , le haut n'étant re- tenu pour l'ordinaire que par un fléau , & le bas par un vérouil. Quoique cette ouverture paroiffe la plus naturelle , je crois cependant qu'il feroit meilleur de les faire de l'autre façon , c'eft-à-dire , de faire la feuillure en parement au vantau qui porte le guichet , parce qu'alors le vantau dor- mant retiendroit fautre , l'empêcheroit de voiler, & le rendroit plus ferme pour Ibutenir le coup du guichet. Lorfque les portes font ferrées d'efpagnolettes , on eft obligé de faire la feuillure en parement au guichet dormant , parce qu'elle fe pofe prefque tou- jours fur cçlui-ci , étant très-rare qu'on la pofe fur le vantau qui porte le gui- chet , le battant n'eft pas aifez large pour la contenir fans qu'elle nuife à la gâche de la ferrure du guichet, ce qui n'eft cependant pas làns exemples ; car il y a des portes à Paris , où non-feulement les efpagnolettes font pofés furie vanteau ouvrant, mais il y en a d'autres qui en ont deux, c'eft-à-dire, une à chaque vantau. Le meilleur moyen pour obvier à ces difficultés , eft de faire Fouverture du milieu des portes-cocheres à noix ; alors quelque ferrure que l'on y mette , Menuisier. I ; * 122 MENUISIER,!. Part. Chap. IX. . il n'y a plus de difficulté ; les deux vantaux tiennent mieux enfemble , & font Planche beaucoup mieux clos. ( Flg. 6. Pl. XXXFIII). XXXIX. Cet-je forte d'ouverture eft d'un très-grand avantage , & n'eft pas nouvelle^ car celle de la principale porte du Palais du Luxembourg eft de cette façon. Section Troisième. ' De la Conjlruclion ôC Décoration des Guichets. Les guichets font compofés d'un bâti , d'un parquet par le bas , & de ca- dres & de panneaux par le haut ; leur épailTeur doit être égah à celle qui refte d'après la feuillure ou les rainures des gros bâtis , comme je l'ai dit plus haut: on doit donner de largeur aux battants , premièrement , un pouce de languette ou de battement, plus un champ qui doit être des deux tiers de la largeur du champ du gros bâti , & la largeur du profil , laquelle varie félon la plus ou moins grande richelfc de la porte ; quelquefois on prend toute la largeur du profil dans le battant , ou bien lorfqu'il eft trop large , on y ajoute un cadre qui eft toujours à pktte-bande ; car pour les profils qui font à gorges & à lif. tets , on doit les prendre en plein bois , les moulures embreuvées n'étant pas aflez folides pour ces fortes d'ouvr?.ges. Lorfqu'on prendra les moulures dans le même bois (ce qui ne fera qu'aux plus petites portes , & d'une déco- ration fimple ) , on donnera à ce profil une largeur égale à celle du champ , ou les trois quarts au moins ; & à celles qui feront plus grandes ou plus ri- ches ( & par conféquent à cadre ) , on donnera de largeur au profil un quart , ou tout au plus un tiers de plus que la largeur du champ. Lorfque les cadres feront à plattes-bandes , on ornera la rive du battant d'une moulure qui fera partie du profil , lequel aura de largeur le cinquième ou tout au plus le quart de ce même profil. Les cadres s'alTemblent à lan- guette fimple ou double , félon l'épaiffeur du bois : ces languettes doivent avoir huit à neuf lignes de largeur , & d'épailfeur le tiers de l'épaiffeur de ce qui refte d'après la faillie du cadre ; lorfque les languettes font doubles , on partage cette épaiffeur en quatre parties égales , dont deux font pour les languettes du cadre , & les deux autres pour les joues du bâti. Cette manière eft très-folide , fur-tout aux portes à double parement. , Ces cadres s'alTemblent à tenons & mortaifes , que Ton fait doubles à ceux d'une épaiffeur confidérable , & pour plus de folidité on peut y mettre des clefs fur leur hauteur pour les tenir avec les bâtis. On fait les portes à double parement de deux manières. La première eft de les faire auifi riches par derrière , ou du moins à peu de chofe près que par devant. La.feconde eft de faire aflSeurer enfemble par derrière toutes les parties qui Section III. De la Conjlruc. SC Décoration des Guichets, taj-- les compofent ; & de pouflèr fur l'arrête de chacune d'elles , des moulures qui ' ' corrompent les joints , en obfervant toutefois de les faire entrer à pkttes- Planche bandes les unes dans les autres. (F/g". Il, 13, 13 & 14). Les panneaux doivent avoir deux pouces d'épaiffeur pour le moins , ^uand les portes font unies par derrière , ou autrement dit arrazées ; ils doivent affleurer les bâtis ; quand elles font à double parement , on y fait des plates-bandes par derrière , & alors on n eft plus gêné pour l'épaiflèur , la- quelle néanmoins ne doit jamais être moindre que de deux pouces : ils en- trent dans les cadres à languettes doubles ou fimples , lefquelles doivent avoir huit lignes de longueur au moins , fur une épailîèur relative à celle des bâtis , ainfi qu'on peut le voir aux Fig. ci-delîùs. Ces panneaux fe joignent à plat-joint avec des clefs que l'on met au nom- bre de deux ou trois fm la hauteur , & entre lefquelles on met des languettes rapportées qui doivent être très-minces , ainli que je fai dit en parlant des affemblages. Le pourtour eft orné de plates-bandes que l'on fera plus ou moins larges à proportion de la largeur du cadre, c'eft-à-dire , depuis un pouce jufqu'à un pouce & demi , & d'une faillie proportionnée à la largeur. Lorfque ces panneaux feront taillés d'ornement , on mettra des bois épais afin que ces ornements foient pris dans la mafle , évitant le plus qu'il fera poffible de les rapporter , à moins qu'ils ne foient d'une épaiffeur confidérable , alors on les colle & les arrête avec des vis. On obfervera de mettre les planches qui compofent ces panneaux , les plus étroites qu'il fera poffible , afin qu'ils foient moins fujets à fe tourmenter & à fe fendre , étant , comme ils font , expofés au grand air. Le bas des guichets eft ordinairement revêtu d'une table faiUante nommée parquet ;'ces parquets fe font de deux manières. La première eft de les faire de planches unies jointes enfemble à rainures & languettes , lefquelles font enfermées dans un bâti de trois à quatre pou- ces de largeur , lequel eft afïèmblé à bois de fîl pour plus de propreté. La féconde manière eft de les faire d'alTemblages , à panneaux arrazés ainfi que les parquets des appartements. Cette dernière manière eft la plus folide & la plus en ufàge , étant moins fujette à faire de l'effet. Les parquets d'affêmblage fe font de deux manières. La première arrazée , & l'autre à panneaux faillants ou recouverts , ce qui eft la même chofe : cette dernière eft très-folide , mais n'eft bonne qu'aux portes d'une expreffion ferme & ruftique. On arrondit les arrêtes de ces pan- neaux , & quelquefois on y pouffe un rond entre deux quarrés. Lorfque les portes font d'une cxpreffion extrêmement ruftique , on peut faire faillir ces panneaux en pointes de diamants. ( Fig. 1,2,3 <& 4). Planche XL. MENUISIER,!. Fart. Chap. IX. — — : Les parquets arrazés d'afTemblages , fe font de différents compartiments ; c H E lirais en général on doit plutôt avoir égard à la folidité qu'à la décoration dans le choix de ces compartiments , les formes quarrées étant les meilleures ainfi (Jiie les petits panneaux , lefquels font moins fujets à fe travailler que les grands ; ces différentes fortes de compartiments étant peu néceffaires , ne faifîmt ces parquets d'afTemblages que pour les rendre plus folides , & de plus leurs compartiments étant en partie cachés par les bandes de fer que Ton y met pour les préferver du frottement des voitures , & par les couches de couleur dont les portes font imprimées. Si donc j'ai mis dans cette Planche quinze cfpeces de compartiments de parquets , ce n'eft que pour faire connoître finutilité de leur richelfe , & pour ne les - propofer que comme un exemple à éviter , de ces quinze efpeces n'y ayant que ceux marqués j , 7 , 12 & 13 , que Ton puiffe raifonnablement employer. La raifon qui a fait préférer les parquets aux cadres & aux panneaux dans le bas des guichets , c'eft que premièrement ils annoncent plus de foli- dité , & qu'étant liffes ils font moins fujets à recevoir & à conferver feau , & par conféquent à fe pourrir ; de plus , la plus grande partie des portes n'ayant que neuf à dix pieds de largeur , elles font fu jettes à être endommagées par les voitures , ce que fon peut remarquer à la plupart des portes qui ont des panneaux par le bas, auxquels on a été obligé de rapporter des plan- ches contre-profilées dans les moulures , & que Ton a garnies de plaques de fer. Les parquets doivent être d'égale épaifTeur au corps que fait le gros bâti fur le guichet ; pour leur largeur , ils doivent être égaux à celle du dehors des moulures du guichet , plus les deux faillies de la bafe que Ton met deflus. Pour ce qui eft de leur hauteur , on ne peut pas leur donner moins de trois pieds aux plus petites portes , & quatre pieds aux plus grandes : en général la hauteur la plus commune eft de trois pieds & demi prife du nud du fol jufqu'au-deffus de la bafe ; cependant on doit faire régner ( du moins le plus qu'il fera poffible ) le deiîus du parquet avec le deffus de retraite ou focle de la baye , ce qui feroit fort facile, fi ceux qui en ordonnent la déco- ration avoient égard à celle de la porte. Les moulures qui font fur farrête des gros bâtis doivent aulTi être ter- minées à cette hauteur , le bas du battant étant liffe ; lorfque ces moulures feront faillantes , elles fe termineront de même , & ce liftet joint à la lar- geur de la moulure , formera un avant-corps lilfe , auquel affleurera la traverfe d' en-bas. On obfervera de laiffer la même diftance entre le parquet & la traverfe du bas du bâti, que celle qui eft par les côtés , laquelle doit-êtxe aux environs d'un pouce. Les MêA Section IIl De la Confiruc. SC Décoration des Guichets. Les parquets s'attachent ordinairement fur les guichets avec des vis , mais il feroit beaucoup mieux de les faire entrer en embreuvement dans les battants P c h e & les traverfes des guichets , ainfi que je l'ai dit en parlant des table. laillantes. On doit auffi avoir foin qu'ils foient d'une épai/Teur égale , & que les panneaux affleurent les bâtis , afin qu'ils foient moins fujets à être enfon- ces , & quds portent également fur les morceaux de bois que Ton met entreux & les panneaux de derrière. La coutume eft d'orner le delTus des parquets d'une bafe dont le profil eft ordinairement celui de la bafe attique ; mais je crois que dans cette oc cafion la coutume a prévalu , parce qu'il n'eft pas raifonnable de mettre indiffé remment des bafes du même profil à des portes d'une décoration ruftique " fohdes ou debcates; il vaudroit beaucoup mieux mettre à chaque efpece dé porte des bafes dun profil relatif à chacune d'elles, & n'employer la bafe attique quaux portes d'une décoration riche & fufceptible de tous les orne mènes qu> conviennent à ces fortes d'ouvrages. ( Foye^ les Fi.. 20 .1 23 (5 24). 