L A R T D U MENUISIER EN MEUBLES. SECONDE SECTION DE LA TROISIEME PARTIE DE l'Art nu Menuisier. Par M. Rouso U Fils , Maîtrt Mmuifur. M. D C C. L X X 1 1, L A R T D V MENUISIER EN MEUBLES. Par M. RouBO le fils , Maître Menuifier. I SECONDE SECTION DE LA TROISIEME PARTIE DE l'Art du Menuisier. 5 o u s le nom de Menuifiers ai Meubles , on ne comprend ordinairement que les Ouvriers de cette Profeffion, qui font des Sièges, des Ecrans, des Paravents 6 des Lits de toute efpece , les autres Meubles étant faits par les Ebéniftes, qui, non-feulement font ufage des bois précieux, foit en placages, foit par incruftation. ou même (oornmo le a:r„; fo„ Ucu), mais encore font toutes fortes de Meubles de bois commun, tel que le noyer, le hêtre &c Comme cette divifion, qui eft celle des Ouvriers, pourroit apporter de la confufion dans la defcription que je vais faire de la Menuiferie en Meubles vu qu'elle m'obligeroit à me répéter, & changeroit l'ordre que , jufqu à préfent j'ai confervé à mon Ouvrage , j'ai cru devoir comprendre , fous le nom dl Menuifiers en Meubles, tous ceux qui travaillent aux Meubles, de quelque efpece qu'ils puilTent être, ne confidérant comme Ebéniftes, que ceux qui travaillent les bois précieux, & qui font divers ouvrages de placage & de marqueterie; ce qui conftitue véritablement l'Art de l'Ebénifte , dont je donnerai la defcription à la fuite de celle des Meubles, ainfi que je l'ai annoncé dans la première Partie de cet Ouvrage. Menuisier , III. Pan. II. SeEl. Ooooooo 6oo MENUISIER,ni. Pan. SecZ II. Chap. V. CHAPITRE CINQUIEME. De la Menuiferie en Meubles en général , ôCfes différentes efpeces. L A Menuiferie en Meubles, dont la defcription va faire l'objet de cette Partie de mon Ouvrage , n eft pas , ainfi que les autres efpeces de Menuiferies dont j'ai traité , fujette à des règles certaines , foit dans les formes foit pour la décoration ; au contraire, à quelques dimenfions près, (lefquelles ne fauroient changer, puifqu'elles font relatives à la grandeur humaine, ) il femble qu'on ne puifFe rien dire d'affuré à ce fujet , les différentes efpeces de Meubles étant variées prefqu'à l'infini, & étant fujettes à des changements confidérables , foit dans leurs formes foit dans leur décoration , laquelle change tous les jours à raifon des diffé- rents befoins , qui femblent augmenter avec la puiffance de les fatisfaire ; de forte que foit efprit d'inconftance ou de mode , foit enfin le befoin qu'ont les Ouvriers de travailler, on voit paroître tous les jours des Meubles nouveaux, ou bien qui font d'une forme différente de fordinaire , auxquels on donne des noms étrangers & extraordinaires , afin d'en avoir plus de débit. C'eft cependant cette multitude de Meubles de toute efpece , qui doit engager à plus d'exaftitude & de foin dans leur defcription, afin de laiffer à la poftérité une idée nette & précife des ufages & du luxe de notre fiœle , lequel luxe efi peut-être néceffaire , quoiqu'ignoré de nos pères , puifqu'il fait vivre une multitude J'Ouv.lo.o ofpooo , oo™m» Mpnnifipr, Sculpteur, TapilTier , Marbrier , Fondeur , Doreur , &c. D'après ce que je viens de dire , il eft aifé de concevoir que la defcription des Meubles en général , ne peut être qu'une efpece de nomenclature , vu que leur conflrudion eft toujours à-peu-près la même, du moins à chaque efpece; c'eft pourquoi , après avoir traité fommairementdes Outils & des Bois propres aux Menuifiers en Meubles , je donnerai la defcription de tous les Meubles d'ufage à préfent , lefquels peuvent être confidérés comme faifant deux efpeces diftinaes l'une de l'autre ; favoir , les Meubles à bâtis , tels que font les Sièges de toutes fortes , les Lits , les Ecrans , les Paravents , les Tables & les Bureaux de toutes façons , ce qui conftitue la première efpece : la féconde comprend tous les Meubles à bâtis & à panneaux , tels que font les Armoires de toutes fortes , les Buffets, les Commodes, les Secrétaires , les Bureaux fermés , &c. Je fuivrai cette divifion dans toute la fuite de cette defcription ; ce qui eft d'autant plus naturel , que les Ouvriers qui travaillent aux Meubles à bâtis , ne favent faire, pour la plupart , que cela , ainfi que ceux qui travaillent aux autres efpeces de Meubles, ne favent non plus feire que ceux auxquels ils ont accoutumé de De la Menuifcrie en Meubles en Mal. 6or travadler C*): de-là vient que tous les Meubles de chaque efpece fe relTem- b lent, du mens tant que la n,ode dure; puis on y fait quelques changen,ents de temps a autre , ,ufqu'à ce que d'autres les ren^placent ; de forte'que le. Ouvners changent mfenCblement leurs façons de travailler , du moins pour k forme de leurs ouvrages fans fe rendre compte du pourquoi , & oubliLt une mode des qu elle eft palTée ; ce qui eft facrle , concevoir , puifquen changeant ( ) Les Menuitiers en Meubles en général , & fur-tout ceux qui font les Meubles à bâtis , font de tous les Ouvriers qui travaillent à cet Art ceux qui ont le moins de théorie , & , fi j'ofe lè dire , de favoir faire; toute leur habileté ne con- mtant que dans une routine plus ou moins heu- reule, lelon qu'ils ont eu des Maîtres plus ou moins habiles , la plupart ne fâchant faire qu'une forte d ouvrage , & encore avec des calibres que louveiit ils n'ont pas le talent de faire eux-mê- mes; de forte qu'une fois un Meuble à la mode tous ceux qu'on fait lui relfemblent ou doivent lui rcnembler, les Ouvriers ne fâchant faire que ce qu'ils voyenc faire tous les jours; ce qui ne peut être autrement , vu qu'ils ne favent prefque point deffiner, ou même point du tout, ce qui les prive de toutes les reffources que donne la theone , & qui les oblige d'abandonner la décoration de leurs ouvrages à des Sculpteurs , qtJl. non-feulement y font les ornements nécef- faires, mais encore y pou/feut les moulures, les Menuifi-crs ne faifant qu'affembler & chantourner gronicrement leurs ouvrages , d'où il réfulte une infinité de défauts, les moulures étant pref- que toujours mal faites , inégales , les contours fans grâce & jarrcteux ; ce qui n'arriveroit pas fi les Menuiliers farfoient leurs ouvrages eux-mê- mes ,«c ne laiffoient faire au Sculpteur que ce qm eft de fa partie; ou bien fi le Sculpteur croit allez adroit pour bien faire l'otivrage du ;>lenui- Cer , ce qui feroit égal ; mais rr- q..'; ment, ces fortes de Sculpteurs étant pour l'ordi- naire de fort mauvais Ouvriers dans leur talent , & pour la plupart fans dèfiin , ne travaillant que par routine, & ne traçant leurs ouvrages qu'avec des calques , dont fouvent ils ne favent pas faire les delTms originaux. Il faut cependant avouer qu'il fe fait de très- beaux Meubles en tous genres, tant pour la Menui- ferie que pour la Sculpture; mais le nombre en efi très-petit , parce que ces fortes de Meubles coii- tent très- cher, & qu'on trouve peu d'Ouvriers capables de les bien faire, à moins que de les bien payer, ce qui ne peut être que pour des Meubles de confcquence , & appartenants à des gens allez riches pour en faire la dépenfe , qui ell toujours très-confidérable, proportion gardée avec le prix des Meubles que vendent les Mar- chands, lefquels, en s'ingérant de fournir les Meubles tout finis aux Particuliers, trompent ces derniers en leur vendant de mauvaife mar- chandife ( qui , quoique très-peu payée , efi tou- jours trop chère,; & ruinent l'Ouvrier en lui enlevant fes pratiques, & en le forçant, pour ainfi dire , à leur faire de l'ouvrage au prix qu'ils jugent à propos de lui payer; d'où ils'enluit que le Menuifier en Meubles , pour avoir de 1 ouvrage, & pour pouvoir vivre en le faifant à vtl prix , y met tout le moins de façon Se de matière qu'il lui cfl pollible , & ne donne à fon ouvrage qu une propreté apparente , fans aucune lolidite foit dans la façon . foie dans la matière , qui ell fouvent mauvaife ou trop épargnée , & quelquefois l'une & l'autre. ' ' cS""^^^"^'- ^ "f'^" «^ntreprife des Marchands lur les Ouvriers fabricants , à quoi on peut & même on doit attribuer le peu d'émulation & de lavoir de la plupart des Menuifiers en Meubles août toute l'application ne confide qu'à faire Beaiicoup d ouvrage en très-peu de temps, fans s embanalTer de fa perfeftion , vu que ce n'eft pas eux qui le vendent au Particulier , qui alors ne peut leur faire aucun reproche fur lesmau- vailes qualités de leur ouvrage. De plus, ces Ouvriers une fois accoutumes à taire de mauvais ouvrage, que les Marchands leur payent tres-médiocrement , ne veulent, & même ne peuvent plus changer leur routine, quand même on voudroit les payer raifonnablement • de lorte que celui qui paye peu & celui qui pave davantage, font également mal fervis; ce qui n arnveroit pas fi les Ouvriers vendoient leurs ouvrages aux Particuliers , parce qu'alors ils settorceroient de les faire bons, pour acquérir de la célébrité & des pratiques , ce qui excite- roit beaucoup d'émulation entr'eux ; de manière qu en peu de temps on verroit fe former un nombre de bons Ouvriers , qui , à une praci- lue conlommée. ioim^roient une théorie Inmi neule fondée fur de bons principes , ce qui arii vera tou.ours tant qu'on ne mettra pas d'en- traves a l mdufine des hommes, & qu'ils feront alfures de pouvoir jou.r en sûreté du fruit de leur induftrie & de leurs travaux. Je fai cependant qu'il n'ell pas donné à tous d exceller dans leurs talents . & que quand cela befom de Meuble, , n'eft pas en état de les paver fort cher; ma.s on pourroit , fans trop dépen- ier, avoir de l'ouvrage du moins folide qu'il ell toujours facile de faire, même à l'Ouvrier dun talent médiocre, lequel deviendroit afors 1 homme de ceux dont les moyens font bornés- au heu que celui qui excelleroit , ne travaille- roiî que pour celui qui auroic le moyen de le payer ; de forte que tout le monde vivroit & que le Particulier feroir moins expolé à être trompé que chez les Marchands , lefquels, fans connoilfance pour la plupart, vendent pour de beaux & bons ouvrages , ce qui n'en a fouvent que l'apparence. J'ai^ cru devoir à la vérité cette digrertion , peut-être un peu longue, mais en même remps très-nécefiaire , pour précautionner le Public contre une i'nfinité de mauvais ouvrages, peu chers à la vérité , mais ea même temps peu folides& mal faits. ^o. MENUISIER, ni. Pan. Secl. IL Chap. V. de calibres , ils perdent néceffairement jufqu a l'idée de la mode palTée , dont •on ne peut avoir de modèle que dans quelques anciens meubles ce qui eft encore allez difficile à trouver, vu que ces ouvrages font de peu de durée , & quà chaque changement de mode , chacun fe fait un devoir de s'y conformer , dût-on rejetter de bons Meubles pour en avoir de nouveaux , peut-être moms bons , & cela par kfeule raifon qu'il eft prefque honteux de ne pas être à la mode tant dans fes Meubles que dans fes habits. Section Première. Des Outils & des Bois propres aux Meubles. L E s Outils des Menuifiers en Meubles en général , font les mêmes que ceux des Menuifiers de Bâtiment, tantpour les Outils d'affûtage que de moulures , du moins pour ceux qui font les gros Meubles , tels que les Armoires , les Com- modes , &c. Quant à ceux qui font les Meubles à bâtis , comme les Sièges , &c, non-feulement les Outils des Menuifiers de Bâtiment leur fuffifent , mais ils affeaent de ne s'en pas feryir , puifqu'ils ne corroyent prefque point leurs bois , & quelquefois même point du tout , fe contentant de les refendre le plus jufte poffible , & de les affembler fans autre précaution que d'y donner un coup de rape s'ils le jugent à propos , de manière qu'ils fe