L A R T DU MENUISIER-CARROSSIER. PREMIERE SECTION DE LA TROISIEME PARTIE DE l'Art dv Menuisier. Par M. Rp UEO ie Fils , Maître Menuijïer. M. O C C. L X X L - TH 5(oQS v,3 4yî pEflESllSHSpEiiEaiîJllSl^^ 1'% J^%.,j^'n.',sM"iljp'i, ^%,J^'%,,J/^'%.j^^jf'n. dT'^i, J^ni ^^-4 J'-g PllâlfflîlSlîiHBJllSllilMai^^ L A R T DU MENUISIER Par M. RoUBO le fils , Maître Menuijîer. TROISIEME PARTIE- I L me refte à traiter dans cette troifiéme Partie de mon Ouvrage , de la Menuiferie des Voitures ou des Carrofles, ce quiefl: la même chofe,de laMenui- ferie en Meubles & de la Menuiferie de rapport , autrement dite Ebénifteria ou Marqueterie. Ces trois efpeces de Menuilèries Ibnt non-feulement diftinéle'î les unes des autres , tant pour les différents objets auxquels on les applique , que pour certaines manières d'opérer qui font propres à chacune d'elles ; mais encore elles font tout-à-fait étrangères à la Menuiferie de bâtiment , dont la defcription a fait l'objet des deux premières Parties déjà faites. Ce n'eft pas , qu'au fond , les principes généraux de théorie & de pratique ne foient les mêmes à toutes les efpeces de Menuiferies , ce qui eft incontefta- ble , du moins pour le général ; mais comme les Ouvriers fe font attachés félon leur goût à chacune des différentes efpeces de Menuiferie , l'expérience & l'habitude leur ont fourni des moyens de procéder à fexécution de leurs ouvrages , tout différents les uns des autres ; de forte que les Ouvriers d'une efpece de Menuiferie, ne font guère en état de travailler que dans la partie qu'ils ont embraffée ; & que s'ils vouloient travailler à une autre partie , il fau- droit qu'ils en fiffent une elpece d'apprentilfage , pour pouvoir fe mettre en état de le faire avec sûreté. De plus, les principes de la Menuiferie de bâtiment font, à peu-près, toujours les mêmes , du moins pour ce qui a rapport à la théorie de la déco- ration , l'expérience y failànt voir peu de changement dans un aflèz long efpace de temps ; ce qui n'eft pas de même dans les trois efpeces de Menuiferie dont je vais parler , puifque les ouvrages qui en dépendent font fùjets à des change- Menuisier. III. Pan. Z z z z z 4^4 MENUIS lE R, III. Pan. ments de modes, & à des innovations , d'autant plus fréquentes , que ces fortes d'ouvrages ne femblent être faits que pour contenter le goût lequel , dans les ouvrages dont il eft ici queftion , n'a fouvent d'autre régie que le génie de l'Ouvrier & l'opulence , ou , ce qui arrive quelquefois , le caprice de celui pour qui ces fortes d'ouvrages font faits ; ce qui fait que, par exemple, une voi- ture qui plaît & qui eft à la mode dans un temps , n'eft plus fjpportable l'année fuivante , & cela parce que la mode eft changée. Il eft cependant vrai qu'il y a des changements qui Ibnt utiles & même néceflàires , fur-tout quand ils tendent à rendre les ouvrages plus commodes & d'une décoration plus analogue à leurs ufages ; mais ces changements util&s font très-^rares , & dégénèrent fouvent en abus , lorfqu'ils n'ont pour principe que le caprice & le plailir de faire du nouveau. C'eft pourquoi , dans la def cription des trois eipeces de Menuiferie dont il me refte à parler , je m'atta- cherai principalement à donner la manière la plus prompte & la plus parfaite d'opérer , & à donner toutes les dimenfions qui peuvent rendre ces ouvrages le plus commodes polfibles , ce qui eft très-eflentiel , puifque la commodité eft ce qu'on y doit le plus rechercher. Quant aux formes extérieures & à la dé- coration , je me contenterai de donner des exemples de celles qui font en ufage à préfent , du choix que l'on peut en faire , & des principaux changements qui y ont été faits depuis le dernier fiécle , afin que l'on puifle faire la comparaifon des ouvrages anciens & des modernes , du moins par rapport à nous , & en même temps que l'on puiffe juger de futilité des changements qui y ont été faits , foit pour la commodité , foit pour la magnificence. Comme dans tout le temps que j'ai travaillé à la Menuiferie , je me fuis plus attaché à la Menuiferie de bâtiment qu'aux autres efj3eces de Menuiferie , du moins pour la pratique , j'ai cru ne devoir pas me fier à ma propre expérience ; c'eft pourquoi je ne me fuis pas contenté de travailler à chacune de ces der» nieres , mais encore j'ai pris foin de fuivre la conftruélion des principaux ou- vrages , & de ne rien mettre au jour làns avoir confulté des Ouvriers reconnus pour habiles dans chaque efpcce de Menuiferie , afin que l'ouvrage en foit plus parfait, ou du moins exempt de fautes groflîeres (*). (*) On obfervera que dans la defcripcion de la Menuiferie en Carrones , j'ai conrulcé JVI, Dueois le cadet , Compagnon Menuiûer , lequel m'a été d'un grand fecouK , Tur-tout pour la partie de la Pratique , qui ne m'ctoit pas fi familière nue la Théorie. Chap. /. Section I. Des Voitures en général. CHAPITRE PREMIER. De la Menuiferie en Carrojfes en général. O N nomme Mcnulfiers en Carroffis , ceux qui font les caiflès ou coffres des Voitures , ainfi que je l'ai dit dans la première Partie de cet Ouvrage. C'eft une des parties de la Menuiferie qui demanderoit le plus de foin & de précifion de la parc de l'Ouvrier , fi elle étoit traitée avec toute l'attention néceflâirc , & fi l'on n'en avoit pas réduit la théorie à une fimple routine , tant pour la déco- ration que pour la conftruélion , ainfi que je le démontrerai ci après ; ce qui fait que les Menuifiers en CarrolTes , du moins le plus grand nombre , ne favent faire que les Voitures à la mode de leur temps ; encore n'eft-ce que par le moyen des calibres qu'on leur donne , & qu'ils feroient fouvent fort embarraflés de faire eux-mêmes. Quoi qu'il en foit , cette partie de la Menuiferie eft très-lionnête , & demande beaucoup de connoilTances tant pour le DeiTin que pour f Arc du Trait , afin que ces connoiifances acquifes fervent à donner à la pratique toute f accélération & la précifion pofilbles , à laquelle on ne parvient jamais par la routine , dont la réuffite, quelque heureufe qu'elle foit , n'étant due qu'au hafard , n'eft pas appli- cable à tous les cas, ainfi que peut l'être une théorie lumineufe & fondée fur de bons principes. Section Première. Des Voitures en général. î L eft de deux efpeces de Voitures , fàvoir , celles qui font deftinées à tranf porter les matériaux & les marchandifes , & celles qui ne fervent qu'à porter les hommes , telles qu'étoient autrefois les Chars , les Litières , &c , & à pré- fent les Coches, les Berlines , &c. La première efpece de Voitures ell de la plus haute antiquité , puifqu'elles font auffi anciennes que le commerce, qui doic lui-même fon origine aux pre- mières fociétés des hommes. La féconde efpece quoique moins ancienne, ne lailTe pas de fêtre beau- coup par rapport à nous , puifqu'il eft écrit dans la Genefe que le Roi d'Egypte fit monter Jofeph fur fon char , & que le même Jofeph envoya les charriots du Roi au-devant de fon pere; ce qui eft une preuve qu'alors les Voitures deftinées à porter les hommes étoient en ufage ; mais en même temps que f ufage en étoic réferyé aux perfonnes de diftinélion , fur-tout dans les pays où les peuples habi- toient des villes ; car pour ceux qui, comme les anciens Scythes, étoient errants 4^5 MENUISIER, ni.Pan.Chap.l. dans les campagnes fans aucune habitation fixe , ils fe fervoient de Voitures , qui non-feulement étoient deftinées à les tranfporter d'un lieu à un autre eux & leurs effets , mais encore qui leur tenoient lieu de tentes & de maifons. Les principales Voitures des Anciens , étoient les Charriots , les Chars & les Litières. Les Charriots , fans compter les ufages de la vie civile , leur fervoient prin- cipalement à la guerre , & alors ils étoient armés de faulx & autres inftru- ments tranchants placés à l'extrémité des timons , aux raies ôc aux jantes des roues , & à l'extrémité de leurs effieux. Quant aux Chars , ils leur fervoient auffi à la guerre pour porter les Géné- raux & les principaux Officiers ; dans les cérémonies facrées , pour porter les images des Dieux ; ou bien dans les jeux , pour difputer le prix de la courlè. Mais les Anciens ignoroient abfolument ( du moins pour le particulier ) la cou- tume de fè fèrvir de Voitures pour fe tranfporter d'un lieu à un autre , le 1èr- vant toujours de chevaux, ou bien préférant d'aller à pied. C'eft cette cou- tume qui a peut-être fait attribuer l'ufàge des Chars particuliers , à Erichthonius , Roi d'Athènes , qui ayant les jambes incommodées, ne pouvoir aifément fe tenir debout, Se par conféquent aller à pied. Il feroit à fôuhaiter que les Auteurs qui ont fait mention des Chars & de leurs différents attelages , nous cuffent en même temps tranfinis leurs formes, leurs grandeurs & leurs différentes efpeces , ce qu'ils n'ont pas fait , ou du moins que d'une manière très-vague , & qui , par conféquent , nous lailîè dans l'igno- rance à ce lùjet. L'Hiftoire Romaine , au temps du Diélateur Camille , environ fan ^^o de Rome , fait feulement mention de deux efpeces de Chars , dont f un nommé Pilcnmm , étoit couvert & fùfpendu , & dont l'ufage fut permis aux Dames Romaines , en reconnoiffance du don qu'elles firent à la République de leur or & de leurs bijoux. L'autre efjîece de Char étoit découvert , & fe nommoit Carpentum ; mais on ne fait pas s'il étoit flifpendu. Quant aux Chars des Triomphateurs , ils étoient découverts, d'une forme ronde , & n'étoient pas fufpendus , mais portoient précifément fur feffieu , ainfi qu'on peur le voir dans quelques bas-reliefs & dans quelques médailles antiques, L'ufage des Chars dont je viens de parler , n'étoit pas permis à tout le monde ; mais les richeffes des particuliers venant à s'augmenter , ainfi que le luxe qui en eft inféparable , tous eurent des Chars , qui étoient non-feulement très- commodes , mais encore enrichis d'or , d'argent , d'ivoire & d'autres matières précieufes , malgré les Loix qu'on fit de temps en temps pour arrêter cet abus , qui devint fi général, que l'Empereur Alexandre Sévère ne pouvant y remédier , abrogea ces mêmes Loix , & permit à chacun d'avoir des Chars de telle richeffe que bon lui fembleroit. ( Vo^^ei Encyclopédie, art. Chars. ) Pour Sectiox I. Des Voitures en général. 45;^ Pour ce qui sR des Litières , elles étoient en ufàge à Rome vers la fin de la République , & étoient de deux efpeces ; l'une nommée Bajlerna , étoic cou- verte , fermée au pourtour , & portée par des chevaux ou des mules , ainfi que celles qui font en ufage à préfent. L'autre efpece de Litière fe nommoit Lcclica : elle étoic découverte & por- tée par des hommes , ainfi que celle dans laquelle fe faifoit porter Verres , lors de fa Prêture en Sicile , & celle dans laquelle Cicéron eut la tête coupée. Voilà à peu-près tout ce qu'on fait touchant les Voitures anciennes. Quant aux modernes , elles font très-nouvelles en France , tous nos Princes allant ordinairement à pied ou à cheval , & les Dames même , excepté pour les longs voyages qu'elles faifoient dans des Litières ou même des Charriots cou- verts , qui n'étoient d'aucun ufige dans les villes ; ce qui eft fi vrai , qu'en l'an 1457» fous le règne de Charles VII, les Arabaffadeurs de Ladiflas V, Roi de Hongrie & de Bohême , offrirent à la Reine entr'autres préfents , un Charriot qui fut fort admiré de la Cour & du peuple de Paris , parce que , dit f Hiftorien du temps , ce Charriot étoit branlant & moule riche , ce qui eft une preuve qu'on ne fe fervoit alors que de Charriots non-fufpendus , c'eft-à-dire , qui portoient immédiatement fur les eiTieux. Ce ne fut que fous le règne de François I , qu'on fit ufage en France des Voitures connues fous le nom de Carrâmes , dont on ne connoît pas préclfé- ment la forme. Ces Voitures tenoient deux ou quatre perfonnes, & furent très- rares d'abord , puifqu'il n'y en avoir que deux en France , l'une à la Reine , & l'autre à Diane , fille naturelle de Henri II. ( oje^ le Diélwnnaire des Ans & Métiers^. Ce ne fut guère que fous le règne de Henri le Grand , que l'ufàge des Voitures devint plus commun ; mais ce n'étoit encore que des efpeces de Chars non-fulpendus , couverts d'une impériale & entourés de rideaux, ainfi que les repréfentent les FLg. 1,2 & S enfuite on fufpendit ces Voitures , ainfi que la Fig. 4, & alors elles prirent le nom de Coches , qui font les feules Voi- tures dont on connoilTe exaâement la forme , y en ayant encore quelques-unes de nos jours , comme je le dirai ci-après ( * ). Les Voitures modernes eurent le même fort que les anciennes , c'eft-à-dire , que d'abord elles furent très-rares & deftinées aux perfonnes du fexe & de la première diftinélion ; enfuite les hommes de condition en firent auffi ulàge , puis les fimples particuliers , malgré les Loix qui en défendirent l'ufage , les remontrances & l'exemple des gens les plus raifonnables. Enfin f ufage des Voitures étant toléré & même autorifé , for-tout pour celles qui étoient publiques & deftinées à tranfporter les Citoyens d'une Province à C " ) Les Figures l , 2 & 3 de ]a Planclie 171, font deffinces d'après les cRampes de Ja Biblio- thèque du Roi , lefquelles furent gravées après le meurtre de Henri le Grand ; c'eft pourquoi je ne puis en donner aucune mefure jurte. Quant Menuisier , III. Parc. à la Figure 4 , elle ert dcfTme'e d'après une gra- vure de la même Bibliothèque, laquelle repré- fenre 1 entrée de Louis XIV. à Paris, à l'inftant qu'il pafle fur le Ponc-neuf; il y a environ 120 ans. A a a a a a 45S MENUISIER, III. Pan. Chap. I. wat autre ( qui , exception faite de celles des Princes , font peut-être les feules Planche néceflàires , ) le nombre des Voitures s'eft tellement multiplié , que l'on en compte dans Paris plus de Ijooo de toutes eljjeces , où les Artifans qui les conftruifent , on: , comme à l'envi , épuifé toutes les reflburces de leur Art pour en rendre l'ulàge doux & commode , & où l'on voit briller non-feule- ment les peintures & les vernis les plus précieux , mais encore les plus belles étoffes , les broderies , l'or & les glaces ( * ) . La conftruélion de ces Voitures appartient à différents Ouvriers , tels que les Charrons , qui n'en font que le train , c'eft-à-dire , la partie qui comprend les roues , & fur laquelle le Carrofl:e , ou pour mieux dire , la caiffe eft fufpendue ; les Menuifiers , qui ne font que ces mêmes cailfes ; les Sculpteurs , qui les or- nent de fculptures ; les Serruriers, qui les ferrent ; les Peintres, qui les impri- ment , qui les dorent & verniifent ; enfin les Selliers , qui les finifl;ent en les garniffant & les revctiflànc d'étoffes. Quoique tous ces Ouvriers paroiffent être & foient exadement , chacun en particulier, d'une profefllon oppofée, ou du moins indépendante l'une de l'au- tre , il eft cependant néceffaire qu'ils prennent tous des connoiffances, du moins élémentaires , de leurs différents talents , afin que le travail de l'un ne nuife pas à celui de l'autre ; mais qu'au contraire , ces connoiffances fervent concou- rent à faccélération & à la perfedion de tout l'ouvrage , qui alors n'en pourra être que meilleur , vu l'accord qui fe trouvera entre les différentes parties qui le compofent. Section Seconde. Des différentes efpeces de Voitures modernes. Le nombre des Voitures modernes eft très-confidérable , vu leurs différents ufages, formes & grandeurs, ce qui eft très-facile à concevoir, puifqu'étant des ouvrages de goût , & même , fi j'ofe le dire, de caprice, on peut en varier les formes & les grandeurs à finfini , fans rien changer à leur conftruc- tion , qui , dans tous les cas , eft à peu-près la même. Ceft pourquoi je crois que l'on peut confidérer nos Voitures comme faifant trois efpeces diftindes & féparées les unes des autres : favoir , les Carroffes anciens , dont on ne con- noît pas la forme au jufte , & auxquels ont fuccédé les Coches , qui , quoique couverts d'une impériale, n'étoient fermés que jufqu'à la hauteur des accoudoirs ou accotoirs, le refte de la hauteur n'étant fermé que par des rideaux de diffé- rentes étoffes ou même de cuirs , ainlî qu'on peut encore le voir à quelques Voitures publiques qui ont confervé le nom & la forme de ces anciens (•) Le nombre des Voitures ne s'eft accru en France que depuis le règne de Louis XHl; & ce n'ell qu'en iCj-q , que le nommé Sama^e in- venta & fit l'entreprife des Voitures publiques connues fous ie nom de , d., nom de Phô- el de Samt-Fracre . rue Saint Marcm , où cet En- trepreneur demeuroit. Section II. Des différentes efpeces de Voitures modernes. 4J9 Coches , & aux Corbillards , Voitures qui ne fervent qu'aux convois des grands : Seigneurs. D'après les Coches , on a imaginé des Voitures qui pulTent être fermées de toute leur hauteur , & avoir des portières ouvrantes & folides ; c'efl: ces elpeces de Voitures que l'on connoît fous le nom de Carroffes modernes. Ces Voitures étoient très-grandes , & devinrent par la fuite très-magni- fiques ; mais leur trop grande pefanteur a fait que l'on ne s'en fert plus que dans les cérémonies , foit chez le Roi ou chez les Princes , ou pour les entrées d'Ambaffadeurs. Le train de ces CarrofTes n'a point de brancard , mais une feule pièce nomm.éejî^f^f , laquelle paffe par le milieu & au-deffous de la cailTe qui eft fufpendue au-deffus , ainfi que je le dirai ci-après , en faifant la defcription de chaque efpece de Voitures. La féconde efpece de Voiture moderne , efl celle qu'on nomme Berline y du nom de Berlin , ville capitale de Prulîè, où elles ont été inventées. Ces Voitures différent des CarrofTes , en ce qu'elles ont deux brancards à leur train , au-deflùs defquels la caifTe eft fufpendue , de manière que les por- tières qui font renfermées dans la hauteur de la Voiture, ouvrent librement au- deflùs des brancards. Dans leur origine , les Berlines différoient encore des Carroffes , en ce qu'au lieu d'être fufpendues par les quatre angles , comme ces derniers , elles étoienc portées , comme elles le font encore , par des foupentes de cuir placées hori- zontalement & attachées aux deux extrémités du train ; mais depuis que les refforts ont été inventés , & qu'ils font devenus communs , on les a préférés aux longues foupentes , vu que par leur élafticité ils rendent les Voitures plus douces que les longues foupentes , qui , en fe féchant , perdent toute la leur ; c'eft pourquoi on a , dis-je , préféré les refforts à ces dernières , de forte que l'on a fufpcndu les Berlines de la même manière que les Carroffes. Comme les Berlines font devenues les Voitures les plus en ufage , on a cher- ché à les rendre le plus commodes poffible , foit dans leurs formes générales , foit dans leurs grandeurs , ce qui leur a fait donner différents noms. On les a nommées Berlines proprement dites , ou Berlines h. deux fonds , lorfqu'elles étoient d'une grandeur fulEfuite pour contenir quatre perfonncs, & V is-à-vis , lorfqu'elles n'en peuvent contenir que deux , l'une devant & l'autre derrière. Pour rendre les Berlines plus légères , on les a coupées au nud de la portière, par-devant , de manière que le pied d'entrée de cette dernière , devient le pied cornier. Cette Voiture ainfi difpofée , fe nomme Carroffe coupé ou Berlingot , ou plus ordinairement , Diligence , laquelle ne peut alors contenir que deux perfonnes fur le derrière , & quelquefois une fur le devant , par le moyen d'un ftrapontin ou fiége mobile. Il eft des Diligences qui ne peuvent contenir qu'une perfonne fur la largeur , Planche 171. 4^o ME NUIS 1ER, ni. Part. Chap. 1. *— ~ = & par conféquent en tout ; alors elles prennent le nom de DéfiblLgeantes , qui n'eft autre chofc qu'un Vis-à-vis coupé. La troifiéme efpece de Voiture moderne , font les Chaifes de toutes efpeces , lefquelles ne font, pour l'ordinaire , portées que par deux roues. Ces Voitures font à une ou à deux places , & différent des Carrofîes coupés ou Diligences , en ce que leur caille defcend plus bas que les brancards de leur train , de Ibrte quil ne peut y avoir de portières par les côtés , puifqu'elles ne pourroient pas s ouvrir , mais qu'au contraire il n'y a qu'une portière par-devant , dont la ferrure eft placée horifontalement , de forte que la portière fe renverfe au lieu de s'ou- vrir. Ces elpeces de Chaifes font d'une nouvelle invention ; les plus anciennes , que l'on nomme Chaifes de pojle , n'ont été conftruites , dans l'état où nous les voyons maintenant , qu'en x66/^. Celles qui exiftoient auparavant , quoique peu antérieures à ces dernières , n'étoient qu'une efpece de fauteuil fufpendu entre deux brancards fupportés par deux roues. Les Chaifes de pofte fervent non-feu- lement à faire des voyages en pofte , ainfi que leur nom l'indique , mais encore dans les villes , où les particuliers d'une médiocre fortune en font ufage en faifant quelque changement , ainfî que je le dirai dans la fuite. Il y a d'autres Chaifes nommées Chaifes à porteurs , lefquelles font por- tées par des hommes , Se dont la portière eft par devant. Ces efpeces de Chaifes ne peuvent contenir qu'une perfonne , & peuvent être comparées aux Litières anciennes , nommées Leclica , à l'exception que ces dernières étoicnt décou- vertes , & que la perfonne fembloit y être plutôt couchée qu'aflîfe , ainfi que l'indique le mot leciica , qui lignifie un lit (*). Il eft encore d'autres efpeces de Chaifes nommées , par quelques-uns , Roulettes ou Vinaigrettes , mais plus com- munément Brouettes , dont la forme eft à peu-près femblable à celle des Chai- fes à porteurs , à l'exception qu'elles font portées par deux roues & fupportées par des relTorts dont le méchanifme eft fort ingénieux. Ces Voitures font traî- nées par des hommes , ainfi que je l'expliquerai dans fon lieu. Je ne mets point les Litières au rang des trois efpeces de Voitures dont je viens de parler , parce que quoique très-anciennes , elles font de la nature des deux dernières efpeces de Voitures modernes , c'eft-à-dire , des Vis-à-vis ( ♦) Ce que j'avance ici n'eft qu'une conjeaure de ma part , vu que l'on n'a rien de pofitif à ce fujec ; encore quelques mots de plus, & les Au- teurs qui en ont écrit nous auroient inftruits , & nous ne Terions pas dans l'incertitude où nous Tommes ; ce qui eft une preuve qu'en fait d'Arts , comme en toute autre cliofe fervant à faire con- naître les lumières & les ufages d'une Nation , rien ne doit être regardé comme fuperHu , vu la grande différence qui le trouve entre les ufa- ges des Anciens & les nôtres; &. par une fuite néceffaire de nos ufages avec ceux de la pofté- ricé à venir , pour laquelle tout Ecrivain doit tra- vailler , la néceffité de cette cxaflitude eft d'au- tant plus aifée à prouver , que nous fommes noiis-mêmes dans ce cas , puifque faute de Mé- moires exafts & circonftanciés , nous ignorons non-feulement une partie des ufages des anciens Peuples, mais encore ceux de notre propre pays fans remonter même d'un fiécle au plus ; ce qui doit faire connoitre combien il eft importanc pour la gloire de notre fiécle , & néceffaire pour 1 avenir , que l'Hiftoire des Arts foit traitée avec toute l'étendue & l'exaSitude polTible ; & nue fi l'on doit craindre quelque chofe en écrivant cette Hiftoire, c'eft de n'en pas dire afliz au rifque même de palfer pour prolixe , l'utilité pu- blique étant pteférable à la réputation d'élé<rant t.crivain. auxquels Section IL Des différentes efpeces de Voitures modernes. 461 auxquels elles refTemblent pour la forme & la confirudion de la cailTe , & aux ■ ■ ■ " Chaifes à porteurs , puirqu'cllcs ont comme elles des bâtons de brancard qui Planche fervent à les porter , ce qui fe fait par le moyen des mulets. Voilà en général les trois efpeces de Voitures modernes que l'on peut diflin- guer les unes des autres , fans compter une infinité d'autres dont je n'ai pas fait mention , parce que ce ne font que des nuances de celles ci-deffus , telles que font les Berlines à quatre portières , les Gondoles , les Dormeufes , les Ca- lèches, qui ont plufieurs rangs de bancs Se une impériale foutenue par des mon- tants de fer, & dont le devant & les côtés font à jour du deiïus de l'appui , ou fer- més feulement par des rideaux ; les Diables , efpece de Diligence , dont le dcfllis tant de l'appui que des portières , eft fupprimé ; les Phaétons , efpece de Calèche ou de Char découvert ; les Chaifes en foufflets , dont l'origine vient d'Italie ; les Cabriolets , efpece de Chaife ou petit Char découvert , ou quelquefois cou- vert ; les Voitures des jardins , à deux ou à quatre places , & les Traîneaux , qui ne font d'ufage que pour aller fur la glace ou fur la neige gelée. Toutes ces différentes efpeces de Voitures prennent encore d'autres noms , félon qu'on les emploie à la ville ou à la campagne, quoiqu'elles foient toutes à peu -près femblables , du moins celles d'une même efpece , toute la différence qu'il peut y avoir entre elles n'étant que dans leur plus ou moins grande folidité , ou leur plus ou moins grande magnificence. D'après la connoilîànce des différentes efpeces de Voitures , il eft bon , avant d'entrer dans le détail particulier de chacune d'elles , de faire connoître les régies de décoration & de conftruéfion qui font communes à toutes ou h cha- cune d'elles en particulier , afin d'éviter les répétitions , & en même temps pour faciliter l'intelligence du difcours. Mais avant toutes chofes , je crois qu'il eft néceflàire de parler des bois dont on fe fert ordinairement dans la conftruc- tion des Voitures , du débit & de l'emploi de ces mêmes bois , & des diffé' rentes parties où l'on doit employer une efpece de bois de préférence à une autre. Il eft auffi néceiïàire de traiter des différents outils propres à cette efpece de Menuiferie , de la manière de les faire & de s'en fervir , & en général , de la manière d'opérer , qui , quoiqu'à peu-près toujours la même à toutes les ef- peces de Menuiferie , ne laiiTe pas de fouffrir quelque différence félon les différentes parties que l'on traite , & fur-tout dans celle dont il eft ici queftion. Cependant comme le détail du débit des bois & de la connoiflànce des outils, fuppofe la connoilîànce des principales parties qui entrent dans la compofition des Voitures , je vais donner le détail d'une Berline , & de toutes les parties qui la compofent , & je ferai précéder ce détail par celui des Voitures anciennes ^ telles que les Coches & les Carroffes , afin de ne plus revenir fur ce flijet , ces Voitures n'étant prefque plus en ufage , ainfi que je l'ai déjà dit. Menuisier , 111. Pan. Bbbbbb 4^1 MENUISIER, III. Pan. Chap. I. Section Troisteme. Defcription d'un ancien Coche , connu malmenant fias le nom de Corbillard. ' Les Coches font les plus anciennes des Voitures Françoifes dont la forme nous foit parfaitement connue. Ces Voitures font découvertes du delFus de fap- pui des deux côtés feulement , lefquels côtés fe ferment par dSs rideaux de cuir ou d'étoffe , anciennement nommés mantelets , que Ton attache aux montants ou quenouilles , & aux appuis de la Voiture , par le moyen de plufîcurs atta- ches ou courroies , ainfi que celles du rideau a , Fig. r. Lorfqu'on veut avoir de l'air , on relevé ces rideaux en les roulant fous l'égout de fimpériale b, lequel efl d'une faillie fuffifante pour les mettre à fabri, ainC que ceux c d , même Figure. Les deux bouts de cette voiture fout fermés d'étoffe ou de cuir , ainll qu'on peut le voir dans la Fig. 2 , qui repréfènte un des deux bouts. Le pourtour de la voiture , à fendroit de l'appui , eft compofé de bâtis & de panneaux, qui ordinairement font revêtus d'étoffe ou de cuir. Ces voitures n'ont point de portières , mais feulement deux ouvertures aux deux côtés , lefquelles font fermées par un devant de cuir qui efl: attaché à une pièce de bois ef, Fig. i , qui entre dans deux goujons de fer , tenants au corps de la voiture ; cette pièce de bois fert aulfi d'appui à ceux qui font affis aux portières ; c'eft pourquoi elle eft arrondie & même quelquefois garnie par def fus. Le bas de cette efpece de portière de cuir, eft attaché au marche-pied, lequel excède le nud de la voiture d'environ un pied , & forme un avant-corps qui eft néceffaire pour pouvoir contenir les jambes de ceux qui font affis aux portières. Ce marche-pied defcend auffi d'environ fix pouces en contre-bas de la voiture , afin de faciliter à monter dedans , & en même temps pour que ceux qui font placés aux portières , ayent affez de hauteur pour s'y affeoir. Le coffre ou avant-corps que forme les portières , efl: compofé d'un bâtis de fer , qui tient au corps de la cai/fe , & eft, ainti que cette dernière, revêtu de cuir ou d'étoffe. V oyei Us Figures i , a , 3 , 4 5 , où ces portières font delfmées tant en plan qu'en coupe & en élévation. Quant aux fiéges, ils font difpofés comme dans nos voitures ordinaires, c'eft-à- dire,de maniera que f on peut y tenir quatre perfonnes,deux fur le derrière &deux fur le devant. Pour ce qui eft de ceux des portières, ils font mobiles, pour pouvoir fe lever & donner paffage à ceux qui entrent dans la voiture , & font appuyés fur des goufTets qui tiennent aux pieds d'entrée. Ces fîéges font ordinairement d'une longueur affez confidérable pour tenir deux perfonnes , de forte qu'un Co- che en contient ordinairement huit ; cependant les Coches de ville , c'eft-à- dire , ceux qui fervoient aux particuliers , n'en contenoient que lix , quatre dan; Sectiok m. ^-l. Dcfcrlption des anciens Cûrro£es. 463 la voiture & deux aux portières , ainfi que je l'ai obfervé au Coche repréfenté s dans la Planche 172. ' Planche Quant aux principales mcfures de ces voitures , les voici , du iwoins pour le général : elles ont fix pieds lîx pouces de long , fur trois pieds neuf pouces de large , pris à l'endroit de la ceinture ou traverfe d'accotoir ; cincj pieds quatre pouces de hauteur du deffous de la voiture au delfous de l'impériale ; deux pieds deux pouces de hauteur d'accotoir ; deux pieds neuf pouces d'entrée ou de lar- geur de portière , lorfqu'elles doivent contenir deux perfonnes , & deux pieds trois pouces lorfqu'elles n'en contiendront qu'une ; & l'appui des portières d'en- viron lix pouces plus bas que celui de la voiture ( * ). En général , quoique je ne repréfenté ici qu'un Coche d'une forme très-fim- ple , il eft à préfuraer, par les Fig. de la Pl. 171 , que dans le temps que ces voitures étoient en ufage , elles étoient fufceptibles de beaucoup de décora- tion , comme les étoffes précieufcs , for & la broderie , qui non-feulement , ornoient le dedans de ces voitures , mais encore le dehors , comme les rideaux, le devant des portières , &c; mais comme on n'a rien de bien pofitif à ce fujet, je ne donne ce que je dis ici que comme une conje6lure , qui eft d'autant plus vraifemblable , que nos Ancêtres, quoique peut-être avec moins de goût que nous , ne laiflbient pas d'aimer la magnificence. §. I. Defaiption des anciens Carroffès. Les premiers changements que l'on a faits aux Coches dont je viens de parler', ont néceffairement donné lieu aux voitures nommées Carroffès, qui sû- Planche rement dans leur origine , n'étoient pas tels que nous les voyons à préfent : fin, convénient des ouvertures multipliées des Coches , & leurs portières d'étoffe & en faillie , a fait recourir à divers moyens pour rendre ces voitures non-feu- lement plus commodes & moins expofées aux intempéries de l'air , mais en- core pour leur donner une forme plus agréable. On a d'abord fermé à demeure les deux côtés des voitures , excepté le deffus des portières , dont on a fupprimé la faillie ; enfuite on a fait ces dernières folides & ouvrantes de toute la hauteur de la voiture, dont on a ouvert le devant au- deffiis de l'appui ; puis on a orné ces voitures de fculptures , de peintures & de dorures , qu'on a mifes à la place des étoffes qui les couvroient extérieurement , lefquelles alors furent réfervées pour en garnir fintérieur. Enfin l'ufage des glaces étant devenu commun en France , on les employa aux Voitures , ce qui acheva de les rendre non-feulement très-magnifiques , mais encore très-commodes , en mettant leur intérieur à l'abri des injures de (*) Quoique j'aie mis de- cchelles au bas de chaque Planche, j'aurai/ toujours l'attention de donner les principales mefures des ouvrages dont je ferai la defcription , parce que les échelles font toujours fujettes à erreur , foit par l'inexac- titude du Graveur, foit par l'eiiet du papier ^ qui fe retire inégalement en fe féchant. 4<?4 M-E NUÎSIE R, III. Pan. Chap. 1. l'air , fans les priver du jour , ainfi que faifoient les mantelets & les rideaux des Planche Coches. 173- j 1 j' Les Carroflès dont je parle , furent d'abord très-fimples , tant dans leur déco- ration que dans leur foririe , laquelle étoit à peu-près la même que celle des Coches dont j'ai parlé ci-de{îlis,à l'exception que les portières desCarroîîès étoient folides, & n'excédoient pas le nud de la voiture ; enfuite l'ufage des glaces étant devenu plus commun , on en mit non-feulement aux portières , mais encore au devant de la voiture & aux deux côtés , comme je l'ai déjà dit. Quant à leur forme , malgré les changements qu'on y a faits de temps en temps , elle a tou- jouis tenu de celle des Coches , ainfi qu'on peut le voir dans la Fig. I , la- quelle repréfente l'élévation d'un côté d'un ancien Carrofle(*), dont la por- tière redefcend en contre - bas des brancards de côté d'environ fept pouces , ce qui forme ce qu'on appelle les btifemems de la voiture , fous lefquels on place les reflorts des foupentes. Ces Carroffes étoient très-grands & très-folides , & étoient revêtus de cuir au-delTus de l'appui , aux endroits qui étoient fermés ; leur largeur de côté à la ceinture étoit de fept pieds , & de huit pieds par le haut ; ces mêmes côtés étoient droits fur la hauteur , & étoient feulement inclinés d'un pouce de chaque côté , depuis le pavillon jufqu'à la ceinture. Leur largeur étoit d'environ quatre pieds au brancard , de quatre pieds quatre pouces à la ceinture , & de quatre pieds fix pouces au pavillon ; les deux bouts étoient cintrés en S , & leurs angles recouverts de grolfes confoles , dont la partie fupérieure étoit terminée à la ceinture , & la partie inférieure au-deffus du brancard , lequel excédoit le nud de la voiture d'environ neuf à douze pou- ces , afin de pouvoir donner plus de portée au relîbrt. Quant à la hauteur de la portière , elle étoit de cinq pieds neuf pouces au moins , afin qu'il reftât environ cinq pieds du de/Tous de la frifure du pavillon jufqu'au-delfus du brancard, lequel paffe droit dans l'intérieur de la voiture, ainfi que l'indique la ligne a b. Pour le plan de ces Toitures , c' étoit à peu près le même que celles dont on fait ufage à préfent , ainfi qu'on peut le voir dans la Fig. 2 , à l'exception qu'il falloir de doubles battants dans l'intérieur du brancard , afin de fuppléer au dé- faut des battants extérieurs de brancard , lefquels étoient non-feulement coupés par l'ouverture de la portière , mais encore par les deux renfoncements d'une forme circulaire , qui defcendoit jufqu'au niveau de l'ouverture de la por- tière , & dans lefquels on plaçoit les marche-pieds avant de fermer cette C*) Comme il m'a été impoffible de trouver des Carroiïes de la féconde efpece , c'eii-à-dire , de ceux qui ont immédiatement fiiccédé aux Coches , foie en exécution foie en delTin , je ne propofe ce que je dis à es fujeEj que comme une conjeaure d'autant plus vraifemblable, que la Voiture qui eft repréfeutéc ici , & qui a feivi fur la fin du règne de Louis XIV , tisni; encore de la forme des Coches. dernière. Section III. §. lî. Defcripdon d'une Berline. ^6^ dernière. Vojei la Fig. 2 , dans laquelle j'ai repréfenté par des lignes ponc- — — -— tuées la conftruaion du brancard de ces fortes de voitures ( * ). Planche Les anciens CarrolTes étoient très-magnifiques ; & fi dans la courte defcrip- tion^que je viens d'en faire, j'en ai repréfenté un d'une forme très-fimple, ce n'eft que parce que cette voiture étoit la plus ancienne qu'il y eût chez lé Roi , ce qui me l'a fait préférer à beaucoup d'autres qui y font , & dont les formes grandes & majeftueufes l'emportent infiniment fur les Berlines. Tout ce qu'on peut reprocher à ces fortes de voitures , c'eft leur extrême pefanteur , qui en rend l'ufage incommode & mêmeimpoffible aux particuliers , auxquels les Berlines font plus commodes ; mais je crois que pour le Roi , ou les très^grands Seigneurs , on feroit très-bien d'en faire ufage , fur-tout dans les cérémonies d'éclat , où ces voitures apporteroient plus de magnificence que toutes les au- tres , étant de plus très-naturel que tout ce qui appartient aux Princes , fe ref- fente de leur grandeur , & que leurs voitures ne foient pas femblables à celles des particuliers , comme cela arrive tous les jours. Ce font ces réflexions qui m'ont engagé à donner , dans le quatrième Cha- pitre de cette troifieme Partie , un exemple d'un grand Carroffe moiité fur fon train , d'une décoration moins lourde que celui dont je viens de faire la def- cription , mais dont la forme fera toujours la même , comme étant la plus belle & la plus majeftueufe qu'on puiiTe lui donner. Je joindrai à ce deiîin , ceux: d'une Berline & d'une Diligence , auffi montées fur leur train , afin qu'on puilTe être mieux en état de juger de ce que j'avance ici. §. II. Dcfcription d'une Berline, & de toutes les parties qui la compofent. . Lis Berlines en général, font compofées de fix parties principales ; favoir , le brancard ou balleau , Fig. j , lequel fert de fond & de fupport à toute la P - - caifFe ; d'un devant avec panneau par le bas , & avec glace mobile ou à couliflè ' '^'^ par le haut ; d'un derrière avec panneaux par le bas & par le liaut , ou bien un faux panneau plein , ou d'un chaffis , comme la Fig. r. Les Berlines font auffi compofées de côtés avec panneaux par le bas , & faux panneaux ou glaces par le haut , (ou du moins de chaffis pour les recevoir ) , de portières avec panneaux par le bas & glaces par le haut , voyq la Fig. 2 ; enfin d'une impériale, laquelle couronne tout l'ouvrage , & le folidifie en recevant tout le pourtour de la caiffie qui y eft embreuvé. Voyei la Fig. 6. Ces principales parties font elles-mêmes compofées d'autres parties de détail qu'il eft néceffaire de connoître ; favoir , pour le brancard , Ftg. y , les deux battants /, /, deux (*) Il peut bien fe faire , & même il eff fortà croire, que tous les Carrofles du dix-feptieme fiecle ne furent pas tous d'une même grandeur , & que celui dont je fais la dcfcription , lequel ctoit à l'ufage du Roi , devoir être plus grand Menuisier, UI. Part. Ce ANCHE que celui des particuliers, ainli qu'on l'obferve encore a prcfent ; mais pour leur forme géné- rale , elle devoir être à peu-près toujours la mê- me ; du moins je le crois ainli. 466 MENUISIER, IIL Pan. Chap. I. == traverfes de renflement L,L,les deux traverfes des bouts M,M,& les pk- Planche fonds ou trapes N, iV, cpi rempliffsnt le vuide du brancard , & forment le fond '74. de la voiture, Les faces de devant & de derrière , font chacune compofées de deux battants , d'angles , Q,Q, nommés pieds carniers , (lefquels leur font communs avec les côtés) de traverfe d'en haut, T, T, & de traverfes de cehiture ou de milieu S, lef- quelles font difpofées pour recevoir les panneaux D par-deflbus , & par-deflus pour recevoir la glace , Ci elles font par-devant , ou bien fi elles font par-der- riere un panneau femblable à celui de deflbus , ou un faux panneau , que l'on recouvre de cuir comme celui V, Fig. 4 , ou bien feulement un chaffis E, Fig. I , deftiné au même ufage. On obfervera qu'il n'y a point de traverfe d'en bas , au devant , au derrière , ni aux côtés , parce qu'aux premiers ce font les traverfes de brancards qui leur en fervent , & qu'aux féconds , ce font les battants de ces mêmes brancards. Les côtés font pareillement compofés de deux battants , dont l'un eft le pied cornier Q ,du devant ou du derrière de la voiture , & l'autre battant R , Fig^ 2 , qui fe nomme pied d'entrée , fur lequel vient battre la portière , ou bien fur lequel elle eft ferrée (*). Au-deflus de la portière , il y a une traverfe U , très-étroite , nommée fri/è , laquelle eft alTemblée dans le haut des pieds d'entrée , dont elle entretient la diftance , Se auxquels elle affleure pour fervir de battement à la portière. Les côtés ont des traverfes d'en haut T ,T , ainfi que les devants & les der- rières. Pour celles du milieu , on les nomme accotoirs ou accoudoirs, & quelque- fois traverfes d'ailerons , fur-tout quand les cuftodes ou panneaux de deflus font pleins & n'ont point de glaces. Au-delîùs des traverfes d'accoudoirs , font aifcmblés des montants X , X , nommés montants de crojjes , à caufe de leur forme courbe : ces montants fervent à encadrer la glace , fuppofé qu'il y en ait , ou le faux panneau que l'on recouvre de cuir , & à les féparer d'avec le panneau apparent , que l'on nomme panneau de cujlode. Au-defïbus de la traverfe d'accottoir , eft un panneau apparent qui y entre à rainure & languette , ainfi que les autres panneaux apparents , dans le pied cornier , dans le pied d'entrée & dans le battant de brancard , lequel fert de traverfe au côté , & reçoit le pied cornier & le pied d'entrée qui y font aiTem- blés à tenon & mortaife , comme je l'expliquerai dans la luite. Les portières font chacune compofées de deux battants & de trois traverfes ; favoir , une par le haut , une par le bas , & une autre au milieu , laquelle eft rainée par-deflbus pour recevoir le panneau, ainfi que celle du bas , & par- deffus eft difpofée pour recevoir la glace ou le faux panneau, fuppofé qu'il y en ait. (*) Jefais cette obfervation , parce que les portières fe ferrent toujours fur le pied d'en- trée , qui efl fur le devant de la Voiture , & que , pat conféquent , le côté dont je parle , peut être celui de devant ou celui de derrière. Section III. §. IL Defcription d'une Berline. 4^7 Le pavillon , Fig. 6 , efl compofé de deux battants 0,0 , & de deux tra- — — verfes P ,P . aiïèmblés à tenon & mortaife , lefquels forment ce qu'on ap- PlanchS pelle le ckaffis du pavillon ou de l'Impériale , félon que font difpofées les courbes qui rempliflènt le vuide de ce chalFis. Lorfque ce vuide eft rempli par plufieurs courbes perpendiculaires au milieu de ce chaffis & parallèles entr elles , comme celles g ,g , Fig. 6 , on nomme le chaffis pavillon. Mais lorfqu au contraire ces courbes tendent toutes à une ovale placée au milieu du chaffis , & dans laquelle elles s'alTemblent , pour lors ce cliaffis fe nomme impériale, ce qui n'a plus guère lieu qu'aux voitures à trois cintres, ainfi que je le dirai en fon lieu. L'extérieur tant des impériales que des pavillons, eft recouvert de planches de deux lignes d'épaifleur au plus , que l'on attache tant fur le chanîs que fur les cerces ou courbes avec des pointes , en obfervant qu'elles repréfentent une furface très-unie , afin que le cuir que l'on tend defliis , ne foit point expofé à fe couper , ni à faire de côtes ni de rides. Tout ce que je viens de dire ne regarde que le dehors dî la cailf; ; pour le dedans , il eft compofé de barres 00 , Fig. 3 4 , lefquelles fervent à porter les panneaux & à les empêcher de fe tourmenter , vu qu'ils font fortement arrêtés enfemble par le moyen du nerf battu & de la toile que l'on colle deflùs. Il eft encore d'autres barres , ainfi que celles / / , mêmes Figures , lefquelles , en rempliffant le même objet que celles dont je viens de parler , fervent auffi aux Selliers à attacher la toile qu'ils nomment de matelajjlire , ce qu'ils ne pour- roient faire fur le panneau , fans être expofés au danger de le faire fendre , vu fon peu d'épaiffeur. L'intérieur de la voiture eft encore compofé de couliifeaux h h , Fig. 3 (& 4 , lefquels fervent à faciliter le mouvement des glaces & des faux panneaux , & en même temps à les retenir en place. Defliis & au nud de ces couliflêaux, font placés des panneaux ii, nommés panneaux de doublures , lefquels fervent à recouvrir les coulilTeaux , & à em- pêcher de caffiîr les glaces lorfqu'elles font baiffées ; de plus , ces panneaux fervent auffi pour appuyer les fiéges & les tafl~eaux qui les portent , & en même temps aux Selliers pour attacher leurs garnitures & leurs étoffes. Chaque Berline a deux fiéges 711 m, dont l'un fur le derrière & l'autre fur le devant ; le deflhs du premier fe levé , & eft pour cet effet placé dans un bâtis , au lieu que l'autre refte en place, & n'a un devant n qu'à la moitié de fa hau- teur , au lieu que l'autre monte jufqu'en haut, pour des raifons que je dirai dans la fuite. Il y a des Berlines au-deffous defquelles on pratique une caiflè ou cave G G , Fig. 1 , 2 , 3 (5 4 , laquelle eft de toute la grandeur intérieure du brancard , & dans laquelle on fouille par l'intérieur de la voiture , en faifant ouvrir les deux parties du milieu du plafond du brancard. 174- 4^8 MENUISIER, HL Part. Chap. IL ^ ^ Ces cailTes ou caves ne fe pratiquent pas à toutes fortes de voitures , mais Ï-LANCHE feulement à celles de campagne ou à celles de peu de conféquence , parce qu'elles font toujours un très-mauvais effet , à moins qu'elles ne foient tres-pe- tites , & alors elles ne peuvent être d'un grand ufage. Voilà en général toutes les parties dont une caiife de Berline eft compofee , lefquelles changent quelquefois à raifon de la forme & de l'efpece de voiture à laqueUe elles fervent, mais dont la difpofition générale & la conftruaion font prefque toujours les mêmes , tous les changements dont ces parties font fufcep- tibles n'étant que dans leur grandeur ou dans leur décoration. Quoique je ne parle ici que des Berlines , il faut cependant faire attention que prefque toutes les parties de détail font les mêmes à toutes les autres efpeces de Voitures, & que ce'que je dirai quand j'entrerai dans le détail circonftancié de la conftruaion de chacune de ces différentes parties , fera applicable non-feule- ment aux Berlines , mais encore à une infinité d'autres voitures , qui , quoique différentes de ces dernières , foit pour la grandeur & la décoration , foit même pour la forme , ne laiffent pas d'être affujéties aux mêmes règles de confiruftion. CHAPITRE SECOND. Des Bois fervant à la conftruSion des Voitures en général. Quoique j'aie parlé dans la première Partie de cet Ouvrage du bois pro- pre à la conftruâion des voitures , il eft néceflàire d'en faire mention ici , vu que je ne l'ai fait que vaguement » & feulement pour indiquer les différentes efpeces de bois , leurs qualités bonnes & mauvaifes , fans entrer dans aucun dé- tail fur le débit & femploi de ces mêmes bois , ce qui eft cependant très-effen- tiel dans le cas dont il s'agit maintenant. SectionPremiere. Du choix des Bois fervant à la conflruclion des V oitures. Les bois fervant à la conftruélion des voitures , font ordinairement l'orme , le noyer noir & blanc , le tilleul & le peuplier. L'orme eft le plus en ufage , & eft préférable à toutes les autres efpeces de bois , du moins de ce pays , pour faire les bâtis des voitures , parce que ce bois eft d'une qualité douce & extrêmement liant , fès fils , quoique courts , étant entremêlés les uns dans les autres , ce qui fait que les moulures s'y pouffent aifément & proprement. Lorfqu'il eft allez fec , & que quelque menus & Section I. Du choix dês Bois pour les Voilures. ^6^ cintrés que l'on fafle ces bois , ils font toujours afTez forts pour réfifter en les travaillant , ce que l'on ne pourroit pas attendre du chêne ou des autres bois de fil Se poreux. Il faut cependant éviter que le bois d'orme foit trop fec , parce qu'alors il tend à la pourriture , ce qui rend l'ouvrage moins folide ; de plus , ce bois étant trop fec ou palfé , ce qui eft la même chofe , devient extrêmement poreux , vu l'irrégularité de lès fils , qui fe préfentent la plupart comme à bois debout , ce qui fait qu'il abforbe une grande partie de la couleur que l'on mec delTus & en ôte le brillant , ainfi que l'or , qui y perd une partie de fon éclat. Quoique je dife que l'orme foit bon pour le bâtis des voitures , ce n'eft pas que l'on ne puilfe aulïï les faire en noyer blanc , ce qui feroit très- bon : mais comme ce bois eft plus cher que l'orme , du moins à Paris , on fe contente de ne faire que les traverfes des voitures , de ce bois , c'eft-à-dire , en noyer blanc , lequel n'étant point flotté , eft très-liant & de lil , & par con- féquent plus propre à faire des tenons que le bois d'orme , fur-tout dans les pe'^, tits afîèmblages ; c'eft pourquoi on ne fait pour l'ordinaire que les traverfes des brancards , & celles des pavillons en bois d'orme. Quoi qu'il en foit, je crois que pour peu qu'une voiture foit deconféquence, on feroit très-bien de la faire toute en noyer, à fexception du brancard, que l'on pourroit faire d'orme ( * ). En général , les panneaux fe font toujours de noyer noir , que l'on fait re- fendre à quatre lignes d'épaiflèur au plus , &. on doit avoir grand foin qu'ils foient parfaitement fecs , afin qu'ils ne fe tourmentent pas , ou qu'ils ne fe redreftent pas après avoir été cintrés au feu. Il faut cependant éviter que ces panneaux foient trop fecs , parce qu'alors ils font fujets à fe fendre , étant privés de tout ce qui leur refte de féve & par. conféquent d'humidité , qui cependant leur eft néceflàire pour que le bois fe prête à l'aâion du feu; pourvu , toutefois , que cette féve ne foit pas trop abon- dante , pour les raifons que j'ai données ci-delîus. Le tilleul & le peuplier fervent pour faire les caves des voitures , les faux- panneaux , les panneaux de doublures , & pour couvrir le delîiis des pavillons. Il n'y a pas grand choix à faire dans ces bois , parce que les parties oij on les emploie ne font pas apparentes , étant toutes recouvertes d'étoffe ; il fufiît que ces bois foient afîèz fecs , ce qui eft très-eflentiel , parce qu'ils fe tourmentent moins & qu'ils ont plus de légèreté : qualité qui leur eft abfolument nécelTairc. (*) Si je ne parle ici que de l'orme & du noyer pour fervir à la conftruction des voitures , ce n'eft que parce que ce font les bois de ce pays qui font les plus propres à cet ufage ; car fi on vou- loir y employer d'autres bois , cela feroit indif- férent , pourvu qu'ils eulfent les qualités de ceux- ci , c'efl'à-dire , qu'ils fuffent très-liants, d'un grain ferré & le plus légers poffible ; ce qui eCt fort à confidércr dans la conftrudion des voi- tures , dont on ne fauroit trop diminuer le poids. Menuisier. IIL Part. Dddddd 47° M E N U I S I E R ^III. Pan. Chap. IL §. I. De la manière de débiter les Bois des Voitures. == L E bois d'orme propre à faire les bâtis des voitures , fe débite par tables de Planche 5 pouces d epaiflèur , de 3 pouces , d'un pouce & demi & d'un pouce , comme les Figures i , a & 3. Dans les premières, on prend les battants de brancard , que l'on chantourne les uns dans les autres , & que l'on coupe à la longueur convenable , c'eft-à- dire , qu'il faut faire enforte qu'en débitant ces tables dans le corps de l'arbre , elles fe trouvent d'une longueur fufEfante pour contenir jufte plusieurs lon- gueurs de pièces les unes au bout des autres , afin qu'il n'y ait point de perte , excepté celle qui eft occafionnée par les fentes & les nœuds , laquelle eft inévi- table. On prend dans ces mêmes tables les battants de pavillon , que l'on chan- tourne de même les uns dans les autres , avec la précaution néanmoins , de ne prendre ces battants de pavillon que dans les plus belles tables , ou du moins dans les parties les moins défeâueufes , en y évitant fur-tout les nœuds vicieux, parce que les battants , ainfi que les traverfes de pavillon , font plus apparents & plus ornés que les battants de brancard, & que de plus les brancards étant beaucoup plus épais que les pavillons , on peut plus aifément y faire palîèr des défauts de bois qui ne feroient pas tolérables à ces derniers. Dans les tables de trois pouces d'épaiffeur , on débite les pieds corniers , que l'on prend pareillement les uns dans les autres ; & dans celles d'un pouce & d'un pouce & demi d'épaiffeur , on prend les battants des portières , les pieds d'entrée & autres pièces de cette e^pece , que l'on débite pareillement les unes dans les autres , en obfervant , le plus qu'il eft podîble , que le fil du bois fijive le contour des pièces que l'on débite, ce qui ne demande qu'un peu d'attention, parce que les fils du bois d'orme forment différentes fînuofités à peu-près fem- blables aux contours des pièces. Cette oblèrvation eft très-avantageufe pour la fblidité de l'ouifrage & pour la facilité de l'exécution , parce que plus le bois eft de fil , & moins il eft fu- jet à fe tourmenter , qu'il eft plus fort que le bois tranché , & plus facile à travailler (*). Voye^ la Fig. 4 , qui repréfente le calibre d'un battant de bran- card , & la Fig. j , qui repréfente une table toute débitée. Voyez pareillement les Fig. 6 ê 8, dont l'une repréfente le calibre d'un pied cornier, & l'autre celui d'un pied d'entrée , lefquels ont fervi à débiter les tables, Fig. 7 (§■ f>. Pour le bois des panneaux , il fe refend par tables de quatre lignes d'épaif- feur , ainfi que je l'ai déjà dit. Il faut obferver qu'il foit le plus de fil poffi- ble , fur-tout pour les panneaux qui doivent avoir le plus de cintre , parce (*) Ce que je dis ici pour le bois d'orme , pent^aufli s'appliquer au noyer, fuppofé qu'on voulût que toute la garcaffe d'une voiture fût de ce bois , ou enfin à tout autre bois don: on voudroit faire ufa^e. Section I. §. I. De la manière de débiter les Bois des Voitures. 