6 J i , J-l , La hauteur des bafes doit être le dixième de ceUe du de/Tus du parquet u bas e la porte ; quant à leur faillie, comme l'épaiffeur du parquet'f lequel e les portent n'eft pas fuffifante, on les fera d'un profil méplat fur a Le " ""^ - Il ne faut cependant pas abufer de la permiffion de faire les bafes plus fùl- f,, les cot s que fur la face, comme on le voit en beauco p dW droKs o„ cette fulhe eft outrée , d'où il s'eft enfuivi que l'on a cl ( du n,oms pour le plus grand nombre) que c'écoit pour plus' de beauté que l'ot &fo. les fadlres des bafes inégale. , ce que pour lors on a fait , t'ou au- " je ouvrage , fans confidérer ce qui étoit la vraie caufe de cette inégalité Vorla tout ce qu d eft poffible de dire touchant la conftruflion de ces Ï te^ d ouvrages. . i'jiLci Quant à leur décoration , elle doit toujours être grave , & on doit y éviter les peutes parties tant dans les profils que dans les cintres, dont'on n ■ ' portes ce e d '"^ ^'""^^ ' ' '^'-^ 1- por es . ce ne doit être quà leur baye , ou tout au plus dans la partie fuperieure du guichet, encore ne doivent-ils être que plein-cintri h tes , ou en anfe de pannier, & non avec des oreil rcoZe voit quantité- dont le mauvais goût n'a régné que trop ^ g-t Ven te en " TZ' " de fculpture ils doi- l^Po-, /ne confifter K k ia(î MENUISIER,!. Part. Chap. IX. == qu'en guirlandes de feuilles ou de fleurs , en des trophées & des bas-reliefs , P I A N c H E ou en ornements courants tant fur les moulures que dans les frifes & les XL. „ impoltes. Ces ornements doivent être fermes & graves ; on doit y éviter les formes tourmentées & trop recherchées , ainfi que les trop petites parties , &. les prendre toujours dans la mafle du bois , ainfi que je l'ai dit ci-deffus. Section Quatrième. Des Portes Charretières ôC de Bajfe-Cours. == Les portes dont nous allons parler , ne font pour l'ordinaire fufceptibles Planche d'aucune décoration ; & s'il y en a quelques-unes , ce ne doit être que pour annoncer la folidité de leur conftruaion , laquelle fe fait de trois manières. La première & la plus folide , eft de les affembler à panneaux recouverts en forme de compartiments de parquet. Cette manière de faire les portes eft très-folide , & étoit fort en ufage dans le dernier fiécle , & je ne fçai pour quelle raifon on les a abfolument abandon- nées , la bonté de leur conAruftion devant les faire préférer à toutes autres. Elles font compofées comme les autres portes , de gros bâtis & de gui- chets , auxquels on met quelquefois des parquets faillants ; lorfqu'il n'y a point de parquets ( ce qui eft moins bien ) , on fait defcendre le comparti- ment des panneaux faillants jufqu'en bas : on fait ces compartiments de pan- neaux de différentes formes ; il en eft de quarrés , d'oblongs , de chantour- nés pour les bouts, & en lozanges. {Fier, i , 2 6" 3 ). Celle Fig. 2 , eft la meilleure , parce que toutes les traverfes étant difpo- fées diagonaleraent , tendent à foutenir la retombée du bâti , & le rendent plus folide en l'empêchant de baifTer : les panneaux de ces portes font em- breuvés dans les bâtis , làillent de huit à neuf lignes , & font arrondis fur l'arrête, ou font ornés d'un quart de rond: leurs derrieres.portent des croi- fiUons qui font affemblés dans les bâtis , & fur lefquels croifiUons ils font at- tachés avec des cloiu dont la tête eft arrondie , & quelquefois même enri- chie de quelque ornement , & eft faillante en parement , & dont la pointe qui eft fendue en deux fe reploye par derrière. ( Fig. 6 , 7 <& 9). La féconde manière de faire ces portes, eft de les faire comme les autres compofées de gros bâtis & de guichets , lefquels font remplis par des mon- tants de trois à quatre pouces de large , & par des planches de fix à huit pouces aulTi de largeur , lefquels font à joints recouverts fur ces montants : ces planches montent de toute la hauteur , ou bien font féparées par une tra- verfe , ce qui eft meilleur. La troifieme & dernière manière , eft de les faire de planches' arrazées Section V. Des Portes d'Eglifes dC de Palais. ikf, dans les bâtis , lùr l'arrête defquelles on poullè une petite moulure pour cor- _ rompre le joint ( fuppofé qu'il vienne à s'ouvrir ) . Foyei les Fig. 4, 568. Planche Comme dans les deux dernières eipeces de portes dont je viens de parler, XLI. les planches n'affleurent pas les bâtis par derrière , on y'aflèmble des traver- fes ou barres difpofées diagonalement , lefquelles retiennent la retombée de ces portes. ( Foyej les Fig. ci-deflus ). Section Cinquième. Des Portes d'Eglifes SC de Palais. Ces fortes de portes ne font diiïerentes des autres que par leurs décora- tions ; car pour leur conftruftion c'efl; la même chofe. Les Anciens les fai- foient toutes de bronze , dans lefquelles ils imitoient les compartiments de menuiferie (ainfi que celles du Panthéon & de Saint Jean de Latran, à Rome) ; mais leur trop grande dépenfe jointe à leur extrême pefanteur , a fait qu'on ne les fait plus que de bois , fur lequel on applique quelquefois des ornements de bronze , ainiî qu'on l'a fait à la porte de l'Églife du Val-de- Grace , à celle du Luxembourg , & ailleurs. Ces efpeces de portes font fufceptibles de toute la décoration & la richeflè poffibles (fur-tout celles des Églifes) ; il faut cependant prendre garde de donner dans f excès ; car ce que j'entends par toute la richelTe poffible , n'eft qu'une richeflè relative au monument où elles font, & à f Ordre dont ce même monument eft décoré , & non pas de cette richeflè confufe que Ton peut remarquer à la porte de l'Églife de Saint Louis , rue Saint-Antoine. Toute cette richeflTe ne doit donc confifter que dans Tordre & la belle proportion des parties qui compofent ces portes , & dans la beauté & le choix de leurs profils & de leurs ornements. On ne doit jamais mettre de parquet à ces portes , ce qui lèroit contre la vraifemblance , n'étant pas naturel qu'on en mette à des portes par lef- quelles il ne pafl"e pas de voitures , les parquets n'étant faits que pour con- ferver le bas des portes, & non, pour leur fervir d'ornement, ainfi que fe le font perfuadés ceux qui en ont mis à ces portes , comme on peut le voir à Saint Roch de Paris , & ailleurs. Ce que je dis par rapport aux portes des Églifes , par lefquelles il ne paflè pas de voitures , doit s entendre aufll pour celles des Palais ^ car , quoi- qu'il en paflè par ces dernières , elles font toujours , ou du moins doivent être d'une largeur alfez confidérable pour n'en point craindre le frottement. On fera ouvrir ces portes de toute leur hauteur le plus qu'il fera pofli- ble , ou du moins on doit le feindre : on tâchera auflr de n'y point mettre d'impoftes , foit que la baye foit quarrée ou circulaire, cela leur donne plus 128 MENUISIER,!. Pan. Chap. X. == de majefté: on n'y mettra pas non plus de tables faillantes, & on fera les ca- '^X L l" ^ dres du haut femblables à ceux du bas , tant pour la forme que pour les pro- fils , lefquels ainfi que les champs , peuvent être taillés d'ornements courants , tels que les poftes , les guillochis , &c , ainfi qu'on peut le remarquer au Val-de-Grace à Paris , & ailleurs ; je crois néanmoins malgré cette autorité , que les champs lilTes font toujours mieux. Leurs panneaux doivent auffi être remplis d'ornements convenables au fujet , comme les trophées , les bas-reliefs & autres ornements relatifs à cha- cune des différentes efpeces de portes que l'on a à faire. Lorfque le focle de l'Ordre qui renferme ces portes fera bas , c' efl-à-dire , qu'il n'aura pas plus de deux pieds de hauteur ( ce qui arrive fouvent , fiitT- tout -aux portes des Églifes ) , on fait alors régner avec ce même focle un panneau d'appui ou table faillante , qui fert de focle à la porte , & qui la garantit de tous les inconvénients qu'emmené après foi le paflàge & la foule de ceux qui entrent & fortent par ces portes. On n'y fera jamais de guichet , ou du moins fi on y en fait , ce doit être làns qu'il ait aucune forme apparente , ni qu'il foit compté pour rien dans la décoration totale de la porte ; mais on le fera ouvrir dans le com- partiment des cadres, comme font ceux de la porte du Val-de-Grace de Paris. Ces portes doivent toujours être à double parement , fur-tout celles des Églifes , lefquelles doivent être prefque auffi riches en dedans qu'en dehors , puifqu'elles font partie de la décoration intérieure de ces dernières. CHAPITRE DIXIEME. Des moyennes Portes en général. Des Portes Bourgeoifes ou Bâtardes. - O N nomme Fortes-bourgeoifes , celles qui n'ont qu'un vantail, & qui n'ont ''xlYi"^ ^^'^^^'^ ^"""^^'^ '^"''"'^ ^''^'^^ '"^'^"'^ '''' P^"^ ' ^^^'^^ femblables aux guichets des portes-cocheres , tant pour la gro/Teur des bois que pour leurs formes & dimenfions. Lorfqu'elles ont au-deflus de cinq pieds de largeur , on y fait un bâti , le- quel faille d'environ deux pouces au pourtour de la baye , plus une moulure qui eft fur l'arrête , laquelle doit être la même qu'aux portes-cocheres , à l'exception qu'il n'y a point de traverfes au bas de ce bâti. Pour avoir la grolTeur des bois de ces portes , on fe fervira de la mé- thode que j'ai donnée pour les portes-cocheres : ainfi aux portes de quatre pieds de large , oft lui donnera la même grolTeur qu'à celles de douze pieds de s E c T I o N I. Des Portes en Placard. lap de hauteur, à celles de cinq pieds comme à ceUesde quinze, & à ceUes de fix .. pieds de large comme à celles de dix-huic pieds de hauteur. {Voyei l'ar- Planchb ticle des portes-cocheres ). X L 1 1. Quand ces portes n'auront pas de bâtis , on tiendra leurs battants de deux à trois pouces au moins plus larges d'après le champ , afin que cette largeur ferve de battement. Comme quelquefois les allées que ces portes ferment , ne font pas fort éclairées , on efl: obligé de tirer du jour par le haut de la porte , ce qui fe fait de deux manières. La première eft de pratiquer dans le haut du panneau une ouverture d'une