paffent prefque toujours d'é- querre & de rabots cintrés , du moins pour les ouvrages ordinaires. Ces Menuifiers fe paffent auffi d'outils de moulures , puifqu'ils n'en pouffent aucune , & qu'ils les abandonnent aux Sculpteurs , qui s'en acquittent comme ils peuvent. . , , , . i Je ne fai cependant pourquoi les Menuifiers en Meubles dont je parle , ne pouffent pas les moulures de leurs ouvrages eux-mêmes , foit à la gouge ou au ribot , ce qui fetoit beaucoup mieux , ainfi que font les Menuifiers en Carroffes , ( lefquels les font avec tant de propreté & de précifion) , ce qui feroit très- avantageux, parce que les moulures étant faites par les Menuifiers, ils pren- droient plus de précaution en chantournant & en affemblant leurs pièces, lef- quelles ne jarréteroient sûrement pas comme elles font ordinairement lorfque les Sculpteurs les pouffent , ce qu'ils font à chaque pièce féparément , fans s'em- barraffer de les bien faire raccorder. C'eft pourquoi je crois que malgré l'ufage , les Menuifiers en Meubles de la première efpece devroient non-feulement prendre beaucoup d'attention en chan- tournant leurs pièces, mais encore s'accoutumer à pouffer leurs moulures eux- mêmes, non-feulement à la gouge, mais encore au rabot, ce qui rendroit l'ouvrage beaucoup plus parfait , & les moulures uniformes & égales entr'elles. Comme j'ai fait une ample defcription des Outils du Menuifier en Bâtiment , & de ceux du Menuifier en Carroffes , page p &fuiv. I. F unie , & pa^e 472 & Juiv, Section 1. Des Outils ÔC des Bois. 60^ &fuiv. IlI.Parde, je n'en parlerai pas ici ; c'eft pourquoi ceux qui voudront s'inf- truire, pourront y avoir recours. Les Menuifiers en Meubles de la première efpece ne font pas refendre leurs bois comme ceux de Bâtiment ; mais ils le refendent eux-mêmes avec de petites fcies à refendre, qu'un homme mené tout feul , ce qu'ils font fort adroitement; & c'eft, je crois, en quoi confifte une grande partie de leur favoir-faire , vu qu'ils ne corroyent point leurs bois après qu'ils l'ont chantourné; c'eft pourquoi ils ont foin d'avoir beaucoup de ces fcies à refendre , de différentes longueurs & largeurs de fer, à raifon des différentes pièces qu'ils ont à refendre. . Quant aux Menuifiers de la féconde efpece, c'eft4-dire, ceux qui font les Armoires, &c, ils fe fervent des outils de moulures, ainfi que les Menuifiers de Bâtiment; mais il feroit à fouhaiter qu'ils priffent un peu plus de précautioa en les affûtant , afin que leurs profils euffent une forme gracieufe , ce qui eft bien rare à trouver dans cous les ouvrages de Meubles , dont fouvenr les profils font d une mauvaife forme, fans dégagements , & ce qui eft pis , inégaux entr'eux , ceux des battants étant d'une largeur, & ceux des traverfes cintrées d'une autre. Les bois propres aux Menuifiers en Meubles en général, font le hêtre & le noyer , foit noir ou blanc , parce que ces bois font d'un grain fin & ferré , & que d ailleurs ils font très-liants. On doit avoir grand foin , quand on fait choix de l'un ou l'autre de ces bois pour des pièces cintrées , qu'ils foient très-fiins, fans aucune efpece de fente m de nœuds vicieux, ce qui les feroit calTer ou tourmenter. En général, oa doit avoir foin de n'empU,'», M„„UU. , ^„a^„'./],,,,. ce foit , que du bois très-fec, fans cependant qu'il foit paffé , parce qu'alors il tendroit à la vermoulure, ce qui eft fort à craindre. Pour les panneaux des gros Meubles; comme les Armoires , il faut éviter abfolument de les faire de hêtre, parce que ce bois ne vaut rien en panneaux d'une certaine grandeur, & que fi fec qu'il foit , il fe tourmente prefque toujours. On fe fert quelquefois de chêne dans la conftrudion des gros Meubles • mais ce ne doit être que pour les derrières, les fonds & les tiroirs , jamais pour les dehors ; parce que ce bois, quelque beau qu'il foit , ne prend jamais le poli aufli bien que le hêtre & le noyer. On fait cependant des Armoires toutes de chêne ; mais ce n'eft que celles qui font a lufage des Garde-robes , qu'on peint ou vernit plus volontiers, & qu'on ne polit jamais ; au lieu que les Meubles parants font toujours polis ^ Je dis que le bois de hêtre & de noyer font les feuls qu'on doive employer a la conftrudion des Meubles, ce qui n'eft abfolument vrai que dans ce pavs - car dans ceux où le poirier, falifier, & tous autres bois doux & liants fonï ' commtins . on fait très-bien de s'en fervir , fur-tout de préférence au hêtre , dont on ne fe fert ici que parce qu'on n'en a pas de meilleur à cet ufage . Qiiant au débit des bois , je n'en parlerai pas ici , yu que ce ne feroit qr.'un« AlENUisiER , ///. Pan. Sccl. IL ^ P P P F p P 604 ME N VIS lE R , m. Part. Secl. IL Chap. V. répétition de ce que j'ai dit jufqu'à préfcnt à ce fujet; tout ce que ,e puî. recomtnander, ceft d'éviter les bois tranchés autant quil fera poffible , & de prendre les courbes les unes dans les autres , afin d'éviter la perte du bois : au refte , lorfqueje ferai le détail des différentes efpeces de Meubles, & des diffé- rentes courbes qui y font néceffaires , je parlerai du débit de ces mêmes courbes félon qu'il fera convenable , pour épargner la matière & faciliter l'exécution de l'ouvrage. §. I. Des anciens Meubles en général. I L nous refte peu ou même poirt de lumières touchant la connoiffance des anciens Meubles , tant chez les autres Peuples que chez nous-mêmes. Les Hifto- riens Grecs & Romains parlent quelquefois de Lits pour repofer , de Lits de table , de Buffets, de Trépieds & de Sièges , dont , à la vérité , ils vantent la richeffe & le travail, mais dont ils laiffent ignorer la forme & les proportions • ou s'ils en donnent quelques-unes, elles font fi vagues, quelles font plus propres à donner lieu à des conjeûures , qu'à inftruire ; c'eft pourquoi ,e ne dirai rien de précis à ce fujet. ^ Il paroît, par les monuments qui nous reftent de ces temps recules , que I3 nombre des Meubles n'étoit pas fort confidérable chez les Romains, lefquels, fur-tout au commencement de la République , faifoient profeffion d'une grande fimplicité , & fe bornoient au fimple néceffaire , tel que les Lits , les Sièges , les Tables , & quelques autres Meubles fermants , dont le nom & la forme ne font pas venus jufqu'à nous ; & 11 les Orec;, , .^i.t U'Afi. ^^u» J'Europe , eurent des Meubles plus magnifiques que les Romains , il ne paroît pas du moins qu'ils en euffent en plus grand nombre. En général, les Sièges chez l'un & l'autre Peuple, n'étoient , comme à Sparte, que des Bancs ou de fimples Placets, à peu-près femblables à nos Ployants garnis de cuir , & plus rarement d'étoffe , fans bras ni doffier , du moins pour l'ordinaire , lefquels étoient foutenus par des pieds terminés par des griffes d'animaux ou autres ornements ; les Trépieds étoient des efpeces de fiéges à trois pieds (ainfi que leur nom l'indique) , & par conféquent d'une forme triangu- laire : forme myftérieufe, confervée particulièrement au culte de la Divinité; auffi les Trépieds n'ètoient-ils guère d'ufage que dans les Temples. Le deffus de ces efpeces de Sièges , ou petit Autel portatif, étoit folide , ce qui étoit nécef- faire , puifque la Prêtreffe d'Apollon montoit deffus pour rendre fes oracles. Les Trépieds fe faifoient de bois , de cuivre , d'argent & même d'or ; & ils étoient non-feulement de la hauteur ordinaire des Sièges , mais encore d'une très-grande hauteur, fur-tout quand ils étoient conficrès dans unTemple comme une offrande, ou bien qu'ils étoient portés à quelques cérémonies facrèes , comme à la fameufe proceff.on ou pompe de Ptolemée Phiiadelphe, à laquelle entre un grand Hombre de Trépieds, on en poitoit un de 13 pieds de haut, Section I. §. I. Des anciens Meubles en général. 60^ & un autre de 18 , pour fervir de prix aux Vainqueurs des Jeux donnés a cette Fête. Quant aux Lits des Anciens, il ne nous en refte aucune defcription exafte ; mais il eft tout à croire , d'après quelques bas-reliefs antiques , qu'ils étoient à peu-près femblables à nos Lits de repos, dont les pieds de devant affleurent le deflus du Lit. Les Tables anciennes étoient , ainfi que les nôtres , ou quarrées, ou rondes , ou en demi-cercles, autour defquelles on plaçoit des Bancs ou des Sièges pour manger affis. Quand la coutume fe fut introduite de manger couché fur des Lits , les Tables fe nommèrent Tnclinium , parce qu'elles étoient entourées de trois Lits , ce qui lailToit un côté de la Table vuide pour faci-liter le fervice. Chacun de ces Lits de Table ne pouvoit contenir que trois perfonnes , du moins pour l'ordinaire , ce qui faifoit neuf en tout à chaque Table. Ces Lits dévoient avoir 6 pieds de long au moins, fur 3 pieds de large ; quant à leur décoration , ainfi que celle des Tables , on n'a rien de certain à ce fujet , fi ce n'eft que ces Meubles étoient fouvent très-magnifiques, faits de bronze , enri- chis d'argent ou d'or, & quelquefois entièrement faits de l'une de ces deux matières. Au défaut de monument antique à ce fujet , on peut voir dans un des Tableaux du Pouffin, repréfentantl'inftitution de fEuchariftie, le deffin d'une Table en inclinium , lequel eft eftimé des ConnoiiTeurs , comme repréfentant ces fortes de Tables auffi parFaitemcnc ^u'il tfl j^i/lKLli,. Les Buffets des Anciens étoient des efpeces de Tables fur lefquelles on pkçoit toute l'argenterie & les vafes précieux de ceux qui donnoient les repas- Ces Meubles étoient d'une très-grande magnificence ; mais quant à leur forme & leur décoration, elles nous font abfolument inconnues. Si les Meubles des anciens Peuples ne nous font pas parfaitement connus nous ne fommes guère plus riches en connoiffances par rapport à ceux de notre pays, ainfi que je l'ai dit ; car excepté trois à quatre fortes de Sièges anciens , dont la forme nous eft confervée dans d'anciens monuments, nous ignorons abfolument quelle étoit la forme , le nombre , & même les noms des Meubles de nos pères; tout ce qu'on peut conjeéturer, c'eft que comme les Gaulois fuivoient les coutumes & les ufages des Romains leurs vainqueurs , il eft à croire qu'ils conferverent les mêmes ufages fous la domination des Francs , qui , en conquérant la Gaule, lui laiiTerent fes ufages, comme ils lui laiflirent fes Loix & même fa Religion. ' Cela peut faire croire , du moins à mon avis ,' que les Meubles de nos ancêtres étoient à peu-près les mêmes que ceux des Romains, qui , comme je viens de le dire, n étoient sûrement pas en grand nombre, mais dont la forme & la décoration nous font prefque entièrement inconnues, fauta do Mémoires -6o6 MENUISIER, m. Pan. SeB. IL Chap. V. exaas de ces anciens temps , du moins pour ce qui eft du fujet dont je traite; Les Figures de cette Planche repréfentent cinq efpeces de Sièges pris dans TIIÎJ^ différents temps de la Monarchie Françoife, depuis environ l'an 630 , jufques vers l'an 1422 , lefquels font tirés de divers endroits , & recueillis à la Biblio- thèque du Roi , dans le Recueil des Habits tant des Rois & Princes , que des Particuliers, depuis les premiers temps de la Monarchie, jufqu'au règne de Louis XIV. ,^ La Figure r repréfente un Siège ou Fauteuil, lequel exifte encore au Trelor de l'Abbaye de Saint Denis , & qu'on dit avoir fervi au Roi Dagobert , lorfqu il rendoit la Juftice ; ce qui eft certain , c'eft qu'il a appartenu aux Rois de la première Race, Ce Siège eft de cuivre doré , alTez groffiérement travaille , & a cela de Cngulier, que le fiège repréfente une forme creufe par le milieu, laquelle écoïC vraifemblablement remplie par un couffm, fans quoi on aurolc été affer mai a fon aife affis dans ce creux, s'il n'avoit été garni que par une fimple etotte, de laqueUe il étoit vraifemblablement garni en premier , & qui étoit attachée aux deux branches ou traverfes de côté, qui font affemblées dans les cob des quatre animaux qui fervent de pieds à ce Siège. Il eft vraifemblable que ce Siège fe ployoit lorfqu'on vouloir le tranf- porter , ce qui étoit affez en ufage en ce temps , & comme l'indique la barre qui paflTe au milieu , laquelle lui fervoit sûrement d'axe. La Figure 2 repréfente un Siège dé l'Empereur Charleraagne , fur lequel ce Prince eft repréfenté .iT. .ov^.» ^ r.. U.U„ r.