L A R T D U MENUISIER Par M.Rou^o lefils, Maître Menuifier. SECONDE PARTIE. C E „ , féconde Partie de l'Art du Menuifier contiendra le détail de h Me nu^ferre n.o rie , de celle des Eglifes , & un Traité conrplet de l'Art du Tr!^t .nfi que ,e lar annoncé au cornrnence.nent de cetOuvLge ; mai. v t »u ' du Apparteniez ; quorque ce foin regarde plutôt l'Architeae que le Me nu fier, rl eft abfolu.nent r^éce/Tane que ce dernier en foit inftru t, pourl, raifons que )e vais donner. ' ^ " Il eft très-certain que les Architeéles, & ^énéralemenr rn, préfident à la diftribution Se à la décora^oa f ^bÏ " t T farte trop d'attention pour prévenir toutes les difficd Te Lt'""" dans la d coratron des dedans qu.ls ne doivent pas nég^d W d:: le détail le plus exadl, le plus circonfiancié poffible de toute^les part es d donnent ce foin au. différents Ltrep en^ lel 7; "^'"^ t"" dinaire) ontle malheur de ne connoL que l'el^pti s connoifl^ut que ce qui a rapport à la conlu^ion T 'p.t ^ " fuit que de très-bons ouvrages, mais faits fans ordre & fans r ^ ' " duifent que du défordre & de In rnnf r , convenance, ne pro- Dautre part , qua:d':iffupprff : '^^^^"r «s parties. cautions poffibles pour qu'il n'arrive aucune feuté'dt?r'/°"" P'^" vrage , n'eft-il pas nécefïïiire que lesMenuifiers ,infi ^„ 1°>1- Rr m [h \ M 154 MENUISIER. II. Partie , Chapitre I. neurs , aient une connoiflànce , du moins élémentaire , des règles de la bonne Architeélure , ainfi que des railbns qui ont porté l'Architeéle à s'en écarter ou à les iuivre, afin d'être plus à portée d'entrer dans fes vues & de pouvoir exé- cuter fes intentions avec plus d'intelligence , en joignant la théorie de l'Ar- chiteélure (fiir-tout en ce qui a rapport à la conftruétion & à la folidité) aux pro- duélions de l'Architeéle , qui, très-fouvent, néglige d'entrer dans ce détail in- dilpen{àble de la, conftruélion ? C'eft pourquoi j'ai cru qu'il étoit abfolu- ment néceflàire de donner aux Menuilîers une idée, du moins générale, des dif- férentes pièces dont eft compofé l'appartement d'un grand Seigneur , de leurs différents ufages & du genre de décoration qui eft propre à chacune d'elles , afin de les former à donner de l'ordre 8c de la convenance à leurs ouvrages. Je ferai ce détail le plus court & le plus concis qu'il me fera poffible , pour ne point étendre cet ouvrage , qui eft déjà très confidérable , & je n'y join- drai même de figures qu'autant qu'il fera abfolument néceflàire pour Fintel- ligence du difcours. Planche fi. CHAPITRE PREMIER. Vu Parquet ëC des Planchers en général- ■ L E Parquet eft une efpece de Menuiferie dont on revêt le plancher ou l'aire des Appartements. On fait le Parquet de deux diflïrentes manières : l'une de plufieurs pièces de bois affemblées à tenons & raortaifes , lefquelles pièces forment différents compartiments , ce que l'on nomme Parquet pro- prement dit ; l'autre , de planches jointes enfemble à rainures & languettes corroyées de toute leur largeur , ou refendues à la largeur de trois ou quatre pouces : cette dernière manière de iaire le Parquet fe nomme plancher , du nom des planches dont il eft compofé. Le Parquet d'affemblage fe fait par feuilles quarrées qui ont depuis trois pieds jufqu'à trois pieds & demi ou même ' quatre pieds en quarré , félon la grandeur des pièces. Il en eft auffi de deux' pieds & de deux pieds & demi ; mais cette mefure eft très-rare , celle de trois pieds ou de trois pieds un quart étant la plus ufitée. Les feuilles de Parquet font compofées de bâtis & de panneaux arrafés , lefquels forment différents compartiments , dont je parlerai. Quant à leur épaiffeur elle varie depuis un pouce jufqu'à deux ; celle d'un pouce & demi eft la plus ufitée ; mais on doit toujours les mettre de deux pouces d'épaifliur dans les pièces au raiz de chauffée ou qui font ex- pofées à l'humidité. X Section l. Manière de pofer les Lambourdes , ë de les efpacer. i y y Section première. De la manière de pofer les Lambourdes , âC de les efpacer. L E Parquet fe pofe ordinairement fur des Lambourdes , qui font des pièces de bois qui ont communément trois pouces en quarré ; quelquefois elles n'en ont que deux fur trois , fur-tout dans les petites pièces ou dans celles qui font très-élevées , afin de ne point trop charger les planchers ; mais dans les grandes pièces ou dans celles qui font expofées à l'humidité , on les met quelquefois de trois pouces fur quatre, & même de quatre fur fix,felon les dilîerentes occafions. (*) Les Lambourdes fe pofent à nud fur les planchers , c'eft-à-dire , fur l'aire de plâtre que l'on fait fur ces derniers , laquelle a ordinairement un pouce d'é- pailfeur , ce qui eft fuffifant pour recouvrir la latte ; une plus grande épaiifeur ne fervant qu'à les furcharger : il eft même des occafions où l'on pofe les Lam- bourdes fur les folives , ne faifant d'aire de plâtre qu'entre ces dernières ; mais cette dernière manière eft moins bonne que la première , & l'on ne doit l'em- ployer que quand on n'aura pas alTez d'épailTeur pour pofer les Lambourdes, lefquelles font toujours plus folidement pofées fur l'aire déplâtre que fur les folives du plancher , à moins qu'elles ne foient d'une épailTeur alTez forte pour être chevillées avec les folives du plancher & en contre-balancer la portée , ce qui arrive très-rarement ; c'eft pourquoi il vaut mieux s'en tenir à la première façon. Quant à la manière de difpofer les Lambourdes , on doit toujours les pofer à contre-fens du plancher , c'eft-à-dire , que fi les folives font placées pa- rallèlement aux murs de refend d'un Bâtiment, les Lambourdes doivent être parallèles aux murs de face , de forte qu'elles croifent les folives , & que par conféquent elles pefent nfcins fur le plancher , & y foient pofées plus folide- ment , & que leurs fcellements fafle plus de liaifon avec l'aire de ce dernier. Le fcellement des Lambourdes ne fe fait pas plein entr'elles ; mais on le fait en forme d'auget , c'eft-à-dire , que l'on met le plâtre en forme de demi- cercle en prenant de deffiis l'aire jufqu'à l'arrête fupérieure des Lambourdes. Voyez la figure l de la Planche 51 , qui repréfente une pièce dans la- quelle les Lambourdes font pofées : toutes les lignes ponduées indiquent les folives du plancher qui partent par-deflbus. Les Figures 2 & 3 de la même Planche repréfentent la coupe du plancher , l'une fur la ligne ab , qui eft du fens des Lambourdes ; & l'autre fur celle c d, qui eft du fens des folives du plancher ; de forte qu'à la vue de ces figures , on peut juger de l'épaiffeur d'un plancher & de fa conftrudion. ( ) Il y a des occafions où Ton ne met point de | niere eft abfolument mauvaife & l'on ne doit imboutdes fous les Parquets, que l'on pofe alors l'employer que quand on fera gêné par la hauteur lud lur les planchers, en obfervantd'y mettre des des planchers , lefquels ne lailferolent pas afc de iirrures qui en regagnent les inégalités. Cette ma- | place pour pofer des Lambourdes. Planche 1^6 M EN U I S I E R. II. Partie, Chapitre I. Il y a plufieurs raifons qui obligent à ne pas remplir les efpaces qui refienc entre les Lambourdes : premièrement, on s'en abftient par économie ; de plus , fi les augets étoient remplis, ils chargeroient trop le plancher ; d'autre part, fi les augets étoient pleins , l'air ne pourroit plus circuler fous le Parquet , ce qui l'ex- poferoit à fe corrompre ; & même lorfque l'on pofe du Parquet dans des lieux expofés à l'humidité , il eft bon de remplir avec du mache-fer l'elpace qui eft entre les Lambourdes. (*) On doit auffi obferver, quand on place les Lambourdes , que la dernière pofe contre le nud du mur , afin que quand on vient à pofèr le lambris fur le Parquet , fon poids ne fafle point baifler ce dernier. Voyez la figure i . ci-delîus , ou bien la fig. 9 , Pl. 53. Il faut auffi laiifer à l'endroit de la cheminée un elpace de la largeur de cette dernière fur dix-huit à vingt pouces , pris du devant du chambranle , dans lequel efpace on pofe ordinairement un foyer de pierre ou de marbre ; le Parquet & les Lambourdes , ainfi que la charpente du plancher n'al- lant pas plus loin , à caufe du danger qu'il y auroit pour le feu fi le bois arra- Ibit la cheminée. On doit auffi pofer , dans les bayes des portes , deux ou trois Lambourdes félon les différentes épaiffeurs des murs , afin de porter les feuilles de Parquet nommées Seuils. Voye:^ les cotes e ,f, figure I . Lorfque l'on met du Parquet au raiz de chauffée & dans des lieux humides , il ne faut pas pofer les Lambourdes à crud fur le fol des Appartements ; mais au contraire , il eft bon , quand on a de la place , de faire entre ces dernières & le delîus des voûtes des caves un lit de cailloutage , lequel étant bien battu de vient ferme & en état de recevoir une aire pour pofer les Lambourdes , & en même-temps préferver le Parquet de toute elpece d'humidité. Quant à l'intervalle qu'il doit y avoir entre les Lambourdes , la meflire la plus ordinaire eft d'y mettre un pied de diftance du ^milieu de chacune d'elles, afin qu'il s'en trouve fix à la toife quarrée de Parquet ; mais cependant je crois que , malgré l'ufage , il feroit bon qu'elles fuffent espacées en raifon de la grandeur des feuilles de Parquet , c'eft-à-dire , qu'il s'en trouvât cinq fous la largeur diagonale des plus grandes feuilles , & trois fous les plus petites , afin que toutes les pointes des feuilles portaffent fur les Lambourdes à la moitié de leur largeur ; ce qu'il faut auffi obferver au Parquet à point d'Hongrie. Voyez les figures i , î , 3 , 4 & 5, où les lignes pon(51uées indiquent la place des Lam- bourdes. Lorfque les Parquets auront des frifes , ce fera la même chofe pour la difpofition des Lambourdes. f*) Quoique je dife ici qu'il faut laifier vuide l'in- tervallequl eft entre les Lambourdes, il eft cependant bonde faire d'efpace en elpace uiitalieau de plâtre qui les empêche de fe defcéler , & fur-tout à l'endroit des joints de bois de bout, lefqueis n'étant pas ainfi retenus, poutroient fe lever en frappant delTus, Section Section II. Manière de difpofer le Parquet, &c. 1^7 Section Seconde. De la manière de difpofer le Parquet (*). De fez conferuaion , & de fees différents compartiments. Quant à la difpofition générale du parquet dans les Appartements, elle fe fait des deux manières fuivantes : l'une eft mettre les côtés des feuiUes paraUeles à ceux de la pièce; l'autre, de mettre la diagonale des feuilles parallèle à ces derniers, ce qui eft la pratique la plus ufitée ; parce que le parquet ne fe trouve pas à bois de fil, du moins pour ce qui eft des bâtis ; ce qui fait qu'il s'ufe moins , fur-tout dans les endroits qui font très-palfagers, & que d'ailleurs cette forme eft plus agréable. Avant de pofer du parquet dans une pièce , on commence par en nrer le milieu, tant fur un fens que fur l'autre, fuppofé que la cheminée foit dans le milieu; -car fi elle n'y étoit pas , il faudroit s'affujétir à cette dernière, afin que fon foyer coupe le parquet également d'un cÔté & de autre ; cnfmte on tire les deux lignes ab,cd,Fig. 6, ce qui donne le milieu de la pièce. On pofe au milieu une feuiUe , dont les angles paffent par chacune de ces dernières; après quoi on pofe toutes les autres feuilles , lefquelles viennent mourir où elles peuvent. Lorfque les dofl-erets des croifées ne font pas égaux, & que par conféquent le trumeau n'eft pas au milieu de la pièce, on pofe toujours les feuilles fuivant l'alignement de la chemmée, & on fait en forte qu'il y ait une feuille entière ou une de- mi-feuille à la rencontre du foyer de la cheminée ; ( Voye[ les Fig. 6 &y\ ce que l'on doit toujours obferver, quand même on feroit obligé de tenir le foyer plus ou moins large. Cependant lorfque les pièces fe trouveront ainfi difpofées, & que les trumeaux feront ornés de glaces, lefquelles fe- ront répétées fur les faces oppofées , on eft alors obligé de mettre le par- quet d'alignement avec ces dernières , afin que le luftre que l'on pofe à leur milieu , tombe perpendiculairement au-deffus de la feuiUe du milieu ' Pour ce qui eft du compartiment particulier de chaque feuille de parquet ' = il fe fait de deux manières. La première, & la plus ufitée , eft de le faire' ^^^'^^ à compartiment de i5 quarrés diagonaux , & dont les angles touchent les " batis. La féconde manière, eft de les faire auffi à 16 panneaux quarrés mais dont les côtés font parallèles à ceux de la feuiUe. ( Voye, les Fis 2 (§• 4 ). ^ ^ 1 S- Quoique cette dernière manière ne foit pas fort en ufage , elle fait pour- manière ,de le dirnofer maiTnn^m a ='"^")<="« ^ grandeur des feuilles , j'ai été Menuisier. IL Part. Ss tj8 MENU I S I E R, IL Panie, Chap. I. tant très-bien, lorfque dans le parquet d'un Appartement on met alterna- Planche tivement une feuille de cette façon & une de l'autre. (^Voye^ les Figures 6 & 7). Les frifes, quoique peu en ufage à préfent, ne laiflent pas cependant de faire un fort bel effet; car au lieu de grandir les champs des bâtis des feuilles de parquet ( comme plufieurs le prétendent ) elles les détachent , & forment autour d'elles des efpeces de cadres ; de plus , elles fymmétrifent mieux avec les foyers & les feuils des portes , & elles autorifent à mettre des frifes courantes au pourtour de la pièce , dans lefquelles les feuilles de parquet entrent à rainures & languettes , ce qui fait très-bien , & rend l'ou- vrage beaucoup plus folide. La longueur des frifes fe détermine de deux manières: la première eft de leur donner de longueur la largeur des feuiUes de parquet, & la moitié de leur largeur par chaque bout , de forte que tous les bouts des frifes s'affemblent enfemble à rainures & languettes , & d'onglet ou à pointe de diamant , ce qui eft la même chofe , ainfi que celles qui font cotées a, a, Fig. ff. La féconde manière de faire les frifes , eft de leur donner de longueur le double des dernières , afin qu'elles contiennent deux feuilles de parquet, & de les affembler quarrément en forme d'échiquier. Cette féconde ma- nière eft beaucoup plus folide que la première; mais auifi eft-elle moins propre , comme on peut le voir à celle cotée l, b. Quant à la largeur des frifes , elle doit être égale à celle des bâtis de parquet , laquelle varie depuis trois jufqu'à quatre pouces, plus huit lignes pour les deux lan- guettes , que f on fait toujours dans les frifes , parce qu'elles font plus aifées à faire dans ces dernières que dans les feuilles de parquet. Les foyers font des efpeces de chaffis , lefquels fervent à entourer la pierre ou le marbre de l'aire de la cheminée, & à recevoir les feuilles de par- quet qui font coupées en cet endroit , lefquelles entrent dans les foyers à rainures & languettes. Leur largeur eft égale à celle des bâtis des feuilles de parquet: quant à leur ouverture , elle doit être égale au dehors du chambranle de la cheminée ; cependant il feroit bon qu'ils fuftènt plus larges de deux ou trois pouces de chaque côté , afin que le foyer de pierre ou de marbre retournât également aux deux côtés de la cheminée , lefquels , pour l'ordinaire , font revêtus de l'une de ces deux matières , 3c femblent porter fur les foyers de bois , lorfque ces derniers ne font pas plus larges que le dehors du chambranle , ce qui eft contre la vraifem- blance , n'étant pas naturel que le bois porte le marbre. Pour la largeur des foyers , elle doit être de dix-huit à vingt pouces , ainfi que je l'ai déjà dit ; cependant elle peut varier pour les raifons que j'ai dites ci-deffus , page 157. Us s'alfemblent à tenons & mortaifes , & prefque Section //. Manière de difpofer le Parquet, &c. 1^9 toujours à bois de fil , ce qui eft plus propre que s'ils étoienc afTemblés == quarrément. Planche Les feuilles de par quet font compofees de bâtis Ç^') Se de panneaux* les bâtis doivent avoir depuis trois pouces de largeur jufqu'à trois pouces & demi & même quatre pouces, félon les différentes grandeurs des feuilles de parquet. On les affemble à tenons & mortaifes , lefquels doivent avoir d'épailfeur les deux feptiemes de celle des bâtis , pris à leur plus petite épaiifeur , & Être placés au milieu du bois , afin qu'ils foient plus folides , & que la joue de devant foit d'une épaiifeur fuffifmte. Les battants ont un tenon par le bout à droite , & un enfourchement par ce- lui qui eft à gauche, afin que Ton ne foit point cxpofé à faire des éclats en ■ faifant les rainures & les languettes au pourtour des feuilles. Il faut auffi obferver de ne point faire cet enfourchement tout au travers du battant, mais feulement à deux pouces de profondeur, afin qu'il refte du bois pour porter le bouvet lorfque l'on fait les languettes autour des feuilles. On pourroit prévenir cet inconvénient en affemblant d'onglet les battants de parquet; mais cette manière eft moins folide que la première, & de plus ce n'eft pas fufige. Les joues des rainures des bâtis, dans lefquels entrent les panneaux , doivent être auffi épaiffes qu'il eft poffible , & les rainu- res peu profondes , la trop grande profondeur ne faifmt qu'aifoiblir les joues. ( Foyei ^'g- ^ > .3 & 5)- Quoique le parquet ne foit qu'à un parement , on doit cependant avoir foin qu'il foit d'une épai/feur à peu-près égale , du moins le plus qu'il eft poffible, afin qu'il porte également fur les lambourdes; on doit auffi obferver que les arrafements de derrière approchent , à peu de chofe près, afin qu'il n'y ait tout au plus qu'une ligne de jour dans les joints , & non pas quatre & même fix , comme on peut le voir à prefque tout le parquet qui eft fait; ce qui ôte la force aux affemblages , & qui, dans les endroits tumides , expofe le parquet à fe pourrir plus vite. Les feuilles de parquet font jointes à rainures & languettes les unes avec les autres , de manière que les rainures foient dans une feuille & les languettes dans l'autre. Quant à la longueur des feuils , c'eft la largeur de la baye des portes qui la déterminera, en obfervant qu'il refte d'après fem- brafement un champ d'une largeur égale à celle des autres bois du parquet Pour leur largeur, ce fera l'épaiifeur des murs qui la déterminera • & on aura foin que le devant du champ du feuil, vienne au nud du devant du DCesbâtis prennent différents noms felonleurs tes Icspiecesfont cotées alnfï n„'ll r ■ : formes & grandeurs , lefquels noms je vais don- 2. pue! JZTl I hlTl ^ ! ' ' ner .ci: non pas que cela foir une chofe effen- p e^ Sr^'e M^^^^^ -Ilelle; m.,s cert afin que tout le monde puilTe LnJ^n S \L Jf"^^^^^ T'"-" °" être a portée d'entendre les termes dont fe Un^Z'J,k ' °" Planche SS. Planche Si- Planche i(?o MENUISIER, II. Partie. Chap. I. s chambranle , pris du fond des moulures , comme on peut le voir dans la Fig. 8. Quant au compartiment des feuUs , on peut le faire de plufieurs façons ; mais la forme quarrée eft toujours préférable. Quoique cette manière de faire le compartiment du parquet , foit la plus généralement fuivie , & que l'on ne forte prefque jamais des grandeurs de trois pieds à trois pieds & demi pour chaque feuille de parquet , il feroit cependant néceffaire que dans des Appartements d'une certaine con- féquence, on fît les feuilles de parquet d'une grandeur relative à celle de chaque pièce , c'eft-à-dire , qu'il fe trouvât un nombre complet de feuilles dans chaque pièce , & que leurs extrémités touchalfent à un bâtis , lequel régneroit au pourtour de cette dernière , de forte qu'il n'y auroit que des feuJles ou des demi-feuilles : cela donneroit beaucoup de magnificence & de grandeur à un Appartement, fans pour cela caufer beaucoup de dé- penfe ; car il eft fort aifé de voir que cela ne demanderoit qu'un peu plus d'attention , & que le compartiment d'une feuille une fois fait , il n'en coû- teroit pas plus pour tout le refte de la pièce ; ce qui répété pour toutes les pièces d'un Appartement, du moins les plus confidérables , ne feroit qu'un fort petit objet pour la dépenfe , & ne pourroit entrer en concur- rence avec le bien qui en réfulteroit. De plus, dans les grandes pièces, telles que les Salions & les Galle- ries , ne pourroit-on pas faire ce que l'on fait quand ces pièces font pa- vées de marbre , dont le Compartiment imite celui des voûtes & des pla- fonds de ces mêmes pièces î Ne pourroit-on pas , dis-je , dans le cas d'un Sallon , faire régner un cours de frifes à compartiment au pourtour de la pièce , lequel répondroit à la faillie de la corniche ? ce que l'on pourroit faire aulTi dans une Galleric , en faifant des compartiments dans le parquet, lefquels répondroient en quelque façon aux compartiments des arcs , dou- bleaux & autres ornements des voûtes. Je ne donne pas ce que je dis ici pour une loi , mais pour un confeir feulement , fur lequel chacun fera ce qu'il jugera à propos. On pourra voir la Fig. 9, laquelle repréfente une coupe de parquet avec un bâtis au pourtour, & le lambris d'appui au-deifus, ce qui fervira à donner l'intelli- gence de tout ce que j'ai dit à ce fujet. La Planche 54 repréfente la moi- tié du parquet d'une chambre à coucher de parade , dont les feuiUes font d'une grandeur relative à celle de la pièce avec un bâtis au pourtour ; & les embrafements de croifées & de portes font de différents comparti- ments. La Planche 55 repréfente un compartiment de parquet propre pour des Salions & des Galleries , au pourtour duquel règne un cours de frifes à compartiment, ce qui peut donner une idée de ce que j'ai dit ci-deffus , Sc même fervir à faire imaginer d'autres compartiments , en évitant coucefois d'y iake Section II. Manière de difpofer le Parquet , &c. idi faire entrer trop de forme cintrée , tant à caufe de la diiBculté de leur façon que de leur peu de folidité. Quoiqu'on ne faffe point de parquet différent des autres , pour les embra- fements de croifées , y laiffant entrer les feuilles de parquet félon qu'elles fe rencontrent, j'ai cru cependant qu'il étoit bon d'en faire exprès, fur-tout dans les pièces d'une certaine conféquence, ainfi qu'on peut le voir dans les Figures ci-deffijs. Il eft encore une autre manière d'enrichir les parquets d'un Appartement , qui eft d'y employer des bois précieux & de différentes couleurs , tels que le noyer noir & blanc, les bois violets, le cèdre de rofe , le palifandre & autres ; mais il faut auffi faire attention de ne mettre enfemble que des bois d'une pareille denfité, afin qu'ils puilTent réfifter également au frottement. La difficulté d'en trouver de parfaitement égaux en dureté , ou bien leur rareté, détermine à faire peu d'ufage de ces fortes de parquets, en forte qu'au lieu de bois rares, on n'emploie que du chêne ; cependant quelquefois on le choifit ae manière que les bâtis font d'une couleur & les panneaux d'une autre , ce qui fait très-bien ; ou bien chaque feuille toute d'une même couleur, mais différentes les unes des autres, de forte qu'il y ait alterna- tivement une feuille blanche & fautre rougeâtre. On fait auffi des parquets de marqueterie , tels qu'il s'en voit dans un ca- binet du château de Maifons ; mais ces fortes de parquets ne s'emploient que très-rarement, à caufe de leur trop grande dépenfe & leur peu de folidité. En général, pour que les parquets foient bons , il faut que le bois en foit très-fec^, parce que comme ils font corapofés de plufieurs pièces dont les unes font à bois de bout & les autres à bois de fil , il arrive que le bois de bout ne fe retirant pas , la réflftance qu'A fait , ouvre tous les joints du parquet , & quelquefois même fend les joues des alTemKlages. Le panneau doit aufïï être très-fec ; on fe fert ordinairement de mairain ou courfon , lequel n'eft pas refendu à la fcie, mais au coutre , & dont les morceaux n'ont ordinairement de longueur- que deux fois la longueur i'un panneau, ou un peu plus. Ces bois font d'autant plus propres à cet ouvrage , qu'ils font tous très-fermes , & qu'ils font prefque tous fendus fur la maille, ce qui doit les faire préférer à tous les bois refendus, de quelque efpece qu'ils foient. Section Troisième. les différentes efpeces de Planchers , leurs conjlruaions , & la manière de les pofer ainjl que le Parquet. Les planchers font compofés de planches jointes enfemble de toute leui* largeur , ou bien refendues par alaifes , ce que l'on nomme Planchers Menuisier, II. Pan. X c Flanche 1^ i. x6i MENUISIER, II. Partie. Chap. L — — = defrifes ; de ce nombre ell celui que l'on appelle point de Hongrie , lequel Planche eft fait de compartiment diagonal. Quelquefois on met ces elpeces de planchers au nombre des parquets ; mais comme ils n'ont aucune elpece d'aifemblage , on ne doit les confidérer que comme des planchers à compartiments. Le plancher à point de Hongrie fe fait ordinairement d'alaifes de trois ou quatre pieds de long , félon la grandeur de la pièce , & de la largeur de trois à quatre pouces , félon les différentes longueurs ; leur coupe & la di- reflion des joints fe fait d'onglet ou par un angle de 45 degrés , ce qui eft la même chofe. Mais en général , pour bien faire le compartiment d'un plancher à point de Hongrie , il faut , après que l'on aura déterminé la grandeur de la pièce tant for la longueur que llir la largeur , réferver au pourtour un cours de frifes , lequel aura d'après la faillie de la plinthe du lambris d'appui , la même largeur que les alaifes dont fera compofé le plancher ; enfuite d'après cette frife , on divifera le refte de la largeur en plufieurs li- gnes parallèles , dont la diftance ne doit être que depuis a y jufqu'à 34 pouces , afin de produire des diagonales dont la longueur fcit depuis trois jufqu'à quatre pieds , le rapport du côté d'un quatre avec fa diagonale étant à peu-près comme 7 eft à 10 , ce qui revient aux largeurs ci-deifus ; en obfervant toutefois que le nombre des parallèles foit impair , afin qu'il fe trouve un joint au milieu de la pièce. On fera la même opération pour la longueur que pour la largeur, dont on fera les divifions égales à celles de cette dernière , du moins autant qu'il fera poffible ; fi cela ne fe peut , on les fera, plus larges, afin que la grande longueur des alaifes fuive'le fens de la pièce. ( Voye:^ les Flg. ^ 6 de la Pl. 52 ). Pour ce qui eft des planchers*proprement dits , il n'y a d'autre façon que de les corroyer & de les joindre à rainures & languettes. Ceux qui font faits en alaifes font beaucoup meilleurs que ceux qui font faits de planches de toute leur largeur , parce que les planches étant moins larges , elles font moins fujettes à fe retirer. Comme les planches n'ont pas aflêz de longueur pour faire celle des pièces , on les rejoint à rainures & languettes aux bouts les unes des autres ; mais quand on veut que l'ouvrage ait plus de folidité , on fait des travées de cinq à fix pieds de long , au bout defquelles- on met une frife en lèns contraire , dans laquelle entre le bout des planches. Cette dernière manière eft très-bonne, & eft préférable à toute autre, à caufe de là folidité : & on doit l'employer dans les endroits qui ne font pas fufceptibles d'une grande magnificence , & dont on a intérêt de ména- ger la dépenfe. Tous les planchers doivent être faits de bois de chêne depuis lignes S'épaifTeur jufqu'à deux pouces , & on ne doit jamais y employer de fapin, parce que ce bois eft trop tendre & fe retire trop. Pour ce qui eft de la s EC T I o N III. Des différentes efpeces de Planchers , &c. i g 3 pofe, tant du parquet que des planchers, on ne fauroit y faire trop d'at- tention , parce que c eft de là que dépend en partie toute leur folidité ; c eft pourquoi , avant même de pofer les lambourdes , il faut commen- cer par tracer tous les niveaux des Appartements , afin que fi dans une longue fuite de pièces il y avoit quelque différence de hauteurs, on pût les regagner en adouciffant à raifon de la différence de niveau & de la lon- gueur de chaque pièce. Il faut auffi avant de pofer les lambourdes, fe rendre compte de 1 epailTeur des bois des parquets ou des planchers , afin de n'avoir point de cale à mettre fous ces derniers, ou du moins très-peu; (ce qui arrive fouvent lorfqu'on ne prend point cette précaution;) parce' qu'il vaut beaucoup mieux ôter aux.bois les plus épais, que de caler fous les autres , quoique ce foit l'ufage. On doit auffi avoir foin que les lambourdes foient pofées un peu bouges au milieu de la pièce, fur-tout lorfqu'elle eft d'une certaine grandeur, afin que quand les planchers viennent à faire leur effet, ils foient toujours droits; ce qu'on doit fur-tout obferver dans le cas d'un bâtiment neuf Quand les lambourdes font^ainfi difpoféeà , on attache le parquet deffiis avec des clous, lefquels ordinairement n'ont pas de têtes; mais il vaudroic mieux y mettre des clous communément appellés à parquet, lefquels ont une tête méplatte : à la vérité, ils font un plus grand trou dans le parquet que les premiers qui n'ont pas de têtes , mais ils l'arrêtent beaucoup mieux.' Ces clous font de beaucoup préférables aux autres dans les plancliers faits de planches, parce qu'ils les empêchent de fe tourmenter, ce que ne peuvent faire ceux qui n'ont pas de têtes , puifqu'ils ne peuvent entrer à force dans le bois fans l'expofer à fe fendre. Quant à l'inconvénient que caufent les trous qu'on eft obligé de faire pour enfoncer les têtes des clous, on peut y remédier en faifant à l'endroit de chaque clou , une petite mortaife dans laquelle entre la tête de ce dernier & qui s'y trouve enterrée de manière que l'on pui/fe y rapperter une pièce à bois de fil , ce qui efl en même temps très-propre & très-folide. On doit avoir foin en pofant le parquet , que tous les joints s'alignent bien, & que toutes les feuilles foient d'une égale grandeur, afin que leurs angles fe rencontrent tous parfaitement. Quant au nombre des clous qu'il faut y mettre , la quantité" n'eft pas fort nécelTaire ; il fufEt d'en mettre fur les battants, & quelques-uns dans les principales, pièces, pour qu'ils foient attachés folidement. Il n'en eft pas de même des planchers , fur-tout ceux qui font faits dé planches , aux- quelles ils faut mettre des clous fur les deux rives à la rencontre de chaque lambourde, ou de deux en deux au moins, avec la précaution toute- fois de les mettre en liaifon, c'eft-à-dire, que les planches foient clouées en échiquier , afin qu'il y ait un clou pour chaque joint à chaque lambourde. i<?4 M E N U I S I E R , 1 1. Partie. Chap. 1 1. Lorfque les planchers ne font pas fufceptibles d'une grande propreté , & que le bois eft trop mince pour y faire des entailles , ou bien qu'ils font faits de bois de fipin , on fe fert , pour les arrêter , de clous à petites têtes nommés caboches, lefquels entrent dans le bois & s'y cachent entiè- rement. Quant à la différente forme des clous à parquet , j'en parlerai ci-après , en traitant de la manière de pofer & arrêter l'ouvrage. CHAPITRE SECOND. Des Lambris en général. O N appelle Lambris toute efpece de Menuiferie feryant aux revêtilFements intérieurs des Appartements. Deux railbns ont donné lieu à cette efpece de Menuiferie , fivoir , la iàlubrité & la magnificence. Les Anciens les faifoient de bois précieux unis , ou pour mieux dire arrafés , fur lefquels its appliquoient des ornements d'or, d'argent, d'ivoire , .d'ébene ou autre matière précieufe , & quelque- fois même on les y incrufloit j ce qui a donné lieu à la Menuiferie nom- mée Ebcnijîerie (*) , dont fufage étoit très-commun dans le dernier fiecle , mais qui dans celui-ci eft réduite à la partie du meuble. A cette première elpece de. Menuiferie , on en a fubftitué une féconde , laquelle , à la vérité , n'eft pas fi riche ( du moins quant à la matière ) , mais auffi qui a Favantage d'être fufceptible de toute la décoration & de toute la magniPxence po!t:b!.îs , c-; dont les formes grandes & majeftueufes , doi- vent la faire préférer à la première , fur-tout depuis qu'on y a introduit les ornements de fculpture , la peinture & la dorure , lefquelles lui donnent , du rrioins en apparence , toute la richelfe & la magnificence de la Menui- ferie des Ancîens, Section Première. Des différentes ejpeces de Lambris , de leurs formes , ufages & proportions. L'ordre & la convenance faifant le caraflere de la bonne Architeiîture , ii eft donc nécelfaire que ce caraâere fe faffe fentir dans toutes fes parties ; C) Cette première efpece de Menuilerie droit employée par les Anciens, non feulement à la décoration des Appartements des Princes & des Rois , mais audi à celle des Temples. L'hidoire des temps les pUis reculés en fait menrion. Joreph Flavius parle du revêriffeiTienr intérieur du Temple de Jérufalem , lequel étoit fait de bois de cèdre revêtu de lames d'or. Virgile , dans la defcription du fac de Troye j parle des Appartements de Priam , qui ctoienc revêtus de lambris dores ; ce qui prouve au moins, que quand même ce que les Auteurs onE dit à ce fujet n'auroit été que fiftion, l'ufage des lambris éroit connu de leur temps, puif- qu'il n'auroir pas éré vraifemblable qu'ils euifent parlé d'une choie tju'ils n'auroient pas cotrjiue. les Section 1. De, différentes efpeces de Lambris, &c j^i les différents ufages des pièces d'un appartement, ainfi que le ran. des perfonnes pour qui ils font deftinés , doivent néccffai rement décider de la plus ou moins grande richeffe & de la forme des lambris. Je n'entrerai pas ici dans le détail de la décoration des pièces dont peu- vent être compofés tous les différents appartements ; cette matière étant prefque inepuifable: je ne le ferai donc qu'autant que le fujet femblera 1 exiger; 1 examen des ouvrages faits étant le meilleur moyen pour s'inftruire dans cette partie de la IMenuiferie. Paris & fes environs fournilfent une quan- tité d exemples, qui, s'ils ne font pas tous propres à être imités, fuffifent du moins pour former le goût & le raifonnement des jeunes gens, afin que par la comparaifon & l'examen de ces ouvrages, ils évitent les défauts dans leiquels font tombés ceux qui les ont faits. Il eft de deux efpeces de lambris, l'un que l'on nomme Z.:.^„. de hau- teur lequel s'élève depuis le parquet diun appartement jufqu'à la corniche; & latitre que Ion nomme Lambris d' appui , lequel, ainfi que le premier, règne au pourtour d'un appartement, & n'a de hauteur qu'un quart & «nême un cinquième de toute la liauteur de la pièce, prife du delfous de a corniche. Les profils de ces deux efpeces de lambris font ordinairement les mêmes excepté que ceux des lambris d'appui font quelquefois plus fimples & dune forme plus grave, ainfi que je le dirai ci-après. Les lambris de hauteur font compofés de deux parties , fçavoir, de l'ap- pui & de fon deifus, que l'on nomme proprement lambris de hauteur, efque s font féparés l'un de fautre par une moulure nommée Cymaife , dans aqueUe ils entrent tous les deux à rainures & languettes; ou bien lorfque la hauteur de la pièce n'eft pas confidérable, les deux lambris tiennent en- lemble, & la cymaife appliquée deffus , n'a d'épaiffeur que ceUe de fa laillie. Les cymaifes doivent avoir une hauteur relative à celle du lambris • & == par conféquent à celle de la pièce; c'eft pourquoi on leur donnera de hau- ^"'^'^ teur le douzième de celle du lambris d'appui, c'eft-à-dire, qu'elles auront " deux pouces aux lambris de deux pieds de hauteur, & trois pouces à ceux de trois pieds, ainfi du refte ; quant à l'épaiffeur des cymaifes, elles doi- vent avoir premièrement l'épaiffeur des lambris, plus la faillie de leurs pro- fils , qui ont plus ou moins de richeffe , à raifon de celle des lambris. Foyei es Fig. I, 2,3, ^ & 5, lefquelles repréfentent diverfes fortes de cv- maifes. ' Lorfque les lambris d'appui font extrêmement bas, comme les banquettes des croifees, on n'y met qu'une cymaife d'environ un pouce de hauteur, aquelle eft ornée d'un quart de rond fur l'arrête. Voye^ la Fig. 6. Quand es cymaifes font aftragalées , comme les Fig. 3 & 4, fi fon craint que les joues des rainures du bas ne deviennent trop foibles, on fera un arra- Menuisier.il Part. Vv î5. >. 'il ^66 MENU IS lÊR. II. Partie , Chap. II. - fement au-devant de la languette du lambris d'appui , afin de lui donnai Planche plus de force. Voyei les Fig. ci-deflus. Dans les pièces d'une grande ri- f^- chelTe & d'une hauteur aflez confidérable , on peut tailler d'ornement le gorgerin des cymaifes , ainfi qu'on peut le voir dans les Fig. 7 & 8. Le bas des lambris d'appui eft ordinairement terminé par une plinthe ou focle qui eft attaché deflus ; cependant il vaudroit mieux les faire d'une épaifTeur aflez confidérable pour recevoir les lambris d'appui à rainures & lan- guettes , ce qui feroit beaucoup plus foHde que les plinthes minces qui font fujettes à être enfoncées. Le deflûs des plinthes eft ordinairement orné de moulures ; mais je crois qu'il feroit plus à propos de les faire toutes quarrées , fur-tout lorfqu'elles doivent être peintes en marbre , ou bien quand c'eft dans un grand apparte- ment, on quelquefois' la trop grande hauteur de la plinthe oblige de la fépa- rer en deux parties , dont celle de deflbus eft toute quarrée , & a de hauteur le double de celle de deflias , laquelle alors eft ornée d'une moulure fur l'arrête, & par conféqucnt a le tiers de toute la hauteur. Foye^ les Fig. Q , 10 , II , IZ, 13 Ô I^ , lefquelles repréfjntent diverfes efpeces de plinthes, Sc les moulures dont elles peuvent être ornées. Quant à la hauteur des plinthes , la coutume la plus ordinaire de la déterminer , eft de faire régner le deffous de la moulure du lambris d'appui , avec le deffus de la plinthe des chambranles des portes , de forte que les plinthes des lambris aient de hauteur celle des plin- thes des chambranles , moins la largeur du champ des lambris d'appui , qui ont ordinairement depuis deux jufqu'à trois pouces , ce qui donne trois à quatre pouces de plinthes à ces derniers , celle des chambranles en ayant cinq à fix de hauteur. Quoique cette manière de déterminer la hauteur des plinthes des lambris d'ap- pui foit la plus fuivie , je crois cependant qu'il feroit beaucoup mieux de faire régner de hauteur toutes les plinthes d'un appartement , tant des chambranles des portes & des croifées , que celles de la cheminée & des lambris d'appui , ( ces dernières étant pour f ordinaire peintes en marbre de la même couleur que celui de la cheminée , ) ce qui leur donneroit plus de hauteur & feroit un plus bel effet que de les voir toutes inégales , ainfi qu'on peut les voir preC que par tout. La raifon qui femble avoir autorifé la première manière de déterminer la hauteur des plinthes , eft que fi celles des lambris d'appui régnoient avec celles des chambranles , elles deviendroient trop hautes ; la coutume eft de faire ces dernières d'un pouce plus hautes que larges , (ce qui fait environ cinq à fix pou- ces ) ce qui feroit trop pour un lambris d'appui qui n'auroit que deux pieds & demi ou trois pieds de hauteur. Je crois donc que pour remédier à la trop grande hauteur , & pour ôrer la difformité de celles qui font inégales , je crois , dis- je , qu'il vaudroit mieux les réduire toutes à une même hauteur , ainfi que Section I. Des différentes efpeces de Lambris , S!c. iCj je l'ai dit ci-deiTus, fans avoir égard à la largeur des chambranles, & donner ——-^ aux plinthes des apppartements une hauteur relative à celle de ces derniers , Planche c eft-à-dire , que l'on donnât quatre pouces de liauteur à celles des apparce- ments de douze pieds de hauteur fous corniche , cinq pouces à celles de ceux de quinze pieds , & fîx pouces à celles de ceux de dix-huit pieds. Voyei /« Fig. if, & i6, où font repréfentés des lambris d'appui, des ban- ^ guettes , des chambranles de portes, de croifées & de cheminées , dont tou- V tes les plinthes font inégales , au lieu que celles des Fig. 17 & ig font toutes d'une même hauteur ; d'après quoi on peut juger de la vérité de ce que j'avance ici. Pour ce qui eft de la hauteur des lambris d'appui, quoique je l'aie déterminée „ entre le quart & le cinquième de la hauteur de la pièce prife de dedous Planche la corniche, jl eft cependant des occafions on cette proportion eft fufcepti- ble de changement. Premièrement, lorfque les appartements n'ont que du lambris d'appui , le refte de la hauteur de la pièce étant revîtu de tapifferies, lefquelles font quelquefois d'une hauteur bornée , ce qui oblige alors de fairi le lambris d'appui plus ou moins haut à raifon de la tapilTerie , comparaifon faite avec la hauteur de la pièce. Il eft plufieurs manières de pofer la tapilTerie au-delTus des lambris d'app.i ; celle qu. fait le mieux eft de faire des chaflis qui régnent au pourtour de la tapif ferie, &quifepofent furie lambris d'appui, ainfi que furie lambris ordinaire. Ces chaffis doivent avoir de largeur, premièrement, celle des champs du lambris dappm fur lequel ils font pofés , plus une portée fuffifante pour attacher deifus des moulures qui fervent de cadres à la tapilTerie ; quant à ces dernières , elles s attachent fur d'autres chaffis , lefquels entrent tout en vie dans les premiers, & y font retenus par les moulures que l'on attache fur les chamDs , & qui les débordent alTez pour retenir les chaffis <jui porten. la tapilTerie. Quand les chalTis font d'une grandeur confidérable , on les fépare par des montants & des traverfes , lefquels les tendent plus folides, & empêchent les tapilTeries de les faire ployer , & par conféquent de fe détendre. Il eft des occafions où l'on ne fait point de doubles chalTis pour porter la tapilTerie ; mais on fait les champs qui portent les moulures , d'une lar- geur alTez confidérable, pour qu'après ce qui eft fuffifant pour porteries mou- lures, on puifTe y faire une feuillure d'environ un pouce de large fur une profondeur à peu-près égale à TépailTeur de l'étofFe qu'on veut attacher deflùs. Cette féconde manière eft moins coûteufe que la première ; mais aufti a-t-elle l'incommodité, qu'il faut détacher la tapilTerie chaque fois qu'on veut la changer, ce qui eft fujet à faire fendre les bâtis par la fuite du temps; au lieu que quand il y a de doubles chaffis, on évite cet inconvénient, & on a l'agrément de changer toute la tenture d'un appartement en très-peu de temps , ce qui eft fort à confidérer. Foyei les Figures l, z, 4,à&6. i6S MENU J S I E R. II. Partie , Chap. II. ^ Pans les pièces de peu d'importance , on ne met point de champ au pour» Planche tout de la tapiflerie , fe contentant d'attacher fur le mur des tringles fur lef- quelles on attache cette dernière, aux extrémités de laquelle font pofées des moulures, ce qui fait un fort mauvais effet. (Foyti la Fig. 3 ). Lorfqu'on n'eft pas borné par la hauteur de la tapilferie pour détermi- Ûner celle du lambris d'appui , on doit pour lors , dans le cas d'un apparte- ment d'une médiocre hauteur, avoir foin de faire régner le deflus de la cymaife avec le delfus des tables à defTus de marbre , que l'on met ordinai- rement entre les croifées , ainfi qu'aux écoinfons & autres meubles que l'on peut mettre dans un appartement. On doit auITi avoir la même attention par rapport aux appuis des buffets que l'on met dans les Salles à manger , lefquels doivent auffi régner avec le deffus des cymaifes des lambris d'appui de ces mêmes pièces. • Dans les appartements d'une hauteur ordinaire , dont la décoration n'eft pas fufceptible d'aucun meuble dont la hauteur foit bornée , comme les tables, les commodes, &c, on pourra faire régner le delTus de la cy- maife avec le deJTus de la retombée du ceintre du chambranle de la che- minée , afin que d'après cette hauteur , & le deffus de la tablette de ce dernier, il y ait une largeur fuffifante pour mettre une frife dont le deffus du champ régnera ( du moins le plus qu'il fera poffible ) avec le deffus de cette même tablette , afin que tous les panneaux de la pièce , régnent de niveau avec la glace de la cheminée, ainfi que les trumeaux des croifées, lefquels viennent alors de même hauteur. On doit cependant obferver de ne fe fer- vir de c ette manière de déterminer la hauteur des lambris d'appui , que quand les appartements auront au moins IJ pieds de hauteur Ibus corniche , dans lefquels on peut mettre des cheminées de trois pieds neuf pouces ou quatre pieds de hauteur ; car à moins de cette hauteur , il eft impoffible de le faire , la hauteur des cheminées ordinaires n'étant pas fuffifante pour contenir un lambris d'appui & une fri/è au-deflus. (^Voy. la Fig. y"). Quand les pièces font extrêmement grandes , on peut faire régner le lam- bris d'appui avec le defîùs de la cheminée , parce qu'alors telle que foie la hauteur de cette dernière , elle ne làuroit trop élever le lambris d'appui , vu la grande hauteur de la pièce. ( Foye^ la Fig. S.) Quant à la forme des lambris d'appui , elle doit être quarrée , c'efl-à- dire , qu'il ne faut y faire aucun ceintre , leurs champs & leurs moulures de- vant être droits dans tous les cas , & ces premiers être égaux & perpenpiculaires avec ceux des lambris de hauteur. Pour les compartiments des panneaux, quoique le lambris d'appui foit fouvent dilpofé pour être feul , c'eft-à-dire , fans lambris de hauteur , il faut cependant faire des compartiments de pan- neaux comme s'il devoit y en avoir , afin que fi par la fuite on venoit à pofer du lambris de hauteur fur le lambris d'appui , les panneaux du premier foient Section I. Des différentes efpeces de Lamhis , &c. i tfp foieiit toujours d'une forme gracieufe , & en rapport avec celle de la- pièce. Les panneaux des lambris , tant d'appui que de hauteur , font ordinaire- ment féparés par des pilaftres qui font arrafés avec les bâtis des paniieaux , ou bien font avant ou arrière - corps fur ces derniers; cependant la difpo- fition naturelle des pilaftres, eft de faire avant- corps fijr les panneaux, excepté dans les parties principales d'une pièce , comme les trumeaux , les cheminées & leurs vis-à-vis , où les pilaftres font arrafés , ou quelque- fois font arriere-corps. La première de ces deux manières eft la plus com- mode & la plus ufitée, à caufe que les deux corps que formeroient la che- minée & le pilaftre fur le lambris , déborderoient le quarré de la corniche , à moins qu'il n'y ait un refTaut dans la partie inférieure de cette dernière , lequel autoriferoit ce double corps. J^oyei les Fig. I & z , dont une repréfente un pilaftre arrafé , c'eft-à-dire , dont les champs font liftes & communs avec ceux des panneaux , & l'autre un pilaftre faifant arriere-corps , lequel a des champs qui lui font propres , & qui entrent à rainures & languettes avec ceux des pan- neaux. Ou doit auflî , le plus qu'il eft poffible , mettre des pilaftres dans les an- gles d'une pièce , parce qu'ils la terminent mieux que les panneaux , & qu'ils répondent à ceux dont on eft nécejTairement obligé de revêtir les doflerets des portes ou des croifées. On obfervera auflî de mettre toujours un panneau au milieu de chaque face de lambris , & non pas un pilaftre , ce qui eft contre l'ufige & la vrai- femblance. Pour ce qui eft de la proportion des panneaux des lambris de hauteur , ils doivent avoir de hauteur deux fois leur largeur au moins , ou trois fois au plus , lorfque l'enfemble de la pièce fera d'une forme plus ou moins élégante Pour les pilaftres , on leur donnera de largeur le huitième de leur hauteur , ou le dixième au plus , pris du dehors des champs pour la largeur ; & pour la hauteur, du deftùs de la cymaife au-deilbus de la corniche: cette proportion fera pour ceux qui feront avant ou arriere-corps; & pour ceux qui feront arrafés, on prendra la dimenfion du dehors des champs. En général , les pilaftres doivent toujours monter de fond du deftlis de l'appui , fans être interrompus ni coupés par des frifes ni aucune efpece de moulures. Anciennement on avoit coutume de les orner d'un rond ou d'une iofange au milieu ; mais il eft beaucoup mieux de les faire liftes , parce que cela donne plus de beauté à l'ouvrage , en évitant la confufion que produifent les petites parties , & en y mettant du repos & faifant valoir le compartiment des panneaux. Quand les pilaftres font d'une certaine hauteur , on y met une fauflè traverfe par derrière , laquelle s'affèmble à tenon & mortaife ; dans les bat- tants d'après le derrière de la rainure , ou bien quand les battants n'ont pas Menuisier. IL Pan. Xx 170 M E N U I s I E R , II. Partie, Ckap. II. aflêz d'apailîèur pour y faire des mortaifes , on n'y met que des barres à queues , ANCHE lesquelles retiennent l'écart des battants. {Voye^ la Fig. ^ ). Quant à la J'' largeur des frifes , elles doivent avoir depuis fept pouces jufqu'à un pied d'ar- rafement , félon la différente hauteur des pièces & la largeur des panneaux. Comme on n'emploie les lambris d'une forme quarrée , que dans les pièces qui ne font pas fijccptibles d'une grande décoration , & où par conféquent on a plus d'égard à la folidité qu'à la magnificence , on ne doit donner aux panneaux de ces lambris , que trois pieds de large au plus ; & coinme dans les pièces d'une certaine hauteur , les panneaux deviendroient trop élégants , on y ajoutera une ou deux frifes ou même un panneau , félon que fexigera la hauteur de la pièce. Voye^ les Fig. 4 , 3 , (î (& 7 , où font deflînés diffé- rents compartiments de lambris , à raifon des différentes hauteurs des pièces , lefquelles font depuis 9 , 10, 12, 15 , 18 pieds fous corniche, qui font les hauteurs les plus ordinaires ; & j'y ai joint une partie de chambranle des portes, atîn que l'on puilTe voir l'ordre qui doit régner entre la hauteur de ces dernières & les compartiments des lambris ; de plus , ces compartiments , quoique d'une forme fîmple & droite , fervent à former le goût , & accoutument à mettre de l'ordre & de l'arrangement dans les compartiments des lambris d'une décoration plus riche , dans lefquels on doit toujours reconnoître les formes droites , quels que foient les ceintres & les ornements que l'on y emploie. Pour ce qui eft de la proportion des champs & des profils des lambris , il n'efl guère poffible de la déterminer , fur-tout pour ce qui eft de celle des pro- fils , laquelle varie félon la plus ou moins grande richelfe qu'on leur donne , n'étant pas poffible de donner la même largeur à un profil qui ne feroit compofé que d'un ou de deux membres de moulures , qu'à un autre qui en auroit quatre ou cinq. Toute la proportion que Ton peut donc donner aux profils des lambris , eft de mettre du rapport entre ceux des panneaux & ceux des pilaftres & des frifes , lefquels doivent avoir de largeur la moitié ou les deux tiers des premiers ; cependant ce ne doit être qu'aux lambris d'une décoration fimple , où le profil des frifes doit être d'une largeur égale à celui des pilaftres , parce que quand les lambris font d'une décoration riche , non-feulement il faut que les profils des frifes différent de ceux des pilaftres pour la forme , mais encore pour la largeur. Ceux des frifes peuvent avoir de largeur les deux tiers de ceux des cadres , au lieu que ceux des pilaftres n'en doivent avoir que la moitié. La largeur des champs doit être en rapport avec la hauteur de la pièce ; c'eft pourquoi aux pièces de 10 pieds de hauteur fous la corniche, on leur donnera deux pouces de largeur, deux pouces & demi à celles de 13 pieds, trois pouces à celles de 15 , c& trois pouces & demi ou même quatre pou- ces à celles d'une plus grande hauteur. En général , il faut obferver que tous les champs des lambris foient par- faitement égaux entr'eux, tant ceux qui font perpendiculaires, que ceux Section I. Des différentes efpeces de Lambris , &c. 171 qui font horifontaux , fans avoir égard à la largeur des pilaftres , lefquels -=-=—= deviennent quelquefois trop étroits , comme dans le cas d'un angle ou d'un Planche doiferet de porte, où il yaudroit mieux ne mettre qu'un arriere-corps ou partie lifle , que d'y mettre un pilaftre dont les champs ne font pas égaux à ceux du lambris , fur-tout quand la différence de largeur eft trop grande. F oyei les Fig. 4,5,6 <& 7 , où ces règles font exaâement fuivies. On doit aufli éviter que les champs des lambris foient coupés ou inter- rompus par les cintres des traverfes , ou par les enroullements de ces mêmes cintres, ainfi que de faire des cintres aux battants, ce qui eft un très-grand défaut , & dont malheureufement on n'a que trop d'exemples. Quant aux profils & aux affemblages des différentes efpeces de lambris , ainfi que des traverfes cintrées , & pour leur conftruélion , voyez ce que j'ai dit dans la première Partie de mon Ouvrage , pages 43 , 44 , 45 , 4i5 , 47, 48 & 49 , & les pages 139 , 140 , 141 , 142 , 143 & 144 , ainfi que les planches qui leur font correfpondantes , & dans Icfquelles on trouvera tout ce qu'il y a à dire à ce fùjet. Les panneaux des lambris fe font de planches jointes enfemble , qui ont depuis fix lignes jufqu'à un pouce & même un pouce & demi d'épaiifeur , PtANCHE félon leurs différentes grandeurs ou qu'ils font taillés d'ornement ; ils entrent à rainures & languettes dans les cadres , ou dans les bâtis des lambris , lef quelles rainures doivent avoir fîx lignes de profondeur au moins, & être dune épai/Ièur relative à celle des panneaux. ■ On orne le pourtour des panneaux d'une moulure plate , nommée place- bande , laquelle doit avoir une largeur & une profondeur proportionnées à la grandeur des cadres, ainfi que je l'ai dit dans la première Partie de cet Ou- vrage , en parlant des portes à placards , page 139. Ce5 plates-bandes peuvent aufïï être plus ou moins riches , ainfi qu'on peut le voir dans les Fig. I , 2 , 3 , & 4. Quand les lambris font d'une cer- taine riche/fe , on orne les panneaux d'une moulure faillante ou ravallée d'a- près la largeur de la plate-bande , ainfi que les Fig. 4 & 5, ou celles 4 & 5 , Planche 3 2 , première Partie. Les planches des panneaux fe joignent enfem- ble à rainures & languettes qui doivent avoir trois à quatre lignes de profondeur au plus, & d'épaiffeur au plus le tiers de celle des planches, c'eft-à-dire, qu'elles doivent partager l'épaiffeur du bois en trois parties égales , ou avoir les deux huitièmes de l'épaiffeur au moins. Mais quand les panneaux font difpofés pour être ravalés ou taillés d'ornement comme dans les Fig. 5 & 6 , on les colle à plat - joint avec des languettes rapportées , avec la précaution toutefois , de placer ces languettes fur le derrière du bois , afin que le joint ne fe découvre pas lors du ravalement du panneau ; & on aura foin de ménager une épailfeur de joue futlfante du fond du rava- lement , & de faire les languettes très-minces , afin de rendre le joint plus lya MENUISIER, II. Partie. Chap. Il i i-j-»^ {JjljtJe ^ aii^j] qu'on peut le voir dans les Fig. J & (î , où les parties cotées a , h. Planche indiquent la malFe de bois dans laquelle on doit tailler les ornements , l'une tout-à-fait en faillie du nud de la plate-bande , & l'autre prife en partie dans la profondeur du îavalement. Les planches des panneaux doivent être les plus étroites polTibles , c'eft- à-dire , que les plus larges ne doivent avoir que fix à huit pouces de largeur , parce que quand elles en ont plus , elles font fujettes à fe retirer & à fe fen- dre ; lorfque les panneaux n'ont qu'un parement , & qu'ils font de deux à trois pieds de longueur , on doit les blanchir par derrière , du moins au milieu de chaque planche , afin qu'ils prennent l'air également , ce qui les empêche de fe tourmenter. On met auffi par derrière une ou plufieurs barres , que Ton nomme barres à queues , lefqueiles font entaillées à queues dans le panneau , de l'épaifTeur de ce qui refte de bois d'après la languette. Cette coutume , quoique bonne à certains égards , eft fujette à plufieurs in- convénients , parce que cette barre à queue étant plus large d'un bout que de l'autre , elle empêche les planches de fe retirer également fur leur centre , ainfi qu'elles le feroient fi elles n'étoienr pas gênées par Finégalité de lar- geur de la barre , ainfi qu'on peut le voir dans la Fig. 8 , où les lignes ponftuées i , i , repréfentent FefFet que les planches peuvent faire en fe reti- rant chacune fur leur centre , ce qu'elles ne peuvent faire lorfque les barres font d'inégale largeur , comme je l'ai dit ci-defiiis , ce qui fait que tout fclfec dés planches fe porte d'un feul côté , ainfi que l'indiquent les lignes 2 , 2 , ce qui fait un très-mauvais effet , fur-tout quand les panneaux font cintrés , & ce qui les met quelquefois dans le cas de fe déjoindre ou de fe fendre ; la barre c , étant plus large d'un côté que de l'autre , arrête le mouvement des planches qui y font déjà entrées à force , de forte qu'elles fe retirent ■toutes fùx le petit côté de la barre , ce qui rend les plates-bandes inégales , & fait fendre les panneaux, comme je l'ai dit ci-delTus. Pour remédier à cet inconvé- nient , je crois qu'il feroit plus à propos de ne mettre la barre à queue que d'un fens , c'eft-à-dire , que fur répailTeur feulement , & de la faire d'une égale laro-eur d'un bout à l'autre , afin de les faire entrer juftes dans les panneaux fans les forcer ; il feroit même néceflîiire de les frotter avec du favon , afin que les planches puiflent aller & venir plus facilement. ( Voyez la barre cotée d , Fig. 8. ) Il eft encore une autre manière de retenir les panneaux ( fur-tout lorfqu'ils n'ont pas beaucoup d'épailleur pour pouvoir y faire une queue raifonnable , ) c'eft d'y attacher une barre avec des vis , avec l'attention de faire dans ces barres & à l'endroit de ces vis, une mortaife de 12 à i y lignes de lon- gueur , fur une épaifleur égale au colet de la vis , laquelle donneroit au panneau la liberté de faijre fon effet, Cette attention eft très-néceflaire , parce que Section I. Des différentes ejpeces de Lambris, &c. 17 j que s'il n'y avoir pas de mortaiifè , les vis étant arrêtées dans la barre, fe- e roient fendre les planches lorfqu'elles viendroient à/e retirer , ce qui eft fore ' à craindre. Ces barres s'attachent fur les b.âtis , ou bien font affemblées à te- nons & raortaifes , lorfque ces derniers font afTez épais, ce qui eft très-bon, vû la grande fblidité que cela donne à l'ouvrage. ( Voyei la Fig. Q.') Cette troifieme manière de retenir les panneaux eft meilleure que la pre- mière , mais moins bonne que la féconde , parce qu'elle ne retient les plan- ches qu'à l'endroit de la vis , au lieu que l'autre les retient de toute leur largeur. Quelquefois ces barres fc font de fer plat , & elles ont cela de commode qu'elles tiennent moins de place derrière le lambris. Pour les panneaux cintrés en plan , on doit toujours y mettre des barres de fer , parce que celles de bois ne font pas alfez folides, à moins qu'on ne les falTe très-épailîès , ou que les panneaux ne foient très-peu cintrés. ( Voyei^ la Fig. 10. ) Lorfqu'on veut donner plus de folidité aux joints des panneaux , fur-tout lorlque ces derniers font d'une certaine conféquence , on y met derrière des bandes de toile ou du nerf de bœuf battu , ce qui eft encore mieux. D'après ce que je viens de dire touchant la conftruCtion & la difpofition géné- rale des lambris , il fembleroit naturel que je déterminaftè les efpeces de cintres & d'ornements qui font propres à chacun d'eux ; mais comme cette matière eft prefque inépuifable , ainfi que je l'ai déjà dit, & que de plus, ces mê- mes cintres & ornements font analogues à la pièce & à fon ufage , j'ai cru qu'il étoic plus nécelTaire de donner le détail des pièces qui compofent un appartement , du moins de celles qui font le plus en ufage , afin que cette connoiffance acquife , puilTe mettre en état de décorer un apparte- ment avec tout l'ordre & toute la convenance poffible , ce que je ne ferai que quand j'aurai détaillé toutes les elpeces de Menuiferie fervant au revê- tilTement & à la décoration des appartements en général , telles que font les revêtiftements des cheminées & leurs vis-à-vis , les revêti/Ièments des tru- meaux de croifées & leurs embrafements , les deflus de portes, &c. Je ne parlerai pas ici des corniches des appartements , parce qu'elles font prefque toujours faites en plâtre , ainfi que les plafonds ; cependant je crois qu'il feroit à propos que le membre inférieur ( ou porte-tapi/Ferie)' des corniches fût fait en bois , afin qu'elles ne fuflênt point fùjettes à s'éclatter lors de là pofe des lambris ; & d'ailleurs , cela donneroit plus de propreté & de précifion à l'ouvrage. X Menuisier. II. Pan. ê Yy i74 MENUISIER, Il Partie. Chap. II. Planche Section Second i. Co. De la décoration & conJlruBion. des revêdjjements des Cheminées , de leurs vis-à-vis , 6 des Trumeaux de Croifées en général. L A décoration des cheminées a été confidérée de tout temps ( du moins en France ) comme un des principaux ornements des appartements. Les An- ciens les décoroient ordinairement de marbre enrichi d'ornements de bronze & de peinture , mais plus ordinairement de fcuipture , comme les bas-re- liefs , les figures , &c. Lorfqu'on vouloir éviter la trop grande dépenfe , on les faifoit de pierres de ftuc , ou de bois peint de la couleur de l'une de ces matières , ou de toute autre couleur. Ces cheminées étoient fiilceptibles d'une très-grande richeffe , & failoient beaucoup mieux que celles qui font en ufage à préfent , tant par rapport à leur forme grave & majefiueufe, que par rapport au défaut de convenance qui fe trouve dans les nôtres ; n'étant pas naturel qu'une glace qui repré- fente un vuide , fe trouve fur une cheminée, laquelle, non - feulement , doit être un plein, mais un plein très-folide. Tout ce qu'on peut reprocher aux anciennes cheminées , c'eft leur forme prefque toujours lourde &pefante» & peut-être trop chargée d'ornements & de membres d'Architeélure , tels que les gorges , les corniches trop fouven't répétées , les cadres & les autres or- nements dont on les furchargeoit. Mais quoi qu'il en foit, on ne peut difconvenir qu'il y a de ces cheminées qui font d'une très-grande beauté , très-propres à décorer les appartements, d'un grand Seigneur ; celles qu'on voit à Verfailles , au château de Mai- fons , au Louvre , & à la grand'Chambre du Palais à Paris , font des preuves que fi les cheminées modernes font plus légères que les anciennes, & d'une façon plus magnifique , par rapport aux glaces qu'on y emploie , les anciennes avoient l'avantage d'être très-belles , & plus en rapport avec leurs ufages , ce qui eft fort à confidérer. Les glaces ont donné lieu au changement de la décoration des cheminées , l'ufag'e en étant devenu fort commun en France depuis le dernier fiecle. On ne peut , à la vérité , nier qu'elles n'apportent beaucoup de magnificence & de commodité , foit en multipliant les objets & les jours d'un appartement , foie en faifant voir l'enfilade des pièces de ces mêmes appartements , ce qui les fait paroître beaucoup plus longs ; ou bien - en répétant les jardins , les ave- nues , les places , &c , ce qui fait jouir en même temps de la commodité des dedans , & de la beauté des dehors ; de plus , leur ufage n'eft pas moins utile la nuit que le jour , puifqu'elles augmentent la clarté des lumières qu'elles répètent prefqu'à l'infini. Section II. De la décoration des Cheminées, &c. i^j Quelque grands que paroifTent ces avantages , on ne doit cependant pas abufer de la permiflîon , en mettant des glaces par-tout , fuf-tout dans un Planche appartement *fufceptible d'autant de gravité que de magnificence, tel que l'appartement de parade d'un très -grand Seigneur , encore moins dans celui d'un Prélat ou d'un Magiftrat ; de plus , comme je l'ai déjà dit , l'ordre & la convenance ne permettant qu'à peine de mettre des glaces fur des cheminées , <à plus forte raifon doit-on les éviter entre deux croifées. Pour fe convaincre de ce principe , on n'a qu'à confidérer que les glaces repréfentant des vuides , ne peuvent être pofées fur des cheminées , & en- core moins entre deux croifées , parce qu'alors il femble que l'appartement n'a point de murs de face, ou que du moins les parties qui reftent plei- nes entre les croifées & les glaces des trumeaux , ne font pas d'une force iùffifante pour Ibutenir le plancher. Les glaces n'ont donc naturellement lieu dans un appartement , que fur les parties oppofées aux croifées , au bout d'une enfilade de portes , & vis- à-vis d'une cheminée , ce qui feroit plus vraifemblable. Tout ce qu'il y a d'inconvénient dans cette manière de faire ufage des glaces, c'eft qu'elles ne peuvent pas être pofées au milieu de l'apparte- ment, à moins qu'il n'y ait tro-s croifées ; & qu'alors il arrive que la lumière des luftres ne peut pas réfléchir dedans , ce qui en fait la principale beauté , à moins qu'on ne mette plufieurs luftres à l'enfilade des glaces , ce qui le- veroit toutes les difficultés , mais ce qui ne peut être que dans le cas d'un très-grand appartement ; cette difficulté eft prefque la feule qui puilfe faire tolérer l'ufage de mettre des glaces fur les cheminées & entre les croi- fées (*). Les cheminées ornées de glaces fe font de trois manières diiférentes ; la première & la plus magnifique , eft de faire moacer les glaces de toute la hauteur de la cheminée , ainfi que dans la Fig. 2 . La féconde eft de ne faire monter les glaces que jufqu'aux deux tiers , ou tout au plus aux trois quarts de toute la hauteur , & de remplir le refte par un panneau ou fond de menuiferie , orné de fculpture comme les trophées , les bas-reliefs, &c , comme dans la Fig, 4. La troifieme enfin , eft de remplir l'efpace qui refte au-deflus des glaces , par un tableau , ainfi que dans la Fig. 6. On met ordinairement des pilaftres aux deux côtés des cheminées , Icf- quels fervent à placer des bras de bronze , dans lefquels on met des bougies. (*) Je ne prétends pas faire pafTer comme Une loi, ce que je dis ici toucl'.anr la dilpo- fltion des glaces ; je n'en parle que dans la vue d'amener ceux qui en font utage de cette ma- nière, à ne le faire que le moins qu'il iera poffl- ble , ( fur-tout dans le cas d'un apparement de fonfidération , ) & à ne n'y rcfoudr'e qu'après y avoir bien réfléchi ; je le dis auffi aGn qu'ils pnilfent le pcrfuader que ccr ufage n'ert pas d'une obligation indifpenlable pour la décora- tion d'un aj^partement , ( aiuli que le croyent le plus grand nombre); mais que c'ell . fi i'ole Is dire, un abus agréable , auquel Ja coutume a donné force de loi. ijS MENUISIER, IL Partie. Chap. IL Ces pilaftres doivent faire arriere-corps , quoique cela fafle un mauvais effet , Planchi dans la corniche , ainfi que je l'ai dit plus haut : c eft pourquoi ordinairement on les fait arrafés avec les bâtis de la cheminée pour parer ce défaut ; mais je crois qu'il feroit plus expédient de les fupprimer tout-à-fait, & d'y lailfer à la place un champ liflè de quatre à cinq pouces de large , ce qui feroic beaucoup mieux. ( Koye:^ les Fig. 2 , S (& //. ) Cependant il eft des occafions oià il eft nécelFaire de mettre des pilaftres aux deux côtés d'une cheminée , fur-tout quand par une raifon d'économie , on veut diminuer la largeur de la glace , ou bien quand cette dernière de- vient d'une forme trop écrafée ; alors , dis-je , il eft nécelTaire d'y mettre des pilaftres arrafés , ou bien faifant arriere-corps , fur-tout lorfque les cheminées faillilTent le nud des murs , & que leurs coftieres font revêtues de menuiferie. ( Foyei les Fig. jo & 13.) Il y a des cheminées auxquelles on n'a mis qu'un demi-pilaftre de chaque côté ; mais cette manière eft mauvaife , parce que toute efpece de mutilation eft un vice en Architedlure ; & que de plus , les traverfes du haut & du bas font un très-mauvais effet , étant auffi coupées : d'ailleurs cela rend l'ou- vrage plus difficile , vu l'inégalité du nud des champs avec celui du pan- neau, lefquels, dans cette circonftance , doivent être fur le même plan pour pouvoir pofer la moulure de la glace ; c'eft pourquoi lorfqu'on n'a pas alTez de largeur pour faire un pilaftre entier, & que fefpace qui refte d'après la largeur de la glace , eft trop confidérable pour ne faire qu'un champ , on faic beaucoup mieux de rapporter une moulure faillante fur le nud des champs , laquelle tourne au pourtour de la cheminée , Se rend par conféquent les champs des côtés moins larges. Voye^ la Fig. 4, cotée h , & la Fig. 72, lefquelles repréfentent les deux manières de traiter ces fortes d'ouvrages. Il efl encore des occafions où cette moulure faillante au lieu d'être au milieu du champ , fe pofe fur l'arrête extérieure de ce dernier , fur- tout quand on craint qu'étant divifé , il ne devienne trop étroit. Cette manière n'eft bonne que dans de grands appartements , où on peut donner beaucoup de faillie au porte-tapiiTerie de la corniche , parce que fi cela n'étoit pas , la faillie de la moulure le déborderoit , ce qui feroit un très-mauvais effet. ( V oye^ la Fig. 4 , cotée a , & celle 9. ) Les cheminées font compofées d'un bâti de IJ lignes d'épaiffeur au moins , dans lequel eft affemblé le parquet qui porte la glace , les fonds des deffus , & les chaffis des tableaux. Les parquets font compofés de traverfes, de montants & de panneaux, lefquels ne doivent avoir qu'un pied de large fur IJ pouces de hauteur au plus, parce qu'il vaudroit mieux, qu'ils fufTent moins grands , & par confé- quent moins fujets à fe tourmenter. Ils doivent toujours être enfoncés dans leurs bâtis, (quoiqu'on en faffe d'arrafés ) , parce que s'ils les affleuroient. Section IL De la décoration des Cheminées , &c. l'jy la chaleur du feu pourrait les faire bomber & les mettre dans le cas de caflèr les glaces. Les bâtis des parquets de glaces doivent avoir trois pouces de largeur au moins , fur environ un pouce d epailfeur , parce qu'ils doivent défaffleurer le nud du bâti de la cheminée , d'environ quatre lignes , ce qui eft né- celFaire pour placer la glace & l'étoffe que l'on met delTous; les traverfes des parquets doivent avoir de longueur toute la largeur de ces derniers dans lefquels ils font afferablés à tenons & mortaifes. Ordinairement on ne fait point de joue au devant des tenons de ces traverfes , ainfi qu'aux bouts des montants qui entrent dans les bâtis , afin que le tenon conferve toute fa largeur ; mais cette méthode a l'inconvénient que la joue des mor- taifes des bâtis devient très-foible, ne pouvant avoir que l'épaiffeur de la feuillure que l'on fait pour recevoir les glaces ; ceft pourquoi je crois qu'il eft bon de faire ces affemblages à l'ordinaire , c'eft-à-dire , avec deux arra- fements ; à moins toutefois que les battants n'ayent pas affez d'épailTeur , ce qui n'arrive guère fouvent , Se qui ne doit pas même arriver. ( Voye^ la. Fig. 14, cote ef.) On fait au pourtour des bâtis des glaces , des feuillures d'environ fix à huit lignes de largeur, fur une profondeur égale au renfoncement du par- quet , qui eft d'environ quatre lignes , ainfi que je l'ai dit plus haut. Quant à la largeur des bois des bâtis , les battants auront premièrement , la largeur de la moulure , plus celle du champ ; ce fera la même chofe pour les traverfes , excepté celles du bas , lefquelles n'ont point de champ apparent , du moins pour l'ordinaire ; mais elles doivent avoir trois ou qua- tre pouces de largeur, afin de pouvoir y faire un affemblage folide. Comme ces traverfes deviennent plus larges que les moulures des glaces , on y fait un ravalement de ce qu'elles ont de plus de largeur que ces dernières , plus fix lignes, ce qui eft nécelEiire pour recouvrir la glace. {Foyeila Fig.iy). Quoique les bâtis de parquets de glaces foient tout unis , c'eft-à-dire arrafés , il eft nécelTaire d'aiTembler les traverfes d'onglet du derrière des moulures pour plus de propreté , excepté celles du bas , qui , lorfqu'elles n'ont point de champ apparent, n'ont befoin que d'une barbe de fix lignes, qui eft la profondeur des feuillures des battants. En général , pour déterminer au jufte la largeur des feuillures des bâtis, fur-tout quand l'arrafement des bordures de glaces eft borné , on doit pren- dre jufte cette mefure , & faire enforte que du fond des feuillures il y ait un nombre de pouces complet, par exemple, 38 pouces, plus un quart de pouce de jeu au pourtour, ce qui déterminera la largeur des feuil- lures , tant de largeur que de hauteur , étant très-indifférent que les mou- lures recouvrent plus ou moins fur la glace. Quand le haut des cheminées fera d'une forme cintrée , On fera la feuillure du haut quarrée , du moins Menuisier . II. Pan. Z z îyS M EN U I S I E R. II. Partie, Chap. II. autant qu'il fera poffible , afin de ne point chantourner le haut des glaces,' Planche parce qu'alors elles perdent beaucoup de leur prix , & qu'on a de la peine à les faire fervir ailleurs dans le cas d'un changement. Toute la difficulté qu'il y a à laiffer le haut des glaces d'une forme quarrée , c'eft qu'on ne peut pas donner beaucoup de retombée aux cintres des bordures , fans que les glaces ne fe découvrent par derrière ; mais on lemédie à cet inconvénient par les ornements de Sculpture qu'on y intro- duit, au fond delquels on laiflè environ une ligne d'épaiffeur de bois , ce qui efl: lùffifant pour cacher la glace ; ou bien quand il n'y a pas d'orne- ment , on réferve au derrière de la moulure un petit panneau ou champ fail- lant , ce qui fait le même effet ; ou on colle par-delîùs la glace un mor- ceau de papier ou de parchemin , lequel étant peint de même couleuj- que le réfte de l'ouvrage , ne paroît aucunement. Quand on ne peut pas fe fervir de ces trois expédients à caufe de la trop grande retombée du cintre , ou bien quand il arrive que les autres contours du delîus de la che- minée coupent par leur retombée la ligne droite formée par le haut de la glace, dans ce cas, dis-je, on chantourne le haut des glaces, non pas d'un contour égal à celui des bordures , mais feulement par angles , afin qu'elles foient plus aifées à couper , & qu'elles puilfent fervir ailleurs s'il étoit néceffaire. Quand les glaces font ainC chantournées , on prépare la traverfe du haut des bâtis de deux manières. La première eft de tenir cette traverfe d'une largeur égale à la retombée du cintre , plus celle de la moulure & du champ , puis on ravalle dans cette traverfe la place de la glace , félon que f exige le contour de la traverlè , de forte que le fond du ravallement affleure avec le parquet. La féconde manière eft de coller à la traverfe du haut des bâtis , des chan- teaux d'une largeur égale à la retombée du cintre ou à peu-près ; ce qui , à la vérité , épargne un peu de bois , mais auffi ce qui rend l'ouvrage plus difficile & moins folide que la première manière , que l'on fuivra le plus qu'il fera poffible , du moins quand les cintres n'auront pas trop de retombée. I^oye^ la Fig. 5 , où cette manière eft indiquée. Quand les glaces rempliifent toute la hauteur de la cheminée , c'eft-à- dire , qu'il n'y a point de panneau au-deffus , on termine la cheminée par un champ dont la largeur règne avec ceux des lambris de la pièce , & on doit avoir grand foin de ne jamais interrompre cette largeur de champ par le contour des moulures ; ce qui eft une règle générale pour toutes fortes ■d'ouvrages , ainfi que je l'ai dit ci-delîùs. Il y a deux manières de difpofer les panneaux au-deflûs des glaces; la première eft de féparer le panneau & le deflus de la glace , par un champ & par une moulure qui régnent au pourtour du panneau , lequel entre à rai- li i- Section II. Delà décoration des Cheminées , &c. i^p hures & languettes dans les cadres des bâtis, ainfi que la Fig. i6. La fe- -n conde manière eft de ne pas mettre de champ ni de moulure au bas des Planchs panneaux , mais au contraire de les faire tomber au derrière de la moulure de la glace, afin de porter cette dernière, & de recevoir le parquet: dans ce dernier cas on eft obligé de faire le panneau d'une forte épaiireur , & on le ravale dans fa partie fupérieure , pour y prendre les moulures du haut. Les bouts de ces panneaux s'alTemblent à tenons & mortaifes dans les bâtis , de forte que l'on ravale la joue du devant de ces panneaux en forme de plate-bandes, lefquelles reçoivent une moulure prife dans les bâtis, ou feule- ment rapportée , laquelle cache le joint du panneau avec ces derniers. On doit obferver que le deiTus du panneau affleure le nud des champs > c'eft- à-dire, que les plates-bandes foient renfoncées de trois à quatre lignes au moins , ( ce qui eft nécelTaire pour faire une joue aux mortaifes des bâtis ) afin que les bordures des glaces portent également fur l'un comme fur l'autre. Quant à ce qui eft du bas de ces pantîeaux , on le difpofe comme les traverfes du haut des autres cheminées, c'eil-à-dire , qu'on y fait des mor- taifes & des rainures pour recevoir les parquets de glaces , & qu'on les ra- vale d'une forme circulaire ou autre , félon qu'il eft néceffaire. ( /^oyf ^ les F'g- 3y ô ^ '5-) Quand ces panneaux font ainfi difpofés , on les nomme fonds ; & comme fbuvent ils font enrichis d'ornements de Sculpture ( ainfi que les premiers ) on met les bois de ces fonds affez épais pour pouvoir prendre ces ornements dans la maffe du bois , ne rapportant que la partie la plus faillante , ce qui rend l'ouvrage très-folide. ( Koje^ les Fig. ci-dej/iis. ) Quelquefois au lieu de prendre ces ornements dans la maflè du bois , on fait l'ouvrage lilTe & uni, c'eft -à- dire, qu'on le finit comme s'il n'y avoit pas d'ornements ; enfuite on y rapporte de la fculpture que l'on fait à part , en obfervant de la faire profiler au fond des plates-bandes & fiit les moulures. On ne fauroit nier que cette manière de rapporter les ornements ne foit très-bonne , parce que les panneaux & les moulures font plus liiles & mieux finis , & qu'en général tous les fonds de fculpture font plus égaux & mieux finis , & que les ornements paroiflent plus naturels , fur-tout lorfque ce font des trophées ou des guirlandes , lefquels doivent naturellement être rapportés, ou du moins paroître tels. Tout l'inconvénient qu'il y a , c'eft que quel- que foin que l'on prenne, les petites parties d'ornements rapportés, font fujettes à fe décoller ; de plus , il y a un genre d'ornements , tels que les feuilles de refend, les enroulements, lefquels failànt partie de la Menui- ferie , ne peuvent ni ne doivent être rapportés ; d'où l'on doit conclure qu'en général on doit prendre les ornements dans la maftè du bois , fur-tout pour ï8o ME NU IS lËR. II. Partie , Chap. II. I ce qui regarde la folidité ; & que fi on les rapporte , ce ne doit être que quand ils forment de grandes maflès , que l'on collera avec tout le foin poffible , & que Ton arrêtera par derrière avec des vis. Lorfqu'il y a des tableaux au-deffus des cheminées , on les entoure de bor- dures d'un profil & d'une richefle relative à celle de la cheminée. Ces tableaux entrent tout à vif lur le bâti , & on les retient par derrière avec des cales ou des taquets , que l'on attache derrière les bâtis ; & par-devant ils font re- tenus par les bordures , lelquelles recouvrent deifus de fix à huit lignes. Je crois cependant qu'il vaudroit mieux faire des feuillures au bâtis de Fé- paiflcur du chaffis du tableau , qui efl; d'environ fept à neuf lignes , félon leurs difiFérentes grandeurs , plus une petite ligne pour répaiffeur de la toile : ces chaffis fe font ordinairement de bois de fapin de deux à deux pouces & demi de largeur , & s'affemblcnt à tenons & mortaifes ou à entailles collées & attachées avec des clous d'épingles ; mais les aJfemblages valent beaucoup mieux. Quand ces cliafîls font d'une certaine grandeur , on y fait une croix aa milieu, c'efl:-à-dire , que l'on y met un montant & une traverfe , lefquels font aifemblés en entailles & à moitié bois de leur épaillèur , Se doivent dé- faflîeurer le devant du chaffis d'environ une ligne , afin que la toile du ta- bleau ne porte pas deflvis , Se par conféquent ne foit pas fujette à fe rayer. On doit laiffer deux lignes au moins autour du chaffis , ce qui eft nécef- faire pour l'épaiffeur de la toile , & pour les clous qui l'arrêtent fur le chaffis. ( P^oyei la Fig. 7. ) Quelquefois à la place d'un tableau , on peut mettre un panneau ; dans ce cas on opère comme dans la Fig. 16. De ces trois manières de décorer les cheminées , la première eft la plus magnifique , & doit toujours s'employer dans les grands appartements : pour ce qui eft des deux autres , on les emploie afiez indifféremment ; cepen- dant je crois que l'on doit préférer la première des deux , c'eft-à-dire , celle dont le delTus eft orné de fculpture. Quant aux bordures des glaces , il n'eft guère poffible d'en déterminer la forme , tant pour ce qui eft des profils que pour les contours ; cependant ils doivent toujours être d'une forme grave & dégagée de toute efpece de petites parties : la coutume eft ordinairement de ne les pas faire régner par en bas , tant pour la largeur que pour le profil , fur-tout aux cheminées où on ne met ordinairement qu'une plin- the, laquelle porte fur la tablette de la cheminée, & eft ornée d'une fcul- pture légère ; il y a même des endroits où il n'y a point de plinthe , & où l'on fait porter la glace à nud fur la tablette de la cheminée. La rai- fon qui a donné lieu à cette coutume , eft , dit-on , afin que ce que l'on met fur cette dernière , fe répète & femble fe multiplier dans les glaces ; malgré toutes ces raifons , je crois qu'il ne faut jamais laifler pofer les glaces ainfi à nud , & qu'aux trumeaux & aux vis-à-vis de cheminée , on fait très- bien Mm Planche «I. Section II. JDe la décoration des Cheminées , &c. 1 8 x bien de faire régner les champs & les moulures au bas de la glace. î== Pour ce qui eft de la hauteur des glaces , elles doivent toujours être Planche égales à toutes celles d'un appartement, c'eft-à-dire, qu'elles doivent toutes régner du deflus de leurs cintres , lefquels doivent être d'une forme fem- blable , du moins ceux qui font vis-à-vis l'un de l'autre ; ne devant y avoir que les trophées & les fujets des tableaux qui puilîènt différer l'un de l'autre. En général , les bordures de glaces font prefque toujours deftinées à être ■ dorées ; c'eft pourquoi on aura foin que leurs profils & les ornements dont ils font taillés , foient très-dégagés ( ainfi que je l'ai dit dans la première Partie de cet Ouvrage), afin qu'ils imitent mieux le bronze. Quelquefois même dans le cas de l'appartement d'un grand Seigneur , on feroit très-bien de faire les bordures des glaces de cette matière , ( c'eft-à- dire de cuivre ou de bronze) , lefquelles étant dorées, donneroient plus de beauté <& de magnificence à l'ouvrage, ^oye:^ /es Flg, de lu PL Gl , où font deffmés différents profils de bordures de glaces avec les différents orne- ments qui leur font propres. Quant aux vis-à-vis de cheminées , & aux revêtiffements des trumeaux ornés de glaces , ils ne différent en rien des cheminées , tant pour la décoration que pour la conftruélion ; la feule différence efl qu'il refte un lambris d'appui par le bas , & quelquefois une frife au-deffus , laquelle règne avec celle du lambris de la pièce , & avec le deffus de la tablette de la cheminée ; cepen" dant la coutume eft de faire defcendre les glaces jufques fur le lambris d'appui , ce qui leur donne plus d'élégance , en obfervant toutefois de faire régner un champ & la moulure de la glace au-deffus de la cymaife , ainfi que je l'ai dit ci-de/Tus. Il y a des cheminées auxquelles on ne met pas de glaces , mais feulement un panneau de Menuiferie , ou bien des tableaux auxquels on rapporte des bordures d'une forme femblable à celles des glaces , lefquelles font attachées fur les bâtis avec des vis, ainfi que les glaces ; de plus, ces tableaux & ces glaces doivent tou- jours être appliqués fur un parquet à l'ordinaire , afin que dans le cas de change- ment , on puiffe y mettre des glaces , ainfi qu'on le jugera à propos. Section Troisième. De la manière de décorer & de revêtir les embrafures de Croifées. Les embraliires de croifées font pour l'ordinaire revêtues par les côtés de deux morceaux de lambris nommés embrafements , d'un plafond par le haut , & d'une banquette ou foubaffement par le bas , fuppofé que les croi- fées ne defcendent pas jufqu'au niveau du plancher , & font d'un profil à grand ou à petit cadre , félon leurs différentes largeurs , ou la plus grande richelfe de la pièce dans laquelle ils font. Menuisier. IL Part, Aaa Planche <?2. îSî M E N U J s I E R, I J. Partie. Chap. IL - Leurs appuis ne régnent pas avec ceux du lambris d'appuis ; mais ils £bnc ^'^^ 2*'"^ bornés par la hauteur de la banquette , qui eft ordinairement depuis douze ju/qu'à quinze pouces , ainfi que la Fig. 4 : il y a des appartements où cette banquette eft en faillie en forme de coffre , ainfi que la Fig. 3 ; mais on ne doit employer cette dernière manière que le moins qu'on pourra, parce que fi elle a l'avantage de procurer une elpece de fiége pour être à la croi- fée , leur faillie eft très-gênante lorfqu'on veut regarder au dehors de cette dernière , & qu'on ne peut y être qu'à genoux ; ce qui fait que ces ban- quettes en faillie ne font tolérables que dans les appartements qui font au rez-de-chauifée , de l'intérieur defquels on peut voir ce qui fe paflê au de- hors fins fe mettre à la croifée , & par conféquent làns être gêné par les banquettes. Hors de ce cas , on fe fervira de la première manière , en obfervant de faire rentrer le foubalTement de toute fon épailFeur au-delTous de la pièce d'appui , afin que le foubaffement tombe à plomb de la croifée, & que le champ de l'embrafement foit égal du haut en bas , ce qui ne peut être , quand le foubaifement faille de toute Ibn épailTeur, qui eft au moins d'un pouce , & ce qui , par conféquent , rend le champ de l'appui de l'embra- fement , plus étroit que celui du haut de la faillie de la banquette. ( V^oye:^ la Fig. ^. ) On a remédié à cet inconvénient, en failànt l'appui de l'embrafe- ment plus étroit que le defliis , d'environ un pouce , ce qui eft à peu-près l'épaifTeur du (bubaflement ; mais il y a toujours de la différence entre la lar- geur des panneaux , ce qui eft un défaut. ( Voye^^ la Fig. 5. ) C'eft pourquoi > pour lever toutes ces difficultés, on fait très-bien de renfoncer le foubafîè- ment de toute Ion épaiffeur , comme je l'ai dit ci-defîùs. ( Voye:^ la Fig. 6. ) Lorlque les Croifées defcendent julqu'au bas de l'appartement , on ne met pas d'appuis aux embrafements ; mais on les fait defcendre jufques lùr la plinthe , comme dans la Fig. 1. Si au contraire les croifées ne defcendent pas jufqu'au bas , & que la hauteur de l'appui ou banquette ne fcit pas fiiffi- lànte pour faire un panneau , dans ce cas , on fait une double plinthe qui re- gagne cette hauteur , & qui règne au bas des embrafements ; cela fait mieux que de faire des loubaflèments avec panneaux , au bas delquels il n'y a pas de plinthes , ce qui fait un très-mauvais effet. ( V^oye:^ les Fig. j & II.) Ordinairement on orne le milieu des banquettes , ainfi que des plafonds , d'un rond ou d'une lofange ; & c'eft peut-être la feule place où l'on puifîe les employer avec plus de luccès , ainfi qu'aux embrafements & aux volets. Quant aux plafonds des embrafements , ils auront les mêmes champs & les mêmes moulures que les embrafements ; quelquefois on n'y met qu'un montant au milieu , au lieu d'un rond , ainfi qu'aux loubaflèments ; mais ce ne doit être que dans les appartements d'une décoration limple, & quand Section III. De h décoration des Croijées , èic, 183 les embrafements auront peu de largeur ; car quand ils feront très- larges , il = n'y faudra mettre ni rond ni montant , mais au contraire , faire aller le pan- neau d'un bout à l'autre , & y mettre une faulTe traverfe par derrière , pour donner plus de folidité à l'ouvrage. Quand les embrafements feront évafés , il faudra avoir foin , en les traçant , ainfi que les plafonds , de faire un plan de l'embrafure & de fbn évafement , afin de pouvoir les tracer juftes , & que tous les arrafements tombent d'aplomb les uns fur les autres, quoique les pan, neaux des embrafements foient plus larges que ceux des plafonds. ( Foyc^ la Fio. I , cote c. ) Dans les appartements d'une certaine magnificence, les embrafements & les plafonds peuvent être décorés d'ornements, (ainfi que je l'ai dit dans la première Partie de cet Ouvrage , en parlant des volets , ) lùr-tout dans des appartements de parade , tels que les Salions & les grandes Galleries , où l'on fupprime quelquefois les volets , de forte que les embrafements font tou- jours apparents ; dans ce cas, les appuis des embrafements tombent à plomb de ces derniers , comme dans la Fig. I , cote a ; au lieu que quand les em- brafements font difpofés pour recevoir des volets , les appuis des embrafc ments faillent en devant de TépaiiTeur des volets. Voye[ la Fig. I, cote b. Pour mieux entendre cette façon de difpofer les embrafements & les pla- fonds , voyez ce que j'ai dit en parlant de la manière de ranger les vo- lets dans les embrafements tout de hauteur, pages 10^, iio & 112 , pre- mière Partie de cet Ouvrage. Le pourtour de la baye des embrafements des croifées, efl ordinairement ^ orné d'un chambranle , ou du moins d'un bandeau , dont l'arrête eft toujours p, ornée d'une moulure. Les chambranles des croifées doivent toujours faire avant-corps fur les pilaftres des écoinfons , & fur les trumeaux des croifées ; cependant comme on a intérêt que ces derniers ne faflènt pas arriere-corps pour les raifons que j'ai dites plus haut , on met entre les chambranles & ces derniers ( lorfqu'il n'y a point de pilaftres , ) un arriere-corps d'une largeur à peu-près égale aux champs du lambris. Pour les bandeaux, il eft alfez indifférent qu'ils fafient avant ou arriere-corps ; cependant il eft des occafions où ils font très-bien en arriere-corps , fur-tout quand les écoinfons ou les trumeaux font d'une largeur médiocre. (^Voye:^ les Fig. i,z &;^.') Quant à la forme des chambranles , ce fera celle des embrafements qui la déterminera ; cependant quand ces derniers feront d'une m^uvaife forme , on peut y remédier , foit en les rétréciffant pour leur donner une forme plus élégante , foit enfin en les cintrant par le haut d'une forme bombée , lùrbaiflee , ou enfin plein-cintre. En général , les Menuifiers doivent (çavoir que les ou- vertures des chambranles des croifées , ne doivent pas avoir de hauteur moins que deux fois leur largeur , ou trois fois tout au plus ; que ces ouvertures doivent varier entre ces deux proportions , félon que la décoration des pièces 184 MENUISIER, II. Partie y Chap. II. ~ fera plus ou moins élégante. Quant à la largeur des chambranles , on leur Planche donnera environ le douzième de celle de l'ouverture ; cependant dans le '^^^ cas d'une grande pièce où ce chambranle eft quelquefois d'un profil fem- blable à l'architrave d'un ordre , on pourroit leur donner alors le dixième , & même le huitième de leur ouverture. Quand ces chambranles font d'une forme circulaire , on peut les orner d'une agraffe par le haut , ainfi que de guirlandes & autres ornements ; & dans le cas d'un appartement d'une décoration riche , on peut orner leur principale moulure. ( Foye^ les Fig. 4, 5 , ff, 7 , 8 & Q.) Quant à leur conftruélion, c'eft la même chofe qu'aux chambranles des portes; c'eft pourquoi je n'en parle pas ici. Voyez ce que j'ai dit page 135, première Partie, Section Quatrième. De la décoration & conjiruclion des Dejfus de Portes ou Attiq^ues. Les delTus de portes ou attiques, fe font de deux manières ; fçavoir, ceux Planche qui lônt tout de menuiferie, ornés de corniches & d'ornements de fculpture, & ceux qui font compofés d'un bâti difpofé pour recevoir un tableau , Sc de moulures qui les recouvrent. Les premiers étoient fort en ulàge anciennement , où l'on avoit la cou- tume de furmonter les chambranles d'une gorge que l'on couronnoit d'une cor- niche , au-delFus de laquelle on faifoit un panneau de menuiferie uni ou orné de fculpture , comme trophées , bas-reliefs , &c. Mais depuis que l'ufige s'eft introduit de mettre des tableaux dans les defTus de portes , on a totalement abandonné les premiers ; cependant ils font très- bien , fur-tout dans le cas d'une décoration grave. Tout ce qu'on peut re- procher à ces fortes de deffus de portes , c'eft leur forme quelquefois lourde & pefante, & trop chargée de membres d'architeéture ; cependant on ne peut difconvenir qu'en en fupprimant une partie , ils ne faifent très - bien , ainfi qu'on peut le voir dans les Fig. i. & 2. ^ Les delFus de portes qui font difpofés à recevoir des tableaux , font com- pofés d'un bâti , lequel eft quarré ou cintré de même que les moulures qui font pofées del% ; & on fait au pourtour de ce bâti , une feuillure pour recevoir les tableaux , ainfî qu'aux delTus de cheminées. Il y a des deflus de portes où il n'y a point de feuillure , mais dans leA quels les chalFis entrent tout à vif. Les bordures de ces deux efpeces de deffus de portes , fe rapportent & s'attachent lùr les bâtis avec des vis ; mais il eft beaucoup mieux de les ravaler dans l'épaiffeur du bois ; toute la difficulté qu'il y a c'eft que l'on eft obligé d'y faire entrer les tableaux par derrière , Section IV. De la décoration des Dejfus de Portes, &c. iSy aerriere , & de les y arrêter avec des taquets ; mais cette difficulté n'eft rien en comparaifon du bien qui en réfulte pour la folidité de l'ouvrage. De plus, il n'en coûte guère plus de bois: car, pour peu qu'il y ait d'or- nement aux bordures , il eft aifé de voir que la quantité de bois eft égale. Les deffijs de portes ainfi difpofés , s'alTemblent d'onglet, & on y fait une feuillure en dedans au nud des champs , ou pour mieux dire , d'après la faillie du profil , ce qui eft un des avantages qu'ont ces efpeces de delTus de portes , puifqu'on peut y mettre telle moulure que l'on juge à propos , ce qu'on ne peut faire aux autres fans beaucoup de fujétion. Quant à la forme & aux contours des delTus de portes , on a jufqu'à préfen beaucoup varié ; cependant on doit éviter de les faire d'une forme trop tour- mentée , & de les furcharger de ces ornements qui rendent leur forme capri- cieufe & ridicule , lefquels ont fait pendant trop long-temps tout le mérite de la Menuiferie , du moins quant à la décoration. On n'y emploiera donc que des contours d'une forme fimple & régulière , & l'on fera enforte ( du moins autant qu'il fera poflîble) que le dehors tant des moulures que des ornements, approche de la forme quarrée, afin que les champs foient à peu-près égaux. Voyez les Figures 3 , 4, 5 & (î, où font deffinés^ différents deffus de portes, avec les profils les plus ufités dans ces fortes d'ouvrages. En général , les deffus de portes entrent à rainures & languettes dans les deffus des chambranles, ainfi que dans les lambris fur lefquels ils font corps de quatre à cinq lignes ; excepté que quand les tableaux fe placent par derrière , on eft alors obligé de ne point faire de languette au bas des def- fus de portes , & d'y faire une rainure d'un côté & une feuillure de l'autre. Pour ce qui eft des chafTis des tableaux des deflus de portes , c'eft la même chofe que ceux des cheminées. Foyei ce que j'en ai dit page 180. U eft encore des defllis de portes compris en dedans des chambranles. Foye:^ ce que j'en ai dit dans la première Partie de cet Ouvrage , en parlant de l'ouverture des portes, pages 13a & 133. CHAPITRE TROISIEME. De la décoration des Appartements en général, & leurs différentes efpeces. Lorsqu'un bâtiment eft de quelque importance, tel que la maifon d'un grand Seigneur, il eft compofé de trois efpeces d'appartements, qui font eux-mêmes divifés en un nombre de -pièces plus ou moins grand , félon le rang ou fopulence du maître qui l'habite. Ces différents appartements font connus fous les noms d'appartements de bienfiance ou de fociété , d'appartements de parade ou de magnificence , à: d'appartements privéi ou de commodité. Menuisier, II. Part, B b b î85 MENUISIER, II. Partie. Chap. II L — Les pièces de commodité font celles qui font deftinées à l'ufage perfonnel ^'-.^^^"^ du maître , telles que font les chambres à coucher , proprement dites , & celles en niches ; les cabinets de toilette , d'aifance & de bains , connus générale- ment fous le nom de garde - robes ; les méridiennes , les ferre-papiers ou archives , les boudoirs & les oratoires , les bibliothèques & les cabinets de curiofité de toute efpece. ( * ) Les pièces de bienféance ou de fociété, font celles qui font deftinées à recevoir les perfonnes du dehors , & qui font amies du maître de la maifon ; ces pièces font les veftibules ou les premières anti-chambres , dans lefquelles fe tiennent les domefliques ; les fécondes anti-chambres , fervant quelquefois de fclle à manger; les falles à manger proprement dites, les falles de com- pagnie , celles d'alTemblée , de jeu & de concert. Les pièces de magnificence ou de parade , font celles dans lefquelles font placés tous les meubles de prix , les marbres précieux , les bronzes , les ta- bleaux , & généralement tout ce que le maître de la maifon a de plus rare : ces pièces font les anti-chambres, les falles d'audience & de dais, les cham- bres à coucher en eftrade, les fallons de toute efpece, les grands cabinets & les galleries , qui quelquefois fervent d'entrée à ces appartements. Les appartements de parade font deftinés à recevoir les perfonnes d'un rang aiftingué , & peuvent leur fervir de logement , fuppofé qu'elles aient quelque féjour à faire dans une maifon. D'après la connoilTance des différents appartements & des pièces qui les compofent , il faut , avant de palfer à la décoration de ces mêmes pièces « confidérer le rang & l'opulence de celui pour qui elles font deftinées, quelles font fes occupations & les compagnies qu'il fréquente ; enfuite de quoi on pourra adopter un genre de décoration préférablement à un autre , félon qu'il conviendra au rang que le propriétaire occupe dans la fociété , n'é- tant pas naturel de décorer l'appartement d'un Prélat ou d'un Magiftrat , comme celui d'un homme de Cour , chacun de ces différents états entraînant après lui des bienféances & des ufages particuliers. Ce font ces différentes confidérations qui doivent fervir de régie pour par- venir à décorer les appartements d'une manière analogue à leurs ufages , & qui en même temps annonce l'opulence du Propriétaire, le bon goût de l'Architeâe, & le talent des Artiftes qu'il a employés. (**) C) Ces fortes de pièces font quelquefois partie d'un appartement magnifique ; cepen- dant comme il ne s'en trouve pas par-touc de ce genre , j'ai cru devoir les mettre au rang des appartements privés. Je fi^ai bien qu'il cft très-rare que Ton ait à décorer des appartements de cette impor- tance , & encore plus que l'on en laifle le foïrt aux IVÏenuifiers; cependant il eft mieux d'envi- fager les chofes de la plus grande manière pof- fibie , afin de pouvoir mieux décorer des ap- partements d'une moindre imporrance , les régies générales pouvant s'appliquer à des cas paiti- culiers. .-.JS SVi Section T. Des Vejlibuks, des Ami-Chamhres . &c. 187 Section première. " Planche Des Vejlibules; des Anti-Chambres; des Salles à manger proprement dites ; des Salles de compagnie , d'ajfembl/e , de jeu & de concert ; des Chambres à coucher, & de celles de parade. §. I. Des Vejlibules. La décoration des veftibules ne devroit pas entrer dans cet Ouvrage, ces fortes de pièces n'étant pour l'ordinaire revêtues que da fluc, de pierre ou de marbre ; mais comme il y a des cas où par économie & pour plus de làlubrité , fur-tout quand elles fervent d'anti-chambres , elles font revêtues de menuiferie peinte en l'une de ces matières , il eft bon de donner des préceptes fur leur décoration, du moins pour le général, afin que la con- noilFance de la décoration de ces fortes de pièces , nous conduife à donner à toute la fuite d'un appartement , cette gradation de richelTe & de conve- nance qui eft le cara£lere de la bonne Architeâure. ^ Lorfque les veftibules fervent d'anti-cLambres , on les ferme de portes vitrées, ( du moins pendant l'hiver , ) auxquelles on fait des panneaux d'appui , dont la hauteur doit régner avec celle des focles ou retraites de leur baye. Pour ce qui eft de la décoration générale de ces fortes de pièces , comme les lambris dont elles font revêtues font prefque toujours imprimés en pierre ou en marbre , il faut avoir foin que les formes de ces lambris foient graves & funples , les profils peu chargés de moulures. Pour les ornements de fculpture , on n'y en dc^t employer que très - peu , ou du moins de très - graves ; on doit aulfi y fupprimer les glaces & les tableaux , & généralement toute elpece de con- tours , excepté ceux des arcades & des autres ouvertures. En général , les veftibules ne doivent point avoir de lambris d'appui ornés de moulures , ni par confêquent de cymaifes , mais feulement un fbcle uni , dont la hauteur règne avec celle des appuis des portes , & avec les retraites des efcaliers , auxquels ( du moins pour l'ordinaire ) ces fortes de pièces donnent entrée. §. 1 1. Des Anti-Chambres. I L eft de deux fortes d'anti-chambres : les unes qui font, les premières pièces d'un appartement , & qui fervent de retraite aux domeftiques ; les autres , que l'on nomme fécondes anti-chambres , lefquelles fervent quelque- fois de falles à manger. Les premières anti-chambres ne font pas fulceptibles d'une grande décora- tion ; on n'y met ordinairement qu'un lambris d'appui d'une décoration fim- ple , au-deffus duquel on place de la tapifferie : cependant malgré la fimpli- cité de la décoratioa de ces fortes de pièces , il faut toujours y obferyer Ti 88 M E N U I S lE R, Il Partie. Chap. m. pli s de fymmétrie qu'il fe rapoffible. Le pourtour de leurs croifées doit être IPiANCHE -orné de chambranles, ou du moins de bandeaux. Quant aux embrafements de leurs croifées on ne les revêt point de menuiferie ; cependant je crois que malgré l'ufage, on feroit très-bien d'en mettre, à moins que par économie on fe contente de peindre fur le nud des murs , des panneaux de menuiferie. Les defllis de portes des anti-chambres doivent être tout de menuiferie ; ■& d'une décoration (impie , ainfi que tout le refte de la pièce ; ordinaire- ment les anti-chambres n'ont point de cheminée , & on les échauffe par le moyen d'un poèic que l'on place dans une niche, laquelle eft revêtue de pierre ou de marbre , ou de bois peint en l'une de ces deux matières ; dans ce dernier cas , il faut toujours que le bas du chambranle de la niche foit fait de pierre ou de marbre jufqu'à la hauteur de quatre pieds au moins afin de prévenir les accidents qui pourroient arriver par la trop grande cha-, leur du pocle. ïl eft encore néceffaire de faire plufieurs bureaux dans les anti-chambres , afin que les domeftiques puilTent y ferrer ce qui leur eft nécelîàire tant pour le fervice des maîtres , que pour leur ufage particulier. G:s bureaux doi- •vent être d'une hauteur égale à celle des lambris d'appui , fur deux pieds à deux pieds & demi de profondeur , avec une tablette fur la hauteur - & comme dans les maifons confidérables la coutume eft de faire coucher un ou deux domeftiques dans les premières anti-chambres, il eft bon que ces bureaux foient d'une grandeur capable de contenir leurs lits , ou du moins de recevoir les matelats & les couvertures. Les fécondes anti - chambres doivent être d'une décoration plus riche que les premières , & quelquefois avoir du lambris de hauteur ; leurs deflus de portes , ainfi que les defilis de cheminée , peuvent être ornés de tableaux ; mais je crois qu'il eft bon de n'y point mettre de glaces, à moins, toute- fois , que ces pièces fervent de falles à mane;er. En général , il faut avoir foin de faire répéter toutes les portes des anti- chambres , c'eft-à-dire , qu'il faut y feindre des portes qui fymmétrifent avec celle d'entrée, afin de grandir l'appartement du moins en apparence; de plus , ces fortes de portes peuvent fervir de dégagement pour faciliter le lérvice des domeftiques. §. IIL Des Salles à manger proprement dltesi Les falles à manger font des pièces dans lefquelles le maître de la maifoft prend ordinairement fes repas (*). Pour l'ordinaire ces pièces n'ont pas de (' ) Je dis ordinairement, parce que dans les fêtes les repas fe font dans les Salions & Gal- Jerics, pour avoir plus de place & pour montrer plus de magaificence. cheminée , Section I. §. II J. Des Salles à manger proprement dites. i8p cheminée, mais font échauffées par un poêle, parce que pour peu qu'elles aient de grandeur , une cheminée ne fuffit pas pour les échauffer entièrement , toutes lesperfonnes qui font à table ne pouvant être de ce côté ; c'eft pourquoi quand même on y feindroit une cheminée, il faudroit toujours qu'il y eûtun poêle, que l'on ne fait pas apparent , le cachant dans l'épaiffeur du mur; ou bien s'ileften faillie dans la pièce , il faut le décorer d'une manière analogue à i'ufage de la pièce , comme par des bas de buffets , des deffous de cuvettes , &c. Ces poêles ne doivent pas s'allumer du côté de la pièce , mais par des pièces de dégage- ment , ce qui eft plus propre , & en même temps plus économique , parce qu'un feul poêle peut échauffer plufieurs pièces à la fois. Les principaux meubles des failes à manger, font les buffets , les cuvettes, &lesfiéges ou chaifes. ^ Il y a trois fortes de buffets ; fçavoir , premièrement , ceux qui font à hauteur d'appui en forme de bureaux , ou bien feulement en forme de table; fecondement, ceux en niche, lefquels font de toute la hauteur de la pièce , & par conféquent , toujours apparents ; troifiémement , ceux qui font pris dans l'épaiffeur du mur , & fermés de portes , de forte qu'ils ne font apparents que quand ces portes font ouvertes. Les buffets en forme de bureaux , fe font de menuifcrie , & ont ordinaire- ment deux pieds huit pouces à trois pieds de hauteur, (mais le plus qu'on pourra, on les fera régner avec le deffus du lambris d'appui , ) fur deux pieds à deuxpieds fix pouces de large ; pour la longueur, elle n'eft pas déterminée, parce que c'eft la place où on les pofe , & la grandeur de la pièce , qui en décide. Les deffus de ces buffets font ordinairement de marbre ; & leur principale face eft compofée d'un nombre de portes , proportionnellement à leur largeur : on aura foin de ne pas faire ces portes trop larges , afin qu'elles n'ayent pas trop de portée , & que leur faillie ne nuife point dans la pièce. On doit auffi mettre une plinthe au bas de ces buffets , laquelle règne avec celle des lambris d'appui , & au-deffus de cette plinthe on fera ouvrir les portes , en leur donnant une forme à peu-près femblable aux lambris d'ap- pui , à fexception que les panneaux doivent être plus étroits , ce qui eft mieux que de leur faire faire corps fur le bâti , & ce qui eft en même temps plus folide. Les dedans de ces buffets doivent être féparés fur leur largeur , en au- tant de parties qu'ils contiendront de fois deux port .