forme ronde ou ovale , que l'on orne d'une moulure ou d'ornements au pour- tour, & dont on remplit le milieu par un panneau de ferrurerie. La féconde manière eft de mettre des importes à ces portes aux trois quarts de la hauteur de la baye, au-deffus de laquelle on fait un panneau percé à jour, comme je viens de le dire ci-delTus , dont les champs & les moulures tombent à-plomb de celles de la porte. Cette féconde manière eft la meilleure ; mais on ne doit l'employer que quand les bayes feront d'une forme élégante ; car fi elles étoient baffes com- paraifon faite avec leur largeur, eUe rendroit la porte écrafée & d'une mau- yaife forme. Quoiqu'il ne paiTe pas de voitures par ces fortes de portes , on ne doit pas cependant fe difpenfer d'y mettre des parquets , parce qu'ils annoncent plus de folidité , & qu'ils régnent mieux avec les retraites des façades dans lefquelles ils font. ( [ ig. i , 2 , ^ , ^ , ^ & 6). Section Première. Des Portes en Placard. Suite des Moyennes Portes. O N nomme Portes en placard, celles qui fervent d'entrée aux apparte- ments , & dont les bayes font revêtues de menuiferie , telles que font les Planche chambranles, les attiques ou deffus de portes , & les embrafements , ainfi qu'on peut le voir dans la Planche XLIII , où eft deffmée une porte à placard avec fonplan & fa coupe ,*fur laquelle planche font écrits les noms des parties qui compofent un placard. Les chambranles de ces portes oiit difFérentes formes & profils , félon les diverfes ouvertures des portes; & comme dans l'enfilade d'un appartement, où il y a quelquefois cinq à fix pièces de plein-pied , il eft néceffaire que toutes leurs ouvertures s'alignent du milieu de chaque ouverture * , & foient * On doit obferver qn'il n'eft pas poffible que | qui ne peut être que d'un côté , tous 1« cliam- tous les chambranles s alignent eakmhU , ce I branles d'une enfilade ne pouvant pas êirs tous Menuisier, L i MENUISIER,!. Part. Chap. X. ~ égales en largeur & en hauteur , du moins dans l'intérieur de chaque pièce , Planche afin que les pilaftres qui revêtent les dofferets des portes , foient égaux en X L 1 1 1. largeur , & les deflus de portes égaux en hauteur & en largeur. Il efl donc nécelTaire de fe rendre compte ( lors même de la diflribution d'un bâtiment ) de toutes les différentes ouvertures des portes , afin de pré- venir toutes les difficultés qui pourroient fe rencontrer quand on vient à fa décoration intérieure *. ;!•== Pour parvenir à la parfaite intelligence de ce que je vais dire touchant les Planche ouvertures des portes, j'ai fuppofé un plan, lequel contient cinq pièces ^ d'enfilade , ce qui donne à peu-près toutes les différentes ouvertures poflî- bles. Voyei la Planche XLIV , dans laquelle eft ce plan, & le détail des ouvertures dont je vais donner l'explication , en fuppofant toujours l'aligne- ment du milieu des portes, comme je l'ai dit ci-deffus , ainfi que font ceux //, LL. La pièce cotée A eft une anti-chambre , dont la porte eft ferrée fur le chambranle intérieur ,n\ i , les embrazements devant être apparents du côté de l'efcalier, à moins que ce ne foit dans le cas d'une maifon bourgeoife , où la première pièce d'un appartement n'eft . que d'une grandeur médiocre ; alors; on ferre la porte fur le derrière du chambranle extérieur n\ n , & elle ou- vre dans les embrazements comme dans la pièce B , Fig. 2. Dans le premier cas dont je viens de parler , elles doivent toujours ouvrir en dedans : la manière la plus ordinaire de faire ces ouvertures , eft de faire une feuillure à la porte ainfi qu'au chambranle , de quatre à cinq lignes de profondeur , fur cinq à fix lignes de largeur , lefquelles font enfemble neuf à onze lignes de recouvrement fur le chambranle. ( Fig. i ). La porte vis-à-vis de celle donc je viens de parler n°. a , eft ferrée fur le derrière du chambranle , ainfi que la Fig. 1 , & ouvre dans les embraze- ments afin d'être égale à la première en grandeur , & paroître en même temps en dedans de l'anti-chambre A , \ l'exception du corps que fait le chambranle fur celle-ci, ce qui n'eft pas de même à la première , où la porte fait corps fur le chambranle. Pour remédier à cet incoijvénient, on pourfoit faire ouvrir la première porte comme la Vig. 3 ou 4 , & la féconde comme la ^ig. 5 , & alors les deux corps de chambranles deviendroient égaux. égaux de îargeuc de baye ; de plus cette ma- nière d'aligner les chambranles d'un feul côté , quoique fuivie en plufieurs endroits , entraîne après elle des difficultés qui doivent la faire re- jetter abfolum-enr. * Je ne fçaurois trop infifler ici fur la néceiïité défaire marcher enfemble la décoration & la dif- tribution intérieure 5: extérieure d'un bâtimen, afindedonneràl'un&à l'Mtre cet efprit de con- venance (Se de proportion qui leur eft fl nécelTaire à tous les deux , l'expérience ne faifant que trop connoîtrc , que dans les bâtiments où l'Ajchi- teéle (ou l'Ordonnateur) a négligé de prendre ce foin, il fe fait une multitude de fautes pref- que irréparables, ou qui fuppofé qu'elles puiffent fe réparer , coûtent toujours beaucoup , & fouvenc altèrent la foiidité de la conftruftion ; c'efl pour- quoi j'efpere que l'on me pardonnera li je me répète quelquefois à ce fujct . parce que ces ob- fervations font fi elTentielIcs , que je crains de ne le jamais dire afléz , pour que mes Lefteurs foient aulfi convaincus de cette vérité comme je le fuis moi-même. Section 1. Des Pontes en Placard. 13 r La largeur du chambranle de la féconde- porte étant bornée par celle de la première, on fait le double chambranle du côté de la pièce B , n°. 6, de ^^^j^^j'y'^ deux pouces plus large de chaque côté , pour que les portes ouvrent quar- rément , & d'un pouce plus haut pour qu'elles puifTent fe dégonder , & cela dans le cas qu'elles ouvrent à recouvrement comme la Flg. 2. ; mais lorf- qu elles ouvrent à noix ou à feuillure à vif, comme les Fig. 3 <& 5 , un de- mi pouce de rentrée au double chambranle ell fufEfint , ainfi que pour la hauteur , à laquelle un quart de pouce de jeu fuffit pris d'après la hauteur de la feuillure , ce qui fait neuf lignes que le double chambranle doit avoir de plus haut que l'autre , attendu que les portes qui ouvrent de cette façon font ferrées avec des fiches à nœuds. La pièce cottée B , eft une féconde anti-chambre ou falle à manger , au dedans de laquelle les embrazements des portes font apparents , afin de lui donner plus de grandeur , du moins en apparence , & que les portes ne nui- fent point au dedans de la pièce. La pièce fuivante cottée C H , eft un grand cabinet , ou bien une falle d'afièmblée : dans le premier cas , on fait rentrer le chambranle qui porte la porte n'. 4C, de deux pouces de chaque côté, afin de ne pas aggrandir trop les ouvertures , & de les rendre à peu-près égales en- tr' elles ; mais dans le fécond cas, on tient le chambranle 11°. 4// fur lequel la porte eft ferrée , d'une ouverture égale à celui qui eft dans la pièce B , cq \ qui fait que l'ouverture du côté H devient plus large que du côté C, afin qu'elle réponde à la grandeur de la pièce , fans pour cela rien changer à î-'"^^ l'ouverture qui eft la même du côté C comme du côté H. La pièce cottée D , eft une chambre à coucher , dans laquelle les em- brazements font apparents , & dont les chambranles intérieurs n°. 6 , foui: plus larges que ceux de la pièce C , afin que leur largeur réponde à celle d'une chambre à coucher , qui doit naturellement être plus grande qu'un cabinet.de quelque efpece qu'il foit. ^ Du côté G les chambranles font plus larges d'ouverture ( quoique difpo- fés de la même manière que les autres ) , parce que j'ai fuppofé que cette pièce au lieu d'être une chambre à coucher , pourroit être un fallon , comme dans le cas d'un grand appartement ; c'eft par cette raifon que j'ai aggrandi l'ou- verture du chambranle qui porte la porte dans la pièce cottée C du côté H n°.4., afin que les 'ouvertures des portes puiffent être en rapport avec les différentes grandeurs des pièces qui compofent un appartement. D'après l'augmentation que j'ai faite à la largeur du chambranle dans la pièce C du côté H n° . 4 , il fe trouve que celui qui lui eft oppofé n°. 5 , étant difpofé à porter la porte, laquelle ouvre dans les embrazements , donne à fon double chambranle qui eft du côté du falon G n°. 6 , huit pouces de plus large qu'à celui de l'anti-chambre A , 11°. I. MENUISIER,!. Part. Chap. X. • s Pour ce qui eft des pièces lliivantes cotées E F , on pourra aggrandir ou re- ^x'li'v' ^ f^™^'' l'ouverture de leurs chambranles félon que le cas l'exigera , en fiiivanc la même méthode que pour les autres. Quant aux ouvertures des portes fur les chambranles , on les fera à recou- vrement, à noix ou à feuillure à vif, félon que le cas l'exigera, ainfi qu'on peut le voir dans cette Planche , où ces différentes ouvertures font marquées à parc & cotées des mêmes chiifres que fiir le plan des ouvertures d'enfilade , qui eft &r la même planche , afin que Ton voye d'un coup d'œil où l'on doit employer ces différentes ouvertures , foit que les portes ouvrent en de- dans ou en dehors des appartements , ou dans leurs embrazements. On doit auffi obferver que f on doit toujours pouffer devant foi le vantail à droite d'une porte , lorfque l'on entre dans un appartement , foit que Ton entre dans ce même appartement à droite ou à gauche , ce qui arrive quel- quefois félon que l'efcalier eft difpofé. - Lorfque des pièces d'une grandeur extraordinaire, comme des làllons à FI- .