^.... Ce Siège n'eft autre chofe qu'une efpece de Ployant, & eft tiré d un vitreau de lEglife de 1 Abbaye de Fulde, enAUemagne, vers l'an 77r. La Figure 3 repréfente un Siège d'un Particulier , vers lan 900 , lequel elt alTez femblable aux deux premiers , pour fa forme creufe au milieu. La Figure 4 repréfente un Siège ou Fauteuil appartenant au Roi Jean II,' vers 1360, & eft tiré d'une miniature qui eft au manufcrit de Froiffart. Ce Siège eft une efpece de Fauteuil, vu qu'il a des accotoirs & un doffier à la hauteur de ces derniers. Enfin la Figure 5 repréfente un Fauteuil du Roi Charles VII, vers lan 1422, lequel eft auffi tiré du manufcrit de Froiffart. Ce Fauteuil eft à grand doffier avec des accotoirs , & a le Cége fait en creux , ainfi que ceux ci-deffus: ce qui fait croire qu'on doit regarder ces Figures comme très-véritables , quoi- que les quatre dernières n'exiftent que dans des peintures , où le Peintre auroit pu faire des Sièges d'imagination , fans avoir égard à l'ufege , comme il n'arrive que trop de nos jours, ce qui n'eft cependant pas ici vraifemblable , parce que s'ils n'avoient pas fuivi exaftement la coutume de leur temps, ils ne fe feroient pas tous accordés à faire des Sièges creux dont on auroit peine à croire i'exiftence,, s'il ne nous en reftoit pas un exemple dans le Siège qui , dit-on , Sectton I. §. I. Des anciens Meubles en général. 6ci'j a appartenu à Dagoberc , repréfenté dans la Figure première de cette Plan- che (*). Après le Siège repréfenté dans la Figure y , je ne connoïs pas d'autre monument où on puiffe trouver de modèles des Sièges qui ont fuccédé à ceux* ci jufquà environ l'an i(5oo, où on trouve diftinâement diverfes efpeces de Sièges à peu-près femblables à ceux dont nous faifons ufage à préfent , tels que font les Fauteuils, les Chaifes ou Chaires, (ce qui cependant s'entendoic plutôt d'un Fauteuil que d'une Chaife, ) les Tabourets & les Ployants. On n ell pas certain de l'origine de tous ces différents Sièges ; tout ce qu'on peut conjec^ Curer , c'eft qu'ils furent d'abord de fimples Ployants , tels que les Fig. 2 (5 3 , lefquels étoient à fufage de tout le monde fous la première Race de nos Rois , qui , dit-on , rendoienc la Juftice dans des Sièges fans dos ni accotoirs , afin de les faire reflbuvenir qu'ils dévoient une Juflice prompte & égale à tous. Petit à petit on a cherché à rendre les Sièges plus commodes , en y ajoutant des accotoirs & un dolîîer très-bas , comme dans la Fig.^, puis un grand doflier comme dans la Fig. y ; enfin on a fupprimé la forme creufe du fiége , laquelle étoit peu commode, pour y en fubftituer une droite & même bombée, par le moyen des garnitures de crin & de bourre, & même de plume qu'on y a ajouté pour les rendre plus doux & commodes. Quant aux autres Meubles de nos ancêtres , on n'en a aucune connoiffànce ; mais il eft à croire qu'ils étoient d'abord très-fimples & en petit nombre ; (Se que ce ne fut guère que fous le règne de François I , le Pere & le Reftaurateur des Arts en France , qu'on vit paroître ces belles Tables, ces Armoires, & fur-tout i-rcnxi <1« Tno'tna puui iiocre pays , qui le Planchs ces Bureaux d'F.Hpnlfta (A. (*) Dans une Ordonnance rendue par le Roi Jean l [ , vers !'an 1355", ai-i fujet des voyages de ce Prince, il efl die qu'il lui fera fourni par les particuliers , ourre les Tables & Tréteaux , des Formes, efpcce de fiége? donc le nom eil: relié aux Sièges ouStdUesdes Choeursd'Eglife. Ces Sièges ou Formes étoient plus grands que les Fau- teuils ordinaires; c'eft tout ce qu'en dit duCange dans fon Gloffaire , au mot ¥ormz. II eft aiilfi remarqué, dans les Recherches des Antiquités lit Paris, de Sauvai, en parlant des Meubles du quatorzième fiecle , que les Siè- ges mcmcs de chez le Koi , étoient des Efcabelles, des Bancs ( comme les Figures i & 2 , de la Plan- che 223 ) . des Formes & des Tréteaux ; Se qu'il n'y avoit que la Reine qui eût des Chaifcs de bois ployantes, & garnies de cuir vermeil &: de franges de foie attachées avec des clous dores ; mais il n'efl pas parlé de leurs formes; tout ce qu'on en peut conjecturer, c'efî: que tons ces différents Sièges étoient de bois en entier , Se d'une forme à peu-près femWable à celle qu'ils ont préfentement , du moins pour les Bancs Se les Efcabelles , qui ne pouvoient fervir qu'à une perfonne , ainfi que les Tabourets , qui ne diffé- rent de ces dernières , qu'en ce que leur fiége eft garni d'étoffe , & que leurs pieds font perpendi- culaires ; au lieu que ceux des Efcabelles étoient Menuisier , ///, Paru IL Sccl. cvafcs , ainfi que le font encore ceux des Bancs; Quant aux Tréteaux , ce pouvoir être quelques Sièges peu diiférents dos Bancs, peut être parce qu'ils n'avoient pas de doflier, 6c étoient plus étroits de fiège, quoiqu'ils fufient, ainfi que ces derniers, d'une longueur capable de recevoir plulleurs pcrfonnes. Cette fuppofition efl d'autant plus vraifem- blable , que dans les anciens Cliapitres & leâ Ecoles , revêtus de Menuiferie ancienne , on ap- pelle du nom de Banc , tous les Sièges placés au pourtour : nom qui leur a été donne Jors de leur confîruftion , &: qui leurefl relié jufqu'à prcfent. On n'ell pas plus inftruit fur la forme des Lit3 de ce fiecle , & de ceux qui font précédé ; il eft feulement parle dans le même Ouvrage ( Sau- vai, Tome II , Liv. l^II , page 179O des Couches qui avoîent quelquefois 12 pieds de long fur 11 de large , ( ce qui devoir être iutfifant pour cou- cher toute une famille , ) Se des Couchettes qui n'avoient que 6 pieds de long , ainfi que nos Lits- ordinaires, auxque's ce nom efl relié. Le nom- bre des autres Meubles le réduit à peu de chofe , puifqu'il n'en efl fait aucune mention mile p^irt, li ce n'efl des Dreifoirs ou Buffets, où on mettoic la vailfelle Se le vin du Roi renferiiie uaus une outre de cuir. Mé» de Lit. Tom. XVI, pag. 22^, Qqqqqiq ^o8 MENUISIER, III. Pan. SeB. Il Chap. V. reçut de l'Italie , où il fut apporté par les Romains après leur conquête d'Alîc , )' Ouvrages qui ont fait & feront toujours l'admiration des connoiflèurs. Les Meubles, & fur-tout les Sièges , furent d'abord l'ouvrage des Menuifiers , Planche qui les firent tout de bois , & très-ornés de moulures & de divers chantour- ^^•î" nements percés à jour comme la Fig. 3 , & on en orna les montants d'ouvrages de tour , & les doffiers de baluftres tournés ; enfuite on abandonna tous ces ornements pour faire des Sièges plus fimples , mais dont les dolTiers & le fiége furent garnis d'étolïe , ce qui les rendoit beaucoup plus com- modes. Voye[ les Fig. ^ & ^. Ces Sièges ainfi garnis ne furent d'abord qu à l'ufage des gens aifés , le commun du peuple fe fervant de Sièges faits par les Tourneurs , lefquels les garnirent en paille de diverfes couleurs ; & à leur imitation les Menuifiers s'aviferent de faire des garnitures de Chaifes avec du jonc ou roting , connu fous le nom de canne , ou rofcau des Indes ( * ). V oye^ la Fig. 6. Non-feulement les diverfes efpeces de Sièges fe multiplièrent à l'infini , mais encore devinrent fufceptiblcs de beaucoup de richefles , tant dans leurs formes que dans leur décoration ; on y employa les cintres , les ornements de Scul- pture , les dorures & les étoffes les plus précieufes ; de forte que cette partie du Meuble , qui ne faifoit autrefois qu'une très-petite partie de l'Art du Menuifier, en cft devenue maintenant une branche très-confidérable , laquelle demanderoic beaucoup de connoiifance du côté de la théorie , & de précifion dans l'exécution ; ce qui eft allez rare parmi les Menuifiers en Meubles , dont toute l'habileté ne confifte , pour fordinaire , que dans une routine plus ou moins heureufe y ainfi que je l'ai die plu:» Imut. Ce que je dis par rapport aux Sièges, doit s'entendre de tous les autres Meubles , à l'exception que fi les Sièges d'ufage à préfent font plus commode^ & d'une meilleure forme que les anciens , il n'en eft pas de même des autres Meubles , qui , s'ils font plus élégants que les anciens , ont le défaut d'être moins folides, ôc moins bien finis que ces derniers , ainfi que je le prouverai en fon lieu. §. II. Des différentes efpeces de Sièges d'ufage a préfent. Le nombre des Sièges d'ufage , quoique très-confidérable par rapport à leurs différents noms , peut néanmoins fe réduire à trois efpeces diftiné^es les unes des autres; favoir, premièrement les Sièges proprement dits, lefquels n'ont (*) Je ne parlerai pas ici de la garniture des Sièges en étoffe , vu que c'eft l'affaire ciu Ta- piflier , ni de celle en paille , qui eft celle du Tourneur , laquelle fera décrite dans l'Art du Tour, par M. 'tlulot; je ne traiterai que de celle «Q canne , parce qu'elle regarde plus particuliè- rement le Menuifler en Meubles, qui, quelque- fois la fait lui-même, quoiqu'il y ait des gens qui ne font que cet ouvrage , & qu'on connoîc fous le nom de Canriiai , lefquels font attachés aux Menuifiers eu Meubles , qui les occupent toute l'annéej Section I. §. I. Des différentes efpéces de Sièges , 5Cc. 60^ nî doffiers ni accotoirs ; fecondement, ceux qui ont des doffiers & point d'acco- — == toirs ; troifiémement enfin , ceux qui ont des doffiers & des accotoirs. Planche Dans la première des trois efpeces font compris les Ployants , les Tabourets» les Marche-pieds & les Banquettes de toutes formes & grandeurs. Dans la féconde efpece font comprifes les Chaifes de toutes fortes. Dans la troifieme enfin on comprend les Fauteuils de toutes façons , les Bergères, les Ducheffes ou Chaifes longues, les Canapés, les Sofas, les VeiUeufes, les Ottomanes , les Paphofes & autres efpeces de Lits de repos, & généralement tous les autres Sièges fervants aux appartements privés , comme les Baignoires , les demi-Baignoires , & les Bidets de toutes fortes. Quoique tous les Sièges qui conftituent les trois différentes efpeces dont je Viens de parler, foient à peu-près d'une même forme , ou du moins peu différents les uns des autres , il eft cependant très-néceffaire d'en indiquer toutes les différences, tant dans la décoration que dans les proportions, qui, quoique alfujetties à la grandeur humaine , laquelle eft à peu-près toujours la même , font fujettes à divers changements, en raifon de leurs différentes formes & ufages; lefqueLs font infiniment variés & fufceptibles de beaucoup de richeffes ou de fimplicité , félon qu'on le juge à propos , ou pour mieux dire , félon l'opulenca ou la volonté de ceux pour lefquels ils font faits , laquelle volonté fert fouveiic de loi tant pour leurs formes que pour leur décoration ; de-Ll viennent tant de fortes de Sièges , dont la forme eft différente les uns des autres , ou tant d'autres • qui ne différent que de nom , & qui fervent aux mêmes ufages , leur différence de formes ou de décorations étant prefqu'infenfible , & ne giffnnt fouvent que dans fidée de ceux qui les fnnf . on Ae- rpuv qui Ipq font faire. En général la