471 que quand le bois eft trop tranché ou d'une inégale denfité , il ploie iné~ 'i-i i gaiement, fe callè quelquefois, & eft fujet à revenir quand il eft en place , Planche ce qui eft fort difgracieux , & que l'on doit éviter avec foin. Le bois des caves doit avoir 6 à 7 lignes d'épaifleur , qui eft celle des vo- liges ordinaires , quoiqu'on puifle en mettre de plus épais , fur-tout aux gran^ des voitures ou à celles de campagne. En général , il eft bon que les Menuifters en Carrolfes ayent chez eux une provifion de bois , non-feulement refendus par tables des différentes épail- feurs que j'ai données ci-defTus , mais encore un nombre de pièces toutes débi- tées de chaque elpece , comme battants de brancard , de pavillon , pieds cor- niers , &c , afin qu'elles foient parfaitement féches lorfqu'ils viennent à les em- ployer ; ce qui leur eft d'autant plus facile , que les voitures de même elpece étant toutes à peu-près femblables , tant pour la forme que pour la grandeur , ils ne courent aucun rilque en débitant ainfi le bois d'avance , ce qui ne pour- roit être chez les Menuifiers de bâtiment , vu la grande diyerfité de leurs ouvrages. Quant à la manière de débiter les bois des bâtis des voitures , on le fait par le moyen des calibres que les Menuifiers font d'après le deffin & les mefures de la voiture qu'ils ont à faire ; mais comme chaque efpece de voiture eft à peu-près femblable , ainfi que je l'ai déjà dit, n'y ayant de différence effen- tielle que pour la décoration , les calibres une fois faits , fervent à différentes voitures où ils fe trouvent juftes de mefure , ou s'il fe trouve quelque diffé- rence de grandeur , on avance ou recule le calibre félon le befoin ; de forte que les calibres une fois faits {èrvent non-feulement pour débiter le bois , mais encore pour le corroyer & le tracer ; en forte que quand un Menuifier en Car- rofiês a une fois tous les calibres nécefiaircs pour les différentes efpeces de voi* tures , ils lui fervent toujours, à moins que la mode ne change abfolument , ou qu'on veuille leur faire lairc des voitures d'une grandeur & d'une forme extraor- dinaire , ce qu'alors ils appellent voitures defantaifie. De - là vient que toutes les voitures d'une même efpece fc reffemblent & font comme faites au moule , ce qui, je crois , marque peu de génie & d'invention de la part des Ouvriers , lefquels , accoutumés à fe fervir des calibres qu'ils ont entre les mains , ne veulent pas fe donner la peine de changer la forme , ou du moins la décoration de leurs voi- tures , dans la crainte d'être obligés de faire d'autres calibres , ou de changer , fi je l'ofe dire , la routine de leur travail (*). (*) Ce qui a caufé le défaut de monotonie que l'on peut reprocher à nos voitures , eil le peu de foin que prennent les Menuifiers en Car- roHes , du moins pour la plupart, d'acquérir les lumières néceffaires à leur état , ce qui fait qu'ils EC peuvent pas changer la forme des voitures , vu qu'ils n'ont pas la capacité de les deffiner ni d'en faire les calibres eux-mêmes; de forte que n'efi dû qu'au peu de favoir & d'émulation des Ouvriers, auquel, peut-être, a donné lieu le droit que les lÛaîtres Selliers fe font arrogés, de fournir aux particuliers les voitures toutes finies, & d'entreprendre tout ce qui n'eft point de leur rclTort , comme le train , la caille , &c , qu'ils ne payent que le moins qu'ils peuvent aux autres Ouvriers; de forte que ees derniers étant bornés ce qui pafle pour être un effet de la mode, I par la médiocrité du prix , cherchent tous les 472 MENUISIER, III. Pan. Chap.Il Section Seconde. Des Outils des Menuifurs en Carrojfes. - Les outils des Menuifiers en CarrofTes font les mêmes que ceux des Menui- Planche j^gj-j en bâtiment, du moins pour ceux de la boutique , que les Maîtres four- ' niflènt à chaque Ouvrier en particulier , comme les établis , les affûtages , fer- gents , valets , fcies à refendre , &c , qui font toujours les mêmes , excepté qu'il feroit à fouhaiter que les établis eulTent des prefles difpofées horifontaleraent , c'eft-à-dire , du fens de la table de l'établi , à laquelle il efl; bon qu'elles af- fleurent. Ces preffes font très-commodes pour pouvoir travailler des pièces foibles ou chantournées fur le champ , lefquelles on ne pourroit alTurer fur l'é- tabli , làns s'expofer au danger de les cafîer , ou du moins de les meurtrir , ainfî que le repréfente la Fig. lo, où cette efpece de prefTe horifontale arrête une traverfe dont le cintre , qui fe trouve caché , efl: indiqué par les lignes ponc- tuées a ,b yC , d. Comme ces preffes font attachées à la table de l'établi , on peut faire la vis g en fer , afin qu'étant moins groffe , elle affoibliffe moins la table dans le deffous de laquelle on place un écrou qui retient la vis. Il feroit à fouhaiter que ces fortes de preffes euffent deux vis , afin qu'elles ferraffent également l'ouvrage ; mais cependant on s'en paffe par le moyen d'une tringle de fer plate , placée dans le côté de la table , & qui paffe au travers de la jumelle ou joue de la preffe A B , qu'on écarte autant qu'on le juge à propos , & qu'on arrête par le moyen d'une broche de ierf, laquelle paffe au travers de la tringle , qui à cet effet eft percée de plufieurs trous , afin de pouvoir reflèr- rer ou écarter la jumelle. Comme la faillie de la tringle pourroit nuire en travaillant lorfqu'on ne fait pas ufage de la preffe , on fait cette tringle mobile , c'eft-à-dire , qu'on l'arrête d'un bout dans le côté de la table de l'établi , à laquelle on fait une rainure de la longueur & de fépaiffeur de la tringle de fer, laquelle vient s'y loger, &"par conféquent affleurer le nud de la table. Voye^ la Fig. 1 1 , qui repréfente le côté de la table & la tringle de fer qui y eft placée , laquelle eft repréfentée au-deffus vue fur le plat , avec la broche i & la goupille h , qui fert à l'arrêter dans l'établi. Quoique j'aie fait cette goupille comme une fimple broche fans tête , ii feroit cependant bon de la faire à vis d'un bout , afin qu'étant placée dans l'é- tabli , elle ne fût point fujette à tomber. moyens polTibles pour accélérer la façon de leurs ouvrages & poar épargner la matière ; ce qui a donné lieu à la mode de faire des voitures d'une décoration fimple , & d'une délicacelTe ex- traordinaire , qui , à la vérité , ont beaucoLip de Quant mente quant a la main d œuvre & à leur grande légèreté, mais qui n'auront jamais la folidité & la grâce des voitures anciennes , c'e(l-à-dire celles qui ont fait place à celles qui font à là mode à préfenc. Section IL Des Outils des Menuificrs en Carro^'es. 473 Quant à la vis de fer, Fig. 12, on doit la faire d'environ 18 pouces de ~ long , fur I pouce à i J lignes de diamètre , avec un collet ou bafe / , d'un planche bon pouce de làillie ; le bout de cette vis m , au-delà de la bafe , doit être per- 'Vï- cé d'un trou dans lequel on fait paffer la poignée n 0 , avec laquelle on ferre & de/Terre la vis. Quant à l'écrou p , il doit être d'une forme barlongue , afin qu'il prenne moins dans l'épaiïïeur de la table , à 3 pouces du bord de laquelle on doit le placer , afin qu'il l'affoiblifTe moins. Quoique je ne parle ici que d'une preiFe horifontale , ce n'eft pas que la preiTe perpendiculaire dont j'ai donné la defcription dans la première Partie de mon Ouvrage , page y6 , ne foit aulTi très-utile aux Menuifiers en Carroffes ; & fi je n'en parle pas ici , ce n'eft que pour ne point me répéter , me contentant d'avoir repréfenté l'écrou C de cette preffe , au pied de devant de l'établi. J^oj. la Fig. 10. Il n'y a que les outils de moulures qui différent de ceux des Menuifiers en bâtiment, quoiqu'ils foient conftruits fur les mêmes principes, & qu'ils ayent à peu-près la même tonne. En général , une partie des pièces qui compofent les cailles des voitures font cintrées foit fur le plan ou fur l'élévation, ou enfin de l'un & de l'au Planches tre fens , ce qui fait que les outils dont on fe fert pour pouffer les moulures, ' '''' non-feulement ne peuvent pas être droits , mais encore il faut qu'ils foient très-courts , afin que dans les angles & à l'endroit des reifauts , ils puiflent ap- procher le plus près poffible ; de forte qu'à proprement parler , ces outils ne font que des fabots auxquels on laifTe une poignée pour pouvoir les tenir plus facilement. Ces outils , ainfi que ceux des Menuifiers en bâtiment , font compofés d'un fût , d'un fer & d'un coin ; mais ils diiïereat des premiers , en ce que lorfqu'ils embraffent plufieurs membres de moulures , ils n'ont qu'un fer ; de forte qu'ira feul & même outil avec un feui fer , forme quelquefois deux ou trois ba- guettes avec leurs dégagements, & un ou deux filets, ainfi que les repréfen- tent les Fig. 25' , 26 & 27 , Pl. 177. Les outils des Menuifiers en Carrolfes , différent encore de ceux des Menui- fiers en bâtiment , en ce que non-feulement ils fe poufi"ent comme ces derniers en parement & fur le plat de l'ouvrage , mais encore ils fe pouffent fur le champ , & quelquefois la joue appuyée fur la joue intérieure de la rainure ou de la feuil- lure , ou enfin par-derriere l'ouvrage ; dans ce dernier cas les Menuifiers nom- ment ces outils arbitraires , c'eft-à-dire , qu'ils font d'une forme inverfe des ou- tils ordinaires. Je ne fai fi ce mot arbitraire eft bien dit ; mais enfin c'efl: l'ufàge. Voyelles Fig. 9 , 10 , 11 , 12 , 13 , 14 , i j , & celles 17, 18, 19,20, 21 , 22 , 23 (S" 24 de la PL 177 , lefquelles tepréfentent deux outils droits tant Menuisier. III. Part. E e e e e e 474 MENUISIER, ni. Pan. Chap. 11. —== en élévation qu'avec leurs coupes , & le fer vu des deux côtés , ainfi que les ou- Tt-S fe*^"^^ tils qui leur font arbitraires, détaillés de la même manière. On fe fert des outils arbitraires , lorfque d'autres faillies de moulures ou des maflès d'ornements empêchent le pafFage du conduit des outils ordinaires , ou bien quand le bois fe trouve trop tranché ou de rebours pour être pouffe du bon fens ; alors pour éviter le bois de rebours & les éclats , on fe fert des ou- tils arbitraires , ce qui rend l'ouvrage plus propre & qui conferve parfaitement l'égalité des moulures & des filets. (I Lorfqu'on fait des outils arbitraires , il faut bien faire attention qu'ils foienc I parfaitement femblables à ceux qu'ils remplacent ; & pour y parvenir avec plus de préciCon & de diligence , il faut d'abord avoir foin que les pentes des deux outils foient bien égales entr'elles , tant fur la largeur , ou pour mieux dire la hauteur de l'outil , que fur répaiffeur ; cnfuite il eft fort aifé de rendre les deux fers d'une forme femblable , parce qu'étant faits à rebours f un de l'autre , on peut fe rendre compte de leur inégalité ou de leur perfeélion, en les préfen- tant l'un fur f autre du côté de la planche ou du taillant , ce qui eft la même chofè. En général , il faut faire enforte que tous les outils de moulure , tant fim- ples qu'arbitraires , ayent des joues ou conduits des deux côtés, c'eft-à-dire , tant en dedans qu'en dehors , afin que portant également par-tout , ils ne defcen- dent pas plus dans un endroit que dans l'autre. Comme ces outils font très-courts , il eft bon aulTi que leurs conduits foient garnis de fer , afin qu'ils ne s'ufent pas par le frottement qui devient très-confi- dérable , à caufe qu'un outil rond fert à pouffer une partie bombée , ce qui ne peut être autremeni dans les courbes d'une forme mixte , & auffi à caufe de f inégale dureté du bois fur lequel ils frottent , fur-tout aux courbes de bois d'orme. Quant aux outils dont la joue entre Se porte dans les rainures , comme elle ne peut être que très-mince , on doit la faire toute de fer , ainfi que je l'ai ob- fervé aux Fig. 13 <§■ 14, P/. 177. Quoique j'aie dit que les outils des Menuifiers en Carroff^s doivent être très- courts , il ne faudra cependant les faire de cette forte , que quand on fera arrêté par quelque angle ou quelque reflàut; car pour ceux qui pourront être pouffes tout le long de la pièce , il faudra les faire le plus longs poffible , c'eft-à- dire, de 6 pouces de long au moins , afin d'en rendre fulàge plus doux , & que par conféquent ils foient plus aifés à pouffer. Il faut aulTi éviter de faire ces ou- tils trop cintrés , parce qu'alors ils broutent autant que s'ils étoient trop courts. Il eft d'autant plus facile de faire ces outils plus longs qu'à l'ordinaire , que l'on fait préfentement prefque toutes les coupes des voitures d'onglet , du moins les principales , ce qui ne pouvoit être autrefois que l'on faifoit toutes Section 11. Des Outils des Menuîfiers en Cairojjes. 475 ks coupes quarrément aux nuds des arrafements , ce qui obligeoit de poufler tous les retours de moulures à bois de travers , & de poufîer à la main le P bois de fil où l'outil ne pouvoit point aller , quoiqu'on le fît le plus court ' poflîble , n'ayant quelquefois qu'un pouce de long d'après la lumière. Ces aflèm- blages quarrés fe nomment ajpmblages à la CarroJJiere : ils font moins pro- pres que les coupes d'onglet , & font plus longs à faire , fans pour cela être beaucoup plus folides , ainfi que je le prouverai dans la fuite , en parlant de la conftruâion des voitures. Quant à la difpofition générale des outils de moulures des Menuifiers en Car- roffes , c'eft à peu-près la même chofe que pour ceux des Menuifiers d'affem- blages , tant pour la manière de les faire que pour la pente de leur lumière , & pour la manière d'en aiîïiter les fers ; c'eft pourquoi je n'entrerai dans aucun détail à ce fujet , vu que j'ai traité cette matière dans la première Partie de mon Ouvrage, me bornant à donner dans les Planches 176 & 177, la forme des outils les plus en ufàge, & d'après lelquels on pourra en faire une in- finité d'autres de toutes efpeces , à raifon des différents profils que L'on vou- dra 'employer , lefquels profils varient à l'infini , leurs formes n'ayant fouvent d'autre règle que le goût de ceux qui les compofent; ce qui fait que je ne pour- rai guère donner de principes à cet égard , me contentant d'en dellîncr plu- fieurs de différentes efpeces , & d'avertir de ceux qui font les plus en ufage à préfent , lefquels n'ont sûrement d'autre mérite que celui d'être à la mode. Comme les profils des voitures font pour l'ordinaire compofés de beaucoup de membres , lefquels font fouvent en faillie les uns fur les autres , ou fur le nud de la carcaiFe , lorfque les bois font corroyés , ainfi que je le dirai ci- après (*) , on les prépare à recevoir les moulures , foit en y faifant des feuillures ou des rainures , fur lefquelles on fait paffer les outils de moulures. Les ravalements fe font avec des bouvets de deux pièces , cintrées foit fur le plan foit fur l'élévation , ainfi que les repréfentent les Fig. i (& 2 , en obfer- vant de ne jamais les faire defcendre jufqu'au fond du ravalement , parce que comme la plupart des bois des voitures font cintrés , il y auroit à craindre que les fonds qui fe trouveroient à bois de rebours ne fulTent pas lilfes ; c'eft pour- quoi on ne fait defcendre les bouvets qu'à une bonne demi-ligne près du fond , que l'on atteint enfuite avec une guimbarde que l'on a foin de mener toujours à bois de fil. Cette méthode de faire ufage des guimbardes eft très-bonne pour toutes les efpeces de Menuiferies en général , mais fur-tout pour celle-ci , où les membres de moulures étant très-petits , on ne fauroit trop prendre de précautions pour que (*)I1 auroit femblé plus naturel de ne parler de la manière de pouffer les moulures , qu'après avoir donné celle de corroyer les bois des %^oi- tnres ; mais je n'aurois pu le faire fans me mettre dans le cas de me répéter; c'ell pourquoi j'ai préféré de parler de la manière de poufler les moulures en faifant la defcription des outils ; ce qui ne dérangera pas l'ordre des Planches, cSc en même temps cela évitera la répétition. Planche 476 ME N UISIER , m. Pan. Chap. IL les ravalements foient d'une profondeur égale , fur-tout aux pièces , qui , comme les pieds corniers , font ornées de moulures fur l'angle , lefquelles moulures deviendroient très-difformes , s'il y avoir la moindre différence de largeur ou de profondeur dans les ravalements de la pièce. C'eft pourquoi on obfervera, en poufîàntles pieds corniers , delaifîer toujours 334 lignes de bois à l'angle , afin de fervir de point d'appui à la guimbarde. Les Menuifiers en CarrofTes font auffi ufàge des guillaumes de côtés , tant droits que cintrés, pour mettre les ravalements de largeur, fuppofé que le bou^ vet fe foit dérangé, ou qu'il ne foit pas d'une largeur fuffifante. Quoique je dife que l'on fe fert de bouvet de deux pièces pour faire les ravalements, on fe fert auffi quelquefois de bouvets fimples , auxquels on ob- ferve une joue par-devant. Quant aux rainures propres à recevoir les panneaux , elles doivent avoir 2 lignes d'épaiflèur au moins , & on les fait avec des bouvets fimples à languettes de fer, très-courts , afin qu'ils aillent par-tout, tant dans les parties droites que dans celles qui font creufes ou bouges , ainfi que le repréfente la Fig. 3. Comme ces bouvets peuvent auffi fervir à faire d'autres rainures que celles des panneaux , il eft bon que leurs joues puiflènt aller & venir félon le befoin , ce qui fe fait de la manière fuivante : Au milieu de la largeur de l'outil & per- pendiculairement au-deflûs du taillant du fer , on place une vis à tête quarrée , ^ » -'^'j?- 3 4 » l'on fait arrafer au nud du bois , laquelle vis pafFe au tra- vers de la joue que l'on ferre par le moyen d'un écrou B , Fig. 4 , de manière que quand on veut écarter la joue , on deflèrre f écrou & on écarte la joue au- tant qu'on le juge à propos , en obfervant feulement de mettre entr'elle Se l'outil des cales qui l'empêchent de vaciller. Il faut avoir foin que ces fortes de vis foient taraudées à rebours , parce que fi elles l'étoient à l'ordinaire , on les deîferreroit en pouflànt l'outil. Il faut auffi faire attention que ces efpeces de bouvets foient arrafés du côté du fer , ainfi que je l'ai obfervé aux Fig. 3 (& 4 ; parce que fi le coin ou quelque autre partie excédoit , on ne pourroit pas faire de rainures dans le fond des ravale- ments. Les Fig. J , (j , 7 8 , repréfentent un bouvet dont l'angle intérieur eft arrondi ; cet outil ne fert qu'aux traverfes de milieu des portières & autres glaces , pour faire la languette nommée apfichet. Les Menuifiers en Carrofles font encore ufage d'un bouvet à fcie , lequel fert à faire de petites rainures ou nervures dans l'intérieur de la voiture , lefquelles fervent à entrer fextrémité de l'étoffe dont les Selliers les revêtiffent. Voyf^ les Fig. C) Ô 10. Le refte des Figures de cette Planche , repréfente les outils propres à pouffer les pavillons; favoir , les Fig. 11 , 12 , & 14 , lefquelles re- préfentent une mouchette propre à pouffer les deux baguettes fupérieures ; celles Section II. Des Outils des Menuijiers en Carro(fes. 477 celles IJ , 17 & 18 , le quart de rond inférieur ; & les Fig. i(j, 20, ai & 22 , repréfentent le congé propre à.poulTer la gorge intermédiaire (*), Les Fig. 1 , 2 , 3 & 4 , repréfentent une mouchette propre à pouflêr la ba* - guette fupérieure du profil de la carcafTc de la voiture ; & celles 5 , (î , 7 & 8, la même mouchette arbitraire de cette première. Les Fig. p , 10, ri & 12, repréfentent un bouvement ou talon propre à pouffer fur le champ & en parement de l'ouvrage , aux pièces qui ont des rainures ; & les Fio: 13,14, 15 & iiî , le même talon arbitraire du premier, avec une joue de fer pour en- trer dans les rainures. Les Fig. ij , 18 , ip & 20 , repréfentent le même talon que le précédent , avec la baguette que l'on pouffe au pourtour des glaces. Cet outil fe pouffe en parement & fur le champ du bois , & ne peut fervir qu'au-deffus des traverfes d'appui & d'accotoirs lorfqu' elles font droites. Les Fig. 21 , 22 , 23 & 24 , repréfentent un talon avec fa baguette, lequel talon efl arbitraire de celui dont je viens de parler. Cet outil fe pouffe fur le champ & la joue appuyée fur la joue de la feuillure propre à recevoir la glace. Les Fig , 16 Se Tj , repréfentent une mouchette double pour former les deux baguettes du brancard , laquelle mouchette a aulfi fon arbitraire ; & les Fig. 28 , 29 & 30 , repréfentent le talon renverfé qui fe pouffe au-defTous. Enfin lesFig. 31, 32, 33,&celles 34, Se ^6 , repréfentent des mou- chettes propres à former diverfes baguettes avec leur dégagement. D'après ce que je viens de dire , il eft fort aifé de connoître la différence qu'il y a entre les outils des IMenuifiers de bâtiment , & ceux des IMenuifiers en CarrofTes , & en même temps l'ufage que l'on doit faire de ceux de la dernière efpece , tant fimples qu'arbitraires , lefquels outils peuvent prendre différentes formes à raifon des différents profils , ainfi que je l'ai dit plus haut , fans que cela change rien à la manière de les dilpofer & de s'en fervir, laquelle doit toujours être la même dans tous les cas. Pour les autres outils , comme guillaumes , mouchettes & rabots ronds , il n'y a pas de différence d'avec ceux des Menuifiers de bâtiment , fi ce n'eft qu'ils font plus courts & quelquefois cintrés. Pour les outils propres à pouffer à la main, comme les râpes, les gouges, &c, ce font les mêmes que ceux dont j'ai parlé dans la première Partie de mon Ouvrage , page 49 & fuiv. PlanchS 177- (*) On obfervera , pour rintelligence de ce que je dis ici , que j'ai fait choix d'une efpece de profil tant pour les outils dont -je parle, que pour ce que je dirai dans la fuite , pour la conltrudion des Berlines & des Diligences , afia que toutes les parties du difcours foient d'accord enfemble , ce qui ne pourroit être , du moins fans quelque confufion , fi je me fervois de dif- fc'rents profils ; c'cft pourquoi , fi l'on veut , on peut voir les Fig. de la Planche iSj , lefquelles repréfentent les différents profils d'une voiture, delîinés grands comme l'exécution , ce qui pourra aider pour bien entendre non-feulement ce que je dis ici , mais encore ce que je dirai dans la fuite. Menuisier , III. Pan. Ffffff 478 MENUISIER, III. Pan. Chap. IL Section Troisième. Du Corroyage du Bois des Voitures. Les cailles des Voitures étant cintrées fur tous les fèns, du moins pour la Planche plupart, & même d'un cintre irrégulier , il fembleroit que le corroyage des bois en dût être très-ditEcile & demandât beaucoup d'attention & de connoiflànces dans l'Art du Trait ; ce qui feroit exaâenient vrai , fi les voitures étoient faites avec plus de précifion qu'elles ne le font , & fi en même temps les bois qui les compofent étoient d'une largeur confidérable , & qu'ils eufl"ent des champs & des profils larges & faillants , ainfi que ceux de la Menuilèrie d'aifemblage ; mais comme la plupart des voitures n'ont point de champs , ou n'en ont que de très-étroits , les plus gros bois qu'on y emploie à préfënt , n'ayant pas plus d un pouce de largeur apparente , y compris les champs & les profils , qui onc eux-mêmes très-peu de faillie ; il s'enfuit que le corroyage des bois en de- vient bien moins diffîcultueux. Ce n'eft pas qu'en général il ne fût très-bon que les Menuifiers en CarrolTes fuiîènt inftruits des principes de l'Art du Trait , du moins quant à tout ce qui eft de leur reflbrt , ainfi que je l'ai démontré au commencement de cette Partie ; mais comme chaque efpece de voiture eft à peu-près toujours d'une même forme , ils fe contentent de leurs calibres, d'après lefquels ils cor- royent leurs bois , en augmentant plus ou moins l'épaiffeur en raifon du hors d'équerre qui leur eft donné par l'évafernenc ou renflement de la voiture , ce qui eft la même chofe. Les battants de brancard fe corroyent d'abord droits fur le champ a h ,fig. r, lequel côté fe trouve par conféquent être le dedans de la voiture ; enfuite on les met d'équerre de ce même côté , & on les dégauchit du côté du creux ; puis on les met d'épaifl^eur du côté du bouge. Voye[ Us Fig. i (& 3. Il y a des Menuifiers qui commencent par les dégauchir & les mettre d'épaiffeur avant de les mettre d'équerre & de les dreflèr fur le champ , ce qui eft aflèz indifférent, puifque les deux méthodes tendent également au même but. Quand les battants de brancard font ainfi difpofés , on les met de largeur de cs.d, parallèles au-dedans dans tout l'efpace qu'occupe la portière , lequel efpace doit être droit , du moins pour l'ordinaire ; enfuite on les dimi- nue des deux bouts de c en e & de a? en /, de ce que la voiture a de ren- flement , de forte que le panneau de côté forme un angle avec la portière ; & on a foin de faire fuivre au champ extérieur du battant de brancard , l'incli- naifon donnée par le cintre du côté de la voiture , fuppofé qu'il y en ait , ce qui fait que ce champ extérieur n'eft plus d'équerre avec le deffus , ou pour mieux dire , le plat du battant , ce que je vais expliquer. Section III. Du Conoyage du Bois des Voitures. 47P Dans la defcription que j'ai faite d'une Berline , page 46^ , on a pu remar- quer que cette voiture étoit plus large à la ceinture qu'au brancard, & que Planche cette inégalité étoit regagnée par un cintre en S ; on a dû voir en même temps que le renflement de cette même Berline, prife à la ceinture , étoit plus confi- dérable qu'au brancard ; d'où il s'enfuit , que non-feulement les battants de ces derniers ne peuvent pas être d'équerre avec leurs faces creufes ou bombées , puifqu'il faut que leurs faces extérieures fuivent le cintre de la voiture , mais encore que leur inclinaifon ne peut être la même dans toute leur longueur , ce qui fait que ces laces deviennent gauches en raifon des ditférents cintres de la voiture , ainfi que l'indiquent les Fig. 2 & ^, lefquelles repréfentent les coupes du battant de brancard , l'une prife fur la ligne a t , 8c Fautre fur celle c d, Fig.^, dont l'inclinaifon donnée par les courbes AB &.CD, Fig. 2 S 4, eft différente à raifon du plus ou moins de cintre de ces mêmes courbes. Il eft très-néceffiiire de faire attention à la pente de la face des battants de brancard , non-feulement pour que, lorfqu'ils font alTemblés, ils fuivent exafte- ment les contours de la voiture , mais encore pour que leurs profils revien- nent avec ceux des pieds corniers & des autres pièces qui viennent s'y affem- bler , ainfi qu'on peut le voir dans la Fig. y , où le parallélogramme g li i l, qui repréfente la faillie de la moulure d'équerre avec la ligne « x , ne fe rencontre plus avec les lignes tm&.nL, lefquelles lignes repréfentent la faillie du profil pris parallèlement à l'inclinaifon donnée par le cintre de la voiture. Lorfque la face du battant de brancard eft ainfi inclinée , il faut prendre garde fi le profil eft en faillie des deux côtés , parce qu'alors il faut le re* monter jufqu'à ce que le fond de fa faillie rencontre le deflous de fa pièce , ainfi que le parallélogramme ^ o ^ ; & fi au contraire le profil de la faillie n'eft qu'en dedans , on fe contente de l'incliner en dedans fans le foire remon- ter, ainfi que l'indique le parallélogramme tr si, duquel le triangle tgL fe trouve fupprimé par la ligne j /, qui eft le deffous de la pièce. Pour ce qui eft de la manière d'avoir l'inclinaifon & le gauche des bat- tants de brancard , ainfi que des autres pièces qui compofent les voitures , j'en donnerai la théorie en parlant de la manière de déterminer la forme des voitures & d'en faire tous les calibres. Les traverfes de brancard , appellées iJe renflement, fe corroyent droites & d'équerre à l'ordinaire ; cependant je crois qu'il feroit bon qu'elles fulTenc hors d'équerre en raifon du cintre du brancard. Pour ce qui efl des traverfes des bouts , on les corroyé droites fur tous les fens , pour la raifon que je donnerai ci-après. Pour leurs équerres , elles font dirigées par les cintres tant intérieurs qu'extérieurs de h voiture. Les battants & les traverfes de pavillon fe corroyent de même que les bran- cards , à rexception que quand ils ne font qu'à un feul cintre , il faut les mettre plus épais de ce qu'ils remontent fur leur largeur , pour fuivre le bombage du Planche 178. 480 MENUISIER, m Pan. Chap. IL : pavillon , ce qui eft peu de chofe à la vérité ; mais c'eft une attention qu d eft bon de faire , parce que fi les pièces étoient corroyées quarrément , c eft-a-dire , d'équerre avec leurs champs , & qu'on voulût leur faite fuivre la pente exté- rieure du pavillon , il ne feroit plus d'équerre avec la face de la voiture ce qui feroit pencher leur profil, & ce qui eft pis , changeroit la forme ûe leur cintre ou bombage , puifque les battants auroient plus de bombage fur le champ, & feroient par conféquent moitis bombés far l'élévation ; ce qui feroit la même chofe pour les traverfes de pavillon, dont la rainure deviendroit bouge , & ne pourroit plus recevoir la traverfe de devant , fans la faire bomber pareillement , ce qui ne pourroit être , puifqu'elle eft faite pour porter la glace qui eft droite fur fa furface , du moins pour l'ordinaire (*). Voye^ la Fig. 6, où le parallélogramme abcd, repréfente la coupe du battant du pa- villon placé félon fa pente , laquelle en augmente l'épailTeur & la largeur , ainfi que l'indique le parallélogramme efg h. Quoique je dife que la largeur du battant de pavillon fe trouve augmentée par fon inclinaifon , ce ne fera qu'autant qu'on voudra la faire fuivre à fon pro- fil, ce qui ne fait pas bien ; c'eft pourquoi d'après le nud de la voiture, re- préfenté par la ligne i l, on fera très -bien de mettre le profil de niveau, comme l'indique le parallélogramme i m no, es qui n'augmente pas la largeur de la pièce , & en même temps relevé le profil qui doit toujours être de ni- veau, l'inclinaifon des faces fupérieures de la voiture n'étant pas affez confidé- rable pour fe faire fentir dans la largeur du profil du pavillon. Quand le cintre du deffus d'un pavillon n'eft pas confidérable , tant fur la longueur que fur la largeur, la différence d'épaiffeur de fes bâtis fe réduit prefqu'à rien ; c'eft pourquoi les Menuifiers en CarrofTes n'y font pas attention ; cependant de quelque manière qu'ils s'y prennent , ils ne fauroient parer l'inconvénient qui fe rencontre dans la conftruaion des pavillons , fans y avoir égard , parce que s'ils font incliner leurs pièces , ils dérangent les cintres de faces & féva- fement de la voiture ; ou bien s'ils les placent de niveau , ils ne peuvent plus les faire raccorder à l'endroit des affemblages , ainfi que je le prouverai en par- lant de la conftruélion des pavillons. Le delTus des pavillons forme ordinairement un arc de cercle plein cintre , tant fur la longueur que fur la largeur ; toute l'attention qu'on doit avoir , eft que le deffus des courbes foit hors d'équerre en conféquence de la courbe du milieu , ce qui feroit auffi à fouhaiter pour le dedans de ces mêmes courbes , afin que leurs arrêtes ne marquaffent pas fur l'étoffe que l'on attache deffus. (*) L'obfervation que je fais ici e(l très-effen- ticlle , fur -tout quand le cintre des pavillons ell confidcrable ; mais comme la mode eft de les faire prefque droits , la différence que caufe le renvcrfement , fe réduit prefqu'à rien ; ce qui fait que prefque tous les Praticiens mettent les bois des pavillons d'une égale épaifléur , fans faire attention aux petits défauts qui y nailTenc par l'inclinaifon de ces mêmes pièces , aux- quelles on doit toujours faire attention , ainfi que je le prouverai dans la fuite , en parlant de la conftruaion des pavillons à un & à trois cintres. Section m Du Corroyage du Bois des Voitures. 481 Quant h la manière d'avoir les cerces de ces différences courbes, j'en donnerai 5:^== la méthode en parlant des pavillons. Planchs ) '17 8 Les pieds corniers fe corroyent d'abord du côté du creux , comme les Fig. y eir 8 , en obfervant , lorfqu'on les dégauchit , de remonter le calibre à rai- fon de l'inclinaifon du dedans du pied , comme l'indiquent les lignes a b , c d 8cef,Fig. 8 éf 9. Ces pieds corniers étant ainfi corroyés & dégauchis du côté du creux , on les met d'épaiffeur du côté du bouge qui efl le parement ; ce qui étant fait, on marque l'arrafement du haut , du bas & du deffus de l'accotoir ; puis on trace le haut du battant en ligne droite , & le bas par le moyen d'un calibre ployant, que l'on applique dans le creux du battant que l'on chan- tourne enfuite , en obfervant de les mettre d'équerre horifontalement , félon que l'indiquent les lignes 0,0, Fig. 7 , 8 (& 9. Quand je dis qu'on met les pieds corniers d'équerre , ce n'eft pas que je veuille faire entendre qu'il faut qu'ils foient à angle droit , ce qui ne pourroic être , puifque les voitures font évafées , du moins pour la plupart ; je veux dire feulement qu'après s'être rendu compte de cet évafement , on corroyé les pieds en conféquence , en obfervant de placer le calibre ou la faufle équerre horifontalement. Comme l'évafement n'eft pas le même dans toute la hauteur de la voi- ture , les équerres des pieds changent par conféquent , ce qui fait que les pieds corniers font non-feulement hors d'équerre avec leurs laces , mais en- core gauches depuis l'appui jufqu'en bas, le haut devant toujours être dégauchi pour les raifons que j'en donnerai ci-après. Le dedans du pied cornier fe met à peu-près de largeur , fur-tout lorfqu'il n'eft pas vifible & qu'il ne reçoit pas de glace , ce qui n'arrive qu'aux Dili- gences & aux autres voitures dont le pied cornier fert de pied d'entrée , lequel alors deviendroit d'égale largeur dans toute fa longueur. Ce n'eft cependant pas qu'il ne faille que les pieds cotniers des voitures foient d'une largeur égale pour y pouftèr les moulures ; mais cette largeur n'eft apparente qu'en devant, ce qui fe fait par le moyen d'un ravalement, ainfi que par les côtés. Les ravalements dont je parle , fo font pour faire paroître les pieds corniers moins larges , & on laifle de la force au - dedans du battant , du derrière de la rainure , ainfi que je le dirai en fon lieu. Le hors d'équerre des pieds corniers en change la largeur, parce que fi on le met en dedans , comme à la Figure 12 , cela repouITe le ravalement plus loin ; fi au contraire ce hors d'équerre fo met en dehors , il augmente la largeur du pied cornier. J^oye^ la Fig. 13. .T'ai dit plus haut que les équerres du bas des pieds n'étoient pas les Meni/isier , III. Pan. G g g g g S 48a MENUISIER, ni. Paru Chap. IL mêmes, c'eft à quoi il faut faire attention en les marquant toutes les unes fur les autres , afin de connoître ce qu'il faut augmenter ou diminuer de bois , ainfi que le repréfente la Fig. 14. Cette obfervation eft elTentielle pour avoir au jufte l'arrafement des pan- neaux , lefquels font moins longs à raifon de ce que les bois font plus hors d equerre , ce qui eft fort aifé à comprendre , la ligne a h étant plus courte que celle c d , Se celle-ci que celle ef, ce qui , par conféquent , change la lon- gueur des panneaux dont ces lignes repréfentent le devant prolongé au tra- vers du pied cornier. Aux voitures nommées Angloi/es , Se aux Vis-à-vis , les pieds corniers ne font pas cintrés fur le côté , mais forment un angle à l'endroit des accotoirs , ainfi que les pieds d'entrée Se les battants des portières , comme je le dirai en fbn lieu. Les battants des portières & les pieds d'entrée , fe corroyent droits fur le champ ; & lùr la face ils font cintrés depuis f accotoir jufqu'en bas , le refte de la hauteur devant être droit pour recevoir les glaces ; pour le dedans , ces battants font corroyés droits tant du haut que du bas julqu'à f appui , où ils forment un angle plus ou moins grand , félon que le cintre extérieur eft plus ou moins confidérable. Comme les portières font ordinairement droites fur le plat , leurs battants doivent être d'équerre fur tous les fens. Il n'en eft pas de même des pieds d'entrée , lefquels doivent être d'équerre avec la portière en dedans de l'ou- verture de cette dernière , & fuivre en parement , ainfi que for l'épaiffeur , f inclinaifon du renflement de la voiture , lequel étant inégal , ainfi que je l'ai déjà dit , rend la furfacc cintrée de ces pieds non-feulement hors d'équerre avec le côté de l'ouverture de la portière , mais encore gauche fur Gi longueur. Cette difficulté fe rencontre pareillement en corroyant les battants des por- tières de Diligences ; c'eft-à-dire , que leurs faces ne doivent pas être d'é- querre avec leurs champs, mais au contraire fuivre la pente du renflement de la voiture , lequel n'étant pas égal d'un bout à fautre du battant, en rend par conféquent la furface gauche , avec laquelle il faut mettre le dedans du battant d'équerre , du moins de la faillie de la moulure , ce qui augmente la largeur du battant , dont le parement forme un angle obtus avec fon champ extérieur. Voyei la Fig. 10 , qui repréfente un pied cornier de devant de Di- ligence, avec fon évafement & fon gauche , lequel ne commence qu'à la hau- teur d'appui. V oyei pareillement la Fig. 1 r , qui repréfente un battant de por- tière de cette même Diligence , avec fon hors d'équerre & fon gauche. Comme ces battants font ordinairement en faillie fur le nud de la voiture , & que leurs faces , & par conféquent leurs profils , doivent fuiyre l'inclinai- fon de la voiture , il faut d'abord commencer par tracer leur forme au nud du fond de leur faillie ; enfuite de quoi il faut augmenter cette dernière , laquelle Section UI, Du Corroyage du Bois des Voitures. 483 diminue à me/ûre que le hors d'équerre augmente. Voye^ la Fig. i y , où i — cette différence de faillie eft indiquée par les lignes g h , i l Se m n , lefquelles Planche font abaiffées des angles des parallélogrammes qui repréfejitent cette faillie ' félon Ces différentes inclinaifons. Le champ des pieds d'entrée du côté du panneau , doit être d'équerre avec là iurface extérieure , du moins de toute la faillie des moulures , parce que comme ces pieds font très-étroits, ils perdroient une partie de la force qui leur refte , fi on les mettoit d'équerre de toute leur épaiffeur. Les traverfes du haut 8c d'accotoirs , tant du corps de la caiflè que des por- tières , doivent être droites fur le plat , à caufe des glaces qu'elles reçoivent , ( lelquelles font droites & dégauchies fur leurs furfaces , ainC que je l'ai dit en parlant des pavillons) , de même que pour recevoir les panneaux que fon peut taire creufer au feu fur un fens feulement , mais non pas fur deux fens à la fois , ainfi que je fexpliquerai en parlant de la manière de faire revenir les panneaux aii feu. Quant au champ des traverfes dont je parle , il peut être chantourné ainfi qu'on le faifoit anciennement , & qu'on le pratique encore quelquefois , ce qui faifoit affez bien, & en même temps donnoit plus de force aux affembla- ges en augmentant la largeur des traverfes ; mais à préfent la coutume eft de les faire toutes droites & le plus étroites pofTible , du moins en apparence , puifque pour conferver la force des affemblages , on les fait d'une largeur con- venable , & on y fait un ravalement du derrière de la rainure , & à la lar- geur qu'on le juge à propos. Les traverfes du haut de la carcaffe de la cai/îe , ne peuvent pas être exac- tement droites , puifqu'elles fuivent le cintre du pavillon ; & on les fait allez larges pour qu'elles ayent la portée néceflâire pour la glace , la refuite de cette dernière , & ce que ces traverfes entrent dans le pavillon , ce qui fait au moins ij lignes de largeur; favoir , 4 lignes de portée de glace , 7 lignes de refuite , & 4 lignes dans le pavillon. Les frifes font cintrées fur le champ , ainfi que le pavillon , & fe font le plus étroites polTible , toute leur force n'étant que dans leur épailfeur , qui eft ordinairement de 18 lignes. Les traverfes du haut des portières fuivent le même cintre que les frifes , font de même largeur que les battants de portières, & n'ont d'épaiffeur que la faillie du profil , afin que les glaces puiffent paffer derrière , ce qui eft général à toutes les traverfes du haut des voitures , à fendroit où il y aura des glaces ou de faux panneaux. Voilà à peu-près tout ce qu'on peut dire touchant le corroyage des bois des voitures ; en général , ce que je viens d'en dire , pour peu qu'on veuille y faire attention , étant applicable à tous les cas ; & fi on opère avec quelque précifion , f ouvrage doit toujours bien revenir , parce que comme 484 MENUISIER, 111. Part. Chap. II. les bois font de peu de grolTeur , il eft fort aifé de les faire revenir , fuppofé qu'il fe trouve quelque erreur dans leur courbure , l'expérience faifant voir tous les jours que des pieds corniers , par exemple, corroyés avec toute l'exac- titude poffible , fe tourmentent lorfqu'ils font tout-à-fait élégis & qu'on les fait revenir en les alFemblant. J'ai dit plus haut que les battants de brancard , ainfi que ceux de pavillons , formoient un angle à l'endroit des portières , par la raifon que les glaces & les panneaux ne pouvant être que droits fur leur furface , cet angle écoit inévita- ble , à caufe du renflement de la voitu re , ce qui , à mon avis , fait un fort mau- vais effet , auquel on pourroit remédier en faifant cintrer le renflement de la voiture d'un bout à l'autre de fa longueur , & en augmentant la faillie des pro- fils du brancard & du pavillon au milieu de la portière & des côtés , & en la diminuant aux angles de la voiture , ce qui donneroit une forme plus gra- cieufe , fins que cette différence de faillie fût beaucoup apparente. De plus , on pourroit cintrer extérieurement les traverfes du haut & celles d'accotoirs , & faire les feuillures & les rainures droites , en regagnant la diffé- rence qui fe trouveroit dans l'épaiifeur de leur joue par la faillie des mou- lures ; différence qui feroit peu de chofe en elle-même , & qui ne deman- deroit qu'un peu plus de fujétion de la part de l'Ouvrier. On pourroit aufll faire fuivre le cintre des traverfes aux rainures difpofées à recevoir les panneaux , qui , quoiqu'ils ne puiffent être cintrés que fur un fens , ainfi que je l'ai déjà dit , pourroient cependant fe prêter à ce cintre , vu le peu de bombage qu'il y auroit dans leur largeur ; je ne parle pas de la pof frbilité qu'il y auroit d'avoir des glaces cintrées , ce qui une fois acquis , leve- roit toute efpece de difiSculté , & faciliteroit à donner plus de mouvement dans la forme générale des voitures , ainfi que je le prouverai dans la fuite (*). Section Quatrième. Des Panneaux des Voitures en général. Les panneaux des voitures fe font ordinairement de bois de noyer noir, ap- pellé noyer mâle , comme je l'ai dit plus haut ; ce n'eft pas qu'on ne pâÈ les faire d'autre bois , mais c'eft qu'il eft difficile , du moins dans ce pays , d'en trouver qui foit auffi liant , & dont les planches portent tant de largeur fans fentes ni nœuds vicieux. La raifon qui oblige à choifir des planches ainfi larges pour les panneaux ( * ) On ne doit regarder ce que je dis ici &; ce que je dirai dans la faite touchant le bom- bage des voitures , que comme une opinion qui m'ait propre, & que je ne propofe que comme un confeil , fur-tout pour ce qui eft des glaces cintrées , lefquelles , cependant , ne font pas fans exemple , puifque j'ai vu un Vis-à-vis apparte- nant à M. le Duc d'Aumont , dont la glace de devant étoit difpofée de cette manière. des Section IV. Des Panneaux des Voitures en général. 48 5 lies voitures , eft , que comme il faut qu'ils foient très-raiiicas , non-feulement pour être plus légers , mais encore pour ployer plus aifément , les joints qu'on y feroit à rainure & languettes feroient peu folides , & fe cafferoient lorfque l'on voudroit faire revenir les panneaux au feu , ou les cintrer ( ce qui eft la même chofè) , ce qui oblige donc à les prendre dans une feule pièce , du moins ceux qui font pour être cintrés fur la furface ; car pour ceux qui font droits à l'ordinaire , comme ceux des cuftodes & ceux de derrière , on peut les faire de plufieurs pièces , ce qui n'ôte rien à leur folidité , pourvu toutefois que le bois foit affez fec , & que les joints foient bien faits & ne fe tourmen- tent pas. Les panneaux fe refendent à 4 lignes d'épaiifeur , de forte que quand ils font corroyés & replanis , ils n'en ont que trois bonnes. Quand il arrive qu'ils font refendus inégalement , ou bien que ce font des dolTes , on doit les mettre d'épaiffeur, afin qu'ils ploient également par-tout. Quant au choix des panneaux , il faut toujours faire en forte que ceux qui font dilpofés pour être les plus cintrés , foient bien liants & d'une égale den-- fité , afin qu'ils fe prêtent par-tout également à l'aétion du feu ; comme auffi éviter à ces panneaux les bois tranchés , parce qu'ils pourroient cafler en les faifant revenir. En général , on finit les panneaux des voitures avant de les faire revenir , c'eft-à-dire , qu'il faut qu'ils foient équarris , replanis & mis au molet avant de faire cette opération , afin qu'à mefure qu'on les fait revenir , ou puilTe les mettre dans les bâtis d'abord qu'ils font bombés, ainfi que je le dirai ci- après ; mais auparavant il eft néceflàire de donner une méthode sûre pour équar- rir les panneaux , ou pour mieux dire , les tracer & les chantourner félon la forme qui leur eft convenable , à raifon de la place qu'ils doivent occuper 8c du cintre qu'ils doivent avoir ; après quoi je donnerai les différentes manières dont on fe fert pour les faire revenir au feu. §. I. De la manière de tracer les panneaux , à raifon de leurs différents cintres. On peut confidérer les formes que Ton peut donner aux panneaux des Voitures , fous trois points de vue différents ; fàvoir , ceux qui doivent être ^ cintrés également des deux bouts , c'eft-à-dire fur toute leur largeur ; ceux qui font cintrés inégalement des deux bouts , ou quelquefois gauches ; enfin ceux qui , cintrés régulièrement ou irrégulièrement , fe trouvent fur un plan obli- que , tels que les panneaux de côté des Berlines. Comme en général les panneaux des voitures , avant d'être cintrés au feu , ont une furface plane & unie, il eft néceflàire de trouver le développe- ment de ces panneaux , afin d'avoir au jufte leur largeur & leur longueur , & en même temps leurs différents contours , lefquels leur font donnés par la Menuisier , lll Pan. H h h h h h 1 ME NU IS lE R,III. Part. Chap. IL : gauche ou par les différents contours qu'ils doivent prendre , ce qui fe fait de Planche la manière fuivante : Lorfque les panneaux font également cintrés , ap tion géoraétrale , ainfi que la F^g. 2 , on marque à côté le cintre ou calibre rès avoir tracé leur éléva- libre du panneau coté A B , que l'on divife en un nombre de parties à volonté , comme l'indiquent les points q,r,s,t,u, defquels points on mené à la Fig. 2 , au- tant de lignes horifontales , comme celles u 4 , t 6 , s S , r 10 8c q 12. ; enfuite on développe la ligne courbe A B fur une ligne droite & perpendiculaire, ainfi que celle x b , laquelle ligne on divife en autant de parties que celle A B ; puis des points y , i, & , a S^y- , on mené à la Fig. 1 , autant de li- gnes horifontales parallèles entr'elles ; puis on prend fur la Fig. i , la diftance 1 , 2 , que l'on porte fur la Fig. i , de ^ en i ; celle 3 , 4 , de c en ; celle y , 6, de e en/; celle 7 , 8 , de ^ en A ; celle 9 , 10, de ^ en celle II , 12, de OT en « ; enfin celle 1 3 , 14 , de 0 en ; de forte que l'efpace compris entre oa,ab,bpôcpo,e& égal à celui qui eft compris entre les lignes 14, 2 ; 2, I; I,I3&I3,I4, dont il eft le développement ; ou pour parler plus claire- ment , la Fig. I eft le développement de la Fig. 2 , l'opération que j'ai faite pour une partie du panneau , pouvant s'appliquer au tout. Que le cintre du panneau foit un arc de cercle comme le calibre ^4 i? , ou bien un cintre en S , comme le calibre CD , c'eft toujours la même méthode , ainfi qu'on peut le voir aux Fig. 3 (5 4 , où la ligne E F, Fig. ^ , eft égale à celle C D , développée , & la diftance G eft égale à celle l L , Fig. 4 , ainfi du refte. Il faut faire attention que dans tous les cas , on doit prendre les points de divifion fur le parement des calibres , ainfi que je l'ai obfervé aux deux exem- ples ci-defllis ; parce que fi l'on s'y prenoit autrement , on courroit rifque de faire les panneaux trop étroits ou trop larges , félon que le parement de l'ou- vrage feroit en bouge ou en creux. Quand les panneaux font gauches , comme dans le cas d'une portière de Diligence, on commence par tracer le cintre ou calibre M Q N , que l'on divife en un nombre de parties à volonté , comme ci-delTus ; enfuite on par- tage la faillie de ce calibre en deux parties égales au point Q , par lequel on fait paffer la ligne O P , qui repréfente le devant de la coupe du côté droit du panneau ; puis par chaque point de divifion , on fait paiFer autant de lignes horifontales , lefquelles traverfent également le panneau vu géométralement , Fig. 6 , & fon développement Fig. 5. Ces lignes horifontales ne fervent fur la Fig. 5 qu'à déterminer les points g , h , i , l , m , n8c o ,à h partie du pan- neau qui doit refter droite , lefquels points doivent par conféquent être d'une diftance égale aux deux Figures , puifque la diftance O P , repréfentée par celle og , Fig. 5 , eft égale à celle U Y, Fig. 6. On tire enfuite fur la Fig. 5 , la ligne perpendiculaire a b , dont la diftance Section IV. $. I. De la manière de tracer les Panneaux. 487 de celle ^ 0 , eft égale à celle T U, Fig. (î ; & on fait la ligne a b , d'une Ion- = gueur égale à celle M N , développée , laquelle ligne a b étant divifée en Planche parties égales âux points a ,f, e , i, d , c ,b, on fait palTer par ces points au- tant de lignes qui vont répondre aux points de divifion de la ligne 0 g, lef- quels ont été donnés par les lignes horifontales communes aux deux Figures. Ce qui a été fait jufqu'à préfent , n'a fervi qu'à donner la largeur du pan- neau ; mais comme il eft gauche , les parties qui fe lèvent ou qui s'abaiflènt , fe raccourciroient fi le panneau étoit coupé quarrément , comme l'indique la ligne ai. Pour remédier à cet inconvénient, & pour avoir la véritable lon- gueur du panneau à tous les points de divifion , on trace à part la ligne J , r , égale à celle TU,w bout de laquelle ligne y , i , on élevé la perpendiculaire I, 2 , dont on fait la hauteur égale à celle P N ou Af O, qui eft le plus haut point d'élévation ou de rentrée du panneau , ce qui eft la même chofe , puifque la ligne O P partage le parallélogramme MS IV R, en deux parties égales. Enfuite on prend la diftance p q ou Xj, que l'on porte de i à 3 ; celle r s ou tu, que l'on porte pareillement de l 34; & des points 2 , 3 & 4 , on mené au point J autant de lignes dont la longueur donne celle des divifions obli- ques du panneau développé , qui leur font correfpondantes ; de forte que les diftances 06 Scg ir , Fig. 5 , font égales à celle ^ , 2 ; celles nySc/i 10 , font égales à celle 5 , 3 ; & celles m 8 & ï 10 , font égales à celle 5,4; quant à celle / 1 , elle eft néceft"airement égale à celle y, i , puifque c'eft le point de rencontre de la ligne courbe avec la droite, Se où par conféquent le panneau ne hauflè ni ne baille. La ligne du milieu du panneau fe trace de même que celle de l'extérieur , ainfi que je l'ai indiqué fur l'élévation par les points x x , qui font marqués de même fur le plan , ce qui n'a befoin d'aucune démonftration. Il faut faire attention que dans la conftrudion des Fig. ^ & 6 , j'ai pris les points de divifion pour le développement de la ligne courbe MQN, du point Q , qui eft le milieu de cette courbe , parce que , comme le cintre eft d'une forme en S , il faut , pour y faire revenir le panneau , le chauffer des deux côtés , de manière que l'adion de ralongement fe fait autant d'un côté que de l'autre , ce qui eft plus naturel & ménage davantage la longueur du panneau , vu que fi l'on faifoit autrement, tout le ralongement fe trouveroit d'un côté; cependant il faut prendre garde à quel point du cintre fe trouve la ligne droite, laquelle ne pafl"e pas toujours par le m.ilieu , ainfi que je l'ai fait pafFerdans les Flg. ^ & 6; Se que quand le gauche eft déterminé, c'eft lui qui fixe le point de rencontre du cintre avec la ligne droite , ainfi que je vais le démontrer. Soit le parallélogramme A B , Fig. S , lequel repréfente le plan du pan- neau par en bas , & que la ligne Z? C perpendiculaire au-devant du panneau repréfente fa projeftion ou la faillie du cintre , ce qui eft la même chofe , il eft très-aifé de voir que toutes les lignes de divifion du panneau repréfenté en plan 1 Planche Planche 180. 488 MENU I S I E R, IlI.Pan.Chap.il. dans la Fig. 8 , que ces divifions , dis-je , font en dehors de la ligne A B , tan: fur le plan Fig. 8 , que fur les coupes tenant à la Fig. 7 , lefquelles font mar- quées des mêmes lettres que fur le plan , & que par conféquent le point A , Fig. 7 , eft la rencontre des deux furfaces du panneau , ce qui arrive aux por- tières de Diligences , où le bas de la portière eft d equerre avec la faillie du cin- tre du pied d'entrée ; ce qui fait que tout le hors d'équerre , caufé par le cintra & le gauche du panneau , fe trouve en deflus ainfi que le ralongement , qui eft auflî tout d'un côté , comme on peut le voir dans la Fig. 7 , laquelle n'a befcin d'autre démonftration que l'infpeâion de la Figure , dont la conftruâion eft la même qu'aux Figures précédentes , puifque la longueur des lignes de l'é- lévation eft égale à celles du plan , Fig. 8 , qui leur font correfpondantes , lef quelles longueurs peuvent auffi fe tracer flir le devant du plan , en décrivant du point A comme centre , & de tous les points ou les lignes de divifion rencon- trent la ligne B C, qui eft la projeélion , autant d'arcs de cercle , lefquels ve- nant à rencontrer la ligne A B prolongée indéfiniment , donnent la diftance B G , Fig. 8 , égale à celle H G j Fig. 7 , & ainfi des autres, lefquels font trop près les uns des autres pour être marqués des mêmes lettres , ce qui , d'ailleurs , eftaffez inutile, vu que toutes les lignes de divifion font marquées des mê- mes lettres & chiffres , tant fur le pian que fur la coupe & l'élévation. Les mêmes arcs de cercle peuvent auffi fervir pour décrire la ligne du mi- lieu, ainfî qu'on peut le voir dans la Figure ci-deflus. D'après ce que je viens de dire , on peut aifément faire toutes fortes de pan- neaux gauches , de quelque forme que ce foit, en faifant feulement attention au point de rencontre des deux furfaces , lequel doit être d'équerre avec les côtés des battants , & par conféquent perpendiculairement à la projeâion ou faillie du cintre, lequel point de projeâion donne toujours une ligne de niveau fur l'élévation , ainfi que celle / 1 , Fig. J , & celle D E , Fig. 7 , la diftance E F n'étant que le ralongement néceffaire pour le hors d'équerre du panneau , lequel , aux portières de Diligences , n'eft jamais quatre par le bas. S'il arrivoit qu'on voulût tracer fur le panneau développé , des coupes prifes fur le plan Fig. 8 , ainfi que celles I C ou L B , on fe ferviroit toujours de la même méthode , c'eft-à-dire , qu'on prendroit les diftances qu'il y auroit du point A , jufqu'aux points où ces lignes coupent celles de divifion , lefquelles diftances on porteroit fur l'élévation aux lignes correfpondantes à celles du plan, ainfi que je l'ai indiqué par les lignes ponctuées I Al G 8c L M E , Fig. 7. ■ En donnant la manière de tracer le développement des panneaux gauches , j'ai fuppofé qu'ils étoient droits fur une rive , d'après laquelle on pouvoit mar- quer les longueurs des lignes de divifion ; il s'agit maintenant de donner la ma- nière de tracer les panneaux , qui non-feulement fèroient gauches , mais en- core dont les deux côtés feroient d'un cintre différent , ce qui fe fait toujours par la même méthode , laquelle eft feulement un peu plus compliquée. On l8o, Section 1F. §. I. De la manière de tracer les Panneaux. 489 On commence d'abord par tracer à côté du panneau les deux coupes des . bouts, ainfi que celles A 8c B , ¥ig. i ; enfuite après les avoir divifécs, non Manche pas chacune d'elles en parties égales , mais par des divifions prifes fur l'une des deux , & menées à l'autre par des lignes parallèles , on fait fur les deux lignes des extrémités du panneau , le développement de chacune des courbes , en obfervant de prendre bien exadement les diftances qu'il y a entre chaque divi- Con , foit qu'elles foient égales ou inégales entr'elles ; enfuite , par chaque point de divifion développé , on trace des lignes fur lelquellcs il refte à tracer les largeurs & les contours du panneau , ce qui fe fait de la manière fuivante : De toutes les divifions on abaiffe des perpendiculaires, dont on porte les diftances fur les projetions du plan C D , dont on prolonge la ligne du devant a m , indéfiniment ; enfuite , par chaque point de projeftion , on fait palTer les lignes de divifion du plan , lefquelles repréfentent celles de l'élévation , que l'on prolonge jufqu'à ce qu'elles rencontrent la ligne a m au point n ; pour la ligne l> f, au point o ; pour celle c^, au point/;, qui fe trouve hors de la Planche ; pour la ligne d/i, au point q, hors de la Planche ; pour la ligne c i ; enfin au point r, pour la ligne bl: puis de chacun de ces points on élevé autant de perpendiculaires à chacune des lignes de félévation qui leur font correfpondantes , & que l'on prolonge à ce fujet. Le refte fe fait félon la méthode ordinaire , c'eft-à-dire , que l'on fait la diftance 1,2, égale \ae; cselle s 4 , égale à nj ; celle t 6 , égale log; celle u 8 , égale Iph; celle x <j , égale lqc;8c celle y 11, égale à rb : enfuite on porte ladiftance/^ de 4 à 3 ; cel - le^cde ôàj ; celle A ^2' de 8 à 7 ; celle c i de 9 à ro ; & celle ^/de rr à 12. Puis on divilera chaque ligne foit du plan foit de félévation, en deux parties égales , ce qui donnera la ligne du milieu du panneau. Pour peu qu'on veuille faire attention à ce que je viens de dire ci-delfus , il eft fort aifé de voir que pour avoir les furfaces développées d'un panneau de l'efpece dont je parle , il faut le confidé* comme faifant partie du déve-- loppement des furfaces de deux cônes qui fe pénètrent , & dont les fommets fèroient oppofés. Lorfque les panneaux font fur un plan biais , comparaifon faite avec leur pro- jeâion , on commence par tracer félévation géométrale & la coupe ; enfuite on trace le plan au-deffous de l'élévation géométrale , ainfi que dans la FLo. 3 ; puis après avoir fait le développement de largeur du panneau , Flg. 2 , on en a le contour en relevant des perpendiculaires du plan que l'on élevé à chaque ligne de divifion qui leur font correfpondantes , ainfi qu'on peut le voir dans cette Figure. S'il arrive que le bout du panneau , au lieu d'être une ligne droite Comme la ligne AB,Fig.