Ç 1^ N c H £ talienne & autres , fe trouvent dans fenfilade d'un appartement , & que par conféquent ces pièces exigent de plus grandes ouvertures , on peut alors , fans faire les portes plus grandes dans les autres pièces ( ce qui feroit ridicule & même impoffible , vu le trop de différence de hauteur des planchers ) ; on peut, dis-je, faire du côté des grands appartements, des arcades ou au- tres ouvertures de quelque forme que ce foit , lefquelles font en rapport avec la grandeur de la pièce , dans lefquelles arcades on enfermera des chambranles d'une ouverture relative à toutes celles de l'enfilade. Voye\^ Us Fig. 1,2, 3, 4, J, (5, 7, 8, p, 10 (S" II, où cette manière d'aggrandir les ouvertures des portes , du moins en apparence , eft traitée de différentes manières , avec les plans & coupes de chacune d'elles. Lorfque l'on fera de ces arcades , on aura foin qu'elles foient fymmétriques avec celles des croifées , & on fera leurs embrazements femblables à ceux: de ces dernières , du moins le plus qu'il fera poffible ; c'eft pourquoi les em- brazements d'une forme quarrée par leur plan font préférables à ceux en tour creufe , que l'on ne doit employer que quand les embrazements n'auront pas afîèz de largeur ni de profondeur pour faire deux pilaftres en retour. Lorfque les portes d'un appartement font égales en largeur à toutes celles de l'enfilade , & que f on veut feulement qu'elles foient d'une forme plus élégante , on les fait alors ouvrir quarrément au nud du cintre des cham- branles, & pour plus defymmétrie, on feint qu'elles ouvrent de toute la hau- teur ; quant à leur ouverture , elle fe fait fous le liftec ou dans le derrière de la moulure. ( Fig. 12, 13 & 14). Il eft encore une manière de donner plus d'élégance aux portes , du moins en apparence , qui eft de faire monter de fond le dernier membre du chambranle , lequel enferme le deffus de porte , & de ne faire régner autour Section I. Des Portes en Placard. 133 autour de la porte que le membre du dedans , ou bien de faire monter le chambranle de toute la hauteur, lequel renfermera le deffus de porte, qui ^ fera féparé de la porte par une impolie méplatte, laquelle lui fervira de bat- tement. J^oyei les Fig. i^, 16 & i-y. Ces d eux dernières manières ne font bonnes c][ue dans des ipp'U'tenients d'une moyenne grandeur; mais dans les grands appartements, on ne doit pas s en fervir , celles dont j'ai pa'rlé ci-devant étant meilleures. Comme il arrive que dans l'enfilade d'un appartement ( du moins à fon extrémité ) il fe trouve de petits appartements , iefquels ne peuvent pas contenir des portes d'une grandeur égale à celle des autres pièces , on eft obligé de faire la porte qui donne dans ces petits appartements , d'une gran- deur qui leur foit relative , quoiqu'en apparence elles foicnt toujours du cô- té des grands appartements d'une grandeur égale aux autres. On peut remédier à l'inconvénient que caufent les différentes grandeurs des pièces , & par conféquent des portes des petits & des grands appartements , en ne faifant ouvrir qu'un vantail du placard de toute fa hauteur , lorfqu'il n'y aura pas plus de huit pieds de haut , & on lailTera l'autre dormant; toute la difficulté qu'il pourroit y avoir, c'eft qu'en lai/Tant fouverture de la lar- geur d'un vantail, elle pourroit devenir trop élégante. Pour empêcher ce défaut , on fait le double chambranle du côté du petit appartement , d'une largeur proportionnée à fa hauteur , & on rachette ce que ce chambranle a de plus de largeur que le vantail de la porte , par des pilaftres quarrés ou creux , félon qu'il eft néceflaire. ( Fig. 18, cotée a b). * Lorfque les vantails des grandes portes deviennent trop hauts , on les coupe à la hauteur de la baye des petites pièces , & on rapporte une faulfe tra- verfe par derrière : cette manière eft vicieufe , tant en ce qu'elle eft peu folide , qu'en ce que le jour étant apparent , fait un mauvais elïèt , à moins qu'il ne fe trouve au derrière d'une moulure, comme les Fig. la & 13. Quand on ne veut pas couper le vantail , on le fait ouvrir de toute la hauteur , & on y rapporte par derrière une traverfe flottée , laquelle , lorf- que la porte eft fermée , forme un petit placard côté de la petite pièce. Cette dernière manière eft la moins heureufe , tant à caufe de la diffor- mité de la hauteur du vantail ( comparaifon faite avec la petite/Te de la baye ) , qu'en ce que fon eft obligé de tirer la porte à foi pour fouvrir, au lieu de la pouflèr , ce qui eft la meilleure manière. C'eft la difficulté de ces différentes ouvertures, qui doit engager ceux qui préfident à la diftribution d'un bâtiment, à ne jamais placer (du moins * ]'ai fait toutes les ouvertures de ces portes en i eft naturel de les pouflir devant foi , quoique dedans, parce que comme les petites pièces fe quelquefois on foit obligé de les faire autie- trouvent toujours au bout d un appartement , il I ment. Menuisier. j^/j 134 MENUISIER,!. Part. Chap. X. . autant qu'il fe pourra ) des petites pièces dans l'enfilade d'un appartement , PtANCHE&en même temps les engager à entrer dans des détails auxquels on ne ^ V* penfe prefque jamais que lors de l'exécution , temps auquel il eft pres- que impoffible de réparer les fautes que l'on a faites , fans qu'il en coûte beaucoup au propriétaire , & fans pour cela rendre l'ouvrage plus parfait. C'eft d'après la connoiflànce de toutes ces différentes ouvertures, ainfi que du rang que tient la pièce dans un appartement , que l'on doit déter- miner la forme & la largeur des chambranles , ainfi que celles des portes , tant pour ce qui eft des profils que pour leurs compartiments & leurs dif- férents contours , ( comparaifon faite avec la largeur de la baye). Section Seconde. Des différentes manières de déterminer la forme ÔC la longueur des Chambranles. I I L eft plufieurs manières de déterminer la forme & la largeur des cham- Planche {jj^nles ; premièrement lorfque l'on décore des veftibules ou des premières ^ ' anti-chambres , qui pour fordinaire , quoique revêtues de bois , font impri- mées en couleur de pierre ou de marbre , on donnera de largeur aux cham- • branles le feptieme de leurs ouvertures. Si ces veftibules font décorés d'Or- dres d'Architeâure, ou feulement de quelques membres relatifs à un Ordre , le profil des chambranles fera le même que celui de rArchitefture de l'Or- dre : ce fera la même chofe pour leur hauteur, qui fera plus ou moins élégante , félon que f Ordre fera folide , moyen , ou délicat. Si les profils de ces chambranles font des profils ufités dans la menuife- rie , comme les boudins, les gorges , &c , on aura foin qu'ils foient fimples & peu reffentis , afin qu'ils imitent mieux la pierre ou le marbre. Lorfque f on décorera les autres pièces des appartements , comme les falles à manger , falles de compagnie , chambres à coucher , &c , on don- nera de largeur aux chambranles le huitième de leurs ouvertures , ou le dixième au moins , & on y employera des profils qui feront d'une richelTe proportionnée à celle de la pièce. Quand les fallons feront décorés d'Ordres , on donnera aux chambranles de leurs portes , la même proportion & les mêmes profils qu'à ceux des vefti- bules , c'eft-à-dire , farchitrave de FOrdre , à fexception que ceux des fallons doivent être faits d'une manière plus délicate, & que Ton peut tailler leurs principales moulures d'ornements. Quand ces pièces ne feront pas décorées d'Ordres , on pourra donner aux chambranles des profils d'une forme moins grave , & par conféquent moins de largeur. Voyei la Flanche XLVI , où font deffinées dix efpeces de pro- Section II. De la forme ôC largeur des Chambranles. 13 J fils de chambranles , depuis la forme la plus fimple jufqu à la plus riche. On ' obfervera que la principale moulure de la Figure dixième, eft une olive , la- ^^"^^^^ " ^ quelle eft deftinée à être lailTée d'ornement ; car hors ce cas , il ne faut ja- mais employer ce profil. Comme il eft prefque impoffible de déterminer d'une manière jufte & précife la forme des profils des chambranles, relati- vement aux différentes occafions , il fuffit de favoir qu'il eft néceflaire qu'il y ait une progreffion de richefTe depuis le veftibule ou l'anti-chambre , jufqu'à la dernière pièce d'un appartement ; que cette différence ou grada- tion de richefTe doit être peu fenfible , c'eft-à-dire , qu'il ne faut pas pafler tout de fuite du fimple au riche , ce qui feroit un défaut encore plus à craindre que la monotonie qui fe rencontre dans la plupart de nos bâtiments , où tous les placards font d'une même forme , & femblent , pour ainfi dire , avoir été faits dans un moule. ( Voy. les Fig. 1,2,, 3 ,4,^5 6 , j , 8 , () & 10.) Il eft donc de la fageffe de ceux qui préfident à la décoration d'un bâti- ment , de faire un choix de profils , tant pour les portes que pour les cham- branles, qui foient analogues à la décoration de la pièce dans laquelle ils font , & que le plus ou le moins de richefTe qu'on leur donnera , foit par- faitement en rapport avec ceux qui les précédent & ceux qui les fuivent. Quant au relief des- chambranles, ce fera le fixieme de leur largeur, ou le cinquième tout au plus , ce qui fera fuffifant , la trop grande faillie devenant trop lourde , & faifant mal dans les décorations. Cette faillie fe prend du nud des lambris , fur lefquels les chambranles font avant-corps , & on fera enforte que le devant du profil ne foit pas plus bas que le même nud , du moins le plus qu'il fera poflible , fur-tout dans le cas où ce profil eft celui d'un Ordre d'Archite6lure. Quand les chambranles font quarrés ou d'une forme bombée par le haut , ils s'aifemblent d'onglet à tenons & mortaifes , lefquels fe font dms les tra- verfes ou emboîtures , afin que le bout des tenons ne paroifTe pas par le côté : on y fait ordinairement un enfourchement ou tenon double , afin de les rendre plus folides. Pour leurs épaiffeurs , on leur donnera premièrement, la faillie ou le relief nécefTaire , plus quinze à dix-huit lignes pour recevoir les lambris , lefquels entrent dans les chambranles à rainures & languettes ; le bas des chambranles eft terminé par une plinthe ou focle , qui faille de quatre à cinq lignes fur la face & par le côté du battant , &. qui doit avoir de hauteur la largeur du champ de la porte *. * La coutume eft de terminer la hauteur des l puis lever ici : je traiterai de cela à fond en plimiies des cliambranles de cette manière ; | parlant des lambris d'appuis , dans la féconde mais elle fouiîre quelque diiBculté que je ne \ Partie de cet Ouvrage. • \ m mm Planche XL VI. tS^ MENUISIER,!. Part. Chap. X. Section Troisième. Manière de revêtir les embrafements des Portes. Les bayes des placards font revêtues tant par les côtés que par le haut , de menuiferie que l'on nomme embrafements , lefquels font d'alTemblage à grands ou à petits cadres , ou enfin fimples, félon la richeffe des portes, ou bien lorfqu'ils ne font pas affez larges pour être d'alTemblage, on les fait d'une feule pièce fur la largeur , laquelle eft ravalée ou lifTc : ces embra- fements entrent des deux côtés à rainures & languettes dans les cham- branles. La manière la plus ufitée eft de leur faire des arrieres-corps de trois ou quatre lignes , d'après les chambranles , & de laiiTer farréte intérieure du chambranle