commodité eft ce qu'on doit le plus rechercher dans la compo. fition des Sièges ; c'eft pourquoi on doit avoir foin de ne rien déterminer touchant leurs formes & proportions, avant de s'être rendu compte de l'ufige auquel on les deftine , & fi cet uCige eft général, comme par exemple les Sièges qui font placés dans un appartement pour fervir indiftiaaement à toutes fortes de perfonnes , ou bien s'ils font deftinés à l'ufage particulier d'une feule perfonne , ce qui fait une très-grande différence ; parce que dans le premier cas il faut qu'ils foient affujettis à la grandeur générale ; au lieu que dans le fécond il faut qu'ils le foient à celle de la perfonne qui doit en faire ufage , laquelle peut être plus ou moins grande , & par conféquent exiger plus ou moins de grandeur qu'à l'ordinaire. D'après ces connoiffances , & avant de rien déter- miner fur la grandeur des Sièges , il faut auffi fe rendre compte de la manière dont ils feront garnis , parce qu'alors leur hauteur change à raifon de leurs différentes garnitures; c'eft pourquoi il eft très-néceffaire que les Menuifiers prennent quelques connoiffances de cette partie de l'Art du Tapiffier, & en général de toutes les autres parties de cet Art qui ont rapport au leur , afin de ne rien faire qui puiffe nuire au travail de ce dernier; mais qu'au contraire ils. 6io MENUISIER, III. Pan. SeB. IL Chap. V. -en facilitent l'exécution , afin de tendre réciproquement à la perfedion de Planche l'ouvrage (*). • 223- C'eft pourquoi dans la defcription que je vais faire , non-feulement des Sièges , mais encore des autres Meubles dont la garniture eft du reffort du Tapiffier , j'aurai foin d'indiquer la forme & les dimenfions des différentes garnitures ; des changements & des foins qu'elles exigent de la part du Menui- fier , tant pour la décoration que pour la conftruaion , afin de ne rien lailfer à defirer à ce fujet , du moins autant qu'il me fera poffible. Ces diverfes connoiflances acquifes , on pourra avec sàreté déterminer la grandeur & la forme des Chaifes ( & de tous autres Sièges en général, ) aux- quelles on tâchera d'allier la folidité de la conftrudion avec la grâce de la déco- ration , qui eft malheureufement trop négligée par beaucoup de Menuifiers ; c'eft pourquoi , dans la defcription de chaque efpece de Meubles , je donnerai des règles sûres pour les conftruire avec toute la perfeélion polTible, & cela en raifon de leur différente forme , laquelle rend quelquefois abfolument vicieufe une efpece de conftruélion employée ailleurs avec fuccès. Section Seconde. Defcription des Ployams , Tabourets, Banquettes , &c; de leurs formes \ proportions & conjlrucllon. ^ £ E S Ployants font les Sièges les plus anciens & les plus fimples de ceux Planche jont on fait ufage à préfent ; ils ne confiftent qu'en deux chaflis quarrés , lefquels entrent l'un dans l'autre , & font arrêtés enfemble au milieu de leur hauteur par des axes ou boulons qui leur laiffent la liberté de fe mouvoir autant que peut le permettre l'étoffe, qui eft arrêtée aux deux traverfes ou emboîtures du haut , de /4 à 5 , Fig. l , laquelle étoffe forme le delfus du fiége , qui eft nommé ?Loyant à caufe de la facilité qu'il a de fe mouvoir & de fe ployer en deux en relevant l'étoffe en deffus ; de forte que les deux extrémités inté- rieures des emboîtures C£) viennent fe rencontrer en un même point lorfqu'on n Les connoiflances que j'exige que les Menui- fiers en Meubles prennent de l'Arc du Tapiffier , doivent auffi s'appliquer à tous les autres Arts qui concourent à la folidité & à la décoration desMeu- bles comme la Sculpture, la Serrurerie, la Fonte, ou pour mieux dire , la forme des bronzes dont on les orne quelquefois, afin que ces connoif- fances acquifes les mettent dans le cas de dif- pofer leurs ouvrages , non pas félon la coutume , mais avec connoiffance de caufe. Si ces connoif- fances fonr néceflTaires aux Menuifiers, elles ne le font pas moins aux autres Ouvriers , dont le tra- vaildépend du leur, ou l'accompagne, ainfl que je l'ai recommandé dans les autres Parties de cet Ouvrage ; ce que je ne répète ici que pour con- vaincre , s'il eft poffible , les Ouvriers combien U connôilîauce , du moins élémentaire , des dif- férents talents qui font relatifs au leur , leur e(l néceffaire tant pour la perfection que pour l'ac- célération de leurs ouvrages, lefq'ie's (ont fou- vent imparfaits ou .nême peufjIiJes, par le défaut d'ordre & d'harmonie qui fe trouve dans le travail des différents Ouvriers qui les conlîruifent ; c'efl pourquoi j'ai cru devoir infifter ici fuTIa néceflité de ces connoilïances , que prefque tous les Ou- vriers en général négligenr comme peu nécef- faires & même inutiles à la perfeftion de leur Art, ne failanr pas réflexion que dettes-belles parties qui ne font pas faites les unes pour les autres, ou placées fans ordre & fans raifonne-; ment , ne peuvent fotmer qu'un mauvais enfem- ble , foit pour la décoration , foit pour la coiif- truàion , ce qui ell encore pis , puifque ce défaut détruit la folidité de l'ouvrage, le I Section II. Defcrïption des Ployants, Tabourets, ôCc. 6ix le juge à propos ; les boulons E qui retiennent les deux chaflis, ne font pas == apparents pour l'ordinaire , mais font placés à moitié bois dans des trous percés ï''-'^'""^'^^ en dedans du chaffis le plus large , & par conféquent en dehors du chaffis le * plus étroit, Ce qui eft très-propre, vu que ce boulon n'eft apparent en aucune manière ; mais en même temps ce qui devient difficultucux dans le cas que le boulon vienne à cafTer , parce qu'alors il faut démonter le grand chaffis pout replacer un autreboulon,&par conféquent défaire tout l'ouvrage du Tapiffier, du moins du côté du grand chaffis; c'eft pourquoi on a préféré de mettre des boulons qui paffent au travers des pieds , & dont la tête eii ornée, de manière qu'elle ne fait pas de mauvais effet. Le boulon eft de fer , de 3 lignes de diamètre au moins , & s'arrête eft dedans avec un écrou faillant , comme on peut le voir aux Fig. i (§• 4 , qui cepréfeiuent le Ployant vu en deflùs ; cependant on pourroit éviter cette faillie en plaçant l'écrou dans l'épaiffeur du pied intérieur ; de forte qu'il n'y auroir plus que la tête du boulon d'apparente , laquelle pourroit faire partie des ornements du pied , comme on peut le voir aux Fîg. 2 (& 3. LesPloyancs furent d'abord très-fimples; enfuite on les orna d'ouvrages de tour; ' enfin de fculptures ;& pour les rendre d'une forme plus agréable, non-feulement on en chantourna les pieds , mais encore on les fit entrer en entaille les uns 'dans les autres , afin que les deux chaffis fuffent d'une égale largeur , ( comme les -Fi 2, 3 & 6) , mais en même temps ce qui en a empêché le mouvement , lequel ne peut fe faire que de fétendue de l'arc a h , Fig. 2 , compris entre les deux- pieds , lequel ne peut être très-grand, vu le petit diamètre du cercle qui fert a taciliter le mouvement du Plovant. A cette difficulté près . on ne fauroit difcon-; venir que les Ployants faits de cette manière ne faffent beaucoup mieux que les autres pour la décoration ; quant à leur conftruélion , ils n'ont rien de particuliet ainfi que le premier , fi ce n'eft l'entaille de leurs pieds , laquelle fe fait au milieu de leur épaiffeur & de la grandeur du rond du milieu ; de forte que (quand ils font enfemble , ils ne femblent faire qu'une feule pièce. Voyei^ la ■Fig. y , qui repréfente un pied du premier Ployant, Fig. i <& 4, avec la coupe de la traverfe du bas & de celle du haut , dans laquelle le pied entre à tenon <5^' à mortaife , ce qui eft commun à tous les Ployants. Voyez pareillement la Fig. 7 , qui repréfente un pied du Ployant Fig. 2 , vU fur fcpaiffeur ; & les Fig. 8 (& 9 , qui repréfentent ce même pied vu de face 8c par derrière. Voyez auffi la Fig. 10 , qui repréfente un pied ou battant du Ployant Fig. 3 , lequel eft à peu-près femblable à celui repréfente Fig. 2 , â l'exception que ce dernier n'a pas de traverfe par le bas , & que fon axe pafle tout au travers pour entretenir l'écart des pieds, ce qui eft moins folide que des xraverfes , & qui en même temps devient très-compliqué , parce qu'il faut qu'il V ait deux axes , l'un creux , qui eft placé entre les pieds , afin de les empêchqï Menuisier , IIL Fan. II. Seci., R r r r r r i 6i% ME NUI S lE R, III. Pan. Secl. Il Chap. F. -== de rentrer en dedans , ôc l'autre qui pafle au travers des pieds & de l'axe creux ^ Planche lequel retient le tout enfemble. La hauteur des Ployants eft ordinairement de 14 à 16 pouces , ce qui donnei environ 18 à 20 pouces de longueur au battant, y compris l'emboîture ; quant à leur largeur , elle eft à peu-près la même , en quarré , que leur hauteur ; cepen- dant il y en a qui font plus larges de 3 à 4 pouces, ce qui augmente la longueur des battants à proportion. En général , les Ployants étoient fort en ufage dans le dernier fiecle , tant pour les Grands que pour les Particuliers; mais àpréfent ils ne fervent plus que chez le Roi , ou chez les grands Princes & les AmbafTadeurs , & généraiemens tous ceux qui font obligés de garder ce qu'on appelle ï Etiquette , c'eft-à-dire , les ufages attachés aux différents rangs des perfonnes ; de plus , ces efpeces de Sièges font peu commodes , c'eft pourquoi on léur a préféré les Tabourets i idont je vais donner la defcription ci-après , lorfque j'aurai' donné celle d'une elpece de Ployant propre à placer dans les Eglifes , parce qu'il fait tout à la fois l'office de Fauteuil , de Tabouret & de Chaife à dos. Le Siège ou Ployant dont il eft ici queftion, Fi'o'. 11, la, 13 <S-i4, cftcompofé de deux bâtis en forme d'x, de deux bras & d'un doffier , lequel eft affemblé avec l'extrémité fupérieure des bras, à tenon & mortaife ; l'autre extrémité des bras entre à charnière dans un des bouts des montants de côté ; de forte que quand on veut fe fervir de ce Ployant comme d'un Fauteuil , on laide le doffier rabattu comme dans la Flg. 11, qui repréfente ce Fauteuil vu de côté ; & dans la Fig, 13 , qui en montre la moitié vue de face. Lorfqu'on veut au contraire qu'il ferve de Chaife à dos , & s'agenouiller deffus le fiége , on relevé le doffier , lequel , en mouvant lùr la charnière des bras des accotoirs , forme une tablette ou appui , ainfi qu'on peut le voir dans la Fig. 13 , qui repréfente la moitié de ce Ployant , dont le doffier eft ainfi relevé ; & dans la Fig. 14 , qui repréfente ce Siège vu de côté. Quant au fiége de ce Ployant, il eft immobile & élevé à 13 pouces de haut au plus , afin qu'on puiffe s'agenouiller deffus plus aifément , & eft d'une forme circulaire par fon plan , pour qu'il ne déborde pas les côtés Vojei la Fig. ly , qui repréfente la moitié de ce fiége vu en deffus. Les côtés du Ployant dont je viens de parler , font immobiles &: reçoivent le liège qui y eft affèmblé à tenon & mortaife ; cependant fans rien changer â fà forme , on pourroit le faire mouvoir comme les autres Ployants , defquels il ne différeroit en rien que par le doffier. Pour ce qui eft des proportions de cette elpece de Ployant, je n'en parlera? pas ici , vu qu'on doit les faire plus ou moins grands à raifon de la grandeur de la perfonne pour laquelle ils font faits ; de plus , on pourra avoir recours à l'échella qui eft au bas de la Planche , fur laquelle il a été conftruit d'une proportion propre à une perfonne d'une taille ordinaire, Section IL Defcriptïon des Ployants , Tabourets , 3Cc. Les Tabourets font de petits Sièges làns doffier ni accotoir , compofés de ■■■ quatre