-s, de forte que cela faffe plufieurs armoires qui s'ouvrent indépendamment les unes des autres. On doit auffi y mettre une tablette au moins fur la hauteur, & les fermer d'un fond par le bas , lequel remonte en contre-haut de la plinthe d'envi- ron fix lignes , afin qu'étant ainfi élevés au-deffus de cette dernière, ils foient plus aifés à nétoyer, & que les ordures ne s'y arrêtent pas; de plus, ces fonds ainfi difpofés travaillent moins étant plus élevés de terre , & fervent Menuisier. II. Pan. C ce i^o M E N U I s I E R. IL Partie, Chap. III. ' en même temps de battements aux portes. Il faut auffi y mettre un faux Planche fonds par le haut , lequel s'affèmble à rainures & languettes dans le bâti , ainlî que celui du bas, à l'exception que par-devant il s'aiïèmble dans une faulTe traverfe , laquelle fert de battement aux portes , & par conféquent défaffleure le bâti de l'épaiffeur de ces dernières. On cintre ordinairement les traverfes du haut des portes des buffets ; mais je crois que malgré l'uiàge , il eft beaucoup mieux de les faire quarrées , les cin- tres , quels qu'ils foient , ne faifant jamais bien dans les appuis , fi ce n'eft à ceux des placards ; c'eft le feul cas où ils peuvent être tolérés. ( Voye[ la Fi g. i ^ qui repréfente un buffet en perlpeéVive , & celles 2, 3,4, J, 6 8c j , les- quelles repréfentent les différentes manières de faire ouvrir les portes des buffets, ainfi que celle de placer les fonds tant du haut que du bas, relati- vement à ce que je viens de dire. Les buffets d'appui en forme de tables , ne font prefque jamais du reffort des Menuifiers , leurs deffus étant de pierre ou de marbre , & leurs pieds de même matière , à moins que par économie on ne les faffe de bois peint de la même couleur que leurs defllis ; quant à la hauteur & à la largeur de ces tables , ce font les mêmes que celles des buffets dont je viens de parler ci- deffus. ( Voyei la Fig. 8. ) La partie des lambris qui fc trouve au-delTiis de ces deux fortes de buffets d'appui , peut être décorée de tableaux en rapport à l'ufage de la pièce , comme les fruits , les trophées de chaffe ou de jardinage ; on peut auffi quelquefois y mettre des glaces ( fur-tout au-deflus des buffets en tables , ) lefquelles ré- pètent & multiplient en quelque façon ce que l'on place fur ces tables. Cependant il faut faire attention fi ces buffets font vis-à-vis une croifée ou vis-à-vis un trumeau , parce que ces différentes pofitions déterminent à y mettre un tableau ou une glace ; c'eft- à-dire , que quand le buffet eft placé vis-à-vis d'une croifée , il faut y mettre une glace , parce qu'alors cette dernière repré- fente non-feulement les objets qui font fur le buffet , mais encore ceux du dehors, ce qui eft un double avantage ; & au contraire , lorfque les buffets font placés vis-à-vis d'un trumeau, & que la pièce eft fuffifamment éclairée , on peut fe paffèr de glace fur le buffet & au trumeau , & y mettre des tableaux , ainfi que je fai déjà dit. La féconde efpece de buffets eft plus riche que celle dont nous venons de parler , tant à caufe de leur magnificence , que par rapport à la richeffe de leurs matières , car on emploie fbuvent à ces fortes d'ouvrages , le marbre , le bronze & les glaces , ( ou du bois peint en l'un des deux premiers , ce qui eft la même chofe , du moins en apparence. ) Ces fortes de buffets font ordinairement compofés d'une grande niche au milieu , dedans & au bas de laquelle eft placée une table de marbre , foutenue par des pieds en forme de confole, lefquels font de même matière ou de Section I. §. ///. Des SaUe% h. manger proprement dites. ip i bronze ; au-de/îùs de cette table eft placée une ou pluficurs tablettes de même matière , lefquelles font d'inégales largeurs , & pofées fur des confoles en forme de gradins. Ces tablettes fervent à placer non-feulement la vaiffelle , mais encore toutes fortes de vafes précieux , lefquels venant à réfléchir dans les glaces qui font tnifès dans le fond & aux deux côtés dé la niche , femblent s'y multiplier à l'infini , ce qui fait un fort bel effet ( * ). Ces fortes de buffets ne font prefque plus en ufage àpréfent; mais cependant on ne fçauroit nier qu'ils ne falfent très-bien , fur-tout quand leur décoration eft dirigée avec goût , & qu'au lieu de mettre plufieurs rangs de tablettes au-deffus de la table , on les fupprime tout-à-fait, & que l'on fait defcendre la glace ou le tableau du fond de la niche jufques deffiis cette table. ( Foyei les Fig. 1,2,^ '^4-) La troifieme efpece de buffets , font ceux qui font pris dans l'épaifleur des murs en forme d'armoires , ainfi que je fai déjà dit. Ils ne font guère d'ufage que dans une office , où ils fervent à ferrer le linge & l'argenterie. Ces fortes de buffets ne font pas fufceptibles d'une grande décoration; & l'on doit plutôt avoir égard à la folidité de leur conftrucftion , qu'à toute autre chofe , fur- tout quand au lieu d'être pris dans Fépailfeur des murs (ce qui eft le mieux ,) ils font en faillie dans la pièce en forme d'armoires. Dans l'un ou l'autre cas , il eft bon que leurs panneaux foient d'une forte épailfeur & arrafent par de- dans , afin de donner plus de folidité à l'ouvrage. Il efl encore une autre efpece de buffets à l'ufage des particuliers ; mais comme ils ne font point partie de la décoration , je n'en parlerai qu'en traitant la partie des meubles. Les cuvettes font des efpeces de vafes de pierre ou de marbre , faits pour 1 ordinaire en forme de coquilles , lefquels fervent à recevoir l'eau qui tombe d'un robinet placé au-deffus , & dont on fe fert pour fe laver les mains , & autres ufàges. Ils font ordinairement placés dans des niches de menuiferie & à la hauteur de l'appui des buffets. Comme il n'eft pas nécelfaire qu'il y ait deux cuvettes dans une faLle à manger , & qu'il faut nécelfairement deux niches pour rendre la pièce régulière , on met toujours deux cuvettes dans ces deux niches , au-deffous de l'une defquelles on place un poêle , lequel fert à échauffer la pièce (**). Quant au revêtiffement des falles à manger , il fe fait en ftuc , en pierre ou (*) L'ufage des buffets chargés de vafes pré- cieux efl fort ancien. Les Romains , & avan: eux les Afiadques , ou pour mieux dire les Grecs répandus dans l'Afie & dans l'Egypte , étaloient fur leurs bulîers non-feuîemcnt' la vaiffelle né- celfaire au fcrvice de leurs cables , mais encore un grand nombre d'autres vafes, dont la mul- titude ne fervoit qu'à faire connoître l'opulence de leurs pcfTeffeurs. On fait à quel point Lu- cuUus & JVlarc-Antoine ont pouffé cette ma- gnificence , le premier ayant différentes pièces pour chaque efpece de repas , fuivant Je plus ou le moins de dépenfe qu'il vouloic faire ; & le fécond faifant préfent d'une partie de fa vaiffelle aux officiers qui le fervoicnt. C ) je ne parierai pas des fiéges , parce qu'ils appartiennent à la partie du meuble , dont je ne traiterai que dans la ttoifieme Partie de cet Ouvrage. rjji MENUISIER. II. Partie , Cliap. Il L ■ en marbre , ou bien en bois pein: en l'une de ces matières , ce qui efl: la '^"06^^ même chofe , du moins en apparence ; mais je crois que malgré i'ufage il vaudroit mieux y faire du lambris à l'ordinaire , parce qu'il ne femble pas naturel que l'on prenne fes repas dans des appartements revêtus de matières froides & humides , telles que la pierre & le marbre ; je fai bien qu'il efl des moyens d'échauffer des appartements , quand même ils feroient re- vêtus de pierre ou de marbre ; & que comme fouvent ce n'eft que du bois peint en l'une de ces deux matières , il n'y a rien à craindre ; mais c'eft toujours s'écarter des règles de la vraifemblance qui veut non-feulement que les chofes exiftent, m.ais encore qu'elles nous paroilfent telles qu'elles font; c'eft pourquoi I'ufage des fdles à manger ainfi revêtues, ne peut être tolérable que dans les maifons de campagne , lefquelles ne font habitées que dans l'été ; ce doit être la même chofe pour l'aire de ces pièces , qui doit toujours être parquetée , excepté dans le cas dont je viens de parler , où on peut les paver de pierre ou de marbre. En général, la décoration des falles à manger peut être très-riche , fur-tout dans une maifon de conféquence ; on peut y employer les glaces & les ornements de fculpture , en évitant toutefois la confufion de ces ornements , & les contours trop recherchés. §. I V. Des Salles de Compagnie , d' AJfemble'e , de leu & de Concert. Les falles de compagnie font celles dans lefquelles on s'affemble avant &" après le repas : elles différent des falles d'affemblée proprement dites , en ce que les dernières font deftinées à recevoir des vifîtes , & à traiter d'affaires férieufes ; au lieu que les premières font deftinées à la récréation & aux dif- férents plaifirs , tels que le jeu , la mufique & la danfe ; c'eft pourquoi ces falles prennent différents noms félon leurs ufages. Ces pièces fe décorent de deux dilférentes manières : fçavoir , en lambris d'appui feulement , au-defllis def- quels on tend des tapifferies, ou bien des étoffes femblables aux meubles de la pièce ; ou bien en lambris de hauteur : chacune de ces deux manières a fes avantages & fes inconvénients ; parce que fi l'on fe fert de fimples lam- bris d'appui , on a l'avantage de pouvoir changer de tenture deux fois fan au moins , ce qui donne plus de variété & de magnificence à ces pièces que ne feroient les lambris de hauteur , qui , quelque riches qu'ils foient , n'offrent aux yeux qu'une décoration toujours femblable , & peu en rapport aux diffé- rentes faifons de l'année ; mais auffi cette elpece de décoration a-t-elle le défaut de rendre irréguliere la décoration des murs de refend , la partie dans laquelle la porte eft comprife , étant toute revêtue de menuiferie juP- ques & compris la cheminée ; au lieu que l'autre partie de ce mur n'eft re- vêtue que d'étoffe ou de tapifferie , ce qui eft un défaut , lequel n'eft guère tolérable que lorfqu'il refte entre le placard & la cheminée une diftance affez Section I. §. IF. Des Salles de Compagnie , iApmblée , &c. jp^ aflèz confidérable pour pouvoir y mettre un morceau d'étofte qui fymmé- trife avec le refte de la tenture , & femble i'autorifer , ce qui ne fe peut faire que dans le cas d'une très-grande pièce , & ce cas arrive rare- ment. Lorfque les pièces font toutes revêtues de menuiferie , on fauve toutes ces difficultés , la décoration devenant parfaitement régulière , fur-tout quand on répète des portes feintes fur les murs de refend ; mais fi l'on gagne du côté de la fymmétrie, on perd du côté de la commodité & de la vraifemblance, parce que Ton a intérêt de mettre beaucoup de fiéges dans ces fortes de pièces, & qu'il n'eft pas naturel de les placer devant des portes, qui quoi- que feintes , femblent toujours faites pour s'ouvrir, & par conféquent déranger ceux qui font placés devant. On peut remédier à cet inconvénient en fupprimant les placards feints, & en mettant à la place des panneaux de lambris ; mais en même temps on tombe dans le défaut des tentures d'étoffes, c'eft-à-dire, que la déco- ration n'eft plus fymmétrique. Au lieu de placards feints ou de lambris , on peut faire des niches quarrées ou des arcades femblables à celles des portes , dans le fond defquelles on peut placer des glaces ou des tableaux, ou enfin des panneaux de lambris, au-delfous defquels on met des fophas ou autres meubles , ce qui fait par- faitement bien , & fiuve prefque toutes ces difficultés ; mais en même temps il eft bon de fçavoir que cette efpece de décoration coûte très-cher , tant pour la menuiferie que pour les meubles, que Ton eft alors obligé de faire pour la place , ce qui fait que fouvent les meubles d'une pièce ne peuvent plus fervir dans une autre. Quant à la face des crolfées, elle doit toujours être revêtue de menuiferie; & pour celle qui lui eft oppofée , elle fera décorée de tapifierie ou de menui- ferie , félon que le feront les murs de refend de la pièce. Quand on les décorera de menuiferie , & que Ton pourra y répéter les arcades des croifées , on fera très-bien , fur-tout dans le cas d'une falle de compagnie ou de jeu , parce que les glaces que l'on place dans ces arcades , non-feu- lement augmentent la lumière & femblent multiplier les objets , mais en- core elles font jouir de la vue des dehors , ce qui eft un très-grand avan- tage , & c'eft , fi je fofe dire , le feul cas où les glaces font bien placées , du moins avec vraifemblance. Il faut obferver de pratiquer dans ces pièces des portes de dégagement dans les garde-robes , afin qu'on ne foit pas obligé de paifer par les autres appartements pour entrer dans ces dernières. Ces portes ne doivent pas être apparentes , mais coupées dans le lam- bris , & on aura foin qu'elles s'ouvrent dans les petites pièces , pour éviter la trop grande faillie des ferrures que l'on feroit obligé d'y mettre fi elles Menuisier. //. Part. D d d Planche 6S. ipi MENUISIER, IL Partie. Chap. IIl s ouvraient autrement, & pour rendre les joints moins apparents. Quant à la manière de couper ces portes , voyez ce que j'en ai dit dans la première Partie de cet Ouvrage , page , & planche 49. §. ■ Des Chambres à coucher proprement dites. Il y a trois efpeces de chambres à coucher: fçavoir , celles dont le lie eft ifolé par le pied & des deux côtés, & placé au milieu de la pièce & en face des croifées ; celles en alcove, & celles en niche. Ces chambres demandent différentes efpeces de décorations par rapport à leurs formes & à leurs ufages. Xa première de ces trois efpeces de chambres à coucher , doit être d'une forme oblongue , c'eft-à-dire , qu'il faut qu'elle foit quarrée du devant du lit , du moins autant qu'il eft poffible ; ces pièces ne doivent pas être revêtues de menuiferie dans tout leur pourtour, mais feulement jufqu'à la cheminée & fon vis-à-vis , & le refte avec un lambris d'appui & une ta- pifferie au-delTus , ou bien une étoffe femblable aux meubles & au lit,lef- quels meubles peuvent être changés félon les différentes faifons , ainfi que je l'ai dit ci-deffus , en parlant des falles d'affemblée. Au fond de la chambre & à côté du lit, doivent être pratiquées une ou deux portes coupées dans le lambris d'appui & dans l'étoffe , lefquelles dégagent dans les garde-robes , & facilitent le fervice des domcftiques. On doit obferver , du moins autant qu'il eft poflible, de mettre de fétoffe entre la cheminée & la porte , pour les raifons que j'ai dites en parlant des falles de compagnie ; de plus, cette partie étant ainfi revêtue , autorife à mettre un fauteuil au-deffo'us , lequel étant de même étoffe , fait un fort bel effet. Le lit doit être placé fur fa longueur au milieu de la pièce & en face des croifées , ainfi que je l'ai déjà dit : il feroit à fouhaiter qu'il fe trouvât une croifée au milieu de la pièce ; mais cela n'eft guère poffible , parce qu'une croifée n'eft pas fuHîfante pour éclairer une chambre à coucher d'une certaine grandeur , Se que trois dJnneroient trop de largeur à la pièce ; c'eft pourquoi prévue toutes les chambres à coucher n'en ont que deux, dont le trumeau qui les fépare eft revêtu d'une glace , & c'eft prefque le feul cas où cette ma- nière d'employer les glaces puiffe être permife. ^. Les chambres qn alcove différent de celles dont je viens de parler , en Planche ce qu'elles font ordinairement toutes revêtues de menuiferie , que leur plan eil 7- d'une forme quarrée prife du devant de falcove , & que le lit qui eft placé au milieu de cette dernière, femble ne plus faire partie de l'appartement. En général, les alcôves font compofées d'une ouverture, ou pour mieux dire , d'une niche qui a de largeur depuis fept jufqu'à neuf & même douze pieds , fur une hauteur proportionnée à leur largeur & à la hauteur de la pièce. Le pourtour de. cette ouvertwe eft orné d'un chambranle dont la partie s ECTION I. §. K Des Chambres à coucher en alcôves tr. ç fupéneure eft cintrée , du moins pour 1 ordinai,. ; aux deux côtés de ce — . chambranle font deux parties de menuiferie dans lefquelles on fait des portes qur donnent entrée à des cabinets pratiqués aux deux côtés de lat- cove: la coutume eft de féparer lalcove davec les cabinets par des cloifons qm ont fept a huit pieds de largeur fur la hauteur de lapparten.ent ; on fait ces clo.fons de planches jointes à rainures & languettes , lefquelles cloifons font à la vente plus Calubres que celles qui font faites en plâtre , mais auffi font-elles ■ p us fujettes à la vermine ; c eft pourquoi je crois qu'il faut préférer celles de plâtre , fur-tout quand elles font d'une certaine grandeur , parce qu'elles font plus folides , & rendent l'alcove plus fourde , & par conféquent plus propre au repos; & quand même les cloifons feroient faites de planches, il faut toujours avoir foin d y faire des bâtis d'environ trois pouces quarrés pour porter la face de lalcove. Quant à ce qui eft de fhumidité de celles de plâtre , on n'en doit rien craindre, fur-tout quand les plâtres ont été faits dans la belle faifon , & qu'ils ont eu le temps néceflaire pour fécher. On doit auffi percer deux portes dans les cloifons de l'alcove, pour com- mumquer aux deux cabinets , lefquels font deftinés à dilTérents ufages ■ ordi nairement on en fait des garde-robes , fur-tout quand un appartement n'èft pas dune grande étendue r mais comme ces fortes de pièces ne doivent jamais Êtr- trop près d'une chambre à coucher, & qu'on ne peut mettre dans ces fortes de garde-robes que des chaifes percées, dont l'ufige eft très - incommode • on ne doit faire fervir les cabinets des alcôves , du moins le plus qu'il fera poffible, qu'à des décharges pour ferrer des chofes inutiles , ou à des paffii- ges pour communiquer aux garde-robes , & pour faciliter le fervice des do- meftiques. {Voyc^ les Fig. i , 2, J & 4.) Il efl de grandes alcôves dans lefquelles on met deux lits : alors on n'y fait point de cloifon ; mais on lain"e de largeur à falcove toute celle de la chambre en obfervant toutefois de pratiquer dans le fond de l'alcove, des portes de dé- gagement pour communiquer dans les garde-robes , ainfi que je l'ai dit en par- lant de la première efpece de chambres à coucher. Il n'eft pas abfolumenc nécefliire de faire des portes aux deux côtés de ces fortes d'alcoves, parce que leur trop grande ouverture contenant une partie de la largeur de la pièce ne laiffieroit pas alfez de place pour y faire des portes , qui de plus , deviendroient mutiles ; c'eft pourquoi à la place de ces dernières , on pourra mettre deux pan- neaux de lambris , dont la décoration répondra à celle de la pièce. En général, l'intérieur des alcôves ne doit jamais être lambriifé ; mais il doit être garni d'étoffe, qui , pour l'ordinaire , eft femblable à celle du lit. Quant à la décoration des alcôves, il n'eft guère poffible de la déterminer, tant les fujets & les befoins font varier; mais en général, on aura foin que le cintre de la traverfe foit d'une forme grave & coulante ; on doit fur-touc y éviter lef cintres en ^, & toutes efpeces de petites parties, comme les 1^6 MENUISIER, lî. Partie, Chap. III. oreilles quarrées ou rondes , les enroulements de moulures , qui interrom- proient le cintre , quand même ils fe trouveroient amenés par des ornements de fculpture , ces enroulements n'étant tolérables que dans le milieu des traverfes. Quant aux portes , on les fait de deux manières : fçavoir , à panneaux du haut en bas , ou bien à panneaux jufqu'à la hauteur d'appui , & le refte vitré à petits ou à grands carreaux. On vitre ordinairement ces portes , afin de donner du jour dans l'intérieur des cabinets ; mais cependant il feroit beaucoup mieux de faire ces portes à l'ordinaire , & de tirer le jour par le delTus de porte , dans lequel on met une glace au lieu de panneau , cm bien une gaze peinte , laquelle tiendroit lieu de tableau , & en même temps éclaireroit dans l'inté- rieur des cabinets. Cette dernière manière d'éclairer les cabinets des alcôves , eft très - bonne , & ne foufFre d'inconvénient que lorfqu il y a des plafonds au-def- fus des portes de ces cabinets pour en diminuer la hauteur , ce qui pour lors empêche de tirer le jour par le haut ; alors on eft obligé de faire des porte* vitrées , qui , quelque riches qu'elles foient , font toujours mal , fur-tout dans un appartement de quelque confidération ; c'eft pourquoi j'ai deffiné une alcove de deux manières différentes , afin que Ton puiffe choifir , & qu'en même temps on puifle voir que la même efpece d'ouvrage, peut fe traiter dune manière toute différente, félon les perfonnes pour lefquelles l'ouvrage doit être fait. Pour ce qui eft de la décoration des chambres en alcôves , c'eft la même qu'aux autres chambres à coucher dont j'ai parlé ci-delTus , p. 194. & fuiv. bien entendu toutefois, qu'elles feront toutes revêtues de menuiferie, ce qui les rend fymraétriques , & c'eft un des grands avantages de ces fortes de chambres. Les chambres en niche font des efpeces do chambres à alcove , ou de petites pièces , qui pour l'ordinaire dépendent des garde-robes, dans lefquelles on fe retire pendant l'hiver , & dont l'ouverture de l'alcove ou niche , n'a de largeur que fix à fept pieds au plus, fur quatre à cinq de profondeur, laquelle niche fe fait des deux manières fiiivantes : La première eft de faire dans la face de cette chambre qui eft oppofée aux croifées , un renfonce- ment ou niche de la profondeur & de la largeur que j'ai dites ci-deifus , au pourtour duquel on fait régner la corniche de fappartement. Ces fortes de pièces ne font pas lambriflees du haut en bas ; mais elles n'ont qu'un lambris d'appui, au-deflus duquel on pofe des étoffes entourées de cadres , (ainfi qu'aux autres pièces , ) lefquelles régnent au pourtour de la niche : il eft même de ces niches qui font revêtues de glaces ; mais ce n'eft pas un exemple à imiter. La féconde manière de faire ces niches, eft de les faire en forme d'al- coves , dans lefquelles le lit entre fur là longueur , de forte qu'il fe pré- fente flir les côtés ; quand ces alcôves ont aflêz de largeur , on y fait des ca- binets de chaque côté , par kfquels on palTe pour entrer dans l'intérieur de Section I. §. VI. JDes Chambres à coucher de parade. 1^7 de l'alcove ; mais de quelque manière que ce foit , il faut qu'il y ait dans un des côtés de i'alcove ou niche , une porte par laquelle on paiTe pour faire le lit. Quand ces cabinets ou paflàges font trop petits pour que la porte puifTe s'ouvrir commodément , on la fait ouvrir à coulilfes , de forte qu'elle ne nuit ni d ans la niche ni dans les cabinets. Lorfque les lits font placés dans des niches, où par conféquent ils. en- trent tout jufte , on les pofe fur des roulettes , lefquelles ne roulent que d'un fens , c'eft-à-dire , fur la largeur du lit , & qui entrent dans deux cou- lilTes qui fe brifent en deux fur leur largeur , & dont une partie qui égale en longueur la profondeur de la niche , eft arrêtée fur le plancher, & l'au- tre fc reploye fous le lit , de forte que quand on veut le faire , on redrelTe les deux couliiTes, & on tire le lit à foi à une diftance allez confidérable pour qu'on puiiTe le faire commodément. Le pourtour des chambres en niche avec des alcôves , peut être revêtu de lambris du haut en bas , à moins toute- fois , qu'on ne veuille préférer les étoffes , ce qui eft indifférent , ces pièces n'étant pas , pour l'ordinaire , d'une grande importance. §. VI. Des Chambres a coucher de parade. Les chambres à coucher de parade devroienc naturellement fe trou- ver à la fuite de la defcription des autres pièces d'un appartement magnifî-, que ; cependant j'ai cru devoir en parler ici , afin de ne me point répéter , ce que j'éviterai toujours autant qu'il me fera poflîble. Les pièces dont je parle ont été nommées Chambres à ejlrade , parce qu'an- ciennement la place du lit étoit élevée d'une ou deux marches au-delTus du fol du refle de la pièce, ainil qu'on peut le voir à celle du château de Maifons , ce qui faifoit un affez bel effet ; mais on a abandonné cette cou- tume , & ces efpeces de cliambres à coucher ne différent de celles dont j'ai parlé ci-deffus , que par leur richelîè , & parce que la place du lit eft fé- parée du refte de la pièce par une baluftrade , laquelle a aux environs de deux pieds & demi de hauteur , & que la corniche de cette même pièce retourne quarrément au-dclRis de la baluftrade , de forte que la pièce devient quarrée par fon plan , c'eft-à-dire , qu'elle a autant de profondeur que de largeur , la place du lit faifànt comme une pièce féparée. Quand ces pièces font d'une certaine grandeur , & deftinées à loger un très-^rand Seigneiu-, la partie du plafond qui fépare la chambre d'avec l'enceinte du ft, eft Ibutenue par deux colonnes ifolées , lefquelles doivent être d'un ordre & d'une ex- prefhon relative à la richefTe & à fufage de la pièce ; ou pour mieux dire , toute, la pièce, ainfî que Tordre qui y eft employé, doit être en rapport avec le rang & le fexe de la perfonne qui l'habite. Ces colonnes ne doivent pas pofer à nud fur le plancher , mais fur un Menuisier. II. Paru E e e 15)8 MENUISIER, Il Partie. Ckap. m. T focle dont la hauteur règne avec le delTus de la baiuftrade ; & cette même ■ hauteur de focle , avec le defllis du lambris d'appui de la pièce , fuppofé que cela foit poflible , parce que l'on eft quelquefois obligé de faire le lambris d'appui plus haut que le deflus de la baiuftrade : ce focle feroit cependant mieux de la première manière , comme appartenant au revêdlTement des murs de la pièce , ainfl que je l'ai dit ci-delîus. La corniche de la pièce doit être un entablement régulier de la hauteur du cinquième de la colonne ; ou bien quand la hauteur de la pièce fera bornée , on n'y mettra qu'une corniche architravée , mais dont tous les membres feront toujours en rapport avec l'ordre de delTous. Ces corniches fe font pour fordi- naire en bois ; ou bien li elles font d'autres matières , on les peint toujours da même couleur que le refte de la pièce ; c'eft pourquoi j'en parle ici. En général , les corniches des appartements ne Ibnt pas du rc/fjrt du Menui- lîer , mais il feroit bon cependant qu'il en prît quelque connoilTànce , & qu'il fut que les corniches de chaque pièce doivent avoir des hauteurs & des profils d'une forme relative à la décoration & à fufage de ces mê- mes pièces , afin de ne point tomber dans le défaut que l'on remarque dans prefque tous nos bâtiments modernes , où toutes les corniches font d'un luême profil , ou du moins à peu-près femblable , & prefque toujours fans aucun rapport avec la pièce où elles font , à la décoration de laquelle on ne penfe Ibuvent que quand les corniches font faites ( * ). L'intéricut de i'eftrade , ou pour mieux dire , le lieu où l'on place le lit ,' doit être revêtu d'étoffe , & on ne doit y mettre qu'un lambris d'appui au pourtour , dont le deffus doit régner avec le delfus de la baiuftrade ; on doit auffi avoir foin qu'il y ait dedans des portes de dégagement qui s'ouvrent dans les lambris d'appui , ainfi que je l'ai dit en parlant de la première elpece de chambres à coucher. L'intérieur des chambres à coucher de parade, doit être tout revêtu de menuiferie , ce qui fe fait de diiîérentes manières , du moins pour le côté de la cheminée & celui qui lui eft oppofé. La manière la plus ordinaire eft de placer la cheminée au milieu de la pièce , & de feindre une porte du côté de la baiuftrade , laquelle porte fymmétrife avec celle d'entrée ; mais cette forte de décoration a le défaut d'être contre la vraifemblance , ainfi que je fai dit en parlant des filles d'aftemblée. ( Voye^ ce que j'en ai dit page 15)3. L'autre manière de décorer les chambres à coucher , eft de ne point mettre la cheminée au milieu de la pièce , mais de la dilpofer de manière qu'il fe trouve entre la porte & la cheminée , un panneau de lambris d'une même forme & d'une même largeur que celui qui eft entre la cheminée & l'ef- (*) Je ne donnerai point ici de régies pour toutes les différentes corniches d'un apparte- ment, parce que cela tient trop à l'Atchitefluie ; & je n'en parle ici que pour faire connoître combien les Menuifiers ont befoin d'être bien inftruits des régies de cet Arc. Section IL DesS alUs d'audience , & de celles du dais , &c. ipp trade , ce qui fauve toute la difficulté, ma's en même temps ce qui gâte la difpoftion totale de la pièce, la cheminée fe trouvant trop proche de la ba- luftrade; c'eft pourquoi je crois qu'il vaut beaucoup mieux préférer la pre- mière manière , à moins toutefois que la pièce ne foit très-grande. En général, de quelque manière que l'on faffe ces décorations , elles doi- vent toujours être très-magnifiques, les formes cintrées dans les traverfes , & les ornements de fculpture de toute efpece devant y être employés ' en obfervant toutefois, que ces ornements foient en rapport avec l'ufage de la pièce, & difpofés avec fagefl-e & économie, afin de ne point apporter de confufion dans la décoration. Quant à la décoration des colonnes & des baluftrades , je n'en parlerai point ici, parce qu'il faudroit entrer dans un trop grand détail, & que de plus je fuppofe, ainfi que je l'ai déjà dit, que la première étude d'un Me- nuifier doit être celle des ordres d'Architedure , & de toutes les parties qui les accompagnent. Section Seconde. §.I. Des Salles d'audience, & de celles du dais; des grands Cabinets, &c. L E s falles d'audience font ordinairement partie d'un appartement de pa- rade , & fervent à recevoir les perfonnes qui viennent pour demander des grâces au maître de la maifon , ou pour la pourfuite de leurs affaires. Ces fortes de pièces ne font en ufage que chez les Miniftres, chez les Magif- trats & autres perfonnes publiques; car pour les grands Seigneurs, ils don- nent ordinairement leurs audiences dans la falle du dais , laquelle eft deftinée à cet ufige. Les falles d'audience ne font pour l'ordinaire revêtues que de lambris d'ap- pui, excepté la face des croifées, les placards & la cheminée , le refte étant revêtu de tapifi-erics ou d'étoffes, fur lefquelles on place des tableaux, ainfi que fur la cheminée, où ils font beaucoup mieux que des glaces. Ces fortes de pièces, quoique faifant partie d'un appartement de parade , doivent tou- jours être d'une décoration grave & majeftueufe; il eft même des occafions où on ne met point de lambris de hauteur entre les croifées, mais de l'étoffe fur laquelle on place de grands miroirs ornés de bronze & de dorure, ainfi qu'on peut le voir aux grands appartements de VerfaiUes & ailleurs Pour ce qui eft des iàlles du dais, ce font celles où les grands s'eianeurs donnent leurs audiences publiques , & où ils reçoivent les hommages de leurs vaffaux: elles doivent être d'une décoration plus riche & moins grave que celles des falles d'audience; les glaces peuvent y être employées ainfi que les bronzes, les tableaux; mais on doit obferver de ne jamais placer le dais 200 M E N U 1 S I E R, Il Partie. Clwp. IIL .au-deflùs de la cheminée , ce qui efl: contre la vraifemblance , n'étant pas na- PiANCHE tVLxA qu'une perfonne qui donne audience , s'alTeoie dans un fiége placé de cette manière. Les grands cabinets fervent pour l'ordinaire à recevoir les perfonnes aux- quelles , par diftinélion , on veut donner des audiences particulières ; ces pièces précédent toujours les chambres à coucher de parade , à moins toute- fois., qu'on ne les ïupprirae , & qu'à leur place on ne falTe un Talion , afin de ne point multiplier le nombre des pièces. Les grands cabinets , ainfi que les falles du dais & celles d'audience , ne fe revêtent pas de lambris au pour- tour , mais feulement du côté de la face des croifées , ainfi que je l'ai die ■plus liaut. Cependant lorfqu'il y aura des glaces dans le trumeau des croifées, il faudra en pofer d'autres vis-à-vis , ainfi qu'en face de la cheminée , afin que ces quatre glaces fe réfléchiflànt les unes dans les autres par le moyen - d'un luftre, augmentent la lumière & la magnificence de la pièce. Les arrières-cabinets font des pièces qui fuivent les chambres à coucher,' foit de parade ou de commodité, dans lefquelles on fe retire pour traiter d'affaires particulières , ou pour fe livrer à l'étude ou à la lefture ; mais dans le cas d'un appartement de parade , les arrières-cabinets ne fervent qu'à féparer la chamtre à coucher d'avec les fallons ou les galleries qui les fuivent. Ces fortes de pièces font ordinairement toutes revêtues de menuiferie , dont la décoration doit être riche , fur-tout lorfque ces pièces fè irouvenc placées entre une chambre à coucher de parade & un fallon , ou une galierie. §. IL Des Salions & des Galleries. Les fallons Ibnt les plus magnifiques & les plus grandes pièces d'un apparte- ment. Il en eft de deux eipeces : fçavoir , ceux que ^ on nomma à l'I lalienne , lefquels ont de hauteur les deux étages d'un bâtiment , & ceux qui font compris dans la hauteur d'un feul étage. Ces fortes de pièces fervent à don- ner des repas ou des concerts dans le cas d'une fête , ou bien elles fervent de cabinets de jeu, ainfi que celui de Marly. Quelquefois la décoration des falloiis fe fait en marbre ou en ftuc , ou enfin eu bois peint de la couleur de l'une de ces deux matières , fur-tout lorfque ce font des fallons à l'Italienne , dans la décoration defquels on em- ploie prefque toujours des ordres d' Architedhjre , foit colonnes ou pilaftres ; il n'y a donc que les fallons d'une moyenne grandeur qui foient totalement revêtus de menuiferie ordinaire , c'eft-à-dire , qui foient fufceptibles de pan- neaux & de pilaftres ornés de contours & d'ornements de Sculpture conve- nables à la Menuiferie. En général, de quelque efpece que foient ces pièces, elles doivent être très-riches Section II. §. II. Des Salions & des Galleries. aot très-riche , tant pour les ornements que pour la richefTe des matières qu'on y emploie. La forme ordinaire des fallons, eft la quarrée , la ronde, l'oflogonale, & celle d'un quatre long, dont le plus long côté eft égal en longueur à la dia- gonale d'un quarréprife fur le plus petit côté. On fait auffi les fallons d'une forme elliptique; mais les formes qui approchent le plus du quarré font tou- jours les meilleures. Les galleries font des pièces d'une forme oblongue , les plus longues ayant de longueur fix fois leur largeur, & les plus courtes trois fois au moins. Il eft de plufieurs efpeces de gaUeries , mais qui communément fe ré- duifent à deux: fçavoir , les galleries magnifiques & les galleries de tableaux. Celles de VerfaiUes, de Saint -Cloud, font de la première efpece ; celle du Luxembourg, connue fous le nom de la GaLUrie de Rubens , & celle de l'Hôtel de Touloufe, font de la féconde. Les galleries magnifiques font pour l'ordinaire revêtues de marbre, dont les différentes couleurs doivent être d'un ton qui approche de celui des peintures de leurs voûtes ; quelquefois au lieu de marbre , on ne fait ces revêtifl-ements que de bois peint de la couleur de ce dernier, ce qui eft la même chofe, ainfi que je l'ai dit. Lorfque les galleries ne font éclairées que d'un côté , on peut repréfenter du côté qui eft oppofé aux croifées, des arcades femblables à celles de ces dernières , dans lefquelles on place des glaces , ce qui fait un très-bel effet, ainfi qu'on peut le voir à celle de Verfailles. Au contraire , lorfque le bâtiment eft fimple , comme celui de Saint-Cloud , on peut fe paffer de glaces , & remplir les trumeaux par des panneaux de menuiferie , ornés de peintures & de fculptures , & non pas mettre des glaces entre les croifées , ce qui fait un mauvais effet , ainfi que je l'ai dit en par- lant de la difpofition des glaces. Les galleries de tableaux ne font pour l'ordinaire revêtues que de lam- bris d'appui au-deffus dcfquels on pofe les tableaux , à moins toutefois , que ces derniers ne foient trop petits pour occuper toute la hauteur de la pièce, prife du deffus du lambris d'appui; dans ce cas, on fait des lambris de hauteur, dans lefquels on réferve des ouvertures pour placer les tableaux, qui alors font partie de la décoration , ce qui eft plus propre que de les attacher fur les lambris. Si cependant ces tableaux étoient d'une grandeur trop inégale pour pouvoir faire partie de la décoration, on feroit beaucoup mieux de fupprimer tout-à-Ëiit les lambris de hauteur , & de mettre à leur place un fond d'étoffe , fur lequel on attache les tableaux. On obfervera que cette dernière manière de décorer les galleries, n'eft bonne que dans le cas d'une gallerie de tableaux proprement dite , où l'on youdroit raflembler les ouvrages de différents Maîtres ; mais elle ne peut être bonne dans une gallerie qui fait partie d'un appartement magnifique. Menuisier. H. Pan. E f f 202 MENUISIER. IL Farde, Chap. III. Planchb Section Troisième. Des Appartements privés. S o u s le nom àî Appartements privés , font contenues toutes les pièces fer- vant à l'ufage perfonnel des maîtres, ainfi que je l'ai dit plus haut , tels que font les cabinets de toilette, d'aifance, de bains, &c. §. I. Des Cabinets de Toilette, & des Méridiennes. .Les cabinets de toilette , ainfi que toutes les autres pièces connues fous le nom à' appartements privés, ne font point fujets à la févérité des régies de l'Architefhire , ainfi que les autres appartements; il fufBt qu'ils foient décorés avec goût & avec fyramétrie pour qu'ils plaifent , cette dernière faifant pref que tous les frais de leur décoration. Ce n'eft pas que la décoration de chacune de ces pièces foit abfolumen: arbitraire ; il eft certain que ce qui convient à l'une ne convient pas à l'autre ; mais encore , quel que foit leur ufage , il eft sûr que l'on peut fe permettre dans leur décoration des licences qui feroient condamnables par-tout ailleurs. Comme c'eft dans les cabinets de toilette que s'habille le maître , ou pour mieux dire , la maîtrefle de la maifon , il faut avoir foin de pratiquer dans leurs revêtiffèments , des armoires dans lefquelles on puilfe ferrer une partie de ce qui eft propre pour leur ufage. On doit auffi obferver de ne jamais faire de portes à deux vantaux à ces fortes de pièces , parce que ces pièces font toujours petites , & qu'une grande porte feroit un mauvais elfet dans leur décoration ; de plus , on a intérêt de ménager la place , & de rendre la pièce la plus chaude poflible , ce qui ne pourroit être fi on y faifoit de grandes portes. Les méridiennes ou boudoirs, font des efpeces d'arrière - cabinets , dans lefquels on fe retire pour fe fouftraire au grand monde , & où l'on peut prendre quelque repos pendant la chaleur du jour. Ces pièces , quoique dé- pendantes des appartements privés , font pour l'ordinaire très-magnifiques ; il y en a même qui font toutes revêtues de glaces & d'ornements de Scul- pture ; on y pratique ordinairement une niche dans la partie qui fait face à la cheminée ou bien à la croifée , laquelle eft d'une grandeur fufEfante pour pouvoir contenir un fopha , ou un lit de repos. En général, on ne doit employer à la décoration des pièces dont je viens de parler , que des profils & des cintres d'une forme douce & légère ; les ornements , quoique d'une forme moins grave que dans les autres apparte- ments , doivent toujours être placés fans profufion, & dirigés par le bon goût. Section III. § II. Des Cabinets cfaifance & de Bains. 305 Quant aux oratoires , ce font de petites pièces dans lefquelles on fe re- tire pour vaquer plus librement à la prière : elles doivent être proche des chambres à coucher , afin d'être plus commodes. Leur décoration doit être fimple & grave , ne confiftant qu'en des tableaux de dévotion ou des figures de Saints. ïl eft des maifons où il y a des chapelles domeftiques , qui , pour lors, peuvent fervir d'oratoires; mais comme par décence elles doivent être éloignées des appartements feryants à l'habitation des maîtres & des domef- tiques, il eft toujours bon de pratiquer des oratoires proche le logement des maîtres pour plus de commodité , ainfi que je l'ai dit. §. 1 1. Des Cabinets d'aijance & de Bains. COll- ou Les cabinets d'aifance les plus en ulàge dans les maifons de quelqui_ _ fidération, font ceux qui font connus fous le nom de Lieux à fiupapes , autrement dit, à L' Angloife , quoiqu'avec peu de raifon, puifqu'ils étoient connus en France long -temps avant que l'on en fît ufage en Angleterre. Les cabinets d'aifance fe décorent de deux manières : fçavoir , en revê- tiffements de menuiferie , ou bien avec des carreaux de fayence de divers compartiments , que l'on applique fur les murailles , ainfi que fur le plan- cher de ces pièces. Cette dernière manière n'eft prefque pl us en ulaee , parce qu'elle ne décore pas ces pièces avec alfez de magnificence , & que ces fortes de revêtiiTements font moins falubres que ceux de menuiferie , du moins en apparence. La partie de ces pièces qui eft deftinée pour placer le fiege d'aifance , eft compofée d'une niche d'une forme quarrée ou circulaire , tant fur fon plan que fur fon élévation , dans laquelle eft enfermé un bloc de marbre ou de pierre dure , creufé en glacis en forme de cuvette. Quelquefois ces cuvettes font de fayence enduite de maçonnerie par-de/Tous , ce qui eft la même chofe. V jyei la Fig. 7. Le devant de ces cuvettes eft revêtu d'un foubafTement de menuiferie de 14 à 15 pouces de haut, y compris le def fus , lequel eft en forme de cymaife , & a ordinairement deux pouces d'épaiHeur fur quatre pieds de largeur , & feize à dix-huit pouces de pro- fondeur. Ce deflus eft aifemblé à bois de fil , & on y fait trois ouvertures ou tra- pes ; fçavoir, une au milieu d'environ un pied quarré, ou même quatorze à feize pouces , laquelle fert à couvrir la lunette ; & les deux autres trapes d'un pied de long , fur cinq à fix pouces de large. Ces deux dernières font percées d'un ou deux trous , ( félon qu'ils font placés à droite ou à gauche ) par lefquels paffent les tiges de la bonde ou foupape, & celles des autres robinets. Il faut obferver que ces trapes foient bien perpendiculaires au - deflùs de ces derniers, afin que les trous que l'on y perce, foient jufles au mi- 204 MENU iS 1ER. II. Farde , Ckap. III. lieu , du moins autant qu'il fera poffible ; c'eft pourquoi il faut que le Menuî- fier & le Fondeur foient parfaitement d'accord enfemble , afin que l'ouvrage de l'un ne nuife pas à celui de l'autre. Les trapes des côtés doivent entrer à vif de toute leur épailTeur , ( laquelle eft d'environ un pouce ) dans les bâtis du fiege ; pour ce qui eft de celle du milieu , elle doit affleurer le dcffus du fiege , ainfi que les deux autres , mais par-devant elle doit emporter avec elle toute la cymaife , & par con- féquent recouvrir la lunette , ainfi qu'on peut le voir dans les Fig. 2 , 3 & 5 , & celles 6 & 8, oi!i font marquées les différentes coupes d'un fiege, tant fur la longueur que fur la largeur. La lunette qui et! placée au-deffous de cette trape , doit être affemblée à bois de fîl , & être percée d'un trou rond d'environ fept à huit pouces de diamètre : elle entre à feuillure de la moitié de fon épaiffeur dans le gros bâti , & on a foin que ce dernier excède la lunette de deux lignes au moins , afin que la trape pofe fur le bâti , & non fur la lunette , comme on peut le voir dans les Fig. ci-deffus. Il efl encore une autre manière de faire les defîùs des fieges des lieux à foupapes , qui eft de faire lever la partie de deffus tout d'une feule pièce fur la largeur, de forte que les poignées fe trouvent cachées deffous , ce qui eft très-commode , & en même temps très-propre. Cette féconde manière de faire les fieges ne diffère de la première , qu'en ce que l'on eft obligé de pofer la cuvette de trois ou quatre pouces plus bas qu'aux autres , afin que le deffus de menuiferie ait affez d'épaiffeur pour pouvoir contenir les poignées , ainfî qu'on peut le voir dans la Fig. 4. En général , lorfqu'on fait de ces fieges , il faut faire en forte qu'ils ne foient pas engagés avec le refle de la menuiferie , afin que fi Ton avoir à travailler aux tuyaux ou à la cuvette , on ne foit pas obligé de dépofer tout l'ouvrage , comme cela arrive quelquefois. Le devant des fieges fe doit faire de menuiferie , quoiqu'on le fafîê quel- quefois de marbre pris dans la même pièce que la cuvette ; mais c'eft un exemple à éviter , parce que non-feulement ils coûtent très-cher , mais encore parce qu'il n'eft pas naturel que le marbre & le bois faffent partie d'une même décoration. ( Voye^ La Fig. 1 & 2). Lorfqu'on veut que les fieges foient très-riches , on peut les faire de marquéterie , ce qui eft très-propre , & plus convenable que le marbre. On doit avoir foin de pratiquer des portes aux deux côtés de la niche en forme d'armoire , & afin que l'on puilTe travailler aux tuyaux lorfqu'il eft néceflâire. On obfervera auffi de faire des armoires dans les lambris qui décorent ces fortes de pièces, afin qu'on puilTe y ferrer commodément tout ce qui eft liéceffaite à l'ufage de ceux auxquels elles appartiennent. Les Section III. §. II. Des Cabinets d'aifaiice & de Bains: 2.0 f Les cabinets de bains ne différent guère de ceux dont je viens de parler, fcr-tout quant à ce qui a rapport à la décoration , excepté qu'ils font plus grands que ces derniers, & qu'au lieu de fiege d'aifance, on y pratique or- dinairement une niche qui monte du bas de la pièce julqu'à la hauteur de lix à fept pieds , & dans laquelle 011 place une baignoire. Ces fortes de pièces ne font point parquetées ( du moins pour l'ordinaire ) ; mais le plancher eft revêtu de carreaux de pierre de liais ou de marbre , folon la richeflè du propriétaire. On doit avoir foin de pratiquer au-dc/fous de la bai- gnoire , un enfoncement revêtu de plomb de la grandeur de cette dernière , d'environ quatre à cinq pouces de profondeur ; le deffus de cet enfoncement fe remplit par des planches qui entrent à feuillures dans un bâti de gros bois qui affleure le parquet; ou bien, pour plus de propreté, on enfonce ce bâti d'un pouce & demi plus bas que le parquet ; & au lieu de planches , on y pofc par- deflùs des feuilles de parquet , lefquelles viennent fe raccorder avec celui qui refte en pièce. On pratique ces enfoncements dans les cabinets de bains , afin que quand on en fait ufage , on puiffe faire fortir l'eau de la baignoire fans en répandre dans l'appartement , & même; fans qu'il y paroiffe , puifque le milieu du renfoncement eft percé d'un trou qui communique à un tuyau qui conduit les eaux dans les dehors ou dans les chauffes d'aifance. Il eft d'autres cabinets de bains , dans lefquels on ne pratique pas ces ren- foncements , mais dont on fii: le plancher en pente de tous les côtés d'en- viron un pouce par toife , afin que l'eau que l'on jette fur la perfonne qui fe baigne n'y féjourne point, mais qu'elle aille tomber dans un tuyau de def cente qui eft toujours placé fous la baignoire, du moins pour l'ordinaire (*). Quant à la décoration des pièces dont je viens de parler , elle eft affez ar- bitraire , ainfi que je l'ai dit plus haut ; cependant il faut éviter d'y em- ployer aucune efpece d'ornements qui ne foient en rapport avec leur def- tinatlon , & fur-tout éviter la monotonie ou la profufion que l'on remarque dans un grand nombre d'appartements de cette efpece. Section Quatrième. §. I. Des Archives & des Serre-papiers, Les pièces dont je vais parler, font toujours placées dans l'endroit le plus retiré de la maifon, cependant proche l'appartement du maître afin d'en rendre l'ufage plus commode : elles ne font pas fufceptibles d'une grande décoration; il fuffit qu'elles foient commodes & difpofées de manière que tout puiffe y être placé avec ordre & sûreté. (*) Il n'eft pas néceffaire d'averdr ici que les planchers de ces fortes de pièces ne font pas parquetés, mais au contraire carrelés de pierre dure ou de marbre ; ces carreaux doivent être joints & pofés avec route ia précifionpofli- ble , afin que l'Iiumidité ne fe commmunique pas aux pljnchers, funpofé que ces Ibrtes de pièces fe trouvent placées dans un étage fu- périeur , quoiqu'il fàt beaucoup mieux qu'elles fuifent au rcz-de-cbaulTée. Menuisier. IL Parc. G g g 20(î MENUISIER, Il Partie. Chap. III. ■ Les archives proprement dites, font le lieu où l'on conferve tous les titres Planche & les papiers précieux d'une famille ; c'eft pourquoi il eft bon d'y faire au pourtour des armoires fermées de portes , afin que rien ne puifle fe perdre ni s'égarer , ce qui pourroit arriver , fi on n'y faifoit que des corps de ta- blettes à l'ordinaire , qui ne conviennent que dans un Secrétariat , où l'on ne met pas des papiers d'une C grande conféquence. En général, les corps de tablettes que l'on conftruit dans ces fortes de pièces , ne doivent pas avoir plus de trois à quatre pieds de largeur , afin que les tablettes aient moins de portée. Quant à la diftance de ces tablettes , elle ne doit être que de fept à huit pouces, qui efl: à peu-près celle des cartons ou boëtes , dans lefquels font enfermés les papiers : ces boëtes ou cartons ont ordinairement quinze pouces de longueur fur dix pouces de largeur , & fix à fept pouces de hau- teur. On ne doit point mettre de taffeaux à ces tablettes , mais les afiem- bler dans les montants & les côtés , afin qu'elles foient plus folides. Pour ce qui efl: de la décoration de ces armoires ou des corps de tablettes , on peut y employer les chambranles , les pilaftres , les corniches & les plinthes, afin de leur donner une efpece d'ornement. Mais en général , on doit toujours pré- férer la folidité & la commodité à la magnificence , lorfqu'il s agira de ces fortes de pièces. §. 1 1. Des Eiblloiheques ; leur conflriiclion & décoration. _j On nomme Blhllotheques, les lieux dans lefquels on rafTemble & l'on Planche conferve les livres tant imprimés que manufcrits , appartenants à chaque par- , 7°' ticulier. Il eft de deux fortes de bibliothèques ; fçavoir , celles qui font publiques , telles que celle du Roi & autres ; & celles qui font particulières , c'eft-à- dire, appartenant à différents particuliers, qui font celles dont je vais parler, les premières ne différant de celles-ci que par leur grandeur & leur ma- gnificence. En général , toute la magnificence des bibliothèques ne doit confifier que dans l'ordre & dans la propreté de l'ouvrage , les livres faifant prefque tous les frais de leur décoration ; c'eft pourquoi il faut , avant de commencer à les décorer , fe faire rendre compte du nombre & de la forme des livres qui doivent y être placés , afin de pouvoir déterminer les divifions des corps de bibliothèque. La forme ordinaire des livres fe réduit à quatre efpeces ; foavoir , les in-foli.0,, qui ont i8 pouces fur ta au plus , & 14 pouces fur 8 & demi au moins; les in-quarto, qui ont 12 pouces fur 8 au plus, &p pouces & demi fiir 7 & demi au moins; les in oBavo, qui ont 8 pouces fur 6 au plus, & 7 & demi fur y au moins ; & les in-dou^e , qui ont 6 pouces & demi Sjictwn IV. §. II. Des Bibliothèques ; leur conflruâ. & décoration. 20^ &r 3 pouces 9 lignes au plus , & 6 pouces fur 3 pouces 3 lignes au moins • de forte que ces dilîérentes hauteurs fervent à faire les divifions des ta- blettes, en obfervant de mettre les plus grands par le bas , & les plus petits par le haut félon leur nombre. Les armoires ou corps de bibliothèques, f,nr compofés de bâtis fur le devant, quelquefois de derrière , d'a/îemblages , de côtés & de montants enfin de tablettes & de fonds. ' Les devantures des bibliothèques foTt quelquefois très-riches, quoique cela ne fort pas fort néceffarre, les livres en faifant toute la décoration ( ainlî que ,e la. dit ci-deffus;) cependant quelque riches qu'on les fa/Fe il f,ut toujours éviter d'y mettre des cintres dans les traverfes, leurs contours fai- fant un très-mauvais effet avec les livres qui préfentent toujours des ligne* parallèles, horifontales, qui pour lors feroient interrompues par ces mLes cintres , lefquels cachent plufieurs livres , ce qui eft fort défagréable à voir Les part.es de chaque calTe ou divifion de bibliothèques , doivent être ornées dun chambranle ou dune moulure fur l'arrête des champs; .r^ais dans quelque cas que ce foit, il faut éviter de faire ces champs & ces cham- branles trop larges, comnae auffi d'y mettre des pilaftres, parce qu'ils ti^-a- dro.ent trop de place , ces derniers, fur-tout, n'étant tolérables que dans unetres-grande bibliothèque, ou bien dans une de moyenne grandeur , lorf- que ces p.laftres s'ouvrent en forme d'armoires, dans lefquelles on peut ferrer les manufcrits ou les livres que l'on ne veut pas expofer aux yeux de tout le monde. Il y a des bibliothèques dont les devantures font fermées avec des portes, lefquelles ne font que des bâtis ornés de moulures, & les plus étroits poffi- bles (afin de ne point cacher les livres, ) & dan. lefquels, au lieu de pun- .neaux, on met des treillis de fil de laiton , afin d'empêcher de toucher aux livres. Il en eft d'autres où ces portes font faites de fer très-menu, ce qui de loin ne défigure leur décoration en aucune manière. Mais en général , on ne doit mettre des portes qu'aux bibliothèques publiques, les particulières pouvant très-bien s'en paifer. Quant à leur décoration générale , elle fe fait de trois manières : fçavoir de deux corps l'un fur l'autre, féparés par une corniche qui fert de trottoir pour atteindre au fécond corps, comme à la bibliothèque du Roi à Paris La féconde manière eft de les faire d'un feul & même corps de la hau- teur de a pièce; aux plus hautes tablettes duquel corps on ne peut atteindre que par le moyen d'une échelle. ( Foye^ la Fig. i & 6.) La troifieme enfin , eft de divifer les corps de bibliothèques en deux parties lur la hauteur , dont la partie du bas fera en forme d'appui faiUant , fur lequel on peut monter pour atteindre à tous les rayons de la bibliothèque, ce qui m m m 1 70. •208 ME N UIS I E R, IL Farde. Chap. III. ■ eft très'Commode , vû qu'on peut en faire tout le tour fans être obligé de Planche Jefcendre , ce qu'on ne peut faire avec une échelle. ( Voye^ [es Fig. 5 & 7.) Cette dernière manière de décorer les bibliothèques , efl: la moins magni- îîque Se la moins régulière , à caufe de la diiïerente largeur des cafTes d'ap- pui, & de celles de hauteur, dans les angles faillauts ou rentrants: de plus, la grande faillie que Ton eft obligé de donner à ces appuis pour pouvoir monter delTus , rétrécit beaucoup une pièce , & fait un alfcz mauvais effet, qui cependant femble être compenfé par la grande commodité que l'on en retire , ainfi que je l'ai dit ci-delîus. Il faut auffi obferver de ne point faire joindre les corps dans les angles , ( fur-tout lorfqu'on eft borné par la place , ) mais au contraire , les écarter allez pour qu'on puille faire un pilaftre ou- vrant en tour creufe , ce qui fait que f on jouit de l'angle qui refte entre les deux corps de bibliothèques ; & cela racheté] le défaut de largeur qui fe trouve entre les caftes du haut & du bas. ( F oyei Its Fig. 3 (S- 7. ) On termine ordinairement le defllis des bibliothèques , par une corniche de menuiferie, laquelle doit être d'une grandeur & d'une richefte relatives à celles de ces bibliothèques; mais cependant je crois qu'il feroit plus à propos, (fur-tout dans le cas d'un bâtiment neuf) que les corniches des pla- fonds des pièces deftinées à placer les bibliothèques , fulT^at en avant-corps de la faillie de ces dernières , de forte que les faces de bibliothèques fem- blaflent fupporter les corniches, qui alors leur ferviroient àt couronnement; ce qui fait un très-bel effet , ainfi qu'on peut le voir d.ins la Figure V^. Il y a des bibliothèques où l'on ne met point de derrière , & où l'on fait porter leurs tablettes & leurs montants contre le mur ; cependant je crois que malgré l'ufage , il eft beaucoup mieux d'y faire des derrières , ne fuf- fent-ils que de planches unies, (quoique ceux d'alFemblages à panneaux arra- fés foient beaucoup meilleurs,.) afin de garantir les livres de la pouffiere & de fhumidité. Les tablettes des bibliothèques font toujours ornées d'une moulure fiir l'ar- rête , laquelle moulure doit excéder de toute fa faillie les derrières des cham- branles ou des bâtis entre lefquels elles doivent être entaillées très-juftes pour plus de propreté. Il y a trois manières de pofer les tablettes , fçavoir , celle de les pofer for des talTeaux , comme la Fig. 8 , cote « , ( qui eft la moins bonne ; ) celle de les affembler à tenons & mortaifes dans les côtés & les montants ; & celle de les pofer fur des taffeaux avec des crémaillés ( * )• ( ^ ^'S-£> ^ ^° )• De ces trois manières de pofer les tablettes, la féconde eft la meilleure, non-feulement parce qu'elle eft plus folide & plus propre que les autres , mais auffi parce que quand les tablettes font ainfî pofées , on peut faire a& (*) Le vérirable mot efl crémaillère : mais les Ouvriers difenc cremaillé ou cremillkr : c'eff pourquoi fai fuivi cet ufage dans tout le telle du dUcours, fleuxe£ I m S£CTION IF. §. //. Des Bibliothèques ; leur conftruc. & décoration. 209 fleurer le devant des côtés & des montants , avec le dedans des chambranles ou des bâtis des bibliothèques , ce qui eft très-commode , vû que les livres des bouts de chaque tablette font toujours apparents , & ne font point expofés à s ecorcher lorfqu on veut les tirer. Au lieu que quand les montants & les côtés des bibliothèques font renfoncés , les livres des bouts des tablettes entrent dans ce renfoncement ; alors on eft obligé d'en retirer deux ou trois pour avoir celui du bout , ce qui eft très-défagréable. ( Foye^ les Fig. , 3 <& 8 , où ces différentes manières font deifmées. ) Quand les tablettes font portées par des crémaiUe's , ces dernières affleurent le dedans des chambranles , & appuient le livre du bout du côté du dolferet , mais ne peuvent pas l'empêcher de tourner, ce qui oblige quelquefois de mettre un double taffeau au-deffus de la tablette pour fervir d'appui au livre du bout , ce qui eft une double fujétion. Tout l'avantage qu'il y a à faire porter des tablettes par des crémaillés, c'eft qu'on eft libre de hau/fer ou baifler les tablettes ainfi qu'on le juge à propos ; mais auffi cette manière eft-elle plus coûteufe que l'autre. De plus , je ne vois pas que ce changement de tablettes foit abfolument néceifaire , fur-tout dans une bibliothèque un peu confidérable , où tous les rayons doivent être de même hau- teur , laquelle peut être déterminée par celle des livres que l'on veut y placer , en fe bornant à la plus grande hauteur de chaque efpece , ainfi que je l'ai dit plus haut , page 206. Quant à la manière de pofer les tablettes avec des taffeaux , elle eft abfolument mauvaife , pour les raifons que je viens de dire , à moins qu'on ne faffe des taffeaux à feuillures & à moitié bois de l'épaiffèur des tablettes dont alors ils femblent faire partie ; mais cette façon a le défaut d'être malpropre & peu folide : c'eft pourquoi on ne l'emploiera que le moins qu'il fera poffible. (Foyei la Fig. 8 , cote h. ) Les crémaillés fe font ordinairement avec du bois de hêtre , lequel eft; plus liant que le chêne , & par conféquent plus propre à ces fortes d'ouvra- ges : elles doivent avoir depuis lîx lignes jufqu'à un pouce d'épaiflèur, (fé- lon la lourdeur des tablettes qu'elles ont à porter ) fur douze à dix-huit lignes de largeur , afin d'y pouvoir tailler des dents pour recevoir le bout des taffeaux. Ces dents doivent avoir cinq lignes de profondeur , fur fept lignes de hau- teur au moins , c'eft-à-dire aux plus petites crémaillés ; & fept lignes de profon- deur , fur environ dix lignes aux plus grandes : & il faut avoir foin que le delTus des dents , c'eft-à-dire , la partie horizontale , foit un peu graff^; dans le fond , afin que les taffeaux ne portant pas fur fextrémité de la dent , ne la faff'entpas éclater. Pour donner plus de folidité aux dents des crémaillés , on lailîi environ une ou deux lignes de bois plein d'après leurs extrémités ; c'eft-à-dire , que fi les dents ont dix lignes de hauteur , il faut faire leur divifion de pouce en pouce , afin de réferver une ligne ou deux de bois plein à leur extrémité. (Foj. la Vig.g.) On pourroit encore leur donner de la force en les taillant en doucines , ce Menuisirr, U. Pan. Hhh 210 MENUISIER, II. Partie, Chap. III. qui , à la vérité , {èroic un peu plus long , mais auffi plus folide ; & cela eft fort à confidérer. ( Voyei la Fig. lo ). Les crémaillés s'attachent avec des vis fur les côtés & for les montants des bi- bliothèques ; & on aura foin d'enterrer les têtes des vis , fùr-tout à celles du de- vant , afin de ne pas être obligé de faire les entailles des tablettes plus larges qu'il ne faut; ce qui eft très-défagréable à voir , fur-tout quand les crémaillés affleu- rent le devant des chambranles de bibliothèques. Les crémaillés fe font en deux manières. La première eft de les corroyer par tringles de la largeur & de l'épaifleur nécefTaires, puis d'y faire les dents, en donnant à chacune un coup de fcie pour la partie horilbntale de chaque dent , & en abattant le refte avec le cifeau. La féconde manière eft de prendre des plan- ches de toute leur largeur, corroyées & mifes d'une épailTeur égale à la largeur des crémaillés que l'on veut faire ; puis à la hauteur de chaque dent , donner un coup de fcie à travers la planche à la profondeur des dents ; après quoi on hache tou- tes les dents , & on les recale à bois de travers avec une efpece de bouvet ou guillaume en pente , lequel eft d'une forme femblable au creux de la dent , & porte fur deux joues , afin d'entrer également dans le bois. ( V oye^ la Fig. 1 1 ). Quand les dents font ainfi taillées au travers des planches , on refend ces der- nières à répaiiïeur de chaque cremaillé , ce qui eft une très-grande diligence pour l'exécution , mats auffi ce qui demande beaucoup d'attention en les refen- dant ; c'eft pourquoi bien des Ouvriers préfèrent la première manière, quoique la plus longue. Lorique les tablettes des bibliothèques font d'une certaine longueur , & que l'on craint que le poids des livres ne les falfe plier , on les foutient d'efpace en efpace par des montants , lefquels font recouverts par de faux dofferets 4e livres qui s'appliquent deffijs ; c'eft pourquoi il faut que les montants défafileurent le devant des tablettes de l'épaifleur de ces doflerets , qui eft de trois à quatre li- gnes. Comme les livres ne montent pas ordinairement jufqu'au deflLus des ta- blettes , il faut faire une entaille aux montants de ce que les livres ont de moins de hauteur que la diftance des deux tablettes , afin que les faux dofTerets quefon rapporte foient de la hauteur des livres , ce qui peut être par le moyen de cette entaille à laquelle deux pouces de profondeur fuffifent pour former une obfcurité , & pour cacher le montant. ( Voye^^ la Fig. i (§ 5, cotées c c.) Pour ce qui eft de l'épaifl"eur des tablettes, elle varie depuis un pouce jufqu'à deux , félon qu'elles ont plus ou moins de portée , c'efi-à-dire , de longueur. Le bas des bibliothèques eft ordinairement terminé par une plinthe , ( ainfi que je l'ai déjà dit , ) au-deflîis de laquelle on fait affleurer le fond de la biblio- thèque. Ce fond doit être affèmblé à tenons & mortaifes avec les côtés & les montants, lefquels doivent toujours monter de fond , c'eft-à-dire , qu il faut qu'ils portent fur le nud du plancher. Quand les travées de bibliothèques font d'une certaine largeur, on doit mettre des lambourdes à ces fonds , afin de foutenir le Section IV. §. II. Des Bibliothèques ; leur conftnic. & décoration. % 1 1 poids des livres , & pour empêcher les fonds de fe tourmenter, (^oy. la Fig. 4.) -- Quand les tablettes d'appui des bibliothèques feront en faillie , & qu'elles au- Planchb rontplusde 12 à ly pieds de longueur (qui eft celle des planches ordinaires,) 7°. on les ralongera à bois de bout par des emboîtures , lefquelles reçoivent deux longueurs de tablettes. Cette manière eft la plus ordinaire ; mais elle a le défaut de n'être pas propre , parce que quand le bois vient à fe retirer fur fa largeur , les emboîtures ne fe retirant point de même , défaffleurent les tablettes , cequi fait un mauvais effet ; de plus , ces joints ne font point folides , & ploient lorfque 1 on marche delfus , à moins qu'ils ne portent fur les montants , ce qui ne fe trouve pas toujours ; ou que l'on ne coupe les planches à la rencontre de ces derniers , ce qui , quelquefois , occafionne beaucoup de perte. Pour remédier à ces différents inconvénients , je crois qu'il efl beaucoup mieux de joindre les planches en liaifon les unes avec les autres fur toute la longueur d'une face de bibliothèque , & d'y rapporter fur le devant une alaife d'une pa- reille longueur ralongée à traits de Jupiter, & alfemblée fur la largeur avec des clefs ; ou bien de faire ces appuis d'alfemblages en forme de parquet , ce qui eft très-bon. Quant à ce qui eft de l'épailfeur ( ou pour mieux dire de la profondeur des corps de bibliothèques ,) ce fera la largeur des livres qui la dé- terminera. C'eft pourquoi aux bibliothèques qui monteront tout de fond, on leur don- nera un pied de profondeur , qui eft celle des grands in-folio ■ plus , i'épaifliur des derrières Se la faillie des chambranles , le devant des livres devant affleurer le derrière de ces derniers à deux ou trois lignes près. Quand les bibliothèques auront des appuis faiUants dans lefquels on mettra tous les in-folio fur un ou même deux rangs d'épailTeur , le deffus de l'appui n'aura befoin que de huit pouces de profondeur , qui eft la largeur des in-quarto . Cependant fi on fe trouvoit dans le cas de mettre double rang d'in-oSavo , il faudroitleur donner jufqu'à un pied de profondeur ; ainfi du refte. En général , la Menuiferie des Bibliothèques doit être faite avec beaucoup de propreté , ces efpeces d'ouvrages n'étant que vernis , du moins pour l'ordinaire, les tablettes , ainfi que les côtés & montants, devant être très-unis , afin de ne point écorcher les livres. ^ Il faut auffi faire attention dans la diviflon des cafTes d'une bibliothèque , d'en mettre toujours une au milieu de chaque face , ce qui eft mieux que d'y voir un montant. Ceux qui voudront voir de beaux ouvrages dans ce genre, pourront voir la Bibliothèque du Roi , celle de Sainte Geneviève, de Mazarin & autres , qui font ouvertes au Public , dans lefquelles on trouvera de quoi fe former le goût & le raifonnement , vû les différentes manières dont ces ouvra- ges font traités. aia MENUISIER, IL Partie. Chap. Ut §. m. Des Cabinets de curiofaés de toute ejpece. S o n s le nom de Cabinets de euriofités , font compris les cabinets de tableaux, 'pl^^(-„/' ceux de machines , ceux d'hiftoire natureUe , & généralement toutes les pièces 7 ■ • deftinées à renfermer toutes les chofes rares & précieufes , fervant tant à la cu- tiofité qu'à l'inftruaion & à la néceffité. Je ne parlerai pas ici des cabinets de ta- bleaux , parce que ce ne feroit qu'une répétition de ce que j'ai dit en parlant des galleries de tableaux ; tout ce qu'il y a de différence , c'eft que les cabinets de tableaux font plus petits que les galleries , & fujets à moins de magnificence ; de plus , comme ils peuvent contenir des tableaux de différents Maîtres & de différentes grandeurs , on n'y met , (du moins pour l'ordinaire , ) que du lambris d'appui, le refte de la hauteur de la pièce étant revêtu d'étoffe fur laquelle on place les tableaux. Voyez ce que j'ai dit en parlant des galleries , page aoi . Les cabinets de machines & d'hiftoire naturelle, font à peu-près femblables , ( non pour leur ufage qui eft très-différent , ) mais feulement pour leur décora- tion, laquelle confifte en de grands corps d'armoires fermés de portes, dans efquelles on met des glaces au lieu de panneaux , afin que l'on puiffe jouir de la vue intérieure des armoires fans Être obligé de les ouvrir , & fans que les cho- fes qu'elles renferment foient expofées à la pouffiere. Il eft des occafions où l'on ne met point de portes à ces armoires ; ou bien fi on en met , on fe contente de les remplir avec des panneaux de fil de laiton au lieu de glaces ; ce qui eft moins coûteux , à la vérité , mais auffi moins propre pour les raifons que j'ai dites ci-defiùs. Ces faces d'armoires font ordinairement en deux corps ; favoir , un à la hau- teur d'appui , lequel fait avant-corps de 6 à 8 pouces , & fautre qui monte de toute la h auteur. Ces appuis font quelquefois difpofés en forme de corps de tiroirs de 3 à 4 pieds de hauteur chacun, fur 18 pouces à 2 pieds de largeur, fur une profon- deur à peu-près égale à leur largeur , dans lefquels on fait des divifions en forme de caffetins, pour pouvoir placer féparément les chofes de différentes efpeces, comme les coquilles , les minéraux , & autres chofes fervant à l'hiftoire natu- turelle. Il faut cependant obferver que ces caffetins ne font pas attachés aux ti- roirs , mais feulement qu'ils y entrent juftes. ( Voyei la Flg. 4 , qui repréfente un tiroir ainfi divifé. ) Il eft d'autres occafions où l'on ne met point ces chofes dans des tiroirs , mais au-deffus de l'appui que Ton fait faillant de 15 à 18 pouces , & que l'on couvre par des chaffis vitrés , lefquels répondent aux portes des armoires dudef- fus , & font difpofés en pente , ce qui fait un très-bel effet , parce que l'on peut jouir tout à la fois des différentes chofes que contiennent les cabinets, & les comparer les unes avec les autres , ce qui eft très-avantageux. ^ Toute Section IV. §. HT. Des Cabinets de curiofités de tome efpece. 213 Toute la difficulté qu'il y a , c'eft qu'on ne peut fe fervir de cette manière , de décorer les cabinets d'h.ftoire naturelle, que quand ils font extrêmement P..nch. grands , afin que leur pourtour puifl-e contenir du moins la plus grande partie de 7 > • ce que l'on doit y mettre, ce qui ne difpenfe cependant pas d'y faire des tiroirs, foit dans les appuis , foit dans les bureaux que l'on met ordinairement au milieu de ces fortes de pièces. ( Ko_yq les Fig. r , 2 (& 3. ) Le dedans des armoires eft garni de tablettes que l'on met plus ou moins pro- ches félon les différents befoins ; c'eft pourquoi il eft bon de les faire porter par des crémaillés, afin de pouvoir les hau/fer ou bailfer félon qu'il eft néce/ïïiire. Quant à la décoration générale de ces fortes de pièces, elle peut être très- magnifique ; on peut y employer les contours dans les traverfes des portes , ainfi que les ornements de fculpture ; & il feroit fort à fouhaiter , ainfi que je l'ai dit en parlant des bibliothèques, que les corniches des plafonds de ces cabinets fuifent faites pour fervir de couronnement aux armoires que l'on y fait , au lieu de mettre ces dernières en faillie dans la pièce , ce qui fait un fort mauvais elïet. Quant aux bureaux que l'on fait dans ces pièces , ils doivent être très- grands, c'eft-à-dire, avoir depuis 12 jufqu'à i; & même 18 pieds de longueur fur 3 à 4 pieds de largeur, félon que l'exigera la grandeur de la pièce. On les remplit ordinairement de tiroirs , ce qui eft très-commode , vû le grand nombre qu'ils peuvent en contenir, puifqu'on peut en mettre des deux cotes. Le bas de ces bureaux doit être terminé par une plinthe , ainfi que tout le refte de la pièce. Quaiy à leur deffus , la meilleure manière eft de les faire d'af- femblage en forme de parquet, ce qui eft en même temps très-folide & très- propre. CHAPITRE QUATRIEME. De la Menuiferie des Eglifes. P A R Menuiferie des Eglifes , on entend tous les ouvrages de cet Art, fervants à leur décoration & à fufage de ceux qui les fréquentent , tels que font les Chœurs , les retables d'Autels, les revêtiffèments des Chapelles , les Chaires à prêcher , les Confeifionaux , les Sacrifties ou Tréfors , &c. C'eft dans ces fortes d'ouvrages que doivent être employées toutes les ref- fources de l'Art , tant pour la décoration que pour la beauté de la main-d'oeuvre & le choix des bois, ces ouvrages n'étant pour l'ordinaire que vernis; c'eft pourquoi on ne fauroit y faire trop d'attention. En général , quelque riches que foient les ouvrages d'Eglifes , ils doivent être graves, deftitués de toute eipece d ornemeiics frivoles ou appartenant à la Menuisier. II. Pan. T i i « iii MENUISIER, II. Partie. Chap. IV. - décoration des appartements, ( cette décoration étant d'un tout autre genre). Planche \\ faut auffi y éviter le trop grand nombre de cintres , les formes quarrées étant celles qui leur conviennent mieux , malgré l'exemple des ouvrages modernes de ce genre. Les ouvrages d'Eglifes font de deux efpeces ; fçavoir , ceux qui font pure- ment de décoration , & ceux de commodité , & qui par conféquent font fujets à des grandeurs relatives à nos ufages. De ces deux efpeces de Menuiferie des Eglifes , il n'y a que la première dont je ne donnerai que des règles générales , fur - tout pour ce qui a rapport à la décoration , la diverfité des occafions ne permettant pas d'entrer dans un plus grand détail. Pour ce qui eft de la fé- conde , j'entrerai dans le détail le plus exaél & le plus circonftancié qu'il me fera poffible , afin de donner une parfaite connoiffance de toutes les parties qui compofent cette dernière efpecs de Menuiferie , ce que j'ai cru devoir faire avec d'autant plus de raifon , que ces fortes d'ouvrages ne fe font que très-rare- ment ; & qu'il eft un très-grand nombre de Menuifiers , qui, quoique très-habiles, n'en ont jamais fait ni vu faire , ce qui les met fouvent dans le cas de faire des ouvrages d'une conftruaion & d'une décoration ridicule , le plaifir de faire du nouveau , ou pour mieux dire l'ignorance des vrais principes , les met- tant prefque toujours dans ce cas. Les chapelles neuves de Saint-Nicolas-du- Chardonnet , & les ftalles de Saint- Yves , & de Saint-Louis, rue Saint-Antoine, font des preuves de la vérité de ce que j'avance. Le moyen le plus sûr pour traiter ces fortes d'ouvrages avec fuccès , eft de prendre une exaéle connoilTance de ceux qui font faits & qui ont mérité l'ap- plaudilfement des connoilîeurs , de s'attacher à connoître leurs perfeélions & leurs défauts , afin d'imiter les uns & d'éviter les autres lorfqu'on aura de fem- blables ouvrages à faire ; je ne dis cependant pas qu'il faut copier fervilement les ouvrages faits, mais feulement qu'il ne faut pas trop s'écarter de fufage reçu, fur-tout quant à leurs formes , {ans avoir de bonnes raifons pour le faire. Je ne propofe rien ici que je n'aie fait moi-même ; j'ai eu foin avant de décrire ces fortes d'ouvrages , d'aller voir & de mefurer exaélement tous ceux de même genre qui avoient le plus de réputation , ne voulant pas me fier à ma propre expérience, quoique j'en aie exécuté moi-même en affez grand nombre. Section Première. Des Chœurs d'Eglifes en général; leur revétijfement , 6 leurs différentes efpeces. ^ S o u s le nom de Chœur d'Eglifes , on comprend non-feulement les ftalles PlanchË" ou formes dans lefquelles on fe place pour affifter à l'Office , mais aulTi les lambris qui fe mettent au-deifus de ces dernières , lefquels ne font plus guère en ufage à préfent que dans les vieilles Eglifes , où l'enceinte du chœur eft enfermée de murailles, lefquelles font revêtues de menuiferie jufqu à une cer- >iv-«»iV.--,..kc,--i;i: Section I. Des Chœurs des Eglifes en général , bc. 2 1 j ta'me hauteur, ainfi qu'on peut le voir à Notre-Dame, à Saint-Germain - des- î== Prés , & ailleurs. Planche On n'obferve plus guère à préfent de renfermer ainfi les chœurs, fur-tout dans les grandes Eglifes ; il n'y a guère que chez les Moines où cela foit encore en ufage , & même nécelîàire , par la raifon , dit-on , qu'il eft plus décent qu'ils foient ainfi enfermés; mais je crois que la véritable raifon eft que les chœurs ainfi revêtus de menuiferie, font moins froids , fur-tout pendant la nuit, ce qui a donné lieu à cette coutume plutôt que toute autre chofe. Je ne parlerai donc ici de ces lambris que pour indiquer ceux qui ont le plus de réputation , & qui font les plus analogues à leur ufàge. L'examen que l'on en fera, fécondé d'une parfaite connoiflànce des vrais principes, étant le meilleur moyen pour acquérir une connoilîànce parfaite de ces fortes d'ouvra- ges , ainfi que je l'ai dit plus haut. Les ftalles étant d'une largeur bornée , il eft nécefîàire que les compartiments des lambris qui font deffus, y foient alTujétis ; c'eft pourquoi ces derniers font de deux efpeces ; favoir , ceux dont les panneaux n'ont de largeui que celle des ftalles , & ceux dont un panneau occupe la largeur de deux ftalles , & les pilaf- tres une feule. Ces deux manières ont chacune leur avantage , & font très-bien lorfqu elles font employées à propos. La première eft bonne dans un chœur d'une moyenne étendue , & dont la hauteur eft bornée. La féconde au contraire fait très-bien dans les grands chœurs , parce que la grande largeur des panneaux autorife à leur donner beaucoup de hauteur. Le lambris du chœur de Notre- Dame de Paris eft difpofé de cette façon , & c'eft fans contredit un des plus beaux que l'on puilTe voir. Il eft encore une autre manière de difpofer les compartiments des lambris des chœurs , qui eft d'y mettre des pilaftres d'ordres d'Architeélure entre chaque panneau , de forte qu'un panneau & un pilaftre n'occupent que la largeur de deux ftalles , ainfi qu'on l'a fait au chœur des Frères des Chartreux. Cette troi- fieme manière de décorer les chœurs , tient le milieu entre les deux autres , étant plus grande que la première , & plus petite que la féconde , où les pilaftres ont de largeur celle d'une ftalle , & par conféquent la moitié de celle du pan- neau , ce qui , malgré l'ufage , eft un peu contre la règle , cette diftribution donnant des panneaux trop élégants , ou bien des pilaftres trop courts , compa- raifon faite avec leur largeur. Les lambris des chœurs d'Eglife font toujours couronnés d'une corniche de menuiferie , laquelle , pour l'ordinaire , fe fait en gorge , ou pour mieux dire en voulTure , afin de leur donner plus de faillie. Il faut cependant prendre garde de ne point outrer cette faillie , ainfi qu'on l'a fait au chœur des Chartreux , où la corniche eft d'une hauteur, & par conféquent d'une faillie démefurée, comparaifon faite avec la hauteur du lambris. On peut auffi y employer des corniches & même des entablements réguliers, fur-tout quand le lambris eft décoré d'ordres d'Architedlure , avec des confoles I X : 13.16 M EN U I S I E R. II. Partie, Chap. IV. ■ ou des denticules , ou enfin des modillons , félon que l'ordonnance totale l'exi- 72*6c 73' géra. C'eft pourquoi les Menuifiers doivent favoir rArchiteélure , non-feule- ment les cinq Ordres tels que VignoUe nous les préfente , mais encore la décompofition de ces mêmes Ordres , afin que dans le cas d'un ouvrage fim- ple , ils puilTent les fupprimer , & n'en réferver que l'expreffion. Ils doivent auffi fàvoir les rapports & proportions de toutes les parties d'Architedture qui (ont relatives ou acce/Toires aux Ordres , tels que font les foubaffements , les atti- ques , les portes , les niches , les baluftrades , les vafes & les figures , enfin de tout ce qui peut fervir à accompagner ou à décorer les ordres (*). Quant à ce qui eft des corniches en gorge , on doit avoir fcin que les mem- bres qui les compofent , foient graves & en rapport avec le reftc de la décoration ; on doit toujours y mettre un larmier , afin que les moulures ne fe confondent point , & que ces corniches ne refferablent pas à celles des appartements, ( qui elles-mêmes ne font faites de cette façon , que parce que c'eft fufage ). Ceux qui voudront prendre une connoiflànce parfaite de ces fortes d'ouvrages , pour- ront voir le chœur de Notre-Dame , celui des grands Auguftins , celui des Au- guftins de la place des Viâoires , celui de l'Abbaye Saint-Germain , les deux choeurs des Chartreux , où l'on trouvera la plus excellente main-d'œuvre ; celui des Miffions étrangères ; & celui des Bénédiâins Anglois , Fauxbourg Saint- Jacques. Je ne donne pas tous les chœurs dont je viens de parler ici comme des mo- dèles à imiter dans toutes leurs parties , mais feulement comme ceux qui ont le plus de réputation , & de l'étude defquels on peut tirer beaucoup d'avantage. J'ai mis ici des delfeins des trois efpeces de lambris dont je viens de parler , afin que Ton puilfe mieux en connoître la différence & Fulàge. J'ai joint à ces delfeins le détail de toutes les parties qui les compofent, afin d'en donner une parfaite connoiffance. VoyeilesUlanches'ji &J^. Quant à la conftruélion de ces lambris , elle ne làuroit être trop folide , à caufe de fhumidité & du grand air qui règne dans les Eglifes. Les bois des bâtis doivent avoir deux pouces d'épaifîèur , ou un pouce & demi au moins , encore n'eft-ce que quand ils feront d'une moyenne hauteur. On doit auffi avoir grand foin d'y faire le moins de collages que l'on pourra ; & que ceux qu'on fera obligé d'y faire , Ibient bien folides. On aura foin , autant que faire fe pourra , de rava- ler les moulures dans Tépaillèur des bois , f expérience faifant connoître que les moulures embreuvées ne font pas alfez folides pour ces fortes d'ouvrages , lùr- tout quand les profils font d'une moyenne largeur. Les panneaux doivent avoir un pouce d'épaiffeur au moins, & davantage lorfqu'ils font taillés d'ornement. (+ ) Je ne me fuis étendu ici fur la néceffité oii étoient les Menuifiers de prendre des connoif- fances dcraillées de toutes les parties de l'Ar- cijiteifture , ( du moins quant à ce qui a rapport à la décoration,) que parce que la plupart n'ont qu'une connoiflànce vague de ce que le vulgaire appelle les cinq Ordres, fans s'cmbaralTer d'en connoître les rapports Se les proportions , ce qui cependant n'efl pas tout-à-faitleut faute, puifquc les Maîtres qui les cnfeignent n'en favent pas da- vantage. afin Section II. Des Stalles ; leur conjîruclion & décoration. a& que la première épai/Teur refie toujours d'après le ravalement que l'on y fera = Pour ce qui efl de la qualité des bois , ils doivent être très-fecs ; mais en même ^ temps on évitera d'en employer de trop tendres , parce que les bois gras étant ' plus poreux font plus difpofés à recevoir les imprefllons de l'air, & par con- lequent a fe détruire. Section Seconde. Des Stalles ; de leur conjlruaion , formes , proportions & décorations. Les Mlesferventà deux ufages ; fwoir, à s'affeoir & à s'appuier lorfqu'on eft = debout. C'eft pourquoi H efl très-e/Tentiel que toutes leurs parties foient bien dif pofees pour ces ufages . afin qu'elles puiffent être commodes de quelque manière qu on veuille s'en feryir. La forme & la grandeur des fialles font donc des cho- ies mimuables , puifqu'elles font affujéties à la grandeur humaine, laqueUe eil toujours la même , du moins à l'égard du plus grand nombre ( * ) Une ftalle eft compofée d'un appui avec fes deux mufeaux , ( ou pour mieux dire lorfqu il y en a plufieurs , de deux moitiés de mufeaux , ) de deux par. clofes ou confoles , d'un doffier , d'un fommier, d'un fiege avec fa miféricorde ou cul-de-lampe , d un foubaifement ou appui , & d'un patin avec fes deux avant- corps. Voyez la Planche 74 , où eft delTinée une ftalle avec les noms des pièces qu. la compofent. La fîg. i. repréfente une ftalle & la moitié d'une autre , l'une dont le fcge eft levé , & l'autre dont le fiege eft baillé. La fig. . eft la coupe d une ftal e. La fig. 3 eft la ftalle ci-defl-us vue de delFus ; & la fig. 4 eft le plan de ces ftalles pris du deflijs du patin. En général les ftaUes font nommées kautes ou i.ffis , félon qu'elles font ^ placées au-deftlis les unes des autres, ce qui arrive dans les cliœurs où il y en P.. a deux rangs. La hauteur la plus ordinaire des ftalles eft de 3 pieds 3 pouces du nud du plancher jufqu'au defllis de l'appui. La hauteur du fiege doit être de feize pouces & demi tout au plus lorfqu 'il eft bailTé , & de vingt-fix pouces lorfqu d eft relevé. La largeur des fialles doit être , en la prenant du nulieu de chaque mufeau de vingt -deux pouces au moins, & de vingt -cinq au plus • celles de Notre-Dame n'ont que deux pieds, & font très-bien. Il faut donc né les réduire à vingt-deux pouces que dans le cas d'un chœur de Religieufes Les appuis, ainfi que les mufeaux , doivent avoir trois pouces d'épai/feur- pour leur largeur, fi c'eft de hautes ftaUes, on leur donnera d'abord quinze Lgnes pour le ravalement ; plus , deux pouces entre ce dernier & le lambris & deux pouces pour porter le lambris, ce qui fait en tout cinq pouces un quart! Pour ceux des baflès ftalles , on doit leur donner de largeur fept pouces & demi ( ) J ai fait cette obfervation du rapport des ftalles avec la grandeur humaine, afin de préve- mz les jeunes gens contre Topinion de quelques Menmfiers, qui, parce qu'un chœur ctoit très- grand, ont cru devoir faire les ftalles plus gran- des ce qui ell un abus. , , ' - wv* ^i, uui cil un aous. Menuisier. II. Pan. -^kk '2i8 MENUISIER, II. Partie, Chap. IV. ou fept pouces au moins , afin qu'il y ait affèz de place pour y pofer un livre. ( Voyei les Fig. i , Z& 3 , lefquelles repréfentent la coupe d'un appui de ftalle du haut , avec un lambris au-delTus : la coupe du même appui fans lambris deflùs ; mais au-defîbus eft celle d'un appui de Mie du bas. ) Les mufeaux doi- vent avoir un pied de longueur pris du devant de l'arrafement, non compris quinze lignes de barbe & le tenon , ce qui fait environ feize pouces. Cependant dans le cas où les ftalles n'auroient que vingt-deux pouces de largeur , on pourroit leur donner un pouce de moins. La largeur des mufeaux doit être de fix pouces au plus large , fur trois pouces & demi ou trois pouces neuf lignes au plus étroit. Pour leur forme, ils doivent Être arrondis plein-cintre par le bout , puis ils doivent venir en s'adouciffant juf- qu à trois pouces & demi de leur arrafement , qui eft l'endroit où ils font le plus étroits; enfuite de quoi ils forment un quart de cercle avec l'appui dans lequel ils font affemblés. ( Fojei les Figures 4 , y , lî , 7 <& 8 ). La manière de faire tourner les mufeaux avec leurs appuis , a toujours caufé beaucoup de difficulté, par rapport à la différence qu'il y a entre la forme du profil de l'appui & celui des mufeaux , les uns ayant de la faillie par le bas , & l'autre par le haut , ainfi que les Fig. 9 & 1 1 ; ce qui fait que prefque dans toutes les ftalles qui font faites , le deftlis des appuis & des mufeaux tourne bien , & le bas forme un jarret , ou pour mieux dire , un angle rentrant , ce qui fait un fort mauvais effet. La caufe de ce défaut , eft qu'en chantournant les mufeaux, on ne fait pas attention à la différente faiUie des mufeaux & des appuis ; & qu'après avoir chan- tourné les premiers, on les ravale par deffous parallèlement félon la faillie du profil ; d'où il s'enfuit que ce ravalement , joint à la faillie de l'appui qui eft en fens contraire, forme cet angle rentrant dont j'ai parlé ci-deffus. Pour remédier à cet inconvénient , après avoir tracé le delfus du mufeau & de l'appui d'une manière conftante , ainfi que la ligne a , c, qui a pour centre le point /, fg. 10 , on porte la faillie k i , fg. n , en dedans de fa largeur de c en l, fig. 10; puis au contraire on porte la faillie de fappui ef,fg. 9 , en dehors de /en g, fig. 10 ; ce qui étant fait d'une ouverture de compas fembla- ble à celle dont on s'eft fervi pour tracer le deffus, & du nud des deux lignes dont on vient de parler , on cherche un fécond centre m ,fig. 10, duquel vous décrivez la courbe du deffous g,n,l. Après avoir ainfi tracé les cintres du def- fous & du deffus , on fait deux calibres , lefquels fervent à tracer les appuis & les mufeaux tant par-deffous que par-deffus. On ne chantourne pas d'abord aU vif les mufeaux & les appuis, du moins dans l'endroit du joint ; mais on les ébauche feulement , puis après on les affem- ble; lorfqu'ils font bien affemblés , on les ferre avec un fergent ; puis on achevé de les chantourner avec la gouge à bois de travers & avec la rape en bois. Cette maniera de chantourner les mufeaux eft très-commode & très-diUgente. Section II. Des Stalles ; leur conjkuclion & décoration. arp Les mufjaux s'afTemblent dans les appuis à tenons & mortaifes , en obfervant — d'y rallonger une barbe de quinze lignes defllis & deflbus , laquelle fe coupe Planchr d'onglet , ainfi que je l'ai dit plus haut. Il y en a qui coupent le deflùs tout-à- fait d'onglet , c'eft-à-dire , à pointe de diamant ; mais cela n'eft pas nécefTaire : de plus , ces fortes de coupes ôtent la force de falFemblage , & coupent les ap- puis prefque en deux , ce qui eft fort à éviter. Je fai bien qu'on pourroit remé- dier à cet inconvénient en failànt un affemblage double , dont il n'y auroit que la joue fupérieure qui feroit coupée d'onglet , ce qui conferveroit la force de l'appui ; mais cela eft inutile ; il vaut beaucoup mieux les faire à l'ordinaire avec un affemblage double , ce qui rend l'ouVragc très-folide. ( Voje^ les Fia. 4 , y 7<&8). On fait dans le de/îbus des mulèaux deux mortaifes de trois pouces de long chacune , lefquelles paffent par leur milieu. Il y a des mufeaux qui n'en ont qu'une grande; mais il vaut mieux en mettre deux moyennes. La dernière de ces deux mortaifes doit être placée à environ deux pouces du bout du mufeau ; on aura foin auffi de faire une rainure entre les deux , pour empêcher la parclofe de fè tourmenter. L'épaiflèur de ces mortaifes doit être de huit à dix lignes , afin que les affemblages foient plus folides. ( Voyei^ la Fig. 8 ). Les appuis des ftalles , tant du haut que du bas , doivent être élégis en devant félon la pente des dolfiers , & on ne doit y faire régner que la moulure infé- rieure du profil du mufeau , les autres membres venant inourir dans les angles. L'arrête extérieure doit être arrondie , mais cependant moins que celle des mu- feaux ; pour le dellbus , il eft rainé pour recevoir les doffiers. On aura loin que la joue que l'on réfervera en devant pour y pouffer la moulure , ne Ibit point trop forte , parce qu'elle nuiroit à ceux qui s'affeoiroient dans les ftalles. Les appuis du haut doivent être rainés en deftus pour recevoir les lambris s'il y en a ; ou s'il n'y en a pas , on les fait joindre contre la muraille , à moins toutefois que le chœur ne foit ifolé ; alors , dis-je , on les raine par-derriere en delîbus pour recevoir du lambris , lequel cache & foutient le derrière des ftalles. Quand les appuis font ainfi difpofés , on y pouffe la moulure inférieure du profil des mufeaux , ainfi qu'on le fait en dedans , ce qui s'appelle profiler en plinthe. ( Voye[ la Fig. 2). Pour les appuis du bas , ils fe profilent de même par derrière , & on y place une petite efpece de lambris d'appui , lequel forme des armoires , ce qui eft fort commode; de plus , cet . appui fert à tenir les ftalles fermes , & les empêche de fe renverfer en arrière , ce qui arrive par la fuite du temps quand il n'y a rien pour les fbutenir. Cependant il y a bien des chœurs oà il n'y a point d'appui derrière les ftalles du bas ; mais autant qu'on pourra en mettre , on fera très-bien. Lorfqu'on a une longue fuite de ftalles , & qu'on n'a pas de bois affez long , on rallonge les appuis à traits de Jupiter , lesquels fe placent fur le plat du bois & à moitié de l'épaiffeur, ainfi que la Fig. 12. Quand les appuis du haut font dif- PlANCHE ■220 MENUISIER, II. Partie. Chap. IV. ' pofés pour recevoir du lambris de hauteur , on les place fur le champ à l'endroït de la rainure , afin que la clef fe trouve cachée dans cette dernière. Au bout des dalles , c efi-à-dire , à la dernière, il n'y a qu'une demi-confole , &par conféquent qu'un demi-mufeau, lequel femble être adapté contre un au- tre morceau d'appui qui eft en retour d'équerre , & qui eft profilé en plinthe. Ce morceau d'appui eft de fix pouces plus long que le mufeau , avec lequel il ne fait qu'une feule & même pièce , puifqu'ils font pris tous deux dans un même mor- ceau de bois. Ces appuis en retour font plus ou moins larges félon qu'ils fervent à terminer les ftalles , foit par les bouts ou par les palîàges. Dans le dernier cas , quatre pouces à quatre pouces & demi de largeur leur fuffifent, d'après la faillie du demi-mufeau ; c'eft pourquoi on peut les faire d'une feule pièce , & les affem- bler d'onglet ou en faulfe coupe avec l'appui de derrière , i^/^. i <& 2. Si au con- traire les appuis en retour fervent à terminer les ftalles par les bouts , on eft alors obligé de les faire d'affemblage à bois de fil , & d'y rapporter un panneau au mi- lieu , ces fortes d'appuis ayant quelquefois jufqu'à dix à douze pouces de largeur , non compris la faillie du demi-mufeau. ( Voye^ la Fia. 3 ). Les appuis dont je viens de parler doivent être profilés en plinthe , comme je l'ai dit plus haut , & être rainés au pourtour pour recevoir les appuis du côté du demi-mufeau. On doit y faire un affemblage pour recevoir la demi-confole , la- quelle eft appliquée fiir un côté uni , qui eft lui-même alTemblé dans la partie de l'appvii qui excède le demi-mufeau. ( ^oye^ la Fig. 2. ) En général , le bois tant des appuis que des mufeaux , doit être très-fec & d'une qualité ferme , le bois gras ne pouvant pas fervir dans cette occafion , à caufe de la difficulté de le polir ;& que de plus l'expérience fait alFez connoître que l'ex- trémité des coupes venant à bois de travers , font fiijettes à s'égrainer ; c'eft pour- quoi on ne làuroit choifir de bois trop plein , làns cependant être dur. Les patins font des elpeces de plinthes de trois pouces de haut , fur prefque autant d'épailTeur , qui fervent de bafe à tout l'ouvrage ; ils régnent de toute la longueur des ftalles , & font aulTi rallongés à traits de Jupiter , & font rainés par-deflus pour recevoir les foubalfements. A la place de chaque confole font aflemblés de petits patins faillants , lefquels ont quatre pouces de longueur , làns compter la barbe que l'on ralonge par - defîus pour les faire profiler avec ceux de derrière. Cette barbe a de longueur la faillie de la moulure qui eft plus ou moins grande , félon le profil que l'on y met , lequel profil règne au pourtour du pied de la confole. Ces petits patins font pouffes à bois de bout; c'eft pourquoi on choifira du bois bien plein pour les faire , afin qu'ils ne s'égrai- nent pas ; & pour les pouffer plus proprement , on en met plufieurs dans une entaille , en obforvant de mettre les plus durs au milieu , avec un morceau de bois à chaque bout pour empêcher les éclats ; & chaque petit patin eft percé d'une mortaife dans laquelle entre le pied de la confole qui y eft che^ yillée. Section 11. Des s talks ; kur conftmaion & décoration. 2 . t A l'égard des ftalles des bouts , c'eft la même chofe que pour les appuis , L patins tournant également au pourtourdes côtés , lefquels y font chevillés. (Foy Les parclofes ou confoles , fervent à féparer les ftalles les unes d'avec les au- tres, & à foutenir les appuis & les mufeaux dans lefquels elles font a/femblées ' amlî que jel'ai dit ci-delTus. Elles fe font ordinairement enbois de deux pouces d'é- paifTeurquelonchoifitleplus épais poffible, afin de leur conferver plus d'épaiffeur Leur longueur doit être de trois pieds trois pouces, afin d'avoir un tenon par chaque bout. Il y a des ftalles où l'on a fait le tenon du bas des confoles de cinq pouces plus long que le deftbus du patin, afin de le faire palfer au travers du plancher , & de l'arrêter par le moyen d'une clef que l'on fait pa/fer à tra- vers du tenon ; mais l'expérience a fait voir que cette manière d'arrêter les ftalles furies planchers , n'étoit pas affez folide, parce que l'humidité qui règne fous ces derniers pourrit les tenons en peu de temps , & fait tomber les clefs ; c'eft pourquoi il vaut beaucoup mieux couper les tenons au nud des patins , & atta- cher ces derniers fur le plancher avec des vis. Pour la largeur des confoles, eUe varie félon les différents contours; en bas à l'endroit du patin, elles n'ont que quatre pouces de large, plus, quinze li- gnes pour l'épaiffeur du foubaflément, ce qui fait cinq pouces un quart; à la hauteur du fiege , elles ont quinze pouces un quart, y compris Fépaiifeùr du doffier , & treize pouces au-delfous du mufeau. La pente du doffierdoit être de trois pouces & demi , prife entre le fiege & l'appui. Au travers de la confole & au-deffous du fiege font placés deuxtaffeaux en forme de cymaifo , lefquels profilent avec la moulure du fommier. Ces taffeaux font pofés à queues , tant d'épai/feur que de largeur, dans l'épaifiiur de la confole. On doit avoir foin que le côté le plus large foit fur le derriej^ de cette dernière , afin de pouvoir les chalTer après qu'ils font coupés d'onglet , ce que l'on fait après les avoir ajuftés.On doit aufliobforver de tenir ces taffeaux unpeu plus larges qu'ilnefaut, afin que quand ils fontaffemblés avec lesfommiers , on puiflè les affleurer quarré- ment avec ce dernier, & les pouffer enfuite. Voye^ la Fig. 4, qui repréfonte une parclofe vue de face à l'endroit des entailles à queues; & les Fig. $,6& 7 , qui repréfentent la coupe & les vues de face & de champs du taffeau. Au-de- vant de la confole, on rapporte de petites parclofes à bois de fil, lefquelles profilent avec les taffeaux , & cachent le joint de leurs queues. ( Voye^la Fig.S.) Au nud du fiege & fur le derrière de la confole , on fait un tenon d'environ un pouce d'épaiifeur for deux de largeur, lequel a de longueur aux environs de trois pouces plus que l'épaiffeur du fommier au travers duquel il palfe. On fait au milieu de ce tenon une morcaifo de fix à huit lignes d'épaiffeur, dans laquelle paffe une clef qui fort à faire joindre la confole for le fommier, & à la retenir en place. Les confoles font compofées de deux morceaux de bois fur la largeur , celle Menuisier, II. Pan, L 1 1 Planche 16. Planche 77- naa MENUISIER, IL Partie. Chap. I V. == des planches n'étant pas fuffifante ; & quand elle le feroit , il y aurait trop de Planche perte , puifque l'alaife qu'on y rapporte eft inégale de largeur , & ne delcend que jufqu'à l'appui; c'eft pourquoi, avant de débiter le bois des confoles, on doit faire un calibre exadlement félon les mefures ci-delTus , en obfervant d'y marquer une ligne perpendiculaire aux arrafements du haut & du bas , laquelle paflêra au nud du derrière du foubalTement ; ce fera cette même ligne qui déter. minera le joint de la confole , & fervira à débiter les bois. ( Voye^ la Fig. i. ) Quand la principale pièce de la confole efi: corroyée & chantournée à la fcie feulement, on drefle bien la rive droite pour y faire le joint, & on a foin de la tracer de longueur , & d'y faire la rainure & le tenon du bas ; enfuite on y joint l'alaife. Quand le joint eft fait , on trace cette dernière tant de hauteur que de largeur, & on y fait le tenon qui entre dans le fômmier. Les joints des con- foles fe font ordinairement à plat ; mais il eft bon d'y mettre une ou deux clefs fur la longueur pour retenir les joints , luppofé qu'ils viennent à s'écarter, f^oye^ /a Fig. 2 , qui repréfente une parclofe dans les différentes opérations dont j'ai parlé ci-defîiis ; & la Fig, 3 , qui repréfente cette même parclofe toute colée. Quant aux ornements des confoles , il n'eft guère poffible de les déterminer au jufte , vu qu'on peut en faire de très-riches & de fimples ; cependant on ne doit guère s'écarter de l'ulàge reçu , ainfi que pour la forme qui doit être tou- jours à peu-près la même. ( J^oye^ les Fig. ci-deffus. ) Pour ce qui eft des profils des mufeaux & des patins , voyez les Fig. 9 , 10 , ri , 12 , 13 , 14 & 15'. Les fommiers font des pièces de bois de fix pouces de largeur fiir trois d'épaiC feur , lefquelles fervent à recevoir le milieu des confoles , ainfi que je l'ai déjà _^ dit , & fiir lefquelles fe ferrent les fieges. Planche '^""^ rainés en deflbus pour recevoir le foubaffement , & en deflus pour yS- recevoir le dofTier. Sur le devant du fommier eft une feuillure de treize à quatorze lignes de pro- fondeur , fur huit lignes de largeur , qui eft à peu-près la faillie que l'on donne à la moulure du bas , laquelle forme cymaife , comme je l'ai dit plus haut. A chaque largeur de ftalle le fommier eft percé d'une mortaifè a,a , Fig. i , dans laquelle pafTe le tenon du derrière de la confole ; Se fur le devant de ce même fommier & vis-à-vis des mortaifes, font des entailles coupées d'onglet, dans lefquelles viennent s'affembler les tallèaux des confoles. Les fommiers s'affèmblent entre-eux à traits de Jupiter fur le plat, ainfi que je l'ai dit en parlant des appuis. P^oye[ les Fig. I & 2 , lefquelles repréfentent un fommier vu de face & de champs ; & celles 3 & 4 , qui repréfentent un fommier alfemblé dans une confole ou parclofe , vu géométralement & en perfpeélive. Les fieges font des planches unies de dix pouces de largeur for treize à qua- torze lignes d'épaiflèur , lelquelles font ferrés avec le fommier, afin qu'ils puiftenc fe lever & fe baiifer félon qu'il eft néceffaire. Pour leur longueur, c'eft la lar- geur de la ftalle i^ui la détermine , en y lai/Tant une ligne de jeu. Les fieges ne Section II. Des Stalles ; leur cotiJlmcHonè décoration. 223 font fujets à aucune façon, fi ce n'eft qu'il y ait de rornemenc par deiTous, ce qui eft très-rare. Les miféricordes font des efpeces de petites confoles ou culs-de-lampes , qui font attachés deflous les fieges ; afin que l'on puilTe s'appuier defllis lorfque le lîege eft levé. On les nomme ainfi, parce qu'autrefois on fe tenoit debout pendant l'Office divin ; mais par la fuite des temps , on a permis cette efpece de petit lîege , non pour s'afleoir , mais pour fe foulager en s'y appuyant un peu ; c'eft ce qui les a fait nommer miféricordes. Elles ont ordinairement cinq à cinq pouces & demi de faillie , fur dix-liuic pouces de longueur pris de leurs extrémités , &neuf à dix pouces dans le milieu de leur largeur; la forme de leur cintre eft celle d'un cintre en .S" de chaque côté de leur longueur. Le delfous des miféricordes eft terminé en cul-de-lampe garni de moulures ou d'ornements , ce qui eft la meilleure manière. Il faut éviter que ces ornements ne foient trop grolTiers ou confus ; c'eft pourquoi les feuilles de refend font pré' férables à tous autres. Le deftus des miféricordes doit être incliné avec le delfous des fieges , de forte que quand ces derniers font levés , le delTus des premières fe préfente de niveau & non pas déverfé en arrière , comme on l'a mal-adroitement fait aux ftalles neuves de Saint Louis , rue Samt-Antoine , ce qui eft contraire au bon fens J parce que fi les miféricordes avoient à pencher , il vaudroit mieux que ce fût en dehors ; je crois même qu'elles en feroient plus commodes : l'expérience fait voir que celles qui font parfaitement de niveau gênent, & renvoient en devant, à plus forte rai/ôn celles qui penchent en arrière. Les miféricordes font ordinaire- ment collées à plat-joint fous le fiege qu'elles affleurent en devant ; mais la meil- leure manière eft de coller au milieu de la miféricorde un tenon qui excède de neuf à dix lignes. On coupe enfuite ce tenon en forme de queue fur la largeur ; puis on fait dans le delfous du fiege une mortaife , non pas vis-à-vis celle de la mi- féricorde , mais plus fur le devant de toute f épailfeur du tenon , laquelle fert de refuite pour placer la queue que l'on trace fur le côté de la mortaife faite avec un calibre, fur lequel toutes les queues ont été faites. Voye^ la Fig. Ç, , qui repréfente unfiege relevé en coupe avec fa miféricorde alfemblée delfus ; la Fig. 6 repréfente le tenon à queue qui fert à attacher la miféricqj-de au fiege ; & les Fig. 7 & 8 , repréfentent une miféricorde prête à entrer dans le fiege. Il faut auffi obferver que les miféricordes font de deux morceaux, le delfus fe rapportant de l'épailfeur du tors ou demi-rondée que l'on fait pour économifer le bois. Foyei la Fig. 5. ^Les foubalTements des ftalles font de petits panneaux qui font embreu- vés dans le patin & le deflbus du fommier, & entre les deux confoles ; leur décoration doit être fimple ; il y a même des ftalles où l'on fe contente d'y faire un panneau renfoncé, fans aucune moulure. Pour ce qui eft des doffiers , on les fait plus riches , mais cependant toujours 224 MENUISIER. II. Partie , Chap. IV. ' à petits Cad res , parce que la faillie des moulures nuit à ceux qui s'alîêoient dans Planche jg^ ft^ji^^ ^ ^ ^^^pg j^^j^j^j ^ y^^^ Eccléfiaftiques. Quelquefois pour plus de propreté , on les aflemble à bois de fil , & l'on fait très-bien. Or> obfervera de les tracer bien juftes , afin que les champs foient bien égaux , & que les joints d'onglets viennent jufte dans les angles. Les champs , tant des foubaflements que des doffiers , doivent être parfaitement égaux , & n'avoir pas plus de deux pouces de large , ainfi qu'on peut les voir dans la Planche 74. Les demi-confoles des bouts font appliquées fur des côtés unis qui montent d'à-plomb , & défafBeurent d'environ trois à quatre lignes la faillie des talfeaux qui portent le fiege : elles font jointes avec les pilaftres de devant, & dont l'épaiffeur fait partie de la largeur de ces mêmes côtés. En retour tant en dedans des paflâges que par le bout des ftalles , on fait des panneaux qui font pour l'ordinaire à grands cadres , & dont le champ eft pris dans le pilaftre de devant que l'on fait aflèz épais , afin que le joint fe perde der- rière la moulure & derrière les arrafements. ( Voye^ les Fig. de la Pl. 7^ , tant cie coupe que de plan & d'élévation. ) Les panneaux des paflâges différent de ceux des bouts , en ce que le champ du bas des premiers ell d'une largeur aflèz confidérable pour pouvoir contenir une marche qui vient profiler dedans , ainfi que je le dirai ci-après. _ • En général , les hautes ftalles doivent être élevées de treize à quatorze pouces PLANCHE plus hautes que celles du bas , afin que les fommiers de ces dernières pofent fur le plancher du haut , & les empêchent de déverfer en arrière. Lorfque les chœurs ont aflez de largeur , on élevé les bafl"es ftalles fur un marche-pied failiant , lequel règne au pourtour , ainfi qu'on l'a obfervé au chœur de Notre-Dame & ailleurs. Cet ufage de mettre des marche-pieds fous les ftalles eft très -bon, parce que non-feulement ils donnent plus de beauté à l'ouvrage en l'élevant davantage, mais encore parce qu'ils empêchent qu'il ne fe pourriflè fi vîte , l'air qui circule deflôus empêchant l'humidité de pénétrer dans le bois , ce qui eft un très-grand avantage. (Voyei ^'^ ^'■S- i> q"' repréfente la coupe de deux ftalles prife fur la ligne du plan e ,f, Fig. 4. ) Les planchers des ftalles , tant du haut que du bas , fe font de deux manières différentes : fçavoir , de parquets d'affemblages ou bien d'alaifes , avec des frifes de diftance en diftance , ce qui.eft plus fimple ; mais il faut éviter de les faire de planches entières , parce qu'elles font trop d'effet , & font par conféquenc fujettes à fe retirer. Quant au compartiment du parquet , il ell affez arbitraire ; cependant quand on le fait d'une grandeur relative à celle des ftalles , il fait beaucoup mieux , ainfi qu'on l'a fait à Notre-Dame , où le compartiment du par- quet répond aux panneaux & aux pilaftres du lambris , c'eft-à-dire , qu'il y a alternativement une feuille de parquet qui occupe la largeur de deux ftalles , & une autre qui n'en occupe qu'une. (Voye^ la Fig. 4 , cote g g, pour les par- quets d'aflèmblages ,&.lik pour les planchers de frife. ) U Section II. Des Stalles ; leur conftruclion ^ décoration. aij La largeur du plancher du bas doit être de dix-liuit pouces au moins , pris du nud du devant des ftalles , à moins toutefois que l'on ne foit gêné pour la Planche largeur. 79- Les ftalles du haut doivent être efpacées de manière qu'il y ait trois pieds de palTage entre elles & celles du bas ; ainfi le plancher aura trois pieds de largeur , plus ce qui fera caché fous les armoires qui font derrière les ftalles du bas , & la faillie de celles du haut , ce qui fait environ cinq pieds de largeur. Il faut auffi ob- ferver , quand on fera les planchers en parquet , que leur compartiment ne com- mence que du nud des armoires au devant des patins , afin que rien ne fe trouve caché. Lorfque les ftalles font en grand nombre , & que les ilTues des bouts ne fuf- fifent pas pour y monter , on y fait des palTages , ceft-à-dire , qu'on en fupprime de celles du bas pour pouvoir monter en haut. Ces pafliges ne peuvent pas occu- per moins de place que la largeur de deux ftalles , parce qu'une ne feroit pas fuffifante , & que l'épaifl"eur des côtés rétréciffant le paft"age de cinq à fix pou- ces , il ne refteroit plus que dix-huit à vingt pouces, ce qui n'eft pas affez. On doit toujours placer les pa%es au milieu du chœur ; & s'il arrive qu'il y ait un très-grand nombre de ftalles , on en fait plufieurs fur la longueur, c'eft-à- dire , qu'il ne faut pas qu'il y ait plus de neuf ftalles de fuite fans y avoir de paflàgcs. On obfervera auffi de les placer vis-à-vis d'un panneau , afin qu'en mon- tant aux hautes ftalles, on ait un panneau devant foi , & non les champs d'un panneau & d'un pilaftre , ce qui arriveroit s'ils étoient placés autrement. On doit difpofer les marches des palTages de manière que la dernière , qui n'eft autre chofe que le plancher du haut , fe trouve au nud du derrière des côtés des ftalles , la faillie de la marche excédant en dedans du paftàge. Le nombre des marches eft ordinairement de trois , y compris le marche- pied ; cependant il y en a quatre à Notre-Dame , ce qui les rend moins hautes, & par conféquent plus douces , mais auffi ce qui occupe plus de place , fur-tout dans les bouts oià l'on eft fouvent gêné. La difpofition ordinaire des ftalles du haut & du bas , eft d'être placées vis-à- vis l'une de l'autre ; cependant quelques Architefles , entr'autres M. Daviler dans fes Commentaires, prétendent qu'elles fcroient mieux placées fi elles étoient difpofées à moitié de leur largeur , c'eft-à-dire , que le raufeau de la ftalle du bas enfilât le milieu du defllis de celle du haut, parla raifon, difent-ils, que cette difpofition feroit plus avantageufe pour faire voir tout d'un coup d'œil les Ec- cléfiaftiques qui font dans les ftalles du haut & dans celles du bas , & que cela feroit plus commode pour l'annonce des Antiennes. Mais telles que foient ces rai- fons, je ne les crois pas fuffîfames pour déranger l'ordre reçu; & de plus, comme on ne peut jamais voir tout un chœur géométralement à la fois, (ce Menuisier. II. Part. M m m ■ mumm m Planche 75- 2i6 MENUISIER, II. Partie. Chap. IV. qu'ils femblent fuppofcr ) , il eft irapoflîble que les Eccléfiaftiques des bafles flalles puiflenr empêcher de voir ceux qui font dans celles du haut , qui d'ailleurs font affez élevées pour ne rien craindre à ce fujet ; de plus , les ftalles ainfi dif pofées feroient toujours mal dans les bouts d'un chœur , & encore plus dans les paflàges. Section Troisième. De la Charpente dejlinée à porter les Stalles; la manière de les pofer, & une méthode générale pour divifer les Stalles en cul-de-four à en quart de cercle. Les ftalles font pofées fur un bâtis de charpente , ou pour mieux dire , de groITe menuiferie, puifqu'il eft néceiîaire que toutes les pièces qui le compofent, foient bien dreffees & coupées jufte à la forme & grandeur des ftalles ; c eft pour, quoi il eft bon que ce foit les Menuifiers qui les faiTcnt , & non les Charpen- tiers , ces derniers ne travaillant pas affez jufte pour cela ( du moins pour l'or- dinaire ). Le bois de ces bâtis doit avoir quatre pouces en quarré au moins pour les pièces principales ; les folives ou lambourdes qui portent les planchers pou- vant être plus minces , à condition toutefois qu'on les pofe fur le champ. Ce bâtis doit pofer dans toute fon étendue ftir des pièces qui poferont elles- mêmes fur le carreau , & dans lefquelles on alfemblera des montants qui porte- ront le bâtis du deffus ; & ces montants doivent être cfpacés de manière qu'ils ne fe rencontrent pas dans l'alferablage des lambourdes de delfus , aHn de ne point affoiblir la pièce qui les porte. Les lambourdes doivent auffi être diftribuées de manière qu'elles portent les patins des ftalles tant droites que cintrées , s'il arrive qu'il y en ait. On doit aulfi avoir foin que le derrière des bâtis tombe bien à-plomb du der- rière du patin des ftalles du haut , afin que le poids tant de ces dernières que des lambris qui peuvent être pofés delfus , ne fbit point en porte-à-faux fur les lambourdes , ce qui eft un grand défaut , parce que quelquefois la trop grande pefanteur fait caffer les tenons de ces dernières. Le devant du bâtis doit venir jufqu'au derrière des tenons qui entrent dans les fommiers des ftalles d'en-bas, en y laiffant toutefois un peu de jeu, afin de n'être pas gêné en pofant. ( Voye-^ la Fig. i .) On doit auffi obferver , dans la conftruélion de la charpente , les places né- celfaires pour les paftâges , afin de ne pas être obligé de le faire après coup , ce qui ôte toute la folidité de l'ouvrage. Au bas de ce bâtis, il faut encore en placer un fécond, lequel doit être affem- blé avec le premier , & fervir à porter le premier plancher ou marche-pied , ce qui eft la même chofe. En général , tous les bois de ces bâtis doivent être bien drelfés , ainfî que js Section III. De la Charpente dejlinée à porter les Stalles. 227 l'ai ditplus haut ; & on doi: avoir foin de les poferbien folidement flir une bonne maçonnerie , afin qu'ils ne talTent pas , & que tout l'ouvrage relie toujours droit & de niveau. P^oye^ la Fig. ^ , qui repréfente une charpente vue du dcfilis, & celles 3 & 4 , qui font les coupes de cette même charpente , l'une prife fur la ligne ;2 1 , & l'autre for celle c d , qui fo trouve à l'endroit d'un palîâge. Quant à ce qui regarde la dilpofition totale des chœurs , il n'eft guère poC fible d'en décider , puifque c'eft toujours la place qui fait la loi ; à moins que dans le cas de la conftrudlion d'une Eglife neuve , un Architefte habile ne fit entrer pour quelque chofe la dillribution des ftalles avec celle de tout l'édifice ; hors ce cas , il faut toujours fe borner aux places , ce qui quelquefois donne bien de la peine à arranger comme il faut. Tout ce que je puis dire , c'eft qu'en général toutes les ftalles doivent être d'alignement les unes avec les autres ; & que s'il arrive que l'on ait des parties circulaires , il faut que celles des bouts de ces mê- mes parties s'alignent auffi ; pour les autres qui feront comprifes dans la portion de cercle tant du haut que du bas , il faut les divifer de manière qu'elles aient aux environs de dix-huit pouces entre l'extrémité des mufeaux, c'eft-à-dire, à l'en- droit où ils font les plus larges , afin que fécart que leur donnent les rayons du cercle qui leur fort de direftion , fe trouve partagé également. Il faut faire attention que la partie circulaire foit toujours un quart de cer- cle , ou bien un quart d'ovale , afin qu'elle ne faife point de jarret à la rencontre des parties droites. On doitauffi prendre garde que les deux lignes qui terminent le quart de cer- cle ou d'ovale, paflent par le milieu d'un mufeau , afin qu'il ne fe trouve point de fialles d'une forme mixte , ce qui non-feulement eft ditHcile à bien faire, mais encore fait un très-mauvais effet. Pour remédier à ces inconvénients , je donne ici une méthode pour divifer les ftalles en cul-de-four , & celles dont les angles font un quart de cercle , afin que dans tous les cas poffibles , on puiffe voir d'un coup d'œil le nombre de ftalles cintrées qui peuvent entrer dans un chœur d'un diamètre donné , lefquelles di- vifions font pour un cul-de-four de 29 pieds & demi de diamètre , jufqu'à un de 41 pieds Se demi; & pour un quart de cercle depuis 7 pieds 8 pouces de rayon , jufqu'à un de 1 5 pieds 8 pouces , qui font à peu-près les grandeurs les plus ordinaires. Il eft à remarquer qu'à toutes ces divifions , les ftalles du haut & du bas font égales de diamètre pris du centre des mufeaux , Se que l'efpace qui eft entre les ftalles du haut & celles du bas eft toujours de trois pieds , qui eft la diftance que je leur ai donnée plus haut, ainfi qu'on peut le voir dans les Fig. I & 3 . ( * ) C* ) On obfcrvcra dan; cette Planche , que les cercles qui font marques d'une même lettre , in- diquent les ftalles du liant & celles du bas qui leur font correfpondantcs , comme, par exemple , les lignes £1, ou pour pins d'intelligence celles g, g, lefquelles viennent répondre à la Fig. j. J'ai anffi mis deux échelles aux deux côtés de la Figure 2 , afin qu'elles fervent à toures les di- visons, & que l'on puilîé aiiément voir quelles div fions peuvent convenir aux grandeurs que je fuppofe être données. 4î8 MENUISIER, II. Pamc, Chap. IV. ' Comme il eft des chœurs dont la place eft bornée , & auxquels on ne peut pas donner trois pieds de palTage ; dans ce cas , on ne met que quatre ftalles dans l'angle creux , & l'on fait venir les ftalles du bas en angle droit , avec l'atten- tion que leur plus grande faillie ne le pénètre pas. (Voye^ la Fig. r.) Pour que les ftalles cintrées falFent bien , il eft bon d'y mettre une ftalle droite au bouc de l'angle creux , afin que leur contour & celui des corniches des lambris de deflîis ne femblent pas s'arrêter. ( f^oy^ ^ la Fig. 4 ) . On a la coutume de terminer les extrémités des hautes ftalles par des confoles , lefquelles pofent fur un piédeftal qui règne à la hauteur des ftalles , & au pour- tour defquelles régnent les patins & l'appui de ces dernières , ainfi que je l'ai dit plus haut. Ces confoles ont ordinairement cinq à fix pouces d'épaifteur fur vingt pouces de faillie , & la hauteur du lambris dont la corniche fait refaut & tourne autour de ces dernières. Ces confoles font toutes ornées de fculpture ; & il en eft qui font très-belles , telles que font celles de Notre-Dame & des Char- treux ; cependant je crois que malgré l'ufage, on feroit bien de n'en point mettre à caufe du mauvais effet que font les retours de la corniche , lefquels deviennent trop petits , & ne fervent qu'à en interrompre le cours ; il vaudroit beaucoup mieux terminer le lambris par des pilaftres , & placer fur les piédeftaux des trophées ou des figures allégoriques au fujet. Quant à ce qui eft de la pofe des ftalles , on ne làuroit y faire trop d'atten- tion , tant pour la folidité que pour la propreté ; c'eft pourquoi avant même de pofer la charpente deftinée à placer les ftalles, il faut commencer par b'alîlirer fi la maçonnerie qui doit porter la charpente eft bien folide ; enluite de quoi on prend tous les alignements néceffaires tant de longueur que de largeur , afin de placer la charpente , & on commence à pofer les ftal- les du haut fous les patins auxquels on a attaché les premières planches du plancher , lefquelles s'attachent ordinairement avec des clous , mais il feroit mieux d'y mettre des vis, afin de rendre l'ouvrage folide. Quand les planches font ainfi arrêtées , on les attache enluite fur les lambourdes , puis on achevé de pofer le plancher ou le parquet , fuppofé qu'il y en ait. On doit placer derrière les ftalles du haut , des pièces de bois qui montent de fond , & fervent à foulager le plancher en portant le poids du lambris de deffus , & à empêcher les ftalles de renverlèr en arrière. Il faut auffi arrêter les ap- puis des hautes ftalles avec des pattes de diftance en diftance , afin d'éviter toute efpece d'ébranlement. Les ftalles du bas fe pofent enfuite , on les arrête ainfi que celles du haut , & on finit par la pofe du marche-pied , qu'il faut avoir foin de faire bien folide, & d'en bien faire porter toutes les contre-marches contre les bâtis de charpente , afin qu'elles ne fbient point fujettes à être enfoncées. On doit auffi bien prendre garde que toutes les ftalles fbient parfaitement pofées de niveau , & que leurs appuis fcient bien dreffés , ce qui en fait la principale beauté. S£CTiON III. Des Stalles ; leur con lruaion & décoration. 3^9 beauté. Voilà à peu-près tout ce qu'on peut dire touchant la pofe des fialles , vti que le refte dépend de la pratique & des différentes occafions qui fe rencon- trent. Il eft encore un autre ouvrage de Menuiferie relatif aux chœurs d'Eglifes , qui eft le revêtiiTement des piliers & des arcades, tant du choeur que du fanc- tuaire , fur lequel je ne faurois donner aucune règle certaine , vû les différents befoins & la plus ou moins grande dépenfe que l'on veut faire ; tout ce que j'en puis dire , c'eft que cette efpece de Menuiferie , quelque riche qu'elle foit, ne doit jamais être confufe ni reflembler à celle des appartements , que toutes fes parties doivent être graves , fimples , & dénuées d'ornements & de con- tours frivoles : les champs doivent être larges & jamais interrompus par aucun contour. Les bois doivent être d'une forte épailTcur & d'une bonne qualité, c'eft- à-dire , qu'il faut qu'ils ne foient pas trop tendres , afin de pouvoir mieux ré- fifter à l'humidité. Les ouvrages de Menuiferie qui revétilTent la nef de l'E- glife de Saint-Martin-des-Champs , & ceux de la nef de Saint-Sauveur du côté droit, font les meilleurs dans ce genre , qu'il y ait à Paris , tant pour la dé- coration que pour la bonne conftruélion. CHAPITRE CINQUIEME. Des Sacrijîies ou Tréfors en général. O N nomme Sacrifies ou Tréfirs , les endroits deftinés à ferrer les ornements &lesvafes fervants au fervicedes Eglifes.Us étoient autrefois nommés Veftiaires, parce que c'eft dans ces lieux que les Prêtres s'habillent ; c'eft pourquoi il faut qu'ils foient commodes à ces différents ufages. La principale Menuiferie d'une Sacriftie confifte dans plufieurs armoires de différentes formes & grandeurs, où l'on puiffe ferrer commodément toutes les différentes chofes dont on fe fert pour les cérémonies de la Religion. Section Première. Des Chapiers ; leurs proportions & conjlruclion. L Aprmcipale de ces armoires fe nomme C/iapier , laquelle eft la plus grande & la plus confidérable de toutes. Planches Elle confifte premièrement en un coffre ou bâtis de 11 pieds de largeur, fur 5 pieds & demi de profondeur, & 3 à 3 pieds & demi de hauteur, lequel eft fermé de quatre portes fur la largeur , qui fe brifent deux en- femble , & font ferrées deux à deux fur les deux pieds du chapier. Menuisier. II. Pan. N n n 81 & 82, 230 MENUISIER, Il Partie. Chap. V. Le dedans renferme des tiroirs qui ont 334 pouces & demi de hauteur, y compris le fond, fur 10 pieds & demi de longueur, & font faits en forme de demi-cercle. Ces tiroirs font compofés premièrement , d'un devant ou tête de 2 pouces Se demi d'épaifTeur au moins , fur la longueur & hauteur que j'ai dites ci-deflus. Dans ces têtes eft alFemblée une courbe ou cerce de 7 à 8 pouces de largeur , & d'un pouce d'épaifleur au moins , laquelle excède en dehors du ti- roir de deux pouces au moins. Au pourtour & fur le plat de cette cerce , & à la diftance de deux pouces du dehors , font allèmblés fept à huit montants de 333 pouces & demi de hauteur , lefquels ont 9 à 10 lignes d'épailTeur par le haut , & I à 16 par le bas , afin d'avoir aflez d'épailTeur pour y faire deux tenons pour les rendre plus folides. ( Il faut obferver que cette dilïerence d'épaifTeur n eft que par dehors , le dedans tombant quarréraent. ) Aux deux côtés de ces montants font faites des rainures de 4 à J lignes d'épailTeur , lefquelles cor- relpondent à une autre rainure qui règne tout au pourtour de la cerce. Dans ces rainures font placés des morceaux de bois rainés , lefquels y font arrêtés & fervent de côtés aux tiroirs. Leur fond eft rempli par des montants & des tra- verfes , lefquels font alTemblés tant dans la tête du tiroir que dans la cerce du pourtour à laquelle ils affleurent tant en delTus qu'en delTous. Ces montants & ce's traverfes ont deux pouces de largeur , & forment des vuides quarrés d'en- viron 6 pouces. Il eft des chapiers où les fonds des tiroirs font pleins , c'eft-à- dire, que les vuides des bâtis font remplis par des panneaux arrafés, ce qui eft inutile , parce que non-feulement cela les rend trop lourds , mais encore em. pêche l'air d'y circuler aifément , ce qui , pour peu qu'il y ait d'humidité , ex- pofe les ornements à fe gâter & à fentir mauvais. On a remédié à cet inconvé. nient en faifant ces fonds à claire-voie , ainfi que je Tai dit ci-defTus , & en les couvrant d'une toile forte , laquelle eft bien tendue & arrêtée au pourtour du tiroir. Au milieu de la longueur du tiroir , & au milieu de l'épaifTeur de la tête , eft percé un trou d'environ un pouce de diamètre , dans lequel pafTe un canon de cuivre qui eft arrêté aux deux extrémités , c'eft-à-dire , au-deflus & au-deflbus de la tête par deux plaques de cuivre qui font fondées avec ce canon , & par conféquent percées d'un trou au milieu , ainfi que ce dernier. Ces plaques foiu entaillées dans l'épaifleur de la tête du tiroir à laquelle elles affleurent, &y font at- tachées avec des vis. Au travers de ces trous , & par conféquent de tous les tiroirs, pafTe une barre de fer , ronde de la grofleur des trous , moins ce qu'il faut pour qu'elle ne frotte pas trop , laquelle eft fixée dans le deftus & le de/Tous du chapier, & fert d'axe à tous les tiroirs , lefquels tournent deflùs , & ne font fé- parés les ims des autres que par une rondelle ou plaque de fer de 2 à 3 lignes d'épaifTeur, ce qui eft le jeu néceflàire aux tiroirs. Ces rondelles de fer font per- cées à jour , ainfi que celles de cuivre , afin que l'axe paflè au travers i & on ;s:,:;i S£CT ION I. Des Chapiers ; leurs proportions & confîrucllon. 