à vif. Quelquefois on orne cette arrête d'une moulure , telle qu'un bouve- nient ou une baguette ; mais cette dernière manière eft moins bonne que la première , & ne peut bien faire que dans le cas des embrafements unis, où cette moulure femble fervir de cadre. Lorfque les embrafements font d'une moyenne largeur , on les fait affleurer aux chambranles , afin que TépaifTeur de ces derniers falfe partie du champ. (^Fig. II ,12, 13 , 14 <§■ 15 ). Pour la décoration des embrafements , elle doit être en rapport avec celle des portes , avec lefquelles on aura foin que leurs champs régnent ; excepté que quand les portes ouvrent dans les embrafements , les champs du haut ne régnent pas , parce qu'ils deviendroient trop larges. Pour le bas on n'y met pas de plinthes , à moins que le champ de la porte ne foit extrêmement large , c' eft-à-dire , qu'il ait cinq à fix pouces ; alors il n'y a point de difficulté d'y mettre une plinthe de trois pouces de haut. Quant aux plafonds , les champs doivent tomber à-plomb de ceux des côtés , & par les bouts être égaux à ceux du haut ; pour plus de folidité , on met au milieu- des plafonds un montant , lequel repréfente les deux battants des portes , fins pour cela avoir la même largeur. Lorlque les embrafements font étroits , ce montant fait alîêz bien ; mais lorf qu'ils font larges , ils rendent les deux panneaux trop courts ; alors on fait bien de les fupprimer , du moins en apparence , en ne faifint qu'un feul panneau , & rapportant par derrière un faux montant qui retient fé- cart des deux battants. Pour l'ordinaire, les plafonds portent à nud fur les côtés des embrafe- ments ; mais je crois que malgré l'ufage , on feroit mieux de les faire en- trer Sect I ON IV. Des Placards à petits Cadres. 137 trer à rainures & languettes , ce qui feroit plus folide , & on feroit la - rainure dans le plafond , afin qu'il eût toujours fa portée ordinaire , ce qui P ■ ne pourroit pas être fi les rainures étoient dans les côtés , ce qui cependant rendroit le joint moins vifible. {Fig. 16, ip & 20}. La largeur des champs des embrafements , doit être de deux à trois pou- ces félon la largeur des portes ; pour leurs profils & ornements , on fera la même chofe qu'aux volets, à l'exception que l'on n'y employé pas de cintres, du moins pour f ordinaire. La proportion de l'ouverture des portes doit être de deux fois leur lar- geur entre les deux chambranles , & de deux fois & demie au plus; encore ne leur donne-t-on cette proportion que quand elles font cintrées , parce que fi elles étoient quarrées , les vantaux deviendroient trop élégants , ce qui ne pourroit être tolérable qu'aux portes des Temples & des Palais , lefquelles étant plus larges , quoiqu'en même proportion , peuvent fouffrir différents compartiments fur leur hauteur , qui ne conviendtoient pas aux portes d'appartements. Les vantaux des portes font compofés chacun de deux battants & de tra- ' verfes droites ou chantournées , de cadres fi' elles en ont , de frifes & de panneaux. Il eft de différentes efpeces de portes en placard , tant pour la forme que pour la décoration , que je réduirai à trois principales , favoir : Premièrement, celles qui font à petits cadres. Secondement , celles qui font à grands cadres embreuvés ou ravalés. Troifiémement , enfin celles qui font fufceptibles de contours Si de for- mes variées , & dont une face efl: différente de l'autre. SECTtON QUATRIEME. Des Placards à petits Cadres. C E S différentes efpeces de portes demandent un détail particulier , tant pour leurs formes & profils , que pour leurs différents aifemblages & leurs différentes largeurs & épaifleurs de bois , comparaifon faite avec leurs gran- deurs , & je commencerai par celles à petits cadres comme les plus fimples. Pour ce qui eft de la largeur des champs , ce fera la même chofe pour les trois efpeces .de portes tant qu'elles feront de même hauteur : on don- nera deux pouces trois lignes de champ à celles qui auront depuis fept pieds jufqu'à neuf pieds de haut , deux pouces & demi à celles de neuf pieds jufqu'à douze , & deux pouces neuf lignes & même trois pouces à celles qui auront depuis douze jufqu'à quinze pieds de hauteur. Les battants du milieu auront de largeur de plus que le champ & la moulure ou l'embreuvement ( fi elles font à petits ou à grands cadres ) , Menuisier. ^ 138 MENUISIER,!. Part. Ckap. X. — plus la moitié de leur épaiflèur pour y faire d'un côté une feuillure , & de ''-^'^j^'^^j ^l'autre côté une baguette. Les battants de rives doivent avoir de largeur , premièrement , celle du champ & de l'embreuvement ou de la moulure , plus celle des deux feuil- lures ou du rond entre deux quarrés , que l'on poulFe fur l'arrête des por- tes , lefquelles feuillures auront les deux enfemble , depuis fix lignes jus- qu'à neuf lignes , félon la grandeur des portes ; à celles qui ouvriront à noix ou à feuillures ; les battants de rives n'auront que cinq à fix lignes de plus large que les champs , ce qui eft néceffaire pour la longueur de la noix , ou la portée de la feuillure. L'épailTeur des bois doit aufli être en rapport avec leur hauteur ; c'eft pour- quoi aux portes de fept à neuf pieds , ils auront feize lignes d'épailîèur ; à celles de neuf à douze pieds , ils auront dix-huit lignes ; & à celles de douze à quinze pieds , ils en auront vingt. Les traverfes du haut des portes doivent être d'une largeur égale à celle des battants de rives ; quelquefois pour plus de propreté on les affèmble d'onglet dans les battants ; mais cela eft moins folide que les afTemblages quarrés. Celles du milieu doivent avoir depuis deux pouces neuf lignes juf- qu'à trois pouces & demi de champ , afin de pouvoir placer la ferrure fans qu'elle anticipe fur les moulures. Les traverfes du bas doivent avoir de largeur de champ , la hauteur du plinthe des chambranles , plus la largeur de la moulure ou des embreuvements, comme à celles ci-delfus. Quant aux compartiments des panneaux & des frifes des portes , la meil- leure manière & la plus ufitée , eft de placer le milieu du champ de la traverfe de delfus k frife au milieu de la porte , & par conféquent la frife en contre-bas. Il eft encore une autre manière , qui eft de faire régner le delTous de la mou- lure de la frife avec le delîous de celle du lambris ; quand les» appartements font d'une moyenne hauteur , & lorfqu'ils font grands , on fait régner le panneau d'appui des portes avec ceux des lambris d'appui; mais quelque chofe qu'il arrive, on ne doit guère s'écarter de la proportion que j'ai donnée ci-deilùs. Voy. les Fig. 17 (& 18 , oià les parties cottées a ,c , repréfentent les lambris, & celles b, t/, les portes. Les frifes auront de largeur d'arrafement , c'eft-à- dire , entre les deux moulures , fept pouces aux portes de la première efpece de grandeur ; huit pouces aux fécondes , & neuf ou même dix pouces à la troifieme efpece. Lorfque f appui des portes eft borné , & que Ton craint que les panneaux ne deviennent trop élégants , on y met une frife par le haut d'une largeur égale à celle du milieu ; mais quand il n'y aura qu'une frife fur la hauteur d'une porte , on la mettra toujours au-delTus de F appui. & non en haut , malgré les exemples que l'on en a. La largeur des pro- Section IV. Dès Placards à petits Cadres. ijp fils des frifes , doit être les deux tiers de ceux des panneaux , auxquels pi our N c H l'ordinaire on afFeâe de les faire dilTemblables , c'eft-à-dire , d'un profil différent. P l a Les profils à petits cadres font, comme je fai déjà dit, ceux qui font ^^VII pris dans le même bois que le champ , auquel ils affleurent : ils ont pour l'ordinaire depuis quinze jufqu'à vingt lignes , & même deux pouces de largeur , & font compofés d'une gorge à un ou deux quarrés & d'un boudin , ou d'une doucine à baguette , toute autre efpece de profil n'é-. tant pas ufitée dans ces fortes de portes. ( Fig. i & 2.'). Il eft encore une autre efpece de portes à petits cadres , dont les pro- fils font plus riches que les précédents , fans l'être autant que ceux à grands cadres : ces profils ne peuvent pas avoir moins que vingt lignes de largeur , & demandent des bois un peu plus épais que les autres. ( -Fz^. 3 (§■ 4 ) . Ces portes s'affemblent à tenons & à mortaifes , dont l'épaifTeur doit être le tiers de celle du battant , à condition toutefois qu'il refte entre le fond de la gorge & Taffemblage , une joue d'environ deux lignes. On doit faire pa/Ter falTemblage au travers des battants , afin de les rendre plus folides ( du moins aux traverfes du haut & du bas ), & on doit avoir foin de n'épauler les tenons du côté de la moulure que de la moitié de la pro- fondeur de la rainure , afin que fi les traverfes & les panneaux venoient à fe retirer , ce qui refte de bois d'après la rainure cache le joint. Foyei les Figures précédentes , où font marqués les afl"emblages & les rainures ; & la Figure 51 , laquelle repréfente le bout d'une traverfe , dont le tenon n'eft épaulé que jufqu'à la moitié de la profondeur de la rainure. Les panneaux de ces portes doivent avoir depuis neuf lignes jufqu'à un pouce d'épailTeur , à raifon de celle des bâtis , & être compofés de planches les plus étroites poffibles , pour qu'ils foient moins fujcts à fe tourmenter On obfervera aulTi que ces planches foient d'une largeur égale chacune à elle-même, c'eft-à-dire, d'un bout à fautre : on les joinr à rainures & lan- guettes , lefquejjg^ feront placées au milieu de leurs épaifTeurs : on aura foin que les languettes portent bien au fond des rainures , afin que quand les plattes-bandes font faites , on ne voye pas le jour au travers des joints. Les rainures des bâtis dans lefquels entrent les panneaux , doivent avoir Cx lignes de profondeur au moins , fur trois ou quatre lignes d'épaiffeur , & les plattes-bandes des panneaux doivent avoir au moins huit lignes de largeur d'après les languettes , & il feroit à fouhaiter qu'elles fufient plus ou moins larges à proportion de la largeur de la moulure ; mais la largeur que j'ai donnée ci-delTus efl: celle qui efl la plus généralement fuivie , Se il n'y a que quand les profils deviennent d'une largeur extraordinaire , comme dans le cas d'une porte-cochere , que Ton fait les plattes-bandes plus larges ; cependant dans des ouvrages de conféquence il efl bon qu'elles foient en lapport avec la largeur des profils , malgré l'autorité de fufiigc. MENUISIER, 