-^, (laquelle eftrepréfentée par celle F G H, Fig. 2,) fi , dis- je, cette ligne étoit une ligne courbe comme celle C D E , à& chaque point où cette courbe coupe les lignes horifontales de félévation on abailTe autant Menuisier. III. Pan. I i i i i i 490 ME NUI S 1ER, III. Part. Cliap. II. de perpendiculaires fur le plan, jufqu'à ce qu'elles rencontrent les lignes de divifion qui font correfpondantes à celles de l'élévation dont partent les perpendiculaires; puis on porte la longueur des lignes du plan fur l'élévation développée Fis;. 3 , où l'on fait k diftance a i égale à A 2 ; celle b 3 égale à i 4 ; celle c 5 égale à / 6 ; celle dj égale à m 8 ; celle e 9 égale l nio ; celle /il égale à 0 12; & celle g 13 égale à/) 14. Si les panneaux biais étoient en même temps gauches ou de différents cin^ très des deux bouts , on fe ferviroit toujours de la même méthode , en obfer- vant de prendre les diftances pour déterminer la longueur du panneau fur les lignes du plan , prolongées jufqu'à ce qu'elles rencontrent labafe de ce même - plan , comme dans la Figure l. Ce que je viens de dire touchant la manière de tracer les panneaux des voitures , renferme une méthode générale pour tous les cas poflîbles , du moins elle y eft applicable ; c'eft pourquoi je ne m'étendrai pas davantage à ce fujet ; de plus , on peut recourir à la partie de l'Art du Trait , dont k connoiflànce & les principes font abfoluraent néceffaires pour bien entendre ce que je viens de dire ici & ce que je dirai dans la fuite de cet Ouvrage , qui y aura rapport. Je fais bien que les Menuifiers en CarrolTes ne prennent pas , du moins pour la plupart , toutes les précautions dont je viens de parler pour tracer les pan- neaux des voitures , fe contentant de les tracer d'après les bâtis , & de laiffer du bois de plus où ils le croient néceffaire ; enfuite de quoi ils les cintrent & les mettent dans les bâtis où ils les ajuftent ; & s'il fe trouve qu'ils foient trop longs ou trop larges , ils écartent également les bâtis d'un bout à l'autre , & tracent fur le panneau un trait au pourtour de ces mêmes bâtis , ce qui leur fait voir l'endroit où le panneau porte , & où il faut en ôter. Comme les voitures font peu cintrées, & que par conféquent leurs pan- neaux ont peu de ralongement , il eft affèz aifé de les tracer fans recourir aux pratiques que j'ai données cii^elTus , du moins cela paroîtroit ainfi , s'il n'ar- rivoit pas tous les jours , que malgré l'expérience qu'ont les Ouvriers , laquelle leur a feule donné le ralongement & la forme de leurs panneaux , s'il n'arrivoit pas , dis-je , qu'ils font des panneaux trop étroits ou trop courts , de forte qu'ils n'ont prefque pas de languette à certains endroits , ou , ce qui eft quelque- fois pis , on voit le jour au travers , de manière que ces panneaux ne peuvent pas fervir ; c'eft pourquoi on doit prendre le parti le plus sûr , qui eft celui des-> principes , lequel non-feulement garantit la juftelTe de l'opération , mais encore accélère l'exécution de l'ouvrage. Ce n'eft pas qu'il faille tracer ainft tous les panneaux des voitures , un de chaque efpece étant fuffifant pour tracer deffus ceux des voitures d'une même forme & grandeur. De plus , la théorie , fondée fur de bons principes , ralTure l'Ouvrier , Se le met à portée de les fuivre ou de s'en écarter avec raifonnement & connoiflànce de caufe. 180. Section IV. §. IL De la manière défaire revenir les Panneaux. 491 Quand les panneaux font tout-à-fait chantournés , on achevé de les replanir - le plus parfaitement poffible , afin qu'il n'y refte point d'onde ni aucune Planche efpece de bois de rebours, ce qui eft nécelfaire pour que les peintures & les vernis que l'on applique deffus , foient & paroifTent parfaitement unis. Lorfque les panneaux font tout-à-fait replanis , on les met au molet à environ deux lignes d'épaiffeur , ces panneaux ne fe mettant pas au molet comme ceux de la Menuiferie ordinaire , c'eft-à-dire , avec un feuilleret ; mais au contraire, on fe contente d'y faire un chanfrein , lequel étant pris de coin , ne diminue pas confidérablement l'extrémité de la languette , & conferve davantage de force au panneau. Voye^ La Fig. 4. Il faut avoir foin que les languettes foient très-juftes , parce que pour peu que les panneaux fe trouvent courts , il y auroit du jour entre ces derniers & la joue du bâtis , fur-tout aux endroits où ils feroient cintrés en bouge , ce qui feroit un très-mauvais effet , auquel on ne pourroit remédier qu'en callant derrière les panneaux , ce qui ne fait jamais bien , & de plus la grande jufteffe des panneaux , tant fur la longueur & la largeur que fur l'épaiffeur , étant elTentielle à la folidité d'une voiture. §. II. De la rmùere défaire revenir les Panneaux par le moyen du feu. Il eft plufieurs manières de faire revenir les panneaux félon qu'on veut les cintrer à bois de fil ou à bois de travers , lefquelles manières je vais donner ci-après, avec l'avantage & le défavantage de chacune d'elles, afin que f on puiife préférer fune ou l'autre d'e ces différentes méthodes , non pas parce que c'eft l'ufage , mais au contraire félon que le cas femblera l'exiger. Les panneaux des voitures fe cintrent ordinairement fur la largeur du bois , ce qui eft la meilleure manière , comme je le prouverai ci-après ; ce n'eft pas qu'on ne puilTe faire revenir les panneaux à bois de fil , c'eft-à-dire , les faire ployer fur la longueur, ce que l'on fait quelquefois pour épargner le bois de largeur , qui eft toujours plus cher que l'autre ; mais cette manière de faire ployer les panneaux eft abfolument vicieufe , parce qu'ils font fujets à fe redreffer après avoir été employés, ce qui fait un très-mauvais effet, le milieu d'un panneau devenant droit pendant que les cotés font cintrés; 'de plus , le bois des panneaux en fe redreffant ainfi, fait déjoindre les traverfes en les obligeant de ployer au milieu, & quelquefois rompt les languettes de côté, & fe fend à différents endroits, ce qui eft fort difgracieux lorfqu'une voiture eft toute finie, puifque pour remettre un autre panneau , il faut la démonter toute entière, c'eft-à-dire , défaire non - feulement l'ouvrage du Menuifier , mais encore celui du Serrurier , du Peintre Se du Sellier. On ne doit donc employer les panneaux à bois de fil, que quand les 49^ ME N UISIER , 111. Pan. Chap. IL voitures n'auront pas de cintre fur l'élévation, ou du moins affez peu pour qu'on ne craigne pas qu'ils fe redreffent; car dans tout autre cas cette manière d'employer les panneaux eft abfolument à rejecter , & fi j'en parle ici , ce neft que pour en faire connoître tous les inconvénients & le mauvais ufage. La meilleure manière de creufer , ou pour mieux dire , de faire ployer les panneaux , eft de les faire à bois de travers , c'eft-à-dire fur fa largeur , parce que les pores du bois de travers fe refferrent ou fe dilatent beaucoup mieux que le bois de fil , vu que dans le premier cas ce font les couches annulaires qui fe refferrent ou fe dilatent , ce qui leur eft naturel ; au lieu que dans le fécond cas , ce font les fibres ligneufes , lefquelles tendent toujours à fe redre.Ter pour peu qu elles foient libres de le faire , ou qu'elles y foient excitées par la trop grande chaleur ou par l'humidité. Il fuit de ce raifonnement , que la manière de cintrer le bois au feu fur le bois de fil , eft abfolument vicieufe , ainfi que je vais le démontrer , & que quand on cintre les panneaux à bois de travers , on fera très-bien , quand ils ne le feront que d'un fens , de les creufer du côté de la dolTe , parce que les rayons ou mailles des bois étant plus diftants l'un de l'autre de ce côté que du côté du cœur , il y refte par conféquent plus de parties tendres , lefquelles prêtent plus aifément à la preffion ; ce qui arrive tout naturellement aux bois qu'on laiffe expofés à l'air , lefquels fe bougilTent tM0ms du côté du cœur , ainfi que je l'ai expliqué ailleurs. Quand les panneaux feront cintrés en S, il n'y aura pas d'autre choix à faire que le plus beau côté du bois, pour en faire le parement de l'ouvrage, à moins toutefois qu'il n'y ait une partie de ce cintre beaucoup plus cintrée d'un côté que de l'autre ; dans ce cas , il faudroit mettre le côté cintré le plus creux du côté de la dolfe , ainfi qu'aux panneaux cintrés d'un feul côté. Il eft encore une obfervation à faire avant de creufer & même de débiter les panneaux , qui eft de faire fuivre' , autant qu'il fera polfible , le fil du bois avec le parallélifme des divifions des cintres , parce que quand le fil du bois fe trouve oblique avec le niveau des cintres , ils ploient difEcilement , font des ondes & même des plis marqués , ce qui eft aifé à concevoir , puifqu'ils tendent à être à bois de fil , ce qui les met dans le cas de fe ployer mal aifément & inégalement. Quand on a pris toutes les précautions nécelfaires pour difpofer les panneaux^ & que la voiture eft prête à monter , on fait revenir les panneaux de la manière fiiivante : On allume d'abord un feu clair 8c vif ; puis après avoir mouillé avec une éponge le côté du panneau qu'on veut faire bougir , on préfente le côté oppofé au feu jufqu'à ce que le panneau foit fuififamment cintré , en obfervant toujours de mouiller le panneau à mefure qu'il chauffe & qu'il creufe , & d'y préfenter le calibre de temps en temps pour voir s'il creufe alFez 8c également tant SECTioif IF. §. n. De la manière de faire revenir les Panneaux. 495 tant fur la largeur que fur la longueur , c'eft-à-dire , fi un des bouts n'eft pas plus ou moins creufé que l'autre. Dans le premier de ces deux cas , c'eft-à-dire , quand on s'apperçoit qu'il creufe plus d'un côté que de l'autre , foit parce que le feu eft de côté ou que le bois eft d'une inégale denfité , on écarte du feu le côté qui Creufe trop vite , ou même on le cache avec une barre de fer , Fig. J , large de 3 à 4 pouces , que l'on tient prête à cet effet. Quand il chauffe plus d'un bout que de l'autre , ce qui arrive prefque tou- jours à celui d'en bas , on y remédie en retournant bout pour bout. Comme il arrive quelquefois que les panneaux font d'une forme mixte , & qu'il y auroit à craindre qu'ils ne fe cintraflent trop , on fait d'abord un feu d'une médiocre étendue ; puis on prend des barres de fer ou même de bois , que l'on met devant le panneau à f endroit que l'on veut empêcher de fc cintrer , lef- quelles barres empêchent l'adion du feu , & confervent le panneau dans fon état naturel. On peut aufli augmenter ou diminuer fadion du feu , en mouillant plus ou moins le derrière du panneau , c'eft-à-dire, le côté que Ton veut faire bougir , parce qu'en augmentant fhumidité , on aide à la dilatation du bois , & par conféquent à f aftion du feu qui tend à pouffer ; & qu'au contraire , en di- minuant fhumidité , le bois fe dilate moins & réfifte davantage au feu. Ce que je viens de dire pour tout un côté d'un panneau , peut auffi s'appliquer pour des parties de ce même panneau , lefquelles fe trouvent d'une inégale denfité , c'eft-à-dire , plus dures ou plus tendres , & ont par con- féquent befoin d'être plus ou moins mouillées. J'ai dit plus haut qu'il falloit faire un feu clair & vif, il faut cependant éviter qu'il foit trop violent, parce qu'alors la chaleur ftifiroit le bois trop vivement, & ne laiflèroit pas le temps à fhumidité de pénétrer , ce qui f expoferoit à fe fendre en féparant les parties qui le lient ; au lieu qu'une chaleur modérée , fécondée de fhumidité extérieure , fait ouvrir doucement les pores du bois , & y facilite l'entrée de fhumidité , qui , en ramolliflant les parties poreufes , les rend capables de preffion & d'élafticité. Quand les panneaux font cintrés en S , il eft fort aifé de leur faire prendre leur forme , puifque quand on les a fufBfamment cintrés par un côté , on les retourne de f autre , ce qui ne fouffre aucune difficulté. Quand les panneaux ne font cintrés que fur un bout ou qu'ils font gauches , comme ceux d'une Diligence à la Françoife , on fe fert toujours de la même mé- thode , en obfervant de faire entrer le bout qui doit être droit dans un morceau de bois rainé à cet effet , & on a foin de ne mouiller & de ne chauffer le panneau qu'à f endroit que fon veut cintrer & gauchir. Voy. la Fig. 6. Il faut auffi faire attention d'éloigner du feu le bout du panneau qui doit Menuisier. IIL Pan. Kkkkkk 494 MENUISIER, III. Pan. Chap. II. ■ refter droit , en le penchant en dehors , ou en faifant enforte que le feu ne ^NCHE monte pas plus haut qu'il n'eft nécelîâire. Si les panneaux font d'un cintre inégal par les deux bouts , on les fait d'abord cintrer jufqu'à ce que le côté le moins cintré fbit revenu ; enluite on met ce côté dans la rainure de la pièce où il doit aller , ou dans toute autre d'un contour femblable , & on racheve de le cintrer de l'autre bout, ainfi que ci-deiïus. On fait revenir les panneaux un à un , c'eft-à-dire , que d'abord qu'un panneau eft cintré, il faut le mettre dans fon bâtis, ce qui lui conferve fà forme en l'empêchant de fe redreflèr ; de plus , cela donne le temps aux barres de fer de le refroidir , ce qui ne pourroit être C l'on faifoit revenir plufieurs panneaux de &ite , parce que les barres de fer venant à s'échauffer , feroient un elTet tout contraire à celui qu'on en attend , puilque par leur chaleur elles augmence- roient l'aftion du feu au lieu de l'empêcher. Lorfqu'on veut cintrer les panneaux fur le bois de fil , on s'y prend de la manière fijivante : Après avoir préparé les panneaux , c'cft-à-dire , les avoir replanis & mis au molet , on fait chauffer une barre de fer d'un médiocre degré de chaleur , afin qu'elle fbit afîèz chaude pour faire cintrer le bois fans pour cela y faire au- cune marque ; enfuitc on arrête le bout du panneau fur fétabli avec le valet , en obfervant de mettre defibus ce dernier une barre de toute la largeur du pan- neau , laquelle l'empêche de fe creufer à bois de travers , puis on pafîe la barre de fer entre l'établi & le panneau , à l'endroit où on veut le faire ployer, en obfervant de le mouiller en même temps , & d'appuyer lljr l'autre bout pour lui faire prendre fa forme , & en avançant ou reculant la barre de fer félon qu'il eft néceffaire. Il eft encore une autre maniera de cintrer les panneaux à bois de fil , qui eft d'en affurer le bout fur le bord de l'établi , de manière qu'il forte tout- à-fait en dehors ; enfuitc de quoi on fait porter le milieu fur une barre de fer fupportée par deux montants de bois que l'on avance ou recule au befoin ; puis on met au-deflôus du panneau , un fourneau plein de feu que l'on approche ou qu'on éloigne du panneau félon qu'il eft néceffaire : on appuie fur l'autre bout du panneau pour le faire ployer , & on a foin de le mouiller en même temps qu'on le chauffe. Il y auroit cependant à craindre qu'en appuyant fur le bout on ne le fit fendre ; c'eft pourquoi il feroit bon de le faire entrer dans un morceau de bois rainé , ce qui feroit très-commode. Comme la barre de fer qui fupporte le panneau , pourroit s'échauffer & brûler le panneau , on peut y fùbftituer une pièce de bois lùr le champ , ce qui lèvera toute difficulté ( * ). _ (*) Quoique je donne ki deux manières de i que j'en approuve rufage , au contraire ie le re- cmtrer les panneaux à bois de 61 , ce n'eft pas ! garde comme très-dangersux ; je n'en parle donc Section IV. §. II. De la manière de faire revenir les Panneaux. 493; Ce que je viens de dire touchant la manière de chantourner & de faire - revenir les panneaux au feu, renferme à peu-près tout ce qu'on peut dire à ce Planché fujet, la pratique & l'expérience qui en eft le fruit, donnant tous les autres fecours dont on peut avoir belbin , fur-tout pour le cintrage des panneaux , dont les bois doivent être plus ou moins chauffés félon qu'ils font durs ou tendres , & qu'ils font plus près du cœur ou de la doffe de l'arbre , ce qui fait qu'il n'eft guère poffible d'en dire davantage à ce fujet. Il faut faire attention que les bois ne peuvent être cintrés que fiir un fens, ou du moins que de très-peu de chofe , quoique dans l'exaéle vérité ils ne puiffent pas être cintrés des deux fens à la fois , c'eft-à-dire , à bois de travers & à bois de fil , parce qu'il faudroit que le bois fe rétrécît ou fe rélargît inéga- lement dans Ibn étendue , ce qui eft impoffible au bois , & ne peut avoir lieu qu'aux métaux tels que le fer , le cuivre , &c , lefquels fe rétrégnent au mar- teau , foit à froid ou à chaud. C'eft cette impoffibilité de creufer les panneaux fur les deux fens à la fois , qui eft une des principales caufes qui empêchent de faire les voitures cintrées fur le plan & fur la face verticale , du moins d'un cintre confidérable , ( car s'il • n'y avoit que 3 à 4 lignes de cintre , le panneau ployeroit aifément , ) ce qui cependant feroit un très-bel elïet , ainfi que je f expliquerai ci-après ; il eft vrai que cela obligeroit à prendre les panneaux dans du bois d'une forte épaiflèur , ce qui coûteroit feulement plus cher , fans pour cela rendre la caiiTe plus pefante , comme plufieurs Menuifiers l'objeâent , puifque l'on peut évuider ces panneaux en dedans , ( atnfî que font les Luthiers, aux tables de leurs inftruments ) à l'é- pailTeur ordinaire , ou du moins à peu-près ; car il fèroit bon que ces panneaux fulTent un peu plus épais que les autres , du moins à l'endroit du bois tranché , ce qui en augmenteroit la folidité fans qu'ils fulTent pour cela beaucoup plus lourds. ici que pour ne rien laiffcr à délirer au fujet voitures , peut être bonne & fervic dans d'autres de la manière de cintrer les panneaux de tous occafions ; c'eft ce qui m'a engagé à en parler les fens poffibles; de plus cette dernière , quoi- ici, ainfi que je l'ai annoncé dans la féconda que d'un mauvais ufage pour les panneaux des Partie de cet Ouvrage. 495 ME NUI S I E R, III. Pan. Chap. III. CHAPITRE TROISIEME. De la forme SC difpojldon des Voitures modernes en général. L E premier changement arrivé à nos Voitures modernes , a été de les fermer au pourtour au-delTus des accotoirs , ce qui a été une des principales différences qu'il y ait eu entre les Coches & les Carroflès , ainfi que je l'ai dit page 4^3- Au commencement les Carro/Iès étoient exaâement fermés au pourtour , excepté au-delTus des porti&res , lefquelles étoient ouvertes & fe fermoient avec des rideaux , afin de garantir des injures de l'air l'intérieur de la voiture ; enfuite on les ferma avec des verres , puis avec des glaces , l'ufàge de ces dernières étant devenu plus commun. Les premières glaces étoient à demeure dans les portières , ce qui les expo- , {bit à deux inconvénients^ fàvoir , celui de fe calFer en ouvrant ou en fermant la portière , & de priver d'air l'intérieur de la voiture , ce qui eft très-incom- mode , fiir-tout dans les temps chauds. Pour remédier à ces deux inconvénients , on a imaginé de rendre les glaces mobiles , non pas en les faif int ouvrir verti- calement , ce qui auroit été très-incommode ou même impoffible , mais au contraire en les failànt defcendre dans un efpace pratiqué dans l'épaiflèur de l'appui de la portière , ce qui a levé toute elpece de difficulté , & a rendu les voitures plus magnifiques & plus commodes , en facilitant l'ufàge des glaces non-feulement aux portières mais encore au devant , aux côtés , à la place des panneaux de cuftode , & même au derrière de la voiture , comme on le pratique quelquefois aux CarrofTes d'Ambaffadeurs & autres voitures magnifiques. Toutes ces glaces peuvent être mobiles & fe remplacer par des faux-pan- neaux , que l'on ôte des voitures quand on veut y mettre des glaces , ou bien qui defcendent à couliifes dans l'intervalle des panneaux de doublure ainfi que les glaces , de manière que ces dernières & les faux-panneaux fe trouvent renfermés dans l'épaiflèur de la voiture , fans qu'il foit néceflaire de les tranf- porter ailleurs lorfqu'on veut les changer. L'ufage des glaces eft d'une très-grande commodité , & augmente beaucoup la magnificence des voitures ; mais aufli il a le défaut d'en borner la forme , fur-tout lorfqu elles font mobiles , parce qu'alors il faut que les places deftinées à les recevoir , foient droites & dégauchies , & que quand une voiture eft d'une forme trop cintrée , ou que les cintres , n'étant pas femblables , forment un gauche , il arrive alors que Ton efl: obligé de faire rentrer les panneaux de doublure en dedans de la voiture , ce qui en diminue la largeur & qui eft très- incommode ; c'eft pourquoi avant d'entrer dans un plus grand détail touchant la Section I. De la hauteur ÔC largeur des Glaces. 497 la forme de chaque efpece de voiture , j'ai cru qu'il étoit néceflâire de donner une règle générale touchant le mouvement des glaces , de la place qu'elles peuvent & doivent occuper tant fur l'épaifFeur que fur leurs largeurs & hauteurs , comparaifon faite avec celles de la voiture , de leurs formes , & des différentes elpeces de couliflèaux dans lefquels coulent les glaces &. les faux panneaux , afin que cette connoilîànce une fois acquife , on foit à portée de déterminer au jufte le cintre des voitures , la grandeur & la forme des panneaux , & l'épailTeur des parties qui reçoivent les glaces, comme les pieds d'entrée, les battants de portières , &c. Section Première. Manière de déterminer la hauteur & la largeur des Glaces, comparaifon faite avec celles de la Voiture. La hauteur & la largeur des portières font fort aifées à déterminer , parce " ~~ - que c'eft la largeur du dedans de la portière , plus un recouvrement de 4 à j Planche lignes de chaque côté , qui donnent la largeur de la glace. Quant à fa hauteur, ' après avoir déterminé la forme générale de la voiture , & par conféquent la hauteur de la portière , ainfi que la Figure i , on divife cette hauteur en deux parties égales , prifes du delîus de la traverfe d'en bas , dans les deux angles au- deflbus de la traverfe d'en haut pris au milieu du cintre , plus 4 lignes de plus , qui font nécedàires pour la portée de la glace , & une de ces deux parties eft la hauteur de cette dernière , & l'autre détermine le dcfTus de l'accotoir ; de fcrte que quand la glace eft baiifée , elle fe trouve tout-à-fait cachée dans la hauteur de fappui de la portière , comme je f ai obfervé à la Fig. l , où la glace ab c d , cotée ^ , eft de même forme & grandeur que celle cotée B , laquelle j'ai marquée des mêmes lettres que l'autre , & qui eft tout-à-fait cachée dans la hauteur de l'appui de la portière , de forte que la hauteur ^ eft égale à celle e f. Il eft des occafions où pour grandir la hauteur de la glace , on entaille les deux côtés de la traverfe d'en bas , julqu'à ce qu'il n'y refte dans les angles que 6 lignes de bois d'après les feuillures , comme l'indique la ligne il , ce qui augmente la hauteur de la glace de près d'un pouce , & ce qui , par confé- quent , abaiffe l'accotoir de pareille hauteur , c'eft-à-dire , environ un pouce ; mais il faut prendre garde qu'en abaiflant ainfi les accotoirs , on ne grandiffè trop la hauteur des glaces de cufliode , de manière qu'elles ne puifl"ent plus être contenues dans fappui de côté , ce qui arrive quand le fond de la voiture eft beaucoup cintré , & qu'au contraire f impériale f eft peu. On remédie à cet inconvénient , en failànt une entaille dans le brancard pour V faire entrer le bas de la glace de cuftode ; mais il faut prendre garde que cette Menuisier , 111. Part, L 1 1 1 1 1 498 MENUISIER, m. Pan. Chap. III. •> entaille ne foit trop profonde & qu'elle n'ôte la folidité du brancard ; c'eft Planche pourquoi lorfqu'on fait la divifion de la hauteur des glaces d'une voiture , il faut avoir non-feulement égard à la hauteur de la portière, mais encore aux côtés de cuftode , afin que les glaces puilfent être toutes contenues dans la hauteur des appuis , fans être obligé de faire des entailles trop profondes dans les battants de brancard , ainfi que je f ai obfervé dans la Fig, i , où la glace de cuftode cotée Z) , eft de même forme & grandeur que celle C, & quoique entaillée dans le brancard, dont le delTus eft repréfenté par la ligne mno , elle laiffe encore un pouce de bois plein en defîous , ce qui eft fuffilànt. f Les glaces de cuftode font toutes cintrées par le bas , parce que le fond des voitures fêtant auifi , il faut qu'elles puilfent y être contenues ; il eft cepen- dant des occafions où ces glaces Ibnt quarrées ; mais ce ne peut être que quand les voitures font très-grandes , & quand elles font cintrées en S au lieu de l'être en cul-de-finge , c'eft-à-dire , faifant une partie d'ovale. D'ailleurs ces glaces quarrées ne peuvent raifonnablement s'employer que dans les voitures à trois cintres, où la plus grande hauteur de la portière fait remonter f appui , & par conféquent diminue la hauteur des cuftodes ; car autrement les glaces de cuftode quarrées font inexécutables , ainfi qu'on peut le voir à celles cotées E , dont l'angle p fort en dehors du brancard. Quoique j'aye tracé droit le deffus des accotoirs tant des portières que des cuftodes , on peut les cintrer C on le juge à propos , en obfervant feulement que les glaces foient toujours contenues dans la hauteur des appuis , fans qu'aucune de leurs parties excède en aucune manière le de/fus des traverfes d'accotoirs. De quelque manière que l'on difpofe les glaces de cuftode , & de quelque largeur que foient les traverfes qui leur fervent de battement , il faut toujours qu'il refte 9 lignes de jeu entre le de/fus de la glace & le pavillon , ce qui eft néceffaire pour la portée de la glace & pour la refuite de la languette ou apfichet de l'accotoir qui retient la glace en place ; ce qu'il faut auffi obferver aux glaces de portières, c'eft-à-dire, que quand elles font levées & que les portières font fermées , il fe trouve toujours entre le deffus de la glace & le deffous de la frife 6 lignes de jeu pour la refuite de l'apfichet, qui , jointes à 3 lignes de portée au moins , font les ji lignes demandées. Quand les glaces de cuftode font immobiles , on peut les faire de toute la largeur de cette dernière , ce qui ne fouffre aucune difficulté ; mais ce ne peut être qu'aux voitures d'une décoration magnifique. Aux portières de Diligences, où la traverfe du bas n'eft pas de niveau , on doit fe borner au côté le plus court , auquel on fait quelquefois une entaille à la traverfe, afin de ne pas trop hauffer la traverfe d'appui ou d'accotoir, ce qui eft la même chofe , & donner plus de hauteur à la glace. Voye^ la Fig. 2 , où la glace eft marquée à fa place & defcendue dans l'appui. Quant aux glaces de devant , c'eft la même chofe qu'à celles des côtés , c'eft- Section I. De la hauteur ÔC largeur des Glaces. 495 à-dire , que quand on yeut qu'elles foienc mobiles , leur largeur cft bornée . .. par celle du bas de la voiture prife entre les deux pieds corniers , ce qui fait Planche qu'aux voitures ordinaires on fait deux petits pilaftres aux deux côtés de la glace , ' ^ ' " lefquels regagnent l'inégalité de largeur de la voiture. La largeur de ces pilaftres eft donnée par la largeur intérieure de la voiture , ainlî que je l'ai déjà dit & que l'indiquent les lignes ab Sl c d, Fig. 3 ; cepen- dant quand par économie ou pour quelqu'autre raifon, on veut diminuer la grandeur de la glace , on fait non-feulement ces pilaftres plus larges , mais encore on met une frife au-deflbus de la glace , laquelle en diminue la hauteur comme les pilaftres en diminuent la largeur, ce qui en même temps grandit l'intérieur de la voiture , comme je l'expliquerai ci-après. Quand les glaces du devant des voitures Ibnt immobiles , on peut les faire de toute la grandeur de l'ouverture , fans aucune elpece de pilaftre ni de frifè. Ces glaces entrent à rainure dans un des pieds corniers , & à feuillure dans l'autre , fur lequel on rapporte une pièce à queue ou à vis , laquelle retient la glace ainfi qu'aux glaces de cuftodes immobiles. Pour les voitures dont la largeur du devant eft égale du haut en bas , comme les Diligences , les Vis-à-vis 8c autres , on peut y mettre des glaces de toute la largeur ; ce qui ne fouiïre aucune difficulté. P^oyei la Fig. 4. Quant à la hauteur de ces glaces , c'eft-à-dire , de celles du devant des voi- tures , elle eft toujours bornée par le deifus de la traverfe d'appui , qui doit être de niveau au pourtour de la voiture, du moins c'eft l'ordinaire , & par le milieu du cintre de la traverfe du haut ; il faut cependant faire attention qu'elles puiflent, lorfqu'on les baiffe ainfi que toutes les autres , être contenues dans f appui , au-delTus duquel elles doivent affleurer ; c'eft pourquoi une élévation telle que celle Fig. 3 (5 4 , ne fuffit pas , il faut y joindre une coupe , afin de fè rendre compte de la place que la glace doit occuper dans la voiture , en raifon de fa hauteur & du cintre de cette dernière , ainfi que je vais l'expliquer en parlant des couliifes propres à recevoir la glace & les faux panneaux. §. I. Des Couîijjes & des Coulijfeaux propres a recevoir les Glaces , leurs formes , proportions & conjlruclion. Lis glaces des voitures font contenues dans un chaflls dont je donnerai la , forme & la conftruétion dans la fuite , ne s'agiflànt préfentement que d'en Planche conncitre l'épaifleur, laquelle doit être de y lignes , afin qu'avec l'étolFe dont ce chiffis eft entouré , ainfi qu'un des côtés de la couliffe de la glace , on puiffe déterminer au jufte la largeur , ou pour mieux dire , l'épaiiTeur de cette couliffe , laquelle , d'après ce que je viens de dire , ne peut pas être moindre que de 6 lignes ou 7 lignes au plus , puifqu'il ne refte que deux lignes pour placer trois épailTeurs d'étoffe, qui eft ordinairement du velours, & le jeu néce/faire pour que ^oo MENU ISIE K, III. Part. Chap. III. === la glace coule aifément fans cependant être trop à l'aife , parce que fi cela étoit, Planche l'ébranlement de la voiture pourroit faire cafler les glaces , ce qui eft fort à craindre. Il faut donc que non-fculement la glace foit prife jufte quand elle eft levée > mais encore quand elle eft bailTée; c'eft pourquoi on doit faire en forte que les coulilfes n'ayent que 7 lignes de largeur à leur extrémité llipérieure cotée A , Fig. 2 , 7 lignes également du devant de TapCchet B , au dedans de la joue, ou pour mieux dire , d'après la faillie de la moulure. Il faut qu'il y ait pareillement 7 lignes de jeu entre le derrière de la traverfe & le dedans de la joue de la couliflè cotée C, & que la même diftance fe trouve pareillement en bas , cote D , de manière que la diftance de 7 lignes fe trouve feulement aux points A, B , C, D , es qui eft néceflàire pour retenir la glace & l'empêcher de balotter, foit qu'elle foit levée ou qu'elle foit abailfée. Quant à l'épaiflêur de cette couliflè dans tout le refte de fa hauteur , elle eft déterminée par le cintre de la voiture , qui lui donne plus ou moins de largeur dans la partie de l'appui , à raifon de ce que le cintre de la voiture s'écarte plus ou moins de la ligne droite. Pour bien entendre cette partie de la théorie des voitures , il faut d'abord faire attention que dans tous les cas la fuperficie des glaces eft droite & dégauchie , & qu'elles ne peuvent fe prêter à aucun cintre ni gauche ; c'eft pourquoi il faut que les places dilpofées à recevoir les glaces fbient parfaitement droites & dégauchies, afin que quand elles font dansl'apfichet ou feuillure du deflus de la traverfe d'appui , elles portent également .partout. Or , pour avoir les différentes largeurs des couliflès , on s'y prend de la manière fuivante : Après qu'on a déterminé le cintre de la voiture & tracé le deffus de la traverfe d'appui , ainfi que le point le plus haut de la glace , comme celui coté ^ , on commence à marquer 7 lignes de largeur à ce point , ainfi que je l'ai dit plus haut ; enfuite on met au nud de l'appui 17 lignes de diftance du dedans en dehors de la couliflè ; favoir, 7 lignes pour l'apfîchet , 3 lignes d'épaiflèur de languette , & 7 autres lignes pour le partage de la glace ; puis du point a au point i , on tire une ligne droite qui eft le dedans de la joue de la couliflè ; on fait la même opération par le bas , ce qui donne également le dedans de la joue , ou pour mieux dire , le dedans du panneau de doublure qui fert de joue. Quant au dedans de la couliife du côté du panneau , il ne peut être une ligne droite ainfi que la ligne c d, parce que fi cela étoit , la glace , en remontant , viendroit rencontrer la joue fupérieure de la coulifl"e au point d, ce qui lempê- cheroit de monter plus haut, à moins que la glace ne ployât, ce qui eft impoflible. Le dedans de la joue doit donc être une ligne courbe , dont on a le contour en faifant paffer au derrière de l'apfichet plufieurs lignes droites d'une longueur égale à celle de la glace , ainfi que celles efScgh, lefquelles étant plus élevées l'une Section I. §. I- Des Couliffes 3C des Couliffeaux , SCc. jfoi l'une que l'autre , & touchant par leurs extrémités Tupérieures au dedans de === la joue de la coulifle du haut , donnent à leurs extrémités inférieures autant Planche de points par où palïè la courbe décrite par le bas de la glace , dont les lignes c d, ef&. g h, repréfentent la furface. On fait la même chofe avec une règle de 7 lignes d'épaiflêur , & d'une largeur égale à celle de la glace, laquelle règle on fait pafîèr au derrière de l'apfichst , "& appuyer du bout fupérieur au dedans de la coulilîè , 8c on la fait monter tout le long de cette dernière , de manière qu'en attachant un crayon ou une pointe au bout inférieur de la règle , on trace tout de fuite la courbe demandée , à laquelle on ajoute une à deux lignes de jeu , afin que la glace ne foit point trop gênée dans fon mouvement. S'il arrivoit que les cintres d'appui fuflent différents , il faudroit les marquer l'un fur l'autre , afin d'en connoître le gauche , ( qui ne peut être que par le bas , puifque le haut doit toujours être dégauchi , ) & l'on opéreroit à l'ordi- naire , afin que les deux coulifles fuflent dégauchies entr'elles , quoique l'appui fût gauche en parement , ainfi que l'indique la ligne il m ( * ). S'il arrivoit que les voitures fuffent cintrées à rebours de la Figure que je viens d'expliquer , c'eft-à-dire , qu'au lieu d'être en bouge comme cette dernière , elles fuffent en creux , ce qui arrive aux portières des Chaifes de pofte , on le ferviroit toujours de la même méthode , excepté que l'on feroit l'opération de l'autre lèns , ainfi qu'on peut le voir dans la Fig. 8 , où les lignes n 0 , p q 8c r s, repréfentent la furface intérieure de la glace , & celles c u 8c ux , h joue de la couliffe du côté du parement. Les couliflès des portières fe font de la même manière & par la même méthode que celles dont je viens de parler , ainfi qu'on peut le voir dans la Fig. 4 , & fe prennent dans les battants , la glace fe plaçant par en haut , & la traverfe n'ayant d'épaiffeur à cet effet , que la joue de la couliffe , ou pour mieux dire , la faillie du profil , ainfi que je le dirai en parlant des portières. Lorfqu'on veut que les faux-panneaux foient contenus dans l'épaiffeur de la voiture , ainfi que les glaces , cela ne change rien à la manière de faire les couliffes, excepté qu'on en augmente la largeur de 10 lignes par le bas feule- ment ; favoir , 7 lignes pour le faux-panneau , & 3 lignes pour la languette qui fépare les deux couliflès ; quelquefois cette languette fe fait de cuivre d'une ligne d'épaiffeur , ce qui rend les bois moins épais , & par conféquent moins lourds , ce qui eft fort à conCdérer : pour le haut de la couliffe, elle doit toujours être de même largeur qu'aux couliffes Cmples ; cependant comme il arrive quelquefois que le peu de cintre du parement de l'ouvrage , oblige de faire les couliffes plus larges par le haut , afin que la joue de la couliffe abc, Fig. (*) Ce que je dis ici n'a guère lieu qu'aux por- 1 fait qu'afin de rendre la chofe plus fenfible , & tieres de Diligences , où la différence n'cfl pas li afin de n'avoir point à me répéter, grande que je l'ai marquée ici , ce que je n'ai j Menuisier , III. Pan. M m m m m m ME NU IS LE RJILPan. Chap.IIl. 6 , devienne droite , & que le faux - panneau puilTe monter aifément , on fait venir le haut de cette joue en adoucilîânt , afin qu'elle n'ait que 7 lignes de large à fon extrémité fupérieure , pour les raifons que j'en ai données ci- de/Tus. L'obfervation que je fais ici eft aufll applicable aux couliflès des glaces de devant de Vis-à-vis , &. à celles dè Cliaifes de pofte , ainfi que je l'ai repréfenté dans la Fig. 7 , qui eft un battant ou pied cornier de Vis-à-vis , & dans la Fig. 8 , dont la démonftration eft applicable à la glace du devant d'une Chaife de pofte. Les couliflès fe font dans les battants de portières , comme je viens de le dire ; pour ce qui eft des glaces de côté des voitures , on fait leurs couliflès d'un côté dans le pied d'entrée , & de l'autre dans des couliflèaux qui fe rap- portent à plat fur les panneaux de cuftode , lefquels leur fervent de joue inté- rieure feulement par le haut ; pour le bas, ils ont une joue , laquelle ne va que jufques fur le panneau, dont elle &it les contours. Les couliflèaux fè font de la même manière que les couliffes \ c'eft pourquoi je n'entrerai pas dans un plus grand détail à ce fiijet , l'infpeâion feule des Figures étant plus que fuffifante. Voye:^ la Fig. I , qui eft le couliflcau de la Fig. 2 ; la Fig. 3 , qui eft celui de la Fig. 4 ; enfin la Fig. J , qui eft le couliflèau de la Fig. 6 : auxquels coulilîèaux j'ai obfervé des entailles pour recevoir les traverfes d'appui & les barres qui portent les panneaux. Les glaces de portières fè retirent par le haut ; mais celles de cuftodes ne peuvent pas fortir de même , vu qu'il faudroit démonter le pavillon , ce qui n'eft pas polfible ; c'cft pourquoi on a imaginé de les faire fortir à refuite par le côté , par le moyen d'une barre 3 queue placée dans le couliflèau du côté du panneau , lequel lui fert de joue. Cette, barre à queue doit avoir 7 lignes quarrées , afin que quand elle eft ôtée , on puiflè faire entrer la glace à fa place , laquelle a pour lors la refuite néceflàire pour fortir de l'autre couliflè , laquelle n'a , ainfi que toutes les autres , que J lignes de profondeur. Les barres à queue ne s'attachent pas ordinairement , étant fuffifamment retenues par le frottement de l'étoffé dont elles font entourées , & dont font garnies les feuillures qui les reçoivent ; c'eft pourquoi il faut avoir foin que ces barres à queue foient moins fortes que la place qu'elles doivent occuper , afin de laifler de la place pour l'étoffe. Vojei ^^g- 9 & 10 , qui repréfen- tent un couliflèau ainfi difpofé , coupé au plus haut & à l'appui , & les Fig, II & 12, qai repréfentent des couliflèaux fans barre à queue , coupés de même manière , mais difpofés pour recevoir des glaces & des faux-panneaux. La largeur des couliflèaux eft ordinairement de l5 lignes, afin qu'ils ayenc aflèz de bois d'après la rainure pour y placer les vis avec lefquelles on les attache au bâtis ; quant à leur hauteur , ils viennent finir par le bas fur le bran- card , & par le haut on les laifle paflèr d'un demi-pouce au-deflîis des traverfes , Sect. I. §. II. Ves Chajfis de Glaces , des faux-Panneaux , SCc. 503 afin qu'ils entrent tout en vie dans les battants de pavillons , ainll que les pieds " - corniers & les pieds d'entrée. ^^82!"^ Ce que je viens de dire des couliffeaux de côté , doit auffi s'appliquer à ceux de devant , excepté que l'on fait quelquefois ces derniers de 2 lignes plus niinces que les autres. Le bas des coulilTes ain/î que des couliffeaux , n'a pas de joue en parement , c' eft-à-dire, en dedans de la voiture depuis le nud de l'appui ; mais au contraire on y fait une entaille fur toute leur largeur , de répaiffeur de la joue fupérieure, laquelle entaille eft faite pour recevoir les panneaux de doublure , lefquels tiennent lieu de joue , & garantiifent les glaces lorfqu'elles font baiflees. Ces doublures fe font de bois blanc de 4 lignes d'épailFeur , qui cft celle de la joue intérieure des couliifeaux ; on les met toujours couchées , ôc fur la rive du haut , c'eft-à-dire , à f endroit de l'accotoir ; on y met une alaife d'environ 3 pouces de large, laquelle a 7 lignes d'épailTeur au moins , & qui eft nécelFaire pour porter la garniture d'accotoir que les Selliers y mettent, f^qyei les Fig. 3 , 4 ê lî , où j'ai marqué les panneaux de doublure en coupe avec leurs alaifès ou emboîtures , & les Fig. i , 3 <& 5 , où l'entaille eft faite pour recevoir les panneaux de doublures , & TépailTeur de ces derniers qui y eft marquée par des lignes ponéluées. §. II. Des ChaJJls de Glaces, des faux-Panneaux & des Jaloujies de toutes efpeces ; leurs formes & conjlruclion. Après avoir traité des coulilTeaux , il eft tout naturel de parler des chaflîs - de glaces & des faux-panneaux auxquels ils fervent , afin de terminer tout de jgj. fuite ce qui concerne la partie des glaces , & de ne point interrompre la def- cription des voitures , dont je ne parlerai qu'après avoir fini toutes les parties de détail , tant intérieures qu'extérieures. ■ Les chaffis de glaces fe font de bois de noyer ou d'orme , mais plus fouvent de noyer , ce qui eft meilleur ; ils ont J lignes d'épaiffeur fur 7 lignes de largeur aux battants , 9 lignes à la traverfe du bas , & 1 1 lignes à celle du haut , du moins pour l'ordinaire. Au milieu de Tépaiflêur des chaflîs de glaces , on fait une rainure de 4 lignes de profondeur fur 3 lignes d'épaiifeur , ce qui eft nécelîàire pour recevoir les deux côtés de l'étoffe dont ces chaflîs font garnis , Se pour recevoir la glace qui eft chanfreinée au pourtour pour lui donner de fentrée. Le dehors du bois des chaflîs doit être très-arrondi fiar tous les battants , afin . d'en faciliter le coulement ; on doit aufll en arrondir les arêtes intérieures , pour que fétoffe ne fe coupe pas. Les chaflîs s'aflèmblent à tenons & mortaifes à l'ordinaire ; mais on ne les cheville ni ne les colle point , parce que les Selliers ne pourroient pas y faire 504 ME NU ISIE R, IIL Part. Chap. III. =5 entrer la glace. J^ojei les Fig. ï & x , qui repréfentent un chaffis vu en coupe ^'"^g ™^ & de face , & un profil grand comme l'exécution. Lorfque ces chaffis font cintrés en ovale , comme il arrive aux voitures à trois cintres , ce que j'ai indiqué par des lignes ponéluées Fig. 2 , on aflèmble la traverfe du haut en enfourchemenc dans les battants à la retombée du cintre , en obfervant de faire l'enfourchement dans la traverfe cintrée , & le tenon dans les battants. Voye^ la Fig. 1 , cote A. Pour rendre ces chaffis plus folides , & mettre moins de bois tranché dans les traverfes , on fliit cintrer le bout du battant & on fait le joint plus haut, ce qui diminue le bois tranché de la traverfe , & par conféquent augmente la folidité du chaffis. Voyez la même Figure , cote B. Les faux -panneaux fe font de bois blanc afin d'être plus légers, de 4 lignes d'épaiffieur au plus , pour que lorfqu'ils font garnis de cuir en dehors & d'étoffe en dedans, ils n'ayent que 6 lignes d'épaiffeur au plus , & qu'ils paffent aifé- ment dans les couliifes. Les faux-panneaux fe font de planches jointes enfemble à l'ordinaire , & on les emboîte par les deux bouts afin de les rendre plus folides,. & qu'ils ne puiflent pas coffiner aifément ; de plus , comme ces emboîtures ne peuvent être aifemblées qu'à rainures & languettes vu leur peu d'épaiffeur , il faut avoir foin que le bois foit très-fec , afin qu'il ne faffe aucun effet , ce qui feroit d'autant plus défagréable , que le cuir qu'on colle & qu'on applique delîùs , feroit des plis & fe rideroit , fi le bois venoit à fe retirer. Il faut auffi avoir grand foin que les faux-panneaux foient parfaitement replanis , parce que la moindre onde qui fe trouve paroît au travers du cuir , ce qui fait un mauvais effet. En général , on ne met de faux-panneaux qu'aux glaces de cuftodes , du moins pour fordinaire ; cependant on peut auffi en mettre aux portières , fur-tout aux voitures de campagne que l'on voudroit tenir clofes pendant la nuit. Les arêtes du pourtour des faux-panneaux doivent être arrondies , fur-tout fur la largeur , pour faciliter le coulement , ainfi qu'aux chaffis de glaces. Voyei les Fig. 3 ér 4 , qui repréfentent un faux-panneau vu de face & en coupe. Quand on met des faux-panneaux au derrière des voitures , leur conftruélion eft la même qu'à ceux dont je viens de parler , excepté qu'ils doivent être plus épais , étant beaucoup plus grands & ne defcendant pas dans des couliffes , ce qui ne feroit cependant pas abfolument impoffible. Il efl des faux-panneaux , tant pour les portières que pour les autres glaces , qui , quoique pleins en apparence , peuvent cependant avoir des jours & donner de fait à f intérieur de la voiture. Ces elpeces de faux-panneaux , ou pour mieux dire , de jaloufies , ne font pas recouverts d'étoffe en dedans ni en dehors , mais font de bois apparent , & ont , ou du moins peuvent avoir, 6 lignes d'épaiffeur. Ils Sect. I. §. II. Des Chajfis de Glaces , des faux-Panne aux , SCc. joj Ils font compofés de bâtis dans lefquels font affemblés des panneaux dont — . l'épaifTeur égale la moitié de celle des bâtis ; ces panneaux font percés à jour , Plancî & forment différents compartiments. 183. Au derrière de ces panneaux , & par conféquent en dedans de la voiture, font placés d'autres panneaux , lefquels fe meuvent à coulilles dans les bâtis , 8c font percés des mêmes compartiments que ceux du parement , de manière qu'en les poulîànt d'un côté , les jours des compartiments fe trouvent vis-à-vis l'un de l'autre, & donnent du jour & de l'air à fintérieur de la voiture, & qu'en les pouffant d'un autre côté , les jours fe trouvent exaélement fermés. Voye:(_ la Fig. 5 , qui repréfente un de ces panneaux vu en parement, & dont les jours cotés a , a, font ouverts ; & ceux cotés i , , font fermés. Voyez auilî la Fig, 6 , qui repréfente le même chaffis vu par derrière, avec une partie des panneaux ouverte & l'autre fermée , ainfi que dans l'autre Figure , & où j'ai marqué par des lignes ponétuées les jours qui fe trouvent bouchés , tous cotés des mêmes lettres. Pour parvenir à bien faire les compartiments de ces fortes de jaloufîes , il faut d'abord faire attention que tous les pleins & les vuides des panneaux de dehors & de ceux du dedans foient égaux entr'eux, & que les pleins foient plus larges que les vuides , afin qu'en faifant mouvoir les panneaux de derrière , ces pleins cachent non-lèulement les vuides du panneau de devant , mais encore recouvrent deffus , afin de boucher totalement le jour , ou pour mieux dire , que les pleins des deux panneaux bouchent mutuellement leurs vuides & recou- vrent deffus. Il faut auffi faire attention que foit que les panneaux intérieurs foient ouverts ou fermés , ils portent jufte contre les bâtis de la jaloufie , afin qu'ils fe trouvent tout de fuite à leur place , fans qu'il foie befoin de prendre aucune précaution pour les faire ouvrir ou fermer exaétement. Voye[ la Fig. 7 , où j'ai defiîné au double des Figures ci-deflùs , une partie de jaloufie , dont. la moitié eft ouverte & l'autre fermée , au-deffus de laquelle eft marquée la coupe de cette même jaloufie , partie ouverte & partie fermée , & cotée des mêmes lettres que fon élévation , & d'après lefquelles Figures on peut aifément voir tout l'ordre que l'on doit mettre dans les ouvertures de ces jaloufies. J'ai auffi tracé au bas de la même Figure , la coupe du bâtis fans aucun panneau , afin qu'on en puiffe voir i'afîèmblage. Quant aux panneaux , ils font à frottement l'un fur l'autre ; & pour que les deux rainures ne fe confondent pas , on fait la rainure du panneau mobile , de moitié moins profonde que celle du panneau dormant , ce qui fait que les deux panneaux , quoique dans une même rainure, tiennent ou fe meuvent indé- pendamment f un de l'autre. Voyei la Fig. 8 , qui repréfente la coupe d'une traverfe avec un bout de battant ainfi rainé. Comme ces faux-panneaux ou jaloufies font apparents , il faut les faire de bois Menuisier , III. Parc. N n n n n n 5o5 MENUISIER, 111. Pan. Chap. III. — propre , fur-tout quand ils ne font pas peints ; c'eft pourquoi on peut non- Planche feulement y employer le noyer , mais encore le bois de rofe , de violette , ou 183. , . tout autre bois précieux. ■ On fait encore d'autres jaloufies pour les CarrolTes , lefquelles font fem- Planche blables à celles des croifées de bâtiment, c'eM-dire , qu'elles peuvent être mobiles ou immobiles , ainfi que ces dernières , à condition , toutefois , qu'elles feront enfermées dans un bâtis , ainfi que je vais le dire ci-après. Les jaloufies de voitures font de deux efpeces ; favoir , celles dont les lattes font immobiles , & celles dont les lattes font mobiles : dans les deux cas , on doit y faire un bâtis au pourtour , de la même forme & grandeur que ceux des chaffis de glaces , dans lefquels bâtis on place des lattes d'une ligne d'épaif feur au plus : ces lattes s'aifemblent en entaille d'une ligne de profondeur , ce qui eft fuffifant, parce qu'une plus grande profondeur aifoibliroit trop les battants. Comme les lattes font extrêmement minces & qu'elles pourroient ployer fur leur longueur, on les entretient par le moyen d'un ruban que Ton colle & attache au milieu de la jaloufie & fur le devant des lattes, f^oye^ la Fig. r. Ces jaloufies ne doivent pas avoir plus de 6 lignes d'épaiffeur , afin qu'elles paiflènt couler aifément; c'eft pourquoi on doit faire affleurer toutes les lattes , ainfi que je fai obfervé dans la Fig. 3 , laquelle en repréfente un bout de coupe grand comme l'exécution. Quant aux jaloufies mobiles , elles font très -commodes , parce qu'on les ouvre à tel degré qu'on veut , 8c qu'on les ferme même tout-à-fait , ainfi que le repréfente la Fig. 2. Les lattes de ces jaloufies fe recouvrent à feuillure les unes fur les autres , & font arrêtées dans les bâtis par le moyen d'un goujon de cuivre , qui entre d'un bout dans ces derniers , Se de fautre reçoit dans un enfourchement la latte qui y entre toute en vie. On fait mouvoir ces lattes par le moyen d'un reffort , lequel eft placé dans le milieu de la traverfe d'en bas , & qui eft attaché à un ruban qui tient toutes les lattes , de manière que quand le reffort eft libre , il contraint toutes les lattes à defcendre en contre-bas , & par conféquent fait fermer la jaloufie , comme on peut le voir dans la Fig. 4. Quand on veut ouvrir la jaloufie , on tire le bout du ruban a , Fig. 4 <§■ ^ lequel tenant à toutes les lattes les fait ouvrir, & on arrête ce ruban à un crochet b , mêmes Figures , lequel retient la jaloufie ouverte à tel degré qu'on le juge à propos , ce qui eft fort aifé à concevoir , puifqu'en tirant le ruban en contre-bas , on comprime le refîbrt dont la tenfion tient les lattes en refpeâ , & les empêche de fe mouvoir. Ces jaloufies font d'un ufage très-facile , puifque pour les ouvrir ou les fermer, on n'a qu'à arrêter le ruban qui tient aux lattes , ou le lâcher ; toute Sect. 1. §. II. Des Chajfis de Glaces, des faux-Panneaux, ôCc. ^oj la précaution qu'il faut avoir , c'eft de lâcher le re/Tort toutes les fois qu'on — , veut baiflèr la jaloufie dans fa couliffe. Planche Les deux efpeces de jaloufies dont je viens de parler , font , pour l'ordinaire , ' à bois apparent ; c'eft pourquoi on fera très-bien de les faire de bois précieux, ainlj que celles dont j'ai parlé plus haut ; cependant comme il arrive quelque- fois que les Selliers les garnilTent en taffetas verd collé deflus , fur-tout celles qui font immobiles , il ne faut pas alors y mettre de fi beau bois , du noyel blanc étant fufEfant. On fait ufage des faux-panneaux & des jaloufies dont je viens de parler , non-feulement aux glaces de portières , mais encore à celles de devant & de cuftode ; c'eft pourquoi je n'en parlerai pas davantage. Cependant il faut faire attention que quand les glaces de cuftode feront arrondies comme la Fig. 7 , il faut toujours en faire le dehors comme le chaffis Fig. 6 , parce que comme on met des pitons a , a, aux deux côtés des chaflis , dans lefquels palTent des fils de laiton qui fervent à les conduire , il faut néceffairement que les pitons fe trouvent tout en haut du chaifis , afin que quand il eft bailfé , l'autre extrémité du fil de laiton fe trouve à l'entrée de la coulilTe d'appui , ce qui eft néceffaire pour pouvoir f arrêter commodément , le panneau de doublure étant pofé : de plus , cet angle de chaflîs étant confervé ne nuit à rien , & fert à maintenir le chaffis dans la couliffe , laquelle doit toujours être perpendiculaire , ainfi que l'indiquent les lignes a , i , des deux Figures. Ce que je viens de dire touchant les chaffis des glaces de cuftode , doit auffi s'entendre de leurs faux-panneaux & de leurs jaloufies , ainfi que je l'ai déjà dit , fuppofé qu'on y falTe ufage de ces dernières , ce qui eft rare. Le vuide des glaces fe remplit encore d'une autre manière que celles donc je viens de faire mention , ce qui , à la vérité , ne regarde pas le Menuifîer , n'étant , à proprement parler , que l'affaire du Serrurier & du Sellier ; c'eft pourquoi je n'en parlerai ici que pour en donner une idée. Les fermetures dont je parle , ne font que des rideaux de toile , ou plus fouvenc de taffetas qu'on nomme jlores , lefquels font attachés fous le pavillon & s'abaiffent fur l'appui des glaces où on les arrête ; ces rideaux font roulés fur un tube ou tuyau de fer blanc, lequel renferme un re/fort que l'on comprime lorfqu'on fait defcendre le rideau , de manière qu'en le lâchant , le relForc le fait remonter tout feul , ainfi que le repréfentent les Fig. 8 <5 9. Comme on veut quelquefois tenir le ftore à moitié baiffé , on le retient par le moyen d'un ruban que f on attache à la tringle du bas du ftore , & que l'on arrête à un crochet difpofé au-deffus de l'appui de la glace. II eft une autre manière d'arrêter le ftore à telle hauteur que l'on veut, qui eft un peu plus compliquée, à la vérité , mais qui eft plus commode. Cette manière confifte à attacher à un des bouts du tuyau a , Fig. 10 <S- 13 jo8 MENUISIER., m. Part. Chap. III. une rondelle taillée & dentelée i , en forme de cremaiUée , dans les dents di iNCHE laquelle entre un redent ou encliquetage c , lequel tend à remonter en eontre- haut par le moyen d'un reflbrt d ; ce reflbrt prête lorfqu'en faifant defcendre le flore , la rondelle dentelée, en tournant , fait baiflèr le redent qui reprend auffi- tôt fa place , & par conféqucnt arrête le flore à la place oià il fe trouve. Lorfqu'on veut que le flore remonte tout-à-fait, on fait defcendre le redent par le moyen d'un ruban e qu'on y attache , avec lequel on le tient bailTé julqu'à ce que le flore foit tout-à-fait remonté. Pour ce qui eft de la méchanique qui fait monter le rideau , ce n'eft autre chofe qu'un reflort à boudin , lequel eft attaché d'un bout fur la tringle de fer qui fert d'axe au reflbrt , & qui eft attachée folidement par les deux bouts de manière qu'elle ne puifle tourner ; l'autre bout du reflbrt eft attaché à un tampon de bois percé à jour pour pouvoir tourner fur l'axe immobile , & qui eft arrêté avec le tuyau de fer-blanc qui porte le rideau que l'on roule au pourtour , de manière que pour faire defcendre le rideau , il faut faire tourner le tuyau , ce qui comprime le reflbrt à boudin , lequel fe dilate lorfqu'on lâche le rideau , & fait retourner le tuyau en fens contraire. A l'autre bout du tuyau eft un autre morceau de bois de pareille groiïèur que le premier , lequel eft pareillement attaché au tuyau , & eft percé d'un trou pour faire paflèr l'axe immobile. J^qy. la Fig. lo, qui repréfente un ftore dépouillé de fon tuyau , celle ii , qui eft la coupe du ftore fins le reflbrt , & celles 12 & 13 , qui reprélentent les deux bouts du ftore avec les gâches dans lefquelles il eft arrêté. Le ftore doit être un peu plus large que l'ouverture de la glace , pour qu'il puifle recouvrir des deux côtés de l'ouverture ; quant à fà grofliur , elle doit être depuis 9 lignes jufqu'à un pouce , afin que le taffetas étant roulé autour ne fafl"e pas plus de 15 lignes de diamètre , cette largeur étant à peu- près celle qui refte entre le dedans de la frife de la portière & le dedans du pavillon. Ce que je viens de dire touchant les glaces des voitures , renferme toute la théorie de ce qu'on doit favoir à ce fujet , & c'eft d'après ces connoifîànces que l'on peut parvenir à rendre les voitures coijîmodes & magnifiques , en procu- rant à ceux qui en font ufage toutes les aifances pofTibles , en donnant à ces mêmes voitures la forme la plus gracieufe & la plus élégante , fans s'écarter néanmoins des règles invariables de leur conftrudlion , fur-tout en ce qui a rapport aux glaces. Avant de traiter de la forme des voitures , je vais donner la forme & la groflèur des principales pièces qui les compofent , en raifon d'un profîl que j'ai adopté, afin que tout ce que je dirai dans la fuite touchant la décoration & la conftruaion d'une Berline & d'une Diligence , qui font les deux voitures fur lefquelles je m'étendrai davantage , afin qu'il n'y ait point de contra- didion tant dans les parties générales, que dans celles de détail dont je traiterai , Section IL Defcription des profils d'une Berline , SCc yop traiterai, & que ces profils une fois bien connus , ainfi que les parties de la ===; voiture où on les emploie , aident à l'intelligence du difcours , & l'abrège , s'il eft Planche poffible. Section Seconde. Defcription des profils d'une Berline , & de la grofeur des bois dont elle eft compofée. De telle forme que foient les profils d'une Berline, les bois font toujours 5 à peu-près d'une même grofTeur, du moins pour les Berline* ordinaires; de Pianche forte que celles dont les profils font très-étroits , n'ont qu'une légèreté appa- rente , les bois y étant tous auffi larges qu'aux autres, d'après le ravalement fait pour poulTer la rainure, ainfi qu'on peut le voir à la Fig. r , où la largeur de celle du pied cornier eft d'un pouce & demi quarré, au lieu qu'il n'y en a que 13 lignes de largeur apparente. Cette diminution de largeur des pieds corniers , ôte beaucoup de la force des alTemblages , puifque les traverfes du haut ne pouvant avoir d'épaiiTeur que la faillie du profil, leur alTemblage ne peut avoir que la diftance a b , dont une partie eft encore occupée par la rainure. Pour les traverfes d'appuis ou d'accotoirs , comme elles font plus épailTes ,• on peut en rendre l'a/Temblage plus folide en le reculant fur le derrière , ce qui donne un a/Temblage c d très -court à la vérité, mais que l'on peut rendre très-folide en faifant palier un focond affemblage en enfourchement , lequel eft ferablable à celui du haut. Le profil de ce pied cornier n'a que j lignes de faillie, plus 3 lignes pour la rainure & le ravalement de derrière. Cette rainure règne tout le long du pied cornier; mais dans le pied d'entrée coté A, Fig. 2 , elle n'a lieu que dans l'appui , parce qu'au-deffos , au lieu & place de cette rainure , on fait une baguette ou toute autre moulure qui fert de battement à la glace. Cette double moulure fert auffi à reculer la glace plus loin que le devant de la rainure , afin qu'il refte à celle de cuftode l'épaifTeur du panneau fur lequel elle coule; elle eft auffi nécelTaire à la portière, afin de donner à la traverfo du haut affez d'épaiffeur pour y faire un tenon. Le pied d'entrée, tel qu'il eft repréfenté dans la Fig. 2 , eft coupé au-deffiis de l'appui & eft dans fa plus grande largeur , qui eft de 16 lignes , afin qu'après la largeur du profil & du petit champ qui règne au pourtour de toute la voiture , a refte encore 3 lignes pour la portée du recouvrement de la portière. Il y a des occafions où l'on fait les pieds d'entrée plus étroits ; mais de quelque manière qu'ils foient , ils ne peuvent avoir moins de 10 lignes de largeur , (l'épaiffeur étant prife ici pour la largeur) pour peu qu'on veuille y conferver quelque folidité. Le dedans du pied d'entrée eft fouillé en forme de couliffie, ainfi que je l'ai dit plus haut. Pour ce qui eft de l'arête extérieure, c'eft-à-dire , du côté de Menuisier. 