23 r les fait de fer & de cuivre , parce que ces deux métaux s ufent moins au frot- : tement que s'ils étoient d'une feule & même matière. ( Voyez les Fig. de la Planche 81 qui reprcfentent le plan & l'élévation d'un chapier ; & celle de la Planche 82 , qui repréfente la coupe & la vue perfpedlive d'un chapier dont prefque tous les tiroirs font ouverts, du moins en partie, ce qui en fait voir le mouvement. Quant à l'alTemblage des tiroirs & à leur forme , voyez les Fig. î , 2 & 3 de la Pl. 83 , qui repréfentent un bout de cerce alfemblé dans la tête d'un tiroir , & un montant en perlpeâive & en coupe. La Fig. 4 , même Planche , repréfente la ferrure des tiroirs ; celles ^ 8c6 , le canon de cuivre avec fa rondelle de fer ; & les Fig. 7 & 8 , l'axe de fer qui fert à retenir tous les tiroirs. Il y a deux manières de porter la circonférence des tiroirs; la première eft de pofer fix montants au pourtour , qui font affemblés des deux bouts dans le chapier , & fur lefquels , ainfi que fur les pieds de devant , font placées des poulies fiir lefquelles les tiroirs roulent. Cette manière eft la plus fimple , mais auffi elle eft la plus coûteufe , à caufe de la grande dépenfe qu'il faut faire pour les ferrer comme il faut ; ce que Ton voit rarement , la plupart de ceux qui font faits étant rudes , & fatiguant les tiroirs en les faifant reifauter, ce qui cepen- dant ne devroit pas être s'ils étoient bien ferrés , & que les poulies fuftènt bien faites. Pour que cette ferrure fût folide , il faudroit que toutes les poulies fu/îènt d'une forme conique , tendante au centre du chapier, afin qu'elles portalîènt éga- lement fur toute leur épaiffeur , qui doit être d'un pouce au moins , afin qu'elles ufent moins le bois ; il faudroit auffi que leurs axes fulTent mobiles , c'eft-à-dire , qu'ils tournaffent avec elles , & que les extrémités de ces mêmes axes fuffent auffi diminuées , fur-tout du côté des montants , afin qu'ils eulfent moins de frotte- ment. La ferrure des poulies devroit être attachée non fur des montants de bois d'où elles peuvent non-feulement fe détacher , mais encore baiiTer , ( ce qui caufe l'inégalité du frottement des tiroirs , ) mais fur des montants de fer qui feroient entaillés dans ceux de bois. ( Voye^ les Fig. g , 10 & 11 ). Mais comme cette ferrure deviendroit très-compliquée & coûteroit très cher , ainfi que je l'ai déjà dit , on a donné la préférence à la féconde manière de porter les tiroirs , que l'on appelle à coulijfeaux , laquelle n'exige aucune e^ece de fer- rure , & par conféquent coûte beaucoup moins cher. Cette féconde manière , eft de placer au pourtour de l'intérieur du chapier, = & à la hauteur de chaque tiroir , des couliffeaux qui excédent les bâtis de deux pouces , afin de porter les tiroirs. Ces couliffeaux ont 2 3 2 pouces & demi d'épaifTeur , & font affemblés à te- nons dans le pied de devant du chapier , & dans les montants du pourtour, fur lefquels ils paffent en enfourchement de 2 à 2 pouces & demi , ainll que je l'ai dit ci-deffus. Planches 82& 8j. Planche •i32 MENUISIER. II. Partie , Chap. V. Il faut auffi obferver de tenir un des coulilTeaux plus long de deux pouces que l'autre à la rencontre de chaque montant , afin de pouvoir aflembler en en- fourchement fur le plat, les deux bouts des coulilTeaux qui paffent par-delîùs le montant , pour les empêcher de haulTer ni de baiffer. Il faut auffi obferver de placer fur les couliffeaux un taquet ou mantonnet fous la rencontre de cha- que joint , ainfi qu'aux pieds de devant. ( Voye^ les Fig. a (5 4 , où font def- Cnés tous ces différents alfemblages. ) Il faut avoir foin que le deffus des couliifeaux {bit bien uni & de niveau de tout fens , afin qu'il n'y ait point de frottement , ou pour mieux dire , qu'il fbit égal par-tout. Le bout des couliffeaux qui efl afîèmblé dans les pieds de devant , doit être un peu abattu en defîlis , afin que le tiroir entre plus aifément. (_Foye^ La Fig. i. ) Pour faciliter le mouvement du tiroir , on arrondit le deffus des couliffeaux & le delîùs des tiroirs , de forte qu'ils ne portent qu'en un feul point , ce qui ôte beaucoup de frottement. ( Voyei^ la Fig. 3. ) Pour ce qui efl: de la largeur des couliffeaux , elle doit être déterminée par leur faillie & par fépaiffeur des montants auxquels ils doivent affleurer par der- rière , ce qui fait 4 pouces & demi à 5 pouces , les montants ne pouvant pas avoir moins que deux pouces d'épaiffeur. Le derrière des montants ainfi que des couliffeaux , doit être rainé pour rece- voir des panneaux minces que l'on met couchés , ainfi que les côtés des ti- roirs. ( Voyei la Fig. 2. ) Quant au bâtis du chapier , il fe fait' de bois de 2 pouces d'épaiffeur ; & on peut , lorfqu'il efl ifolé , pratiquer des portes par le côté , pour profiter de la place que kilfent les deux parties circulaires qui fo:it formées par les couliffeaux &par les montants. ( Voye^ la Fig. 2 de la Pl. 81. ) Pour ce qui efl du fond , il faut le faire d'afiiemblage comme le fond des tiroirs , afin de le rendre plus folide ; & Ton doit difpofer les montants qui portent les tiroirs , de manière que de deux en deux il y en ait un qui monte de fond, c'efl-à-dire , qui pofe fur le carreau de la Sacriflie. Le devant du bâtis des cliapiers doit être fort épais, afin de pouvoir placer folidement l'axe des tiroirs , lefquels défafîîeurent le devant du bâtis d'environ deux pouces , ce qui efl néceffaire pour que la ferrure des portes & les mains de fer que l'on met à chaque bout des tiroirs pour les faire tourner , ne nuife pas. Lorfqu'on veut faire ufage des tiroirs, c eft-à-dire , les faire fortir hors du chapier , foit en tout ou en partie , on les fait pofer fur un ou deux poteaux de bois d'environ trois pouces quarrés , dans lefquels font placées des roulettes à la hauteur de chaque tiroir , ou bien une feule qui fe place à chaque diffé- rente hauteur , ce qui efl moins coûteux , mais auffi moins commode , parce qu'on ne peut tirer qu'un tiroir à la fois. ( Voye^ les Fig. I & 2 de la PL. 82 , cotées aa.^ Ces SECTION 1. Des Chapicrs ; leurs proportions & conjlruclion. a^j Ces poteaux fc placent à une diftaiice & fur une ligne formée par la cir- conférence des tiroirs; on les pofe ordinairement dans un trou quarré que l'on fait le plus jufle poffible , ( Voyei les Fig. I & z de laPl.'èi , cote li,) afin qu'ils fe tiennent bien droits ; mais je crois que malgré l'ufige que l'on a de faire ces poteaux d'une feule pièce , il feroit bon d'y ajouter des écharpes par le bas en forme d'arcs-boutants , ce qui les empêcheroit de pencher d'aucun côté, & par conféquent de lailFer tomber les tiroirs , comme il arrive quelquefois lorfque le trou vient à s'agrandir ou le bois à s'ufer. J'ai dit plus haut que les tiroirs pofoient fur un ou deux poteaux , parce qu'il y a des cliapiers où il n'y en a qu'un , & d'autres qui en ont deux , ce qui eft la meilleure manière, parce que les tiroirs portent plus également, & que fi par hafard un des deux venoit à s'écarter , ils feroient foutenus par l'autre. Les portes du devant des chapiers doivent être arrafées par derrière , afin de les rendre plusfolides; & on feroit fort bien d'y mettre une barre à queue placée diagonalement dans fépailTeur du panneau , laquelle foutiendroit la retombée de ces mêmes portes , ainfi qu'on l'a fait à Saint-Sulpice. ( Foye^ la Fig. 2 , Pl. 8z , cote />. ) Les deiïïis des chapiers doivent être de bois d'un pouce & demi d'épailfeur au moins, emboîtés par les bouts avec deux ou trois clefs fur la largeur des joints. Il feroit beaucoup mieux de les faire d'alTemblage en forme de parquet, ce qui à la vérité , feroit plus coûteux , mais auffi plus folide. Les chapiers ne doivent pas pofer fur faire ou carreau de la Sacriftie , mais être élevés de 5 à 5 pouces , afin que l'air paffe par-delfous; de plus cette hau- teur eft néceffiùre pour placer un marche-pied de 2 à 2 pieds & demi de lar- geur, lequel règne au pourtour des armoires , &par conféquent au pourtour de la Sacriftie. Il eft encore une autre efpece de chapiers , lefqucls ne font pas fi coûteux ni fi difficiles à faire que les premiers. Ces chapiers confiftent en une armoire de 8 à p pieds de largeur , fur en- viron 7 pieds de hauteur , dans laquelle font pofées des potences fur lef- quelles on place les chapes toutes déployées ; c'eft pourquoi il faut leur don- ner 5 pieds à 5 pieds & demi de faillie , afin que les chapes y tiennent de toute leur hauteur ou longueur , ce qui eft la même chofe. Ces potences font pofées à pivots dans les fonds de l'armoire, & font dilpo- fées de manière que l'on pullfe les ouvrir & les fermer indépendamment les unes des autres , & qu'elles puilfent même être ouvertes toutes à la fois ce qui eft quelquefois néceffaire. Cette manière de faire les chapiers eft très- commode , parce qu'ils tiennent beaucoup moins de place que les autres ; de plus les chapes ainfi placées fe confervent mieux , & font moins fujettes'à fc froiiï"er , fur-tout quand elles font faites de grolfes étoffes ou de broderie. Voy, la Fig. I, qui repréfente un de ces chapiers dont toutes les potences font ran- Menuisier. II. Parc. O 0 o Planche 8j. i34 MENUISIER, II. Partie. Chap. VI. gées à leur place ; & la Fig. 2 , qui repréfente le plan de ces mêmes chapiers , où toutes les lignes ponéluées a a , indiquent les potences rangées dans l'ar- moire ; & les lignes ponéluées bb , les mêmes potences étant ouvertes , de forte que dans tous les cas les chapes ne puiffent point être gênées , les elpaces c c étant toujours égaux. Cette manière de pendre les chapes eft auffi très-bonne pour les tuniques & les chafubles , qui peuvent fe fuipendre par le moyen des portes-manteaux at- tachés à des tringles de fer, ainfi qu'on le pratique aux armoires de garde-robes. Voyei Us Fig. 3 (§• 4 , qui repréfentent deux porte-manteaux , l'un qui eft droit à l'ufage des tuniques , & l'autre cintré à l'ufage des chafubles. Il y a d'autres armoires d'appui , dont la hauteur doit régner à celle des cha- piers, dans lefquelles on met les chafubles & autres ornements de moyenne grandeur , lelquelles peuvent être décorées à l'extérieur comme les chapiers. Ces armoires doivent avoir 4 pieds 3 pouces de largeur au moins , fur 2 pieds & demi de profondeur ; il y en a dont le dedans eft garni de tiroirs dans lefquels fcnt placés les ornements ; mais la coutume la plus ordinaire eft d'y faire des tablettes à claire-voie , lefquelles pofent fur des coulifTeaux dans lefquels elles font retenues ; la diftance de ces tablettes n'eft pas déterminée , parce que le plus ou moins grand nombre d'ornements de la même efpece , & la grandeur de la place peuvent feuls en décider ; tout ce que je puis dire, c'eft qu'elle varie de- puis 4 jufqu'à 8 pouces. Au-delTus des armoires d'appui, on place d'autres armoires qui font de deux efpeces , félon leur deftination ; favoir , celles des facrifties des MefTes , & celles des grandes facrifties ou tréfors. (*) Celles qui font pour les facrifties des Meflès , ne doivent pas avoir plus de 2 pieds de haut , fur 1 5 à 1 8 pouces de largeur , leur ufage n'étant que pour ferrer les calices : au- deifous de ces armoires doivent être placés des tiroirs , dans lef quels on ferre les linges & autres chofes néceflaires ; de forte qu'il faut , du moins autant qu'il eft poiTible , que chaque Prêtre ait fon armoire particulière , & le tiroir qui eft deffous. Il arrive quelquefois que l'on eft gêné par la largeur des làcrifties ; dans ce cas , on élevé ces armoires d'environ 12 ou 15 pouces au- delîus de l'appui , & on les Ibutient par des confoles , ce qui donne plus de lar- geur à l'appui, làns pour cela en prendre davantage fur celle de la facriftie. Comme ces armoires ne prennent pas beaucoup de hauteur, il faut obferver de les placer du côté des croifées , afin de réferver le côté oppofé pour les grandes [*] Dans les grandes Eglifes, il efl de deux fortes de facrifties, i une que Ton nomme Sdcrijïie dss Mejfes; & l'autre que l'on nomme granit Sa- trijik ouTréfor. Dans la première , on ne met que les ornements propres aux MefTes , & par confé.ricrt qui de- mandent moins de place di'C in en 'a'ticulicr. Dans la féconde au contraire , fe placent les chapiers , l'argenterie de toute efpece , & gc'né.^ ralement tout ce qui eft nécelTajreatr fervice des Eglifes. Toutes les Eglifes n'ont pas deux facrif- ties ; cependant dans celles qui n'en ont qu'une, il faut faire en forte qu'il y en ait une partie dif- pofée pour un ufage , ôc l'autre pour l'autre , î6m que tout foit parfaitemem ea ordre. Des Confejfionnaux en générât, a^y àrmoifes , dans lefquelles on ferre l'argenterie , le linge , la cire & les autres ef- fets. En général, toutes ces différentes armoires doivent être extrêmement folides , à panneaux arrafés par dedans, d'une décoration noble & fimple. Voye^ /"i^. de la Planche 8(5, qui repréfentent ces différentes fortes d'armoires. Tous les marche-pieds doivent être d'affemblage , c'eft-à-dire , en parquet, ainfi que les deffus des armoires d'appui que l'on fera très-bien de faire de la forte. Ceux qui voudront voir de beaux ouvrages de ce genre , pourront voir la facril- tie de Notre-Dame , celles de l'Hôtel-Dieu , des Auguftins de la Place des Vic- toires, de Saint-Sulpice & de SaintJacques-du -Haut-Pas , dans lefquelles on trouvera tout ce qui eft néceflàire pour fe former le goût , foit pour la belle décoration dans les unes, ou pour la bonne conftruc5lion dans les autres. (*) CHAPITRE SIXIEME. Des ConfeJJlonnaux en général, de leurs proportions & confiruclion. L E s Confeffionnaux font encore de ces ouvrages d'Eglife affujétis à des grandeurs bornées, dont on ne peut point s'écarter pour aucune raifon que es puiflè être. Us font compofés de trois principales parties ; lavoir , d'une place pour le Con- feffeur, dans laquelle il puiffe être affis & appuyé commodément , & de deux autres places aux deux côtés pour les Pénitents qui doivent y être à genoux , de manière qu'ils foient un peu plus bas que le Confeffeur. On a jufqu'à préfenc beaucoup varié fur la forme & la décoration des confeffionnaux ; & comme cette partie a prefque toujours dépendu des Menuifiers, ils les ont variés à l'in- fini , cherchant toutes les formes & les contours qu'ils ont cru les ineilieurs , pour leur donner plus de magnificence, (& c'eft en quoi ils fe font fouvent trompés ; ) c'eft auffi dans ces fortes d'ouvrages où ils fe font appliqués à faire des courbes difEciles , afin de faire montre de leur habileté dans l'art du Trait ; c'eft pourquoi dans la plupart de ceux qui font faits à Paris , on trouvera beau- coup plus d'adreffe dans les cintres que de beauté dans la décoration. Ceux qui ont le plus de réputation à Paris, font ceux de Saint-Sulpice, les deux plus grands de ceux qui font aux Carmes dits des BiUettes , ceux des Théatins & des Mathurins. Comme il feroit trop long de rapporter ici toutes les dimenfions de ceux dont je viens de parler, je me contenterai de les citer , me bornant à ^ ( * ) Les Architcftes ne faiiroient trop prendre d'attention , lorfqii'il s'agit de !a condrodion d'une facriftie, tacit pour ce qui regarde la dif- tribution intérieure, que pour la garantir de toute efpece d'humidité ; c'eil pourquoi il ell boQ qu'elles foient toujours élevées au-deffus du fo! , airn que l'air puiffe paffer par-delfous, ce que l'on a pratiqué à celle de Norre-Dame , bâtie fous ia conduite d'un des plus habiles Architeifles de ce cemps. 1 VJ Planches Sy & 88. M E N U I S I E R , II. Partie, Chap. VI. ' ■ faire la defcription d'un qui eft dans l'Eglife des Religieufes de la Roquette ,' fauxbourg Saint-Antoine , que j'ai exécuté moi-même , lequel eft un réfumé de tous ceux que j'ai cités , & d'après les mefures defquels je fai fiiit. Le confeflionnal dont je lais la defcription , a 7 pieds 4 pouces de haut, pris du milieu du cintre , non compris le marche-pied de 5 pouces de haut , lequel règne au pourtour fur 6 pieds 4 pouces de largeur , & 2 pieds 8 pouces de pro- fondeur pris du milieu. Son plan eft cintré fiir toutes fes parties ; la place du Con- felfeur eft cintrée en ^ , & celle des Pénitents forme deux quarts de cercle en creux , avec deux pieds cormiers fur l'arrête. ( * ) La profondeur des côtés des Pénitents, eft de la pouces & demi, pris du devant des pieds cormiers au derrière de l'ouvrage ; & celle du principal corps ou place du Confelfeur , de 2 pieds 8 pouces de dehors en dedans. Cet ayant-corps eft cintré fur l'élévation en forme d'une demi-ovale , &le def fus des Pénitents eft cintré en S. Aux deux côtés de l'avant-corps règne un champ qui tourne autour du cintre , & fert à porter un chambranle de 3 pouces & demi de profil, fur lequel eft fer- rée la porte. La traverfe de ce chambranle eft faite de deux morceaux de bois de deux pouces d'épailîèur , lefqùels font joints enfemble par le milieu à traits de Jupiter ; la porte eft à double parement , & eft alfemblée en parement à cadres ra- valés avec un panneau taillé d'ornement , percé à jour. ( Voye:^ les Fig. i (5 5. ) L'entrée des Pénitents eft ornée d'un chambranle qui règne au pourtour , & qui vient mourir fur une plinthe à la hauteur du fécond marche-pied. Tout 1 ouvrage eft furmonté d'une corniche de 4 pouces de profil, dont le delTus fait champ avec des panneaux qui y font alfemblés , de forte que toute cette corniche & le de/fus du confeflionnal ne faffènt qu'une feule & même pièce , laquelle peut s'enlever indépendamment du refte. Il faut obferver que comme la partie du milieu de cette corniche couronne une demi-ovale , elle ne peut fe retourner d'onglet fur les deux côtés des Péni- tents ; c'eft pourquoi j'ai pris le parti d'y faire deux bouts d'enroulement , dan; lefquels l'extrémité des corniches des Pénitents vient mourir ; & les bouts des corniches , ainfî que les deux enroulements , font fbutenus par deux confoles , lefquelles embraifent les angles de l'avant-corps, & cachent le défaut inévitable qui fe trouve dans la corniche , ou du moins elles lèmblent le faire ; car il eft im- poflîble qu'il échappe à un homme connoilfeur. Fojy^^ les Fig. 1,3 ,6 & y , & celles 3 (& J , PA 88 , lefquelles font voir le développement de cette cor- niche , & la manière dont celle de devant s'enroule , & reçoit celle des Péni- tents , dont le profil eft indiqué par des lignes ponéluées dans la Fig. 5 , Pl. 88. Tout le dedans du confeflionnal eft aflèmblé à bouvement limple ; & j'ai pouiTé la précifion jufqu'à faire régner tous les champs , non-feulement fur les rives , (*) Onnommepkds cormierj, tous angles faillants arrondis , lefquels forment un pitaftre oubien un champ commun à deux parties, en recour Tune de fautre. mais Des Confejfronnaux ; leurs proportions & conjlruclion. 137 mais encore autour des marche-pieds , des lièges & des accoudoirs tant du Con- ŒS=ia- fefTeur que des Pénitents; de forte que pour fatisfaire à toutes les difKrentes Planches hauteurs & largeurs , j'ai été obligé de rapporter des panneaux & des traverfes ^7 & 88. plattes , & de raUonger des barbes de 3 à 4 pouces de profondeur. {Voyei Us P'^g-^^S&'i, qui repréfentent les différentes coupes de ce confeifionnal , prifes fur les \\gntsab,cd. Se ef, lefquelles coupes font indiquées fur la Fig. 5 , qui efl le plan du bas ; fur celle 6 , qui eft le plan du haut , & la vue du deffous du plafond ; & la Fig. 7 , qui eft le deffus de ce dernier. Voyez auffi les ^'g- 1 , 2 , 3 . 4 & de la Pl. 88 , lefquelles font les développements des Fig. ci-de(fus. En dedans du confeffionnal , & au-deffus du Confeffeur & des Pénitents , font des doubles plafonds , lefquels font affemblés dans les cotés & le derrière' du confeflionnal. Ces plafonds fuivent tous les contours extérieurs , de manière qu'il ne refte que deux pouces de champ en dedans des chambranles, ce qui eft la largeur de tous les champs du dedans. Foye^ /es Fig. ci-deffus. Le fiége du Confeffeur eft élevé de 16 pouces , & a 14 pouces de large au milieu, & environ 18 fur les angles, fur 2 pieds 5 pouces de long. Les accou- doirs du Confeffeur font élevés de 2 pieds j pouces du deffus du premier marche- pied , & ont 2 pouces & demi de largeur à l'endroit des jaloufies ; ils fe termi- nent en plinthe dans le refte de leur longueur. Les accoudoirs des Pénitents font de niveau avec ceux du Confeffeur , pris du nud du premier marche-pied ; ils ont 18 lignes de pente fur leur largeur, laquelle eft d'un pied, y compris la partie du bas, qui eft de 2 pouces , & retourne de ni- veau , & vient rétourner fur le côté en forme d'un quart de cercle. Ces parties en retour font affemblées à bois de fil, & font,ainfi que le fiége & les autres accoudoirs, embreuvées de toute leur épaiffeur dans les côtés du confeffionnal. ( F oyei les Fig. I , 2 , 3 , 4 , ô 5 , cote a, a.) Les jaloufies ont 13 pouces quarrés d'ouverture, & font rempli^ par un pan- neau percé à jour par des trous quarrés dont la diagonale eft prifeTur la perpen- diculaire du panneau , & dont les divifions font efpacées de manière qu'il refte la moitié d'un quarré au pourtour du panneau , afin que les angles ne fe cou- pent point. Ces quarrés ou vuides ont Sàç lignes de largeur ; & pour les faire on fe fert d'une efpece de bouvet , dont le fer a de largeur celle des quarrés , & qui defcend à la moitié de l'épaiffeur du panneau , de forte qu'après avoir fait des rainures diagonales d'un côté , on en fait de fautre en contre- fens des premières , ce qui évuide parfaitement les quarrés ; enfuite de quoi on arrondit toutes les parties faillantes. Il faut auffi obferver de pouffer les plates-bandes au pourtour du panneau avant de percer les trous , afin de ne point être expofé à caffet quelque partie , ce qui arriveroit fi l'on s'y prenoit autrement (*). tSlJnJ^l^ Saint-Sulpice un confeffionnal qui efl placé derrière le choeur , dont les jaloufies font tres-amltement faites, & qui mente l'attention des Connoiffeurs, CJ^iyt? la F^. S , Pl. 88. ; Menuisier, II. Pan. " p p p 238 MENUISIER, IL Partie. Chap. VI. — Il y a encore une autre manière de faire les jaloufies, qui eft de les faire de Planches tringles minces arrondies , que l'on attache l'une fur l'autre avec des clous d'é- 87 & 88 pingles; mais cette dernière manière eft mal- propre & peu folide. Voye^ la Fig. /, Pl. 88 , qui repréfente une partie de jaloufie , difpofée de manière qu'il refte des demi-quarrés par les côtés , afin que les panneaux ne fe coupent pas , ainfi que je l'ai déjà dit , ce qui arriveroit fi les angles des quarrés venoient à l'arrafement de la jaloufie , ainfi que l'indiquent les lignes ponâuées a, i ,de la même Figure. Les jaloufies font fermées de portes qui ouvrent en dedans du confeffionnal. Quelquefois ces portes ouvrent à coulifTes ; mais il eft beaucoup mieux de les ferrer avec de petites fiches , ainfi que font celles du confeflionnal dont je parle- {Voye^ la Fig. ^.^ Le pourtour des jaloufies eft enfermé par un champ dont les moulures profi- lent avec celles du panneau de côté , ainfi qu'aux autres confeffionnaux ; tout ce qu'il y a de différence , c eft que la traverfe du defiîis de la jaloufie , ne paftê pas de toute la largeur du côté , & qu'au contraire elle s'aflêmble d'on- glet avec le montant , & forme un angle rentrant dans le panneau. ( Fo_y«{ les Fig. j ê 4. ) Dans les côtés des Pénitents font embreuvés deux marche-pieds , ou pour mieux dire , deux agenouilloirs de 4 pouces de hauteur , lefquels for- tent d'entre les deux chambranles , & faillent en dehors en forme de demi- ovale. ( Voye'^ les Fig. i & 2, cote b. ) Le marche-pied de deflous eft élevé de 5' pouces, ainfi que je l'ai dit plus haut , & reçoit toutes les parties du confeffionnal qui y font embreuvées ; à l'endroit des principaux battants font percées des mortaifes , au travers defquelles paflènt des tenons qui font faits à l'extrémité des battants , qui font eux-mêmes percés d'une mortaife dans laquelle on fait paffer des clefs qui arrêtent tout l'ouvrage. ( Foye{ la Fig.c) , Pl. 88. ) Je ne pa|f|cai point ici des différentes courbes qui fè trouvent dans le cou- ronnement de ce confeffionnal, ni de la méthode dont je me fuis fervi pour les exécuter , réfervant cette explication à la partie de l'Art du Trait où elle ièra placée plus naturellement; au lieu qu'ici elle ne pourroit être que con- fufe & embarraflee , n'étant pas amenée par la théorie des chofes plus fim- ples que celles dont je parle. Je ne prétends pas non plus donner le confelfionnal dont je viens de faire la defcription , comme un exemple à imiter dans toutes fes parties ; je ne l'ai choifi de préférence à tous ceux qui font exécutés , que parce qu'il renferme en lui feul prefque toutes les difficultés de la théorie & de la main-d'œuvre qui fe rencontrent dans les autres , 8c que toutes fes parties , tant intérieures qu'extérieures , font traitées avec beaucoup de foin , ce qui eft peut-être le feul mérite qu'ait cet ouvrage. Je fuis moi-même très-perfuadé que les formes creufes & rondes dont il efi Section I. Des Chaires à prêcher. compofé , ne font jamais fort heureufes , & qu'une belle fimplicité leur aurok été préférable ; mais j'ai été obligé de me conformer à l'ufage reçu , n'étant pas le maître de faire autrement , puifque j'étois contraint de fuivre non les avis mais la volonté du Maître pour lequel je travaillois. Au refte , pour ce qui eft des dimenfions de hauteur & de largeur , on pourra les fuivre, parce qu'elles font très-bonnes relativement à ces fortes d'ouvrages, en ayant été mefurer plufieurs avant de faire celui-ci , & m'étant adrelfé à ceux qui s'en fervoient pour être inftruit des défauts ou des commodités qu'ils y trouvoient , afin d'éviter les uns & de copier les autres. Quoique les confelTionnaux faffent partie de la Menuiferie des Eglifes , il ne faut cependant pas les regarder comme une chofe néceffaire & comme faifant partie de leur décoration ; au contraire, ils ne font fouvent que les embarraifer Sc en gâter l'ordonnance , ainfi qu'on pouyoit le voir dans l'Eglife des ci-devant Jé- fuites de la rue Saint-Antoine , d'où ils ont été fupprimés , ( ce qu'on a fort bien fait.) On ne doit donc placer les confeffionnaux que dans les Chapelles ou dans d'autres endroits les moins apparents des Eglifes , parce que quelque ifiérite qu'ils ayent par eux-mêmes , ils ne peuvent jamais bien faire avec l'ordonnance totale de ces dernières. M Section Première. Des Chaires à prêcher. L E s Sermons & l'inftruélion des Peuples faifant une partie efTentielle de notre Religion , on s'eft fait de tout temps un devoir d'orner les lieux fervaht à cet ufage ; ce qui a tellement pafle en coutume , que l'on a cru que les chaires à prêcher, non-feulement faifoient partie de la décoration de nos Eglifes , mais encore que leur grandeur & leur décoration étoient d'une nécelfité indifpenfa- ble ; de cette opinion, il s'en eft fuivi que l'on s'eft fort peu embarraifé de gâter toute la décoration d'une Eglife , pourvu que l'on y fît une grande ou belle chaire à prêcher : ( car fouvent elles font plus l'une que fautre. ) On ne peut cependant nier qu'il n'y ait des chaires qui ne foient très-belles par elles-mêmes , tant pour leurs belles formes que pour leur parfaite exécution ; mais de quelque beauté qu'elles foient , elles font toujours un trcs-mauvai* effet , dans une Eglife dont le bâtiment eft fufceptiblc de décoration , où elles ne ref- femblent à rien , finon qu'à de greffes & lourdes maffes qui coupent & inter- ceptent la hauteur d'un pilier , ou bien qui bouchent une arcade de l'Eglife , ce qui eft encore pis. ( * ) Le Ch apitre de Notre-Dame de Paris , a pris un très-làge parti dans la conf- truélion de la chaire qu'il a fait faire il y a quelques années. Sans s'embarrafîèr C*] Les Chaires de Saint Rocli & de Saint Metry, faites de nos jours , ne font malireureufcment que des preuves trop feufibles de ce que je dis iei , quoique cependant l'une l'emporte infiniment fur lautte. 111. r 340 MENUISIER. IL Partie, Chap. FI. . de la coutume & des préjugés qui en font une fuite néceffaire , ces Meffieurs ont Planches f^j^ conftruire une chaire portative qui eft d'un très-bon goût , & ce qu'il y ade mieux ne nuit point dans l'Eglife , puifqu elle n eft apparente que lorfqu'on s'en fert , & que hors ce temps elle eft rangée dans un lieu où elle ne fauroit nuire. •• Je fais fort bien qu'il y a des Eglifes où les chaires font plus en ufage que dans la Cathédrale , où l'on ne prêche que dans certains temps de l'année ; au lieu que dans les Eglifes paroiffiales on prêche tous les Dimanches & Fêtes , ce qui rend les chaires plus nécelfaires. Mais toutes ces raifons ne peuvent l'emporter fur celles que je viens de dire plus haut. Les chaires ftables ne font bonnes que dans les Ecoles & dans les Réfedoires des Moines , où elles peuvent faire partie de la décoration ; ou enfin dans les Eglifes de campagne , qui ne font fufceptibles d'aucun ordre d'architeélure. Les plus belles chaires à prêcher de Paris , font celle de Saint-Etienne-du- Mont , faite fur les deiTcins de M. Leftocart , d'Arras , lequel étoit en même-temps Architeae , Sculpteur & Menuifier , dans laquelle une très-heureufe inven- tion eft fécondée d'une parfaite exécution ; celle de Saint-Gervais , celle des Jacobins de la rue Saint-Dominique , celle de Saint-Jacques-du-Haut-pas , qui eft trcs-fîraple , mais dont la rampe eft très-bien faite ; enfin celles de Saint- Sauveur SMe Saint-Hippolyte , qui ont été faites de nos jours. En général , les chaires font élevées de terre d'environ 6 à 7 pieds pris du nud de leur plancher ; leur appui doit avoir 2 pieds & demi de hauteur , ce qui fait 8 pieds & demi ou 9 pieds & demi en tout. Le dais , ou abat-voix de la chaire , doit être élevé d'environ 5 pieds au-deifus de l'appui , & excéder le dedans du corps de la chaire d'un demi-pied au moins de tous les côtés. Pour la grandeur du corps de la chaire , elle varie depuis 3 pieds & demi juf- qu à 4 pieds & demi & même.5 pieds ; cependant celles de 4 pieds de dedans en dedans, font d'une affez bonne grandeur. Quant à la forme de leur plan , il en eft d'oiSlogones , de quarrés-longs , dont les angles font arrondis ou rentrants en creux ; d'autres qui font ovales , d'au- tres dont la partie de devant eft bombée ; c'eft pourquoi il eft très-difficile de décider fur cette matière , tant les goûts font variés. Le delTous des chaires fe termine ordinairement par un cul-de-lampe , ou bien eft foutenu par des confoles , ce qui eft mieux , à caufe qu'elles ne femblcnt pas porter à faux. Il eft beaucoup mieux encore d'y mettre des confoles plutôt que des figures , ce qui eft contre la raifon & l'humanité. Pour ce qui eft de leurs rampes , on les fera les plus douces & d'un con- tour le plus agréable qu'il fera polTible ; on aura foin aufli de ne point faire d'angle à la rencontre des parties horifontales , parce que cela dérangeroit la lar- geur des profils , ainfi qu'on peut le remarquer à plufieurs de celles qui font faites ; c'eft pourquoi on doit faire enforte de faire des parties rondes à la rencontre des rampes avec les parties horifontales , afin d'éviter ce défaut ; c'eft ce Section II. Des Recables d'Autels ; leur décoration & proportions. 241 ce qui s'appelle en ternie d'ouvrier , /i^Ve une rampe avec raccords radoucis Quant aux ornements des chaires , ils doivent être graves , deftitués de toute efpece de frivolités ; on doit auflî éviter d'y faire des cintres d'une forme trop tourmentée , fur-tout dans les rampes , ainfi qu'on peut le voir dans la chaire des Carmes dits des BiUettes , qui eft un prodige de mauvais goût, dont cependant on ne voit que trop d'exemples. Quant à ce qui a rapport à la confiruftion des rampes , j'en parlerai dans la partie de l'Art du Trait , pour les raifo-ns que j'ai dites plus haut en parlant des confeffionnaux. Fqyq la PL 89 , qui repréfente une chaire à prêcher mobile avec les développements , & la Pl. 90 , qui repréfente une chaire à prêcher attachée à un pilier fuivant l'ufage ( * ). Section Seconde. Des Retables d'Autels; leur décoration & proportions, ainfi cjut de la décoration des Chapelles en général. S o us le nom de Retables d'Autels, on comprend non-feulement le corps de l'autel proprement dit , mais encore les revêtiflements de menuiferie que l'on place au-delfus. Anciennement on étoit beaucoup plus dans l'ufage de faire ces ouvrages qu'à préfent; car non-feulement on faifoit en bois le deffus des autels de chapelles , mais encore ceux des chœurs , appellés maître - autels , lefquels confiftoient pour l'ordinaire en un corps d'architeéture, compofé de colonnes, grouppées ou ifolées, prefque toujours couronnées d'un fronton, &quelque- fois par un attique , ainfi qu'on peut le voir au maître-autel des Chartreux , des Prémontrés de la rue Haute-feuille , des Pères de fOratoire , fauxbourg Saint- Jacques, & ailleurs. Mais comme ces autels devenoient trop difpendieux , ou pour mieux dire le goût ayantch^gé , ces fortes d'ouvrages ont été réfervés pour les chapelles, où l'on ne leur donne pas toute l'étendue des premiers , la place ne le permettant pas; c'eft pourquoi on fe contente de deux colonnes ifolées , ou feulement de deux pilaftres que l'on couronne d'un fronton , du moins pour l'ordinaire. On n'eft pas toujours obligé d'employer des ordres aux retables d'autels ; on peut for: bien y fubftituer des pilaftres de menuiferie , qui portent la corniche , & fer- vent comme de cadre à un tableau que l'on place au milieu. (*) Je ne donnerai pas ici d'autres deffeins de chaires à prêcher, ain(i que des difFérenrcs formes de leurs rarHpes, vû que ce ne leroir que multiplier les abus , & que de plus c'eft la place & la dépenfe que l'on veut faire , qui doit décider à ce fujec; le moyen le plus sur pour avoir une parfaite connoiffance de ces ou- vrages, étant l'examen de ceux qui font faits, & qui ont acquis de la réputation. Je ne par- lerai pas non plus de la manière de îespofer, parce que cela tient trop à leurs Jifférenres formes ; tout ce que j'en puis dire , c'eft que Menuisier. II. Part. les chaires à prêcher, ainfi que leurs dais, font foutenues par de fortes barres de fer, qui font fcellées dans les piliers qui les portent. Ces barres de fer font attachées au corps de la chaire par des boulons à vis avec ccrous. Se font recouvertes par la Menuiferie; de forte que toute cette ferrure n'eft nullement apparente. Quant à la forme & à la grolTeur de ces barres de fer , ce fera les différentes formes de la chai- re , ainfi que fa plus ou moins grande pefanteur qui en décideront; c'eft pourquoi on ne peut donner aucun precepre à cet égard. Qqq 241 MENUISIER, II. Partie , Chap. VI. ri : Il faut cependant avoir foin que ces pilaftres ne foient pas décorés comme Planche ^g^^. appartements ; au contraire , il faut que toutes leurs parties foient d'une exprelTion grave & ferme , ainfi que la corniche qui doit être décompofée de celle d'un ordre , c'eft-à-dire , qu'il faut qu'elle ait un larmier avec des cymaifes fopérieures & inférieures, & non pas des gorges & des becs-de-corbin, comme il s'en voit dans prefque toutes les corniches faites par les Menuifiers. On ne doit guère employer aux retables d'autels que les ordres Ionique , Corinthien & Compofite , & choifir l'un ou l'autre de ces ordres félon le rang du Saint fous l'invocation duquel l'autel eft dédié. C'eft pourquoi on doit y employer l'ordre Corinthien pour les Vierges, l'ordre Ionique pour les Femmes , & le Compofite pour les Doéleurs & les Martyrs ; l'ordre Dorique conviendroit cependant beaucoup mieux à ces derniers ; c'eft pourquoi on feroit fort bien de fcmploycr , pourvu toutefois qu'on le décore de tous les ornements dont il peut être fufceptible. Il ne faut pas que les bafes des pilaftres pofent à nud fur l'autel; mais il faut qu'elles foient élevées fur un focle d'environ un pied de hauteur, qui eft celle de deux gradins , avec le defllis defqucls il faut qu'elles régnent ; ce fera la mênre chofe pour les pilaftres de menuiferie, fous lefquels il faut mettre des focles ou retraites d'une hauteur égale à celle des gradins (*). Le coffre de fautel doit avoir 333 pieds & demi de hauteur , lur 2 pieds & demi de profondeur au moins; pour la longueur, c'eft fouvent la place qui la détermine , y en ayant depuis 7 pieds jufqu'à 9 & même 10 pieds ; ( je ne parle pas ici des maître-autels qui ont quelquefois 15 à 18 pieds de lon- gueur. ) Les autels doivent toujours être élevés plus que le fol d'une marche au moins , fi l'on peut en avoir trois cela ne fait que mieux ; la d erniere , ou pour mieux dire la plus haute doit former un marche -pied de a pieds & demi à trois pieds de largeur , fur la longueur de l'autel qu'il doit excéder d'en- viron 5 pouces de chaque côté. Ce marche-pied , ainfi que les maR;hes , doivent être d'alfcmblage en forme de parquet , afin de leur donner plus de propreté & de folidité ; il n'eft cependant pas abfolument néceffiiire que les marches foient d'affemblage ; mais quand on peut le faire , cela eft mieux. Le marche-pied, ainfi que les marches , doivent porter fur un bâtis de char- pente , dilpofé à les recevoir toutes également , afin qu'elles ne fléchiflênt pas. Quant à la forme des coffres d'autels , elle a fort varié jufqu'à préfent , où f*) n ne faut cependant pas croire qu'on ne puifle faire des retables d'autels fans que l'on y emploie des ordres d'Architefture ou des or- nements qui aient rapporta ces mêmes ordres ; tout ce que je dis ici n'ell que pour avertir que ces fortes d'ouvrages ne doivent reiïembler en au- cune manière à la Menuiferie des appartements ; que quand on fera de ces ouvrages fans y employer d'ordres ou d'expreJîions de ces mêmes ordres , on doit les décorer d'une ma- nière très-grave, de forte qu'ils n'aient rien de commun avec la Menuiferie ordinaire , que la conlîruftion. Les deux chapelles qui font aux deux côtés du chcKur de Saint -Roch, quoi- qu'excctitées en marbre , peuvent fcrvir de mo- dèles pour l'efpcce de Menuiferie dont je parle. Section IL Des Retables i Autels ^ leur décoration & proportions. 24, Ton femble donner k préférence à ceux qui font de la forme d'un tombeau antique fans aucun cadre m moulure qui relTente la Menuiferie en aucune façon - en quoi on a d'autant plus de raifon, que les autels étoient anciennement'éle- vés fur les tombeaux des Martyrs : cet ufige eft venu jufqu'à nous , puifqu'on ne conftruit point d'autels fans y mettre des reliques. Cependant , n'en déplaife à la mode , je ne crois pas qu'il foit fort néceifaire que tous les autels foient (comme on le dit) à l'antique, c'eft-à-dire , en forme de tombeaux ; je crois qu'un autel d'une forme quarrée , & au milieu du- quel feroit placé un bas-relief ou autres ornements analogues au fujet, feroit tout auffi bien que ceux qu'on appelle antiques , & beaucoup mieux que ceux qui font décorés à la moderne, dont le mauvais goût a donné lieu à une in- finité de licences, tous les Menuifiers qui avoient des autels à faire fc co- piant plus ou moins bien ou mal, félon qu'ils avoient d'adrelTe & de goût • Lorfque le delfus d'un autel eft fait en bois, il faut toujours y pratiquer dans le milieu de la longueur, un efpace quarré renfoncé d'environ un pouce, dans lequel on place une pierre; il faut auffi que ce deffus foit plus bas que le pourtour de l'autel, afin que les nappes que l'on met deffus, viennent affleurer ce dernier. Au-delTus & fur le derrière de l'autel, font placés des gradins qui font des efpeces de marches de 5 à 6 pouces de hauteur , fur 8 à 10 pouces ou même un pied de faillie, fur le/quels on place des chandeliers , des vafes & autres cho- fes fervant à la décoration des autels. Voye^ les Fig. I (& 2 , de la P/. <pr , le/l queUesrepréfentent deux autels décorés des différentes manières dont je viens de parler ci-delTus. Je ne parlerai pas ici de la conftruaion de ces fortes d'ou- vrages, c'eft-à-dire, de la manière de conftruire les colonnes & les entablements, parce que je me ftis réfervé d'en parler dans la partie de fArt du Trait, ainlî qu'on le verra ci-après. Le pourtour des chapelles eft ordinairement revêtu de Menuiferie à la hau- teur de 8 à p pieds au plus, y compris les corniches ; il en eft même dont l'aire eft revêtu de parquet , afin qu'elles foient moins fraîches pendant l'hiver ( * ). Les chapelles ne doivent pas avoir de lambris d'appui, ni par conféquent de cymaifes, ( ainfi qu'on le pratique à beaucoup d'endroits); mais il faut taire monter les panneaux de toute leur hauteur, & ne faire par le bas qu'un double focle , lequel peut avoir jufqu'à 16 pouces de hauteur, qui eft ceUe des fieges. La corniche de ces lambris doit être grave avec larmiers ; quelquefois on les profile en plinthe , que l'on remplit de poftes ou d'autres ornements courants. Ceux qui voudront voir des chapelle? bien décorées , pourront voir celles 244 MENUISIER, II. Farcie, Chap. VI. que l'on vient de faire à Notre-Dame de Paris ; celles de Saint-Louis de Ver- failles ; la chapelle de Saint-Jean, à Saint-Sulpice , qui quoique de marbre , pourroit bien être faite en bois ; les deux chapelles qui font à l'entrée du chœur des Chartreux , font auffi des chef-d'œuvres dans leur genre (*). Section Troisième. Des Porches ; leur décoration & confruclion. Planches ' Lis porches font des efpeces de veflibules ou portiques de Menuiferie , que l'on conftruit à l'entrée des Eglifes , afin qu'elles foient moins expofées aux injures de fair , fur-tout pendant l'hiver & dans les autres mauvaifes fai- fons , & aulTi afin que le bruit du dehors ne s'y faffè point entendre. Autrefois ces veflibules fe faifoient de pierres, ainfi qu'on peut le voir à plufieurs endroits, ce qui eft très-bien, parce qu'ils femblent mieux appartenir au refte de fédifice que ne font ceux de Menuiferie, qui, quelque beaux qu'ils puilfent être, ne font jamais d'une décoration analogue au refte de l'édifice. Il eft de deux efpeces de porches ; fçavoir , ceux qui font totalement ifolés tant fur la hauteur que fur la largeur , & ceux qui font partie de la décora- tion des tribunes , dans lefquelles font ordinairement placés les Orgues , tels que font ceux de Saint-Martin-des-champs , de Saint- Viilor , de la Sainte-Cha- pelle , &c. Ces derniers font beaucoup mieux que les premiers , parce qu'ils font ordi- nairement décorés d'un ordre d'Architeélure , colonnes ou pilaftres , déco- ration qui eft beaucoup plus grave que n'eft celle de la Menuiferie ordi- naire. En général , les porches font compofés d'une porte principale , & de deux portes de côté ; la principale qui eft au milieu doit être à deux vantaux , & avoir depuis 6 pieds de largeur jufqu'à lo ou 12 , félon la grandeur de l'Eglife ; pour celles des côtés , elles ne font qu'à un vanteau , du moins pour l'ordinaire, & ne doivent pas avoir moins que 3 pieds de largeur, afin que deux perfonnes puiflent y pafter commodément. ) Je ne m'étendrai pas davantage fur la décoration des chapelles ni de leurs autels, parce qu'elle tient beaucoup à rArcîiitefture proprement dite, de laquelle je ne donnerai ici aucune régie, parce que je ne le faurois faire fans m'écartcr de mon fujet, & augmenter con- lîdérablement cet Ouvrage. C'eft pourquoi , & je ne faurois trop le répéter, les Menuiiiers doi- vent faire une étude particulière des principes d'Architedure , ( ainfi qje je fai dit dans la pre- mière Partie de ccr Ouvrage , ) non pas de ces principes qui fc bornent à une connoinancc imparfaite des cinq Ordres , mais il faut qu'ils connoiifeut toutes les parties qui dépendent des Ordres, ou qui leur font accclToires, les rapports qu'elles ont les unes avec les autres, & toutes enfemble avec l'Ordre, ce qui demande beaucoup de temps & d'application , non-feule- mcnt de la patt de ceux qui apprennent , mais encore de ceux qui leur enfeignenr, rien n'é- tant fi commun que de voir des gens qui s'in- gerent d'enfeigner l' ArcIiiteLÏure , qui n'ont eux- mêmes aucune connoilfance des principes de cet Art ; c'eif pourquoi il feroit fort à défirer que ceux qui fe propofent pour l'enfeigner , fuiïenc examinés par l'Académie d'Archi réélu re , fans l'approbation de laquelle ils ne pourroicnr pas cnfeigner , ce qui feroit une précaution très- utile à la perfeàion & à la confccracion des Arts. Section III. Des Porches ; leur conjiruclion è d'écorauon. 24 j Je ne donnerai pas ici de règles couchant la forme & la décoration des por- ches, de quelque efpece qu'ils foient ; tout ce que je puis dire, c'eft qu'en géné- ral leurs formes & leurs décorations doivent être graves & dénuées de petites par- ties ou de formes trop tourmentées ou qui relTemblent trop à la Menuift;rie des appartements. Quant à ceux qui font ifolés , on peut les terminer en forme d 3- mortiflêment , ce qui fait un fort bel elFet (*). Pour ce qui eft de leur conftruclion , elle doit être très-folide , & on ne doit rien épargner pour y mettre des bois d'une force & d'une qualité convenables. Les porches font pour l'ordinaire à doubles parements ; mais lorfqu'ils font d'une certaine grandeur , il eft bon de les faire de deux Menuiferies appliquées for un bâtis de charpente , ce qui leur donne plus de folidité & en même temps plus de grâce , en ce qu'on peut donner plus de faillie aux avant & arrière- corps qui les compofent , ce qui fait un plus bel effet , fur-tout quand ces fortes d'ouvrages font d'une certaine grandeur , ainfi que je l'ai dit plus haut. Le plafond du dedans des porches doit auffl être décoré de Menuiferie d'une richelTe Se d'une forme relative au refte de l'ouvrage. Ces plafonds peuvent auffi être faits en voufTure, ce qui fait un fort bel effet. Voyez la Pl. 512 , qui re- préfente un porche formant tribune avec ordres & làns ordres d'Architeâure ; & la Pl. , qui repréfente un porche ifolé avec tous fes développements. CHAPITRE SEPTIEME; Des Buffets d'Orgues m général. X) E toutes les parties qui compofent la Menuiferie des Eglifes , il n'y en a point qui demandent plus d'attention que les Buffets d'Orgues , foit de la part du Décorateur, foit de la part du Menuifier , lùppofé que ce dernier ne foit pas l'un & l'autre. Je ne parlerai pas ici du méchanillne de l'orgue , cette partie étant tout-à-fait étrangère à mon fujet ; je rae bornerai à donner des règles générales touchant la décoration extérieure de ce bel inftrument. Quant à la conftruélion des buffets , je la détaillerai autant qu'il fera nécellliire pour leur folidité & afin de donner toutes les aifmces convenables pour pofer & placer toutes les pièces qui com- pofent l'orgue. Il feroit fort à fouhaiter que les Menuifiers , & généralement tous ceux qui préfident à la décoration d'un buffet d'orgue , euflënt au moins (*) Ceux qui voudront voir de beaux Por- ches, pourront voir ceux que j'ai cirés ci-def- ius , ainfi que ceux de Sainr-Loais du Louvre , des Cannes déciiaulTés , des Chartreux & de la Sorbonne , dans le nombre dcfquels il y a ce- pendant beaucoup de choix à faire, fur-tout quant à ce qui a rapporr à la forme des contours Menuisier. H. Parti ôc des ornements, lefquels , dans les ouvrages que je viens de citer, ne Ibntpas tous également convenables & bien choifis. Je donne ici un exemple de ciiaque efpece de porche , afin que l'on puiffe connoitre la forme qui leur eft con- venable , & la différence qu'il y a entr'cux; Rrr flANCHE Pi. menuisier. Il Partie. Chap. VU ' quelques notions générales de l'intérieur d'un orgue, afin de ne pas faire ( con,me il arrive très-fouvent) des buffets d'orgues d'une trcs-bqlle apparence', a la verke , mais dans lefquels le Fafteur ne peut point placer commodément toutes les part,es qui compofent cet inftrument. C'eft pourquoi au défaut des conno,irancesquejeleurfouhaiterois,il faut au moins qu'ils ne déterminent nen, tant pour la décoration que pour la conftrudion d'un buffet, fans au- paravant s être concerté avec le Facteur d'orgues , pour favoir au jufie les prin- opales mefures & dimenfions , la longueur, la profondeur, les hauteurs des différentes parties des buffets, la difpofition de certains endroits, & les for- mes qm leur font les plus convenables, afin de ne rien faire qui puiffe être nmfible au travail du Faéfeur d'orgues, auquel je fuppofe toute la fcience necellan-e a fon état, & une connoiffance du moins élémentaire des Arts qui concourent à la perfedtion du ficn. Section Pre M I E R E. De la dca ovation des Biiffas d'Orgues ; & leurs proportions. On nomme Buffe: d'Orgues toute laMenuiferie qui fert à contenir & à orner cet mftrument , laquelle Menuiferie eft plus ou moins riche ou différemment conftru.te félon la dépenfe que l'on veut faire , félon le lieu où l'on veut placer le buffet d orgues, la forme & la grandeur qu'on veut lui donner (*) . -l'.^' devoir avenir ic! que toutcc que ,c vais cire touclianr la dccoracion des buflets d orgues, ne doit pas erre regardé comme une Joi : je me conforme feulement aux ufages reçus la décoration ordinaire de nos buffets n'étaiu pas exempte de défauts , vu les portcs-à-faux qui y lont en grand nombre , la monotonie des pla- tes laces & des tourelles, enfin les diffcrerites haureurs & largeurs de ces dernières ; ce qui fait d autant plus mal , que les mêmes membres d'Ar- cliitcaure rournant au pourtour de toutes , font ou trop légers pour les unes, ou trop lourds pour les autres , ce qui eft un très-grand dé- faut , lans compter le mauvais effet des ligu- res & des ornements , qui fouvent y font placés fans choix & fans vraifcmblance. Ce font ces différentes réflexions qui ont engage plufieurs pcrfonncs a fouhaiter qu'on donnât aux buffets d orgues une décoration plus régulière , ce qu'on a fait en iTubflituant des ordres d'Architeaure aux plates-faces & aux tourelles , de forte qu'il n y a aucun tuyau apparent , ainfi qu'on l'a fait a 1 orgue de Samt-Remi de Luncville & à celui opy a eré projetté pour S.iint-Sulpice , à Paris : mais il faut remarquer que fi cette dernière cf- pece de Jccoration eft plus régulière que la pre- mière , elle a le défaut de pécher contre la vrai- iemb ance en fupprimant les tuyaux de la mon- tre , lefquels caradérifem & annoncent l'inflru- rient. C eft pourquoi , je crois que fans s'attacher aux ulagcs reçus touchant la forme & la déco- ration des buflets d'orgues, on pourroit ima- gmer des decoianons qui enttaflent pour quel- que cliofe avecl'oidonnance totale de l'édifice dansfcqucl ces buffets feroient placés , en con- fcrvantloutefois des tuyaux apparents, ce qui li-foit u autant plus aifc à faire, que le nombre des tuyaux de la montre d'un faufîiît d'of/ue 11 en pas>orné , vu que s'il y en a tiop en mon- tre , on peut n'en faite parler qu'une partie ; & que fi au contraire il n'y en a pas affez on peut en placet d'autres au dedans. Quant à leurs dificrentes hauteurs, on pourroit y remé- dierai les ouvrant par derrière, à la hauteur que le t atteur )ugeroit à propos , ce qui me fait croire qu il ne feroit pas impoiTible de donner aux buffets d'orgues , une décoration route dif- férente de celle qu'on leur a donnée iufqu'à prelenr , a condiuon tourefois qu'on ne fît nen fans auparavant avoir pris les avis d'un fadeur d orgues habile, qui voudroit facrifier quelqtc chofe à la décorarion extérieure , en changeant , autant qu'il feroit nécefliaire, le mé- canifme de fon inflrumenr, & en s'écartant de certaines pratiques , qui fouvenr ne font fon- dées que fur l'aucienneré de l'ufagc , &. quel- quefois fur des préjugés , ce qui ell encore pis. Section 1. De la décoration des Buffets d'Orgues ; leurs proportions. 2 /^f Il eft de trois efpeces de buffets d'orgues ; fçavoir , les grands, Iss moyens & \cs petits. Les grands buffets d'orgues ont trois parties : un pied ou raaffif , une montre qui eft elle - même compofée de plates-faces & de tourelles, & un bâtis ou coffre de Menuiferie. Au devant & à quelque diflance de ce premier buffet , eft placé un autre plus petit, que l'on nomme pofîtif, lequel eft compofé de tourelles & de plates- faces, ainfi que l'autre, (ce qui eft commun à toutes les trois efpeces d'or- gues). Ce petit buffet ou poiStif n'a point de maflîf; mais les tourelles pofent au nud du fol de la tribune , & quelquefois defcendent en contre-bas en forme de pendentifs. Les moyens buffets d'orgues font ceux qui font compofés d'un maflif & d'une Montre, ainfi que les grands, mais qui n'ont point de pendentifs. Les petits enfin font des efpeces de pofitifs , lefquels par confëquent n'ont point de maffifs, & qui font propres à Fufage des petites Eglifes, dans lefquelles un grand buffet d'orgues ne peut pas être pofé fans inconvénient. Toutes ces trois efpeces de buffets d'orgues font entourées de Menuife-'e , tant par derrière que par les côtes & par le deffus , pour garantir Se conferver l'intérieur de l'orgue. On pratique auffi dans les derrières & par les côtés des buffets d'orgues, des portes d'une grandeur fuffifante pour pouvoir y paf- fer commodément, & pour travailler à l'intérieur de l'orgue , aiafi que je le dirai en {on lieu. Le pied ou maffif d'un orgue, eft un corps de Menuiferie qui fe-t à élever la montre, & dans la hauteur duquel font placés les claviers des pédales , & les claviers à la main, les regiftres, les abrégés, ainfi que tout le méc'ani&e intérieur qui fait jouer tout l'inftrument. Ce maffif fert auffi de fou- baffement à toute la face de l'orgue ; c'eft pourquoi il faut , du moins autant qu'il fera poffible, que fa hauteur, y compris la corniche qui le couronne , ne paffe pas les deux tiers ou environ de la hauteur de la montre , prife du deffus de la corniche du maffff au-deffus de la moyenne tourelle , afin que la hauteur du maffif ne difpute point avec celle de la montre , laquelle doit dominer. Les tourelles font des parties de la montre , qui faillent du nud du de-^ ant du bâtis de cette dernière de la moitié de leur largeur , plus environ un feptieme de leur diamètre , de forte qu'elles forment un demi-cercle par leur plan, dont le centre eft éloigné du devant du buffet d'environ un feptieme du diamètre de ce même demi-cercle , ainfi que je l'ai dit ci-deffus. La corniche qui couronne le maffif du buffet d'orgues , doit tourner au pour- tour des tourelles, ou pour mieux dire, leur fervir de bafe; & le deffous de ces corniches ( à l'endroit de chaque tourelle) eft terminé par des culs-de- lampes, ou foutenu par des confoles , ce qui eft mieux. Il y a des buffets d'or- gues où l'on met des figures en forme de Cariatides , ou des buftes terminés par 248 M E N U I S I E R, II. Partie , Chap. FIL în=r2=s des pilaftres en guaînes à la place de ces confoles , ce qu'il faut éviter. Cette Planche manière de foucenir les tourelles paroît contraire à la vraifemblance & à l'hu' manité. Le delTus des tourelles eft couronné par un entablement d'une hau- teur proportionnée à celle des tourelles , c'eft-à-dire , qui n'aura jamais plus de hauteur que le fixieme de la tourelle au plus , & le dixième au moins. Cet entablement tourne autour du corps de la tourelle , excepté par derrière , où cela feroit inutile. Le deflus de cet entablement eft terminé par des amortif- fements, fur Icfquels font pofées des figures ou des trophées de mufique, ce qui eft encore mieux. En général , il faut éviter que les corniches tant du deifiis que du delfous des tourelles, falfent trop de reffaut , parce que non- feule- ment ces petites parties font mal, mais encore deviennent inutiles, ne pou- vant pas s'appercevoir d'en-bas , pour peu que l'orgue foit élevé. Les plates-faces font des parties de la montre qui font comprifes entre les tourelles , & qui font arrafées au corps du buffet d'orgues ; leur hauteur eft toujours moindre que celle des tourelles , & n'eft prefque jamais terminée de niveau , parce que la traverfe du haut fuit la pente que forme la diminu- tion des tuyaux , félon la manière dont on les arrange. Le haut des plates-faces eft terminé par des travcrlès chantournées & taillées d'ornement , qui font or- dinairement percées à jour ; ces ornements defcendent de 5 à (5 pouces en contre- bas de delfous de la traverfe du bâtis , & fervent à retenir les tuyaux de la mon- tre , & à en cacher fextrémité fupérieure : ces efpeces de traverfes percées à jour , fe nomment claires-voies ou clairs-voirs. Le haut des tourelles , immédiatement au-delTous de l'entablement , eft aulîî terminé par des claires-voies , dont l'ufage eft le même qu'aux plates-faces ; c'eft pourquoi il faut que le diamètre intérieur des claires-voies des tourelles , foit éga' à celui du focle qui porte les tuyaux , afin que ces derniers foient tou- jours d'à-plomb. Quant à la forme générale des buffets d'orgues , elle a toujours fort varié : car il en eft de droits fijr leur plan , d'autres d'une forme ronde , d'autres creux , enfin d'autres en S ou bien avec des relTauts ; mais en général ceux d'une forme quarrée font les meilleurs pour la folidité de la conftruélion , ainfi que je le démontrerai cî-aprcs. Cependant il faut éviter de les faire d'une forme bombée fur le milieu, parce que cette forme éloigne trop le fommier , ce qui alors oblige de faire un renfoncement dans le milieu du raafTif, dans lequel on place le clavier , afin que la communication de ce dernier avec le fommier , fe falTe d'à-plomb ; ou bien fi on veut que le devant des claviers affleure le maffif , on eft alors obligé de multiplier les mouvements pour la communication du clavier avec les abrégés , qui alors fe trouvent affcz loin de fà-plomb du clavier , ce qui eft un inconvé- nient qu'il faut éviter , parce que l'inftrument n'eft pas fi folide , & ne va pas fi bien. Pour Section 1. De la décoration des Buffm d'Orgues ; km proposons: 14^ Pour ce qui eft de la décoration des buffets d'orgues , elle a aufll fort varié ; cependant il faut qu'elle foit toujours dirigée par la vralfemblance & le boa goût. C'eft pourquoi il faut prendre garde de fe laliTer féduire par les exemples de ceux qui font faits, lefquels (du moins pour le plus grand nombre) n'ont d'autre mérite que beaucoup de iiardie/Te dans l'exécution , mais dont prefqua toutes les parties font contraires aux loix de la poffibilité, ou du moins da la vraifemblance , ce qui eft fort à confidérer. Il faut aufiî y éviter les petites parties , tant dans l'architefliure que dans les ornements , lefquels étant faits pour être vus de loin, doivent toujours compofer de grandes malTes. On a aufll la coutume de faire faillir les deux cotés de la montre au-dc(lus du mafiîf , de k largeur de la tourelle de l'angle, ce qui fait un porte-à-faux que l'on racheta, par des confoles qui foutiennent , ou pour mieux dire , femblent foutenir les deux tourelles & les deux côtés du buftet. Je ne fii la raifon qui a obligé à faire cette faute à prefque tous les bulTets d'orgues , ( car enfin tout porte-à-faux en eft une très-grande), puifque cette inégalité de largeur du mafllf & delà montre d'un buffet d'orgue , au lieu de faciliter l'exécution de la mécani- que intérieure de l'orgue , ne fait que la rendre plus compliquée ; car elle oblige à faire un ou deux tirages de plus pour les jeux de pédales ; c'eft pour- quoi je crois que fi , malgré l'ufage , on faifoit tomber à-plomb les côtés de montre d'un buffet d'orgue avec ceux de fon maffff , on feroit beaucoup mieux , & l'ouvrage n'en auroit pas moins bonne grâce, (*) Le maflîf d'un buffet d'orgue , eft orné de piluftres & de panneaux , leC quels répondent aux tourelles & aux plates-faces de la montre , c'eft-à-dire , qui tombent à-plomb de ces dernières; le milieu eft occupé par une ouverture qui fert à placer les claviers & les regiftres. Quand un buffet d'orgue eft d'une certaine richeffe , on peut orner le pourtour de cette ouverture d'un cLarabranle,' ce qui fait alTez bien. La corniche qui couronne le maffif , doit toujours avoir à-peu-près la forma d'un entablement régulier, c'eft-à-dire, qu'elle doit être compofée d'un archi- trave , d'une frife & d'une corniche , parce qu'il eft néce/Taire que la frife fa levé , ainfi que je le dirai ci-après. Le refte du corps du mafiîf eft formé par des panneaux de Mcnuiferie ^ affemblés à petits cadres, ou même à moulures fimples ; & on y obfervera une porte par derrière , & quelquefois par les côtés. (Fojei les Fig. 2 ê 4 ) j Le pourtour du deffus du buffet eft auffi fermé de Menuiferie , ainfi que le maffif ; pour ce qui eft du derrière , on y fait des portes fur toute la largeur d'environ 2 pieds de large chacune , fans avoir aucun égard à la diftribution du devant , parce que cela gêneroit pour travailler à l'intérieur de l'orgue. PlANCHS (*) Je ne connoîs à Paris qne le buffet d'or- gue de Siinte Geneviève , où fon ait évité Je porte-à-fiux , n'y ayant que les tourelles qui Menuisier. IL Parc. foientdani ce éas , ce qui eft ine'vitable, à moins que de faire fu ivre au niafîif les contours dcstOUi relies , ce qui feroit un mauvais cifct. S s S -g, iS6 M E N U I S I E R,I LPank , Chap. VIL «= Le bas de l'ouverture de ces portes doit être placé au niveau du de/Tus de Planche l'architrave du niaffif, afin qu elles foient vis-à-vis des fommiers dont le delTous eft placé au-delTus de l'architrave. Quand le bufFec d orgue ell très-grand , on fait des portes fur ie derrière des tourelles au lieu de panneaux fixes ; ce qui efl: commode en certains cas aux Fac- teurs pour travailler dans l'orgue: mais lorfque le buffet n'eR pas bien grand , on fait des panneaux de Mcnuiferie au-defTus des portes de derrière, qui font toujours affez grandes , pourvû qu elles ayent 5 à 6 pieds de hauteur. Le deiFus des buffets d'orgue doit auffi être fermé par des plafonds , & ce que les tourelles excédent au-deffus de ces derniers, doit être revêtu de pan- -Iieaux de Mcnuiferie , ainfi que le refte de l'ouvrage. ( Voyei les Fig.i,J.&^). Pour ce qui eft de la grandeur des tourelles , ce fera celle de l'orgue qui la déterminera (*) ; cependant il eft bon de favoir que ces mêmes tourelles ont cîes proportions qui leur font propres , c'efl-à-dire , qu elles doivent avoir des ■ largeurs proportionnées à leur hauteur, & que leur renflement doit aufïï être en proportion avec cette même largeur ; c'ell pourquoi je vais donner une table de ces mefures , afin qu'on puifTe voir d'un feul coup d'œil la largeur des tourelles , comparaifon faite avec leur hauteur , ainfi que leur renflement, IXabk de la hauteur & de la largeur des T ourelles , félon la grandeur des Jeux, que l'on doit mettre en Montre. Grandeur des Jeux, oureîle de 32 pieds. 2. de 32 pieds. 1 . de 24. pieds 2, de 24.pieds 1. de 21 pieds 4 pouces. 2. de 21 pieds 4 pouces. . de pieds . de pieds , de 16 pieds . de 16 pieds _ . de 12 pieds 2. de 12 pieds de 5 pieds de 9 pieds de 8 pieds, de 8 pieds, . . de 6 pieds, 2. de 6 pieds 1 . de 4 pieds 2. de 4 pieds 1. de 4 pieds, 2. de 4 pieds, 1 . de 3 pieds. 2. de 3 pieds. 6 pouces. 6 pouces. <^ pouces, (j pouces. Largeur des tourelles du dedans €n dedans. j pieds 6 pouces de large. j pieds 2 pouces <j. pieds 6 pouces 4 pieds 3 pouces 6 lignes. 4 pieds I pouce 8 lignes. 3 pieds lopouces 4 pieds j pieds 7 pouces 2 lignes. 3 pieds 5 pouces 3 pieds I pouce 4 lignes. 2 pieds 6 pouces 3 lignes. 2 pieds 3 pouces 6 lignes. 2 pieds I pied 10 pouces I pied 8 pouces I pied 6 pouces 3 lignes. I pied 3 pouces S lignes. I pied 2 pouces 10 lignes. I pied I pouce 4 lignes. 1 pied o 8 lignes. 1 pied o 8 lignes. o II ponces 8 lignes. o 10 pouces o 9 pouces Rendement des lourdles. 9? de renflement pouces 7 pouces 7 pouces 7 pouces 7 pouces 6 pouces 6 pouces 6 pouces 6 pouces j pouces 5 pouces 4 pouces 6 lignes. 4 pouces 6 lignes. 4 pouces 4 pouces 3 pouces 5 pouces 2 pouces 6 lignes. 2 pouces 6 lignes. 2 pouces 2 pouces I pouce 6 lignes. I pouce 6 lignes. Hauieur des wurdUs. du dedans en dcdara, 35 pi S6 pj 28 p. 28 p' 2; p 2$ P' 22 pi 22 p. ip p iS> p 14 p P lï p: Il pi 9 P p p. de haut eds p pouces, eds 2 pouces, eds 2 pouces, eds eds.. ds.. ■ds.. eds eds eds , , eds eds 6 pouces, eds 6 pouces, '.eds eds.. eds eds eds eds ds eds (*) Hz n'etl pas proprement dit la grandeur *3c Torouc qui donne celle des tourelles, mais c'efl la'granJeur des plus grands aiyaux de la sïioatre , qui donne cette proportion ; c'cii pour- quoi les Faacurs d'orgues appellent , par exem= pie , un orgue de 16 pieds celui dont les tuyaux des 'plus grandes tourelles, (s'il y en a deux pa- reilles, ou de la plus grande , s'il n'y en a qu'un, ) Section I. De la décoration des Buffets d'Orgues ; leurs proportions, l jr Quant à la difpofition des tourelles , lufage le plus commun ell d'en mettre une au milieu ; mais cela eft aflez indifférent. Je crois cependant qu'un buffet d'orgue feroit encore mieux s'il y avoit une plate-face au milieu , ce qui feroit plus conforme aux règles de la bonne Architefture. Pour ce qui eft de mettre les plus grandes tourelles au milieu ou fvir les côtés , c'eft la place qui doit déter- miner pour l'une ou l'autre manière , parce qu'on eft fouvent gêné pai" les reins d'une voûte , ce qui oblige de mettre les plus grandes tourelles au milieu ; ou bien au contraire , lorfqu'on veut jouir d'un jour qui fe trouve au milieu de la tribune , on met les plus grandes tourelles fur les côtés , & les plus peti- tes au milieu. Ce que je viens de dire touchant la décoration des buffets d'orgue , eft applî- quable aux trois différentes efpeces dont j'ai parlé ci-deffus , du moins pour le général; toute la différence qu'il peut y avoir , n'eft que pour la manière dé placer les claviers , qui fe placent quelquefois par derrière aux orgues de la moyenne elpece , & toujours de cette manière à ceux qui font en forme de po- Ctifs. Pour la grandeur de l'ouverture ou fenêtre où fe placent les claviers , c'elî toujours la même chofe à toutes les orgues ; il n'y a que quand on ne met qu'un rang de regiftres de chaque côté , on peut diminuer 7 pouces de la largeur de la fenêtre, parce que chaque côté à deux rangs de regiftres • ne contient que 7 pouces dé largeur, ce qui fait 14 pouces pour les deux. oye-^ la Fig. i,2,3,4(S'J'^' de la Pl. 514 , lefquelles repréfentent les différentes élévations , coupes & plar» d'un buffet d'orgue compofé de cinq tourelles , dont celle du milieu eft de la proportion d'un 1 6 pieds , celles des bouts ont 1 2 pieds de proportion , & celles d'entre-deux 9 pieds 6 pouces , dans lequel buffet d'orgue j'ai fuivi exaéleraeat toutes les proportions dont j'ai parlé ci-deflùs. Section Seconde; De la Conjlruclion des Buffets d'Orgues-, A p R È s les connoiflànces générales que je viens de donner touchant la forme & la décoration des bufitts d'orgue , il eft très-néceffaire d'entrer dans le détail de leur conftru6tion, afin de joindre la folidité à la propreté , ce qui eft mon principal objet. Si la folidité eft néceflàire aux ouvrages de Menuiferie , il eft certain que les buffets d'orgue en exigent beaucoup plus que tout autre , puifque le moindre celui , dis-je , dont les plus grands tuyaux de ces tourelles ont 1 6 pieds de liauc depuis leur ou- verture iufqu'cn haut ; c'clt pourtjuoi j'ai di pofé la table de la proportion des tourelles , de ma- nière que la grandeur de rouverturc des tuyaux foit la première , afin de doiuier aux Mcnuiliers la véritable hauteur des tourelles. Il Faut obfcrver que j'ai confultéDomBédoS; Auteur de i'^r; .iw i-'a^^^eirr ii'Orgucî , pour routes les mefures qui ont rapport ait mccanifme de l'Orgue , & que nous nous foinmes communi- qués pour tout ce qui regarde la ]\lcnuifcric des bulTets; 'ap MENUISIER, IL Farde, Chap. VIT. Il ébranlement eft capable de déranger toute la mécanique de cet inftrument , ou Planches moins l'endommager beaucoup ; c'eft pourquoi les Menuifiers ^e fauroient prendre trop d'attention en déterminant les formes d'un buffet d'orgue , la qualité & la groITeur des bois, & les dilïérents aflemblages qu'ils doivent y em- ployer. Avant de parler de la conftmâion d'un buffet d'orgue , il efl bon d'ob- ferver que Ibn intérieurdoit être uni de tous côtés , fans qu'aucune partie y foit faillante ; qu'il faut , autant qu'il fera pofTible , mettre des bois ce longueur , fur- tout aux traverfes qui forment les architraves ou qui les portent , afin d'empê- cher l'écartement du bâtis de la carcaffe du buffet. ( * ) On nomme carcaffe le bâtis d'un buffet d'orgue : elle efl compofée de montants & de traverfes, & daas les grands buffets elle efl féparée en deux parties fur leur hauteur. Les bois de ces bâtis doivent avoir 2 pouces d'épaifTeur aux plus petits buf- fets d'orgues, & 5 à 6 pouces aux plus grands , & être d'une largeur relative à la place oîi on les emploie ; c'eft-à-dire , qu'il faut qu'ils aient de largeur , pre- mièrement le champ, plus l'embreuvement ou la m.oulure , fi cette dernière n'eft pas ravalée , ce qui efl plus folide. ( Voye^ ks F'ig. , f, & j , de la PL 35)- Quant à la largeur des champs, elle varie depuis 334 pouces jufqu'à 6 , fe-, Ion la grandeur de l'ouvrage. Pour ce qui efl des traverfes , elles doivent avoir une même largeur de champ & de moulure que les battants ; & fi Ton craignoit que cette largeur ne fût pas fuffifante pour faire un affemblage folide , on les feroit plus larges de 3 à 4 pou- ces , & on les ravaleroit par-devant jufqu'au fond de la rainure du panneau , de manière qu'on y feroit un double affemblage , ce qui feroit plus folide. En général , un buffet d'orgue , du côté de la montre , efl compofé de mon-' tants qui portent fur le fol de la tribune , & qui font alTeniblés en chapeau dans la traverfe qui porte l'architrave , laquelle règne de toute la largeur du bulFet, pour en empêcher l'écartement , ainfi que je l'ai dit ci-delTus. Lorfque les buf^ fets font d'une trop grande longueur pour que ces traverfes foient d'une feule pièce , on les rallonge à traits de Jupiter , en obfervant toutefois que ce dernier ne fe trouve point dans les alfemblages qui fe font dans ces traverfes. Pour ce qui eft de leur largeur , ce fera celle de l'architrave , afin qu'ils aient le plus de largeur poffible , & pour donner plus de folidité à l'ouvrage. L'ouverture ou la fenêtre du milieu du maffif , doit avoir 6 pieds de haut fur 3 pieds 6 pouces de large ; & on doit y placer une traverfe , dont le delTus doit être à la hauteur de 3 pieds , laquelle traverfe fert à pofer les claviers à la main. (*) Comme les différentes grandeurs des buffets d'orgues pourroient changer quelque cliofc à leur conftruaion , j'ai cru devoir aver- tir que ce ijue je vais dire n'eli qu'en général , & que l'on pourra s'écarter des règles que je donne ici, étant des occafions où l'on eft borné par la place ou par l'ordonnance du plan. Il m Section IL De la Conjlmclion dès Buffets d'Ofguê. ayj ïl ne faut point mettre de traverfe par le bas de cette fenêtre , parce qu'elle i===is^ nuiroit aux machines qui correfpondent aux claviers des pédales ; on n'y met feule- ^' ITient qu'une traverfe par le haut , laquelle reçoit un panneau qui monte jufqu à l'architrave ; ce panneau eft plus ou moins liaut , £'lon la grandeur de l'orgue : il y en a qui ont jufqu'à 8 pieds de hauteur , ce qui eft néccflaire pour placer in* térieurement les abrégés & toute la mécanique qui fe trouve coniprifc entre les- claviers à la main & les fomraiers. Les panneaux qui remplifient le refte de la face du maffif , entrent à rainures & languettes dans des cadres qui font eUx-mê' mes embreuvés dans les montants du maffif ; mais il vaudroit mieux que ces moulures fulTent prifes à même le montant , ce qui feroit plus folide , ainfi que je fai dit plus haut. Quant aux traverfes de ces panneaux , elles s'aifemblent fé- parément entre les montants de la carcalfe , chacune félon la largeur du panneau , & redefcendent de toute leur largeur en contre-bas de la traverfe qui porte far- chitrave , dans laquelle traverfe elles entrent à rainure Se languette. Lorfque le buffet d'orgue n'eft pas d'une grandeur confidérable , ou prend là faillie de Farchitrave aux dépens de la traverfe , ce qui vaut mieux que de la rap- porter. En général, on ne fait point de tenon par le bout de cette traverfe,' mais des mortaifes , parce qu'elles fervent comme de bafe au refte du buffet. La traverfe du deffus de celles dont je viens de parler , doit aulfi avoir de longueuc route la largeur de forgue ; & elle ne diffère de la première , qu'en ce qu'on y. Fait des tenons par les bouts , lefquels entrent dans les montants des tourelles des angles : cette traverfe fert à porter la corniche ; & on peut , lorfque cette der-^ niere n'eft pas confidérable , la prendre dans la même pièce ainfi que l'architrave. La traverfe qui porte la corniche , s'affemble avec celle qui porte farchitrave par des montants qui ont de hauteur la largeur de la frife , & que l'on place à l'à- plomb de chaque montant des tourelles.. L'efpace qui fe trouve entre la frife la corniche & les montants refte vuide , ou pour mieux dire , la frife fe levé pouc pouvoir travailler aux fommiers , & on^ie fait point de feuillures pour foutenir les frifes rapportées ; mais on y met des taquets de d iftance en diftanCe , afin da ménager la largeur. Foy. la Fig. 3 , dont la moitié repréfente la carcalfe d'un tuffet d'orgue dépouillé de tous fes ornements. Les entablements des raaffifs qui foutiennent les tourelles , fe rapportent en trois parties différentes ; favoir , farchitrave , la frife & la corniche : farchitrave & la Corniche s'atfemblent à clefs dans les traverfes droites du bâtis , lefquelles clefs paffent dans des mortaifes, cote a a, Fig. 3. Ld. coutume ctoit de faire paf- ferles clefs au travers des traverfes du bâtis , & on les arrêtoit par derrière avec d'autres clefs qui paftbient au travers ; mais la faillie de ces dernières nuifoit à l'intérieur de forgue , en empêchant les fom.raiers d'approcher affez près ; c'eft pourquoi il vaut mieux couper ces clefs au nud des traverfes , & les arrêter avec ces dernières par des boulons de fer , auxquels on fera des têtes pour pouvoir les retirer. Foj/ei les Fis. 5 (& f) , de la Fl. 55 , dont f une repréfente la coupe de Meï^UISIER. h. Paru T t t £54 'MENUISIER, II. Farde. Chap. VIL .. l'entablement d'un maflif foutenant une tourelle , & l'autre le pian de cette mê- ÏLANCHEs jne tourelle avec la place des clefs & des boulons. On peut auffi fbutenir toute ^* la raafie des tourelles par des barres de fer que l'on entaille & attache tant delTous l'architrave , que fur le pilaftre qui fc trouve delîbus. Cette barre fe trouve ca- chée par les ornements que l'on met au-deflous des tourelles , ainfi qu'on peut le yoir dans les Fig. 4 & 5 , Pl. 94. & 5 , Pl. 9 J. Les frifès des tourelles fe lèvent auffi ; c'ell pourquoi on les fera de bois évidé," félon leur cintre ; & pour plus de folidité , on les conftruira de pluCeurs pièces de bois aflemblées à traits de Jupiter , fi les tourelles font d'un grand diamètre , ou bien en flûte ou à entaille , fi le diamètre eft trop petit pour faire des afîem- blages. La corniche & l'architrave qui portent les tourelles , fè font en plein bois , â moins qu'ils ne foient d'une trop grande hauteur, alors on les fait de plufieurs pièces de bois collées en flûte , & on remplit le deffus & le defix)us par un fond de bois de forte épaiffeur. On met aufli entre l'architrave & la corniche un montant qui fert à foutenit cette dernière ; ce montant fe place environ au tiers de la faillie de la tourelle , & en le fait le plus petit poffible , afin qu'il embarrafTe moins ; c'eft pourquoi on fait très-bien de le faire en fer. ( Voye:^ la Fig. J , Pl. 95 ). Les tourelles reftent vuides de toute leur hauteur , leurs montants étant af- femblés par le bout d'en-bas dans la corniche du maflif , & par le haut dans leur entablement , lequel eft bâti tout d'une feule pièce , de forte qu'il couronne toute la tourelle tant fur la largeur que fur la profondeur qui eft égale à celle de l'or- gue. ( Voyc[ les Fig. 1,2,3 4 )• Lorfque les tourelles feront d'une grandeur un peu confidérable , on fera îrès-bien d'y afTembler par derrière de leurs montants de face des traverfes à en- viron 2 pieds les unes des autres , lelquelles ferviront à retenir l'écart des mon- tants , & en même tems d'échelle pouf* pouvoir travailler aux tuyaux; cepen- dant que les tourelles foient grandes ou petites, on doit toujours y mettre une traverfe par le haut , ainfi qu'on peut le voir dans la Fig. 3. Les claire-voies des tourelles ne doivent pas être collées à bois de fil aînC que les corniches ; mais au contraire elles doivent être du même fens que les mon- tants, de plufieurs morceaux joints enfemble avec des languettes rapportées, telles enfin que des douves de tonneaux , afin qu'elles foient plus folides & plus ailées à travailler. On doit auffi avoir foin de donner au Sculpteur des chantiers de la même for- me que le dedans des claire-voies des tourelles , afin qu'elles portent par-tout également en les travaillant , & que le contre-coup ne les faflè pas fendre. Ces claire-voies entrent à bois de bout dans le deflous des entablemens des tourelles , & à feuillures fur les montants auxquels elles affleurent en dedans , & où elles font attachées avec des vis. ( Voye^ Us Eig, l , 2 & 3 , P/. pj. s £CT ION IL Di la conjlruclloti des Buffets d'Orgue: . Pour rendre ces claire-voies plus folides , on peut les garnir en dedans avec ,. Se la groflè toile collée ou avec du nerf de bœuf battu , & même y attacher en Planchï dedans une bande de fer mince , laquelle feroit attachée par ces extrémités fur les montants. Comme les tuyaux des tourelles doivent être da-piomb , comme je l'ai déjà dit , on eft obligé de mettre en dehors toute l'épaiflèur des claire-voies des tou- relles , de forte que le champ à cet endroit fe trouve plus étroit de cette épaif- feur ; ce qui fait allez mal , vû que le champ eft déjà très-étroit , ce qui alors diminue beaucoup le reiîàut de la corniche , ainfi qu'on peut le voir dans les Fig. 1 , 3 & (j, cote a , Pl. 95'. Pour remédier à cet inconvénient , j'ai imaginé de faire le montant plus large f & d'y pouffer fur l'arrête une moulure d'une largeur égale à fépailTeur des clai- re-voies, de forte que ces dernières fe trouvent placées fans interrompre le champ en aucune manière. ( Voye^ les Fig. ci-deifus , cote B. ) Les plates-faces n'ont aucuns bâtis qui leur foient propres , puifque c'eÛ les deux montants des tourelles qui leur en fervent, & dans lefquels s'affemblent des traverfes qui font inclinées félon que l'exige la pente des tuyaux. Ces traverfes s'affemblent en décharge dans les poteaux montants des tourelles, afin qu'elles les foutiennent mieux. On fait toujours affleurer le devant de ces tsraverfes avec les montants ; cependant , je crois que malgré l'ulàge on feroit très-bien de leS renfoncer de l'épaiflèur des claire-voies , afin que ces dernières ne débordent point fur le nud des champs ( * ) , ce qui feroit d'autant mieux , que l'on pour- roit pouffer une moulure fur le montant de la tourelle du côté de la plate-face ^ ainfi qu'on l'a fait du côté de cette même tourelle. Comme les claire-voies des plates-faces font fouvent très-larges Se ont beau-, coup de retombée , il eft nécellàire de les faire de plufieurs morceaux , afin qu'elles foient moins fujettes à fe fendre. Il eft bon auffi d'y affembler les re-< tombées à bois de bout en forme d'emboîtures , afin que les chûtes d'ornements, comme guirlandes & autres , ne foient point expofées à fe caffer ; il eft bon auffi de garnir ces claire-voies de toile , ainfi que celles des tourelles , afin de les rendre plus folides. Lorfqu'un buffet d'orgue eft d'une forme cintrée fur le plan , c'eft à-peu-près la même chofe que quand il eft droit ; mais il eft moins folide , parce que les traverfes courbes que l'on y emploie ne font jamais aullî fortes que les droites ; c'eft pourquoi il eft bon de faire ces traverfes plus épaiffes qu'à l'ordinaire , 8C de les aflèmbler à traits de Jupiter, Il y a même des buffets d'orgues qui non-feulement font cintrés fur le plan ) mais même fur l'élévation , & dont le bas des tourelles & des plates-faces n'eft pas de niveau ; dans ce cas, il eft bon de rapporter le lambris du maffif fur la car- (*)Dansce cas, il faudrait que le Fafteur | l'épaiffcur de ces claire-voies, afin qu'ils fe trou- pofàt fcs tuyaux dans un teufonccmsat égal à I vaffent toujours à-plomb. i5« MENUISIER, II. Pan. Chap. VIL - cafTe du bâtis qui alors monte de fond, & auquel on fait toujours des traver- Planche fes à l'ordinaire ; & pour donner plus de Iblidité à cette carcafTe , on en lie toutes les parties avec des bandes de fer que l'on entaille dans l'épaiileur des bois , Sc que l'on attache avec des vis (*). Les côtés des buffets d'orgues n'ont rien de particulier dans leur conftruâion, fi ce n'eft que quand ces mêmes côtés font en porte-à faux , ce qu'ils excédent du maffif eft porté par des courbes cintrées en S , lefquelles font aflemblées d'un bout dans la traverfe qui porte farchitrave, & de l'autre dans le montant du maf- fif. On doit obferver de ne point chantourner le dedans de ces courbes , afin de les rendre plus folides & de les aifembler toujours en décharge. On doit auffi faire retourner toutes les corniches fiir les côtés , & décorer ces dernières d'une manière relative à la richeife du refte de l'ouvrage. Il y a des buf- ■fets d'orgues dont les côtés font ornés de tourelles & de plates-faces, ce qui fait très-bien , fiar-tout quand ces côtés font fort apparents. Pour <;e qui eft du der- rière d'un buffet d'orgue , il importe fort peu cominent il fcit décoré ; pourvu que toutes les parties en foient folides & bien claufes , c'eft tout ce dont on a befoin. Il faut faire attention que la traverfe du bas du bâtis des portes , laquelle rè- gne à la hauteur du delTus de l'architrave , foit d'une feule pièce ainfi que cette dernière , ou du moins ralongée à traits de Jupiter fi elle eft de plufieurs pièces. À environ i8 poucesplus bas que cette traverfe, règne un plancher de toute la largeur de l'orgue , qui eft porté fur des chevrons qui portent d'un bout dans le mur & de l'autre fir les montants du bâtis ; ce plancher fcrt aux Faéleurs d'orgues pour travailler à l'orgue & à l'accorder. (^V^cy. les Fig. r, 2 <£' 4 , PL 54.), En général, quelque foin que les Menuifiers prennent pour faireunbuifet d'or- gue parfaitement folide , on doit encore en aiïîirer les aîlemblages par des équer- res & des liens de fer, de même que la malfe entière du bulTet , qui doit être retenu dans les murs par des tirans & de fortes barres de fer placées en plufieurs fens pour éviter toutes fortes d'ébranlements. Je ne donnerai pas d'autre règle que celle que j'ai donnée pour la grofleur des bois des buffets d'orgue , vu que les différentes grandeurs font trop multipliées. Tout ce que je puis dire , c'eft qu'on ne fauroit faire ces ouvrages trop folides. On fera auffi très-bien d'y faire des affemblages doubles , fur-tout aux principa- les parties ; comme auffi d'y mettre dans les bâtis des écharpes & des croix de S. André , lefquelles empêcheront l'ébranlement, & ferviront à retenir les pan- neaux, telles que celles de la Fig. 3. Quanta ces derniers, on ne peut pas les faire de moins de 9 lignes d'épaifîèur aux plus petits buffets d'orgues , & un pouce & demi aux plus grands. Quand ces panneaux deviendront d'une hauteur (*) Je crois que cette manière de rapporrcr j d'une grandeur confidérabîc , vû qu'on pourroïc les lambris fur le mafllf des buffets d'orgues cin- les réparer avec plus de facilité , & que cette très en plan &. en élération feroic très-bonne méthode en accélcreroit beaucoup l'exécution , jpour tous les autres , fur-tout pour les buffets ce (^ui eft fort à corifidércr. au-deffus 2 57 lef- , Section il. Pe la conjlmclion des -Buffets d'Orgues. au-defîus de 6 pieds , oa pourra y mettre de taulîis travcrfcs par derricri quelles leur ferviront de barres à queues , & retiendront l'écart du bâtis. Voilà en général tout ce que les Menuifiers doivent fàvoir touchant la décO;^ ration & la conftrudlion des buffets d'orgues, la diverlité des goûts & les diffé- rentes occafions me mettant dans l'impcflibilité d'en donner d'autres règles que de générales : je laifTe à la prudence de ceux qui en feront ufàge , de les ag,- pliquer félon que le cas l'exigera. Cependant , je ne faurois trop le répéter ^ ils ne doivent rien faire , fur-tout quant à ce qui a rapport à la conftruétion , fans être parfaitement d'accord avec le Faéleur d'orgues , afin de concourir enfemblé à la perfeaion de ce bel inflrument. ( * ) Comme , dans les Planches précédentes , je n'ai donné que des développemens fervants à faire connoître les principales parties des buffets d'orgues & leur contlrudtion , j'ai cru ne pouvoir me difpcnfer de donner ici le deilm d'un orgue complet , d'une décoration différente de celle qui efl ufitée ; non pas que je veuille donner cette manière de difpofer les buffets d'orgues comme une chcfe îndiipenfable ; mais au contraire , je ne la préfente ici que comme un confeil& comme une opinion qui m'eft particulière , cette manière ou l'autre étant indiffé- rente pour la contlruélion intérieure du mécanifme de Finftrumeiit. f^oyei la Pl. ^6 , qui repréfente l'élévation de ce buffet , & celle 97, qui en repréfentele plan- Dans la defcription de la Menuiferie des Eglifes , je ne &is pas entré dans tous les détails de chaque partie , fur-tout en ce qui a rapport à la conftruélion & à la manière d'opérer , vû que c'eft à peu-près là même chofe à toutes les efpe- ces de Menuiferies ; & fi quelquefois je fai fait , ce n'eft qu'autant qu'il m'a été irapoffible de m'en difpenfer ; ce que j'ai dit dans la première Partie de mon Ou- vrage & au commencement de celle-ci pouvant fuffire pour tous les ouvrages pof- fibles. C'eft pourquoi fi le Leéfeur étoit embarraffé à cet égard , il pourroic y avoir recours. Il en eft de même pour les Deffins , que je n'^ii faits qu'autant qu'ils ont été néceflàires pour fintelligence du difcours,afin de ne les point trop multiplier ( '^*)• ( * ) Il fcroit à fouhaiter que les Menuifiers , & en général tous ceux qui préfidcnc à là déco- ration d'un buffet d'orgue , fuflent indruits des régies de l'Optique & de ia Perfpeaive , afin de donner à renfemble d'un buffet d'orgue, ainli qu'aux parties qui le compofeut , des grandeurs & des formes relatives à leur élévation 6; à la diffancc d'où ils font vus , ce qui leur fcroit d'un très-grand fecours , l'expérience faifant voir tous les jours que des dcffeins de buffets d'orgues, ( ainli que de tous autres ouvrages fujets à avoir des avant & des arricre-corps , & être trcs-élc- vés, ainfi que font ces derniers ) , que ces buf- fets, dis-je , font très-bien delllnés géouiétrale- ment, & que quand ils font pofés en place , lis font un effet tout contraire , ce qu'on auroit pré- vu fl on les avoir deffinés vus en perfpeftive. ^ (**) On fera peut-être furpris que je n'aie fait aucune mention des Œuvres en pariant deJ Menuisier. IL Part. Ouvrages d'Egiiic; la raifon qui m'a empêché de le faire , cff que ces fortes d'ouvrages né font fufceptibics d'aucune régie confiante , & que leur ufagc eff d'un bien plus grand abus que les Chaînas à prêcher immobiles; rien , à mon avis, n'étanr h rirlictde que de voir dans une Egli- fe une enceinte , q li (pour féparer quelques Ci- toyens d'avec les autres ) gâte & intetccpte une partie de la largeur de fa nef; de forte qu'une Œuvre dans une EglifercQ'embie tout-à-fait à uri comptoir de marchand, ce qui cff contre l'ordre & le'précepte Divin. Ce n'eff pas qu'il n'y ait dfe très-belles (Euvres ; celle de Saint Eufiaclie, à Paris , eff un chef-d'œuvre de Menuiferie quant à la décoration & à l'exécution : mais ce n'en cff pas moins un abus pour cela ; c eff pourquoi on m'excufcra fi je n'ai pas parlé de ces forte» d'ouvrages. Vtv Pt.ANCHÎ'S P-i&Sj; PrANCnt: ptf&SV. MENUISIER, IL Partie. Chap. VIIL CHAPITRE HUITIEME. De la manière de pofer la Menuifcne en général. Po u K que la Menuiferie foit parfaite , il ne fuffi: pas d'avoir apporté tous les fo:ns necefl-a.es à fa décoration & à fa conftrudion , il faut encore veiller à fa confervat.0,. ; ce qui dépend , du moins en partie , de la n^aniere dont elle eil pofee ; c eft pourquoi les Menuifiers ne fauroient prendre trop de précautions pour b.en fore cette partie de leurs ouvrages , laquelle en étant la fin en afTure ia durée , & en meme-temps conftate l'habileté de l'ouvrier qui l'a faite ^ Avant de parler de la manière de pofer la Menuiferie , j'ai cru qu'il étoit a propos de par er des ferrures qui y font nécefl-aires , afin de ne pas être obligé d en donner la defcription lorfque je parlera, de leurs ufages ; de plus cette def cnption , quoique très-nécelfaire , ne fe trouvant pas dans aucun ouvrage de Serrurene on me permettra d'en parler, quoique faifant partie d'un autre Art que le mien, fur-tout lorfque je n'en indique que les formes & les uiages. Section Première. Des Ferrures nécejfaires à la pofi de la Menuiferie. === Les ferrures nécefllàres au pofage de la Menuiferie , font les clous de toute P-CHE fpece tant a têtes rondes qu'à têtes plates, & les clous fans têtes, les broches les VIS a têtes rondes ou à têtes plates , à bois ou à écrous , les pattes à lam^ bns, appellees pen.s parus , les pattes à pointes, les pattes à vis en bois , & à ea-ousdetouteslongueurs,les pattes en plâtre,àpointesouàvisdroites&cou- dees, les plates-bandes courbes & droites, & les équerres de fer, lefquelles fervent a lier enfemble les différentes parties de Menuiferie & à en fortifier les^ioints. Je nentrerai pas ici dans le détail de la manière de faire toutes ces différentes efpeces de ferrures, parce que cela appartient à l'Art du Serrurier - |e me contenterai de parler de leurs formes & de leurs ufages relativement à la Menuiferie, & d expliquer pourquoi il faut préférer une ferrure à une au- tre , encore qu elle foit plus coûteufe. Les clous font trop connus pour que j'en donne aucun détail, fi ce n'eft quils font de deux efpeces ; fçavoir , les communs & les déliés ; les premiers font moins chers que les autres , mais ils font plus groffiérement faits, ce qui fait que fur une peftnteur égale il y en a une moins grande quantité; c'eft Sbction I. Des Ferrures nécejjhires à la pofi de la Menuiferie. . pourquoi les Menuifiers font très-bien de ne s'en pas feryir , parce que non-feu- lement rl n'y a point de gain à le faire, mais encore parce qu'étant très-gros , proportion gardée avec leur longueur , ils font fendre le bois , ce qui n'arr»-e pas, ou ce qui arrive moins , lorfqu'on fe fert de clous déliés. {Voye^ la Fi<r. i .) ^ Les clous à têtes plates font ceux dont la tête eft d'une fonue oblongue j c eft-à-dire, qu'elle n'a de largeur fur un fens que l'épaiifeur du clou , & l^lar- geur ordinaire de l'autre. Ces clous fervent à attacher les parquets & les pla'n-^ cLers, & même tout autre ouvrage où l'on veut que la tête des clous ne foie pas apparente. Pour les clous fans têtes , ils ne différent des autres qu'en ce que cette dernière eft fupprimée. ( Foyer^ les Fig. z& Il eft encore une autre efpece de clou fans'tête , ou du moins qui en a une très-petite , laquelle n'a pas plus d'une ligne de faillie au pourtour d. clou • cette efpece de clou fe nomme caboche , Se fert à arrêter les planchers , fur-tout ceux de fapin. Voyez ce que j'ai dit en parlant de la pofe du parquet , ^,.0-, 164 En général, pour ce qui eft de la qualité des clous, ceux qui font de tér doux font les meilleurs , parce qu'ils font moins fujets à caffer, ce qui eft d'un très-grand avantage , tant pour l'économie que pour la folidité de l'ouvrage, Les clous fe vendent à la livre de toutes fortes de longueurs & groffeurs con- venables , & font diftingués par des nombres félon leurs différentes longueurs. Les plus petits fe nomment clous de quatre, ceux au-delTus clous de }lx , de huit, dedix,^n?,ade dou^e , qui eft la plus grande longueur, du moins pour 1 ordinaire. Les Menuifiers fe fervent auffi d'une autre efpece de clous, que l'on nom- me clous-d- épingles ; ces clous font faits avec des fils-d'archal , coupés de diffé- rentes longueurs félon leurs groffeurs ; leur tête eft ronde & plate, & eft faite à froid. On trouve de ces clous de toutes fortes de longueurs , c'eft-à-dire , de- puis 3 lignes jufqu'à 2 pouces , ce qui eft très-comn-.ode pour faire de m'enus ouvrages. ( Voye^ la Fig. 5. ) Ces fortes de clous fe vendent au paquet dans le- quel il y en a un cent; mais ceux qui en employent beaucoup, les achètent à la livre , en quoi ils ont plus de profit. Les broches font des efpeces de clous ronds , lefquelles n'ont point de tête faillante; cependant lorfqu'elles font forgées, on les frappe à froid fur leur extrémité fupérieure , afin de les élargir un peu , ài qu'elles ne paffent pas au travers du bois. Pour qu'une broche Ibit bien faite , il faut qu'elle ne foit pas trop groffe, proportion gardée avec fa longueur, qu'elle foit dégagée du mi- lieu, afin qu'elle ne faffe pas fendre le bois & qu'elle ne prenne que de la tête -.les broches font de toutes fortes de longueurs, depuis 2 pouces jufqu'à 6 & même 8 pouces : elles font faites par les Serruriers qui les vendent à la douzaine. ( Voyei^ la Fig. 4). Les vis en bois différent de celles à écrous , en ce que le filet de ces der- nières eft peu creux & d'une largeur à-peu-près égale à l'intervalle qui règne î6o M EN U I S I E R, II. Partie , Ckap. VII l. ■■ entre deux , & que la tige eft d'un diamètre égal d'un bout à l'autre ; au lieU que les premières , c'eft-à-dire , celles en bois , diminuent en venant à rien par le bout, leurs filets font plus écartés & taillés à vive arrête , & la fpirale qu'ils forment eft beaucoup plus fenfible qu'aux autres , ce qui eft nécefllùre pour que le tarau qu'elles fe forment dans le bois ne s'éclatte pas & puilfe réllfter à la preflîon. Il faut aufll obferver que la pente que produit nécelTairement la vive-arrête du filet , ne foit pas égale des deux côtés , mais beaucoup plus droite en deffus qu'en delTous , afin qu'elles prennent avec plus de force & d'aclivité dans le bois. La tête des vis eft ronde par fon plan , & quand leur extrémité fupérieure , ou pour mieux dire leur tête , eft d'une forme bombeé , ainfi que la Fig. lO , on les nomme vh à têtes rondes ; & celles dont le deffus eft droit , ainfi qu'à la Fig. 9 , fe nomment vis à têtes fraifées : le deffous des têtes de ces dernières eft aminci fur les bords , afin qu'elles foient moins enfoncées dans le bois, à la fur- face duquel elles doivent affleurer. En général, toutesles vis font fendues par le milieu de leurs têtes , afin de pou- voir les tourner , ce qui fe fait par le moyen d'un outil nommé tourne-vis , le- quel n'eft autre chofe qu'une efpece de petit fermoir dont le manche eft de bois garni d'une virole du cÔté du fer , pour empêcher que l'effort que fon fait en tournant les vis ne le fafte fendre ; ce manche doit être peu long Sc d'une forme méplate en élargiffant du haut , afin de donner plus de force à celui qui s'en fert. Le bout du fer du tourne-vis ne doit point être affûté à vif, parce qu'il n'au- roit pas affez de prife, & qu'il feroitfujet à s'éclatter; il faut aufli que fon ex- trémité foit un peu creufe fur fa largeur , afin qu'il prenne mieux , fur-tout dans les vis à têtes rondes. ( Voye^ la Fig. 23 ). Il eft bonauftl d'avoir des tour- ne-vis de différentes groffeurs , afin qu'ils entrent plus juftes dans la tête de la vis, qui eft fendue plus ou moins large félon qu'elles font plus ou moins greffes. On trouve des vis de toutes longueurs & groffeurs , félon les différents be- foins ; il y en a depuis 3 lignes de longueur jufqu'à 4 & même 6 pouces , tant fraifées qu'à têtes rondes; il en eft auffi qui font taraudées jufqu'au collet, lef- quelles font propres à attacher des bandes de fer ou autres chofes très - minces. Ces vis font fournies aux Menuifiers par les Serruriers qui les vendent à la dou- zaine , ainfi que les pattes & les broches. Pour ce qui eft des vis à écrous , dont fufage eft de ferrer les affembla- ges des bois de lits , des ai'moires & de tous autres ouvrages fujets à être démon- tés, il en eft de trois efpeces , du moins quant à la tête ; favoir , celles qui font à têtes quarrées , comme la Fig. 15 , celles à têtes rondes, dont le milieu eft percé d'un trou en forme de piton , comme la Fig. 16 , & celles à têtes rondes ou plates , comme la Fig. 17. Section 1. Des Ferrures nécejfaires à la pofe de la Mcnuifetie. 261 Les premières font les plus en ufage , à caufe de la facilité qu'il y a de les ferrer ; mais la trop grande faillie de leur tête les rends incommodes , Se nuit à Planchb ceux qui palîènt auprès de l'endroit où elles font. Ces lortes de vis fe ferrent avec une clef qui eft un morceau de fer plat d'environ 3^4, lignes d'épaif- feur , lequel ell percé de 5 ou 6 trous quarrés de différentes largeurs , pour pou" voir feryir à plufieurs vis. Le manche de cette clef eft auffi de fer & eft recour- bé à angle droit , afin qu'on ne fe frotte pas les mains contre le bois en ferranc les vis. {Voye-^ la Fig. 22 ). Les vis à têtes rondes font plus propres que celles dont je viens de parler ; mais elles ont toujours le défaut d'être trop faillantes : celles à têtes plates leur font préférables. On ferre les vis à têtes plates par le moyen d'une clef faite en forme de T , dont la partie principale vient en s'élargiffant par en-bas , & embralFe la tête de la vis dans laquelle elle entre par le moyen de deux entailles quarrées qui font fai- tes vis-à-vis l'une de l'autre des deux côtés de la tête de cette dernière. (Foyq la Fig. 24). Il y a des vis à têtes plates lefquelles n'ont point d'entailles pour les ferrer ; mais à la place de ces dernières, on y perce deux trous dans la tête , vis-à-vis l'un de l'autre , dans lefquels entre une clef qui eft difpofée à ce: effat. Ces vis font très-bonnes , vu qu'on peut les enterrer dans le bois ; mais elles font peu en ufage dans la Menuiferie ordinaire , vu leur trop grande dé- penfe , & la fujétion qu'il y a d'avoir des clefs faites exprès pour chaque grof- feur des têtes de vis ; ou bien de faire desclefs mobiles lefquelles coûtent très-cher. Les têtes des trois efpeces de vis dont je viens de parler, ne portent pas im- médiatement fur le bois ; mais elles en font féparées par une rondelle ou plaque ds fer au travers de laquelle elles palfent, afin d'empêcher que le frottement des vis ne gâte le bois , & que par la fuite les têtes de ces dernières ne s'y en- terrent. Il eft encore une autre elpece de vis à écrou , que l'on nomme vis à parquet de glace, laquelle a la tête ronde & plate , & fendue par le milieu. Les écrous de ces vis font longs de 2 à 3 pouces , & ont deux branches recourbées dont les bouts font fendus & recourbés pour être fcellés : ces branches ne doivent pas avoir plus d'un pouce & demi de long , afin que les trous que l'on fait pour les fceller, ne percent pas au travers du manteau de la cheminée : ces vis ne doivent avoir que deux pouces de long au plus , pour la même raifon que je viens de dire ci-deftlis. (Foycij^/a Fig. 18). Il eft de deux fortes de pattesà pointes ou en bois , ce qui eft la même chofe , ainfi que je l'ai dit plus haut ; favoir , les grandes & les petites , que l'on nomme paues à lambris : elles font toutes compofées d'une tige ou pointe , d'une tête & d'un colet ; la tête des pattes eft plate , mince & droite avec un des côtés de fa tige , afin de bien porter fur le bois ; le colet ou mantonnet eft du côté oppofé , & a d'épaiffeur ce que la tige a de plus que la patte , plus une petite faillie qus Menuisier. II. Part. X x x 4^2 MENUISIER, II. Partie , Chap. VlII. 1 ~ l'on obfcrve au-deflus de la première , afin que l'on puilTe frapper defTus plus Vlanch e ajjférnent pour l'enfoncer. Pour qu'une patte fok bien faite , il faut que le man- ^ tonnet foit bien quatre , afin que le coup ne gliffe pas deflus , & que fa tige Ibit bien déliée pour qu'elle puiflè entrer plus aifément. Les têtes des pattes à poin- tes font percées de deux trous dans lelquels paffent de petits clous ou des vis qui fervent à les arrêter avec l'ouvrage. Les pattes à lambris n'ont qu'un trou à caufe de leur petiteflê , & font quelquefois polies pour plus de propreté. (Voye^ les Fig. 6,j & S.) Les pattes en plâtre ne différent de celles dont je viens de parler , qu'en ce qu'elles n'ont point de mantonnet , que leur tige eft plate , & que le bout de cette même tige eft fendu en deux & recourbé , afin de pouvoir tenir plus folidement dans le plâtre. Les plates-bandes & les équerres ne font autre cbofe que des bandes de fer plat, que l'on perce de plufieurs trous pour pouvoir les attacher fur fouvra- ge avec des vis. Lorfque ces ferruresfonc apparentes, on les blanchit, & on les ar- rête avec des vis à têtes fraifées, félon qu'il eft néceffaire pour la propreté & la folidité de l'ouvrage. ( Voye^ les Fig. 19 , ao S 21. ) Les pattes à vis font celles qui font taraudées d'un bout & à fcelement de l'au. tre, ou percées de trous pour les attacher fur le bois qui fe trouve derrière laMe- nuiferie. Il en eft de toutes longueurs , de droites & de coudées , félon les dif- férents befoins. ( Voyei^ les Fig. ll,ia(S'l3.) Il eft encore une autre efpece de pattes, lefquelles au lieu de vis ont une pointe qui eft recourbée en retour d'équerre , & dont l'autre bout eft à fcelement droit ou coudé félon que le cas l'exige. ( Voye^la Fig. 14. ) Je ne parlerai point ici des ferrures fervant à la Menuiferie mobile, parce que cette partie a déjà été traitée dans l'Art du Serrurier, fait par M. Duhamel du Monceau , & que d'autre part les Serruriers de Paris font feuls en polfeflîon de pofer les ferrures de la Menuiferie. Cependant comme les Menuifiers de pro- vince ferrent leurs ouvrages eux-mêmes , j'ai cru ne pouvoir me difpenfer de dire ici quelque chofe touchant les différentes ferrures & la manière de les pofer. Les ferrures les plus en ufage font les fiches tant à vafes que celles à nœuds & à boutons , les couplets , les charnières & les pivots , les ferrures de toutes ef peces , les vérouils , les targettes , les bafcules , les efpagnolettes , &c. Toutes ces ferrures fe font en fer ; cependant lorfque l'ouvrage eft d'une certaine conféquence , on les fait quelquefois en cuivre ; mais ces fortes de ferrures font moins folides que celles de fer , parce que celles de cuivre ne pou- vant être que fondues , font fujettes à fe caffer ; ce n'eft cependant pas qu'on ne puifte les forger , mais elles deviendroient extrêmement coûteufes ; c'eft pour- quoi on fera très-bien de ne faire en cuivre que le palâtre ou bâtis des ferrures , & les ornements que l'on peut adapter aux ferrures , & qui n'ont pas befoin de folidité. Quant aux autres ferrures , il vaut mieux les faire en fer ; & Section I. Des Perrures n^cefaires à la pofe de la Mamiferie. iCTj lorfque louvrage fera très-riche, on pourra les polir, les tourner & les cifeler félon qu'il fera néceiTaire. Il feroit fort à fouhaiter que les Menuifiers ferralTent eux-mêmes leurs ouvrages, parce que non-feulement ils le feroient mieux que les Serruriers, mais encore parce qu'ils préviendroient tous les accidents qui peuvent arriver , foit par le défaut du bois, foit en ménageant le jeu nécelfaire & la place la plus convena- ble pour placer leurs ferrures en les éloignant des aifemblages & des parties nœuil- leufes & des bois tranchés. Ce n'eft pas qu'il n'y ait des Serruriers très-habiles & très-intelligens dans cette partie ; mais c'eft que la plupart ne veulent pas fe don- ner la peing,> pofer leurs ferrures eux-mêmes , & qu'ils abandonnent ce foin à leurs ouvriers nommés Fcrreurs , lefquels ne font que pofer la ferrure de la Me- nuiferie ; mais comme ces ouvriers font cet ouvrage à leur tâche, ils ne prennent aucun foin pour le bien faire , le defir de gagnerj'ou la médiocrité du prix qu'on leur donne, les mettant dans le cas de ne pas pouvoir faire autrement. Leur manière d'opérer n'eft pas un moindre ohftacle à la perfedion de leurs ouvrages : premièrement , ils m» fe fervent d'aucune efpece d'établi pour travail- ler , leurs ouvrages portant prefque toujours à fmx, n'étant portés que fur des trétaux, fur lefquels ils les arrêtent avec le coin d'un cifeau & d'un chad'e-pointe, ce qui eft peu folide & en même temps gâte l'ouvrage & l'éciacte quelquefois. D'autre part , leur manière de faire leurs mortaifes eft abfolument vicieufi' , ne les faifant que par le moyen de plufieurs trous de mèche qu'ils défoncent & vui. dat enfui te avec une efpece de bédane crochu, ce qui fait ces mortaifes mal- propres, peu juftes; & lorfque le bois eft tendre ou mince, cela fait éclatter leurs joues ; ce qui n'arriveroit pas s'ils fe fervoient de bédane pour faire des mortaifes ainfi que font les Menuifiers. Ce que je dis des mortaifes , peu: auftl s'entendre du refte de leur manière de travailler ; ce qui me fait croire qu'il feroit néceifaire que les Menuifiers ferraflent leurs ouvrages eux-mêmes , ce qui feroit beaucoup mieux ; ou qu'enfin les Serruriers fe doniiaffent la peine de le faire avec jufteffe & propreté , ce qui ne pourra jamais être tant que ces der- niers , ne fe bornant qu'à leur talent , ne prendront pas quelques connoi/fances de laMenuiferie (*) , du moins quant à ce qui a rapport à la Serrurerie , &que les différentes Communautés feront alfez injuftes & allez peu éclairées fur leurs véritables intérêts , pour fe refufer les unes aux autres la communication des outils qui pourroient fervir à l'accélération & à la propreté de leurs ouvrages. Quant à la manière de pofer les ferrures , je n'en dirai pas beaucoup de chofe ici , vû que cette partie a été traitée dans FArt du Serrurier , me contentant de recommander à ceux qui ferreront la Menuiferie ( foit Serruriers ou Menuifiers) C*) Ce que je dis ici des Serruriefs, doit auffi s'appliquer aux Menuifiers, auxquels la con- noilTancede la partie de la Serrurerie qui regarde iaferrurede laMenuiferie, eft abfolument indil- penfable , afin qu'en faifant leur ouvrage ils le difpofent d'une manière relative & convenable à la ferrure qui doit y être appliquée. î64 MENUISIER, II. Farde, Chcip. VIII. - de le faire le plus jufte& le plus proprement poffible; d'éviter, fur-tout en traçant Planche la place des fiches ou autres ferrures, de faire de gros traits, lefquels ne peuvent pas ' ' s'effacer , puifqu'ils les font ordinairement avec le coin d'un cifeau ; comme aufli de ne point frapper la Menuifèrie à coups de marteau pour la faire avancer ou re- culer ; mais au contraire de ne le jamais fiire fans fe fervir d'une cale de bois très-unie , afin de ne point meurtrir le bois. Les Ferreurs fur-tout devroienc prendre cette précaution ; comme au(fi d'éviter d'avoir les mains trop noires , afin de ne point tacher le bois , fur-tout lorfque l'ouvrage qu'ils ferrent eft fait en bois tendre & difpofé pour être verni , Fexpérience foifant voir que ces for- tes de taches s'ôtent difficilement, fur-tout fur les moulures. ^ Section Seconde. Des précautions qu'il faut prendre avant de pofer l'Ouvrage. I Avant de commencer à pofer la Menuiferie , fiir-touc celle qui efl: dor- Planche rnante, il faut d'abord faire attention dans quelle faifon de l'année l'on eft, fi les bâtimens font anciens ou nouvellement faits , fi les plâtres ont eu le temps de perdre une partie de leur humidité , fi la Menuiferie fe pofe au rez- de-chaulfée ou dans les étages fupérieurs ; fi enfin l'endroit où on doit la pofer efl: cxpofé au grand air ou à l'humidité ; d'après ces connoiffances générales , il faut encore faire attention à Tépaiffeur des bois, à leurs qualités dures ou ten- dres , afin de prévenir tous les inconvéniens qui arrivent lorfqu'on néglige de {s rendre compte de toutes ces chofcs. Tout le monde fait , ou du moins ceux qui ont quelques notions de Phyfique , que f a£lion du feu tend à pouffer au dehors , & par conféquent à expulfer fhu- midité au dehors des bois , ce qu'il fait avec plus ou moins de violence , félon ce qu'il a de force , & que ces mêmes corps font plus ou moins compadls ; on fait que fhumidité au contraire remplit & gonfle les pores du bois , & le tait venir à elle- même: d'où il fuit qu'on ne doit jamais pofer de Menuiferie fur des murs nouvellement faits , qu'on n'en ait fait fortir l'humidité, afin qu'elle ne s'attache pas fur le bois , & ne le faffe pas gonfler ; ce qui arrive prefque toujours lorfque les murs viennent à fe fécher , & que la Menuiferie que l'on pofe defTus empêche l'air de faire évaporer fhumidité. On doit auffi fe donner bien de garde de faire d'a- bord trop grand feu dans les appartements , fur-tout lorfque les murs n'en font pas parfaitement fecs , parce que cela augmenteroit fhumidité des murs , & feroit nécelfairement travailler ou tourmenter la Menuiferie , ce qui eflla même chofe , en la faifant gonfler & creufer , fi les murs étoient humides ; où bien la feroit reti- rer en refferrant trop vite les pores du bois , ce qui le fait fendre & déjoindre. Comme on n'a pas toujours le temps d'attendre que les murs foient parfaite- ment Section II. Des précautions qu'il faut prendre avant de pofer l'Ouvrage. 