1. Pan. Chap. X. PiANCHE Section Cinquième. XLVII. Des Placards à grands Cadres. Les portes à grands cadres ne différent de celles dont nous venons de parler, que par la richelTe & la forme de leurs profils; car pour leur épaif- feur & la largeur des champs , c'eft la même chofe qu'aux autres , eu égard à leurs différentes hauteurs. Les grands cadres font ceux qui font ravalés dans 1 epaiffeur des bâtis , ou embreuvés dans ces mêmes bâtis. Les cadres embreuvés s'affemblent de deux manières ; la première eft de les couper d'onglet tout fimplement , & de retenir le joint par une efpece de petite clef nommée pigeon. (Fig. lo & n)- La féconde & la meilleure , eft de les faire d'affèmblages , qui fe font à tenons & mortaifes, ou en enfourche ment de toute la largeur du cadre, lefquels font préférables aux tenons épaulés , parce qu'ils maintiennent le cadre dans toute là largeur. On n'épaule point les devants des tenons des cadres ; mais on remplit la rainure avant de faire le tenon h la diftance de lîx lignes de l'arrazement, afin de le conferver de toute fa largeur. (Fig. 12). Pour les profils de ces portes , les plus ufités font les boudins & les dou- cines à baguettes , les gorges droites ou fouillées , les talons , les liftets & les congés. Foyei Us Fig. J , 6 ,J & 8 , lefquelles repréfentent quatre el^ peces de profils à grands cadres avec leurs frifes , deux defquels profils font à recouvrements des deux côtés , un à recouvrement d'un côté & plattes- bandes de l'autre , & le quatrième à plattes-bandes des deux côtés , ce qui renferme toutes les efpeces de profils à grands cadres poffibles , du moins pour la forme générale ; car pour l'affemblage des raoulur^ ils peuvent être variés à l'infini. Les profils à plattes-bandes s'employent dans les portes , non-feulement pour leur richeffe , mais auffi pour répondre à fépailTeur des bois ; car dans le cas où les bois des bâtis feroient d'une forte épailTeur , on ne pour- roit pas y employer des profils à recouvrements ; parce qu'ils auroient trop de relief , comparaifon faite avec leur largeur ; c'eft pourquoi on eft obligé de fe fervir des profils à platte-bandes d'un feul côté , ou même des deux côtés , ainfi qu'on peut le voir dans les Fig. ci-delîus. La largeur de ces profils doit être depuis deux pouces julqu à trois , & même quatre pouces , félon les différentes grandeurs des portes ; quant à cel- le des frifes, ce doit être, comme aux portes à petits cadres , les deux tiers de la largeur des cadres tout au plus. Les s ECT ION VI. Des Cadres à contours ôC ornements. 141 Les embreuvements ou rainures qui reçoivent les cadres , doivent être peu profonds, afin de moins afToiblirles joues de ces derniers; ceft pourquoi P on ne leur donnera que trois à quatre lignes de profondeur , & d epaif- feur les deux feptiemes de celle du bâti. Pour les cadres qui font à plattes- bandes , comme il peut arriver que la moulure du derrière ait plus de lar- geur que la profondeur de l'embreuvement , on ravale alors le battant du côté de l'embreuvement de ce que la moulure a de plus large , afin que les champs foient égaux des deux côtés , & que la languette ne foit pas trop longue. (/zV. 7). On aura cependant foin que quand les cadres ne feront à plattes-bandes que d'un côté , ou bien quand les portes changeront de profils ou de con- tours & d'ornements , qu'elles foient toujours femblables dans l'intérieur de chaque pièce. Toutes les différentes efpeces de profils dont je viens de parler , bien que différents les uns des autres pour la compofition & l'afferablage des moulures font les mêmes dans le fond, puifqu'on n'y peut employer d'au- tres moulures (du moins pour les principales ) que les doucines & les bou. dins , fans s'expofer à tomber dans le goût gothique : il n'y a donc que dans l'alTerhblage & la variété de ces mêmes moulures , auffi bien que le plus ou moins d'élégance avec laquelle elles font traitées, qui peut don- ner à la décoration tant des portes que de tous autres ouvrages , cet efprit de gradation & de convenance , qui eft le caradere de la bonne Archi- teélure. Section Sixième. Des Placards dont les traverfes font fufceptibles de Contours ÔC d'Ornements. A p R È s les deux efpeces de portes dont nous venons de parler , il en eft encore une troifiéme , ainfi que je l'ai dit , qui eft fufceptible de contours tant dans les traverfes que dans les panneaux : la néceffité où l'on eft de donner une gradation de richelfe aux appartements, a donné lieu à cette troifiéme efpece de portes dont je parle préfentement , la reffource des chan- gements des profils n'étant pas affez féconde pour répondre aux différents be- foins que l'on a, fur-tout dans un appartement compofé d'un grand nom- bre de pièces ; on a donc recours aux contours & aux ornements de fcul- pture, lefquels donnent aux portes autant de richelfe que l'on peut fou- haiter. Menuisier. Oo 142 MENUISIER,!. Part. Chap. X. Pl ANCHE Section Septième. XLVIII. Différentes manières de chantourner les traverfes. Il eft de trois manières de chantourner les traverfes ; la preniiere eft de chantourner le dedans de la traverfe feulement , autour duquel contour ré- gne la principale moulure du profil , & d'en faire monter quarrément le dernier membre. (^Flg. i). La féconde eft de faire fuivre le contour de la traverfe à tout le profil, & de regagner le quarrément des champs par un petit panneau entouré de moulures, lefquelles viennent mourir derrière le graad profil Fig. 2; ou bien (quand on a a(Ccz de place) , on fait régner un champ entre ce pe- tit panneau & le profil chantourné. (Fig. 3 ). On ne doit pas employer indifféremment ces trois manières de chantour- ner les traverfes , mais feulement où chacune d'elles eft convenable. La pre- mière eft préférable aux deux autres ; mais il eft à craindre que dans les ou- vrages d'une certaine grandeur , elle ne produife de trop petites parties; dans ce cas , on fe ferviroit de la troiCéme : & on ne fe fervira de la féconde que quand il y aura de l'ornement derrière le profil des traverles , lequel aide à cacher la difformité que produit la diiîérence qu'il y a entre la fail- lie du derrière de la moulure fur le nud des champs , & celle que cette même moulure a fur le panneau , laquelle différence eft de cinq à fix lignes , ce qui eft le moins de profondeur que l'on pui/fe donner au ravalement du petit panneau. Pour ce qui eft de l'afîsmblage de ces traverfts , on y fait un ou plu- fieurs tenons , félon leurs différentes largeurs , & on obferve une languette entre les deux tenons , afin de les rendre plus folides & d'eji cacher le joint. Quant à leurs coupes , quand les cintres feront comme dans les Fig. i & 4 , c'eft-à-dire , que le derrière du profil monte quarrément , & que le devant eft coupé d'onglet ou en faulfe coupe, on les fait de deux manières: la première eft de faire venir f arrazement ou joint de la traverfe , jufqu'au derrière de la principale moulure, lequel arrazement, on continue jufqu'à ce qu'il rencontre l'onglet du derrière du profil. ( Fig. i ). ( La féconde eft de faire defcendre l'arrazement de la traverfe jufqu'au mi- lieu de la gorge , ce qui fait que toute la plattebande du panneau fe trouve à bois de bout. (Fig. 4 ). La première manière eft préférable à toute autre , tant parce que le joint fe trouve de manière que toute la gorge eft à bois de fil ( excepté à la ren- contra de la gorge de k grande moulure , où il fe trouve du bois de tra- m Section VIII. Des différentes manières de faire les coupes. 143 vers , ce que l'on pourrait empêcher en y faifant une coupe en pointe de diamant , comme dans la Fig. i , ce qui devient alTez inutile dans les ou- ^ ^^VIII ^ vrages qui font pour être peints ) que parce qu'elle devient plus folide , lîir-tout dans les moulures embreuvées , où elle lailîè plus de largeur au- derriere de la moulure. Pour les autres efpeces de cintrés , où le profil tourne tout entier au* tour du cintre , ou quand le profil eft à platte-bande , dont le dernier mem- bre monte quarrément , on fait venir l'arrazement des traverfes au nud des champs ; ou bien ( pour plus de propreté ) on les coupe d'onglet , les lan- guettes entrent fous les moulures du derrière , lefquelles cachent les joints. yoye^ les Fig. 3,5 ê 6 , on les lignes ponéluées indiquent les tenons & les languettes. Quand les coupes de^traverfes font quarrées , comme dans les Figures a & 5 , on lait dans le bout des battants , une languette de la même épaif- feur que les tenons , laquelle fert à retenir la traverfe , & l'empêche de fe déranger. Lorfque les retombées de ces traverfes deviennent trop grandes , & qu'il fe trouve trop de bois tranché ou de travers (ce qui eft la même chofe ) , on rapporte alors la retombée du cintre à tenon & mortaife & à bois de bout dans la travefer , lequelle retombée s'afTemble dans le battant par le moyen d'une clef que l'on y rapporte. ( F oye[ /« Hg. 5 (S" 6 ) , où ces dif- férentes coupes font marquées avec leurs affemblages. Quoique ces dernières efpeces de coupes ne fè fadcnt guère aux portes, à caufe que leurs traverfes n'ont pas pour l'ordinaire une retombée fuffi- fànte , j'ai cru devoir en parler tout de luite afin d'éviter les répétitions ; ces elpeces de coupes étant de plus néceffjires aux chambranles qui fon* d'une iÎDrme quarrée par dehors , & cintrés par dedans. Section Huitième. Différentes manières de faire les coupes des traverfes cintrées. Quant aux coupes des profils des traverfes cintrées , comme elles ne viennent jamais quarrément , on les fait des deux manières lùivantes. La pre- mière eft de tracer toutes les lignes des membres de votre profil , tant fur la li- gne droite que fur la courbe ; & à la rencontre de ces mêmes lignes ; vous en tirerez une autre , laquelle fera la coupe demandée. {Fig. 7). La féconde manière fe fait en divilànt la largeur de votre profil en deux parties égales , tant fur la face droite que fur la courbe , ainfi que l'indique la ligne ponéluée de la Figure 8 ; puis d'une ouverture de com- pas quelconque , vous ferez des points a , k, t: , \.ss quatre ferions g g , e e , M4 MENUISIER,!. Part. Chap. Z.. p '";'J-~ P^"' lefquelles vous ferez pafTer deux lignes , à la rencontre defquelles , au XLVill. point-/ comme centre , vous décrirez l'arc de cercle abc, lequel fera la cou- pe demandée. Dans le cas où les membres des moulures deyiendroient inégaux , on fe ferviroit de la