111. Part. O o o o o o MENUISIER, m Pan. Chap. III. I la portière , à 4 lignes du devant , on y fait un petit ravalement a , d une bonne Planche ligne de profondeur , lequel vient à rien fur l'autre arête, & au fond duquel ravalement on donne un petit coup de bouvet à fcie ou autre , dans lequel les Selliers font entrer l'extrémité de l'étoffe dont la furface affleure le nud du bois, par le moyen du ravalement que l'on a fait. Sur l'arête intérieure, c'eft-à-dire, au-dedans de la voiture, on fait une feuillure i, de deux lignes de large , & d'une profondeur égale au ravalement que l'on a fait poiir placer le panneau de doublure qu'on a foin de couper au nud de cette feuillure : on doit auffi arrondir l'arête du pied d'entrée & le bouc du panneau de doublure, afin que cette arête ainfi arrondie , ne nuife pas à 1 en- trée de la voiture , & que les habits de ceux qui y font, ne fe trouvent pas pris entre le pied d'entrée & la portière , à laquelle on fait la même opération. La feuillure que f on fait tant fur l'arête intérieure du pied d'entrée , que fur celle des battants de portières , cotée B , fart à placer la couture & le galon qui l'enveloppe , & par conféquent à empêcher qu'ils ne faffènt une trop grande faillie en dedans de la voiture. On fait pareillement de petites feuillures fur l'arête intérieure des couliflès c , c , qui fervent au même ufage que celles dont je viens de parler , & on obferve de faire une petite rainure dd fur la joue de devant de la couliffe , à 2 ou 3 lignes de f arête , dans laquelle on fait entrer l'extrémité de fétoffe. Il y a des Menuifiers qui font cette rainure dans Fangle de la couliffe , ce qui eft à peu-près la même chofe ; mais je crois cependant que la première manière eft la meilleure , parce que l'étoffe qui entoure les chaflis de glaces , frottant contre d'autres étoffes , n'efb pas fujette à s'écorcher. Les feuillures dont je viens de parler fe font à tous les endroits des voitures où il doit y avoir des coutures & des galons faillants , de même que les ravale- ments & les petites rainures ou nervures qu'on doit faire à tous les endroits où l'étoffe finit , afin qu'elle n'excède pas le nud du bois , Se qu'étant introduite & collée dans la rainure , elle ne foit pas cxpofée à s'enlever. Les battants de portières ne peuvent pas être plus étroits que celui qui eft repréfenté dans la F/g. 1 , cote B , lequel a 16 lignes de largeur , parce qu'il faut qu'il refte au moins 6 lignes de plein bois entre la feuillure & la couliflè , pour qu'on puiffe y placer la ferrure , lefquelles , jointes à J lignes de coulilîê , font 1 1 lignes , les J lignes reftantes fervant à la largeur de la feuillure , entre laquelle & le pied d'entrée , il doit y avoir 2 lignes de diftance ; favoir , une bonne ligne pour l'épaiffeur de fétoffe , & le refte pour le jeu. La feuillure des battants de portières doit être un peu en pente en dedans , afin que le jeu fe trouve égal dans toute l'épaiffeur ; cependant il faut faire attention qu'au battant du côté de l'ouverture , ( qui doit toujours être fur le derrière de la voiture ) la feuillure doit toujours être plus en pente que de l'autre côté , afin d'en faciliter fouverture. Voje:^ la Fig. 9 , 71. 1 8(5. Pour avoir cette pente au jufte , & pour ne point travailler au hafard , du Section II. Defcription des profils d'une Berline , ÔCc. j i r point a , Fig. 8, Pl. i8o , qui eft le dehors de l'ouverture du côté des fiches, , .., « de ce point , dis-je , comme centre , & d'une ouverture égale à la largeur de Planchs la portière , prife du dehors du recouvrement au fond de la feuillure , on décric l'arc de cercle-^ c , Fig. p , même Planche , lequel donne la pente néceflàire à la feuillure de la portière , laquelle pente augmente le jeu , qu'on pourfoif cependant rendre égal en difpofant le pied d'entrée parallèlement à cette pente, comme l'indique la ligne de , même Fig. Il eft encore une autre manière de faire les ouvertures des portières , qu'on nomme à double feuillure , laquelle eft très-bonne , parce que non-feulement elle facilite tout naturellement l'ouverture de la portière, mais encore parce qu'elle rend l'ouverture plus clofe ; cependant on ne doit employer cette ouverture que quand les battants auront 20 lignes de largeur au moins , afin qu'il refte toujours 6 lignes de plein bois d'après le fond de la féconde feuillure; c'eft pourquoi ces fortes d'ouvertures , quoique très-bonnes, ne fe font guère qu'aux voitures à panneaux arrafés , où elles font indifpenfables , ou , comme je viens de le dire , à celles dont les battants de portières feront afTez larges pour pouvoir foufflrir deux feuillures. Voye::^ la Fig. 4. Comme les battants de portières font plus larges que les pieds corniers , on peut y faire un affemblage plus fort aux traverfes de milieu & du bas, & cepen- dant toujours avec un enfourchement , ainfi que je l'ai obfervé à la Fig. 3 , qui repréfènte une traverfe d'appui de porte-vue en deflus. La Fig. J repréfente la coupe d'un battant de pavillon , avec le profil qui eft le plus en ufage à préfent , ce qui , au refte , ne fait rien à la chofe , puiP qu'il eft très-indifférent de quelle forme foit ce profil. Je ne m'étendrai pas beaucoup ici fur ce qui regarde les pavillons , vu que cette defcription ne fe peut faire que dans la fuite ; tout ce que je puis dire maintenant , c'eft qu'il faut qu'ils aient 3 pouces de largeur de bois , non-compris la faillie de leurs profils , laquelle peut être plus ou moins grande à raifon de là forme & de fa hauteur ; ces trois pouces de largeur font néceifiires , premièrement, pour recevoir la frife de la porte qui entre toute en vie dans le battant de pavillon , comme l'indique la ligne a b ; cette frife affleure aux pieds d'entrée en dedans & en dehors de la voiture , lelquels , à cet endroit , ont environ un pouce & demi d'épailTeur, qui , pris fur 3 pouces , laifTent un pouce & demi de faillie au pavillon en dedans de la voiture , ce qui eft nécelfaire pour que l'on puillè y placer commodément les flores. Cette faillie fe met ordinairement en pence , afin de ne lailTer qu'environ 8 à 9 lignes d'épailfeur au pavillon , ce qui eft fuffifant pour y attacher une frange ou crépine , & pour y mettre une baguette C garnie d'étoffe iS: quelquefois de broderie , d'après laquelle pend une frange ou crépine. Ces baguettes font méplattes & droites fur le côté qu'elles doivent être attachées au pavillon. Les Menuifiers ne les attachent pas eux-mêmes, mais 511 ME N U I S I E R,I1I. Parc. Chap^ 111. les fournilTent toutes faites aux Selliers , qui les attachent après les avoir garnies. Planche Pour le dehors du pavillon , on y fait une feuillure d'après la hauteur du profil , pour recevoir les ornements de fonte qu'on y met ; le reftc s'abat en chanfrein félon la pente totale du pavillon , ainfi que je le dirai dans la ftiice. Lorfqu'on ne met pas de ces ornements de fonte au-defTus des pavillons , on fubftitue à leur place une baguette ou toute autre moulure de bois , laquelle s'attache fur le pavillon , & cache l'extrémité du cuir fur lequel elle recouvre. La Fig. 6 repréfente une traverfe du haut , foit de face ou de cuflode , laquelle , ainfi que je l'ai dit , n'a d'épaiflèur que la faillie du profil ; quant à fa largeur , elle doit avoir , premièrement celle du profil & du champ , plus 4 lignes qui entrent dans le pavillon. Quand c'eft une traverfe de cuftode , on la diminue de largeur à l'endroit où elle reçoit le panneau , & on y fait une rainure pour le recevoir, ainfi que je l'ai indiqué par des lignes ponèluées. On doit obferver de faire un petit ravalement en pente & une nervure au derrière de ces traverfes , lequel fert à placer l'étoffe , & à l'empêcher de faire faillie fur le bois. La Fig. 7 repréfente une traverfe de frife avec celle du haut de la portière , & celle du haut de chalfis de glaces ; ces traverfes font toutes difpofées à la place qu'elles doivent occuper , & defTmées de grandeur naturelle , ainfi que celle de frife , à laquelle j'ai marqué l'alfemblage D, lequel pafle à côté de celui de la traverfe de cuftode , cote E. La traverfe de frife entre de 4 lignes dans le pavillon , ainfi que toutes les traverfes du haut de la voiture , auxquelles on conferve les tenons de toute leur largeur, parce qu'on lailTe paffer les battants de 6 lignes plus longs que le defFus de ces traverfes , ce qui leur fert d'épaulement. Quant à la largeur de la traverfe de frife, elle eft bornée par la portée ou recouvrement de la portière , plus le champ , ( lequel doit régner du deffus de la portière avec le dehors du profil ) & les 4 lignes qu'elle entre dans le pavillon , ce qui fait environ 10 lignes de largeur en tout. On doit auifi faire un ravalement & une nervure au-delTous de la traverfe de frife , laquelle règne avec celle des pieds d'entrée , & fert au même ufàge. La Fig. 8 repréfente une traverfe d'appui de portière avec celle du bas du chaffis de glaces , à la place qu'elles doivent occuper. La traverfe de portière eft réduite à la moindre largeur poffible , puifqu'elle n'a point de champ , la moulure en occupant toute la largeur apparente , & le refte de fa largeur étant rejette derrière la rainure du panneau , d'après laquelle on fait un ravalement d'environ une ligne , pour faciliter l'entrée du panneau , ce que j'ai pareillement obfèrvé aux rainures du pied cornîer , Fig. r. Au-deflus de la traverfe , eft la languette F, nommée apjicheç , laquelle fert à retenir la glace en place ; c'eft pourquoi il faut lui donner 4 à 5 lignes de hauteur , afin que les reflàuts de la voiture ne puilTent pas faire paffer la glace par-deflus , ce qui l'expoferoit à fe caifer. La Section IL Defcription des profils d'une Berline , SCe. j'tj La diftaiice du devant de l'aplichet , jufqu'à la joue de la couliffè du battant ^ repréfenté par la ligne a b , doit être de 7 lignes au plus , afin que la glace y Planche entre jufte & ne balotte pas, comme je l'ai dit en parlant des coulifles des glaces , page joo & lliivantes. Le delTus du ravalement de l'apfichet doit être un peu en pente & former un arrondiflêment dans le fond , afin de faciliter l'écoulement des eaux, & empê- cher qu'elles ne féjournent defTus. J'ai dit plus haut que la traverfe du milieu de la portière étoit réduite à la plus étroite largeur poflîble ; pour s'en convaincre, on n'a qu'à jetter les yeux fur la Fig. 5 , qui repréfenté une traverfe d'accotoir prife à f endroit où elle reçoit deux panneaux , & 011 par conféquent la baguette de devant du profil eft fup- primée ; il eft aifé , dis je , de voir que cette traverfe ne pourroit pas être plus étroite , pui(que pour qu'il relie un peu de bois entre les deux rainures , on eft obligé de faire ces dernières moins profondes qu'ailleurs. Lorlqu'il n'y a point de glaces aux cuftodes des voitures , les traverfcs d'acco- toirs font de la même forme que la Fig. 9 , dans toute leur longueur ; & alors on les nomme t rave rfe s d'ailerons, à caufe de la fiillie qu'on lailîè en dedans pour porter la garniture ou accoudoir que les Selliers y pofcnt. Quelquefois ces traverfes failliffent auffi en dehors , afin de donner plus de largeur à l'ac- cotoir; mais on ne les fait ainfi qu'aux voitures d; campagne , lefquelles fonc revêtues de cuir au - delfus de l'appui , & qui par conféquent ne font pas lùfceptibles de grande décoration. La Fig. 10 repréfenté une partie de la coupe d'un battant de brancard , prife à l'endroit d'un panneau de côté , dans laquelle j'ai indiqué la place de l'aflem- blage du pied cornier ou du pied d'entrée , ce qui eft égal , puifque leurs allèmblages font les mêmes. Ces alfemblages doivent avoir 6 lignes d'épaiffèur au moins , & être dilpofés de façon que le devant pafle au nud du ravalement , du moins c'eft l'ufage ; car je crois que l'ouvrage en feroit plus folide fi on reculoit f alfemblage , afin de lailFer de la joue entre le ravalement , ainfi que findiquent les lignes a b ëcc d , êc en faifànt palTer le refte de l'épaiffeur des pièces en enfourchement par-delTus cette joue. Quant à la hauteur du ravalement du brancard , elle eft donnée par celle de la moulure qui palfe au-deftous, c'eft-à-dire , celle ef, d'après laquelle on mec la diftance/^ égale à celle A i , Fig. i , & le refte fe ravale ainfi qu'on le voie dans la Fig. i o. Il arrive quelquefois qu'on fupprime tout-à-fait la moulure du bas du bran- card , à la place de laquelle on fait paffer la moulure du derrière , ou pour mieux dire , de l'angle du pied cornier , ce qui ne fait d'autre changement dans le brancard , que de faire defcendre plus bas le ravalement dont il eft ici queftion , & de faire les afiêmblages de brancard avec les pieds corniers à traits de Menuisier , 111. Part. P p p p p p Planche I8;. MENUISIER, ni. Part. Chap. III. ■ Jupiter , comme je le dirai dans la fuite. Quant aux pieds d'entrée , dans le ca; dont je parle , ils s'alTemblent toujours à l'ordinaire , c'eft-à-dire , à tenons & mortaifes , qu'il faut alors reculer plus loin que le ravalement , fi l'on veut conferver quelque folidité à l'ouvrage , à caufe de la grande profondeur du ravalement. La Fi^. r I repréfente un battant de brancard coupé dans toute fi groffeur & à l'endroit de la portière. La largeur ordinaire des battants de brancard , doit être de J pouces au milieu du renflement , fur deux pouces & un quart d'épaif- feur , dans lequel fe fait le ravalement de la marche ou feuillure qui reçoit la portière , & dont la hauteur & la largeur fe déterminent de la manière fuivante : Après avoir déterminé la largeur & la forme du profil du brancard , ainfi que je l'ai dit ci-de/fus , on fait d'abord un ravalement dans le brancard de toute la largeur de la portière , & on le fait defcendre à 4 lignes près du deffous de cette dernière , lequel doit régner avec le derrière du profil , ainfi que l'indique la ligne m n , Fig. ro & 11, Quant à la largeur de ce ravalement , elle eft déterminée par l'épailTeur de la portière à cet endroit , d'après laquelle il iaut qu'il y ait un demi-pouce de jeu au moins , pour pouvoir contenir le cuir dont la marche , ou pour mieux dire , le brancard eft garni , & la garniture de la portière, ce qui donne aux voitures ordinaires 2 pouces un quart à 2 pouces & demi de largeur de ravalement , lequel ne fe fait pas de niveau fur fa largeur , mais qu'on fait remonter d'une bonne ligne fijr le derrière , afin que les ordures ne s'y arrêtent pas ; fur le devant du ravalement , &. à fix lignes du nud du champ , on fait un renfonce- ment d'une bonne ligne & demie de profondeur en venant à rien llir le derrière, lequel fert à placer le cuir de garniture & les clous qui l'attachent au brancard , de forte que la tête de ces clous affleure au nud du bois. Refte enfuite à faire la feuillure pour recevoir la portière ; on la fait la moins profonde pofiîble , afin qu'il ne s'y arrête point d'ordure qui puiffe nuire à la portière , qui entre toute en vie dans cette feuillure , ce qui eft meilleur que de faire ouvrir la portière à recouvrement , ainfi que par le haut & par les côtés , parce que ce recouvrement étant très-foible , eft fujet à fe pourrir ; de plus , la portière portant ainfi ne peut pas defcendre , ce qui eft un très-grand avantage. Pour le dedans du brancard , on n'y fait point de feuillure pour recevoir les plafonds à f endroit de la portière , parce que c'eft l'épaiffeur du bois de la cave qui en fert , & il n'y a qu'aux deux extrémités où les plafonds font mobiles; ou bien quand il n'y a point de cave , on fait aux battants de brancard des feuillures de (S à 7 lignes de largeur furp lignes de profondeur au moins, comme je fai indiqué par une ligne ponéluée , dont l'extrémité vient au-deffus de l'affemblage des traverfes de brancard. Quant au defiîis du brancard , il doit être lilTe avec le deffus des plafonds , Section II. Defcription des profils d'une Berline , êCc. & c'cft ce deffiis de brancard que l'on nomme la marche de la voiture , du deflus ' de laquelle on compte fa hauteur , laquelle dépend toujours du deflus de la Planche marche au-deflbus de la frife , ce qui cft tout naturel , puifque ce font les parties les plus proches de l'intérieur de la voiture tant du haut que du bas , & entre lefquelles il faut néceflàiremeat pafl"er pour entrer dedans. Pour ce qui eft de la traverfe de portière repréfentée Fig. 12 , il eft inutile d'en faire aucune defcription , parce que ce ne feroic qu'une répétition de ce que j'ai dit jufqu'à préfent, l'infpeélion feule de la Figure étant fufEfante , & que de plus je traiterai à part de la confirudion des portières , ainfi que de toutes les autres parties des voitures. Les profils dont je viens de donner la defcription , font tous féparés les uns - a des autres , & ne donnent , ce me femble , pas une idée affez claire des formes A 1- r V 100, des diverles parties d une voiture , prifes à différentes hauteurs ; c'eft pourquoi j'ai cru qu'il étoit néceffaire de faire voir ces différents profils alfemblés tanc de largeur que de hauteur , afin qu'on puiffe voir d'un feul coup d'œil les diffé- rentes formes que prennent les pièces qui compofent une Berline , & par confé- quent toutes autres efpeces de voitures , qui , telles qu'elles puiffent être , font toujours faites à l'imitation de celle dont je parle. La Fig. I repréfente le plan de fangle d'une Berline du côté de la face , prife au-de/Fus de l'appui , avec les pieds corniers , le panneau de pilaflre , le montant de glace , qui etl par derrière arrafé au pilaftre , & qui, par économie, y eft affemblé à rainure & languette (* ) ; au derrière du montant de glace, eft placé le couliffeau avec fa barre à queue. La/"zg-. 4 repréfente le même angle d'une Berline, mais coupé dans la hauteur de f appui, &dans lequel fe trouvent les panneaux de doublures & le couliffeau. Les Fig. 2 (§■ 3 repréfentent la coupe de l'angle de la même Berline , mais vue de côté & coupée au-deffus de fappui ; dans la Fig. 2 , fe trouvent compris le pied cornier , le panneau & le montant de cuftode , avec le couliffeau qui eft placé derrière & garni de barres à queues ; & dans la Fig. 3 , font compris les pieds d'entrée & les battants de portières. Les Fig. ^ & 6 repréfentent le même côté de Berline , coupé dans la hauteur de l'appui , ainfi que la Fig. 4. La Fig. 7 repréfente le plan , ou pour mieux dire , la coupe d'un pied cornier de Diligence , auquel j'ai donné un pouce & demi d'épaiffeur , afin de le rendre plus folide , & d'avoir aiTez de place pour y mettre une barre à queue ; fur ce pied, d'entrée eft un battant de portière de même forme que ceux ci- deffus , ce qui ne demande aucune explication. La Fig. 8 repréfente un autre pied cornier de Diligence , lequel n'a que 14 ^ (*) Je dis par économie, parce que fi le profil | cela coûteroit plus de bois , ce qui eft la prin- etoïc pris & ravalé dans 1 épailTeur du panneau , cipale raifon pour laquelle on rapporte ce mon. 1 ouvrage en feroit plus folide , fans que ceVa tant ainfi nue ceux des cuflodcs , qui fe rappor- tât plus difhcile a faire; mais en même temçs | tent de la même mamere. j i(î M ENVI s 1ER, m. Pan. Chap. IIL ^ lignes d'épai/Teur , ce qui le rend , à la vérité , plus léger , mais en même temps Planche qyj empêche d'y mettre des barres à queues pour la refuite de la glace , ou ' ' du moins n'en permet qu'une très-mince, ce qui fait que les coulirtes ne peuvent être que très - peu profondes , & c' eft un grand inconvénient , auquel on peut remédier en enlevant une des joues des coulilTes & la rapportant avec des vis ; mais cette joue ainfi fupprimée affoibliroit trop ce pied , lequel a d'autant plus befoin de force , que la portière eft ferrée delfus. Ce pied cornier dont je parle , ainfi que le battant de portière qui y eft joint , ne font pas difpofés comme les autres dont j'ai fait la defcription ci-devant , oii la portière fait avant - corps fur le refte de la caiflè , mais au contraire le pied cornier & le battant de portière font fur le même plan & forment enfemble un pilaftre , ce qui fait affez bien de ce côté de la portière ; mais de l'autre côté , repréfenté Fig. 9 , ce n eft pas la même chofe , parce que le battant de portière étant obligé d'emporter la moulure , le panneau fe trouve découvert à l'ouverture de cette dernière , & , n'étant retenu par aucune rainure , eft expofé à travailler & à fc coffiner , le clou d'épingle avec lequel il eft attaché avec le pied d'entrée fur lequel il paflè , n'étant pas fufEfant pour le retenir : on peut objeéler à ces raifons , que la toile & le nerf qui font collés derrière empêchent l'effet que je crains ici ; mais l'expérience fait voir que quelque précaution que l'on p;-enne , le meilleur moyen de retenir les panneaux , eft de les enfermer dans des rainures. Les ouvertures de portières ainfi difpofées , ont encore un autre défaut , qui eft que comme elles emportent avec elles le retour des moulures horifontales de toute la faillie de l'onglet , ce qui eft inévitable , quelque précaution que l'on prenne en faifant les portières , elles font toujours quelque mouvement ; ce qui fait qu'alors les moulures horifontales ne fe rencontrant plus avec leurs bouts qui tiennent après la portière , font un très-mauvais effet , auquel il eft impoffible de remédier ; de plus , les panneaux paffant ainfi par-delîus les pieds d'entrée , en diminuent l'épaiffeur , & par conféquent la force , fans parler de la difficulté qui fe rencontre , quand il y a des glaces aux cuftodes des voitures ainfi difpofées , comme je le prouverai dans la fuite. On ne peut cependant nier que cette façon de faire ouvrir les voitures , n'ait de grands avantages quant à la décoration en général , parce qu'on peut faire régner les moulures de la portière avec celles de la voiture , tant par le haut que pat le bas ; de forte que les panneaux & les glaces deviennent de même hauteur , du moins en fuivant le contour de la voiture , dont les champs font les mêmes & viennent au nud de ceux de la portière, laquelle ouvre de delTous le pavillon , comme on peut le voir dans la Fig. 10. Quand les portières ouvrent ainfi , il n'y a point de frifes apparentes au- deffus de ces dernières, & celle qu'on y met fe trouve cachée derrière, en obfervant de la reculer affez pour que quand la portière eft fermée , il fe trouve Section II. D efcription des profils d'une Berline , SCc. Jiy entre le devant de la frife & le derrière de la traverfe du haut de la porte , 7 - lignes de diftance au moins , afin qu'on puillè lever la glace librement. Flanchë Pour le bas de l'ouverture de la portière , il n'y a point de différence pour l'ouverture avec celle dont j'ai parlé plus liaut, fi ce n'eft qu'on recule plus loin la première feuillure du brancard , pour qu'il relie de la force entre le fond de la rainure de la traverfe du bas de la porte , & la feuillure qu'on fait fous cette même traverfe. Voye:^ la Fig. 10. Quelque grands que paroifTent les avantages qui réfultent pour la décoration & la fymmétrie des voitures , en failànt ouvrir leurs portières comme aux Fig.. 8 , 9 (& 10 , il faut pourtant leur préférer la première manière pour les raifons que j'ai dites plus haut , & que je déduirai plus au long en parlant des voitures à panneaux arrafés , parce que fi fouverture du haut & du bas fait bien , en récompenfe celle des côtés fait très-mal , fur-tout dans le cas d'une Berline , à moins toutefois qu'on ne puifle changer quelque chofe à fouverture des côtés , que l'on pourroit placer dans le dégagement de quelque profil , ce qui leveroic toutes les difficultés , ainfi que je le prouverai en parlant des différents profils & ornements des voitures. La Fig. 1 1 repréfente la coupe perpendiculaire d'une voiture prife au milieu du derrière , & à laquelle j'ai fuppofé un panneau plein par derrière de 6 lignes d'épaiffeur ; & j'ai repréfenté au bas une partie de la traverfe de brancard , avec la naiffance du panneau cintré qui entre dedans , laquelle j'ai placée perpendicu- lairement au - deflbus de celle d'appui ou de ceinture , ce qui , naturellement ne doit pas être, à caufe du cintre ; mais je ne fai placée ainfi que pour épargner la place , & ne pas déranger l'ordre des Figures. La Fig. 12 repréfente une autre coupe d'une Berline , prife à f endroit d'une cuftode ; & la Fig. 1 3 enfin , repréfente la coupe de cette même Berline , prife au milieu de la portière. D'après tous les plans & coupes que je viens de donner tant en grand fépa- rément qu'en petit , des diyerlès parties afîèmblées, il fera fort aifé d'entendre ce que je dirai dans la fuite , tant pour la décoration que pour la conftruâion de toutes les efpeces de voitures, dont les principes font toujours à peu-près les mêmes , ainfi que je l'ai déjà dit & que je le prouverai dans la fuite. Section Troisième. De la manière de déterminer la forme des Voitures & d'en faire les Calibres. L A. commodité étant ce qu'on doit le plus préférer dans la difpofition & dans " ' la forme des Voitures , il faut , avant de procéder à déterminer leurs formes 8c Planche grandeurs, fe rendre compte de l'ulàge auquel on veut les deftiner , & du nombre de perfonnes qu'elles doivent contenir, du rang & même des goûts de Menuisier. III Part. Q <3 1 1 1 1 jiS MENUISIE R, m. Pan. Chap. IIL n ces mêmes perfonnes , afin de leur donner des grandeurs qui foient convenables PiANCHE à chacune d'elles. Comme jufqu'à préfent j'ai fait l'application de tout ce que j'ai dit, tant pour la décoration que pour la conftruftion , à une Berline telle qu'on les fait à préfent , je continuerai toujours de même , en appliquant ce que j'ai à dire tou- chant la forme des voitures & leurs calibres , à la mêm.e Berline , laquelle étant la plus compliquée des voitures , donne le ton à toutes les autres qui n'en font que des diminutifs, malgré la différence qu'il femble y avoir entre elles. Pour tracer l'élévation d'une voiture , il faut d'abord faire choix des profils & des formes qu'on veut y employer , tant pour le corps de la voiture que pour ie brancard qui rentre plus ou moins en dedans de la caifTe , à raifon des ouver- tures des portières ou des différents profils qu'on y emploie , comme je l'ai dit plus haut. Eniliite on fixe la hauteur de la Berline, Fig. i, qui eft de 4 pieds 435 pouces au moins , entre le defîùs A de la marche & le deffous de la frife B , d'après la largeur de laquelle on établit le cintre du pavillon de la voiture , qui eft ordi- •nairement un arc de cercle de a pouces de retombée fur les angles , laquelle retombée eft marquée par la ligne C D ; puis on détermine la largeur , ou pour mieux dire , la longueur de la voiture par le haut , laquelle doit être , du moins pour l'ordinaire , de J pieds y pouces ; fàvoir, îo pouces & demi pour chaque largeur de cuftode, & a pieds de largeur d'ouverture de portière , prife entre les deux pieds d'entrée que l'on trace par deux lignes perpendiculaires E F 8c G on fixe enfuite la hauteur de l'appui ou cintre de la voiture , laquelle le trouve environ (*) au milieu de la hauteur de l'ouverture de la portière , ainfî que la ligne IL, à laquelle ligne on donne y pieds de longueur ; lavoir , 18 pouces pour chaque cuftode , & 2 pieds pour l'ouverture de la portière , ce qui donne 2 pouces & demi de pente à chaque bout de la voiture , laquelle pente •on trace par les lignes C 1 Se D L , que l'on prolonge indéfiniment au-deflous de la ligne de ceinture ; refte à tracer le cintre du brancard & du bas de la voiture , ce qui fe fait de la manière fuivante : Au-defTus & à J pouces de diftance de la marche de la voiture , on trace une ligne horil&ntale M N , à laquelle on donne environ 4 pieds de longueur ; puis par les points /, M , O , N , L, on fait pafler une courbe qui n'eft ni (*) Je dis environ, parce qu'on ne peut pas déterminer cette hauteur au jufte , fans aupara- vant avoir tracé la forme du cintre du bas de la portière , & par conféquenc du brancard , comme je l'ai dit pagt 4^7 , en parlant de la ma- nière de déterminer la hauteur des glaces ; mais comme on ne peut pas tracer le cintre du bran- card fans auparavant avoir fixé la longueur de la voiture à l'endroit de la ceinture , il faut Héeeffaiiement tracer la ligne de ceinture avant toute chofe , en obfervant de ne la pas mettre beaucoup plus haute ni plus baffe qu'il ne faut, afin de n'avoir pas de grands changements à faire quand le cintre du bas de la portière eft tracé ; de plus , une voiture une fois tracée , fert pour toutes les autres , en y ajoutant ou re- tranchant quelque chofe. Je ne fais ici cette ob- fervation , que pour le cas où on fe trouveroit de tracer une Berline fans qu'on en eût aucun modèle dclTmé ou exécuté. Sect. III. De la manière de déterminer la forme des Voitures. $ rp portion de cercle ni d'ovale , mais donc chaque moitié eft corapofée de trois ' ""• parties d'arcs de cercles , lefquels forment une courbe gracieufe &. fans aucun Planche jarret , ce qui eft d'autant plus vrai , que les rayons de ces arcs de cercles paffent ' ^" par les centres de ceux qui les avoifinent , & auxquels ces mêmes rayons font perpendiculaires , comme on peut le voir dans la Fi^. r , où la ligne P Q , qui eft un rayon du grand arc du milieu de la courbe , paffe par le point R, qui eft le centre du fécond arc P S , dont le rayon S R prolongé jufqu'à ce qu'il rencontre la ligne IT, laquelle eft perpendiculaire à celle IC; de forte que le point T devient le centre du dernier arc de cercle S 1 , lequel ne fauroit faire aucun jarret avec la ligne droite 1 C , puifque celle / T, qui eft un rayon de cet arc , eft perpendiculaire à cette dernière. Le contour extérieur de la voiture étant ainfi déterminé , on y ajoute en dedans les largeurs indiquées par le profil dont on a fait choix , & on trace la travcrfe du bas de la portière , tant dans fa largeur apparente que dans fa largeur réelle , ( ainfi que je l'ai obfervé à toutes les parties de cette voiture , où les largeurs réelles font diftinguées des largeurs apparentes par une teinte plus foncée ) afin de pouvoir fixer au jufte la hauteur de l'appui , lequel une fois tracé , on achevé de marquer le refte de la voiture vue de côté. Il faut faire attention que je fuppofe ici qu'une partie du brancard fiille en deffous de la Berline , comme il eft marqué dans le profil que j'ai adopté ; mais s'il arrivoit qu'on voulût qu'il faillît davantage , il faudroit au contraire que le deffous du brancard affleurât à la ligne MPO, ce qui ne changeroit rien au cintre de la voiture , & ne feroit qu'éloigner ou rapprocher le deiTus de la marche de la ligne M A^. Le cintre des montants de croffe des cuftodes , fe trace par la même méthode que celui du fond ou cul-de-finge de la voiture , c'eft-à-dire , par divers arcs de cercles dont on fait paffèr les rayons dans le centre des uns Se des autres, en obfervant que le plus haut de ces arcs de cercles ne faffe tangente avec la ligne UX, (qui eft parallèle à celle / C,) qu'au haut du montant de la cuftode, afin d'éviter que ce dernier ne paroilfe rentrer du haut , ce qui arrive toutes les fois qu'il fe trouve dans une certaine longueur parallèle avec la ligne U X. Après avoir ainfi tracé le côté de la voiture , il eft fort aifé d'en tracer la face , vu que toutes les hauteurs en font bornées par celles de côté , comme on peut le voir dans la Fig. 6 , où toutes les hauteurs font bornées par les lignes horifontales CD, IL & MN, Fig. i , que j'ai prolongées de cette Figure à la Fig. 6 , afin de faire mieux fentir le rapport qu'elles ont & doivent néceffairement avoir entr'elles ; refte à déterminer la largeur de la Berline , laquelle doit avoir 3 pieds J pouces de largeur par le haut à la retombée du cintre , ce qui eft eflèntiel à obferver , 3 pieds 4 pouces à la ceinture ou traverfe d'appui, & 3 pieds au nud du brancard. De manière que la voiture eft éyafée par le haut d'un demi-pouce de chaque ^20 MENU IS lE R , IIL Pan. Chap. IIL côté , lequel évafement eft une ligne droite depuis le haut jufquà l'appui, ^"s? "'^ lequelie fe termine en S par le bas pour regagner les deux pouces de différence qui fe trouvent de chaque côté entre la largeur de la voiture à la ceinture , Se celle de cette même voiture au nud du brancard. Pour le cintre de face du haut , on le fait le moins bombé poflîble , en obfervaut d'en faire defcendre la retombée au nud de celle du cintre de côté. Quant à la largeur des pilaftres de devant , elle fe détermine , ainu que je l'ai dit plus haut , par la rentrée intérieure des pieds corniers , ou bien par la grandeur de la glace qu'on veut y mettre. Voye^ la Fig. 6 , laquelle repré- fente la face d'une Berline difpofée de ces deux manières , c'eft-à-dire , le côté marqué Y , difpofé pour recevoir une glace de la plus grande hauteur 8c largeur poffible , Sc l'autre côté marqué Z , difpofé avec une frife & un grand pilaftre pour diminuer la grandeur de la glace. Ce que je viens de dire n'eft que pour fervir à tracer les voitures vues géomé. tralement, mais ne peut fervir à les tracer totalement, parce que non-feulement ces mêmes voitures font évafées & cintrées tant fur la face que fiir les côtés , mais encore évafées par leur plan , ce qui donne du ralongement non-feulement aux parties cintrées qui les compofent , mais encore aux parties droites , comme les traverfes de côté & tous les battants en général , ainC que je vais fexpliquer. Pour donner de la grâce à la forme des Berlines , & pour les rendre plus commodes , on s'eft avifé de les bomber dans le milieu de leur largeur , flir- tout à l'endroit de la ceinture, ce qui les a rélargies fans pour cela augmenter la largeur du brancard; c'eft ce bombage que les Menuifiers en Carroffes nomment renflement , lequel fait une des plus grandes difficultés qui fe rencontrent dans la conftrudlion des voitures. Ce renflement eft plus ou moins confidérable , félon les différentes elpeces de voitures , comme je le dirai en fon lieu , & eft différent dans la hauteur d'une même voiture ; de forte que les faces des plans d'une Berline , pris à l'endroit du brancard , à la ceinture & au pavillon , ne font point parallèles entr'elles , ce qui donne des gauches dans les côtés de la voiture , lefo[uels font tolérables dans la partie de l'appui , mais qui ne peuvent fe fouffrir dans le haut quand il eft deftiné à recevoir des glaces. La partie du côté de la Berline où fe place la portière , eft toujours droite de forte que le renflement fe fait du dehors de cette dernière ; c'eft pourquoi lorfqu'on veut tracer le plan du renflement d'une voiture , on y abaiffe des lignes perpendiculaires du dehors de la portière, comme celle x i ; ( la moitié de la Figure fuffilànt pour le tout;) du nud du brancard, comme celle Ma ; du nud de la ceinture , comme celle 5 3 ; & du haut du dehors de la voiture , comme celle C 4. On fait la même opération fur l'élévation de face , Fig. 6 , c'eft-à-dire , qu'on abaiffe des perpendiculaires du dehors de la voiture au nud du pavillon & de la ceinture , Section 111. T)e la manière de déterminer la forme des Voitures, jaî ceinture ; puis le point 5 , Fig. 7 , étant fuppofé le même que celui c , Fig. 6 , ■■ on porte fur la ligne du milieu de rélévation continuée jufques fur le plan , la Planché diftance ci, Fig. 6 , de 5 à (5 , Fig. 7 ; & celle c a 5 à 7 ; puis des points ^ ,6 Se j, on mené autant de lignes parallèles & horifontales aux perpendi- culaires de l'élévation qui leur font correfpondantes , ce qui détermine fur le plan les faillies tant de face que de côté de la ceinture , & du haut de la voiture ; refte à marquer fur ce plan le renflement, ce qui fe fait de la manière fuivante : Au point où la ligne 1,5, coupe celle l , on porte fur cette dernière la diftance de 9 lignes, qui eft le renflement du brancard , de ^j' à 8 ; puis du point 3 au point 8 , on mené une ligne qui eft la pente du brancard , & du point 8 , on mené une ligne parallèle à celle 2 , J , laquelle donne le devant de la portière à fendroit du brancard. On fait la même opération pour le pavillon , c'eft-à-dire , qu'on porte la diftance de 2 pouces & demi , qui eft le renflement ordinaire, de y à r ; puis du point 4 au point l , on tire une ligne qui eft la pente du pavillon prife au nud de la eaiffe , & de la retombée de ce même pavillon repréfentée fur l'éléva^ tion par la ligne C D. Refte à préfent à tracer le renflement de la voiture à l'endroit de la ceinture : la manière la plus ordinaire de le faire , eft de prendre la diftance a b , Fig. 6 , & de la porter de i à p , Fig. 7 ; & du point 9 au point 3 , on tire une ligne , laquelle donne la pente de la ceinture de la voiture , ou pour mieux dire , foa renflement d'appui. Cette manière de déterminer le renflement des voitures , eft vicieufe , en ce qu'elle produit un gauche dans la cuftode , lequel pourroit être tolérable s'il n'y avoit pas de glace ; mais quand il y en a , il n'eft pas poflîble de le fouffrir , à moins qu'on ne laifle du jour entre la glace & la joue des coulilTes, ce qui eft fort défagréable à voir, & ce qui arrive cependant à bien des voitures , où on n'a pas pris les précautions néceflàires pour éviter ce gauche , lequel eft fort aifé à connoître par le plan , puifque la ligne 3 , p , qui eft le nud de la ceinture , n'eft pas parallèle à celle 4 j i » qui eft le haut de la voiture repréfenté par la ligne C D , Fig. 1 , laquelle doit toujours être prife horifontalement à caufe de l'inclinaifon de la face de la voiture, & afin qu étant parallèle à celle d'appui , elles produifent enfemble des fùrfaces dégauchies , ce qui ne pourra jamais être tant que les lignes du plan , qui repréfentent celles dont je parle , ne feront pas parallèles entr'elles , ainfi que celles 4 , i , & Ce qui donne lieu au gauche dont je parle , c'eft qu'on donne ordinairement la même pente aux pieds d'entrée comme aux pieds corniers, fans faire atten-' tion à la pente que ces derniers ont par les deux bouts de la voiture , ce quî augmente la pente de côté , vu le renflement de la voiture , ainfi que je vais le démontrer. Soit le point A , Fig. 8 , l'angle de la voiture pris à la ceinture , & la diftance Menuisier. IIL Pan. Rrtrrr 5 a 2 ME NUIS 1ER, ni. Pan. Chap. II I. • - •- A B ,\.z pente du pied cornier par l'un des bouts : foie pareilleinent la diftance Planche B D , h pente de ce même pied cornier fur le côté , il eil: fort aifé de voir que la ligne A D eii l'arête extérieure du pied cornier repréfenté en plan ; enfuite du point D, qui repréfenté l'angle du haut delà voiture, on tire la ligne D C , félon l'évafement donné par le renflement du haut de la voiture , pris à la hauteur de la ligne CD, Fig. i ; il s'en&ivra nécefîàirement , que pour que la ceinture fe dégauchiffe avec le haut de la voiture , il faut que du point A , qui eft fangle extérieur de la voiture , pris à l'endroit de la ceinture , on mené une ligne A G parallèle à celle C D , & que la diftance A F, prife entre ces deux lignes , & perpendiculairement à la ligne A B, devienne beaucoup plus grande que celle A E ou B D ,ce qui eft la même chofe , & ce qu'il falloir démontrer. Il fuit de cette démonftration , que pour avoir la pente d'une voiture à l'endroit des pieds d'entrée , après avoir tracé le renflement du haut de la voiture , on prend avec un compas la diftance du point 3 , Fig. 7, au point g , que l'on porte de i en / ; & par les points 3 & Z, on fait pafTer une ligne , laquelle eft néceflàirement parallèle à celle 4 , i ; & du point m , où cette première ren- contre la ligne x r , qui eft le dehors de la portière , on mené une autre ligne m n parallèle à celle i 0 , de forte que la diftance i ou o , eft la pente des pieds d'entrée prife depuis le deffus de f appui , jufqu'au nud de la retombée du cintre de la voiture , repréfenté par la ligne C D , Fig. i. S'il arrivoit qu'au lieu de la pente des pieds corniers , ce fût celle des pieds d'entrée qui fût donnée , on fe ferviroit toujours de la même méthode , en retour- nant feulement l'opération, c'eft-à-dire , en menant du point m , que je fuppofe donné , une ligne parallèle à celle l , 4 , que l'on prolongeroit jufqu'à ce qu'elle rencontrât la ligne perpendiculaire abaiffée de l'angle 1 de la voiture , Vig. i. L'obfervation que je fais ici touchant le parallélifme des dilFérents plans d'une voiture , eft très-eflentielle , fur-tout lorfqu'on y fait ufage des glaces, parce que non-feulement il faut que les places deftinées à recevoir ces dernières foient parfaitement dégauchies , mais encore il faut éviter que fappui de ces mêmes glaces ait beaucoup de gauche , parce que cela oblige à prendre beau- coup de place pour leurs coulements , lefquels devant aulfi être dégauchis , diminuent la grandeur intérieure de la voiture. Après avoir tracé le plan des différents renflements de la voiture , il eft très- aifé de déterminer la forme extérieure des pieds d'entrée , & par conféquent des portières , ce qui fe fait de la manière fuivante : Sur les prolongations des lignes CD,I LScMN, Fig. r , on élevé une perpendiculaire ainfi que celle A B , Fig. 3 , repréfentée par le point o , Fig. 7 , ou par le point i , ce qui eft la même chofe ; puis on prend la diftance o n ou I m , même Figure , que l'on porte Fig. 3 , às B l C , 8c duquel point on élevé à la ligne de ceinture une ligne perpendiculaire , laquelle la rencontre au point E , ce qui donne la pente du devant du pied d'entrée , dont ï i arête . Section III. De la manière de déterminer la forme des Voitures. ou pour mieux dire la furface de la partie fupérieure, eft repréfentée par la > ligne E A, laquelle furface coupe la ligne perpendiculaire à la rencontre de la Planche ligne CD, Fig. i , prolongée jufques & au-delà delà Fig. 3 ; on prend enfuite la diftance 0 ou i , 8 , Fig. 7 , qu'on porte de B \ D , Fig. 3 , par lequel point D , on fait pafler le bas du cintre en S de l'appui , qu'on fait le plus doux polîible , pour la raifon que j'ai dite en parlant des coulifles des glaces , page 4pt) & Juivantes. Le cintre en S des pieds d'entrée dont je parle , ne peut pas être exaélement le même que celui des pieds corniers , ( que j'ai tracé dans cette Figure pat une courbe ponéluée, afin de la diftinguer d'avec la courbe des pieds d'entrée) parce qu'étant beaucoup plus longue que cette dernière , elle feroit mal fi elle fuivoit le même cintre , lequel n'eft pas fi gauche qu'il paroît l'être ici , vu les différents plans que donnent le cul-de-finge de la voiture & fon renflement. Il eft cependant vrai qu'il y a un peu de gauche ; mais c'eft très-peu de chofe , puilque la diftance C s , Fig. 3 , eft égale à celle ^ 3 , Fig. 7 ; laquelle diftance eft donnée par la ligne r 8 , qui étant parallèle à celle 3 , 5) , ne peut, par conféquent , produire qu'une furface droite. Tout le gauche qu'il y a n'eft donc que de la diftance s t , Fig. 3 , ce qui eft très-peu de chofe , & à quoi on pourroit cependant remédier , en faifant , comme je viens de le dire , le côté du brancard parallèle en plan avec la traverfe d'appui. Pour la ligne du milieu de la portière , repréfentée par celle F / L , Fig. 2 , c'eft le même cintre & la même pente qu'au pied d'entrée , les diftances F G 8cF H, Fig. 2 , étant égales à celles DC&. D B, Fig. 3 , parce que les portières font ordinairement fur une furface droite, en obferyant cependant, quand les portières font corps fur les pieds d'entrée, d'augmenter leur faillie fur le calibre , ainfi que findique la ligne ponèluée x x x. H faut encore faire attention que comme la pente & la rentrée du cintre des Fig. 2 er 3 font bornées par le haut & par le bas par la rencontre des lignes C D &. M N às l'élévation , Fig. l , avec les perpendiculaires dont les furfaces font repré- fentées fur le plan Fig. 7 , par les lignes i 0 & 8 ; il faut faire attention , dis- je , que ces lignes , qui font droites fur le plan , changent de forme , foit par la fortie des lignes droites du haut , repréfentées Fig. 2 (& 3 , par les perpendi- culaires Lï & Al., dont la hauteur eft bornée par des lignes pondtuées prove- nantes de f élévation Fig. i ; de forte que les points i & o du plan Fig. 7, s'écartent de la ligne droite i o , de la diftance i a8^^ l) , Fig. 2 (& 3 . Ce que je viens de dire pour le haut de la voiture , doit aulfi s'obferver pour le bas , parce que pour que le cintre en S faffe bien , il faut qu'il rentre d'après la ligne M N, Fig. i , de manière que le brancard ne peut pas avoir exa£te- ment la même forme que celui qui eft repréfenté par les lignes du plan 2,8, p , mais encore il faut que ces brancards foient hors d'équerre pour fuivre le 5^4 ME N UI S 1 E R,1I1. Pan. Chap. 111. cintre de la voiture , ainli que l'indiquent les lignes perpendiculaires Fu , Fig. 2 , D X Se ty , Fig. 3 , dont les diftances avec la rentrée des cintres d'après lefquels elles font abailTées , donnent l'évafement & le hors d'équerre du brancard , ce que j'expliquerai dans la fuite avec plus d'étendue en parlant de lafo rme & de la conftrudlion des pavillons & des brancards. Il eft encore un autre changement dans la forme des différents plans d'une Berline , qui n'eft pas néce/faire & indifpenfable comme celui dont je viens de faire mention, mais qui feroit un très -bon effet. Ce changement dont j'ai déjà parlé en traitant du corroyage des bois des voitures , page 484 , confifte à éviter le défaut que produifent les angles formés par les portières & les côtés de la voiture , défaut auquel on peut remédier en donnant aux différents plans de la voiture une forme bombée , du moins quant à l'extérieur , ainil que l'indique la ligne ^ ip, Fig. 7 , laquelle , fans augmenter le renflement de la voiture , en adoucit feulement l'angle 8, ou bien comme la ligne 4, i , (jr, laquelle paffant par l'angle i , augmente le bombage du milieu de la voiture. On ne fauroit difconvenir que cette forme bombée feroit beaucoup mieux que celle à pan qui eft en ufage à préfent , fans pour cela être plus difficile à l'exécution , ainfi que je l'ai dit plus haut , en obfervant toutefois de conferver le parallélifme néceffuire pour le revêtiffement des glaces , ainfi que je l'ai indiqué ci-deffus. Ce que je viens de dire jufqu'à préfent , n'eft applicable qu'aux différents plans d'une Berline , à la forme & à la longueur des pieds d'entrée & des battants de portières , dont le cintre & févafement n'eft que fur un fens. Il s'agit maintenant de déterminer la longueur & la forme des pieds corniers , lefquels font non-feulement évafés fur deux fens , mais encore dont les cintres & l'évafement font différents , ce qui en rend l'opération un peu plus com- pliquée , ainfi que je vais l'expliquer. Les pieds corniers étant cintrés des deux côtés & inégalement , il faut néceffairement avoir le calibre ralongé de chaque cintre , afin de n'employer que le moins de bois qu'il eft poffible , & en même temps conferver le fil du bois & éviter le bois tranché qui fe rencontreroit néceffairement dans les pieds corniers fi on les prenoit à plein bois , c'eft- à-dire, qu'après les avoir cintrés géométralement, comme les repréfentent les Fig. i & 5 , on leur donnât la pente & l'évafement néceffaire , ce qui éviteroit la peine de faire des calibres ralongés , mais en même temps emploieroit davantage de matière , & augmen- teroit le bois tranché , ce qu'il faut abfolument éviter. Le premier calibre ralongé dont on a befoin, eft celui du cul-de-finge repré- fenté géométralement par la ligne NLD, i^/^. l , lequel fe trace de la manière fuivante : Le cintre géométral du côté du pied cornier étant tracé , & celui de face ainfi que la Fig. i & 5, le deffus de l'appui étant déterminé par la ligne Z E, FlÇr. Sect. III. De la manière de déterminer la forme des Voitures. 