16^ ment fecs , on a imaginé des moyens , lefquels , s'ils n'empêchent pas totaleme.it l'effet de l'humidité , en arrêtent du moins une partie. Ces moyens font , de laiflèr entre les murs & les lambris uné diliance d'un ou deux pouces , afin que l'air puifTe circuler entre-deux , & faire évaporer une par^ tiède fhumidité. Jefens bienqu'iln'efl: pas ordinaire de lailTer deladiftance entre les murs & les lambris d'un appartement ; mais il feroit bon de dt/pofèr les murs de cette forte , lorfqu'on eft prévenu que l'on doit pofer de la Menuiferie fitôt que les places feront prêtes. On a aulîî la coutume d'imprimerie derrière des lambris de deux ou trois couches de groflè couleur à l'huile j ce qui eft très-bon , parce que cette couleur empêche fliumidité de s'attacher for le bois , & de pénétrer dans fes pores. Quand la Menuiferie eft précieufe , & qu'on craint qu'elle ne travaille, mal- gré toutes les précautions dont je viens de parler , on garnit le derrière des pan- neaux & des bâtis avec de l'étoupe que l'on trempe dans du goudron chaud ; quelquefois on y met des bandes de grofte toile ou du nerf de bœuf battu que l'on colle avec de la colle forte ; mais cela n'eft bon que dans les endroits où il n'y a aucune efpece d'humidité à craindre , comme on le pratique dans finté- rieur des cailTes des voitures , ainfi que je le dirai en fon lieu. Mais pour les lam- bris & autres ouvrages fujets à l'humidité , le goudron eft préférable , parce que l'eau n'a aucune aélion fur ce dernier , au lieu qu'elle dilTout la colle , & par con^ féquent rend inutiles les nerfs & la toile que l'on met derrière l'ouvrage. Lorfqu'on a pris toutes les précautions dont je viens de parler ci-defîùs , on peut commencer à pofer la Menuiferie , ce qui fe fait de différentes manières , félon la diverfité des ouvrages & la nature des murs fur lefquels ou dans lefquels on doit les pofer ; c'eft pourquoi je vais donner une idée , du moins générale , de la manière de pofer chaque efpece d'ouvrages, en commençant par la Menuiferie mobile , afin de ne me pas écarter de l'ordre que je me fuis prefcrit dans toute la fuite de cet Ouvrage. §. I. Manière de pofer les Croiféesi Avant de pofer une croifée , il faut d'abord faire faire par un Maçon des entailles dans le tableau de la croifée , afin que les pièces d'appui & les impof- tes puiflent entrer dedans Se y être fcélécs ; quelquefois on ne fait point d'entail- les aux tableaux , mais on coupe la faillie des pièces d'appui & des impoftes au nud deces derniers. La première manière eft préférable , parce qu'elle eft plus fo- lide , & que Ton eft moins gêné ; c'eft pourquoi on doit s'en lèrvir , du moins autant qu'il fera poffible , fur-tout quand les murs feront faits de moilons & re- vêtvs de plâtre ; car quand les tableaux des croifées font faits de pierres de taille j il fautalors couper la faillie des pièces d'appui & des impoftes des croifées. Lorfque le tableau eft ainfi dilpofé , on met la croifée en place , & on la met d'à- Menuisier, II. Part, Y y y a65 MENUISIER, IL Partie. Chap. FIJI. plomb fur tous les fens , en obfervant que la faillie des dormants foit bien égale des deux côtés du tableau. Il faut aufh avoir foin que la pièce d'appui foit po- fée de niveau , & qu'elle porte bien fur fappui de pierre tant en dedans qu'en dehors ; il eft cependant plus effentiel qu'elle joigne mieux dehors que dedans, afin d'empêcher l'air de paffèr par-deiTous. Lorfque le dormant eft en place , il faut y mettre les chaflîs à verres , afin de voir fi le jeu eft égal fur toute la lar- geur de la croifée ( * ) ; c'eft pourquoi il eft nécefïàire de faire ferrer les croifées avant de les pofer. Avant de faire fceler & arrêter une croifée , il eft bon de mettre en- tre les chaflîs & les traverfès des dormants , de petites cales de Tépaiffeur du jeu qu'il doit y avoir entre-deux afin qu'on ne les fiflê pas ployer en les fcélant ; il faut aufll mettre des coins de bois entre le dormarit & le mur pour tenir la croifée pendant qu'on lafcele ; cependant il ne faut les mettre qu'à l'endroit des traverfes & des importes , de crainte que fi on les mettoit ailleurs , elles ne fafient ployer les battants. Les croifées s'arrêtent avec des pattes à plâtre que l'on fcele dans les embrafements, & qu'on attache avec des clous flir le dor- mant. S'il fe trouve un peu de jeu entre les croifées & le fond des feuillures , ce qui eft prefque inévitable , on le remplit avec du plâtre dans lequel on mêle moitié de pouflîere (**) , afin d'empêcher qu'il ne poulfe trop le dormant. Pour ce qui eft de la pofe des doubles croifées , c'eft à-peu-près la même chofe qu'aux autres , excepté qu'il faut avoir foin qu'elles pafl"ent bien librement entre les dor- mants de celles du dedans , & que le jeu qu'il y a foit prefque tout entier par en- bas , parce que par la fuite du temps le poids des chaffis les fait toujours affez re- tomber. Quand on veut que les doubles croifées fe lèvent pendant l'été, on les arrête avec des crochets de fer qui font fcélés dans les tableaux ; ou bien quand les dormants reftent à demeure , & qu'on ne veut ôter que les chaffis , on arrête les dormants avec des pattes coudées que Ton fcele par dehors de la croi- fée , ou avec des pattes à vis coudées que f on fcele dans le tableau ; quelque- fois on y met des vis coudées à écrous , lefquelles paiîènt au travers des dor- mants & fe ferrent par dehors , ce qui eft très-folide. §. //. Manière de pofer les Portes tant grandes que petites. La pofe des portes-cocheres eft très-pénible , vû leur extrême lourdeur. Le Menuifier n'a d'autre foin que de la mettre en place ; toute la difficulté confif- tant dans la bonté & la folidité des Icélements. On doit cependant obferver que (*) On obretvera dans toute la ûiite de cedif- cours . que je fuppore la Menuiferie parfaicemcnt bien faice, 5c les mefures prifes avec toute la pré- dfion pollîble. Quanta lamanierc deprendre ces merurcs & les précautions qu'il faut prendre fé- lon l'irrégularité des places , j'en parlerai en trai- tant de l'Art du Trait. C**) Cette obfetvation eft eflcntielle , parce que le plâtre vif a la qualité de pouffer au dehors; c'eft pourquoi on ie difpenfera d'en mettre au- tour de la Menuiferie le moins qu'il fera pofliblff; ou du moins fi on eft obligé d'en mettre , ce ne fera qu'après l'avoir mêle Je pouftiere , afin d'en empêcher l'effet. Section II. §. //. De la manière de pofer les Portes. afjj les deux vantails ou vantaux ( ce qui eft la même chofe ) foient parfaitement da-plomb & bien dégauchis l'un avec l'autre , fur-tout quand le milieu de ces portes ouvre à noix ; on doit aufïï avoir foin de ne laiffer qu'un quart de pouce de jeu fur la hauteur , parce que quelque bons que foient les fcélements, h gra;ide pefinteur des vantaux les fait toujours retomber , & par conféquent leur donne tout le jeu nécelfaire. Quant à la largeur , il faut faire approcher les deux vantaux l'un contre l'au- tre par le bas , & au contraire y donner 9 lignes de jeu par le haut , & même un pouce aux portes d'une très-grande hauteur , ce que l'on fait en y mettant une cale entre-deux de l'épaiflcur de ce que l'on veut qu'il y ait de jeu. Quand on veut fcéler une porte-cochere , il faut avoir foin de la bien caler tant par-deflôus que par les côtés ; & on ne doit ôter ces cales que 24 heures après que la porte a été fcélée, afin que le plâtre ait le temps de prendre , &que les fcélements ne falTent de mouvement que le moins qu'il eft poffible. Les portes à placards demandent beaucoup plus d'attention & de foins que celle-ci , vu la difficulté des enfilades & leur réunion avec les lambris ; c'eft pour- quoi avant de commencer à les pofer , on doit d'abord tirer l'alignement du milieu de l'enfilade & l'à-plomb du devant de la corniche , laquelle doit régner avec le devant de la rainure du chambranle ; enfuite de quoi on pofe le cham- branle qui porte les portes , après l'avoir coupé à la hauteur de cette dernière , en y obfervant une ligne de jeu au moins. Lorfque le plancher eft parfaitemenc de niveau , on ne rifque rien de couper les bouts des chambranles ; mais lorfqu'il ne l'eft pas , on ne fait que les marquer à couper , & on met le chambranle en place bien d'à-plomb & de niveau ; enfuite de quoi on prend avec un compas ce qu'il y a à couper au chambranle à fendroit le plus bas, & on le reporte fur l'au- tre en y faifant une traînée ( *). Quand les placards font à deux vantaux, on a foin de mettre les deux battants des chambranles bien d'à-plomb fur le champ , & de leur donner un peu de refuite fur le plat , afin de faciliter l'ouverture des portes. Quand au contraire les placards ne font qu'à un vantau , on donne du fuit ou refuit au battant fur lequel la porte eft ferrée tant fur le plat que fur le champ; il faut cependant prendre garde à ne pas abufcr de la permilîlon de don-, ner du refuit aux chambranles , une ligne par toife étant fuffifmte pour faciliter l'ouverture des portes. Les chambranles qui portent les portes s'attachent différemment , félon que les bayes de ces dernières font de bois ou de plâtre. Lorfque les bayes font de bois , il eft deux manières de les attacher ; la pre- mière eft, quand les bois font apparents , de les attacher avec des broches , lef- quelles paffent au travers des chambranles. La féconde eft de les attacher avec des pattes à vis , dont l'extrémité eft percée de plufieurs trous, lefquels fervent ( * ) Les Mcnuilîcrs appellent traînée , un trait | une de fes branches contre le plancher ou cou- de compas mené bien parallclcment en appuyant | tre le mur, & en faifant marquer l'autre fur le bois. 258 M E N U I S I Ë R, II. Pan. Chap. VIII. à les arrêter avec des clous fur les poteaux qui forment la baye, La première ma- nière eft la plus aifée & la moins coûteufe , mais auffi elle cft la moins propre ; c'eft pourquoi la féconde lui eft préférable. ( Voy. la Fig. 7). Quand les bayes font de maçonnerie, on arrête les chambranles avec des pat- tes à vis coudées , lefqucUes font fcélées & enterrées dans TépaifTeur du mur , afin qu'elles ne nuifent pas pour placer les cmbrafements. ( Voye-^ la Fig. 8 ). Pour ce qui eft de k manière de placer les pattes à vis dans le bois , on com- mence à marquer la place de la vis, enfuite de quoi on perce un trou qui doit être à peu-près d'une grolfeur égale à celle du plus gros de la vis prife du fond du filet , afin qu'elle n'ait d'autre effort à faire dans le bois que celui qui lui eft néce/îâire pour s'y tarauder , à moins toutefois que le bois ne foit très-tendre ; alors on ne rifque rien de faire le trou un peu plus petit , afin que la vis tienne mieux. Quant aux doubles chambranles , on les arrête avec des broches lorfque les bayes font en bois ; lorfqu'elles font en plâtre , on y met des pattes à vis droites , iefquelles font placées diagonalement fur le derrière du chambranle, & que Ton Icele par le côté. ( J^oye'^ la Fig. 9 ). Quand on veut donner plus de folidité à l'ouvragé , on met des vis à tête per- due fur le devant du chambranle , iefquelles prennent dans les embrafements , ce qui eft d'un très-bon ufage , quoiqu'un peu plus coûteux ; cela diipenfe de mettre des broches dans les chambranles , des pattes à pointes placées fur le derrière du chambranle étant fufiifantes, lorfque les bayes font en bois. On met auffi des pattes à plâtre fur le derrière des chambranles ; mais celles à vis leur font préférables , parce que non-feulement elles font plus folides , mais en- core parce qu'elles ne nuifent pas tant que celles en plâtre , Iefquelles font ap- parentes , & par conféquenc nuifibles , ainfi que je viens de le dire. Pour ce qui eft des embrafements des portes , ils ne font arrêtés fur les murs en aucune manière , étant retenus dans les chambranles par des languettes, & quel- quefois arrêtés avec des vis ; c'eft pourquoi je ne parlerai de leur pofe en aucune manière : cependant il eft bon d'avoir la précaution de les peindre par derrière pour les garantir de f humidité , ainfi que je fai dit plus haut , & de les caler par derrière quand il s'y trouve trop de jeu , afin qu'ils ne ployent pas fur leur lar- geur. §. 1 1 1. De la manicre de pofcr les Lambris tant d'appui que de hauteur, les Glaces , &c. Je ne parlerai pas ici de la manière de pofer le parquet & les planchers , parce que j'ai traité cette matière en parlant de la conftruâion & de la décoration de ces derniers ; tout ce que je puis dire , c'eft qu'on ne fauroit faire trop d'attention pour que les aires & les augets fur lefquels on les pofe , foient parfaitement fecs , Section II. §. ///. De la manière de pofer les Lambris , les Glaces , &c. 26g fecs , fur-tout pour les planchers de planches, l'expérience faifànt voir que quel- que fecs que foient les plâtres & le bois , la privation d'air les fait toujours creufer , ce qui feroit beaucoup plus confidérable fi f un ou l'autre étoit fufcep- tible d'une trop grande humidité. Lorfqu'on veut pofer le lambris d'appui d'une pièce , on commence par def- cendre des à-plombs de tous les angles des corniches, afin de faire les languettes & les rainures de ce même lambris, puis on le met de niveau fur fà largeur ; ce qui étant fait, on le met à la hauteur convenable en coupant le pied , félon les irrégularités du plancher , ce qui fe fait par une traînée de compas ; enfuite dû quoi on l'attache le long du mur de diftance en diftance par le milieu des battants , en obfervant de le dreffer parfaitement fur tous les fens ; c'eft pourauoi dans les endroits creux il eft néceflàire de le caler , afin qu'il porte également par-tout. Le lambris ainfi arrêté , on ajufte les cymaifes delîlis , & on les fait join- dre contre le mur le plus qu'il eft poffible , afin qu'il ne fe gliffe rien entre ce dernier & les lambris ; les cymaifes s'arrêtent fur le lambris avec des pattes à pointes que l'on fait entrer dans le mur , ainfi que l'indique la Fig. r , cote a. Lorfqu'il fe trouve des pans de bois , cela ne fait que mieux , parce que les pat- tes à pointes y tiennent plus folidement que dans le plâtre ; fi au contraire les murs font de pierres ou de moilons, dans lefquels les pointes des pattes ne peu- vent pas entrer , on perce dans le mur à l'endroit où l'on veut placer la patte , un trou d environ 6 lignes de diamètre , dans lequel on enfonce un tampon de bois le plus fort qu'il eft poffible jufqu'au nud du mur , & dans le milieu duquel on fait entrer la pointe de la patte : il faut avoirfoin que ces tampons foient d'un bois bien fec , afin qu'ils ne fe retirent point en fe féchant , & par conféquent ne fortent pas hors des trous. ( Voye^ la Fio. ^ ). Les plinthes s'attachent fur le lambris d'appui avec des clous d'épingles , & fè mettent de largeur , félon la forme du plancher fur lequel elles doivent toujours joindre , foit que ce dernier foit droit ou d'une forme inégale ; on les ajufte en faifant une traînée de compas d'une ouverture égale à ce qu'elles exce- dentia largeur du champ avant qu'elles foient mifes de largeur. ( Voye[ la Fig. I , cote a& i). La pofe des lambris de hauteur ne diffère guère de celle des lambris d'appui , fi ce n'eû que quand il y a des lambris de hauteur dans un appartethent , on com- mence parajufter celui de l'appui, du deftus de lacymaife , duquel on prend des mefures pour ajufter celui de hauteur , en obfervant de le faire bien joindre fous le porte-tapifferie de la corniche , foit qu'il foit droit & de niveau ou qu'il ne le foit pas. Quand le lambris de hauteur eft ainfi ajufté , on le pofe en place après avoir coupé le pied du lambris d'appui d'environ 6 lignes , afin de pouvoir faire une pefée de/Tous le lambris d'appui , laquelle le fait remonter à fa place , & force celui de hauteur à joindre fous la corniche , ce qui ne pourroit pas être fi on ne coupoit pas les pieds du lambris , du moins fans beaucoup de fujétion ; Menuisier. II. Pan. Zzz 27° MENUISIER, II. Partie. Chap. VIU. = de plus , les lambris étanc ainfi juftes de hauteur , font fujets à faire éclatter les bords de la corniche , ce qui eft un très-grand défaut. En général , les lambris s'arrêtent de deux manières fur les murs des apparte- mens ; fa voir, avec des broches ou bien avec des vis : de ces deux manières, la première eft la moins coûteufe , mais aulTi eft-elle la moins propre ; elle a auffi le défaut que Ton n'eft prefque jamais le maître de bien drefler le lambris avec des broches , qui fouvent calfent ou ploient avant d'être tout-à-fait enfoncées : de plus , elles font fujettes à faire fendre le bois ; & s'il arrive que Ton foit obligé de dépofer un morceau de lambris , on ne peut prefque jamais le faire fans caifer quelque chofe ; au lieu qu'en fe fervant de la féconde manière , c'eft-à-dire en pofant les lambris avec des vis , l'ouvrage en eft beaucoup plus propre ; on eft toujours le maître de dreffer l'ouvrage ainfi qu'on le juge à propos , & on peut le dépofer fans lui caufer aucun dommage , ce qui eft beaucoup à confidérer & qui doit toujours faire préférer cette manière à toute autre , quoiqu'elle foit un peu f lus fujette & plus coûteufe. Quant à la manière de faire tenir les broches dans les murs , c'eft la même chofe que pour les pattes à pointes. ( Voye:^ les Fig. 2 <§ 3 ). Pour ce qui eft des vis , cela demande un peu plus de fujétion , parce qu'il faut faire fcéler des morceaux de bois dans les murs à la rencontre de chaque vis : ces morceaux de bois fe nomment tampons , & font taillés à queues d'aronde fur leur épaiJfeur , afin qu'ils ne fortent pas de dedans les murs après qu'ils y ont été fcélés. On doit auffi avoir foin que ces tampons foient bien à-plomb & bien drefles; afin que les lambris portent également deflus. ( Voye^ la Fig. 4 ). Quand il ar- rive que les lambris font ifolés des murs, on fait faillir les tampons jufqu'au nud du fond du porte-tapifferie ; & on a foin de les bien dreffer de tous les fens , c eft-à-dire , fur la face , afin que le lambris porte également par-tout. ( Voy. la Fig. 5 , cote e,f). En général , il faut éviter de mettre trop de vis ou de bro- ches dans les lambris ; ilfulEtpour qu'ils foient pofés folidement , que les rai- nures & les languettes des angles & des reJTauts foient bien juftes , qu'ils foient bien calés par derrière, afin qu'ils ne ployent point & qu'ils portent égale- ment par-tout ; d'après ces précautions prifes , le moins qu'on peut mettre de vis ou de broches n'eft que le mieux, vu que leur trop grande quantité devient inutile. Les chambranles de croifées fe pofent de même que ceux des portes ; lorf qu'ils affleurent le nud des embrafements , on les arrête avec des pattes coudées à pointe Fig. 6 ,ou bien on les arrête par les côtés avec des pattes à plâtre , & fur le devant , avec des vis qui prennent dans les embrafements. (Voye^la Fig. 9. ) Lorfqu'on emploie des vis dans la pofe de la Menuiferie , on doit toujours en enterrer les têtes , & les recouvrir avec un tampon à bois de fil , c'eft-à-dire , du même fens du bois ; parce que quand elles font apparentes , elles font un très-mauvais effet , vu qu'elles fe rouillent quand elles font peintes en détrempe , SECTION II. §. m. De la manière de pofer les Lambris , les Glaces , &c. 27Z ce qui arrive dans prefque tous les appartemens. ( Fojq la Fig. 3 , cote c d). Les parquets de glaces ne s'attachent pas ainfi que le refte de la Menuiferie , vu qu'on ne peut pas enfoncer de broches ni fcéler de tampons dans les tuyaux de cheminée; c'eft pourquoi on fe fert de vis à ëcrous , nommées vis h parquet déglace , amfi que je l'ai dit plus haut , page Ces vis ne font jamais appa- rentes, mais fe placent dans les traverfes du parquet, dans lefquelles leur tête eft entadlée jufqu'à fleur , afin qu'elle ne porte point fur la glace. Le nombre de ces vis n'eft pas abfolument déterminé pour chaque parquet ; ce- pendant on ne peut guère moins en mettre que quatre à ceux d'une moyenne grandeur , & un plus grand nombre aux autres à proportion dcrleur grandeur. Lorf- qu'onpofe des parquets déglaces, il faut avoir bien foin qu'ils foient parfaitement bien d'à-plomb fur tous les fons , la moindre inclinaifon d'un côté ou d'autre étant un défaut confidérable, fur-tout quand il y a deux glaces vis-à-vis l'une de l'autre ; il faut auffi dans ce dernier cas , prendre garde qu'elles foient bien parallèles' à la rencontre l'une de l'autre, parce que la moindre inclinaifon qu'elles auroien: leur feroit renvoyer les objets tout d'un côté , ce qui eft fort défagréable. Comme il arrive quelquefois que les murs d'un appartement ne font pas par- faitement parallèles , ou bien qu'il n'eft pas abfolument poffible que les glaces foient vis-à-vis l'une de l'autre, ou enfin quand on pofo une glace à l'extrémité d'une enfilade de pièces que l'on veut profonger , du moins en apparence , & que le mur qui doit porter la glace ne ft retourne pas d'équerre avec l'enfilade ; dans ces différens cas, on eft obligé de quitter le parallélifme du mur pour faire retour- ner quarrément les glaces , afin que tous les rayons des objets qui y réfléchirent , fê rapportent au milieu de lèur largeur, & ne fe confondent pas les uns dans les autres. Le moyen le plus sûr de faire parfiitement rapporter les glaces , eft quand on pofo les parquets deftinés à les porter , d'en prendre une d'une largeur affez confidérable pour qu'elle occupe toute la largeur du parquet , ou du moins la plus grande partie, & on la pofe fur ce dernier, afin de voir de quel côté il eft nécelîâire de les faire incliner ( * ). Voilà à-peu-près en quoi confifte toute la théorie de la pofe de la Menuiferie ; Li pratique aidée de l'expérience fournilTant beaucoup d'autres moyens, qui quoi- que les mêmes dans le fond , femblent changer félon la diverficé des occafions. Je ne parlerai pas non plus de la manière de pofer les armoires , cette defcrip- tion appartenant à la partie du Meuble que je traiterai ci-après ; cependant com- me dans les Bibliothèques & autres ouvrages de Menuiferie de bâtiment on fe fert de vis à écrous , j'ai cru qu'il étoit néceflàire de donner la manière de les po- C*) L'obfcrvation que je fais ici touchant la pofe des parquets de glaces, doit auiTi fcrvit lorfqu'on prend les mefures de l'ouvrage, fur- tout lorfqu'on foupçonnc que l'inclinaifon des murs eft confidérable , ee qu'on ne peut parfai- tement vérifier que par cette méthode , du moins pour la facilité du plus grand nombre, afin de dé- terminer au juftc de combien les parqucrs de gla- ces doivent faillit oti rentre! d'un côté ou da l'autre. 9'J- 1J1 M E N U I S I E R, II. Partie , Chap. VIIL fer , ce qui fe fait ainfi : Après avoir affemblé le battant & la traverfe que Planche j.^,^ ^^^^ retenir enfemble par le moyen d'une vis , on perce un trou de la grodeur de cette dernière , au travers du pied ou du battant , lequel trou paiTe dans la traverfe au milieu de l'épaifTcur du tenon , du moins autant qu'il eft polfi- ble , & que l'on prolonge jufqu'à environ 334 pouces plus loin que ce dernier. Quand le trou eft ainfi percé , on défalTemble la traverfe ; & du côté qui eft le moins apparent , on fait une petite mortaife quarrée à environ un pouce & demi ou 2 pouces de l'arrafement dont la largeur eft en travers de la traverfe & égale à celle de l'écrou , ainfi que fon épaiffeur qui eft égale à celle de ce dernier ; on approfondit cette mortaife jufqu'à ce que le trou de l'écrou foit parfaitement vis- à-vis celui qu'on a percé dans la traverfe , & on aura bien foin qu'il ne defcende pas plus profond , ce qui eft un défaut d'autant plus à craindre , qu'il faut que l'é- crou entre extrêmement jufte dans le bois , & qu'il eft très-difficile de le retirer lorfqu'il eft tout-à-fait enfoncé , ce qu'il faudroit pourtant faire s'il fétoit trop , afin de mettre une cale par-defi"ous. Lorfque l'écrou eft bien en place , on bouche le deffus de la mortaife avec un tampon à bois de bout que l'on y colle ; ce n'eft pas qu'on ne pût bien le mettre à bois de fil ; mais c'eft que comme la mortaife eft en travers , ces der- niers feroient moins folides que les autres , & que de plus ces tampons fe met- tant prefque toujours par derrière , on doit dans ce cas préférer la foli- dité à la propreté. Comme il eft quelquefois des occafîons oïl l'on ne peut pas faire paffer les vis dans fépailTeur de la traverfe , on fe fert alors d'écrous fail" lants, lefquels font attachés fur le derrière de cette dernière , ce qu'on évitera le plus qu'il fera poflible , tant à caufe que ces fortes'd'écrous coûtent plus cher que les autres , que parce qu'ils tiennent moins bien , & par conféquent donnent moins de folidité à l'ouvrage. CHAPITRE IX. De l'An du Irait en général ^73 f CHAPITRE NEUVIEME. De l'Art du Trait en général. S o u s le nom de Trait, les Menui/iers ne doivent pas feulement Comprendre lâ théorie de la coupe des bois relativement aux ouvrages courbes & gauches mais encore la manière de prendre les mefures de l'ouvrage , celle de le mar- quer fur le plan afin de l'exécuter ou de le faire exécuter , ce qui eft la même chofe. L'Art du Trait comprend auffi la manière de difpofer la Menuiferie pour recevoir les ornements de Sculpture , & celle de coller les bois tant dans les par- ties courbes que droites : c'eft pourquoi avant de parler des ouvrages courbes , tels que font les rampes des efcaliers, les revêti/fements des vouflures, &c, je vais entrer dans le détail le plus exaél & le plus circonftancié de cette première partie de l'Art du Trait , comprenant la manière de prendre les mefures, &c. afin de préparer ceux qui liront cet Ouvrage , à une étude plus compliquée , telle que celle de l'Art du Trait proprement dit , & en même temps pour rendre plus fa- cile l'intelligence de cette partie de mon Ouvrage , qui quelque claire qu'elle puiife être écrite, entraîne toujours après elle beaucoup de difficultés dans l'exé- cution, quand la Théorie n'eft pas fécondée de la Pratique , laquelle doit toujours aller de pas égal avec cette dernière (*). Section Pre M I E R E. De la manière de prendre les Mefures. La manière de prendre les mefures de la Menuiferie, n'eft pas aufTi indiffé- -== rente que bien des gens fe le perfuadent , puifque c'eft de l'exaditudc avec la- PtANcHE quelle ces mefures font prifes , que dépend en partie tout le fuccès de l'ouvrage. Les Menuifiers fe fervent de toife pour prendre leurs mefures ; ce n'eft au- tre chofe qu'une règle de 6 pieds de longueur divifée par pieds , & une de ces divifions par pouces , afin de pouvoir connoîtrc combien chaque partie qu'ils me- furent a de longueur. U y en a qui ne fe fervent point de toife, mais fimple- (*) Cette partie de l'Art du Trait, auroit na- turellement du être placée au commencement de la première partie de cet Ouvraçe, la Théo- rie devant précéder la Pratique, à'iaquelle elle doit fcrvir de guide. Mais je n'ai pas été tout à- faitlc maître de cette difpofition, ayant été obli- gé de me rendre aux raiibns des perfonncs dont les confeils & les avis peuvent & doivent fervir de préceptes ; de plus cela ne fait rien à l'Ouvra- ge, pmfqu'ilefttouîoursle même quant au fonds, toute la diflérence qu'il y a n'étant que dans l'ar- rangement des diverfes parties qui le compoient; c'eft pourquoi la Théorie jointe à la Pratique, ou même devancée par cette dernière , pourra peut-être plaire à plufieurs pcrfonnes , fur-toue à ceux à qui la Théorie eft plus familière que la Pratique, Menuisier. II. Pan. Aaa 274 MENUISIER,! I. Partie, Chap. IX. = ment d'une règle d'une longueur quelconque , fur laquelle ils marquent leurs mefures. Cette féconde manière eft moins bonne que la première , parce que non-feulement elle eft fujette à erreur , puifqu'on peut mettre une marque pour une autre , ainfi que je le dirai en fon lieu , mais encore parce que ces mêmes marques font fujettes à s'elFacer ; ce qui alors vous met dans la néceffité de re- prendre les mefures que l'on a déjà prifes ; ce qui n'arrive pas lorfqu'on fe fert d'une toifè , pai-ce qu'alors on eft obligé d'écrire fur le papier les mefiires que l'on prend , & même de figurer ce qu'on melure. On fait très-bien aufli d'écrire fur les murs les mefures à chaque endroit où on les prend , afin de ne pas pren- dre le change pour le lieu & la quantité des longueurs. Ces précautions paroî- tront peut-être peu néce/Taires , du moins à pluficurs ; mais pour peu qu'on veuille y faire attention , on verra que rien n'eft fi facile que de fe tromper fur la quantité & fur le genre de la chofe , c'eft-à-dire , que par diftraâion on peut écrire plus ou moins de toifes , de pieds ou de pouces , ou enfin mettre l'un pour l'autre , ce qui n'arrive pas , ou du moins très-rarement , lorfqu'on prend toutes les pré- cautions dont j'ai parlé ci-delTus. Fiy'c^ /a Fig. 2 , laquelle repréfente une toife divifée. Quoique je ne parle ici que d'une toife , il eft cependant bon d'avoir des régies plus longues, fur-tout pour prendre des mefures de hauteur ; mais il faut avoir foin que ces règles aient une longueur de pieds jufte , comme p , i 2 , ou même 15 pieds, tous divifés ainfi que les toifes. Ces grandes régies font d'autant plus commodes , que l'on prend les mefures très-juftes , vu qu'il y a moins de fraélions , ce qui eft fort à confidérer , fur-tout quand les longueurs que l'on veut melurer font confidérables. Il eft encore une autre efpece de toife, que l'on nomme toije mouvante, laquelle eft compofée d'un morceau de hoisdd, Fig. J, d'environi5lignes d'épaifl'eur fur 3 f ouces de largeur ; ce morceau eft fouillé dans le milieu de fa largeur par une rai- nure « , laquelle eft à queue de lignes de large au plus étroit , fur 8 à 9 lignes d'épaifleur ; & dans cette rainure entre une autre règle f, laquelle la remplit exaftement, de manière néanmoins qu'elle puilTe fe mouvoir aifément; de forte que quand on veut prendre une hauteur avec cette règle , on fait remonter la regle/jufqu'à cette hauteur , & on voit tout d'un coup combien cette dernière a de pieds , puifque les deux règles font également divifées. ( P^oyei la Fig. 3.) Il eft de ces fortes de règles qui font compofées de 3 ou 4 morceaux qui fe meuvent à coulifFes les uns dans les autres : mais les Menuifiers n'en font point ufage ; c'eft pourquoi je n'en parlerai point ici , ces fortes de régies ne fervant qu'aux Architeftes. Lorfqu on fe fert d'une fimple règle pour prendre des mefures , on a foin de marquer les largeurs autrement que les hauteurs , afin de ne fe pas tromper quand on vient à faire l'ouvrage. Lorfque la règle n'eft pas alfez longue pour prendre une mefure , on prend d'abord fa longueur , puis ce qui refte d'après fon extrémité jufqu'à l'endroit que l'on veut mefurer , lequel reftant fe marque lîjr Section ï. De la manière de prendre les Mefures. la régie , mais en fens contraire des mefures ordinaires , avec le chifre t Ou 2 , ce qui indique que la partie qu on a mefurée , ou pour mieux dire dont On a pris la longueur , a une ou deux fois la longueur de la règle , plus ce qui eft marqué defl-us. Foje^ la Figure r , où la cote a repréfente une mefure de largeur; celle ^, repréfente une mefure de hauteur ; & celle qui a de longueur une fois la règle , plus la d.ftance qu'il y a de cette mefure jufqu'au petit bout de cette même règle , lefquelles longueurs jointes enfemble , indiquent la me- fure totale de ce qu'on a mefuré, ainfi que je l'ai dit ci-deffus. En général avant de prendre aucune mefure, il faut obferver fi la place eft bien d'à-plomb & de niveau ; s'il arrive qu'elle ne le foit pas , il faut voir de quel côté eft le défaut , afin d'y remédier en faifant l'ouvrage. Lorfqu'on prend la mefure des croifées , il faut toujours la prendre d'entre le tableau tant de largeur que de hauteur, ce qui eft mieux que de la prendre du fond des feuillures , parce qu'eUes font quelquefois inégales , fur-tout celles qui font faites en plâtre. ( Voyez les lignes cotées ^, r , de la Vignette. ' Lorfque les croifée, font à grands carreaux, il eft bon que les Menuifiers forent mformés de l'efpece de verre qu'on y mettra, parce que chaque qualité de verres tant de France que d'autres pays , font faits fur des mefures qui fonc propres à chacun d'eux , de forte que fouvent on eft borné par leurs grandeurs & que quelquefois pour 6 lignes de plus haut ou de plus large , on eft obligé dé prendre des verres auxquels il y a beaucoup de perte foit d'un fens ou de l'au^ tre, & qui coûtent quelquefois un quart ou même un tiers plus cher que ceux qui font d'un demi-pouce au-de/fous, ce qui eft fort à confidérer. C'eft pourquoi lorfqu'on fe rend compte de la grandeur & de la qualité des verres , on peut grandir ou diminuer les carreaux des chaffis en raifon du choix que l'on a fait pour les verres , ce qui ne coûte qu'un peu d'attention, & quel " quefois un peu plus de largeur de bois , étant obligé de forcer les largeurs de ces derniers pour regagner ce que les carreaux de verres ont de plus étroit ou de plus court. ( * ) Pour ce qui eft des lambris tant d'appui que de hauteur, on doit, avant d'en prendre les mefures , jetter des a plombs des corniches , afin de corriger le défaut des murs en les hachant s'ils refuient du haut, ou au contfaire en laifl-aiu del intervalle entre eux & les lambris s'ils avoient du fur-plomb. Les à-plombs ne doivent pas fe prendre du fond du porte-tapilTerie , mais du devant de la corniche moins le quarré qu'elle doit livrer fur le lambris , ainfi que l'mdiquent les lignes m m. On doitauffi, après avoir déterminé'la hauteur de 1 appui , tirer à cette hauteur une ligne de niveau s s au pourtour de l'appar- tement , afin que s'il fe trouvoit de la différence de hauteur, on puiffe favoir fi parce que ces nietoes ne fon^TO^^^^^^ Manufaftures ; c'eft pourquoi on fe ferv.ra de ^ P '^°"'™"" = ™ I ceuxquireronteniifagelorrqu'onenaurabefoin. I'lancms I00-. Éiii m a7<î MENUISIER, II. Partie, Chap. IX. ' c'eft le plafond ou le plancher qui eft hors de niveau , ou enfin fi c'eft tous les 'lanche Quand il n'y a que le plancher qui a ce défaut , on pcfe toujours le lambris d'appui de niveau , toute l'inégalité qu'il y a fe regagnant fur la plinthe que l'on fait plus ou moins haute ; cependant lorfque la différence eft confidérable , il faut én prendre la moitié pour déterminer la hauteur des plinthes , afin de ne les pas faire trop hautes ou trop balfes , ce qui arriveroit néceffairem.ent fi on ne prenoit pas cette précaution. Lorfque c'eft le plafond qui baifTe , & que fon inclinaifon eft confidérable , il n'eft pas polTible de regagner cette inégalité fur la largeur des champs du haut , ce qui feroit un très-mauvais effet ; c'eft pourquoi on a imaginé deux moyens pour corriger ce défaut : le premier eft de faire fuivre la pente de la corniche aux traverfes du haut des lambris; le fécond, eft de faire tous les pan- neaux de la face inclinée , d'une hauteur inégale , c'eft-à-dire , qui foit propre à chacun d'eux félon leur place, de forte que toutes les traverfes du hautfoient de niveau , n'y ayant que leur champ qui eft un peu inégal d'un bout à l'autre ; mais cette différence eft très-peu fenfible , fur-tout quand il y a des parties qui font corps les unes fur les autres , ou qu'il y a de l'ornement aux traverfes. Cette ma- nière de regagner les pentes des corniches eft très-bonne ; c'eft pourquoi on fera très-bien de la préférer à l'autre. Quandil n'y a point de corniche dans une pièce, & quele lambris monte jufqu'au nud du plafond, on y met pour l'ordinaire un ban- deau orné d'une moulure, lequel ainfi que les plinthes, regagne les inégalités qui s'y trouvent. Quant à ce qui eft des portes en général , la mefure en eft fort facile à prendre , parce que c'eft toujours de leurs tableaux qu'il faut partir , plus leurs recouvre- ments dans les feuillures , fur-tout lorfque c'eft des portes-cochères ou d'au- tres petites portes qui entrent dans des huifieries ; mais lorfque c'eft des pla- cards avec chambranles , ce ne doit pas être les bayes qui doivent déterminer , puifque ces dernières ne font pas toujours faites d'une grandeur à pouvoir conte- nir des placards d'une grandeur relative à celle de la pièce, comme elles devroient l'être, & que quand même il y auroit quelque différence, il feroit facile d'y remé- dier en grandiiTant ou diminuant leur hauteur ou leur largeur. Toute la difficulté qu'il y a en prenant la mefure des placards , ne confifte donc que quand il y a plufieurs pièces d'enfilade ; il faut tirer une ligne n n d'un bout à l'autre des ap- partements, afin de déterminer le milieu de chaque placard tant fur le parquet que fur les murs au-deflus de la baye des portes ; & d'après cette même ligne marquer fur les murs des deux côtés de la baye , la largeur du dehors du cham- branle , ce qui déterminera au jufte la largeur des lambris qui viennent à côté, de ces derniers (*). (*) L'obfervation que je fais ici cfl abfolu- I appartement n'eft pas terminée d'une manière ment nccsffaite, parce que quand l'enfilade d'un | fixe & invariable, ainfi que la largeur du dehors On Section I. §. I. De la manière de marquer l'Ouvrage fur le plan. 277 On aura la même attention en prenant la mefure des chambranles des croifées , fur-tout quand les volets fe briferont derrière , afin que les pilaftres & les tru- meaux qui fe trouvent à côté , ne foient pas dans le cas d'être trop larges ou trop étroits ; de plus , ces lignes du milieu des croifées peuvent auffi fervir pour pla- cer les glaces que l'on met vis-à-vis, ainfi que l'indiquent les lignes p p. Ce fera auifi la même chofe pour le milieu des cheminées que l'on trace auffi tant fur le parquet que fur les murs, ainfi que la ligne 0 0 , avec les précautions nécelfaires pour la rencontre des glaces. (Voyez ce que j'ai dit à ce page ) Voilà en général tout ce qu'il eft poffible de dire touchant la manière de prendre les mefures , l'expérience & les différentes occaClons que l'on a étant les meilleures leçons qu'on puiflè prendre à ce fujet. §. I. De la manière de marquer l'Ouvrage far le plan. Après que l'on a pris les mefures de l'ouvrage que l'on veut faire , on le trace fur une planche droite & unie ; c'eft ce que les Menuifiers appellent marquer l'ouvrage fur le plan. En général , ils nomment plan , toutes les coupes de leurs ouv rages tant de hauteur que de largeur , lefquelles coupes repréfentent les pro- fils de toutes les parties qui les compofent , ou pour parler plus intelligiblement , lepréfentent la forme des bois , leur épai/feur & leur largeur. Avant de commencer à marquer fouvrage fur le plan , il faut avoir déter- miné la largeur des champs , l'épaifTeur des bois , la largeur & la forme des pro- fils , ce que l'on lait fur le papier , afin d'être le maître d'y faire tous les chan- gements ou toutes les augmentations qu'on juge à propos , ce qui vaut mieux que de deffiner les profils fur le plan , parce que non-feulement ils ne font ja- mais auffi bien que fur le papier , mais encore parce que c'eft un temps perdu que celui qu'on employé à marquer les profils à tous les endroits où ils fe trou- vent fur ce même plan. Lorfque fouvrage efi; d'une certaine confidération , il eft bon d'en faire un deffln fur le papier avant de le marquer , parce qu'alors on peut mieux fe rendre compte des formes & du rapport qu'ont toutes les parties les unes avec les autres. Quand l'ouvrage eft très-confidérable , tant pour la richeffe que pour la gran- deur , il ne faut pas fe contenter d'un deffln ; il eft néceflâire de le marquer en grand fur les murs de la pièce dans laquelle il doit être pofé , afin que f on puillè juger de fefi^et de tout l'ouvrage , tant pour ce qui regarde la Menuiferie que pour la Sculpture. Lors même que l'ouvrage eft d'une nature hors de l'ordinaire , on doit en faire des modules en petit, afin de ne rien négliger pour le rendre parfait. des chambranles , on ert fouvent cxpofc à faire une infinité de fautes prefque irréparables, puif- que fouvent on fait des parties de lambris plus Menuisier. II. Parc, ou moins larges qu'il ne faut , ce qui n'eft pas facile à réparer , fur-tout quand il y a des cin- tres dans les traverfes. Bbbb 278 MENUISIER, IL Partie. Chap. IX. Je ne faurois nier que toutes ces précautions coûtent toujours très-cher ; mais Planche g^fj; gljgj accélèrent l'exécution de l'ouvrage , en éloignant toutes les difficultés qui pourroients'y rencontrer ; de plus , elles répondent en quelque forte du fuc- cès ; car quelque expérience que l'on ait , il arrive fouvent lors du temps de l'exécution , des difficultés auxquelles on n'auroit jamais penfé ; c'eft pour- quoi on ne doit jamais fè fier à fa théorie , en fe paflànt de deffins & de mo- dèles : de plus, ce que je recommande ici n'efl: pas une chofe nouvelle , puifque les plus grands Artiftes de tous les genres ne font jamais rien exécuter qu'ils n'ayent fait delfiner & modeler auparavant. L'ouvrage ainfi deffiné ou modélé félon l'occafion, on le marque fur une plan- che qui eft ordinairement de lapin drelTé & blanchi d'une manière très-unie , afin de pouvoir marquer l'ouvrage avec plus de propreté ; c'eft pourquoi on pré- fère ce bois à tout autre pour cet ufage , parce que quand il eft d'une belle qua- lité , il eft extrêmement doux , d'une dureté prefqu'égale par-tout. On fe fert de pierre noire ou rouge , que l'on nomme Janguine , pour mar- quer l'ouvrage ; cependant il eft bon de commencer à le marquer avec de la craye , parce qu'elle s'efface plus aifément que la pierre noire ou rouge, dont on ne doit fe fervir que quand on a tout marqué avec la craye. Il ne faut pas marquer les profils , ainfi que je l'ai dit ci-de/Fus ; mais il ne faut faire qu'un chanfrein de la largeur des moulures ; cependant comme la Menui- ièrie peut être fimple , ou bien à petit ou à grand cadre , il eft bon de marquer la malîè des profils de chaque elpece d'une manière différente, afin que l'ouvrier qui fait fouvrage ne puiftè pas s'y méprendre. Les profils fimples fe défignent par un feul chanfrein , ainfi que celui coté g-, Jîg. 4 ; ceux à petits cadres par un chanfrein femblable aux premiers , à l'ex- ception qu'il eft ravalé d'environ une ligne du nud des champs , ainfi que celui coté Pour les grands cadres, on y fait un chanfrein par-devant, & par-der- rière on marque leur faillie fur les champs , en*obfèrvant de marquer les em- breuvements. Lorfque ces cadres auront une moulure fur le derrière , on y fera un petit chanfrein pour l'indiquer. Voyez le profil coté ^ , qui repréfente un pro- fil à cadre lâillant d'un côté , & à plate-bande de l'autre ; & celui coté /, qui repréfente un cadre embreuvé , dont le champ entre à rainure & languette dans un chambranle de porte. En général , il faut avoir foin de marquer fouvrage très-jufte , afin que celui qui le fait aie plus d'aifance , & puiffe même tracer fur le plan fans faire d'autres compartiments ( * ) ; c'eft pourquoi il faut tracer à la pointe toutes les ( * ) Quoique je dife ici qu'il faut marquer l'ou- vrage allez juile fur le plan . pour qu'on puilTe tra- cer delîus , il ell cependant bon que les ouvriers prennent la peine de vérifier fi les compartiments font faits juÀes lorfqu'ils viennent à tracer, afin d'éviter de fuivre les fautes qui feroienc fur le plan , fuppofé qu'il y en eût ; de plus , les com- partiments relevés font toujours fujetsà quelques erreurs ; c'efl pourquoi il ell bon de les faire fur l'ouvrage en le traçant, malgré toute l'exaftitu- de du plan. Section I. §. I. De la imnim de marquer l'Ouvrage fur le plan. 279 largeurs de champs & de moulures, ce qui eft plus jufte que la pierre blanche. Il faut aufli avoir foin de marquer bien jufte toutes les feuillures & les ravale- ments , ainfi que les rainures & languettes tant des milieux que des angles, qu'il faut numéroter , afin que l'on puilTe voir d'un feul coup d'œil toutes les parties qui vont avec les autres. Les chambranles des portes fe marquent auffi en mafTes , en obfervant feule- ment de marquer jufte la place des rainures & la profondeur des ravalements. Voyei la Fig. y , qui repréfente du lambris marqué tant de largeur que de hau- teur. Les profils des croifées fe marquent aulTi en maffes ; leurs petits bois fe mar- quent tout quarrés félon leur largeur & épaiiTeur ; & lorfqu'ils font à petits montants , on y fait une croix , laquelle paife par les quatre angles , ce qui indi- que leur coupe à pointe de diamant. On marque auifi les feuillures des chaffis à verre , ainfi que la forme du profil des importes , celle des jets-d'eau & de la pièce d'appui. ÇVoye^la Fig. (î). Il eft bon, avant de marquer l'ouvrage , fur-tout quand on n'a pas fait de deC- fins , il eft bon , dis-je , de calculer toute la largeur des bois , afin de voir tout de fuite la grandeur des panneaux ou des pilaftres que l'on veut marquer , afin d'en diminuer ou augmenter le nombre. Cette manière eft la plus sûre & la plus facile , non-feulement parce qu'on fe trompe moins aifément , mais encore parce qu'elle abrège bien du temps que l'on eft fouvent obligé de pafter à faire des compartiments & à les eflTacer. Les Menuifiers marquent aufli des élévations de leurs ouvrages, fur-tout lorf- qu'il eft cintré ou orné de fculpture. Ces élévations ne font qu'au trait fans au- cune ombre , fi on en excepte les ornements ; mais ces derniers ne font pas du refl"ort des Menuifiers. Ces élévations fe nomment plan , en terme d'ouvrier , & fe marquent fur de grandes tables de bois de fapin; & lorfqu'il arrive qu'il y a des lignes qui ne font que de conftruélion , c'eft à-dire , pour défigner quelques joints ou quelques aflemblages , on les fait d'une autre couleur que celles de l'é- lévation , afin de les diftinguer , c'eft-à-di re , que fi 1 élévation eft marquée en noir , les lignes de conftruélion le font en rouge ; quelquefois ces lignes ne fe marquent qu'à la pointe , fur-tout quand il eft abfolument nécelîàire qu'elles foient très-juftes. Les outils propres à marquer l'ouvrage , font les mêmes que ceux qui fer- vent à le tracer ; c'eft pourquoi je n'en parlerai point ici. Voyez ce que i en ai dit dans la première Partie de cet ouvrage , page 6^. M E N U I S I E R, II. Pan. Chap. IX. §. II. De manière de difpofer la Menuifèrie pour recevoir les ornements de Sculpture. Planche ,101. Lorfque la Menuifèrie eft fufceptible de recevoir des ornements de fculpture, on commence par les marquer en grandflir la place ou fur des plans faits de plan- ches d'une longueur & d'une largeur afTez confidérable pour les deffiner dans fa grandeur naturelle. Quand les ornements font ainfi deffinés , on les décalque (*) fur du papier , afin de les exécuter iur l'ouvrage. Ces calques ou deffins fe nom- ment ponjifs , en terme d'ouvrier ; & ordinairement les Sculpteurs les commu- niquent aux Menuifiers , afin qu'ils puilTent y prendre au jufte la forme des con- tours , la grandeur & la place des ornements , lefquels fe font de deux maniè- res , ainfi que je fai déjà dit. Ceux qui font pris en plein bois font les plus foli- des , fur-tout pour les ouvrages fujets au grand air & à fhumidité ; cependant ceux qui font rapportés font toujours beaucoup mieux , parce que quelque foin que l'on prenne pour faire fouvrage avec propreté & précifion , il n'eft guère polfible que les fonds & les moulures foient parfaitement bien faits , llir-tout les fonds , que les Sculpteurs ne font prefque jamais bien unis ni d'égale proton- deur , ni les moulures d'une forme ou d'une largeur égale ; ce n'eft cependant pas que cela foit abfolument impoffible ni trop difficile à faire , mais c'eft que les Sculpteurs , du moins pour la plupart , ne veulent pas fè donner la peine d'y faire attention , & que peu accoutumés aux formes droites & parallèles , ils né- gligent tout ce qui n'eft pas de leur Art , fans faire attention que c'eft de l'éga- lité des fonds , du parallélifiue & des beaux contours des moulures , que dé- pend tout le fuccès de leur ouvrage , qui n'a de mérite qu'autant qu'il imite la nature , & qu'il fcmble être rapporté îw la Menuifèrie, & non en faire partie ; c'eft pourquoi les Sculpteurs devroient prendre une connoiffance , du moins élé- mentaire , des principes de la Menuifèrie & des opérations de Géométrie , afin de ne pas fe laiftèr entraîner au feu de leur imagination , laquelle les luet fouvent dans le cas de faire des chofes contraires au bon fens & à la polTibilité , du moins en apparence. ( * * ) (* ) En terme d'ouvrier , on appelle décalquer des ornements de Sculpture , lorfqu'on en prcndune co- pie de ce qui eft marqué tur la muraille ou fur le plan , ce qui fe fait de cette manière : On prend une ou plufieurs feuilles de papier col- lées enfemble, que Ton attache fur la muraille ou fur le plan où font delîinés les ornements que l'on veut copier ; puis on frotte ce papier avec quelque chofe de dur de de poli, tel que le manche d'un outil ou autre chofe femblable , (te forte que le dclTm qui eft fur la muraille ou furie plan , s'imprime iur le papier que l'on rc- delTme enfuite ôc que l'on pique félon les con- tours des ornements pour le poncer enfuite fur i'ouvrage , ce qui fe fait en frottant le defîin du ponftf avec un petit fachct rempli de mine de plomb pulvérifée, laquelle paffe au travers des trous du ponfif , & détetmine fur le bois la forme & le contout des ornements ainfi que des cintres. La connoiflance de la manière de pon- cer les ornemeius , fcmble être pins néceffaite aux Sculpteurs qu'aux Menuifiers ; cependant j'aî cru devoir l'expliquer ici , tant parce qu'elle peut fervir à ces derniers pour tracer les cinttes qui font defiinés pat le Sculpteur , que pour en donner une légère idée à ceux qui liront cet Ouvrage. ( **) On me pardonnera cette petite digrefîion en faveur de la vérité , l'expérience faifant voie tous les jours que de tiès-habiles Sculpteurs font très-ignorans fur ce qui regarde la forme des Les Section I. §. IL De la manière de difpofer la Mmuiferie. 28 r Les ornements qui font rapportés, font toujours mieux que ceux qui font pris en plein bois , pour les raifons que je viens de dire ci-deflus ; cependant avant de fe décider pour lune ou Fautrc manière , il faut faire attention à la forme & à la nature de ces mêmes ornements ; car il eft certain que ceux qui font d'une groffeur aiTez confidérable pour faire une maflè à part , com- me les guirlandes de toutes les elpcces Se les trophées , font toujours beau- coup mieux lorfqu'ils font rapportés, fur-tout dans les grands ouvrages où ils femblent beaucoup plus naturels étant difpofés de cette façon ; mais lorf- que c'eft de petits ouvrages , ou que les ornements font en trop petites par- ues , on fait beaucoup mieux de les prendre dans le même bois que la Me- nuiferie , ou dans des maffes que l'on colle fur cette dernière. Lorfque les Menuifiers préparent de l'ouvrage pour le Sculpteur , ils doi- vent d'abord chantourner jufte les traverfes félon qu'elles font deffinées fur le plan , puis les arrafer avec les panneaux lorfque l'ornement des traverfes fe répand fur ces derniers ; il ne faut cependant pas contourner les traver- fes trop juftes à Fendroit des ornements , parce que cela gêneroit le Sculpteur : il fuiBt de pouffer les moulures jufqu'à une diftance raifonnable de fon or- nement , de lui marquer la largeur des moulures , & de lui en donner tous les différents fonds , afin qu'il puiHe donner à ces ornements toute la faillie néceffaire , & qu'il ne foit pas expofé à les faire trop faillants ou trop ren- foncés. Pour le pourtour du bâtis, il eft très-aifé d'en donner le fond, parce qu'on n'a qu'à faire une feuillure au pourtour du bâtis à la profondeur du nud des champs ; mais lorfqu'on efl obligé de déterminer ces mêmes fonds au milieu de fouvrage , cela devient plus difBcultueux ; cependant on en vient facilement à bout à l'aide d'un outil nommé guimbarde , qui n'efl: autre chofe qu'un morceau de bois percé par le milieu d'un trou un peu incliné, dans lequel on place un fer que fon y arrête par le moyen d'un coin : ce fer fe haufTe ou fe baitfe à raifon de la profondeur dont on a befoin. Comme il eft prefque debout , il eft bon qu'il foit un peu épais , afin que l'outil ne relîàute pas iorP qu'on le pouffe , ce qui en terme d'ouvrier s'appelle brouter ; c'eft pourquoi au lieu d'un fer de feuilleret ou autre qu'on y met , on fait fort bien d'y fubf tituer un bédane , parce que fà grande épaillèur l'empêche de ployer , & par conféquent de brouter. La guimbarde fe tient à deux mains , & on a foin en la pouffant de la tenir ferme & de bien appuyer deffus, afin de pouvoir la conduire mieux. (Voy. les Fig. 6 (S- 7, qui repréfentent une guimbarde en coupe & en perlpedive). On doit auffi obferver de fouiller le fond que l'on veut ravaler avec le fermoir âc le cifeau , le plus proche poffible , pour que la guimbarde aye moins de bois à ôter, & foit par conféquent plus facile à conduire. contours & des profils, & que fouvent même ils 1 d'une parallèle, connoiflTance qu'ils regardent ignorent jufqu'aux noms d'une perpendiculaire & | comme inutile ou peu néceffaire à leur état. Menuisier. IL Fan. C c c c î8i MENUISIER, II. Partie. Chap. IX. Pour fouiller ainfi les fonds , & ne point s'expofer à les faire trop pro- fonds , on fe fert d'un petit morceau de bois dans lequel eft faite une en- taille de la profondeur du ravalement, & que l'on préfente de temps en temps, afin de voir fi on ne delcend pas trop profond. Lorfque les ravalements qu'on a à faire font trop grands pour que la guim- barde puifie y porter des deux côtés , on fe contente de les ravaler au pour- tour avec la guimbarde , & on y fait une ou plufieurs tranchées fur la lar- geur avec ce même outil , & le refte fe fait avec le cifeau & le rabot. Pour les ornements rapportés, ils fe collent &r le fond de la Menuiferie avant d'être fculptés , ou après l'avoir été ; dans ce dernier cas , on les colle ^ & on peut les arrêter par derrière avec des vis , ou bien même en pare- ment dans des endroits où la tête de ces dernières ne feroit pas apparente. Quand les ornements rapportés fe collent avant d'être fculptés, on les colle à l'or- dinaire , & on en ferre les joints avec des valets , du moins autant qu'il eft pofli- ble ; ou bien quand ces derniers ne peuvent pas y atteindre , on les arrête avec des clous dont les têtes ne portent pas immédiatement fiir le bois , mais fur des morceaux de bois minces nommés taquets , qui font percés d'un trou dans lequel pafie le clou ; de manière que quand les joints font fecs , l'épaifiiur de ces ta- quets fert de prife pour retirer les clous , que l'on doit avoir foin de choifir d'un fer très-doux , afin qu'ils ne caflènt pas dans le bois. ( Koye^ les Fig, 4 <5 J ). On peut auffi , quand les morceaux ne font pas d'une grande étendue , coller ces morceaux à la manière des Ebéniftes , qui eft de mettre entre le bois que Ton colle & le plancher de la boutique , un étréfillon ou goberge , que l'on fait roidir entre les deux , & qui arrête fortement les morceaux que l'on colle fur l'établi , en obfervant toutefois de mettre fur ces derniers une cale d'une forte épailTeur, & dont le fil foit en fens contraire du morceau quel'on colle. Que les ornements de rapport foient collés avant d'être fculptés, ou non , il eft toujours bon delescontre-profilerdans les moulures (*) furlelquellesils paf- fent , afin que quand les Sculpteurs viennent à les découvrir , elles ne foient point interrompues en aucune manière. Il eft très-certain que cette manière de préparer les ornements de rapport eft très-bonne , parce que non-feulement les fonds & les moulures en font mieux faits , mais aulTi parce qu'on n'eft point expofé au danger de voir des ornements qui naturellement doivent paroître appliqués fur la Menuiferie , en faire partie & être même pris aux dépens de f épaiffeur des corps fur lefquels ils doivent être appliqués ; ce qui cependant n'arrive que trop fouvent , fur-tour lorfque les ornements font pris en plein bois , ou que , quand ils font rapportés , on nér glige de les contre-profiler. (*) On encend çdit contre. projiUr unt moulure ^ faire l'iiivccfe de fon profil dans le bois que l'on colle deflus j de forte que ce dernier embralTe & en rcmpliffe exadcment toutes le* parties , du moins les principales, ainû que la Figurç Section I. §. II. De la manière de difpofer la Menuijerie. 283 Quand les moulures font totalement couvertes d'ornements , comme dans le cas des bordures de glaces ou de tableaux , il faut faire leur coupe dans les en- roulements , ou faire en forte qu'ils fe trouvent cachés fous quelques feuilles d'ornement , ce qui feroit très-bien. Il faut auffi obferver à chaque joint de pe- tites queues ou des goujons qui retiennent les bordures chacune à leur place ; & on doit avoir grand foin de tracer au trufquin , tant en deffus qu'en deffous, le dedans & le dehors de chaque moulure , ainfi que les différentes parties qui les compofent , afin que les Sculpteurs ne puifTent pas s'en écarter. Quand les traverfes cintrées de ces bordures auront beaucoup de retombée , on les collera diagonalement & en flûte , afin que le joint fe trouvant au milieu , foit recouvert par la maffe que l'on colle ordinairement de/fus. Voilà tout ce qu'on peut dire touchant la manière de préparer l'ouvrage au Sculpteur , les différentes occafions & l'expérience fuppléant à tout ce que je ne puis dire ici fans trop allonger cet Ouvrage , ce qui feroit d'ailleurs fort inu- tile, le peu que j'en ai dit renfermant à-peu-près tout ce qu'il y a à dire à ce fu- jet. V oyei la Fig. i, qui repréfente le deffm d'un panneau de lambris , & la Fig. ? , qui repréfente ce même panneau tout exécuté pour ce qui regarde la Me- nuiferie , ainfi que les Fig. 3 & 4, qui repréfentent un trumeau de cheminée difpofé de la même manière , fuivant les régies que j'ai données ci-deiTus. Section Seconde. De la manière de coller les Bois. Le collage des bois eft une des parties les plus intéreflàntes de la Menuiferie , ( eu égard à la conftruffion ) ; c'efl pourquoi il eft nécelTaire d'entrer dans un détail très-exadl de cette partie. J'ai parlé dans la première Partie de cet Ouvrage , de la manière de ralon- ger les bois , de joindre & coller les panneaux de toutes forces d'épailTeurs ; il s'agit maintenant de donner des préceptes pour les collages des bois en mafle , tant droits que cintrés. C'eft pourquoi il eft bon de favoir que fouvent faute de trouver des bois d'une groffeur convenable , on eft obligé de joindre & coller enfemble pluCeurs morceaux de bois pour parvenir à faire des maffes afTez confidérables pour faire foit des figures ou d'autres morceatix de Sculpture, ou enfin d'Architeélure ; & que quand même on trouveroit d'alTez grofTes piè- ces, l'expérience fait connoître que quelque fecs qu'ils puiffenc être, ils font tou- jours fujets à fe fendre , vu leur inégale denfité ; le cœur du bois étant toujours plus plein que les rives , fe retire moins , & par conféquent oblige les par- ties qui en font les plus éloignées à fe fendre , ainfi qu'on peut le voir dans la Fig. 3 , qui repréfente la coupe de la moitié d'un tronc d'arbre. 'a84 M EN U I S I E R, II. Partie , Chap. IX. C'eft pourquoi un maffif compofé de plufieurs morceaux joints & collés enfemble avec toutes les précautions néceflaires , eft toujours préférable à un morceau d'une feule pièce. Pour qu'un maffif de cette elpece foit parfaitement bien fait & ne falTe aucun effet , il faut d'abord choifir des bois parfaitement fecs & d'une égale quali- té , parce que fi on on colloit enfemble des morceaux d'une inégale denfité , il en réfulteroit le même inconvénient qu'à ceux qui font d'une feule pièce , c'eft-à-dire , que la pièce qui feroit la plus compaéle fe retirant moins que l'au- tre , f obligeroit à fe fendre ou à fe décoller ; ce qui arriveroit auffi fi les mor- ceaux , quoiqu'égalcment tendres , n'étoient pas également fecs. Les bois ainfi choifis , il faut encore avoir loin de mettre le côté le plus tendre au milieu de la mafîè , afin que le bois venant à fe retirer , trouve moins d'oppofition des parties dures, lefquelles fe trouvent expulfées , du moins en partie , après que la maife aura été fculptée ou enfin travaillée par le MenuiCer. U faut encore faire enforte que les fils des différents morceaux qui compofent une maffe, foient de même fens, ou du moins le plus qu'il fera poffible, afin que la colle prenne également dans tous & s'y agraffe mieux. J^oye^ la Fig. i , qui repréfente la coupe de deux morceaux de bois joints du côté du plus tendre; & la Fig. 4 , qui repréfente ces mêmes morceaux joints enfemble félon leur fil , ainfi que je viens de le dire. Quand les maffes font d'une groffeur affez confidérable pour que deux mor- ceaux ne fufiifent pas tant d'épaifleur que de largeur , il faut avoir foin de mettre les joints en liaifon , c'efl-à-dire , qu'ils ne foient pas vis-à-vis l'un de l'autre , mais au contraire , le joint d'un morceau vis-à-vis le plein de l'autre , afin de donner plus de folidité à l'ouvrage , avec l'attention toutefois de mettre les par- ties tendres les unes avec les autres , ainfi que je l'ai recommandé. ( Voye^ la Fig. 1 ). Quand on a pris toutes ces précautions pour le choix & la difpofition des bois, on commence par les corroyer parfaitement droits de tous les côtés , en- fuite il efl bon de les lailfer quelque temps en cet état , pour en faire totalement expulfer l'humidité , fuppofé qu'il en refte , en prenant toutefois la précaution de faire attention à la faifon dans laquelle on eft , parce que fi c'eft par un temps humide, il eft certain que le bois au lieu de fe fécher, acquiert une qualité toute contraire en recevant dans fes pores une partie de l'humidité de l'air qui s'y attache. ' C'eft pourquoi il eft bon, dans la faifon humide , de laiffer les bois corroyés avant de les joindre , non pas expofés à l'air , mais dans quelque endroit fec & fermé, dans lequel il y auroit une chaleur modérée , tels que les forbones & étuves , conftruites de la manière que je l'ai recommandé dans la première Partie de cet Ouvrage. Quand les bois ont été fuffifamment à l'air pour en expulfer toute l'humidité , Section II. De la manière de coller les Bois. aS^ on commence par les redreffèr chacun en particulier , en obfervant de les bien ' ■>> dégauchir & dreffèr tant fur la largeur que fur la longueur ; puis on les préfente Planche les uns fur les autres pour voir s'ils joignent parfaitement. Quand les bois font bien drefles & dégauchis , il eft bien facile de les joindre & de s'aifurer de la perfeélion des joints , du moins à l'extérieur , puifque toutes les extrémités font apparentes ; mais lorfqu'elles ne le font pas , ou bien quand les morceaux font d'une certaine largeur , il eft un peu plus difficile de s'en afTurer , & on ne parvient à le favoir , qu'en frottant de crayc un des morceaux & l'appliquant fur l'autre , de manière que quand le joint eft parfaitement bien fait , le morceau qui n eft pas frotté de craye s'en trouve marqué dans là totalité ; au lieu que quand le joint n'eft pas bien fait , le blanc ne marque que par diftance , ce qui indi- que les endroits où il porte , & par conféquent où il faut ôter du bois. Pour bien drelfer ces fortes de joints , il eft bon, après les avoirbien drelfés à bois de fil avec la varlope , de les reprendre à bois de travers avec la même var- lope à petit fer, ou bien avec la varlope à onglet , que f on mènera d'abord dia- gonalement , puis tout-à-fait à bois de travers. Cette manière de drelfer les joints eft très-bonne , parce que non-feulement on eft très-sûr qu'ils font parfaitement droits , mais encore parce que le bois pris & corroyé de travers eft plus aifé à prendre la colle , fes pores fe trouvant plus ouverts, & cette dernière s'y infi- nuant mieux. Quand les joints font ainfi préparés , on les fait chauffer afin d'en ouvrir les pores , & pour en expulfer toute efpece d'humidité ou de fraîcheur qui pourroit faire figer la colle ou l'empêcher de pénétrer affez avant dans le bois ; il faut ce- pendant éviter de faire trop chauffer le bois , parce que là trop grande chaleur defféche la colle , la raréfie , & par conféquent l'empêche de prendre dans les pores des bois & de les faire tenir enfemble. Quand on étend la colle fur les joints , il faut avoir foin d'en mettre égale- ment des deux côtés & de bien l'étendre , & cela le plus promptement poffible ; enluite de quoi on met les deux morceaux de bois l'un fur l'autre , & on les frotte enfemble, afin d'étendre mieux la colle, & de la faire entrer dans le bois; parce que fi la colle venoit à fe figer avant d'être ainfi étendue , elle feroit: un corps entre les bois , lequel fe diftbudroit enfuite , foit par la trop grande féchereffe ou par fhumidité. Quand toutes ces précautions font prifes , on ferre & arrête les joints par le moyen des valets ou des fergehs , & on a foin de mettre deffus des cales dont le fil eft en fens contraire , lefquelles doivent être un peu creufes , afin que la prêt fion du valet les faifant ployer , elles ferrent toujours fur les bords. Avant de parler du collage des bois courbes , il eft bon d'entrer dans le détail du collage de ceux qui , droits fur leur longueur , ne font cintrés que fur leur largeur , tels que font les panneaux cintrés en plan , les colonnes , &c. Pour ce qui eft des pannaaux cintrés en plan, ils ne différent guère des droits. Menuisier. IL Pan. D d d d 286 MENUISIER,! I. Partie, Chap. IX. I quant à ce qui eft de la manière de les joindre & de les coller , fi ce n'eft qu'on PtANCHE Jo;,- point (h fervir de fergent pour en faire approcher les joints , parce que quand même ces panneaux feroient peu cintrés , les fergents les font toujours creufer plus ou moins qu'il n'eft néceffaire , à quoi cependant on remédie en mettant des cales entre le panneau & les lergents , qui fe placent toujours du côté du bouge , ainfi qu'on peut le voir dans la Fig. 5 , cote a ; mais quelque précaution que l'on prenne , les cales que l'on eft obligé de ferrer ou de lâcher , tourmentent les joints & empêchent la colle de prendre ; ou bien quand les pan- neaux font minces , les fergents les font ployer & même caffer; c'eft pourquoi il vaut beaucoup mieux de faire des entailles que l'on creufe de la même for- me que le panneau , que l'on y ferre & arrête par le moyen d'un coin, (f^oyei la. Fig. 5 , cote b ). Il faut toujours deux de ces entailles au moins pour coller un panneau , & même trois pour peu qu'il foit un peu grand ; on doit auifi obferver que les mantonnets de ces entailles foient un peu aigus , afin que le panneau ne puiffè pas s'échapper en le ferrant. ( Voy. La Fig. 6). Je ne faurois diflimuler que cette manière eft beaucoup plus longue, & par conféquent plus coûteufe que la première, à caufe qu'il faut faire autant d'entailles que l'on a de panneaux de différents cintres; mais ces confidéra- tions ne doivent pas entrer en concurrence avec les avantages qui réfultent de l'emploi des entailles. Ces mêmes entailles fervent aulîi à cheviller l'ouvrage cintré en plan , ce qui vaut toujours mieux que des fergents , qui font dé- verfer les joints , & quelquefois caiïêr les traverfes cintrées. §. I. De la manière de. conflruire les Colonnes en bois, les Bafes & les Cha- pitaux , ainfi que les Entablements & les Piedejîaux. : Lorsqu'on veut conftruire une colonne de Menuiferie , on commence par fe rendre compte de fà hauteur & de ion diamètre, afin de pouvoir choifir des bois d'une largeur & d'une épaiffeur convenables , ainfi que la Fig. i & Quand le diamètre eft déterminé , on le divife en fix ou liuit parties égales ; puis d'après l'épaifllèur du bois que l'on veut y employer , prife de l'extrémité de chaque divifion , on forme un hexagone ou un oâogone , félon la divifion qu'on en a faite , fur laqvielle divifion on fait une équerre prife de l'ouverture de l'angle du polygone , laquelle fert à donner à chaque morceau la pente qui lui eft nécefiaire. Lorfque les colonnes ont des cannelures , ce doit être le nombre de ces der- nières qui doit déterminer les joints , qu'on aura foin de mettre dans l'angle d'une cannelure , afin qu'ils foient moins apparents. ( f^oye^ la Fig. 8 ). Au milieu chaque colonne eft placée une pièce de bois A , ou axe qui la déborde de Section II. §. /. De la manière de conjlruire les Colonnes en bois. 287 chaque bout , laqueUe entre dans trois morceaux de bois B , nommés mandrins, lefquels font d'une même forme que le dedans de k colonne, & fur lefquels chaque morceau de cette dernière s'appuye & y eft chevillé. Chaque morceau de colonne fe colle à plat-joint avec des languettes rappor- tées furie derrière, & fe cheville fur les mandrins, ainfi que je viens de le dire; mais il réfulte une di(Eculcé de cette méthode , parce que quand les bois de il colonne viennent à fe retirer chacun fur eux-mêmes , ils trouvent de la réfiftan- ce de la part du mandrin, fur-tout du côté du bois de bout , ce qui les fait fen- dre & fe décoUer. On ne peut obvier à cette difficulté qu'en laiŒint environ une ligne de jeu entre le mandrin & l'intérieur de la colonne , lequel jeu fe rem- plit avec des cales lors du temps de la conftruftion , & on les Ôte après , afin de lai/fer au bois la liberté de fe retirer , ainfi qu'on peut le voir dans la Fig. 6 , cote B. Le jeu qu'on donne au mandrin d'une colonne, n'empêche pas qu'on ne la cheville deffus , en obfervant feulement de grailTer les chevilles , lefquelles alors ne fervent qu'à empêcher le mandrin de fe mouvoir lorfqu'on vient à tour, ner la colonne. En général, les colonnes fe tournent, mais quelquefois les Menuiliers les arrondiifent eux-mêmes , & y font les cannelures félon qu'il eft nécelfaire. La hauteur des colonnes de Menuiferie , eft ordinairement entre le delfus de la doucie de la bafe , & le defTous de celle de l'aftragale , fur-tout quand les colonnes font d'une certaine groffeur , parce que fi on y laiifoit l'aftragale & le premier membre de la bafe, cela exigeroit trop de grolTeur de bois , & feroit en même temps trop de perte ; de plus , lorfque les colonnes font difpofées de la première façon, on a plus d'aifance à faire les cannelures , lefquelles alors peuvent fe faire à foutil & de toute leur longueur , ainfi qu'on peut le voir dans la Fig. 2 , cote DD, & dans celle 6, cote B ; au lieu que quand on prend l'aftragale & la doucie de la bafe dans le même bois, on eft plus gêné, & on employé davantage de bois. ( Foje^ la Fig. 2 , cote CC , & celle 6 , cote E ). ^ De plus , les chapitaux & les bafes peuvent s'ajufter aux colonnes ainfi difpo- fées, non à plat -joint, mais à recouvrement intérieur pour plus grande foli- dité , ce qui eft égal pour les deux manières dont je viens de parler. Foye^ les Fig. ci-defi"us. Cependant lorfque les colonnes font d'un petit diamètre , on peut y lailTer l'aftragale & le premier membre de la bafe , la faillie de ce dernier n'é- tant pas fort confidérable , proportion gardée avec le diamètre , & ne faifant au- cune efpece de perte lorfque les colonnes font diminuées par le bas , ce qui ce- pendant eft un vice en Architeaure. (*) (^oyei la Fig. 2 , cote C.) Quand les colonnes font d'un petit diamètre , ainfi que je viens de le dire , on les colle d'une groffeur parallèle d'un bout à fautre , & la diminution fe fait aux dépens de l'épaifl-eur du bois; mais forfque cette diminution eft confidéra- oriemeiB^dercoîL^"' '^"^ I ftjet que ic traite , lequel n'a pour ornements des colonnes, cette partie étant I objet que la coiiftruaion. a88 M E N U I S I E R, II. Partit, Chap. IX. a ble , vu la grande hauteur de la colonne & la largeur de fon diamètre , on fait Planchi jJqjj [g mandrin du haut d'un diamètre plus petit que les autres de ce que la co- lonne diminue ; & les morceaux qui la compofent font d'une largeur parallèle julqu'au tiers de leur hauteur ; le refte va en diminuant jufqu'au haut , où ces morceaux n'ont de largeur que ce qui eft déterminé par le petit diamètre. Il faut obferver que cette diminution n'eft pas décrite par une ligne droite depuis le tiers inférieur de la colonne jufqu'au haut , mais par une ligne courbe nommée conchoïde , laquelle fe décrit avec un inftrument dont nous devons fin- vention à Nicomède , & que M. François Blondel a remis en ufage , ou bien par des points de divilîon pris fur le grand diamètre de la colonne ; de forte que la pièce de bois ainfi préparée , eft à-peu-près femblable à une douve de tonneau. ( Voy. laFig. 4 ). Comme tout le monde ne connoît pas la conchoïde ni la manière de diminuer les colonnes par des points de divifion , je vais décrire ici cette dernière manière , afin de donner de la clarté à la fuite de ce difcours. Après avoir déterminé les grands diamètres de la colonne , & fa diminution dd, on tire une ligne depuis le haut de la colonne jufqu'à fon tiers inférieur , laquelle ligne eft parallèle à l'axe de la colonne , pris du defTus de la ligne du tiers; & de l'axe/comme centre , on décrit un demi-cercle d'un diamètre égal à celui de la colonne ; puis on divife la partie de l'arc qui eft comprife entre la ligne du grand diamètre & celle du petit en autant de parties que l'on veut , comme a , h , c , d; &: on divife auiïï les deux tiers fupérieurs de la colonne en autant de parties égales que fon a divifé l'arc de cercle , comme celles aa , bb , ce dd;Sc la rencontre des perpendiculaires prifes des points de divifion de l'arc avec les lignes horifontales du tiers fupérieur de la colonne , donnera autant de points par où paflèra la courbe demandée. D'après cette defcription , il eft aifé de voir que chaque point de divifion pro- duira autant de cercles infcrits les uns dans les autres , & par conféquent autant de polygones de différents diamètres , dont les côtés donneront la largeur de la pièce que fon veut corroyer en raifon de la diminution de la colonne. V oy. la Fig. 7, où les polygones 1,2,3,4, J , qui y font infcrits les uns dans les au- tres , répondent aux points de divifion intérieurs du dedans de la colonne , F ig. 6; & on obfervera que les divifions extérieures font cotées avec des lettres , & celles de l'intérieur le font avec des chifres , afin de ne point faire de confufion. LaFig. 4 repréfente une des douvelles de la colonne ainfi préparée , laquelle n'eft pas fort aifée à joindre , à caufe que ces joints étant bouges ne peuvent s'appro- cher qu'en faifant ployer la pièce. En général , on aura foin de mettre la partie tendre du bois des colonnes en dedans, parce que comme ce côté eft plus étroit, puifque les joints tendent au centre , l'effet fe fait également , le bois étant ainfi difpofé ; au Meu que fi au Section II . §. I De la manière de coller les Bafes & les Chapiteaux. 28^ contraire le tendre du bois étoit en dehors , l'effet fe feroit à contre-fens , de forte que les joints ouvriroient fur le devant , vu l'inégale denfité de la pièce. Les bafes des colonnes fe font de deux manières , felon leurs différentes for- mes & grandeurs ; la plus commune & la plus folide eft de les faire en plein bois : mais il en réfulte deux inconvénients ; qui fcnt , que quand les bafes font d'une grandeur un peu confidérablc & qu'elles font faites en plein bois , elles font fujettes à fc fendre ; ou bien fi elles ne fe fendent pas , elles fe reti- rent tant fur la hauteur que fur la largeur , de forte que leurs joints avec la colonne fc découvrent & s'ouvrent de ce que le bois fe retire , ce qui fait un fort mauvais effet , ainfi que fur la largeur , où la bafe devient plus étroite que la colonne , comme je l'ai repréfenté dans la Fig. i , où les lignes ponftuées indiquent la véritable largeur de la bafe; c'eft pourquoi quand les bafes feront d'une grandeur affez confidérable pour faire craindre que fe bois ne faffc cet effet, on fera très-bien de les colkr à bois de bout, c'eft-à-dire du même fens que les colonnes dans fefqucUes on les fera encrer à recouvre- ment , ainfi qu'on peut le voir dans la Fig. 2 , PL 103 , en obfervant toute, fois de ne préparer ainfi que les moulures de la bafe , & de faire la plinthe de cette dernière avec quatre morceaux affemblés à bois de fil , ce qui eft la même chofe pour les deux manières de faire les bafes. Voye^ tes Fip. 2 & qui repréfentent une bafe & fa plinthe difpofées des différentes manières dont j'ai parlé ci-de/Tus. On obfervera que le deffus de la plintiie de la bafe Fig. 3 , n'eft pas liffe , mais qu'on y faitun ravalement circulaire dans lequel entrent les autres membres de la bafe ; cette précaution eft très-bonne , parce qu'elle empêche la plinthe de fe déranger en aucune manière. Pour ce qui eft des chapiteaux , du moins pour les corinthiens & les com- pofites , on les difpofe de la même manière queues bafes , c'eft-à-dire , à bois de fil , ce qui eft mieux que de les faire de plufieurs morceaux collés en liaifon horifontalement, parce que les retombéesdes feuilles fe trouvent toutes à bois de travers ; au lieu que de la première manière elles font à bois de fil , ce qui eft fort à confidérer. Voye^ la Fig. 6 , qui repréfenté un chapiteau corin- thien , lequel eft conftruit de cette manière, & où toutes les feuilles font difpo- fées en maffe ; & la Fcg. 4 , qui repréfenté la coupe d'une des parties de ce cha- piteau ; on obfervera auffi que le chapiteau entre à recouvrement dans la colon- ne, ainfi que la bafe , & que le deffus de ce même chapiteau entre auffi à recou- vrement dans le tailloir pour la même raifon que j'ai dite en parlant de la bafe. Quant au tailloir des chapiteaux , on l'aiTemblera à bois de fil , à tenon & mor- taife , ainfi que la plinthe de la bafe , ce qui ne fouffre aucun inconvénient , fi ce n'eft que le joint fe trouve au milieu d'une de ces quarres, ce qui n'eft pas fort propre ; cependant on ne peut guère faire autrement , fur-tout quand on veut qu'ils foient folides & qu'ils foient à bois de fil fur toutes leurs faces ; tout Menuisier. II. Part. E e a e apo MENUISIER, II. Partie. Ckap. IX. , ce qu'on peut faire , c'eft de rapporter à bois de fil les moulures de leurs quarres. PiANCHE yoyei la Fig. y , qui repréfente un tailloir vu en dcffous , & la Fig. J , qui re- préfente ce même tailloir vu fur l'angle. Quant aux entablements , ils fe font d'un plus ou moins grand nombre de morceaux , félon qu'ils ont plus ou moins de grandeur. La Vig. 9 en repréfente un d'environ 1 pieds & demi de hauteur, où l'architrave A, eft d'une feule pièce, la frife B , d'une autre pièce , & la corniche T, de trois dilïerentes pièces, félon que le permet la grolTeur des bois ; & pour éviter la perte qu'il y auroit à faire une corniche de cette nature d'un feul morceau , fuppofé qu'il y en ait d'affez gros. La Fl^ 8 au contraire repréfente un entablement femblable au premier, mais qui a 4 à 5 pieds de hauteur ; c'eft pourquoi l'architrave eft de plufieurs pièces ; la frife peut auffi être de plufieurs pièces, & la corniche eft d'autant de pie- ces qu'elle a de cymaifes & de larmiers , ce qui eft d'autant mieux que l'on em- ployé moins de bois à faire les corniches de cette façon ; que de plus , chaque membre de cette corniche eft beaucoup plus aifé à faire en particulier , fur- tout les denticules d, que l'on peut dans ce cas faire à la fcie , ce qui eft d'un très- grand avantage. Dans tous les cas , les modillons e fe rapportent toujours ; on les fait entrer à tenon dans leurs larmiers/, & on les attache fur le foffite g de ce dernier , par le moyen d'une ou de plufieurs vis à bois. Il faut obferver que toutes les pièces qui compofent les entablements , font alTemblées à rainures & languettes , dont il faut toujours cacher les joints dans les dégagements des moulures ; & pour les rendre plus folides , il faut faire par derrière des bâtis Lh plus ou moins gros, félon la grandeur des entablements, qui en appuyent toutes les parties , & fur lefquels on puilTe les attacher , ainfi qu'on peut le voir dans les Fig. 8 (S' 9. Quant aux corniches (jj^ne autre forme, comme celle Fig. 10, on les fait auffi de plufieurs morceaux , félon leur grandeur & la différente épaiffeur des bois , lefquels détermineront le nombre & la place des joints. Ces elpeces de corniches fe nomment corniches volantes; & on trace ordinairement leurs courbes par le moyen d'un calibre , lequel fert auffi à les coller jufie. Lorfque les membres de moulures qu'on aura à coller finiront par un adoucis^ comme la Fig. 1 1 , on fera toujours le joint au-defiis de ce dernier ; ce fera auffi la même chofe pour les aftragales, que l'on ne doit pas rapporter à plat , mais entailler dans l'épaifieur du bois , comme on le voit dans la Fig. 12 ; parce que s'ils étoient appliqués à plat , la vive - arête de l'adoucis s'écorcheroit & dé- couvriroit le joint, ce qui feroit très-mal. Voilà tout ce que je peux dire lut cette matière , lailîànt à la prudence de ceux qui feront de ces fortes d ouvrages , à faire l'application des principes que je donne ici , félon que Foccafion , la for- me & la grandeur de l'ouvrage l'exigeront. Section II. §. II. Manière de collet les Bois courbes, apr §. II. Manière de coller les Bois courbes. Le défaut de trouver des bois courbes félon nos difiFérents befoins , ou bien celui qui rélulteroit de faire de trop grandes parties cintrées dans des bois droits, a obligé les Menuifiers de faire ces parties de plufieurs pièces , lefquelles quand 1 ouvrage demande beaucoup de folidité , fe ralongent à traits de Jupiter ou au- tres afTemblages , ainfl que je l'ai démontré dans la première Partie de cet Ou- vrage , page 49. Il ne s'agit donc ici que des parties courbes auxquelles on ne fait point d'ai^ lèmblages , & dont les joints ne doivent pas être apparents. Comme fouvent les parties cintrées font trop creufes pour qu'on puiffe faire leurs traverfes d'un feul morceau , à caulè qu'il y auroit trop de bois tranché , on eft alors obligé de les faire de plufieurs pièces , tant fur leur longueur que iur leur largeur , que l'on colle en flûte l'une fur l'autre. On les fait auffi de plufieurs pièces fur leur lar- geur , en obfervant de mettre les joints en liaifon , c'e(l-à-dire , à contre-fens l'un de l'autre , afin de les rendre plus folides ; il faut cependant faire attention que l'extrémité de ces fortes de joints fe trouve à bois de fil , pour éviter les éclats que l'on pourroit faire en les pouffant. ( Voye[ la Fig. i ). La coupe horifontalc de ces fortes de joints , fe fait ordinairement par une li- gne tendante au point de centre , & on doit faire attention que l'autre qui fait l'extrémité du joint lui foit parallèle , parce que fi elle tendoit au point de centre comme la Fig. 4 , cela feroit gauchir le joint , ce qui le rendroit très-difficile à faire , ainfi qu'on peut le remarquer dans la Fig. 2 , où la ligne ai , qui eft le de- dans du joint , coupe celle c d, qui eft le dehors de ce même joint , ce qui pro- duit le gauche dont je viens de parler ci-delîus. C'eft pourquoi il eft bon que la ligne qui tend au point de centre , palTe par le milieu du joint , afin d'en rendre la coupe plus régulière , c'eft-à-dire, qu'elle fe retourne quarrément fur cette der- nière , & de faire le joint parallèle, ce qui l'empêche de gauchir. (^Voye^^lesFig. 3 (§5). Il eft des occafions où l'on ne peut pas faire de joints en flûte, foit par raifon de propreté ou d'économie ; alors on fait les joints quarrément, en coupant en pente un des morceaux , félon que le cintre l'exige. Quand le cintre eft confidé- rable , & que l'on craint que l'extrémité du joint ne vienne à s'égrainer, on fait 1b joint en entaille fur l'épaiffeur , ce qui donne plus de force au morceau cin- tré. Ces fortes de joints font peu folides ; c'eft pourquoi on n'en fera ulàge qua le moins qu'on pourra , & quand ces fortes de courbes feront prifes entre deux autres, ce qui leur donne plus de folidité, & empêchera qu'elles ne fe déjoignent. Foye^ les Fig. 6 (& 7 , qui indiquent ces différentes elpeces de collages. apa M E N U I S I E R, IL Pan. Chap. X. CHAPITRE DIXIEME. De l'An du Tr ait proprement dit, ou la Science des Courbes relativement à la Mcnuiferie. A V A N T de traiter des différentes courbes qui vont faire le fujet de cette Par- tie de mon Ouvrage , j'ai cru devoir faire connoître les places oh. chacune d'elles peuvent être appliquées , ainfi que les procédés dont on fe ?ert pour la conftruâion de ces fortes de places , afin de donner plus de clarté à mon dif- cours , & en même temps pour empêcher que les Menuifiers ne faffent de ces fortes d'ouvrages , pour ainfi dire , au hafard , ce qui fait qu'ils ne reviennent pref que jamais jufte en place , & que fouvent on efl: obligé de hacher le bois ou la pierre pour les pofer , ce qui eft fort défagréable. La rareté de ces fortes d'ouvrages , & le défaut de principes , a été la princi- pale caufe du peu de progrès que quelques Menuifiers ont fait dans l'Art du Trait ; les uns ignorant abfolument cette partie de leur Art , & ceux qui en ont quelque connoilîànce en faifànt un myftere aux autres , voulant leur faire re- garder cet Art comme un fecret , ce qui a donné lieu à une infinité de fautes & aux différentes manières de faire ces fortes d'ouvrages , chaque ouvrier ayant fa méthode , laquelle eft plus ou moins bonne , félon qu'il a plus ou moins de lu- mières & d'expérience. Ceux mêmes qui enfeignent cet Art, ne donnant à leurs Elèves aucuns principes certains, & attachant une infinité de noms diiférens à des voufîures & autres ouvrages de cette nature , dont cependant les principes font les mêmes dans le fond ; ils ont fait croire , ou du moins laiffé croire à ces mêmes Elèves , que chaque efpece d'ouvrage de Trait demandoit non-feu- lement une étude , mais encore une façon particulière d'opérer. Pour remédier à ces différents inconvénients , & pour être utile à ceux qui li- ront cet Ouvrage , fur-tout aux Menuifiers , je crois devoir avertir ici que pour acquérir une parfaite connoilîànce de TArt du Trait , fiir-tout pour ce qui a rap- port à la théorie , il faudroit avoir acquis beaucoup de connoiflànces dans les par- ties de la Géométrie , qui ont rapport à cette fcience, telles que font les feélions coniques , la fcience des différentes courbes , le développement & la pénétra- tion des corps , afin que la pratique foit guidée par la théorie , du fecours de la- quelle il eft irapoflîble qu'elle fe palfe , du moins pour faire ces fortes d'ouvra- ges avec quelque précifion. Cependant comme les ouvriers ne font prefque jamais dans le cas d'acquérir ces connoiffances , & n'en fentent pas la néceffité , ils ont cru devoir les regar- der comme inutiles , ou du moins peu néceflàires à leur état , & comme plus propres De l'An du Trait propremem dit , ou la Science des Courbes. j propres à fatisfaire la curiolité , qu'à donner de l'accélération à la pratique & de la précifion à l'ouvrage ; ne faifant pas réflexion que la Géométrie naturelle ne fuiEt pas dans le cas dont il s'agit ici , ce qui fait que fouvent faute de théorie , ils fe trouvent très-embarralTés pour faire diflFérencs ouvrages , dont cependant les procédés font les mêmes , tant pour la théorie que pour la pratique , du moins pour le plus grand nombre. Ce font ces confidérations qui m'ont engagé avant d'écrire fur l'Art du Trait , de faire une recherche exacte & réfléchie des Au- teurs qui ont écrit fur cette partie , (du moins pour ce qui regarde la coupe des pierres & la Charpentcrie , perfonne n'ayant encore écrit fur le Trait delà Me- nuiferie , fi ce n'eft M. Blanchard , Maître Menuifier, dont fouvrage efl: deftitué de cette théorie fi néceŒiire , & par conféquent de principes confiants ) , ayant voulu me rendre compte des procédés dont les uns & les autres fe font fervis, afin de donner à mon ouvrage toute la clarté poffible , ne voulant pas me fier à mes propres lumières , quoique fécondé de l'expérience pratique. Cependant comme les connoi/fances néceflàires à la théorie de l'Art du Trait font très-étendues , & qu'elles ne font pas du relTort de cet Ouvrage , je ne fe- rai que les indiquer, ainfi que les Auteurs qui ont écrit fur l'Art du Trait (*) > me contentant de donner ici quelques notions de ces connoiflànces , du moins les plus indifpenfables & abfolument néceflàires à la fuite de cet Ouvrage , telles que font les développements & la pénétration des corps, le tout confidéré com- me axiome & fans aucune démonftration géométrique , ne voulant pas m'éten- dre davantage fur cette matière , pour les raifons que j'ai dites ci-defl~us. Après avoir donné ces connoiflànces élémentaires , je donnerai le détail des différentes places dont les revêciflements font fufceptibles de trait ; enfuite je donnerai une méthode générale pour faire tous ces ouvrages en plein bois, & pour en trouver routes les coupes , foit que les joints foient verticaux , horifontaux, ou en douelle , ou douvelle , c'eft-à-dire , en forme de claveaux. Je traiterai en- fuite de la projeéfion des lignes tant droites que courbes, de la manière de faire les calibres ralongés dans tous les cas poffibles. D'après ces règles générales ap- plicables à tous les ouvrages de trait , je parlerai de k manière de faire les ou- vrages de trait avec aflemblages ; enfin je terminerai cette Partie par la manière de faire les efcaliers de Menuiferie dans tous les cas poffibles. (*) Les Auteurs qui ont écrit fur l'Art du Trait, font, le Pere Dérends, Jéfuite , la Rue &FraiOer, pour la coupe des pierres ; Philibert de Lotme , Mathurin JouflTc , le Muet & Four- neau , pour la Charpentcrie ; & Blanchard , pour la Menuiferiej mais de tous ces Auteurs , Frai- fier cft le plus étendu & le plus favant. Menuisier, IL Part. Ffff £2P4 MENUISIER, IL Farde. Chap. X. Section Premier i. Notions de Stéréotomie , pour fervir à l'Art du Trait. ' - Il eft démontré dans la Géométrie des Infiniment Petits , que les corps fo- ^''105"^ lides peuvent être confidérés comme une multitude de plans très-minces , éle- vés au-deffus les uns des autres , d'où il réfulte que lorfque ces mêmes corps viennent à fe pénétrer & qu'ils font coupés par des plans égaux & parallèles , rinterfeélion de ces plans donne différentes courbes à l'endroit où les corps fe pénétrent , ou pour mieux dire fe rencontrent ; & c'eft la connoiifance de ces différentes courbes qui fait en partie toute la fcience de l'Art du Trait , lequel n'eft pas un fecret ni une fcience vague & arbitraire , comme bien des gens fe le font perfuadé , mais au contraire une fcience vraie & fondée fur de prin- cipes confiants , ainfi que je le démontrerai dans la fuite de cet Ouvrage. §. I. Développement des Surfaces de différents Corps. L E s corps dont je vais donner ici le développement , font les cubes , les prifmes & les parallélipipedes , les cylindres Se les pyramides de toute elpece les cônes tant droits qu'obliques , & la fphere. Le développement des cubes, ainfi que des parallélipipedes & des priCnes n'eft pas fufceptible d'une grande démonftration , n'étant compofés chacun que de fix furfaces reftangles & parallèles , lefquelles font toutes femblables aux cubes feulement , ainfi qu'on peut le voir dans la Fig. i , laquelle '-epréfente un cube dont toutes les faces font numérotées , & celle 2 , qui repréfente le déve- loppement de ce m&me cube , avec les mêmes numéros à chaque partie du dé- veloppement. Lorfque les pyramides triangulaires auront pour bafe un triangle équilatéral , & que chacun de fes côtés fera d'une pareille grandeur à celle de la bafe , ainfi ■ que la Fig. 3 , on pourra en avoir le développement des deux manières fuivan- tes : favoir, en formant un parallélogramme oblique , dont la bafe eft^égale à deux fois la longueur de la bafe d'un des triangles de la pyramide , & d'une hauteur égale à celle de ces mêmes triangles ( * ). ( Fby^^ la Figure 4 ). La féconde manière , eft de réduire toute la furface de la pyramide en un trian- gle équilatéral, lequel contient les quatre triangles de la pyramide. Voye^ la Fig. 5 , où le triangle a ^ c, eft la bafe de la pyramide , & les trois autres , les côtés de cette dernière. (*) Je ne parlerai pas ici de la nature des corps ni de leurs différentes efpeces, ainfi que des ferions du cône , parce que j'en ai parlé dans la première partie de cet Ouvrage ; c'efi pourquoi je ûippofe ces connoifTances acquifes. (*) Quoique je dife qu'il faut faire ces divi- Cons égales, il ne faut cependant pas croire que cela foit abfolument néceffaire pour par- venir aux différentes opérations dont ie vais par- ler ci-après , y ayant même des occafions où ron ne le peur pas faire. Si donc je le recommande ici , ce n'eft que pour rendre les opérations plus claires & plus faciles; &. c'elf la méthode que je luivrai dans la fuite de cet Ouvrage, ANCHE Section I. §. I. Développement des Surfaces de différents Corps, ip^ Quand on veut avoir le développement de la furface d'un cylindre , on corn- mence par prendre les deux cercles de fes deux bouts , puis on divife l'un de ces Pi,..._, cercles en un nombre de parties égales prifes à volonté , defquels points de di- vifion on abailTe des perpendiculaires le long du cylindre, lefquelles divifent la furface en autant de parallélogrammes égaux (*) ; de forte que la ilirface convexe d'un cylindre droit , eftun parallélogramme qui a pour bafe la circonférence d'un des cercles des bouts du cylindre , & une hauteur égale à celle de ce dernier. Cette manière de donner le développement d'un cylindre, eft la même que celle que j'ai donnée dans la première Partie de cet Ouvrage ,page 10 , à l'excep- tion toutefois , que cette dernière n'eft que pour donner la valeur de la furface d'un cylindre ; au lieu que la première , qui eft celle dont je parle ici , remplit non-feulement le même objet, mais encore donne le moyen de connoître les courbes que produifent fur la furface développée d'un cylindre , les différentes coupes que Ton peut y faire , lefquelles je réduirai à trois efpeces ; favoir , pre- mièrement , une coupe diagonale , ainfi que findique la ligne a b , Flg. 9 ; fe- condemcnt, une coupe en demi-cercle, ainfi que la ligne ci/; troifiémement enfin , une coupe faite d'une partie de cercle ou d'ovale , comme la ligne e f, même Fleure. t> Lorfqu'un cylindre eft coupé par une ligne oblique dont on veut avoir le dé- veloppement , après avoir divifé la furface du cylindre & celle de fon dévelop- pement en autant de parties égales , ainfi que dans les Fig. 9 & 10 ; & après avoir adopté fune des deux lignes des bafes du cylindre , pour y prendre des points de divifion , comme par exemple celle c d jFig. 51 , on prendra la diftance J ^ / , que l'on portera de r en 0 , de 7 en 0 , & de I en 0 , les deux lignes 1,1, étant prifes pour une feule; puis on prendra la diftance 14 ; , que l'on portera de 2 en 0, & de (î en 0 ; celle 1 3 h, que l'on portera de 3 en 0, & de ; en 0 ; celle de 4 ou c en a , que l'on portera de 4 en 0 ; la diftance de Ii5 en /«, que fon portera de 8 en o , & de 12 en 0 ; celle de 17 en « , que l'on portera de 9 & de 1 1 en o ; enfin la diftance 10 b , que l'on portera de 10 en 0 ; enfuite de quoi on fera palfer par tous les points 0,0, une ligne courbe , laquelle fera le dévelop- pement de la coupe oblique du cylindre , ainfi qu'on l'avoit demandé. Quant aux autres coupes du cylindre , ce fera la même chofe qu'à celle-ci , parce qu après en avoir déterminé la coupe , foit en demi-cercle ou en portion de cercle , on prend d'une des bafes du cylindre , ou fur une ligne perpendicu- laire aux côtés de ce dernier , ce qui eft la même chofe , on prend , dis-je , la dif tance qu'il y a de cette bafe , & la feétion que forme la rencontre de la coupe , & les perpendiculaires qui font tracées au pourtour de fa circonférence , que Ton apô MENUISIER, II. Partie , Chap. X. L- portera fur les lignes du développement du cylindre , lefquelles leur font cor- ^ToT™ refpondantes. Ainfi pour la feaion e fg, Fig. 9 , on prendra la diftance/o', que l'on portera de 10 en u ; celle œ r , de 9 en u, & de 1 1 en ; celle <& j , de 8 enz/, &de 12 en celle ^ r, de i en , & de 7 en «; celle j ç , de 2 en m, & de lî en « ; enfin cellex/J,de 3 enz/, & de 5 enu; le point e ,& le point 4 , Fig. 10 , fe confondant avec la ligne de la bafe du cylindre. Quant à la coupe en demi-cercle , on prendra la diftance 15,7, Fig. 9 , qus l'on portera de 7 en + , & de I en -+-; celle 14 , 5 , ou 16 , 8 , de 3 en -+-, de y en -H, de 9 en + ,& de II en -h; enfin celle 13 , J , ou 17, 9 , de 2 en -h , de 6 en H- , de 8 en h- , & de 12 en h- ; les pftints 4 , & 10 , fe confondant avec la bafe du cylindre. Après avoir eu les courbes que produifent les différentes coupes d'un cylindre fur fa furface développée , il eft quelquefois nécefiaire d'avoir la furface de ces mêmes coupes, ce qui fe fait de la manière fuivante: Lorfqu on veut avoir , par exemple , la furface de la coupe oblique a ^ du cy- lindre , Figi 9 , on tire les deux lignes ab,cd, Fig. 7 , perpendiculaires l'une fur fautre ; on prendra la diftance L m ,o\i li , I ig. ^ , que f on portera de e en I , & de « en 2 ; puis celle ln,o\x l h, que l'on portera de e en 3 , & de e en 4; & celle / (z , ou Z , que l'on portera de en 5 , & de e en (î ; puis par les points 3 , 1,2,4,6, on fera palTer des lignes perpendiculaires à celle al}. Si par conféquent parallèles à celle cd; enfuite on prendra fur la bafe du cylindre , Fig. 9 , la diftance I J , i , que l'on portera de c en o , & de e en i , /"zo". 7 ; celle 14, 2, ou 16, 12, que l'on portera de I en o & en i , & de 2 en 0 & en j; enfin la diftance 1 3 , 3 , ou 17, 1 1 , que f on portera de 3 en o & en z , & de 4 en o & en i ; puis par les points 5 iii , & par ceux 6 000 , on ferapaffer une ligne courbe , laquelle enfermera la furface demandée. Cette furface eft une efpece d'ovale , nommée elUpfe, laquelle approche plus ou moins de la forme du cercle , en raifon que la coupe du cylindre eft plus ou moins inclinée. Cette efpece de courbe eft d'un ufage très-fréquent dans TArt du Trait ; c'eft pourquoi je donnerai la manière de la tracer ci-après. Pour ce qui eft des furfaces des autres coupes du cylindre , c'eft la même chofe que pour celle dont je viens de parler ci-deflùs , excepté que quand ces coupes ne font pas d'une même inclinaifon à leurs deux extrémités, les diftances des li- gnes de leur conftruilion font inégales à ces mêmes extrémités , ainfi qu'on peut le voir dans la Fig. 8 , qui eft le développement de la coupe fr/, Fig. 9. Au contraire , quand cette coupe eft un demi-cercle , ou toute autre forme ré- gulière , & dont les extrémités font également inclinées , les diftances font les même» vers les extrémités de la furface de ces coupes ; & toute la différence qu'il y a d'avec l'ellipfe , c'eft qu'il faut prendre les diftances des lignes de çonftruélion chacune en particulier , & non pas du centre , comme on l'a fait à l'ellipfe. Foyei la Fig. 6 , qui repréfente la coupe d'un cylindre , formée par un demi-cercle Section I. §. I. Développ cmeni: des Surjaces de différents Corps. demi-cercle d'un diamètre égal à celui de ce dernier , ce qui fait que toutes les lignes de confiruAion de cette Figure , font d'une diftance égale entr'elles , ce qui ne feroit pas fi cette coupe étoit de toute autre forme. Lorfqu'un cylindre eft oblique , & que fa bafe eft toujours un cercle , on a le développement de fa furface en fe fervant de la même méthode que pour le cy- lindre droit , à l'exception que les diftances ne fe prennent pas des bafes du cy- lindre oblique , mais d'une ligne prife à volonté fur fa largeur , & toujours per- pendiculaire à fes côtés , ainfi que celle a b , Fig. 12 , laquelle ligne eft repré- fentée toute développée par celle c d, Fig. 13 , qui eft le développement du cylindre oblique , duquel je ne ferai aucune démonftration , ce que j'ai dit en parlant du cylindre droit, étant plus que fufEfant, pour peu qu'on veuille y faire attention. Quant à la coupe de ce cylindre , quand elle eft oblique avec fa bafe, ainfi que celle a b , Fig. la , la furface de cette coupe devient une ellipfe , donc la ligne ef , eft le grand diamètre, & celle ab ,\q petit. Voye^ la Fig. 1 1 , qui repréfente cette ellipfe. La démonftration de cette ellipfe , eft la même que celle de l'autre cylindre , à l'exception que dans le premier , c'eft-à-dire, dans le droit , le diamètre du cy, lindre eft le petit axe de l'ellipfe ; & qu'au contraire c'eft le diamètre du cylin- dre oblique qui eft le grand axe de cette ellipfe , ainfi que je l'ai dit ci-deffus. Lorfqu'on veut avoir le développement de la furface d'une pyramide droite , dont le plan eft régulier , comme dans la Fig. 14 , on prend la longueur a b d'un des côtés de cette pyramide ; & d'une ouverture de compas égale à cette hauteur , & du pointy comme centre , on décrit l'arc de cercle c de , Fig. j6, fur lequel arc de cercle , on porte la longueur^ A , Fig. 14 , autant de fois que la pyramide a de côtés , de forte que cela forme autant de triangles dont les fom- mets vont fe joindre au point f. Quand on veut joindre à cette furface celle de ion plan, on ajoute aux triangles de là furface , ceux qui font produits par ce même plan , de forte qu'ils ont une feule & même bafe , qui n'eft autre chofe que le périmètre , ou ligne du pourtour de ce même plan. ( Foye:^ la Fig. 16). Lorlqueles pyramides font inclinées comme la Fig. ly, on en aie développe- ment de la manière foivante : Après avoir établi au bas de la pyramide la moitié de fon plan , on prolonge indéfinimentlalignedefabafe gk;8c de fon fommeta, on abailîè une perpendicu- laire , laquelle par conféquent fait un angle droit avec la ligne de bafe au point i ; puis de ce point comme centre & de chaque angle du plan , on décrit les arcs de cercle c, d,e,f; defquels points d, f, on mené des lignes au fommet a , lefquelles font les véritables longueurs des côtés des triangles qui compofenc la furface de cette pyramide. Enfuite on prend la longueur , que l'on porte de i en 0 , Fig. 17 ; puis on prend la diftance ad, que l'on porte de i en n & en p , avec 1 attention toutefois de ne faire qu'une fedion : & d'une ouverture de Menuisier. IL Pan. G g g g apS MENUISIER, II. Partie , Chap. X. compas égale à un des côtés du plan, comme ce , Scàu point o , comme centre ,' on fait deux feâions , lefquelles venant rencontrer les deux premières aux points nS^p , forment les deux triangles ino Siiop, dont la furface de cha- cun d'eux eft égale à celle du triangle agd, Fig. 15. On fera pour les autres triangles la même chofe que pour ceux-ci ; c'eft-à-dire , qu'on prendra la diftance af, que l'on portera de / en m & de ien tj; puis celle c e , de n en & de ^7 en ; enfin on prendra la diftance ah, que l'on portera de i en / & de i en r, & celle ce, de m en / & de y en r, ce qui donnera le développement de la forface de la pyramide inclinée , auquel on pourra joindre celui du plan de là bafe , ainfi qu'on le voit dans la Fig. 17. S'il arrivoit qu'une pyramide inclinée fût fur un plan irrégulier , on fe fervi- roit de la même méthode que ci-defïïis , en obfervant feulement de tracer tout le plan en fon entier , & de faire paffer la ligne de la bafe de la pyramide , par les deux angles les plus éloignés du plan, §. II. Coupe & développement du Cône droit, du Cône oblique , de la Sphert , & de L'Ellipfe. Il eft démontré que le cône peut être confidéré comme une pyramide , dont Planche la bafe eft un polygone d'une infinité de côtés ; ainfi fbn développement eft le même que celui de la pyramide ; mais comme les coupes du cône produilènt différentes courbes applicables à l'Art du Trait, il eft nécelîàire de donner ici quelques notions de ces courbes , pour parvenir à les tracer en tout ou en partie fur le développement du cône. Les coupes du cône produifent trois différentes courbes ; fàvoir , la parabole fig. I , qui eft produite par une coupe parallèle à un des côtés du cône comme la ligne ah , fig. 1. V hyperbole, fig. 3 , qui eft produite par une coupe parallèle à l'axe du cône , comme la ligne cd ,fig. 2. Enfin ïellipfe, (dont j'ai déjà donné la figure en parlant de la coupe obli- que d'un cylindre droit , Pl. 106 , fig. y & 10 ,) laquelle eft produite par une ligne oblique à Taxe du cône , comme la ligne d e,fig. 2. (*) Lorfqu'on veut avoir la courbe d'une parabole , fa coupe étant marquée fur le cône par une ligne droite, ainfi que celle a b,fig. 1, on prolonge l'axe du cône af jufqu'en I , & l'on trace enfuite le plan de ce dernier, que l'on divife en autant de parties qu'on le juge à propos ; puis de ces points de divifion , on élevé autant de parallèles à l'axe du cône jufqu'à la rencontre de là bafe g h ; puis de cette (*)Jene parlerai pas ici de la propriété de cha- cune de ces courbes , ni de ce qui les caraftérife , ce détail n'étanr pas du reffort de cet Ouvragej je me contente de donner la manière d'en avoir la furface dans tous les cas pofïïbles , ainfi que la manière de les tracer, afin d'aider ceux qui n'ont point aifez de Géométrie pour entrer daos ces détails. m C. en a pro- Section I. §. II. Coupe & dcveloppemenc du Cône droit , bafe au fommet/, on tire autant de lignes que la divifion de la bafe duit , ainfi qu'on peut le voir dans la fig. 2. Cette opération étant faite, fur les cordes i r, 9 , & 2 , 5 du plan, prifes pour bafes , on élevé les deux triangles / , 1 1 , 9 , & /, 2 , 5 , dont les côtés font égaux à ceux du cône ; puis on prolonge la ligne 10 , 4 ,/^. 4 , de 10 en z , & de 4 en /, afin de divifer les deux triangles en deux parties égales ; enfuite pour avoir la courbe de la parabole, on prend fur le cône la diftance r x, que l'on porte de 6 en y ,fig. 4, & de ce point, on abailTe une perpendiculaire fjr l'axe du triangle de y en r, laquelle diftance qr , fe porte de 13 à 14,/^. i ; enfuite on prend la diftance sy, que l'on porte de 5) en « , 4 ; & de ce point on abaifle une perpendiculaire fur l'axe du triangle de n en ; puis on porte la diftance m « , de i J à , /%. i ; enfuite on prend un demi-diametre ou rayon du plan , que l'on porte de 1 7 à 1 8 ; puis par les points 1 8 , 1 4 , I d & 2 3 , on fait paifer une ligne qui eft la moitié de la courbe demandée. On obfervera que la véritable hauteur d'une parabole , n'eft pas donnée par des lignes parallèles à la bafe du cône , ainfi qu'il fe trouve dans la conftrudion de la F'ig. i.cote A , ce qui n'eft pas la véritable hauteur , laquelle ne fe trouve qu'en prenant les diftances qui fervent à conftruire la parabole fur la ligne de fa coupe fur le cône , c'eft-à-dire , en faifant la diftance 17 , 2^,fg. i , égale à a b ,fig. % , celle 17, 23 , égale à ay, & celle 17, 25 , égale zax, ainfi qu'on peut le voir dans la Fig. i , cote B On a la courbe de l'hyperbole de la même manière que la parabole , c'eft-à- dire , que l'on prend la diftance ui,fig.2, que l'on porte de 1 1 en 4 ; puis on fait la diftance 1 9, 2 o , 7%, 3 , égale à celle o ; & celle 2 1 , 2 2 , égale à la moitié de celle 2,6, qui eft la corde de l'arc du plan qui répond à la feélion de l'hyperbole. ( J^oye^ les Fig. 2,3 & Il eft une autre manière d'avoir les courbes de la parabole & de l'hyperbole , laquelle eft moins compliquée que celle que je viens de donner ci-delfus ; cette féconde manière eft d'autant plus avantageufe , qu'elle donne plus de' points à la courbe , ce qui fe fait de la manière fuivante : Après avoir déterminé la hauteur du cône , ainfi que les ooupes de ce même cône fig. 6 , on trace au-deflbus de fa bafe la moitié de fon plan ; puis on divife la hauteur du cône en un nombre quelconque de parties égales parallèles à fa bafe , telles que celles i,i,i,i;Sc des points i , où ces lignes rencontrent les côtés du cône , on abaifle autant de perpendiculaires à la bafe ; puis du point a, comme centre , on décrit autant de cercles concentriques les uns aux autres qu'il y a de perpendiculaires ; enfuite on fait la même opération fur la ligne a /5, c'eft-à-dire , que des points o, 0, 0,0, où cette ligne coupe les lignes parallèles i, i , on abaifl'e des lignes per- C*) Cette ohfervation fera la même pour l'hy- perbole , lorfque fa coi:pe ne fera pas patallele à l'axe du cône, ce qui arrive quelquefois, cette coupe pouvant changer de direftion jufqu'à ce qu'elle devienne parallèle à un des côte's du cô- ne , ce qui pour lors fait ciianger de nature à la courbe , qui d'une hyperbole devient alors une parabole. I'lanche 107. '' Ai m 300 MENUISIER, II. Partie, Chap. X. = pendiculaires parallèles à l'axe du cône, que l'on prolonge jufqu'à ce qu'elles ren- contrent les cercles du plan qui leur font correfpondants , à la feélion defquels on fait pa/fer une ligne courbe j i , qui repréfente la coupe de la parabole vue de deflus ; alors pour avoir la courbe de la parabole , on fait la ligne x lo , paral- lèle à celle ah , pour avoir la véritable hauteur de la courbe , ainfi que je l'ai dit ci-dcfîus ; puis on continue les lignes i, i, jufqu'à ce qu'elles rencontrent celle X 10 j (ùr laquelle on les fait retourner perpendiculairement , ainfi que celles J , (î, 7, 8 , &c; puis on prend la diftance al , que l'on porte de ro en i8; celle gq, que l'on porte de 17 en 16 ; celley"/-, de en 14; celle ei , de 13 en 9 ; celle 12' ; , de 8 en 7 ; enfin celle c u , que l'on porte de (5 en 5 ; enfuite par les points , J , 7 , j) , 14 , I (î & 1 8 , on fait pafi"er une ligne courbe qui eft la moitié de la parabole demandée. Pour avoir la courbe de l'hyperbole , après avoir prolongé toutes les lignes parallèles i , i , jufqu'à une diftance quelconque de celle 4 , que l'on fera tou- jours parallèle à celle & h , oa continuera cette dernière fur le plan du cône de >^ en a ; puis on fera la diftance 4, 29 , égale à /za ; celle 27, 28 égale s. /i p ; celle 2J , 26 , égale a ko; celle 23 , 24, égaleà A n; celle 21 , 22 , égale à celle h m; enfin la diftance it; , 20, égale à celle h /; puis par les points j , 20 , 22 , 34 , 26 , 28 & 29 , on fera pafter une ligne courbe qui fera la moitié de fhy- perbole demandée. La coupe diagonale d'un cône , ainfi que celle cd ,fig. 2 , eft une ellipfe , ainfi que je l'ai déjà dit ; cependant bien des gens , du moins ceux qui n'ont point de théorie , ont peine à croire que cette ellipfe ne foit point plus alongée d'un bout que de l'autre , vu les différents diamètres du cône ; c'eft pourquoi j'ai cru qu'il étoit néceflâire d'en faire une démonftration particulière , afin de lever toute eljDece de doute à cet égard. Soit le cône ab c ,fig. 5 , coupé par une ligne de , oblique à fon axe : on divi- fera le cône par des lignes horifontales i, i, que l'on repréfentera llir la moitié du plan par des cercles concentriques , ainfi que ci-deflûs , Jig. 6 ; enfijite des points 0,0, où la ligne oblique de, coupe les parallèles i, i, on baiiîèra des lignes perpendiculaires à la bafe du cône , & on les continuera jufqu'à ce qu'elles ren- contrent les cercles qui leur font correfpondants; puis on divife la diftance jy^, en deux parties égales au point A ; & de ce point comme centre , & de la diftance ou ^ , on décrit un demi-cercle , dont toutes les parties de la circonférence palfent par les feélions formées par la rencontre des perpcndiculaires'& des cercles concen- triques, ce qui alors fimplifie cette opération, & la réduit à l'égalité de celle du cylindre droit coupé obliquement: voyez ce que j'ai dit à ce fujet,^<z^e 296. Cependant pour en être plus certain , on n'a qu'à élever fur la ligne de, des perpendiculaires à cette ligne aux points 0 , o, où elle coupe les lignes i, i; puis faire la diftance or , ou 0 u, égale à celle fg , oup q, ce qui eft la même chofe , puifque ces dernières font égales entr'elles ; enfuite faire la diftance os, ou Section I. §. II. Caupe & développement du Cône oblique. gor ou or, égale à celle A/, oum«; & par les points i/, i , r , onferapaf- fer une ligne courbe qui donnera la moitié dune ellipfe, prife fur Ibn grand P^I^^^^ axe. Lorfqu'on a tracé le développement d'un cône , ainfi qu'il eft repréfenté dans Fig. 7 , & que l'on veut tracer fur ce développement les courbes que produi- fent la parabole , l'hyperbole & l'ellipfe , ou feulement l'une de ces trois cour- bes , on s'y prend de cette manière : Après avoir tracé le plan & l'élévation du cône , comme dans Vifig. 6 , on di- vife le grand arc du développement, 7, en autant de parties que le plan du cône , ou pour mieux dire, par tous les points i, 2, 3, 4, 5, 6, &c, qui ont fervi à déterminer la longueur de cet arc ; on mené do tous ces points autant de li- gnes ou rayons qui tendent au point /, qui eft le fommet du cône , & par conféquent le centre de fon développement ; enfuite on prend les diftances des parallèles fig. 6 , que l'on prend non fur l'axe du cône qui leur eft perpen- diculaire, mais fur les côtés du cône, qui font leurs véritables diftances, du moins pour le développement; on prend, dis-je , ces diftances que 1 on por- te fur un des côtés du développement, /o-. 7 ; puis du point/ comme centre, & de ceux on décrira autant de cercles concentriques ; alors pour dé- crire la parabole fur un arc développé , on prendra fur le plan 6 , la dif- tance du point u au rayon 1 1, en obfervant de fuivre le cercle fur lequel ce point fe trouve ( * ) ; on portera cette diftance fur le rayon 1 1 , fig. 7 , de a en b- celle lit, fig. 5 , de c en rf'; celle i 12 ,de t en /; celle r 12 , de^en A; & celle ^ 1 2 , de r en / ; puis par les points m , i , ,/, A , / , i , on fera pafFer une ligne courbe qui fera la moitié de la parabole demandée ; ainfi pour l'avoir toute entière , on recommencera l'opération de l'autre côté , ce qui , je crois , n'a pas befoin de démonftration. On décrira l'hyperbole de la même manière , c'eft-à-dire , qu'on prendra furie plan , fig. 6 , la diftance m au rayon 3 , que l'on portera fur le développement du cône,y%-. 7, de n en 0; celle « 3 , de/; en y; celle 0 3 , de /■ en j ; & celle ^ 3 , de /■ en a ; puis par les points y ,x , 0 , q ,s ,u & :i , on îen pafl"er une courbe qui fera la moitié de l'hyperbole demandée. Quant à l'ellipfe , elle peut fe décrire fur le développement du cône de la même manière que la parabole &rhyperbole ; fi je ne l'ai point fait ici , c'eft pour ne point trop charger le plan qui eft déjà très-compliqué ; c'eft pourquoi je me fuis fervi pour décrire l'ellipfe fur le cône développé , des côtés du cône droit, fig. 2, en prenant la diftance fe,fig.z,&. la portant de/en 16, fig. 7 ; celle de I en/", de/en 15 &en I7;cellede 2 en/, de / en 14* en 18; celle de 3 en C* ) II auroit écc beaucoup mieux de prendre cette diftance du plus prochain rayon , qui ett celui coté 12, mais je ne l'ai pu faire à caufc de la petiteiTe de la Figure ; c'eft pourquoi j'avertis qu'il faut toujours prendre les diftances des rayons les plus proches, afin que la diffe'rence qu'il y a entre l'arc & la corde qui le foutient, loit moins grande : cette obfervation eft effenr tielle. Menuisier. IL Pan. H h h h PiANCHE 302 MENUISIER, II. Partie. Chap. X. f,àefen 13 , en ip &en 24; celle de 4 en_/î de/" en ao & en 23; ceUede J'en f, às.f en 21 & en 22 ; enfin la diftance d f, que l'on portera de^en jy. Puis par tous ces points on fera paffer une ligne qui fera l'ellipfe demandée. La parabole & f hyperbole peuvent auffi fe décrire de cette manière fur le cône développé. J'ai mis le développement de la bafe du cône au basdelafig.7, nonquecela fbit abfolument nécelîàire , mais afin que l'on prenne garde que les arcs de cercle ■qui terminent chacun des triangles qui compolènt cette bafe , ne font pas formés par un même cercle que le développement de la furface , puifque l'un a pour rayon la moitié du diamètre de la bafe du cône , & que l'autre au contraire a pour rayon le côté de ce même cône , ce qui fait une très-grande différence. On aie développement du cône oblique de la même manière que celui du cône droit ; c'eft pourquoi je ne m'étendrai pas davantage fur cet article , ce que j'ai dit de ce dernier , ainfi que des pyramides obliques , étant fuffifant. Voye^ la Fig. I , qui repréfente un cône oblique avec fon plan , & celle 2 , qui repré- fente le développement de ce même cône. Il cft démontré que la {phere peut être confidéréc comme une infinité de cô- nes tronqués élevés au-delîus les uns des autres ; c'eft pourquoi lorfqu'on veut avoir le développement de la lurface d'une Iphere , il faut la réduire à la figure d'un polyèdre , c'eft-à-dire , d'un folide qui 'a une infinité de faces. Cependant pour abréger la démonftration , j'ai réduit la fphcre Jzg. 3 , à la forme d'un dé- caèdre ou folide , dont la circonférence eft divifée en dix parties égales , & dont la fiirface eft compofée de foixante faces , laquelle furface fe décrit de la ma- nière fuivante : Après avoir divifé la circonférence de la fphere en dix parties égales , la moi- tié de ù folidité produit les deux cônes tronqués a c d h , Se c efd, & le petit cône e ifi enfuite on prolonge les côtés de ces cônes tronqués jufqu'à ce qu'ils fe rencontrent au point j', pour le premier qui eft le plus grand, & au point h, pour le fécond ; enfuite on prendra la diftance a ^ 3 , que l'on portera de len m, Jig. J ; & du point /comme centre, on décrira l'arc de cercle y, 10 , fur lequel on portera dix fois lalongueurd'un des côtés delà Iphere, comms ac, ou c e, ce qui eft la même chofe ; puis on porte cette même diftance a c , fur la ligne m /, de m en /i , duquel point n & du point / pour centre, on décrit Tare de cercle n o X , ce qui donnera le développement du premier cône tronqué a c db, de la Jig. 3 ; on fait enfuite la même opération pour le fécond cône tronqué , c'eft- à-dire , que l'on fait la diftance p q , égale à c A ou à A </; & que du point p, comme centre, on décrit l'arc de cercle ^y, fur lequel on portera dix fois la diftance no; enfuite on fait j i égal à « 0 ; & du point p comme centre , on décric l'arc de cercle s & , ce qui donne le développement du fécond cône tronqué c e fd; refte enfuite le petit cône e if, dont on a le développement en failànt x ^ égal à c / , ou à if, duquel point x comme centre jufqu'au point ^ , on décrit un Section I. §. II. Coupe & développement de la Sphère. 