pieds , de quatre traverfes de ceinture ou de fiége , & quelquefois d'une Planche entre-toife par le bas , pour retenir l'écart des quatre pieds , aiafi qu'on peut le voir à la Fig. I, qui repréfente l'élévation perfpeélive d'un Tabouret d'une déco- ration très-fimple , tel qu'on s'en fert dans les anti-chambres & autres lieux de peu de conféquence. Les Figures 2 & 3 repréfentent deux autres Tabourets plus ornés , l'un à pied de biche , & l'autre d'une forme quarrée , qu'on appelle à L'antique , auxquels , pour plus de folidité , on fait palTer les bouts des pieds pour ne point faire d'épaulement à la traverfe , afin de conferver de la force à falTemblage , qui er» a d autant plus belbin, qu'on ne met point d'entre-toife à ces fortes de Tabourets> afin de les rendre plus légers ; ce qui fait alTez bien , à la vérité , mais en même ïemps leur ôte beaucoup de folidité : c'eft pourquoi je crois que malgré l'ulàge , on feroit très-bien ds mettre des entre-toifes , non-feulement aux Tabourets & Banquettes , mais encore à tous autres Sièges expofés à être remués fouvent i iefquelles entre-toifes pourroient être en diagonale droite , comme la Fig. 4 , ou bien chantournées & ornées de moulures & de fculptures , félon qu'on le jugeroit à propos , comme les Fig. ^ ô 6. La hauteur des Tabourets eft ordinairement de 13 à 17 pouces du de/Tus des traverfes, fur à peu-près la même largeur enquarré, qui eft leur forme ordinaire; ïi n'y a que chez le Roi où ces Sièges font très-bas , n'ayant pas plus de 8 à 10 pouces de hauteur. On fait encore des petits Tabourets ou Marche-pieds de 6 pouces de haut , iefquels fervent ou à pofer les pieds ou à s'agenouiller. La grolleur des pieds de Tabourets , eft depuis un pouce & demi jufqu'à a pouces ; & la largeur de leur traverfe de ceinture , de a pouces & demi à 3 pouces , fur un pouce d'épaiffeur , afin d'y faire un affemblage raifonnable , qu'on aura foin de faire le plus jufte polfible , tant fur l'épailTeur que fur la largeur. Quant aux entre-toifes , Fig. r , 4 , J (5 (5 , on les affemble à tenon & mor- taife dans les pieds ; & lorfqu elles font affemblèes diagonalement , elles paffenc en entaille l'une fur fautre , à moitié de leur èpaiflèur , en obfervant de placer leur joint à la rencontre de quelque contour, comme je l'ai obfervé aux Figures ci-delîus. Les Banquettes font des efpeces de Tabourets , dont la longueur eft prolongée depuis 3 jufqu'à 51 , 12 , & même ij pieds : elles ne différent en rien des Tabourets pour la conftruèlion & la décoration , à fexception que les pieds placés entre ceux des bouts, entrent à tenon dans la traverfe (laquelle palTe droit d'un bout à l'autre , ) derrière laquelle le refte de l'épailTeur de leurs pieds paflc en Ênfourchement , ainfi qu'on peut le voir aux Fig. 7 <& 8. L'écart des traverfes de Banquettes , eft retenu en deffus par des barres a queue , qu'on place à environ 18 pouces les unes des autres , afin qu'elles ne, 14 MENU ISIE R,in. Part. SeB. II. Chap. V. ■ repouflent pas la garniture lorfqu'on eft aflîs deflùs , & qu'au contraire elles fe Planche trouvent entre deux perfonnes ; on doit aufli obferver de cintrer le deffiis de ces barres à queue, ou du moins d'en arrondir fort les arêtes en defTus, de peur qu'elles ne coupent le deflbus de la garniture ; ce qu'on doit obferver à toutes les arêtes intérieures de toutes fortes de Sièges , comme je le dirai en fon lieu , en parlant de la manière de difpofer toutes fortes de Sièges , en raifon de leurs différentes garnitures. Je ne m'étendrai pas davantage ici fur la forme & la conftruâion des parties qui compofent les Tabourets & les Banquettes, parce que j'aurai fujet de le faire avec plus d'avantage , en parlant des Chaifes & des Fauteuils de toutes fortes , dont les Tabourets font la partie inférieure , & dont je donnerai non-feule- ment les différentes formes & ornements , mais fur la conftruftion defquels je m'étendrai beaucoup , afin de ne rien laiffer à défirer à ce fujet , & de raiTembler fous un même point de vue , tout ce qui a rapport à la confiruâion & au débit des bois , dont le choix & l'économie font des chofes effemielles tant pour les ,'Acquéreurs que pour les Ouvriers. Section Troisième. Difcriptlon de toutes fortes de Chaifes ; de leurs décorations , formes i proportions & confiruclion. Les Chaifes proprement dites , différent des Tabourets dont je viens de faire Planche ^'^ defcription , en ce qu'elles ont des doffiers , lefquels montent de fond de 22ff. deffus les pieds de derrière jufqu'à la hauteur de l8 à 19 pouces du defllis du jiége , afin qu'on puiffe s'y appuyer commodément les épaules fans que la tête y porte en aucune manière , de crainte de déranger la coëffure foit des femmes ou des hommes ( qui ne font pas moins curieux de fa confervation ) , ou de gâter ■avec la poudre ou la pommade le haut de la garniture de ces mêmes fiéges ; c'eft pourquoi, dis-je , on a diminué la hauteur des doffiers des Chaifes qui, dans le dernier fiecle , alloient jufqu'à trois pieds , de forte qu'ils furpaffoient encore la tête de ceux qui étoient affis deffus , laquelle alors pouvoir s'y appuyer commo-:' dément. Les Chaifes , ainfi qu'on l'a pu voir plus haut , page (îo8 , étoient d une décoration très-fîmple , du moins pour ce qui eft de la partie de la Menuiferie y d'une forme quarrée , tant dans le plan que dans l'élévation ; cnfuite on les cintra par en haut feulement ; enfin d'encore en encore on Les cintra non-feule-; ment fur l'élévation , mais encore fur le plan ; & on y fit des pieds d'une forme cintrée , nommés pieds de biche, (à caufe qu'on les taille quelquefois par le bas en forme d'un pied de cet animal , ou bien qu'on y rapporte un focle de cuivre <!'unemême forme) , & des traverfesde ceinture, cintrées ainCque les battants y qu'on Section III. Defcription de toutes fortes de Chaifes , ôCc. €iy qu'on orna de moulures & de fculpcures ; de forte que la partie du Menuifier , .■■ qui étoit confidérée comme peu de chofe depuis que les Sièges furent revêtus JP^-anche d'étoffes, de broderies & de franges, devint très-confidérable , & n'a cefle ^^"^^ d'augmenter jufqu'à ce jour , qu'on a donné la préférence à deux fortes de Chaifes , l'une dont le fiége eft évafé & cintré en plan , & dont le doffier , quoi- que cintré au pourtour , préfentc une furface droite , qu'on nomme Œai/e à la Reine : l'autre forte de Chaife a le devant du liège d'une même forme que la première ; mais le derrière de ce même fiége fe termine en demi-cercle, ce qui oblige par conféquent à faire le doffier d'une forme creufc : cette forte de Chaife fe nomme Cabriolet ; je ne fai pas trop pourquoi , n'im.aginant aucun rapport entre une Chaife cintrée en plan , & les voitures qu'on nomme de ce nom; mais enfin c'eft la mode , une Chaife pouvant auffi bien relfembler à une voiture que la coëffure d'une femme. Les Chaifes à la Reine , ainfi que toutes les autres, font compofées de deux pieds de devant A B , Flg. 4 , qui ne vont qu'à la hauteur du fiége ; de deux pieds de derrière C D, Flg. 2 , qui montent de toute la hauteur de la Chaife , & par conféquent du doffier ; de quatre traverfes de ceinture , dont deux de côté E E , Fig. 10, une de devant F, Fig. 4, & une de derrière G , Flg. 2 ; le doffier , outre ces deux battants & la traverfe de ceinture G , même Fleure , ( qu'on nomme auffi pièce de derrière ) , eft encore compofé de deux traverfes , qu'on nomme de doffier ; favoir , celle H, grand doffier ou cintre ; & celle /, petit doffier. Le plan des Chaifes à la Reine eft évafé furie devant d'environ 334 pouces au plus; cet évafement n'eft pas droit, mais forme deux parties en S, qui, venant rejoindre les pieds de devant, y produifent un angle arrondi , ce qui faic beaucoup mieux que s'il étoit droit ; le devant eft bombé pareillement en S, d'un pouce ou un pouce & demi , ce qui eft néceffaire pour qu'on puiffe êtra affis commodément , parce que les cuiffes tendant naturellement à s'évafer lorf- qu'on eft affis , il eft bon qu'elles portent non-feulement par-tout , mais encore plutôt en dedans , qui eft la partie la plus charnue , qu'en deliors , qui eft le côté des os , & par conféquent le plus expofé à être fatigué. Le doffier des Chaifes ne doit pas être droit, c'eft-à-dire , perpendiculaire au fiége , parce que cette fituation gêneroit trop celui qui feroit affis dcffus , en l'obligeant de fe tenir exadement droit , pofture très-fatiguante , dont il ne pourroit fortir qu'en s'avançant fur le devant du fiége , qui alors n'auroit plus affez de profondeur; ou s'il en avoit affez, il arriveroit toujours un inconvé- nient , parce que les reins de la perfoniie affife ne portant plus , la fatigueroienc encore plus que fi elle fe tenoit exadlement droite; c'eft pourquoi il eft néceffiire d'incliner les doffiers des Chaifes en dehors de 3 pouces au moins, pris du deffus du fiége jufqu'au haut, ainfi que l'indique la ligne a b , Flg. 3. Le bas des pieds de derrière eft exademcnt égal à ceux de devant ; quant au Menuisier , III. Pan. Secî. II. S s s s s s s 6i6 ME N UISIER , III. Part. SeS. II. Chap. V. haut , comme il fatigue beaucoup pair le poids de la perfonne qui s'appuie deflus , Planche ' il eft bon de lui laiiTer de la force par en bas , afin qu'il pui/Te mieux réfifter , & de le réduire par le haut à l'épaiffeur d'un pouce ou 15 lignes, qui efl la plus forte épaiffeur ordinaire ; & s'il arrivoit qu'on fût forcé pour quelque raifon de le diminuer également du bas comme du hant , il vaudroit mieux le faire pat <lerriere que par devant , parce que le fil du bois fe conferveroit davantage ; au lieu que fi on le diminuoit en dedans , il fe trouveroit coupé par l'affemblage qui fe trouve en delTous , ce qui eft très-facile à concevoir , par rinfpedion feule de la Fig. 3 . Les pieds de derrière des Chaifes à la Reine, fe prennent fur la face , dans du bois d'égale largeur, & font parallèles entr'eux , comme l'indiquent les lignes c d ,e f, g hSc il, Fig. % , ce qui fait que toutes les traverfes font d'une lon- gueur égale d'arafement , & viennent s'y afiembler quarrément, ainfi que toutes les autres du pourtour du fiége , lefquelles s'affemblent quarrément dans les pieds , d'où ilréfulte un très-mauvais eifet, fur-tout pour ces dernières, lorfqu'elles font cintrées comme ici , parce qu'alors l'extrémité du cintre des traverfes fe trouvant à bois de bout, eft fujet h s'égrainer & ne fe raccorde jamais bien, quelque précaution que l'on prenne, ce qui donne naifTance à mille défauts, dont les moindres font les jarrets , qu'on eft obligé de faire au cintre pour rega- gner les éclats faits au bois de bout, ce qui feroit facile à éviter, en faifant une petite coupe au devant des pieds de la largeur du premier mem'bre des moulures feulement , ce quin'alfoibliroit pas le pied, (puifque cette entaille ne fe feroit que par devant & à rien du haut ,) & cela ne demanderoit qu'un peu d'attention de la part du Menuifier , lequel alors feroit obligé de ralonger une barbe au devant de ces traverfes , ainfi que je l'ai obfervé auv Fig. ; , 7 <& 8 , qui repréfentent les élévations de côté , de face & de derrière de la Chaife dont je fais la defcrip- tion , & plus particulièrement à la Fig. 6, où le haut du pied eft deffiné plus en grand. Il eft fingulier que de tous les Menuifiers qui font des Chaifes , pas un feul ne fafle cette obfervation ; & que tous ceux auxquels j'en ai parlé , ne veuillent pas la faire , par la feule raifon que ce n'eft pas leur coutume , comme fi la folidité & la propreté de l'ouvrage ne devoit pas l'emporter fur une mauvaife habitude qu'ils ne fauroient défendre par aucune bonne raifon , fe contentant de chantourner les traverfes, tant bien que mal , après qu'elles font alTemblées. Le chantournement du doffier n'eft pas fait avec plus de foin & d'exaâitude que celui des traverfes du fiége ; & fi les arêtes des bouts des traverfes font moins cgrainées, ce n'eft que parce que leur coupe devient prefque perpendiculaire avec leur extrémité ; toute la fcience des Menuifiers Faifeurs de Chaifes , fembîant ne devoir confifter que dans leur adrefl"e à bien refendre leur bois , fans s'embar- rafi"er de bien affembler leur ouvrage , & de chercher tous les moyens qui pour- ïoient tendre à fa perfedion, ce don: ils s'embarralleiu fort peu, puifqu'ils 22(î. Section III. Defcription de toutes fortes de Chaifes , ôCc. Gi'j laiflènt à des Sculpteurs ( fouvent mal-adroits ) le foin de poulTer les moulures , ■ qu'ils fe contentent de ragréer le mieux qu'ils peuvent, temps où fouvent il n'eft Planche plus poiTible de raccommoder les fautes de ces derniers , & de donner aux cintres de leurs ouvrages la grâce qui leur eft néceffaire; c'efl pourquoi, je ne faurois trop le répéter, après l'alFemblage des Sièges en général , rien n'eft (I important que d'en bien faire les contours , en obfervant avec foin de faire toutes les pièces bien parallèles ( du moins celles qui doiyent fêtre , ) & d'en rendre toutes les parties bien d'équerre , afin que lorfqu'on vient à en pouffer les mou- lures , foit le Menuifier ou le Sculpteur, on ne trouve pas , en faifant les rava- lements ou autres opérations néceifiires , des inégalités qui dérangent le paral- léliCiie des moulures , dans lequL-l confifte toute leur perfeèlion. C eft pourquoi lorfqu'on chantournera quelque pièce que ce puiffe être , on fera très-bien , avant de les terminer tout-à-fait , de les aflèmbler avec celles où elles doivent aller , afin de les achever de chantourner enfemble. On aura la même précaution lorfqu'on pouffera les moulures , qu'on ne termi- nera par les extrémités que les deux pièces enfemble, ce qui empêchera toute efpece d'éclat & de jarret. Quant à la manière de pouffer ces moulures , on le fait ordinairement à la main avec des gouges & autres outils; mais je crois que malgré la coutume oa feroit très-bien de les pouffer au fabot , ce qui feroit très-avantageux, parce que non-feulement fouvrage en fcj-oit plutôt fait , mais encore le feroit beau- coup mieux -, vu que les moulures feroient beaucoup plus liffes , d'une largeur & d'une fcillic égale par-tout , ce qui eft fort difficile à faire félon la méthode ordinaire , c'eft-à-dire, avec la gouge & autres outils ; mais quelqu'avantageufe que foit la méthode que je propofe ici, il eft fort difficile que les Menuifiers en Chaifes puiffent ou veuillent s'en fervir , prce qu'ils ne font pas dans l'ufage de le faire , ce qui eft, du moins pour eux , une très-bonne raifon , & que de plus ils ne favent pas fe fervir d'aucun outil de moulures, dont la plupart ignorent même jufqu'au nom. En général, la forme des cintres des fiéges eft affez arbitraire ; c'eft pourquoi je ne peux pas donner beaucoup de règles certaines à cet égard ; tout ce que je puis recommander, c'eft de les faire les plus doux & les plus coulants poffibles, & de ne pas les arrêter fans avoir déterminé la largeur & la forme des profils , afin de fe rendre compte fi les cintres feront auffi bien en dedans comme en dehors , ce que j'ai fait Flg. r , qui repréfente le profil de la Chaife que je décris ici , dont j'ai pris la largeur, que j'ai portée fur la Fi g. a , avant de déterminer au jufte la forme des contours, que j'ai faits tous au compas, en obfervant de tracer toutes les opérations par des lignes ponftuées , lefquel'les , en marquant la place des différents centres, donnent en même temos la ren-' contre des différents arcs de cercles qui forment les concours, lefquels ne peuvent faire aucun jarret, fuifque chaque centre eft placé fur une ligne tfi8 ME NUIS 1ER, III. Pan. SeB. II. Chap. V. == perpendiculaire au bout de chacun des arcs qui viennent y correfpondre, ce qui, Flanche je crois , n'a pas befoin d'aucune efpece de démonftration , laquelle, d'ailleurs , feroit inutile ici , puifqu'ellc ne feroit qu'une répétition de ce que j'ai dit au commencement de la première Partie de cet Ouvrage , dans les Eléments de Géomécne-Pradque,qaQ )i;i àonms, page 4 & fuiv. , & dans la première Seflion de la troifieme Partie, en parlant delà manière de déterminer la forme des Voitures, page y 17 & fuiv. ; de plus , en donnant les différents contours des autres Sièges, j'aurai foin de tracer toutes les opérations , pour faciliter ceux qui n'auroient pas les autres Parties de cet Ouvrage , ou qui n'auroient pas aifez d'intelligence pour entendre les démonfirations géométriques , ce qui n'ell pas rare parmi les Menuifiers en Meubles. La Chaife dont je fais la defcription , eft difpofée pour être garnie de canne ; c eft pourquoi le fiége eft plus haut qu'aux autres de 2 pouces au moins , pris du delTus du chaffis du fiége , lequel a ordinairement 10 lignes à un pouce d'épaif- fèur ; ce chaflls fe rapporte à plat , tant fur les pieds de devant que fur les traverfes de ceinture , & entre en entaille dans les pieds de derrière , tant par le devant que par les côtés , du moins intérieurs , comme on peut le voir aux Fig. 2 3 , où ces entailles font faites de toute l'épaiffeur du chaffis , fur la profon- deur de 2 à 3 lignes au plus , afin de ne point aiîbiblir le pied. Lorfque la Chaife , & tous les Sièges en général font garnis de canne , le petit dofller eft élevé du defliis du fiége d'environ un pouce à un pouce & demi ; au lieu que quand ils font garnis d'étoffe , on ne met que 9 lignes à un pouce de diftance entre le delTous de cette dernière & le delTus de la traverfe de ceinture , de manière qu'il ne paroiffe pas de vuide entre le delTous de cette traverfe & le delfus de la garniture , dont la faillie eft peu conCdérable fur le derrière. La hauteur, tant des Chaifes que des Fauteuils , eft de 12 à 14 pouces du deflus des fiéges lorfqu'ils font garnis d'étoff'e, & de 14 à i (5 pouces lorfquils le font en canne ; & la hauteur totale du doffier doit être de 2 pieds 8 à 10 pouces au plus. La largeur du fiége doit être, pour les Chaifes, de 17 à 18 pouces pat devant, & de 13 à 14 pouces par derrière, & ij à i5 pouces de profondeur; quant aux pieds , ils doivent être de a pouces quarrés au moins , & la traverfe de 2 & demi à 3 pouces de large , fur un pouce & même 15 lignes d'épailfeur au moins. Lorfque les Chaifes font garnies de canne comme celle-ci , on fait le chaffis du fiége à part , de 2 pouces de largeur au plus, & on le difpofe de manière qu'il déborde le pourtour des traverfes de ceinture de 6 à 5) lignes , & de le faire affleurer à la traverfe de derrière ; quelquefois cette traverfe eft plus large que les autres , d'environ 15 lignes , & on y fait une rainure dans laquelle le chaffis du fjége entre tout en vie, ainfi qu'on le verra ci-après , dans la defcription d'un Fauteuil Section 111. Defcription de toutes fortes de Chaifes. 6ip Fauteuil en cabriolet ; dans ce cas on tient la traverfe de derrière du chafiîs , „ ,^ moins large qu'à l'ordinaire , ou du moins on raccourcit le chaffis dont on Planche aflemble la traverfe du devant en chapeau , pour lui donner plus de folidité. L'arête fupérieure de ce chaffis doit être arrondie , & on ne le cheville fur les traverfes , tant de côté que du devant de la Chaife , qu'après qu'il eft tout garni. En chevillant les chaffis , on doit faire attention de percer les trous en pente ou en contre-fens les uns des autres , afin que fi les chevilles vendent à fe décoller ou à fe retirer , ils ne puiiîènt pas fortir aifément. Les Chaifes, & généralement tous les Sièges, font fufceptibles d'être ornés de fculptures , tant aux doffiers qu'aux pieds & aux traverfes des fiéges ; & fi j'ai fait celle dont je viens de donner la defcription , toute unie , ce n'efl: que pour i!| en faire mieux fentir l'enfemble , réfervant à donner ci-après plufieurs formes de Chaifes , tant en plan qu'en élévation , ornées de moulures & de fculptures dans le goût aéluel. Avant de paffer à la defcription des Fauteuils , je crois qu'il eft nécelTaire de donner quelques règles touchant la forme & la conftruaion des pieds de biche , lefquels font fujets à beaucoup de difficultés pour être traités avec toute la perfeélion dont ils font fufceptibles , vu premièrement leur changement de plan & de groITeur ( lequel eft indiqué dans les Fig. () & 1 1 , qui repréfentent deux profils à moitié d'exécution aux deux extrémités oppofées , ce auxquels j'ai indiqué , par des lignes pondluées , la véritable grofteur de la pièce dans laquelle le pied de biche eft pris ) ; fecondement , par la difficulté d'en faire le raccord en face avec les traverfes de ceinture. Je parlerai tout de fuite de la manière de difpofer les fiéges pour recevoir les garnitures d'étoffi; & de canne , ce qui entraînera nécelfairement la defcription de l'Art du Cannicr , dont je traiterai tout de fuite dans la Seélion fuivante , afin de terminer tout ce qui regarde la garniture des Sièges. La hauteur des pieds de biche en général ne peut être déterminée , puifqu'on - en fait à l'ufige des Tables , des Bureaux & des Sièges de toutes fortes , dont la Planche hauteur varie en raifon de leurs différents ufages ; c'eft pourquoi je ne puis donner que des règles générales touchant leurs formes & proportions , Icfquelles règles pourront être applicables à tous les cas poffibles. Lorfqu'on veut déterminer la forme d'un pied de biche , il faut d'abord fe rendre compte de fa hauteur totale , laquelle varie depuis un pied pour les Sièges les plus bas , jufqu'à 2(5 à 27 pouces au plus haut, afin de leur donner une groffeur relative à leur hauteur : cette groffieur varie depuis 2 jufqu'à 3 pouces , & doit être augmentée ou diminuée à raifon que la hauteur variera , comme je f ai obfervé à la Fig. i , où j'ai marqué par des lignes a i 8c cd ,h grolTeur du pied de biche repréfenté dans cette Figure. Après s'être rendu compte de la grolTeur totale du pied , il faut en déterminer la largeur à l'endroit le plus gros , laquelle Menuisier , III. Pan. II. Secl. T 1 1 1 1 1 1 620 MENUISIER, m. Part. SeEl. Il Chap. V . œ doit Être les deux tiers du tout au moins , comme de e If, par lequel point on P.^^•CHE fait pafTer la ligne g h ; ce qui étant fait , on détermine le contour intérieur du "7, pied , en obfervant qu'il fe contourne bien avec la traverfe , & que la partie rentrante vienne toucher au nud de la ligne cd, ainfi qu'on peut le voir dans cette Fieure. _ , . Le contour intérieur étant ainfi déterminé , on chantourne la partie extérieure , laquelle doit toujours diminuer jufqu au deffus de la volute , où la groITeur du pied ne doit être que le tiers au plus de fa groffeur totale , comme l'indique la ligne . / : cette proportion rend le bas du pied un peu gros , à la vérité ; mais cette groneur eft néceffaire pour la folidité du pied, parce qu'alors il y refte une partie de bois ' plein & de fil entre les nuds des courbures intérieures & extérieures , repre- fentées par les lignes mn?