52 j Fl^. I & 6 , on divife la hauteur de l'appui en un nombre de lignes parallèles 1 ' 1 à cette dernière , ainfi que celles b s , dt ,fu , kx, /y 8c NC; enfuite de Pianche l'extrémité fupérieure du dedans du pied cornier, Fig. 6 , à l'endroit le plus cintré , on fait palTer une ligne droite B D ,i. laquelle on mené une parallèle AC ,ce qui donne d'abord l'épaifleur de la pièce dans laquelle doit être pris le pied cornier , & en même temps la pente Se le ralongement du calibre , qui fe trace comme je vais l'indiquer. On trace à part , Fig. 4 , une ligne perpendiculaire ainfi que celle G H; puis on prend fur la ligne A C , Fig. 6 , les diftances données par les lignes horifontales qui la coupent, que l'on porte fur la ligne C H , Fig. 4 , du point F aux points n , o , p , q , r Se H ; de forte que la diftance F H e& égale à celle E C , Fig. 6 , ainfi des autres points , fur lefquels on élevé autant de perpendi- culaires à la ligne G H , Fig. 4 , dont les longueurs étant égales à celles de la Figure première qui leur font correfpondantes , donnent le cintre ralongé , c eft-à-dire , que l'on fait la diftance F 8 , Fig. 4 , égale à Z r , Fig. i ; celle n 9 égale Ib 2; celle 010 égale à 3 ; celle pu égale à/'4 ; celle ^12 égale à A 5 ; celle r 13 égale à l 6 ; Se celle H 14 égale a Nj; enfuite pour l'évafement du haut du calibre , on prend fur h. Fig. 6 , la diftance E A , qu'on porte de F en G , duquel point au point 8 , on fait pafTer une ligne droite qui eft la pente ou évafement du calibre ralongé , qu'on met enfuite de largeur félon qu'il en eft befoin. Le premier calibre étant fait , on trace le fécond , qui doit être ployant , de la manière fuivante : On trace la perpendiculaire Z A'' , Fig. 5 , fur laquelle on porte les diftances données fur l'intérieur du pied cornier , Fig. l , par la rencontre des lignes parallèles , c'eft-à-dire , qu'on porte la diftance x a , Fig. 1 ,à&Mll,Fig. 5 ; celle ac,àe lam; celle c e, de m à « ; celle eg,de nlo ; celle^i, de o à^; & celle i m , de à ; puis par les points M,l,m,n,o,p8c!SI, on élevé ■ autant de perpendiculaires à la ligne L N , dont la longueur donne le cintre du calibre , en faifant la diftance M 20 , Fig. J , égale à la diftance 14 { , Fig. 6; celle l 11 égale à celle 15s; celle m 2a égale à celle ï6 a; celle « 23 égale à celle 17 b ; celle o 34 égale à celle 18 d; celle p 25 égale à celle ip e ; enfin la diftance N 26 égale à celle a c ; puis on prend la diftance 8 G , Fig. 4 , qu'on porte de 20 à Z , Fig. J , ce qui donne la longueur du calibre qui fe met de largeur à l'ordinaire. Si au lieu de prendre ce calibre au dedans de la courbe , comme je viens de le faire , on vouloir le prendre au dehors , on fuivroit toujours la même méthode , en obfervant feulement de prendre les diftances horifontales fiir le dehors de la courbe , ce qui n'a befoin d'aucune démonftration. Quant à la véritable longueur de l'arête du pied cornier , elle n'eft pas Menuisier, 111, Part, S s s s s s piJ MENUISIER, m. Pan. Chap. IJl ■■ difficile , puifqu'elle eft donnée par la longueur de l'hypoténufe d'un triangle Planche reftangle , dont le grand côté eft égal à la longueur perpendiculaire du pied' cornier , & donc le petit côté eft égal à la lliillie du pied cornier pris fur l'angle , ainfi que je l'ai démontré dans la féconde Partie de cet Ouvrage , en parlant des arêtiers biais , page 343 & fulv. mais comme cette démonftra- tion eft faite fous un autre point de vue , j'ai cru devoir en faire ici une autre démonftration plus analogue au cas dont je parle. Soit, Fig. 9, l'angle ABC, l'angle de la voiture pris à la ceinture de la voiture , & l'angle E D F , l'angle extérieur de la voiture pris au haut du pied cornier, dont on veut avoir la longueur ou projeélion prife dans l'angle, on commence par tracer cette projeélion en plan , en tirant une ligne droite du point A au point E , fur lefquels points on élevé une perpendiculaire à la ligne A E ; puis la hauteur perpendiculaire du pied cornier étant bornée , comme par exemple de E enG , de ce point au point A , on mené une ligne droite , dont la longueur eft celle de l'angle du pied cornier. H eft encore une autre manière d'avoir cette longueur , qui , quoique différente de la première en apparence , revient cependant au même , ainfi qu'on va le voir. On prolonge les côtés de l'angle intérieur , jufqu'à ce qu'ils rencontrent ceux de l'angle extérieur aux points b &. c , defquels points on élevé une perpendiculaire à chacun de ces côtés ainfi prolongés ; puis on porte la hauteur perpendiculaire de l'arête du pied cornier de ^ en a , duquel point à l'angle A , on mené une ligne diagonale , à l'extrémité de laquelle on élevé une perpen- diculaire dont on fait la longueur a I égale il Ac ; puis du point / à l'angle A , on mené une ligne droite dont la longueur eft celle de l'arête du pied cornier , ce qui eft exaétemenc vrai , puifque cette dernière ligne eft égale à celle A G. On fait la même opération pour l'autre côté que pour celui-ci , c'eft-à-dire , qu'on fait c d égal d. E G , Se d H égal l Ab, cq qai donne la diftance A H égale ^ AG. Cette féconde méthode , quoique plus compliquée que la première , eft cependant la même, puifqu'il s'agit de faire des triangles redangles, dont l'hypo- ténufe foit égale à la longueur de l'arête du pied cornier , ainfi que le repré- fente la première méthode , d'une façon d'autant plus claire , que le grand côté du triangle reélangle , eft de la longueur perpendiculaire de f angle du pied cornier , ce qui ne fe rencontre plus aux triangles de la féconde méthode , qui , quoiqu'ils foienc toujours des triangles reélangles , dont l'hypoténufe eft d'une longueur égale à celle du triangle fervant à la première méthode , les grands côtés de ces premiers triangles augmentant néceffaireraent de longueur à raifon de ce que leurs petits côtés , repréfentés par les lignes A b Se A c différent de la ligne AE, qui eft elle-même l'hypoténufe du triangle Section IIL §• I- Des Pavillons ou Impériales , 3Cc. 527 reâanglc c A E , auquel ces deux premières lignes fervent de côtés , la ligne c E étant égale à celle A b. Il réfulte de cette déraonftration , qu'on doit fe fervir de la première méthode , qui eft la moins compliquée , quand on voudra relever la longueur de l'arête d'un pied cornier fur le plan , ce qui eft plus aifé , mais en même temps ce qui occupe beaucoup de place ; & qu'au contraire on doit fe fervir de la féconde méthode quand on voudra fe pafler du plan , comme je l'ai fait aux Flg. 4 & J , où j'ai d'abord pris la longueur E A , Flg. 6 , laquelle eft le premier ralonge- ment , & que j'ai portée , fig. 4 , de Fà C , afin d'avoir l'hypoténufe S G , qui eft la véritable longueur de l'arête du pied cornier. La méthode que je donne ici pour déterminer la longueur & la forme des pieds corniers d'une Berline , peut s'appliquer aux pieds corniers de toutes les autres voitures de quelque forme qu'ils puilTent être , vu que ceux dont je viens de parler renferment toutes les difficultés poflibles , puifqu'ils font non- feulement cintrés des deux fens , mais encore d'un cintre & d'un évafement inégaux. Il me refte maintenant à parler des pavillons ou impériales , de leurs formes & conftruélion , des affemblages des parties qui compofent le pourtour de la caide, de la forme & de la conftruâion des brancards , ce qui terminera cette troifiéme Seélion , & le détail de toutes les parties extérieures d'une Berline , lelquels détails feront applicables à toutes autres efpeces de voitures , ainfi que ce que j'ai dit ci-devant. §. I. Des Pavillons ou Impériales , de leurs formes & confiruclion. J'ai donné dans la Planche précédente la manière de déterminer la forme des différents plans d'une voiture , pris fur des lignes horifontales & à diffé- rentes hauteurs ; c'eft pourquoi je n'en parlerai pas ici , me contentant de repré- fenter un pavillon vu en deffbus , Pig. i , & une partie de ce même pavillon vu en delfus , Yig. 3 , lequel eft tracé félon les mefures que j'ai données ci- devant, page J18. Il s'agit maintenant de donner la manière de conftruire les pavillons d'après ces mefures données , & de déterminer leurs formes exté- rieures, c'eft-à-dire, leur bombage , &par conféquent les courbes des différentes cerces qui compofent , ou pour mieux dire , qui rempliffent f intérieur d'un pavillon. J'ai dit plus haut , page 467 que la différence qu'il y avoit entre un pavillon & une impériale , confiftoit en ce que le premier étoit rempli par des cerces parallèles entr'elles , & qu'au contraire les cerces des impériales tendoient toutes à un ovale placé au milieu de f impériale , dans lequel elles viennent toutes s'aflembler. Dans fun & l'autre cas , il faut que les cerces foient dilpofées de manière "528 MENUISIER, m. Part. Chap. III. =! que la furface extérieure foit d'un pavillon ou d'une impériale , foi: d'une Planche fQ|-f,-je gracicufe & unie , fans aucune efpece de concavité ou d'élévation : il i88. , , 5 faut auflî éviter qu'il s'y trouve des arêtes aux angles , comme on en voit à prefque toutes les impériales , parce qu'ils empêchent le cuir de s'étendre également , ou du moins l'expofent à fe couper à l'endroit de ces arêtes , ce qui efl fort à craindre. Pour prévenir ces inconvénients , il s'agit de donner à toutes les cerces qui compofent foit un pavillon ou une impériale , la courbure qui leur eft néceflaire , ce qui fe fait de la manière fùivante : La longueur & la largeur du pavillon étant déterminées , on trace les lignes de milieu A B & CD, que l'on doit confidérer comme faifant partie d'une furface plane & horifontale , paflànt par le plus haut point des battants de pavillon , c'eft-à-dire , au milieu de la voiture , dont le cintre de côté ell repréfènté par la ligne E F G ; enfuite on détermine le bombage qu'on veut donner au pavillon , comme de jF à H, par lequel point & les points L , M, qui font le delfus du profjl, on fait palfer un arc de cercle L H M , qui eft la courbe du dellîis du pavillon pris au milieu de fa largeur , d'après laquelle courbe on diminue l'épaiiîèur de la volige que l'on doit y attacher, afin d'avoir la véritable courbe de la cerce du milieu , laquelle doit être d'une feule pièce , & que j'ai marquée par un trait plein , au lieu que la courbe du deflus n'eft que pondluée. Cette double opération eft abfolument néceflaire , parce que comme toutes les cerces d'un pavillon font d'une courbure inégale , elles approchent pjus ou moins du bord du pavillon , à raifon qu'elles font plus ou moins cintrées , comme on peut le voir dans la Fig. 4 , où la ligne c b étant plus inclinée que celle a b, non-feulement recule le devant de la cerce de la diftance ed, mais encore change l'inclinaifon du chanfrein du delTus du pavillon , lequel, par cette raifon , ne fauroit être d'une même forme dans toute la longueur du pavillon , mais doit changer en raifon du plus ou moins de courbure de ce même pavillon ( * ). Lorfqu'on a déterminé le cintre de largeur, on détermine celui de longueur, en faifant la diftance F I égale à. F H ; puis par les points 0,1, F , on fait pafler un arc de cercle qui eft le cintre demandé , & d'après lequel on tire un fécond arc de cercle qui eft le delTus de la grande courbe , ainfi que je l'ai obfervé à la courbe du milieu de la largeur. Quand la grande courbe eft ainfi tracée , on fait deffus la divifion des autres courbes , que l'on abailîe perpendiculairement fur la ligne du milieu , ainfi que je l'aï fait dans cette (*) Les Menuificrs en Carroffcs ne prennent pas toutes les précautions dont je parle ici , parce que quand ils pofent leur volige de pa- villon , ils ôtent un peu de bois aux cerces s'il s'en trouve de trop, ou au contraire en rappor- tent quand il ne s'y en trouve pas affez , afin de donner une forme gracieufc au deffus du pavillon , ce qui ne fait pas grand tort à l'ou- vrage , à la vérité ; mais en même temps c'efl toujours travailler au liafard , ce qu'il faut éviter le plus qu'il eft poflible, fur-tout quand on peut faire autrement. Figure ; Section III. §. I. Des Pavillons ou Impériales , SCc. Figure; refte enfuite de tracer la courbe de chacune de ces cerces, ce qui fe fait de la manière fuivante : Fl-ANCHE Au devant de chaque courbe qu'on veut tracer , on prend la diftance qui fe trouve entre la .ligne de niveau A B , Se h comhe E F G , qui rcpréfonte le cintre du cÔté de la voiture , laquelle diftance on porte en dcfllis ou en delFous de la ligne du plan de la cerce dont on veut avoir la courbe, félon que la diftance qu'il y a entre la ligne de niveau & le cintre de côté de la voiture eft en defllis ou en delfous de cette ligne ; on prend , dis-je , cette diftance, laquelle fe trouve ici être en delfous, qu'on porte en defTous de la ligne dont on veut avoir la courbe , comme par exemple celle U" , en faifanc la diftance Q b égale IQa; puis par le point ù on fait pafTer une ligne T Y, parallèle à celle U Q , laquelle ligne repréfente le de/Tus des battants du pavillon à cet endroit , & par conféquent la retombée de la courbe , dont on a le point d'élévation en faifant la diftance Q R égale l Q S ; puis par les points TRY, on fait palFer un arc de cercle qui eft la courbe demandée, d'après laquelle on en trace un fécond , qui eft le deftlis de la cerce , à l'ordil naire. Il faut obferver que la courbe ainfi tracée n'eft que pour un côté de la cerce ; & que fi on vouloit avoir la courbe de l'autre coté , il faudroit recom- mencer l'opération pour cet autre côté , ce qui eft inutile dans le cas préfent, vu le peu de largeur de la cerce , & le peu de hors d'équerre qui s'y trouve \ c'eft pourquoi on fe contente d'en tracer jufte un côté, & de mettre le delTuI de la cerce hors d'équerre , félon que l'exige la courbe de longueur & le renflement de la voiture. Les autres courbes du pavillon fe tracent par la même méthode que celle dont je viens de parler; c'eft pourquoi je n'en ferai pas de démonftration , me contentant de tracer l'opération fur la Figure. On fera auffi attention que pour faciliter l'intelligence de ce que je viens ■ de dire touchant les courbes des cerces d'un pavillon, j'ai fuppofé que le haut de la face de la voiture étoit droit, parce que fi la traverfe du pavillon étoit cintrée , comme c'eft l'ordinaire , il eût fallu que je remontafl-e les points E , C^, de ce que la face de la voiture auroit eu de bombage , ce qui auroit rendu la démonftration un peu plus compliquée ; c'eft pourquoi j'ai préféré de fuppofer la voiture droite par la face , réferyant à donner la méthode de tracer les courbes des cerces d'un pavillon cintré fur tous les fens , en parlant des pavillons à trois cintres , ou pour mieux dire des impériales. En général, les cerces des pavillons & des impériales fc font de bois d'orme d'environ p lignes à un pouce quarré tout réduit, c'efi-à-dire , mis hors d'é- querre tant en dedans qu'en dehors. Pour leurs aff-gmblages , ils fe font à tenons & mortaifes les unes avec les autres ; favoir , celle du milieu de largeur, qui eft d'une feule pièce & qui reçoit celle du milieu de longueur laquelle eft par conféquent de deux pièces, dans lefquelles viennent s'afFembh-r Menuisier , 111. Pan. T 1 1 1 1 1 J30 MENUISIER, ni. Part. Chap. III — -! toutes les autres cerces , lefquelles font chacune de deux pièces , ainfi que je Planche l'ai obfervé aux Fig. I <& 3. Les cerces des pavillons ne s'alTemblent pas ordinairement dans le chaffis , mais s'appliquent à nud deffus & s'y arrêtent avec des clous ; mais je crois que malgré l'ufage , il vaudroit beaucoup mieux , ne pouvant y faire des afTem- blages \ l'ordinaire , les faire au moins entrer en entaille dans le chaffis du pavillon , comme je l'ai indiqué par les lignes ponduées/, g,d,Fig.^,cz qui feroi: très-folide , & retiendroit mieux l'écart de la voiture. Pour ce qui eft des chafTis de pavillon , on les aifemble à tenons & mortaifes ; & comme le bois de J pouces de largeur n'eft pas fuffifant, on y rapporte des collages en dedans , d'après lefquels on fait l'affemblage , ainfi qu'on peut le voir dans la Fig. r , où les lignes ponfluées le long des battants , indiquent la largeur du bois , & par conféquent ce qu'il faut y coller. J'ai dit ci-devant que les voitures feroient beaucoup mieux fi leur renfle- ment étoit un arc de cercle au lieu d'être à pan , comme c'eft la coutume ; c'eft pourquoi j'ai repréfcnté Fig. 2 , un battant de pavillon ainfi difpofé avec toutes fes rainures & fes moulures, lequel n'emploie pas plus de bois que de l'autre façon , & fait cependant beaucoup mieux. 'Quant à la forme des bâtis ou chaflls de pavillons , elle eft repréfentée par la coupe Fig. 4 , laquelle les repréfente de niveau , ce qui n'eft cependant pas fans difficulté , tant pour ce qui eft des afTemblages que pour la rencontre des profils, ainfi que je le démontrerai ci-après. Le deiTus des pavillons fe recouvre de voliges d'une à a lignes d'épai/feur , lefquelles s'attachent deflus avec de petits clous d'épingle ; ces voliges doivent être d'une égale épaiiTeur entr' elles , afin qu'elles affleurent toutes à l'endroit des joints. Quant à la manière de pofer ces voliges , elle eft très-fimple , parce qu'après en avoir dreffé une , on l'attache au milieu du pavillon avec deux ou trois clous feulement, afin de la faire ployer & de pouvoir la tracer de longueur; enfuite de quoi on la détache , on la coupe de longueur , & on la met en chanfrein par-defTous , pour qu'elle porte bien & qu'elle joigne fur la traverfe de pavillon , ce qui étant fut on l'attache à demeure. On fait la même opération aux autres voliges , dont on trace la longueur & le joint après les avoir fait ployer à leur place , ce qui ne fouffre aucune difficulté, du moins pour les couvertures de pavillon. Lorfque toutes les voliges font pofées , on doit avoir grand foin qu'elles affleurent bien par-tout , tant entr'elles qu'avec le chaflis du pavillon ; & s'il arrivoit qu'elles défaffleuraffènt , on y donneroit un coup de rape ou de rabot félon qu'il feroit néceflàire. = On appelle Voitures à trois cintres , celles dont le côté du pavillon eft décoré Planche ^^^^^ cintres différents , comme le repréfente la Fig. 3, Section III. §. I. Des Pavillons ou Impériales , SCc. 531 Ces voitures , quoique peu en ufage à préfent , font cependant un très-bel . effet & font très-avantageufes , tant pour la forme des glaces , qui devient Planche plus heureufe qu'aux voitures ordinaires, que parce que la portière devenant plus haute que les cuftodes , donne moyen de baifTer l'appui ou cintre de la voiture , & de placer commodément les glaces de cuftode, fans être obligé de faire d'entaille dans le brancard. De plus , les pavillons ou impériales de ces voitures , quoique plus chargés d'ouvrages que les autres , font cependant d'une plus facile exécution j comme je le prouverai ci-après ; il n'y a donc que le remplilTage de ces pavillons qui devient plus compliqué , fur-tout lorfqu'on veut les faire avec toute la perfedlion dont ils font fufceptibles. Les pavillons à trois cintres font de véritables impériales, puifqu'ils ne peuvent être remplis par des cerces parallèles entr'cUes , comme celles des pavillons dont je viens de parler , parce qu'il faut que les inégalités des cintres des battants de pavillon aillent à rien au centre de l'impériale , ce qui , par conféquent , oblige à faire tendre toutes les cerces à ce même cintre. Toute la difficulté qu'il y a dans la conftruélion de ces courbes , confifte à les cintrer de manière qu'elles ne falfent aucune côte dans toute l'étendue de l'impériale , dont la furface doit être , ainfi qu'aux pavillons , la plus unie poffible. Pour parvenir à donner aux cerces des impériales toute la perfeélion donc elles font fufceptibles , il faut d'abord opérer comme s'il devoit y avoir des cerces parallèles tant fur la longueur que fur la largeur , ce qui fe fait félon la méthode que je viens de donner pour les pavillons , afin d'avoir des points pour prendre les hauteurs des courbes tendantes au centre , ce qui fe fait de la manière fuivante : Après avoir tracé le plan du chaflîs de l'impériale , on en divife l'intérieur par des lignes droites parallèles entr'elles & aux faces du chalTis , ainfi que celles ab , c d, ef, g h , i l Su. mn , lefquelles , ainfi que celles du milieu , doivent être confidérées comme faifant partie de la furface repréfentée par la ligne horifontale A B , Fig. 3 , laquelle palfe par le point le plus haut du cintre du battant de 1 impériale j & par la ligne L AI ^ ^^S- 4j autant éloi gnee des angles de 1 impériale que cette dernière ; c'eft-à-dire , que la diftance L N ovi M O , Fig. 4 , eft égale à celle A Z ou B I , Fig. 3 , ce qui eft la même cholè. Puis après avoir déterminé le cintre ou bombage du milieu de la largeur du pavillon , on prend Fig. 4 , ( qui repréfence la partie fupérieure de l'élévation de face de la voiture , ainfi que la Fig. 3 , qui repréfente celle de côté , ) la diftance P Ç , qu'on porte de à r , Fig. i ; & de ce point au point q , don: la diftance du centre o eft égale à celle o /•, on fait palfer un arc de cercle qui eft le cintre du milieu delà longueur, & dont le centre eft toujours fur la ligne J32 MENUISIER, III. Part. Chap. III. du milieu du pavillon , prolongée autant qu'il efl néceflàire. On fait la même opération pour la ligne m n, dont on a k courbe en faifant la diftance n i égale à celle R S, Fig. 4 ; & celle m s égale à celle me , Se enfaifant pafTer un arc de cercle par les points s 2. On a la courbe de la ligne i l , en faifant la diftance / 3 égale à celle T U , Fig. 4; & celle u i égale à celle L x ; on a enfin la courbe de la ligne ^ h , en faifant la diftance A 4 égale à celle M O , Fig. 4 ; & çellejK g égale à celle g ^. On fait la même opération pour les autres lignes a,b,c,d8cf, dont on^i les points de retombée & l'élévation , en faifant pour les retombées la diftance h 8 égale à celle B I , Fig. 3 , & par conféquent égale à celle A4 , ce qui doit être , puifque la diftance Bl , Fig. 3 , eft égale à celle MO , Fig. 4 ; celle e 7 égale à celle E H ; celle c 6 égale à celle D G ; Se celle a j égale à celle C F. Pour les autres points de ces courbes , on les aura en les éloignant de leurs lignes de bafe , d'une diftance égale à celle qui fe trouve entre les autres courbes & leurs lignes de bafe , à fendroit où ces dernières rencontrent celles dont je parle , c'eft-à-dire, aux angles formés par la rencontre des lignes a b, c d, ef, & celles gh, il Semn, defquels angles de rencontre comme centres , j'ai décrit autant de quarts de cercles qui indiquent l'égalité d'élévation qu'ont & que doivent avoir ces courbes à l'endroit où elles fe rencontrent. Ces diverfes courbes étant une fois tracées, il eft fort aifé d'avoir celles des cerces tendantes au centre de Fimpériale , puifqu'on fe fert de la même mé- thode que pour celles dont je viens de parler , ainfi que je vais le démontrer. Avant de chercher la courbure des cerces d'une impériale , on commence par en faire la divifion & par les tracer en plan , ainfi que dans la Fig. 2 , & on les arrange de manière qu'elles laiiïènt un vuide égal entr'elles , en obfervant cependant qu'il s'en trouve toujours une dans la partie la plus creu{è, & qu'elles tendent toutes à un ovale placé au milieu , fans affedter que les cerces des angles fuivent la diagonale du chafîis ; ce qui eft d'autant plus inutile , qu'il ne doit paroître aucune arête dans les angles de l'impériale , ainfi que je f ai déjà dit. Le plan des cerces étant ainfi tracé , il s'agit d'avoir leur courbure , ce qui fe fait de la manière fuivante : On divife la largeur de chaque cerce en deux parties égales , comme je l'ai obfervé Fig. 2 , puis on reporte ces lignes fur celles dont on a déjà les cerces , Fig. I ; & à chaque point où les lignes des cerces tendantes au centre , ( ou du moins à peu de chofe près , ) coupent les autres lignes parallèles , on élevé ou on abailTe des perpendiculaires à ces dernières jufqu'à ce qu'elles rencon- trent leurs courbes , & la longueur de chaque perpendiculaire fert à donner la courbe des lignes tendantes au centref, ainfi que je vais le démontrer. Soit , par exemple , la ligne a h , Fig. 2, dont on veut avoir la courbe : on trace fur la Figure i , la ligne 9 , lofemblable à celle ab;Sil chaque point où elle rencontre Section III. §. I. Des Pavillons ou Impériales , SCc. j'^j rencontre les lignes horifontales ou perpendiculaires , on abaifTe ou on élevé des perpendiculaires à ces dernières , félon que leur courbe eft en delTus ou en delTous, ainlique celles ^ , i r , 12 , 13 , 14 , i j , i5 & . ^^ç^-^^^ trace de l'autre côté de la Figure la ligne cd, femblable à celle (j, 10 , ( & par conféquent à celle ai, Fig. 2 ,) 8ch tous les points où cette ligne c d, ¥ig. 1 , eft coupée par les lignes l.oi ifontales ou perpendiculaires de la première opération , on élevé autant de lignes perpendiculaires , qui , par leur hauteur , étant égalesà celles qui leur font correfpondantes, donnent la courbe demandée , ceft-à-dire , qu'on fait la diftance c e égale à celle 9 , 11 , ou à celle Xy\ Fig. 4 , ce qui eft la même chofe ; celle /«•, égale à celle 12,13; «lie k i égale à celle 14 , 15 ; celle / m égale à celle 17; enfin celle ^ n égale à • puis par les points e,g, i,mà.n, on fera paifer une ligne courbe qui fera celle que l'on cherche. On fera la même «pération pour toutes les autres cerces dont on aura le point de retombée fur l'élévation Fig. 2 , en faifant la diftance 0 18 égale \ A Z ; celle p xç) égale à celle ^ 22 ; celle q 20 égale à celle r 23 ; & celle r 21 égale à celle « 24, le refte comme ci-delTus ; ce qui eft fort aifé à concevoir pour peu qu'on veuille faire attention à la Fig. i , que j'ai deffmée de deux manières différentes, afin qu'on puilTe mieux rcconnoître les différentes opérations nécef- faires pour avoir les courbures dont on a befoin , lefquelles opérations feroient devenues trop embrouillées fi elles eulfent été faites les unes fut les autres. Ilréfulte de cette méthode de tracer les cerces d'une impériale , que toute fa furface convexe vient de la forme la plus parfaite qu'il foit poffible de lui donner , fans aucune inégalité ni arête aux angles , ce qui eft un grand avantage. De plus , cette manière de difpofer les cerces fans arête à celle d'anok , donne la liberté de faire paffer toutes droites les voliges qui couvrent l'impé- riale, fans être obligé de les couper à fendroit de la cerce de l'angle , comme on le fait ordinairement , n'y ayant que dans la partie creufe du delTus de la cuftpde, où l'on eft néce(rairemenc obligé de le faire ; c'eft pourquoi il faut toujours qu'il fe trouve une cerce à cet endroit , afin de pouvoir y attacher les bouts des voliges. Lorfqu'on cintrera les cerces des impériales, on aura foin de reculer ou d'avancer le calibre à raifon de la pente de la cerce , ce qui ne fouff-re aucune difficulté , le calibre pouvant fervît aux deux côtés de la cerce , vu fon peu d'épai/feur, ou pour mieux dire, de largeur. Quoique j'aie dit plus haut qu'il falloit faire des impériales à toutes les voitures à trois entres , ce ne fera cependant qu'autant que ces cintres auronc une retombée confidérable, & que le delTus fera beaucoup bombé; mais s'il arrivoit que le cintre de la voiture fût très-doux & quele delTus fût peu bombé, on pourroit y faire un pavillon à l'ordinaire , en obfervant toutefois d'en tracer les courbes par le moyen de plufieurs arcs de cercles pris fur la longueur de Menuisieb. , m. Pan. V V V V v V Planche i8p. ME NUI SIE R, m. Pan.Chap. IIL la voiture , ainfi que je l'ai obfervé à la F.o-. r , où les courbes des hgnes PtANCHE parallèles a h , c d &. c f, v.. font pas des arcs de cercles comme dans les ' pavillons à un feul cintre , mais des courbes dont les extrémités font adoucies pour regagner les inégalités du cintre de cÔté de la voiture. Quanta ce dernier , il n'y a point de règle certaine qui en détermine la forme ; ■ il fufEt qu elle foit gracieufe & fans aucun jarret , & qu'elle faffe bien, non-feu^ lement par rapport à elle-même, mais encore par rapport aux parties qui l'accompagnent , telles que les portières , les glaces & les pilaftres de cuftode , dont la forme des parties fupérieures eft déterminée par celle du cintre du pavillon, qu'on ne doit jamais arrêter fans tracer en même temps le relte de la voiture, afin de donner toute la grâce poffible à fon enfemble, ce que , ai obfervé dans la Fig.^, où après avoir deff.né à l'œil les contours tant de l'impériale que de la portière & des cuftodes , j'ai aff-ujéti ces contours a des formes régulières, ceft-à-dire , tracées au compas, & j'^i eu l'attention d en conferver tous les centres & les lignes de confiruftion , afin que dans toute occafion on puifl'e arrêter sûrement les contours qu'on a tracés à l'œil , & les reporter facilement d'un côté , ou même d'un lieu à l'autre. , J'ai dit plus haut que l'évafement des voitures changeoit la forme du plan Planche tant des brancards que des pavillons , & cela en raifon du plus ou moins d'éva- fement & du cintre de ces derniers ; & que les plans , foit des brancards ou des pavillons , tels que je les ai repréfentés FL i%7 , Fig 7 ^ vlétoït^t vrais que pris furies lignes horifontales CD^MN,Fig.i de la même Planche, d'après lefquelles lignes j'ai parti pour aflùrer & prendre toutes les dimenfions néceffaires , pour avoir les calibres des pieds corniers , & les autres pièces du corps de la caiffe. Il s'agit maintenant de donner une règle sûre pour conferver aux traverfes du haut de la voiture , leur forme naturelle , foit qu'elles foient cintrées en plan ou qu'elles foient droites , ce qui eft plus ordinaire: mais on n'y parviendra jamais tant qu'on ne connoîtra pas au jufte le changement que produit l'évafe- ment d'une voiture dans le plan des brancards & des pavillons. Si le haut & le bas d'une voiture étoient terminés par des lignes droites telles que celles d'après lefquelles j'ai marqué les plans , il n'y auroit sûrement aucun changement dans ces mêmes plans ; mais comme les extrémités d'une voiture font toutes cintrées ou inclinées, elks changent nécelTairement de plan à mefure qu'elles s'éloignent des lignes horifontales d'où viennent ces mêmes plans , ainfi que je vais le démontrer. Soit la courbe ABC, le cintre de face d'une Berline , & la ligne E F , l'inclinaifon ou évafement de face , il eft très-vifible que cet évafement eft plus ou moins confidérable à raifon de ce que le cintre s'élève , ce qui donne fur le plan des points dont on a la projeftion de la manière fuivante : On divife le cintre en autant de parties qu'on le juge à propos , ainfi que par les points a , b , c , d , e , defquels points on mené autant de lignes horifontales Section III. §. I. Des Pavillons ou Impériales , SCc. y^y & parallèles entr'eiles , jufqu'à ce qu'elles rencontrent la ligne d'évafe- ment £ F aux points/, g,k,i, /, defquels on abaiiîe autant de lignes Planche perpendiculaires qu'on fait retourner fur le plan , dont le devant eft indiqué par la ligne G H ; enfuite des points de divifion de la courbe , on fait defcendre autant de lignes perpendiculaires qu'on prolonge fur le plan jufqu'à ce qu'elles rencontrent les lignes du plan , ( produites par les perpendiculaires abailTées de la ligne d'évafement , ) qui leur font correfpondantes aux points m,n,o,p3c H, par lefquels on fait palFer une ligne courbe, laquelle eft le véritable plan du devant de la voiture, à laquelle on ajoute les largeurs de bois nécef- faires tant en dedans qu'en dehors. D'après la démonftration que je viens de faire , il eft très-aifé de voir que pour peu que le devant d'une voiture foit cintré , la traverfe de pavillon ne peut pas être corroyée droite, parce que fi cela étoit , on feroit obligé de faire creufer la traverfe du haut en dedans de la voiture de ce que la ligne mnop excède celle G H en dehors & cela changcroit le cintre de cette traverfe, lequel deviendroit alors moins haut; ce qui eft fort aifé à prouver, la diftan'ce que la traverfe occuperoit alors, étant moins grande que celle//, qui eft la place qu'elle doit occuper ; & par une fuite néce/faire , il réfulte de cette démonftration, que le cintre des traverfes du haut des voitures ne doit pas Être le même que ceux des traverfes ou des battants de pavillon, puifoue ces derniers fe préfentent toujours de face , ainfi que la ligne q/,& qu'au contraire celui des traverfes ne fe préfente qu'incliné, ainfi que la ligne//. Or , pour avoir le véritable cintre de la traverfe qui doit entrer dans la courbe ABC, on n'a qu'à prendre fut la ligne d'inclinaifon , les diftances produites par la rencontre des lignes horifontales provenantes des divifions de l'élévation, & les reporter fur cette dernière aux points qui leur font correfpondants ' c'eft-à-dire , faire la diftance u & égale à //; celle égale h l g- celle s'y égale IL h; Se celle r x égale à / / ; puis par les points x x , j , ^ & <S' , on fera pafl-er une ligne courbe qui fera le cintre demandé, lequel diffère de peu de chofe , à la vérité, mais encore faut-il y faire attention , fur-tout quand le cintre & l'évafement d'une voiture feront un peu confidérables ; de plus , l'obferva- tion que je fais ici ne peut être que très-utile, vu que fins être abfolumenc nécefl-aire dans la pratique, elle accoutumera les Praticiens à faire attention aux changements qui fe trouvent dans les cintres qui doivent être inclinés où fans fe fervir d'un autre calibre que pour les cintres verticaux, prévenus du rallongement nécelfaire des premiers, ils les feront im peu plus bombés que ce même calibre , ce qui les fera revenir plus juftes. Le changement qui fe fait dans le plan de la face d'une voiture , fe faic auffi pareillement fur le côté , comme on peut le voir dans la Flg. 2, laquella repréfente la moitié d'un battant de pavillon à trois cintres , dont les divifions renvoyées fur la ligne d'inclinaifon IL, donnent fur le plan la ligne courbé 53^ ME NU I S I E R, m. Pan. Chap. 111. ac ,eg,im,oq ,!LU lieu de la ligne droite abd /,&c. ce qui n'a befoin d'au- cune démonftration d'après ce que je viens de dire à la Fig. i. Dans la conftruaion de la Fig. 2 , j'ai été obligé de faire le côté du plan du pavillon fur une ligne droite, ce qui n'a pu fe faire autrement, afin d'avoir au jufte la fortie du plan à chaque divifion de l'élévation , qu'il s'agit maintenant de reporter fur un plan de côté du pavillon avec fon renflement , ce qui fe fait de la manière fuivante : On trace à part le plan du côté du pavillon félon la méthode ordinaire , c'eft- à-dire, à 2 pouces & demi de renflement , ainfi que l'indiquent les lignes MN & N O ; on fait enfuite defcendre les perpendiculaires provenantes de félé- vation , jufques & au-delà des lignes du plan Fig. 3 , & on leur donne de longueur ce qu'elles ont dans le plan Fig. 2 , c'eft-à-dire , qu'on fait la diftance r I Fig. 3 , égale a èc, Fig. 2 ; celle s 2 égale à de ; celle t 3 égale afg ; celle u 4 égale à A i ; celle x j égale a. l m; celle y 6 égale an 0 ; 8c celle O 7 égale ap q ; puis par les points Ai , i , 2 , 3 , 4 , 5 , (5 & 7, on fait paflèr une ligne courbe qui eft le plan du côté de la voiture. Il faut faire attention que cette ligne n'eft pas exaélement courbe , mais qu'elle fait quelques jarrets qu'on corrige aiféraent , ainfi que je l'ai obfervé à la ligne P Q R, laquelle s'écarte & fe rapproche de la ligne du plan félon qu'il a été néceffaire pour qu'elle ait une forme gracieufe. Les pavillons à trois cintres font , ainfi que je l'ai déjà dit , très-commodes pour l'alTemblage & le raccordement des profils , parce qu'ils viennent prefque de niveau fur les bouts , ce qui les rend auflî aifés à affembler que s'ils étoient droits ; mais il n'en eft pas de même des pavillons à un cintre , lefquels , ainfi que la Fig. 4, viennent penchés par les bouts , de forte que pour les faire revenir enfemble , il faut faire pencher les bâtis de ces pavillons , ce qui eft fujet à bien des difficultés , ainfi que je vais le prouver. Lorfqu'on fait pencher les bâtis des pavillons fuivant leur cintre , il arrive qu'on dérange le plan de la voiture , laquelle alors devient plus évafée qu'elle ne devroit l'être ; de plus , cette inclinaifon des bâtis d'un pavillon diminue la hauteur de leur cintre & fait pencher leurs profils , ce qui fait un très- mauvais effet. Cette méthode eft encore fujette à un autre inconvénient , qui eft que les profils ne peuvent pas fe raccorder à l'angle , à moins que le cintre de devant & celui de côté ne foient d'une même inclinaifon , ce qui eft impoffible , ou du moins très-rare , de forte qu'un profil devient beaucoup plus bas que l'autre , quoique commençant au même point , ainfi qu'on peut le voir dans la Fig. 4 , oii le profil c d , donné par la courbe a i c , eft beaucoup plus bas que le profil c e , que je fuppofe venir de niveau pour rendre cette différence plus fenfible. On ne peut guère remédier a ces diftérents inconvénients, qu'en faifànc porte Planche Section III. I. Des Pavillons ou Impériales ,SCc. 5:37 porter de niveau les pièces du pavillon , ainfi que le profil d fg l , & laiiïer du bois fur le bout des courbes pour regagner le cintre des autres pièces , ainfi que l'indique le triangle g h l , & laifler pareillement du bois en deflbus jufqu'au point g i , afin que les angles intérieurs affleurent enfemble. Cette méthode eft d'autant plus commode , qu'on peut tracer les alFemblages par-defTous & les placer de niveau comme je l'ai fait ici , ce qui aifure la jufteflè de l'ouvrage. Ce que je fais ici pour un côté, fe répète pour l'autre, ce qui ne fouffre aucune efpece de difficulté , en obfervant toutefois que la hauteur du triangle g kl n'eft pas pour la courbe aè c , mais pour celle qui vient s'y aiïèmbler ; de plus , il faut faire attention que comme les cintres font différents , il n'eft pas néceffaire de lailTer autant de bois aux deux pièces, ainfi que je l'ai indiqué par la ligne ponéluée / m. Comme il y a des voitures où il n'y a pas beaucoup de renflement & donc le pavillon eft prefque plat, dans ce cas il faut fuivre la méthode la plus ufitée dans la conftruélion des pavillons , qui eft de rainer les battants & de les placer à leur place fur la voiture toute montée ; puis après les avoir tracés de longueur , & fait les entailles pour recevoir les traverfes , on fdt un repaire fur la traverfc du haut de la voiture au nud de cette entaille ; enfuite on raine pareillement les traverfes , & on les met à leur place pour les tracer par le moyen du repaire qu'on a fait fur la traverfe du devant. Quand les battants & les traverfes font ainfi tracées , on y fait les tenons & les mortaifes , puis on les affemble comme fi l'ouvrage étoic tout-à-fait droit, ce qui revient à peu-près bien. Je dis à peu- près bien , parce qu'il eft impofllble que les pavillons ainfi alTemblés , reviennent jufte fans rien changer à leur cintre ni au renflement de la voiture, comme je l'ai prouvé plus haut ; c'eft pourquoi beaucoup de Menuifiers , s'appercevant de ces défauts , ont cherché divers moyens d'y remédier , foit en mettant leurs bois unpeu hors d'équerre , ou en leur donnant un peu plus d'épaifi"eur au derrière des bâtis de leurs pavillons , ce qui a un peu pallié ces défauts , mais ce qui ne les a jamais réparés parfaitement ; c eft pourquoi on doit préférer la méthode que je viens de donner , laquelle eft , à la vérité , un peu plus compliquée que la routine de la pratique ordinaire , à laquelle on doit toujours préférer une théorie fondée fur des principes sûrs & confiants. Il eft une autre manière de déterminer le deflus des voitures , qui différent des pavillons Se des impériales , en ce qu'ils ne font cintrés que fur un fens , & que Planche les chaffis du pavillon ne font pas apparents, ainfi que les rcpréfentent les Fier. I (S" 2, Les pavillons de ces voitures n'ont pas de traverfes ; mais leurs battants viennent s'aflèmbler dans les bouts des pieds corniers de la voiture , & fervent en même temps de traverfes du haut de cuftode & de frifes de portières , comme les repréfentent les Fig. 5 ê 8. Le deffus de ces battants doit être ravalé à Menuisier. III. Pan. X x x x x x 5î8 ME N UIS lE R , ///. Part. Chap. UL _ l'endroit de la portière , ( s'il arrive que cette dernière foit cintrée & plus élevée Planche que les cuftodes , comme la Fig. 2 , ) d'environ 1 lignes de profondeur , pour 'î*'- pouvoir placer les voliges & le cuir , lequel doit affleurer au nud du bois. T^oye[ la Fig. p A l'endroit des cuftodes , ce ravalement fe fait au-delTus du champ & de la moulure , en obfervant que ce ravalement ne defcende pas jufqu'au nud des champs , afin que les clous recouvrent deflus le bois, & cachent les joints du cuir. Le defTous de la moulure à côté des cuftodes , doit être ravalé d'environ une ligne plus bas que le relief de cette dernière , afin de pouvoir placer le cuir qu'on y attache avec des clous , lefquels viennent joindre contre le bois , & cachent l'extrémité du cuir. Voyei la Fig. 7 , où ce renfoncement eft indiqué par la ligne cotée f. Comme ces pavillons n'ont pas de moulures Taillantes , on y réferve un égout au milieu en forme de petite corniche , lequel empêche l'eau d'entrer par le deflus de la portière. V^oyei la Fig. 2. Il arrive quelquefois que cet égout fe fait en cuivre , ce qui eft égal , & en même temps diminue l'ouvrage du Menuifier. Quant à la largeur de ces battants de pavillon , ils doivent toujours avoir 3 pouces du dehors de l'ouvrage , afin de pouvoir y placer commodéme.it les flores ainfi que le battant CD , Fig. 2 ; mais cette manière de mettre les battan s d'une largeur égale d'un bout à l'autre , fouffre diSîculté lorfque la glace de devant eft de toute la largeur de la voiture , parce qu'alors le bout du battant & même l'intérieur du pavillon , faillifl"ent au-dedans de la glace jufqu'au point a , ce qui fait un fort mauvais effet , auquel on ne peut remédier qu'en rétré. ciflânt la largeur de la glace , comme findique la ligne a b , Fig. i. Si on ne vouloir pas rétrécir la glace , il faudroit alors mettre le battant de pavillon droit en dedans , comme celui A B , Fig. 3 , ce qui remédieroit au trop de largeur de l'autre , mais en même temps ce qui empêcheroit de mettre des glaces aux cuftodes , ce qui , d'ailleurs , n'eft pas fort néceffaire , vu qu'on ne fait ufage de ces fortes de pavillons qu'à de petites voitures, ou de peu de conféquence , auxquelles on ne met prelque jamais de glaces aux cuftodes. Quant à l'épaiffeur de ces battants , elle eft déterminée par la largeur du profil , plus la portée néceflàire pour attacher le cuir ; il faut cependant faire attention , quand le haut de la portière fera cintré , comme la Fig. 2 , de laiffer du bois par-derriere le cintre , afin de conferver de la force au battant , ainfi que l'indique la ligne cde, Fig. i. Les cerces de ces pavillons s'affcmblent toujours à l'ordinaire ; mais quand les battants font aifez larges pour recevoir des ftores , les cerces doivent affleurer au-dedans des battants , ce qui oblige à les tenir plus larges à leur retombée qu'au milieu , où ils ne doivent avoir que la largeur ordinaire. Voy. les Fig. 6 &8. Pour ce qui eft de la manière de les cintrer , c'eft toujours la même chofe que ce que j'ai dit ci-devant ; c'eft pourquoi je n'en parlerai pas davantage. SscTTOif III. §. II. Des Brancards ; de leurs formes , ÔCc. ;39 Quant ayx traverfes du devant ou du derrière de la voiture , ce qui eft la même cLofe , elles reçoivent la cerce du milieu qui s'y aiTemble à tenons Pianche & mortaifes, & on a foin de faire un ravalement au derrière de ces traverfes, '*'* pour pouvoir placer la volige & le cuir. Vojei la Fig. 4. Je ne m'étendrai pas davantage au fujet de ces pavillons, vu que ce que j'ai dit ci-devant, eft plus que fufEfint pour donner la manière de faire les pavillons & les impériales de quelque forme qu'ils puiffent être ; & que de plus , ceux dont je viens de parler , ne font pas fufceptibles d'une grande précifion , n'é- tant guère d'ufage , comme je l'ai déjà dit , qu'à des voitures de peu d'impor- tance , ou aux Chaifes & aux Cabriolets couverts. §. II. Des Brancards ; de leurs formes & conjlruclwn. J'ai donné cï-devant le détail des parties dont un brancard eft compofé ; il ^==r s'agit maintenant de donner la manière de les affembler & de les remplir , Planche ce qui fe fait de la manière fuivante : 152- La longueur & la largeur d'un brancard étant données , comme je l'ai expliqué /^û^^r y 20 , PL 187 , Fig. 7 , on marque la largeur des battants , don: le dedans donne l'arrafement des traverfes de renflement, auxquels on ralonga une barbe a,Flg.i,àn côté du petit plafond , laquelle vient au fond de la feuillure faite dans le bout du battant pour recevoir ce dernier. S'il arrivoit qu'il n'y eût point de cave fous le brancard , dont l'épaiffeur pût fervir à porter le plafond du milieu , il faudroit alors faire la feuillure tout le long du brancard , & par conféquent ralonger quarrément la barbe , ce qui ne fouffre aucune difficulté. On doit avoir foin en traçant les mortaifes propres à recevoir les traverfes de renflement, que le dedans des feuillures de ces traverfes , foit placé au nud de l'ouverture de la portière. Les traverfes des bouts du brancard doivent être plus longues d'arrafement que celles de renflement , de la profondeur de l'entaille qu'on fait au battant , afin d'en diminuer la largeur ,' & que par conféquent il foit moins fujet à fe retirer. ^' Pour ce qui eft des a/Temblages de ces traverfes , ils doivent avoir 5 à 8 lignes d'épaiifeur, être placés parallèlement à leurs principales faces, & avoir pour joue la profondeur de la feuillure , afin que le tenon puift^e être de toute la largeur de la traverfe , & par conféquent donner plus de force à l'affemblage. Quant à la largeur de ces traverfes , celles de renflement ne peuvent guère avoir moins que % pouces & demi ; favoir , un pouce & demi de plein bois , & 6 lignes pour chaque feuillure. Quant à leur épailfeur, il eft alfez indifférent qu'elles ayent un pouce & demi ou deux pouces. La largeur des traverfes de renflement eft bornée par la faillie du profil, & J40 MENUISIER, 111. Pan. Chap. 111. I par l'angle que forme la courbe du brancard & le delTus de ces traverfes , ce Planche qui fait ordinairement a pouces & demi à 3 pouces. Pour leur épaifleur , c eft à peu-près la même chofe qu'aux traverfes de renflement. V oyei la Fig. 1 , ou les traverfes font marquées en coupe avec leurs affemblages , celles des bouts cotées A -, Se celles de renflement cotées C , ainfi que fur le plan Fig. I. Les bâtis de brancard font remplis en dedans par des efpeces de panneaux nommés plafonds , d'environ 9 lignes d'épailTeur , lefquels entrent tout en vie dans ces bâtis & y font attachés à demeure lorfqu'il n'y a point de cave à la voiture ; mais lorfqu'il y en a une , les plafonds du milieu cotés D,D, Fig. 2 , fe lèvent , & alors on y obferve environ 2 lignes de jeu au pourtour pour laiffer libre la place qu'occupe le cuir dont les plafonds & même la cave efl: quelque- fois garnie en dedans. Quant aux plafonds des bouts , comme ils reftent toujours à demeure , on les fait entrer jufle dans leurs feuillures , fur lefquelles on les cloue & on les arrête. Vojei les cotes B ,B , Fig. 1. Quoique j'aie marqué ces derniers plafonds d'une épaiffeur égale à ceux du milieu , cette épaifleur ne leur eft pas abfoiuraent nécelfaire , parce qu'ils ne portent rien ; c'eft pourquoi 5 lignes d'épailTeur peuvent leur fuffire , ce qui épargne la matière, & en même temps alégit la voiture , ce qui eft fort à conCdérer. Quant aux battants de brancard, je n'en parlerai pas davantage pour le préfent , vu que je me fuis étendu à ce fujet en parlant de la forme des profils d'une voiture , & en parlant de la manière d'en déterminer la forme. Voyez ce que j'ai dit à ce fujet , page 513. En général , le plan des brancards eft fiaiceptible de changement de même que celui des pavillons , à raifon de finclinaifon ou du cintre de la voiture. Voyez ce que j'ai dit à ce fujet page J23 , Pl. 187 , Vig. 2 (5 3. Les caves des brancards fe font de la grandeur intérieure de ces derniers fur lefquels elles font attachées : ces caves fe font en bois blanc , foit de tilleul ou de peuplier , ainfi que je l'ai dit plus haut ; elles font affemblées à queue d'aronde , & leur fond eft attaché deffous avec des clous , ce qui eft fuffifant , parce que la ferrure qu'on y met , jointe à leur garniture de cuir tant intérieure qu'extérieure , leur donnent toute la folidité néceffaire. La profondeur des caves eft ordinairement de 7 à 8 pouces , prife au milieu du brancard ; mais aux voitures de campagne, on augmente cette profondeur , afin qu'on puifli y placer plus de chofes. Il y a de petites voitures où on borne la longueur de la cave entre les traverfes de renflement , ainfi que celle indi- quée par des lignes ponduées x x ^ fig, 2. ; mais c'eft un abus , parce que ces caves font non-feulement un mauvais effet , mais encore font peu utiles, vu leur peu de grandeur , & par conféquent de profondeur ; c'eft pourquoi on fera très-bien Section III. §. II. Def Brancards ; de leurs formes , ôCc. ^41 très-bien de les fupprimer tout-à-fak lorfqu'on ne voudra pas les faire de la ===== longueur ordinaire. Planche Lorfque j'ai traité de la difpofition générale d'une Berline, j'ai dit qu'il feroit à fouhaiter que le renflement fût un arc de cercle , & non pas des pans , dont les angles font toujours mal. C'eft pour prouver cette vérité , qui cependant n'eft qu'une opinion qui m'eft propre , que j'ai repréfenté , Fig. 1, Pl. 188, un battant de pavillon ainfi difpofé , & que j'ai deffiné pareillement ici , Fig. 3 , un battant de brancard , dont le renflement eft cintré fuiyant les mêmes principes. J'ai donné dans la Planche précédente la defcription d'un brancard vu en ===: plan ; il me refte à préfent à faire voir l'alTemblage de ces mêmes brancards avec Planche les pieds corniers de la voiture. Lorfque les brancards ont une faillie apparente en delTous , comme à la Berline dont je fais la defcription , & ainfi que le repréfenté la Fig. i , cote B ; dans ce cas , dis-je , les pieds corniers s'a/Temblent à tenons & mortaifes dans le battant de brancard , dont le deflus eft indiqué par la ligne a b , Fig. i , 2 (& 3. L'arrafement du dedans du pied cornier fè coupe quarrément fuivant cette ligne , comme je l'ai obfervé dans la Fig. 2 , cote C 8c D. Pour l'arrafement du dehors , la coutume eft de faire une coupe dans le battant de brancard , de la largeur du premier membre du profil , laquelle tend au centre du brancard , & de couper le refte en pente jufqu'au nud du deflus du battant de brancard ainfi que l'indiquent les lignes c ^/ & û'^ , ce qui , par conféquent, oblige de ralonger une barbe au pied cornier , ainfi qu'on peut le voir Fig. i , cote A , qui repréfenté le pied cornier défafTemblé vu en dehors , de même que la Fig. 2, cote C, repréfenté ce même pied défafl'emblé vu en dedans, c'eft-à-dire , du côté des rainures ; cependant je crois que malgré l'ufage , il vaudroit mieux ne faire qu'une coupe à l'arrafement du pied cornier tant en dedans qu'en dehors , comme celle fe , Fig. i , ce qui feroit d'autant plus avantageux , que le joint du pied cornier du côté de la face de la voiture , fe trouveroit caché dans l'enroulement de la volute qu'on fait au bout du battant de brancard , & qu'on ne feroit pas expofé , comme il arrive tous les jours , à voir bailler ce joint. L'aflemblage des pieds corniers palTe tout à travers du brancard , & on doit toujours le faire defcendre à-plomb , fans avoir aucun égard au cintre du côté de la voiture , ainfi que je l'ai obfervé dans la Fig. 3. Quant à la place de ces afl"emblages, c'eft-à-dire, à l'épaifl"eur de leur joue , la coutume eft de faire affleurer le devant du tenon avec le nud du ravalement de la rainure, ainfi que je l'ai obfervé aux Fig. i , 2 (§• 3 ; mais je crois que malgré l'ufage on feroic très-bien , ainfi que je l'ai déjà dit en faifant la defcription des profils d'une Berline, page J13 , on feroit très-bien, dis-je, de reculer cet aflemblage de manière qu'il refte entre ce dernier & le ravalement , une joue de 3 à 4 Menuisier, IIL Pan. Y y y y y y M E N V I S l E R , m. Part. Chap. IIL lignes au moins , & de faire paffèr la joue de devant en enfourchement par-delTus Planche le ravalement de la rainure du brancard , dans laquelle on peut faire entrer un petit tenon , ce qui rendroit l'ouvrage très-folide , ainfi que je l'ai indique par des lignes ponctuées Fig. 3 ■ J'ai donné dans la Planche précédente , Fig. 1 , cote A , la forme , ou pour mieux dire le profil des traverfes du bout du brancard ; cependant comme ce dernier eft tracé tout feul , j'ai cru devoir répéter ce profil dans la Fig. 1 , cote D , où le brancard fe trouve aiTemblé avec le pied cornier , afin qu'on puifle mieux juger de la place oi!i la traverfe doit être mife , & qu'on puiffe en même temps voir que c'eft d'après la rencontre du devant de la rainure du pied cornier avec le nud du brancard , que doit être placé le devant de la rainure de la traverfe , à laquelle on doit avoir grand foin de faire fuivre la pente de celle du pied cornier. Quant au profil des traverfes des bouts de brancard , ce doit être le même qu'aux pieds corniers ; & comme il arrive quelquefois que ce profil n'en occupe pas toute l'épailTeur , on abat en chanfrein ce qui refte de bois d'après la largeur ; cela donne à ces traverfes une légèreté du moins apparente. Lorfque les brancards n'ont pas de faillie en deflous de la voiture , & que par conféquent la moulure des pieds corniers tourne au pourtour de cette dernière , comme dans la Fig. 4 , cote F , on peut en affembler les pieds corniers avec les brancards à tenons & mortaifes comme ceux dont je viens de parler , en obfervant d'y faire un enfourchement avec un double affemblage ; mais comme on pourroit craindre que ces alfemblages ne fuifent pas allez fblides , & qu'en faifant palTer les affemblages au travers du brancard , l'ouvrage ne fût pas affez propre, vu que f on continue les moulures jufqu'en deflous des battants du brancard , il vaudroit mieux faire ces aflèmblages à trait de Jupiter , comme je l'ai obfervé à la Fig. 4 , cote F , qui repréfente un pied cornier vu en pare- ment & aflemblé à trait de Jupiter avec fon brancard ; Se à celle cote E , qui repréfente ce même pied cornier tout délàflemblé , & où la place des alfem- blages eft indiquée par des lignes ponéluées ; voyez pareillement la Fig. y , cote H , qui repréfente ce même pied tout aflemblé vu en dedans ; & celle cote G , même Figure , qui repréfente ce même pied cornier tout défàflèmblé. Quant au trait de Jupiter , on le fait toujours perpendiculaire avec le brancard , làns avoir aucun égard au cintre ou à l'inclinaifon du côté de la voiture , & on doit toujours avoir foin de le placer d'après le profil de face du pied cornier , afin qu'aucun des membres de moulure ne foit coupé ni par les joints du trait de Jupiter , ni par Ij clef, comme je l'ai obfervé à la Fig. 6 , qui repréfente un pied cornier vu de face , & à la Fig. 8 , qui repréfente le bout d'un battant de bran- card , ou , ainfi qu'à la Fig. 6, le trait de Jupiter eft reculé au derrière du profil, du moins autant qu'il a été pofllble. . Quand les voitures font ainfi difpofées , c'eft-à-dire , quand les profils des pieds corniers tournent au pourtour du brancard , on n'y mec ordinairement point Section III. §■ II. Des Brancards ; de leurs formes , SCc. 545 de cave , & on fait continuer les moulures de la face du pied cornicr par-defîôus r — ' " du brancard jufqu'à environ les traverfes de renflement , n'étant pas néceffaire Planche qu'elles aillent plus loin, parce que non-feulement elles ne feroient pas vues , mais encore elles nuiroient à la portée des foûpentes, fuppofé que la caiffe fût portée de cette manière. Pour ce qui eft du panneau de devant , on le termine toujours à l'ordinaire , c'eft-à-dire , au nud de la traverfe du brancard, & le refte fe rei ïplit par un panneau ou plafond , ainfi qu'aux autres voitures ; ce qui fait un afiez mauvais eiïet , parce que le deflbus de la voiture étant apparent , on lailfe voir ce plafond , qui n'étant aucunement décoré , ne répond plus au refte de l'ouvrage. On a cherché à remédier à cet inconvénient , en mettant un faux-panneau entre les battants de brancard, la traverfe du bout & celle- de renflement, ce qui eft plus propre à voir que le delTous d'un plafond, mais ce qui n'eft pas encore d'une décoration alTez régulière , vu la grande différence qu'il y a entre la largeur des pieds corniers & les battants de brancard,, laquelle différence rend le panneau de deftbus du brancard beaucoup plus court que celui du devant de la voiture ; ce qui eft un défaut auquel on peut remédier , en ravalant le deffous des battants de brancard à la largeur des pieds corniers , & en faifant paiTer la traverfe du bout du brancard en enfourchement par-deifus ce ravalement. Voyei la Fig. J , cote //, fur laquelle j'ai marqué la coupe d'une traverfe du bout de brancard ainfi difpofée ; & la Fig. 7 , qui repréfente cette même tra- verfe vue de face avec fes alTemblages & fes ravalements. Voyez aufll la ¥ig. 8 , qui repréfente un bout de battant de brancard , dans lequel cette traverfe eft affemblée &; vue en delTus. On pourroit , fi on le jugeoit à propos , fupprimer tout-à-fait la traverfe du bout du brancard , du moins en apparence , en jettant bas la faillie du profil , & en failànt pafTer le panneau par-deflus cette traverfe , ce qui feroit très-bien , à la vérité , mais ce qui obligeroit à faire un joint au panneau à l'endroit de la traverfe du bout du brancard , fur lequel on l'attacheroit bien Iblidement tant en dehors avec des clous d'épingle , qu'en dedans avec du nerf battu & collé tant fur les panneaux que fur la traverfe. Cet expédient paroît d'abord très-bon ; mais l'expérience le condamne , parce qu'il eft très-rare que ces fortes de joints ne travaillent , & par conféquent ne s'ouvrent lorfque la voiture eft finie , Ce qui eft fort à craindre. On ne peut donc raifonnablement faire pafl"er les panneaux plus loin que les traverfes du bout des brancards , qu'autant qu'on trouvera des planches aifez larges pour le faire , ce qui eft très-rare. Si cependant il s'en trouvoit qui , fins être affez larges pour aller jufqu'à la traverfe de renflement, (ce qui eft prefque impolTible ) fuftènt de 7 à 8 pouces plus larges qu'à l'ordinaire , on pourroit les faire fervir de toute leur largeur , en les faifànt palTer par-deflus la traverfe du bout du brancard , & en rapportant à ce dernier une fauflè traverfe , laquelle \ Planche 153. Planche 544 MENU 1 S lE R, III. Pan. Chap. III. • recevroit l'extrémité du panneau ; ce qui feroit d'autant mieux , qu'en faifant aller le panneau jufqu'à la traverle de renflement , on n'en voit prcfque plus les moulures , lefquelles fe trouvent cachées fous la voiture. §. III. De la conjlmcllon des diférentes parties extérieures du corps d'une Berline. L E haut des pieds corniers eft difpofé pour recevoir les traverfes foit du devant ou du derrière de la voiture , qui viennent s'y affèmbler à tenons & mortaifes , comme je l'ai déjà dit. Ces traverfes s'afFemblent d'onglet jufqu'au derrière de la moulure ; & pour donner plus de force à l'alTemblage , on coupe l'arrafement du champ en pente jufqu'au devant de la barbe. Voye^ la Fig. i. Comme ces traverfes font minces , elles n'ont point de joue , ou pour mieux dire d'arrafement par derrière , leurs tenons entrant dans le pied cornier au nud du ravalement de ce dernier. Voye-^^ la Fig. 2 , cote C, où on peut remarquer que pour conferver de la force au tenon, on n'y fait point d'épaulement , ce qui oblige à tenir les pieds corniers de 6 lignes plus longs que la largeur de la traverfe , laquelle largeur ne fe coupe pas après que l'ouvrage eft chevillé , mais au contraire , on la conferve & on la fait entrer dans les entailles pratiquées à cet effet dans le pavillon ; les montants de cuftodes étant très-minces, ainfî que les traverfes dont je viens de parler, ne peuvent guère être affemblés à tenons Se mortaifes dans ces dernières , vu leur peu de largeur ; c'eft pourquoi on a préféré de les y afîèmbler à queue par derrière & d'onglet par devant , comme on peut le voir dans les Fig. i & 2. , cotes A & B ; &: aux Fig. 3 <& 4 , dont l'une repréfente le haut d'un montant tout défaffemblé vu de face , & l'autre ce même montant vu de côté. Ce que je viens de dire pour le haut des montants de cuftode , doit aullî s'entendre pour tous les autres montants de la même efpecc , foit qu'ils foient droits ou courbes, & même pour ceux des glaces de devant. Le bas des montants de cuftode , lorfqu'ils font droits, s'affemble à tenons & mortaifes dans la traverfe d'accotoir , laquelle eft plus épailFe qu'il ne faut pour qu'elle aie une joue derrière l'affemblage. Lorfque ces montants font cintrés , on les affemble de même à tenons & mortaifes , en obfervant d'y faire la coupe à la rencontre des deux profils , comme l'indique la ligne a b , Fig. ^. Voyez cette même Figure , cote D Se E , qui repréfente ce mon- tant vu par derrière tout aflemblé Se défaflemblé , cote F , même Figure. Il y a des Menuifiers en Carrofles qui , pour donner plus de folidité à ces montants , les font plus larges par le bas , afin d'avoir plus de largeur de tenon, comme l'indiquent les lignes cd 8c be, ce qui eft, à la vérité, plus folide que les autres ; mais auffi ces montants ainfi difpofés , ont-ils le défaut de préfenter Sectio n m. §. III. De la confiruciioji des parties d'une Berline. 