première manière. ( Fig. p ). Lorfqu 'on employera des oreilles , on aura foin que leurs centres foient toujours à-plomb de l'arrazement (du moins le plus qu'il fera poffible) , afin que le derrière de la moulure ne rentre pas en dedans de lui-même , ce qui fait un mauvais effet, & n'eft tolérable que quand le derrière des oreilles eft rempli d'prnements, lefqueispour lors cachent la difformité des oreilles, i^Fig. 10, II & 12 ). • Pour ce qui eft de la forme des cintres, il eft prefqu'impoffible de la ^XlTx ^ '1^^'^""'"'='" 1"'^'=; 1" différents befoins de plus ou moins de richeffe que l'on veut donner à l'ouvrage , étant la feule raifi^ qui puiffe faire adopter une forme plutôt qu'une autre. Je me contenterai donc de dire que l'on ne doit employer aux portes que des cintres doux & coulants , que l'on doit y éviter le trop grand nombre de reffauts & les petites parties , ce qui doit s'ob- ferver non-feulement aux cintres des portes , mais auffi à ceux de tous au- tres ouvrages , & qu'en général on n'en doit employer que le moins qu'il fera poffible , & avec beaucoup de fageffe & de retenue ; & que fi dans les Figures ci-après j'en ai beaucoup employé , ce n'eft que pour faire voir toute la difficulté qui fe rencontre dans la pratique de ces fortes d'ouvra- ges , fans pour cela les propofer comme des exemples à imiter. Section Neuvième. « Des Portes dont les cintres ou la décoration changent des deux côtés. Les portes peuvent, ainfî que je l'ai déjà dit , changer de décoration y leurs traverfes étant quelquefois d'une forme quarrée d'un côté & cintrée de l'autre, ce qui demande une très-grande attention, tant par rapport aux affemblages qu'aux ralongements des panneaux. Lors , dis-je , que les portes font quarrées d'un côté & cintrées de l'au- tre, on ravale la traverfe de la moitié de fon épaiffeur, plus celle de la lainure de ce que le cintre a de retombée , d'après lequel ravalement on fait une rainure à l'ordinaire , dans laquelle le panneau entre quarrémenc &dont la platte-bande fuit le contour de la traverfe d'un côté feulement! Quand les traverfes changent de cintre des deux côtés , c'eft la même chofe , à l'exception qu'il faut prendre garde à faire monter le panneau juf- qu'à la plus grande profondeur dfs deux cintres, laquelle on peut aifément connoître i XLIX. Section IX. Des Portes où la décor, change des deux côtés. 14J coîinoître en marquant les deux cintres l'un fur l'autre comme dans la — Figure S. ■ Planche Tant que ce n'eft que les traverfes d'en haut qui font dans le cas dont je viens de parler , il n'y a prefque pas de difficulté , parce qu'il leur refte toujours alTez de largeur pour faire un alTemblage raifbnnable ; mais lorf- qu'elles fe trouvent au milieu d'une porte, où il n'y a quelquefois qu'une traverfe cintrée d'un côté , & que de l'autre elle en a deux , lefquelles forment une frife , ou bien quand les cintres fe coupent les uns les autres , comme dans les Fig. 2 (§ 3 ; dans fun de ces cas , on fait les traverles de d >ux pièces fur leurs épaiffeurs , ce qui s'appelle traverfes. flouées-, pour pou- voir loger le panneau , & pour y faire des alfemblages folides. Ces fortes de traverfes fe coupent en deux fur leur épaiflèur, ou (pour mieux dire) ce font deux ou trois , ou même quatre traverfes, dont f une porte d' épaiflèur la joue du cadre , & l'autre cette même épailfeur , plus celle de la rainure , laquelle fert d'arrafement intérieur à cette traverfe , & de joue au battant. La traverfe la plus épalfle doit être celle qui efl: la plus étroite , afin que le ravalement que l'on y fait fèrve à retenir le panneau : de plus , pour peu que l'on veuille y faire attention , il éft aifé de voir qu'il eft im- poiTible de faire autrement. Tant que les cintres ne {è coupent pas comme dans les Fig. 10 & ir, on peut faire les frifes à l'ordinaire , c'eft-à-dire , d'une feule pièce , & à rainures & languettes dans les traverfes , quand même les cintres de ces dernier :s feroient différents ; mais lorfqu'ils (è coupent comme dans la Fig. a , ou que les frifes forment ovale d'un côté comme dans la Fig. 3 , on eft alors obligé de ravaler les frifes dans les traverfes, que l'on fait d'«ne feule pièce , ou du moins de plufieurs pièces jointes enfemble , & on donne le moins de relief qu'il eft poffible au profil de ces frifes , afin qu'il refte une épaiffeur raifonnable entre le fond de la platte-bande ravalée & le derrière de la traverfe. (Fig. 6). Lorfque les traverfes font chantournées , comme dans la Fig. i r , c'eft-à dire , qu'il n'y a pas grande différence entre les cintres d'un côté & ceux de l'autre ; on peut alors faire les affemblages à l'ordinaire , ou bien lorf- qu'il y aura beaucoup de différence , & que par conféquent le ravale- ment fera d'une largeur confidérable , on fera à l'endroit de la traverfe qui reftera plein , un tenon à l'ordinaire , & d'après le ravalement une lan- guette ou un tenon mince , comme à celles qui font de deux pièces fur leur épaiffeur, & dont les aflèmblages font marqués dans les Fig. & 6, ainfi- que dans celle IJ. Menuisier. F 14Ô MENUISIER,!. Pan. Chap. X. v^i'^t'v"^ Section Dixième. A L 1 A, Différentes manières de couper les Portes dans les Lambris. I L ^eft encore une autre efpece de portes , par rapport au changement de décoration , qui font celles qui font porte d'un côté & lambris ou croi-j fée , ou enfin glace de l'autre. Celles qui font porte d'un côté & lambris de fautre , fe font de deux manières : la première eft de faire ces portes arrazées d'un côté , & d'atta- cher le lambris delTus avec des vis , & de couper ce même lambris à l'en- droit de l'ouverture de la porte ( laquelle l'emporte avec elle en dehors ou en dedans de l'appartement ) , & d'en faire le joint en pente , afin qu'il foit moins apparent , en obfervant de remplir les inégalités qui fe rencon- trent entre la porte & le lambris à f endroit des panneaux par des tringles , lefquelles doivent être aCTemblées dans les battants ou les traverfes du lam- bris quelconque , ce que l'on doit faire non-feulement au lambris mou- vant , mais auffi à celui qui relie en place ; de plus , ces tringles doivent être attachées derrière le lambris avant qu'on le coupe , afin que les bat- tants ou les traverfes coupées ne puiffent pas s'écarter les unes des autres. La féconde manière de faire ces fortes de portes , eft de les faire dans les mêmes bois que les lambris , en leur donnant toutefois une épaiffeur convenable. Cette manière eft préférable à la première , tant en ce que les portes font moins lourdes , qu'en ce qu'elles font plus folides ; mais en même temps elle devient beaucoup plus difficile , par rapport aux alTembla- ges & aux différents compartiments tant de largeur que de hauteur. ( F' sy. les FiiT. ^ (§• 13 , lefquelles renferment tout ce que l'on peut dire à ce fujet. haFig. 5 repréfente une porte dont le lambris ouvre d'un côté du der- rière de la moulure , & de l'autre dans le panneau ; les traverfes s'affemblent dans les battants à tenon & enfourchement , à f exception que du côté du battant épais , il y a un double affemblage , & que du côté de fautre battant mince il n'y en a qu'un fimple, & que f enfourchement de la traverfe paffè à nud fur le battant , lequel arraze le panneau , ainfi qu'on peut le voir dans les Figure 9, 12 ê 14, où les traverfes font ravalées pour conferver la régularité des champs , & les panneaux font à plattes - bandes ravalées d'un côté , & à plattes-bandes & arrazées du côté de l'autre battant , lequel forme un panneau. Pour la frife , comme on la met toujours couchée , on eft obligé de la faire paffer à recouvrement par-deiTus le battant mince , ce qui f atfoiblit à la vérité , mais on ne peut pas faire autrement , ainfi qu'aux traverfes du haut , que Section IX. Des Placards pleins ÔG ravalés. Ion eft obligé de tenir plus minces que les battants de fix li: afin que le panneau paflè par-deffi,,_ Les bâtis de ces portes doivent av d'épailTeur d'après le ravalement des moulu: 147 gnes au moins , . Planche au moins dix-huit à vingt lignes XL IX. , r ^ , 1 , r^. ' ■ pouvoir donner aflèz de torce aux allemblages. f^qyei hs Fœ. Q , 12 t ' \ j-ff' . X -/r j k ■ , ' * ijj on font mar- quées les ditterentes epaiileurs des bois avec les a/îèmK| , /r- "iWages, & les ravale- ments neceiiaires, La Fig. 13 repréfente une porte dont le lanA.ris eft coup., , des deux côtés : elle ne diffère en rien de l'autre pour la conltru?*^""^^" ce n'eft que les aflèmblages fe font des deux côtés , comme dans la Fig. i^j., Lorfqu'il y a des frifes aux portes , & qu'il n'y en a pas aux lambris ( ou bien quand il y en a à tous les deux , & qu'elles ne fe rencontrent pas , on ravale le panneau à l'endroit de la traverfe , laquelle s'aifemble dans les battants , à tenon & mortaife , & fe nomme, traverfe flouée , à caufe qu'elle n'a d'épaiflèur que le relief du profil. Quand les portes font dans le cas dont je parle , on rapporte la frife dans la moitié de l'épaifleur du panneau , que l'on ravale à cet effet , afin qu'elle Ibit toujours couchée ; de plus , il feroit impoffible de faire autrement, les panneaux étant plus étroits que les frifes ne font longues , à caufe de la différente largeur des profils. ( Fig. 15). Pour les portes qui font croifées ou parquets de glace d'un côté & pla- card de fautre , on les fait arrazées d'un côté , à la réferve des champs & des moulures, lefquelles font en faillie d'après le nud des panneaux & des traverfes arrazées : les traverfes & montants des petits bois , ainfi que les mon- tants des glaces , fe rapportent avec des vis , afin de pouvoir en ôter les glaces lorfqu'il eft néceffaire, ( Fig. 16). Section Onzième. Des Placards pleins ôC ravalés dans l'épaijfeur du bois. I L eft encore une autre manière de faire les portes à placard , laquelle ______ eft plus folide que celle dont nous avons parlé , & qui font faites pour Planche être employées dans les lieux humides & de sûreté. ^ Les vantaux de ces placards fe font pleins , c'eft-à-dire , de planches join- tes enfemble à rainures & languettes affemblées avec des clefs , & emboîtées par le bout , lur lefquels vantaux on rapporte des moulures , qui y forment des cadres & des frifes. Il eft de deux manières de faire ces portes ; la première & la plus ordi- naire eft d'appliquer des moulures delTus , ainfi que je l'ai déjà dit ; la féconde eft de ravaler dans TépailTeur