^gh,c^ qu'il eft très-effentiel d'obfarver à tous es pieds de biche (ujets à fatiguer & \ être fouvent changés de place , ainfi que les Sièges , auxquels cette obfervation eft abfolument indifpenfable. Le bas des pieds de biche fe termine ordinairement en volute, laquelle ne pofe ordinairement pas à terre , mais eft élevée d'environ un pouce de haut , fur un petit focle , ce qui les expofe moins à être endommagés par le frottement des pieds , ce qui eft, à mon avis , la feule raifon pour laquelle la volute des pieds de biche eft ainfi élevée ; car je crois qu elle feroit beaucoup mieux fi elle pofoie immédiatement fur le plancher. De plus, ce focle éloigne trop le point dappm des perpendiculaires m n gh , S^'^^x conféquent expofe les pieds a fe caffer facilement. , , . j j Le haut des pieds fe termine ordinairement en plinthe droite , au nud de l'arrafement de la traverfe , contre laquelle plinthe la faillie du pied vient s'arrondir & former un angle au point o , ce qui ne fouifre aucune difficulté ouand les traverfes & les pieds font lifFes, ou lorfqu'elles ont des moulures, elles ne tournent pas autour de la traverfe & du pied , comme à la Ftg. 2 ; mais quand elles y tournent, comme dans la Fig. i , la plinthe des pieds ne peut plus être droite & former un angle avec la rencontre du delTus du cintre du pied, mais au contraire , on doit la faire creufer & adoucir avec le delTus de ce cintre , ce qui facilite le contour des moulures & levé toutes les difficultés , ainfi qu on peut le voir dans la 3. , n < j s Cette manière de terminer le haut des pieds de biche, eft tres-commode , & ne change rien à la conftruûion des Sièges , fi ce n'eft qu'on eft obligé den tenir les traverfes plus épaifl-es pour leur faire fuivre le contour de la plinthe du pied , ce qui eft peu de chofe en comparaifon du bien qui réfulte de la méthode que •,e propofe ici , & qu'on fuit toujours fans y faire attention , puifque les Seul- pteurs font obligés de fouiller les traverfes par le haut, pour mieux faire tourner leurs moulures. , , ^ 1. '^n. Les pieds de biche fe débitent dans des bois d une epaiITeur convenable , c elt- à-dire , égale à leur grolTeur , er> obfervant de leur confeiver b bois de fil autant Section III. Defcriptïon de toutes fortes de Cha'ifcs. 621 qu'il eft poffible ; & on les refend les uns dans les autres , pour éviter la perte === du bois , comme je l'ai obfervé Fig. 4, Planche Quand les pieds de biche font refendus (ce que les Menuifîers en Meubles font fort adroitement , ) on doit les corroyer en dedans ou en dehors , puis on les chantourne des deux autres côtés, après les avoir tracés avec le même calibre ■ qui a fervi à les tracer du premier côté , en le faifant ployer le long du cintre , ce qui eft la coutume , mais en même temps ce qui eft une très - mauvaife méthode , parce qu'en faifant ainfi ployer le calibre , on le raccourcit , ce qui change la forme du pied , laquelle doit cependant être la même des deux côtés ; c'eft pourquoi je crois qu'il eft bon , pour tracer les pieds de biche , qu'après les avoir chantournés d'un côté comme dans la Fig. j , on faffe un calibre ralongé , fuivant l'étendue du cintre , ce qui fe fait de la manière fuivante : On divife un des côtés du premier calibre Fig. 5 , en autant de parties égales qu'on le juge à propos , en fuivant le contour du pied , comme les points a , b , c , d,e ,f, 8cc , par lefquels on fait paif^r autant de perpendiculaires à la ligne a ij. Enfuite on trace à part , Fig. 6 , la ligne m x ^ fur laquelle on élevé les .perpendiculaires m ,n,o, &c , dont les diftances entr' elles , & fur cette ligne droite , font égales à celles prifes fur la ligne courbe a b c dàchi Fig. J ; enfuite les points a Se m étant les mêmes aux deux Figures , on prend fur celle J la diftance b I , qu'on porte de ;z à 2 , Fig. 6 ; celle c 3 , de o à 4 ; celle ^ , de p^6; celle e 7 , de y à 8 ; céXs , de /■ à ro ; celle o' i r , de s à is ; celle ^ 13 , de t à 14 ; celle i J ^ , de u h. 16 ; enfin celle /17, de x à iS. On fait la même opération pour le dehors que pour le dedans , ce qui termine le calibre ralongé pour le dedans , lequel eft fufEfant , parce que le pied étant une fois tracé en dedans , le chantourne aifément , en obfervant de le mettre d'équerre fuivant les lignes perpendiculaires des Figures ^ 8c 6. Les Menuifîers en Chaifes ne prennent pas tant de précautions pour la conf- truélion des pieds de biche , qu'ils fe contentent de refendre le plus jufte poflîble , fans changer de calibres , ( ce même à quoi ils ne penfent pas , ) mais auffl làns les corroyer en aucune manière ; de forte qu'ils les affemblent tout brutes , fans s'embarraffer s'ils font juftes ou non , ou fi leur contour eft exaéle- ment le même , non-feulement des deux côtés de chaque pied , mais encore fl celui des quatre pieds eft le même , ce qui arrive rarement. Cette inégalité de contour fe rencontre non-feulement aux pieds de biche , mais encore à toutes les autres pièces des Sièges , dont les contours ne font pas faits avec plus d'exac- titude , ce qui ne paroît pas beaucoup dans les Sièges ordinaires , mais dont la différence eft très-fenfible aux Sièges à cliaflîs , lefquels font quelquefois cintrés fi irrégulièrement , que le chalfis d'un Fauteuil , par exemple , ne peut pas fervic à un autre de même forme & grandeur ; c'eft pourquoi ( du moins aux Sièges de quelque conféquence ) je crois qu'il eft abfolumeHt néceffaire de corroyer 6.2 MENUISIER, III. Pan. SeB. IL Chap. K avec foin toutes les pièces des Sièges quelles qu'elles foient , parce qu'alors les Planche contours feront plus juftes & fujets à moins de jarrets , l'ouvrage plus folide-, vu qu'on ne fera pas obligé d'afFoiblir les joues des affemblages pour le redreffer ou le dégauchir ; & qu'enfin les profils feront plus réguliers , foit qu'ils foient pouffes par les Menuifiers ou par les Sculpteurs , auxquels les premiers les aban- donnent , comme s'ils n'étoient Menuifiers que de nom , & que toute leur fcience ne confiftât qu'à favoir refendre du bois , ouvrage qui eft plus propre à un Manœuvre qu'à un Ouvrier adroit & intelligent , tel que devroit être un Menuifier , & comme il ne s'en trouve malheureufement que trop peu , fur- tout dans la partie dont je traite , laquelle a été jufqu'à préfent la plus négligée de toutes celles qui compofent cet Art. §. I. Manière de difpofer les Sièges pour recevoir les garnitures d'écofes. _ J'ai dit plus haut que les Sièges en général étoient garnis ou d'étoffe ou de canne , ce qui en change en quelque forte la difpofition , du moins par rapport à la forme de leurs profils & à la hauteur de leurs fiéges , félon qu'ils font garnis de l'une ou de fautre manière, dont la première eft la plus ufitée, & totalement du reffort du Tapiffier ; la féconde étant l'ouvrage du Menuifier , ou , pour mieux dire , du Cannier , comme je l'expliquerai ci-après. La garniture d'étoffe telle qu'on la fait préfentement , eft de deux fortes ; favoir , celle qui eft adhérente aux bâtis des fiéges fur lefquels on l'attache , & celle qui s'attache fur des chaffis , lefquels entrent tout en vie dans des feuillures pratiquées tant dans les fiéges que dans les doffiers. Quand les garnitures font adhérentes nu-x hâris , on les attache fur les doffiers , dans des feuillures ou ravalements qu'on y fait d'après la largeur du profil , en obfervant de faire ce ravalement d'une bonne ligne plus profond que s'il fervoit de fondaux moulures , afin que l'épaiffeur de la toile de derrière, la fangle & l'étoffe , ne diminue pas de la faillie de ces mêmes moulures. Ce que je dis pour les doffiers , doit auffi s'appliquer aux fiéges , parce que quand on n'y fait point de feuillure comme à la Fig. 7, on eft obligé d'attacher la fangle deffus , pour empêcher la trop forte épaiffeur qu'elle feroit par le côté étant jointe avecl'étoffe , ce qui eft moins folide que quand elle eft attachée fur le côté , ce qui eft la meilleure manière & la plus folide , & qui ne demande d'autres foins de la part du Menuifier, que de faire le ravalement des moulures plus pro- fond que leurs reliefs , de l'épaiffeur de la fangle , de celle de l'étoffe , & une partie de l'épaiffeur de la tête du clou, laquelle doit auffi être comptée pour quelque chofe. Voyei laFig.2, C) J'ai confulté plufieurs Tapirtiers touchant 1 la fangle ; le plus grand nombre a été d'avis que Ja garniture des Sièges , & la manière de placer | l'utage d'attacher la fangle lur les Sièges ét jit Quand Section III. §. I. Difpofer les'Siéges pour les garnitures. ^23 Quand il arrive que la partie fiipérieure de la traverfe du fiége n'a pas de moulure en faillie, on y fait toujours une petite feuillure, dont la profondeur P^^^cke doit être un peu moindre que l'épailTeur de la fangle de la toile & de l'étoffe, afin qu'en plaçant les clous, ils mordent plus fur l'étoffe que fur le bois , où U eft bon qu'une partie de leur tête porte, afin de cacher le joint que forme la rencontre du bois avec l'étoffe. Foyei la Fig. 9. Ce que je viens de dire touchant le ravalement des Sièges , doit auffi s'appli- quer aux doffiers , ce qui , je crois , n'a pas befoin d'autre explication , ce que j ai dit à ce fujet étant fufBfant. Lorfque la garniture des Sièges eft faite à chafTis, elle eft attachée fur ces derniers ; de forte qu'on peut en changer autant de fois qu'on le juge à propos, ce qui eft un très-grand avantage , fur-tout dans le cas d'un appartement magni- fique , dont on change plufieurs fois les meubles félon les faifons. Les fiéges des Chaifes ou d.s Fauteuils à chaiTis , n'ont rien de différent des autres pour la conftrudion , fi ce n'eft que la moulure monte jufqu'au deifus de la traverfe , & qu'on y fait une feuillure de j à ^ lignes de profondeur pour recevoir le chaffis . auquel il ne faut laifi^er de jeu au pourtour que l'épaif- feur de la garniture , qui doit tourner autour & être attachée deffous. Voyci Flg. 10 , qui repréfente le profil d'une traverfe de ceinture , avec la coupe de la traverfe de chafîîs, éloignée de la feuillure de ce qui eft nécelTaire pour placer la garniture , laquelle doit remplir exadcment le joint de la feuillure , & même faillir un peu en dcffus. Les chaflls des dofTiers entrent à feuillure dans ce dernier , & on doit avoir foin qu'il refte au moins 3 lignes de jeu au pourtour entre le chafhs & le fond de la feuillure, afin que la garniture & les clous qui l'attachent fur le champ du chaffis , puilTent y être contenus. Ces chaffis s'arrêtent en place par le moyen de petits tourniquets de fer ou de cuivre poli , qui fonc attachés avec des vis fur le bâti de la Chaife ou du Fauteuil. Voyei Fier, n qui repréfente la coupe d'une traverfe de doffier, & celle d'une traverfe de' chaflis, difpofée à fa place avec le jeu convenable tant pour la garniture du devant & du côté , que pour celle de derrière , qu'on met prefque toujours à ces fortes de Sièges. Voyei la Flg. 12 , qui repréfente le tourniquet vu de face avec fa vis. ^ Les chaffis tant des doffiers que des fièges , doivent fuivre le contour de leurs bâtis; & comme il arrive que les traverfes de ceinture font cintrées fur le champ , on doit en difpofer les feuillures de manière qu'elles aient 3 à 4 lignes de profondeur au moins au plus creux de fes contours, qu'on doit avoir foin de meilleur que de le faire ùn le côté; d'autres pour placer l'épaiffeur de la fan^Ip Xr , , un fécond rav\,:™e!:!Tur™ate dS' Sv^^ ! vZ^' '^"^'^ ' ^''^ S™'"- * Menuisier , ///. Pan. //. Sêc7. V v v v v v v MENUISIER.ni.Pan.S eS. II. Chap. V. = faire très-doux , afin que la feuillure qu'on doit faire dans le bout des pieds, ne ' Planche rétrécilTe pas trop l'affemblage des traverfes, & qu'il yrefie un peu d'épaule- ment. Vcyci les Fig. rep^fentent