54^ préfenter un joint au nud de la ligne c d , qui eft la rencontre du panneau avec . le montant , ce qu'il faut éviter. Planche En général , les montants de cuftode font rainés par derrière , c'eft-à-dire , fur le champ intérieur pour recevoir le panneau de cuftode auquel ils affleurent par derrière ; je ne fai pas trop pourquoi on ne fait pas le panneau & le mon- tant de la même pièce , ce qui feroit beaucoup plus folide que de les faire de deux morceaux collés enfemble. La feule raifon qui ait pu engager à faire les panneaux & les montants de cuftode de deux pièces , n'eft guère que pour épargner un peu de perte de bois, vu que trois ou quatre lignes d'épailîcur fuffiifent pour le panneau , & qu'il en faut environ huit pour le montant , ce qui fait quelque différence pour l'éco- nomie de la matière , laquelle différence ne doit cependant pas femporter fur la folidité ; de plus , il n'y a pas de difiïrence pour la façon , le ravalement du panneau n'étant pas plus long-temps à faire que fon joint avec le montant, fans compter que les montants faits à part , font extrêmement fragiles , vu leur peu de largeur. Les traverfes d'accotoirs s'affemblent d'onglet tant dans les pieds corniers que dans les pieds d'entrée , & il faut obferver d'y iaiffer par-deflus le bois néceffaire pour raccorder avec le montant de cuftode ; cette faillie ne doit être qu'en parement , & elle doit être réduite en dedans de la voiture à i'épaifleur du montant de cuftode dont elle fait partie , afin qu'on puifle y attacher le goulfec deiTus , comme je le dirai ci-après. Quant à répailfeur des traverfes d'accotoirs , elle ne doit être que de 7 lignes du derrière du montant , qui eft la diftance néceflàire pour placer la glace , laquelle y eft retenue par un apfichet ou joue qu'on rapporte à plat fur le derrière de la traverfe d'accotoir. Voyei^ la Fig. 7 , laquelle repréfente le profil d'une traverfe d'accotoir , prile à fendroit des panneaux ; & celle 8 , qui repréfente la coupe de cette même traverfe , prife à l'endroit de la glace avec fa joue de rapport. Dans toutes les coupes dont je viens de parler, j'ai toujours repréfenté les joints des moulures coupés d'onglet , ainfii que le repréfente la Fig. 10 , parce que cette manière de faire les coupes des moulures eft beaucoup plus propre que celle repréfentée Ftg. 11 , qu'on nomme joint à la CarroJJîerc. Cette dernière manière de faire les coupes , sft non-feulement moins propre que la première , mais encore a-t-elle le défaut de rendre l'ouvrage plus long & plus difficile à faire , ainfi que je l'ai prouvé en parlant des outils des Menuifiers en Catrolfes , page 474. Le derrière des montants de cuftode eft garni par un goulfet de 7 lignes d'épaifleur , lequel affleure au derrière de la traverfe d'accotoir , & dont l'extré- mité fupérieure vient mourir contre le couliffeau de côté ; ce gouflèt redelcend ordinairement d'environ quatre lignes plus bas que le deffus du montant de Menuisier . ///. Part. Z z z z z z 546 MENUISIER,in. Part. Chap. 111. ' ■ cuftode , afin que la faillie de ce dernier forme une joue pour retenir la glace & Planche le faux-panneau , & on fait venir le deffus de l'apfichet ou joue de rapport , au nud du deffus du profil du montant , de forte que la glace ou le faux chaffis entre à rainure par le bas comme par les côtés , ainfi que je l'ai indiqué par les ponauations , cote a l> c d , Fig. B , œ qui oblige alors à ravaler le deffus de la traverfe d'accotoir jufqu'au fond de cette rainure , ou pour mieux dire , de ce recouvrement, indiqué par la ligne g k , Fig. 6 , fur laquelle on fait alors defcendre le bas du gouifet. Cette manière de difpofer les goufTets des cuftodes eft très-bonne , vu la folidité que donne cette efpece de rainure du bas ; mais aufïï a-t-elle le défaut que l'eau entre & féjourne dans cette même rainure , ce qui fait non-feulement décoller l'étoiîe dont elle eft garnie , mais encore fait pourrir le bois , ce qui facilite l'entrée de l'eau dans l'intérieur de la voiture. Pour remédier à cet inconvénient , je crois donc que fans avoir égard à la coutume , on feroit très-bien de ne point laiffer de recouvrement au bas de la glace , & de faire affleurer l'extrémité du gouffet avec le deffus du montant de cuftode , à l'endroit où la traverfe d'accotoir s'affemble dans le pied d'entrée , & de cintrer le gouffet , de manière que du point e , Fig. 6 , il s'éloignât infenfiblement du nud du devant du montant de cuftode , afin que le recouvre- ment qu'on fupprime par le bas fe retrouve par le côté , ainfi que l'indique la ligne courbe e il, laquelle , depuis le point e , s'écarte toujours de celle emn, qui eft le devant du montant de cuftode. En difpofant ainfi le gouflet des cuftodes , il faut que l'apfichet ou joue de rapport, remonte au-defTus du nud du montant, ou pour mieux dire, de la traverfe d'accotoir , de 4 à J lignes , ce qui eft nécefîàire pour retenir la glace , & on doit difpofer le cintre de cet apfichet de manière qu'il vienne rencontrer le devant du montant de cuftode à 4 ou y pouces au-defîùs de la traverfe d'acco- toir , comme l'indique la ligne o p n, Fig. 6. Cette manière de difpofer les recouvrements des glaces de cuftode , eft la même qu'aux portières , & ne fôuffre aucune difficulté , vu que fi les montants de cuftode étoient droits , on l'emploieroit néceflàirement ; c'eft pourquoi on peut donc l'employer lorfqu'ils font cintrés. Quant aux goufTets , on les colle fiir les montants & les panneaux de cuftode , & il eft bon d'y mettre de petits clous pour les arrêter sûrement. Quant aux apfichets de rapport , on les cloue tant fur la traverfe d'accotoir que fur les gouflets. F" ye^ la Fig. 12 , laquelle repréfente le dedans d'une cuftode avec le pied d'entrée , cote G , & le couliffèau H, le gouffet / & f apfichet L , dont les nuds font marqués des n>êmes lettres que la Fig. 6. Voyez auffi la Fig. 9 , qui repréfente un apfichet féparé , dont la hauteur a été donnée par le profil Fig. S. Pour terminer ce qui me refte à dire touchant la conftrudlion des parties Sect III. §. III. De la conjlruclion des parties d'une Berline, j'47 extérieures d'une Berline , j'ai repréfenté dans cette Planche les plans , les différentes coupes & les élévations , tant intérieures qu'extérieures , d'une portière de la Berline qui a fait jufqu'à préfent le fujet de la defcription , d'après laquelle j'ai donné des règles dont on peut faire l'application à toutes fortes de voitures en général , n'y ayant de différence entre les voitures en ulàge à pré- fent que pour la forme générale , leur conftruétion étant toujours à peu-près la même, ainlî que je l'ai dit plus haut. Comme j'ai déjà donné le détail des différentes parties dont une portière eft compofée , je ne me répéterai pas ici , me contentant de faire voir ces parties déjà détaillées , toutes aflèmblées & vues de différents fèns , afin qu'on Ibit en état de juger du rapport qu'elles ont les unes avec les autres. La Fig. 3 repréfenté la moitié de la portière vue en parement & toute affemblée d'onglet , aînfi que je l'ai recommandé ci-devant , & garnie de fon panneau. La Fig, 1 reprélènte le battant vu en parement & tout dé/àflemblé , & la Fig. I , ce même battant vu par dedans , c'eft-à-dire , du côté des rainures , lefquelles y font obfervées , ainfî que les affemblages , la couliffe de la glace & le panneau de doublure , qui y eft indiqué par les lignes ponéluées e f. Comme la traverfe du haut de la portière doit n'avoir d'épailTeur que la faillie du profil par rapport au coulement de la glace , & que cependant il faut qu'elle ibit affemblée d'onglet par devant , on n'y fait qu'un tenon très-mince fans joue par derrière , afin d'avoir affez d'épaiffeur pour y faire paffer le dellùs du profil en enfourcheraent , comme je fai obfèrvé dans cette Figure. La Vig. 4 repréfenté l'autre moitié de portière , ou pour mieux dire , la même moitié que celle dont je viens de parler , mais vue par derrière toute aflèmblée & prête à recevoir le panneau de doublure , que j'ai fùpprimé , afin qu'on puifîè y voir le derrière du panneau & la barre qui le fbutient. Comme il arrive quelquefois que les glaces ne defcendent pas jufqu'au deffus de la traverfe d'en-bas de la portière , on y place une tringle de bois fur le champ , laquelle reçoit le deffous de la glace , cofnme l'indique la ligne ^ A. Ces tringles ou barres font néceflàires non-fculement quand les glaces ne def^ cendent pas jufques deffus la traverfe d'en-bas , mais encore lorfque quand elles y defcendent , elles ne portent que fur l'angle i , parce qu'alors elles ne portent que fur ce point , ce qui expofe les chaffis de glaces à fe défaffembler , & même les glaces à fe caffer lorfqu'on les laifle tomber lourdement. On pourroit fe paffer de rapporter des tringles lorfque les glaces defcendent jufques deffus les traverfes d'en-bas , en faifànt paffer droit le deflîis de ces dernières d'après le derrière de la rainure , ou fi les glaces defcendoient plus bas , en les ravalant à la hauteur néceflàire. La Fig. j repréfenté le battant de la portière vue par derrière, & tout défaffemblé ; & la Fig. 6 , la coupe de la portière prife au milieu de fà largeur. Planche J4S MENUISIER, IIL Pan. Chap. 111. ■ Les Fig. 7 (5 8 repréfèntent des coupes de largeur de la portière , prifès à difFé- rentes hauteurs , l'une fur la ligne ab , &. l'autre fur celle c d, ¥ig. l. Section Quatrième. Defcriptioii d'une Diligence , & de toutes les parties qui la compojent. . Les Diligences n'étant que des Berlines dont on a fupprimé la cuftode de Planche devant , elles doivent être néceflàirement conftruites comme ces dernières , tanc pour leurs formes générales ,( abftraélion faite de ce qu'on a retranché) que pour les parties qui les compofent , lefquelles font à peu- près les mêmes à quelques changements près. Le plus confidérable de ces changements , conlifte en ce que ces voitures qui, faites pour n'avoir qu'un fiége, en ayant fou vent deux , on a été obligé d'y faire la feule cuftode qu'elles ont plus large de 3 pouces à la ceinture , & de a pouces & demi par le haut, que celles des Berlines , afin que deux perfonnes puilFent y être placées commodément vis-à-vis f une de l'autre. Cette différence de largeur de cuftode a empêché de placer le centre du cintre du brancard fur la ligne E F , Fig. i , qui efl le milieu de la portière , ainfi qu'aux Berlines , parce que 11 on l'avoit placé ainfi , non-feulement ce cintre auroit eu mauvaife grâce , mais encore n'auroit pu être exécutable fi la Diligence eût été deftinée à être portée par de longues foûpentes ; il auroit fallu placer les crics de derrière extrêmement haut, vu que prefque toute la relevée du cintre fe feroit trouvée fur le derrière : ce font ces confidérations qui ont obligé de reculer le centre du cintre du brancard de la ligne E F h la ligne ^4 5 , laquelle partage à peu-près la longueur de la voiture en deux parties égales , du moins pour la portée du brancard , dont le cintre ne relevé plus guère par derrière que par devant, ce qui eft néceffaire quand la voiture doit être portée par de longues foûpentes. Il réfulte de cette manière de cintrer le delTous des brancards , que le bas de la portière n'eft plus de niveau , ce cintre lui donnant 3 pouces plus court par devant que par derrière , ce qui fait un alTez mauvais effet , auquel il n'y a pas d'autre moyen de remédier qu'en plaçant le centre du cintre du brancard plus proche du milieu de la portière , ce qu'on ne peut faire , comme ■ viens de le dire , lorfque la voiture eft portée par de longues foûpentes fans être obligé d'élever extraordinairement les crics de derrière , afin que la voiture fe trouve toujours d'à-plomb , ou bien fans s'expofer à la faire pencher en arrière, ce qui eft un très-grand défaut, auquel les Diligences font d'autant plus fujettes , qu'elles ne font prefque jamais chargées que fur le derrière , ce qui les fait pencher de ce côté pour peu qu'elles foient mal fufpendues (*). (•) Je ne parlerai pas ici de la manière de latif au fujet dont je traite, & que cela reearde fufpendre les voitures , vu que cela n'efl pas re- plutôt le Charron & le Serrurier , que le Me Lorfque e Section JV. Defcription d'une Diligence , SCc. 549 Lorfque les voitures font portées par des reflorts , on eft moins gêné pour la forme du brancard , dont on peut alors rapprocher le centre , non pas au milieu Planche de la portière , ce qui feroit mal , ainfi que je viens de le dire , mais en le plaçant fur la ligne CD, Fig. 1 , laquelle tient le milieu entre celles A B Se E F ,ce qui donne à la voiture une forme alTez gracieufe , & qui diminue beaucoup de l'inégalité du bas de la portière , ce qui eft un très-grand avantage. Voyez la ligne l> , qui eft le deffbus de la portière , dont la différence de hauteur d'angle en angle n'eft guère que de i J à l(î lignes , & la ligne c de , qui eft le deffous du brancard dont le centre fe trouve fur la ligne C D. La largeur des portières eft la même qu'aux Berlines, c'eft-à-dire, de 2 pieds en- tre les pied^s d'entrée ; du moins c eft la mefure ordinaire pour la hauteur de la voi- ture,&4pieds4pouces du defRisdela marche au deflbus de la frife de la portière. Pour le cintre du haut d'une Diligence , c'eft-à-dire du pavillon , foit qu'il foit à un feul ou à trois cintres ; le milieu de ces cintres , & par conféquent leurs centres , doivent toujours être placés fur la ligne FF , qui eft le milieu de la portière , laquelle , dans tous les cas , doit être d'équerre par le haut , c'eft-à- dire , d'angle à angle , ainfi que je l'ai obfervé dans cette Figure. Les pieds d'entrée , ou pour mieux dire , les pieds corniers d'une Diligence doiven ravoir 2 pouces & demi de largeur par le haut , 3 pouces à la ceinture , & environ y pouces par le bas , afin de leur donner une forme creufe par devant , laquelle fert à donner une efpece d'empattement à la voiture , & à empêcher qu'elle ne paroiffè pencher du devant , ce qui paroîtroit à la vue , fi le devant étoit exaélemcnt d'à-plomb. La largeur de ces pieds corniers ne peut pas être moindre que 1 pouces & demi , parce qu'il faut qu'ils contiennent d'abord la faillie du profil qui eft de 8 lignes , plus 14 lignes pour la place de la glace & Ibn coulement , les huit lignes reftantes étant pour l'épailTeur de fapfichet & pour la joue de la couliflè. Quant à leur épaifleur , c'eft-à-dire , leur largeur du côté de la face , elle peut varier félon la largeur du profil , ou pour quelqu'autre raifon que ce foit ; mais elle ne peut être moindre de i J lignes , ainfi que je fai prouvé page J i j , P/. Je ne parlerai pas ici de la manière de tracer le cintre du derrière ou cul-de- finge d'une Diligence , parce que ce ne feroit qu'une répétition de ce que j'ai dit en parlant des Berlines , page J17 & fulv. c'eft pourquoi je me contenterai nuifier ; cependant fi on faifoit bien attention cjue c'eft de la forme du cintre du brancard d'une voiture quelconque , que dépend. l'incU- naifon de cette dernière , foit par devant ou par derrière , on connoitroit combien il efi né loignement des points de fufpenfion , afin que ces connoidanccs acquifes les mettent dans le cas de donner au cintre des brancards une forme convenable, c'clt-à-dire , qui puiffe conferver l'équilibre de la voiture à raifon de fa pefanteur çeffaire aux Menuifiers de prendre quelque & de la charge qu'elle doit porter , foit que connoifTance de cette partie des voitures ; c'eft l'une ou l'autre fût égale des deux bouts de pourquoi je crois devoir leur confeiller de s'in- la voiture, ou qu'elles lulTent inégales, comme former de quelle manière la voiture qu'ils font dans le cas d'une Diligence ou toute autre voï- doit être fufpendue , de la hauteur i5c de l'é- 'ture dont la charge eft tout d'un bout. Menuisier , \U. Pan. Aaaaaaa 530 MENUISIER, III. Pan. Chap. IIL — . . - ■ d'avertir que ces cintres fe font toujours par la même méthode que j'ai donnée Planche ci-devant , laquelle eft applicable à toutes les efpeces de voitures fufceptibles de - cintres, foit que ces mêmes cintres foient plus plats ou plus bombés que celui fur lequel j'ai fait la démonftration de cette méthode. Ce que je dis pour le cintre du cul-de-finge, doit auflt s'entendre pour celui de la cuftode , qu'on fera le plus gracieux poffible , en évitant fur-tout que le montant devienne parallèle avec le pied cornier , parce que s'il l'étoit ^ il paroîtroit rentrer du haut , ce qu'il faut éviter. Un autre changement qui fe trouve dans la conftruélion d'une Diligence, ou pour mieux dire , une des différences qui fe trouvent entre ces dernières Se les Berlines , conlifte en ce que le bas des portières eft gauche , lequel gauche fè trouve nécelîâirement donné par les différentes formes des plans d'une Dili- gence , pris à différentes hauteurs , ce que je vais expliquer. Le derrière d'une Diligence eft de la même forme qu'une Berline , c'eft-à- dire , qu'il doit avoir 36 pouces de largeur au brancard , 40 pouces à la ceinture, & 41 pouces par le haut , comme je l'ai obfervé à la Fig. 2 , qui repréfente la moitié du derrière d'une Diligence , laquelle moitié eft exaélement la même que celle d'une Berline. Pour la face du devant d'une Diligence, Fig. 3 , elle doit être droite & d'à-plomb , ( du moins c'eft f ufege ) & d'une largeur égale du haut en bas , laquelle largeur eft égale à celle du derrière prifè au bas du brancard , c'eft-à-dire, de 36 pouces ou 3 pieds, de forte que le brancard eft d'une largeur égale par les deux bouts , comme l'indique la ligne a b , Fig. 4; enfuite à l'à-plomb du dehors de la portière , on met 9 lignes de renflement au point c , par lequel on fait paffer les lignes a c 8c c b , lefquelles donnent le plan du brancard pris fur la ligne horifontale G H , Fig. i. On trace enfuite le plan de la ceinture , en prenant la diftance id, Fig. 4, ( qui eft égale à celle Z. ,Fig. 2.) & la portant de c à par lequel point on fait paffer les lignes de Se eb, ce qui donne le plan de la ceijiture de la Diligence , dont le point b eft la réunion de tous les différents plans , ce qui ne peut être autrement , puifque la ligne IL , Fig. 3 , repréfentée en plan par ce point , eft exa61ement d'à-plomb. Refte enfuite à tracer le plan du pavillon , ce qu'on fait en menant une ligne du pointeau pointe, laquelle donne le plan de la partie du derrière du pavillon. Pour le devant , c'eft le même plan qu'à la ceinture , ce qui eft abfo- lument néceflàire pour conferver le parallélifine des plans àfendroitdes glaces, qui fe confondent ici dans la ligne , par la raifon que je viens de donner que tous les différents plans de la voiture doivent fe réunir au point b , ce qui donne le triangle ceb ,Jig. 4 , lequel repréfente en plan le gauche du bas de la portière , dont l'élévation , ou pour mieux dire , le profil eft repréfenté par la ligne M NO, Fig. 2 , & par celle PQR, Fig. 3 , prife à f endroit du pied d'entrée. Le battant de portière du côté du pied cornier de devant , ne doit être droit Section IV. Defcrtpt'wn d'une Diligence , ôCc. que fur la rive de l'ouverture & être mis d'équerre enfuite , ou pour mieux ■ - dire , être gauchi depuis l'appui jufqu'en bas , à raifoii de l'inclinaifon des Planche différents plans de la voiture , en obfervaiit toujours que le haut de ces battants foit exaâement dégauchi. Ce que je dis pour les battants du côté du pied d'entrée , doit auffi s'entendre de ceux qui leur font oppofés , ainfi que je l'ai expliqué en parlant de la manière de corroyer le bois des voitures. Il réfulte de cette manière de difpofer les différents plans d'une Diligence , que la portière eft parfaitement dégauchie à l'endroit de la glace ; mais il n'en eft pas de même de la cuftode , laquelle devient abfolumenc gauche , puifque lesl ignés qui la repréfentent en plan ne font pas parallèles entr'elles , mais au contraire de diftantes qu'elles font fur le derrière , viennent fe rejoindre enfem- ble , Fig. 4 , au point e , qui leur eft commun , ce qui donne le gauche dont je parle , auquel on ne peut guère remédier qu'en évafant le devant de la voiture, comme l'indique la ligne / S , Flg. 3 , dont l'évafement ou diftance Z 5" de la ligne IL, qui eft le devant du pied cornier , eft donné par celle b A, Fig. 4, laquelle on fixe fur le plan, en menant du pointeau point ^, une ligne paral- lèle à celle de; & du point g au point h , une autre ligne parallèle ?i celle e ; ce qui, à la vérité, change le plan du pavillon, mais en même temps rend aux plans de la ceinture & du pavillon de la Diligence , le parallélif ne qui leur eft néceifaire, pour la place des glaces tant de portières que de cuftodes, ainfi que je l'ai prouvé pagi Jis. L'évafement qu'on donne au devant d'une Diligence , ne fait pas un fore bon effet , à caufe de l'inégalité de la largeur du pied cornier vu de face , laquelle ne peut guère être tolérée , à moins qu'il n'y ait de l'ornement qui mafque cette inégalité , qu'on peut cependant diminuer de moitié , en partageant la diftance qui fe trouve entre l'à-plomb de la ceinture & celui du pavillon , ce qui diminueroit le mauvais effet de cette inégalité de largeur. J ai dit plus haut que le devant d'une Diligence dévoie être perpendiculaire , ce qui ne peut être exaftement vrai , qu'autant que le plan du brancard de la Diligence ne feroit pas évafé à l'endroit des portières , comme on en voit plufieurs ; mais quand ce plan eft évafé comme je l'ai repréfenté ici, cette perpen- diculaire ne peut être prife que fur la ligne T U, Fig. i , laquelle defcend du haut de cette dernière au point b du plan Fig. 4 , auquel point j'ai fixé la largeur du devant de la voiture , laquelle devient plus étroite par le bas , à caufe de l'évafement de la voiture , comme je vais le démontrer. Soit la diftance a b, Fig. ; , la largeur du haut du pied d'entrée , celle ac{k largeur à l'appui, & celle a e fa largeur a d, prife au nud du brancard ; foie pareillement la ligne ef, donnée par le renflement du brancard; il eft très-aifé de voir qu'en faifant paifer cette ligne par le point b , qui eft le même qu'à la Fig.^, elle rentre néceffiiirement en dedans de la ligne ad,CQ qui rétrécit la largeur de la voiture ; & qu'au contraire fi on faifoit pafler la ligne de renflement M E NUIS I E R, m. Pan. Chap. III. == par le point d, comme la ligne d g , cette dernière s'écarceroic du point h , ce Planche qui augmenteroit la largeur de la voiture. Cette obfervation eft très-importante pour tracer lestraverfes du devant , non. feulement des Diligences dont il s'agit ici, mais encore de toutes celles dont les côtés du plan ne font pas parallèles , & dont la face n'eft pas perpendiculaire. ; Les pavillons des Diligences peuvent être à un ou à plufieurs cintres , comme Planche y^li dit plus haut , ainfi que ceux des Berlines ; pour leurs cerces , elles peu- verit être di^pofées parallèlement ou bien en impériale ; dans l'un ou l'autre cas , on aura la courbe de ces cerces félon la méthode que j'ai donnée en parlant des pavillons & des impériales des Berlines ; c'efl; pourquoi je n'en parlerai pas ici , me contentant de donner dans cette Planche le plan du pavillon d'une Dili- gence vue en deffous , & d'y marquer toutes les courbes des cerces , avec les opérations néceflaires à la conftruétion 'de ces cerces , dont les retombées ont été prifes d'après la ligne X Y , Fig. i & ^ , PL 19 J , laquelle paflè par le plus haut point du chaflis du pavillon de cette voiture. Foyei les Fig. l & 2, dont l'une repréfente h deffous d'un pavillon de Diligence , 8c l'autre une cerce du milieu de la largeur, avec la coupe de celle de longueur. Les brancards des Diligences n'ont rien de différent de ceux des Berlines , Planche du moins pour leur conflruélion , laquelle eft toujours la même , en obfervant d'y mettre une fauffe traverfe de renflement d'après le nud du pied d'entrée, derrière laquelle paffe la glace , qui , lorfqu'elle eft de toute fa plus grande hauteur poŒble , doit defcendre d'environ un pouce & demi dans l'épaiffeur du brancard ; c'eft pourquoi il eft bon de faire une feuillure dans cette fauffe traverfe de renflement , laquelle puiffe foutenir la glace , comme je l'ai obfervé ici. f^qye:^ la Fig. i , qui repréfente un brancard de Diligence vu en defîus avec les plafonds , tant de deffous le fiége que de cave , auxquels , c'eft-à-dire aux derniers , j'ai réfervé le jeu néceffaire au pourtour. Voyez aulîi la Fig. 2 , qui repréfente la coupe de ce brancard avec fà cave , & à laquelle j'ai fupprimé les plafonds de la cave pour faire voir la feuillure deftinée à recevoir les montants du ftrapontin , dont je ferai la defcription dans le paragraphe fuivant. J'ai dit en parlant de la forme du plan d'une Berline , qu'il feroit à fouhaiter que fbn renflement fe fît par un arc de cercle , afin de donner une forme plus gracieufe au plan de cette voiture. Ce que j'ai dit à ce fujet eft applicable aux Diligences , tant pour le pavillon que pour le brancard ; c'eft pourquoi j'ai defliné ici Fig. 3 , un battant de brancard , dont le renflement eft d'une forme bombée , ce qui fait un meilleur effet que d'être à pans, comme c'eft la coutume. On fera auffi attention qu'il fe fait un changement dans les formes des plans, tant du brancard que du pavillon d'une Diligence , à raifon du cintre ou de l'inclinaifon de fes faces & de fon bombage tant du deflbus que du deffus, & que ce Planche 1^8. Sect. IV. §. I. Des Panneaux de doublure , SC des SL'res , c5Cc i ce changement fe trouve par la même méthode que pour les Berlbes , à laquelle . méthode on pourra avoir recours. Voyez ce que j'en ai dit pacre Après avoir fait le détail de toutes les parties qui compofènt'la cailFe ou cofFre des deux efpeces de voitures qui font les plus en ufage , & d'après efquelles toutes les autres femblent être faites, il me refte encore à parler de leurs parues intérieures , lefquelles quoique néceffaires & adhérentes au corps de h cailfe , n en femblent pas faire partie , puifque ce font les Selliers qui les arrêtent en place. Ces parties intérieures dont je vais parler, font les panneaux de doublure , & les fieges de toutes les efpeces , afin de terminer tout de fuite ce qui regarde les pâmes de détail qui font à peu-près les mêmes à toutes les efpeces de voitures, & pour ne me point répéter dans la fuite . lorfque je ferai la defcription de cel- les qm font en ufage à préfent, laquelle defcription je ferai la plus fuccint. quil me fera poffible , ne donnant que leivs formes & leurs principales di- menfions, 6ns entrer davantage dans aucune efpece de détail, afin d'abréger cet- te Partie autant que je le pourrai , fans cependant rien retrancher de ce qui fera abfolument néceffaire à la perfedion de mon Ouvrage, à laquelle je tendrai toujours, duife-je m'expoferau rifque d'être ennuyeux en difint tout. §. I. Des Panneaux Je doublure, & des Sièges de toutes efpeces ; de leurs formes & conftruclion. L B s panneaux de doublure fervent , ainfi que je l'ai dit plus haut , à contenir les glaces lorfqu elles font bai/fées , & â empêcher qu'elles ne foient calfées ; ce P.a.ch. qm arriveroit fi on ne mettoit pas de faux-panneaux , lefquels ne font vraiment neceifaires qu aux voitures où on fait ufige des glaces , & même au-deifous de ces dernières , parce qu'ailleurs les p.nneaux de doublure font non-feulement mutdes, mais même nuifibles , parce que dans ce cas ils ne ferviroient qu'à diminuer la grandeur intérieure de la voiture, qu'on a toujours intérêt de ménager. Les panneaux de doublure fe mettent toujours couchés , afin qu'ils foient plus fdi es , & on y met une alaife d'environ 3 pouces de large par le haut , fur 7 a 8 lignes d epailTeur. Cette alaife doit être d'orme ou de tout autre bois dur! afin qui ne fende pas lorfque les Selliers y attachent leur garniture d'accotoirs Le bas des panneaux de doublure doit porter fur le brancard dont ils doivenc iuivre le contour, & affleurer en deffus à l'apfichet delà glace Leur longueur eft bornée par la largeurdes cuftodes quand ils font placés fur les cotes; & lorfqu'ils font placés fur la face de la voiture , elle doit être bornée par la diftance qui refte entre les panneaux de doublure de côtés, contre lefquels ils doivent joindre. Aux Vis-à-vis & aux Défobligeantes , on affemble à queue d'aronde les M..uiS,,^,ULParu Bbbbbbb j J4 MENUISIER, m. Part. Chap. III. ^ panneaux de doublure du devant & ceux de côté , ce qui eft un allez bon ufage , Planche mais dont beaucoup de Selliers ne fe foucient pas, difant pour raifon que cela les gêne trop ; c'eft pourquoi on ne le fera qu'autant qu'ils fembleront le déErer , ce qui eft indifférent pour les Menuifiers, parce que ce font les Selliers qui pofent les panneaux de doublure. Pour ceux des portières , leur longueur eft bornée par la largeur intérieure de ces dernières , moins la largeur des feuillurej deftinées à placer la couture de l'étoffe & le galon qui la couvre , laquelle feuillure tournant au pourtour de la portière , borne par conféquent la largeur, ou pour mieux dire , la longueur du panneau de doublure , dont le deffus eft toujours borné par le deffus de l'apfichet. Les fiéges font les parties intérieures les plus intéreffantes des voitures , puifque ces dernières étant conftruites de manière qu'on ne peut s'y tenir debout. Il faut faire enforte que les fiéges foient difpofés de façon qu'on y foit affis commodément , mais encore qu'on ne foit pas expofé , par le mouvement conti- nuel de la voiture , à gliffer de deffus le fiége. Aux Berlines 8c aux Diligences les fiéges fe font de la même manière , ainfi ■ qu'aux Vis-à-vis & aux Défobligeantes ; c'eft pourquoi le détail des fiéges d'une de ces voitures fervira pour toutes les autres, de quelque efpece qu'elles foient, comme je l'expliquerai ci-après. Les fiéges des Berlines doivent avoir 13 pouces de hauteur fur le devant, fur 15 à 16 pouces de largeur ; le deffus doit être en pente fur le derrière de 2 pouces au moins , afin que le mouvement , ou pour mieux dire , le roulement de la voiture ne faffe pas gliffer les fiéges ou couffins d'étoffe ,& par conféquent ceux qui feroient affis deffus ; ce qui arriveroit néceffairement , fi le deffus des fiéges étoit de niveau. Lorfque je dis que l'inclinaifon des fiéges doit être de deux pouces , ce n'eft que parce que c'eft ce qu'on leur donne ordinairement ; car cette pente ou incli- naifon doit être proportionnée au mouvement de la voiture , lequel eft plus ou moins confidérable en raifon de la manière dont elle eft fufpendue ; or , comme les longues foûpentes donnent beaucoup plus de mouvement que les refforts , je crois qu'on pourroit donner plus de pente aux fiéges des voitures ainfi fufpen- dues qu'aux autres , lefquelles ayant moins de mouvement , demandent par conféquent moins d'inclinaifon aux fiéges ; de plus, cette inclinaifon étant aug- mentée par un rebord ou bourrelet garni de crin , que les Selliers conftruifent fur le devant des fiéges , lequel empêche les couffins de gliffer , la pente des fiéges ne fert plus qu'à leur conferver le niveau dans les plus grandes fecouffes , lefquelles ne font jamais affez confidérables pour faire remonter de deux pouces le derrière des fiéges ; c'eft pourquoi on ne leur donnera cette pente que lorfque les voitures feront portées par de longues foûpentes , & un pouce à un pouce & demi au plus lorfqu'elles feront portées par des refforts. Les ûéges du derrière des Berlines ouvrent ordinairement par-deflùs en forme Sect. If. §. I. Des Panneaux de doublure , âC des Sièges , ôCc. j'yy de coffre , lequel eft entouré d'un bâtis dans lequel il entre à feuillure de trois - ■ ■ ■ côtés , comme le repréfente la Fig. i , cote A , où l'on voit la coupe de ce Planche fiége ; la Figure a , en repréfente l'élévation ; & la Figure 4 , repréfente ce même fiége vu en deflus avec les coupes des deux panneaux de doublure des côtés. Comme la largeur du fiége excède ordinairement en dedans de l'ouverture de la portière , on arrondit le defTus du fiége en y faifant une retraite au nud des pieds d'entrée , en obfervailt de lailTer 2 à 3 pouces de diftance entra l'angle que forme la retraite & le dedans de la voiture , afin que les habits de ceux qui font dans la voiture , ne fe prennent pas entre la faillie du fiége & le dedans de la portière. Les fiéges de derrière font foutenus par la planche qui fert de devant au coffre, & par fes deux coulilTeaux ; le derrière eft foutenu par un taffeau n , lequel eft porté par des taquets l> , qui font attachés fur les panneaux de dou- blure de côté. Les bâtis du delîus de ces fiéges doivent avoir 3 pouces de largeur au moins, tant les battants ou parclaufes, que la traverfe de derrière, à laquelle on ne fait pas de feuillure ordinairement , je ne fai pour quelle raifon , vu que les feuillures empêchent les fiéges de ployer en dedans, à quoi cependant ils font expofés par le poids de ceux qui s'affeoient deffus, Les fiéges de devant des Berlines ne différent de ceux de derrière , qu'en ce que leur deffus ne fe levé pas , mais au contraire eft d'une feule pièce & arrêté en place, ainfi que la Fig. r , cote B. Ce deffus eft foutenu par des taffeaux c d, dont le bout de devant entre en entaille dans le couliflèau e , & dont l'autre bout eft porté par un taquet / , lequel eft attaché fur le panneau de doublure de devant. La planche qui fait le devant de ce fiége , ne va pas de toute fa liauteur; mais on la fait de moitié plus étroite , afin qu'on puiffe fouiller dans le coffre , & qu'on puiffe la retirer , fi on le juge à propos , fans lever le deffus du fiége , en obfervant toutefois d'abattre la joue du devant du couliffeau d'après la largeur de la planche. F oje^ la Fig, i , cote B, & celles 3 <& 5. J'ai dit plus haut que la largeur des fiéges de devant & de derrière d'une Berline devoir être égale; cependant lorfque les glaces defcendront jufqu'en bas, ainfi qu'à la Fig. J , on ne pourra guère donner que 16 pouces de largeur aux fiéges de devant , parce que la couliffe de la glace de devant prenant près de 3 pouces de place dans l'intérieur de la voiture , rétrécit le fiége de devant , ou bien le fait faillir de près de 4 pouces en dedans de l'ouverture de la portière, ce qui eft affez défagréable à voir & qui diminue fefpace qui refte entre les deux fiéges ; c'eft pourquoi je crois qu'il feroit bon dans le cas dont je parle , c'eft-à- dire , quand les glaces de devant prendront beaucoup de place, de diminuer la largeur des fiéges de devant & la réduire à 13 ou 14 pouces au plus. Hors cette différence de largeur des fiéges du devant & du derrière d'une yjô MENUISIER , ///. Parf. Chap. III. Berline , je crois qu'on feroit très-bien de les faire tons les deux fembkbles , c'eft-à-dire, ouvrants par-defEis , parce que non-feuieraent ils feroient plus commodes , vu que leurs coffres pourroient contenir plus de chofes , mais encore parce qu'ils feroient plus folides ; la largeur des bâtis diminuant celle du fiége , le rend moins fufceptible d'effet. Quant aux deffus des fiéges en général , on doit les faire d'orme ou de tout autre bois dur, de ro lignes à un pouce d'épaiffeur au plus , & clioifir du bois bien fec , afin qu'il fe coffine moins. Les coulilTeaux ; les taffeaux & les taquets doivent pareillement être de bois dur ; il n'y a que les planches du devant , qu'on peut faire de forte voHge de bois blanc , afin qu'elles foient moins lourdes. Les fiéges de Diligences font femblables à ceux dont je viens de parler , à l'exception que le devant du fiége n'eft pas perpendiculaire ainfi qu'à ces derniers ; mais au contraire on fait rentrer le bas du devant du fiége d'environ 3 pouces, afin que dans le cas où l'on voudroit mettre un fiége fur le devant de la voiture , la perfonne qui feroit affife deffus , eût plus d'efpace pour placer com- modément fes jambes. Vojei^ la Fig. 6. Ce renfoncement du devant du fiége , fert auffi à placer le fiége ou ftrapontin mobile , lequel étant abaiifé , fe trouve caché par la garniture du fiége de derrière , fans nuire aucunement à celui qui eft affis deffus ce dernier. Il y a deux fortes de ftrapontins ou fiéges mobiles à l'ufage des Dili- gences ; Cavoir , ceux qui s'abaiffent fous le fiége de derrière, & dont il ne refte aucune apparence lorfqu'ils font baiffés , & ceux qui font adaptés contre le panneau du devant de la voiture fur lequel ils s'abaiffent. Les ftrapontins de la première efpece font les plus fimples & les pliis com- modes ; ils confiftent en une planche d'environ un pied de largeur , laquelle eft attachée fur deux équerres às îst a b c , Fig. 6 , lefquelles ont environ 8 à 9 lignes de largeur ; la branche montante de ces équerres doit être cintrée d'une courbure égale à celle du brancard dans lequel elles entrent de a ad, dans des rainures pratiquées à cet effet , auxquelles les bouts du plafond fervent de joue intérieure ; l'autre branche de l'équerre eft applatie de. i à c , & eft percée de plufieurs trous par où paffent les vis qui fattachent à la planche. Ces équerres doivent être ployées de manière que le llége penche d'environ un pouce {m le derrière. Le bas de ces équerres eft fixé dans le brancard par le moyen d'une goupille e qui leur fert de centre ; de manière que quand on ne veut point faire uCige du ftrapontin , on le baiffe fous le fiége de derrière , enforte que la ligne df, qui repréfente le deffous du fiége , fe trouve en dedans de la faillie du : fiége du derrière , & que le dedans de la branche montante des équerres affleure le deffus du brancard. . La hauteur des ftrapontins doit être de l5 pouces , parce que comme on n'y met point de couffms & qu'ils n'ont qu'une garniture très-mince, il eft néceffaire qu'ils Sect. IV. §. I. Des Panneaux de doublure ôC des Sièges , (5Cc. qu'ils foient plus élevés que les autres ; de plus , cette plus grande hauteur donne plus de place pour que la perfonne qui eft affife fur le f.ége de derrière , puiffe Planche paiïèr fesjambes fous le ftrapontinde devant fans être expofée à les heurter contre. J'ai dit que la largeur de la planche de ce ftrapontin devoit être d'un pied j parce que cette largeur fe trouve donnée par fa hauteur, laquelle étant portée de ^en i5 , ne lailTe qu'un pied de diftance jufqu'au panneau de doublure ; cepen- dant lorfque les Diligences feront plus grandes que celles-ci , on pourra aug- menter la largeur du fiége , en obfervant qu'il y ait une place fuffifante entre le devant du fiége de derrière & le deffus du ftrapontin , pour placer la garniture de ce dernier, comme on peut le voir dans cette Figure. L'autre efpece de ftrapontin , Fig. 7, confifte en un bâtis de 2 pouces d'épait feur , dans lequel eft placée une planche ou trappe qui y eft arrêtée par deux charnières C, D, de manière que cette trappe étant levée puifTe fervir de fiége , & qu'on puiffe la lever ou la baiffer comme on le juge à propos. L'épaiffeur de cette trappe ne doit être que d'un pouce au plus, afin qu'il refte derrière affez de place pour y mettre deux équerres ou potences de fer, lefquelles entrent à pivot dans les deux traverfes du bâtis , & fervent à foutenir le fiége lorfqu'ii eft levé & qu'on les a fait fortir de dedans le bâtis , ainfî qu'on peut le voir dans la Fig. 8 , qui repréfente la coupe de ce ftrapontin avec les potences ouvertes , c'eft-à-dire , qui fupportent le fiége , lequel n'eft pas de niveau fur fa largeur , mais penche un peu en arrière , pour les raifons que j'ai dites ci-delTus , ce qui oblige à faire la branche fupérieure des équerres ou potences hors d'équerre , en raifon de la pente qu'on veut donner au fiége. Voye^ la Fig. 7 , où ces équerres font indiquées par des lignes ponéluées. Le bâtis de ce ftrapontin s'applique fur le panneau de doublure de la Dili- gence , & on obferve d'en laiffer paffer le bout fupérieur des battants , afin qu'étant abattus en chanfrein , ils aident à contenir la garniture que le Sellier place entre le deffus de la traverfe & le bas de la glace , fur laquelle on place quelquefois une planche ou frife garnie d'étotfe, pour empêcher que le dos de la perfonne qui eft affife fur le ftrapontin , ne porte fur cette dernière & ne la falîè caffer, ce qui arriveroit fans cette précaution. Quant à la hauteur de ce fiége , c'eft la même que pour celui dont je viens de parler ; c'eft pourquoi je n'en parlerai pas davantage , vu qu'on peut avoir recours à ce que j'ai dit ci-deffus. Cette dernière efpece de ftrapontin eft beaucoup plus compliquée que l'autre , fans être plus commode ; de plus , lorfqu'ii eft abaiffé il eft toujours apparent , & diminue de la profondeur de la voiture , non-feulement par l'épaiffeur de fon bâtis , mais encore par celle de la garniture du fiége , ce qui doit faire préférer les ftrapontins de la première efpece, qui, lorfqu'ils font baiffés , ne paroiffenc ' en aucune manière , fans pour cela diminuer la grandeur de la voiture , ce qui eft fort à confidérer. Menuisier, m. Pan, Ccccccc . .8 MENUISIER, m. Pan. Chap. Ul ^ .Les différents fiéges dont je viens de faire la defcription . font du|ge a P.^.c„B ' toutes fortes de voitures , auxquelles on peut les employer félon le d.l erea befoins ; il n y a que celles qui font dune grandeur extraordu.arre , «Ues que les Gondoles , les Berlines à deux portières , les Calèches qui en aient d autres non pas dans les fonds, où ils font toujours femblablcs à ceux dont ,e viens de parler, mais for les côtés ou en travers de ces voitures. Ces fieges ne fon autre chofo que des planches, dont les bouts portent for des taffeaux ou elles font quelquefois arrêtées , ou for des montants de for ; ou bien ces planches ou f,é.es font forrés d'un bout à charnière , afin de pouvoir fo lever fi on le ,uge a propos , ce qui efl néceiTaire , for-tout à l'endroit des portières , ou on obfor- vera , ainfi qu'aux autres fiéges qui foront appliqués for les cotes des voitures , que fo deffus de ces derniers penche for le derrière , ainfi que ks autres fieges dont j'ai parlé plus haut. ^ ■ y > Cette inclinaifon eft néceffaire , parce que les côtés des voitures étant inclines en dehors , il eft bon que le deffus des fiéges foit au moins d'équerre avec ces derniers , afin que ceux qui feront aifis for ces fiéges , ne gliffent point de deffus , ce qui arriveroit s'ils étoient placés de niveau ; de pfos, le mouvement de la voiture foffit foui pour obliger à mettre fo deffus des fiéges en pente , comme je l'ai prouvé plus haut , page 5 J4. Aux voitures qui ne doivent contenir que deux perfonnes , on adapte quel- quefois un fiégepour en contenir une troifiéme. Ce fiége neft autre chofo qu'une petite planche arrondie par-devant d'environ un pied en quarre , laqtielle eft forrée au devant du fiége de la voiture , de forte que quand on veut en faire ufage, on la relevé & on la foutient par une tringfo de for qui eft attachée deffou's avec un piton , & dont le bout inférieur porte dans le fond de la voiture , auquel on fait un petit enfoncement de la grandeur de cette tringfo , afin qu'elle ne puiffe pas gliffer , & par conféquent lailfor tomber fo fiége. Quelquefois ce fiége de rapport ne fe rabat pas au devant du fiége ordinaire , comme cefoi dont je viens de parfor : mais il entre en entailfo dans fo delfos de l'autre fiége auquel il affleure; & forfqu'on veut en faire ufage, on fo fait revenir en dehors , de manière qu'il ne tient plus à l'autre que parla charnière E fur laquelle il tourne. Ce fiége ne peut pas être bien épais , vu qu'il fout qu'il entre tout à vif dans le fiége ordinaire , auquel il faut qu'il refte 3 lignes d'épaiffeur au moins , d'après le ravalement , ce qui empêche de pouvoir garnir fo premier , c'eft-à-dire , le fiége mobile , à moins qu'on ne perce l'autre tout-à-fait à jour, en y obforvant une portée au pourtour , d'après laquelle on pourroit garnir la palette ou fiége m-obifo , ainfi que je l'ai indiqué par des cercles ponûués Fig. 9. Lorfque la palette eft ouverte , comme le repréfente la Fig. 9 , elle eft foute- nue par une tringle de for attachée au fond de la voiture au bas du coffre du fiége ordinaire , & dont l'extrémité fopérieure entre dans un trou qu'on fait au milieu du deffous de la palette ; ce trou doit être peu profond & être garni d'une Section IV. §. II. Des V oitures à Panneaux arrajés. y jp plaque ou gâche de fer , afin que par l'ufage le bois ne pui/Te pas s'éclatter. == Ces efpeces de fiéges font peu commodes , fur-tout aux voitures qui ne Planche peuvent contenir qu'une perfonne de largeur, laquelle alors eft obligée d'écarter les jambes pour laiJer pafTer le ftrapontin , ce qui eft très-gênant ; c'eft pourquoi on ne doit faire ufage de ces fiéges que le moins qu'il fera poftlble. Voilà en général toutes les efpeces de fiéges dont on fait ufige dans nos voitures , de quelque nature qu'elles puiffent être , auxquels on ne peut guère faire de changement, vu qu'ils ont toute la commodité poiîlble, du moins autant que leur emploi (emble l'exiger. §. II. Des V oitures à Panneaux arrafà , & les difcrentes manières d'enjaire les ouvertures. O N nomme V oitures arrafées , celles auxquelles les battants de portières & — 1 1> / V- les pieds d'entrée ne font pas apparents depuis la ceinture jufqu'en bas, de Planche manière qu'il femble que le panneau d'appui foit d'une feule pièce dans toute la longueur de la voiture , ainfi qu'on peut le voir à la F ig. r , cote A. Il y a de ces voitures oîi non-feulement les battants de portières font fuppri- més en apparence , mais encore les traverfes d'accotoirs , de forte que le panneau de cuftode , celui d'appui de côté & celui de la portière , ne femblenc faire qu'un. Voye^ la Fi g. i , cote B. De ces deux manières de faire les voitures à panneaux arrafés , la première eft la plus ufitée & la plus folide , parce que du moins le panneau eft retenu par la rainure de la traverfe d'appui , au lieu qu'à la féconde il ne peut qu'être attaché defllis : de plus , aux voitures où les côtés font fufceptibles de cintres, comme les Berlines & les Diligences à la Françoife , on eft obligé de faire' le panneau de deux pièces , dont le joint fe fait à l'endroit de la traverfe d'appui, fur laquelle on attache les extrémités des deux panneaux, que l'on fait joindre le mieux qu'il eft poflîble ; mais quelque précaution que l'on prenne en faifant ces joints ou en les arrêtant , il n'eft guère poffible d'empêcher qu'ils ne fe tourmentent & que les joints ne paroi/fent , ce qui eft fort défagréable à voir lorfqu'une voiture eft finie. Si la première manière de faire les voitures à panneaux arrafés n'a pas cet inconvénient , elle a toujours , de commun avec la féconde , celui du mauvais elfet des joints de l'ouverture des portières, qui , quelque bien faits qu'ils puift-ent être , paroiffe ,t toujours, foit par les éclats qui fe font à la peinture, foit par l'effet des bois des panneaux , qui , à la vérité, ne fe retirent pas à bois debout , ( du moins fenfiblement) mais qui peuvent fe coffiner , & par confé- quent fe défaffleurer , ou bien par l'effet total de la voiturt; , qui fait toujours quelque mouvement ; il eft certain , dis- je , que les joints paroiifent toujours , & par conféquent ne tendent plus au but qu'on s'étoit propofé , qui étok de faire paroître le panneau d'appui comme d'une feule pièce. Cette difficulté n'eft pas la feule qui fe rencontre dans les voitures à panneaux 5^0 MENUISIER, 111. Part. Chap. 111. airafés ; leur ouverture en eft une des principales , parce qu'il faut qu elle fe ^ falTe à travers les profils , ce qui eft fort défagréable à voir , vu que pour le peu de mouvement que fafTe la voiture , ces profils coupés ne fe rencontrent plus , les uns remontant en en-haut , ou les autres defcendant en contre-bas , ce qui , comme je viens de le dire , fait un très-mauvais effet , fur-tout quand les traverfes des cuftodes font cintrées comme à la Fig. r , cote i?, où ces joints font indiqués par les lignes a b Sc c d. L'ouverture des portières des voitures à panneaux arrafés , doit être à double feuillure , comme les rcpréfentent les Fig. o. & ■), (lefquelles font l'une la coupe du pied d'entrée & battant de portière , prife au-deflùs de fappui ; & l'autre la coupe de ces mêmes pieds d'entrée & battant de portière , prife au-deffous de l'appui , ) afin que le recouvrement de la partie du haut , qui pour lors n'eft plus à-plomb du joint du panneau arrafé , donne au pied d'entrée une largeur fuffifante , laquelle largeur peut être augmentée fur le derrière & dans la partie qui porte le panneau , comme je l'ai obfervé aux Figures ci-delfus , & à la Fig. I , où cette augmentation de largeur des pieds d'entrée eft indiquée fous les panneaux par des lignes ponéluées, ainfi que la largeur réelle de toutes les autres pièces qui compofent le bâtis de cette voiture. Cette double feuillure eft non-feulement néceflairc pour conferver de la largeur & de la force au pied d'entrée, mais encore pour que lorfque la portière eft fermée , il ne refte d'apparent au pied d'entrée , que la moulure fervant de recouvrement à la glace de cuftode , mais en même temps cette double feuillure gêne pour la ferrure des portières , parce que le joint du haut ne fe trouvant' plus à-plomb de celui du bas , comme Findiquent les lignes ef 8c g k, Fig. 2 6' 5 , il faut que le pivot du bas {bit non-feulement faillant , mais encore rentrant fur le panneau de côté , afin de fe trouver à l'à-plomb de la ferrure du liaut , ce qui fait très-mal , fur-tout quand les voitures font cintrées fiir le côté. On ne fauroit remédier à cet inconvénient , qu'en faifant fouverture des portières à fimple feuillure , comme je l'ai obfervé aux Fig. ^ & 6 , dont les joints font indiqués par la ligne z /, ce qui ne fouffre d'autre difficulté que pour la largeur apparente du pied d'entrée , laquelle alors ne permet plus de faire de recouvrement à la glace de cuftode , qui en peut plus être retenue que par une lame de fer ou de cuivre qu'on attache fur le devant du pied d'entrée , ainfi que celle cotée m , Fig. 3. Quant à l'ouverture du haut des portières de ces voitures, elle fe fait parle haut du deflbus du pavillon & par le bas du fond du champ , ainfi qu'à la Fig. I , cote A , 8c à. lu Fig. 7 ; cependant quand la moulure des pieds corniers tourne au pourtour de la voiture , comme à la Fig. I , cote B , 8c qu'on craint qu'il ne refte pas alTez de bois au battant de brancard , on fait fouverture de la portière au nud de f intérieur du profil , ainfi que je fai obfetyé à cette Figure & à la Fig. Section IV. §• IL Des Voitures à Panneaux arrafés. 5^1 Fig. 4; de forte que le bas du panneau de la portière ii'eft qu'appliqué fur l;i 200, 201. traverfè, ce qui n'eft guère folide ; c'eft pourquoi on doit éviter cette forte Pi-anche d'ouverture le plus qu'il fera poffible. Pour mieux convaincre de ce que je viens de dire touchant l'ouverture des ; portières d'une voiture à panneaux arrafés , voyez la Fia;, i , qui repréfente une Planche partie du haut de l'appui de cette dernière , prife à l'endroit de la portière , laquelle eft delfinée en grand , afin d'en faciliter l'intelligence , & où j'ai marqué les joints cotés A Si B , lefquels coupent les profils des traverfes de cuftode tant du haut que de l'appui , & où j'ai obfervé de faire voir toutes les ouvertures tant de hauteur que de largeur , afin qu'on puiffe mieux juger de la largeur & de la forme des bois tant apparente que réelle. On a fait des voitures à panneaux arrafés , auxquels pour diftinguer la glace de la portière , on fa ornée d'un profil plus riche & plus large que celles de cuftode , comme le repréfente la Fig. 2 ; mais cette méthode eft abfolumenn vicieufe , non-feulement à caufe de la différence des profils qui ne fe raccordent plus à leur rencontre , mais encore parce qu'elle empêche que le dedans des glaces de portières règne avec celles des cuftodes , ce qu'on doit toujours obfer- ver , ainfi que je l'ai fait à la Fig. I , qui , je crois , eft la meilleure manière d'arranger ces Ibrtes de voitures tant pour la largeur des bois , qui y font les plus étroits po.Tibles , que pour leur décoration (*). D'après ce que je viens de dire touchant les voitures à panneaux arrafés , il eft aifé de conclure qu'on doit en éviter l'ufage , tant par rapport à leur peu do folidité qu'à la diflrculté de leur conftruâion. De plus , quelle nécefiîté y a-t-il de vouloir qu'une voiture ne paroi/fe pas avoir de portières l N'eft il pas au contraire plus naturel qu'elles foient apparentes î puifqu'on ne fauroit entrer dans une voiture fins qu'il y ait de portières , à moins que ce ne foit par l'ouver- ture des glaces , ce qui feroit même ridicule à penfer ; c'eft pourquoi je crois que malgré l'ufage reçu , on doit abfolument éviter de faire de ces fortes de voitures , mais au contraire en faire à portières apparentes , fans être en faillie fiir le nud de la voiture, dont les champs & les moulures , ainfi que les arra- fements tant des panneaux que des glaces , régneroient avec ceux des côtés , & dont les ouvertures fe trouveroient placées au nud de quelques membres du profil, comme je l'ai obfervé aux Fig. 3 , 5 , ^ (?■ 7, dans lefquelles on peut voir que quoique d'un profil confidérable en apparence , je n'ai pas pour cela forcé la largeur des bois , fi ce n'eft au pied cornier , qu'on pourroit diminuer fi on le jugeoit à propos, en changeant ou même en retranchant le dernier membre de fon profil, On pourra de même diminuer la largeur apparente des traverfes d'appui & des (*) Cette néceffité de faire les bois des voi- tures les plus étroits poBible, n'eft pas indif- penfable, ainfi que je l'ai déjà dit , puifqu'ellf ne tient qu'à la tnode , à laquelle je ne m'affu jétis ici , que pour faire connôître-'tbtues les difficultés qui en; réfultent , afin qu'on. puilTe être en état d'y remédier , du moins autant qu'il cil poffible. Menuisier. III, Pan. D d d d d d d S6z M E ly U l S I E K,Jll Pan. Chap. IIL montants de ciiftode , comme je l'ai obfervé dans la Figure 4, fans pour cela Planche rien changer au refte de la voiture, ce qui feroit un fort bel effet, ainfi qu'on peut le voir aux Flg. 3 , 4 & 5 , d'après lefqucUes on peut juger de ce que j'avance ici. Comme les voitures en général font des ouvrages de fantaifie, on en a fait où non-feulement on a cru ne devoir point faire de portières apparentes , ainfi que celles dont je viens de parler , mais encore où il n'y en avoir point du tout , du moins qu'on pût foupçonner , par exemple , des Diligences dont le côté ouvroit tout d'une pièce , emportant avec lui la moulure du pied cornier de derrière , dont la faillie recouvroit à feuillure fur les panneaux de derrière. On a aufli fait des Vis-à-vis où il n'y avoir pas d'ouverture au milieu de la longueur, comme aux voitures ordinaires qui en ont trois , mais au contraire on n'en faifoit que deux, qui n'étoient que des cuftodes prolongées jufqu'au milieu de la voiture , qui s'ouvroient à cet endroit , en emportant , ainfi qu'à la Dili- gence dont je viens de parler , la moulure des pieds corniers tant de devant que de derrière , lefquels fe faifoient en cuivre , afin de leur donner plus de folidité. Ces fortes de voitures font d'un très-mauvais ufage , vu leur peu de folidité & leur mauvaife décoration , du moins pour ce qui eft de celles à deux fonds : fi donc j'en parle ici , ce n'eft que pour les propofer comme des exemples à éviter , & pour faire connoître aux jeunes gens ( s'il eft polfible ) combien il eft dangereux de fe lailfer trop emporter au plaifir de faire du nouveau ou de fuivre la mode , fans auparavant faire attention fi ce que l'on veut faire eft bon ôc railbnnable , c'eft-à-dire , folide & relatif à fbn ufàge. == Dans tout ce que j'ai dit jufqu'à préfent touchant fouverture des voitures , Planche je les ai toujours repréfentées comme ouvrantes par les côtés. Il eft cependant une autre manière de les faire ouvrir , qui eft de fùpprimer les portières des côtés , & de n'en faire qu'une qu'on place au derrière de la voiture , ce qui , à la vérité , ne fait pas fi bien que les portières ordinaires , mais ce qui ne laiflè pas d'avoir fes avantages , ainfi que je vais fexpliquer en failànt la defcription d'une Diligence nommée Vinvcrfable , laquelle eft de l'invention de M. de Garfàult , auquel elle appartient. Deux raifons ont donné lieu à la conftruélion de cette voiture: l'une la néceC fité de faire les roues de devant les plus hautes poffible, afin de rendre la voiture plus roulante , c'eft-à-dire , plus aifée à fe mouvoir ; l'autre la crainte des accidents qui peuvent arriver , (bit par le renverfement de la voiture , ou par la violence des chevaux, qui venant à prendre le mords aux dents, ne lailîènt dans les voitures ordinaires aucun moyen de fe Ibuftraire au danger , ou du moins que de très-difficultueux. La voiture dont il eft ici queftion , repré- fentée Fig. 3 , fatisfait à ces deux objets : car les brancards de fon train étant extrêmement élevés fur le devant, donnent lieu de faire de grandes roues à l'avant-train , ce qui eft très-néceffaire à toutes fortes de voitures , parce que Section IF. §. II. Des V okures à Panneaux anajés. 