du bois une platte-bande en faillie, & d'y rapporter les emboîcures à bois de fil pour plus de propreté. Si la * I 1^' I b 8 MENUlSIERJ.P'^'-t.Chap.XI. 14S lïMi. „a u nlus ufitée , la féconde eft au moins première de ces deux ^^^-1^^^^:'^^, U.n. , ce n eft qu'à caufe P...cH.la plus vraifemblable & fi °^''^f2\.,^,,, faxre le ravalement de ^- de la difficulté de fa façon. Quant ces portes , voye^ les Fig. I cH^^ITRB ONZIEME. petites Portes. Les petites portes ou placards à un vantail ( ou vantau , ce qui eft la même cliofe ) , font celles qui ne font compofées que d'un vantail , & qui ont de largeur depuis deux jufqu'à trois pieds, fur fix à fept pieds de hauteur du dedans des chambranles. Elles fervent ordinairement d'entrée aux petits appartements, comme les cabinets de toilette , les garde-robes , &c. Ces portes ne différent en rien de celles à deux vantaux , tant pour ce qui eft des profils , que pour la largeur & l'épailfeur des bois : toute la difFérence qu'il y a entre celles-ci & les premières , c'eft qu'on peut les faire d'une forme plus élégante , leur don- nant quelquefois de hauteur jufqu'à trois fois leur largeur. Pour leurs chambranles , ce fera la même chofe qu'aux autres , tant pour les profils que pour les proportions ; cependant on peut quelquefois leur donner le fixieme de la largeur de leurs bayes , au lieu du feptierae ou d u huitième que l'on donne à ceux des grands placards. Le haut de ces portes doit être cintré, bombé, ou en anfe de pannier, mais jamais en S , ce qui fait un mauvais effet; on doit auffi faire les cin- tres du deffiis de ces portes réguliers , c'eft-à-dire , qu'ils ayent autant de retombée d'un côté que de l'autre : quand même deux portes feroient fur une même façade , comme dans une alcove , lefquelles lorfqu'elles font d'un cintre irrégulier, femblent être les deux vantaux d'un feul & même pla- card que l'on a féparé. Lorfque les dégagements & les garde-robes ne font pas affez éclairés , on y fait des portes vitrées ; c'eft-à-dire , que l'on fupprime le panneau du haut pour y fubftituer des carreaux de verre ou de glace. Ces portes font fufceptibles de décoration & de richelfe , tant dans les profils que dans les ornements, relativement au lieu où on les employé: elles ont des cham- branles ainfi que les autres placards , p refque toujours à double parement. Pour ce qui eft de leur conftruûion , voyez ce que j'ai dit en parlant des portes croifées. On fait auffi de petits placards, lêfquels n'ont point de chambranles, mais qui entrent tout à vif dans des huifTeries de charpente. Ces portes ont quelquefois des frifes , & font toujours à petits cadres : on ne les em- ployé. C H APTTRE XL Des petites Portes. i^p ployc que dans des maifons de peu d'importance , ou dans les étages en ga- letas des Hôtels. (Fig. 3 ). Il eft encore une autre efpece de petites portes que l'on nomme pleines ou unies : elles font à l'ufage des maifons à loyer , & d'autres endroits où k folidité eft plus recommandable que la décoration. Les planches font jointes à rainures & languettes , & pour plus de folidité , on y met une ou plu- lîeurs clefs fur la hauteur , pour retenir les joints : les bouts de ces portes font alfemblés dans une traverfe ou emboîture à tenon & mortaife avec des languettes entre ces dernières. ( Fig. 4 ). Lorfqu'elles ont plus de quinze lignes d'épaifTeur , on les joint à plat , & on y rapporte des languettes que l'on fait les plus minces poUibie , afin de donner plus de folidité aux joints. On doit aufli donner de la refuite aux tenons qui entrent dans les em- boîtures , c'eft-à-dire , élargir les trous des chevilles dans les tenons , & agrandit les mortaifes en fens contraire , afin que quand les planches viennent à fe retirer chacune fur elle-même , les chevilles ni les épaulements ne les ar- rêtent pas , & ne falTent pas fendre les joints : cette refuite doit donc être également des deux côtés, ^oyq la Fig. 4. gù eft deffiné un bout de porte avec fon emboîture , & dont les lignes ponéluées marquent la véritable place des chevilles , & les trous qui font marques à droite & à gauche , in- diquent la refuite. * Lorfque ces portes font trop expofées à l'humidité , on n'y met qu'une emboîture par le haut , & une barre par le bas , parce que fi l'on y mettoit une emboîture les tenons fe pourriroient bien-tôt ; ce que l'on doit auifi obferver aux contrevents & à tous autres ouvrages expofés au grand air & à l'humidité. ** * Il ell très-elTentiel de donner de la refuite à toute efpece d'ouvrage , fur-tout quand les parties qui font alTemblées & chevillées font d'une certaine largeur, parce que tels fecs que foycnt les bois ils fe retirent toujours un peu, & cet effet devient conlidérable quand il y a plu- fieurs planches jointes enfembles, & que le bois n'ell pas parfaitement fec ; c'ell pourquoi l'on fait toujours très bien de donner de la refuite aux affemblages , en obfervanc toutefois de faire roidir les épaulements par dehors , afin qu'ils for. cent les planches à fe retirer fur elles-mêmes & en retiennent les joints. ** J'avois promis de traiter de la manière de pofcr l'ouvrage , à la fin de la Menuifcrie mo- bile; mais la pofe de l'ouvrage appartient plu- tôt à la Menuifcrie dormante , ainà que je le dirai en fon lieu , dans la féconde Partie de cet Ouvrage. Fin de la première Partie. Menuisier. TA B L E DES CHAPITRES ET TITRES DE L'ART DU MENUISIER. PREMIERE P A RT I E. AVATJT~PR0 POS & divlflon de cet Ouvrage. Page j CHAPITRE PREMIER. Abrégé des ELé~ ments de Géométrie. 4 Section Première. Vu Lignes, des Angles , des Cercles &* demi Cercles. ibîd. g. I. DiveiTes manières d'élever des Perpen- diculaires. 5* §. II. Manière d't'levcr une Perpendiculaire à l'extrémité d'une ligne. 6 §, III. Manière d'élever des Lignes perpendi- culaires au milieu & à l'extrémité d'une por- tion de cercle. , ibid. §. IV. Manière de tracer des Lignes parallèles. ■7 §. V. Des Angles, de la génération du Cer- cle , du demi-Cercle Se de Tes ufages. ibid. §. VI. Manière de faire ufage du demi-Cercle. Section II. Des Surfaces en général , des Trian gles , (yc. < §. I. Des Figures à quatre côtés. ibid 5. II. Des Polygoues réguliers. ic §. III. De l'Ovale, & de fes diverfes cfpeces. 1 1 Ç. IV. Des Corps Solides, en général. 12 Section HI. De la Mefure des Lignes £r des Sur- faces. 1 4, §. I. Evaluation des Surfaces. 16 §. II. Manière d'évaluer les différentes Sur- faces, ly §. HT. Mefure des Solides; Evaluation de leurs fur fa ces. ïp 5. IV. Mefure des Corps Solides. 20 CHAPITRE IL Des Bois propres à la Menidferie. 1 1 Section L Des différentes qualités des Bols. 23 Section IL De la Façon 6* de l'Empilage des Bois. 27 Section III. Du débit des Bois. 32 CHAPITRE m. Des Profils. 40 Section L Des Moulures en général. ihid. 5. L Manière de tracer les Moulures géomé- triquement. 41 §, II. Moulures uficées dans la Menuiferie. 45 Section IL D es Profils delà Menuiferie de leur s différentes efpeces. 44 CHAPITRE IV. De tArt des affemblages, de leurs ujages SC proporiions. Sectiou^. Différente manière d'alonger les Bois. 47 CHAPITRE V. Des Outils propres aux Menidjitrs , ds leurs différentes efpeces , formes SC ujages. 49 Section L Dts Outils de la Boutique. J2 Section II. Des Outils appartenant aux Ouvriers. Section III. Des Outils propres au débit fjr au cor- royage des Bois. 5-4 Section IV. Des Outils propres aux Ravalements , aux Joints &- aux Âfjemblages. 68 Section V. Des Outils propres aux chantournemems ; de ceux qui fervent à pouffer les Moulures tant droi- tes que cintrées , & de ceux qui font propres à finir &* àpofer l'Ouvrage. 82 CHAPITRE Vl. De la Menuiferie mobile, de fes 1: ormes , Profls, éC Affemblages, 90 Des Croifées en général. ibid. Section I. Des grandes Croifées. 91 Section IL Des Portes croifées. 100 Section IIL Des Croifées enircfols. loi StCTioN IV. Des doubles Croifées. 103 Section V. Des Croifées , Jaloufîes d' affemblages^ 104. Section VI. Des Jaloufîes connues fous le nom dz Perfennes. 105" CHAPITRE VII. Des Volets ou Gui- chets. 1 07 CHAPITRE VIIL Des petites Croifées en gênerai. 1 1 5 Section I. Des Croifées , Manfardes fjr à Couliffes. CHAPITRE IX. Des Portes en générlt I ip Section L Des Portes-cochères. ibid. Section IL Des Différentes ouvertures des Portes- cochères , &■ la manière de les déterminer. 121* Section 111. De la conftruBion &■ décoration des des Guichets. 1 22'' Section IV. Des Portes chartieres &r de baffe -cours. 12(5 Section V. Des Portes d''Eglifes des Palais. 127 CHAPITRE X, Des moyennes Portes en général. 1 2 8 Des Portes hourgeoifes ou bâtardes, ibîd. Section L Des Portes en placard; fuite des moyen- nes Portes. i2() Section II. Des différentes manières de déterminer la forme Qr la largeur des Chambranles. 154 Section IIL Manière de revêtir les embrafemems des Portes. 1^6 Section IV. Des Placards à petits Cadres. 1^7 Section V. Des Placards à grands Cadres. 140 Section VI. Des placards dont les traverfes font fufceptibles de contours & d'ornements. 141 Section VIL Différentes manières de chantourner les Traverfes. 142 Section VIII. Différentes manières de faire les Cou- pes des Traverfes cintrées. 145 TABLE Section IX. Des Portes dont les cintres où la déco- ration change des deux cotés, 14,^ Section X. Différentes manières de couper Us Por- tes dans k lainhris. 1^6 SECTroN XI. Des Placards pleins Çr ravallés dans Cépaiffeur du bois. i^^y CHAPITRE XI. dis petites Portes. 1^8 Fin de la Table, FAUTES A CORRIGER. P^g. 14 /'g. fi , poris , /i/ëz, pores. 1 , les bots , Ufez , les rabots. 6S 1-7 , fur la main droite, l'fiz, furla gauche. ïhid. 18 , fiir la gauche , lifez , (ur la droite. Si 5 , laquelle , Itfiz , lequel. 83 î , à angles , lifez , à onglet, jî 3 j , de joue , /(fez , de la joue. Too 56 , Figure i 1 , lifez , Figure 1 1 coté c d, 107 II 1 une planche , lifez , une planche x. ... 5. .alléger, élégir. ^ 11; 7 , on ti y en fera point , l'Jez , 1 on n y lera point de rainure. Pages 134 au titre de la Seflîon féconde, & la longueur, lifez, la largeur, 136 lig. S , faire des arriéres- corps, Ufiz , £iire faire arriere-corps, 145 6 , de cintrés , It'iz , de cintres. 144 s , cachent la difformité des oreilles, lifez, en cachent la diftbrmité. L'on obfirvera qu'après la page 114, celles iM,iii,iiî,ri4, font répétées à la feuille l i , & que quand l'on renverra à ces dernières , l'on joindra me (toile m shi^re de la f ngf.