303 : dernier arc de cercle fur lequel on porte dix fois la diftance 5; , ce qui donnera le développement du petit cône e if, lequel joint à ceux des deux autres cônes tronqués , fera le développement total de la moitié de la Ipliere j ou pour mieux dire du décaèdre, ce qui eftfuiE(ànt dans cette circonftance , la partie pouvant être prife pour le tout. Il eft encore une autre manière de développer la Hirface d'une fphere , qui eft de faire un re6lana;le A B CD,fig. 4 , lequel a de longueur la circonférence de la {phere , & pour hauteur la moitié de cette même circonférence ; puis on divife la hauteurdu rectangle en deux parties égales, ainfi que la ligne EF,qus l'on divife enfuite en vingt parties égales ; puis par les points de divifion, on fait paP fer les lignes perpendiculaires i , L,i , i , ftr lefquelles on porte la diftance d'un des côtés du décaèdre , deux fois de chaque côté de la ligne E F, aux points 0, 8c aux points u. u , par lefquels points on fait paffer des lignes parallèles à cette dernière ; enfuite on fait la ligne a h , ou celle c d , égale à celle i , 2 ,j7g. 3 , ou à 72, o,fig. J ; & celle & g- A, égale à celle 3, 4,j%-- 3 , oa. s t,Jig. y ;puîs par les points i, e,c. 8 , a , ç par ceux i ,h ,b, \o,d,f, j, on fera paflet deux lignes courbes qui renfermeront unfegment de la furface de la ^phere. Ce que je viens de dire pour ce fegraent , doit s'entendre pour tous les autres , puit qu'ils font tous de même forme & dimenfion, ainlî qu'on peut le voir dans la fig. 4, L'hélice eft une ligne droite dans fon développement , laquelle monte en forme de vis , foit au pourtour d'un cylindre ou d'un cône ; c'eft pour- quoi pour qu'une hélice foit parfaite , il faut que les efpaces horifontaux qu'elle parcourt , foient entr'eux comme les perpendiculaires de ces mêmes ef- paces , afin que l'hélice développée foit une ligne parfaitement droite. Pour fe convaincre de cette vé rité , faites le parallélogramme a ,b ,c, d,fig. 6 , que vous diviferez en parties égales par des lignes horifontales z , i, enfuite divifez auffi en parties égales la largeur de ce même parallélogramme par des perpendiculaires 0 , 0 , 0 ; il eft certain que les lignes diagonales a e , Sceb , paP- feront par tous les points que forme la rencontre des perpendiculaires 0,0,0, & les lignes horifontales i que fi les efpaces perpendiculaires font divifés en deux parties égales comme m, m, ou au tiers comme / , / , les points n , ;? , de rencontre de ces lignes avec la diagonale b e , diviferont les efpaces des lignes parallèles en raifon des perpendiculaires , c'eft-à-dire , à la moitié ou au tiers de leur largeur , ainfi que le font les dernières. Mais fi au contraire les divifions ne font pas en rapport les unes avec les au- tres , comme dans le parallélogramme d , c , g, h, où toutes les perpendicu- laires de divifion font inégales entr' elles , pendant que les lignes horifontales confervent leur égalité ; dans ce cas , dis-je , les diagonales/,/", que l'on fait pafiir par la rencontre de ces lignes , ne peuvent pas être droites , mais au con- traire elles forment différents angles làillants ou rentrants , félon que les lignes perpendiculaires font plus ou moins éloignées , c'eft ce que les ouvriers appellent faire des jarrets. 304 M EN U I S I E R, IL Partie , Chap. X. " Flanche '^^ cependant des cas , comme par exemple un efcalier , où toutes les ,108. *'g"6s horifontales, lefquelles repréfentent la hauteur des marches, doivent être égales , & où la largeur dss perpendiculaires , qui eft celle du colet des mar- ches , ne peuvent pas être égales ; dans ce cas , pour que la ligne diagonale , qui ne peut pas être droite , ne faffe aucun jarret , on divife toujours la hauteur du parallélogramme en parties égales , ainfi que la fig. 7 & la précédente. Puis pour la divifion des perpendiculaires , on fe fert de cette méthode ; Après avoir déterminé la plus grande diftance de ces perpendiculaires , comme ^'fië,- 7 J i"'' l'g"'^ quelconque , comme e g, fig. ro, on élevé deux per- pendiculaires , dont la hauteur e/de l'une égale a b,fig. 7 ; enfuite on divife la longueur a , en autant de parties que l'on a de lignes horifontales ; puis on di- vife la ligne « ^ , en deux parties égales , & au point de divifion on élevé une per- pendiculaire dont la hauteur aura des divifions de la ligne a ; & du point/, par le bout de cette perpendiculaire , on fait paffer une ligne oblique qui vient ren. contrer la ligne g 8, au point h, ce qui forme le trapézoïde efhg ; enfuite on di- vife la ligne e g, en autant de points que vous avez de divifions à faire , & par ces points on élèvera des perpendiculaires fur la ligne e g, dont la hauteur à la rencontre de celle fh, donnera la largeur de chaque divifion. Comme cette Fi- gure eft très-petite, j'en ferai une démonftration particulière en parlant des ef- caliers. Quant à la manière de décrire l'hélice autour d'un cylindre, après avoir di- vife fa circonférence en un nombre quelconque de parties égales , ainfi que l'in- dique la fig. 9 , on divife la hauteur que l'on juge à propos de donner à la révo- lution de l'ellipfe , en autant de lignes horifontales que l'on a de perpendiculai- res ; & par chaque point où ces lignes fe rencontrent, on fait palFer une ligne qui eft courbe , fur un cylindre vu géométralement , mais qui eft toujours droite fur fa furface développée. ( Voyc-^ la Fig. ji ). On fe fert de la même méthode pour tracer une hélice autour d'un cône ; c'eft "'" pourquoi je n'en ferai aucune démonftration ; voye^ la Fig. 8 , qui fufEt à ce fu. Planche -^^^ . ^^^^^ différence qu'il y a entre l'hélice autour d'un cône , & celle autour d'un cylindre , c'eft que la première développée ne forme pas une ligne droite , mais au contraire une efpece de fpirale , ainfi qu'on peut le voir dans celle / i i , fig. ^,Fl. rop ; cependant comme dans un cône les diamètres diminuent à me- fure que la fpirale s'élève , il eft des circonftances où il feroit bon que les tranches horifontales du cône diminuaifent auffi en proportion des différents diamètres, afin que la fpirale fût plus régulière ; pour cet efl'et , après avoir divifé la furface du cône en parties égales tendantes toutes à fon fommet , ainfi que dans h fig. 4 , /'A 1 09 , on prolonge la bafe du cône 5 , jufqu'en p ; puis du point ^ com- me centre , & du fommet 12 du cône , on décrit l'arc de cercle 12 , 6 p , que l'on divife en 12 parties égales ; & par ces points de divifion , on mènera les li- gnes parallèles i , 1 3 ; 2 , 14 j 3 , 15 , Sec, lefquelles diviferont la hauteur du cône Section I. §. II. Manières de tracer les Paraboles & les Ellipfes. 305 cône en parties à-peu-près proportionnées avec les dilîérents diamètres qui y cor- ■ refpondent ; enfuite par les points h , c , d , e ,f, g , &.C , que formeront la ren- Pianche contre des lignes horifontales avec celles de la divilîon du cône , on fera pafTer une ligne qui fera l'hélice demandée. Voye[ la Fig. J , ou cette hélice eft dé- crite & cotée de même que celle delaj^. 4. Il eft une autre manière de faire les divifions horifontales du cône , laquelle eft plus parfaite que celle que je viens de donner , qui eft de faire une progreC- fion arithmétique , laquelle feroit en rapport avec le nombre des divifions & la différence des diamètres ; mais comme cette méthode n'eft pas à la portée de tout le monde , & qu'il n'y a pas grande différence entre elle & celle que je vietis de donner , je me fiiis contenté de l'indiquer feulement par des lignes ponéluées cotées x ,x , fig. j , afin de faire voir la différence qu'il y a entre cette Ipirale & l'autre cotée b ,c,d,e,f, &c. On obfervera que les points cotés y, y, font les divifions qui ont produit l'hélice développée x x x. §. III. Différentes manières de tracer les Paraboles & les Ellipfes. Les paraboles & les ellipfes font des courbes qui ne fàuroient fe conftruire au compas , puifqu'ellcs n'ont point de centre ; cependant elles ont chacune des proportions qui leur font propres , & des grandeurs relatives à elles-mêmes , qui une fois trouvées , on pour mieux dire connues, fervent à les décrire, comme on le verra ci-après. Pour décrire une parabole , fà hauteur p B étant donnée , ainfî que fon or- donnée Ap , on mènera une ligne droite ou corde de A en B , fig. i, fur l'extrémité de laquelle on élèvera la perpendiculaire A r , laquelle viendra ren- contrer la ligne P r, qui eft l'axe de la parabole ; la diftance qu'il y a du point r au point p , par où paffe la double ordonnée A C, fe nomme paramètre, laquelle dif- tance étant divifée en quatre parties égales , une de ces quatre parties donne la diftance qu'il doit y avoir du fommet B de la parabole à fon foyer F; cette diftan- ce eft toujours la même , ce qu'il eft aifé de voir, puifque la diftance q n , donnée par une perpendiculaire prife fur un autre point de la courbe, eft égale à celle pr. Lorfque la diftance du foyer eft ainfi trouvée , & qu'on veut décrire une para, bole , on prend la diftance F B , que l'on porte de i? en P , par lequel point on fait pafler une ligne G H , laquelle eft perpendiculaire à l'axe de la parabole; enfuite on élevé plufieurs perpendiculaires à cette dernière, & par conféquent parallèles à Taxe , ainfi que celles i o , i 0 , io ; enfuite on fait les diftances i 0 égales à celles 0 F , ce qui eft général pour toutes les paraboles ; puis par les points B, 0,0, 0,0, A, on fait paflèr une ligne courbe , qui eft la parabole demandée. S'il arrivoit que la courbe fût toute tracée , & qu'on n'en eût point l'axe qu'il eft néceflaire d'avoir pour en trouver le foyer , on meneroit alors deux paires de Menuisier. II. Part» I i i i 3o6 MENUISIER, IL Farde. Chap. X. ■ cordes à la courbe , ainfi que celles £ C, £> £ , que l'on divife en deux parties Planche égales ; puis par les points g ,h, que forme cette divifion , .on fait pafTer une ligne / m , qui eft un diamètre de la parabole ; enfuite on élevé une perpendicu- laire fur cette ligne , ainfi que celle t n , laquelle rencontrera la courbe aux points o , 0»; puis on divifera cette ligne en deux parties égales au point n , par lequel on ferapaffer une ligne perpendiculaire parallèle à celle Im, laquelle fera l'axe demandé. Il eft encore une autre manière de tracer les paraboles , qui eft de divifer la hauteur de la courbe par autant de lignes parallèles que l'on voudra , comme cel- les j?, i,fg. 2 ; puis on prendra la diftance fB, que l'on portera de F en /; ; celle e B,qas l'on portera F en p , 8cc ,en obfervant toutefois de faire la fedion p fur les lignes parallèles , d'après lefquelles chaque diftance aura été prife ; & par les points E,p,p, on fera paffer une ligne qui fera la courbe demandée , ce qui eft la même chofe que dans làfig. r , puifque la diftance prife d'un point quelconque de la courbe à fon foyer , eft égale à celle de la perpendiculaire prife de ce même point à la ligne A C. On décrit encore la parabole en faifant le triangle aB D, dont le côté a D fera égal l a B ; enfuite après avoir divifé la hauteur de la parabole par des paral- lèles comme ci-devant , on prend la diftance fo, que l'on porte de F en i ; celle f 0 , que l'on porte pareillement de F en i , ainfi des autres ; puis par les points E , i ,L,i, on fait paffer la parabole demandée. Pour qu'une ellipfe foit parfaite , il faut que d'un point quelconque de fa cir- conférence , les lignes que l'on mènera de ce point à fes deux foyers , égalent enfemble la longueur du grand axe de l'ellipfe ; ainfi pour décrire une ellipfe , il faut avoir fes deux axes donnés , comme ceux AB ,CD, ou bien un de ces axes & fes foyers E F ,fig. f. Lorfqu'on n'a que les axes de donnés, on prend la diftance MA, ou MB , que l'on porte fur le grand axe de C en £, & de Cen F. ce qui alors donne les deux foyers. Si au contraire on a les deux foyers, & que la longueur du petit axe ne foit point déterminée , on prend la diftance M A , que l'on porte fur le petit axe de £ en C, & de F en C , ce qui en détermine la longueur , ou pour mieux dire la largeur de f ellipfe que l'on décrit , en divifant la diftance qui refte entre les deux foyers en autant de lignes que l'on juge à propos, comme celles i, 2, 3, 4 & ^ ; puis on prend la diftance 5 4 , que l'on porte de F en L , & celle 4 ^ , que l'on porte de £ en L , ce qui donne un point de la circonférence de l'ellipfe ; on en fera autant pour toutes les autres diviCons , c'eft-à-dire , que l'on fera FI égale à B^,ScEI égale l^A;FH égale a B 2, 8c EH égale a2A;FG égale IBi, êcEG égale à I ^ ; & par les points D , G , H , I , L, B , on îai palTer une ligne courbe qui fera un quart de l'ellipfe demandée. On peut encore décrire l'ellipfe en divifant fa hauteur par plufieurs lignes pa- s E C T I O N I. §. IV. De la pinitration des Corps. 307 ralleks perpendiculaires à fon grand axe, comme celles i l, il, fig. 6 ; enfuite les foyers étant déterminés , on prendra la diftance A F , que l'on portera de A en C; & celle FB, de i? en £ , ou celle , de G en £) ; puis du point E au point C, on mènera une ligne inclinée qui coupera toutes les parallèles aux points i, i ; puis on prendra fur chacune de ces lignes les diftances i,p , que l'on portera de /"en o & en / ; & par les points A 0 0 00 , B II l,on fera paffer la circonfé- rence de i'ellipfe. §. IV. De la pénétration des Corps. L A fcience de la pénétration des corps eft d'autant plus nécelîâire à l'Art du Trait , que c'eft par elle que l'on parvient à trouver la projeélion des coupes de ces différents corps , & les courbes que produifent ces coupes. Cet objet efttrès- eflèntiel , puifque c'eft dans cette fcience , c'eft-à-dire dans la connoillànce de la pénétration des corps , qu'eft renfermée toute la théorie de f Art du Trait. Quoique les corps qui font repréfentés ici , & dont je vais donner la méthod* d'en connoître la pénétration , foient des folides pleins , on peut cependant flip- pofer qu'ils font tout - à- fait creux , & qu'il ne leur refte qu'une très-petiîe épaif feur à toutes les parties de leurs furfaces, ou même point du tout, ou pour mieux dire , qu'une épaitfeur fiélive ; il réfultera de cette fijppofition , que la fcience de la pénétration des corps eft non feulement applicable aux corps folides, mais en- core à tous les ouvrages de Menuiferie , dont les furfaces font rondes ou creulès, tels que font les arriere-vouftlires de toutes les efpeces , les revêtiflements de voûtes , &c , lefquels ne font autre chofe ( du moins quant à ce qui eft de leur forme apparente ) que des furfaces de corps folides , qui font pénétrées les unes par les autres. Soit ique ces corps foient d'une même forme ou d'une forme différente , je me fervirai dans le développement de la pénétration des corps , de la même méthode que celle dont je me fuis fervi pour le développement de leurs furfaces , c'eft-à-dire , que je me fervirai toujours de lignes perpendicu- laires ou de lignes horifôntales , méthode qui eft la plus fîmple & dont je me fervirai dans toute la fuite de cet Ouvrage. Il y a deux chofes à confidérer dans la pénétration de deux folides ; fivoir , premièrement , l'axe de la courbe formée par la pénétration ou la rencontre de ces corps ; fecondement , la courbe que cette pénétration décrit fur la furface de ces derniers. Cette diftinélion eft très-néceffaire à faire ; c'eft pourquoi il feut faire attention à ne pas prendre l'une de ces deux chofes pour l'autre , ainfi que je vais le démontrer ci-après. Soit le cylindre A ,ftg. r , qui eft pénétré par un autre cylindre B , lequel eft d'un diamètre plus petit que l'autre , & qui eft dilpofé de manière que fon axe pafl"e à angle droit avec celui de ce dernier. Pour avoir l'axe de la pénétra- Planche 410. 3°8 M E N U I S I B R, II. Pan. Chap. X. < tion de ces deux cylindres, on commence par divifer la bafc de l'un des deux en un nombre de parties égales. Par exemple en i6 , comme celle B; & après les avoir defcendues perpendiculairement le long de la furface du cylindre, on prolongera indéfiniment la ligne , du defllis du cylindre ; puis du point c , on élèvera une perpendiculaire tant en delTus qu'en delTous de cette ligne ; après quoi du point c comme centre , & d'une ouverture de compas égale au demi-diametre du cylindre on décrira le quart de cercle ^ ' 3 J 5 ' ^ ; enfuite on prolongera l'axe a i du cylindre A , jufqu'en e , & du point d pour centre , & de la diftance de , qui n'eft autre chofe que le demi- diametre du cylindre y}, on décrit un fécond quart de cercle e fc. Après avoir décrit ces deux quarts de cercles, dont les rayons d c Se c ^ font fur la même ligne d J , perpendiculaire à e ^ ou à l/; , ce qui eftla même chofe , puifque ces deux lignes font parallèles , on divife le petit quart de cercle i, 3, J en quatre parties égales, & par chaque point de divifion on abai/Fe des perpendiculaires parallèles à la ligne d 5 , jufqu'à ce qu'elles rencontrent le quart de cercle e fc , aux points /,g,/i,i; alors de ces points on mènera fur le cylindre A , les lignes fl,gm,hn,io, lefquelles feront toutes paral- lèles à Aile I ; & à la rencontre de ces lignes avec les perpendiculaires prifes fur le petit cylindre 5 , on fera païTer une ligne courbe , laquelle fera l'axe demandé. Quand on aura trouvé cet axe, C l'on veut avoir la courbe que produit la pénétration ou rencontre de ces deux corps fur la furface du petit cylindre, après avoir tiré fur ce cylindre une ligne droite r i , perpendiculaire à fon axe , on prendra fur chaque perpendiculaire parallèle à l'axe du cylindre B , la diftance qu'elles ont depuis cette ligne jufqu'à l'axe de pénétration , c'eft-à-dire , que l'on prendra la diftance rij, que l'on portera fur une des lignes perpendiculaires tracées fur la furface du cylindre ou fur fon développement, cequifcroitla même chofe ; enfuite on fera la même opération pour les diftances f 18, 19, ao, y 2 r, ainfi du refie , ce qui donnera le développement de la courbe décrite £urlalurtace du petit cylindre. Si l'on veut avoir le développement de la même courbe fur la furface du grand cylindre A, après avoir tracé fur fa furface des lignes parallèles à fon axe, dont les diftances feront égales à celles ci , i h , h gSc gf, 8c d'une ligne perpendicu- laire à ces dernières, prife pour axe du petit cylindre, comme cellejar , on prendra la diftance <: 8 , que l'on portera fur chaque parallèle du cylindre A, de y^hx, celle ^ 7, de_y en a & de en r , & par chaque point palfera la courbe demandée. Pour mieux entendre ce développement, faites un cercle fig. 2, d'un dia- mètre égal au petit cylindre B ■ divifez-le en feize parties égales , ainfi que ce dernier ; puis par des points de divifion oppofés, faites palTer des lignes paral- lèles à l'axe du cylindre yl , prolongé jufqu'en & ; pour peu qu'on y falfe attentioa s E c T Z O N I. §. IV. De la pénétration des Corps. jop attention , il eft aifé de voir que ces lignes parallèles font les mêmes que celles/?, gm,/in,ioSccp,&:que les diftances y 17, j 1 8 , &c./"^. a , font les mêmes Flanchs que celles r,yt, &c. fig.i;&. que celles c 8, c 7, c 6 Se ci , fig. 1 , tontlts ^ mêmes que celles c S ,cj ,c 6 ,c i ,Jîg. I , ce qui eft de même des autres di- menlîons ; c'eft pourquoi je les ai marquées des mêmes lettres dans les deux figures , afin d'en rendre l'explication plus intelligible. Lorfque les deux axes des cylindres qui fe pénètrent , ne pafTent pas l'un dans l'autre , ainfi que dans la Figure précédente , mais que c'eft le diamètre du petit cylindre qui pafle par l'axe du grand , on opère de la manière fuivante : Après avoir déterminé le demi-diametre ab du petit cylindre C,fig. 7, fur une ligne parallèle au diamètre c d A\x grand cylindre Z> , on divife la moitié du dia- mètre de ce dernier , en un nombre de parties quelconques ; on mené de ces points de divifion fur la furface du cylindre D , des lignes parallèles à fon axe , ainfi que celles a, 0 ; 3 , o ; 4, 0 , &c ; puis on élevé fur ce cylindre une ligne perpendiculaire à l'axe de ce dernier , lequel repréfentera l'axe du cylindre C; en- fuite de quoi on mènera par les points de divifion du diamètre du grand cylindre, les perpendiculaires 2 0 , 3 p , 4 y , 5 r, ^/^ , que l'on fera palTer jufqu'à ce qu'elles rencontrent la demi- circonférence du cylindre C, aux points /i, i, l, m, n. La Fi- gure ainfi dilpofée , on fera m égal 3.kg,u 12 égal à ip, a- 1 3 égal h / ç ,y 14 égalàmr,^ égalant, ce qui reporté de même de l'autre côté du cylindre , donnera la courbe produite par la pénétration des deux cylindres , décrite fur la lurface du grand. ,1 Si l'on veut décrire cette même courbe fur la furface du petit cylindre , après l'avoir divifée par des perpendiculaires correfpondances aux divifions du grand cercle, comme celles i 10 , 17 g , 18 p, 20 r , 21 s , on élèvera une li- gne perpendiculaire à fon axe ; puis on portera fur chaque ligne perpendiculaire tracée fur la furface du cylindre C , les diftances qui leur font correfpondan- tes , comme par exemple , fur la ligne i , i o , la diftance i(î,i,oui(î,io,ce qui eft la même chofe ; fur la ligne 17 g-, la diftance 22 , 5 ; ou 22 , a ; & ainfi des autres (*). Quand les cylindres ne fe pénètrent pas à angles droits, ainfi que ceux dont je viens de parler , il faut toujours divifer les plus petits en parties égales , fur-tout quand ils ont un axe commun comme dans la Jtg. 8 ; c'eft pourquoi après avoir dé- cri: la demi-circonférence al> du petit cylindre E, on la divifè en parties égales, & des points de divifion, on mené des lignes parallèles, lelquelles font perpendi- culaires à l'axe if, jufqu'à ce qu'elles rencontrent la ligne c d, dont l'obliquité eft donnée par la pente de l'axe du cylindre ; enfuite fur cette même ligne, on élevé C * ) D'après ces opérations , il eft aifé de voir que la méthode dont je me fers pour trouver & démontrer la pénétration des corps , eft la même que celle dont je me fuis fervi jufqu'à préfent pour le développement de toutes les furfaces des Menuisier, II. Pan. différents corps ; c'eft pourquoi on ne fauroic faire trop d'attention en étudiant ces principes, qui font les mêmes dans prefque tous les cas, & fur lefquels eft fondée toute la véritable théoria de l'Art du Trait. Kkklt 310 MENUISIER, IL Partie , Chap. X. = deux perpendiculaires au point i/, & au point m ; puis on fait g d égal •"^ 3.df,&.mh égal à a f; & par les points ckScmg, on décrit deux quarts d'ellipfe , dont le petit rayon de chacun eft égal au rayon du cylindre qui lui eft correfpondant ; enftite on fera retourner à angle droit fur la ligne de, toutes les parallèles produites par la divifion du petit cylindre E, julqu'à ce qu'elles rencontrent le grand quart d'ellipfe produit par le cylindre F; le refte comme à la Figure première , en obfervant cependant que les diftances fervant à décrire la courbe de la rencontre des deux cylindres fijr le grand , fe prennent fur le plus grand côté de l'ellipfe. Lorique c'efi un cylindre & une fphere qui fe pénètrent , ainfi que la Jîg. 3 ^ après avoir tiré la ligne ai, qui eft l'axe de la Iphere , & celle c d, qui eft l'axe du cylindre , parallèle à cette dernière , on divife la fphere & le cylindre par des lignes parallèles & perpendiculaires à leur axe , comme celles i. ii , 000; en- fuite lùr chaque tranche de la fphere, & de l'axe ab comme centre , on décrit les demi-cercles i p , i e , if & i g; puis on fait la même opération pour le cylin- dre , c'eft-à-dire , que l'on décrit autant de demi-cercles qu'il y a de tranches ho- rilbntales , ainfique les demi-cercles 90, A 0, lo, mo, no, &.à chaque point, hors les cercles de la Iphere & ceux du cylindre ; pris &r une même ligne parallèle o i , on mènera une perpendiculaire qui fera une ordonnée à la courbe formée par la pénétration des deux corps , telle que font les lignes 1,2; 3,4; y,6; & 7 , 8 ; puis par les points 5),8,6,4,i&o,on fera paflèr une ligne courba qui fera l'axe de la pénétration de ces deux corps. Pour bien entendre cette opération , repréfentez la fphere fig. 4 , vue de def- fus 5 avec le plan du cylindre qui la pénètre; après avoir tracé fur la Iphere les différents cercles i g , if, i e , ip , d'un diamètre égal à ceux de la fîg. 5 , aux points où ces cercles rencontreront la circonférence du cylindre 4 , élevez les perpendiculaires 7,8;J,5;3,4;2,i; parallèles à l'axe a /5 de la fphere, jufqu à la ligne i 0 , qui efl le plus grand diamètre de la fphere; chacune de ces perpendiculaires feront des ordonnées à la courbe de pénétration , à laquelle la ligne J) , 8 , , 4 , 1 & o , fert d'axe , ainfi que dans la7%. 3. Cette méthode eft fort commode pour tracer la courbe de pénétration , tant fur la fphere que fur le cylindre ; c'eft pourquoi on doit s'appliquer à bien l'entendre , ce qui fera d'autant plus aifé , que dans les deux figures les mêmes lignes font marquées des mêmes lettres. On obfervera que ce que je viens de dire ici , ne donne que la moitié de la courbe décrite par la pénétration du cylindre & de la fphere , ce que j'ai fait afin de ne point trop compliquer la figure , & la rendre plus intelligible ; de plus , pour peu qu'on veuille y faire attention , on verra que pour avoir la tota- lité de cette courbe , il faut continuer l'opération jufqu'au bas de la figure , ainfi qu'on peut le voir dans les fig. ^ & 6 , defquelles je ne donnerai aucune démoaC- tration , ce que j'ai dit des Figures 3 & 4 étant fulfifant. Section I.§.lV.De/a pénétration des Corps. 3 1 1 Lorfqu un cône fera pénétré par un cylindre , & que leurs deux axes feront ^ parallèles , on fe fervira de la même méthode que pour la fphere pénétrée par un F lanchs cylmdre , a.nfi qu'on peut le voir dans la/^. 9 , cote Q , & dans celle xo , cote H, lefquelles repréfentent le cÔne vu de delfus avec le plan du cylindre qui le pénètre ; mais quand l'axe du cylindre eft oblique à celui du cône comme dans l^ fig. ç, , cote /, cela devient un peu plus difficultueux , parce qu'à chaque tran- che honfontale du cylindre, il faut décrire une derai-ellipfe , dont le grand axe ou diamètre eft égal à la ligne horifontale cd, & le petit à ceUe ef, le refte comme pour le cylindre C, à l'exception toutefois, que pour décrirl le plan du cylindre / , fur le cÔne , fig. 10 , cote L , il faut des points i , 2 , 3 & 4>/^- 5? J cote / , mener autant de lignes parallèles à l'axe du cylindre' lef- queUes couperont à angles droits la ligne cf, aux points 5 , 7 , 9 & rr ;'def- quels points on élèvera autant de perpendiculaires à la ligne cd; puis on prendra la diftance 5,6, que l'on portera de A en ^, toujours perpendiculairement à la ligne rs, qui eft l'axe de la courbe de pénétration ; enfuite on prendra la diftance 7, 8, quel'onportera de / en r, &c. & parles points n,ps, on fera paftèr une ligne courbe qui donnera la moitié du développement de la pénétration des deux corps , & le plan oblique , ou pour mieux dire , racourci du cylindre /. Quand les cônes font pénétrés par d'autres cônes, dont les axes font paral- lèles aux leurs , comme ct\mN,fig. r r , ou bien par une fphere , comme ceUe M, même figure , on fe fervira de la même méthode que ci-de/fus , ainfi qu'on peut le voir dans la Jîg. ro. II eft encore d'autres pénétrations de corps dont je ne parlerai pas ici , tels que font les cônes qui fe pénètrent obliquement ou à angle droit , ceux qui pé- nètrent des ellipfoïdes , &c , parce que la méthode dont on fe fert pour ces dé- veloppements , eft à peu-près la même que celles dont je viens de parler , & que déplus cela m'écarteroit trop démon objet ; d'ailleurs, les notions de Stéréoto- mie que je viens de donner, font très-fufEfantes pour la théorie de l'Art du Trait , relativement à la Menuiferie, lequel eft mon principal objet, dont je ne puis ni ne veux m'écarter, afin de me renfermer dans les bornes que je me fuis pref- Crites, 5ïa M Ê N U J S I E R. II. Partie, Chap. XL CHAPITRE ONZIEME. Des différentes places dont les Revêtlffements font fufceptihles de Trait, & la manière de con/lruire ces Revêtiffements en plein bois. ■Les places dont les revêtiffèments font fufceptihles de Trait , font les arrieres- vouffures de touts efpecc, les voûtes d' arête , celles en arc de cloître, en ogive. Sec ; les lunettes & les trompes , enfin toutes les places dont les faces , foit ver- ticales ou horifontales , ne font pas parfaitement planes & droites dans toutes leurs parties. On nomme arriere-voujfure , la partie fupérieure d'une baye de croifée ou déporte, ou tout autre enfoncement, laquelle eft terminée fur fon élévation extérieure par un demi-cercle ou tout autre cintre , lefquels font différents dans le fond de la baye ; c eft-à-dire, que fi l'extérieur de la vouflure eft plein-cintre, le dedans eft bombé ou furbailfé ; fi au contraire le dehors eft bombé ou furbailTé , ou même droit, le dedans eft plcin-cintre. Cette obfervarion eft eflentielle , parce que fi fintérieur & l'extérieur d'une baye étoient d'une même forme , ce feroic un archivolte , & non pas une arriere-vouffure , laquelle n'eft ainC nommée que parce qu'elle feinble former une féconde voûte d'après celle de la pièce dans la- quelle elle fe trouve ( * ). Il eft des arrieres-voulîùres qui font cintrées fur le plan & fur fêlé vation , com- me le quart d'une fphere ou d'une ellipfoïde ; dans ce cas on les nomme calottes , quoique proprement ce foit de véritables arriéres - vouffures. Les Menuifiers ont donné différents noms à toutes ces efpeces de vouflures , ce qui n'a fervi qu'à en rendre fétude plus difficile , & à embarraffer les Com- mençans, ainfi que je l'ai dit, page 292. C'eft pourquoi j'avertis ici que les arrieres-vouflures font de deux elpeces ; lavoir , celle de Saint- Antoine ^ qui eft quarrée ou évafée par fon plan , & dont la face extérieure eft cintrée plein-cintre , & qui eft pleine dans le fond , lequel eft terminé par une ligne horifontale au-deflus des impoftes , c'eft-à-dire , à la naiflânce du cintre de la face extérieure. L'autre efpece d'arriere-voulTure , eft celle que Ton nomme arriere-vouffure de Marfeille , laquelle peut être fur un plan quarré ou évafé , ainfi que la pre- mière , dont le fond eft évuidé d'une forme plein-cintre , & la face extérieure cintrée d'une forme bombée , dont la retombée vient au nud du deifus du cintra (*) Il y a cependant des archivoltes qui font fufceptiblcs de Trait; mais ce n'eft que quand ils font évaf«s , ce qui alors les met dans le cas des arrieres-vouflures, ainii qu'on le verra dans la fuite de cet Ouïtage. du Des différentes places dont les Revhiffemems font fufceptihles de Trait. 3 1 3 du fond , de forte que les parties de la voulTure qui retombent fur les embra- fements , forment un quart de cercle femblable à la moitié du cercle du fond de cette dernière. Cette efpece de vouifure a été inventée pour que les vanteaux des portes ou des croifées , dont le tableau eft pleia-cintre , puiffent ouvrir dans les embrafements ; ainfi toutes les arrieres-voiiffures qui feront pleines dans le fond, & par conféquent terminées par une ligne horifontale, feront delà première efpece, c'eft-à-dire, des arrieres-voulTures de Saint-Antoine, quoique leur extérieur foit cintré bombé, ou furbaiffé, ou tout autre cintre, quand même les côtés de la vouifure qui retombent fur les embrafements fe- roient évafés , c'eft-à-dire , hors de niveau. Par la même raifon , toutes les arrieres-vouifures dont le fond fera évuidé , feront toujours de la féconde efpece , c'eft-à-dire , des arrieres-vouffures de Mar- feiUe, quand même le cintre du dedans feroit bombé ou furbaiffé, & que la face extérieure feroit terminée par une ligne droite , quoique dans ce dernier cas quelques-uns nomment cette arriere-voulfure , fur-tout lorfqu'elle eft cintrée plein-cintre dans le fond , ils la nomment , dis-je , arnere-voujure de Mont- pellier. Les voûtes d'arête, font celles dont l'angle ou arête fait une partie faillante dans fon retour; celle en arc de cloître fait le contraire de celle d'arête, c'eft-à- dire , que fon arête fait un angle rentrant. Les cintres de ces deux efpeces de voûtes peuvent être cintrés plein-cintre , furhaufiSs , ou furbaiifés , cela eft égal , pourvu toutefois que les cintres qui formeront une arête , foient tous deux d'une même hauteur ; car s'il arrivoit qu'il y eût un cintre plus bas que fautre, l'ou- verture qu'il fait dans la voûte , ou du moins qu'il femble y faire , fe nommeroit lunette, ce que j'expliquerai dans la fuite de cet Ouvrage. Les voûtes en ogives, font celles dont le cintre eft furhaulTé & aigu dans le milieu, telles que font celles de tous nos bâtiments gothiques ; leurs arêtes peu- vent être à angles faiUants, ou rentrants, ou faire des lunettes , ainii que ceUes ci-deifus. Les trompes enfin , font des parties faiUantes à angles redangles ou cintrés , lefquelles font faillie , foit dans un angle creux ou fur un angle fiiUant. Voy. les Fig. de la Pl. 1 1, lefquelles repréfentent toutes les arrieres-vouifures & voû- tes dont je viens de parler. Je ne parle pas ici des efcaliers , parce qu'ils ne font pas de la nature des ou- vrages dont je traite ici, c'eft-à-dire, qu'ils ne font point revêtiffements , & qu'on eft maître de leur donner telle forme que fon juge à propos , en fe bornant toutefois à la grandeur & à la forme de la place ; c'eft pourquoi je réferve à traiter des efcaliers à la fin de cette Partie de mon Ouvrage, pour ne point interrompre l'ordre que je lui ai donné , & pour éviter la confufion qu'il y auroit , fi ces différentes efpeces d'ouvrages fe trouvoient mêlées les unes dans les autres. Menuisier, II. Part. LUI 314 M E N U I S I E R, II. Partie. Chap. XI. Section Première. Différentes manières de conjîruire les ouvrages de Trait en plein bois. L A conftru£i:io!i des ouvrages de Trait en plein bois eft très-importante , & demande beaucoup d'attention , tant pour leur folidité que pour l'économie des bois ( * ) ; c'eft cependant cette partie de l'Art du Trait , que les Menuifiers ont le plus négligée , la regardant comme une chofe très-facile , & qui par conféquent deraandoit très-peu d'attention , faifànt confifter toute la difficulté du Trait dans les ouvrages de cette nature , qui font afTemblés à tenons & à mortaifes , &c. ■Cependant pour peu qu'on veuille y faire attention , il eft fort aifé de voir que toute la difficulté du Trait confifle dans le corroyage des bois , & non dans les afiêmblages , qui font les mêmes à toutes fortes d'ouvrages , à très-peu de choie près ; & que par exemple , une arriere-voulfure conftruite en plein bois, ne dif- fère point de celle qui. eft faite avec des affemblages , du moins pour la manière d'en tracer & d'en corroyer les courbes ; & que les panneaux d'une arriere-vouf- fure d'alfemblage , font eux - mêmes des parties de celle qui eft conftruite en plein bois. Ce font ces réflexions qui m'ont engagé à m'étendre lur cette par- tie de FArt du Trait , afin qu'une fois bien entendue , on puifte palîèr à la connoiflànce des parties les plus difficiles , auxquelles celle - ci fert d'intro- duélion. En général , ( & je ne faurois trop le répéter ) , les procédés dont on fe fert pour la conftruftion des ouvrages de Trait , Ibnt toujours les mêmes quant au fond ; & les différentes formes des ouvrages n'y doivent jamais rien changer , puifque la méthode des projetions dont je me fuis fervi , doit toujours être la même dans tous les cas polfibles , comme on le verra ci-après. §. I. De la manière de coller les Archivoltes évafcs , en tours creujes , &c. Il y a trois manières de dilpofer les joints des ouvrages collés en plein bois ; favoir , de les faire par cerces d'égale épaifleur, ( du moins chacune d'elles féparément ,) dont les joints font perpendiculaires & parallèles à la face de l'ou- vrage , commeles Fig. i & 5. Ceux qui font dilpofés pareillement par cerces parallèles , mais dont les joints Planche 1 ij. f *) Lorfuue je dis ici que l'on condruic des ouvrages de Trait en plein bois, ce n'etl: pas que Fou employé des pièces de bois d'une capa- cité affez grande pour pouvoir faire une arricre- voulTure ou tout autre ouvrage dans un feul morceau de bois , ce qui ne vaudroit rien quand même la chofe fcroit poffible ; c'ert pourquoi , par ouvrage ds Mmuïftrïe conflmït en plein bois , on doit entendre celui qui n'a aucune efpece d'allemblages , mais qui eft compofé de plu- lieurs pièces de bois dirpofées par cerces , dont lesjoinrs toujouts droits , font faits horifontale- ment ou perpendiculairement , ce que les ou- vriers appellent de l'oiaragç collé en plein bois. Section I. §.l. Alaniere de coller les Archivoltes. jrj font liorifbntaux comme la Jig--^, P/. 113 ; cexix enfin qui font collés en dou- ves ou douvelles en forme de claveaux , comme les fig- 2. & 6. Quand les archivoltes font évafés également , comme celui Jig. i & 2 , après avoir déterminé la profondeur de fon plan & fon évafement , ainfi que ah c d , & déterminé les épaiflêurs que Ton veut donner à Farchivolte , comme gi , hl , pour fépailfeur extérieure , & celle ef, pour f épaifîèur intérieure , on divife un des côtés du plan comme a m, en autant de parties qu'on le juge à propos, félon l'épaiflèur des bois que l'on veut employer ; puis par chaque point de di- viiîon , on fait pafîèr autant de lignes parallèles entr'elles & à la bafe du plan , telles que celles i, 7; 2, 8 ; &c , lefquelles lignes repréfentent les joints vus en plan ; cnfuite on élevé à la rencontre de ces lignes parallèles avec la ligne inté- rieure du plan a h, les perpendiculaires g- 12, ii 13 ; l, 14 ; a, 15 ; 3, id ; 4, 17 ; 5,18 ; & i If), jufqu'à ce qu'elles rencontrent la ligne 0^ ; & du point /; comme centre , pris fur la ligne D p, on décrit autant de cercles circonforipts les uns aux autres qu'il y a de lignes perpendiculaires, ainfi qu'on peut le voir dans la Fig. I , de forte que chaque cerce qui compofe l'archivolte, cft d'iui diamètre plus ou moins grand , Iclon qu'elle eft placée au-devant ou au fond de ce dernier. Quand un archivolte non-feulemént eft évafé , mais encore qu'il efi creux fur fon plan , comme les Jzg. ^ & 6 , on opère comme dans le dernier cas , c'eft-à- dire , qu'après avoir déterminé la largeur & la profondeur du plan , on divifo cette dernière, cote ai ,en un nombre de parties relatives à Tépaillèur des bois ; puis à la rencontre de ces lignes avec l'arc de cercle c e , on élevé les perpen- diculaires cj; r, 8;2, 5);3, io;4, ir;5,i2;&el3; puis du point d comme centre & à la rencontre de chacune de ces perpendiculaires , on décrit autant de demi-cercles , lefquels indiquent les joints de chaque courbe , ainfi qu'on le voit dans la Jlg. z. Comme chaque cerce ne peut ni ne doit pas être d'un feul morceau de bois , on obfervera de les faire de plufieurs morceaux joints en flûte , à liaifon les uns au-defllis des autres , ainfi que je l'ai dit en parlant des collages des bois courbes , page 291. Il faut aulîî avoir foin de laiffer à chaque cerce une largeur fuffifante à l'en- droit des joints , afin que l'archivolte foit d'une épaifîèur convenable , ce que Ton fait en marquant cette épailfcur fur le plan, ainfi que je fai obfervé aux Figures ci-delîiis. Pour que les archivoltes foient parfaitement bien fiùts , il faut avant de coller chaque cerce , les chantourner en dedans , du moins fur f arête du joint; & s'il arrivoit qu'elles fuffent extradoffées , c'eft-à-dire qu'elles fuJfent vues par derrière , on feroit la même chofe au joint extérieur de chaque cerce , afin que chacune de ces arêtes ferve de guide en les creufant , ce qui , en terme d ou- vrier s'appelle débillarder l'ouvrage. Quand les archivoltes évafés font conftruits en douves, comme la fig. 2 , on Planche 31^ MENUISIER, II. Partie , Chap. XL ■ difpofe cliacLine de ces douves de la manière fuivante : Après avoir divifé le demi- cercle de l'arcliivolte en un nombre de parties égales à volonté , ou pour mieux dire félon la largeur du bois que l'on veut employer, comme les points 1,2, 3 & 4 ; du point II , qui eft le centre de l'archivolte , on fait palfer par chacun de ces points des lignes qui repréfentcnt les joints des douves ou claveaux. Enfuite pour avoir la forme & la véritable grandeur d'un des claveaux , on en divife un en deux parties égales par une ligne tendante au point de centre de l'archivolte , comme celle n6,fig. 2 ; puis fur la ligne du plan cd, on élevé à volonté les perpendiculaires ft,cx,dy8chœ; après quoi on mené fur ces li- gnes la perpendiculaire 7, 10, parallèle à la ligne cd; on fait i x &. j t, ou ^ u.8c 7 ^ >fs- 3 J égale à 5 a ou à 5 I 2 ; & on fait pjy & 9 5; , égale à i 3 0 ou 13 /- ; on fait enfin 10 <& , ou 10 œ , égale à 14/; ou 14 j , ce qui alors donnera la largeur du claveau & là véritable longueur , puifque le claveau rs, & œ , fig. 3 , eft pris fur la ligne de Finclinaifon du plan de farchivolte , lequel plan eft en même-temps la coupe du claveau , ainfi qu'on peut le voir dans les Fi- gures ci-delFus. Cependant il faut faire attention que l'épailfeur du plan , qui, comme je viens de le dire, eft la coupe du claveau, n'eft pas f épaifleur de ce dernier , parce que fi cela étoit , le claveau deviendroit trop mince au milieu de fa largeur lorfqu'il auroit été creufé en dedans , ainfi que l'indique la ligne p q ,fig. 3 ; c'eft pour- quoi afin de donner au claveau toute l'épaifTeur néceifaire, on fera palfer par le point 6 une ligne droite ir , 12 , parallèle à celle p q;&.àn centre n & du point 12 , on lera un arc de cercle jufques fur la ligne 0;; , que l'on fera en- fuite defcendre perpendiculairement fur le plan au point ly ; puis on prendra la diftance 15 , que l'on portera de c en 1 5 ; & par les deux points 15 & 16 , on mènera une ligne qui fera la véritable épailfeur du claveau. Il réfulte de ce que je viens de dire , que lorfqu'on veut faire un claveau , on commence par corroyer le bois d'une épailfeur & d'une largeur & longueur con- venables , félon qu'il eft marqué fur le plan; enfuite on le coupe de k pente qui eft indiquée, en obfervant de tracer, avant de le couper, une ligne au milieu de fa largeur , tant en parement que par derrière , laquelle doit toujours être perpendiculaire à ces mêmes coupes , & fur laquelle on trace la diftance de ces dernières. Après avoir coupé le claveau de longueur , on le met de largeur, ainfi que je fai dit ci-delfus , & on met les joints en pente félon qu'il eft indiqué fur l'élévation : ces joints doivent être bien plans, c'eft-à dire , qu'il n'y ait au- cune efpece de gauche ; & lorfqu'ils font bien faits , ils doivent être d'équerre par la coupe du bas. Il eft bon auffi de creufer les claveaux avant de les coller, & on en trace le creux de cette manière : après avoir fait la coupe dh du haut du claveau , & en avoir déterminé la largeur , on a un calibre de la grande cerce de l'archivolte , ave clequel on trace le creux fur cette coupe ; ce calibre peut suffi fervir à dé- terminer les joints du claveau. ( Vojei la Fig. 7 ), Pour Section I. §. I. Manière de coller les Archivolm. 3 17 Pour le cintre du bas , lorfqu'on a fait la coupe//, on trace fur cette coupe un arc du cintre intérieur de l'archivolte ; puis on chantourne le delTous du cla- veau d'équerre fur//: après l'avoir ainfi chantourné, on le met de l'épai/feur ef, ce que l'on fait en paffant le trufquin du côté//. Voyei la Fig. 4 , qi: préfente la moitié d'un claveau ainfi difpofé , fait au double de la grandeur di 1 re- es Les claveaux des archivoltes évafées , peuvent être joints à rainures & lan- guettes rapportées , ce qui en rend les joints plus folides. Lorfque les archivoltes ne font pas d'une grande profondeur , on peut les faire de deux ou trois morceaux feulement , que l'on fait ployer après les avoir cintrés fur deux fans, ce qui fe fait de cette manière : Après avoir déter- miné la profondeur & févafement du plan de Farchivolte , comme dans hjig. 2 , on prolonge les deux côtés ab,cdÀics plan , jufqu'à ce qu'ils fe rencontrent en ^ ; & de ce point comme centre , & de fintérieur & de Fextérieur du plan , on décrit les deux arcs de cercle a ;/, & i c , ce qui donne alors le dévelop- pement d'une partie de cône tronqué , dont farchivolte évafée eft la figure. Enfuite pour avoir la grandeur de chaque partie de ce développement, on les prendrafur le plus grand cercle de farchivolte, & en plus petites parties poffibles, afin de rendre f opération plus jufte , ainfi que je l'ai dit en parlant du dévelop- pement du cône droit. Cette manière de faire les archivoltes , n'eft bonne que quand ils font liJes , très-étroits & bombés fur leur élévation , & qu'ils entreront à rainures & lan- guettes dans le dormant des croifées , & dans les chambranles de ces dernières ; hors ces cas, on ne peut s'enfervir que quand ces archivoltes feront faites d'af femblages : dans ce cas, on pourra en faire les panneaux de cette manière , fur- tout quand ils n'auront point de plates-bandes. Lorfque les archivoltes évafées feront creufes fur leur plan , comme in fig. 6, & que fon voudra les conftruire par douves ou claveaux, la conftruélion de ces derniers fera la même que pour les archivoltes évafées droites , à l'excep- tion feulement que les claveaux feront plus épais à caufe du creux du plan , fans compter la plus forte épaiffeur du cintre de face de farchivolte , que l'on a de la même manière que dans la fig. a. Voyer^ l" fiig- 6 , où les lignes a,!>,c,d,e,fi,g,k,L,l, indiquent ces différentes épaiffeurs. En général, les archivoltes évafées creufes font meilleures étant collées par cer- ces qu'en claveaux , & d'autre part n'y ayant guère de dilférence pour fécono- mie des bois , fi j'en parle ici , ce n'eft que pour faire connoître qu'on peut les faire ainfi , & pour amener à la connoiffance d'autres parties plus difficiles. Il n'en eft pas de même des archivoltes évafées droites, parce que celles qui font collées en plein bois , font à la vérité plus folides que celles en claveaux , mais auffi employent-elles beaucoup plus de bois, ce qui eft fort à confidérer ; c'eft pourquoi on fera fort bien de les faire de cette manière , c'eft-à-dire en claveaux , Menuisier. //. Part^ M m m m 3i8 MENUISIER, II. Partie Chap. XL _______ quand elles ne feront pas d'une trop grande largeur , & qu'elles feront rete- Planche nues par des rainures & languettes ; ainfi elle fera très-bonne pour faire les pan- neaux des archivoltes évafées lorfqu' elles feront faites d'alfemblagcs. La méthode de faire les archivoltes évafées droites , eft auffi bonne pour les an- gles des auvents de boutiques , que les Menuifiers nomment partes-d'oyes , ex- cepté qu'on ne fe donne pas la peine de creufer les planches , fe contentant de les couper félon la pente de l'auvent , & de les diminuer fur leur largeur. §. II. De la manière de coller les Archivoltes gauches , les Calottes & les Arcs homhés. . Il eft des archivoltes biaifes , dont la partie fupérieure eft droite & de niveau Planche comme la fig. I , & dont la retombée eft évafée en ligne droite ou en creux , ^" ce qui eft la même chofe pour le cas dont il s'agit ici ; & d'autres dont la coupe prife du milieu de fon cintre, eft différente de celle de fa retombée, ou pour mieux dire , de fon plan, ainfi que la fig. 2. Ces efpeces d'archivoltes fe nomment gauches, parce que toutes les courbes des cerces qui les compofent, ne font point parallèles entr' elles , font de diffé- rente nature , & ont par conféquent différents centres , & ont befoin de deux coupes pour déterminer la naiffance de ces courbes, ainfi qu'on le verra ci-après , excepté le premier cas où le feul plan fuftit , puifque la coupe du mi- lieu fe termine par une ligne droite, à laquelle toutes les cerces qui compofent l'archivolte viennent tendre. Pour avoir la naiffance des cerces de l'archivolte fig. I , après en avoir tracé le plan , on divife ^à profondeur par des lignes parallèles ; & des points où ces lignes rencontrent le plan, on élevé des perpendiculaires jufqu'à la ligne i/^, qui eft la naiffance de l'archivolte ; enfuite par les points h,i,l,m,n&.o, on décrit autant d'ellipfes auxquelles ladiftance/, , fert de petit axe; le refte comme à celles ci-deffus , page 315. S'il arrive qu'on veuille avoir la courbe que formeroit une coupe faite dans un endroit quelconque de l'archivolte, comme laligney , 14 ; on prolonge cette ligne à volonté de 7 en 1 5 ; puis on fait la diftance 15 y, égale à celle 7, 14 ; & des points 15 & y , on élevé deux lignes perpendiculaires à cette dernière , aux- quelles on donne de hauteur la profondeur du plan h c ; enfuite on divife cette hauteur par les lignes i x, a x, 3 x , &c , parallèles entr'elles , & d'une diftance égale à celles du plan , lefquelles repréfentent les joints des cerces ; de forte que ^ r eft égal i.bi,pi égal à ^ a, ainfi du refte. Quand cette opération eft faite, on prend la diftance 14, 13 , que Ton porte de p en r , auquel point on fait defcen- dre une perpendiculaire parallèle apq , jufqu'à ce qu'elle rencontre la ligne ho- rifontale qui lui eft correfpondante , laquelle fe trouve être celle 5 x ; enfuite on fait la diftance p s égale à celle 14,12; celle pt égale à celle 14 , 1 1 ; celle p u s ECT I ON I. §. ïï. Manière de coller les Archivohes gauches , &c. 3 Ip égale à celle 14,10; celle p x égale à celle 14,9; enfin celle pj égale à celle 14 , 8 ; à chacun de ces points on defcend des perpendiculaires ainfi que celle r i ; Se aux points / , où ces lignes rencontrent les liorifontales qui leur Ibnt cor- relpondantes , on fait pafler la ligne CQ\uh<i y i i i 6 , qui fera la coupe de 1 ar- chivolte prife fur la ligne 8 , 14. Quand les archivoltes auront deux coupes , comme ^^.fig. 1 , après avoir dé- terminé la forme du plan & avoir divifé fa profondeur en parties égales , que f on relevé perpendiculairement jufqu a la nailTance de farcliivolte à l'ordinaire , les-hauteurs fg&f h étant données , du point A on mené une ligne horifon- tale perpendiculaire à celle f h, de A en n; du point g , on mené une autre li- gne horifontale g m , parallèle à celle // n ; puis on prend fur le plan la diftance 0 p , que l'on porte de m en / , auquel point on élevé la perpendiculaire / i, la- quelle eft le devant de l'ouvrage ; on élevé auffi une perpendiculaire au point m , de forte que l'on forme le quarré ou le reélangle li mn; car ce peut être l'un ou l'autre ; enfuite on divife la diftance in ou l m, en autant de parties que le plan ; & des points où les lignes de ces divifions rencontrent la courbe ^ qui repréfente la coupe du milieu de l'archivolte , on mené à la ligne fh , les lignes horifontales r , 6 ; 2 , 7 ; 3 , 8 ; 4 ,9 ; 5, 10 ; par lefquels points & ceux produits par les divifions du plan fur la ligne /f, on décrit les quarts d'el- lipfe I o , 9 c, 8 , 7 « & 6/, lefquels feront les arêtes des joints de toutes les cerces qui compofent cette archivolte. Il faut obferver que le quart de cercle ^ a, & le quart d'ellipfe 6 g, font toujours déterminés avant que f on commence à chercher les courbes des cerces , ce qui eft une règle générale , ainfi que pour les plans & les coupes qui doivent toujours être arrêtés d'une manière fixe & in- variable. Les calottes fe collent par cerces ainfi que les archivoltes, la méthode étant la même pour les unes comme pour les autres, ainfi qu'on peut le voir dans la fig_ 3 , où la coupe A eft produite par la hauteur des cercles de l'élévation i? , dont les rayons ou demi-diametres ont été donnés par le renvoi des divifions du plan C. Cependant s'il arrivoit qu'une calotte fût furhauffée ou furbaiffée , après avoir tracé le plan, on commenceroit par déterminer la forme de la coupe ; & d après les divifions de cette dernière , on méneroit des lignes horifontales fur la ligne du milieu de la calotteD, & la hauteur de ces lignes détermineroit celle des el- lipfes que décriroit chaque cerce , ainfi que je l'ai expliqué y?^. 3. Les joints des calottes peuvent auffi être horifontaux , ainfi que je l'ai déjà dit, & que je l'ai deffiné ici;%. 4, laquelle repréfente une calotte furhaulfée. Cette manière de faire les joints eft la même que la première , toute la différence qu'il y a , c eft que les lignes horifontales a i, ai, qui repréfentent les joints des cer- tes qui compofent la calotte D , paroiffent droits vus de face , & que c eû a rencontre de ces joints avec le cintre de face qui donne les cercles du plan E> Planche 115. 320 M E N U I S I E R, II. Pan. Chap. XI. ainfi qu'on peut le voir dans Y^fig. 4; cependant fi le plan de la calotte n'étoit pas plein-cintre , chacun de fes cercles deviendroit des ellipfes dont les dia- mètres feroient donnés par les perpendiculaires io,io,io, de Téiévation , & par celles que donneroient les divifions de la coupe F, ce qui eft fort aifé à en- tendre , après ce que j'ai dit en parlant des archivoltes. S'il arrivoit qu'au lieu d'archivoltes on eût des arcs bombés à revêtir , dont l'é- vafement fût égal dans toutes fes parties , ainfi que la fig. i , on s'y prendroit de cette manière : Après avoir tracé le plan , & l'avoir divifé à l'ordinaire , on fait la coupe^ de l'arc que l'on divife également , en obfervant de faire la diftance gh égale à f/; & à la rencontre des points de divifion avec la ligne de la coupe gp,on mené fur la ligne i ^ , qui eft le milieu de l'arc , les parallèles q i ,r l , sm,cn,uo, lefquelles donnent la hauteur des cercles des joints ; enfuite du point/, qui eft le centre de l'arc, on décrit les arcs i6 , m 8 , np & o 10 , que Ton prolonge jufqu'à ce qu'ils rencontrent les perpendiculaires prifes fur les divifions du plan , ce qui donne l'arête ou l'angle de l'arc avec l'embrafure. Pour avoir le développement de cette embrafure , on élevé des perpendiculaires fur la ligne du plan xy, aux points de divifion des joints ; puis on fait x r r égale à la hauteur de la perpendiculaire a , prife fur la ligne ^ & ; ceUe 1,12 égale à celle 6 ; celle 2,13 égale à celle 7 ; celle 3 , 14 égale à celle 8 ; celle 4,15 égale à celle 9 ; ceUe y , 16 égale à celle 10 ; enfin la hauteur y 17 égale à celle c & par les points 1 1 , 12, 13 , 14, i j , 16 & 17, on fera paifer une ligne qui fera l'arête de l'embrafure. Cette ligne ne peut pas être une ligne droite , quoiqu'elle le paroiffe ici à caufe de la petitefli du deffin, parce qu'on doit faire attention que l'arc bombé <z i c ^f, eft une partie de cÔne droit tronqué , & qu'il ne peut y avoir de coupes droites dans un cône que celles qui paffent par fon axe , ainfi que celle ^ 18 , laquelle étant prolongée, vient paflèr par le point/, qui eft le centre de l'arc, & par conféquent de la bafe du cÔne tronqué, donc l'arc i<j , 20, appartient à la circonférence de fa bafe , & celui 2.z,cd, appartient à fa coupe fupérieure ; & que la ligne 22/, prolongée jufqu'à la rencontre de ceUe 23 , 24, eft la moitié de la bafe de ce cône, dont cette dernière ligne eft un des côtés. Il fuit de cette démonfiration , que la ligne a c , développée ainfi que celle 1 1 , 17 , ne peut pas être une ligne droite , mais une portion d'hyperbole , dont la courbe eft prefque droite. S'il arrivoit que l'arc bombé ne fût pas également évafé , ainfi que h fig. 2, après avoir déterminé le cintre intérieur dont le centre eft en/ ainfi qu'à hfig. i, & le cintre extérieur dont le centre eft en A, on en fait la coupe, que l'on divife par tranches comme à fautre figure , ce qui donnera les hauteurs des cerces au milieu de l'arc ; enfuite pour avoir la retombée de ces cerces dans l'angle de l'arc bombé , on mènera dans cet angle une ligne comme celle a b , tendante au point C, qui eft le milieu de la diftance des deux centres/^ ; enfuite on prendra U Section I. §. II. Manière de coller les Archivoltes gauches , &c. 321 a hauteur b c , fig. ± , fur laquelle on fera une féconde coupe , dont les divifions renvoyées fur la ligne a b, donneront des points par où palferont les arcs deman- dés , dont les centres feront pris fur la ligne A f. Quant au développement de l'embrafure de cet arc , ce fera toujours la même cliofe qu'à la Figure i; & l'arête de cette embrafure fera une portion d'hyperbole prife dans un cône oblique tronqué , dont l'arc bombé fig. 2 , en eft une partie. Quand les arcs bombés font creux dans leur profondeur , ainfl que celui a. b 'J'g- 3 4 j dont le centre, eft en e , on commence par tracer les deux arcs de cercles ail, bc; enfuite de quoi , quand le creux de l'arc eft le même que ce- lui du plan , comme dans la 3 , on prend la diftance i f, que l'on porte fur la ligne du milieu de l'arc de 7 en 8; celle 2 ^ , de 7 à 9 ; celle 3 A, de 7 à 10, celle 4 i, de 7 à 1 1 ; enfin celle 5 /, de 7 à 1 2 ; puis par les points 8 , 9 , i o, i r Se I2,& du point e comme centre, on trace les arcs de cercles , 0 x y p u, q ty Sers, jufqu'à ce qu'ils rencontrent les lignes perpendiculaires prifes fur les plans ; foit qu'ils foient droits comme dans la Jîg. 5 , ou creux comme dans la 7%. 4, pour avoir le développement des embrafures de ces arcs , on s'y prend comme ei-delTus ; c'eft pourquoi je n'en ferai aucune démonftration. T^oje^ la Figure cotée D, qui repréfente l'embrafure de la Jig. 3 ; & celle cotée iijqui repréfente l'embrafure de la fig. 4 , prife géométralement comme l'indique la ligne ^ m. S'il arrivoit que le creux de l'arc bombé ne fût pas égal à celui du plan , on feroit une coupe à part pour avoir la divifion des cerces , comme dans làjig. i ; ou bien fi cet arc étoit inégalement évafé , on opéreroit comme dans h Jig. 2. Section Seconde. Manière de coller les Arriéres -voujjures de Saim-Anuine , & d'en trouver les Coupes dans tous les cas pojfibles. Les arriéres - vouflures de Saint- Antoine fe conftruifent par cerces, ainfi que les archivoltes dont je viens de parler ; ainfi quand on en a établi le plan ABC D ,fig. 3 ,on divife la profondeur par des lignes parallèles à l'ordinaire ; on élevé des perpendiculaires i, 2,3,4&5',àla rencontre de ces lignes avec les côtés du plan AB, jufqu'à la retombée de la vouffure, fig. 2 ; enfuite on trace la coupe de cette dernière , /"g-, r , que l'on divife ainfi que le plan; & par cha- que point que ces divifions font avec la courbe de la coupe , on mené des pa- rallèles fur la ligneyn ; & par chaque point que ces parallèles font fur cette li- gne , & par ceux qui font donnés par les perpendiculaires prifes fur le plan , on décrit les ellipfes i , (î, i ; 2, 7, 2 ; 3 , 8, 3 ; 4 , 9, 4 ; J, ro , y, lefquelles ellipfes feront les joints de chaque cerce. Quand oh veut avoir une coupe prife dans un endroit quelconque d'une ar- riere-vouflure de Saint-Antoine , comme par exemple , celle il , qui eft Menuisier . //. Part. N n n n Planche Il y. 3î2 MENUISIER, IL Partie. Chap. XI. ~ P"fè fur la diagonale, on élevé des lignes perpendiculaires B 0,11 a, izb, ^^l^i™ ^'i'^'^'\:dScï$e, fur les lignes horifonrales du plan , à l'endroit où la diagonale coupe ces dernières , & on prolonge ces perpendiculaires dans la voulTurc jus- qu'à ce qu'elles rencontrent les ellipfes qui leur font correfpondantes , c'eft-à- dire , qui ont été produites par les mêmes lignes parallèles du plan ; & par les points 0 , g , h , i, l,in&.n , on fera pafTer une ligne courbe qui décrira la coupe diagonale de la vouffiire. Quand on veut avoir le développement de cette coupe , pour en avoir la vé_ ritable courbe , on fait à part fig. 4 , le triangle reûangle qpr; enfuite on fait pq égal IBE, p ï6 égal l B 11 , p 17 égal l B 12 , p lî, égal à J 13, p 19 égal 3. B 14 , &/; ao égal à i? 15 ; par chacun de ces points , /%. 4 , on élèvera des perpendiculaires parallèles l q r ; enfuite on fera la ligne q r égale à celle/« ,fig.2\ celle 20,25 ^g^^e \em; celle i <; , 24 égale l d l\ celle 18 , 23 égale \ci\ celle 17 ,22 égale \hli; enfin la ligne , 21 égale à celle a^; puis par les points 2 1 , 22 , 23 , 24, 25 & r , on fait paJfer une courbe qui eft la coupe diagonale demandée. Toutes les autres coupes que l'on peut faire dans cette vouflûre , fe pey- vent décrire de la même manière que la précédente , c'cft-à-dire , qu'on aura les courbes de ces coupes , en élevant des lignes perpendiculaires fur chaque point que forment les lignes des coupes du plan , fur celles qui annoncent les jomts des cerces ; & pour ce qui eft du développement de ces mêmes coupes, on fera la diftance 16 , ^-j. fig. 5 , égale à f C, 3 ; & la hauteur 27 , 28 égale à celle >: œ, /%. 2 ; pour ia/V. 6 , on fera la diftance 29, 30 égale à celle Hl, Se la hauteur 30,31 égale à celle S i ; pour la fig. 7 , on fera 3 2 , 3 3 égale à Z M, & la hauteur 33 , 34 égale à xj/; enfin pour la /f^. 7, on fera la diftance 35- , 36 égale à celle iV O , & la hauteur 3<î , 37 égale à celle ^ &. Quant à ce qui eft des hautes perpendiculaires de chaque Figure , on les prendra comme à la fg. 4 ; & à chaque point donné fur ces lignes, paffera une ligne courbe qui fera la coupe demandée. Voyelles Fig. ci-de/Ilis. (*) §. I. De hl manière de coller les Arrieres-voujfures de Saint-Antoine ,furhaujpes ou furhaijjées , & leurs contre-parties. _____ Quoique l'arriere-vouffure de Saint-Antoine dont je viens de faire la def- Planche cription , foit d'une forme plein-cintre & évafée par fon plan , il eft quelque- fois des cas où ces voufFures font d'une forme furhauifée ou furbaiifée , & dont le plan eft quarré ; dans tous ces cas , on opérera comme ci-defTus , c'eft-à- C * ) Cette méthode d'avoir les coupes des ar- rieres-voufllires , peut aufli fervir pour les coller en claveaux, auxquels ces coupes ferviront de calibres ; c'efl la même chofe que pour les archi- voltes dontj'aiparléci-deflUs; toute la diftéreuce qu'il y a, c'eft que chaque côté de claveau efl d'un cintre différent, ainfl que je l'expliquerai en parlant des arriéres voulTures faifanc contre- parties de celles de Marfeille. Sec. il §. I. Manière de coller les Arrieres-vouffhres de S. Antoine . &c. 323 dire , que fi elles font d'une forme furhaulTée , ce qui efl: la moitié d'une ellipfe ~ dont le grand axe eft perpendiculaire , on fera , dis-je , autant de moitiés d'el- Planche lipfes qu'il y aura de joints donnés par la coupe & par le plan de la voufFure ; il faut cependant oblerver que ces ellipfes deviennent un cercle à un certain endroit de la vouflure , & que d'après ce point les joints des cerces redeviennent des ellipfes auxquelles la bafe de la voufTure fert de grand axe. Quand les arrieres-voufllires de Saint-Antoine font fur un plan quarré , comme les^. I <§ _J , on décrit autant de demi-ellipfes que l'on a de points donnés par la coupe Jig. 1 , lefquelles ellipfes viennent toutes rendre à un feul point de la vouflùre , ce qui donne la manière de la coller par cerces. Si au contraire on veut la coller en claveaux parallèles , comme les lignes bc , de , alors on fait defcendre ces lignes fur le plan , comme celles n 0 , p q , lefquelles coupent perpendiculairement les lignes parallèles des joints; on prend la hauteur r, fig. I , que l'on porte de 11 3 12 , fig. 1 ; celle b 3 , de 13 à 14 ; celle i 3 , de 1 5 à I (5 ; celle Z14, de 17318; celle /; j , de 15 à 20 ; enfin celle b e , que l'on porte de 0 en ai ; puis par les points 11 , 20 , 18,16, 14, i2&«,ori fait paffer une ligne courbe qui eft le cintre du premier joint. Pour le fécond, on opère comme pour le premier , c'eft-à-dire , que l'on fait ç 3 1 égal a d e ; 29, 30 égal à 10 ; 27 , 28 égal à (/p; 25, 26 égal à 8 ; 23 , 24 égal 2idj; 8c 12 , 22 égal à. d 6 , ce qui donnera la courbe du fécond joint , & ce qui feroit la même chofe fi les joints étoient en plus grand nombre. Pour en avoir la coupe diagonale , comme Vs , après avoir élevé des lignes per- pendiculaires à chaque point oi!i cette ligne coupe les joints du plan , on fait la ligne 32 , 44 égale à celle r s ; puis les perpendiculaires flir la ligne 34 , 44, par des arcs pris du centre r fur les divifions de la ligne /• y , on fera la hauteur 22,23 'J'g- 3 égaie à celle & m , fig. I ; celle 34,35 égale à celle ;j /; celle 36 , 37 égale à celle j- z ; celle 38 , 39 égale à celle x h ; celle 40 , 41 égale à celle u g; enfin celle 42 , 43 égalé à celle tf, ce qui donnera la coupe diago- nale prife ftr la ligne r s. Lorfque ces arrieres-voufllires font d'un cintre bombé , comme la figure a , on peut les coller par cerces ainfi que les autres ; & on en a les courbes & le développement de l'embrafure de la même manière que les archivoltes éva- fées : fi on veut coller ces fortes de voufllires par claveaux , il faut toujours avoir foin d'en faire les joints tendants au centre , afin qu'ils foient toujours droits fijr le plat , ce qui ne pourroit être s'ils étoient difpofés autrement. Pour avoir la véritable largeur de chaque claveau , on commence par marquer fur l'élévation de la vouflîire les lignes des joints a b ,c d , ef, fig. 2 ; puis de chacun de ces points on abaifle fur le plan les perpendiculaires ag,bl,ch,dm,ei,fl, lef quelles donnent les lignes des joints fur le plan ; enfuite on élevé à l'extrémité de chacune d'elles des perpendiculaires dont la hauteur eft égale à celle de l'éléva- tion , c'eft-à-dire , que l'on fait / 0 , fig. 3 égal ï r b ,fig. 2. ; m p , égal hs d; 8c . t.- 3^4 MENUISIER, II. Partie, Omp. XI. ===== n q égal à tf; enfuite à chaque perpendiculaire on mènera une ligne diagonale Planche ,, / o • i i . g^im»-'- ,11(5. comme celles^ o, hpSi.Lg, dont la longueur donnera celle des claveaux. Quoique la vouffure foi: droite par fa coupe , on pourra la faire creufe de quelque forme qu'on jugera à propos , fans que cela change rien à la méthode de leur conftruâion. Les contre-parties des arrieres-voulTures de Saint-Antoine , font communé- ment connues fcus le nom de vouffures de Mompellier dont je parlerai dans la fuite ; c'eft pourquoi je ne parlerai ici que de celles qui font d'un cintre bombé, comme celles^. ^ & 6. Pour déterminer les cerces de ces efpeces de voufFures , après en avoir déter- miné le cintre ab, fig. 5 , & avoir divifé le plan en tranches parallèles , on abaiife fur ce plan une ligne perpendiculaire à volonté comme celle df \ enfuite on prend la diftance c b , fig. ^ , que l'on porte de d en e,fig.^; puis du point e au point /, on décrit un arc de cercle qui fert à donner les hauteurs de l'embrafure développée g h i; enfuite par les points 6, 7, 8, 51 & 10, on mènera des parallèles de ces diftances fur l'élévation , jufqu'à ce qu'elles rencontrent les lignes perpendiculaires prifes fur le plan , ce qui donnera les points o , , y , r , i , par lefquels pafferont les cerces des joints , dont le centre fera toujours fur la ligne b t. Il eft aifé de voir par cette opération , que c'eft le cintre des embrafures qui donne la hauteur de la retombée des cerces , puifque / c o,fig. 5 eft égal 1 lï , 6 , fig. % ; u p égala 12 , 7 ; ^ y égal à 13 , 8 ; j régal à 14, 9 ; & j5 égal à 15 , 10. Si par hafard cette youffhre étoit évafée par le milieu , comme la fig. 6 , ce feroit toujours la même chofe pour fa conf- truélion. Cet évafement fe fait droit pour l'ordinaire , comme dans la .fig. 7 ; ce- pendant on pourroit le faire creux fi on le jugeoit à propos; mais de quelque ma- nière qu'on le faffe , il faut toujours que l'embrafure foit terminée par un arc de cercle , tel que celui a h, fig. 9 ; parce que fi c'étoit une ligne droite , l'arc acd, qui eft le cintre de la voulTure , fe trouveroit coupé par la ligne droite abw point C , ce qui par conféquent empêcheroit d'ouvrir le vanteau de la porte ou de la croifée placée Ibus cette vouflure. ( * ) §. II. Manière de coller les Arriéres - voujfures de .Montpellier, & d'en, trouver toutes les Coupes. Ces arrieres-vouflùresfe collent de la même manière que les précédentes, c'eft-à-dire , qu'après avoir marqué le plan & l'avoir divifé en tranches paral- lèles félon l'épaiffeur des bois , on élevé des perpendiculaires à l'ordinaire. Pour avoir des points par où palTenc la retombée des cerces dans une figure à part , C) Les Mcnuificrs nomment larricre-youtrurc i à ces différents noms qui ne fervent à rien ainfi Êg. y , ornlh d ane ; & celle fig. 2 , comn-partic que je l'a idit plus haut. amilU d'dne ; mais il ne faut avoir aucun égard | s E c T I o N II. §. in. Colier les Arricres-vouffures de Maifeille. 52 J comme celle 3 , on décrit un quart de cercle a e , égal à celui d e ,fig. 1 ; puis on - porte lahauteur/z de bcnl; & par les points al, on décrit un quart d'eliipfe , Flanche qui eft la courbe qui donne toutes les autres ; enfuite on fait le développement du côté de l'embrafure en g , fig. i , que l'on fait à côté de la fig. 3 , en obfer- vant de faire les hauteurs des perpendiculaires égales entr'elles; enfuite on décrit par ces points les deux quarts d'ellipfes np ,n qyfig. 1. Cette opération étant faite, on fera égal à (5, i ; a- égal à 7 , a ; « 13 égal à 8 , 3 ; t 12 égal à 9 , 4 ; &i s ii égal à 10 , y , ce qui donnera les points de retombée des cerces de la voufFure , dont les centres feront toujours fur la ligne if : fi l'on vouloir coller cette vouffure par claveaux , on en auroit la courbe de la même manière qu'à la vouffure de Saint-Antoine. Koy. la Fig, 4 , qui repréfente la coupe prife fur la ligne A ; la fig. y , pour la coupe B ; celle 6 , pour la coupe C; & celle 7 , pour la coupe D. §. III. Manière de coller les ArriereS'VoiiJJlires de Marfeille, & leurs contre - parties. Les arrieres-voulTures de Marfeille fe collent par cerces , ainfi que les pré- ' cédentes , & on a les points de leurs cerces par la même métiiode que pour la Planche voufliare de Montpellier ; c'efl pourquoi je n'entrerai dans aucun détail à ce fujet, " ^' ce que j'ai dit étant plus que fùfEfant ; c'eft pourquoi on verra les Fig. i é' a , qui repréfentent cette voulfure avec évafement & fans évafement , & dont la conftruélion eft indiquée par des lignes ponéluées. Pour ce qui eft de Cà contre-partie , c'eft une elpece de vouffure de Saint-An- toine , dont le fond eft évuidé ; c'eft pourquoi quand on voudra la coller par cerces , on s'y prendra à l'ordinaire , c'eft-à-dire , qu'on aura les différentes ellip- fes que décrivent les joints des cerces par des points de renvoi du plan & de la coupe, p^oye^ la Fig. ^. Si l'on veut coller cette vouffure en claveaux, comme dans la Figure 4 , on les fera tous tendre au centre , & on aura la courbe de chaque joint en failànt la même opération que pour Farchivolte biaife & creufe par fon plan. Voyez ce que j'ai dit , page 3 15. & fuiv. C'eft pourquoi je me fuis contenté de les indiquer ici avec ceux qui font cotés A , B ,C , D , fig. 4 , réfervant à la planche fuivante de donner la manière générale pour faire des cla- veaux gauches , & pour débillarder les cerces des courbes. Menuisier, IL Pan. O o 00 3^6 MENUISIER, IL Partie , Chap. XL Section Troisième. Manière de faire les Douelles ou Claveaux gauches , 6 de tracer les joints des Cerces horifontales. = Les douelles ou claveaux fe difpofent de deux manières , ainfi que je l'ai déjà dit; fàvoir, celles qui font parallèles & perpendiculaires au plan de l'ou- vrage , ainfi que celle ah c d , fig. r , & celles dont l'axe tend au centre de la vouflùre , ainfi que celle d e f g , même figure. Pour faire les claveaux de la première manière , après avoir tracé toutes les cerces de la voufllire , on trace la place du claveau a h c d;Sc par les points oà les lignes ah Sic d coupent les cerces de la voulTure, on mené fiir le parallélogram- me hi l m (*), les lignes horifontales ho, no,p o, q o, ro, so &. a o, pour avoir la première courbe. On opère enfuite pour la féconde comme pour la première , c'eft-à-dire , que Ton mené fur le parallélogramme les lignes cu,tu,xu,yu, ^u, & u & du , ce qui donnera la féconde courbe. Enfuite on fera à chacune de courbes une ligne courbe parallèle , qui marquera FépailTeur du bois ; puis par les points u , u , du devant de la première courbe Se du derrière de la féconde , & des extrémités des deux , on formera le parallélogramme i,2,3&4,ce qui fera l'épaiflêur & la longueur du claveau dont la diR.3.nc£ s Jig. i , eft la largeur. Pour rendre cette explication plus claire , j'ai deffmé ,Jîg. 4 , ce claveau dé- veloppé & marqué des mêmes lettres & chiffres que la fîg. 2 , afin qu'on puilîè voir d'un coup d'oeil le développement des deux courbes du claveau , ainfi que Ibn gauche. Ces fortes de claveaux ne font bons qu'aux arrieres-vouffures de Saint-An- toine ; de plus , ils employent beaucoup plus de bois que les autres , ce quj eft une raifbn de plus pour ne les employer que le moins qu'il fera polîible. Quant à ceux de la féconde efpece , c'eft-à-dire , dont Taxe tend au centre de la voufîure , on les trace comme les premiers , ainfi que la^. 3 ^ oli il eft fort aifé de voir que la diftance 10 A égale celle 8 d,fig. 2 ; & celle xr , 12 , celle py, & ainfi des autres points des cerces qui ont donné les deux courbes du claveau ,fig. 3 , lequel fe voit tout développé jig. J , avec ce qu'il a de gau- che , lequel gauche eft égal à la diftance 12 m , coté également dans les deux figures. De ce que je viens de dire touchant les claveaux , il réfijlte que dans tous les cas où l'on aura à faire des claveaux gauches , on doit prendre garde fi un des deux (*) On fera attention que !e parallélogramme 1 joints de ces cerces , & que la diftance i l ou It m , h il m, repréfente la profondeur de la vouiïure efl égale à la profondeur de la vouil'ure , ainO que divifée par tranches parallèles qui indiquent les j celle dont j'ai parlé ci-devanc. ■M" ï !i S ECTJON m. Faire les Douelles ou Claveaux gauches , &c. 3 27 bouts eft perpendiculaire à fon axe, comme celui defg,fig. i, ce qui alors oblige de faire partir les deux courbes d'un même point, comme celui lo,_yf^. 3. Si au contraire aucun des bouts du claveau n'eft perpendiculaire à fon axe , comme celui abcd,fg. i , on abailfe, des extrémités du claveau,, des lignes perpendiculaires à fon axe , lefquelles bornent les extrémités de ces courbes & qui en donnent le gauche , fuppofé qu'il y en ait; car il arrive des cas on il n y en a point du tout , mais ces cas font très-rares. Si je me fuis beaucoup étendu fur la manière de faire les vouffures en plein bois , collées par douves ou claveaux , ce n'eft pas que cela fe pratique fouvent , mais c'eft pour parvenir à bien faire les panneaux des arrieres-voufTures d'alTem- blages, qui fe collent quelquefois de cette manière , quand on trouve plus d'é- conomie & de diligence à le faire , ainfi que je le dirai en fon lieu. Quand les arrieres-vouffurcs font collées par cerces , & quand ces dernières ont peu de gauche , ainfi que celle qui efl repréfentée fig. 6, on débite d'abord le bois félon le cintre du calibre c[ue l'on a foin de faire pour chaque joint de la cerce qui lui eft convenable, & d'une largeur égale à i'épailfeur de la vouf- fure ; enfuite on augmente en dedans de la courbe que l'on débite, ce qu'elle a de gauche par chaque bout ; puis après l'avoir refendue ou fait refendre , on la corroyé fur le plat & on k met d'épaiffeur le plus égal & le plus droit polfible. Cette opération étant faite , on trace par le defTous de la courbe le cm- tttcd; puis pour tracer celui de delTus be,on élevé la perpendiculaire a 3 , qui eft éloignée du point c, de la diftance qui lui eft convenable , c'eft-à-dire , qui eft marquée par le plan ou une des coupes de l'élévation ; on en fait autant par l'autre bout de la courbe , que je fuppofe pleine jufqu'en d, & par les deux points on fera palfer le cintre du dcffus. Les perpendiculaires fe tracent ordinairement au bout des courbes par le moyen d'un triangle ; mais comme fouvent elles ont peu de largeur pour ap- puyer ce dernier , il vaut mieux , pour tracer ces perpendiculaires au bout des courbes , mettre les courbes fur une table bien droite , & fe fervir d'une pièce quarrée que l'on pofe fur la table; en obfervant de la tenir bien perpendiculaire, & la face vis-à-vis du bout de la courbe, afin de n'être pas expofé à pencher d'un côté ou d'autre. Lorfque les cerces auront beaucoup de gauche , ainfi qu'à la Jig. 7 , fi on les débitoit d'équerre comme celle ci-devant , il y auroit trop de perte de bois; c'eft pourquoi avant de débiter les courbes , on doit corroyer le bois de toute la largeur des planches , puis y tracer les courbes avec leur gauche , enfuite les faire refendre félon leur pente ; cette manière eft très-bonne , parce qu'elle épargne beaucoup de bois , mais auffi a-t-elle le défaut d'être peu commode & plus difficile que la première ; c'eft pourquoi je crois qu'on feroit mieux de pré- férer cette dernière ; & pour ne point tant perdre de bois , faire les cerces avec I'lanchs iip. T.1' 528 M E N U I s I E R, II. Farde, Chap. XI. — des bois plus minces : ce qui, à la vérité, augmeiiteroit le nombre des joints, mais Flanche ggj^ rendroit l'ouvrage meilleur. En général , lorfqu'on collera les arrieres-vouflures par cerces , on aura bien foin de marquer chacun des joints fur le plan , afin de pouvoir tracer les joints en flûte des cerces ; enfuite avant de coller ces dernières , on chantournera l'a- rête du deflous , & on tracera le cintre du defTus , afin qu'en les collant cette arête chantournée affleure au trait qui eft tracé fur la cerce de defîbus. ' S'il arrivoit qu'on voulût conftruire les arrieres-vouffures par cerces collées PiANCHE horifontalement , il faiidroit alors avoir les différentes courbes de ces cerces , ce qui fe fait de la manière fuivante ; Après avoir tracé le plan & l'élévation de la voulfure , comme fi on vou- loir la coller par cerces verticales , ainfi que findiquent les lignes du plan fig. 3 ^ marquées x x x , & les courbes de f élévation , fig. i , cote x x x pareillement ; on divife le cercle de la voufîure en un nombre de parties quelconque ; & des points de divifion , on abailfe les perpendiculaires 0 , 0 , 0 , que f on pro- longe jufqu'îi ce qu'elles palfent à travers le plan ; puis on trace à côté de l'élé- vation la coupe prife du milieu de fa largeur , ainfi que la fig. 1 , lur laquelle coupe on trace toutes les cerces produites par les coupes indiquées lijr l'éléva- tion par les lignes perpendiculaires 0,0,0, lefquelles font prolongées au tra- vers du plan , ainfi que je l'ai dit ci-deffus , pour marquer en plan les diffé- rentes cerces de la coupe , fig. 1. Il eft bon aulfi de tracer à part la coupe dia- gonale de la voufîtire, ainfi qu'elle efl repréfentée en élévation dans la fig. , & indiquée fur le plan par la ligne EZ. Cette préparation étant faite , on divife félévation & les coupes par des lignes horifontales d'une diftance égale à fépaifFeur du bois que Ton veut employer pour faire les cerces dont on veut trouver les courbes , ce qui fe fait de la manière fuivante: Pour la première courbe après le plan , on prend fur félévation la dif- tance 39 , 40 , que l'on porte fur le plan de £ à 23 ; enfuite on prend fur la coupe , fig. 1 , la diftance D œ , que l'on porte de A' à 24 ; celle D <& de 2J ; fur la coupe diagonale , j?»-. 3 , la diftance XI/, que l'on porte de Ê à 2.6 ; la diftance D l,fig. 2 , que l'on porte de L a 2j ; celle Dy de / à 28 ; celle D xde Hà. 29 ; celle D u ds G s. ; celle £> f de £ à 3 1 ; enfin celle Z) 5, que l'on porte de £ à 32 ; puis par les points 23,24, 3J, 26, 27 ^ 28 , 29 , 30 , 31 & 32 , on fait paffer une ligne courbe qui eft la cerce deman- dée. Les autres cerces fe trouvent de même , c'eft-à-dire , que pour avoir la Courbe de la féconde cerce , on fait £ 14 égal à 37, 3 8 ; M i J égal àCr;Li6 égal \ C q;E 17 égal à Ti ; / 18 égal à Cp ; Hi^ égal a.Co; G 2.0 égal à Cn; F 21 égal à Cm; & £ 22 égal à C/. Pour la troifiéme , on fait £ 7 égal à 3 J , 36 ; 7 8 égal aB i; £9 égal ?. R Q; H 10 égal \ B h; G 11 égal ^ B g; F 12 égal IBf; Se E égal i B e. Pour Section III. §. I. Des Arneres-voujfures irrcguUeres & œmpofèes. 325 Pour la quatrième cerce enfin , on fait la diftance E I égale 333, 34; celle . H 2 égale 3. A d; celle E 3 égale 3. P 0 ; celle G 4 égale 3. Ac; celle F ^ f i-an égale 3. Ai ; 8c celle £ (5 égale à celle Aa; ce qui étant fait donne fur le plan toutes les courbes des cerces , ainfi qu'on l'avoit demandé. Cette méthode eft générale pour toutes les efpeccs de voufTures , quoiqu'on en colle peu de cette manière , à caufe du peu de folidité des courbes du bas , & de la trop grande perte du bois dans celles du haut ; c'eft pourquoi Ci je l'ai donnée ici, c'eft afin de ne rien laiJfer à défirer , & en même temps pour faire voir la poffibilité d'avoir les courbes des ouvrages de Trait , de telle manière qu'on veuille les prendre, §. I. Des Arrieres-vouffures irrégulieres & compofées , < tant fur le plan que Jar l'élévation. Lorsque les arrieres-voufîlires font fur un plan irrégulier , ainfi que celui ■ A B CD , fig. 3 , fi l'on veut les coller par claveaux ou douelles , on fe fert de P'-*'^'"^" la méthode ordinaire , excepté que comme chaque côté du plan eft d'inégale profondeur , il faut divifer chaque côté en particulier pour avoir les cerces ponc- tuées de l'élévation, cotées x x x, ainfi que ceux AB &.C D , qui font divifés cha- cun en un nombre de parties égales indiquées par leslignesponâuées/',jn,leC- quelles ne font pas parallèles entr'elles à caufe de l'inégalité du plan ; enfuite on a les cerces de chaque claveau , dont les joints font repréfentés fur l'élévation , par les lignes 0 , 0 , 0 , & fur le plan par celle ab , dont le développement eft repré- fenté dans \3fig. 7 ; celle c , dont le développement eft repréfenté fig. 6 ; celle ef, repréfentée Jlg. 2 ; celle gk , repréfentéej^^. 4 ; & celle i l , repréfentée Jig. y : lefquelles figures j'aiféparé pour éviter la confufion, & pour faire mieux fentir leurs projeétions indiquées par les lignes perpendiculaires , lefquelles ne font que ponétuées. Si au lieu de coller ces e/peces de voufilires par claveaux , on les coUoit par cerces perpendiculaires , l'ouvrage en deviendroit un peu plus compliqué , parce que les cintres des cerces ne font plus les mêmes que ceux de la fig. i ; il faut donc , pour avoir les courbes de ces cerces ainfi difpofées , commencer par tracer l'élévation comme la fig. i , afin d'avoir des coupes perpendicu- laires , ainfi que les^^. 2 , 4 , 5' , (î & 7. Enfuite on efface for félévation , fig. 8 , les premières courbes , que l'on a foin de ne tracer que très-légérement , & on divife le plan ,Jïg. 9 , par des li- gnes parallèles entr'elles , lefquelles viennent mourir où elles peuvent dans le fond de la vouflûre ; & à chaque point où ces lignes rencontrent les côtés ou le fond de cette dernière, on élevé des perpendiculaires à félévation pour avoir la naifiànce des cerces ; puis le cintre de face étant tracé , & les li- gnes perpendiculaires 0,0,0, étant fixées fur le plan & fur l'élévation , on Menuisier, II, Pan. î P P P 330 MENUISIER. II. Partie. Chap. XI. _ trace fur les coupes les lignes des joints, pour avoir les différentes hauteurs PiANcHE des cerces à chaque perpendiculaire de l'élévation ; alors pour avoir la courbe de la première cerce , on prend la diftance 62 , 63 , jÇ^. 7, que l'on porta de OT en I , /o-. 8 ; celle 52 , j 3 , J , de « en a ; celle 28 , 29 , fig. 2 , de j en 3 ; celle 36 , 37 , fg. 4 , de /■ en 4 ; & celle 42 , 43 ,fg. j , de i en 5 ; par lefquels points r , 2 , 3 , 4 & J , & par les perpendiculaires provenantes du plan , on fait palTer une ligne courbe qui eft le cintre demandé. La féconde courbe ie trace de même, c'eft-à-dire , que l'on fait m 6 égal ^ 60 , 61; n j égal à jo, 51 ; ? 8 égal a 26 , 27 ; rj) égal à 34, 35; Sc s 10 égal à 40 , 41. Pour la troifieme courbe , on fait mil égal à 58 , jp ; « 12 égal à 48 , 4p ; q 13 égal à 24, 25 ; /• 14 égal à 32 , 33 ; &i 15 égal à 38, 39. Pour la quatrième courbe , on fait m 16 égal à 56, 57 ; n 17 égal à 46', 47 ; y 18 égal à 22 , 23 ; & 19 égal à 30 , 3r. Et pour la cinquième cerce enfin , on fait m 20 égal à 54 , ; & « 21 égal à 44 , 45 ; quant à l'épailfeur des joints , ou pour mieux dire à la portée qu'ils doivent avoir , on a cette épailTeur par la coupe du milieu , en prolongeant les lignes des joints , & par les mêmes lignes tracées fur la coupe & pro- longées liir le plan. Cependant fi l'arriere-vouffure étoit à double parement , & qu'on voulût qu'elle fïit d'égale épaiffeur dans toutes fes parties , on opéreroit pour le dehors comme pour le dedans ; c'eft-à-dire , que du derrière de chaque joint du plan , & du dehors de ceux de la coupe , on conftruira autant de demi-ellipfes ou au- tres cintres , fuivant la méthode ordinaire , ce qui donnera FépailTeur demandée. Je ne m'étendrai pas davantage fur cet article , ce que j'ai dit ci - devant étant très-fufhfant pour peu qu'on veuille y faire attention. Lorfque le plan des vouffures fera circulaire , foit qu'il foit creux ou bombé Planche tel que celui A B , fig. 3 , dont les élévations font cotées C D ,fig. I , la raé- thode d'en trouver les courbes eft la même que pour les vouffures dont le plan eft biais , c'eû - à - dire , que de chaque point du plan , foit qu'il foit bombé ou creux , on mené des lignes au centre , lefquelles lignes on di- vife en un nombre de parties égales , ainfi que celles cotées a a 3c i i, par lefquelles divifions on fait palfer les lignes i i ôc. 0 0 , {m les extrémités def^ quelles on prend des perpendiculaires pour avoir la naiflànce des courbes des cerces. Quant à la hauteur de ces dernières , elle fe prend à l'ordinaire , c'eft- à-dire , par des coupes du milieu de chaque vouffùre , divifées par des lignes perpendiculaires prifes lurle plan, ainfi que la coupe cotée E pour le plan A & Félévation D , & celle cotée F pour le plan B & l'élévation C, ce qui n'a befoin d'aucune démonftration , puifqu'il eft fort aifé de voir que le cintre de ces coupes , ainfi que celles indiquées par les lignes perpendiculaires cote c c fur les élévations , 3c d d fut les plans , fe trouvent par la méthode ordinaire. Planchb 122. Section III. §. I . Des Arriéres ~ voujfures irre'gulieres & conipofies. 331 Ce que je viens de dire touchant ces vouflures , n'a lieu que quand on les colle par claveaux ; mais s'il arrivoit qu'on voulût les coller par cerccs , on commenceroit , ainfi qu'aux voufTures biaifes , par les tracer comme ci-dclTus, afin d'en avoir les coupes ; & on s'y prendroit de la même manière qu'à ces der- nières, c'eft-à-dire, qu'après avoir marqué le plan fig, 6, d'mCé par des lignes cir- culaires , on marque les cerces de l'élévation produite par la divifion de ces mê- mes lignes, ainfi que l'indiquent les cerces ponétuées Jig 4 ; enfuite la coupe du milieu étant tracée pour avoir ces cerces , on trace les autres coupes fur le plan abcdefgh , parla méthode ordinaire ; on les tracera dedans ou defTus les unes des autres ; de manière cependant que la perpendiculaire 0 p , repréfentée fur le plan par la ligne q r, foit également diftante du devant des autres coupes Jig. 5 qu'elle l'eft fur le plan, c'eft-à-dire, qu'il faut que la diftance sp égale celle l i , Se celle t p égale celle n/îi; ce qui étant fait , on divife le plan par des li- gnes parallèles repréfentant les joints du bois , lefqueiles lignes donnent naif fance aux courbes de l'élévation , & dont on a la hauteur & la forme en traçant fur les coupes fig. 5, les lignes des joints, lefqueiles font indiquées par des lignes pleines, dont on porte la hauteur fur les lignes perpendiculaires de l'élévation , cotées a,b,c,d,e ,f, g ,h, ainfi que je l'ai démontré en parlant des vouflures dont le plan étoit biais. Voyez ce que j'en ai dit page 129 ; ce qui eft la même chofe pour celles dont je parle maintenant. Les arrieres-voulfures peuvent non-feulement être fur un plan cintré ou irré- - 1 gulier , ainfi que celles dont je viens de parler ; mais il en eft encore d'autres Planche dont la bafe eft oblique ou rampante, ainfi que le repréfente la fig. i , la- quelle fe conftruit de la manière fuivante : Le plan de la vouflure AB C D ,fig. 3 , étant donné , on le divife en par- ties égales à l'ordinaire , afin d'avoir les différentes cerces de Félévation ; enfuite de quoi on marque à part la vouffure droite G H I , fig. 2 ^ fur laquelle on trace toutes ces cerces ; puis on divife la face de cette vouffure par des lignes perpendiculaires au plan , que l'on prolonge jufqu'à ce qu'elles divifènt également l'élévation de face biaife que j'ai mife ici au-deffus de fautre , pour mieux faire fentir le rapport qu'elles ont enfemble. Lorfque cette opération eft faite , pour avoir le cintre de face de la vouflure biaife , ainfi que ceux des joints des cerces , on prolonge les lignes perpendi- culaires prifes fur le plan aux points 29, 30, 31, 32, &c, jufqu'à ce qu'el- les rencontrent la bafe E F de la vouffure inclinée aux points £, 37, 38, 35), 4 M; & à ceux Z , 41 , 42 , 43, 44 & , ce qui donne la naiffance de tous les cintres biais dont on a le contour , en faifant pour le premier la diftance S T fig. I, égale à celle L H ,fig.%; celle QR ouU égale à celle ef ; celle O P ou X Y égale à celle cd ; enfin celle M N aa Z &, que fon fait égale à celle a t • puis par les points E , N , P , R , T , P^, T , & Se F , on ùk paffer une courbe qui eft le cintre demandé , lequel n'eft autre chofe qu'une portion d'ellipfè. I "s 33S M E N U I S I E R, II. Pan. Chap. XI. ■ On a le fécond cintre en faifant pareillement la diftance S 4 égale à celle L m ; celle Ç 3 ou Z7 5 égale à celle el; celle O î o\xX6 égale à celle c 2; & celle M r ou Z 7 égale à celle a h. Pour le trûifieme cintre , on ferai' i r égal a L q ; Q 10 ou U 1% égal d.ep- O p ou Z 1 3 égal à c o ; & 8 ou Z 14 égal à a n. Pour le quatrième cintre , on fera 1 8 égal l L u; Q ij U iç) égal let- O î6ou Xio égal àc5;&Mi5ouZai égal à iz Enfin pour le cinquième cintre, on ferai' 25 égal à Z (S" ; Ç 24 ou f/ 26 égal à£^; O 23 ou Jï'27 égalàcj; enfin M 22 ou Z 28 égal à a a-, ce qui donnera tous les cintres demandés , de manière qu'on pourra coller cette vouflli re parcer- ces ou par claveaux félon qu'on le jugera néce/Taire. De telle forme que foient les vouffures biaifes , cette méthode eft générale peur toutes , quand même leur plan feroit cintré ou d'une forme irréguliere , à condition toutefois qu'on fera les obfervations néceffaires en les conftruifant. Voyez ce que j'ai dit à ce fujet page iiç) & fuiv. Je ne m'étendrai pas davantage au fujet des vouffures biaifes , ce que je viens d'en dire me paroi/Tant fuffifant pour en donner toute fintelligence nécelTaire; de plus j ces fortes d'ouvrages n'étant guère d'ufage. Section Qu A T R I E M E. Planche 124. Des Trompes en général, & la manière de les conftruire en plein bois. L E s trompes font de deux efpeces en général ; favoir , celles qui font fur un angle faillant, & celles qui font dans un angle rentrant , qui font celles dont je vais parler. Pour bien entendre la forme & la conftruftion d'une trompe dans l'angle , il faut la conCdérer comme la moitié d'un cône AB C, dont l'axe E B k trouve fur une ligne horifontale , & dont par conféquent la moitié de la bafe Ai C verticale, & fon demi-diametre /£ perpendiculaire à fon axe E B. Or, comme on peut avoir toutes les coupes d'un cône en divifant fa hauteur par tranches pa- rallèles à fa bafe, ainfi que je l'ai démontré 2^9 en fuivant cette méthode, on peut parvenir à tracer les courbes qui compofent une trompe de quelque manière qu'on veuille en difpofer les joints (*) , ce que l'on fait de la manière fuivante : Après avoir déterminé le plan de la trompe DBF, & fa projedion E , ce qui (*) Pour rendre cette vérité plusfenfible, j'ai fait l'angle &la projeftion delà trompe /z;^. 3 un quarré parfait , & j'ai fait pafict fa ligne du mi- lieu pat un angle de 45- dégrés , afin d'avoir un cône droit, & par conféquent des demi-cercles à chaque coupe parallèle , & d'en rendre les opé- rations plus aifées à faire ; ce n'efi: pas cependant que l'on ne faflTc des trompes fur un plan irrégu- ber , ou bien dont l'angle de l'élévation n'ell pas égal à celui du plan, dont cependant la méthode de ^confiru^lion eft la même, mais plus compli- quée ; c'eft pourquoi j'ai cru devoir commencer par le cas le plus facile pour parvenir à la rhéorie de ceux qui font plus difficiles , ainfi que je l'ai obfcrvé dans tout cet Ouvrage. forme Section it^. Des Trompes en général , & de leur conflniclion. 333 forme ua quarré parfait pour la raifon que je viens de dire , puis du point 2? on n mené une ligne parallèle à celle DF,&. l'on prolonge les côtés du plan , jufqu'à Planche ce qu'ils rencontrent cette même ligne auï points A C; enfuite on divife la ligne E B en autant de parties qu'on le juge à propos , ou pour mieux dire à railbn de l'épaiflèur des bois , fuppofé qu'on veuille faire les joints de cette façon ; ce qui étant fait , on mené par chacune de ces divifions aux côtés du plan prolongé jufqu'en A , autant de lignes parallèles à celle A E. Puis des points' i,2.,^,^,D,g,e,c,a,on abaiflè autant de perpendi- culaires fur la ligne AE , Se à chaque point où elles la rencontrent , & du point E comme centre , on décrit autant de quarts de cercles qui font les plans de cha- que coupe du cône , ou pour mieux dire ce font autant de cerces qui compofent la trompe, & dont il refte à trouver la longueur de chacune d'elles, & en même temps avoir félévation géométrale de la trompe , ce qui fe fait de la manière fuivante : La ligne de bafe TU, fig. i , étant tracée , des points D, l, n, p Se r , on élevé autant de perpendiculaires parallèles à l'axe du plan & de l'é- lévation ; enfiiite du point G comme centre , & des points où les lignes perpen- diculaires rencontrent la ligne TG , on décrit autant de quarts de cercles , lef- quels font femblables à ceux du plan coté x x x ; enfuite de ce même point G on décrit d'autres quarts de cercles femblables à ceuxdu plan , coté O N M i /; & par chaque point où ces cercles coupent les lignes perpendiculaires qui leur font correfpondantes , (c'eft-à-dire, dont la ligne du plan d'où elles proviennent , eft d'une longueur égale au rayon de ce cercle, comme par exemple celle P [r, qui eft produite par la ligne s r , dont la longueur eft égale à la diftance EL,) palFe une ligne courbe qui eft le cintre de face demandé. De forte que la diftance G H, fig. i, eft égale à celle E I , fig. 3 ; celle [ P égale à celle E L ; celle j () égale à celle E M; celle x R égale à celle EN; Se celle uS égale à celle E O , ce qui donnera la longueur de chaque cerce & leur courbe ; quant à leur épaiffeur , elle eft donnée par les lignes du plan , c'eft pourquoi je n'en parlerai pas. Si l'on ne fait pas les joints des cerces qui compofent la trompe dont je parle , parallèles à la ligne A E, mais qu'au contraire on les fafle perpendiculaires à cette même ligne ¶lleles entr'eux, ainfi qu'ils font indiqués fur le plan par les li- gnes gl, en, cpScar; & fur félévation par celles S u , R x , Qy 8c P i: comme chacune de ces lignes font de différentes longueurs & de différentes formes , on a fune & f autre de la manière fuivante : Premièrement pour avoir la longueur , il faut élever une perpendiculaire à l'extrémité de chaque joint , ainfi que celle £ yl , qui eft pour le joint du milieu , celle r F, celle pX , celle nY Se celle / Z ; enfuite on fait la hauteur E A égale IGH; celle r V égale à ^ P ; celle p X égale à j Ç ; celle n Y égale à celle X R; Se celle / Z égale à celle uS , ce qui donne toutes les longueurs; Menuisier. II. Part. Q q q <i ^1 ■ X.l Jk^/ m 334 "M E N U I S lÊ R, IL Partie. Chap. XI. = iàvoir, pour le premier joint , depuis A jufqua B ; pour le fécond, depuis F jufqu à a ; pour le troifiéme , depuis X jufqu'à c ; pour le quatrième , depuis F jufqu'à c ; & pour Ih cinquième , depuis Z jufqu'à g Quant à la cerce de ces joints , le premier n'en a pas , puifqu'étant un des cô- tés du cône, il doit néceffairement être une ligne droite ; mais pour les autres , ils fe décrivent de la manière fùivante : J ai dk plus haut que les lignes du plan parallèles à celle A E , repréfentoient les tranches du cône , & par conféquent les cerces de l'élévation ; donc , qu'en prenant la hauteur de chaque cerce à l'endroit oi!i les lignes perpendiculaires les coupent , on aura la courbe de chaque joint , c'eft-à-dire , que pour le premier joint on prendra la diftance i 5 ,Jzg. i, que l'on portera fur la ligne du plan qui larepréfente de 36 à 21; celle ^6 de 37.122 ; celle ^7, de 38 à 23 ; celle i S de 39 à 24; celle i 9, de 40 à 25; celle ^ 10, de 41 à 26; & celle ;j 11, de 42 à 27 , ce qui donne la courbe du fécond joint. On a la courbe du troifiéme , en portant la diftance j 12. ,fig. i , de 43 à 28 ; celle jK 13, de 44à 29; celle j 14, de 45 à 30; celle jv 15, de 46 à 31 ; & celle y i5, de47à 32. Pour la quatrième , on porte la diftance x 17 ,Jîg. i , de 48 à 3 3 ; celle a: 18 , de 49 à 34 ; & celle x 19 , de 50 à 35. Enfin on a la cinquième courbe en portant la diftance « 20 de 51 à 34. Cette méthode de faire les joints des trompes, foit par cerces verticales ou perpendiculaires , eft générale pour toutes les trompes , foit que leurs plans foient irrcguliers , ou que leur faillie ou projeaion forme une partie de cercle comme celle indiquée fur le plan par l'arc de cercle ponèluè £>&£,& dont j'ai fait l'élévation en ponèluation feulement , pour faire voir que je me fuis fervi de la même méthode que ci-delîlis. S'il arrivoit qu'on voulût conftruire la trompe dont je parle avec des claveaux tendants à fon centre , on s'y prendroit de la manière fuivante : Après avoir tracé le plan & prolongé fes côtés ainfi que ci-devant , on divife le grand quart de cercle IC, fig. 4 , en autant de parties que l'on veut avoir de claveaux ; enfuite des points de divifion i , a , 3 & 4 , on élevé des lignes per- pendiculaires à celle £■ C; & des points ; , 6 , 7 & 8 , où les perpendiculaires finiffent , on mené d'autres lignes à l'angle B , lefquelles repréfentent en plan les joints des claveaux. Il eft encore une autre manière de tracer fur le plan les joints des claveaux , qui eft de tracer un quart de cercle dont le rayon foit égal à la ligne iF, amfi que celui op, que Ton divife en autant de parties que l'on veut avoir de claveaux ; enfuite de chaque point de divifion, on élevé des perpendiculaires à la ligne z /*; & aux points a,b,c ,d ,ohih rencontrent cette ligne , & de l'an- gle B, on fait paffer des lignes qui font les joints demandés. Cette opération étant faite , pour avoir la longueur de chaque joint aux points ^ >ff g) h, ou les joints du plan coupent celle E F,oa élevé une perpendicu- Section IV. Des Trompes en général, & de leur con^tniclion. 33} laire à chaque joint , auxquels on donne de hauteur celle de la corde qui fou- tient le quart de cercle produit par la coupe du cône prife de l'extrémité du joint , c eft-à-dire , que pour le premier joint , on donnera à la perpendiculaire qui le foutient , la diftance E C ou E I, (ce qui efi: la même chofè^ , & ce qui donnera à ce joint la longueur CB. ~- Pour le fécond joint, du point e , qui eft fon extrémité, on mené au côté du plan prolongé en C, la ligne e n , parallèle à celle E C; puis du point n, on abailTe la perpendiculaire n ç, laquelle donne naiffance au quart de cercle q la ; enluite du point i;,on abaiflè une ligne perpendiculaire e 12, dont la partie UI2, devient la corde du quart de cercle ^ 12 , & qui par conféquent eft la hauteur de la perpendiculaire <; 13, duquel point 1 3 , on mené une ligne au point B, ce qui donne la longueur du fécond joint. On fera la même chofe pour le troifiéme joint , c' eft-à-dire , que la perpen- diculaire / 14 fera égale à la corde x 11 , dont l'arc de cercle r i ;■ a été donné par la perpendiculaire mr ; ainfi la longueur du joint fera celle de la ligne 14 B. On aura la longueur du quatrième joint , en faifant la longueur de la perpen- diculaire ^15 égale à la corde j 10, dont le quart de cercle a été donné par la perpendiculaire /s , & la diftance B fera la longueur du joint. La longueur du dernier joint fe trouve pareillement, en faifant la longueur de la perpendiculaire h 16 égale à la corde ^ ^ , dont le quart de cercle a été donné parla perpendiculaire £ ce qui donne la longueur de la ligne 16 B, pour celle de ce dernier joint. Après avoir trouvé la longueur des joints des claveaux , il eft néceffaire d'avoir le cintre de leur coupe , qui fe trouve de la manière fuivante : Des points E , e,f, g , k,on. élevé des perpendiculaires à la ligne E F, ( qui eft la proje61:ion ou faillie de la trompe ) , & on fait celle E 2^ égale à celle E I; celle e 26 égale à celle u 12; celle/ 27 égale à celle a: 11 ; celle g 2S égale à celle y 10; enfin celle h 29 égale à celle ^ 9. Ou bien fi l'on veut , & ce qui eft la même chofe , on fera k 29 égal à A 16 ; g 28 égal à g ;/27 égal àfi^.; e 26 égal à d 1 3 ; & E 25 égal à. E C, (toutes les perpendiculaires partant du même point, étant les mêmes , & devant par conféquent avoir les mêmes longueurs, ) ce qui donne la courbe F 2^ , 28, 27 , 26 8c 2^ , qui eft en même temps le cintre des claveaux pris fur leur coupe , & celui du côté de la trompe , ou pour mieux dire de l'une de fes faces. Quand on a ainfi la hauteur & la longueur des joints des claveaux qui compo- fent une trompe , il eft fort aifé d'en tracer félévation géométrale , ce que Ton fait en élevant des lignes perpendiculaires des extrémités des joints du plan à l'é- lévation , ainfi que celle E G , e s j ,fit) , g 21 ,&. Ii 2^ , que l'on prolonge in- définiment; puis on fait la diftance G H égal à celle E C ; celle 17,18 égale à celle e 13 ; celle 19, 20 égale à celley 14; celle 21 , 22 égale à celle g 15 ; & celle 23 , 24 égale à celle h 16; puis par les points 18 , 20 , 22 & 24 , on Planche i 3^6 M EN U I S I E R, II. Partie , Chap. XL mènera des lignes au point de centre G , lefquelles marqueront les joints des cla- veaux ; & on fera pafTer par ces mêmes points & par celui a , une courbe , la- quelle déterminera la forme de la trompe vue de face. Ces mêmes points peuvent aulFi fervir à tracer la coupe de la trompe , ainfi qu'on peut le voir dans la Jig. %. Quant à la pente & à la coupe des claveaux , elles font fort aifées à trou- ver , vu que l'une & 1' autrs font données par leurs lignes de baie & leurs perpen- diculaires prolongées au-delà de leur longueur. Leur fauffe-équerre eft auflî fort aifée , puifque c'eft la divifion d'un des cercles du plan du cône qui la donne ; c'eft pourquoi je ne m'étendrai pas davantage fur ce fujet. En général , de toutes les différentes manières de conftruire les trompes en plein bois , les deux premières font les meilleures , la dernière n'étant bonne qu'autant que l'angle intérieur de la trompe feroit tronqué ; c'eft pourquoi fi je l'ai donnée ici , ce n'eft que pour fàtisfaire à tous les cas pofTibles , & pour faire voir l'analogie que ces différentes manières ont les unes avec les autres , dont les principes font les mêmes , quoique préfentés fous différents points de vue. S'il arrivoit que l'angle de l'élévation ne tût pas d'une ouverture égale à ceux du plan d'une trompe , on fe ferviroit toujours de la même méthode , excepté que dans ce cas les cercles des faces deviendroient des ellipfes dont on auroit la hauteur en faifant àpart un triangle reé1:angle,y7^.5', moyen côté ah égale- roit la hauteur du petit demi-axe de l'ellipfe , & l'hypoténufe a c feroit égale à la moitié du grand axe ; enfuite pour avoir toutes les autres ellipfes en proportion, leurs diftances étant données par les perpendiculaires provenantes des joints , ainfi que celle <f e/j' que j'ai fuppofée aux points d, e,f,g, de ces points, on abaiffera des perpendiculaires à la ligne a ^ ; & les points h, i , l ,m, où elles rencon- treront cette ligne , donneront la moitié des petits axes demandés. §. I. Des Trompes en niches , & de celles dont le plan ejl irrégulier. L E s trompes en niches , foit qu'elles foient dans un angle rentrant ou fur le Planche coin , ne font d'aucune difficulté , vu que ce n'eft autre chofe que des calottes ^2;. tronquées , lefquelles peuvent fe coller ou par des joints perpendiculaire s &pa- ralleles , ainfi que les fig. i iS" 3 , cote ^ i? , ou bien par des cerces horifontales, ainfi que les mêmes figures, cote CZ),&la fig. 3, qui repréfenre la coupe de cette efpece de trompe ; c'eft pourquoi je me fuis contenté de les deffmer ici fans en donner aucune démonftration , ce que j'ai dit jufqu'à prélènt me dipenlànt d'en faire aucune. Quant aux trompes dont le plan eft irrégulier , comme la fig. 4 , la méthode d'en avoir les joints & les coupes , eft la même que pour celles qui font fur un plan régulier , ces efpeces de trompes faifant partie du cône oblique ; cependant pour \ Section IV. §. I. Des Trompes en ruches , &c. 5 pour lever toute difBculté à cet égard, j'ai cru devoir donner la manière d'opérer — — ■ dans ces fortes d'occafions. Planche Le plan de la trompe aC b, étant donné ainfi que fa projeélion, qui eft b„. née par la ligne j ^ , parallèle à celle ab, on commence par tirer une ligne du point a au point b , que l'on partage en deux parties égales au point y , & de ce point comme centre , & des intervalles ab ,on décric un demi-cercle que l'on di- vife en autant de parties que l'on veut avoir de claveaux , comme les points l , 2 ) 3>4> î»*^) 7,8, 9, & de chacun de ces points on abailTe des perpendicu- laires fur la ligne a i ; & des points m , n , 0, p , q , r , s , t, 11 , on elles rencon- trent cette ligne , & de l'angle <r , on tire les lignes C /?2 , C « , C 0 , C/7 , C ^ , C r , C s,ô^Cu, que l'on prolonge indéfiniment , lefquelles lignes repréfentent fur le plan les joints des claveaux ; puis du point x où la ligne C p rencontre celle y [ , on mené une ligne au point a, & une autre au point i ; & par les points où elles coupent les lignes des joints , on tire les lignes cl,dL,eh, Safg , toutes paral- lèles à celles <î, i , & on les prolonge jufqu'à ce qu'elles rencontrent les côtés du plan que l'on a prolongé à cet effet ; & à chaque point de rencontre on abaiffe autant de perpendiculaires fur la ligne^ [ , lefquelles donnent naiffance aux dif- férents cercles dont les cordes donnent la hauteur des joints ; ce qui étant fait on opère comme à l'ordinaire , c'eft-à-dire , que pour avoir la hauteur des joints & les cintres des côtés de la trompe, on fait la hauteur x 14 &^ Inégale à celle X 15 ou , ce qui eft la mêniechofe ; celle f Scgij égale à celle 27, 28, ou 29 , 30 ; celle e 12 ou h 18 égale à celle 2J , 26 , ou 3 i , 32 ; celle d ïi ou i 19 égale à celle 23 , 24 , ou 3 3 , 34 ; enfin celle c 10 ou /19 égale à celle 21 , 22, ou 35 , 36, ainfi du refte. Quoique cette démonftration ne femble être faite que pour des claveaux , elle peut auffi fervir aux joints perpendiculaires ou horifontaux , puifque c'eft toujours la méthode des divifions parallèles fur quoi cette démonftration eft fon- dée, ce qui fera fort aifé à comprendre , pour peu qu'on veuille y faire attention. On doit auffi obferver que les centres de chaque cercle changent, parce qu'ils fuivenc la ligne c Je , qui eft l'axe du cône oblique , lequel coupe toutes les li- gnes parallèles , qui font les diamètres de ces cercles , en deux parties égales , ainfi que je l'ai indiqué par des lignes ponftuées qui defcendent perpendiculaire- ment de la rencontre de ces lignes fur celle y §. II. Des différentes manières de coller les Hélices ou Plafonds rampants , en plein bois. Il eft deux manières de coller les plafonds rampants ; favoir , de les coller par - ^ claveaux gauches, tendants au centre, ainfi que la fg. ; , ou bien de les coller Planche par des joints parallèles & gauches fur la face , ainfi que hfg. 6. Chacune de ces deux manières a fon avantage & fon défavantage , ainfi que je Menuisier. II. Part. r r r r 125. 33S MENUISIER, II. Partie , Ckap. XL le dirai en fon lieu. Quant à la manière d'opérer , elle eft à peu-près la même à toutes les deux , ainfi qu'on le verra ci-après. Pour avoir la longueur , la largeur & le gauche des claveaux qui compofent un plafond rampant , après en avoir tracé le plan , comme la Jig. ^ , on [e divife en autant de parties que l'on veut avoir de claveaux , ainfi que l'indiquent les lignes yl/',7,i;8,2;9, 3;i?£,io,4; 6 8cC D , toutes tendantes au centre du pian. On conftruit l'élévation 3 , félon la méthode ordinaire des rampes (*) ; enfuite furun des côtés 7 & i d'un claveau que l'on prolonge indéfiniment , on élevé à fes deux extrémités les perpendiculaires & I X ; puis des points 8 & 2 , qui font les extrémités de l'autre côté du cla- veau , on abaifle deux autres perpendiculaires parallèles aux deux premières , ce qui donne la longueur du claveau & fes faulfes coupes. Pour en trouver la véritable largeur & le gauche , on s'y prend de la manière fiiivante : Après avoir prolongé la ligne œ 7 , on y élevé à volonté la perpendiculaire a b ; enfuite on trace la ligne ca' égale & parallèle à cette dernière , en obfervant que la diftance qui eft entr'elles , foit égale à une des divifions de l'élévation , comme celle Z l,fig- 3 ; enfuite du point x on élevé une perpendiculaire à 7 x , 6 du point ^ on élevé pareillement une ligne perpendiculaire parallèle à celle œ 7 , ainfi que celle x « ; & aux points où ces perpendiculaires coupent la ligne c d, on mené premièrement la ligne diagonale af, dont la longueur eft la plus grande largeur de la face du claveau, (laquelle eft en deflbus de l'ouvrage, ainfi que l'indi- quent les chiffres de félévation,) prife de fon extrémité, repréfentée par la ligne 7 X : fecondement , on mené la ligne diagonle a e , dont la longueur eft égale à la moindre largeur de la face du claveau, repréfenté fur le plan par la ligne<x' i, & qui en même temps donne le gauche de ce même claveau repréfenté par le triangle aef. Enfuite pour avoir la véritable largeur du claveau , après en avoir déterminé répa!ireur,onletrace fur la figure, enfaifantdes points <2, 0, s les feélions g.,i,l,h, par lefquelles on fait pafter deux lignes qui déterminent cette épaif- feur ; fçavoir , la ligne g n , parallèle à celle a^, & celle ^to parallèle à celle a e; puis par les points m Se n, où ces lignes coupent les perpendiculaires m 2 & « x , par ces points , dis-je , on abaiiîè des perpendiculaires lur la ligne a p , lefquelles donnent cette largeur , laquelle eft égale à la diftance(Z p , pour la plus grande , & à celle a x , pour la plus petite. Quant à l'épailFeur du claveau , on la trouve en fliifant paffer par le point m , (*) Avant de parler de la manière de coller les plafonds rampants , il auroit été nécelfaire d'inflriiire de la manière de condruire les cour- bes rampantes & d'en faire le calibre ralongc, dont la connoidancc elt abfolument indifpenfa- ble pour bien entendre ce que je dis ici ; c'eft pourquoi on padera cet article que l'on repren- dra après avoir acquis les connoiiTances nécef- faires pour le bien entendre , ainfi que je Tindi- querai dans la fuite , Se que je fuppofe toutes ac- quifes; c'elt pourquoi j'ai marqué le plan & l'é- lévation des mêmes chiffres , n'ayant placé ici cet article , que comme faifant partie des ouvrages collés en plein bois, & pour ne point déranger l'ordre que j'ai donné à mon Ouvrage, Section ÎV. §. II. Différentes manières de coller les Hélices. 3 3 la ligne f a , parallèle à celle a p, ce qui alors donne les deux parallélogrammes '•■ a [ m X, & a t u p. Voyez la Jîg. 2 , où ce::e démonftration eft tracée au double I'i-anche de la première , afin de la rendre plus fenfible. Si l'on veut être plus certain de la juftelîè de l'opération , on peut faire le développement du claveau , ainli que le repréfentc la fig. r , laquelle fe fait de la manière luivante : Faites la ligne s ,fig. r , égale à celle 7 œ ,Jjg. 5 ; puis aux points , abaif- fez les lignes r c Se su, perpendiculaires à cette dernière ; enlliite faites la dif- tance r t égale à celle a p ,8c celle s u égale à celle a x ; puis par les points t u on fait pafTer une ligne qui achevé de renfermer la lurface du claveau , au pour- tour de laquelle on développe les quatre parallélogrammes f , 30 , 3 1 , r; r 24 , 2 y , i ; i, 26 , 27 , « ; 8c u, 38 , 29 , dont la hauteur eft égale à celle a t ou xm,fig. 5 , & la longueur de chacun d'eux à la longueur des côtés auxquels ils correlpondcnt. Enfiiite pour tracer fur la face du claveau ainfi développé , la fauflè équerre des coupes , on prendfur la fig. 5 , la diftance 7 <& , que l'on porte de r en x , & de ce point on mené la ligne x 38 , que l'on prolonge jufqu'en y , par^ele à celle r t , & la diftance i œ , que l'on porte de i à ^ , & que l'on trace parallè- lement à i u , de même pour la faulTe équerre des joints ; pour celui du deflùs , on prend la diftance qu'il y a de la ligne ta, au point i , que l'on porte de s à 43 ; & celle g q , que l'on porte de r à 42 , par lefquels points on fait pafîèr la ligne 42 , 43. Pour le joint de deflous , on prend la diftance a f, que l'on porte de rz , & celle a r, que l'on porte de i à 40 , ce qui donne la pente demandée. Pour tracer les épailîèurs du claveau fur les parallélogrammes qui l'entou- rent, on fait la diftance 32 , 42 égale à csllefli , qui eft fépailTeur dont on efl convenu , & on tire la ligne 32 , ^6 , parallèle à celle r t ; pour l'autre bout , on prend la diftance r e, fig. J , que l'on porte de 40 à 41 , & de u à 42 , par lefquels points on mené les lignes 41 i, & 42 r , lefquelles donnent le gauche du claveau ; enfuite on prend la diftance 31? , 37 , que l'on porte de i à 35), (qui devroit être perpendiculaire au point r ) , duquel point à celui 28 , on mené une ligne qui donne l'épailleur du joint de ce côté ; de même du point 27 , on mené la ligne 27 , 33 , parallèle à celle 41 i ; puis du point 43 on abaiflè une perpendiculaire à la ligne s u , laquelle borne la longeur de la ligne 27 , 33 , ce qui en même temps donne TépaiiTeur d'un des bouts du joint de deilus , laquelle doit être égale à celle du bout prife fur la faulTe équerre , c'eft-à-dire, qu'il faut que la diftance i 3 y (prolongée fjr la ligne i 25), foit égale à celle 5 3 3, & à celle 42, 28, ce qui eft la même chofe, puifque la diftance 41, 27 eft égale à celle s 3 3 . Pour avoir TépaifTeur de l'autre bout du joint de dclîùs, on prend la diftance ''32, que Ton porte de r à 34 , duquel point à celui 3 5 , on mené une ligne qui donne fépaifTeur demandée, laquelle eft égale à celle de l'au- tre côté ; ce qui eft la même chofe pour la iongueur,puifque celle r i égale celle _y a.Ces claveaux ainû difpofés font très-comniodes,non-feulement pour les ouvrages 34» MENUISIER, II. Partie, Chap. XI. = collés en plein bois , mais encore pour les panneaux de ceux d'a/Temblages ; ils ont de plus la commodité d'être joints à rainures & languettes rapportées ou pri- fes dans le même bois, en tenant les claveaux plus larges de la faillie de ces der- nières , ce qui eft un très-grand avantage. Il faut remarquer que les joints des claveaux dont je viens de parler, font dilpo- fés perpendiculaires au plan ; cependant on pourroit les faire perpendiculaires à la ligne a ^, ainfique le font celles a g, /•jy,&/A,cequidcmanderoit moins de lar- geur & d'épailfeur de bois, puifque la diftance ry eft moindre que celle x m, & celle af, moindre que celle a p : cette féconde manière eft aufll moins com- pliquée que la première, dont je ne me ftiis fervi que pour lever toutes les dif- ficultés qu'on pourroit faire à ce fujet , & pour ne me pas écarter de la méthode des perpendiculaires que j'ai fuivie dans la conftruélion de l'élévation , fur lef^ quelles les joints font marqués. Lorlque les plafonds rampants font collés à joints parallèles , ainfi que l'in- diqueM les lignes BC,QR,ST8cED ,fig. 6 , chacun de ces joints forme une courbe dont on a le cintre de la manière fuivante : On divife le plan par des lignes tendantes au centre , ainfi que celles B E , 10,4; ïï , ^ ; 11 ,6 , &.C D \ enfijite on trace ces mêmes lignes fijr l'élé- vation par la méthode ordinaire , ainfi qu'on peut le voir dans la Jig. 4 , où la ligne B E , e&. repréfentée par celle M N , Sc celle CD, par celle OP , & les autres marquées des mêmes chiffres que fiir le plan. Cette opération étant faite, pour trouver le cintre & le gauche des pièces de chaque point, où les lignes tendantes au centre coupent celles des joints fur le plan , on élevé des perpendi- culaires aux lignes de félévation , qui repréfentent celles du plan qui tendent au centre, c'eft-à-dire, que pour avoir le cintre du joint repréfenté fùr le plan par la ligne S T , du point S , on élevé une perpendiculaire à cette même ligne jiifqu'à ce qu'elle rencontre la ligne Al N, qui eft la même que celle B , au point X ; du point 15 , on élevé de même une ligne perpendiculaire à celle 10 , 4 , de félé- vation qu'elle rencontre au point 2 1 ; pour la ligne du plan i r , j' , comme elle eft perpendiculaire à celles qui repréfentent les joints , toutes les lignes des cour- bes & des joints de l'élévation viennent fe confondre au point 5 de cette dernière. Enfuite du point 18 on élevé une ligne perpendiculaire qui vient rencontrer -la ligne 6 , 12 de l'élévation au point 22 ; enfin du point T, on élevé une ligne perpendiculaire qui vient rencontrer celle O au point ; puis par les points X, 21, J, 22 & ?