5^3 plus les roues font grandes & moins la voiture femble pefante , ce qui efl: tout "■ " naturel , puifque plus on allonge les rayons des roues, plus la force augmente , Planche ce qui, par conféquent , diminue de la réfiftance occafionnée par la pefanteur de la voiture. De plus , les roues de l'avant-train étant ainfi hautes, leur axe ou moyeu fc trouve prefque de niveau avec le poitrail des chevaux , co qui les fatigue moins , parce qu'alors ils ne font qu'employer la force néceflàire pour faire mouvoir la voiture ; au lieu que quand les roues font petites , comme à l'ordinaire , elles les fatiguent beaucoup plus , parce qu'alors il faut qu'ils augmentent de force en raifon de ce que la pefanteur de l'avant-train , & même de toute la voiture , oppofc de réfiftance , pour que l'axe des petites roues fe relevé jufqu'à ce qu'il pafTe par une ligne droite menée du poitrail des chevaux jufqu'à l'axe des grandes roues ; de forte que non-feulement ils traînent la voiture , mais ils la lèvent du devant, ou du moins ils font des efforts qui tendent à le faire , ce qui , comme je viens de le dire , les fatigue beaucoup plus. Si cette voiture a l'avantage d'être beaucoup plus roulante que les autres , elle a aufli celui d'être plus douce & moins expofée aux accidents , parce que comme fon brancard eft extrêmement élevé du devant pour faciliter le paffage des roues de l'avant-train , il faut par la même raifon que les foûpentes qui portent la caiffe foient pareillement élevées , ce qui fait qu'elles ne peuvent plus être placées fous la caiffe qu'elles éleveroient trop haut , mais qu'au contraire elles partent aux deux côtés de cette dernière aux environs de la ceinture , ce qui rend la voiture plus douce en diminuant les coups de côté , qui font d'autant moins violents , qu'une partie du corps de la cailTè eft beaucoup plus bas que le point de fulpenfion , qui , comme je l'ai déjà dit , fe trouve proche de la ceinture de la caiffe & de fcn centre de gravité. Quant aux accidents caufés par le renverfement de la voiture , ils ne peuvent être fort confidérables à celle-ci ; parce que fi une des deux foûpentes venoit à caffer , les brancards arrêteroient & foutiendroient la caiffe de forte qu'elle ne pourroit fe renverfer entièrement ; fi même il arrivoit que les chevaux vinflènt à prendre le mords aux dents , la portière étant placée par derrière , on pourroit lortir de la voiture fans aucun danger , ce qui ne peut être aux autres voitures , dans lefquelles il faut refter malgré foi , ou bien fi on fe jette par la portière , s'expofer à fe faire écrafer. Je n'entrerai pas dans un plus grand détail au fujet de cette voiture , finfpec- tion feule de la Figure étant fuffifante ; de plus , la forme & la conftrudion des trains n'^ant pas de mon affaire , je ne faurois m'étendre à ce fujet fans fortir de mon plan , qui n'a pour objet que la conftru6lion des caiffes des voitures. Si donc dans la fuite de cet Ouvrage je repréfente quelques voitures montées fiir leur train, ce ne fera que pour faire voir les rapports & l'analogie qui doivent être entre le train & la caiffe d'une voiture , tant pour la I M E NU IS lE R, III. Pan. Chap. III. ! décoration quepourlaforme,&pour exciter les Menuifiers enCarroflès àprendre Planche des connoilTances , du moins élémentaires; de l'Art du Charron , ainfi que je l'ai recommandé au commencement de cette Partie de mon Ouvrage , afin que s il arrivoit qu'ils euffent à faire le deffin d'une voiture toute montée , comme il arrive quelquefois , ils puflent le faire avec précifion & connoiflance de caufe , afin de ne point faire de deffins dont l'exécution devient ridicule & même impoffible , & où les loix de la bonne conftruaion Sc de la folidité font égale- ment violées , ce qui arrivera nécefFairement toutes les fois qu'on voudra s'ingérer à faire ce qui n'eft pas de fon relTort, du moins fans les connoilTances que je recommande ici (*)• Quant à la caifie de cette voiture , elle ne diffère point des autres pour la conftruélion , n'y ayant que la forme qui eft différente feulement par derrière , comme on peut le voir aux Fig. I & 2 , dont l'une repréfente la face de la Diligence , laquelle eft de même qu'aux Diligences ordinaires ; quant à l'autre qui repréfente le derrière de la Diligence , elle diffère des autres en ce qu'elle a deux pieds d'entrée , lefquels portent la portière , laquelle , ainfi que ces derniers, ne fuit pas la pente ni le cintre de la voiture, mais eft droite 8c tombe d'à-plomb , de forte que les pieds d'entrée faillent par le bas de la voiture en venant à rien par le haut , comme on peut le voir à la Fig. 3 , où ces pieds d'entrée forment un pilaftre , ou pour mieux dire , font ornés de panneaux comme le refte de la voiture. Les côtés de cette Diligence n'ont rien de particulier , comme on peut le voir dans la Fig. 3 ; c'eft pourquoi je n'en parlerai pas davantage. Quoique je repréfente cette voiture inverfable comme une Diligence , on pourroit de même faire une Berline , ce qui ne fouffriroit aucune difficulté , ainfi que celle qui eft décrite dans un Ouvrage qui a pour titre : Traité des Voitures , par M. de Garfault , dans lequel on pourra prendre une connoiflance plus parfaite de ces fortes de voitures , tant pour ce qui regarde le train que pour la caifle & la manière dont elle eft fufpendue. Les voitures dont je viens de parler font peu en ufage , malgré toutes les commodités dont elles font fufceptibles , parce qu'en général leurs formes font peu heureufes & ont moins de grâce que les voitures ordinaires , lefquelles , à ce que je crois , ont acquis toute la grâce dont elles font fufceptibles , à quelques (*) Rien n'efl plus vrai qns ce que j'avance ici, l'expérience ne faifant que trop voir que bien des Ouvriers fe mêlent de faire & de conduire ce qui n'eft pas de leur état , & à quoi ils ne eonnoiffent rien on très - peu de choie : de - là viennent tant de modes nouvelles qu'ils annoncent comme leurs produclions , qui ne t'ont pour l'ordinaire que de mauvaifes copies de chofcs déjà faites , auxquelles ils font des augmentations ou des changements félon qu ils le jugent à propos , fans fe rendre compte du pourquoi , & par le feul plailir de faire du nouveau ; ce qui ed tris-com- mun dans le fujet idont je traite , c'efl-à-dire , dans la partie des voitures , lefquelles n'étant pas faites fous la direftion d'un Artifte habile & éclairé fur toutes les parties q^entrent dans la conllrudion de ces dernières, fesfolent être aban- données , pour la décoration & la conduite , aux caprices de chacun des différents Ouvriers qui y travaillent , ou bien de celui de ces Ouvriers qui s'arrogera le droit de commander aux autres, foit par fon favoir ou par fon opulence; heureux fi c'efi plutôt l'un que l'autre ; mais ce n'eft pas l'ordinaire. petits Section IV. §• HI. Des Voitures nommées Dorraeufes , SCc. y^y petits changements près ; cependant il me femble qu'on pourroit en faire ufàge à la campagne , où pour l'ordinaire les chemins font moins beaux que dans les villes , Se où par conféquent on a intérêt de rendre les voitures le plus roulantes poflible , pour ne point fatiguer les chevaux , & où on a plus à craindre que la voiture ne verfe. §. III. Des î^oitures nommées Dormeufes , iS" les différentes manières d'en faire les ouvertures. Avant de terminer ce qui regarde les ouvertures des voitures , il efl nécef- làire de parler des voitures nommées Dormeufes , lefquelles ne font pour l'ordi- Planche naire que des Berlines ou des Vis-à-vis, & ne fervent qu'à la campagne & dans "°^* les voyages. Ces fortes de voitures ne différent en rien de celles dont j'ai déjà parlé , qu'en ce que le derrière & quelquefois le devant s'ouvre , afin de donner plus de profondeur à la voiture , de manière qu'on puifTe y placer un lit , & qu'une perfonne y foit couchée commodément , ce qui leur a fait donner le nom de Dormeufes. Les ouvertures de ces voitures fe font de différentes manières, qu'on peut réduire à trois ; fàvoir , celles dont le doffier fe renverfe en arrière , comme la Fig. I , cote A ; celles dont le panneau s'ouvre du defîbus de la ceinture au defTus du fiége, comme dans la même Figure , cote B ; celles enfin dont l'ou- verture fe fait également dans le panneau , mais en deux parties & du defîbus de l'appui au defîus de la traverle du brancard , comme la Fig. 2. La première de ces trois manières de faire ces ouvertures , eft la plus firaple & la plus facile , parce qu'il ne s'agit que de faire ouvrir les panneaux de derrière dans toute leur largeur d'arrafement, (c'eft-à-dire , au nud des mou- lures ) & du deffous de la traverfe du haut fous laquelle ils entrent à feuillure > ainfi que dans les pieds corniers ; il n'y a que par le bas où le joint eft apparent , ce qui eft inévitable , vu qu'il fe trouve au milieu de la largeur du panneau. Comme ce panneau ainfî ouvrant doit être de deux pièces , & qu'il emporte avec lui la traverfe de ceinture ; on y fait un faux-bâtis dans lequel la traverffe s'afTemble , & fur lequel les panneaux font attachés , comme on peut le voir dans la Fig. i , cote A , Se dans la Fig. 3 , qui repréfentent la coupe du pied cornier de la voiture , ainfi que celle du panneau ouvrant & celle du faux-bâtis fur lequel il eft appliqué. Sur le pied cornier de ces voitures , & fur le faux-bâtis qui porte le panneau ouvrant , font attachés des côtés & un deffus de cuir garnis d'étoiTe en dedans , lefquels ont plus ou moins de largeur , félon qu'on veut faire ouvrir le panneau , qui , quand il eft ouvert, fait à peu-près le même effet qu'un foufflet tendu , & quand on ferme le panneau ce cuir fe reploie dans l'intérieur de la voiture, dans laquelle il ne tient pas grande place ; & on doit avoir grand foin en Menuisier , 111. Pan. E e e e e e e Planche 202. ^66 MENUISIER, lîL Pan. Chap. 111. — , - "1 attachant ce cuir, qu'il foit attaché fur le pied cornier en dedans de la voiture , Planche & fur le faux-panneau en dehors de cette dernière , afin que quand le panneau eft ouvert , il s'applique fur le bois & ne tende pas à arracher les clous , Se par conféquent à fe déchirer. Voye^ la Fig. 3. Il faut avoir foin , lorfqu on difpofe ces fortes d'ouvertures , d'y laiffer le jeu néceffaire pour que les clous & le cuir puifTent être placés commodément , n'y ayant que l'extrémité du panneau qui doit joindre contre la moulure , comme je l'ai obfervé à cette Figure , où j'ai laiffé tout le jeu nécelTaire , & où la trop grande profondeur des feuillures ne doit pas embarraffer , parce qu'on place dans les faux-bâtis des efpeces de vérouils à rellbrt , lefquels entrent dans les pieds corniers lorfqu'on ferme le panneau , & qui le retiennent en place. Ces panneaux ouvrent ordinairement deux à trois pouces au-defîus du fiége , afin que cette diftance égale à peu-près l'épailTeur du couffin , & que la perfonne qui eft comme couchée dans la voiture , porte également fur le couffin & fur le doffier renverfé. Je dis que la perfonne eft comme couchée , parce que l'ouverture de ces fortes de Dormeufes ne forme pas proprement un lit , lequel doit être dans une Ctuation horifontale , mais une chaife longue dont le doffier eft fort renverfé. Au-dellôus de l'ouverture du panneau, on aflèmble dans les deux pieds corniers une traverfe fvir laquelle on pofe les ferrures , que l'on doit faire le moins apparentes poffible. Cette même traverfe fert à attacher la partie fupé- rieure du panneau dormant , & à lupporter le fiége , comme je l'ai obfervé dans cette Figure. Ce que je viens de dire touchant l'ouverture de ce panneau , fon faux-bâtis & fà garniture de cuir , eft applicable aux deux autres manières de faire les ouver- tures des Dormeufes dont il me refte à parler ; c'eft pourquoi je n'en parlerai pas davantage , vu que ce ne feroit qu'une répétition de ce que je viens de dire. La première manière de faire ouvrir les Dormeufes , ne peut être bonne que pour le derrière des voitures ; m.ais celles dont je vais parler peuvent fe faire par les deux bouts , à condition toutefois que la glace du devant fera immobile , parce que fî elle ne l'étoit pas , on ne pourroit pas faire ouvrir le panneau de l'appui , du moins que fort difficilement , & ce qu'on ne fait pas ordinairement. La féconde manière de faire les ouvertures des Dormeufes , eft , comme je l'ai idéja dit , d'ouvrir le panneau du deifous de la traverfe de ceinture au delîùs du fiége , de forte que tout le panneau fe relevé en en-haut de a à ^ , Fig. i , cote £ , ce que j'ai indiqué par un arc de cercle ponâué. Ce panneau ainfi relevé eft foutenu par deux potences de fer c, lefquelles font ferrées fur les pieds corniers , de manière que quand on a ouvert le panneau , on les fait tourner en dehors jufqu à ce qu'elles portent fur le faux-bâtis du panneau au point e, Lorfqu'on relevé le panneau il fait déployer en même temps une enveloppe Section IV. §. m. Des Voitures nommées Dormeufes, SCc. $6'f ou bourfe de cuir af g, laquelle eft attachée tant fur les pieds corniers de la === voiture, que fur la traverfe du panneau dormant , ainfî que fur Celle du faux- Planche bâtis , laquelle forme un coffre faillant dont le panneau relevé fait le deiTiis. Enfuite on renverfe le delîùs du fiége hi, du point h où il eft ferré avec la traverfe du panneau dormant de A à / ; (ce que j'ai indiqué par un arc de cercle pondlué ) de forte que le fiége ainfi renverfé , forme le fond du coffre faillant , & porte immédiatement fur le cuir. Le devant du fiége m n fe renverfe pareille- ment du point m où il eft ferré , au point ce que j'ai pareillement indiqué par un arc de cercle ponélué , & on le foutient de niveau par des pieds de fer qui y font attachés , afin de diminuer le creux de la voiture qu'on remplit enfiiite avec des matelas , jufqu'à ce qu'il excède le de/Eis du fiége renverfé fur lequel on place des oreillers , de forte que le dedans de la voiture devient exaélement un lit , dont le niveau eft repréfenté par la ligne r l. V oye\^ la Vig. 4 , laquelle repréfente une partie du plan de la Dormeufe ouverte , & les fiéges ainfi renverfés. S'il arrivoit qu'on ne voulût pas mettre deux matelas pour remplir le fond de la voiture , on bailTeroit le devant du fiége au point p pa.q , ce qui diminuc- roit cette profondeur, fans pour cela rien changer au refto de la voiture. Cette manière de faire ouvrir les Dormeufes eft très-bonne, parce qu'en la failànt d'un feul bout , elle fournit 5 pieds & demi de longueur , ce qui eft fuffifant pour qu'on y foit couché commodément, mais en même temps elle a le défaut de donner peu de hauteur à l'endroit de l'ouverture , où il ne refte que 14 à ij pouces de hauteur, de forte qu'on ne peut y placer que les pieds , ce qui d'ailleurs eft affèz indifférent. La troifieme manière de faire les ouvertures des Dormeufes , remédie à cet inconvénient , ainfi' qu'on peut le voir dans la Fig. 2 , où il refte 20 pouces de hauteur d'ouverture ; mais en même temps il faut faire attention que cette ouverture donne moins de profondeur que l'autre , n'y ayant que ^ pieds dit fond du coffre au dedans de la voiture , ce qui eft un efpacc trop court pour pouvoir contenir une perfonne couchée commodément , ce qui oblige à faire des ouveirtures aux deux bouts de la voiture , ou bien en n'en faifant qu'une , à augmenter la longueur de la voiture , ce qui ne fouffriroit aucune elpece de difficulté. Quant à la manière de faire l'ouverture de la Dormeufe dont je parle , c'eft à peu-près la même chofe qu'à celle Fig. i , cote B, à l'exception que l'ouverture fe fait en deux parties du deflbus de la traverfe de ceinture au de/fus de celle de brancard , & que la partie ouverte du bas entraîne avec elle le deffus du fiége qui y eft ferré , & le devant de ce même fiége qui vient s'appliquer contre la partie fupérieure de l'ouverture du panneau , de manière que tout le pourtour du coffre que forme l'ouverture de la Dormeufe eft revêtu de bois en dedans , le dehors & les côtés l'étant toujours de cuir à l'ordinaire , ce qui , je crois , n'a pas j68 MENUISIER, ni. Pan. Chap. UL befoin d'autre explication , l'ir.fpeaion feule de la Figure étant plus que fuffi- fante. Voy. la F'ig. J , qui repréfente une partie du plan de la Dorracufe Vig. i , Se que j'ai deffiné tout ouvert ainfi que celui Flg. 4 , afin de faciliter l'intelli- gence de ce que je viens de dire. Voilà , à peu de chofe près , tout ce qu'on peut dire fur la théorie des ouver- tures des Dormeufes, la pratique & les différents befoins pouvant fournir d'autres manières de les faire peut-être en quelque chofe différentes de celles que je viens de donner; cependant de quelque manière qu'on les fafîêj il faut éviter de les trop compliquer ni de les trop charger de ferrures , ce qui augmente beaucoup le poids de la cailîè , & qui par le trop grand nombre de ferrures , rend un fbn fort défàgréable , fùr-tout pour des perfbnnes malades ou endormies. Pour ce qui eft de la cailfe des Dormeufes en général , il n'y a point de diffi" rence de celle des autres Berlines ou Vis-à-vis ; car elles ne peuvent être que de ces deux elpeces de voitures, à moins qu'on ne les falfe ouvrir comme dans la Fig. I , cote A , où la perfonne efl plutôt affife que couchée ; dans ce cas , dis-je , les Dormeufes peuvent être des Diligences ou des Défobligeantes , ou même des Chaifcs de pofte. Au refte , comme ces voitures font pour fervir à la campagne, elles doivent être d'une décoration fmiple & d'une conftruélion foli- de; &ondoit obferver d'y faire des caves d'une profondeur affez confldérable pour pouvoir contenir les matelas & les couvertures du lit, comme je l'ai obfervé aux Fig. I &■ 2 , où les caves ont 8 pouces de profondeur au plus bas, ce qui, encore , n'eft bon que pour contenir un matelas ; car s'il y en avoit deux , comme l'exige la Fig. i , cote B , il faudroit augmenter la profondeur de la cave. Ce que j'ai dit jufqu'à préfent, renferme en général tout ce qu'on doit favoir touchant la conftruélion des voitures de telles formes & dételles efpeces qu'elles puiifent être , tant dans leur totalité que dans les parties qui les compofent. J'ai auffi donné quelques régies générales touchant leur décoration , ne pouvant pas en dire davantage, ni donner de préceptes certains à cet égard , vu que les voitures étant des ouvrages fujets à la mode, font fufceptibles d changements , du moins dans les parties de détail ; tout ce que je puis fa c'efl de recommander le choix des belles formes , tant dans l'enfemble d'une voiture que dans les parties qui la compofent ; comme auflî d'éviter la confufion tant dans les cintres que dans les ornements , & de faire enforte que la décoration totale d'une voiture foit toujours analogue à fon ufàge , & d'une richelTe relative au rang de la perfonne pour qui elle eft deftinée ; en prenant ces précautions , on eft prefque toujours sûr de réuffir & de faire des ouvrages marqués au coin du bon goût ; au lieu que celles qui ne font faites que pour fuivre la mode , ne font , ainfi que je fai déjà dit , que de mauvaifes copies qui annoncent toujours le peu de goût & de génie de ceux qui les ont faites. Au défaut de préceptes détaillés touchant la décoration des voitures , je vais donner dans la Planche 204 , des modèles des profils 8i des ornements dont on fait e au-e Section IV. §. III. Des Voitures nommées Dormeufcs , ôCc. j^p fait maintenant uftge dans la décoration des voitures , afin qu'on puiffe en faire choix félon les différents befoins , en obfervant toutefois de ne les employer Planche qu'avec fàge/Fe & retenue , & en raifon de la richeffe totale de la voiture , c'eft- à-dire , de la caiffe & du train , n'étant pas raifbnnable qu'une cailfe d'une déco- ration fimple , foit placée fur un train d'une décoration riche , & par la raifon inverfè qu'un train fimplement décoré fupporte une caiffe très-ornée. Ce rapport & cette gradation de richeffe doivent non-feulement fe trouver entre le train & la cailfe d'une voiture , mais encore à toutes les autres parties qui en dépendent , comme la Bourrelerie , la Serrurerie & la Peinture , ce que j'ai obfervé dans les Planches 208 , 209 & 210, dans lefquelles je donne des modèles de trois différentes voitures d'une décoration très-riche , & où j'ai tâché de donner les plus belles formes poffibles , en évitant la fimplicité aifeélée de celles qui font à la mode à préfent , & la confufion & li lourdeur des anciennes , ce qui , je crois , fuppléera en quelque façon au défaut de préceptes touchant la décoration des voitures , celles que j'ai deffinées ici étant plus que fuffifmtes pour qu'on puifîe en imaginer d'autres plus ou moins riches , félon le bcfôin qu'on en aura ; de plus , ce que je dis en faifant la defcription de ces trois voitures , pourra encore fervir de guide dans la compofition de quelqu'autre que ce puiffe être , ainfi qu'on le verra en fon lieu , après que j'aurai donné la defcrip- tion des voitures de campagne , par où doit commencer celle de toutes les voitures d'ufage à préfent , dans laquelle defcription je comprendrai leurs formes, leurs ufages & leurs principales mefures , ce que je ferai le plus fuccindtement poifible, ne donnant qu'une Figure de chaque efpece de voiture , Se me conten- tant d'indiquer les changements ou les augmentations faites ou à faire , fans entrer dans un plus grand détail , ce que j'ai dit jufqu'à préfent étant applicable à toutes les voitures imaginables. CHAPITRE QUATRIEME. Defcription de toutes les Voitures d'ufage à préjent. Dans la divifion des différentes efpeces de Voitures modernes , dont j'aî parlé au commencement de cette troifieme Partie , page 458 , je n'ai eu égard qu'à leurs formes , fans confidérer leur ufage ; je fuivrai à-peu-près cette même divifion dans la defcription des autres Voitures , à fexception qu'ayant plus égard à leur uCige qu'à leurs formes , je traiterai d'abord dans chaque efpece de Voi- tures , de celles qui font d'ufage à la campagne , comme étant les plus fblides & les plus fimples ; je parlerai enfuite de celles de chacune de ces mêmes efpeces qui font en ufage dans les villes , & dont par conféquent la forme & la décora- tion font plus fufceptibles de richeffes ; de forte que toute la defcription des Menuisier. III. Pan. F f f f f f f 57° MENUISIER, ni. Part. Chap. IV. Voitures d'ufage fera comprife dans trois Seâions. Dans la première , je traiterai des Voitures à quatre roues, comme les Coches fervants à tranfporter les Citoyens d'une Province à l'autre , les Gondoles & les Berlines à quatre por- tières , les grands CarrolFes , les Berlines proprement dites , les Diligences ; & de toutes les autres efpeces de Voitures faifant nuance entre celles-ci & les Chaifes , comme les Vis-à-vis , les Défobligeantes , les Angloifes , les Calèches , les Diables , les Phaétons & les Wourftes. Dans la féconde Sedlion , je traiterai des Voitures à deux roues , comme les Chaifes proprement dites , de toutes efpeces , les Cabriolets , les Litières & les Traîneaux. Dans la troifiéme Seétion enfin , je traiterai des Voitures portées ou traînées par des hommes, comme les Chaifes à porteurs , les Brouettes , & les Chaifes de jardins de toutes les efpeces. Je terminerai ce Chapitre & tout ce qui regarde les Voitures , par une quatrième Seftion , dans laquelle je traiterai de la manière de fufpendre les Voitures à raifon de leurs différentes formes & grandeurs , ce qui , à la vérité , n'eft pas l'affaire du Menuifier ; mais comme il arrive tous les jours que ces derniers donnent des Deffms de Voitures toutes montées , il eft bon de leur donner des régies sûres , pour qu'une caifîe étant montée , refte à la place qu'ils ont marquée fur leurs deffins , fins reculer en avant ou en arrière , ou , ce qui eft encore pis , que cette même Voiture penche de l'un ou de l'autre côté. De plus , il arrive tous les jours que les Menuifiers font des caiffes neuves pour monter fur des trains déjà faits, & que ces caiffes étant montées , fe trou- vent mal fufpendues , à quoi ils pourroient remédier en donnant au brancard une forme convenable à la difpofition du train , laquelle forme , en changeant le centre de gravité de la cailfe , lui rend l'équilibre néceffaire , ce que je démon- trerai le plus clairement qu'il me fera poffible. Section Première. Defcriptlon d'un Coche , d'une Gondole & d'uns Berline à quatre portières. Les Coches font de grandes voitures publiques defiinées à tranfporter les Citoyens d'une Province à fautre , lefquels font ordinairement d'une grandeur affez confidérable pour contenir huit perfonnes qu; y font affifes au pourtour, tant fur les deux fiéges des fonds , que fur des fiéges qui font placés contre les côtés & qui fc lèvent à f endroit des portières. La caiffe de ces voitures, Fig. i, a environ 7 pieds de longueur fur 5 pieds de largeur pris à la ceinture , ce qui fait qu'on eft obligé de la monter fur des trains à flèches à grande faffoir , parce que fi elle étoit montée fur des trains de bran- cards , il faudroit que ces derniers euffent huit pieds de largeur au moins de Sectwn I. Defcripdon d'un Coche , d'une Gondole , ÔCc. yyr l'extrémité des elîîeux , ce qui feroit trop embarraflant ; au lieu que le train à == flèches tel qu'il eft repréfenté dans la Fig. a , n'a pas plus de 6 pieds de largeur , Planche ce qui fait une très-grande dilîFérence. Les Coches ne font pas ordinairement fupportés par des foûpentcs , mais fufpendus à des courroyes qui partent de l'extrémité des moutons de l'avant & de l'arriére du train , & qui viennent s'attacher aux quatre coins du brancard. Celui qui eft repréfenté Flg. i , eft fufpendu de la même manière , à l'exception que les courroyes font attachées aux deux extrémités d'un reflort à talon , placé delTous le brancard ordinaire de la cailfe , ce qui rend cette voiture aulîi douce que les Berlines. Tous les Coches n'ont point de relTorts comme celui-ci , qui fert pour aller de Paris à Lyon , en cinq jours l'été , & l'hiver en fix jours. Cette voiture fe nomme Diligence , & eft la plus prompte & la plus commode de nos voitures publiques. Il y a des Coches ou Carrofles publics qui font montés fur des trains de Berlines , c'eft-à-dire , qui ont des brancards ; dans ce cas ils ne peuvent être fort larges , à caufe qu'il faut qu'ils foient contenus entre les deux brancards du train , ce qui fait qu'ils ne contiennent que fix perfonnes , à moins qu'on ne fît la caifle de ces voitures très-longue , afin de pouvoir contenir quatre perfonnes de longueur. Je ne m'étendrai pas davantage fur la forme & la proportion des voitures donr je parle, parce que l'inlpedion feule des Figures doit fufEre tant pour le plan que pour l'élévation , la folidité étant ce qu'on doit le plus rechercher dans ces fortes de voitures , lefquelles ne font fufceptibles d'aucune forte de décoration , du moins trop recherchée. Ces voitures n'ont point de jour par devant, mais feulement par les côtés & aux portières , ce qui eft néceifaire pour donner de l'air & du jour à l'intérieur de la voiture ; ces jours ne font pas remplis par des glaces , mais feulement par des panneaux de bois mouvants à coulilfes , foit horifontalement ou perpendi- culairement. Quelques-uns de ces panneaux font percés par le milieu pour y placer un verre d'une moyenne grandeur , pour procurer du jour , & quelquefois même ce font de véritables chaffis dans lefquels font placés de gros verres au lieu de glaces. En général, les bois de ces voitures , tant des bâtis que des panneaux , doivent être plus forts que dans les voitures ordinaires , du double pour les bâtis , & de moitié pour les panneaux, & on doit avoir grand foin que leurs afferablages foient bien juftes & parfaitement bien faits, (ce qui n'eft pas ordinaire aux Menui- fiers en Carroffes ) vu la grande fatigue de ces voitures , & la difficulté de les rétablir s'il arrivoit qu'elles vinflent à manquer en chemin. Je ne parlerai pas ici des anciens Coches , parce que j'en ai fait la defcription au commencement de cette Partie ^6% , & que de plus ces voitures ne MENUISIER, III. Pan. Chap. IF. ' font plus d'ufàge à préfènt , ou du rmoins fi on s'en fert encore pour les PtANCHE voitures publiques , ce n'eft qu'autant qu'elles ne font point trop vieilles pour fervir ; & à mefure qu'elles fe détruifent , on n'en reconflruit point d'autres , vu leur peu de commodité. Quant au train des Coches, je n'en ferai aucune defcription , parce que cela appartient à l'Art du Charron ; je me contente feulement de le deiTiner ici tant en plan qu'en élévation , afin de le faire connoître , & qu'on puilîè diftinguer un train à flèche & à grande faifoirc tel que celui-ci , d'un autre train à flèche , mais dont favant-train eft femblable à celui d'un train de Berline. - Après les Coches , les plus grandes voitures font les Gondoles , lefqiielles Planche fQ,^^ quelquefois même plus grandes que les premiers , du moins pour ce qui eft de la caiife , y en ayant qui peuvent contenir douze perfonnes alfifes au pourtour , telles que celle dont l'élévation eft repréfentée Fig. r , & le plan Ces voitures font ordinairement montées fur un train de Berline , & n'ont de largeur au brancard que la largeur ordinaire , qui eft d'environ ^6 pouces , fans le renflement, ce que j'ai indiqué par les lignes a ^ , bc,cd&.deàvi plan Fig. a. La longueur de la Gondole Fig. i <& a , eft de 8 pieds à la ceinture , fur 3 pieds 6 pouces de largeur par les bouts , & 4 pieds 3 pouces au milieu , ce qui fait que le bas de la cailfe eft d'une forme ronde tant fur le plan que fur l'élé- vation , ce qui lui a fait donner le nom de Gondole , à caufe de fi reflemblance avec une gondole , efpece de petit bateau ou de vafe pour boire. Le haut des côtés doit être plus en pente qu'aux voitures ordinaires, parce que comme les fiéges de fintérieur de la voiture font placés le long de ces côtés, il eft bon qu'ils foient un peu inclinés , afin que l'on foit affis commodément , pour les raifons que j'ai don- nées en parlant des fiéges des voitures , pages $^^& fuiv. Fojeih ligne e f tr , Fig. I , qui repréfente la courbure & finclinaifon du côté de la voiture , ainfi que celle/ A, qui repréfente le delTus du fiége & fon inclinaifon en dedans. Le deflîis de fappui de ces voitures eft ordinairement revêtu de cuir , au milieu de quoi font percés huit jours ou fenêtres ; ainfi que celles A , A , A, Fig. s. & i\ favoir , une à chaque bout , & trois de chaque côté , lefquelles ont environ un pied quatre , & font placées de manière que ceux qui font affis dans la voiture , puiflent voir dehors fans fe lever de leur place. Ces jours fe rempliflent par des glaces , lefquelles montent dans des coulif- feaux à l'ordinaire ; on a foin que ces couliffcaux montent de fond , & on les aftèmble dans le pavillon & dans le brancard , afin qu'ils foutiennent non-feule- ment le panneau de cuir , mais encore celui de l'appui , qui étant de bois , a bien de la peine à fe prêter à la forme gondolée de la voiture , & qui fait toujours afl'ez mal quelque précaution que Ton prenne , étant impoffible de faire ployer un panneau fur deux fens à la fois , comme je fai démontré en parlant de la manière de faire revenir les panneaux au feu , page 45 r. jj Section I. Defcription d'un Coche , d'une Gondole , ôCc. ;73 Il eft bon auflî que le pavillon de ces voitures ( & en général de toutes les . NCHE 207. voitures de campagne) foit fort bombé , afin qu'au dedans de la voiture on puilTe , Pla du deffus des battants de pavillon , tendre des rubans nommé s //m, fur lefquels on place les chofes les plus légères qu'on emporte ordinairement avec foi. Par la même raifon les caves doivent être fort profondes , pour placer les paquets les plus lourds & les provifions de bouche. En général , les bois de ces voitures , ainfî que de toutes celles de campagne » doivent être plus forts qu'à l'ordinaire , afin qu'elles réfiftent mieux à la fitip-ue . fans cependant les faire trop maffives , parce qu'alors elles devicndroient trop pefantes , ce qu'on doit éviter avec foin. L'ufage des Gondoles efl très-bon pour les voyages & pour la chalTe , parce qu'elles tiennent beaucoup de perfonnes , ce qui diminue en même temps l'ennui & les frais du voyage ; c'eft pourquoi prefque tous les grands Seigneurs en ont pour le tranfport de leurs gens & de leurs elfets les plus précieux. Pour ce qui eft de la conftruâion de ces voitures , elle n'a rien de particu- lier ni de différent de ce que j'ai dit à ce fujet ; c'eft pourquoi je n'en ferai aucune mention , les Fig. i & 2 étant fuffifiiites d'après tout ce que j'ai déjà dit. Les Berlines à quatre portières , aufli nommées Berlines Allemandes , font faites pour contenir fix perfonnes affifes fur trois lièges ; favoir , les deux ordi- Planche naires, & un autre placé au milieu , ainfi que celui A , Fig. 2 , auquel on ajoute un doflîer d'étoffe B , pour foutenir les perfonnes qui font aflifes fur ce fiége , & les empêcher de fe renverfer en arrière. Quoique je dife que ce fiége eft placé au milieu de la longueur de la voiture , il eft cependant bon qu'il foit un peu plus fur le derrière, comme je l'ai obfervé dans la Fig. 1 , parce qu'il eft nécelTaire que l'efpace qui refte entre le fiége de devant & celui du milieu , foit plus grand que celui qui refte entre ce dernier & celui de derrière , ce qui eft tout naturel , puifque dans le premier les jambes & la faillie des genoux de deux perfonnes , doivent y être contenus vis-à-vis les uns des autres ; au lieu que dans le fécond , il ne faut que la place d'une perfonne fur la profondeur : il faut cependant éviter de trop reculer le fiége du milieu , parce qu'il boucheroit beaucoup de la portière , du moins en apparence ; car comme le dofller de ce lîége eft arrondi fur les extrémités , il lailTe fuffifamment de paflàge. Quoi qu'il en foit , il eft toujours bon que l'efpace de derrière ne foit pas trop étroit , parce que comme c'eft la place des per- fonnes les plus confidérables , il eft néceifaire qu'elles ne foient point gênées , du moins autant qu'il eft poffible. La conftruélion & la décoration de ces voitures n'ont rien de particulier, ainC qu'on peut le voir aux Fig. r (& 2 ; tout ce qu'on doit obferver , c'eft que quand elles ne feront que pour être d'ufage à la campagne , on diminuera la hauteur de la glace de devant , de forte qu'elle ne defcende qu'à la hauteur Menuisier. 111. Pan. G g g g g g g y74 MENUISIER, III. Part. Chap. IV. du deflus du fiége , comme je l'ai fait ici , afin de conferver autan: qu'il eft poflible , la longueur intérieurc de la voiture , laquelle n'étant ordinairement que de 6 pieds & demi à la ceinture , eft déjà très-bornée pour être diminuée par le coulem.ent de la glace du devant. Les voitures à quatre portières fervent ordinairement à la campagne ; cepen- dant chez le Roi & chez les Princes , elles fervent quelquefois de voitures de ville , & alors elles peuvent être très-richement décorées ; dans ce cas on doit diminuer la profondeur de leur cave, ou même les fupprimer tout-à-fait , ce qui feroit encore mieux. Il faut de même , dans le cas dont je parle , diminuer la hauteur du bombage du pavillon , qui alors devient inutile. Il eft aulTi néceffaire de placer des glaces aux euftodes de ces voitures , ce que je n'ai pas fait à celle que j'ai deffinée , parce que je ne fai confidérée que comme une voiture de campagne. J'ai dit plus haut que la longueur ordinaire de ces voitures étoit de 6 pieds & demi ; cependant on fera très -bien de leur donner 7 pieds de longueur , fur 44 à 46 pouces de largeur à la ceinture , non-compris le renflement , ce qui eft néceffaire, étant tout naturel qu'on foit plus à fon aife dans une voiture où l'on pafFe des journées entières, que dans celles où Ton ne refte qu'un moment. Voilà à peu-près toutes les voitures de campagne à quatre roues dont on faflè uCige aéluellement , mais (à la vérité) peu ufitées par les particuliers , qui fe fervent , pour voyager, de voitures ordinaires , qui font des Berlines conftruites feulement avec plus de folidité que les autres , ( c'eft-à-dire , celles qui ne fervent que dans les villes ) & auxquelles on donne un peu plus de longueur & de largeur , ce qui ne change rien à leur forme & à leur conftruélion , qui ne demande , ainfi que je l'ai déjà dit , qu'un peu plus de folidité. §. I. Deferipùon d'un grand Carroffe , d'une Berline , d'une Diligence montés Jur leur train , & de toutes les autres Voitures qui ont du rapport avec ces dernières. Les voitures de ville le plus en ufage , font les Berlines & les Vis-à-vis , que l'on monte fur des trains à brancards ou lùr des trains à flèches , ainfi que je l'ai dit au commencement de cette Partie , où j'ai fait connoître la différence qu'il y avoit entre ces dernières voitures & les grands Carroffes dont on ne fait plus ufage à préfent , du moins que très-rarement , encore n'eft-ce que chez le Roi ; & j'ai dit qu'il feroit à fouhaiter que ces voitures fuffent plus en ufage qu'elles ne le font chez les Princes & les très-grands Seigneurs , pour les diflinguer par leurs voitures comme ils le font par leurs rangs ; c'eft pourquoi je donne ici , Pl. 208 , le deffin d'un grand Carroffe à flèche recourbée ( ou à arc , ce qui eft la même chofe ) pour le palfige des roues de favant-train , ce qui fait beaucoup mieux que les trains à grande faffoire, fur lefquels font montés tous les grands Carroffes du Roi. J'ai aufll placé des refibrcs au devant & à l'arriére Section I. §■ I. Defcrîpdon d'un grand Carrojfe , ôCc. 'ij'^ ou train de cette voiture , afin de la rendre plus douce qx;e celles ordinaires , où les — — — courroyes quiportent la caiiïè , font attachées aux moutons du train, de forte qu'il Planche n'y a de reflbrts que deilbus la voiture ; au lieu que dans celle-ci , ces courroyes étant attachées à des reflbrts par les deux extrémités , rendent la voiture extrê- mement douce. En général , j'ai tâché , autant qu'il m'a été poffihle , de donner à l'enfemble de cette voiture toute la légèreté dont elle a été lufceptible , & d'allier les formes anciennes avec les modernes , en ôtant aux unes leur trop grande pefmteur , & en donnant aux autres un caraélerc un peu plus ferme , ce qui eft néceffiiire à ces fortes de voitures. Au refte , je ne donne point cette voiture comme une chofe parfaite ni comme un exemple à imiter; je ne la propofe ici que pour donner naiffance à des idées plus parfaites , & pour faire connoître combien ces voitures acquére- roient de grandeur & de magnificence , fi la partie de leur décoration étoit entre des mains plus habiles que les miennes , lefquelles allieroient aux régies inva- riables de la bonne conftrudtion , la grâce d'une décoration plus ingénicufe , ce qui eft au-defTus de mes forces. Ces fortes de voitures font toujours très- grandes , parce qu'elles font faites pour pouvoir contenir fix perfonnes ; lavoir , quatre fur les fiéges de devant Se de derrière , & deux au milieu fur un fiége mobile qu'on ôte lorfqu'on le juge à propos; c'eft pourquoi onleur donne ordinairement 7 pieds de longueur, fiir /j. pieds 6 pouces do largeur à la ceinture , & environ 6 pieds & demi de hauteur du deifus du brancard au delfous de la frife de la portière. Pour ce qui eft des autres mefures de cette voiture , tant pour le train que pour la caiffe , il eft affez inutile d'en parler ici ; de plus , j'ai mis au bas de la Planche une échelle , à laquelle on pourra avoir recours. Je ne m'étendrai pas davantage fur la forme & la conftruélion de ces voitures, parce que j'en ai déjà parlé au commencement de cette Partie , page ^6^ ; on aura foin feulement de faire les coulilfes de leurs glaces allez profondes pour que le chaffis qui porte ces dernières ne paroiffe point extérieurement , ce qui fait un très-bon elïet , vu que les moulures de la caiffe fervent immédiatement de bordures aux glaces. On obfervera qu'à ces voitures , ainfi qu'à toutes les autres , il faut que les mêmes ornements foient employés fur le train & fur la caiffe , ce que j'ai fait à cette voiture & aux deux fuivantes. C'eft un ufige reçu qui me paroît très- raifonnable , étant tout naturel que toutes les parties qui compofent l'enfemble d'une voiture , aient toutes le même caraélere ; c'eft pourquoi on ne s'écartera de cet ufage que le moins qu'il fera poffible. J'ai donné ailleurs toutes les régies fervant à la conftruâion & à la décoration ° d'une Berline ; c'eft pourquoi je ne m'étendrai pas à ce &jet dans la dcfcription ^^^^^^ de celle que j'ai deflînée dans cette Planche , dont l'enfemble n'eft qu'un rélùmé de ce que j'ai dit jufqu'à préfent. Planche 2op. Planche 210. 576 MENUISI E R , ///. Part. Chap. IF. La Fig. I de cette Planche , repréfente rélévation d'une Beriine montée fur fon train & portée par de longues foûpentes. Le corps de la caifle eft très- orné & d'une forme bombée fur fon plan , comme je fai indiqué par une ligne ponduée dans la Fig. 2 , qui repréfente la moitié du plan du train , fur lequel j'ai feulement indiqué celui du brancard de la caiffè. J'ai auffi cintré les traverfes de ceinture ainfi que le pavillon , que j'ai fait à trois cintres , afin de donner plus de mouvement & de grâce à l'enfemble de la caiffe , ce qui , à mon avis , fait beaucoup mieux que les traverfes droites qui font à la mode à préfcnt , d'autant mieux que tous les cintres de cette voiture prennent nailTance les uns des autres , & font d'accord avec la forme générale de la caiffe , ainfi que je l'ai recommandé plus haut. Cette cai/Te , quoique d'une décoration très-riche , n'a cependant rien de fuperflu ; & les bois des bâtis , quoique plus forts que ceux des voitures à la mode , n'en rendent cependant pas la décoration plus pe&nte , ayant eu foin d'en diminuer la largeur en appa- rence par des ornements courants. Les portières de cette voiture font arrafées au refte de la cai/fe , & ouvrent dans le dégagement des moulures des cuftodes , de forte que toutes les traverfes tant du haut que du bas & du milieu régnent enfemble, ce qui fait uii très-bon efifet. Pour ce qui eft du train de cette voiture , je l'ai fait le plus parfait qu'il m'a été poffible , & j'ai fait les roues du train de devant aulfi hautes qu'elles peuvent l'être à un train de cette efpece , la hauteur de ces dernières étant bornée non- feulement par la rencontre des brancards du train , mais encore par celle des foûpentes fous lefquelles il faut qu'elles paifent , ce que j'ai indiqué par des lignes perpendiculaires élevées des points que donnent la rencontre du cercle formé par la révolution des roues de l'avant - train avec les brancards & les foûpentes , lefquelles lignes perpendiculaires font bornées fur l'élévation par la rencontre d'une ligne de niveau paftànt par le plus haut point des roues de l'avant-train ; de forte que les foûpentes de cette voiture ne fiuroient être plus baffes qu'elles ne font , & par conféquent les roues de l'avant-train plus hautes , à moins qu'on ne rehaulfe ces premières , ce qui n'eft guère poflîble , parce qu'en les haullànt par devant , il faudroit les haulTer par derrière , ce qui éléveroit trop le cric qui eft déjà fort haut ; de plus , il faut éviter de donner trop d'élévation aux foûpentes , afin que la cailFe ne foit point trop élevée & qu'on puilTe y monter commodément , ce qui ne peut être quand il y a plus de 2 pieds & demi de la ligne de terre au-deifus de la marche du brancard de la caiflè. La Fig. I de cette Planche repréfente une Diligence montée fiir un train à flèche , nommé improprement train a l' Angloife , ce qui m'a donné la liberté de faire les roues de l'avant-train fort hautes , comparaifon faite avec celles du derrière , ce qui eft très-avantageux pour rendre la voiture plus roulante , ainfi que je l'ai prouvé page ^62. La cailTe de cette Diligence eft faite à l' Angloife , c'eft-à-dire , qu'elle eft prefque Section I. §. I. Defcripdon d'un grand Carrojfe , SCc. 577 prefque quarrée par le haut , & qu'elle n'efl: pas cintrée en S fur le côté , ainfi . que celles à laFrançoife , dont j'ai donné la forme & les proportions page J48. Planche mais font feulement un peu diminuées lur le derrière tant for le plan que for la hauteur , ainfi que je l'expliquerai en parlant des cailTes des voitures à l'Angloife. Lorfque les Diligences , & en général toutes autres fortes de voitures , font montées for des trains à flèche , elles ne font ordinairement pas portées par de longues foûpentes , mais au contraire par des rcflorts & des courroyes attachées aux angles de la cailTe, comme je l'ai obforvé ici , ce qui efl; très-commode pour les Diligences dont la forme irrégulierc du brancard donne beaucoup de peine pour les bien fofpendre avec de longues foûpentes ; de plus , lorfqu'on fofpend les Diligences comme je l'ai fait à celle-ci , on a l'avantage de faire le bas de la portière prefque de niveau , ce qui fait beaucoup mieux que celles dont la traverfe du bas eft de près de 3 pouces plus haute d'un bout que de l'autre , ainfi que je l'ai démontré ailleurs. La Fig. 2 repréfente la moitié du plan de cette Diligence , fur lequel j'ai marqué le cercle que décrit la révolution des roues de l'avant-train, & leur ren- contre avec les courroyes qui portent la caiffe & les deux branches de la flèche , ce qui rapporté for l'élévation , a fervi à déterminer la forme de cette dernière & la hauteur des relîbrts auxquels font attachées les courroyes ou foûpentes , lefquelles font indiquées fur le plan par des lignes ponftuées , ainfi que le plan du brancard de la caifTe auquel elles vont répondre. Voilà en général les trois efpeces de voitures dont on faflè ufage aéluelle- ment, fur-tout les deux dernières , auxquelles j'ai donné la meilleure forme qu'il m'a été poffible , fans trop foivre ce qui s'appelle la mode , ni en même temps m'écarter beaucoup des ufiges reçus , tant pour ce qui eft des caiiFes ( ce qui eft mon principal objet) que pour ce qui concerne leurs trains, que j'ai faits le plus légers poftible , en leur confervant néanmoins une folidité réelle & même apparente , ce qui eft abfolument néceflàire ; comme auffi de n'y point faire aux unes ni aux autres de reflâuts ni d'ornements trop faillants , parce qu'ils feroiene expofés àfecaffer, foit par l'ébranlement du roulis delà voiture, foit en la lavant, ou par tous autres accidents inévitables & auxquels on ne peut obvier qu'en faifantles ornements peu faillants , & ne leur donnant que le moins de profon- deur poffible , afin que la pouffiere s'y arrête moins , & qu'ils foient plus aifés à nétoyer. Les Vis-à-vis font des voitures afl'ez femblables aux Berlines , defquelles elles ne différent que par la largeur , laquelle ne peut contenir qu'une perfonne : elles différent encore de ces dernières , en ce que leurs côtés ne font point cintrés , mais feulement diminués de l'appui jufqu'en bas d'environ 435 lignes, de forte qu'elles forment un angle à la ceinture , ce qui fait aflez mal. On pourroit corriger ce défaut en donnant à la diminution du bas une forme Menuisier. III. Pan. H h h h h h h é ^78 MENU ISIER, 111. Pan. Chap. 111. ^ bombée prefque infenfible , & en faifant la partie du haut droite à l'ordinaire , Planche laquelle a quelques lignes d evafement tout au plus. La largeur des Vis-à-vis eft de 2J à 2^ & même 28 pouces à la ceinture, fur 4 pieds 8 pouces de long ; favoir , 21 pouces d'ouverture de portières , & 17 pouces à chaque cuftode. La largeur du haut des cuftodes doit être de 19 pouces , & le cintre du pavillon d'environ 2 pouces de retombée, La hauteur de ces voitures doit être moindre que celle des Berlines , & n'avoir au plus que 4 pieds 2 pouces d'ouver- ture de portière. Leur renflement doit auiTi être moindre, & n'avoir que 6 lignes au brancard & 18 lignes au pavillon. Quant à la conftruélion & à la décoration de ces voitures , ce font les mêmes qu'aux Berlines. Les Défobligeantes font aux Vis-à-vis , ce que les Diligences font aux Berlines , c'eft-à-dire , qu'elles ont les mêmes dimenllons tant de hauteur que de largeur & de renflement , en obfervant toutefois de faire les cuftodes de 2 à 3 pouces plus profondes que celles des Vis-à-vis, ce qui ne fouffre aucune difEculté & n'a pas befoin d'autre explication. Les caiffes des voitures nommées Angloijes , font des efpeces de Berlines & de Diligences , mais plus fouvent des Diligences que des Berlines. Ces voitures dilferent de celles à la Françoife , en ce qu'elles ont moins de renflement, qu'elles ne font point cintrées fur le côté où elles n'ont qu'un peu d'évafement , Sc qu'elles font moins cintrées & ont moins de hauteur que ces dernières. Ces voitures n'ont point de glaces de cuftode, ni même de montants de crolîe appa- rents , & la glace de devant eft ordinairement divifée en deux parties qui coulent indépendamment l'une de fautre , étant divifées par un montant , derrière lequel eft placé un couliffeau double. Les voitures à l'Angloife font très à la mode à préfent , & je ne fài trop pourquoi , vu qu'elles n'ont ni une belle forme ni aucune grâce , reflimblant plutôt à un coifre percé de plufieurs trous , qu'à une cailîè de voiture ; mais il fufEt que l'invention de ces voitures nous vienne d'Angleterre , pour que tout le monde en ait ou veuille en avoir , comme s'il exiftoit quelque loi qui nous obligeât d'être les ferviles imitateurs d'une Nation rivale de la nôtre, & qui, quoi- que très-relpedtable & imitable à bien des égards , ne pourra jamais f être pour les ouvrages de goût en général , & fur-tout pour la partie dont je traite. Ces voitures ne devroient , à mon avis , être d'ufage qu'à la campagne , vu leur grande légèreté & leur peu de hauteur qui les rend moins fujettes aux coups de côté que les autres. Les trains de ces voitures font toujours à flèche , foit fimples ou doubles , ce qui oblige à les fufpendre fur des reflirts , Si cela en augmente la douceur. Section I. §. IL Defcriptioii d'une Calèche , d'an Phaéton, 5Cc. 579 §. II. Defiription d'une Calèche , d'un Phaéton , d'un Diable , d'une Diligence coupée & d'un Wourjl. Les Calèches font des voitures de campagne deftinées à la promenade ou , à la chalTe , lefquelles font ouvertes de tous côtés au defTus de l'appui , & Planche dont l'impériale eft foutenue par des montants de fer , ainfî que celle repréfentés ^ Fig. I. Ces voitures font 34, à 5, & même 8 places, à deux perfonnes fur la largeur , du moins pour l'ordinaire ; car on en fait à trois , ce qui eft rare ; celle qui eft repréfentée ici n'en peut contenir que quatre commodément , n'étant que de la longueur d'une Berline ordinaire , & n'ayant que deux fiéges , fun fur le derrière & l'autre au milieu , à l'endroit du pilaftre B , lequel fépare les deux portières A Se C. Ces deux portières font nécelfaires , parce qu'elles fervent à entrer dans la voiture làns être obligé de palier par de/lus le fiége du milieu , ce qui arriveroit néceflâirement s'il n'y avoit qu'une portière , parce que le fiége du milieu eft toujours immobile^ ou du moins doit fêtre, afin que ceux qui font placés fur le derrière de la voiture , puiffent monter & defcendre fans déranger ceux qui font placés fur le fiége du milieu. Quoique cette Calèche ne foit conftruite que pour contenir quatre perfonnes, on peut cependant en placer fix , en reployant le devant de l'appui D en devant de la voiture, ce qui forme un troifieme fiége. Les Calèches à fix font conftruites de la même manière que celle-ci, excepté qu'elles ont 6 pieds & demi de longueur , & qu'elles ont trois portières fur le côté. On peut pareillement faire un quatrième fiége en abaiffànt le devant de l'appui , comme je l'ai dit ci-delfus , ce qui ne fouffre aucune difficulté. En général , les fiéges des Calèches doivent être élevés au-deffus les uns des autres , en luivant à peu-près la forme du brancard, afin que toutes les perfonnes qui font placées delTus , puiflènt voir les unes au-deffus des autres , ces fortes de voitures étant faites pour jouir de fair & de la vue de la campagne , vis-à-vis de laquelle elles font toutes tournées , ce qui eft différent des autres voitures , où ceux qui font placés fur les fiéges du devant & du derrière , font affis vis- à-vis les uns des autres. Ces voitures peuvent être d'une décoration très-riche & d'une forme gon- dolée , ce qui fait très-bien. Comme ces voitures fervent toujours à la campagne , on en fait dont on fupprime les panneaux , & dont on remplit l'efpace avec des treillis de canne de différents compartiments , ce qui rend ces voitures plus légères , & en même temps plus fraîches. Le haut des calèches fe ferme avec des rideaux de cuir ou d'étoffe , qu'on relevé fous l'impériale & qu'on abaiffe quand on le juge à propos , tant par les côtés que par derrière & par devant. V j8o ME N UISIER , III. Pan. Chap. IV. . On fait toujours des caves à ces fortes de voitures , ce qui eft néceflàii-e pour Planche placer les hardes & les provifions dont on peut avoir befoin. Les Phaétons ou Cliars découverts, font des voitures à-peu-près femblables aux Calèches , excepté qu'ils n'ont point d'impériales , de forte qu'on y eft toujours à découvert. Ces voitures font peu en ufage , & on ne s'en fert même qu'à la Cour & chez les Princes pour les promenades des Dames : elles font ordinairement très-riches , tant pour les ornements de iculpture que pour les peintures & les dorures. Celle qui eft repréfentée Fig. 2 , eft à lîx perfonnes & à deux portières fur la longueur , à la manière des Berlines à quatre portières. Ces voitures différent des Calèches, en ce que les fiéges font placés comme aux Berlines dont je viens de parler , c'eft - à - dire , que ceux qui font aflîs fur le devant de la voiture ont la face tournée vis-à-vis des autres , ce qui n'eft pas aux Calèches , ainfi que je viens de le dire. Les Calèches & les Phaétons font ordinairement portés par de longues foûpentes ; ce n'eft pas qu'on ne puilîè faire autrement ; mais c'eft l'ufage, auquel leur forme longue & platce a peut-être donné lieu. ____ La FLg. I repréfente une voiture nommée Diable , laquelle eft à l'égard i'lanche des Calèches, ce que les Diligences font à l'égard des Berlines, c eft-à-dire , qu'ils font coupés à l'endroit de la première portière. Ces voitures fervent particulièrement pour eflàyer les jeunes chevaux , & alors elles ne confiftent que dans un train à flèche , lùr le devant duquel eft ménagé un efpace dans lequel fe peuvent placer deux perfonnes ; mais dans le cas dont je parle , ces voitures fervent aux perfonnes qui voulant faire voir leur habileté à conduire les chevaux diîEciles , mènent leur voiture eux-mêmes ; c'eft pourquoi on a foin que le devant de ces voitures foit plus haut qu'à l'ordinaire , afin que celui qui eft dedans debout , puiffe avoir l'eftomach appuyé deflùs , & foit moins expofé aux éclaboulîùres & aux ruades des chevaux. Ces appuis doivent auffi être un peu recourbés en devant , comme je l'ai obfervé Fig. 1 & 1 , (lefquelles repré- fentent les élévations de côté & de face , ) afin de ne point bleflèr celui qui , en menant la voiture , eft quelquefois appuyé delîlis foit naturellement , foit par le mouvement de la voiture , laquelle n'a d'ailleurs rien de particulier tant pour la décoration que pour la conftruélion, fi ce n'eft qu'elles doivent être plus hautes que les voitures ordinaires , afin de pouvoir contenir un homme tout debout. Comme ces voitures font toutes ouvertes au-deflus de l'appui & ne fervent que très-peu , on a imaginé de faire fervir les Diligences ordinaires à l'ufage de ces premières , ce qu'on a fait en les coupant au nud de l'appui , ou du moins à environ 2 pouces au-deflus , comme le repréfente la Fig. 3 , où la coupe du pied d'entrée & de la portière eft repréfentée par la ligne a ^ , de forte que le pied cornier de devant s'enlève , & emporte avec lui le battant de portière avec lequel il ne fait qu'une feule & même pièce , ainlî qu'on peut le voir dans la Fig. SetionI. §. II. Defcription d'une Calèche, d'un Phaéton, SCc. 581 Fig. 4 , laquelle repréfente la coupe du pied d'entrée & du battant de portière , __. prife à la hauteur de l'appui , & où j'ai indiqué par des ponduations , la forme Planch - de ce même pied cornier réuni avec le battant de portière. 