^, on fait pafi^er une ligne courbe qui eft le cintre du joint re- préfenté par la ligne S T. Le cintre des autres joints fe trouve de même que le précédent , c'eft-à-dire , que pour celui Q R , on élevé les perpendiculaires Q Z7, 14 , 20 , 17 , 23 , & RY;ôc par les points 20 , J , 23 & Y, paflera la courbe demandée. Enfin pour le joint B , C, on élevé les perpendiculaires B , M, 1 3 , 19 , 16 , 2^ , & C P , ce qui donne le cintre du dernier joint , lequel , ainfi que les autres , eft toujours perpendiculaire au plan. CHAPITRE ■ 341 CHAPITRE DOUZIEME. De la manière de tracer & de corroyer les bois biais & gauches , tant droits que cintrés , en général. s avoir donné la manière de conftruire & de coller tous les ouvrages de Trait en plein bois, je vais parler de la manière de les faire d'alTemblages , c'ell_ à-dire , de faire les ouvrages de Trait compofés de bâtis afremblés à tenons & mortaifes & autres afîèmblages, & de panneaux alîèmblésà rainures & languettes dans ces mêmes bâtis. Mais en général , on doit toujours fe relTouvcnir que les procédés dont on fe fert pour déterminer les courbes des ouvrages collés en plein bois , font les mê- mes pour celles que l'on lait d'affemblages , ainfi que je l'ai déjà dit page 3 14, ce que je répète ici , afin que l'on s'accoutume à regarder les ouvrages de la pre- mière efpece comme les panneaux de la féconde , auxquels on ajoute des bâtis ; ou bien , pour mieux dire, les ouvrages collés en plein bois font les panneaux de ceux qui font faits d'ailèmblages , moins la largeur de ces mêmes bâtis que l'on retranche des premiers ; ce qu'il eft fort aifé de concevoir , pour peu qu'on y veuille faire atention. Il réfulte de cette obfervation, que toute la difficulté qu'il y a à faire des ou- vrages de Trait d'aifemblages ( comparaifon faite avec ceux collés en plein bois ) , ne confifte que dans la manière de bien corroyer & tracer les bâtis des ouvrages d'affemblages dont je vais donner les développements ; cependant avant de traiter cette partie, j'ai cru devoir parler d'une autre efpece d'ouvrage de Trait, la- quelle n'efl fufceptible d'aucun contour , mais dont la théorie fervira à mettre de l'ordre & de la clarté dans cet Ouvrage , & en même temps conduira à la pratique des chofes les plus difficiles. 4 Section Première. De la projecïion des Lignes droites , ou la manière de tracer les Arêtiers droits , & d' en- trouver toutes les Coupes (*). Il efl de deux fortes d'arêtiers droits ; fa'voîr , ceux qui font produits par un : angle plein , & ceux qui font produits par un angle évuidé ; dans l'un & l'autre Planche 127. C *) Quoique le terme à'arèikr foit peu en j ou même d'une couverture inclinée; c'eft po ufage chez îes Menuifiers, c'cftcependanc le fcul que Ton puilTe donner à une pièce de bois droite ou courbe , laquelle forme l'angle d'une voûte Menuisier, II. Part, quoi je me fervirai toujours de ce terme dans la fuite de cet Ouvrage. i 34Î MÉNUISIER,II. Partie. Chap. XII. ' cas , les procédés dont on fe fert pour déterminer leurs formes , font les mê- Planche ^ „'y 2Ly&nt que leur groffèur qui diffère , ainfi que je le dirai ci-après. Soit, par exemple , les quatre poteaux A , B , C , D , J!g. i , c[\\i repré- fentent le plan d une guérite ou tout autre ouvrage dont la couverture foit d'une forme pyramidale , fur lefquels poteaux on veut placer des arêtiers qui en foutiennent le comble ; dans ce cas , on commence par déterminer la hauteur de fa face , ainfi que le repréfente le triangle FGH; puis des angles des poteaux, on mené fur le plan les lignes i,2;3,4;5,6;7&8, lefquelles donnent la largeur des arêtiers ; enfuite pour en avoir la longueur, l'épaiffeur & la forme , c'eft-à-dire, leurs faulTes-équerres ou débillardement, après avoir tracé fur le plan les lignes diagonales A C 8c D B m point E ou elles fe coupent , on élevé une ligne perpendiculaire comme E A ; puis on prend la hauteur du comble / G , que l'on porte de £ en ; & par le point a & l'angle H , on mené une ligne qui eft la longueur du deffus de l'arêtier ; pour avoir fon épaiffeur , du point B on mené une ligne parallèle à celle a H , jufqu'à ce qu'elle rencontre la per- pendiculaire aA 3\x point d, & la diftance d B s'A: la longueur du delTous de l'arêtier , & donne en même temps fon épaiffeur , qui eft comprife entre les li- gnes a H &. d B. Pour avoir la fauffe-équerre de l'arêtier , du centre/ du poteau , on mené la Yiaasfe , qui divife l'épaiflèur de l'arêtier, en deux parties égales , & qui par conféquent en eft le centre ; enfuite on élevé fur l'épaiffeur de l'arêtier la perpendiculaire i m, Scan prend ladiftanceyô ou /S, que l'on porte de / en n & en 0 , ce qui donne la lofange n i o m , qui eft la coupe de l'arêtier pris perpen- diculairement à fune de fes faces, & qui par conféquent donne fa fauffe-équerre. On obfervera que la même lofange eft auffi tracée fur le plan du poteau , où la diftance g h égale celle i m , Sc celle 6,8, égale celle n o , ainfi que je l'ai dit plus haut , afin qu'on en fente mieux l'effet. Quand farêtier eft ainfi difpofé , on le coupe en pente , félon que l'indique la ligne ad , & celle B H ; & ces deux coupes produifent, l'une la lofange bac d ,& l'autre le quarré 5 6 // 8 , qui étoit la chofe demandée. On obfervera que la pente de ces coupes ne fe prend pas fur les faces de l'a- rêtier , mais de f angle ou arête intérieure à celle extérieure , lefquelles arê- tes font repréfentées par les lignes d B Sc a H , celle qui eft le centre de l'arêtier fervant auffi pour les lignes de largeur repréfentées fur le plan 9,5, & ro , 8 , de forte que la ligne i c eft repréfentés'fur le plan par la ligne p , 10 , à laquelle elle eft égale en longueur , ainfi que celle 6 , 8 , ce qui eft gé- néral pour tous les cas. J'ai dit plus haut que k coupe du haut d'un arêtier , faite par une ligne perpendiculaire à fon plan , devenoit une lofange , & que celle du bas de- venoit un quarré , ou pour mieux dire d'une forme femblable au plan qui l'a- voit produite. Cette dernière propofition eft vraie dans tous les cas ; mais la S-ECTION I. De la projeci'ion des Lignes droites , 6c. première peut changer à raifon de la plus ou moins grande élévation du comble ; c eft pourquoi , quand ce dernier formera un angle aigu , comme dans la fig. 2 , la coupe fupérieure d'un arêtier devient une loiànge , mais dont la plus grande longueur eft fur la perpendiculaire , fans que cela change rien au refte de l'opération ; puifque la ligne ^ j eft égaie à celle r j , & celle h c égale à celle 6, 8. Quand le comble forme un angle droit comme la jig, 3 , la coupe fupérieure de l'arêtier devient un quarré parfait , ainfi que la coupe inférieure , ce qui eft d autant plus facile à concevoir , que ces deux coupes font produites par des angles égaux , ce qui fait que la ligne ir , la , eft égale à celle B H , celle h c , qui eft elle-même égale à (î , S ; quant à ceUe xy , elle eft toujours égale à celle i u , ainfi que dans les autres figures. Enfin fi le comble fait un angle obtus comme laj^. 4 , la coupe fljpérieure de l'arêtier devient une lolànge, dontlaplus grande longueur eft dans la largeur de l'arêtier , ainfi que dans la fig. i , & la moindre eft llir fa perpendiculaire , Sc dont la diftance <e x eft égale à celle ^ &. Voyez les trois figures ci-dclTiis , dont les lettres & les cotes font femblabies à celles de la figure r , afin de les rendre plus aifées à entendre. Il réfulte de ces trois obfervations , que plus les arêtiers font inclinés , plus ils font minces ; & qu'au contraire plus ils font élevés , plus ils font épais , & approchent davantage de la forme de leurs plans générateurs , du moins quand on les affujétit à la forme de ces mêmes plans , ce qui n'eft pas toujours nécef- faire , puifque pour l'ordinaire on ne fe fert que des faces intérieures ou exté- rieures , ainfi que je le dirai ci-après. Quand le plan fur lequel on veut élever des arêtiers , n'eft pas d'une forme quarrée comme la fig. i , mais qu'au contraire il eft d'une forme oblongue ^ comme la fig. y , on fe fert alors de deux méthodes pour faire les arêtiers ; fa- voir , de les élever fur des poteaux dont le plan eft d'une forme oblongue , de manière que les diagonales L O & M N , partent par leurs angles, de forte que le parallélogramme des poteaux eft d'une même dimenfion que celui du plan , ainfi que ceux cotés L , M. La féconde méthode eft de faire le plan des poteaux d'une forme quarrée , fans avoir aucun égard à la forme du plan général , de forte que l'arête inté- rieure & extérieure ne font plus à-plomb l'une fur l'autre , mais forment un gauche , ainfi que je le démontrerai ci-après. Quand les poteaux font d'une forme oblongue , on s'y prend de la même ma- nière que dans la fig. i , c'eft-à-dire , qu'après avoir tracé les lignes diagonales LO Sc AI N au point P , où elles fe coupent , on élevé la perpendiculaire F b, qui eft f élévation de farêtier ; enfuite on trace fur le plan du poteau la lolànge Il c td , dont la largeur eft égale à la perpendiculaire tio , ainfi que dans la fig. I ; toute la ditférence qu'il y a , c'eft que pour tracer la coupe fupérieure de 344 MENUISIER, II. Pan. Chap. XII. l'arêtier, il faut fur la lofange du plan , abaiffer de fes deux angles aigus , les per- pendiculaires de, jufqu'à ce qu'elles rencontrent la ligne a L on u t , ce qui eft la même cliofe ; enlliite des points e f , on mènera deux lignes paraUeles à l'axe de l'arêtier , que l'on prolongera jufqu'à ce qu'elles rencontrent la per- pendiculaire P b aux points g h ; defquels points on abaiffera des lignes perpen- diculaires à celle P b ; puis on prendra fur le plan la diftance c j , que l'on por- tera de çen i , 8c celle d e de h en l ; Se par les points i , m , l , b , on fera pafTer des lignes , lefquelles feront la coupe demandée. Voyez la fig. 7, où j'ai ré- pété cette opération plus en grand, & que j'ai cotée des mêmes lettres que celle qui m'a fervi à faire ma démonftration. J'aiauffi tracé fur l'élévation de cette figure , la lofange de fa coupe perpen- diculaire à une de fes faces , laquelle eft la même que celle du plan , puifque la diftance n 0 égale celle u t , celle r p égale celle cf, & celle q s égale celle ed. Il faut obferver que dans le cas dont il eft ici queftion , l'axe de l'arêtier n'eft pas confondu avec ces lignes de largeur , comme dans la fig. r , mais qu'au contraire ces deux lignes font diftinguées de l'axe à côté duquel elles paiïènt , l'une en dclfous , ainfi que celle f g -, & l'autre en delfus , ainfi que celle eh, ce qui donne l'irrégularité qui fe trouve dans les lofangcs formées par les coupes de l'arêtier. ( Voye'^ la Fig. j. ) Quand les poteaux font d'une forme quarrée , comme ceux A'^ O , Jig. 5 , on élevé l'arêtier à l'ordinaire ; enfiaite pour en avoir l'épaiiTeur , du point a on a'^aiffe une perpendiculaire fur la ligne diagonale PO; & du point b où la ligne perpendiculaire la rencontre , on mené la ligne bn parallèle à cellegO; enfuite après avoir divifé fintervalle qui eft entre ces deux lignes , en deux par- ties égales , on abaiffe fur ces lignes la perpendiculaire p q , fur laquelle on prend la diftance u p , oM n q , que Ton porte de 0 en f & en /• ; puis du point r on élevé une perpendiculaire ( * ) , laquelle vient rencontrer la ligne a O au point s , qui eft l'angle de la lofange de la coupe inférieure de l'arêtier. Le refte fe fait comme aux fig. j & 7 , c'eft-à-dire , qu'après avoir abailTé des lignes perpendiculaires des angles de la lofange du plan , des points où ces lignes rencontrent la ligne P O , on mené des lignes parallèles à l'axe de l'arêtier, ainfi qu'aux figures ci-deffus ; puis on fait Im égal à.ec , &.i h égal s-fd, ce qui donne la forme de la coupe fupérieure de l'arêtier. Voye^^ la Fig. 6 , où cette démonftration eft faite en grand pour plus d'intelligence, & marquée des mê- mes lettres que celle cotée NO ,fig. 5. Cet arêtier eft prefque le même que celui qui eft fur le plan barlong , excepté que fes faces intérieures font gauches de la diftance a b , laquelle eft déterminée par la différence des angles du poteau & du plan. Les arêtiers évuidés ne différent de ceux dont je viens de parler , qu'en ce ( *) Cc::e perpendiculaire a cré omife fur la I fange, puisqu'il devroit être éloigné du pointa. Flanelle, où le point r elt trop proche de la lo- | de la diltanceor , poui donner l'angle s. qu'Us Section I. De la projeciion des Lignes droites , &c. 345 qu'ils font plus minces & qu'ils emploient moins de bois ; car , pour ce qui - eft de les tracer , c'eft toujours la même chofe , ainC qu'on peut le voir dans Planche les fig. I & 2. Quand a la manière d'en avoir l'épaiflèur , on s'y prend de la manière fui- vante : Après avoir tracé le plan ainfî que ci-deflùs , des angles c ,d,e,f, fig. I. on mené deux lignes parallèles , lefquelles coupent la ligne diagonale a m , aux points p q , defquels points on mené deux lignes parallèles à celle rs , dont l'élévation m s eft égale à celle m t. Enfuite pour l'angle intérieur du point a , on mené une ligne ai, laquelle doit être parallèle à celle rs , ce qui donne l'épaiflèur de l'arêtier dans cet endroit. Pour trouver les coupes de cet arêtier , ainfi que des autres , après avoir marqué ces coupes fur le plan , ainfi que l'indiquent les lignes^ m &.i m, par les points que forment ces coupes , on élevé des lignes perpendiculaires fur la lign» dia- gonale m , ( & fur celles qui lui font parallèles ) , jufqu'à ce qu'elles rencon- trent les lignes de l'arêtier qui leur font correfpondantes , c'eft- à -dire, que l'on élevé la ligne i g jufqu'à celle p n , 8c celle Ik jufqu'à celle ^ 0 , ce qui donne la ligne horifontale n 0 , qui eft femblable à celle u x de l'élévation de face , produite par la rencontre des lignes du plan , ainfi que celle dont je parle ; enfuite de cette ligne horifontale , on mené la ligne ;i s Se celle oi , qui font parallèles entr'elles , lefquelles donnent la coupe demandée. Quant à la manière de trouver l'équerre de ces arêtiers , c'eft la même chofe qu'aux autres , aïnfi qu'on peut le voir fig. 1 , où la lofange l , a , 3 , 4 , eft égale à celle ^ , (î , 7 , 8. Lorfque ces fortes d'arêtiers font fur des plans barlongs, c'eft toujours la même méthode , excepté qu'il faut de chaque angle du plan abaiffer des perpendiculaires , lefquelles donnent les différentes épailTeurs de la pièce , ainfi qu'à ceUe des figures ^,6 8c j. Pl. 127. Voyei la Fig. 4 , laquelle re- préfente tout ce qu'on peut dire à ce fujet. Tout ce que je viens de dire touchant les arêtiers , n'eft bon que pour la manière de corroyer ces pièces , & pour en tracer les différentes coupes , parce qu'ils ne peuvent refter dans la forme où je viens de les repréfenter , que lorf que l'ouvrage ne fera pas orné de moulures , & qu'il n'y aura pas de pan- neaux ; car s'il y en avoir , les faces intérieures & extérieures feroient tou- jours les mêmes à la vérité , mais les côtés changeroient , c'eft-à-dire , qu'il fau- droit qu'ils fuffent d'équerre à ces mêmes faces , ainfi que je vais le démon- trer ; mais auparavant il eft bon de faire quelques réflexions fur la nature & la forme des arêtiers , afin de connoître les inconvénients qui réfultent de leur ufage , du moins dans la Menuiferie ( * ). C*) Quoique je ne femble appliquer ici la I ce n'eft pas que la méthode ne foit aufli bonne manière de faire les arêtiers qu'à la Menuiferie , | pour la Charpentcrie ; mais comme ce n elt pas Menuisier. II. Pan. T 1 1 1 Planche ia8. Planche 34(5 MENUISIER, II. Partie. Chap. XII. J ai démontréci-deffusque la forme d'un arêtier devenoit une lofànge, laquelle s éloignoit plus ou moins du quarré du plan générateur à raifon de la plus ou moins grande inclinaifbn de l'arêtier , d'où il réfulte qu'il devient beaucoup plus mince que les poteaux qui le portent ; de plus , s'il arrivoit que la face verticale de l'ouvrage qu'on a à faire , eût une trayerfe d'une largeur égale à celle du po- teau montant , comme celle abc, fig. 3 , la coupe perpendiculaire b c At cette trayerfe deviendroit beaucoup plus large que celle de l'arêtier ed, laquelle lar- geur eft portée fur la ligne 1^ c au point f, ce qui fcroit un fort mauvais effet fl l'ouvrage étoit à double parement. On pourroit remédier à cet inconvénient, en rendant la coupe perpendiculaire def arêtier , égale à celle b c , laquelle coupe defcendroit jufqu'au point g ; mais il arriveroit un autre inconvénient de cette opération , parce que cette plus grande épaiffeur dérangeroit l'angle de l'arêtier , & rendroit la demi-lofange hil, -beaucoup plus aiguë que l'autre moitié hml,àe forte qu'il ne feroit plus d'équerre fur la ligne horifontale , ce qui eft une condition nécellàire aux arê- tiers , ainfi que findiquent les lignes du plan ox ,0 x , &c. C'eft pourquoi il n eft guère poffible de faire de ces fortes d'ouvrages à double parement , lorf que les faces verticales ont des traverfes ; mais ces deux cas arrivent rarement. Les arêtiers ont encore une autre difficulté , qui eft , qu'ils font toujours plus étroits que les montants , leur véritable largeur étant fur les lignes d'équerre 0 x. Cette difficulté eft infurmontable , parce que C on veut conferver la forme de l'a- rêtier, & donner aux côtés de la lofange de fa coupe, une longueur égale à celle ij; ê , on eft alors obligé de prolonger ce côté de h enp , & de / en y , ce qui rend l'arêtier beaucoup plus large qu'il ne faut , puifque la diftance A / eft la feule qu'il puilîè avoir, puifqu'elle eft égale à celle & i. Si l'on veut conferver cette largeur , & donner à la face de farêtier une lar- geur égale à celle du poteau , il faut alors faire defcendre les côtés de la lofange jufqu'à ce qu'ils puiifent être contenus dans cette largeur , ce qui alors pro- duit le quarré tmu y , lequel eft égal à celui du plan & o 1. Cette dernière manière eft aufti vicieufe que la première , puifqu'elle dérange les angles de l'a- rêtier , lefquels ne fe trouvent plus d'équerre fur la ligne horifontale. Il réfulte de ces réflexions , que les arêtiers ne font guère praticables en Menuiferie , que quand l'ouvrage n'eft qu'à un parement ; ou bien que quand il fera à doubles parements , il n'aura ni panneaux ni moulures , ainfi que je le prouverai ci-après. En général , tout ce que je viens de dire touchant les arêtiers droits , n'eft bon que pour les tracer fur le plan; quant à ce qui eft de leur exécution, on s'y prend de la manière fiiivante : mon affaire, je n'en dois faire aucune mention ; de plus , les arêtiers ainû refaits des quatre cô- tés , ne peuvent être bous pour cet Art , puifque les plus foibles fe trouveroient pour les combles ies plus inclinés , &. les plus forts pour les plus droits , ce qui ell contre la bonne régie , qui veut que les combles les plus plats ayent des bois d'une plus groITe qualité que ceux qui font fore élevés. Section 1- De la projeBlon des Lignes droites , èc. 347 Après avoir tracé la forme & la longueur de l'arêtier , ainC que le repré- fènte la fig. r , on commence par faire un calibre de la forme du plan de l'arê- tier , lequel calibre fert à le débiter dans un morceau d'une grolTeur convenable , en obfervant de mettre deux des côtés de la lofange de l'arêtier, parallèles avec ceux de la pièce de bois , ainfi que dans la fig. 3 , parce que fi au lieu des côtés de la lofange , on mettoit fes lignes tranfverfales parallèles avec les côtés de la pièce de bois , comme dans la fig. 2 , il faudroit une pièce beaucoup plus grolfe que de l'autre façon , ce qu'il eft fort aifé de voir , puifque la longueur abt& plus grande que celle c d , &. que la hauteur ef eft auffi plus grande que celle egoudh, quoique cependant les deux lolànges foient parfaitement égales. Cette manière de débiter les arêtiers , a auffi l'avantage d'être moins longue à exécuter , parce que l'on n'a que deux triangles de bois à ftpprimer , & par coni féquent deux faces à recorroyer , au lieu que dans l'autre il y en a quatre. L'arêtier étant ainfî corroyé , il s'agit d'en tracer la pente ; pour cet effet , des points il, que forment fes arêtes avec fa coupe, on élevé à fon arrête extérieure des lignes perpendiculaires inSclo,ce qui donne les longueurs de la coupe. Pour bien entendre cette opération , développez la furface de l'arêtier comme dans la fig. 4 , puis prenez la diftance m 0, fig. i , que vous porterez de i en 2 , fig. z^, Se la diftance 77j«de3à4,&dejà(î; puis du point m ,fig. 4 , ( qui eft le même que celui de la fig. i ) ; & par les points 4 , a , & 6 , 2 , vous mènerez deux lignes diagonales m , 2 , qui feront les coupes , ou pour parler en terme d'ouvrier , la pente demandée ; de forte que les diftances 2 , 6 ; 6 , m ; m, 4 ; & 4, 2, font égales à celles q m ,mp , p l&il q,fig. I , ainfi que celles I, 5 ; J to, m 3 & 3, I, font égales à celles qu, up ,ps &.S j ; comme auffi celles 7, Il u ,oMu^ , 7, fig. 4 ) font égales à celles 5; ou ^ « , fig. i ; ce qui eft d'autant plus vrai , que le reûangle r, i, 8, 8, eft la furface de f arêtier non coupé de pente, & que les lignes x m , im , J u Se uj , font égales au périmètre , ou pourtour de ces coupes inférieures & fupérieures , ce qui doit être la même chofe à tous les arêtiers. Il réfulte de cette démonftration , que la pente d'un arêtier prife de l'angle extérieur à fon angle intérieur , eft égale à la diftance m o ,fig. i & 4 ; & que la pente de chacune de fes faces eft égale à la moitié de cette dernière ; c eft-à- dire , que la diftance m n eft égale à celle no , ce qui fait que les lignes diago- nales m 2 , jÇg. 4 , font deux lignes droites , ce qui fera toujours de même tant que la ligne m / du plan de l'arêtier paifera par un angle de 45 dégrés , ou pour parler plus clairement , toutes les fois que le plan générateur fera d'une forme quarrée , ou bien un polygone régulier. Quant à la pente fupérieure de l'arêtier , elle fe trace ainfî que l'inférieure ^ c eft-à-dire, que l'on fait la diftance 7, 8 égale à celle s u,fig.i;ôi celle 9, xo, ou 1 1 , 12 , égale à celle t u. Si on vouloir tracer la coupe diagonale de l'arêtier , on prendroit la diftancs Planche la;?. 348 MENUISIER, II. Partie , Ckap. Xlî. 'fig- I . que l'on porterok/%. 4, de 10 eni3 , & de 12 en 14, par lefquels points on feroit pafTer les lignes 7 , 14 , & ±4 ou 1 3 , & 1 3 , 7 , ce qui eft la même chofe ; deforte que la diftance 7, 14 , eft égale à ct{\eyx,fig. i ; & celle 14 , eft égale à celle x u ; c eft pourquoi quand on tracera un arêtier , on aura toujours foin d'y tracer au pourtour les lignes d'équerre ol&.sy ,fig. r , afin que d'après ces lignes on puifTe prendre toutes les autres dimenfions' dont on pourroit avoir befoin , ainfi qu'on peut le voir dans la fig. 4 , où ces lignes font cotées des mêmes lettres que dans la figure i. Lorfque les arêtiers feront fur un plan barlong , comme dans la fig. 5 , ce fera la même chofe que ci-deiFus, à l'exception que les pentes des angles fu- périeurs & inférieurs aux angles intermédiaires ne feront pas égales , à caufe de l'i- négalité des faces de la lofange de la coupe de l'arêtier ; c'eft pourquoi la diftance I ^\->fiS- ^ » ^'^^ toujours égale à ceUe a d,fig. y ; celle 2,5, égale à celle a c ; & celle 3,6, égale à celle a ^ ; de forte que les diftances a 4 ,fig. 6 , ne formeront plus une ligne droite , comme dans la fig. 4 ; mais elles formeront chacune un angle en J & en (î , l'un rentrant & l'autre faiUant ; ce fora la même chofo pour la pente du haut , où la diftance 7,8, fera égale à celle g l ■ celle <j , 10 , égale à celle ii; celle 11, 12 , égale à celle k l ; celle 13,12, égale à celle//; enfin celle 14 , 10 , égale à celle e l. On fera auffi attention à cet arêtier , que les diftances l , 1, Si a ■^^ fig. 6, font égales à celles o q ou p m , fig. ^ ; celles 2 ^ , & 3 , i , égales à celles op ou m q ; celles 4 , 5 , & a 6 , égales à celles onouam ; enfin celles 5 a , & (î , 4 , égales à celles 0 aoumn, ainfi du refte. Quand les arêtiers faits fur un plan barlong , auront un quarré pour leur plan générateur, on fe fervira de la même méthode que pour celui dont j'ai parlé ci- delfus , à l'exception que la diftance l , 2 p , gft moindre que ceUe 1,3, ce qui eft donné par le gauche du deffous de cet arêtier. C'eft pourquoi quand on fera des arêtiers de cette ..efpece , on pourra les cor- royer par l'angle extérieur , lequel ne change jamais. Avant de les corroyer en dedans , on les coupera de longueur jufte & bien quarrément , afin d'y tracer par chaque bout les lofanges de leur coupe ; favoir , celle nqpo,fig.%, pour la coupe fupérieure; & cAïtnqpr, pour la coupe inférieure , (bie"n entendu cependant que ces coupes font prifos perpendiculairement avec les côtés de fa- rêtier) ; enfuite de quoi on achevé de corroyer farêtier, lequel devient gau- che fur les deux faces de fon angle intérieur ; puis on en aura la pente à l'ordi- naire , c'eft-à-dire, que pour la pente fupérieure , on prendra la diftance km, fig. 7. que l'on retournera quarrément de fon angle extérieur à fon angle inté- rieur ; & pour fa pente inférieure , on prendra la diftance a e , que l'on retournera de même quarrément fur .l'angle intérieur, fans avoir aucun égard pour finéga- lité qu'il femble y avoir de 2 à 3 , laquelle diftance n'eft donnée que par le gauche de la pièce , ainfi que je l'ai dit ci-delfus. Cette s E c T T o N I. ^.l. Des Arêtiers droits ornés de moulures. ■s.Ai) Cette manière de faire les arêtiers gauches , eft la plus prompte ; mais elle ■ n'eft pas exaélement jufte , parce qu'il faudroit que les coupes perpendiculai- Planche res de l'arêtier , fuflènt prifes à fon angle intérieur , ce qui n'eft pas poffible : cela dérange ce même angle , de peu de chofe , à la vérité , mais encore eft - ce un défaut auquel on pourroit remédier en faifant les lolànges des coupes des bouts , d'un angle proportionnel à la diftance a e &. hm ,cs qui de- viendroit un peu plus compliqué ; c'eft pourquoi , pour remédier à ces inconvé- nients, je crois qu'il vaudroit mieux couper l'arêtier en pente avant d'achever de le corroyer en dedans , & de tracer fur là coupe fupérieure la lofànge sm t u ,fig. 7 , & ftir fà coupe inférieure le quarré a. xy ;j , ce qui donneroit tout de fuite & d'une manière très-jufte , le gauche de la pièce. On obfervera auflî , lorfqu'on débitera ces Ibrtcs d'arêtiers , de tracer les deux lofànges de leur coupe l'une lur l'autre , comme dans la fig. 8 , afin d'y laifler tout le bois néceflaire ; c'eft pourquoi on prolongera le côté de la pre- mière lofange n y ^ o, de o en i , & on y lailTera un peu de bois , afin que quand les pentes feront coupées , on puiflc achever d'y donner le gauche nécellâire. Voye-{^ les Fig. 7 , 8 (5 , lefquelles repréfentent un arêtier de cette elpece avec fon développement. « §. I. Des Arêtiers droits ornés de moulures. LoKSQUE les arêtiers font ornés de moulures & fiijets à recevoir des panneaux, ils ne peuvent être qu'à un parement , parce qu'il faut après avoir fait choix de leur angle intérieur ou extérieur , que les côtés retournent d'équerre , pour pouvoir y faire des rainures & pour y poulTer les moulures , ainfi que je vais le démontrer. Soit le poteau coté A ,fig. I , dont le parement eft en dehors , & dont l'an- gle eft évuidé , fur lequel il faut élever un arêtier , après en avoir déterminé la hauteur à l'ordinaire ; luivant la méthode que j'ai donnée ci-deflûs , on a la lo- fànge ah c d; enliiite du point q , on mené une ligne parallèle à celle ra,ce qui donne le plan dab e s f, qui aft produit par celui ir i p tp \ mais il rélùlte de cette opération deux inconvénients , qui Ibnt que le plan coté C , eft moins épais qu'il ne faut pour y faire des rainures & des affemblages , & que lès an- gles d&nh font aigus où il taudroit qu'ils fuftent droits. Pour remédier à ces inconvénients , après avoir déterminé l'angle extérieur de l'arêtier , on le trace à part fiir le plan , comme celui coté B ; enfuite fans avoir aucun égard à TépaifTeur de celui C, ni à fes angles aigus, on fiit ces cô- tés ^ 0 &.do , d'équerre avec fes faces extérieures , ce qui donne la facilité d'y faire des allèmblages nécelîàires , & d'y poulTer des moulures. Koye^ la Fig. cotée B , dans laquelle j'ai tracé celle C, cotée des mêmes lettres , afin d'en faire voir la diiférence. Menuisier. II. Pan. V vvv Planch, 150. 3^0 MENUISIER, II. Partie , Chap. XII. Si le parement de l'ouvrage étoit dans l'angle rentrant , ainfi que dans la Jîg. ij'o."' ^ ' '^^ toujours la même chofe , c'eft-à-dire , qu'on n'aura égard qu'à l'angle intérieur de l'arêtier. Quand les arêtiers intérieurs ou extérieurs font aiafi difpofés , ils font fujets à deux inconvénients , qui font , que fi on y poulTe une moulure d'une largeur égale à celle des montants , le derrière de cette moulure retombe plus à-plomb de celle du poteau , & diminue lalargeur du champ de l'arêtier , qui eft déjà plus étroit que celui du poteau , auquel il n'eft égal que fur la ligne d'équerre , ainlï que je l'ai démontré page ^^6. Pour fe convaincre de cette vérité , des angles des moulures du plan , cote A , menez les lignes ii, IL, parallèles entr'elles & à l'axe de l'arêtier, il s'en fui- vra que la dlftance nh , qui eft égale à celle il , entrera en dedans de la ligne //, qui repréfente en plan le derrière de la moulure de l'arêtier, & par confé- quent diminue lalargeur de fon champ, ce qui fait un fort mauvais effet. On pourroit conferver cette largeur de champ , en affujétiffant la largeur de la moulure à celle donnée par les lignes ii , II, au point m; mais il en réful- teroit un autre inconvénient , qui eft , que les moulures devant être égales entre- elles, cet expédient ne pourroit pas réuflir. Pour remédier à ces différents inconvénients , il faut tracer fur le plan ,jig. 2 , les lignes des moulures, ainlî qu'à lay^. i ; puis prendre la largeur de la moulure ^' fis- 2 , & la porter fur la coupe de l'arêtier de c en & par conféquent faire ce dernier plus large qu'à l'ordinaire de ce qu'il déborde la ligne be, ce qui alors levé toutes les difBcultés. Dans le cas dont je parle , il n'eft pas néceflàire que les arêtiers foient d'une feule pièce , parce que non-feulement ils font difBciles à creufer , mais encore parce qu'ils employent beaucoup de bois ; c'eft pourquoi il faut les faire de deux morceaux joints enfemble , avec une languette rapportée , ainlî qu'on peut le voir dans la fig. 2 , ce qui fait que l'on peut y employer des bois d'une qualité ordinaire , & cela eft d'une très-grande économie tant pour la matière que pour ia façon. Pour avoir la pente de chaque morceau qui forme ces arêtiers , on s'y prend de la manière lliivante : Du point d, qui eft l'excédent de l'arêtier lur la ligne b e , a\\ mené une li- gne parallèle à cette dernière , jufqu'à ce qu'elle rencontre celle mb ,m point s ; de ce point on élevé une perpendiculaire à la ligne 0 r ; & du point h , où la perpendiculaire coupe cette dernière , on mené une ligne parallèle à celle mn, ce qui donne la largeur de l'arêtier , prife fur la ligne 0 1 ; enfuite pour avoir fon arête extérieure , on prend la diftance li, que l'on porte de en y & de « en ■p , ce qui donne la largeur totale de l'arêtier vue fur fon joint , les diftances i,a;i,3;&r,4, étant égales à celles li , If, lli ; puis pour avoir la pente de chaque pièce , des points m à. h, on élevé les lignes mq à. hr, perpendicu- s E c T I o N I. §.1I. Manière de tracer les affèmblages des Arêtiers. 3 y r laires à celle 0 p , ce qui domie la pente de la coupe tant de face que d epailTeur. Pour bien entendre ceci, faites jfo-. 4 , la largeur 7, 5 , égale à celle x l; l't anche celle J ,6r égale à celle y i , vous aurez la largeur d'une des pièces de l'arêtier ' coté D ; enfuite la ligne 5,7, étant perpendiculaire avec celle 9,13, prenez la diftance rj,fig. 2, que vous porterez de 6 h 10 ,fig. 4 , & vous tirerez la ligne 10,7, qui fera la coupe de face de la pièce ; enfuite pour celle d'épaiiP feur , portez la diftance 0 de 5 au point tj, duquel point vous mènerez la ligne 9, 1 1 , parallèle à celle 10,7; puis prolongez la ligne 5 , 7 , de 7 en 8 , & faites 7,8, égale à x_y , qui eft l'épaiiTeur de l'arêtier ; enfuite du point 1 1 , menez la ligne 1 1 , i a , parallèle à celle 7 , 8 , la diagonale 7 , i a , fera la pente de- mandée. Quant à la pente du joint , elle eû figurée fur l'élévation par la ligne 0 m. S'il arrlvoit que l'arêtier fût fur un plan barlong , comme la fig. 3 , ce feroi: toujours la même méthode , excepté qu'il faudroit faire une opération pour cha- que pièce dont la pente devient différente , ainfi qu'on peut le voir dans layfo-. j , qui repréfente le développement des deux pièces de cet arêtier , lefquelles font cotées des mêmes lettres que fur le plan , & où il ell ciifé de voir que la diftance 1,2, égale celle a d ,fig. 3 ; celle 3 , 4 , & j , 6, égale ceUe ab; enfin celle 7,8, égale celle a c ; le refte fe fait comme dans la fig. 4 , en ob- fervant cependant que les pentes d'épaiflèur qui font repréfentées par les lignes 51 , 2 , & 8 , 10 , font inégales <à raifon de l'inégalité des pentes de faces , fans que cela dérange rien aux lignes i r , 1 2 , & 1 2 , r 3 , qui dans tous les cas pof- fibles , doivent toujours être parallèles à celles 2 , 4, & (î , 8 , à condition toute- fois que les bois feront d'égale épaifteur. On obfervera que j'ai tracé dans la fig. 3 , la coupe de l'arêtier fur le plan du poteau , afin que f on puifTe mieux voir le rapport qu'ils ont enfemble. En général, il n'eft point néceflaire pour avoir la pente de l'épaiffeur d'une pièce d'arêtier , que cette même pièce foir parfaitement égale d'épaiflèur ; il fuflît qu'on l'ait marquée jufte fur le plan , pour avoir la largeur de la coupe dia- gonale de l'arêtier , ou pour mieux dire , de fon joint , laquelle largeur une fois déterminée , fert à avoir la pente d'épaifteur de la pièce, par le moyen des lignes parallèles aux joints de faces , ainfi que je l'ai démontré dans les fig. 4 (& 5. §. 1 1. Manière de tracer les affèmblages des Arêtiers. Avant de tracer les affèmblages d'un arêtier , il faut d'abord fe rendre compte ; fi fes faces font d'équerre entr'elles , comme dans la fig. j , ou bien fi elles le Pianche font fur la ligne horifontale , comme dans la fig. 2; il faut auffi faire attention à la forme des traverfes ; enfuite de quoi on trace Félévation géométrale des arê- tiers , repréfentée par le triangle il m; puis on trace les arêtiers avec leur coupe , félon que je l'ai enfeigné plus haut. Cette opération étant faite, on prend la 352 M E N U I S I E R, II. Partie, Chip. XII. : hauteur n o de la coupe fùpérieure de l'arêtier , que l'on porte fur l'élévation Planche géométrale de / en/; ; & de ce point, on mené les deux lignes q p, pr, paralle- les à celles il , lm,cs qui donne l'épailTeur géométrale de l'arêtier , for laquelle on marque la place des traverfes que l'on veut y mettre , lefquelles ont les faces lupérieures & inférieures parallèles à l'horifon, comme celle cotée A ,o\x bien qui font d'équerrc fur leurs faces , comme celle cotée B . Quand la place & la forme des traverfes font déterminées , comme par exemple celle cotée A , de chacun de ces angles on defcendles lignes perpendiculaires tl,«3,y3,&x4;& aux points où elles rencontrent la ligne diagonale i s du plan , on élevé fur cette même ligne d'autres perpendiculaires partant des mêmes points l,2,3&4, lefquelles viendront rencontrer l'arêtier C , les unes en deflùs , & les autres endellbus, aux points [,u, x,y, & par lefquels points on mènera les lignes parallèles ty, & ux, lefquelles feront femblables à celles de l'élévation géométrale , & donneront par conféquent la place des traverfes fur l'arêtier. Quand les traverfes font difpofées comme celle cotée B , h manière de les tracer for l'arêtier £) , eft la même que pour l'autre , quoiqu'un peu plus com- pliquée , à caufe qu'il faut faire le double d'opérations pour avoir des lignes ho- rifontales partantes du dehors de l'arêtier , lefquelles donnent les angles de la traverfe. Quant aux lignes ^/V 8c & h, elles ne font néceiîàires que pour donner la largeur des traverfes ; & fi je les ai renvoyées jufqu'à farêtier , ce n'eft que pour prouver la jufteffe de l'opération. Pour ce qui eft de ces traverfes , on en a la longueur de la manière foivante: Après avoir corroyé les traverfes , comme celle cotée A , repréfentée toute dé- veloppée dans la fig. i , on prend for le plan la moitié de la diftance a b , (la- quelle eft donnée par une ligne horifontale tracée du point de feélion de la perpendiculaire u 2 , laquelle eft le deflus de la traverfe , ) que l'on porte fur la ligne E F, fig. I , au point 5 & (î , ce qui donne l'arafement du deffus ; on fait la même chofe pour l'arafement du deflous , c'eft-à-dire , que l'on fait 7,8, égal 3. c d. La traverfe côtée B , qui eft repréfentée développée dans la fig. 3 , fe trace de même que celle dont je viens de parler pour l'arafement de face ; mais pour celui de derrière , cela devient différent , la coupe de cette traverfe prife for fépaiifeur ne pouvant être quarrée à caufe du fuyant de l'arêtier ; c'eft pourquoi on aura le ralongement de l'arafement du derrière en abàilîànt du derrière de la traverfe les perpendiculaires &. & h, Se en faifant 9 , 10 , égal à ef, & i r , 12 , égal à^A. Lorfque les arêtiers feront d'équerre for leurs faces , comme la fig. 5 , il n'y a aucune difficulté pour y tracer les alfemblages , parce que dans tous les cas les arafements font quarrés fur l'épaiffeur des traverfes , à moins toutefois que ces derniers ne foient eux-mêmes hors d'équerre ; mais ce cas n'arrive prelque ja- mais ; c'eft pourquoi on fe fervira de la même méthode que pour la fig. 2 , c'eft-à- dire , ■ î m Section I. §. //. Manière de tracer les affemblages des Arêtiers. dire , qu'il faut toujours marquer la place des traverfes fur une élévation géomé- _ traie , & les renvoyer par des perpendiculaires fur l'arête extérieure des arêtiers , Planche ainfi que je l'ai obfervé dans la _fig, Dans le cas des arêtiers dont je parle , il eft une méthode plus courte pour y tracer non-feulement, les traverfes horifontales , mais encore les biaifes , s'il arrivoit qu'il y en eût ; ce que l'on fait en développant les furfaccs inclinées du comble , ou enfin de 'tout autre ouvrage , & en y traçant toutes les tra- verfes que l'on juge à propos , ainfi qu'on peut le voir dans la fig. 6. On obfervera cependant que fi la place de ces traverfes eft fixée dans la coupe géométrale , comme dans la Jîg. J , on ne peut en avoir la véritable place qu'en les renvoyant par les lignes du plan à l'ordinaire , ce qui alors fixe leur diftance fur la furface développée. ; Quant à la manière de trouver ce développement , lorlque le plan de l'ou- vrage fera d'une forme quarrée , comme la fig. y , on décrira jf<r. 6, le triangle a l>c , lequel repréfente l'élévation géométrale ; enfuite on fera un autre trian- gle , dont la bafe d e fera égale à celle a c , 8c dont la Lauteury»- fera égale au côté a i ou i c de l'autre triangle , ce qui donnera la furface demandée , fur la- quelle on pourra tracer au jufte la longueur & la largeur des traverfes. S'il arrivoit que le plan fût barlong , comme dans la fig. 4 , on auroit le dé. yeloppement des furfaces du comble , de la manière fuivante : Faites pour la largeur le petit triangle h i l , de la largeur du plan & de la hau- teur donnée p i ; pour la longueur , faites pareillement le triangle qmn , donc la bafe eft de la longueur du plan , & la hauteur tn o égale 'i. pi; enfuite pour avoir la furface du grand côté , prenez le côté h i du petit triangle , que vous porterez de 0 en r ; puis des points n q , menez deux lignes au point r, ce qui vous donnera le triangle q rn , qui fera la Ivirface demandée. De même pour le petit côté du plan , prenez le côté ^ m du grand triangle , que vous porterez de r en i ; & par les points q u , vous mènerez deux lignes au point s , qui formeront le triangle 11 s q , qui fera la furface demandée ; & toutes les fois que l'opération fera bien faite , les côtés des triangles feront d'une lon- gueur égale ; ce qui eft d'autant plus aifé à comprendre , qu'ils repréfentent l'angle extérieur de l'arêtier , dont la longueur ne fauroit varier. Je ne parlerai point des affemblages du haut ni du bas des arêtiers , parce que ce feroit me répéter ; ce que j'ai dit en parlant de leurs coupes étant plus que fuf- filànt. Quant à la manière de placer les alferablages , je n'en parlerai pas non plus, parce que c'eft les différentes épaiflèurs de bois , & le plus ou moins de relief, qui doivent fervir de règles à ce fujet. Voilà à peu-près tout ce qu'on peut dire touchant les arêtiers droits , les exemples que j'en ai donnés renfermant tous les cas pofifibles , & la méthode que j'ai fuivie étant générale pour tous les ouvrages de cette efpece , que l'on doit toujours confidérer comme des pyramides revêtues de Menuiferie , foit en Menuisier. II. Part. X x x x ^1 3H MENUISIER, II. Farde Chap. XII. dedans foit en dehors , ou conftruites entièrement en bois , foit d'affemblages ou feulement de planches jointes enfemble. Section Seconde, Des Arêtiers d'une forme cintrée en gc'néraL Les arêtiers dont il eft ici queftion , quoique d'une forme toute différente de ceux dont j'ai parlé ci-devant , fe conftruifent par la même méthode que ces der- niers , & font fojets aux mêmes inconvénients , ainfi que je le démontrerai ci- après : ils ont lieu dans les voûtes & dans les arcs en faillie , comme les pla- fonds en voulîures & autres ouvrages de cette efpece. Quant à leurs plans géné- rateurs , ou pour mieux dire fur lefquels ils s'élèvent , ils peuvent être de toutes les formes imaginables, fans que cela change rien à la méthode de les tracer, laquelle eft toujours la même dans tous les cas poffibles, lefquels cas reviennent toujours à la pénétration des corps dont j'ai donné quelques notions au commen- cement de ce Traité , la forme intérieure ou extérieure des arêtiers circulaires , n étant autre chofe que la courbe décrite par la pénétration de deux corps , foit qu'ils foient de même ou de différente forme. Cette obfervation eft très-elTen- tielle , & on feroit des progrès très-rapides dans l'Art du Trait , fi on s'appli- quoit à l'étude de la Stéréotomie , fur la connoiffance de laquelle efi fondée , ainfi que je l'ai déjà dit , toute la théorie de l'Art du Trait. §. I. De la manière de déterminer la forme des Arêtiers cintrés , tant à un, qu'à double parement. 13a Pour pouvoir déterminer la forme de la courbe d'un arêtier , il faut aupa- PtANCHE ravant que le cintre géométral, ou de face , foit arrêté ainfi que fon plan géné- rateur ; enfuite on opère de la manière fuivante : Soit donné le quatre G E F H , le plan générateur de l'arêtier , & la ligne H O ,h diagonale du plan de la voûte , fiir laquelle s'élève l'arêtier. Soit pareillement donné le quart de cercle ABC, pour le cintre de face. On commence par faire la ligne C P perpendiculaire à celle E G , que fon pro- longe jufqu'en B ; on divife enfuite le quart de cercle AB ,en un nombre quel- conque de parties égales (*) ; & du centre C, on tire des rayons par chacune de ces divifions , Si par le point A ; puis on élevé autant de lignes perpendiculaires (*) Si je dis qu'il faut divifer le cintre de face en un nombre de parties égales , ce n'ell pas que cela foit abfolument nécelfaite ; mais c'ell que cela eft plus commode, fur-tout dans des opéra- tions plus compliquées que celle-ci; c'eft la mê- me raifon qui m'a fait choiCr de préférence un quart de cercle pour cintre de face , Se un an- gle de 45" degrés pour la diagonale du plan, afin de ne point trop embrouiller cette figure aux yeux des Commençans , & pour amener par de- grés aux parties les plus difficiles. Section II, Des Arêtiers d'une forme cintrée en général. jyj' à celle CB , parallèles entr'elles , que l'on prolonge jufquàce qu'elles rencon- trent la diagonale D H aux points D , q, r, s, t, u, x,y ; puis de ces mêmes points on élevé autant de perpendiculaires fur la ligne D H , lefquelles fervent à conftruire le cintre de l'arêtier , en donnant à chacune d'elles , une hauteur égale à celle de la perpendiculaire , ou pour mieux dire , de la corde de l'arc qui les a produites , c'eft-à-dire , que l'on fait D I égal à CA ; q 8 égal ^ab; r 9 égal à c d; s 10 égal à ef; tii égal à gh; u 12 égal hil; x 13 égal Imn; y 14 égala op ; puis par les points 14 , 13 , 1 2 , 11 , 10 , 9 , 8 & /, onfait palfer une ligne courbe qui efl: la cerce demandée. Cette première courbe étant décrite, on trace la féconde, c'eft-à-dire, celle de l'angle G , élevée jufqu'en O , ce que Ton fait de la manière fuivante : Des angles G F Aa plan générateur , on mené les deux lignes G L&FQ, parallèles à celle D H , lefquelles lignes repréfentent en plan la largeur de l'a- rêtier ; & par les points où les lignes perpendiculaires prifcs fur l'élévation de face coupent celle G L , on élevé d'autres perpendiculaires à la féconde courbe qui fe décrit ainfi que la première , c'eft-à-dire , que l'on fuit R Z égal à Z) / ou à , ( ce qui eft la même chofe ; ) r , 15 égal à j 8 ; 1 , 16 égal à • 3 ' ^7 '^g^'- à i 10 ; 4, 18 égal à f 11 ; 5 , iij égal à u ï±;6 ,10 égal à x 13 ; & 7, 21 égal à. y 14 ; ce qui donne une courbe d'une cerce parfaitement égale à la première. En exécution on pourroit fe paflêr de cette opération , en failànt un calibre pour tracer la première courbe , & en le reculant parallèlement de 7 en Z & de £ en O ; mais il eft nécelHiire de le faire ici pour l'intelligence de l'ouvrage, & pour faire voir que les lignes horilbntales IZ; 8, IJ';^, 15; 10, 17; rr, i8;i2,i5);i3,2o;&i4,2r, font autant d'équerres à la courbe , lefquelles font repréfentées furie plan par les lignes Z)Z, y x,/-x,ix, fx,«x,xjc&jx, ce qui eft général pour tous les arêtiers. Quant à Tépaiffeur de l'arêtier, elle fe trace de différentes manières ; la pre- mière eft de lui conferver dans toute fon étendue la diftance E H , ainfi que findique la ligne ponéluée S T H , Se d'y faire l'arête de largeur dans la moi- tié de fon épailTeur , comme l'indique la ligne U X O , es qui donne à la coupe du bout de l'arêtier , la forme d'un quarré fur fangle d'une dimenfion fem- blable à celui du plan E F H , laquelle forme quarrée fe conferve dans toute l'étendue de l'arêtier pris dans des coupes perpendiculaires à chaque, point de la courbe intérieure. Cette manière de déterminer la largeur de l'arêtier , eft fujette à deux incon- vénients confidérables ; le premier eft que les angles intérieurs ne font plus d'é- querre fur la ligne horifontale , ce qui eft abfolument nécelTaire pour les voûtes d'arête ou en arcs de cloîtres. Le fécond inconvénient eft, que quand l'épailîèur du cintre de face eft déterminée , comme celui ANP B , il arrive que la hau-" 3)ô MENUISIER, II. Pan. Chap. XII. teur du deflus de l'arùcier le fuipadè de beaucoup , ainfi que l'indique la ligne Planche ponfluée Y P , laquelle eft d'une hauteur égale à celle de l'arêtier S T H. La faconde manière de déterminer l'épaifTeur de l'arêtier , eft de faire enforte que fon arête extérieure ne furpaffe pas le deflus du cintre de face , ce que l'on fait en prolongeant les lignes perpendiculaires qui ont fervi à faire la courbe intérieure de l'arêtier , & en faifant la hauteur D M égale à celle C N ; celle q 30 égale à celle a ■2.1. ; celle /• 3 1 égale à celle f 23; celle i 32 égaleà celle e 24 ; celle r 33 égale à celle 25' ; celle « 34 égale à celle i 25 ; celle x 3^ égale à celle m 27; celle j/ 36 égale à celle 028 ; enfin celle O 37 égale à celle ^ 29, ce qui donnera la courbe M 30 , 3 1 , &c , laquelle fera d'une même nature que celle du dedans de Farêtier, c'eft-à-dire , qu'elle fera un quart d'ellipfe qui aura pour petit axe la hauteur £) Mou CN , ce qui eft la même chofe , & pour grand axe la longueur & la diftance Z) // ( * ). Cette méthode de déterminer Tépaiffeur des arêtiers , eft très-bonne pour être égale au cintre de face ; mais elle a encore le défaut de ne pas préfenter l'arête extérieure de farêtier d'équerre fur la ligne horifontale , défaut auquel on peut remédier en fùivant la même méthode que pour le cintre intérieur de l'arêtier ; c'eft pourquoi il faut commencer par tracer le plan & les faces inté- rieures de l'arêtier , fig. r , comme dans la fig. i ,Pl. 132 ; enfuitele cintre de Planche face étant diyifé en parties égales, des points où les rayons couperont fon arc exté- rieur, on mènera autant de lignes perpendiculaires à celle CP , que l'on pro- longera jufqu'à ce qu'elles rencontrent la ligne D H aux points D, q,r ,s ,t ,u, x &y , & de chacun de ces points on élèvera autant de perpendiculaires à la li- gne D H , dont la hauteur déterminera le cintre extérieur de farêtier, en fai- fent la ligne D M égale à celle C N; celle q 8 égale à celle a^; celle 9 égale à celle cd\ celle j 10 égale à celle ef; celle ; 11 égale à celle g h ; celle « 12 égale à celle i l ; celle r 3 égale à celle m n ; enfin celle J14 égale à celle 0 p ; ee qui donnera un cintre femblable à celui M, 30 , 3 1 , &c ,fig. i ,PL 132. Enluite pour que la face extérieure de farêtier fe préfente d'équerre fur la li- gne horilbntale , on opère comme pour la face intérieure, mais enfens contraire, c'eft-à-dire , qu'au lieu de prendre les lignes perpendiculaires qui fervent à for- mer la féconde cerce à la rencontre des perpendiculaires provenantes des divi- fions du cintre de face avec la ligne L G , il faut au contraire des points qr ,st, ux 8cy , mener à cette même ligne d'autres lignes parallèles à celle G H , qui forme f angle extérieur du plan ; & aux points x où ces lignes rencontrent celle L G ,on élevé des perpendiculaires qui fervent à décrire le fécond cercle , en C * ) Il auroit fembic plus naturel de dire tout de fuite que les courbes des arêtiers étoient des ïjuarts d'eltipfes, que de faire la longue démonf- tration ci-defTus ; cependant il eft bon de favoir ^ue cette démonftration ctoit néceilaire pour bien faire connoîtrc la nature des arêtiers d'une forme cintrée ; & que d'ailleurs la cerce des arê- tiers n'ed pas toujours d'une forme elliptique i piiifque lorfque le centre de face eft une demi- ellipîe , comme dans la ûg. a , le cintre de l'arê- tier pris fur un angle de degrés , devient un quart de cercle , ce qui prouve que le cintre de l'arêtier n'eft pas dans tous les cas un quart d'el- lipfe. faifant Section II. §. 1. Manière de déterminer la forme des. Arêtiers , &c. 3 faifant la diftance i , i J égale à celle q 8 ; celle 2,16 égale à celle r 5 ; celle 3 , 17 égale à celle s 10 ; celle 4 , 18 égale à celle r i r ; celle J, 19 égale à celle Planche uiî ; celle 6, 10 égale à celle x 13 ;& celle 7, 21 égale à celle jy 14; de ma- = ' niere que ce qui donne le fécond cintre de la face extérieure de l'arêtier, ou les lignes 15, 8; i(î,5i,&c, font autant d'équerres à la face extérieure de l'arê- tier , lefquelles font repréfentées fur le plan par les lignes y x , ;■ x , &c , es que l'on avoit demandé. Les arêtiers ainfi difpofés , préfentent par leur coupe fupcrieure un reftangle coté S, fig. 2, dont la hauteur eft égale à celle 7 M, & la largeur égale à celle LQ; par leur coupe inférieure ils repréfententun quarré fur l'angle coté Z7, égala ce- lui E F H G ; & dans toute fétendue de la courbe, les coupes de l'arêtier font des hexagones irréguliers , qui approchent plus ou moins du quarré ou du reftangle , félon que ces coupes font prifes proche de l'une ou l'autre des deux extrémités de l'arêtier, ainfi qu'on peut le voir par l'hexagone coté T,fig. 2, qui eft pris fur la ligne ê 1 1 , & par celui de la même figure qui eft feulement ponélué , lequel eft pris fur la ligne 22 , 23. Quant à l'exécution de ces fortes de pièces , elle eft très-facile , parce qu'après avoir corroyé une pièce de bois de la largeur & de la longueur de la courbe , & favoir mis d'une épaifteur égale à celle du plan LQ , on la coupe en pente félon que l'indique la ligne I M Se celle E H, fig- i , PI- 132 ; après quoi on fait deux calibres , l'un du cintre intérieur & fautre de l'ex. térieur , lefquels fervent à tracer & à chantourner la courbe en dedans & en dehors. Après que la courbe eft ainfi chantournée , on y trace un coup de truf- quin , qui divife l'épailfeur en deux parties égales , & marque les arêtes. Enfuite pour mettre la courbe d'équerre , on porte le petit calibre de Z en O , & le grand de O en M , en obfervant feulement que le doffus du calibre n'excède pas la ligne horifontale Y M, prolongée au-delà de la courbe , ce qui arriveroit fi on le fixoit au point M. Quand ces fortes d'arêtiers font fur des plans barlongs, on fe lèrt toujours de la même méthode pour leur conftruaion, excepté que les courbes d'équerre font plus ou moins reculées à raifon de Fobliquité du plan. Voyez les fig. 3 & 4 , qui repréfentent, l'une un arêtier dont le plan générateur cftbarlong , ainfi que celui de la voûte ; & fautre , dont le plan générateur eft quarré , mais dans une voûte barlongue, ainfi que la première ; defquelles figures je ne ^donnerai aucune démonftration , ce que j'ai dit en parlant des arêtiers droits , étant plus que fu£Bfant pour donner l'intelligence de ceux-ci. Voy. ce que j'ai ^tpagc 34y. §. 1 1. Des Arêders cintrés , évuidés , & la manière de déterminer le plan, des Arêtiers dans tous les cas pojjibles. Les arêtiers pleins , tels que je viens de les décrire, ne font guère d'ufage dans la Menuiferie ; mais ceux qui font évuidés , tels que nous les repréfentent Menuisier. IL Part. Y y y y 3)8 MENUISIER, Il Partie. Chap. XII. les figures l & 4, font fort en ufage, tant pour le revêtiffement des voûtes que pour les corniclies en gorge & autres ouvrages. La méthode dont on fe fert pour conftruire les arêtiers évuidés, efl: exaéle- ment la même que pour ceux qui font pleins ; c'eft pourquoi je n'en ferai aucune démonftration , me contentant d'en avoir defTmé les figures avec toutes les li- gnes qui fervent à leur conftruflion ; toute la différence qu'il y a entre ces arê- tiers & les premiers, c'eft qu'ils ont les côtés d'équerre perpendiculairement à leurs faces , ce qui eft nécelTaire pour pouvoir y faire des rainures & pour y pouIFer des moulures , ce qui , dans les angles faillants comme la fig. r , donne le gauche indiqué fur le plan par les lignes abSccd, Icfquelles viennent fe con- fondre au milieu de la courbe avec les lignes heSid/, qui font la véritable lar- geur de l'arêtier. Lorfque les angles font rentrants , comme la fig. 4 , ce gauche fe trouve en dehors des lignes de largeur de l'arêtier ; & il faut avoir attention lorfqu'on fait les projetions pour avoir les courbes de l'arêtier , de ne jamais prendre les per- pendiculaires qui fervent à leur conftruftion fur les lignes des gauches , mais au contraire fur les lignes de largeur , ainfi que je l'ai obfervé dans les fig. ci-delFus. Il faut cependant faire attention que quand les angles font rentrants , le gauche rend l'arêtier d'inégale largeur, & qu'il eft bon, pour en rendre l'exécution plus facile , de le mettre d'une même largeur d'un bout à l'autre , ainfi qu'il eft indi- qué par les lignes g h 8ci l,fig. 4. Les arêtiers peuvent fe conftruire de deux morceaux , pour éviter de mettre du bois d'une trop forte épailfeur ; c'eft pourquoi j'ai deffiné la fig. 4 coupée dans l'angle , fon épaiifeur étant indiquée par la ligne ponéluée 000. Dans la fig. r , au contraire , c'eft l'épai/Feur qui eft apparente , & la coupe eft indiquée par la ligne ponduée ppp. S'il arrivoit qu'on eût à faire un arêtier pour une voûte en arc de cloître , cela ne changeroit rien à ce que je dis ici , parce que dans ce cas , il n'y auroit de changement que dans la longueur de l'a- rêtier, lequel au lieu de faire l'angle rentrant hN i, feroit un angle faillant dont l'extrémité feroit au point A'', ce qui n'a befoin d'aucune démonftration. En général, il faut toujours fe re/Touvenir que, foit que l'angle des arêtiers foit de 45 dégrés, comme les fig. i & 4 , ou plus ouvert, comme celle 2 , ou enfin moins ouvert comme celle 3 : la méthode de projeélion eft toujours la même , puifque la hauteur £ & celle G H font toujours égales à celle AB ou C D , ce qui eft la même chofe , n'y ayant que les diagonales du plan & les courbes qui deviennent plus ou moins longues , félon que l'angle eft plus ou moins ouvert , la ligne G L étant plus longue que celle ^ Mou A? O , & celle £ / étant plus courte. Si au lieu de faire les revêtilTements des voûtes, ou autres ouvrages de cette nature , en Menuiferie d'affemblages , on ne vouloir y employer que des plan- ches unies jointes horifontaleraent , on s'y prendroit de cette manière : Section IL §. II. Des Arêtiers cintrés , évuidés , &c. Après avoir déterminé la forme du cintre de face , comme celui P Q,Jig. 5, on le divife de divi!î< utant de parties qu'il peut contenir de planches , & par chaque point Pi.anche 1 fait paffer les lignes mu,n x, oy,qi, r&,sa;,&t, Q, parallèles àcelle Py,Sc que l'on prolonge jufqu'à ce qu'elles rencontrent celle A M, dia- gonale du plan , de forte que chacune de ces lignes repréfente en plan les joints des planches ; enluite on fait à part le développement de la courbe P Q , lequel eft repréfente par le parallélogramme S TUX,fig. 5 , fur lequel on trace les li- gnes des joints, ainfi que les lignes 8, 22 ; 10, 23 ; 12 , 24; &c ; puis pour avoir la longueur de chaque planche depuis la ligne RM {qui efl repréfentée 7%. ^ ,parcelie j'X) jufqu'à la ligne diagonale ^ M, on fait la diflance 8 , 9 égale à celle ; 7 ; celle r o , 1 1 égale à celle s 6 ; celle 12,13 ^g^^^ à celle r 5 ; celle 14 , r J égale à celle ij 4 ; celle 16 , 17 égale à celle 0 3 ; celle 18 , 19 égale à celle n 2 ; celle 20 , 21 égale à celle m 1 ; enfin celle X U égale à celle RA; ce qui donnera la longueur de chaque planche depuis la naifïànçe de l'an- gle jufqu'à fa plus grande faillie. Ce fera la même chofe pour l'angle rentrant que pour Fangle làillant , excepté qu au premier les longueurs fe prendront fur la ligne T U , fig. y , laquelle eft repréfentée par celle Z ,fig. 4 ; de forte qu'au lieu de la partie qui eft teinte dans la fig. ^ , ce feroit celle qui eft blanche qui ferviroit. Quant à ce qui eft de couper chaque joint de planche fuivant la diagonale du plan , on s'y prend de la manière fùivaiite : Du derrière de chaque joint on élevé des perpendiculaires que l'on mené juC qu'à la rencontre de la diagonale A M; enfuite les joints des planches étant faits , & la perpendiculaire RMou S X étant tracée fur ces mêmes joints, on prend la diftance que produit chaque perpendiculaire ponâuée depuis la ligne R M, jufqu à la diagonale , que l'on porte fur le derrière des joints , ce qui en donne la pente ; ce que j'ai marqué dans la fig. 6 , par une ligne ponéluée marquée x x , ainfi que fur le plan. Cette méthode de couper les joints , peut auffi lèrvir pour les corniches en gorge & toutes autres parties creufes , dans tous les cas & flir tous les angles poffibles. Lorfque les planches que je fuppolè ici faire le revêtilTement d'une voûte , ne vont pas jufqu'à l'angle , mais qu'elles font terminées à l'arêtier dans lequel elles s'alfemblent , la méthode d'avoir leur longueur eft toujours la même , puif- que la ligne e b eft parallèle à celle A M ; toute la différence qu'il y a , c'eft que ces planches deviennent plus courtes de la diftance e M que par conféquent la ligne d'équerre qui fert à prendre lalongueur de chaque planche , fe prend au point e. Pour ce qui eft de la coupe du bout des planches , elle doit être d'é- querre fur chacune d'elles , ainfi que l'indique la ligne a ^ , & fur laquelle on pourroit prendre la longueur du derrière de chaque joint , laquelle eft égale à celle du devant , ainfi que l'indiquent les lignes horifontales ponduées entre celles a b&i e b. 5q & 1 II 3^0 M EN U I S I E R, II. Partie , Chap. XII. = Sur quelque angle que fe trouve un arêtier cintré , la méthode de {à pro- jeélion eft toujours la même, ainfi que je l'ai déjà dit; mais cependant il faut faire attention que quand ces angles ne font pas droits , & que par confé- quent la diagonale du plan n eft pas d'une ouverture de 45 degrés , il arrive alors que les cintres des deux faces qui produifent cet angle , ne peuvent Être d'une même forme , vu qu'ayant une même hauteur , ils ont différentes largeurs , ainfi que je vais le démontrer. Soit donné le plan BC D GIE, dont la largeur / G eft moindre que celle C B ; (bit pareillement donné le cintre de face AB , fig. t) , que l'on divifera en parties égales ; enluite par ces points de divifion , on fera palîèr des lignes perpendiculaires à celle C B , que l'on prolongera jnfqu'à ce qu'elles rencontrent la diagonale Z) £ aux points , r , s , c , u ,x & y. Se de cts mêmes points on mènera autant de lignes llir le petit côté du plan , parallèlement à la ligne D G. Enfuite pour avoir le cintre de face de ce petit côté , on y trace une ligne perpendiculaire à celle D G , telle que celle H F ; puis fur les lignes du plan provenantes de la divifion du cintre de face A B , on por- tera les hauteurs de ce même cintre , c'eft-à-dire , que l'on fera la hauteur H G égale à celle C A ; celle 29, l égale à celle ^6 b; celle 30, 2 égale à celle 37 i/; celle 31,3 égale à celle 38/"; celle 32 , 4 égale à celle 39 h ; celle 33,5 égale à celle 40 / ; celle 34 , <ï égale à celle 41 « ; enfin celle 35 > 7 Ég^ls à celle 42 , ce qui donne le quart d'ellipfè G ^ F, qui eft le cintre de face demandé. S'il arrivoit que fur un plan d'inégale largeur , tel qu'eft celui-ci , le cintre de la petite face, fût donné, ainfi que le grand, la ligne diagonale Z? £ , (la- quelle repréfente en plan l'arête de la voûte , ) ne pourroit plus être une ligne droite , à moins toutefois que ce petit cintre donné, ne fût un quart d'el- lipfè , comme la fig. 8 ; c'eft pourquoi hors ce cas , il faut que le petit cintre de face foit déterminé pour avoir la ligne d'arête en plan , ce qui fe fait de la manière fuivante : On commence par divifer la hauteur du petit cintre de face par les li- gnes 8,9, 10, 11,12, 13 & 14, perpendiculaires à celle H G , en obfer- vant de faire la diftance H 8 égale à celle C 0 ; celle H ^ égale à celle Cm; celle H 10 égale à celle Ci ; celle i/ 11 égale à celle C g \ celle iïl2 égale à celle C e ; celle égale à celle CC\ celle H 14 égale à celle C a; enfin celle H G égale à celle C A , afin d'avoir des tranches parallèles égales dans les deux cintres , ainfi que je l'ai démontré en parlant de la pénétration des corps , page 308 & fuivantes. Cette préparation étant faite , on trace le cintre de la petite face , ( à la place duquel j'ai fubfticué la ligne droite F G , fig. 6 , afin d'en rendre l'o- pération plus fenfible , ) & par les points , 16 , 17 , 18 , 19 , 20 & 21, où il coupe les lignes 8,9,10, &c; on tire des lignes parallèles à celle H G, que S E C T I 0 N IL §. III. Du revêtipmem des Voûtes ogives. ■^éi que l'on prolonge jufqua ce qu'elles rencontrent celles du grand cintre de face -. ' ■- qui leur font correfpondantes , & qui excédent autant qu'il eft nécelfaire au- Planche delà de la diagonale D E ; puis de l'angle E, & par les points 21 , 23 , 24 , , 2(î, 27, 28 £), on fait paffer une ligne courbe qui eft le plan de l'arête de la voûte de la fig. j. Si au lieu d'une ligne droite ou d'une partie de cercle , la forme du cintre de la petite face étoit une doucine comme la fig. 4 , l'opération faroit tou- jours la même que la dernière, & le plan de l'arête de la voûte feroit comme la fig. 3. Quand un des deux cintres de face eft plus bas que l'autre , il forme alors ce qu'on appelle une lunette , ainfi que le cintre MN ,fig. 2 , dont la liauteur £ iV eft moindre que celle C AaviHG ,C!t qui eft la même chofe ; & on a le plan de l'arête que forme cette lunette , en fuivant toujours la même méthode , ainfi qu'on peut le voir dans la fig. i , où la courbe O P ék donnée par la re- tombée des lignes prifes à la rencontre du petit cercle avec les lignes horifonta- les qui le traverfent. §. III. Du revkifflment des Voûtes ogives ou en ogives. Les arêtiers dont je viens de parler , ne font applicables que dans le revêtiC- fement des voûtes régulières ; il me refte préfentement à parler des arêtiers des Pianche voûtes ogives ou gothiques , afin que l'on puilTe connoître la différence qu'il y a entre ces dernières & les premières , & par conféquent les procédés dont on doit fe fervir pour les revêtir telles qu'elles font , c'eft-à-dire , fans rien changer à leurs formes. La différence qu'il y a entre les voûtes régulières & les voûtes en ogives , eft que le cintre de face des premières , eft un cintre parfait , c'eft-à-dire , un demi-cercle ou bien un cintre furhauffé ou furbaiffé , ainfi que je l'ai dit ci-de- vant ; au lieu que le cintre de face des dernières , c'eft-à-dire des voûtes ogives, eft compofé de deux arcs de cercle dont les points de centre font toujours au nud des impoftes , du moins pour les plus parfaites , mais dont la rencontre forme toujours un angle au milieu de l'arcade. Il eft des voûtes ogives où cet angle fe continue dans toute l'étendue de la voûte , de forte que les cintres diagonaux , c'eft-à-dire des arêtiers , font auffi des arcs de cercles ; mais dans les plus parfaites, ou je crois , les plus modernes, cet angle vient en s'adouciflànt jufqu'au milieu ; de forte que le cintre des arê- tiers eft un demi-cercle : c'eft de cette dernière efpece de voûte dont je vais donner la defcription , & par conféquent la manière d'en faire le revêtiflè- ment ; quoiqu'en général on feroit très-bien , s'il arriyoit qu'on eût de ces for- tes de voûtes à revêtir , de ne point s'attacher à leur forme , ( qui eft prefque toujours dilgracicufe & fouvent irréguliere , un des côtés étant cintré d'une Menuisier. II. Pan. Z z z z \y7 ^1 il ™ 3(52 MENUISIER, II. Partie , Chap. XII. — façon, & l'autre d'une autre ,) mais d'y faire des arcs plein-cintre à l'ordinaire, ce ^ qui feroit beaucoup mieux ; cependant comme on pourroit être obligé de les re- vêtir félon leur forme , foit pour fe conformer à d'autres ouvrages déjà faits , ou pour quelque autre raifon, il eft bon de les connoître , ce qui eft fort aifé , ainfi qu'on le verra ci-après. Après avoir tracé la moitié ou le quart du plan , ainfi que celui AQEZ, jig. 4 , ce qui eft fuffifant , on mené au centre de ce dernier la diagonale AE , dont la longueur efl le rayon du cintre a f,fig- 2 ; enfuite du point A , fig. 4 ^ on trace les lignes A D , AC , dont on a le cintre d'élévation ( ainfi que celui du fond , repréfenté fur le plan par la ligne Ç ) de la manière fuivante : La hauteur du milieu du cintre X E ,fig. i , étant donnée , ainfi que celle du cin- tre du fond X Ç) ou A 1^ , des points 23 & £ , on tire l'arc de cercle 23 , 1^ E , dont le centre fe trouve fur la ligne E X, que l'on prolonge autant qu'il eft néceflàire. Enfuite on prend fur le plan^^. 4, les diftances Z a 8c Z b , que l'on porte fur Félévation du point A aux points a b; &. de chacun de ces points on élevé autant de perpendiculaires , lefquelles venant à rencontrer l'arc 23 E aux points icj , , donnent la hauteur de chacune des cerces dont on a befoin. Cette opération étant faite , on porte du pointa, Jig. 1 , les diftances A D ,i A C & A Q ,fig. 4 , aux points c ,d , e, auxquels points on élevé les perpen- diculaires cgjdkScei, dont la hauteur eft égale à celle ^ i ^ , a içf Sc A 2^ , fig. I ; puis pour avoir le centre de ces trois arcs de cercles , de leurs extrémités on mené les diagonales ag,ahScai, que l'on divife chacune en deux par- ties égales aux points & , a: & x • 3c ds chacun de ces points , on élevé autan: de perpendiculaires , que l'on prolonge jufqu'à ce qu'elles rencontrent la ligne des centres aux points 27, 14 & 13 , defquels points comme centre, on décric les arcs de cercles demandés. Quant à la manière de tracer ces différents arcs fui l'élévation , on s'y prend de la manière fuivante : On divife le plan par des lignes parallèles à chacun de fes côtés , ainfi que celles R N , S O 8cT P , que Ton prolonge jufques fur l'élévation, ainfi que celles c F , b Sca , fig. 2. On élevé encore les lignes perpendiculaires e 17 ,y 2.0 , g 21 Si, h 22 , dont les diftances ont été prifes fur le plan , jî^. 4 , aux points hg,fe , a Se b^ ce qui étant fait , on prend fur le plan les diftances qu'il y a du point A , aux points N O P , I LM 8c F G H, formés par k rencontre des perpendiculaires avec les diagonales , lefquelles diftances on porte lîir la ligne a b,Jïg. 2 , du point a aux points 4 , 8 & 12 , pour la diago- nale ^ £ ; du point a aux points 3,7, l r , pour celle ^ D ; du point a aux points 2, 6 & 10, pour la diagonale A C; enfin du point a aux points r , 5 & 9 , pour la ligne A Q ; puis par chacun de ces points on élevé autant de perpen". diculaires que l'on prolonge jufqu'à ce qu'elles rencontrent l'arc de cercle s E C T I o N II. §. III. Du revêtlffemcnt des Voûtes ogives. :j6^ auquel elles correfpondent ; & la hauteur de chacune de ces perpendiculau-es , donne autant de points aux courbes demandées que l'on trace, en prenant par exemple, pour la diagonale ou courbe d'arête, la diftance if, 8c h portant deXen£;celle 12/, de c en P ; celle 8 m , de ^ en O ; & celle4<,, de a en iV; puis par les points A, N,0,P&. E, on fait pafTer une ligne courbe qui cft l'arêtier de la voûte vu géométralement. Les autres courbes fe décrivent de même, en prenant les "hauteurs nécelTaires fur les arcs qui leur font corref- pondants , tant pour ceux de face que pour ceux des côtés , ce qu'il eft fort aifé de voir dans la %. i , où la hauteur X D Sc celle ii^, égale celle c <r fig. 2 ; celle cMS^di6, égale celle 11^; celle bLSceij, égale celle 7 y \ cellea/&^ 18, égale celle 3 , ce qui donne les deux courbes A 18 , 17, 16 AI LM D , repréfentées en plan par les lignes Ab &. A D. On décrit les deux autres courbes de la même manière, en faifant XC & a ip égal ldh;c H Scf égal l lo s ; b G g ■zr égal l 6 c ; Sc a F Sc h 22 égal 3. 2 i/. Quant à la dernière courbe , elle devient une ligne droite vue de côté , ainfi que celle 35 ; & fur la face on la trace au compas, ainfi que celle a yi,fig. 2 ; & fi je l'ai cotée de lettres dans l'élévation , ce n'eft que pour faire mieux fentir le rapport que cette courbe , ainfi que toutes les autres, ont avec le plan ; & c eft pour cette même raifon que j'ai affedé de mettre les mêmes lettres au plan qu'à l'élévation : ces courbes ainfi tracées , fervent à trouver les courbes des arêtiers de revêtilfements , ainfi que les joints des panneaux , foit qu'on les voulût faire perpendiculaires au plan , ou parallèles à ce même plan. Dans le premier cas , le joint des panneaux ainfi difpofé , eft rcpréfenté fur le plan par les lignesZ£, , XO & N, & par celles 7Î A', O , TP & Ç E. Ces panneaux vus de face , repréfentent en élévation des lignes droites , ainfi que celles QE ,T P ,S O &. R N ; 8c \t côté des lignes courbes , ainfi que celles a 5 A', 2J O, 24P , & 23 £, lefquelles courbes font données, favoir , les trois plus petites par la rencontre des perpendiculaires avec les pre- mières courbes , & la plus grande par un arc de cercle qui eft celui de l'arête de la voûte. Voyez Fautre côté de la figure , où ces joints font indiqués par des lignes pleines , & les autres courbes par des lignes de conftruaion. Si on vouloit faire les joints horifontaux , ainfi que F indiquent les lignes 15' Z) , 19 C , 33 Ç , 25 >S' & 25 , on prendroit fur Félévation la diftance qu'il y a du point où les courbes de conftruftion coupent les lignes horifontales , juC qu'à la ligne EU; Se Fon porteroit ces mêmes diftances fur les lignes du plan, qui repréfentent les courbes d'où ces diftances ont été prifes, ce qui donnera fur le plan les lignes ponduées b D , aC, Z Q,YT ,X S 8cU R , d'une forme toute différente les unes des autres , félon leurs différentes places. Quant aux arêtiers , on les tracera par la même méthode que j'ai tracé les au- tres courbes , c' eft-à-dite , qu'après les avoir tracés fur le plan , ainfi que Findi- Planche m5. m "si ^,1 II I 364 MENUISIER, II. Partie, Chap. XII. ^ que la ligne £ i? , la longueur de cette ligne donnera leur hauteur , ainC que je ^ l'ai déjà dit ; enfiiinc on ajoutera de chaque côté de cette ligne , la largeur de l'arêtier ; & par les points où cette largeur coupera les lignes de plan des cerces de conftruftion, on élèvera des perpendiculaires dont la hauteur donnera les le. condes courbes de l'arêtier, ainfi qu'on peut le voir dans la fig. 5. Quant à la manière de mettre ces arêtiers de largeur , cette dernière étant dé- terminée , on la portera fur l'élévation de la ligne d'arête fur chaque joint de côté , ainfi que l'indiquent les points 28, 25, 30 & 31 ,fig. I ; delquels points on abailîèra des perpendiculaires fur le plan , lefquelles venant à rencontrer les lignes repréfentant les lignes de conflruftion , donneront la véritable largeur de l'arêtier , laquelle eft indiquée par des lignes ponéluées. Je ne m'étendrai pas davantage fur cette partie des voûtes ogives , vu leur peu d'ufage , me contentant de les développer comme de fimples furfaces , aux- quelles il fèroit fort aifé d'ajouter des épaillèurs foit en dedans ou en dehors, la méthode que j'ai donnée pouvant fufBre à tous ces différents cas. On obfèr- vera auffi que j'ai lupprimé les nervures de fangle A , afin de mieux faire fentir toutes les opérations que j'avois à faire ; cependant comme il y a des occafions oià elles ne peuvent pas être liippriraées , on les revêtira de Menuiferie , ce que l'on fera en creufant l'arêtier & le failànt retourner à angle droit pour recevoir les panneaux du fond de la voûte , auxquels cela ne change rien pour ce qui eft de la manière de les conftruire , les arêtiers ainfi conftruits ne fai&it que di- minuer la largeur des panneaux. Tout ce que je viens dire touchant les arêtiers, ne regarde en partie que ceux dont la projeélion forme une ligne droite fur le plan, parce que ceux dont le plan de l'arête forme une ligne courbe , font beaucoup plus compli- qués , quoique la méthode d'en tracer l'arête foit la même ; c'eft pourquoi j'ai cru , qu'avant de parler de ces fortes d'arêtiers , il étoit nécellàire de donner la manière de faire les courbes obliques & celles cintrées tant fur le plan que fiir l'élévation , ainfi que la manière d'en faire les cintres ralongés , ( ou en terme d'ouvrier les cherches ou calibres rallonges ) dans tous les cas polubles , afin que cette connoifiance une fois acquife , donne plus de facilité à entendre la conf- truélion des arêtiers des lunettes de toutes les elpeces , lefquelles ne font dans le fond que des courbes cintrées en plan & en élévation , ainfi qu'on le verra dans la fuite. Section '37- Section III. Des Courhes cintrées en plan , obliques, êc. j^j Section Troisième. Des Coudes cintrées en plan, obliques & rampantes fur l'élévation, & la manière d'en faire le calibre ralonzé. Les courbes donc je vais parler font de deux efpeces ; favoir , celles qui font formées par la coupe oblique d'un cylindre , & celles dont la coupe de ce Pi-*nche même cylindre cft décrite par une hélice , ce qui donne la courbe rampante; de force que le développement de la première courbe forme une ligne courbe , & qu'au contraire le développement de la féconde , c'eft-à-dire de la courbe ram- pante , devient une ligne droite , ainfi que je l'ai démontré en parlanc des éléments de Stéréotomie, page 303 ; de force que pour bien entendre la conf- cruélion des courbes obliques & rampantes , il faut les confidérer comme pri- fes dans un cylindre creux ; de manière que toutes les parties qui compofenc les furfaces intérieures & extérieures de ces courbes , foient exaétement com- prifes dans celles du cylindre , & tombent à-plomb des lignes intérieures & ex- térieures du plan de ce même cylindre, ainfi que le repréfentent les fig. I , 2 & 3 , lefquelles font des moitiés de cylindres creux , coupés obliquement ou en hélices, ainfi que je vais l'expliquer ci-après ( *). La courbe oblique repréfentée dans la fig. i , n'eft d'aucune difficulté , parce qu'elle eft droite fur fa face ; c'eft pourquoi après en avoir tracé le plan , on tire à fon extrémité la ligne droite a d celle e f , parallèle à la première ; enfuice de quoi, des points a ,b , c ,d ,{a^i font les extrémités intérieures & exté- rieures du plan) , on élevé des lignes perpendiculaires ae , h m , c m Se d f, qviS. l'on prolonge indéfiniment ; puis la pente de la courbe étant donnée , on tire la ligne laquelle coupe les perpendiculaires aux points g, h ,i,l;ce qui donne la longueur de la courbe & fa largeur aux deux extrémités , laquelle largeur n'eft pas égale à celle du plan , parce que la diftance ghovi.il, eft plus grande que celle aboxxcd. Quant à la forme de la courbe , c'eft une demi- ellipfe, (du moins quandle plan eft un demi-cercle,) laquelle eft plus ou moins alongée , à raifon de la plus ou moins grande inclinaifon de la courbe. Pour rendre ce que je viens de dire plus fenfible, foit le parallélogramme abcd, fig- 45''"'^ lequel eft tracé un demi- cercle divifé en plufieurs parties égales ; fi fur ce parallélogramme on en plaçoit un autre efgh,à<i même largeur & longueur que le premier , & que de chaque point de divifion du cercle & des extrémités a,i,b ,1 , 4 , ?n , c , n , & o , des lignes de divifion ; fi de ces points , dis-je , on élevoit autanc de perpendiculaires au premier parallélogramme , & qui paf- â- (') Il faut obferver que je ne conlîdere les courbes dont je parle ici , que comme des fur- faces ou même de fimples lignes , ce que je fais afin d'en rendre la démonilracion plus claire & plus Craple , réfervant à parler de leur lar- Menuisier. II. Part. geur & épaifleur dans le paragraphe fuivant, oii pour lors on aura acquis toure la cjnuoilTance néceffairepour ii'êrre pas einbarrafléparla grande quancité des ligues de conliruiSion. A a aaa Mi .fl> mm m I 366 MENUISIER, IL Partie. Chap. XII. ~ falTent au travers du fécond , il eft certain qu'ils donneroient fur le fécond paral- lélogramme des points à la même diftance , & des lignes à la même place & de la même longueur qu'au premier. Mais fi au contraire ce fécond parallélogramme (toujours de la même largeur que le premier,) avoit la facilité de fe mouvoir comme à charnière au point p, êc qu'à mefijre qu'il s'éleveroit, il pût s'alonger de manière que la ligne g h, fût tou- jours à-plomb de celle cd;i[ arriveroit alors que le fécond parallélogramme de- viendroit plus long que le premier, làns pour cela changer de largeur. Le changement qui fe fait alors dans la longueur du parallélogramme , fe fait auffi dans le demi-cercle qui y eft tracé , lequel s'alonge fans pour cela changer de largeur, puifque les perpendiculaires prifes fur le premier parallélogramme , font toujours les mêmes , ainfi qu'on peut le voir dans cette figure , ce qui alors donne fur le fécond parallélogramme une courbe produite par des perpendicu- laires prifes fur la première , laquelle eft plus alongée à raifon de l'élévation du fécond parallélogramme : c'eft ce qu'on appelle une courbe ralongée. En général , il réfuke de cette déraonftration , que pour avoir le calibre ra- longé d'une courbe quelconque , il faut , ainfi que dans lajf^. ^ , après avoir tracé la courbe en plan , la divifer en un nombre de parties à volonté , ainfi que les points a, e ,f, g,h , i ,d; puis après avoir conftruit le parallélogramme a b c d , par chaque point de divifion de la courbe , on élevé les perpendiculaires inn,rs,lg,tuôC'^&, que l'on prolonge indéfiniment jufqu'à ce qu'elles ren- contrent la ligne i c , qui eft l'inclinaifon fuppofée de la courbe ralongée. Cette opération étant faite , des points 1,10,15,9, l7,2i&c,on élevé autant de perpendiculaires à la ligne i c , lefquelles repréfentent celles qui font tracées fur le plan ; enfuite on fait la diftanc.e l, 2 ou c 3 égale à celle ab ouc d; & des points 2 , 3 , on mené une ligne qui achevé le parallélogramme 1,2, 3 , c , qui eft égal en largeur à celui du plan ab c d. Ce parallélogramme étant trouvé , il refte à trouver la courbe ralongée , ce qui fe fait de la même manière , c'eft- a-dire , que 1 on fait la diftance 10,^, ou 21,8, égale à celle m e ou ^ / ^ ou bien la diftance 1 1 , 4 , ou 22 , 8 , égale à celle ne ou & i , (ce qui eft la même chofc , puifque les deux parallélogrammes font égaux en largeur). On fait enfuite la diftance 15,5, ou 17 , 7, égale à celle rf ou ; A , ou en- fin la diftance 16, 5 , ou 18 , 7 , égale à celle sf ou u h, & la diftance 9,6, égale à celle Ig ; puis par les points i , 4 , J , 6 , 7 , 8 , c , on fait paifer une ligne courbe qui eft le calibre ralongé de celle du plan ; ce qui eft général pour toutes les courbes polfibles & de quelque forme qu'elles puiiTent être ; à con- dition toutefois que pour avoir les points de la courbe ralongée , on fe ferve toujours de lignes perpendiculaires à la bafe du plan , ce qui eft une loi indif- penfable dont on ne peut s'écarter fans s'expofer à fe tromper , ainfi que je le démontrerai ci-après. Si des points de divifion de la courbe du plan , on faifoit paflèr autant de li- Section m. Des Courbes cintrées en plan, obliques, 6c. 3^7 gnes au centre /, Se que l'on voulût repréfenter ces même lignes fur le pa- rallélogramme r , 2 , 3 , c , on fe ferviroit toujours de la même méthode j c'eft-à-dire, que des points q &. y , où ces lignes rencontrent celle b c, on élevé les perpendiculaires pq &■ xy , que l'on prolonge jufqu'aux points 13 & 15? ; & de ces mêmes points on élevé fur la ligne i c, les perpendiculaires 13 , 14 , & 19 , 20 , lefquelles font femblables à celles du plan p q &. xy ; enlliite on prendra fur le plan la diftance ao oudœ , que l'on portera de i à 12 , & de c à 23 ; puis des points 12 , 14, 20 & 23 , on mènera autant de lignes au point Ç) , lefquelles feront ièmblables à celles du plan , c'eft-à-dire , qu'elles leur feront perpendiculaires ; car elles feront plus longues à raifon qu'elles s'écarte- ront de la perpendiculaire 9,5, ainfi qu'on peut le voir dans la figure J. Cette obfèrvation eft d'autant plus eifentielle , que quand la courbe eft fort oblique , & qu'on vient à en tracer le calibre ralongé , la courbe de ce calibre eft beaucoup plus large dans les bouts que dans le milieu , ce qui embarraflè fort les Commençants, auxquels on ne peut pas bien faire fentir la raifon de cette iné- galité de largeur. De quelque forme que foient les courbes, c'eft toujours la même méthode pour en tracer le calibre ralongé , ainfi que je l'ai déjà dit ; cependant il faut faire at- tention de quel fens cette courbe s'élève, ainfi que je vais l'expliquer ci-après. Si dans le parallélogramme abc d,fig. 6 , on traçolt la courbe b lil , dont le point d'élévation fût fur la ligne cd, il ne feroit pas néceflâire que le plan de cette courbe occupât tout l'efpace du parallélogramme abc d; c'eft pourquoi du point h au point d, on peut conftruire un autre parallélogramme h efd , lequel eft plus long que le premier , mais en même temps a beaucoup moins de lar- geur. Enfuite pour avoir le parallélogranitne ralongé , on opère à l'ordinaire , & on a le parallélogramme g h if, qui eft produit par celui b ef d. Quant à la manière d'avoir la courbe ralongée , après avoir divifé celle du plan en autant de parties qu'on le juge à propos , on fait pafler par ces mêmes points les perpendiculaires me,no,pq,rs, tu, x y , parallèles à la ligne cd\ & par les points où ces lignes coupent celles b dSi. ef, on élevé autant de perpendiculaires à ces der- niers , lefquelles vont rencontrer le parallélogramme gfh i , en obfervant que celles qui font produites par la ligne ef, fe retournent quarrément fur celle gf, afin que les diftances que les perpendiculaires donneront lur la ligne gf, foient égales fur celle hi, qui repréfente celle du plan e f. Cette opération étant faite , des points où ces perpendiculaires rencontreront celles gfSc h i , on tracera les lignes ir,/i; 12,13; I4,ij;i5, I7;i8, 19 ; 20 & 2 r , lefquelles repréfenteront celles du plan me,no,pq,rs,tu, xy , fur lefquelles on prendra des diftances pour tracer le calibre ralongé à l'ordinaire , ainfi qu'on peut le voir dans la fig. 6. Si au lieu de fe fervir de lignes perpendiculaires à la ligne a d , oa vouloir au Planche •37" 368 M E N U I S I E R, II. Pan. Chap. XII. ' contraire fe fervir de ceUes que l'on prendroic fur celle è d pour tracer le calibre ralongé , on tomberoit dans l'erreur, parce que ces mêmes lignes i, 6; 2 , 7; .3 , 8 ; 4 , (j ; & y , 10 , qui font fur le pian perpendiculaires à la ligne h d , ns^ peuvent pas l'être fur le parallélogramme du calibre ralongé, ainfi qu'on peut le voir dans la %. 7 , où les lignes i , 5 ; a , 7 î 3 > § ; 4> 5 î & 5 , 10 , qui font produites par celles du plan cotées des mêmes chifiFres , où ces lignes , dis-je , ne font pas perpendiculaires à celle gf, fig. 7. Pour prouver cette vérité , fuppofez que la ligne D ^ , /%. 9 , foit la même que celle ad,fig.6,&i que la furface D F E B ,fok une partie du parallélo- gramme è efd,fig. 6 ; fi fur la Hgne £> £ on élevoit la perpendiculaire ce , que l'on voulût repréfenter fur une furface ralongèe , dont l'élévation feroit de £) en C , on opéreroit à l'ordinaire ; c'eft-à-dire , que par les points C e , on éleveroit les lignes leScmn, perpendiculaires à celle D A , jufqu'à ce qu'elles rencontrent celle D Gw point fh , ce qui donne la diftance //z pour les deux points de la perpendiculaire que l'on veut tracer fur la furface ralongée ; mais on doit faire attention que cette furface étant de même largeur que celle du plan, & la diftance//z plus grande que celle en, h ligne que l'on veut tracer ne peut être perpendiculaire à celle £) G , ce que l'on prouve aifément en por- tant la diftance A/de n en i , duquel point à celui C, on tire une ligne iC, la-: quelle n'eft plus perpendiculaire à celle £» £ ou £> G, ce qui eft la même cLofc. Voyez la S , où j'ai repréfenté en perfpeâiye le ralongement delà courbe ,J^g. 6, & où l'on peut voir la néceffité de toujours mener à l'élévation des perpendiculaires à la bafe du plan , du moins pour les courbes obliques donc je parle ici , confidérées comme de fimples lignes. Lorfque les courbes font rampantes , & par conféquent décrivent une hélice , le calibre ralongé fe trouve de même que pour les courbes obliques. Quant à l'é- lévation des courbes rampantes , elle fe décrit par la même méthode que les hé- lices dont j'ai parlé page 303 ; cependant pour en rendre l'explication plus claire, je vais faire la démonftration de celle repréfentée figure 2. ^ Le plan de la courbe rampants étant tracé , ainfi que celui a b c d , on le di- Vife en un nombre quelconque de parties égales ( * ) , ainfi que ceUes 1,2,3, 4 , 5 , & a ; de chacun de ces points , on mené au centre r, autant de rayons , lefquels divifent pareillement le dedans de la courbe en parties égales. Cette opération étant faite , on trace l'élévation félon la méthode ordinaire ; puis la pente étant donnée , on la divife en parties égales , par des lignes horifon- tales, ainfi que celles ^ j , i , i ; 2 , 2 ; 3 , 3 ; 4 , 4 ; j , j ; & 6, 5, Jont le nombre eft égal aux divifions du plan , ce qui eft abfolument nécelfaire ; enfuite C*^ Lorfque j'ai parlé des courbes obliques , j'ai dit que l'on divifoit la courbe du plan en autant de parties que l'on vouloit, fans qu'il fût même néceifairc qu'elles fuffent égales entr'elles , ce qui pourroit être pour le calibre des courbes rampantes; mais pour tracer leur élévation, il faut que leurs plans 3c leurs élévations foient divifés en parties égales chacune en particulier , ainli que je l'ai démonrré en parlant des hélices. Voyez ce que j'en ai dit page ^0^. de Section III. qcs Courbes cintrées en plan , obliques , &c. ^6ç de chaque point de divifion du plan, on élevé des perpendiculaires julqu'à ce qu'elles rencontrent les lignes horifontales de l'élévation qui leur font corref- Planche pondantes ; c'eft-à-dire , que du point d , on élevé une perpendiculaire à la ligne ' q q , qui eft repréfentée fur le plan par celle c d ; enfuite du point i , on mené une perpendiculaire à celle 1,1, laquelle la rencontre au point 0 ; du point 2 , on en mené une à la ligne 2,2, qui la rencontre au point m • du point 3 , on mené une perpendiculaire à la ligne 3)3, laquelle la rencontre au point i ; on en mené une autre du point 4 à la ligne 4,4, laquelle la rencontre au point ; du point 5 , on en mené une autre à la ligne 5,5, laquelle la rencontre au point e ; enfin du point a , on mené une perpendiculaire à la ligne 6,6, qui la ren- contre au point 6 ; puis par les points 6,e,g,i,m,oScq,on fait palier une ligne courbe qui cft fhélice du dehors. L'hélice du dedans fc décrit de la même manière que la première , ainfi que l'indiquent les points s , f, h , i , l,n ,p , lefquels font produits par les points ^59»8,7, 6&i:,dela courbe intérieure du plan. Pour peu que l'on faffo attention à cette opération , il eft aifé de voir que la ligne a b àa plan , eft repréfontée par celle 6 s àe. l'élévation ; celle 5,5, par celle ef; celle 4,8, par celle g h ; celle 3,3, par le point i , ( qui ne peut être qu'un point , puifque la ligne du plan fe trouve confondue avec la per- pendiculaire ; ) celle 2,7, par celle / m ; celle 1,6, par celle n o ; enfin la ligne d c eO. repréfentée par la ligne p q , laquelle eft horifontale , ainfi que toutes les autres de l'élévation ; d'où il eft aifé de oonclure que tous les points de la courbe font d'équerre avec les perpendiculaires de fes furfaces ex- térieures & intérieures , en tendant au centre du plan , ce qui eft une des qua- lités nécedaires aux courbes rampantes. Si la courbe rampante , au lieu d'être d'équerre au centre du plan , étoit d'équerre perpendiculairement à la bafe du plan, ainfi que findiquent les lignes ab , c d, ef, g h , i l , mn, o n , fg. j , il arriveroit que la courbe ram- pante décriroit toujours une hélice par dehors , ce qu'elle ne pourroit faire en dedans , & ce qui la rendroit très-difforme , fur-tout vers les extrémités , ce que Ton peut remarquer dans la fig. 3 . Il eft cependant des occafions où les courbes fe mettent d'équerre fur ce fens ; mais cela eft fort rare , ainfi que je le dirai en fon lieu. §.ï. De la manière de déterminer L'épaijfeur & la largeur des Courbes rampantes , & de les mettre d'équerre dans tous les cas pojjibles. D' A P R È s les principes que je viens de donner touchant la nature & la forme des courbes rampantes , confidérées feulement comme des lignes ou Pi-anche des fiirfaces , il eft nécellâire , pour faire fervir ces mêmes principes à la pra- tique, de confidérer ces courbes comme des folides enfermés entre ces lignes Menuisier. II. Part. B b b b b ■3» 370 M E N U I S I E R, Il Partie. Chap. XII. ■ ■ courbes , ce qui va faire le fujet de ce paragraphe , afin de donner à cette partie j g"'' ''^ Ouvrage , toute la perfeftion dont elle peut être fufceptible. Pour avoir lepailTeur & la largeur d'une courbe rampante, fon plan étant marqué , ainlî que la Jîg. a , on l'enferme dans le parallélogramme AB C D; enfuitc après avoir divifé la courbe en un nombre de parties égales , de chaque point de divifion , tant intérieur qu'extérieur , on élevé des lignes perpendicu- laires jufqu'à ce qu'elles rencontrent la courbe dont l'élévation eft déterminée par le triangle O M N,ôc que l'on a divifée par des lignes parallèles , placées à diftance égale les unes des autres , & en pareil nombre que les divifions du plan , ainfi que je l'ai déjà dit ; & à la rencontre des lignes perpendiculaires & des horifontales qui leur font correfpondantes , on a les lignes O a , i c , d e , fg , h,il,mn^op,8iq N , qui font autant d'équerrcs à la courbe. Ce qui étant fait , on prend l'épailTeur de la courbe , que l'on porte fur chaque perpendiculaire ; & à chaque point de feétion , on tire les lignes 1,2; 3>4;5''^;7>8;9;io,ii;i2,r3;i4,ij;&i(î,i7; lefquelles li- gnes font autant d'équerres à la courbe , ainfi que celles de delTous. Lorfqu'on a ainfi marqué l'épaiffeur & le gauche de la courbe , on a l'épaif- feur de la pièce dans laquelle elle peut être contenue , en tirant une ligne droite à chaque point le plus faillant de la courbe , tant en deffus qu'en delfous, ainfi que celles F I Si E L , lefquelles font parallèles entr'elles. Quant à la largeur de la courbe dans fon calibre ralongé , après en avoir tracé le dedans félon la méthode ordinaire , on trace le dehors par la même méthode , en obfervant de fe fervir toujours des lignes perpendiculaires, tant pour prendre les diflances fur le parallélogramme du plan , que pour les porter fur celui FGHI, qui eft celui qui contient le calibre de la courbe ralongée, laquelle, comme on peut le voir , eft dans le milieu rs , d'une largeur égale à celle du plan , laquelle eft la même par-tout ; au lieu que celle ; u de fon extrémité eft beaucoup plus large , à caufe que cette ligne n'eft pas parallèle à celle du milieu, qui eft perpendiculaire à la face du parallélogramme , qui eft le feul point où la courbe ralongée peut être d'une largeur égale à celle du plan, ainfi que je l'ai prouvé plus haut, /p. ^6j&f. Quant à l'exécution de ces fortes de courbes, elle eft très-facile, parce que lorfqu'on a corroyé le bois d'une longueur & d'une largeur égales au parallélo- gramme F G H d'une épaideur égale à celui E F I L , on commence par tracer en delFus toutes les lignes perp endiculaires qui ont feryi à la conftruc- tiôn du calibre ralongé , ainfi que les lignes d'équerre x 2 ; iS , 2^ ; IÇ) , 26 ; 20, 27; 5/-; 22 , 28 ; 23 , 29 ; 15 , 30; & a i ; lefquelles font les plus nécet faires. Cette opération étant faite , on prend avec la faufTe équerre la pente de la courbe , ( comme par exemple la ligne t ij ,) & on trace avec cette faufîe equerre fur le champ de la pièce , toutes les lignes du deffus pour les retourner en deffous , & pouvoir y tracer le cintre de la courbe,' foit avec des points pris fur les perpendiculaires , ou avec un calibre , ce qui eft la même chofe. Planche Planche ^40. 372 M EN U I S I E R, II. Partie , Chap. XII. = donner à la courbe ralongée, qui eft , qu'elle ne tomberoit plus à-plomb de celle du plan , fur lequel j'ai aulTi marqué ce qu elle excéderoit par une autre ligne ponduée ; ce qui prouve qu'une courbe oblique ne fauroit tomber à-plomb d'une courbe horifontale tant en dedans qu'en dehors, fans que l'une des deux foit d'une inégale largeur ( * ) , ce qui n'arrive pas aux courbes rampantes , lef- queUes font toujours de largeur égale, quoique le calibre ralongé foit d'iné- gale largeur , ce qui arrive , à caufe qu'en les dégauchilTant , les lignes d'équerre qui étoient trop longues, reviennent à leur longueur naturelle, ainfi qu'on peut le voir dans hfig. i , où la ligne ab mife d'équerre, fuivant l'à plomb de la courbe , ainfi que la ligne cd (qui pour lors eft la même que celle j ^ , ) que cette ligne , dis-je , devient égale à celle e fia plan , fig. 2. . Les règles que je viens de donner couchant les courbes rampantes , font gé- nérales pour tous les cas poffibles , c'eft-à dire , que de quelque forme que foit leur plan , on doit toujours fe fervir de la même méthode , tant pour leur élévation (que pour avoir leurs calibres ralongés), laquelle doit toujours être la même, prife dans tous les points d'une courbe , pourvû que le plan foit un cercle ou un arc de cercle , ce qui eft fort aifé à concevoir , pour peu qu'on veuille y faire attention. Soit par exemple , le demi-cercle ABC,f;g.ï,h moitié du plan de l'hélice DEF,( laquelle fait une révolution entière fur elle-même , & eft tracée fé- lon la méthode que j'ai donnée ci-deffus , ) foit , dis-je, que l'on eût cette hé- lice ou courbe rampante à conftruire , il eft certain qu'on ne pourroit pas la pren- dre dans une feule pièce de bois , à moins que le fil du bois ne fût perpen- diculaire au plan, ce qui ne vaudroit rien & ne feroit pas folide. Donc, pour donner plus de folidité à la courbe , & pour que le fil du bois fuive la rampe, on doit la faire de plufieurs pièces alTemblées à traits de Jupiter , ce que l'on fait de la manière fuivante : On commence par marquer le plan de la courbe , ainfi que celui GHIL, fig. 1 , que l'on divife en autant de parties égales qu'il en eft befoin , ou pour mieux dire , en autant de parties qu'il y en a fur félévation , ainfi qu'a été divifé le demi-cercle A B C , fig. i ■ enfuite on marque fur le plan ,fig.^, les affem- blages félon la longueur & le nombre des courbes que l'on veut employer; puis de l'extrémité de chaque courbe , on forme un parallélogramme abcd,[m lequel on élevé la partie de l'hélice qu'il renferme , félon la méthode ordin'aire. On obfervera cependant que pour avoir le contour de la courbe bien jufte , lorfque l'extrémité de l'affemblage n'ira pas jufqu'à une des divifions du plan, il faut prolonger la longueur de la courbe jufqu'aux plus prochaines divifions, pour ( * ) Ce que je donne ici pour la Jargeur des courbes rampantes , n'en eft véritablement que l'cpainiur; c'eft pourquoi j'avertis que dans la fuite je n'en parlerai que de cette manière ; & fi jufqu'à préfent je ne l'ai pas fait , c'efl que j'ai cru ne pouvoir feire autrement , vu que les plans ou les calibres ralongés, confidérés feulement' comme furfaces , n'ont que des largeurs , Se ne peuvent pas avoir d'épaiiTeur. ' l'élévation Section III. §. I. Déterminer L'épaiJJcur & la largeur des Courbes , Sic, 373 l'élévation feulement , ainfi qu'on peut le voir clans la figure 3 , où les perpen- diculaires e 0 ,fp ,gq&.lil, font prifes fur les lignes du plan eftkgli , lef- quelles perpendiculaires ne fervent que pour l'élévation & pour avoir la bafe i l ; car pour le reftangle r stuàa calibre ralongé , on fe fert toujours des perpendi- culaires prifes fur les extrémités de la courbe, lefquelles donnent la longueur de la bafe m « , dont la diftance jufqu'à la bafe z / , ou à toute autre divifion bori- fontale , eft donnée par la rencontre de la courbe avec les lignes perpendicu- laires correlpondantes à cette bafe. Si on vouloit éviter de faire la courbe plus longue qu'il ne faut , du moins en élévation , on s'y prendroit de la manière fuivante : On trace à part quelques lignes liorifontales , fl^. 7, d'une diftance égale à celles de la fig. 3 , qui elles-mêmes le font à celles de la fig. r ; enfuite on élevé fur ces lignes horifbntales des perpendiculaires d'une diftance égale aux di- vilîons extérieures du plan ; & à la rencontre de chacune de ces lignes , on fait paifer une ligne 1,2, laquelle repréfente l'inclinaifon développée de la courbe ; puis on prendra fur le plan la diftance j/ que l'on portera de 3 à 4, auquel point on élèvera une perpendiculaire 4 , 7 ; & au point où cette dernière ren- contrera la ligne l , 2 , on fera pafter une ligne horifontaie 5,6, laquelle fera la bafe demandée , ce qui eft d'autant plus vrai , que la diftance 7 , 5' égale celle ' & X que celle J , 4 égale celle xq. Ce que je viens de dire pour cette courbe , peut & doit s'appliquer aux quatre autres que j'ai faites d'une égale longueur, pour mieux prouver ce que j'ai avancé plus haut, que le calibre ralongé d'une courbe, dont le plan eft plein- cintre ou partie de cercle , eft toujours le même à tel point de la courbe qu'on le prenne , pourvu toutefois que le point milieu du calibre réponde au point de divifion qui eft: perpendiculaire à la bafe du plan , ou pour mieux dire à la bafè de la partie du plan où l'on veut faire fervir le calibre, ce qu'il eft fort aifé de voir , puifque les figures 4 , y & 6 font exaélement pareilles à celle 3 , ce qui n'a befoin d'aucune autre démonftration que la figure même. Quant aux affemblages des courbes , je me fuis contenté de les marquer fur le plan ; & fi je ne l'ai pas fait fur l'élévation , ce n'a été que pour ne point mul- tiplier les lignes de conftruétion , dont le nombre eft déjà très- confidéra- ble ; c'eft pourquoi j'ai rélèrvé cette explication à la Planche fuivante. Lorfque les courbes rampantes font fur un plan irrégulier , comme les parties d'ellipfes , les S , &c , on fe fert toujours de la même méthode que ci-devant pour en tracer l'élévation & le calibre ralongé , ( méthode qui eft générale pour toutes les efpeces de courbes , ainfi que je l'ai déjà dit , & qu'on peut le voir dans les figures 4 & 5. ) Cependant il eft très-elfentiel d'obferver que ces fortes de courbes Ibnt lù- jettes à deux inconvénients ; favoir , que leurs calibres ralongés ne peuvent fervir que pour le point de la courbe fur lequel ils ont été pris ; fecondement, Menuisier. II. Part. C c c c c Planche 1^0. Planche 374 M E N U I S I E R, 1 1. Partie , Chap. XII. = que leur équerre ne peut être donnée par des lignes tendantes aux centres du plan , ainfi que dans les plans plein-cintre. Le premier de ces deux inconvénients n'eft pas fort confidérable , vu qu'il ne peut donner qu'un peu plus de fujétion dans la conftruélion des courbes , fur- tout quand elles font de plufieurs pièces affemblées les unes dans les autres , ainfi que les fig. 4 (& 5. Il n'en eft pas de même du fécond , qui eft l'écueil contre lequel échouent prefque tous les Praticiens. Ordinairement lorlqu'on fait de ces fortes de courbes, on commençe par divi- fer la partie extérieure du plan en parties égales , ainfi que l'eft la portion d'el- lipfe ou d'ovale (*) A B C D ,Jîg. r ; & des points i , 2 , ^ , ^ , ^ , 6 Scy , on mené autant de lignes aux deux centres de l'ovale O ou P , félon que les points d'où ces lignes partent , font fur des arcs de cercles correipondants à ces centres , ce qui donne les lignes 1,8; 2,9; 3 , 10 , &c , qui font autant d'équerres à la courbe. La difficulté qui réfulte de cette méthode , eft que quand les courbes font divifées par dehors en parties égales, le développe- ment de leurs courbes forme une ligne droite , ce qui eft bon ; mais il n'en eft pas ainfi du dedans où les divifions deviennent inégales à chaques différents arcs de cercles ; d'où il réfulte qîie le développement du dedans de la courbe fait un angle , & par conféquent ne rampe pas également , ce qui donne des lar- * geurs de courbes inégales. Pour être convaincu de ce que j'avance, fiippofé que la diftance oqovibp, fig. 2 , foit une des divifions du plan , & que la hauteur foit la hauteur du rampant de la courbe à chaque divifion , il eft certain que la hauteur perpendi- culaire de la courbe rampante , repréfentée par le parallélogramme a b c d, fera de y à ^. S'il arrivoit qu'on bornât la largeur du parallélogramme par la ligne ;• s, fans rien changer à fa hauteur , le point q fur lequel palTe le parallélogramme ah ci étant fixé , il faudroit néceflàirement que fon inclinaifon fût plus grande , pour que fon côté fiipérieur paflàt par la ligne s , ainfi que fait le parallélogramme e fi g h ; d'où il s'enfuit que la largeur perpendiculaire q y eH plus grande que celle q i. Si enfin la largeur du parallélogramme repréfentant une divifion du plan , étoit bornée par la ligne t u , le parallélogramme i Im n feroit encore plus in- cliné , & auroit par conféquent une largeur perpendiculaire qx , plus grande que les deux premières. En général ,11 réfulte de cette démonftration que non-feulement pour qu'une courbe fur un plan quelconque rampe bien , il faut que les divifions tant de lar- ( *) Si je dis ici ellipfi ou ovale , ce n'eft pas que j'aie eu l'intention de faire prendre indiffé- remment l'une pour l'autre ; mais ce n'eft que parce que les Praticiens , ou du moins la plus grande partie, ne connoiftent que l'ovale , ce qui m'a fait dire l'une ou l'autre , afin de mieux faire entendre ce que j'ai à dire à ce fujet. Section 111. §. I. Déterminer tépaiffiur & la largeur des Courbes , &c. 37; geur que de hauteur, foient égales entr'elles , ainfi que je lai déjà démontré , pag. 303 & ^66 ; mais encore que quand cette courbe eft d'une forte épaiiFeur , & qu'eUe eft vue des deux côtés , il faut que fes lignes d equerre foient don- nées tant en dedans qu'en dehors, par des points de divifion égaux entre- eux ; c'eft-à-dire , qu'il faut divifer la ligne intérieure du plan en parties égales ainfi que l'extérieur, ce qui arrive tout naturellement dans les courbes dont le plan eft un cercle. Ainfi quand on aura des courbes rampantes dont le plan fera irrégulier , on divifera le dedans & le dehors en parties égales pour avoir les lignes d'équerre , ainfi que je l'ai fait aux figures 4 & 5 , & à la portion de plan GHI L ,fig. 3 , où les lignes d'équerre 22 , 15 ; 23 , 16 , &c , font données par des divHJons égales , & où j'ai marqué par des lignes ponfluées , les lignes d'équerre données par la méthode ordinaire, (c'eft-à-dire , par des lignes tendantes au centre de l'ovale , ) afin que l'on puifle juger d'un feul coup d'œil de la différence qu'il y a entre ces deux manières d'opérer, laquelle eft plus fenfible à raifon de la plus grande épaiffeur de la courbe , ( ou de la plus grande largeur du plan , ce qui eft la même chofe , ) ainfi que je l'ai indiqué parla ligne M A^, laquelle eft divifée en parties égales aux points x x. J'ai auffi fait une féconde courbe £ F en dedans de la figure r , pour faire mieux fentir l'inégalité des divifions intérieures de la courbe, en raifon de fa plus ou moins grande largeur, celle du petit arc de cercle de la courbe E F étant beaucoup plus petit que ceux de fon grand arc , proportion gardée avec l'inégalité qui fe trouve dans la courbe D C. Quant à ce qui eft des courbes rampantes ,fg. 4 <§■ y, leur conftruflion eft la même qu'aux précédentes ; pour ce qui eft de leurs aftêmblages , après les avoir marqués fur le plan , de tous les angles de ces afiimblages on élevé autant de per- pendiculaires à félévation, lefquelles donnent les arafements des joints & la lon- gueur des languettes , ainfi qu'on peut le voir dans la figure 5, où les mêmes alfem- blages font tracés fur le calibre ralongé , fuivant la méthode ordinaire ; c'eft pour- quoi je n'en ferai aucune démonftration. Pour ce qui eft des calibres ralongés de ces courbes , il faut prendre garde de les changer , à moins toutefois qu'ils ne foient pris dans les axes de l'ellipfe du plan , ainfi que ceux des figures 4 & 5 , dans lequel cas on peut les retourner fens-delTus-deiTous , en obfervant de conferver le parallélifme des axes, que l'on aura bien foin de marquer fur ces calibres ; hors ce cas , il faut faire autant de ca- libres que l'on a de parties à la courbe , fuppofé qu'elle foit trop grande pour la faire d'une feule pièce ; ou bien fi on fait le calibre d'une feule pièce , ou pour mieux dire, fi l'on ne fait qu'un calibre , on y marquera les joints que l'on portera enfuite fur les différentes parties de la courbe , avec l'attention de couper ces joints très-juftes , afin de ne point faire la courbe trop large ou trop étroite, ce qui , à la vérité , demande beaucoup de précifion de la part de l'Ouvrier , qui n'a point cette fujétion dans les courbes dont le plan eft circulaire. 37^ MENUISIER, II. Partie, Chap. XII. : Ce que je viens de dire touchant les courbes rampantes , dont le plan eft d'une Planche forme elliptique , doit auffi s'appliquer à celles dont le plan eft d'une forme mixte , ou bien en S , comme celui A B C D ,fig. 3 ; dans ces diftérens cas , il faut toujours divifer les lignes intérieures & extérieures du plan de la courbe en parties égales ( * ) , afin qu'elle rampe également en dedans comme en de- hors ; ce qui ne peut être , quand le plan de ces courbes n'eft diyifé en parties égales que par un de fcs côtés , & que les lignes d'équerre partantes de ces divifions , vont tendre aux différents centres du plan , ainfi qu'on peut le voir dans les figures i & 3 , où je n'ai fait tendre les équerres au centre du plan que pour en faire fentir toute la difEculté , & pour faire voir l'inégalité des divifions fur la ligne extérieure du plan coté B C , &. par conféquent la mauvaife forme du rampant extérieur de la courbe , fig. 2 , lequel rampant extérieur ell plus doux que fintérieur depuis le point G jufqu'au point H , duquel point jufqu'à celui 7, il devient beaucoup plus roide que ce dernier, (c'eft-à-dire, l'intérieur, lequel rampe par-tout également), ce qui eft un très-grand défaut,. fur-tout quand la courbe eft d'une forte épai/Teur , & que les centres de fon plan font très-proches , ainfi que dans les figures ci-defTus. S'il arrivoit que la courbe ne fût pas fort épaifl"e , on pourroit s'éviter la peine de divifer les deux côtés de fon plan en parties égales , fe contentant de divifer la largeur du plan de la courbe en deux parties égales , ainfi que la ligne ponc- tuée FF, laquelle on divifera en parties égales, &par lelquelles divifions palîè- ront les lignes d'équerre de la courbe , lefquelles iront tendre aux centres du plan de la courbe , laquelle rampera d'une manière afliz gracieufe , à condition toutefois qu'elle ne foit pas d'une forte épaifi^èur. Si les courbes rampantes fur un plan en S , deviennent d'une mauvaife forme , lorfque les lignes intérieures & extérieures de leur plan ne font pas divifées en parties égales , du moins une des deux comme dans la fig. 3 , c'eft encore bien pis , quand ces divifions ne fe font pas fur une des lignes du plan , mais fur une ligne intermédiaire entre deux courbes, ainfi que celles l> c,fig.j; ilarrive alors que les divifions faites en parties égales fur cette ligne, & menées aux centres du plan de la courbe , donnent au dedans & au dehors du plan , des divifions d'une inégalité très-confidérable ; d'où il réfulte touts les inconvénients dont j'ai parlé ci-delîùs (** ) , ainfi qu'on peut le voir dans la fig. 3 , où j'ai marqué des mêmes (*") On obrervera en divifant les côtés d'un plan irrégulier en parties égales, de le faire en un plus grand nombre de parties poiTibles, ce- pendant en rapport avec le nombre dont on a befoin , afin qu'il y ait moins de différence en- tre les cordes que forment ces divifions & les arcs qu'elles foutiennent , ainfi que je l'ai obfer- vé dans la divifion de la ligne a h c,Jïg. 3 , que j'ai divifé en 2 1 , pour avoir 7 parties égales , ce que J'obferverai à toutes les courbes irrégulieres, celles qui font régulières n'en ayant pas befoin , puif- que les cordes des divifions de ces courbes , & les arcs qu'elles foutiennent , font toujours en même proportion tant que les corde- font d'é- gale longueur, ce qui n'efl exadement vrai que dans le cercle. (*'*') L'obfervation que je fais iciefl très-effen- tielle , l'expérience faifant voir rous les jours que de très -habiles Praticiens tombent dans cette faute , fe fondant fur l'ufage où l'on efl, fur-touc dans !e cas des efcaliers , dont le plm efl d'une forme cintrée , d'en faire tendre au centre toutes les marches 5: les équerres des courbes, ce qui ne peut raifonnablement être que dans le cas on chiffres , Section III. §. II. Déterminer la largeur des Courbes rampantes , Se. 377 cîiifFres, tant au dedans qu'au dehors du plan de la courbe , les divilîons données . par la ligne abc, qu'il ne faut cependant pas confondre avec les divilîons de la Planche première opération. J'ai auffi marqué par des lignes ponftuées d , e ,f, 8c g , k , i , l'élévation de cette courbe ainfi divifée , afin que l'on puilTe en voir toute la difformité, la- quelle feroit encore bien plus grande , fi cette élévation étoit développée fur une ligne droite. Quant à la manière de tracer f élévation & le calibre ralongé de la courbe dont je viens de parler, c'eft toujours la même méthode que ci-devant; il faut cepen- dant obferver que je n'ai pas fait félévation de la courbe fur la plus grande longueur du plan qui auroit dû être la ligne Z M, parce que j'étois bien aife de faire voir l'élévation de cette manière , afin que l'on fentit mieux la différence du rampant intérieur & extérieur de la courbe, qui n'auroit pû être fi bien fen- tie , fi j'avois fait l'élévation de la courbe fur la ligne L M ; de plus , de quel- que façon que l'on s'y prenne pour faire l'élévation d'une courbe rampante , le calibre ralongé ne change jamais , ainfi que je l'ai démontré plus haut , puif- que le parallélogramme QRST,tOi égal en longueur à la ligne MM, & largeur à celle Z 5 ; & que la hauteur Z Meft égale à celle O P. §. 1 1. Manière de dccerminer la largetir des Courbes rampantes , tatufunpks que doubles , relativement à une largeur horifontale donnée. Quand j'ai parlé de la manière de mettre les courbes rampantes de largeur , i j'ai fuppofé que cette largeur étoit prife fur une perpendiculaire à leur bafe , Pi-anche ce que j'ai fait pour en rendre l'intelligence plus facile. Il s'agit maintenant de mettre non-feulement une courbe rampante d'une largeur égale dans toute là longueur , mais encore que cette largeur foit relative ou égale à une largeur horifontale donnée , & que cette largeur foit commune à deux courbes rampan- tes , concentriques entr'elles , & par conféquent d'une beaucoup plus grande inclinaifon l'une que l'autre. Soit, par exemple , la hauteur du profila b,fig.i, laquelle eft donnée pour largeur des deux courbes A B , &. C D ; leur plan étant tracé , on les divife en parties égales , & l'on trace l'élévation des courbes à l'ordinaire , du moins pour le delTous ; enfuite pour avoir la hauteur des perpendiculaires de chaque courbe, laquelle doit être la même à toutes les deux prifes perpendiculairement félon leur rampe ou inclinaifon , on s'y prend de la manière fuivante : Au milieu d'une divifion du plan , on mené une ligne ainfi que celle cd, la- quelle eft par conféquent perpendiculaire à toutes les cordes des arcs qu'elle le plan ferolt un arc de cercle , ou un cercle en- tier, & non pas une partie d'ellipie ou roure au- tre forme irréguUere , ainS que je viens de le faire Menuisier. II. Part. voir, & que je le prouverai encore mieux i parlant des efcaliers. Ddddd 378 M E N U I S I E R , II. Partie. Ckap. XII. ~ coupe en deux également ; enfuite au dehors du plan , on mené les deux lignes e/, 8c g h, perpendiculaires à celle c d, en obfervant que la diftance cg oxtfh, foit égale à la hauteur d'une des divifions de l'élévation. Puis des points i l , &. ni o , on élevé des perpendiculaires parallèles à celle c d , qui venant à rencontrer les lignes e f Si. g h, forme les parallélogrammes e g hf Se & p , par les angles defquels on fera paffer des lignes obliques, dont la pente fera celle des courbes développées : favoir , celle gf pour le dehors de la grande courbe , & celle n p pour le dehors de la petite , ainfi qu'on peut le voir par les lignes perpendiculaires qui ont donné la largeur de chaque paral- lélogramme. L'inclinaifon développée de chaque rampe étant une fois connue , on en a la hauteur perpendiculaire , en menant une ligne parallèle à chaque ligne oblique dont la diftance fera égale à celle donnée , c'eft-à-dire , que la diftance g q ou f r , ou bien celle « j ou jO t , fera égale à celle a h , fig. i ; puis on a la largeur perpendiculaire de chaque courbe en prenant la diftance qu'il y a du point u , (où les premières lignes obliques gf Scn p, fe croifent & coupent la ligne c d^ jufqu'aux points x Scy , où les autres lignes obliques q r Se s c , coupent cette dernière ; de forte que la hauteur a x eft la largeur perpendiculaire de la courbe A B ,8e celle ny , U largeur de celle CD, ainll qu'on peut le voir dans les fig. I & 2 , & dans celle 3 , que j'ai dellînée au double des autres , afin qu'elle foit plus fenfible , & où les largeurs perpendiculaires de chaque courbe font mar- quées des mêmes lettres que dans la figure 4. Il faut faire attention que cette opération n'eft faite que pour le dehors de chaque courbe , que j'ai fuppofé être le parement de l'ouvrage ; fi au contraire le parement étoit en dedans, on prendroit les perpendiculaires qui fervent à donner l'inclinaifon des lignes obliques , à l'endroit où les divifions du pian cou- pent les cercles intérieurs , ce que j'ai indiqué par des lignes ponéluées fans au- cuns chiffres ni lettres , ainfi que les lignes obliques qui réfultent de cette opé- ration , qui eft la même que la première , à l'exception que les longueurs per- pendiculaires des courbes prifes fur la ligne c d changent, celle de la grande courbe devenant plus large , & celle de la petite devenant plus étroite , ainfi qu'on peut le voir dans la figure 4. Ce changement de largeur perpendiculaire de courbe , ne fait rien quand l'ouvrage eft à un parement , foit en dedans ou en dehors , ainfi que je l'ai fup- pofé ; mais fi l'ouvrage étoit apparent au dedans & au dehors de chaque courbe , il faudroit dans ce cas mettre les courbes chacune à leur plus grande largeur per- pendiculaire , & faire un ravalement du côté qui devroit être plus étroit , lequel côté eft toujours le plus grand cercle de la courbe. Il eft une autre manière de trouver la largeur perpendiculaire des courbes rampantes , qui quoique la même que la précédente , femble être moins com- pliquée ; c'eft de marquer la largeur horifontale des courbes fur une des divi- Section III. §. II. Déterminer la largeur des Courbes rampantes , &c. 37(5 fions de l'élévation , ainfi que celle a b , fig. r ; puis on élevé fur la plus bafîè i;^:;:::;:^— - de ces diviiloas , la perpendiculaire ly , que l'on prolonge indéfiniment ; en- Planche fuite on prend fur le plan^o-, 4, la diftance z /, que l'on porte de i à 3 ; & du point u , où la perpendiculaire coupe la féconde ligne de divifion , on tire la diagonale u 3 , dont l'inclinaifon eft le rampant développé de la grande courbe, à laquelle on mené une parallèle d'une diftance égale à celle a b , laquelle vient couper la perpendiculaire ij au point x , ce qui donne la diftance u x pour la largeur perpendiculaire de la grande courbe. On fait la même opération pour la petite , c'eft-à-dire , que l'on porte la dil? tance m 0 , de i à 2 , ce qui donne l'inclinaifon de cette courbe , & par confé- quent fi hauteur perpendiculaire de u 11 j. Comme ces courbes peuvent être ornées de moulures, leurs joints avec les parties horifontales ne peuvent pas être perpendiculaires , vu la différence des hauteurs , tant des deux courbes entr'eiles , que de ces dernières avec les parties horifontales ; c'eft pourquoi pour déterminer la place de ces joints , on prolonge les lignes horifontales jufqu'à ce qu'elles rencontrent les lignes inclinées ; & à leur rencontre , tant fupérieure qu'inférieure, on mené une ligne droite qui eft le joint demandé , ainfi qu'on peut le voir dans la figure i , où la ligne a 4 eft le joint de la grande courbe , & celle m 5 eft le joint de la petite ; cette manière de faire les joints des parties rampantes avec les parties horifontales, fc nomme raccord à angle. Il eft une autre manière de faire raccorder les parties rampantes avec les parties horifontales , que fon nomme raccord rai/oz/fz , laquelle fe fait de la ma- nière fuivante : On commence par tracer le raccord comme s'il étoit à angle ; puis on prolonge les lignes des joints jufqu'à ce qu'elles rencontrent la perpendi- culaire 8 , 6 aux points 7 & 8 ; & de ces points comme centre , & des points 9 & 5 , on décrit des arcs de cercles qui correfpondent nécelfairement aux lignes inclinées des courbes rampantes , puifque l'angle que ces dernières forment avec les parties horifontales , eft coupé en deux également. Lorfqu'on aura deux courbes concentriques , ainfi que dans cette figure , il faut obferver que le point de centre des deux courbes , foit toujours fur la même perpendiculaire , afin que les parties courbes & droites rampent égale- ment. Quant à la diftance de la perpendiculaire 8 , lî, elle n'eft pas abfolument bor- née ; cependant il ne faut pas qu'elle foit trop proche du point zz , parce qu'alors le point de centre fe confondroit avec le defi"ous des parties horifontales & ram- pantes ; c'cft pourquoi il eft bon qu'il y ait toujours une diftance capable de con- tenir un petit arc de cercle , pour que le raccord fe fafle delfous les courbes comme deiTus. Ce que je viens de dire touchant la manière de mettre de largeur deux Planche courbes concentriques , eft applicable non-feulement à celles dont le pl ê 38o M E N W I S I E R, II. Pan. Chap. XII. eft un cercle parfait ou un arc de cercle , ce qui devient égal , la partie pou- '"^ vant être prife pour le tout; mais encore à celles dont le plan eft d'une forme elliptique , à condition toutefois qu'il ne foit pas beaucoup plus long que large , ainfi qu'on le verra ci-après. Soit par exemple, le plan ovale A B C D,fig. 4, fur lequel on voulût élever deux courbes rampantes en fuivant la méthode que je viens de donner , on com- menceroit par divifer le dedans & le dehors de chaque courbe en parties égales , ainiî que l'indiquent les lignes 0 x , 0 x , 0 x ; mais fi ces deux courbes étoient difpofées pour être afferablées enfemble , comme pour un plafond de rampe , il faudroit que les divifions extérieures des deux courbes tendiffent l'une à l'autre , ou pour mieux dire, formafTent une ligne droite , ce qui ne peut être que quand le plan eft formé par des lignes droites , ou par des arcs de cercles concentri- ques ; puifque les divifions que l'on fait fur un arc de cercle , étant menées au cen- tre , divifent en parties égales les autres arcs infcrits ou circonfcrits à ce dernier. Il n'en eft pas de même des plans irréguliers , oi!i les centres ne font pas les mêmes , ainfi que je Fai démontré page 374 , & qu'on peut le voir dans la figure 4 , où les lignes 0 v. des divifions de chaque courbe , ne forment pas une ligne droite ; mais comme cette différence efl très-peu de chofe , on pourra dans le cas d'un plafond de rampe , fe fervir des divifions formées par les lignes droites 0,0, pour les équerres de la courbe , tant en deffus qu'en delFous ; étant de plus très-rare que ces courbes foient à double parement fur les faces perpendicu- laires. Si les courbes rampantes dont le plan eft elliptique , ont cette difficulté , c'eft encore bien pis quand leur plan eft d'une forme cintrée en S , comme celui E F B D ; parce que dans ce cas fi Ton fait les divifions égales tant en dedans qu'en dehors de chaque courbe , ainfi que celles a b , ah, chacune de ces lignes ne forme pas une ligne droite avec celles qui lui eft oppofée , ce qui met dans le cas , ou de faire l'intérieur des courbes d'un rampant inégal , & par conféquent jaré- teux, fi Ton fe fert des lignes droites aa tant en defius qu'en deffous ; ou bien fi au contraire on fe fert de ces lignes par defîbus ( comme il eft indifpenfable de le faire dans le cas d'un plafond , ) & de celles a b , par deffus pour rendre aux courbes leur rampant ordinaire , ces courbes deviennent d'inégale largeur fur leurs faces intérieures , ainfi qu'on peut le voir dans les figures 2 & 3 , où les hauteurs c d, font les véritables largeurs perpendiculaires de chaque courbe ; & celles fd , font les lignes d'équcrre du defîùs des courbes , produites par celles du plan coté a b ; ds forte que les diftances y A , font ou plus grandes ou plus petites que celles c d, différence qui eft caufée par les diverfès inclinaifons des lignes d'équerre du defiâjs & du deffous , lefquelles font pro- duites par les lignes du plan coté a b 8c a a. Cette différence de largeur fait un très-mauvais effet , fur-tout quand les courbes font vues par-deffus ; c'eft pourquoi dans ce cas , c'eft-à-dire , quand elles feront 3 8a MENUISIER, Il Partie. Chap. Xll. ==. la face intérieure fe trouve d equerre avec celle de deffous ; au contraire , la tcHE courbe intérieure doit être plus mince par la même raifon , ainfi que l'indique les lignes ponÛuées / /, ce qui donne beaucoup de fujétion , fur-tout quand les courbes font d'une largeur confidérable , & que le delTus doit être d'égale épaifleur. Ce que je viens de dire renferme en général toute la théorie des courbes rampantes , ayant mis tous mes foins pour ne rien lailTer échapper tant dans la manière de les conftruire , que dans le détail des difficultés qui nai/Tenr par les différentes formes des plans ; d'où il faut conclure que les formes les plus fimples font les meilleures; & que comme une courbe rampante ne fera jamais bien que quand fon développement fera une ligne droite, ainfi que je l'ai démon- tré, il faudra donc toujours divifer le périmètre de fon plan en parties égales, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur , & éviter fur-tout les formes cintrées en S , & tout autre cintre d'une forme irréguliere & tourmentée , -dans lefquelles for- mes beaucoup de Menuifiers ont fait confifter tout le mérite de leurs ouvra- ges , croyant avoir acquis beaucoup de mérite lorfqu'ils ont fait de ces précieu- fes bagatelles , qu'ils n'auroient sûrement pas faites s'ils en avoient connu tous les défauts ; ou fi les connoifTant , ils ne les avoient pas crus inévitables , ne voyant pas, faute de théorie , ni ce qui donnoit naiflânce à ces défauts , ni les moyens de les réparer, fuppofé que cela fût poffible ; c'eft ce défaut de théorie, & s il efl: permis de le dire , la manie de mettre des cintres par-tout, quia don- né lieu à une infinité d'ouvrages , lefquels font quelquefois d'une très-heureufe exécution , mais dans lefquels on apperçoit une profonde ignorance de princi- pes , & où l'ouvrier paroît tout feul , & s'eft , fi je l'ofe dire , conduit à tâtons , ne devant qu'au hafard la plus ou moins grande réufTite de fon ouvrage. SectionQuatrieme. Des Courbes cintrées en plan & en élévation , en général. L E s courbes dont il me refte à parler , font celles qui non-feulement font cintrées fur leur plan , comme celles de lafeconde efpece dont je viens de traiter, c' eft-à-dire , les courbes rampantes , mais encore qui font cintrées fur l'éléva- tion , ainfi que celles de la première efpece , c'eft-à-dire des arêtiers ; c'eft pourquoi fi on a bien entendu ce que j'ai dit des deux efpeces de courbes , il fera fort aifé de parvenir à la connoilTance de celles de la troifieme efpece , dont toute la théorie eft un réfumé de celle des deux autres. Lors donc que l'on a de ces efpeces de courbes à faire , il faut d'abord fe rendre compte du cintre de face de la courbe & de celui de fon plan , que l'on divife en parties égales, fur lefquelles divifions on élevé des perpendiculaires au cintre de face , à la rencontre duquel on prend des hauteurs pour mettre la courbe d'équerre félon l'évafement ou la direélion du plan , parce qu'il y a des Section IV. §. I. Des Courbes cintrées en plan , 6c. 3S3 occafions où les équerres font évafées & tendent au centre du plan , & d'au- - très où elles font parallèles entr'elles, & perpendiculaires à la bafe du plan , PlancHB ou obliques à cette dernière , ce qui cependant «e change rien à la manière d 0- pérer , ainfi qu'on le verra ci-après. §. I. Des Courbes cintrées en plan , donc les équerres tendent au centre du plan. Lorsque les équerres des courbes tendent au centre du plan , on fe fert pour leur conftruâion de la méthode fuivante : Le plan ABC , fig. i , étant tracé , on le divife en autant de parties qu'on le juge à propos, ainfi que celles a,b,c, ^> ^ ■>f^S'-> °" mené de chacun de ces points autant de lignes au centre du plan , lefquelles défignent les équerres de la courbe ; enfuite on trace le cintre de face de la courbe perpendiculairement au-deffus du plan , ainlî que les arcs de cercles E F pour le deflbus de la courbe , & G Hpom le defllis , auxquels arcs on élevé autant de perpendiculaires qu'il y a de divifions fur le plan , tant à l'ex- térieur qu'à l'intérieur de ce dernier ; enfuite on a les équerres ^u pour mieux dire , le gauche de la courbe , en élevant d'autres perpendiculaires à chacune de celles produites par les divifions extérieures du. plan aux points où ces der- nières rencontrent le cintre de face tant en dcfilis qu'en defious , ainfi que les lignes E i , o , p 16 , r l'y , s iS Se F 6 , qui font autant d'équerres à la courbe perpendiculaire à celle du plan ; & par les points où ces lignes rencontrent les perpendiculaires produites par les divifions intérieures du plan, on fait paiTer une ligne courbe qui eft le gauche demandé. On fait la même opération pour le deffiis de la courbe , & on a les équer- res G 1^,17, u8, X ç), jiOjcS'ir, œ 12 Si H t:}, lefquelles donnent l'autre gauche; ainfi qu'on peut le voir dans la figure ci-delTus. Les points ç & j n'ont point de gauche , parce que l'équerre du plan fe confond avec la perpendiculaire , ce qui n'a befoin d'aucune explication. Si on ne vouloir ou qu'on ne pût pas abaifler de perpendiculaires fur les lignes provenantes de la divifion du plan, on auroit les gauches delà courbe , en faifant 2,15 égal à ; 3, Ii5 égal lip;4,ij égal à m /• ; & 18 égal à n s ; ce qui eft la même chofe que d'abaifler des perpendiculaires furies lignes de projedion, ce qui n'a befoin d'aucune démonftration. Tant que les courbes ne font pas beaucoup cintrées tant fur le plan que fur l élévation, il n'y a pas beaucoup de difficulté, ainfi qu'on a pû le voir dans la figure i , où les cintres de face font parallèles l'un à l'autre vus géométrale- ment , ce que j'ai fait pour faciliter l'intelligence de fopération ; parce que dans rexacT:e vérité , ils ne peuvent être parallèles entr'eux que quand la courba eft développée fur une ligne droite. Cette difficulté embarraffe beaucoup les Praticiens , & les a fait recourir I différentes méthodes , lefquelles approchent plus ou moins de la vérité , mais Planche lis. 384 M EN U I S I E R, II. Partie , Chap. XII. - dont ils ne peuvent rendre raifon. D'autres ne voulant point faire les re- cherches néceffiiires , fe font contentés , après avoir cintré leurs courbes fur le plan & fur l'élévation , de les mettre de largeur avec le trufquin , ou bien avec des ferions de compas , ce qui , à la vérité , devient très-jufie , mais ne donne fur l'élévation aucune me&re pour pouvoir couper les panneaux qui doivent entrer dans ces courbes , ne le faifant qu'en les préfentant def- fus & les ajuftant peu-à-peu. Une des méthodes dont on fe fert ordinairement , lùr-tout quand les cour- bes font cintrées plein - cintre fur l'élévation , comme la figure 2 , eft de commencer à tracer le plan & l'élévation du cintre de face A B , 8c d'en avoir le gauche félon la méthode que j'ai donnée ci-deffus ; enfuite après avoir borné la largeur de la courbe , comme ai, des points c , d , du plan , où cette même largeur eft tracée , on élevé des perpendiculaires à l'élévation ; puis du point e au point a , on décrit un quart d'ovale qui eft la ligne du dehors de la courbe ; enfuite par les points où les perpendiculaires prove- nantes des divifions du plan coupent cette ligné , on abailTe des perpendi- culaires parallèles à la ligne de terre , lefquelles donnent les équerres du deflùs de la courbe. Cette méthode eft vicieufe , parce qu elle ne donne pas alTez de largeur dans les flancs de la courbe : elle ne pourroit avoir lieu que dans le cas où le plan de la courbe , au lieu d'être un arc de cercle , formeroit un angle ainfi que la ligne c k , où alors la ligne e b deviendroit néceflàirement un quart d'ellipfe. Pour vous convaincre de cette vérité , faites l'élévation de la moitié de cette courbe , ainfi que la figure 3 , ( qui d'ailleurs ne peut pas raifonnableraent être d'un feul morceau ; ) il eft fort aifé de voir que cette courbe dont toutes les hauteurs font les mêmes que celles fig. 2 , tant en deflùs qu'en deflbus ; que cette courbe , dis - je , eft beaucoup plus étroite fur la ligne il, que fur celle mn, qui cependant n'eft pas la véritable largeur; c'eft pourquoi il eft bon de donner une méthode sûre pour avoir cette largeur dans tous les cas poilibles , ce que je ferai dans la Planche fuivante. Quant à ce qui eft de la manière de tracer la courbe , fig. 3 , je crois qu'il n'eft pas nécelTaire d'en faire la démonftration , après ce que j'ai dit précédemment , en parlant des deux premières efpeces de courbes , & que l'infpedion feule de la fig ure doit fuffire pour en donner l'intelligence : il eft aifé de voir que les hauteurs des lignes perpendiculaires fervant à la conf- trudion , font égales à celles de la figure 1 , qui leur font correfpondantes , c eft-à-dire , qui font prifes fur des divifions également éloignées du centre du plan. Pour ce qui eft du calibre ralongé, fa forme eft toujours bonne, quoique l'élévation de la courbe foit d'une forme imparfaite ; k méthode de le tracer eft Section IV. §. I. Des Courbes cintrées en plan, &c. jSj eft toujours la même que pour les autres courbes dont j'ai parlé ci-devant ; on obfervera cependant qu'il n'eft pas nécefTaire que la pièce de bois dans la- quelle on prend la courbe , foit auffi longue que le parallélogramme dans lequel elle eft enfermée, & qu'on peut en fupprimer les triangles opq, 8c rst, même encore le parallélogramme œu & x , dont la largeur eft égaie à celle du parallélogramme py ^ q , lefquels je n'ai confervés que pour faire fentir l'analogie qu'il , y a entre la courbe & fon calibre ralongé , lequel ne fe trace pas toujours fur la pièce dans laquelle on prend la courbe , & que quand même on l'y prendroit, il fuffiroit d'avoir les perpendiculaires tracées fur cette dernière. Pour avoir la véritable largeur d'une courbe cintrée fur le plan & fur l'élé- vation , lorfque les équerres de cette dernière tendent au point de centre du plan , on s'y prend de la manière fuivante : Après avoir tracé le plan de la courbe , ainfi que celui A B , fig. ^ , on trace la largeur de la courbe , comme de aeni, laquelle largeur augmente du côté c en raifon de l'éloignement du point de centre ; enfuite on divife le refte du plan en autant de parties qu'on le juge à propos pour avoir des équerres à la courbe dont on conftruit le dedans félon la méthode ordinaire, ainfi que je l'ai expliqué page 383 , & qu'on peut le voir dans la figure i. Cette opération étant faite , il fembleroit tout naturel de mener deux paral- lèles aux cerces du deilbus de la courbe pour en avoir la largeur , ainfi que quelques-uns l'ont enfeigné , ce qui eft une erreur , puifque l'arc de cercle F G , qui eft parallèle à celui C D , donne des hauteurs perpendiculaires beau- coup plus grandes que l'arc / G , lequel eft celui qui termine la véritable lar- geur de la courbe , ainfi que je vais le démontrer ci-après. Le cintre de face intérieur de la courbe étant déterminé & fes équerres , comme dans la figure i , on développe fur une ligne droite les faces inté- rieures & extérieures de la moitié du plan , en obfervant de marquer tous les points de divifion par où paffent les équerres, ainfi que ceux e,f,g, h,i&.l, pour la face intérieure ; & ceux e , i,2,3,4&j, pour la face extérieure , lefquels points font marqués des mêmes lettres & des mêmes chiffres dans la figure 2 & dans la figure 3 , afin de mieux faire fentir le rapport des deux li- gnes enfemble. Enfuite par chacun de ces points , on élevé autant de perpendiculaires à la ligne L H , auxquelles perpendiculaires on donne la même hauteur qu'à celles de la figure première qui leur font correfpondantes , ou pour mieux dire femblables, pour avoir le cintre intérieur de la face, lequel fe trouve pour lors développé fur une ligne droite , & terminé par les lignes D h & Z) 3 ; puis d'une ouverture de compas égale a. a t ,fig. 3 , ou à £) G , des points x x , pris fur les cerces D hi^D T, , on fait autant de feftions 0 , 0 , par lefquelles on fait pafler les cerces G iSc G H , qui font les véritables largeurs de la courbe Menuisier. H. Part. F f ff f 386 MENUISIER, 11. Partie. Chap. XII. = développée fur une ligne droite , puifque la ligne G i eft exaâement parallèle :i celle D h , &. celle G Hl celle D 3. Il faut cependant faire attention que lorfque les équerres de la courbe ten- dent au centre du plan , comme dans la figure 3 , la méthode que je viens de donner pour trouver la largeur de la courbe , n'eft bonne que pour le pare- ment de cette dernière que je fuppofe être du côté du creux du plan ; parce que la courbe qui eft d'une largeur égale dans fon milieu D G , ne peut être égale que du côté du parement , & que de l'autre elle augmente de largeur à mefure qu'elle s'éloigne de la perpendiculaire D G , jufqu'à ce qu'elle foit au- deffùs des importes d'une largeur égale à celle 3 , 4 , ou c ce qui eft la même chofe , laquelle largeur eft plus grande que celle Ii i o\\ a b , ainfi que je l'ai déjà dit. De quelque côté que l'on falTe le parement d'une courbe , cette inégalité de largeur eft inévitable lorfqu'on fait tendre toutes les équerres de la courbe au centre du plan ; parce que fi le parement au lieu d'être du côté du creux, étoit du côté du bouge , la courbe feroit toujours d'égale largeur des deux cô- tés fur la ligne du milieu , & deviendroit plus étroite par derrière à mefure qu'elle approcheroit des impoftes, par laraifon inverfe de ce que je viens de dire. Cette inégalité de largeur eft un très-grand défaut , auquel cependant il eft fort aifé de remédier , ainfi que je le dirai ci-après , pour ne pas interrompre la fuite de cette démonftration. La ligne courbe D h étant tracée , ainfi que je l'ai dit ci-devant , on portera les perpendiculaires qui ont fervi à fà conftruftion , jufqu'à ce qu'elles rencon- trent la ccrce G i ; puis aux points de rencontre , on abaiiTe des perpendicu- laires à ces derniers , que Ton prolonge jufqu'à ce qu'elles rencontrent les perpendiculaires qui ont fervi à conftruire la cerce Z) 3 ; & par les angles que forment ces lignes , on fait paftèr la cerce G 4. Enfuite pour tracer la largeur de la courbe Jig. I , on prend la hauteur des perpendiculaires du dehors de la courbe ,fig. 1, que l'on porte fur les perpen- diculaires fig. I , qui leur font correfpondantes , ce qui donne la cerce G I , qui termine le dehors du parement de la courbe , laquelle ccrce donne des per- pendiculaires moins hautes que celle donnée par Tare de cercle F G , ce qu'il falloir démontrer. Pour mieux fe convaincre de la vérité de cette démonftration ; divi- fez l'arc C D , par des lignes tendantes au centre en forme de claveaux ; & de chaque point où ces lignes toucheront les lignes tant intérieures qu'exté- rieures du parement de la courbe , abaiflèz autant de perpendiculaires au plan , lefquelles couperont la ligne du parement de ce dernier aux points 18 , 19 , pour la ligne 9,10; aux points 3r , 22 , pour la ligne 12 , 13 ; & aux points 24 , 2J , pour la ligne l'y , 16; puis des points 19 , 22 & 25 , tirez autant de parallèles à la bafe du plan , jufqu'à ce qu'elles rencontrent les lignes perpendi- Section IV. §. I. Des Coudes cintrées m plan , &c. 387 culaires provenantes de la divifion intérieure de la courbe , ce qui donnera trois triangles redangles , dont l'hypoténufe fera une partie de l'arc du plan , & le côté perpendiculaire , la profondeur ou raccourciffement du gauche des lignes 9, ro; 12, 13 ; & r^, KÎ. Cette opération étant faite pour la ligne 9 , ïo , vous prenez fur le plan la diUance 18 , 20, que vous portez de e en r; puis du point r, & d'une ouver- ture de compas égale à la largeur de la courbe , vous faites une fedion fur la ligne ir/au point m ; Se par les points ?■& ra, vous conftruifez un triangle rec- tangle erm, dont le côté horifontal emeû égal en longueur à la ligne 5, i o , ce qui devoir être , puifque cette dernière n'étant que la largeur de la courbe vue en raccourci , devoir nécelïïdrement faire un des côtés du triangle formé fur le plan par des perpendiculaires abaiffées des extrémités de cette ligne. On fait la même opération pour la ligne 12, 13 , c'eft-à-dire, que l'on porte la diftance 2 1 , 23 , de e en y ; & celle aiourm,dej en n , ce qui forme le triangle eq n , dont le côté e n eft égal à la ligne 12, 13. C eft la même cliofe pour le troilîeme triangle dont le côté e p eft égal à la diftance 24 , 26 , & par conféquent l'autre côté e /égal à la ligne , 16. Si l'on veut faire fervir cette opération à la ligne d'épaiffeur de la courbe , fur les lignes r m , qn,pf, on conftruit les trois parallélogrammes rsum, qix n,&:p &yf, dont la longueur eft égale 3. a b , fig. j , largeur lac ouà. id; & des angles 5, & S-, on mené des perpendiculaires à la ligne ef; puis des points 10, 13 & 16 ,fg. i , on fait autant d'équerres au-deftûs de la courbe que l'on prolonge jufqu'à ce qu'elles rencontrent les lignes tendantes au centre du derrière de la courbe , & du point de rencontre , on élevé des perpendiculaires aux lignes p, 10; la, 13 ; 15, i5 ; Icfquelles perpendicu- laires rencontrent ces lignes aux points 11 , 14, & 17, dont les diftances juf- qu'au dedans de la courbe , égalent la diftance qu'il y a depuis les angles des parallélogrammes jufqu'aux perpendiculaires produites par leurs angles oppofés ; c'eft-à-dire , que la diftance p , 1 1 , eft égale à celle m 8 ; celle 12 , 14 égale à celle ny ; Si celle ly , 17 égale à celle / 6. Ce feroit la même chofe, fi des points 11 , 14 & 17 on abaiifoit des perpendiculaires aux lignes p , 11; 12, 14 ; & , 17 ; jufqu'à ce que ces perpendiculaires rencontrent les équerres du delfus de la courbe qui leur font correfpondantes. On obfervera que dans la démonftration que je viens de faire , j'ai fuppofé la courbe d une égale largeur par derrière comme par devant , ce qu'il eft fort aife de voir, puifque les trois parallélogrammes qui repréfentent les coupes de la courbe , font parfaitement reélangulaires , ce qui ne pourroit être fi la courbe n'étoit pas égale de largeur. On peut aufll remarquer que les équerres . prifes au-deffus des lignes des divifions de face ,fig. i , ne vont pas jufqu'à la li- gne d épailTeur du derrière de cette dernière , laquelle n'eft pas parallèle à la ligne E D. Cependant li on voulojt conferver cette inégalité , & en même 388 MENUISIER, II. Pan. Chap. XII. temps marquer &r les parallélogrammes le hors d'équerre de chaque coupe de la courbe , on continueroit les lignes d'équerre du delTus de chaque coupe, iufqVi'à ce qu'elles rencontralTent la cerce Z G ; & à chaque point de rencontre on éleveroit autant de perpendiculaires à la ligne du joint de face, ainfi que je l'ai dit ci-devant ; puis on prendroit la diftance qu'il y anroit du dedans de la ligne du joint , jufqu'au point que formeroit la rencontre de la perpendiculaire avec la ligne de ce même joint prolongée , laquelle diftance étant portée fur la ligne liorifontale f/yeTangle du parallélogramme fur le côté oppofé , & toujours fur la même ligne , donneroit des points auxquels on éleveroit des perpendicu- laires , lefquelles venant à rencontrer le deffous de chaque parallélogramme , donneroit leur hors d'équerre. J'ai démontré plus haut la néceffité qu'il y avoit de mettre les courbes d'égale largeur tant devant que derrière , & les inconvénients qui réfultent de ces iné- galités. Il me refte à parler préfentement , de la manière d'éviter ce défaut , ce que l'on fait félon la méthode fuivante : On commence par tracer le plan & la largeur de la courbe comme ci-deflus ; enfuite après avoir adopté un des côtés du plan pour la face , comme par exem- ple le côté du creux , on divife la largeur de la courbe ah, fig. j , en deux par- ties égales au point c , duquel point on mené au centre du plan la ligne e d; puis par les points a, h, on tire les deux lignes agS(.bf, parallèles à cette dernière , & par conféquent perpendiculaires à celle a b ; enfuite on divife la ligne inté- rieure du plan en un nombre quelconque de parties égales pour avoir des équerres à la courbe ; & au lieu de mener ces lignes au centre du plan , ainfi que dans la figure 3 , & qu'il eft indiqué dans celle-ci par des lignes ponéluées , on divife la ligne extérieure du plan en parties égales entr'elles , & en même nombre que celles du dedans , en obfervant de faire cette divifion du point p , qui eft le milieu du plan , au pointy, ce qui donnera les lignes pl,oL,nh, mq , fb 8l ga, lefquelles feront autant d'équerres à la courbe , que l'on conf- truira enluite fuivant la méthode ordinaire. Voye[ la Fig. 4 , qui repréfente l'élévation de la moitié d'une courbe , à laquelle il faut ajouter la largeur de l'affemblage , ainfi que je l'ai fait dans la fig. 3., Fl. 145' , & que je n'ai fuppri- mé ici que pour ne point trop charger la figure. Si le parement de l'ouvrage au lieu d'être en dedans du cercle du plan , étoit en dehors , cela ne changeroit rien à ce que je viens de dire , parce que cela ne feroit que renverfer l'opération , fuppofé que la largeur de la courbe parte des points r,i,,defquels il faudroitabailfer des perpendiculaires parallèles à la ligne ic ,c^ qui rétréciroit les diviCons intérieures ; cela n'a befoin d'aucune démonftration. §. II. Section IV. §. IL Des Courbes cintrées en plan , &c. 389 §. 1 1. Des Courbes cintrées en plan , dont les équerres font perpendiculaires à la baf: du plan , on obliques il cette même bafe. Lorsque les équerres des courbes cintrées en plan , font parallèles entr'elles • & perpendiculaires à la bafe du plan , comme la fig. 7 , on doit toujours fe fer- Pi^anche vir de la même méthode que pour celles dont les équerres tendent au centre du * plan, ainfi qu'on peut le voir dans la fig. 6. On doit cependant obferver que l'ufage de ces courbes eft très-difEcultueux , vu les différentes formes qu'elles prennent dans leurs contours , leurs coupes prifes dans le milieu de leur éléva- tion , formant un parallélogramme reélangle , & à meflire qu'elles approchent des impoftes , cette forme changeant & devenant un parallélogramme oblique , ce qui fait que ces fortes de courbes ne peuvent pas s'exécuter lorfqu'on a des rainures & des moulures à y faire ; & dans ce cas on eft obligé de mettre le dehors de la courbe d'équerre comme celle y^. 4 (5 J , & le dedans comme il eft indiqué dans le plan ,fig. 7. Ces efpeces de courbes ne font en ufage que dans le cas d'un revêtiflement d'arcade ou d'un chambranle de porte , dont le champ intérieur doit être appa- rent & s'aligner avec l'enfilade : elles ont le défaut , lorfqu'elles font à dou- ble parement , d'être d'inégale largeur , à moins que de les faire aiguës pat dehors , ce qui ne peut être lorfqu'on a des rainures & des moulures à y faire ; c'eft pourquoi on ne fauroit faire trop d'attention , lorfqu'on a des cour- bes de cette efpece qui ont des moulures en faillie , de mettre d'équerre toute la faillie de ces dernières d'après le nud de la pièce , afin que les moulures profilent toujours bien , & foient perpendiculaires fur le fond de l'ouvrage. Lorfque les courbes cintrées en plan & en élévation font mifes d'équerre obliquement à la bafe de leur plan , la méthode de leur conftruélion eft tou- Planche jours la même, ainfi qu'on peut le voir dans la Planche 147 , laquelle repré- '47' fente le développement d'une courbe dont le plan eft un arc de cercle , & l'é- lévation eft cintrée en S ( * ). On doit faire attention que les deux cintres de cette courbe font ralongés ; fàvoir , celui du plan & celui de f élévation ; c'eft pourquoi avant de déterminer le cintre de face abc, fig. 1, il eft bon de le deflîner tout développé avec tous les membres de moulures qui l'accompagnent , afin de lui donner une forme gracieufe , ce qu'il eft affez difficile de faire , quand la bafe du plan d e e& fort oblique au cintre de face ainfi qu'à cette courbe ; parce que fi on donne une forme gracieufe au cintre développé , celui de face devient dur & d'une mau- vaife forme ; & par la raifon contraire , fi le cintre de face fait bien , ainfi C*) La courbe dont ie parle ici , fait le cleiTus d'un des côtés des pénitents d'un confeffionnal qui eft dans l'Eglife des Religieufes de la Ro* Menuisier. //, Part. quette , que j'ai exécuté en ly^y j ^ dont les plans, coupes & élévations, font deffînés Plan- ches 78 & 88. Ggggg 390 MENUISIER, II. Partie. Chap. XII. que celui abc, le cintre développé devient très-alongé , ainfi qu'on peut le voir dans la figure 3 , qui ne repréfènte ce cintre que fur la ligne de, qui n'eft pas fon entier développement , puifque cette ligne n'eft que la corde de l'arc du plan , ce qui fait que l'on ne fent pas encore bien toute la mauvaife forme de ce cintre ; c'eft pourquoi on fera fort bien de n'en jamais faire de cette elpece , parce qu'ils n'ont d'autre mérite que leurs diiBcultés. Quant à la manière de faire le ralongement du cintre du plan , ainfi que celui de l'élévation, il n'eft pas befoin d'en faire aucune dém.onftration, vu que c'eft la même chofe que pour les autres courbes dont j'ai parlé ci-devant ; en obfervant toujours , pour le ralongement de la courbe du plan , de ne pas prendre les diftances lur les lignes d'équerres de ce dernier , mais fur des perpendiculaires , abai/Tées des équerres du plan de la courbe à la bafe de ce même plan ; parce que les longueurs des lignes d'équerres tracées fiir le plan, font moins longues que celles qui font tracées fur le calibre ralongé de ce der- nier , les diftances df, g h 8c h i , étant plus petites que celles lm,noScop. Voyez ce que j'ai dit à ce fujet, pûgi 367 ; & fi dans la figure r , qui repré- fente en petit une pièce de bois , dans laquelle on peut prendre une courbe de cette efpece , j'ai tracé toutes les équerres prolongées jufqu'aux extrémi- tés de la pièce, ce n'eft que pour mieux faire fentir la continuité & le parallé- lifme de ces mêmes équerres, & non pour donner la manière de faire le ca- libre ralongé. Quant à la manière de mettre la courbe de largeur , il faut toujours faire fon développement fur une ligne droite , afin d'avoir la hauteur des perpendi- culaires fervant à fa conftruélion , ainfi que pour les autres courbes cintrées en plan & en élévation , dont j'ai parlé ci-deflus , ce qui eft général pour toutes les courbes de cette efpece. §. III. Des Courbes cintrées fur l'élévation & fur la Jace verticale. Lorsque les courbes cintrées fur l'élévation font fur tm pian droit , mais PlANCHE que cette élévation , au lieu d'être droite , eft inclinée ou cintrée co mmedans le cas d'une voûte , leur conftruélion fe fait par la même méthode que pour les courbes cintrées fur le plan & fur l'élévation , à l'exception que l'opération des lignes de projeélion qui donnent la largeur de ces courbes , fe fait par des li- gnes horifontales ; au lieu que les premières font données par des lignes per- pendiculaires , ainfi qu'on le verra ci-après. Il réfulte de ce changement d'opération , que les courbes dont je vais parler, quoique fur un plan droit , forment dans leur projeélion , ou pour parler plus intelligiblement, étant vues de delTous ou en deffus ; ces courbes, dis-je, forment une ligne qui eft plui ou moins courbe , félon que leurs faces verticales font plus ou moins inclinées ou cinaées , ce qui , dans le cas dont je parle , revient à Section IV. §. III. Des Courbes cintrées far l' élévation , ôc. 391 peu-près à ]a même chofe. C'eft cette projeétion qu'il s'agit maintenant de fàvoir décrire dans tous les cas poffibles , afin de parvenir à pouvoir revêtir les lunettes fijr tous les plans & de toutes les formes poffibles , ce qui fe fera toujours par le moyen des méthodes dont je me fuis feryi jufqu'à préfent pour la conftruélion des courbes dont j'ai déjà parlé , & que je ne femble répéter ici , que parce que l'application de ces diverfes méthodes eft un peu différente dans le cas préfent , ou du moins prife fous un différent point de vue. Les courbes dont il s'agit préfentement , peuvent être regardées comme fai{ànt partie du revêtifîèment vertical des lunettes, ou comme des arêtiers de ces mêmes lunettes. Dans l'un ou l'autre cas , la méthode de leur conftruétion ne change gas ; mais cependant pour en rendre l'intelligence plus facile , je me contenterai préfentement de les développer confidérées comme revêtiffement vertical , afin de fuivre f ordre de gradation que je me fuis prefcrit , & que j'ai obfervé dans toute la fuite de cet Ouvrage. Lorfque les courbes cintrées en élévation , font inclinées fur leurs faces ver- ticales , ainfi que le repréfente la coupe ab ci ,fig. 3 , & que fon cintre de face e if, fg. 2 , eft un demi-cercle, il eft fort aifë d'en avoir le cintre ralongé , puifque ce même cintre n'eft autre chofe qu'une ellipfe , dont le petit axe eft égal au diamètre du cintre de face , Sl dont le grand axe , ou pour mieux dire, fa moitié eft égale à la ligne d g; àt forte que quand le plan de la nailîànce de la courbe eft à angle droit , ain/î que le repréfcntent les deux parallélogram- mes 19 , 20 , ai , 22 , & X 17 , & 18 Z , cette courbe n'eft autre chofe qu'une courbe oblique , dont la largeur eft égale à tous les points de fa circon- férence , ou pour mieux dire , de fon pourtour , ce qui n'a befoin d'aucune au- tre démonftration , après ce que j'ai dit en parlant de ces fortes de courbes , page 355 & fiiv. Cependant comme dans le cas préfent ces courbes fe préfentent fous un autre point de vue que les premières , c'eft-à-dire , les courbes obliques , & qu'elles doivent fervir à donner la connoiffance de celles , qui au lieu d'être biaifes ou inclinées fur f élévation , font cintrées foit en creux ou en rond ; j'ai cru devoir en faire le développement par la même méthode dont je me fois fervi pour les courbes cintrées en plan & en élévation , afin de mieux faire con- noître le rapport que toutes ces courbes ont les unes avec les autres , ainfi qu'on le verra ci-après. Le cintre de face d'une courbe inclinée fur l'élévation , étant tracé ainfi que fon inclinaifon , pour avoir la largeur de la courbe vue géométralement , on s'y prend de la manière foivante : On divife le cintre de face en autant de parties qu'on le juge à propos , ainfi que l'indiquent les points h ,i, /; puis par chacun de ces points, on fait paflèr des lignes horifontales & perpendiculaires à celle G C, que l'on prolonge de- puis cette dernière jufqu'à ceWség, qui eft la ligne d'inclinaifon de face. Planche ,«48. 35)2 M EN U I S I E R, IL Partie , Chap. XH. = qu'elles coupent aux points _y , ^ ce ; ce qui étant fait , on prend fur la ligne h g , fig. 3 , la diftance g œ , que l'on porte fur celle GC , de G à F; celle ^ de Gi E ; celle ^7, de G à F"; celle g de G à B ; 3c celle gh ,ds,G à C; puis par les points G ,F , E , V , on. élevé autant de lignes perpendiculaires à celle G C; enfuite de quoi on fait G A , fig. i , égal à G f,fig. i \ F L égal à ^ /; £ / égal à 0 £ ; & V H égA à. m h; puis par les points A , L , I , H , B , on fait pafTer une ligne courbe , qui eft le développement du cintre intérieur de la courbe. Cette opération étant faite , on fait la ligne courbe D N C, parallèle à la pre- mière , & d'une diftance égale a a c ,ou bd, fig. 3 , ( ce qui eft la même chofe , cette diftance étant la largeur de la courbe ; ) & on fait G 23 , fig. 2 , égal à G D ,fig. !',<]'' égal \ F O ; 0 p égal ?l E N;m n égal aV M ; Sce x égal à c b,fig. 3 ; puis par les points x r, 23 , on fait palTer une ligne courbe qui eft la ligne de largeur de la courbe , laquelle n'a aucun gauche , puifque toutes les équerres font perpendiculaires à la bafe du plan. On a la preuve de cette démonftration de la même manière que celle de la fig. i , FL 1^6 , c'eft-à- dire , par des lignes tendantes au centte de la courbe en forme de claveaux, dont la longueur eft égale au plus grand côté d'un triaiagle reftangle , dont f hypoté- nufe eft égale à la largeur de la courbe , & l'autre côté eft égal à la diftance que produit l'inclinaifon de chaque joint de claveau , pris horifontalement du def tas au delîbus de chacun d'eux ; de forte que la diftance G r eft égale à celle 24 y > fis- 3 > '-'^'■^^ ^ ^ égale à celle 2 J ij; ; & celle G c égale à celle 2.6 œ , comme je l'ai déjà dit ; la diftance G eft égale à celle hs , fig. 2 ; celle G e égale à celle 2 f ; & celle G / égale à celle lu; & les diftances af, he Sec d, égales à celley23 , qui eft la véritable largeur de la courbe. La courbe étant tracée tant en élévation qu'en coupe , il ne refte plus qu'à en tracer la projeftion fur le plan , ce qui fe fait de la manière fui- vante : Le plan de la courbe étant tracé , ainfi que le parallélogramme X 17 , iS Z , on prolonge la ligne Z X jufqu'au point P , laquelle ligne repré- fente le devant de l'ouvrage pris du nud du cintre ; enfuite des points A s, it , 8c Ln, pris lur l'élévation , 7?^. 2, à l'extrémité des joints des claveaux , on abailTe fur la ligne Z , fig. J , les perpendiculaires hQ,s R , iS , tU , IT Se uY. Cette opération étant faite , & des points où les horifontales prifes de l'extrémité des lignes hs, L t Set u , rencontrent la ligne h g , qui eft le pare- ment de l'ouvrage , on abaifliè les lignes ^8, 06 ,dj ,x ^ ,y ,7^1, & ^ Si ce I , perpendiculaires à celle G g ; puis pour tracer iur le plan la projeélion , ou pour mieux dire , la rentrée du cintre intérieur de la courbe , on prend la diftance g 7 ,fig. 3 , que l'on porte ds P a 12 , Jig. 5 ; celle g ^ , dù Qi II ; celle g 2 , de S à 10 ; & celle g i de T'a (> ; puis par les points 12 , 11 , 10 , 5) & X, on fait palTer une ligne courbe qui eft le cintre demandé. On Section TV. §. III. Des Courbes cintrées fur l'élévation, &c. 393 On fait la même opération pour le cintre extérieur , c'eft-à-dire , que l'on prend la diftance ^ 8 , que l'on porte de P à i6 ; celle g 6 , àe. R à. I J ; celle g 5 , de Z7 à 14; & celle g 4, de F à 13 ; ce qui donne le cintre demandé. Enfuite pour tracer l'épaiflêur de la courbe fur cette projeâion , on prend llir le plan la diftance X 17 , ou 18, que l'on porte fur chaque perpendicu- laire de conftruâion , des points on les cintres intérieurs & extérieurs coupent ces dernières aux points x x, de ibrte que la courbe eft toujours d'égale épaif^ feur fur ces lignes d'équerre , lefquelle> fo nt dans cette figure , perpendicu- laires à la bafe du plan. Voye^ la Fig. 4, qui repréfent; la courbe vue par- deffous ; & celle J , qui la repréfènte vue par-deillis , & dans lelquelles les lignes de conftruélion font tracées également. Quand l'élévation de la face verticale des courbes , au lieu d'être inclinée , comme celles dont je viens de parler , fe trouve cintrée fbit en creux ou en rond , ce qui arrive à toutes les lunettes des voûtes foit en dedans ou en deliors , elles lè conflruifent par la même méthode que celles q\ii font fur un plan incli- né , ainfi que je l'ai déjà dit ; toute la différence qu'il peut y avoir , c'eft que les équerres intérieures de la courbe , peuvent être fiir des lignes perpendiculaires à la bafe du plan , & les équerres extérieures tendantes au centre de l'élévation verticale de la coupe , ainfi que je l'ai fuppofé dans les figures 7 , 8 , p & 10 ; ce qui donne une troifierae ligne à l'extérieur ^de la courbe , laquelle lé trouve de la manière fuivante : L'élévation du cintre de iacs, fig. 7 , étant faite , ainfi que fbn développe- ment ,Jîg. 6 , on divife le cintre intérieur de la courbe en un nombre de parties à volonté ; & par les points de divifion & du centre du cercle intérieur , on tire des lignes qui repréfentent les joints des claveaux , lefquelles lignes on pro- longe indéfiniment d après la ligne ah c de , qui termine la largeur de la courbe. Enfiiite des points b , c , d , on mené à la coupey^. 8 , les lignes horifonta- les bf, cg, Se d II ; Si du cintre i de cette coupe , & par les points^/, g , h , on trace les lignes f n, g mSc. h l ; & des points l,myn, où ces lignes rencon- trent l'extérieur de la courbe , on renvoyé à l'élévation les horifontales no ,mp Scnq, lefquelles venant à rencontrer les perpendiculaires montantes du der- rière des joints des claveaux , donnent la largeur de la courbe demandée. On . a la preuve de cette opération , en conftruifant les trois parallélogrammes r 2,3,4;j,â,7,8;9,io,it, 12, ainfi qu'on l'a fait dans les figures ci- deflùs ; puis de chaque angle de ces parallélogrammes , on mené à la ligne un, des perpendiculaires dont la difl;ance jufqu'au point { , eft égale à la diftance qu'il y a entre la ligne qui termine l'extérieur de la courbe Se la ligne d'équerre , de forte que b r s& égal 'k^u;cs£& égal à :[ x ; & f eft égal i-^y, ce qui , je crois , n'a pas befoin d'une plus grande démonflration. Quant à la figure p , qui reprélènte la courbe vue en deflbus , & celle 10 , qui repréfente cette même courbe vue en deffus , leur projeélion fe fait de la Menuisier. II. Part. H h h h h 394 ME N UIS I E R,ll Partie. Chap. XII. r=? même manière qu'aux figures ci-deffus , ainfi que l'indiquent les lignes de LANCHE conftruâion tant pleines que ponduées , que j'ai eu foin de conferver, afin que la vue de ces mêmes lignes tienne lieu de l'explication que j'ai cru pouvoir me difpenfer de faire , afin d'éviter les répétitions. - Lorfque les courbes dont je parle, font non-feulement le revctifFement de ^"^i^™ ^^'^^ verticale d'un arc , mais encore le revêtiflement intérieur de cet arc , on peut alors les confidérer comme des arêtiers , dont la ligne d'arête portée fur le plan , devient une ligne courbe , ainfi que je l'ai démontré page 360. Ces courbes font les mêmes que celles dont je viens de donner le développe- ment, toute la différence qu'il y a entr'elles , n'étant que dans leur plus grande épaifieur , laquelle eft évuidée pour recevoir l'arête des lunettes qu'elles revê- tiffent , ce qui ne change rien à la manière de les conftruire , ainfi qu'on peut le voir dans les i , a , 3 & 4 , lefquelles repréfentent l'élévation , la coup e & le plan d'un arêtier d'une arcade formant lunette dans une voûte lùr un plan droit , lefquelles figures font conftruites félon les méthodes que j'ai données ci- devant , ce qui n'a pas befoin d'aucune démonftration , puifque ce ne feroit qu'une répétition de ce que j'ai déjà dit. Quant au calibre ralongé de ces fortes d'arêtiers , il fe fait toujours félon la méthode ordinaire , ce que l'on peut voir dans les figures y & 6 , qui re- préfentent le plan & félévatio:^ de la moitié de la courbe, & fon calibre ra- longé. §. IV. Des Courbes cintrées en plan & en élévation & fur leurs faces verticales. L E s courbes dont il me refte à parler pour finir ce Chapitre , & en même temps pour terminer tout ce qu'on peut dire à ce fujet , renferment en elles toute la théorie des courbes de toutes les autres elpeces dont j'ai parlé ci- devant , ce qui rend fexécution de celles-ci très-difficile , fur-tout quand on n'y eft pas conduit par une théorie sûre & fondée fur des principes invariables, tels que la fcience du développement & de la pénétration des corps, fur laquelle eft fondé tout ce que j'ai dit touchant TArt du Trait , & ce que j'en dirai dans la fuite. Les courbes dont il eft ici queftion , peuvent être confidérées comme de Am- ples revêtilTements verticaux , ou bien comme des arêtiers ; dans l'un & l'autre cas, la méthode de leur conArudion eft toujours la même, en obfervant toutefois de prendre bien garde à la direftion des lignes d'équerre , lefquelles peuvent être ou tendantes au centre du plan , ou perpendiculaires à la bafe de ce der- nier, ou enfin obliques à cette même ba'fe , ainfi que je l'ai démontré en par- lant des autres efpeces de courbes , ce qui , fans rien changer à la face verti- cale de la courbe , en diminue ou en augmente l'épai/feur & la largeur , & en rend l'exécution plus fujette , ainfi qu'on a pu le voir ci-devant. Section IJ^. §.IV. Des Courbes cintrées m plan & en élévation, &c. 355 Quant à la manière de tracer ces courbes , elle demande beaucoup d'appli- cation , vu que l'on doit fe fervir de prefque toutes les méthodes que j'ai enfei- gnées , afin qu'il ne refte aucun doute fur l'exacSlitude de leurs opérations , lef- quelles tendent à rendre , ou du moins à faire confidérer les pièces de bois comme tranfparentes , afin que Ton puiffe fuivre au travers de leur épailfeur tou- tes les lignes qui ont fervi ou qui fervent à leur conftruélion , ce qui eft très- important , tant pour la facilité de ceux qui apprennent l'Art du Trait , que pour foulager la mémoire de ceux auxquels cette fcience eft plus familière. Pour bien entendre la théorie de ces courbes , il faut d'abord faire attention à la forme du plan , à celle de l'élévation , ( ou pour mieux dire à la coupe de la voûte , ) ^ '^'^^^'^ cintre de face , afin que ces connoilîàrices acquifcs , puilTent mettre dans le cas de réduire fopération à la plus grande fimplicité poffible , & à opérer avec sûreté étant muni de ces connoidànces , lefquelles font préférer une méthode à une autre , félon les diiférentes occafions , ainfi qu'on le verra ci-après. La forme du plan AB OC D ,fig. 3 , étant déterminée ainfi que fon épaif- feur, on élevé le cintre de face à fordinaire ; enfuite fur la ligne £ G conti- nuée jufqu'en P , on trace l'élévation de la courbe , ou pour mieux dire fa coupe prife du milieu du plan , ainfi que la repréfentent les lignes MN O , & Ç P ; ce qui étant fait , on divife le cintre de face en un nombre de parties à volonté , comme aux points H,I,L, par lefquels on fait pa/Fer autant de lignes tendantes au centre Y ; puis par ces mêmes points on fait pafFer des li- gnes horifontales parallèles entr' elles , que l'on prolonge jufqu'à ce qu'elles tra- verfent la coupe j%. 2 , afin que les deux arcs foient coupés par des tranches pa- rallèles entr'eUes, ce qui eft néceffaire pour avoir la ligne d'arête de la courbe, ainfi que je l'ai démontré ci-devant , page 359 (& fulv. & qu'on peut le voir ici , où les perpendiculaires abaifi"ées des points N, T, U, V, où les lignes horifontales rencontrant l'arc MNO , donnent fur la ligne FP, les diftances des cercles du plan ,Jig. 3 , (qui font marqués des mêmes lettres que fur la coupe f g. 2 , & qui repréfentent le plan de ces lignes horifontales de félévation , ) lefquels cercles étant rencontrés par des lignes perpendiculaires provenantes des divi- fions du cintre de face qui leur font correfpondantes , donnent fur le plan la courbe A^, 3 , 7 , 10 , c, qui eft la ligne d'arête. Cette opération étant faite , il s'agit de déterminer la largeur de la courbe , ce qu'on ne peut pas faire par le moyen du développement de la courbe comme ci-devant , parce que le cintre du plan & celui de l'élévation , rétréciiFent , ou pour mieux dire , raccourciffent la ligne extérieure de ce développement, qui pour lors ne peut plus avoir lieu , ce qui fait recourir à d'autres méthodes , lefquelles puiiTent remplacer cette dernière. La meilleure méthode que l'on puiflê employer pour trouver la largeur ver- ticale de ces fort e s de courbes , eft de décrire les différentes courbes que Planche 150. 3^ ^1 y7 mm 396 M E N U I S I E R, II. Pan. Chap. XI I. produifent les coupes faites par les lignes tendantes au centre de l'élévation i^qT ^ ■ '^°"P^' l"*^ regarder comme autant de plans qui coupent la voûte que l'on a à revêtir , & que l'on décric de la manière fuivante : De tous les points ou les lignes YH,Y I,S<.YL, coupent ou rencontrent: les lignes horifontales repréfentées par les cerces du plan fig. 3 , on abailTe au- tant de perpendiculaires aux lignes du plan qui font correfpondantes aux hori- fontales d'oii elles partent ; & par chaque point de rencontre , on fait paf- fer une ligne courbe qui trace fur le plan les courbes que produit la coupe faite par les lignes tendantes au centre de l'élévation ; favoir , celle 0,1,2,3,4 & 5, pour la ligne Y H ; celle O, d, 7, 8 , pour la ligne Y I ; 8c celle O , 10 & 1 1 , pour la ligne Z. Ces cerces ainfl tracées fur le plan , ne peuvent pas encore fervir , puif- qu'elles ne font vues qu'ea raccourci , & qu'elles ne donnent que des projec- tions de largeur , ce qui n'efl pas fufElànt , puifqu'il faut avoir les projetions de longueur pour avoir les véritables courbes des lignes tendantes au centre de l'é- lévation , ce qu'il eft fort aifé de faire , ainfi qu'on le verra ci-après. Pour avoir , par exemple , la projeélion de longueur delà ligne F//, celle de largeur étant tracée fur le plan , ainlî que je l'ai dit ci-deffus , on trace à part une ligne perpendiculaire _/%■. 4, dont la longueur Y d égale à celle fig. i; puis on fait les points a , /5 c , d, fig.y^, à même diflance que ceux de la fig. i , & par chacun d'eux on élevé autant de perpendiculaires à la ligne Yd , lefquelles perpendiculaires repréfentent celles qui defcendent de la ligne Yd,fg. i , fur le plan , fg. 3 , & qui fervent à y décrire la projec- tion de largeur ; enfuite on prend fur chacune de ces perpendiculaires fg. i & 3 , la diftance qu'il y a depuis la ligne O S , jufqu'à ce qu'elles rencontrent la ligne courbe qui leur eft correfpondante ; laquelle diftance on porte fur les per- pendiculaires de la fig. 4 ; c'eft-à-dire , que l'on fait a l ,fig. 4 , égal à i i ,Jig. 3 ; 1^ 2 égal 11:l;H^ égal à m 3 ; c 4 égal à « 4; & égal à 0 5 ; puis par les points F, i , 2 , 3 , 4 & , on fait paffer une ligne courbe qui eft la cerce demandée , c'eft-à-dire, la coupe produite par la ligne Y d ,fig. i. La même opération fe fait pour les autres coupes, ainfi qu'on peut le voir dans les figures 5 & 6 , dont les hauteurs font cotées des mêmes lettres que fur la fi- gure I , & la longueur de leurs perpendiculaires égale & cotée des mêmes chiffres que fiir le plan , fig. 3. Les cerces étant ainfi tracées , du point 3 , 4 , qui eft perpendiculaire au point H , qui eft le dedans de la courbe , du point 3 , dis-je, & d'une ouverture de compas égale à la largeur de la courbe , on fait une feûion au point 12, du- quel point on élevé une ligne perpendiculaire aux points 3,12, à laquelle on donne de longueur l'épaifiieur de la courbe, laquelle épailTeur on continue jufqu'à ce qu'elle rencontre la ligne H 3 au point ly, ce qui donne la coupe de la cour- be à cet endroit. Enfuite Section IV. §. IV. Des Courbes cintrées en plan & en èlcvation, èc. 397 Enfuite des angles 12 & \6 de la coupe , on mené les perpendiculaires 12 , ar & ï6, 22, à la ligne Y d, ce qui donne fur cette dernière la largeur de la courbe vue géométralement ( ou de face , ce qui eft la même chofe , ) & l'extrémité de la ligne d'cquerre , lefquelles largeurs on porte fur l'élévation , fig. I, en faifant Y 1 3c Y y , Jîg. i , égal à T 2 1 & T 22 4 , ce qui ferl la même chofe pour les autres lignes , en prenant les diftances fur les figures 5 & ^ qui leur font correfpondantes. Quand la courbe eft de largeur fur l'élévation, on trace cette largeur fur le plan , par le moyen des perpendiculaires que l'on abaiJfe des points où les li- gnes extérieures de l'élévation coupent les lignes liorifontales , lefquelles per- pendiculaires fe prolongent jufqu'à ce qu'elles rencontrent les cerces du plan qui font correfpondantes aux lignes liorifontales d'où partent ces perpendiculaires. On peut encore tracer ces lignes de largeur fur le plan , par le moyen des perpendiculaires que l'on abaiffi; de tous les points où les lignes tendantes au centre de l'élévation , coupent les lignes de la courbe , ainfi qu'on peut le voir dans le côté du plan coté A B , en obfervant toutefois que la longueur des perpendiculaires n'eft pas bornée par la rencontre des cerces du plan , mais par la longueur des perpendiculaires élevées fur les figures des développements des coupes ,/d-. 4 , 5 ê 6 ; c'eft-à-dire , que pour la première ligne dont le déve- loppement eft fait, /%.4, on prend fur la même figure la diftance ar , 12 , que l'on porte_/%. 3 , de 27 à 28 , ce qui donne le deliors de la courbe , & la diftance 22 , , de 29 à 30, pour la ligne du dehors de l'équerre, laquelle ligne ne peut fe décrire fur le plan que de cette manière : c'eft ce qui doit la faire préférer à l'autre. Ce que j'ai dit pour cette ligne, doit s'entendre pour toutes les deux autres ; c'eft pourquoi je n'en ferai aucune démonftration. Quant à la longueur des lignes d'équerre du deftbus de la courbe , elles fe prennent aufli fur les développements , la diftance 32 , 3 1 , yf^. 3 , étant égale à celle 15,3, 7%. 4 , ainfi des autres. Pour ce qui eft de la manière de tracer la ligne d'arête de la courbe & celle de fon éyafement fur la coupe , fig. 2 , on prend fur les perpendiculai- res abaiftees des points où les lignes tendantes au centre de l'élévation coupent celles du dedans & du dehors de la cerce , la diftance qu'il y a depuis la ligne horifontale paftante au derrière , jufqu'à la ligne d'arête , ou jufqu'à celle qui termine fur le plan le dehors de la courbe , lefquelles diftances on porte à la fig. 2 , fur des lignes horifontales partantes des mêmes points que les per- pendiculaires ; de forte que la diftance 32 , 33 2 , égale celle 36, 37, j%. 3 ; & celle 34, 35 , égale celle 38 , 39 ; ainfi des autres. Que le plan des courbes foit en creux ou en bouge , la méthode donc = on fe fert eft toujours la même , ainfi qu'on peut le voir dans les figures Pi de ces Planches, dans la conftruélion defquelles je l'ai obfervf , en évitant Menuisier. JI. Pan. I i i i i 398 M E N U I S I E R, 1 1. Partie , Chap. XII. ■=== de mettre tontes les lignes de conftruftion qui y ont été néceflàires, afin de n' y Pla^ches point mettre de confufion ; de plus , ce que je viens de dire pouvant fervir dans ^ tous les cas pofllbles, ce qui a fait que je me fuis contenté des figures , lef- quelles repréfentent la même chofè dans les deux Planches , ( exception faite de la forme des plans ; ) favoir , la figure l , l'élévation de face d'une courbe faifant arêtier dans une lunette dont le plan eft creux ou bouge , ce qui eft égal; la figure 2 , la coupe & la vue de côté de ce même arêtier , dans laquelle on doit prendre garde que les largeurs horifontales font confervées par-tout , du moins dans la face latérale , ce qui doit être ainfi à tous les arêtiers , comme je l'ai dit ,page 354 & fidv. Les figures 3 & 4 , repréfentent le plan de cet arêtier avec une partie de celui de la voûte , & les lignes d'équerre de l'arêtier , dont la largeur eft par-tout égale , ainfi que les horifontales fig. 2 , qu'elles repréfentent. La figure 5 enfin repréfente l'élévation de la moitié de ces courbes , prife fur une ligne diagonale , & dont l'arête intérieure eft prife fur deux lignes droites , non qu'elles doivent s'exécuter ainfi , mais pour faire fentir que le deiîbus de ces arêtiers eft de la même nature de ceux qui font pris fiir un plan droit , n'y ayant que leur largeur , ou pour mieux dire leur épaiffeur , qui change ainfi que leur face verticale lorfqu'elle eft cintrée comme dans celle-ci. , Il eft des elpeces de lunettes qui , comme celles dont je viens de parler, font Planche dans des voûtes cintrées ilir le plan , mais dont l'intérieur va en rétréciflant en forme d'entonnoir , ce que l'on appelle lunette conique , parce qu'effè- élivement le dedans de leur ouverture eft de la forme d'un cône ; c'eft pourquoi il faut avant de procéder à leur exécution , fe rendre compte de la forme du cintre de face , fi l'évafement des côtés eft égal entr'eux , & égal à l'évafement de l'élévation , ainfi que je l'ai fait ici pour en rendre l'exécution moins compliquée ; enfuite on commence par tracer le plan & la coupe à l'ordinaire , comme les figures 4 , J & 3 ; puis à l'ouverture extérieure du plan , on tire une ligne horifontale a b , dont on porte la longueur fur la bafe de l'é- lévation de c en (/; puis du point y, comme centre , & de la diftance c o\id,on trace le demi-cercle c gd , lequel eft le cintre de face que l'on divife en un nom- bre de parties à volonté , tendantes au centre/"; enluite on trace fiir la coupe la ligne h i, qui eft d'une hauteur égale à un des rayons, comms f g , Se qui eft en même temps la coupe du cintre de face , repréfentée fur le plan , Jig. y , par la ligne p i , de manière que la diftance h r eft égale à celle p q. Cette opération étant faite , des points l , 2 & 3 , des divifions du cintre de face , on mené à la ligne h i , les horifontales i/,2m&3n; & aux points il , mn, oà elles la rencontrent, on fait paffer des lignes 4 , J , (î & 7 , tendantes iau fommet du cône , lelquelles font les équerres de la courbe , ainfi que celles du plan , fig. ^ , que j'ai cotées des mêmes chiffres que celles de la coupe , afin qu'on en fente mieux le rapport (*). (*) On fe reiïbuviendra que j'ai fuppofé que I égal dans routes fes parties, ce qui donne un l'évalemeat de la lunette dont je parle, étoit 1 demi-cône régulier, dont le triangle 0 ai ert la Section IF. §. IV. Des Coudes cintrées en plan & en élévation , &c. 399 Enfuite des pouits où les lignes inclinées rencontrent l'arc de la coupe , on mené des lignes horifontales au travers de l'élévation , lefquelles coupent les lignes tendantes au centre du cintre de face , & donnent des points pour avoir la courbe que forment ces lignes , ainfi qu'on peut le voir dans les figures i & 4, & dans celles 7, 8 & 9 ,qui font les développements des coupes fur les lignes tendantes au cintre de face , lefquelles j'ai marquées des mêmes lettres que dans le plan & l'élévation. Je ne parlerai pas ici de la manière de tracer ces coupes , puifque c'efi; tou- jours la même méthode que celle que j'ai donnée , page 396 ; toute la diffé- rence qu'il y a dans cette occafion , c'cft que le dcffous des coupes des figures 7 , 8 & 9 , ne peut pas être de niveau , mais d'une obliquité égale à celle de la ligne ly, fig. 3 , ou de celle b 0 ,fig. y, ce qui eft égal à toutes les trois coupes , 7, 8 (5 9, ou la diftance Z) £ eli égale à celle p l> , fig. y, & celle D F, égale à celle po,ovL celle E F , égale à celle o b. Quand les coupes font tracées, on porte toutes leurs hauteurs perpendicu- laires fur les lignes de l'élévation tendantes au centre du cintre de face , ce qui donne la largeur de la courbe , ainfi que fon épaiffeur tant du dedans que du dehors , ce qui n'a pas befoin d'aucune démonftration , après ce que j'ai dit ci- devant , 393. Quant à la manière de tracer l'arête & la largeur de la courbe tant fur le plan que fur la coupe , on le fera toujours par le moyen des diftances prifes fur les coupes ,Jîg. 7,8 <5 p , que fon portera fur ces dernières , des lignes repréfentantes celles du derrière de ces coupes 5 comme par exemple la diftance abjfig.j, de 8 à y , 5 , & de 9 à 5 , 3 ; celle cd,fig. 8, de ioà(5,&de 11I6 ; enfin celle ey,/g-.9 , de 1237 & de 13 à 7 ; en obfervant toujours de prendre & de porter ces diftances perpen- diculairement aux lignes du derrière des coupes , & à celles qui les repré- fentent , parce que fi on faifoit autrement , c'eft-à-dire , que fi on fuivoit l'incli- naifon des lignes d'équerre , on n'opéreroit jamais jufte , ce qu'il eft fort aifé de prouver , puifque dans un cône vu géométralement , de toutes les lignes que l'on tire de fon fommet à fa circonférence , il n'y a que celles qui forment le triangle de fa coupe, qui foient dans leur véritable longueur , ainfi que celles ab 8ca c, fig. 6 , laquelle repréfente la moitié d'un cône dont la bafe eft divi- fée par des lignes tendantes à fon centre , & par conféquent à f axe du cône. J ai auffi marqué dans ce cône , quoiqu'en petit , ces divifions menées juf- quà fon fommet, ainfi que feffet que produiroit fur ces dernières la ren- contre d'une voûte à-peu-près femblable à celle ci-delTus. Il y a des occafions où les ouvertures des lunettes ne font évafées que fur fé- : lévation , alors elles ne peuvent plus avoir la figure d'un cône ; mais on peut les Pla.nche i coupe perpendiculaire , & donr la moitié fe trouve comprifc dans la coupe entre les lignes hi,Sc celles ky S: iy ^ lefquelles font ruppofées fe rencontrer à un même point hors de la figure. ce qui efl fort aifé à voir , puifqnc la ligne k i, égale ccUç p b ; celle liy , égale celle p o;&: celle iy j égale celle b o. 400 M E N U I S I E R, II. Partie, Chap. XII. ■ confidérer comme des cylindres dont l'axe vu fut coupe , eft oblique avec la bafe de la voûte; dans ce cas on opère comme dans le précédent, tant pour établir le cintre de face que pour avoir le cintre des coupes tendantes au centre du cintre de face. Voye-^ les Fig. 1,2,3,4,5,7,8 & ij ; toute la dif- férence qu'il y a, c'eft que la peste du deflous des coupes j/Z^r. y , 8 (& <J, ne peut pas être la même, parce que plus ces coupes approchent de la ligne horifontale du cintre de face , & moins elles Ibnt obliques à cette même face , ce qui eft fort aifé à concevoir , puifque les côtés du cylindre font perpendicu- laires à la bafe du plan ; donc , pour avoir les différentes pentes de ces cou- pes , le cintre de face u l n étant divifé , on mené de ces divifions des lignes horifontales , jufqu'à ce qu'elles rencontrent la ligne c d, (qui eft d'une hau- teur égale au cintre de face , ) aux points d ,x ,y, ^ , par lefquels on fait paffer les lignes d'équerre du dedans de la lunette , lefquelles font d'une obliquité donnée , & toutes parallèles entr' elles , ce qui doit être , puifqu' elles font fup- pofées tracées autour d'un cylindre oblique , dont la ligne hf, fig. 3 , eft l'axe , & celle i e ,le côté. Cette opération étant faite , on trace fur la moitié de ce cylindre , la ligne perpendiculaire ef, parallèle à celle L h ; puis on prend fur cette même ligne la diftance x f, que l'on porte fig. 2 , de m en 0 , duquel point comme centre , Se de la diftance m /, on décrit le demi-cercle l , 2 & 5 ; de forte que la diftance X e eft égale à celle m 2. Enfuite on trace fur les figures 7, 8 8c g, les lignes perpendiculaires c, d,m, 3, &c , dont les diftances fur la ligne borifontale , fontles mêmes que dans la figure 3 ; puis on prend la diftance c d,fig. 3 , ou m l,fig. % , que l'on porte de c à , fig. 7, 8 6' 9 ; & la diftance m ^, fig. 2, que l'on porte demi fig. j; celle 77Z 4 , /%■. 2 , de m à 4 , /T^. 8 ; & celle m 5 ,fig. 2 , de m à J ,fig. 9 ; ce qui donne la pente ou inclinaifon du cylindre à chacune des coupes tendantes au centre du cintre de face. U eft encore une autre manière de trouver cette pente, qui eft de tracer fur la figure 3, la ligne c g perpendiculaire à Taxe h f du cylindre , & par conféquent à fon côté L e, ce qui formera le triangle reélangle gc d, dont l'hypothénufe cd, eft égal au rayon du cintre de face. Si donc la ligne e c g, coupe le cylindre, elle fera perpendiculaire à toutes les lignes parallèles à fon axe , ce qui donnera au- tant de triangles reélangles , dont fhypothénufe fera toujours égale à la ligne c d, &. le petit côté égal à la diftance qui reftera fur ces parallèles entre la ligne c g 8c celle c d; de forte que pour avoir l'inclinaifon de la figure 7 , on prendra avec le compas la diftance x 7 ,fig. 3 , & du point d, on fera une fedlion en 10 ; puis on prendra féquerre dont on fera porter une branche au point c , & l'autre au point d, que fon fera hauffer ou baifter jufqu'à ce qu'elle rencontre à fon angle la feétion 10 , ce qui donnera un triangle reâangle , dont l'hypothénufe eft d'une longueur égale à celle d'un des rayons du cintre de face , & le petit côté Section IV. §. IV. Des Courbes cintrées en plan & en élévation , &c. 401 côté égal à la diftance xj, & en même temps rinclinaifon de ce petit côté , ■ 1- fera la pente demandée. Planche Il en eft de même des deux autres figures , lefquelles ont chacune un trian- ' gle reélangle , dont le petit côté eft égal à la diftance donnée fur la coupe fig. 3 , ce qu'il eft fort aifé de voir , puifque la diftance i r eft égale à celle y 8 , & celle d l'i égale à celle ^ 9. La pente de ces coupes étant une fois donnée , on trace la largeur & l'épaif. feur de la courbe , que f on porte enfuite fur les diyifions du cintre de face , que l'on trace ainfi que le plan , félon la méthode que j'ai donnée ci-dcffus , page 3915 & fuivantes. On pourroit encore tracer le dedans de la courbe fur l'élévation , en traçant autant de demi-cercles que la rencontre des lignes de divifion , tracées autour du cylindre avec la voûte , donneroient de différents plans , ce qui reviendroit à la même chofe que par le moyen des longueurs prifes fur les coupes ; mais cette méthode ne pourroit pas donner la largeur des bois ; c'eft pourquoi on fera bien de s'en tenir à la première méthode , laquelle eft la plus jufte. On fera bien attention en portant tant fur le plan que fur la coupe les dif- tances prifes fur les coupes ,fig. 7 , 8 <& <j , de porter ces diftances fur les li- gnes qui les repréfentent tant dans la coupe que dans le plan ; c'eft-à-iiire , qu'il faut porter la diftance rj) , ao , /?o-. 7 , de 1 3 à 3 , & de x à 1 6 , fig. y ; celle 21 , i%,fig. 8,dei4àj-,&dc;(ài7; & celle 23 d,fig. ji,dei5àf, &dexàl8. Pour bien entendre ceci , il faut remarquer que les tranches tendantes au centre de face, fur lefquelles j'ai pris les coupes , fg. 7, 8 (S" 9, que ces tranches, dis-je , ne fuivent pas l'inclinaifon du cylindre , mais qu'elles le cou- pent perpendiculairement à fa face verticale , ou pour mieux dire à fa bafe c d , fig. 3 , dont le cercle u In , fig. z , eft le plan ; de manière que le cercle 2,3, 4,5 & 6, provenant de la coupe e fàu cylindre, ne fe trouve plus divifé en parties égales , mais qu'au contraire les lignes de divifion le rencontrent plus haut, & donnent furie plan les lignes inclinées 34 , a J ; , ly; &28 , 29 ;lel?' quelles étant prolongées à l'infini , deviendroient des lignes appartenantes à des ellipfes très-alongées. La railbn qui empêche de faire fuivre l'inclinaifon du cy- lindre aux tranches de divifion du cintre de face , eft que fi on le failôit , ces divi- fions changeroient de place à mefure qu'elles changeroient de plan , ( ainfi que je l'ai indiqué par les divifions du cercle 2,3,4, lelquelles vont tendre à fon centre 0 ) ce qui ne feroit que multiplier les opérations & les rendre plus diffi- ciles ; c'eft pourquoi dans tous les cas on fera très-bien de prendre ces coupes perpendiculairement à la face verticale , ainfi que je l'ai fait jufqu'à préfent. Voy. la Fig. 6 , qui repréfente la moitié d'un cylindre oblique avec les divifions de fa bafe fuivant fon obliquité , & ces mêmes divifions & fon axe parallèles à l'ho- rifon , fuivant la méthode que j'ai donnée ci-deiTus. Menuisier . II. Part. K k k k k 4°- MENUISIER, IL Partie. Chap. XII. S'il arrivoit que les lunettes fulTent obliques fur le plan comme fur l'éléva- «on, & que les côtés de ce plan fuffent parallèles entr'eux, elles feroient toujours dans le cas d'un cylindre oblique pris fur la diagonale de fon obliquité ; fi au contraire les côtés du plan n etoient pas parallèles entr'eux , ni d'une obliquité égale à celle de l'élévation , les lunettes devroient être confidérées comme des cônes obliques. Dans l'un ou l'autre cas, on fe fervira toujours de la même méthode que celle ci-defTus , en obfervant toutefois ce qui convient au cylindre ou au cône , ce que i en ai dit renfermant la théorie de tous les cas pofTibles , auxquels cas on fera fervir les différentes méthodes que j'ai données félon qu'on le jugera à propos. ■ S'il arrivoit que les lunettes ne fuflent pas évafées fur félévation, & qu'on Planche n'en voulût avoir que l'arête , fopération deviendroit alors bien moins compli- quée , parce que l'on n'auroit befoin que de divifer l'élévation & la coupe de la voûte par tranches parallèles , & de tracer ces tranches fur le plan , ainfi que je l'ai démontré , page 364 , & qu'on peut le voir dans les figures 5 , 8 & 51 , de la Planche ifj , lefquelles repréfentent les plans de diverfes lunettes tant fur des plans droits que fur des plans cintrés , fur lefquels les cintres de ces lu- nettes font élevés. La fi gure i , repréfente le cintre de face de ces lunettes , le- quel eft fuppofé plein-cintre , ainfi que dans toutes les figures ci-devant ; quoi- qu il fe pourroit faire que ce cintre fût une ellipfc , ce qui arriveroit néceffaire- ment fi le cintre de la voûte qui furmc la lunette, écoic un demi-cercle pris fur une ligne perpendiculaire à ces côtés , ce qui ne changeroit rien aux différentes manières d'opérer que j'ai données ci-delTus ; la figure 1 , repréfente la coupe tle la voûte , des divifions de laquelle j'ai abaiffé autant de perpendiculaires que j'ai cotées des mêmes lettres que fur le plan, afin de faire fentir le rapport qu'elles ont entr'elles. On fera auffi attention que quand les lunettes feront fur un plan biais , comme celles-ci , que les cintres pris depuis leurs angles jufqu'à leur plus grande fiillie , ne font pas égaux , à caufe que leur obliquité renvoyé la ligne de milieu tout d'un côté , ainfi qu'on peut le voir dans les figures 5 , 8 & p , & dans celles 3 & 4 , qui repréfentent l'élévation des arêtes des lunettes ■repréfentées en plan,^^. 9 (& 5'. Voilà en général tout ce qu'on peut dire touchant les différentes efpeces de courbes , de quelque nature qu'elles puiffent être , ayant traité en particulier de chaque efpece de courbes , des différentes méthodes dont on peut fe fervir dans leur conftruaion , & des difficultés qui s'y rencontrent ; ce que j'ai fait afin de ne rien laiffer à défirer à cet égard , & pour rendre familière cette partie de l'Art du Trait , laquelle n'a pas encore été traitée jufqu'à préfent , ou du moins que tres-fuperficiellement , fur-tout en ce qui a rapport à la Menuiferie ; ce qui me fait efpérer que l'on me paffera la longueur de l'ouvrage en faveur de Tordre que j y ai fuivi , & de l'utilité qu'on en retirera , tant pour la sûreté de la théorie , que pour l'accélération de l'ouvrage , & pour l'épargne de la matière , çe qui eft fore à confidérer. mnÊHÊ 403 CHAPITRE TREIZIEME. Des Ouvrages de Trait d'ajfemblages, en général. L A troifieme efpece d'Ouvrages de Trait dont il me refte à parler , femble être d'une diiEcile exécution, parce qu'elle renferme en elle feule toute la théorie des deux autres efpeces, ( c'eft-à-dire , des ouvrages collés en plein bois, Se des différentes efpeces de courbes ; ) cependant fi Ton polfede bien la théorie de ces deux premières efpeces d'ouvrages , il fera fort facile de parvenir à l'exé- cution de la troifieme , qui n'eft qu'une répétition & un réfumé des deux autres ; c eft pourquoi je ne m'étendrai pas beaucoup fur cette partie , me contentant de donner quelques exemples , lefquels feront plus que fuffifants pour en donner une connoiflànce parfaite ; m'attachant , ainfi que je l'ai toujours fait , à donner des principes généraux , lefquels puiiTent s'appliquer à des cas particuliers , ce qui eft plus utile que d'entrer dans le détail d'une infinité d'ouvrages de cette nature , qui ne dilferent que de peu de chofe les uns des autres , & dont les pro- cédés font les mêmes tant pour la théorie que pour la pratique. Je fais très-bien que cette manière de traiter l'Art du Trait , paroîtra feche & nouvelle , fur-tout aux Menuifiers , qui pour la plupart aiment mieux voir des morceaux entiers que des développements , ne s'appercevant pas qu'en faifanc ainfi une pièce de Trait fans avoir acquis aucuns principes , ils ne font que de ferviles imitateurs de ce qu'ils ont entre les mains, & que quand l'ouvrage eft fait> ils feroient quelquefois bien en peine de donner de bonnes raifons de fa réuifite , ni des procédés dont ils fe font fervis pour l'exécuter , ce qui les met prefque toujours dans le cas de ne favoir comment s'y prendre pour faire des ouvrages de Trait qu'ils n'ont pas copiés chez leur Maître , ce qu'il n'eft pas poffible qu'ils falfent , puifque le peu de temps qu'ils mettent à l'étude de l'Art du Trait , ne leur permet pas de faire une étude fuivie de tous les cas poifibles ; & que quand même ils la feroient , elle leur feroit toujours infruftueufè , puifque ces fortes d études le bornent à copier une épure , fans fe rendre aucun compte des raifons qui ont engagé celui qui l'a faite , à fe fervir d'une méthode préférablement à une autre dans la conftruâion de cette épure. C eft ce défaut de théorie & d'ordre dans la manière d'enfeigner & d'apprendre l'Art du Trait , qui eft une des principales caufesdu peu de progrès que beau- coup de Menuifiers ont fait dans cet Art , ainfi que je fai déjà dit au commence- ment de cette partie de mon Ouvrage ; ce que je ne répète ici , que pour enga- ger, s'il eft poifible , les jeunes gens à mettre de l'ordre dans leurs études , & de la corabinaifon dans leurs idées , afin de pouvoir réfifter au torrent de la coutume 404 M E N U I S I E R, II. Partie , Chap. XIII. qui , quelqu'agréable qu'elle leur paroiffè , les met prefque toujours dans le cas de perdre leur temps , ce qui eft une perte irréparable , & dont fouvent on ne s'apperçoit que lorfqu'il n eft plus temps d'y remédier , ou ( ce qui eft encore pis ) dont on ne s'apperçoit jamais , par la fauflè fécurité que donnent les con- noifîànces que l'on croit avoir acquifes, lefquelles connoillànces fe démentent prefque toujours lorfqu'on vient à les appliquer à la pratique. ' SectionPremiere. Manière de préparer & d'élégir Us Bois propres aux Ouvrages de Traie. ' Dans tout ce que j'ai dit ci-devant touchant les dilïerentes efpeces de courbes , Planche je les ai prefque toujours fuppofé lilTes fans aucune efpece de moulures ni d'af- femblages, ne m'étant attaché qu'à donner la manière de les corroyer & d'en faire les coupes principales. Il s'agit maintenant de les repréfenter avec des aflemblages & ornées de moulures , ce qui ne change rien à leur forme , à la vérité , mais ce qui oblige à prendre des précautions tant dans la manière de les mettre d'équerre , que dans celle de placer les fils de bois pour recevoir les afTemblages , & dans le choix de ces mêmes affemblages. Quant à la manière de mettre d'équerre les bois des ouvrages cintrés en plan , la coutume la plus ordinaire eft de faire cendre toutes les équerres au centre du plan , ce qui eft fujet à bien des inconvénients , fur-tout lorfque l'ouvrage eft à double parement , ainfi que je le démontrerai ci-après ; de plus , quand les cour- bes font ornées de moulures faillantes , cette iàillie dérange la largeur des champs ou bien leur largeur totale , foit en l'élargilîànt ou en la rétrécilîànt , ce qui arriveroit dans les courbes évafées des lunettes & autres ouvrages de cette nature , fi l'on n'y apportoit pas toutes les précautions nécefïàires, lefquelles pré- cautions tendent non-feulement à rendre l'ouvrage plus parfait , mais encore à l'épargne de la matière , ce qui eft un objet très-confidérable. La coutume la plus ordinaire de mettre d'équerre les bois des ouvrages cin- trés en plan , eft de faire tendre ces équerres au centre du plan , ainfi que je 1 ai déjà dit. Mais il réfulte deux inconvénients de cette méthode ; le premier eft , que quand les moulures font poulfées fur un morceau de bois ainfi dilpofé , il arrive alors qu'elles deviennent plus larges dans leur obliquité que celles des par- ties droites , ainfi qu'on peut le voir dans la figure 3 , cote A , où la ligne a i5 eft plus longue que celle c d, fig. i ;ce qui , quand l'outil qui forme cette moulure, porte un quarré , le fait revenir en devant , & rend par conféquent la barbe moins longue qu'on ne l'avoir tracée fur le plan. Le fécond inconvénient eft, que quand les profils font à petits cadres , comme ceux des figures l & 3 , lorfque les équerres tendent au centre du plan , quand on vient à pouffer la gorge du derrière, fi l'on appuyé la joue de l'outil contre le champ Section J. Manière de préparer & d'éléglr les Bois , êc. 415^ champ du bois , fi le gorget a une joue ou conduit extérieur , il ne porte que fur cette joue au point ^, & ne peut pas par conféquent defcendre à fa profondeur ordinaire au derrière du talon ; ou bien fi on veut qu'il y defcende , il faut fuppri- mer le conduit du dehors , ce qui rend le quarré de la gorge trop profond , ainfi que je fai indiqué par des ponctuations qui repréfentent la forme de la gorge dans ces deux cas. Voyez la figure 3 , cote A. Si au lieu d'appuyer la joue de la gorge fur le champ du bois, on conduifoit cette dernière de façon que fon deffous fût parallèle à la ligne «3 , la gorge de- viendroit dans fon état naturel; mais on ne pourroit pas pouffer l'outil, parce qu'à mefure qu'il viendroic à defcendre, il rrouveroit le bois plus large, ce qui néceffairement l'cmpêcheroit d'aller, ou bien ce qui feroit caffer la joue , fi fon s'obftinoit à le pouffer ; ce qu'il eft très-aifé de voir , puifque le champ du bois augmente fur fa largeur de la diftance . /, la ligne/^- étant perpendiculaire à celle fb. Pour remédier à ces deux incoiivénients, il ne faut pas faire tendre les équerres au centre du plan ; mais au contraire , il faut, après avoir déterminé fur le plan la largeur du champ & de la moulure , mettre le bois d'équerrc d'après la largeur de cette dernière, ainfi que je l'ai obfervé dans la figure 3 , cote B , où l'angle droit hil,^ pour un de fes côtés la ligne i h. Cette féconde façon de mettre les bois cintrés d'équerre . ell très-bonne, parce qu'elle remédie à tous les inconvénients de la première, la moulure devenant égale à celle fig. I , tant fur la ligne diagonale ; m, qui ell égale à celle c d, que fur la ligne horifontale i h , qui eft égale à celle c p. Il faut prendre garde en mettant les bois ainfi d'équerre , de palfer la largeur de la moulure , parce qu'alors on tomberoit dans un inconvénienr inverfe du premier , ainfi qu'on peut le voir dans la figure 3 , cote B , où la ligne d'équerre ho, perpendiculaire à celle 3 /z, rentre trop en dedans du bois, & rend par conféquent la moulure trop étroite , la difl:ance / n étant moindre que celle i m. Plus les profils font larges , plus la difficulté augmente , ainfi qu'on peut le voir dans la figure 4 , cote C, où la diagonale qr,z& beaucoup plus longue que celles/-,/^, a, &OÙ la différence de largeur perpendiculaire de la moulure, de- vient très-confidérable en raifon de cette même largeur ; de plus, fi dans un profil d'une certaine largeur , tel que celui-ci , on poufToit les gorges parallèlement à l'équerre tendante au centre du plan , les faces des quarrés ne fuivroient plus le cintre du plan, ni les côtés de ces mêmes quarrés ne feroient plus perpendi- culaires à ce cintre , ce qu'il faut obferver le plus qu'il eft poffible. La différence des hauteurs du dedans & du dehors des gorges prife per- pendiculairement à féquerre de la pièce , devient aufïï très-confidérable , ce qui rend l'exécution de ces gorges impolfible avec le même outil avec lequel on a pouffé ceUe de la figure a , puifqu'il faudroit, pour s'en fervir de cette manière , Menu I s ier. II. Part. L 1 1 1 1 io6 MENUISIER. IL Partie. Chap. XIII. ■ haufler le quarré d'un côté & le baiflèr de l'autre , & changer la forme de l'ar- PiANCHE rondiffement. Toutes ces difficultés doivent , ainfi que je l'ai déjà dit , faire préférer la féconde manière de mettre les bois d'équerre , ainû que je l'ai obfervé dans la figure 4 , cote B ,ce qui n'a d'autre difficulté que quand l'ouvrage eft à double parement , comme la figure J , parce qu'alors l'angle extérieur devient trop obtus , & rend les quarrés du delîbus des moulures trop oppofés à leur direc- tion naturelle qui devroit tendre au centre du plan ; c'eft pourquoi dans ce dernier cas , on tracera l'équerre de la pièce des deux différentes manières ci- defîus , dont on partagera la différence par la moitié , ainfi que je l'ai obfervé dans la figure 5. Il faut cependant obferver que cette dernière manière de mettre les bois cin- trés d'équerre , a une partie des inconvénients de la première , parce que le champ de la pièce n'eft plus perpendiculaire avec la largeur de la moulure intérieure , ce qui rend les rives de la gorge plus hautes l'une que l'autre ; ce- pendant on ne peut guère faire autrement quand l'ouvrage efl à double pare- ment ; de plus , il eft très-rare que l'ouvrage Ibit auffi cintré que je l'ai repré- fenté dans les figures ci-defîus , que je n'ai cintrées ainfi que pour mieux faire fentir les difficultés qui fe rencontrent dans ces occafions. Quant à la face ex- térieure , il faut , en y pouflant les gorges , les pouffer bien à-plomb de l'arc du plan , de manière que la ligne a b ,fig. 4 , qui repréfente le deflous de la gorge, foit tangente avec le cercle extérieur. Il faut aufTi prendre garde en plaçant la gorge , que les largeurs des moulures foient à-peu-près égales entr'elles & à celle donnée , de manière que la diagonale c d , foit égale à celle e f. Lorfque l'ouvrage eft à double parement , il eft bon de faire les profils du côté du grand cercle plus larges que du côté du petit cercle , afin que la plus grande largeur du grand cercle , ( comparaifon faite avec le petit , ) foit par- tagée entre le champ & le profil , ainfi que je l'ai obfervé dans cette figure. En général , il réfulte des obfervations que je viens de faire , qu'on ne fau- roit faire trop d'attention en traçant les champs & les moulures des ouvrages cintrés en plan , afin que tous les membres , tant des parties droites que des cin- trées , fe raccordent parfaitement , & que les barbes des traverfes foient d'une longueur jufte , & qu'on ne foit point obligé de les recouper fi elles fe trouvent trop longues , ou bien de recouper liir les arrafements quand elles font trop courtes , ce qui eft encore pis , & cependant ce qui n'arrive que trop fouvent lorfqu'on n'a pas fait un plan jufte , & qu'on n'a pas pris toutes les précau- tions dont je viens de faire le détail. Lorfque les arêtiers des lunettes, ou toutes autres courbes de cette elpece, font ornés de moulures , comme les figures 6 & 7 , & que l'ouverture des lunettes Sêction I. Manière de préparer & d'e'le'gir les Bois , &e. 407 eft biaife ou évafée , foit fur le plan ou fur l'élévation , la faillie de ces profils ne doit pas fuivre l'inclinaifon de cet évafcment , mais au contraire être per- pendiculaire à la bafe du profil , c'eft-à-dire , à la ligne courbe du plan, repré- fcntée par celle g h i. Pour que tous les membres de ces profils foient ainfi perpendiculaires à leur bafe , il faudroit que toutes les perpendiculaires tendiffent au centre du plan , ce qui n'eft pas poffible , à moins que ce centre ne foit fort éloigné , parce que quand il eft proche , comme dans la figure ci-deffus , il y a trop de diffé- rence entre la longucurdelaligne/m (qui eft le nud de l'ouvrage pris du devant de la première moulure, ) & celle n 0 , qui borne fa plus grande faillie ; c'eft pourquoi il faut faire enforte que tous les membres des moulures des profils creux 6 &.J , {oient égaux à ceux du prolil droit , fig. 8 , & que la diago- nale pq du principal membre, fig. 6 &J, foit égale à celle rs delà figure 8, ainfi que je l'ai obfervé aux figures 6 Se j , où les lignes In Se m 0, ne font pas per- pendiculaires à l'arc de cercle ghi, ni à la ligne Im, ( laquelle donne la véri- table largeur du profil, puifqu' elle eft égale à la ligne t u ,fig. 8 ) , parce que les unes rendroient le profil trop étroit , & les autres le rendroient trop large. Il faut auffi remarquer qu'en fuivant la méthode que je donne ici, on peut fe fervir des mêmes gorges que pour les profils droits , fig. 8 , vu que le devant & le derrière de ces gorges , deviennent prefque d'équerre avec le champ qui leur eft correfpondant , en obfervant cependant de poulfer les gorges l'une en dehors & fautre en dedans du profil. Lorfque le derrière des profils fera faillant fur l'arête de l'ouvrage , comme il eft ici , on fera tendre cette faillie au point de centre du plan , & on fera en- forte que l'extrémité de cette faillie palfe par la ligne m 0 , qu'elle doit rencon- trer au point x, ce qui rend le derrière du profil creux , un peu plus large qu'il n'eft dans la figure 8 , dont la largeur eft repréfentée par la ligne //n, ainfi que je fai déjà dit. Cette différence de largeur eft très-peu de chofe , & fe réduit à rien lorf- que le profil changeant de plan fe trouve fur une partie droite , ce qui arrive dans prefque tous les arêtiers ; cependant dans le cas où je les repréfente aduel- lement , il faut en augmenter la largeur, ainfi que findique la ligne jk ^ , qui eft parallèle à celle o m , afin d'y pouvoir pouffer la gorge. Comme les arêtiers des lunettes changent de forme à mefure qu;ls changent de plan , à raifon de leurs différentes coupes , lorfqu'on veut que l'ou- vrage foit fait avec beaucoup de précifion , il eft nécelfaire d'y marquer le profil à chaque coupe , ainfi que je l'ai fait ici , en y faifant les mêmes obferva- tions. Quant au derrière des chambranles des lunettes , lorfqu'ils font avant-corps fjr le revêtiffement de ces dernières , comme dans les figures 6 & 7 , il faut Planche i;5. 408 M E N U I S I E R, îl. Pan. Chap. XIIL ' toujours que ce derrière fuive la courbe du plan , parce que fi on le faifoit re- tourner quarrément fur le revêtilTement , il faudroit diminuer l'épaiflèur du cham- branle aux endroits où il forme des angles aigus, ainfi que l'indique la ligne r , a ; ou bien fi on lui confervoit fon épaiflèur , il faudroit diminuer le champ du revêtiffèment de la diftance 2,3. On pourroit remédier à cet inconvénient , en portant la largeur du champ du revêtiflêment du point 2 au point 3 ; mais cela changeroit le parallélifme des lignes des champs avec le cintre de face , qu'il faut toujours tâcher de conferver pour ne point rendre l'ouvrage trop compliqué , Si par conféquent plus diffi- cile à faire. Voilà en général tout ce qu'on peut dire touchant la manière de dilpofer les équerres , & par conféquent les profils des ouvrages cintrés en plan , vu la mul- tiplicité des occafions , lefquelles font inépuifables , & fembleroient demander d'être traitées chacune à part, fi on ne faifoit pas attention que les préceptes que je viens de donner font applicables à tous les cas poffibles ; toute la différence qu'il pourroit y avoir , n'étant que dans le choix de ces mêmes préceptes : ce que je laiffe au génie de l'Ouvrier intelligent , lequel ne pourra guère s'y mé- prendre d'après tout ce que j'ai dit dans le cours de cet Ouvrage. §. I. Différentes manières de placer Us affemblages des Ouvrages cintrés. Quant aux affemblages des ouvrages cintrés en plan, ils demandent aufli beaucoup d'attention , parce que c'eft de laprécifion avec laquelle ils font faits, que dépend une partie de la réuflîte de ces fortes d'ouvrages ; c'eft pourquoi on fera très-bien de faire paffer tous les affemblages au travers des bois , afind'être plus sûr de leur direâion , & pour rendre l'ouvrage plus folide. Tant que l'ouvrage efi: peu cintré , ce que je viens de dire ne fouffre pas grande difficulté ; mais lorfqu'il l'eft beaucoup , & que les profils ont une lar- geur confidérable , cela demande bien des attentions , tant pour faire les tenons que les mortaifes , ainfi que je vais le démontrer. Les mortaifes fe font ordinairement avec un bec-d'âne , ainfi que je l'ai dit dans la première Partie de mon Ouvrage , page 77 ; c'efi: pourquoi elles ne peuvent être que droites fur leur largeur , ou pour mieux dire fur leurs joues ; d'olà il réfulte que quand le bois eft cintré comme la figure 9 , fi l'on fait paffèr l'aff'emblage au travers de la pièce & au milieu de fon épaiifeur , cette mortaife fe découvre néceflàirement dans le milieu de la pièce , ( ce que les Ouvriers ap- pellent crever la joue , ) ce qui la gâte & la met hors d'état de fervir. Cette dif- ficulté a fait recourir à différents expédients, lefquels y remédient plus ou moins bien , félon que l'on fait les employer à propos. Lorfque les bois font beaucoup cintrés , & que l'on craint que la mortaife ne crevé en la faifànt paflèr au travers de leur largeur, on élégit la pièce fur la largeur Section I. §■ I. Placer les affemblages des Ouvrages cintres. 409 largeur de celle du profil ab c d, & on trace la mortaife du fond de la barbe , laquelle mortaife palîè droite jufqu'au dehors de la pièce , ce qui ne fouffire au- cune difficulté , que quand la mortaife vient à rencontrer l'onglet , elle le coupe & vient fortir derrière la pièce aux points ef, ce qui fait un fort mauvais effet , & ce qui oblige à faire faire un coude à la mortaife depuis le fond de la barbe a d , jufqu'au deflùs de l'arrafement i c , ce qui rend l'aflem- blage peu jufte , puifqu'il faut faire entrer un tenon cintré dans une mortaife droite , ou tout au plus à pan , ce qui lailTe néceffairement un vuide entre le devant du tenon & la joue de la mortaife , ainfi qu'on peut le voir dans la fig. 9 , où ce vuide eft coté i i , & qu'il faut pour placer le tenon refouiller dans le derrière de la mortaife cotée o 0. Il y a des occafions , comme dans la figure 10, où quand on ne peut , ou on ne veut pas fupprimer le derrière de la barbe , on eft obligé de faire fuivre à la mortaife la pente de l'entaille g h Irn , ce qui peut être , quand le bois eft peu cintré ; mais lorfqu'il l'eft confidérablement , comme dans la figure 10 , la mortaile faite de cette manière, vient rencontrer la face extérieure de la pièce , & crevé la joue. On ne peut remédier à cet inconvénient qu'en failànt palTer la mortaife droite au travers de la pièce , en la plaçant de manière qu'il refte une joue raifonna- ble tant dans le creux de la pièce qu'à fes extrémités , ainfi que l'indiquent les lignes no 8c p q. Cette manière de placer les mortaifes eft très-bonne , tant pour celles où on réferve la joue de derrière , que celles où cette joue eft totalement fupprimée ; toute la difficulté qu'il pourroit y avoir n'étant que pour tracer les tenons, IsÇ- quels alors ne feroientplus parallèles au parement de la traverfe , mais au contraire feroient d'une direélion femblable à celle donnée par le plan où il feroit néceC faire de les tracer , afin d'en avoir les différentes joues , coraparaifon faite avec le cintre du plan. Cette manière de difpofer les alTemblages des ouvrages cintrés , eft aufîî très-bonne pour les tenons rapportés , que l'on nomme tenons à peigne, lefquels font toujours droits, & auxquels par conféquent il eft fort facile de faire prendre la diredlion que l'on juge à propos , par le moyen d'un calibre que l'on pofe £m la traverfe , & dont la partie qui excède l'arrafement de cette dernière , eft dreffée parallèlement au-devant de l'aflimblage , ou même entre au dedans de la joue pour diriger & appuyer le tenon que l'on rapporte , de forte que l'intérieur de ce calibre eft d'une même forme que le dedans de la figure 10 , coté rg s n. On pourra peut-être objefter que les tenons à peigne ainfi dilpofés , ne peu- vent avoir lieu que quand les deux barbes des traverfes font ralongées par der- rière comme par devant , comme dans la figure p ; mais que quand elles ne le font que par-devant , comme dans la figure 10 , il ne refte pas afficz d'épaifTeur par derrière pour contenir les goujons , ce qui feroit vrai fi le cintre étoit aufîî confidérable que dans la figure 10 , mais cela arrive rarement ; & de plus , fi Menuisier. II. Pan, M m ni m m 4IO MENUISIER, II. Partie , CJiap. XIII. cela arrivoit , on pounoit faire les tenons dans le même bois , ce qui leveroit toutes les difficultés ; ou bien fi on ne le pouvoit faire , on biaiferoit l'aflemblage jufqu'à ce qu'il rencontrât le point t , qui eft l'angle extérieur de la pièce , ce qui donneroit plus de joue du côté de l'arrafement , & par conféquent de place pour placer les goujons , qui de plus n'ont pas befoin d'être bien longs. En général , on ne doit confidérer ce que je dis touchant les afiemblages des parties cintrées , comme abfolument indifpenlàble , que quand elles auront beau- coup de cintre ; car quand elles n'auront qu'une ligne de creux fur deux pou- ces , on pourra faire les affèmblages à l'ordinaire , la différence qui s'y rencontre étant trop peu de chofe pour faire des aflemblages relevés fur le plan , ainfi que ceux dont je viens de parler. Quant au choix de ces affèmblages , on le fera en raifon de chaque efpece d'ouvrage , en obfervant toujours que les tenons & les mortaifes font plus fblides que les enfourchements , dont on ne fe fervira que le moins qu'il fera polfible ; on obfervera d'éviter les bois tranchés , étant plus expédient de faire une courbe de beaucoup de morceaux , que de mettre du bois tranché dans les affèmblages. Pour ce qui eft du ralongement des courbes , il faut toujours le faire à traits de Jupiter , & non en entaille , ce qui n'eft pas affez folide ; il faut aufli avoir foin en plaçant ces traits de Jupiter , d'éviter de les mettre vis-à-vis des affèm- blages , lefquels les couperoient & en ôteroient la folidité. Les aïîemblages des parties cintrées f& chevillent à l'ordinaire , & on fera auffi très-bien de les coller , afin que les tenons & les mortaifes faflènt corps enfemble ; ce qui eft très-bon , pour peu que les bois foient un peu tranchés ; de plus , les bois tant des bâtis que des panneaux de ces fortes d'ouvrages , de- vant être très-fecs , ils ne fe retirent prefque point ; c'eft pourquoi on peut en coller les affèmblages làns crainte. Section Seconde. Des Arrieres-vouffures d' affèmblages. J E ne m'étendrai pas beaucoup touchant la forme & la conftrudlion des ar- rieres-vouffures , vu que ce que j'ai dit dans tout ce Traité , eft plus que fuffi- lànt pour en donner la théorie & même la pratique. Je me contenterai donc de faire la delcription des deux principales elpeces de vouflures que j'ai deffinées le plus grand poffible , avec toutes les lignes qui ont fervi à leur conftruélion , afin que l'on puifTe voir d'un feul coup d'oeil le rapport que toutes leurs par- ties ont les unes avec les autres ; j'ai aufîi deffiné à part leurs principales pieCes avec leurs affèmblages , pour qu'on n'aie rien à défirer à ce fujet , & pour que l'on foit à portée d'appliquer les différentes méthodes que j'ai données , à tous les cas poffibles , lefquels (pour ce qui eft des arrieres-voufTures ) font renfer- més dans les deux premières elpeces, ainfi que je l'ai démontré, page 3 12 fuiv. Section L§.I. Defcription d'une Arriere-voujfure de S. Antoine , &c. 411 Je donnerai auffi la defcription d'une trompe d'affemblage avec fe's dévelop- pemenrs , ce qui terminera ce Chapitre. ' ^ §. I. Defcription d'une Arriere-voujfure de Saint- Antoine, d'affemblage ; d'une Arriere-voufure de MarfeiUe , & de fa contre-partie aufi d'affimblage. L'Arriere-voussure qui eftrepréfentéeici, eftconftruite félon les méthodes que j'ai données précédemment , tant pour les ouvrages collés en plein bois , que pour les différentes efpeces de courbes , ainfi que l'indiquent les lignes de conf- truâion des figures de cette Planche, & les différentes coupes qui y ont été faites pour avoir les cintres de la traverfe du bas & fes gauches. Cette traverfe eft faite de trois pièces , dont les deux plus courtes fuivent par en-bas l'à-plomb des embrafements, & font de même arrafement pour le dehors , mais pour le dedans l'extrémité de leur coupe eft bornée au dehors du champ de l'embrafement. Ces traverfes s'affemblent d'un bout à tenons & mortaifes dans la grande courbe ou traverfe du devant , & de l'autre elles s'affemblent à queue d'aronde dans la traverfe du fond , laquelle eft coupée d'onglet fur la ligne ef, fig. 4, ainfi que ces premières, & a des entailles pour recevoir leurs queues. ( Voye^ les Figures j) lo ). Quant à la manière de trouver le cintre de ces traverfes , il eft fort aifé , puif- que pour celle de côté il fe prend Tur Je. lignes de conftruaion de l'élévation , & pour celle du fond , ce cintre fe prend fur les trois coupes ,fig.6,j&^, & fur celle du milieu. Il eft cependant bon de faire une obfervation à ce fujet, qui eft que la lar- geur totale de la traverfe étant portée fur chacune de ces différentes coupes, donne différentes hauteurs perpendiculaires à raifon de leurs différentes inclinai- fons , ce qui fait que l'arête des traverfes devient courbe , fur-tout à l'endroit da la coquiUe au joint des deux traverfes, ce qui fait un affez mauvais effet ; c'eft pourquoi , je crois qu'il vaut mieux , ( ainfi que d'habiles Praticiens l'ont fait, ) il vaut mieux , dis-je, facrifier l'égalité des champs , pour que le deffus des tra- verfes horifontales devienne une ligne droite, en bornant leur hauteur perpen- diculaire à la hauteur donnée par la coupe la plus droite , qui eft celle du milieu , ce qui ôtera la difformité du contour de l'arête de ces traverfes , que je n'ai fait ici de cette manière que pour en faire fentir le mauvais effet. Quant à la grande courbe du devant , on la fait de plufieurs pièces jointes à traits de Jupiter , & on y kiffe le moins de bois tranché qu'il eft poffible , afin de lui donner plus de folidité , ce qui doit être la même chofe à toutes les ef- peces de vouffures. I-es panneaux fe conftruifent , ainfi qu'on peut le voir , par la même méthode que les bâtis , c'eft-à-dire, par des cerces données par les divifions horifontales du plan , en obfervant toutefois que les opérations font faites tant fur le plan Planche 'J7. Planche iî8. 412 M E N U I S I E R, II. Partie, Chip. XIII. == fg. ^ , que fur la coupe , fig. 3 , fur des lignes qui font le devant des panneaux , Planche ^j^j^^ ^ largeur ou arête horifontale , par le moyen des perpendiculaires pri- fes fur les différentes coupes Jïg. 3 , (5, 7 & 8 , en partant de l'angle du panneau qui y eft indiqué par des lignes ponéluées. Quoique les joints des panneaux foient indiqués dans la figure 2 , par cerces parallèles à la face verticale , on peut , fi l'on veut , les faire par joints parallèles & perpendiculaires à Thorifon , ainfi que je l'ai démontré , page 328. Lorfqu'on veut conftruire une arriere-voulfure de Marfeille d'alfemblages , on commence par faire toutes les opérations de conftruélion pour avoir des cerces correfpondantes aux lignes horifontales du plan , ainfi qu'aux voulfures de Saint- Antoine ; puis on commence par mettre la traverfe ou courbe du fond de lar- geur , par le moyen des coupes prifes fur des lignes tendantes au centre de cette courbe , lefquelles font repréfentées fig. 4. La largeur & l'équerre de cette première courbe étant déterminée on a la largeur & l'équerre de la traverfe ou courbe du devant, par le moyen des mê- mes lignes de coupe , quoiqu'à la rigueur il faudroit que ces coupes tendiffent au centre de cette courbe , qui eft beaucoup plus loin que l'autre , vu que pour trouver la véritable largeur d'une courbe , il faut que la coupe que Ton fait lui foit perpendiculaire , ainfi que je l'ai démontré ailleurs ; cependant comme cette différence eft très-peu de chofe dans le cas dont je parle ici, on pourra fe con- tenter des coupes de la courbe du hac , pour avoir les dimenfions de celle du devant , laquelle étant une fois tracée , il ne refte plus que celles des côtés à mettre de largeur , ce qui fe fait de la manière fuivante : Le plan & l'élévation de la courbe de fond étant tracé , on divife Fangle du plan ,j2g. 5 , en deux parties égales , ainfi que l'indique la ligne & du point où cette ligne qui repréfente le joint des deux courbes , rencontre la ligne du devant de la traverfe , on élevé une perpendiculaire à félévation , laquelle donne le point d e rencontre des deux courbes ; enfuite on prend la largeur de la courbe de côté, que l'on porte depuis la ligne d'arête fur les cerces de conftruc- tion , ce qui achevé de déterminer la largeur de cette courbe, que l'on trace en- fuite fur le plan par le moyen des perpendiculaires abailfées de l'élévation , ainfi qu'on peut le voir dans les figures i & J. On a les équcrres de cette courbe , en traçant autant de perpendiculaires à chaque cerce de conftruftion , & la longueur de ces perpendiculaires fera en raifon de l'épaiffeur donnée & de l'obliquité de chacune de ces lignes , comparaifon faite avec la face verticale de fouvrage. Les courbes de côté s'affemblent à tenons & mortaifes dans la traverfe du fond de la vouffure , & ce qu'elles ont de faillie , ou pour mieux dire , ce qu'elles ex- cédent d'après l'angle de cette dernière , fe coupe d'onglet , ainfi qu'on peut le voir dans la figure 7 , qui eft félévation d'une de ces courbes , prife fur la ligne ghffig- (5, ou bien fur la ligne i m ,fig. 5, fur laquelle toutes les opérations ont Section I. §. I. Definpûon d' une AtrLere-voujJure de S. An toine y 413 été faites. Comme quand le derrière des courbes eft chantourné , il ne refte pas affèz de bois pour y faire des aflèmblages , lefquels alors fe trouvent très- Pi^anchï loin , ainfi que dans la figure 7, il eft bon d'y palTer une barre à queue dans le haut du joint , laquelle le fait approcher , & retenir l'écart des deux courbes , ainfi que je l'ai indiqué dans cette figure. Le bout fupérieur des courbes de côté , s'afTemble à tenons & mortaifes dans la traverfe du devant ; & fi dans la figure 7 je n'ai point fait de tenons, ce n'eft que pour faire voir la courbe dans toute fon étendue , me contentant d'y mar- quer les arrafements du tenoji. Cette manière de marquer & de corroyer les courbes jufqu'au dehors de l'ou- vrage , eft très- bonne, parce qu'on eft plus sûr de leurs contours, & qu'elles font plus aifées à tracer. Pour les panneaux , ils fe font toujours par la même méthode , en obfervant toujours de faire les opérations fur les lignes du plan & de la coupe , lefqueLles repréfentent le devant des panneaux , & de prendre leurs concours extérieurs fir les coupes des figures 3 & 4. La dernière arriere-vouflure dont il me refte à parler , n'a rien de particulier . dans fa conftruaion , puifque les deux traverfes du bas s'afferablent à tenon & Planche morcaifedans la courbe de devant & dans celle de derrière ; il faut cependant prendre garde que ces traverfes font gauches fur leur largeur , & que l'arrafe- ment du fond eft évafé du côté de la moulure , en raifon de la diminution de la courbe de derrière. Quant à cette dernière , on en a les dimenfions de largeur & d'épaiflêur par des coupes fig. 4 , prifes fur des lignes tendantes au centre du cer- cle extérieur de la vouflùre , ainfi que je l'ai fait ici , ce qui n'eft cependant pas exaélement jufte , puifqu'il faudroit que ces coupes fuifent perpendiculaires à la courbe du fond , qui eft celle dont je parle ; & fi j'ai fait dans cette vouflîire les coupes tendantes au centre extérieur , ce n'eft que par une raifon invcrfe de ce que j'ai fait à la voulfure de Marfeille , & pour faire mieux fentir la nécelfité de faire pour chaque courbe , des coupes tendantes chacune à leur centre , fur-touc lorfquc les cintres de ces courbes font bien dilférents les uns des autres. La courbe du devant de ces voufiùres , n'a rien d'extraordinaire des autres pour fa conftruélion ; quant à celle du fond , elle fe fait aufiî de plufieurs mor- ceaux joints à traits de Jupiter , que fon dilpofe parallèlement à la face verticale de l'ouvrage , afin de les rendre plus faciles à faire. Les panneaux des vouflîires dont je parle , n'ont rien de particulier dans leur conftruélion ; c'eft pourquoi je n'en parlerai pas , l'infpeélion feule des figures 3.&6, étant plus que fufiifante pour en donner f intelligence. Lorfque la capacité du milieu des vouffures n'eft pas d'une fort grande éten- due comme celles dont je parle, on peut orner leur milieu d'un rond ou d'un ovale, ou enfin d'une lofange, ce qui fait très-bien, à condition toutefois, ainfi que je viens de le dire, que la capacité du fond de la voulfure ne foit pas confi- Menuisier . II. Pan. N n n n n 414 MENUISIER, IL Parue. Chap. XIII. dérable , c'eft-à-dire , que la diftance qu'il y a entre la courbe du devant & celle du fond ne Ibit pas trop grande , parce qu'alors cette trop grande diftance pro- duit un rond d'un diamètre très-confidérable , ce qui , joint aux largeurs des champs & des moulures des côtés du rond , abforbe une partie de la capacité de la vouflure , & réduit prefqu'à rienles panneaux de côté, ce qui arrive aux arrieres- VoulTures de Saint- Antoine , pour peu que leur plan ait de profondeur , propor- tion gardée avec leurs ouvertures. C'eft pourquoi on fera très-bien de ne mettre des ronds qu'aux autres arriéres; vouflures dont le plan aura peu de profondeur , & jamais à celles de Saint- An- toine , quand même au lieu d'y mettre un rond , on y mettroit un ovale. En général , les ronds ne font prefque jamais bien dans les arrieres-voufTures ni dans tous autres ouvrages compofés de deux cintres d'une cerce inégale , Ibit qu'on les confidere comme l'effet de la pénétration d'un cylindre , ou comme un rond dont le diamètre feroit égal à la ligne de la coupe du milieu développée fur une ligne droite , lequel rond feroit reployé fur le cintre de la vouiTure , ce qui ne peut pas exaélement être à caufe du fuyant des courbes , qui feroit re- ployer ce rond par les bouts , pendant qu'il manqueroit d'étoffe dans le milieu. Touts ces inconvénients joints à la difficulté de l'exécution , devroieat em- pêcher l'emploi des ronds dans ces fortes d'ouvrages ; mais comme il y en a où le cintre n'eft pas fort creux , & où le peu de profondeur du plan ne donne pas un très-grand diamètre au rond, j'ai cru ne pouvoir me difpenfer ici de donner la manière de les conftruire , afin qu'on ne fe trouve point embarrafTé s'il fe préfen- toit l'occafion d'en avoir à faire , & que l'on puiffe les employer ou les éviter avec connoilîànce de caufe , & non pour fuivre la coutume. Lorfqu'on veut faire un rond dans une voufTure , il s'agit de le tracer tant fur le plan que fur la coupe & fur félévation pour en avoir toute f étendue , & pour déterminer la longueur des panneaux & la forme qu'ils doivent avoir à Fendroit du rond , ce qui demande beaucoup d'attention pour le faire avec précifion , ainfl qu'on le verra ci-après. La coupe du milieu de la voufTure étant tracée , ainfi que celle fig. 3 , des deux extrémités intérieures de fes champs , on mené une ligne diagonale m n ; enlliite on diyife fintervalle qui refte depuis cette ligne julqu'au fond du cintre en de.ix parties égales par la ligne p q , parallèle à la première ; puis on prend fur la li- gne / f , le milieu de la diflance qu'il y a de cette dernière jufqu'aux arrafements m n , laquelle fe trouve au point 0 , qui devient le centre du rond , puifque la diflance m 0 e& égale à celle on; on élevé ainfi le point de centre dans ce rond , afin que toutes les parties de là circonférence foient également éloignées du centre , ce qui ne pourroit être , fi on plaçoit ce centre au fond du creux du rond, parce qu'alors ce dernier deviendroit beaucoup plus large que haut, ce qui n'arrive pas quand le centre eft hauffé de la moitié du creux ; parce qu'alors ce que le rayon perd d'un côté en remontant, il le perd de l'autre en baiflànt ; Section I. §. I. Defiription d'une Arriere-voiiffure de S. Antoine, (Sr. 41J ce qui fait que le rond devient d'une forme à-peu-près parfaite , n'y ayant que les parties du rond , qui font de niveau avec le centre , qui s'alongent ; mais c'eft peu de chofe. Cette opération étant faite , c'eft-à-dire , l'intérieur du rond étant tracé , on en trace l'extérieur en augmentant les champs & les moulures , ce qui donne la largeur totale du rond & le cintre des panneaux , ce qu'on ne peut cependant porter llir le plan , qu'après avoir tracé les cerces de la vouflure vue diagonale- ment , c'eft-à-dire , de manière que la ligne mn,o\x celle p q , puifTe être con- fidérée comme la face verticale de l'ouvrage, ce qui fe fait de la manière ftivante : Le diamètre extérieur du rond étant connu , on trace fiir l'élévation , fîg. i , la ligne g A, un. peu plus éloignée du milieu de la vouffiire , que la moitié du grand diamètre du rond , afin d'avoir des points très-éloignés ; enfuite on trace fur l'élévation une ou plufieurs lignes , ainfi que celle i l, parallèles à celle g h , lefquelles donnent les différentes coupes de la vouflure repréfentée fig. 3 ; puis par les points où ces coupes rencontrent les lignes perpendiculaires repréfentantes les joints des cerces de la vouflure , par ces points , dis-je , on mené autant de lignes perpendiculaires à celle mn ou p q, dont la diftance dorme les cintres des cerces vues obliquement , en obfervant qu'il faut tracer , ainfl que dans la figure 7 , des lignes parallèles à celle p q , dont la difl:ance doit être égale à celles de l'élévation qu'elles repréfentent ; c'eft-à-dire , qu'il faut que la diftance A B, fig. 7 , égale celle r i , fig. i ; & celle A C égale celle s g ; puis par les points où les perpendiculaires à la ligne p q, rencontreront celles B E Se C D , on fait paflèr autant de courbes qui font les cerces de la vouflure vue perpendicu- lairement à la ligne p q. Enfuite pour tracer le rond fur l'élévation , on prend ,fig. 7 , la diftance qu'il y a depuis la ligne p q , qui eft le milieu du rond , jufqu'au point où le cercle extérieur de ce dernier coupe la courbe de la cerce , laquelle diftance on porte fur l'élévation à la cerce correlpondante d'où cette diftance a été prilè , en obfer- vant qu'elle foit prife & portée bien perpendiculairement aux lignes repréfen- tantes le milieu du rond , ainfi que je l'ai obfervé aux figures i & 7 , où la diC- tance 1,2, égale celle F G ; celle 3,4, égale celle H 1 ; celle ^ , 6 , égale celle L M; celle 7,8, égale celle NO;&. celle 9 , 10 , égale celle P Q. On fait la même opération pour le panneau , en obfervant que les points qui donnent les cintres des cerces ,fig. 7 , font pris d'après un ravalement qui indi- que le devant des panneaux. Quant à la manière de tracer le rond fur le plan , il eft très-aifé de voir qu'on le fait par le moyen des perpendiculaires abaifl"ées de l'élévation , ce qui n'a befoin d'aucune démonftration. De tout ce que je viens de dire touchant les ronds, il n'y a d'exaélement vrai & de jufte , que la manière de tracer le cintre des cerces vues perpendiculaire- 4î6 M EN U I S I E R, II. Partie , Chap. XI II. f ment à la ligne p q , flg. 3 (S" 7 ; car , pour ce qui eft de la largeur extérieure du Planche rond , elle eft faulTe , parce que le rond étant cintré , la largeur du champ & de la moulure ne peut pas être vue toute en entier; puifqu'au lieu de fe pré- fenter de face , ils fe préfentent fur la diagonale, & que de plus , dans le cas dont il s'agit ici , les formes du cintre changent à tous les points de la circonfé- rence du rond; ce qui fait que non-feulement les champs ne peuvent pas pa- roître dans leur véritable largeur , mais encore que cette inégalité n'eft pas par- tout la même. Cette difficulté eft une des plus confidérables de ces fortes d'ouvrages , Se celle qui arrête le plus les Praticiens ; les uns traçant le cintre extérieur de leur rond parallèlement au cintre intérieur , ainfi que je fai fait dans les figures pré- cédentes , ont trouvé en exécutant , des champs beaucoup trop larges , & ce qui eft pis , inégaux entr'eux. D'autres , après avoir collé & creufé la maffe de leurs ronds , les tracent en dedans à f ordinaire ; & après avoir borné la largeur des champs & de la moulure dans la partie la moins creufe du rond , du même centre & de cette diftance ainfi bornée , ils tracent l'extérieur du rond , dont les champs & les moulures deviennent beaucoup plus larges à l'endroit des arraferaents qu'au milieu , ce qui fait un fort mauvais effet. D autres enfin , pour remédier à ces différents inconvénients , ont pris le parti de déterminer le dehors de leurs ronds , par le moyen d'une traînée de compas , ou bien par des feélions faites autour du rond intérieur , ce qui , à la vérité , rend les champs & les moulures du rond d'égale largeur dans toute fà circonférence , mais ce qui ne donne pas la manière de tracer ce rond fut le plan ni fiir Féléva- tion ; ce qui empêche d'avoir la mefure jufte des panneaux que l'on eft obligé de faire pour ainfi dire à tâtons , & en les préfentant plufieurs fois , ce qui eft fort défagréable , tant pour l'accélération de l'ouvrage que pour fà précifion. §. 