212, Ce pied cornier entre tout en vie dans le bout du pavillon , & à tenon & enfourchement dans l'appui , & s'arrête en dedans de la voiture par le moyen d'un crochet. L'invention de ces Diligences coupées vient d'Angleterre , & on les nomme Diligences coupées en birouche ; leur ufage n'eft pas fort bon , parce que leurs joints font toujours mal ; de plus , lorfqu'elles font toutes montées , elles rendent un mauvais fon occafionné par le jeu qui fe trouve nécelfairement dans les affem- blages des pieds corniers ; c'eft pourquoi on fera très-bien de ne pas faire de ces fortes de voitures coupées , que je ne repréfente ici que comme des exemples à éviter , & en même temps pour ne rien laifTer à défirer. Avant de terminer ce qui regarde la defcription des voitures à quatre roues , dans la conftrudlion defquelles le travail du Memiifier eft nécelîàire, je crois devoir parler d'une voiture de chaffe nommée Wourfl ou Vource , dont l'invention vient d'Allemagne, laquelle ne confifte qu'en un train à flèche très-étroit, afin de pouvoir mieux paffer dans les routes des forêts. Au-deffus de la flèche de ce train eft fufpendu un fiége long d'environ 7 pieds , lequel eft porté par deux cour- royes ou foûpentes , dont une tient à un relfort placé fous le fiége du Cocher & au devant de ce fiége ; & l'autre du derrière du fiége à un cric placé au derrière du train , par le moyen duquel on ferre ou relâche la foûpente. Au-defTous du fiége , & par conféquent de la flèche du train qui pafl'e entre deux , eft placé un marche-pied fur lequel pofent les pieds de ceux qui font affis comme à cheval fur le fiége , au bout duquel, fur le derrière, eft une efpece de cailTe femblable à celle d'un Cabriolet, laquelle eft féparée en deux par le fiége , & peut contenir deux perfonnes de largeur , ou bien une feule affife comme les autres qui font fur le long fiége , c'eft-à-dire , à califourchon. Je ne donne pas ici d'autres explications touchant la defcription de cette voiture , parce qu'elle eft prefque toute du refliirt du Charron , & que le Menui- fier n'y a prefque rien à faire ; c'eft pourquoi je me contenterai de la repréfenter dans la Planche 217 , Fig. i. Voyez cette Planche. Section Se C G N D E. Defcription d'une Chaifi montée , d'une Chaife de pofie , d'un Cabriolet, de deux Litières &■ d'un Traîneau. L'usage des Chaifes à deux roues eft très-nouveau, comme je l'ai fait voir au — commencement de cette Partie de mon Ouvrage ; elles ne fervoient dans Planche leur origine qu'à faire des voyages en pofie; mais préfentement elles font très-communes , tous les particuliers de mé<liocre fortune en faifant ufage tant Menuisier. III. Pan. I i i i i i i t8. MENUISIER, IIL Part. Chap. IV. ^ , dans les villes qu'à la campagne. Les Chaifes qui fervent dans les v.lles font a '^^^ deux & même à quatre places , ainfi que celle repréfentée F. g. i , laquelle peut ^'5- contenir deux perfonnes fur la profondeur & deux fur la largeur , F^g.^, Se que j'ai repréfentée auffi en plan , Fig 3 > afin qu'on connoiffe mieux la dite- rence du train des voitures àquatre roues , & de celles à deux roues , qui .ont celles dont je parle. , j u Le train des Chaifes en général, eft compofé de deux brancards, dont le derrière eft affemblé comme celui des Berlines , à peu de chofe près ; le devant fe termine en deux bras ou limons , entre lefquels on place le cheval qui , a cette voiture , fait la fonftion de traîner la voiture & d'en fupporter une partie. Foyei la Fig. 3 , qui repréfente la moitié du plan de la Chaife, dont 1 éléva- tion eft repréfentée Fig. i 2. A toutes les Chaifes la portière eft par devant , la trop grande élévation de leurs brancards les empêchant d'être par le côté, parce qu'alors il faudroit que la cailFe fàt élevée au-delTus des brancards , ce qui l'éléveroit trop ; c'eft pourquoi on place, dis-je , la portière par devant , laquelle ouvre non pas verticalement , comme celles des autres voitures , mais horifontalement , ce qu'on nomme des portières à la Toidoufi. Je ne fai pour quelle raifon. Il y a des Chaifes où la portière ouvre à l'ordinaire par le moyen d'une certaine ferrure, qui , en la faifant ouvrir dans les brancards , a la propriété de fervir:alternativement de gond & de ferrure , de forte que les portières peu- vent ouvrir à droite ou à gauche, ce qui eft très-commode ; cependant l'ufage des portières à la ïouloufe a toujours fubfifté , & on les fait prefque toutes de cette façon, tant aux différentes efpeces de Chaifes de pofte , qu'aux Cabriolets & autres voitures de cette efpece. Les Chaifes font fufpendues fur de longues foùpentes , ou par le moyen des relTorts à l'écrevifle ou autres , ce qui ne fait rien à leur forme. La hauteur des Chaifes doit être de 4 pieds & demi au plus haut , c'eft-à- dire , par le côté du deffbus du brancard au-delfus du pavillon , fur 3 pieds 6 pouces de largeur de ceinture lorfqu'elles feront à deux places fur la longueur, & de 3 pieds au plus quand elles feront à une place , en oblervant dans le premier cas de faire beaucoup plus faillir le devant de la portière , pour pouvoir placer commodément les jambes de celui qui eft placé devant ; & que le fiége ou ftrapontin ne gène aucunement la perfonne qui eft placée derrière , comme il arrive aux Chaifes qui n'ont pas alTez de profondeur , & où par conféquenc le ftrapontin fe trouve placé entre les jambes de celui qui eft dans le fond de la Chaife , ce qui eft fort incommode , fur-tout quand on fait de longs voyages. Il eft bon que ce ftrapontin foit peu haut, & on ouvre le devant de la cave, dans laquelle celui qui eft affis delTus place fes jambes , ce qui fait qu'il ne bouche point la vue de celui qui eft placé derrière , ce qu'on obferve à toutes les Chai- fes de pofte. Pour la largeur des Chaifes , elle doit être de 40 pouces à la cein- ture quand elles feront à deux places fur la largeur , ou de 2^ à 36 pouces Section II. Dejcripcion d'une Chaife montée , ôCc, ^"è^ lorfqu'elles feront à une feule place. Quant à la forme de leur plan , elle peut ^^^^ ^i!^ ^ ^ ^ être comme les Diligences à la Fraaçoife ou à l'Angloife lorfqu'elles font à Plakche deux places, ce qui eft arbitraire ; mais lorfqu'elles feront à Une place, on les fera comme les Défobligeantes , auxquelles elles relFemblent. Les Chaifes peuvent être très-riches & ornées de glaces tant à la face qu'aux cuftodes , félon qu'on le jugera à propos. Les Chaifes de pofte proprement dites , ne différent en aucune manière de -^^—-z celles dont je viens de parler, fi ce n'eft qu'on les fait plus fimples & plus Planche folides que les premières , & quelque peu plus baffes , pour diminuer les coups ' ' de côté autant qu'il eft poffible. Ces Chaifes ne font ordinairement qu'à une feule pince , ou fi on les fait à deux , ce n'eft que fur la profondeur ou fur la largeur , mais jamais fur l'un & l'autre fens, c'eft-à-dire , à quatre places , parce qu'elles deviennent trop lourdes & fatiguent beaucoup les chevaux , ce qui en a fait défendre l'ufage pour les grands voyages , où on fc fert de clievaux de poftes ; & on fait les Chaifes de pofte le plus étroites poffible , afin que la perfonne qui s'y place n'y entre qu'à peine. Cette obfervation eft très-effentielle , parce que quand ces voitures font trop larges , leur balottement qui eft inévitable , fatigue beaucoup ; au lieu que quand elles font juftes à la groffeur de la perfonne , on eft moins fatigué, le corps fuivant les mouvements de la voiture fans pref- qu'en reffentir les fecouffes , ce qui eft fort à confidérer , fur-tout dans le cas d'un grand voyage. V oyei Us Fig. i & 2, qui repréfentent les élévations de côté & de face d'une Chaife de pofte. Les portières des Chaifes ouvrent au-defllis de la naiffmce de la glace cotée a a , Fig. i & ï , Se font ferrées fur le brancard 6 , même Figure ; & pour les rendre plus légères , on les chantourne par le bas d'après la largeur néceffaire pour le coulement de la glace , de forte que la partie du côté de la portière , comprife entre la ligne h cd, Fig. 2 , & le brancard & le pied cornier , demeure attachée au corps de la caiffe : cette partie fe nomme goujjec , apparem- ment à caufe de fa forme cintrée en S. Pour bien faire entendre ce que je dis touchant les ouvertures de ces portières & leur conftruaion , voyez la Fig. 3 , qui eft deffinée au double des précé- dentes , laquelle repréfente la coupe du devant de la Chaife, & par conféquent celle de la portière , dans laquelle j'ai fait voir par des lignes ponûuées , les opérations néceffaires pour avoir le contour de la couliffe fupérieure , & la forme du panneau de doublure. J'ai auffi deffmé dans cette même Figure la coupe de la portière ouverte , cote a a , afin de faciliter l'intelligence du difcours. Voyez auffi les Fig. 4 j , dont l'une repréfente la coupe du pied cornier, prife au-deffus de l'ouverture de la portière , & fautre la coupe de ce même pied cornier prife au-deffous de cette ouverture , & la coupe du battant de portière , d'après lefquelles on pourra très-aifémenc entendre toute la théorie de la conf- truélion de ces fortes de portières, -* j84 ME NUI S I E R, ÎII. Pan.Chap.IV. Les Cabriolets font des efpeces de petits Chars découverts , ainfi que fes repré- Planche fentent les Fig. l& 2, lefquelles ont des portières ouvrantes à peu-près comme celles des Chaifes de pofte; ce n'eft pas proprement des portières , mais c'eft le devant de la voiture qui , en ouvrant , emporte une partie du côté , comme l'indiquent les lignes a, i>,c, des deux Figures. On fait à préfent des Cabriolets dont l'ouverture de la portière n'efl; indiquée par aucune moulure , & fe fait à travers le panneau de côté, foie en cintre comme les Fig. I (5 a , ou par une ligne droite comme aux voitures à panneaux arrafés ; on en fait d'autres dont il n'y a que le devant qui s'ouvre dans les moulures , fans emporter rien des côtés , ce qui eft baïucoup mieux que de couper les panneaux de côtés. Ces voitures , telles qu'elles font repréfentées , ne peuvent contenir qu'une perfonne fur la longueur ; & quand on veut en placer deux , il faut ouvrir le devant pour en augmenter la profondeur , ce qui fait un vuide par le côté , qu'on remplit par une joue ou aîle a,b ,c, d, e, qu'on ôte quand on le juge à propos. Cette ouverture fe fait à rainures & languettes , & on la place autant qu'il eft poffible dans le dégagement des moulures , comme à la Fig. I , ou bien au milieu du champ , comme à la Fig. 2 , ce qui eft moins bien , mais plus lolide. Il y a des Cabriolets dont on fupprime le devant totalement , de forte que ce ne font à proprement dire , que des fiéges portés fur un brancard , ainfi que les premières Chaifes de pofte dont j'ai parlé au commencement de cette Partie, " page 460. Il y en a d'autres au contraire , dont non-feulement le devant eft fermé , comme ceux qui font repréfentés dans cette Planche , mais encore le deflùs de l'appui , foit par un entourage de cuir mobile , qu'on nomme fouflet , qu'on haufle ou qu'on bailTe comme on le juge à propos. Quelquefois le haut de ces Cabriolets eft tout-à-fait fermé de menuiferie avec des glaces par devant & aux côtés ; mais alors ce ne font plus de vrais Cabriolets , luais des Chaifes dont le bas eft de la forme de ces derniers. Quant à la forme des Cabriolets , celle de la Fig. i eft la plus belle ; mais celle de la Fig. 2 eft la plus commode , c'eft pourquoi on doit la préférer. Leur largeur eft ordinairement de 28 pouces au brancard, & de 36 pouces par derrière à la ceinture , & par devant de 38 à 40 pouces fur la même largeur de brancard , lequel eft égal d'un bout à l'autre , & dont la longueur eft d'environ 3 pieds à 3 pieds un quart , ainfi qu'on peut le voir dans la Fig. J , qui repré- fente le brancard vu en deflus , & où j'ai marqué par des lignes ponâuées la largeur & l'évafement de la voiture , dont j'ai repréfenté l'élévation de face , Fig. 4 , Se celle de derrière Fig. j. Pour ce qui eft de la hauteur des Cabriolets , on leur donne ordinairement 23 à 34 pouces de haut à l'endroit de l'ouverture du deflùs de l'appui au-delTus du * brancard , 2X6. Section II. Defcription d'une Chaife montée , êCc. 585' brancard, & on doit avoir foin d'y mettre à cet endroit un faux-montant afTemblé . dans le brancard & dans la traverfe d'appui, lequel paffe par derrière le panneau Planche & fert à le foutenir. Il y a des Cabriolets où ce montant eft apparent ; mais ils ne ^ ' '>• font pas bien : c'eft pourquoi il vaut mieux le faire palfer par derrière le panneau , comme je l'ai indiqué par les lignesy",g- 8c h l, Fig. 3. Ces voitures font très-légeres & bonnes pour la promenade; mais leur trop grande légèreté en rend l'ufige dangereux dans les villes , où elles font trop fujettes à être renyerfécs par le choc des autres voitures ou par tout autre acci- dent (*). Les Litières font des voitures fervant à tranfporter les malades , ou à voyager — — ■ dans les pays montagneux , où les autres voitures ne fauroient paiTer. Planche Elles font de deux efpeces ; fa voir, celles de louage, dont la forme eft très- fimple, & qui n'ont point de portières ouvrantes , comme la Fig. i , & celles appartenantes aux particuliers , lefquclles ont des portières ouvrantes & font fufceptibles de quelque décoration , comme la Figure 3. L'une & l'autre de ces deux efpeces de Litières font portées par des chevaux & plus ordinairement des mulets , dont la marche réglée rend ces voitures très- douces. Elles ne peuvent contenir que deux perfonnes , l'une fur le devant 8c l'autre fur le derrière. A la première de ces deux voitures , les brancards fervants à la porter pa/Tent tout le long & y font arrêtés avec des chapes de fer , lefquelles tiennent au corps de la caille , au milieu de laquelle & du deffus de l'appui , eft une ouverture d'environ 22 pouces de lar-geur qui la féparc en deux parties qui ne font rejointes au milieu que par une traverfe , fur laquelle eft attaché un rideau de cuir , lequel fe relevé de/fus la Litière , ou qu'on abai/Fe fi on le juge à propos. V oyei la Fig. 1 , qui repréfente la coupe de cette Litière , dans laquelle on entre, pour ainfi dire , par la fenêtre , puifque pour entrer dedans , le Muletier vous prend à braiTe-corps & vous enlevé par de/Fus les brancards , ce qui eft affèz incommode. La féconde efpece de Litière n'a pas cet inconvénient , parce qu'elle a des portières ainfi qu'à un Vis-à-vis auquel elle relTemble , excepté que les Litières n'ont point d'ouverture par devant ; cependant il faut obferver que lesiportieres obligent de couper les bâtons de brancards au nud de ces dernières , ce qui eft moins folide que s'ils étoient d'une feule pièce , comme dans la Fig. i , & ce qui oblige à y faire des ferrures très-compliquées pour empêcher les coups de côté qui pourroient enfoncer les côtés de lacailfe, ainfi qu'on peut la voiraux%. ^&^, qui repréfentent fune & l'autre l'élévation d'une Litière avec portières , (*) Je ne parlerai pas ici des Fourgons, des Guinguettes & autres voitures à deux roues , parce que quoique du reffort du Menuifier pour la caiffe , elles ne font fufceptibles d'aucune efpece de décoration ni de forme conrtante , n'étant pour la plupart que de gtaïuis cofiies i, ' r -r- , e"""-'^ ^>J'"" «c'i pour traniporter les meubles & Menuisier . III. Pan. K k k k k k k fufpendus entre deux brancards , ouvrants en àit{{m, on par derrière ou par les côtés, en raifon des différents befoins & de la volonté de ceux qui font conllruire ces voitures , qui ne fervent guère qu'à la chaffe, ou pour les voya- ges , pour tranfporter les meubles & les vivres. 585 MENUISIE R, UI. Part. Chap. IV. =3 laquelle, ainfi que celles cl-delTus , doit avoir 24 à 26 pouces de larg, ■eur a Planche 217. . ■- ' '-"^ 7 jI - . Planche k ceinture ,fur 5 pieds de long , & 4 pieds 3 pouces de hauteur de portière. ^ En général , les Litières étant abfolument des voitures de campagne , ne font pas fufceptibles d'une grande décoration, la folidité étant tout ce qu'on doit y rechercher , fans pour cela les rendre trop lourdes ; cependant lorfqu'elles fëront deftinées à l'ufage de perfonnes de diftindion , on pourra les orner de moulures & de fculpture d'un caraLT:cre ferme , & par conféquent analogue à leur ulàge. Comme ces voitures fervent à porter des perfonnes malades , il feroit bon qu'elles ouvrilTent à la façon des Dormeufes , ce qui feroit très-commode, & ne fouffriroit aucune efpece de difficulté. Les bâtons des brancards de Litières doivent avoir environ 5 pieds de longueur par devant depuis le nud de la caille , & être plus longs par derrière d'environ un pied , afin que la tête du cheval ou du mulet ne foit point trop près de la Litière , & qu'ils ne foient pas plus chargés l'un que l'autre lorfqu'il n'y aura qu'une perfonne dans la Litière , ce qui arrive aJez fouvent. _______ La Fig. I repréfente l'élévation géométrale d'un Wourft, dont j'ai fait la defcription en parlant des voitures à quatre roues , page 581. Les Flg. 2 & 3 repréfentent l'élévation & le plan d'un Traîneau , efpece de voiture fans roues, laquelle n'eft pas portée, mais traînée par des chevaux. L'origine de ces voilures nous vient du Nord, où elles font très-communes; mais on s'en fert très - rarement en France , n'y ayant que les Princes qui en fafferit ufage. Les Traîneaux font compofés d'un brancard ^ ^ de 10 pieds de longueur fur 3 pieds de largeur ; les deux battants de ce brancard relèvent fur le devant & fe rejoignent en arc , au haut duquel on place un étendart , fur lequel eft peinte une devife ou les armes du Pririce auquel la voiture appartient. Le deflbus de ces brancards eft garni de deux bandes de fer en deftbus , afin d'en faciliter le frot- tement. Les battants font aflerablés avec deux traverfes C, D , lefquelles foutiennent le corps de la voiture , au derrière de laquelle eft placé un fiége E , deftiné à porter le Cocher qui y eft affis à califourchon , & de cette place mené le cheval qui eft attelé au Traîneau par deux bâtons ou efpeces de limons de 51 à 10 pieds de longueur , qu'on attache aux battants de brancards par le moyen des anneaux F . La caiffe de ces voitures eft quelquefois à deux places fur la largeur , mais plus ordinairement à une ; il y en a quelquefois à quatre places , c'eft-à-dire, à deux fur la largeur , & deux fur la longueur , mais elles font très-rares. En général, la décoration de ces voitures eft alTcz arbitraire , ou du moins elle l'a paru jufqu'à préfent , puifqu'oti en a fait qui repréfentoient des Cerfs des Chevaux , des Lions , ou tous autres animaux dans le corps defquels on femble Section 111. Defcripdon d'une Chaife à porteurs , ôCc. 587 être placé. Il y en a d'autres où l'on s'eft contenté de repréfenter au devant des ===. têtes de ces différents animaux , ce qui eft un peu moins ridicule : quoi qu'il en Plakcm foit, je crois , malgré la coutume , qu'il eft beaucoup mieux de donner à la caiiïè ^ ' de ces voitures une forme analogue à leur ufage , ainfî que celle qui eft repré- fentée 20-3, laquelle eft d'une forme à peu-près femblable à celle des Cabriolets ou des Chars anciens , ce qui fait beaucoup mieux que de placer des hommes dans le corps de quelque animal , ce qui eft contre la raifon & la vrai- femblance. Quant à la décoration de ces voitures , elle doit être très-riche ,• vu qu'elles ne fervent qu'aux Princes , du moins dans ce pays-ci. Pour ce qui eft de leur mefure , c'eft la même qu'aux Cabriolets ; c'eft pour- quoi je n'en parlerai pas davantage. Foyq les Fig. a 3 , dont l'infpeâion ' feule peut fuffire , non-feulement pour donner des régies certaines touchant la forme & la conftruélion de ces voitures , mais encore à faire naître d'autres idées pour les décorer avec plus de richefle & de goût. Section Troisième. Defcriptlon d'une Chaife a porteurs , d'une Brouette , & de diverCes Chaifes de Jardins, Les Chaifes à porteurs font des efpeces de Litières coupées , dont la pordere ^^^-——^ eft par devant , & qui font portées par deux hommes placés l'un devant , l'autre F' *i^che derrière. 218. La conftruétion de ces voitures n'a rien de particulier, tant pour la portière que pour le coulement des glaces, fi ce n'eft que quelquefois celles de cuftode coulent liorifontalement; mais cette manière de faire couler les glaces n'eft point bonne , parce qu'en portant la Chaife , elles font fujettes à fe mouvoir ce qui n'arrive pas quand elles font placées à l'ordinaire , c'eft-à-dire , qu'elle! coulent perpendiculairement. ' Comme ces Chaifes font portées par des hommes , on doit avoir foin de les rendre le plus légères poflîbles ; c'eft pourquoi à celles où les glaces de cuftode coulent perpendiculairement, on ne donne d'épaiffeur par le bas au pi.d cornier de devant & de derrière , que ce qui eft nécefl-aire pour contenir la glace &^par le haut de ces mêmes pieds on augmente cette épaifliur de ce qm eft necelTaire pour la languette de l'apfichet & pour la glace, ce qui fait environ 9 lignes en tout. Cette plus grande épaiffeur des pieds fe conti- nue tout le long du côté, lequel eft cintré en S du de/fus de la traverfe d'acco- toir ou de ceinture , jufqu'à <p ou la pouces plus bas , ainfi qu'on peut le voir a la i-io-. r , qui repréfente une Chaife à porteurs vue de côté, & la Fi^ a qui repréfente cette même Chaife vue de face. ' j88 MENUISIER, III. Pan. C hap. IV . „ Voyez aiiffi la Fig. 4 , qui repréfente la coupe d'un battant de brancard avec '^^^^^ fon plafond ; celle 6 , qui eft la coupe du pied cornier de devant & du battant ' ' de portière , prife à l'endroit de l'appui , & par conféquent à la moindre épaif- feur du pied cornier. Voyez pareillement les Fig. 5 <& 7 . dont l'une repréfente la coupe du pied cornier de devant , prife au-deflus de l'appui , c'eft-à-dirc , a fa plus grande épaiifeur, & l'autre la coupe de la travcrfe d'appui & celle du faux-panneau , le tout grand comme l'exécution. Ces Chaifes font portées par des bâtons ou brancards , Icfquels paffent dans des chapes de fer placées fur les pieds corniers aux deux côtés de la Chaife , & à 18 pouces du bas au-deffous des bâtons , lefquels ont ordinairement 2 pouces à 2 pouces 3 lignes de largeur , fur une épailfeur moindre de 3 à 4 lignes ; leur longueur doit être de 10 pieds à 10 pieds & demi , & on doit toujours obferver ou'îïs excédent du corps de la Chaife par derrière d'environ 9 pouces à un pied plus que par devant , afin que le fardeau devienne égal pour les deux porteurs. Fojei la F'ig. 3 , qui repréfente un des bâtons de la Cliaife repréfentée ¥ig. Le bâton , tel qu'il eft repréfenté Fig. 3 , eft diminué par les deux bouts des deux côtés également ; cependant il eft bon pour leur conferver plus de force , de faire toute cette diminution en delfus , de manière que le deffbus préfente une ligne droite , on doit avoir la même attention en les diminuant fur f épaiffeur ; c'eft-à-dire , qu'il faut faire cette diminution du côté de la Chaife , dont la pefanteur tend toujours à faire revenir les bâtons en dedans , comme à les courber en contre - haut , ce qui eft tout naturel & n'a pas befoin d'autre démonftration. Les bâtons fe font quelquefois de bois de noyer blanc , ce qui eft très-bon , ou bien de bois de frêne , lequel étant parfaitement de fil , donne à ces bâtons toute l'élafticité néceflàire pour rendre les Chaifes plus douces ; cependant les Menuifiers en Carroffes fe fervent plus volontiers de bois de hêtre pour faire ces bâtons , parce qu'il fe conferve plus long-temps que ces derniers qui , venant à fe fécher , caffènt aifément ; au lieu que le hêtre confervant fa féve plus long- temps , eft d'un bien meilleur ufige. Il faut avoir grand foin lorfqu'on fait des bâtons de Chaifes à porteurs, de choifir du bois bien de fil, moyennement fec & d'une égale denfité , afin qu'ils ploient également dans toute leur lon- gueur & fun comme f autre; car s'il arrivoit que fun des deux fût plus ou moins élaftique que l'autre , il fatigueroit beaucoup les porteurs , & rendroit le mouvement de la Chaife dur & inégal , ce qu'il faut éviter. Comme ces bâtons ne font pas adhérents au corps de la cai/Fe & qu'ils pour- roient glifler , on y place en deffus & à l'endroit des chapes de fer , des clous à têtes plattes , ou toute autre chofe de 2 à 3 lignes de faillie , qui les retiennent en place. La largeur des Chaifes à porteurs eft ordinairement de 22 pouces à 2 pieds par Planche 21?. Section III. Defcription d'une Chaife à porteurs , ôCc, y8p par devant. Se environ un pouce de moins par derrière , pris à la plus grande ; largeur , c'eft-à-dire , au-deffus de l'appui. Leur longueur eft de 30 pouces à l'appui & de 32 pouces par le haut, fur ^ pieds 6 pouces de haut , pris à l'ouverture de la portière , qui eft ordinairement cintrée, ainfi qu'à la Figure 2. Je viens de dire que le derrière des Chaifes à porteurs ëtoit plus étroit que le devant d'environ un pouce , ce qui fait aflèz bien pour le corps de la Chaife , mais cette diminution de largeur refferre ou élargit trop la diftance des bâtons à leur extrémité ; c'eft pourquoi on fera très-bien en pofant les chapes de fer , de difpofer celles de derrière de manière qu'elles foient plus éloignses du corps de la Chaife que celles de devant de ce qui fera néceflàire pour rendre le paral- lélifine des deux bâtons. En général , les Chaifes à porteurs font très en ufage pour le Public & pour les Particuliers , qui en ont de très-riches , tant pour ce qui regarde la décora- tion intérieure qu'extérieure. Ces voitures font auflî fort en ufage à la Cour, où non-feulement les Dames , mais encore les Hommes , s'en fervent pour traverfer une cour ou même une gallerie. Il y a des Chaifes à porteurs dont les bâtis font remplis par des cannes à com- partiments , ce qui les rend plus légères , & en même temps plus fraîches pour l'été. Les Brouettes font de petites voitures afTez femblables aux Chaifes à porteurs , : pour ce qui eft de la forme & la conftrufbion de la caifle ; mais elles différent Planche de ces dernières , en ce qu'elles font portées par des roues , ( ou pour mieux dire , par un refîbrt attaché au corps de la voiture & à l'efîieu des roues ) & traînées par un homme au moyen de deux bâtons attachés à la voiture , entre lefquels il eft placé comme un cheval de limon , ce qui , malgré l'ufàge , ne fait pas beaucoup d'honneur à l'urbanité Françoife. Toute la différence qu'il y a entre le corps d'une Chaife à porteurs & celui d'une Brouette , c'eft qu'à ce dernier il faut placer deux montants fur le derrière dans la partie de fappui , ou pour mieux dire , un feul montant évuidé au milieu pour paffer l'elîîeu des roues & les montants de fer qui y font attachés. Il faut obfèrver en plaçant ces montants , qu'ils le foient de manière que les roues ne débordent pas le corps de la voiture par devant , & que leurs ouver- tures , ainfi que le fiége , foient affez élevés pour que l'efTieu puiflè monter fans y toucher. Les roues des Brouettes ne fauroient avoir plus de 3 pieds 8 pouces de diamètre , parce que fî elles en avoient davantage , elles haufferoient trop le fiége qui eft déjà fort élevé , puifqu'il a près de i5 pouces du deffus, ainfi qu'on peut le voir Fig. 3 , laquelle repréfente la coupe de la Brouette , dont les élévations de face & de côté font repréfentées Fig. l & 2.. Quant à la manière dont les Brouettes font fufpendues , elle eft fort ingé- Menuisjer , 111. Pan. L 1 1 1 111 2ip, jpo ME NU IS lE R,IILPan. Chap. IK -, nieufe : elle confifte en un coin de re/Tort attaché en delTous du brancard , que Planche l'on prolonge d'environ un pied plus que le devant de la voiture ; le petit bout de ce reflbrt entre dans une boucle formée à une tringle de fer attachée avec l'effieu , de forte que tout le poids de la voiture porte fur le reffort , & par conféquent fur les roues , par le moyen de la tringle montante , qui alors fait l'office de foûpente. Je ne donnerai pas d'autres détails touchant la manière de fufpendre les Brouettes , parce que cela n'eft pas du reiïbrt de cet Ouvrage , & que c'eft l'affaire du Serrurier de voitures , m'étant contenté d'avoir repréfenté dans les Fig. 4, J (& d , f élévation d'un montant de Brouette avec fa garniture de fer & le montant de fer dans lequel pafle l'effieu A ; le bout inférieur de ce même montant avec la boucle ou chape qui reçoit le bout du relfort B , Scie plan des montants des côtés de la Brouette , avec les garnitures de fer , dans lefquelles eft pratiquée la couliffe par où paffe le montant de fer , dont le collet eft indiqué par des lignes ponfluées defcendantes de l'élévation Fig. 4 , au plan Fig. 6. Les Brouettes font peu fufceptibles de décoration , étant la plupart des voitures publiques ; il fuffit qu'elles foient conftruites folidement : cependant comme il y a quelques Particuliers qui en font ufage , on pourra faire ces dernières un peu plus riches que les autres , comme je l'ai obfervé aux Fig. r (& 2 , où j'ai mis des glaces de cuftode & des montants de croifes , ce qu'on ne fait pas aux Brouettes publiques , lefquelles , aind que les Chaifes à porteurs de cette efpece , n'ont par la face ainfi que par les côtés , que des ouvertures d'environ 8 à 5 pouces de haut , ouvrantes à couliifes horifontales par les côtés feulement. Les Brouettes , ainfi que les Chaifes à porteurs publiques , doivent être un peu plus petites que celles dont je viens de faire la defcription , d'environ 3 ou 4 pouces fur la longueur , 2 pouces fur la largeur , & 2 ou 3 pouces fur la hauteur , afin de les rendre un peu plus légères. Ce que je dis ici au fujet des Brouettes & des Chaifes à porteurs publiques , doit auffi s'appliquer aux voitures nommées Fiacres , lefquelles font toutes des Berlines d'une forme très-fimple , de 3 pouces plus étroites, de 6 pouces plus courtes, & de 2 pouces plus balfes que celles dont j'ai fait la defcription ci-deflùs. - Les Chaifes de jardins font de petites voitures à deux , trois ou quatre roues , Planche traînées , ou plus ordinairement pouffées par des hommes. Ces voitures font à une , deux , trois , & même quatre places , & font ordinairement découvertes , ou du moins fi elles font couvertes , ce n'eft que par des pavillons & des rideaux d'étoffe , ce qui par conféquent n'eft pas du reflbrt des Menuifiers. Ces voitures ne font guère d'ufage que chez le Roi & chez les Princes , où elles fervent aux Dames ou aux perfonnes incommodées , qui veulent fe donner le plaifir de la promenade. Sectiox lll. Des Chaifes de Jardins. ^91 Leur décoration & leurs formes font affèz arbitraires ; c'eft pourquoi je ne ' — m'étendrai pas beaucoup à ce fujet , me contentant de donner dans cette Planche Planche différentes élévations , afin qu'on puiflê connoître la forme convena- ble à ces voitures , & leurs principales dimenfions. La Fig. I repréfente une voiture de jardin à quatre places , laquelle confifte en une table ou plateau Fig. 3, dey pieds de longueur, 3 pieds & demi à 4 pieds de largeur , fur lequel font placés deux fauteuils d'une largeur alfez confidérable pour contenir deux perfonnes. La table de ces voitures efl: élevée à environ un pied de terre , & efl: portée par quatre roues; favoir, deux par derrière & deux par devant; celles de derrière ont environ 21 pouces de diamètre; leur axe ou effieu porte immédia- tement au-delfous de la table ; pour celles du devant, elles doivent être beau- coup plus baffes , puifqu'il faut qu'elles pafTent au-deiTous de la table de la voiture , afin de pouvoir tourner auffi court qu'on le juge à propos. Ces voitures font , comme je l'ai dit plus haut , poulfées par des hommes ; c'eft pourquoi on place au derrière deux barres de fer cintrées , lefquelles s'é- lèvent du deifus de la table où elles font attachées , jufqu'à la hauteur d'environ g pieds & demi , où elles reçoivent une autre barre de fer placée horifonta- lement , contre laquelle s'appuyent les hommes qui pouffent la voiture , lelqucls font ordinairement au nombre de quatre , aux voitures à quatre places. Au devant de ces voitures on place pareillement deux barres de fer cintrées, lefquelles en reçoivent une autre placée horifontalement , fur laquelle s'appuient les deux hommes qui conduifent la voiture par devant. Ces deux barres de fer ne font pas attachées à la table de la voiture , mais au contraire à l'effieu des roues de devant , lequel étant lui-même attaché à une cheville ouvrière comme à toutes les autres voitures , tourne comme on le juge à propos , ce qui change à volonté la direâion de la voiture. Voyei les Fig. i & ^. Les Chaifes de jardins , telles que je viens de les repréfenter , font femblables à celles dont on fait ufage chez le Roi ; cependant elles font fujettes à deux inconvénients ; le premier eft que leurs lièges étant d'égale hauteur , les perfonnes qui font placées fur ceux de devant , ôtent la vue des objets à ceux qui font placés fur ceux de derrière. Le fécond eft que ces voitures font néceflàirement rudes , vu que leur caille porte immédiatement fur les effieux. Pour remédier à ces deux inconvénients , j'ai deffiné Fig. 1 , une Chaifo de jardin à deux places fur la longueur , où le fiége de derrière eft de 8 pouces plus élevé que celui de devant , ce qui remédie à la première difEculté. Quant à la féconde , j'y ai pareillement remédié en faifànt porter le derrière de la voiture par des reiforts à Apremont , attachés par le talon au corps de la caiffe , & de l'autre bout à f elTieu des roues de derrière. Le devant eft de même porté par un relTort à talon , dont le milieu , qui eft MENUISIER, III Part. Chap. IV. ■ ti-averfé par la cheville ouvrière , porte contre le deflous de la voiture où il eft Planche attaché , & les deux extrémités fur l'eflieu , proche les petites roues , ce qui rend cette voiture très-douce, f^oje^ la Fig. 4 , où j'ai repréfèncé les roues & les refibrts de cette Chaife de jardins , dont le corps n'eft indiqué que par des lignes ponduées , afin de laifler mieux voir la conftrudion & la place des reflbrts. Cette voiture, telle qu'elle eft repréfentée ici, eft toujours menée par des hommes , ainfi que celle Fig. i & ^. Lorfque les voitures de jardins ne font qu'à une place fur la largeur , ou à deux fur la longueur feulement , on ne fait que les poulFer , & la perfonne qui eft fur le devant tient la branche de fer attachée à la roue de devant , ( car ces fortes de voitures n'en ont ordinairement qu'une) & la fait tourner, ce qui change la direélion de la voiture comme elle le juge à propos , ainfi qu'on peut le voir à la Fig. 4, qui repréfente une Chaife de jardins portée fur des fcûpentes & montée fur un brancard , comme aux autres voitures. Cette Chaife , telle qu'elle eft repréfentée ici , n'eft pas poulTée par des hommes , mais elle fe meut méchaniquement par un rouage pofé aux deux côtés des roues , qu'un Domeftique placé derrière la voiture fait tourner par le moyen de deux manivelles qui font tourner non-feulement les roues , mais encore deux volants qui augmentent l'aélion de la machine. On a fait de ces fortes de Chaifes qui alloient à reffort ; mais je n'en parlerai pas ici , non plus que de la machine qui fait mouvoir la Chaife , Fig. 4 , parce qu'elle n'eft point du relFort du Menuifier en voitures. Les Fig. j & 6 repréfentent les élévations de face & de côté des Chaifes ou Roulettes de jardins, dont on fait ufhge chez le Roi , lefquelles font montées fur deux roues , & qui fe mènent par deux hommes , l peu-près comme les Chaifes à porteurs. Ces Chaifes confiftent en un petit fwteuil fupporté par quatre courroyes attachées aux deux montants qui fupportent l'impériale ou dais de la voiture , & en un marche-pied attaché de même aux deux brancards. Je ne m'étendrai pas fur la décoration , la forme & les dimenfions de ces fortes de voitures , vu qu'elles font alTez arbitraires , excepté les dimenfions , qui doivent toujours être les mêmes , c'eft-à-dire , relatives à la grandeur humaine. Tout ce qu'on y pourroit faire de changement , ce feroit de les fufpendre avec de petits reflbrts placés fous fimpériale , ce qui les rendroit plus douces qu'elles ne font. En général, les voitures de jardins ne font pas , à proprement parler, du reftbrt du Menuifier en CarrolTes , mais plutôt de celui en Meubles ou même en Bâtiments. Si donc j'en parle ici, ce n'eft que pour ne pas interrompre la fuite de la defcription des voitures de quelque efpece qu'elles foient (*). (•) Ceux qui faont les rouçs des voitures de jardins, feront attention d'en faire les iantes fr,rr eparffes , ou du moins d y appliquer des bandes foit de fer ou de bois , de ? à 4 pouces de ariî. ffin SU elles n entrent point aifément dans la terre, & qu'elles foient par conKquent Kucîà conduit yoiià Section IV. De la manière de fufpendre les Voitures. Voilà en général le détail de toutes les voitures dont'on fait ufage à préfent, _____ du moins celles dont les formes font diftindes les unes des autres , & dans ce Planche détail j'ai tâché de ne rien omettre de ce qui a pu fervir à en faire connoître les beautés & les imperfedlions , afin qu'on puiffe imiter les unes & éviter les autres. Ce détail doit auffi fera it à faire connoître le rapport qu'ont toutes ces voitures les unes avec les autres , & en même temps la marclie Se les progrès de l'induftrie humaine , & fur-tout le génie national , peu inventif à la vérité , puifque ces voitures fe refferablent prefque toutes , mais toujours porté à la magnificence , & prefque toujours dirigé par le bon goût , ce qui a fait jufqu'à préfent le caraâere de la Nation Françoife : caraélere qu'on ne fàuroit lui refufer fans injuftice , & fans la prévention la plus marquée. Section Quatrième. Ejffài fur la manière de fufpendre les V ohures , à rai/on de leurs différentes formes. I L eft démontré par les principes de la Méchanique Se de la Statique , que — E 22 1. lorfque les corps pefants cefTent d'être fufpendus , ils font effort pour tomber Pianch: félon leur direélion naturelle ; que cette diredion n'eft autre chofe qu'une ligne perpendiculaire , par laquelle paffe le centre de gravité de ces mêmes corps ; que le centre de gravité d'un corps , qui eft unique dans chaque corps , eft le point de réunion de toutes les parties qui le compofent , lefquelles en faifant effort les unes contre les autres , fc contre-balancent de manière qu'elles tournent toutes autour de ce centre , & fe maintiennent dans un parfait équilibre. Que le centre de gravité d'un corps eft aulTi le centre de grandeur de ce même corps , ce qu'il eft aifé de voir dans une fphere , dont le centre de grandeur eft aulîl celui de gravité , puifqu'en la pofant fur une furface parfai- tement droite & horifontale , elle demeure en place fans faire aucun mouve- ment , ( fuppofé toutefois qu'elle foit d'une parfaite denfité dans toutes fes parties. ) Il eft auffi démontré par les mêmes principes , que pour qu'un corps foit parfaitement en équilibre ; il faut que la puiffance qui le foutient , pafFe par la ligne de direélion de fon centre de gravité , foit qu'elle parte de ce même centre , ou qu'elle foit placée au-deffus , ne pouvant jamais être au- delFous , parce que par la loi de la pefanteur le centre de gravité chercheroit à redefcendre en contre-bas du point de fufpenfion , ce qui eft fort aifé à conce- voir , & que quand deux puifTanccs tendent à foutenir un corps en équilibre , il faut que leurs lignes de direélion viennent fe rencontrer au même point fur la ligne de diredion de gravité du corps qu'elles foutiennent ; d'où il fuit que lorfque la bafe d'un corps eft de niveau , Se par conféquent perpendiculaire à fa Menuisier. 111 Part. M m m m m m m Planche 22 I. MENUISIER, UL Part. Chap. IV . ligne de dire6lion de gravité , & qu il eft fouce-iu par cette bafe ou toute autre ligne parallèle à riiorifon au-delTus de la bafe ; il s'enfuit , dis-je , que les direc- tions des deux puiiTanccs qui le foutiennent , doivent être toutes deux perpen- diculaires , 6c par conféquent parallèles à la ligne de direaion de pefanteur ; ou bien fi la diredion des puiffances qui foutiennent ce corps eft inclinée , leur inclinaifon doit être égale Se former un angle femblable de chaque côté de la perpendiculaire ou de la ligne de niveau , ce qui revient au même. Si au contraire çe corps n'écoit pas foutenu par une ligne parallèle à Thonfon, ia direaion des deux puilTances qui le foutiennent , ne fauroit être d'une égale inclinaifon , mais doit être difpofée de manière que leur diredion forme les côtés d'un parallélogramme , dont les angles doivent palTer par la ligne de direaion de pefanteur, ou , ce qui eft la même chofe , par la perpendi- culaire abailTée du centre de gravité. Ces principes que je donne ici comme des axiomes , ( leur démonflration , foit par les loix de la pefanteur ou du mouvement , étant étrangère au fujec que je traite , ) peuvent Se doivent s'appliquer à la théorie de la manière de fufpendre les voitures , foit qu'elles foient portées par de longues foûpentes ou par des refforts , aiafi que je vais le démontrer Les Berlines , Se en général toutes les voitures d'une forme régulière , font les plus aifées à fufpendre , foit qu'elles foient portées par des reiforcs ou par de longues foûpentes , parce que dans l'un ou l'autre cas , il faut que leur point de fufpenfion foit également éloigné de la ligne du milieu de la voiture , & que leurs lignes de direaion forment un angle égal avec cette ligne , ( par laquelle , dans cette occafion , pafTe le centre de gravité ) ; de forte que la diftance A B égale celle £C,Sc celle A D égale celle CE , Fig, I ; ou , ce qui eft la même chofe , la ligne F Q parallèle Sc égale en longueur à celle H I , de celle / eft pareillement parallèle Se égale à celle G H y même Figure. ( * ) On trouvera peut-être étrange que je veuille exiger des Menuifiers en Carrofïcs , & en général de tous les Ouvriers qui travaillent à l'Equipage , des connoifTanccs auxquelles la plupart n'ont jamais penfé, & dont ils ignorent jufqu'au nom: connoilTances qui leur fembîcnt être peu utiles, puifque fans elles ils ne laiffent pas de bien fufpendre les voitures. Mais fi on faifoit attention que fi on obligeoit ces mêmes Ouvriers de fufpendre une voiture à une cer- taine hauteur fixe fans qu'elle reculât en avant ou en arrière, ou qu'elle penchât en au- cune façon, ils feroient très-embarralTés pour la plupart , parce que non-feulement ils font privés des connoiffances néceflaires pour le bien faire , mais qu^encore ils font ce qui e(l de leur par- tie , fans s'embarrafier fi le travail des autres Ou- vriers eft d'accord avec le leur ; de forte que le Defiinateur compofe une voiture fans s'em- barrafler du poids de la cailTe , de la difiance de fes points de fufpenfion, ni de la hauteur, de la forme , de la force & de l'élafiicité des relTorts qui doivent !a foutenir: le Serrurier fait de même les refibrts , fans feulement favoir à quelle voiture on les emploiera : le Charroii faic le train , & le Menuifier fait la caifTe fans prendre plus de foin ; de forte que quand l'ou- vrage de chacun d'eux eft fait, on fufpend Ja voiture le mieux qu'il efl pofTible , & on la meC en équilibre en rallongeant ou raccourciffanc les courroyes qui la fijpportent, ce qui la faic avancer ou reculer félon qu'il en eft befoin : de manière que la réuffite de tout l'ouvrage n'eft fouvent due qu'au hafardou à l'habitude; ce qui n'arriveroit pas s'ils prenoient des connoiffances, du moins élémentaires , des Sciences néceffaires à leur état, lerquelles fouvent leur épargneroitbien de la peine & du temps, donc la perte , quoique très-grande pour tous les hommes en général , Teft encore plus pour ceux qui font obligés 4e vivre du travail de leurs mains. Section IV. De la manière de fufpendre les Voitures. Lorfque les voitures feront portées par de longues foûpcntes , comme celle ■ ^ Z C, il faut toujours , autant qu'il fera polïïble , que la voiture foit placée Planche au milieu de la foûpente , parce qu'alors l'élafticité de cette dernière fe partage " " également aux deux bouts de la voiture, ce qui la rend très-douce , les fecouffes étant égales d'un bouc comme de l'autre , à très-peu de chofe près. Il faut auffi , dans le cas dont je parle , que les deux points de fufpenfion A & Cfe trouvent de niveau , comme je l'ai déjà dit , parce que fi l'un de ces deux points étoit plus haut que l'autre , & que la voiture fôt arrêtée au milieu de la longueur de la foûpente , comme à la Fig. a , elle pencherait néceifairement , ce qui feroit fort déCigréable à voir. S'il arrivoit qu'on fût obligé par quelque raifon d'élever un des points de fufpenfion plus que l'autre , comme ceux Y, O , Fig. 3, il faudroit auffi l'éloigner du centre de la voiture à raifon de l'élévation de ce même point , c'eft-à-dire , qu'il faut toujours que la direélion des deux points de fufpenfion forme un angle égal avec la ligne perpendiculaire du milieu de la voiture , & qu'il faut que la diftance MN foit égale à celle N O , & que par conféquent celle M P foi: égale à celle O Q , ou , ce qui eft la même chofe, que la diftance R T Cok égale à celle TS , & celle R P égale à celle S Q. La différence de longueur des lignes de direction ne doit point embarrafFer , parce que quelle que foit cette différence, la voiture fe conferve toujours en équi- libre tant que l'inclinaifon des lignes de diredion ne change pas ; ainfi que le point de fufpenfion fe trouve en U, en X ou en R , qui eft égal à S , c'eft toujours la même chofe : ce qui eft général pour toutes les voitures, foit qu'eues foient d'une forme irréguliere ou d'une forme régulière comme celle dont je parle, à l'exception toutefois, que quand les voitures font portées par de longues foûpentes, comme celle ZZ O , la partie ZZ, qui eft la plus longue, eft plus élaftique que l'autre , & par conféquent fait pencher la voiture plus fur le derrière que fur le devant. Lorfque les voitures font d'une forme irréguliere , comme la Fig. 4, & que leur bafe n'eft pas une ligne parallèle à l'horifon , mais une ligne oblique comme celle ^ on a la direâion des lignes de fufpenfion de la manière lliivante : Les points A&B étant donnés , on commence par tracer la ligne R T , qui paffe par le centre de gravité de la voiture; enfuite du point ^ , on me'ne à cette perpendiculaire la ligne B D , qu'on incline de maniera qu'elle forme k côté d'un parallélogramme , dont les angles D8cE paffent par la perpendicu- laire , & dont l'autre c^té F D paffe par le point A , ainfi que l'autre paffe par celui B ; enfuite on prolonge les deux côtés de ce parallélogramme de F à C, & de 5 à M, ce qui donne ladireélion des lignes de fufpenfion; il faut cepen- dant obferver que quelqu'inclinaifon qu'aient ces lignes , elles ne peuvent jamais , dans le cas dont je parle, concourir à former un quadrilatère donc les jc)6 MENUISIER, m. Pan. Chap. quatre côtés foient égaux en longueur , parce qu'il éloigneroit trop le point de Planche fufpenfion , ainfi que je l'ai indiqué dans cette Figure , par le parallélogramme G H IB, dont les côtés font prolongés à& H en N , &i àe. B en L. Lorfque les voitures d'une forme irréguliere feront portées par de longues foûpentes, comme celle 0 PQ,ce. fera la même chofe; c'eft-à-dire , que des points d'attouchement S , T, leur direélion doit tendre à fe réunir à un feul point fur la ligne perpendiculaire R I. D'après ce que je viens de dire , il eft fort aifé , pour peu qu'on veuille y faire attention , non-feulement de fufpendre les oAitures , de quelque forme qu'elles puifTent être , mais encore s'il arrivoit que les points de fulpenfion & leurs diftances fuffent donnés , de déterminer la forme de la caifFe , afin de corriger les défauts qui pourroient fe trouve-r dans la forme du train ou des relforts , foit en allongeant ou en raccourciflànt les brancards de cette caiflè , ou en leur donnant plus ou moins de cintre d'un bout que de l'autre , félon qu'il pourroit être néceflàire. On obfervera feulement qu'en parlant de la fufpenfion des voitures , je les ai fuppofées toutes chargées , ce qui eft ellèntiel pour celles dont toute la charge eft fur le derrière , & qui , lorfqu'elles font vuides , doivent bailTer du devanc en raifon de la charge qu'elles doivent porter , afin qu'elles reprennent leur à-plomb lorfqu'elles feront chargées. Voyez les Figures de cette Planche , dont l'infpeélion peut fùffire pour ce qui a du rapport à la Menuifèrie des Carroflès , à laquelle je me fuis particulièrement attaché , comme étant mon unique objet , & dont je ne me fuis jamais écarté que pour mieux faire connoître le rapport & la dépendance du travail des différents Ouvriers employés non-feulement à la conftruélion des voitures , mais encore de toute autre efpece de Menuifèrie , qui ne fauroit être parfaitement finie fans le fècours de différents Arts dont il eft abfolument néceffaire que les Menuifiers prennent des connoiflànces , du moins élémentaires , comme je l'ai recommandé en divers endroits de cet Ou- vrage , (*) dont le but principal eft l'avancement & l'inflruéfion des jeunes gens , qui , n'étant pas encore gâtés par de faux principes , enfants de l'habitude & de l'ignorance , font les feuls qui puiffent en tirer quelque profit. (*) J'aurai la même attention dans la defcrip- | des Jardins, que Je joindrai à cette dernière tion de la Menuifèrie en Meubles & de l'Ebénif- comme quatrième Partie , afin de ne rien laifler terie , qui me reftent à traiter pour finir cette à défirer de ce qui concerne la IVïcnuifçric , de troifleme Partie de mon Ouvrage, & dans la def- quelqu'efpece qu'elle puifle être, cription de l'Arc du Treillageur , ou Menuifèrie Fin de la Menulfèrk des Voitures. TABLE TABLE DES CHAPITRES ET TITRES DE LA MENUISERIE EN CARROSSES. TROISIEME PARTIE DE LART DU MENUISIER. Chapitre premier. De u Mem,;- ferie en Carrojfes en général. Page 4 j f Sectio.n ? remers. Des Voitures en générai. ibiJ, Section II. Des différentes cj'peees de Voitures mo- dernes. ^j.g Section III. Dcfcription d'un ancien Coche connu maintenant fous le nom de Corbillard. 402 §. I. Dclcription des anciens CarrolTes. 46 j §. IL Defcriptioii d'une Berline , & de coûtes les parties qui la compofent. 465- CHAPITRE II. nés Boisjervanu à la conf iriicikn. du l attires en général. 458 Section I. D„ c]m>: des Boi, fermants d la conltruc tlon des Voitures. jl^jj %. I. De la manière de débiter les Bois des Voitures. Section U. Des Outils des Menuifars en Carrojes. Section III. Du corroyage des Bois des Voilures. Section IV. Des Panneaux des Voitures en génVd. 484. De la manière de tracer les Panneaux a raifon de leurs diftcrencs cintres, 487 §. II. De la manière de faire revenir les Pan- neaux par le moyen du feu. 49, CHAPITRE III. De la firme & de la d^po- fition des y oit tires modernes en général. 4. S Section I. Manière de déterminer la hauteur bla largeur des GUc:s , comparai/on faite avec celles de la Voiture. §. I. Des Couliffes&desCoiiliffeaux propres à recevoir les Glaces ; leurs formes , pro- portions et condruaion. §. II. Des Challis de glaces, des faux-Pan- neaux & des Jaloufies de toutes efpeces leurs formes & conflruftion. j. Section II. Dcfcription des profils d'une Berline , la groffeur des bois dont elle eft compofée. , &■ Section III. De la manière de déterminer la forme des Voitures , & d'en faire les calibres. ç ,7 §. I. Des Pavillons ou Impéiialcs; de leur formes & conllruflion. §. II. Des Brancards; de leurs formes * conllruftion. ^ „ §. III. De la confiruftion des différentes patries extérieures du corps d'une Ber- «4 Section IV. Dejcription d'une Diligence de touiis les parties qui la compofent. §. I. Des Panneaux de doublure, & des Sie'- ges de toutes efpeces ; de leurs formes & conlirudion. y^., §. II. Des Voitures à Panneaux arrafés , & les différentes manières d'en faire les ou- vertures, §. III. Des Voiturcj nommées Dormcufcs , Sc les différentes manières d'en faire les ou- vertures. ^ CHAPITRE IV. Deferipucn de toutes il y ottures d'iijage à préjem. , 5, StCTioN I.p,/cri;/i»;i d'un Co.he , d'une Gondole V dune Berhne à quatre portières j-^^q §. I. Dcfcription d'un grand Carroffe, d'une Berlme & d'une Diligence montes fur leurs trains, & de toutes les Voitures qui ont du rapport avec ces dernières r74 §. II. Dcfcription d'une Caleclie , d'un Phaeton , d'un Diable , d'une Diliaence coupée, & d'un 'Wourfî. " ,-,„ Section II. Dcfcription d'une Chaife montée, lui Chaife de pojle , d'un Cabriolet , de deux efpeces de l^ltterer, ty d'unTraSneau. Section III. Dcfcription d'une Chafe à porteurs, dune Brouette, &■ de diverfes Chaifes de Jardins. Section IV. Effai fur la manière de fufpendrïU Voitures, à raifon de leurs différentes formes ^pj Fin de la Table de la Menuijcrie en Carrojfes. N n n II .n n n EXTRAIT DES REGISTRES DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES. Du JI Mai lyjl. Monsieur Duhamel qui avok été nommé pour examiner la Fremiere Section de la Troifieme Partie de T An du Menuifier , par M. R o u B o , en ayant fait fon rapport , l'Académie a jugé que les objets defquels il eft queftion dans cette Seétion , y étoient préfentés clairement, avec ordre , & dans un très-grand détail , & qu'en conféquence elle méritoit d'être publiée ; en foi de quoi j'ai figné le préfent Certificat. A Paris, le 20 Mai 1771. GRANDJEAN DE FOUCHY, Secrétaire perpétuel de l'Académie Royale des Sciences._ Faute à corriger dans la Seconde Partie. A l'Art do Trait , puge ;6o , lig»e i : mais cependant il faut faire attention que ijuand ces angles ne font pas droits , & que par conlcquent h diagonale du plan n'eft pas d'une ouverture de 45 degrés, il arrive, &c ; /r/rz : mais cependant il faut faire attention que quand les cintres des deux faces ne font pas d'égale largeur, & que par confé- quert Sa diagonale du plan ( reprélèntant l'arclier ) ne coupe pas fangle Qe ce dernier en deux parties égales, il arriive, &c< Errata de la Première Section de cette Troifieme Partie. 7AGTL 4fi4 , //gne 17 , frifure , /i/Vz , frîfe. Pdge ï î ^ ï ''^^ 4 •> cintre , l'tfez , ceinture. Page 46Î , Vigne 14 , balleau , ///ëz, bateau. Page 5 Ï9 , ligni: 4t , de renflemenr , ///èz , des boUE^ Page 49 1 , /)^ie 8 , de coin , /rfez , de loin, Prfge 571 , /(^f 13 » de vafe, ///êz j d'un Yafe, Page s 1 7 , //^c 6 , porte , /i/èz ^ portière. DE L'IMPRIMERIE DE L. F. DELATOUR. 1771,