1 1. Manière de déterminer la véritable largeur des Ronds , & d'en trouver toutes les Coupes. =3 Pour donner à la Théorie & à la Pratique de ces fortes d'ouvrages , toute la Planche perfeélion dont elles peuvent être fufceptibles , j'ai cherché les moyens de re- médier à ces différents inconvénients , & je n'en ai pas trouvé de meilleur ni de plus jufte , que de tracer les largeurs des champs & des moulures fur toutes les coupes que l'on voudroit faire dans un rond , à condition toutefois qu'elles ten- dilTent toutes à fon centre , ce que j'ai fait de la manière fuivante : J'ai commencé par tracer la coupe du milieu de la voufîure , & celle des deux perpendiculaires de l'élévation , afin d'avoir les cintres des cerces cotées aa,jig. I , vues comme dans les figures 3 & 7, Planche 15p. Cette opération étant faite, il eft très-néceifaire de trouver le cintre des lignes AB ,C D à^E F ,fg. 2 , & le Section I. J. II. Déterminer la véritable largeur des Ronds , &c. 417 le cintre de celles GH,IL, MN,0 P & Q R, même figure ; pour parvenir à trouver ces différents cintres , j'ai confidéré la figure 2 , comme une furface plane repréfentée en coupe par la ligne des centres p q , fig. 3 , & fur laquelle furface les différentes courbes repréfentées en plan par les lignes AB,CD, E F, G H, Sic, excédoient à l'extérieur ou rentroient à l'intérieur de cette même furface , ainfi que le faifoient les trois courbes bc,de ,fg, à l'égard de la ligne/7 3. Or , pour rendre l'opération plus claire , j'ai fuppofé que les différentes cour- bes que j'avois à décrire , puiffent fe mouvoir fur les lignes qui les repréfenten: en plan , de forte qu'elles fulfent toutes apparentes , afin d'en avoir les hau- teurs & les profondeurs perpendiculairement à ce même plan ou furface , repré- fenté/»-. 2 ; enfuite j'ai tracé les trois courbes h c , de,fg,fig. 1 , femblables à celles de la figure 3 , cotées des mêmes lettres. Puis pour le cintre des autres lignes , j'ai pris la diftance que ces trois premières courbes avoient en deifus ou en deflbus de la furface , à f endroit où elles fe rencontroient ; c'eft-à-dire , que pour la ligne G H, j'ai fait la dif- tance //^ r, égale à Hi; celle l^, égale à//«; & celle G 4, égale à G n; es qui m'a donné la courbe demandée. J'ai fait la même chofe pour la ligne IL , c'eft-à-dire , que j'ai fait la diftance L J égale IL h; celle / 6 égale 1rs; Se celle I7 égale à /; , ainfi des autres. Quand j'ai eu ainfi toutes les courbes des lignes perpendiculaires & horifontales , j'ai divifé le cercle intérieur en huit parties égales , dont j'ai eu les coupes par la même méthode , c'eft-à-dire , qu'à chaque point où les rayons coupent les lignes horifontales ou les perpendiculaires , j'ai pris la hauteur ou la profon- deur de ces dernières , ainfi qu'on peut le voir à la diagonale 0 Y, (qui eft la même que celle 0 ï/, ) où la diftance 7 1 3 égale U 8 ; celle 14,15 égale u 9 ; celle 1(5, 17 égale celles 10; celle 18, 19, égale celle j 11 ; enfin celle o 20 égale celle 0 ^ , qui eft elle-même égale à celle 0 & ,fig. 3. Toutes les courbes des lignes tendantes au centre du rond étant ainfi tracées , des points xx, où le cercle intérieur les rencontre, j'ai porté fur chacune d'elles , la largeur du champ & de la moulure de x en , & de chacun de ces points j'ai abaiffé autant de perpendiculaires p q, a qui m'a donné le vé- ritable contour extérieur du rond , ainfi que fon diamètre , qui eft plus petit que celui tracé félon la méthode ordinaire , c'eft-à-dire, excentrique & parallèle au cercle intérieur ; c'eft pourquoi je l'ai indiqué ici par un cercle ponélué , afin d'en faire mieux fentir la différence. Quant au cercle intérieur , il n'eft pas exadement rond , à caufe des inégali- tés des courbes , lefquelles font plus ou moins élevées les unes que les autres au-defTus du centre ; mais cette différence eft très-peu de chofe , c'eft pourquoi on n'y fera pas attention. On pourra avoir les équerres du rond , en traçant fon épaiffeur à chacune des Menuisier. IL Part. O o o o o 41 8 MENUISIER, Il Partie. Chap. XIII. courbes tendantes à fon centre , ce qu'il eft fort aifé de faire , & n'a befoin d'au- PiANCHE ^y^g démonftration. .100. Cette méthode d'avoir le cintre extérieur des ronds, peut auffi s'appliquer aux ovales , en obfervant de faire les lignes fur lefquelles on porte les largeurs des champs & des moulures , perpendiculaires à chaque partie de l'ovale par où elles paffèront. Cette méthode eft auffi très-bonne pour les lofanges , parce qu'elle donnera les moyens de les faire d'affemblages , en prenant leurs différents ca- libres de la même manière que ci-deflus. Pour ce qui eft des lofanges, elles ne peuvent être d'une forme quarrée , parce que fi on les fait de cette forme félon la méthode ordinaire , c eft-à-dire , que les angles intérieurs Ibient réguliers , il arrivera que les angles extérieurs re- monteront en contre-haut de la voufllire ; & que fi au contraire on fait les angles extérieurs d'une forme régulière , le panneau du dedans deviendra d'une mau- vaifè forme , à caufe que le milieu des cerces de la vouiîure forme une ligne courbe ; c'eft pourquoi je crois que dans ce cas on fera très-bien de partager le différent par la moitié , afin de contenter la forme intérieure & extérieure le plus qu'il eft poffible. Il y auroit cependant un moyen de rendre la lolànge d'une forme agréable , qui feroit de faire luivre à fbn axe ou diamètre , le cintre du milieu des cerces , & d'en faire les côtés llipérieurs bombés en dehors , & au contraire les côtés infé- rieurs creux en dehors , ainC qu'on l'obferve dans toutes les calottes ou vouflûres enrichies de calîèttes & d'ornements. Quant à la manière de tracer les lofanges fur le plan & fur l'élévation , c'eft toujours la même chofe que pour les ronds ; c'eft pourquoi je n'en parlerai pas. En général , les ronds , les ovales & les lofanges , fe font en plein bois collés perpendiculairement avec la face de la voufîure dans laquelle ils s'alTemblent à tenons & mortaifes , que l'on fait fort bien de coller ainfi que tous les autres aflemblages , comme je l'ai dit plus haut. §. 1 1 1. Defcription d'une Trompe d'affemblages. _ 1 Les trompes d'affemblages fe conftruifent par la même méthode que celles Planche collées en plein bois , toute la différence qu'il y a n'étant que pour trouver la largeur & les équerres de leurs bâtis , ce qui fe fait par le moyen des coupes que l'on prend dans la trompe , lelquelles coupes doivent dans tous les cas être prifès parallèlement aux côtés de la trompe , afin que les largeurs données par ces cou- pes , foient les véritables largeurs que l'on cherche ; & que la courbe de ces mêmes coupes foit autant de paraboles auxquelles la ligne horifontale de la trompe ferve d'axe , ainfi que le font les coupes a b Se c b , fig. ^ , lefquelles font prifes {ai les lignes de &.fg du plan , fig. 4. On obfervera que j'ai mis les champs d'égale largeur , félon les diiférentes Section 7. §. III. Defcription d'une Trompe d'ajfemblages. 419 inclinaifbns des coupes ;cependant on pourroit très-bien faire pafTer tout droit - le deilùs des traverfes du bas de la trompe , ainfi que je l'ai dit en parlant des ^i-anche voufîures de Saint- Antoine , quoique cependant l'ufàge le plus commun foit de les faire ainfi que je les ai defllnées ici. Pour ce qui efl: des aflemblages des trompes, les traverlès du bas s'affèm- blent à queues d'aronde dans l'angle rentrant , ainfi que les coquilles desarrleres- voulîùres de Saint-Antoine ; par l'autre bout , elles s'aflèmblent à tenons & mor- tai{ès dans les courbes du devant , lefquelles font jointes & aflèmblées par le haut par le moyen d'une languette & de deux barres à queues mifes en fens ■ contraire. Quant aux conftruflions tant des courbes que des coupes , elles fe font par le moyen de la méthode que j'ai enfeignée & que j'ai fuivie dans toute la fuite de cet Ouvrage ; c'eft pourquoi je n'en parlerai pas davantage , ayant épuifé tout ce que je pouvois dire à ce fujet. Si en général je me fuis plus étendu fur la théorie que lur la pratique des ouvrages de Trait , c'efl que dans toutes les efpeces d'ouvrages , la pratique eft prefque toujours la même ; au lieu que la théorie au contraire eft fufceptible de beaucoup de changements , ou pour mieux dire , de beaucoup de nuances qui femblent y apporter des changements confidérables, quoiqu'au fond les prin- cipes des différentes méthodes foient toujours les mêmes. De plus , la partie de la théorie de FArt du Trait , a jufqu'à préfent été la plus négligée par les raifons que j'ai données en différents endroits ; c'eft ce qui m'a engagé à ne rien laiffer échapper , ( du moins autant que mes forces me l'ont permis , ) pour rendre ce Traité complet , & pour n'y rien laiffer à défirer ; tout ce que je puis recommander aux Praticiens , c'eft beaucoup de précifion & d'exaftitude tant dans f exécution qu'en marquant l'épure ou plan de leurs ouvrages, & de toujours conférver fur toutes leurs pièces les lignes d'équerre & de conftruâion , dont le Trait les aidera , s'il arrivoit de fe trouver embarraffé de quelque chofe. Ils feront très-bien aufîî de marquer ces traits des mêmes lettres ou chiffres que fur le plan , afin que d'un feul coup-d'ceil ils puiffent fe reconnoître & travailler avec la sûreté & la tranquillité d'efprit que donne la certitude des opérations que l'on a faites , ce qui ne pourra être que lorfqu'ils auront acquis toute la théorie néceffdre. Quant à l'épargne de la matière , comme c'eft un objet effentiel , on ne fau- roit y faire trop d'attention ; c'eft pourquoi on prendra les courbes dans les plus petites raaffes poffibles , la multiplicité des collages & des affemblages n'étant pas comparable avec cette épargne. De plus , en fait d'ouvrages cintrés , plus les bois font courts , & moins il y a de bois tranché : par conféquent l'ouvrage en eft plus folide ; ainfi on fera très-bien de ne pas ménager ni les affemblages ni les collages , ces derniers fur-tout quand les pièces ont beaucoup de gauche , & qu'il y auroit trop de perte de bois en les prenant dans une même pièce. 4^0 M E N U I S I E R, II. Part. Chap. XlF. Il faut auffi obfervei- en faifant ces collages , de les difpofer en liaifon pour rendre l'ouvrage plus folide , & de faire en forte , le plus qu'il fera poffible , qu'ils fe trouvent dans les parties les moins apparentes , comme auffi de faire ces joints d'après la faillie des moulures , afin qu'ils ne foienc point expofés à fe découvrir ni à fe décoller , ce qui pourroic arriver , foie par la trop grande fécherelTe ou par l'humidité. CHAPITRE QUATORZIEME. Des Efcaliers en général. * L A Science des Efcaliers eft une partie des plus elTentielles de l'Art du Trait , tant pour ce qui a rapport à la décoration qu'à la folidité ; c'eft pourquoi je m'é- tendrai le plus qu'il me fera poffible dans ce que je dirai à ce fujet , & je raf- femblerai tous les diiîerents cas où il y a des difficultés à vaincre ou à réfou- dre , afin que les Menuifiers n'ayent rien à défirer fur la théorie & la pratique de cette Science, qui jufqu'à préfent a été regardée comme plus nécefl'aire aux Charpentiers qu'aux Menuifiers , vu que ces derniers n'en font que très-rare- ment ; au lieu que les premiers, c eft-à-dire , les Charpentiers , font tous les efcaliers d'un bâtiment , fur-tout lorfqu'iis exigent des bois d'une forte qualité. Cependant comme les Menuifiers font en polTeffion de faire tous les efcaliers de dégagement , dont les bois font d'une médiocre épaifièur , & dont les marches font de deux pièces , il eft très-néceJfaire qu'ils fçient parfaitement inftruits de ce qui regarde ces fortes d'ouvrages, afin de pouvoir les traiter avec fuccès. De plus , les rampes des chaires à prêcher, qu'ils font dans le cas de faire , ( quoique très-rarement ) , les obligent à faire une étude très-férieufe de cette partie de l'Art du Trait , afin d'éviter & de prévenir les différents inconvénients qui peuvent s'y rencontrer, foit dans la décoration foit dans la conftrudion. En général , la commodité eft ce que l'on doit le plus rechercher dans la conf truétion des efcaliers , fur-tout quand leurs rampes ou limons ne font point fuf- ceptibles de décoration ; c'eft pourquoi avant de procéder à leur diftribution , il faut d'abord fe rendre compte de la hauteur qu'ils doivent avoir , & de la place qu'ils peuvent occuper par leur plan , afin de pouvoir déterminer la hauteur des marches & la largeur de leurs girons , laquelle largeur doit toujours être en rap- port avec la hauteur de la marche , du moins autant qu'il eft poffible. On nomme giron, largeur de la partie fupérieure d'une marche, laquelle largeur fe détermine de la manière fuivante : Après que l'on a fixé le nombre des marches & leur hauteur, on double cette dernière ; & ce qui s'en faut que le nombre de pouces de cette hau- teur ainfi doublée égale 24 pouces ou deux pieds (ce qui eft la même chofe), eft la largeur du giron. Cette Des 'EfcaViers m général. 42 1 Cette proportion eft établie fiir la remarque que l'on a faite , qu'une per- fbnne qui monte fur une furface inclinée fait moins de chemin qu'en mar- chant fur une furface horifontale , & que l'efpace que parcourt le pied de la perfonne qui monte diminue le pas ordinaire du double de la hauteur de ce qu'il faut monter ; or , il eft évident qu'en montant un efcalier on fait l'un & l'au- tre , c'eft-à-dire , que l'on monte & que l'on marche; c'eft pourquoi f le pas ordinaire étant de deux pieds ) lorfque les marches ont 6 pouces de hauteur , leurs girons doivent avoir I pied, puifque la hauteur de 6 pouces étant doublée, donne un pied , plus un pied de giron , fait les deux pieds demandés. Par conféquent lorfque les marches ont J pouces de hauteur , elles doivent avoir 14 pouces de giron, puifque la hauteur étant doublée égale 10 pouces , plus 14 égal 24. Si au contraire la hauteur des marches étoit de 7 pouces , elles n'auroient que 10 pouces de giron , puifque 7 c& 7 font 14, plus 10 égal 24 ; ainfi des autres différentes hauteurs de marches , lefquelles ne peuvent pas avoir moins de 4 pouces de haut , ni plus de huit de large. Cette règle eft générale pour tous les efcaiiers , à moins toutefois qu'on ne foit borné par le peu de place & par la trop grande hauteur de l'elcalier , qui quelquefois oblige de fortir de cette propor- tion , comme je le dirai en fon lieu. Quant à la difpofition des marches , lorfque les efcaiiers montent droit , elles doivent être parallèles fur leur lonpjueur ; £i au contraire les efcaiiers font d'une forme circulaire ou elliptique fur leur plan , les marches font d'i- négales largeurs en tendant au centre du plan , ce qui n'eft pas fans difficultés , comme je le prouverai dans la fuite. Ainfi pour rendre ce que j'ai à dire au fujet des efcaiiers, d'une plus grande utilité, j'ai divifé ce Chapitre en deux Seélions ; dans la première , je traiterai des efcaiiers droits à un feul & à deux limons , & dans la féconde je traiterai des efcaiiers d'une forme cintrée fur le plan avec limons apparents ; je traiterai auffi , dans cette Seélion, des rampes ou appuis des efcaiiers & de leurs plafonds ram- pants , ce qui terminera cette féconde Partie de mon Ouvrage. Section Première. Des Efcaiiers d'une forme droite far leur plan; de la manière de les difpofer, & de leur conftruBion. Les efcaiiers dont je vais parler, ne font fujets à aucune efpece de décora- tion ; il fufBt qu'ils foient folides & commodes , ce qui eft très-elTentiel , yu leur grand ufage. Ces efcaiiers font de trois efpeces ; favoir , ceux qui font abfolument droits avec un ou deux limons , fans aucune efpece de retour , ce que les Menuifiers appellent échelles de Meunier, Ceux qui , quarrés fur leur plan, ont pour limon ou rampe intérieure un Menuisier, II. Pan, P F P P P 422 MENUISIER, II. Partie , Ckap. XIF. poteau montant , dans lequel toutes les marches viennent s'aflèmbler par un bout , lefquels font nommés efcaliers à vis. Ceux enfin , qui quarrés fur leur plan ont doubles limons , & forment un ou plufieurs retours ou quartiers tournants. Ces trois efpeces d'efcaliers , quoique différents les uns des autres , fe conf- truifent de la même manière , & font compofés des mêmes parties ; c eft pour- quoi avant de parler des différentes efpeces d'efcaliers , je vais donner les règles générales de leur conftruflion , ainfi que la defcription des diyerfes parties qui les compofent , afin de ne me point répéter dans la fuite , où je ne parlerai que de la difpofition des différentes fortes d'efcaliers. _ En général , les efcaliers de Menuiferie font compofés d'un ou de deux li- Planche mons de marches & de contre-marches , & quelquefois de poteaux montants , qui , dans certaines occafions , fervent de limons. Les limons font les deux côtés de l'efcalier , dans lefquels les marches s'alTem. blent : on les fait de diverfes épaiffeurs , lefquelles épaiffeurs varient depuis r pouce jufqu'à 2 pouces ou même 2 pouces & demi , félon la grandeur de l'ef- calier. Quant à leur largeur, elle eft déterminée par celle des marches qui s'y affem- blent , & par leur hauteur ; de forte que plus les marches font hautes , plus les limons font étroits. Pour déterminer la largeur des limons , & y tracer les marches & les contre-marchos , ( ce que les Menuifiers appellent tracer l'emmar- chement , ) on s'y prend de la manière fuiyante : Lorfqu'on a tracé le plan d'un efcalier , ainfi que le repréfente la figure 7, on trace pareillement l'élévation Jig. I , c*eft-à-dire , que l'on divife la hauteur de l'efcalier , en autant de parties qu'il y a de marches , ainfi que l'indiquent les lignes a a, a a; puis du devant de chaque marche du plan , on élevé les lignes perpendiculaires hc,bc,, que l'on prolonge jufqu'à ce qu'elles rencontrent les lignes horifontales a , ;z , aux points c ,c, par lefquels on fait paffer la ligne in- clinée d e , laquelle donne la pente du limon ; ce qui étant fait , on trace fur le plan la faillie des marches , ou pour mieux dire , le devant de la contre- marche , & fon épaiffeur , que l'on mené à l'élévation par des lignes perpendi- culaires au plan , & parallèles à celle b c ; puis on trace fur l'élévation l'épaiffeur des marches par des lignes parallèles à celles a, a; Sc par les points/^y, oh. ces lignes rencontrent les perpendiculaires g, g, on fait paffer une ligne incli- née , laquelle eft parallèle à celle d e , ce qui donne la largeur du limon du de- vant au derrière des marches ; puis on ajoute à cette largeur , tant en deffiis qu'en deffous , ce que l'on juge à propos , pour que les entailles que l'on fait dans les limons, ne fe découvrent pas & ne les affoibliffent pas en les coupant. Quant aux affemblages des marches dans les limons , ils fe font de deux manières ; favoir , de les affembler en entailles , dans lefquelles elles entreoc Section I. Des Efidkrs d'une forme droite fur leur plan , &c. 423 tout à vif, ou tout en vie , en terme d'Ouvrier, ainfi que la cote A , fig. i , ou bien à tenons & mortaifes , ainfi que celle B , même figure. La première de ces deux manières eft la meilleure , parce que les entailles que l'on fait à environ un tiers de l'épaiflèur du bois , affoiblilTent moins les limons que les mortaifes qui en coupent les fils , & qui par conféquent les expofent à fe cafTer ; il eft vrai que les tenons & les mortaifes retiennent mieux l'écart des limons , que ne feroient des entailles ; cependant on peut remédier à cet inconvénient en mettant des boulons de fer à vis par un bout , lefquels retiennent l'écart des limons encore mieux que ne feroient les tenons & les mor" taifes ; d'où il faut conclure que les marches d'affèmblages ne font bonnes que pour les marche-pieds ou petits efcaliers portatifs ; & que pour les efcaliers pro- prement dits , il ne faut les alTembler qu'en entaille , laquelle contiendra toute la largeur de la marche & fa moulure , que l'on contre-profilera dans le limon, évitant toujours de couper la faillie de la moulure au nud de ce dernier , ce qui efl: un défaut, vu que pour peu que les marches fortent de leurs entailles, le joint fe découvre , ce qui n'arriveroit pas fi le devant de la marche entroit tout en vie , ainfi que je l'ai dit ci-deffus. Les contre-marches entrent auffi en entailles dans les limons , de y à 6 lignes de profondeur , ce qui eft fufEfant fur toute leur épailTeur ; cependant lorfque l'efcalier n'eft pas apparent par derrière , on peut fe contenter d'une rainure de à 5 lignes de largeur , afin tl'ocer moins cîe force au limon. Lorfque les limons n'ont pas alTez de longueur , ou que pour quelques au- tres raifons on eft obligé d'y mettre un poteau montant , dans lequel les limons viennent s'afîèmbler , on trace ce poteau fiir le plan , ainfi que celui coté C , fig. 7 ; puis on mené de ce poteau des perpendiculaires à l'élévation , lefquelles donnent l'arrafement des limons. Il faut obferver de ne point faire ces arrafements perpendiculaires félon ces lignes , mais d'y ralonger une barbe , laquelle vient buter pour foutenir le poids de l'efcalier , ajnfi que celle h h ,fig. i ; fi le poteau eft plus épais que les limons , on les fait entrer tout en vie dedans , ainfi que je l'ai obfervé ici , ce qui rend l'ouvrage très-folide. Il faut auffi éviter de placer les mortaifes de ces poteaux montants à l'endroit de l'entaille de la marche , à moins que le poteau ne défaffleure le limon , ou que l'entaille qu'on y fait , ne lailTe de la joue à la mortaife , ainfi qu'on peut le voir dans la figure i. Il y a des efcaliers qui n'ont qu'un limon pour rceevoir les marches , & dont l'autre bout fe fcelle dans le mur , ainfi que je l'ai déjà dit ; cependant il eft des occafions où cela eft impoffible , foit la difficulté de faire des entailles dans les murs , ou bien qu'il n'eft pas permis d'en faire , ce qui arrive quelquefois ; alors on eft obligé de mettre un faux limon du côté du mur ; mais on ne le fait pas auffi épais que l'autre pour éviter la dépenfc. Ce limon reçoit les marches à entailles Planche 424 M E N U I S I E R, II. Partie, Chap. XI K ainfi que l'autre , & fe trace de la même manière. On a imaginé , pour plus d e- conomie , de ne faire ce faux limon que comme une crémaillée entaillée du der- rière & du delîbus des marches , & que l'on arrête fur le mur par le moyen d'une ou plufieurs pattes coudées , ainfi que la figure 5 : mais cette économie eft très- peu de cholè ; c'eft pourquoi je crois qu'il vaut beaucoup mieux mettre de faux limons que l'on arête ainC que ces crémaillées. Quant aux marches , on les fait d'une pièce fur la largeur , ( du m.oins autant qu'il eft pofllble ; ) & fi elles font plus larges d'un bout que de l'autre , & qu'alors il y faille une alaife , on doit la mettre fur le derrière , afin que le devant de la marche fbit toujours à bois de fil. Pour leur épaifleur , elle varie depuis un pouce jufqu'à deux, félon leurs différentes longueurs. Le deffous des marches eft toujours rainé pour recevoir les contre-marches ; & l'arête faillante eft ornée d'une moulure qui eft ordinairement un quart de rond avec un quarré de <j à 10 lignes de faillie , ce qui eft fufîîfant , une plus grande faillie étant la folidité de la marche , dont le devant devient plus aife à fe cafTer , à raifbn de la trop grande faillie. Il faut auffi obferver de ne prefque point arrondir le deffus des marches , parce que lorfqu'elles font trop arrondies , elles font fujettes à faire glifTer ceux qui montent ou qui defcendent. ( Voye^^ les Figures 2 , 3 <& 4 ). Lorfque les marches font d'une forte épailTeur , on pourra les orner d'un profil plus riche, àraifon de leur épaiffeur. ( Voye:^ la Fig. (5). Quant aux contre-marches , elles entrent toujours à rainures & languettes dans le deffous de la marche ; mais pour le deffus , il y a trois manières de les difpofer ; favoir premièrement, de les faire entrer à rainures & languettes dans le deiTus de la marche comme dans le deiîbus , ainfi que la figure 2 ; feconde- ment, de les faire au contraire de celle-ci , c'eft-à-dire , de les rainer en face pour recevoir la marche , au derrière de laquelle on fait une languette comme la figure 3 ; troifiemement enfin , de faire defcendre la contre-marche jufqu'au deffous delà marche, & de l'attacher contre avec des clous , ou ce qui eft mieux , avec des vis. La première de ces deux manières eft la plus ufitée ; mais elle a le défaut que quand les marches ont un peu de longueur , elles ploient en montant defîus , & font du bruit ; c'eft ce que les Ouvriers appellent crier , & ce qui eft très-incommode , fur-tout dans des efcaliers de dégagement , qui font toujours proches de l'appartement des Maîtres. La féconde manière remédie à cet inconvénient; mais elle oblige à mettre du bois plus épais, ce qui eft peudechofe en comparaifon du grand bien qui en réfulte. La troifieme manière ne demande pas des bois fi épais , & a prefque le même avantage que la féconde , puifqu'elle empêche les marches de ployer. J'ai dit ci-deffus qu'il étoit meilleur de mettre des vis que des clous , parce que ces derniers Section /. §. I. Des Efcalien droits , nommés EcKelles de Meunier. 4a ^ derniers font fendre le bois , & font fujets à fe retirer ; ce que l'on obfervera auffi aux contre-marches qui ont des rainures , ainfi que la figure 3 ; parce que P'-J^'-^che fi on n'y mettoit pas de clous ou de vis, on pourroit faire reculer les contre-mar- ' ^' ches en mettant le pied contre. Voilà à peu-près toutes les règles fervant à la conflruaion des efcaliers de Menuiferie , de quelque efpece qu'ils puilTent être , tant pour la manière de les tracer que pour leur conftrudlion , ainfi qu'on pourra le voir dans la fuite de cet Ouvrage. §. I. Des Efcaliers droits nommés Echelles de Meunier. Ces forces d'efcaliers font très-faciles à faire , vu que leurs limons font droits ■ & d'une égale longueur ; toute fattention que l'on doit avoir en les conftruiiànt , Planche n'étant que de les rendre le plus doux poffible. On doit auffi obferver ( dans la difpofition non-feulement de ces efpeces d'efcaliers , mais encore de tous les autres , ) on doit obferver , dis-je , de lai/Ter entr'eux & le defibus du plancher de la pièce à laquelle ils conduifent une diftance de 5 pieds & demi au moins , prife du devant & du delfous de fouverture du plancher jufqu'à la ligne du def fus des marches , ainfi que l'indique la ligne perpendiculaire a b ,fig. i , afin que ceux qui montent ou qui defcendent , ne foient point expofés à fe heurter la tête ; ce qui arriveroit s'il y avoit moins de 5 pieds & demi , la hauteur ordi- naire de cette diftance étant de 6 pieds : c'eft ce que les Ouvriers appellent échappée , laquelle rend les efcaliers plus ou moins roides , à raifon de la gran- deur de l'ouverture d'après laquelle elle part , ainfi que je vais fexpliquer. Tant que les bois d'un plancher font placés du même fens que l'cfcalier, il eft fort aifé d'y faire une ouverture de telle longueur qu'on le juge à propos , puifqu'on peut couper les folives à la difliance néceffaire , & les foutenir par un chevêtre de bois ou de fer , ce qui eft égal , ( ainfi que celui c )à l'ouverture du plancher coté D , ce qui ne fouffre aucune efpece de difficulté. Mais s'ilarrivoit que les bois du plancher , au lieu d'être du même fens que l'ef^ calier, fuftent de fautre , ou qu'il fe trouvât une folive d'enchevêtrure dans l'ou- verture que l'on a à faire , ainfi que celle cotée E , on feroit obligé de borner l'ouverture du plancher à cette dernière , ce qui rendroit l'efcalier plus ou moins roide à raifon de la place où il fe trouveroit , ainfi qu'on peut le voir à celle cotée E , dont la perpendiculaire d e étant égale à celle a b , donne beaucoup plus de roideur au limon A C , qu'à celui A B , lequel eft dans une proportioa raifonnable. Cette diiférence de rampant dans les limons , diminue le nombre des marches & en augmente la hauteur , ce qui eft fort aifé à concevoir , puifque la hauteur totale de l'efcalier, eft toujours la même dans fun ou fautre cas , ce qui oblige à diminuer le nombre des marches , puifque fi on les eût confervées dans le limon Menuisier. II. Part. Q 4 1 4 1 425 MENUISIER, IL Panie. Chap. XIV. comme dans celui ^ ^, elles n auraient pas eu aflez de giron, & par con- Pj-ANCHE féquent feroient devenues impraticables. Si l'ouverture des planchers gêne pour la difpofition des efcaliers , la même difficulté fe rencontre quelquefois dans le plan de ces efcaliers , ou pour mieux dire , dans la place qu'ils occupent , laquelle fe trouve bornée par la longueur ou bien par l'ouverture d'une porte , ainfi qu'on peut le voir dans la fig. 3 , qui eft le plan de'l'efcalier A C, comme la figure 2 eft le plan de celui A B. Il réfulte des obfervations que je viens de faire , qu'avant de conftruire un efcalicr de quelque nature qu'il puifTe être , il faut d'abord fe rendre compte de fa hauteur totale , de la grandeur de l'ouverture qui eft faite dans le plancher fupérieur , ou de celle que l'on pourroit faire , afin d'avoir le point d'échappée ; enfuite on trace le plan en raifon de ces connoifFances & de la place qu'il peut occuper. Lorfque les efcaliers font abfolument droits, comme ceux dont je parle ici , il n'eft pas néceiïaire pour les exécuter , d'en tracer en grand le plan & l'éléva- tion , il fuffit de fe rendre compte de fa hauteur & de fa largeur totale , ce qui donnera le nombre des marches , leur hauteur & leur largeur ; enfuite on fera à part un triangle redangle fig. 4, dont le petit côté fg fera égal à la hauteur de la marche , le grand côté/ A égal à fon giron ; enfuite par les points »• A , on fait pafler une ligne fur laquelle on prendra avec la fauffe équerre la pente de la raar- che &. de la contre-marche , que l'on portera fur le limon , dont l'inclinaifon fera égale à celle de la ligne g h, & on aura la longueur du limon , en portant fur ce dernier la diftance g h , autant de fois que l'on a de marches moins une , parce que la dernière fait partie du plancher de la pièce dans laquelle conduit l'efcalier. Cette obfervation eft elTentielle , parce que ceux qui ne la font pas , font fu- jets à employer plus de bois qu'il ne faut , étant d'ailleurs trompés par le plan , dont la capacité contient toujours une marche de moins que l'élévation , puifqu'on ne commence à compter les marches qu'au-delTus de la première , & que la der- nière faifant partie du plancher fupérieur , ne fe trouve pas comprife dans le plan , ainfi qu'on peut le voir dans les figures 2 & 3. Le prolongement .des limons depuis le devant de la première marche jufqu'au nud du careau , eft auffi inutile & même nuifible ; c'eft pourquoi on fait fort bien de le fupprimer en arrondilFant le limon par le bout , & de lai/Ter i pouce ou 2 de bois d'après la faillie de la marche , ainfi que je fai fait au limon AB ,fig. I. Quand ces fortes d'efcaliers font placés au rez-de-chauflee , on ne les fait pas pofer immédiatement par terre ; mais on les pofe ordinairement fur un parpin de pierre , dont la hauteur eft égale à celle de deux ou trois marches , qui pour lors fe font en pierre, & fe trouvent diminuées fur la hauteur de l'efcalier , & fur le nombre de celles faites en bois ; dans ce cas , il faut toujours faire le plan & l'élévation de l'efcalier , comme fi toutes les marches étoient faites en bois , afin que celles de pierre foient égales à ces dernières. Section h §. II. Des Efidun en vis ; Imr conflruBlon. \irj §. 1 1. Des Efcaliers en vis ; leur confirucllon. C E s efcaliers difFerent de ceux dont je viens de parler , en ce que leurs mar- — - ches font toutes d'inégales largeurs tendantes au centre du plan , & qu'elles Planche s'ademblent d'un bout dans un poteau montant , lequel leur fert de limon. Avant de faire ces fortes d'efcaliers , il faut , ainfi qu'aux autres , fc rendre compte de leur hauteur & de la place qu'ils doivent occuper ; enfuite on trace le plan , ce qui fe fait de la manière fuivante : Le quarré ab c d ,fig. 6 , étant donné , on marque au milieu le poteau A , dont la grolfeur varie depuis 3 jufqu'à 6 pouces ; enfuite on trace l'épailTcur des limons , & on divife la diftance qu'il y a entre un d'eux , & la face du po- teau qui lui eft oppofée , en deux parties égales ; & du milieu du poteau comme centre , & de cette dlvifion , on trace un cercle fur lequel on fait la diyifion des marches, que Ton fait tendre au point de centre, de manière qu'elles font toutes d'égale largeur fur ce cercle , que l'on nomme ligne de giron , parce que c eft fur cette ligne que l'on doit prendre la véritable largeur des marches tour- nantes , afin de leur donner une hauteur proportionnée. Quand les efcaliers à vis feront plus d'une révolution , ( c'eft-à-dire , quand ils auront plus de marches fur l'élévation que n'en préfente la furface du plan , ) il faudra faire attention qu'il fe trouve au moins 5 pieds & demi de hauteur entre le deffus d'une marche & le delTous do oello qui finit la révolution , afin que l'on pullTe y monter commodément fans être expofé à fe heurter la tête , ainfi qu'on peut le voir dans la figure 2 , où la diftance de J pieds & demi , indiquée par la ligne ef, fe trouve entre le deffus de la première marche , & le dellous de la dixième, qui eft la dernière de la révolution du plan,_/%. 6 , dont la furface contient dix marches. Ainfi pour avoir le nombre de marches qui peuvent être contenues dans une révolution , il faut développer fur une ligne droite le cercle des girons ; puis la hauteur de la révolution étant donnée, on opère comme pour un efcalier droit , en obfervant toujours qu'il y ait <{ pieds & demi au moins entre le deffus d'une marche & le deflbus de celle qui finit la révolution , ainfi que je l'ai déjà dit. Il faut aulfi obferver que le cercle de giron ne peut pas avoir moins de 1 pieds 4 pouces de diamètre , ce qui donne environ 7 pieds 4 pouces de circon- férence , laquelle étant développée fur une ligne droite , donne une longueur qui eft néceflaire pour que les marches ne foient point trop hautes , & n'ayent pas trop peu de giron , cette proportion leur donnant 7 pouces & demi de hauteur , & par conféquent 9 pouces de giron , ce qui eft déjà bien loin de la pro- portion ordinaire , qui eft de 6 pouces fur 12, comme je l'ai dit plus haut. Les limons de ces fortes d'efcaliers fe tracent à l'ordinaire ; c'eft-à-du-e , qu a chacune des faces du plan, on fait perpendiculairement une élévation pour cha- 1 428 M E N U I s I E R, IL Partie , Chap. XIV. I " I -— r que limon , à moins toucefois que le plan n'ait des faces pareilles ; alors une élé- Planche vation fuffit pour toutes celles qui font femblables , ainfi qu'on peut le voir dans la fiE;ure 6 , où le limon B eft femblable à celui C ; Se celui D eft femblable à celui E. Ces limons s'afTemblent les uns dans les autres en enfourchement ou à queues ; & on doit obferver en plaçant les tenons ou les enfourchemencs, de toujours mettre les tenons dans la partie inférieure du limon, & les en- fourchements dans leurs parties fupérieures , afin que leurs deffus s'arrafent pro- prement , ce qui ne pourroit être fi ces alTemblages étoient dilpofés autrement , ainfi qu'on peut le voir aux limons B,C,D,ESc F ,fig. 6 , où ces alTem- blages font faits , & oît les lignes ponétuées indiquent le bois qui a été fupprimé , & en même temps ce qui manqueroit à la partie inférieure du limon , fi au lieu d'un tenon on y eût fait un enfourchement. Quant à l'emmarchement , on le trace à fordinaire , ainfi qu'on peut le voir dans les figures ci-defFus , en obfervant toutefois de tracer fur le plan la faillie de la marche & fépaiffeur de la contre-marche , afin d'en relever des perpendi- culaires aux différentes élévations. Voyez la figure 4 , où j'ai marqué en grand une marche biaife emmarchée avec &n limon ; & la figure i , qui reprélènte l'élévation de ce limon , où la largeur des entailles eft donnée par des lignes provenantes de la figure 4 , fur laquelle eft marquée , par des lignes ponâuées , la faillie de la marche , fon profil , Se l'épaiffeur de la contre-marche. Le poteau fe trace de la même manière que les limons , c'eft-à-dire , par des lignes relevées fur le plan , ainfi qu'on pcuc le voir dans la figure 3 , qui repré- fente une partie de ce poteau avec les entailles qui font fur cette face , nu- inérotces des mêmes chiffres que fur le plan , pg. 5 , qui eft le même que celui Jig. 6 , mais plus en grand, afin qu'on en fente mieux toutes les opérations. Quant aux autres faces de ce poteau , elles fe tracent de la même manière que celles repréfentées dans la figure 3 , ainfi qu'on peut le voir dans la figure 2 , la- quelle repréfente l'élévation d'un efcalier à vis , pris fur la ligne g h du plan , fig-6. Il y a des efcaliers où ces poteaux , au lieu d'être d'une forme quarrée par leur plan, forment un polygone quelconque ou un cercle ; mais ces deux dernières formes ne fervent à rien , qu'à les rendre plus diflîciles à tracer ; c'eft pourquoi on fera très-bien de préférer la forme quarrée , Se de les arrondir en tout ou en partie du deifus des marches , ainfi que je fai obfervé aux figures 2 & 3. Cependant s'il arrivoit que Ton voulût abfolument que ces poteaux fuflènt à pans , ou arrondis dans toute leur longueur , cela ne changeroic rien à la ma- nière de les tracer , laquelle fe fait toujours par le moyen des perpendiculaires prifes fijr le plan , ce qui n'a befoin d'aucune démonftration , d'après ce que j'ai dit à ce fujet. Pour ce qui eft des marches , on les trace lùr le plan chacune à part , à moins qu'il n'y en ait plufieurs d'une même forme , lefquelles alors peuvent fe tracer Planche Section I. §. III. Des Efialiers d'une forme quarrée par leur plan , êc. 429 tracer les unes fur les autres ; il fufSt , en traçant les marches fur le plan , d'en 1 marquer feulement l'arrafemcnt d'après lequel on augmente leur portée dans les P'-^'^che limons ; ou s'il n'y en a que d'un côté , leur fcélement dans le mur , lequel doit ' être d'un pouce au moins. Le devant des marches doit toujours être à bois de fd , ainfi que je l'ai dit ci-deflus , ce qui n'a pas été obfervé dans les figures 5 & (î , mais c'eft une faute. Pour ce qui ell du nombre des marches , il faut toujours qu'il foit impair , parce qu'il faut que 1 on finilîe de monter du même pied que l'on a commencé , ce qui eft tout naturel , puifqu'alors on recommence à marcher , ce que Ton fait tou- jours du pied droit , qui eft celui par lequel on a commencé à monter. Il faut aufli, du moins autant qu'il eft poffible , que les efcaliers montent à droite, cette manière de les difpofer étant reconnue pour la plus commode , tant pour monter que pour defcendre ; c'eft pourquoi on fera fort bien de la fuivre. §. 1 1 1. Des Efcaliers d'une forme quarrée par leur plan , & la manière d'en déterminer les paliers & leurs quartiers tournants. I L eft des occafions où la trop grande hauteur d'un efcalier , ne permet pas de ^ ^ le faire d'une feule travée ; c'eft ce qui a fait imaginer d'y faire des paliers ou repos , de diftance en diftance , afin de les rendre plus faciles & moins fatio-uants a monter. Cependant pour peu qu'un efcalier eût de hauteur , il faudroit y fiire un ou deux repos , ce qui l'alongeroit infiniment , & mettroit fouvenc dans l'impoffibilité de Le faire , faute de place ; on a donc imaginé de le reployer fur lui, même autant de fois qu'il auroit de repos , afin qu'il tienne moins de place , du moins en longueur ; & ce font ces retours qu'on nomme quartiers tournants. Lorfque les efcaliers montent plufieurs étages , non-feulement les repos font néceffaires , mais encore les quartiers tournants ; parce que fi dans un efcalier d'une moyenne grandeur , on faifoit des repos à chaque retour , le nombre de marches qui refteroit dans les travées droites , ne feroit pas fuffifant pour monter à la hauteur néceflâire , ce qui a fait prendre l'expédient des quartiers tournants, lefquels , fans augmenter lafurface du plan, font une augmentation de plufieurs marches , ce qui eft fort à confidérer. En général , on nomme quartier tournant , fangle d'un efcalier dans lequel , au lieu d'un palier ou repos , on met des marches , lefquelles rendent continues les deux parties de l'efcalier qui viennent rendre à cet angle. II eft diverfes manières de difpofer les quartiers tournants, lefquelles ont toutes leurs avantages & leurs inconvénients ; c'eft pourquoi j'ai cru devoir les expli^ quer ici, afin que Ton puiife, avec connoilTance de caufe, faire choix de l'une ou de Fautre , félon les différentes occafions. La première manière de faire les quartiers tournants , eft de difpofer toutes les marches des parties droites d'un efcalier , félon la méthode ordinaire , c'eft- Menuisier. il Part. R r r r r y 7 430 MENUISIER, II. Partie , Chap. XIF. - à-dire , parallèles entr'elles , & perpendiculaires à leurs limons , jufqu'à l'angle Planche où l'on veut faire le quartier tournant ; enfuite après avoir divifé la largeur de l'efcalier en dci:x parties égales , ainfi que les lignes ab,&.cd, fig. Il , de l'an- gle intérieur comme centre , & des points h &.C , on décrit un quart de cercle fur lequel on fait la divifion des marches , ainfi qu'aux efcaliers en vis. La féconde manière de faire les quartiers tournants , eft de faire les côtés des marches d'inégales largeurs jufqu'à la rencontre de fangle du quartier tournant, & de ne leur confcrver la largeur donnée que fur la ligne du giron : c'eft ce qu'en terme d'Ouvrier , on appelle^rVe danfer les marches. ( V oye^ la Fig. la). La première manière de difpofer les quartiers tournants , eft la plus ancienne , & femble la plus naturelle , parce que les marches des parties droites font toutes d'égale largeur , & fe préfentent toujours vis-à-vis de la perfonne qui monte , & que leurs limons font toujours parfaitement droits. Cependant ces avantages ne font rien en comparaifon des défauts qui réful- tent de cette manière de difpofer les quartiers tournants, parce que fi les marches font d'égale largeur dans les parties droites , celles du quartier tournant de- viennent très-étroites à leurs colets , & expofent ceux qui defcendent du côté du limon intérieur , à fe précipiter à f endroit du quartier tournant , dont les marches n'ont pas plus de giron toutes enfemble qu'une feule , ou tout au plus deux des autres , ce qui dérange le pas qui fe trouve réglé fur la mefure des autres marches , & ce qui eft un très-grand défaut. De plus , quand les quartiers tournants font ainfi difpofés , les limons des par- ties droites ne peuvent pas fe rencontrer dans Fangle , celui de la partie amen- dante fe trouvant plus haut que celui de la partie defcendante , ainfi qu'on peut le voir dans la figure 6 , laquelle repréfenre félévation de fefcalier dont le plan eft marqué fig. Il ; & encore mieux dans la figure l , laquelle re- préfente f intérieur des limons de ce même efcalier, lefquels limons font dévelop- pés fur une ligne droite , afin qu'on puilfe voir toute la difformité que produifent leurs différentes hauteurs : difformité qui n'eft tolérable que quand le poteau de l'angle monte de fond pour recevoir les appuis des rampes , ainfi qu'on peut le voir à prefque tous nos anciens efcaliers. La féconde manière de difpofer les quartiers tournants , remédie à ces diffé- rents inconvénients , du moins en partie , encore que toutes les marches ne foient pas d'une égale largeur au collet , parce que la différence qui fe trouve de Tune à l'autre , n'étant pas confidérable , raccourcit ou alonge le pas peu-à- peu , de manière que la différente largeur de leur giron devient prefque infen- fible , ce qui rend les quartiers tournants très-doux. Cette manière de dilpofer les quartiers tournants , a auffi l'avantage de rendre le raccord des deux limons plus aifé à faire , parce qu'alors le deffus des deux limons fe rencontre à peu de chofe près, ce qui fait qu'ils forment à leur ren- contre une courbe qui eft plus ou moins fenfible , à raifbn de la plus ou moins 'Ml Section 1. §. III. Des Efidlers d'une firme quarrce par leur plan , &c. 43 1 grande inégalité du collet des marches. Voyei ^'^ fig- 7 ' 4"' rcpréfcnte 1 elé- vation de l'efcalier, dont le plan eft marqué/»-, ra; & la 7%. 2, qui repré- "p^^^^he fente les deux limons intérieurs de cet efcalier développé fur une ligne droite. Quant à la manière de trouver la largeur du collet des marches d'un quartier tournant ainfi difpofé , on fe fervira de la même znéthode que pour décrire les hélices irrégulieres , dont j'ai parlé, 304 ; cependant comme la figure que j'ai faite eft très-petite , j'ai cru devoir la répéter ici , comme étant fa place na- turelle , & pour remettre fous les yeux cette opération , laquelle efl fort en ufage dans la partie dont je traite, c'eft-à-dire, des efcaliers. Ainfi, lorfqu'on voudra faire de ces fortes de quartiers tournants , on s'y prendra de la maniera fuivante : Le plan des limons d'un efcalier étant tracé, ainfi que la figure 12 , on di- vife fa largeur en deux parties égales pour avoir la ligne des girons ; enfuite le nombre des marches & leur largeur de giron étant déterminées, on porte cette dernière fur la ligne de giron , ce qui donne des points par où le devant des marches doit paflèr. Cette opération étant faite , on prend fur le plan la longueur du limon inté- rieur jufqu'à Fangle du quartier tournant , s'il arrive qu'il fe trouve le devant d'une marche dans l'angle; fi au contraire il fe trouvoit le milieu d'une marche à cet angle , comme dans la figure 12 , on prendroit non-feulement la longueur du limon jufqu'à l'angle , mais encore la moitié de la marche qui s'y trouve , en ftiivant le contour de l'angle , ( fuppofé qu'il foit arrondi ainfi que celui de cette figure , ) que l'on développeroit fur une ligne droite. Enfuite on divife cette ligne en autant de parties égales que Ton a de marches y une defquelles parties étant doublée , donnera la largeur de la première & de la dernière marche , auxquelles on donnera la diflFérence que l'on jugera à propos , pourvu toutefois que la largeur de ces deux marches réunies fur une même li- gne , ne furpaffe pas la longueur de deux des divifions du limon. Puis fur une ligne d'une longueur quelconque , on élevé deux perpendicu- laires , dont la hauteur de l'une eft égale à la largeur de la première marche , & l'autre égale à la largeur de la dernière , à l'extrémité defquelles on fera paffer une ligne, laquelle, avec celles dont je viens de parler, formera un trapèze fur lequel on aura toutes les différentes largeurs des autres marches , en le divi- fànt en un nombre de perpendiculaires égal à celui des marches , en y compre- nant la première & la dernière, &la longueur de chacune de ces lignes don- nera les différentes largeurs du collet des marches. Pour fe convaincre de la jufteffe de l'opération , foit donnée la ligne m n ,fg. 16 , pour la longueur horifontale d'un limon , lequel doit recevoir huit marches toutes inégales de largeur ; on commence par divifer cette ligne en huit parties égales aux points i , 2 , 3 , 4 , &c ; enfuite au milieu d'une ligne d'une longueur quelconque , comme celle a h ,on élevé une perpendiculaire il, dont la Ion-, I 431 M E N U I S I E R, II. Partie, Chap. XIV. gueur eft égale à une des divifions de la ligne m n ; puis on divife la lign ea h en fep: parties égales , afin d'avoir les huit perpendiculaires a , h ,c , d , e ,f, g ) Il , dont la longueur de chacune fe trouve bornée par la ligne o p , que l'on a fait palier par le point /. Si l'opération eft faite jufte , il eft certain que toutes les longueurs de ces perpendiculaires égaleront la longueur de la ligne m « ; ce qui eft d'autant plus vrai , que la ligne ao , plus celle hp , égale celle i l doublée , ( ou la diftance m 2 , ce qui eft la même chofe ; ) celle b q , plus celle gr , égale celle 2,4; celle c s , plus celle ft , égale celle 4 , (î ; enfin la ligne d u &. e x , égale la dif tance 5,8. Voyez le delîbus de la ligne m n, où j'ai marqué par des efpaces blancs & noirs , la longueur des perpendiculaires qui donnent la largeur du collet des marches , lefquelles perpendiculaires rempliffènt exadtement la lon- gueur de la ligne mn font marquées des mêmes lettres que celles du trapèze a 0 p h. Il réfulte de cette démonftration, que la différence qu'il doit y avoir entre le collet des marches danfantes, n'eft autre chofe qu'une progreffion arithmétique , dont la fomme des extrêmes eft égale au double de la fomme des moyens , ainlî qu'il eft démontré ailleurs. Tant qu'on n'eft pas borné par la largeur de la première ou de la dernière marche d'une divifion inégale , on peut mettre entre elles toute la diiférence que 1 on juge à propos ; cependant on fera très-bien de n'en mettre que le moins qu'on pourra , afin que les limons foient moins cintrés fur le champ , & qu'ils ap- prochent le plus de la forme droite , qui eft la plus parfaite que l'on puiHe leur donner , ainfi que je l'ai démontré en parlant des courbes rampantes. Lorfque la largeur du collet de la première marche hp , eft bornée , cela ne change rien à l'opération , parce que c'eft toujours par l'extrémité de la perpendiculaire L l 8c cette dernière , que paffe la ligne 0 p ; toute la différence qu'il peut y avoir n'étant que dans la hauteur de la ligne a o , laquelle devient plus ou moins grande à raifon de la différence qu'il y a entre la ligne h p & celle L L Que les efcaliers ayent un feul ou plufieurs quartiers tournants, ce fera toujours la même chofe , en obfervant toutefois que fi le nombre des marches qui fe trouvent eft impair , la marche du milieu fera d'égale largeur dans toute fa longueur , & que les divifions inégales ne commenceront que d'après cette mar- che. Si au contraire le nombre des marches eft pair, il n'y aura aucune marche égale de largeur , & la divifion fe fera de droit & de gauche , en prenant du milieu du limon. En général, les quartiers tournants ne font guère d'ufage que dans de petits efcaliers, & dont la place dans laquelle ils font , oblige à faire beaucoup de re- tour , & ne permet pas d'y faire de grandes parties droites ; hors ce cas , il eft toujours beaucoup mieux d'y faire des paliers de diftance en diftance , au lieu de quartiers Section 1. ^. III. Des EJcalien d'une forme qmrrée fur leur plan , êc. 43 3 quartiers tournants , qui , quelque bien faits qu'ils puilFent être , rendent tou- ;^ jours un efcalier plus rude à monter que ceux où l'on fait des paliers , lefquels Planche après un certain nombre de marches , forment des repos , & rendent les cfcaliers ' d'un ufage beaucoup plus facile. Les paliers font fujets aux mêmes inconvénients que les quartiers tournants , parce que fi l'on fait les marches qui y arrivent parallèles entr'elles & perpen- diculaires au limon , ainfi que celles de la figure 13 , il en réfulte deux inconvé. niants ; le premier eft , que fi l'on veut faire le palier d'une forme quarrée , ainfi que l'indiquent les lignes ponfluées a, i,c,d,e, les deux limons ne fe rac- cordent plus à l'angle du palier , le limon du haut qui eft obligé de recevoir la marche e , fe trouvant plus haut que celui du bas , de la hauteur d'une marche , ainfi qu'on peut le voir fur félévation fg. 8 , où ce limon eft tracé par des lignes ponâuées feulement , Sc dont les marches font cotées des mêmes lettres que fut le plan. Si l'on veut que les delTus des deux limons d'un palier , fe raccordent parfai- tement , il faut que leur rencontre fur le plan , au lieu de faire un angle redlan- gle comme celui h , fafiè un quart de cercle , comme celui i , afin que les équerres de ce dernier , tendantes à fon centre , reçoivent également les deux bouts des limons ; ce qui ne pourroit être fi leur rencontre formoit un angle , parce que fi fon fiifoit raccorder les deux limons à fangle extérieur du plan, repréfenté parle point/, fïg. 17, l'arête extérieure du limon du bas ne pourroit aC fleurer avec le delfus du limon Ju haut , lequel leroit , à caufe de fa pente , plus haut que le premier de la diftance m n. Si au contraire on failbit raccorder l'angle intérieur des limons au point m , celui du haut rentreroit en dedans de celui du bas, de la diftance 0 /, ce qui feroit encore pis ; c'eft pourquoi les quarts de cercles dans les angles des elcaliers , font d'une néceffité indilpenfable : qu'ils foient grands ou petits , cela eft indiiïerent , pourvu que les centres de ces quarts de cercles ne foient pas en dedans de leur épaiffeur ; parce qu'à toute rigueur fi fon avoit des raifons pour que l'angle intérieur 0 , fig. 1 3 , fût quatre , on pourroit placer le centre du quart de cercle à fon fomraet, & alors on feroit affleurer le delfus des deux limons à l'angle intérieur rn,fig. 17, la difformité de l'angle extérieur fe trouvant effacée par le quart de cercle qu'on y feroit j cependant on ne doit faire ulàge de cet expédient , que le moins qu'il fera pof- fible , parce que plus les quarts de cercles ou angles creux des efcaliers ont de grandeur , & mieux ils font , ainfi que je le démontrerai dans la fuite. Cette manière de raccorder le deifus des limons efl; très-bonne ; mais elle donne lieu au fécond inconvénient dont j'ai parlé ci-delfus , parce que les li- mons ainfi difpofés formant une ligne droite dans leurs développements , ainfi que la figure 3 , la marche du palier ne peut plus former un angle avec la pre- mière marche de la féconde révolution , parce qu'il faut que dans ce dernier cas , il y ait la diftance d'une marche entre le devant de la marche paliere & celui de Menuisier. H. Part. S s s s s 434 MENUISIER, IL Partie. Chap. XIK ~ la première marche de la féconde révolution ; c'eft-à-dire , qu'il faut que la Planche diftance q r Ibit égale '<■>■ p tj , laquelle eft elle-même égale 33,4, afin que les limons rampent également tant dans leurs parties droites , que dans celle qui eft arrondie, ainfi que je Fai prouvé en parlant des courbes rampantes. Cet inconvénient n'eft pas fort confidérable, parce qu'au lieu de mettre toute la différence d'un côté, ainfi que je l'ai fait dans la figure 13 , on pourroit mettre la moitié de cette différence d'un côté , «Scfautre moitié de fautre , ce qui rend la forme du palier plus ftipportable. Cependant pour obvier à cet inconvénient , & pour faire les paliers d'une forme quarrée , on fait danfer les marches du côté du limon intérieur , en obfer- vant toutefois de faire les marches d'égales largeurs & parallèles entr'elles juf- qu'à environ les deux tiers de leurs longueurs , & de les arrondir enfuite pour regagner les inégales divifîons , que Ton détermine félon la méthode que j'ai don- née ci-defiÂjs , en parlant des quartiers tournants. Voye^ la Fig. 14 , qui repré- fente le plan d'un efcalier avec un palier ainfi dilpofé , & la figure p , qui en eft l'élévation. Cette manière de difpofer les paliers , leur rend la forme quarrée demandée ; cependant elle n'eft pas encore parfaite , parce que les limons deviennent courbes^ ainfi qu'on peut le voir dans la figure 4 , qui repréfente le développement des deux limons , ainfi que leurs différences hauteurs indiquées par les lignes a b. Il feroit polTible d'adoucir cette cqurbure des limons , en augmentant le nom- bre des marches danfàntes , lefquelles , dans les figures ci-delTus , ne font qu'au nombre de trois ; il faut cependant obferver qu'en augmentant le nombre des marches danfàntes , on augmente leur courbure , à moins qu'on ne fafl£ le quarré du palier du dehors de Tépaiffeur du limon , ce qui alors remettroit les chofes dans leur premier état. On peut remédier à ces différents inconvénients , en divifant leurs limons in- térieurs en parties égales , tant fur leurs lignes droites , que dans l'angle arrondi , ainfi que la figure 1 5 , ce qui fait que le limon eft d'une forme parfaite , puifqu'il forme une ligne droite fur fon développement , repréfenté dans la figure y. Cette méthode eft aulTi très-bonne pour les quartiers tournants , ce que j'ai indiqué par les lignes ponctuées a,b,c,d,e,f,g,h ,fig. 15 , lefijuelles pal^ fent par des divifions faites en parties égales lut la ligne de giron i /, depuis le point £ , pris fur la première marche droite , ( laquelle eft perpendiculaire aux li- mons , ) jufqu'au point /, qui eft le milieu de l'angle. (*) Il faut obferver que ce que je dis ici tou- cliant les angles arrondis, n'eu exadement vrai cjue pour un côté, lequel efl ici celui de l'cm- marchement; parce que quand I angle eft petit, ou que les limons font épais, l'angle creux rampe beaucoup plus roide en dedans qu'en dehors, à raifon de la diiïe'rence de l'étendue de l'arc du dedans & de celui Ju dehors ,' ainfi que je l'ex- pliquerai dans la fuite. h I Section I. §. III. Des Efidien d'une forme cjtmnée par leur plan , Sic. 43 y On obfervera que pour divifer la ligue du giron en parties égales , il faut , que chaque largeur de marche contienne deux de ces divifions , lorfquc le point /fe trouve au milieu d'une marche ; ce que j'ai obfervé dans la figure 15 , où j'ai divifé la diftancei/, en 11 parties égales , pour cinq marches & demie qui fe trouvent contenues dans cette diftance , ce que j'ai indiqué par les points XXX. S'il arrivoit que le limon extérieur fût courbe & apparent , ainfi que la ligne a if, au lieu de faire la divifîon fur la ligne du giron , on la fera fur celle du limon extérieur, ce qui ne fcroit pas un grand changement. Il faut aulfi obferver que j'ai regardé les limons des cfcaliers dont je viens déparier, comme ayant très-peu d'épaiffeur , ce qui fait que tous les développements des limons , ont été faits du côté de l'emmarchement ; parce que fi les limons écoient épais & fujets à décoration , il faudroit faire leurs di- yifions fur leurs faces extérieures , afin que la courbure de leurs angles , tant creufe que bouge , ne fît aucun jaret à la rencontre des limons , ce qui ne man- Planche l5î. queroit pas d'arriver fi les divifions étoient faites du côté de l'emmarchement. à caufe de la différence qui fe trouve entre la longueur de l'arc de cercle ul- térieur , & celle de l'arc de cercle extérieur , lefquels étant plus longs l'un que fautre , & montant à une égale liauteur , auroient une plus ou moins grande inclinaifon que les limons avec lefquels ils raccordent, ce qui leur feroit faire un jaret avec ces derniers , foit en dedans ou en dehors , ce qui n'a pas befom d autre démonftration , après ce quo j'..; Jéja dit en parluuc Ucc, l>.il;cc5 Si des courbes rampantes. Il eft deux moyens de corriger le défaut qui réfulte de la plus ou moins grande longueur de l'arc que produit l'angle des limons ; le premier efl de faire les divifions fur la face extérieure , c'eft-à-dire , de l'autre côté de l'emmar- chement , & de facrifier ce dernier que l'on adoucit le mieux qu'il eft poffible , pour rendre le jaret moins fenfible , ainfi que je l'ai dit plus haut. Le fécond moyen eft de divifer par une ligne l'épaifTeur du limon en deux parties égales , & de faire les divifions fur cette ligne , ce qui , pour lors , met de chaque côté du limon , la moitié de la différence d'inclinaifon de f angle creux, laquelle différence devient alors peu fenfible , & s'adoucit aifément , fur-tout lorfque Fanglc creux a une certaine largeur , ce qui fait que la différence des deux arcs eft moins confidérable. Quant à la conflrudion des angles creux, les Menuifiers les prennent ordi- nairement dans des pièces de bois qu'ils évuident & font monter de fond pour porter l'efcalier & y alTembler les limons , ce que j'ai obfervé aux fi- gures 6,7,8,9&io;&à celles r , 2 , 3 , 4 & y , qui repréfentent les li- mons développés , ainfi que ces poteaux, lefquels fe tracent de la même manière que ceux des efcaliers à vis. Voyez ce que j'ai dit à ce fujet. Tout ce que je viens de dire touchant les quartiers tournants^& les paliers , i 43 M EN U I S I E R, II. Partie , Chap. XIV. ■■ ne doit pas être regardé comme des règles d'une néceffité indifpenfable , dont Planche on ne puilTe jamais s'écarter ; mais en général , le moins qu'on pourra le faire , on ne fera que mieux, vu que c'eft de l'exadtitude avec laquelle on les obfervera , que dépend tout le fuccès de ces fortes d'ouvrages , c'eft-à-dire , les efcaliers , lefquels , dans tous les cas , doivent être le plus aifés tSc le plus commodes pof- fible ; & qui , lorfqu'ils font apparents & liijets à être décorés , demandent beau- coup de fujétion , pour leur donner le degré de beauté & d'aifance dont ils font lufoeptibles ; ce qui m'a engagé à entrer dans beaucoup de détails , afin que connoifïànt les différents inconvénients qui fe rencontrent dans la conftruâion des efcaliers , on ait en même temps les moyens néceflâires pour y remédier , ou du moins pour rendre moins fenfibles les défauts qui réfultent de ces différents inconvénients. Section Seconde. Des Efcaliers d'une forme, cintrée fur leur plan, en général. L'espèce d'efcalier dont il me refte à parler , renferme non-feulement toutes les diîncultés de ceux que je viens de décrire, mais encore toute la théorie des courbes rampantes dont j'ai traité ci-devant , pages ^6') & fuiv. , lelquelles courbes ne font autre chofe que les limons ou les appuis des rampes de ces fortes d'efcaliers : mais comme i'ai épuifé cette matière , je n'en parlerai pas da- vantage , me contentant de renvoyer à ce que j'ai dit à ce fujet loriqu'il en fera befoin. Je ne vais donc parler maintenant que de la dilpofition des marches de ces fortes d'efcaliers & de leurs emmarchements ; enfuite je traiterai des rampes ou appuis des efcaliers , & de la manière de les raccorder avec les appuis horifontaux. Je traiterai enfuite des plafonds rampants d'affemblages ; enfin je terminerai ce Chapitre & cette Partie de mon Ouvrage , par la defcription de deux efcaliers dont le plan fera d'une forme différente , avec double rampe & leurs plafonds d'affemblaees. Planche 156. §. I. Des Efcaliers cintrés en plan , tant réguliers qiiirréguUers. Lorsque les plans des efcaliers font d'une forme plein-cintre ou fai&nt partie d'un cercle , comme la fig, 4 , on fait la divifion de leurs marches à l'ordinaire ; c'eft-à-dire , qu'après avoir tracé le plan des limons , & s'être rendu compte du nombre des marches & de leur largeur , on trace au milieu du plan la ligne de giron à l'ordinaire, & for laquelle on porte la largeur des marches aux points a,b,c,d,e,f,g,h,i; puis par chacun de ces points on fait pa/îêr autant de lignes tendantes au centre/, lefquelles divifent les deux limons en parties égales tant en' dedans qu'en dehors, ce qui ne fouffre aucune difficulté. Quant 3S Section II. I. Des Efcaliers cintres en plan , &c. 437 Quant à la manière de tracer les limons & leurs emmarchements , c'eft tou- jours la même qu'aux autres efcaliers ; c'efl pourquoi je n'en ferai aucune dé- monftration , fia/pedlion feule des figures étant fuiEfànte. oye^ la fig. i , qui repréfente l'élévation du grand limon , & la fig. 7 , qui repréfente pareillement l'élévation du petit limon. On obfcrvera cependant que la largeur du grand limon , prife perpendiculai- rement à fa face inclinée , ell beaucoup plus grande que celle du petit , quoique cependant les largeurs perpendiculaires de ce dernier , foient plus grandes que celles de l'autre , c'eft-à-dire du grand : différence qui eft produite par f inégale largeur du colet des marches ; ce qui ne fait rien quand les limons ne font pas fufceptibles de décorations , ainfi que ceux-ci , & que les efcaliers n'ont pas de plafonds rampants ; parce que dans l'un ou l'autre cas , il faudroit mettre les deux limons d'une égale largeur , perpendiculairement à leurs fices inclinées, en ob- fervant toujours le paralléliline & l'égalité dans la hauteur des marches , dont les divifions, tant de hauteur que de largeur, donnent le rampant des limons, ainfi que je l'ai enfeigné en parlant des courbes rampantes , dont , dans le cas dont il eft ici queftion , les divifions font remplacées par celles des marches , leC- quelles étant faites félon la même méthode , doivent nécelîàirement remplir le même objet. Quand les plans des efcaliers font d'une forme elliptique , comme la figure y, la manière la plus ordinaire d'en faire la divifion des marches , eft de commencer par tracer le plan des limons ôc la ligne de giron iur laquelle on fait les divifions, par lefquelies on fait pafter les lignes des marches toutes tendantes aux centres des arcs de cercles fur lefquels ils font placés ; favoir , les lignes ah ,81. celles g h, aux points i & / ; & les lignes c d , e au point 7n. Cette manière de divifer les marches de ces fortes d'efcaliers eft vicieulè, parce que les collets des marches deviennent trop inégaux entr'eux , foitdu côté du grand ou du petit limon, ce qui rend l'efcalier peu aifé ; d'autre part , quand cette difficulté ne gêneroit pas , ou qu'on voulût la tolérer , cette divifion gâ- teroit la forme des limons , lefquels ne ramperoient pas également , ainfi que je l'ai démontré , pige C'eft pourquoi lorfqu'on fera de ces efcaliers , on fera très-bien de divifer chaque limon en parties égales , félon le nombre donné par la divifion faite fur la ligne de giron, ainfi que je l'ai obfervé dans la figure ^. Voyez les figures 2 & 8 , lefqu3ll;s repréfentent l'élévation des deux limons divifés de cette ma- nière, c'eft-à-dire , en parties égales. Cette- féconde manière de difjDofer les marches d'un efcalier dont le plan eft elliptique , eft très-bonne , parce qu'elle remédie à tous les inconvénients de la première , en rendant non-fèulement l'efcalier d'un ufage plus facile , mais en- core en donnant une forme parfaite aux limons , ce qui eft fort à confidérer ; de plus , l'exécution en eft auffi plus facile , puifque toutes les marches font d'une Menuisier. II. Pan. T 1 1 1 1 Planche 166, m ^1 438 MENUISIER, Il Partie. Clmp. XIV. même longueur & largeur, n'y ayant que les cintres de leurs bouts qui clian- gent , ce qui eft fort peu de chofe. Si la méthode de faire tendre les marches aux centres des efcaliers dont le plan eft elliptique , fi , dis-je , cette méthode efi vicieufe , c'eft encore bien pis lorfque leur plan eft d'une forme mixte , ou bien en S , ainfi que la figure 6 ; parce que la divifion étant faite à Fordinaire , les marches tendantes aux centres AB &. CD , donnent fur chaque limon des largeurs de marches qui font très- diflFérentes les unes des autres , lefquelles différences font plus ou moins grandes à raifon de la proximité ou de l'éloignement des centres , ce qui eft un très-grand défaut , puifque ces différentes largeurs de marches , (pour peu que fefcalier ait de largeur,) le rendent d'un ufige difficile & même dangereux, ainfi que je l'ai démontré ci-devant, page 430. De plus , ces inégalités de divifions rendent les limons d'une forme difgra- cieufe à voir , & fouvent jaréteufe , & même tout-à-fait infupportables , lorfque ces efcaliers ont des appuis ou rampes de Menuiferie , ce qui malheureufement fe rencontre dans prefque tous les efcaliers de chaires à prêcher qui font fur un plan cintré en S. Ce défaut eft une fuite de la méthode que Ton a de faire tendre toutes les marches des efcaliers aux centres de leurs plans , fans faire réflexion que cette méthode n'eft bonne & ne peut avoir lieu qu'aux efcaliers dont le plan eft d'une forme plein-cintre , & qu'elle devient un abus dans les plans de toutes au- tres formes , ainl, que je lai déjà dit & que je le prouverai dans la fuite , en par- lant des rampes ou appuis des efcaliers. Pour que les efcaliers dont le plan eft d'une forme cintrée en S , foient par- faits , il faudroit divifer leurs limons en parties égales , ainfi que l'indiquent les lignes ponâuées 0, 0, 0, ce qui donneroit une forme parfaite aux limons. Mais il réfulte deux diffîcultés de cette manière de divifer les marches ; la première eft que les marches ne fe trouvent plus vis-à-vis de la perfonne qui monte , c'eft-à-dire , à-peu-près perpendiculaires fur la ligne de giron. La féconde eft que ces marches fe trouvent très-obliques lorfquelles appro- chent du milieu de fefcalier, & deviennent plus étroites que celles des deux bouts, ( quoique d'une largeur égale à leur collet en fuivant le contour de^ li- mons, ) ce qui rend fefcalier peu agréable & d'un ufage diiïcile. Pour remédier à ces différents inconvénients , le meilleur parti que f on puifl"e prendre , eft de faire danfer les marches , ainfi que je l'ai obfervé dans la figure 6 & dans la figure 3 , qui eft l'élévation d'un des limons , lefqucls font tous les deux d'une même forme. Cependant s'il arrivoic que cet efcalicr eût une rampe (ou appui) , il faudroit alors divifer les limons en parties égales , & faire danfer les marches, ce qui , à la vérité, obligeroit à faire les limons plus larges, mais ce qui donneroit à l'ouvrage toute la perfeélion dont il peut être fufceptible. V. la fis- 3> &r laquelle j'ai indiqué par les lignes ponduées ab,cdScef, la forme & Section IL II. Des Rampes des Efcaliers , &c. 439 la largeur du limon conftruit fur les divifions égales du plan coté 0 0 0 , 8c dans - laquelle figure on peut voir qu'il ne faut guère plus de bois d'une façon que de Planche l'autre , quoique le limon fait par des divifions égales foit beaucop plus large que celui qui eft fait par des divifions inégales. Quant à la manière de faire ces divifions inégales , on fe fervira de la méthode que j'ai donnée ci-defTus , en parlant des quartiers tournants , page 43 1 , & que j'ai tracée dans la figure 51 , où la ligne courbe gm n, eft produite par les divi- fions inégales de la ligne i l , ainfi que. la ligne droite g p n , e& produite par les divifions égales de la ligne g h , une defquelles divifions a fervi à donner les di- vifions inégales de la ligne il, puifque la diftance y J eft égale à celle g r. Si je me fuis appliqué à faire connoître toutes les difficultés qui fe rencontrent dans la conftruétion des efcaliers dont le plan eft d'une forme irréguliere , & les différentes manières dont on peut fe fervir pour obvier à ces difficultés ; ce n'eft pas que je confidere ces formes irrégulieres comme nécellàires à donner plus de mérite à l'ouvrage ; au contraire , je ne les regarde , (lorfqu'onles fait fans y être engagé par de fortes raifons , ) que comme les produéfions d'un génie borné & deftitué des connoilfinces nécefiâires à fon état, qui s'imagi le ne faire de belles chofes qu'autant qu'elles paroilfent difficiles : je ne les propofe donc ici que comme des exemples à éviter , & pour prévenir les jeunes gens contre la féduc- tion de ces précieufes bagatelles , qui n'ont fouvent d'autre mérite, qu'une heu- reufe exécution ( * ). §. II. Des Rampes des Efcaliers , & des différentes manières d'en faire le raccord avec les appuis horifontaux. E N terme d'Ouvrier , on nomme rampes , les appuis qui fuivent finclinai- fon des limons des efcaliers , lefquelles rampes , lorfqu'elles font faites de Me- nuiferie , font ornées de moulures & de panneaux de différents compartiments , dont je parlerai dans la fuite. Il s'agit maintenant de déterminer d'une manière fixe la hauteur de ces ram- pes comparaifon faite avec les appuis horifontaux , auxquels elles doivent rac- corder , & les différentes manières de taire ces raccordements , lefquels fe font de deux manières ; favoir , à angles reétilignes , comme les figures i & 2 , ou bien à angles arrondis , comme les figures ^ Si 6 ,ce que les Ouvriers appellent raccords radoucis. Les raccords à angles reétilignes fe font des deux manières fuivantes: Savoir , de faire partir la hauteur des panneaux & des membres des moulures (*■) On peut voir un exemple de ce que ]e dis ici, dans le chet-d'œ'ivrs donne en 176!! à un Elevé des Ecoles gratuites , lequel peut être d'une exécution qui fafTe honneur à l'ouvrier , mais donc la dirpofition & l'ordonnance prouve !e peu de mérite de l'ordonnateur. 44° M E N U I S I E R, II. Partie, Chap. XIV. ' g de la rampe , d'après la rencontre d'une ligne perpendiculaire a h , prife fur l'ap- Planche pui horifontal , figure i , de manière que toutes les lignes perpendiculaires prifes fur la rampe , comme celle c d , feront égales à celle ab, &. que par conféquent tous les membres des moulures & les panneaux feront , fur cette perpendiculaire , d'une largeur égale à ceux de l'appui horifontal ; de manière que la hauteur to- tale de la rampe , prife fur une ligne c e , perpendiculaire à la ligne d'incli- naifon , ( ou pour mieux dire , d'appui , ) que cette hauteur , dis-je , ainfi que la largeur des moulures & des panneaux , prife fur la même ligne , devient plus petite que celle de l'appui , à raifon de la plus ou moins grande inclinaifon de la rampe. La féconde manière de faire le raccordement des rampes à angles reélilignes , eft de donner à la plinthe de la rampe & à fon appui , la même largeur qu'à l'appui horifontal , ce que l'on fait de la manière fuivante : Après avoir tracé l'appui horifontal , fig. 2. ainfi que les membres dont il eft compofé , onabaifFefurcet appui la perpendiculaire gf, que l'on prolonge indé- finiment ; puis du point ^& oià elle rencontre le delTous de l'appui & le def fus de la plinthe , on tire les deux lignes g m Scfn, parallèles entr'elles , 8c fuivantrinclinaifon de la rampe ; puis d'après ces deux lignes , on trace la largeur & tous les membres , tant de l'appui que de la plinthe de la rampe , lefquels font de même largeur que ceux de l'appui horifontal , de forte que la hauteur h n eft égale à r ^ ; & celle m l eft égale à o/; ; il arrive que le joint des moulures de la rampe ne ië raccorde plus lur une ligne perpendiculaire , comme à la %. I ; mais il forme les diagonales sfà.gt, l'une en dedans de la perpendiculaire fg,8i. l'autre en dehors. Cette féconde manière de faire le raccord des rampes , eft plus heureufe que la première , parce qu'elle conferve la largeur des profils rampants , lefquels font toujours mal de la première manière , parce qu'à cette dernière les profils dimi- nués de hauteur , ne le font pas fur la faillie , ce qui fait un mauvais effet. On obferyera que la féconde manière de difpofer les rampes , leur donne plus de hauteur perpendiculaire , que leurs appuis horifontaux , la diftance i h , étant plus grande que celle r p , ce qui eft donné par la largeur de l'appui & de la plinthe de la rampe , qui pour lors n'eft pas prife fur leur perpendiculaire , mais obliquement. Ces deux manières de faire le raccord des rampes à angles re£lilignes , font fujettes à bien des inconvénients ; parce que fi leur raccord avec leurs appuis ho- rifontaux , forme un angle par leur plan , il faut que dans tous les cas cet angle foit un angle droit , ainfi que les figures 3 & 4 , à caufe de l'inclinaîfon de la rampe , qui ne peut fe raccorder que fur une ligne d'équerre à l'une de fes faces , afin que le defiris du joint foit de niveau , ce qui eft général pour le raccord de toutes les rampes , foit qu'elles foient droites ou circulaires fur leur plan. De plus, fi on fe fert de la première manière I , & que le plan de l'appui Section II- II. Des Rampes des Efealiers , Se. 441 Tappui EifTe un angle (ailh ic , comme dans la figure 3, on ne peut faire le raccord de la rampe , que d'après la plus grande faillie du profil , foit du haut ou du bas , comme je l'ai obfervé dans la figure I , parce que le profil de l'avant-corps étant de niveau , ne peut être reployé pour fuivre la pente de la rampe , ainfi que celui dont la fiillie part d'après la ligne a h ,ct qui n'eft tolérable que quand l'a- vant-corps a très-peu de faillie , encore ce profil ainfi incliné , fait-il un très mau- vais effet. Si l'on fe fert de la féconde manière , fig. a , la difficulté fe trouve la même ; cependant il faut obferver qu'au lieu de faire venir le raccord au-devant de la faillie du profil du haut , comme dans la figure I , il faut , dans celle dont je parle > tracer tous les membres des moulures du bas , afin qu'aucun des membres du profil de la plinthe horifontalc , ne fe trouve coupé par les lignes du profil ram- pant , ce que j'ai obfervé dans la figure 2 , où le profil coté A , eft approché de la rampe le plus près qu'il a été poflible ; au lieu que celui coté B , eft reculé tota- lement d'après le joint , ce qui eft encore mieux ; parce qu'alors le joint peut être une ligne droite , au lieu que dans le premier cas , il faut qu'une partie de ce joint fuive le contour des moulures de l'appui horifontal, lefquelles fe trouvent excédentes à la ligne s f. Les difficultés qui fe rencontrent pour les raccords redlilignes du haut des rampes , font les mêmes pour les raccords du bas , ainfi qu'on peut le voir dans les figures I & 2 , dans lefqm'Ucj je n'ai f»It profiler \pi nppuis liorifontaux , que d'après la faiiUc de Leurs profils , & où j'ai marqué par des lignes ponéluées , la place où l'on pouvoit mettre les profils reployés fuivant l'inclinaifon des rampes ; ce que je n'ai fait qu'afin d'en faire voir toute la difformité , & pour ne les faire confidérer que comme des exemples à éviter. La méthode de faire le raccord des rampes à angles arrondis , remédie à une partie des inconvénients dont je viens de parler ; cependant elle a le défaut de donner une mauvaife forme aux panneaux des angles , lorfqu'on veut que la hau- teur perpendiculaire de ces derniers , prife du dehors de leurs bâtis , foit égale à celle des panneaux horifontaux , ainfi que je l'ai obfervé dans la figure 6 , où la hauteur a b cH égale à celle ed,Sc dont les centres de raccord font les mêmes , la diftance i c étant égale à celle Id. On pourroit remédier à cet inconvénient, en faifànt partir du même point de centre , les raccords du delFus & du deflbus de la rampe , ce qui conferveroit une hauteur égale de panneaux , tant dans l'appui horifontal que dans la rampe , en prenant toutefois cette hauteur perpendiculairement à fon incliiiaifon , ce que j'ai indiqué dans la figure 6 , par des lignes ponéluées. Mais cette dernière manière donneroit trop de hauteur perpendiculaire à la rampe , comparaifon faite avec celle de fon appui , laquelle hauteur eft déjà plus grande de la première manière , la diftance g /i étant plus grande que celle e f. Je crois donc que pour ne pas faire la hauteur perpendiculaire trop haute , Menuisier, IL Pan. V v v v y 442 MENUISIER,! L Pmie. Chap. XIF. ~ ' - comparaifbn faite avec celle de fon appui horifontal , & pour donner au panneau Planche raccord une forme plus gracieufe , on fera très-bien de partager le différend par la moitié , comme dans la figure 5 ; c'eft-à-dire, qu'au lieu de faire la diftance dl égale à celle c i , pour avoir le raccord de l'appui de la rampe , ou bien de faire partir les deux raccords d'un même point , on fera le point de centre du raccord de l'appui à une diftance moyenne , proportionnelle entre ceux i b,fig. 6 , ce qui donnera une forme gracieufe au panneau , & en même temps rendra la hauteur perpendiculaire mn, moins grande que celle 0 p , qui eft la glus grande hauteur qu'elle puiffe avoir , puifqu'elle eft donnée par le même centre que le raccord du deffous de la rampe. On fera la même opération pour le raccord du bas des rampes , en obfervant de bien conferver le parallélifme des rampes , dont on ne doit jamais s'écarter pour quelque raifon que ce puilTe être , quoiqu'on n'aye que trop d'exemples de ce défaut , que l'on pourra éviter , en fuivant la méthode que je donne ici , & quej'ai'obferyée dans la figure y , laquelle méthode eft applicable non-feulement aux rampes fur un plan droit , mais encore à celles d'un plan cintré , dont la figure y pourroit être le développement qu'il faut toujours faire , afin de fe rendre parfaitement compte de fa. forme & de la largeur du giron des marches , qui , quand les efcaliers ont des raccords radoucis , ne peuvent être déterminés qu'en faifant le développement de la rampe , ainfi que je le dirai ci-après. On doit oUièrvcr-que ioja <;.iiiLtc3 Jta la^^v^oiUa /oient fur une même ligne per- pendiculaire , laquelle doit être prife d'après la faillie des profils des avant-corps, ainfi que je l'ai obfervé dans la figure 6 , & aij raccord du bas de la figure J ; au lieu que les centres du raccord du haut de cette figure , font pris fur la ligne du nud de l'avant-corps , ce qui oblige les profils de fuivre l'inclinaifon du raccord de la rampe ; ce qui ne peut être quand l'avant-corps a aifez de faillie pour que toutes les moulures de l'appui & de la plinthe foient profilées , ainfi que je l'ai dé. montré plus haut : cette manière de placer les centres des raccords n'étant tolé- rable que quand l'avant-corps aura affèz peu de faillie , pour qu'on ne fafle pro- filer qu'une partie des moulures, ce qui encore ne fait pas trop bien. Voye^ la Fig. 7 , où j'ai marqué ces différents avant-corps. Lorfque les rampes feront à raccords radoucis par le bas , je crois qu'on fera bien de faire tourner les derniers membres des plinthes à rebours de ceux de def- fus , ainfi que je l'ai obfervé dans la figure J , ce qui , à mon avis , femble donner plus d'empattement & de folidité au-deffous de la rampe , laquelle paroît ployer lorfque tous les membres de la plinthe fuivent le contour du raccord. Cette obfer. vation n'cft cependant pas effentielle , je ne la propofe que comme un avis & une opinion qui m'eft propre , & que l'on fuivra fi on le juge à propos. Quant à la décoration des rampes , on peut la varier à l'infini , en ne s'écar- tânt pas des règles que je viens de donner , tant pour leurs hauteurs , compa- raifon faite avec leurs appuis horifontaux , que pour leurs raccordements avec ces Smction il §. ni. Des Plafonds rampants d'affemblages. 443 derniers. Cependant quelque riche que foit la décoration de ces rampes , il faut toujours y éviter la confufion , comme auffi les relTauts multipliés , qui , quelque adroitement qu'ils foient profilés , font toujours un mauvais effet ; c'eft pourquoi je crois que l'on feroit bien de ne faire aucun reffaut dans toute la continuité d'une rampe , excepté à l'endroit des raccords , ainfi qu'on l'a obfervé à la rampe de Saint-Sauveur, à Paris, laquelle fait un fort bon effet ; ou bien fi on y faifoit des reffauts , qu'on ne les faffe profiler que dans les premiers membres des profils de l'appui , & de la plinthe de la rampe. Si les reffauts trop multipliés font mal dans les rampes , les cintres font encore plus à éviter , malgré les exemples que l'on en a ; de plus , les cintres dans ces fortes d'ouvrages, ne font qu'en rendre l'exécution plus difficile , (vu qu'ils font pour l'ordinaire arrafés par dedans,) fans pour cela donner à l'ouvrage plus de magnificence & de richeffe , laquelle , dans ces occafions , doit confifter dans une belle & noble fimplicité. §. 1 1 1. Des Plafonds rampants d'ajjemblages. J' A I parlé page 3 37 , de la manière de faire les hélices ou plafonds rampants ■ collés en plein bois; il s'agit maintenant de donner la manière de les conftruirc d'affemblages ; mais avant d'entrer dans ce détail , il eft bon de faire quelques réflexions touchant ce que j'ai dit au fujet des courbes rampantes , de leurs rac- cords avec leurs parties horifontales , & touchant la divifion des marches & la largeur des limons , produite par ces mêmes divifions. Lorfque j'ai parlé des courbes rampantes concentriques entr'elles , page 377 & fuivantes , j'ai fuppofé que le deffous étoit de niveau à tous les points de di- vifion , ce qui feroit très-bon pour recevoir un plafond rampant ; mais en même temps fi le deffus de ces courbes recevoir une rampe , la plus petite courbe deve. nant plus large fur la perpendiculaire que la grande courbe , & le deffus des ap- puis des deux rampes devant être de niveau , il arriveroit que les panneaux de la rampe du petit côté deviendroient moins hauts que ceux du grand côté , de ce que la petite courbe excéderoit la grande , fans compter la différente inclinaifon des rampes, qui rétréciffent encore ces panneaux. Cette difficulté eft infurmontable , tant que fon fait les deux courbes d'une égale largeur , prife perpendiculairement à leurs inclinaifons ; parce que fi l'on fait le plafond d'un efcalier à double rampe, de niveau à ces points de divifion , on tombera dans le cas dont je viens de parler ; & au contraire, fi l'on fait le def fus des deux courbes de niveau , il faudra néceffairement que le plafond panche de ce que la largeur de la petite courbe excédera la grande , ce qui fait un fort mauvais effet , auquel on ne peut remédier qu'en ne faifant qu'une rampe appa- rente aux efcaliers ; ou bien fi on en fait deux , en changeant la forme du profil des plinthes des rampes , & les foifant différer de ceux des appuis horifontaux , ce Planche 157. Planche i58. 444 M E N U I S I E R, II. Partie , Chap. XlV. f*"' '"" qui pour lors autorifc à faire la courbe intérieure , ( ou la petite courbe , ce qui eft Planche la même chofc,) d'une largeur perpendiculaire égale à celle de la grande, ce qui peut fe faire aifément , quand il n'y a pas une grande différence entre le cintre des deux courbes , & par conféquent à l'inclinaifon de leurs rampes. Quant à la divifion des marches , il faut avoir attention , quand leurs limons feront à raccords radoucis , d'en faire partir la divifion fupérieure de f angle que forme la rencontre de la partie horifbntale avec la partie inclinée , ainfi que je l'ai obfervé aux figures r , 2 & (5 , dans lefquelles figures l & 2 , j'ai fuppofé que l'angle des marches affleuroit le deffùs de la pièce. Cette manière de placer la divifion des marches , eft très-bonne ; parce que la hauteur perpendiculaire de fappui de la rampe , prife du deffus des marches , n'eft pas trop différente de celle des appuis horifontaux. Quant au raccord du bas , il ne gêne en aucune manière ; parce que la hauteur de fefcalier & le nombre des marches une fois donnés , elles finilTent où elles peuvent , du moins par rap- port à ce raccord, que je fuppofe ici foire partie de la courbe ou de la ligne droite de la rampe , ce qui eft égal ; parce que s'il faifoit un angle ou un retour, il tom- beroit dans le cas des paliers ou des quartiers tournants , & la dernière marche viendroit à fa place naturelle. Pour la largeur des limons , lorfqu'ils ne font point alTujétis à un profil donné ,* il fembl croit naturel de leur donner de largeur , celle que les marches occu- pent , plus , l'épaifleui^ clii i-.*.iip**r»t ^ C^n renfoncement , ainfi que l'in- diquent les lignes a b ,c d, fg. 3 , & celles ef, g h,fig. 4. Mais il rcfulte une difficulté de cette manière d'opérer , parce que quoique le limon fig. 3 , iiinfi difpofé , foit plus large que celui Jig. 4, pris perpendiculairement à leur înclinaifon , la diftance i l étant plus grande que celle mn,'A arrive alors que le deftbus des limons n'eft plus de niveau aux points de divifion , puifque leurs lar- geurs perpendiculaires font inégales entr'elles , la diftance 0 p,fig- 3, étant moindre que celle q r , fig. 4 , ce qui oblige à redefcendre la largeur du limon , fig. 3 , au point s , afin que la diftance 0 s foit égale à celle q r , ce. qui met les deux limons de niveau par-deflùs & par-delîbus , mais qui leur donne une lar- geur très-différente, la largeur utàn \imon,fig. 3 , excédant celle du limon /zot, de la diftance m x , ce qui eft très-confidérable , & ce qui rend les limons ram- pants hors de niveau par-deflùs , ainfi que je l'ai indiqué par des lignes pontSluées aux figures i & 2 , lefquelles font les développements intérieurs des deux li- mons repréfentés par les lignes A B , C D , fig. 6. Si on vouloir abfolument que le deffus des deux limons fût de niveau aux points de divifion , & qu'ils fufliènt égaux de largeur entr'eux , on feroit alors celui fig. 3 , de la largeur il,8(. celui fig. 4 , de la largeur j ^ , laquelle eft égale à i /. Ce que je viens de dire touchant la largeur des limons , n'eft qu'une fuite & même une répétition de ce que j'ai dit plus haut , au fujet des courbes formant limons , Section TI. §. HI. Des Flafonds rampann d' ajj'emblages. 445: limons , confidérées feulement par rapport à leur décoration ; ce que j'ai fait = pour mieux faire connoître toutes les difficultés qui fe rencontrent dans ces forces d'ouvrages , & pour mettre à portée de les éviter , du moins autant qu'il ^ fera poflîble. Quant aux plafonds rampants d'alTemblages , ils fe font des deux manières fijivantes : La première eft de ne leur point faire de bâtis qui leur foient propres , mais de difpofer le delTous des limons pour recevoir des traverfes & des panneaux , aiiifi que la fig. 8. La féconde manière eft de leur faire un bâtis à part, lequel entre à rainures & languettes dans les limons , ainfi que la figure 9. La première de ces deux manières de faire les plafonds rampants , eft la plus lîmple ; mais la féconde eft la meilleure & la moins gênante : c'eft pourquoi on doit toujours la préférer , du moins autant qu'il eft poffible. Quant à la conftruélion de ces plafonds , elle fe fait de la manière fuivante : On commence par tracer fur le plan, fig. 6 , les lignes A, B ,C, D , qui font Fintérieur du limon de f efcaiier ; enfuite on ajoute la largeur des champs & des moulures ; d'après quoi on opère comme pour les courbes rampantes ordi- naires , en obfervant d'augmenter par dehors la faillie de la languette qui doit en- trer dans les limons. Il n'en eft pas de même du dedans de ces courbes, lequel ne doit point être d'équerre comme le dehors, c'eft-à-dire , fur les lignes de divi- fion , tendantes au centre rl„ ^Un , ^ C^. d^. po,-pe,->d;cuUircs prifes fur ces mêmes divihons ; mais au contraire , l'arête intérieure, ou pour mieuxdire le côté de la moulure de ces courbes , doit être d'équerre fur leur rampant , quoiqu'en fuivant toujours les divifions du plan , ainfi que je vais Fexpliquer. S'il arrivoit que l'on eût une traverfe dans un plafond rampant , ainfi que celle E F , il feroit nécelfaire d'en avoir les gauches , ce qu'on feroit par le moyen des diverfes inclinaifons prifes à fes deux extrémités £ , & à fon milieu G , ce que j'ai fait plus en grand dans la figure J , ou chaque coupe eft marquée des mêmes lettres que les lignes fur lefqueiles elles ont été prifes. Ces différentes inclinaifons étant une fois tracées , on a les équerres inté- rieures des courbes, en élevant des perpendiculaires à chaque ligne d'incli- naifon aux points E,G,F , lefqueiles perpendiculaires étant prolongées juf- qu'aux lignes d'épaiffeur , donnent les équerres , les unes excédentes en dedans de la grande courbe , ainfi que la ligne e c f , & les autres en dehors de la petite , ainfi que la ligne a a a. Voye^ la Fig. 7 , où les diftances a b , font égales à celle A F , fig. y, celles c d , font égales à celle j G ; & celles e f , font égales à celle / E. On obfervera que les lignes b d f de la figure 7 , font les mêmes que celle F C £ des figures 5 & 6 , & que je n'ai fait les lignes courbes de la figure 7 , plus cintrées que celles de la figure 6 , que pour faire mieux fentir la différence des équerres du dedans des courbes de plafonds rampants , Menuisier, IL Pan. X x x x x Planche l5S. y 44<î M E N U I S I E R, II. Part. Chap. XI F. === le{quelles ëquerres ne font pas femblables à celles du dehors de ces courbes , Planche ainfi que beaucoup fè le font perfuadé. . Il réfulte de cette obfervation touchant les équerres intérieures de ces cour- bes, que quand elles ont des moulures faillantes , il faut toujours faire partir les équerres intérieures du devant de leur plus grande faillie , en obfervant de dimi- nuer la largeur de la courbe en raifon de la faillie du profil , laquelle rélargic ou rétrécit le champ lorfqu'il eft ravalé. On doit aufli en tirer une autre confé- quence , qui eft que le panneau ne peut pas être également éloigné des cour- bes A, B ,C, D, mais qu'il doit fliivre les équerres intérieures des courbes , & par conféquent être porté du côté de la plus grande courbe à raifon de leur épaiffeur & de ce qu'elles renfoncent d'après le nud du bâtis , ce qui fe fait pat la même méthode que ces dernières , du moins pour ce qui eft des équerres. On doit avoir la même attention lorlque les limons ferviront de bâtis aux pla- fonds rampants , c'eft-à-dire , de les mettre d'équerre de la même manière ( quant à l'intérieur) que les courbes des bâtis dont je viens de parler , ce qui obligera de faire la petite courbe plus épaiffe de ce qui fera donné par les per- pendiculaires , élevées fur les lignes d'inclinaifon, /%■. J ; & on aura foin que cette plus grande épaiffeur ne furpaffe pas celle qui eft néceffaire pour les traverfes du plafond , & for laquelle épaiffeur on a pris les diftances données par les perpen- diculaires ; dans l'autre limon au contraire , cette équerre doit rentrer en dedans de fon épaiflèur Se â l'épaifîcur du plalond , afin quc d'après cette dernière , fin- térieur des deux limons foït d'une épaiffeur égale. Pour les traverfes des plafonds , il faut toujours qu'elles foient d'une longueur égale au dehors des champs , afin qu'ils foient plus aifés à tracer felonleur gauche, lequel fe trouve en marquant les deux coupes de leurs bouts l'une dans l'autre , ou au defîùs l'une de l'autre , comme celles cotées Hl , qui repréfentent les coupes des traverfes du raccord du haut au double de celles du plan , & d'après lefquelles on peut avoir la longueur & l'équerre des panneaux. Voyez auffi la figure y , qui repréfente les trois différentes coupes d'une tra- verfe du milieu d'un plafond, lefquelles coupes font repréfentées toutes enfemble par les lignes gh , i 1 8c mn , ce qui détermine au jufte l'épaiffeur du bois qu'il faut pour cette traverfe que l'on fera par les mêmes principes que le claveau des plafonds gauches dont j'ai parlé page 338 , à l'exception qu'il faut que ces traverfes foient toujours d'équerre félon leur gauche , & que la ligne de milieu doit toujours fervir pour tracer les arrafements de face & de côté , lefquels doi- vent toujours être perpendiculaires à cette ligne dans tous les fens poflîbles. On obfervera que quand ces traverfes feront bien faites , leurs arêtes ne fe- ront pas des lignes droites, mais des lignes creufes, ainfi qu'on peut le voir dans la figure 7. Les plafonds rampants peuvent être très-ornés , quelquefois même on y met un rond au milieu , lequel ne fait pas trop bien ; cependant fi on vouloit le faire , on fe ferviroit de la même méthode que pour les vouffures , tant pour en tracer Section II. §. IV. Defcription de deux Efcalien cintrés en plan , &c. 447 l'intérieur que pour l'extérieur , afin d'avoir au jufte la longueur & la forme des . panneaux. Quant à ces derniers , je n'en parlerai pas ici , vu que j'ai donné la ma- nière d'en déterminer la longueur & la largeur, & que j'ai donné la mé- thode de leur conftruélion , page 337 (& fuivames. Ce que je viens de dire renferme en général tout ce qu'un Menuifier doit favoir , non-feulement au fujet des efcaliers , mais encore au fujet de tontes les autres parties de l'Art du Trait , tant pour la théorie que pour la pratique , la- quelle eft à-peu-près la même dans tous les cas , ainfi que je l'ai déjà dit. Planche t68. §. I V. Defcription de deux Efcaliers cintrés en plan , l'un plein-cintre & L'autre enS , avec doubles Rampes à raccords radoucis. L'escalier qui eft repréfenté dans cette Planche, eft d'une exécution ■ très. facile , vu qu'étant fur un plan plein-cintre ( c'eft-à-dire , qui fait partie d'un cercle), les courbes des limons & des appuis tant intérieurs qu'extérieurs, font des courbes régulières , lefquelles ne font point fujettes aux inconvénients qui fe rencontrent dans les courbes irrégulieres , comme je l'ai démontré ci-de- vant ; toute la difficulté qui peut fe rencontrer dans l'efcalier dont je parle, n'é- tant que dans la hauteur perpendiculaire des deux rampes ou appuis , lefquelles étant & devant être d'égale hauteur entr'elles à toutes les lignes d'équerre tant en deflijs qu'en deffous , ainfi que je l'ai obfervé & que l'indiquent les li- gnes ab &. c d, lefquelles font repréfentées fur le plan par celles efScgk, il arrive alors que non-feulement les panneaux de la rampe intérieure deviennent plus étroits , ou pour mieux dire , moins hauts que ceux de la rampe exté- rieure ( * ) , mais encore que le limon intérieur devient plus étroit que l'autro à caufe du niveau que l'on eft obligé de conferver en deftbus. Le premier de ces deux inconvénients eft infurmontable ; il n'y a que le fé- cond auquel on pourroit remédier , foit en tenant le defîbus de l'efcalier hors de niveau de ce que donneroit la largeur du limon intérieur, ou bien en faifant re- monter cette largeur en contre-haut , ce qui remettroit le defîous de l'efcalier de niveau , mais en même temps ce qui rétréciroit encore les panneaux ; c'eft pourquoi j'ai cru qu'il valoir mieux faire les deux limons d'une égale largeur perpendiculaire , en obfervant toutefois de les profiler en plinthe , afin que leur différence de largeur , prife perpendiculairement à leur face inclinée , foit moins fenfible , & qu'on ne voye pas dans un même limon des profils & des mou- lures d'une largeur inégale , ce qui ne manqueroit pas d'arriver fi on faifoit fuivre aux limons intérieurs le profil des plinthes des appuis horifoncaux. Planche (*) On obfervera que les panneaux de la rampe extérieure font égaux à ceux des appuis horifon- taux, ce qui eft contraire à ce que j'ai dit, pags ^i; mais dans le cas d'un efcalier à double rampe, on eft obligé de les faire de cette ma- nière , parce que fi on les faifoit plus étroits , ils r.ndroient les panneaux de la rampe intérieure encore plus étroits qu'ils ne font ici, ce quiferoit un très-mauvais eu'ct. I '-'/■ 448 MENUISIER, II. Partie. Chap. XIII. Quant aux raccords des rampes , je les ai faits félon les méthodes que j'ai d on- ^''iS^^^ nées ci-delTus; c'eft pourquoi je n'en parlerai pas ici , non plus que du plafond de cet efcalier , parce que ce ne feroit qu'une répétition de ce que j'ai déjà dit. _ J'ai repréfenté plus haut la difficulté des courbes rampantes dont le plan étoit Planche irrégulier ; & j'ai même avancé fur-tout que les formes en S n'étoient point to- lérables dans un efcalier dont les rampes étoient fufceptibles de décoration ; cependant , comme ce que j'ai dit ne rcgardoit que les courbes en particulier , ou bien la difpofition des marches , j'ai cru devoir faire un efcalier complet fur un plan cintré en S , le plus régulier qu'il foit poffible de le faire , afin de mieux convaincre mes Leâeurs de la vérité de ce que j'ai avancé ci-devant , & de faire connoître que ce n'ell: ni prévention ni humeur de ma part qui m'a fait condamner abfolument les ouvrages de ce genre. Je crois avoir fuffifamment prouvé l'impoffibilité de faire tendre aux différents centres du plan les marches & les équcrres des courbes ; c'eft pourquoi je n'en parlerai pas ici , me contentant de dire que la divifion des marches de l'efcalier dont je parle eft faite par une progreffion arithmétique , & que les limons font divifés en parties égales , ce qui donne des rampes parfaites, puifque leur déve- loppement devient des lignes droites , ainfi que le repréfentent les figures 2 & 3 , ce qui ne fouffre aucune difficulté. Il eft néanmoins bon de faire obferver que ces rampes ne peuvent être divifées ainfi que quand elles ne feront qu'à un parement ^ parce que li elles étoient à deux parements , il faudroit fuivrc dans les deux ram- pes les lignes courbes ab c Se de f , lefquelles font données par les divifions des marches du plan , ce qui alors donneroit des rampes d'une inégale obliquité , & par conféquent des panneaux d'une mauvaife forme ;,de plus , le deiTus ni le deffous des appuis ne feroient plus de niveau , pris au même point de leur contour fur le plan , ainfi que dans le premier cas , où les lignes 1 1 & m n , fig. 2 & 3 , prifes fur les points g, h du plan,/^. y , font d'une égale hauteur entr'elles , & donnent les lignes horifontales l n 8c o p , qui terminent le delfus & le deflbus des rampes ; au lieu qu'en fuivant le contour des marches, elles font plus hautes l'une que l'autre de la diftance b q oar s ,c(t qui eft la même chofe. Cette diffi- culté doit donc faire abandonner les formes cintrées en S , pour le plan d'un ef- calier dont les rampes font à un ou deux parements , parce que fi dans le premier cas on peut faire l'extérieur de leur rampe d'une décoration régulière , la hauteur intérieure de ces mêmes rampes devient inégale , non-feulement dans le cours des deux rampes , mais encore d'une manière oppofée , ainfi qu'on peut le voir dans les figures 2 & 3 , ce qui eft fort défagréable ; de plus , quand on toléreroit cette inégalité de hauteur , la difficulté du corroyage des courbes , tant des limons que des appuis , doit empêcher d'en faire le moins qu'il fera poffible , puifque les équerres données par les divifions en parties égales , ne peuvent fervir que pour le delfus de la courbe d'appui , & le deflbus de celle de limon , pris du devant des champs , cote A &. B ,fig. i & 4 , le refte des faillies devant tendre 4P TABLE DES CHAPITRES ET TITRES DE UART DU MENUISIER. SECONDE PARTIE, CHAPITRE PREMIER. De, Parques & Planchers en général, - Page ij'^. Section Première. De la manière depoftr les Lam- bourdes Gr de Us efpacer. j j- j Section II. De la manière de po/er le Parquet , de fa conflruetton 6- de fes différents Compartiments. 1J7 Section III. Les différentes efpeces de Planchers, leurs confiruBions , (y U manière de les pofer ainfi que le Parquet. CHAPITRE IX. Des l ambris en général, > 6^ Section I. Des différentes efpeces de Lambris , leurs formes , ufages & proportions. ibid. Section II. De la décoration &- conftrumon des Ke~ vkijements de Cheminées , de leurs Vis-à-vis 6- des Trumeaux de Croifées en général. ij^ Section III. Dr la manière de décorer &* de revêtir Emirufures de Croifées. 1 g i Section l De la décoration &• conjlruElion des Deffus de Portes ou Attiques. lï.^ CHAPITRE III.^ De la décoration des Ap- fanements en général ^ & de leurs différentes efpeces, i c j Section I. Des Vejîibules , des Ânti-Chamhres , des Salles à manger proprement dites , des Salles de Compagnies , d\4ffemhlées , dz Jeu & de Concert , des Chambres à coucher &■ de celles de parade, i S7 I.Des Veftibules. ibid. §. II. Des Anci-chambres. ibid. §. III. Des Salles à inLinger proprement dites. iSS §. IV. Des Salles de Compagnie , d'AlTemblées , de Jeu & de Concert. ip2 §, V. Des Chambres à coucher proprement dites. §. VI. Des Chambres à coucher de parade, '97 Section II. §. I. Des Salies d'Audience, du Dais é*. de celles des grands Cabinets , &tc. 1 99 §. II. Des Salions & des Galleries. 200 Section III. Des Jppanemems privés. 202 §. I. Des Cab inets de Toilette & des Méri- diennes, ihid. §. II. Des Cabinets dAifance S: de Bains, 205 Section IV. §. t. Des Archives & des Serre-pa- piers. _ 20J §. II. Des Bibliothèques , leurs conllrotSion & décoration. 20(j §. Ifl. Des Cabinets de Curiofitc's détoures efpeces. 212 CHAPITREZ V. Menuiferîe des Eg/ifes. 213 Sec f ion I. Des Chœurs d'Eglife en général , de leurs revêtiffements , &■ de leurs différences efpeces. 214 Section IL Des Stalles , de leurs conJîruSiion, for- mes , proportions Gr décorations. 2 i 7 SfXTioN in. De la Charpente dejïinée à porter les Stalles , de la manière de les pofer ; &■ une méthode générale pour divifer Us Stalles en cul-de-four ^ en quart de cercle. 22(5 CHAPITRE V. Des Sacrifies ou Tréfors en gcnéraU 22^ Section I, Des Chapiers , leurs proportions ù' conf- truBion. ibid. CHAPITRE VI. Des Confefflonnaux en gé- néral, leurs proportions eir conflrii0ion. 25^] Sec ; ium I. Dcj Chaires à prêcher, ^39 Section II. Dts KétabUs d'AuieU , leurs décorations &■ proportions , ainf que la décoration des Chapelles en général. 24 il SECTION III. Des Porches , leurs décorations &• conf- truclton. 24.4. CHAPITRE VII. Des Btifcts d'Orgues en général, Section I. De la décoration des Buffets d''Orgues ^Qf leurs proportions, 24.5 Section II. De la confîruElion des Buffets d'Orgues. CHAPITRE VIIL De la manière de pofe/la Mentnferie en général. ajg Section I. Des Ferrures néceffaires à la pofe de U Memdferie. ibid. Section IL Des précautions qu'il faut prendre avant de pofer l'Ouvrage. 264 L De la manière de pofer les Croifées. 265", II. De la manière de pofer les Portes tant grandes que petites. 26(5 §. III. De la manière de pofer les Lambris tant d'appuis que de hauteur, les Parquets de gkces,&c. 268 CHAPITRE ÏX. De l'Art du Trait en gé- néral. 27J Section I. De la manière de prendre Us Mefures, ibid, §. L De la manière de marquer l'Ouvrage fur le plan. 2-'7 §. II. De la manière de dlfpofer la Menuiferie pour recevoir les ornements de Sculpture. a8o #3- TABLÉ. Sfction il De la manière de colkr les Bols en gé- néral. 2S3 §. L De la manière de conftruire les Colonnes en bois , les Bafes & les Chapiteaux , ainfi que les Entablements & les Piedeftaux. 2H6 §. II. De la manière de coller les Bois courbes, CHAPITRE X. De l'Ân du Trait propr^ ment dit , oh la Science des Courtes relative- ment â la Menuiferie. apa SrcTioN ]. Notions de Siéiéotomie pour feri'ir àl Art du Trait. 254. §. I. Développement des Surfaces de diflcrents Corps. ibid. §. II. Coupe & développement di: Cône droit , du Cône oblique, de la Sphère & derilélicc. §. III. Difiérentes manières de tracer les Para- boles & les Ellipfes. 305' IV. De la pénétration des Corps. 307 CHAPITRE XI. Ves différentes places dont les RevêîiJJements Jont Jiijceptibles deTrait , la manière de conjlrnire ces Revêtijfements en / lein bois» 512 Section I, Diffh'rentes manières de conjîndrt les ou- irages de Trait en plein bols. 3 r ^ §.I. De la manière de coller les Archivoltes cvafécs &c en tours creufes , &c. il?id. §. II. De la manière de coller les Archivoltes gauches , les Calottes Se les Arcs bombes. 518 Section H. Manière de coller les Arrieres-vouJJures de Saint - Antoine , £r d'en trouver Us Coupes dans lous les cas pojjibles. ^21 I, Manière de coller les Arrieres-vouflures de Saint-Antoine furhauflees ou furbaiflees . & leurs contre parties. 522 5. II. Manière de coller les Arrieres-vouflures de Montpellier, & d'en trouver toutes les Coupes. 324 §. III. Manière de coller les Arrieres-voufliarcs de Marfeille , &: leurs contre-parties. 325 Section III. Manière de faire ks Doucllcs en Cla- veaux gauches , &• de tracer les joints des Cerces ho- rifontales. ^26 I. Des Arriéres - voufTures irrégulieres , & compofées tant fur le plan que fur l'éléva- tion, 329 Section IV, Des Trompes en général , & la manière de les confiruire en plein bois. 352 I. Des Trompes en niches , & de celles dont le plan efl: irrégulier. ^^6 §. II. Diflérentes manières de coller les Hélices ou Plafonds rampants en plein bois. 337 CHAPITRE XII, De la manière de corroyer les Bois biais , gauches , tant droits que cintrés en général, ^41 Section I. De la projeBion des Lignes droites . ou la manière de tracer les Arctiers droits &" £en trou- ver toutes les Coupes. ïbid, §.I. Des Arêtiers droits ornés de moulures^ 34P §. II. Manière de tracer les affemblages des Arêtiers. 3 j I Section II. Des Arêtiers d\cne forme cintrée en gé- néral, ^""y^ §. I. De la manière de déterminer !a forme des Arêtiers cintrés tant à un quà double pa- rement, ibld, §. Il, Des Arêtiers cintrés , évuidés , & la ma- 4;t niere de déterminer ie plan des Arêtiers dans tous les cas poOiblcs. 357 §. III. Du revétifiement des Voûtes ogives ou en ogives. ^61 Section III. Des Courbes cintrées en plan, obliques Cf rampantes fur L'élcpation , (s" la manière d'en faire le Calibre ralongé. 5^î §. I. De la manière de déterminer l'épaincur & la largeur des Courbes rampantes , & de les mettre d'équcrre dans tous les cas poflîbles. IL Manière de déterminer la largeur des Courbes rampantes tant limples que doubles , relativement à une largeur horlfontale don- née. 377 Section IV. Des Courbes cintrées en plan &■ en eïc- pation en général. 382 §. I. Des Courbes cintrées en plan & en élé- vation, dont les équerres tendent au centre du plan. 383 §, II, Des Courbes cintrées en plan & en élé- vation , dont les équerres font perpendicu- laires à la bafe du plan , ou obliques à cette même bafc. 3 ' p §. III. Des Courbes cintrées fur l'élévation & fur la face verticale. 390 IV. Des Courbes cintrées en plan & en élé- tion & fur les faces verticales . 394 CHAPITRE XIII. Ves Ouvrages de Trait d*a{]'emblagcs en général. 4.03 Section ï. Manière de préparer ^ d'èlégir les Bois propres aux Ouvrages de Trait. 4.04 §. I. Différentes manières de placer les AlTem- blages des Ouvrages cintrés. 408 Section II. Des Arriéres -voufjitres d'ajfemblages, 410 5. I. Defcripcion d'une Arrleje-VOufTure de S. Antoine, d'alTemblages ; d'une Arriere-vouf- fure de Marfeille , & de fa contre-partie auflî d'affemblages. 41 1, §. II. Manière de déterminer la véritable lar- geur des Ronds &: d'en trouver toutes les coupes. 415 §. III. Defcription d'une Trompe d'adem- blage. 418 CHAPITRE XIV. Des Efcaliers en général, 420 Section I. Des Efcaliers d'une forme droite fur leur plan , de la manière de les difpofer de leur conf- truflion. 42 Ï.DesEfcaliers nommés Eckellts de Meuniers. §. II. Des Efcaliers en vis, leur conflrudion. 427 §. III. Des Efcaliers d'une forme quarrée par le'-ir plan , & la manière d'en déterminer les Paliers Si les Quartiers tournants. 429 Section II. Des Efcaliers d'une forme cintrée fur leur plan , en général. 45;) §. I. Des Efcaliers cintrés en plan tant réguliers qu'irréguliers. ibid. §.U. Des Rampes des Efcaliers, tSc les diffé- rentes manières d'en faire le raccord avec les Appuis horifontaux. 431^ §. iil. Des Plafonds rampants d'affemblages. IV. Defcription de deux Efcaliers cintrés en plan . dont l'un cft plein-cintre & l'autre en S, avec doubles rampes à raccords radoucis. -147 Bit NI Tin de la Taùk de la féconde Partie. Fautes à corriger dans la Première Partie. Pdge 10 lig, \9 » clrconfcripis , Ufez , înfcrjpts; 1 8 33) circonlcripis , lijez , intcripis. Page 1 1 1 Wgiie ; i, à alléger , Ufez , à élcgîr. Fautes a corriger dans la Seconde Parue, T'ê' Menuiferie mobile, ///êz 5 Menuiferie dor- lijii. 1 î jl'Archiiefte a mis , lijiz , l'Archîtefte aprïs, lÉiS 3* , elî de faire , étant de faire. 171 3 s , les deux huiuemes , Ufez , les deux lêp- tiemes. 171 31 , de les Élire, Ufez , de la faire. 177 8 , ils font , Ufez , elles font. 197 9 , largeur, lîfez , longueur,, loj 14 , qui relie en pièce ^lifezy quirefteen place; III 10 , ou que , Ufez , or que. %x6 11 , & ces montants, Ufez, ces montants. »30 lî i de boïï raine, Ufez, de bois mince. 15^ ^ala Koie > on nomme piedt cormiers: le véritable nom ell pieds corniers ; mais les Ouvriers difent carmiers. »40 Jî> Jean Lefiocart d'Arras, &-c. J'ai été mal informé : c'eft Claude Leftoeart d'Arras , i. Sculpteur , qui a fait cette Chaire fur les flellins de Lauieu; de U Hire , Peintre , 8c exécutée par M. Fremery, Maître Me- nuifier de Son Eminence le Cardinal de Furliemberg. Page 1 64 lig, , de ces mêmes corps , Ufez , de ces mêmes bois. ^96 8 , à- fuiv. + , Ufez , x. 158 , dK tiire da§. II. & de l'elliptë, Ufez , de l'iiélîce. 311 37 , des hautes , Ufez , des hauteurs, li manque fiiria Planche 1 16 , fur la ligne d e,fig. ^ i,IeschifFres7,S,3&io. 315 19 , c'eft pourquoi on verra les figures y Ufez, voyez les figures. 3*3 34 î ne font pas beaucoup Cintrées , Ufez , font peu cintrées. î^i 19 yjig' î , cette figure nVfl point cotée PI, 1 48 ; mais elle eft fort aifée à connoître , étant à côté de la fig. l^, 417 ï6, oii elles fe rencontroient, Ufiz, où eUes rencantroient ces premieceïs H>'d. 17 , celle l j , Ufez j ceUe * > 3« DE L'IMPRIMERIE DE L, F. DELATOUR. 1770.