une partie de traverfe de nége à chaffis avec fon pied , vue en face & par derrière , ainfi qu'une partie du plan de ce même fiége. Quand la garniture eft adhérente aux fiéges, & que leurs traverfes font cintrées , comme aux Fig.x^è x^, on obfervera en faifant le ravalement pour placer l'étoffe , qu'il y refte au moins 6 lignes de largeur au point le plus haut du cintre, afin qu'on puifle y attacher folidement la garniture. En général , il faut arrondir les arêtes de toutes les parties des fiéges qui doivent être entourés d'étoffe, afin qu'elles ne la coupent point ; il faut auffi obferver d'abattre en pente en dedans le deffus des traverfes des fiéges , ainfi que les dolTiers & les chaiTis, afin que les fangles ne fe coupent pas, & que ne portant pas fur l'arcte intérieure de ces derniers ,. elles foient plus élaftiques , & rendent par conféquent les fiéges & les dofTiers plus doux. Voyei les Fig. 7,8, j) , 10 <§■ II , où j'ai fait cette obfervation, laquelle, fans être abfolument elTen- tielle , ne laiffe pas d'ctre bonne , fans pour cela rendre l'ouvrage plus difficile à fliire, puifqu'elle ne demande qu'un peu d'attention de la part de l'Ouvrier. Section Quatrième. De la Garniture des Sièges avec la Canne, & de l'Art du Cannier en général. L'i N V EN T I G N des gamitutes de Sièges , faites de canne , eft peu ancienne en France , & y a été apportée par les Hollandois , lefquels ont fait long-temps feuls le commerce des Indes orientales , d'oii viennent les cannes ou rofeaux nommés ratings , lefquels font de plufieurs efpeces; favoir, celles nommées bambou , qui font très-groITes ; celles qui font nommées cannes ou joncs des Indes , lefqueilcs fervent à porter à la main ; enfin celles connues Amplement fous le nom Hollandois de rocings , lefquelles font une efpece de rofeau menu Se ram- pant à terre à différentes longueurs, qui vont quelquefois à 2 , 3 & même 4 toifes , lequel fe fend comme l'ofier , & fert aux Indes & à la Chine pour faire des Panniers, des Lits, des Chaifes entières, des Tables & des Jaloufies de croifées. On ne s'en fert guère en France que pour garnir les Sièges , ce qui eft en même temps plus folide & plus propre que la paille ou le jonc. On s'en fert aufTi pour garnir les Voitures de campagne, les Chaifes à porteurs, ainfi que je l'ai indiqué en fon lieu , ce qui fe fait de la même manière que la garniture des Sièges, dont la defcription va faire l'objet de cette Seaion, laquelle fera divifée en trois Paragraphes. Dans le premier, je traiterai de la manière de difpofer les Sièges pour recevoir la canne ; dans le fécond , de la manière de fendre la canne , & les outils deftinés à cet ufage 5 Si dans le troifieme SECrro^ IF. §. I. Dirpofer les Sièges pour recevoir la Canne 6. < enfin , , exphq.e.ai 1. manière de garnir 1„ Siège. , en f.ivan. .ouces les op! i non. neceffa.es a ce fu,e., ce ,ui confti.ue ce qu'on appelle l'A. ,u Calr. 227. 5. I. i?. d^fp.Ji, Sièges pour recevoir La canne. D E u X chofes font néceffaires dans la difpoftion des Sièges pour recevoir la ^ L. p,=„,i.„ J. ces tu. „b(;.„„i„„, . p„„ ^- n.. ^ • ^ ,f 'î"' ' '^'^ P^Çait fes trous , s'embarraffe fort peu de ce que deviendra 1 ouvrage du Cannier, qu'U regarde con.ne étranger à'fon o ■ La féconde qu, a pour objet la folidité du Meuble, eft un peu n.i x obferv e , n.a,s fouvent fans propreté , aiafi que je l'expli^erai ciipl deltn es pour recevoir la canne, ils con^mencent par en marquer le milieu ..e.. .beaucoupd:d;s:^.!:xtzt^^^^^^^ du-e , quand l'ouvrage efl droit , comme la Fi. j il faut f ' , ,T ■ I- ^ i LU, 1 , Il raut raire en lorte aiip L^ï dcrn,eres d.vifions fe trouvent dans un dcmi-efpace afin nue I.c r tous 1p9 brin. ,U t-^pace, alla que les trous reçoivent les é t " 1 : P-P-'^'-l-- qu'Korifontaux & diagonau; , fars es .cart.1 ni les uns m les autres , ce que j'ai obfcrvé à cette Figure où les ho e, Icfquels trous reçoivent tousles brins de canne à leur jondion, q " ne les dérange en aucune manière , & ce qui ne pourroit être fi es divifo d extr^nites etoient égales aux autres , comme , par exemple , les lignes e ff gkSceg, ou 11 faudroit que les brins diagonaux fe replopffent en de rencon„er les trous qui feroient fur ces lignes , ce qui Ls déra. g oi ^ coup & qui obligeroit à percer d'autres trous entre-dlux pour les Le oi c qui afioiUiroit trop les ^tis , & par conf^guent rendroit i expédier";^ r-ble ; ceft ce qui doit faire adopter la méthode que je propofe ici , Wu/ quoique ditterente e l'ordinaire , ne denia.de qu'un peu ilttentio; , ! f J fan. des divifions relatives à la grandeur de l'ouvrage, ce qui ne feroit qu'ouvrir u refferrer un peu les divifions ordinaires , lefquelles font difpofées detaZ o utl ' ' r '^"^ '^-^ '^-x tro iw ' Lr " ' r.'^"^ ^ ^'-^ - l'exécution ' ' ' ' ^^^^^^^ S-^^e comme Lorfque les Sièges font d'une forme cintrée comme la Fig. . , on ne peut pas saffujettir aux mêmes règles pour la divin^n^ - « > on ne p.ut pas b pour la dividon des extrémités, ainfi qu'aux fîcr„res ' O 6.6 MENUISIER, m. Part. SeB. IL Chap. V Irées ■ 7eft plquoi les Mcnuifiers , après avoir pris le n.beu de la pce = quarrees , c elt po q ^^^^^ ^^^^^^ 228. '"1 n.iarrppc ■ r eft courquoi les ivienuiucio , "r i - quarrees , ceit puui.^ ^ lio-nes qui de chaque cô.é , font les divifions ^E^^ ^^^^ ^ ex'é- " vie~y.end.ne.nrp.sdu^^^^ :H:;rr£;:/:^eiLau.iiie.ei^w^^ ai„fiquecelles.^c.../,.a,i/&.n;&celles^^^^^^^^ .„ce qui non-reule.en. ^^^^^ ; ^ parce que petit à petit la canne tend a fe redreller v P eft affife deffus , ce qui caufe en partie le relâchement de tous g canne dont la forme eft.circulaire. ^ ^ u;,n de tracer des limres droites A.nrr je crois que malgré l'ufage on fero. - ^ ^ à fa rencontre A^Ae<^ entr' elles fur les parties cintrées , <5c de percer ics aiïiCor.! pe.pcnd,c«la>.o! S a» »» de&œUes lignes les trous ne s écartent de ce cote , qui éc»é. , coupe,. n»„. k fl do b» , & ^l"';* ^ . J 1, „orfesdecrom,ànr.ciooopeutleïoitakf«.4,W"" P , riu. î . ) ol il ,.«e u„ de boi, ple,„ «re 1» dou. „„g.e. de tro» , lequel in.er,Jle el indiqué p.r les bgnes ■• ' ^H- '\ f„' 1.1 .„.io„ quW p»l. des „ous de 'e, Foy^t -i'^^^- 5.' '^"^ P indiqué par les lignes tl&mn. le trou perpendiculaire eft apparent , l a H K , Quand le derrière de l'ouvrage garni de canne eft appaient , q Section IV. §. I. D'ifpofer les Sièges pour recevoir la Cànne. 6i-i tous les derrières de Sièges , on y pratique des rainures , dans lefquelles paffent ■ les brins de canne , qu'on recouvre enfuite par des morceaux de bois collés ; de Planche forte que la canne n'eft apparente en aucune manière. La profondeur de ces rainures eft de 4 lignes au moins, afin que la barre qu'on y met ait 3 lignes au moins d'épailTeur, la canne en prenant bien une. Quant à la largeur de ces barres , elle eft ordinairement de 8 à p lignes , à moins qu'on ne fût gêné par les cintres , ce qui obligeroit de les faire quelque- fois plus étroites , ce qu'il faut cependant éviter, afin de confervcr la folidité de l'ouvrage. Ces barres fe rapportent en deux parties dans les traverfes cintrées , ainfi qu'on peut le voir à la Flg. 9, cote A , où la rainure eft découverte, & les trous percés en biais pour les raifons que j'ai dites ci-defFus. Voyez cette même Figure , cote B , on la barre eft toute placée , & fous laquelle j'ai fait paffer des lignes qui indiquent la place des trous en devant de l'ouvrage. Dans les battants ces barres fe rapportent d'une feule pièce , à moins toutefois qu'ils ne foient trop cintrés , alors on y mettroit la barre de deux ou même trois pièces , félon qu'il feroit nécefîàire , à moins qu'on n'aimât mieux y faire des rainures , & par conféquent des barres cintrées , ce qui alors leveroit toute efpece de diffi- culté. De toute façon il faut que ces barres ne defcendent pas plus bas que le nud des traverfes , afin de n'en point couper les alfemblages , ce que j'ai obfervé aux deux battants de la Fig. 9 , cote A 8c H . Voyez la Fig. 6 , qui repréfente la coupe d'un battant avec fa rainure & fi barre , & les deux trous percés en biais , chacun vers les deux côtés de la rainure. Il y a des Menuifiers qui , pour épargner l'ouvrage , ne rapportent point de barres aux traverfes de doffier tant du haut que du bas , mais qui , en perçant leurs trous , les font defcendre en deflbus de la traverfe , à laquelle ils prati- quent une petite rainure pour pouvoir cacher la canne , qu'ils recouvrent enfuite de maftic, ce qui eft en même temps peu propre & peu folide ; c'eft pourquoi on fera très-bien de ne jamais faire ufage de cette méthode , que je n'ai repré- fentée ici dans la Fig. 7 , que comme un exemple à éviter , même dans les ouvrages cintrés en plan , où les Menuifiers en Chaifes ne font jamais de rainures fous prétexte que l'ouvrage eft moins folide , ce qui n'eft pas vrai ; la meilleure raifon qu'ils aient à donner , c'eft que cela rend fouvrage plus long & plus difScileà faire. Foyei la Fig. 8, qui repréfente une traverfe du haut d'un doflier , avec une rainure pratiquée dedans à l'ordinaire. En général , lorfqu'on difpofe des Sièges & tous autres ouvrages pour recevoir de la canne , il faut avoir foin , en faifant le ravalement du devant des moulures , de le faire plus profond que la faillie des moulures , d'environ une ligne , afin que l'épaifl^;ur de la canne ne diminue pas de la faillie de ces dernières • il faut auffi avoir foin de faire ce ravalement en pente en dehors , afin que s'appuyant fur la canne , les arêtes du ravalement ne marquent pas de/fus & ne le Menuisier , III. Part. Se ci. II. X x x x x x x Planche 2î'8. 62S MENUISIER, m. Pan. SeB. IL Chap. V. .. caffent pas , ce qui arriveroi: fans cette précaution , ce que j'ai obfervé aux/'/^'- 5,6,7^8. §. IL Du choix de la Canne ; de la manière de la fendre ; & des Outils du Cannier. . LoRSQU OH acheté de la canne , il faut la choifir la plus longue & la plus ' égale poffible , parce que plus elle eft longue , & moins il y a de perte en 1 eni- ployant ; il en eft de même de fon égalité , laquelle donne des brins d'une égale largeur d'un bout à l'autre , ce qui , par conféquent , ne fait aucune efpece de perte fur la grolTeur. Il faut auffi avoir foin que la canne ne foit point tropfeche , parce qu alors elle fe fend difficilement , & eft d'un mauvais ufage. Les Canniers remédient à fa trop grande fécherelTe en la mouillant lorfqu'ils l'ont refendue & qu'ils veulent femployer ; mais cette humidité n'étant que momentanée, ne peut jamais lui rendre celle de fa feve, qui fe trouve totale- ment expulfée , l'expofe à la vermoulure , & par conféquent la rend plus facile à fe rompre. Pour, connoltre fi la canne n'eft pas trop feche , il faut faire attention fi , lorl- qu on la ploie de difterents fens, fefpece de vernis naturel qui eft delTus , ne fe fend pas en beaucoup d'endroits , & ne s'enlève pas facilement, ce qui eft une marque de fa trop grande fécherelTe (*). Il faut auffi , lorfqu'on acheté de la canne , choifir celle qui eft la plus grolTe, c' eft-à-dire , qui ait 4 à J lignes de diamètre au moins , afin qu'en la fendant elle donne plus de morceaux, quoiqu'il refte plus de moelle ou partie intérieure, laquelle , quoiqu'une perte réelle fur le poids de la canne , n'eft pas à comparer avec le bien qui réfulte d'avoir de la canne d'une groffèur raifonnable , laquelle eft d'abord plus folide que la petite , ayant acquis toute fa force , & étant plus aifée à fendre , ce qui eft fort à confidérer. Lorfqu'on a fait choix de la canne , avant de la fendre , il faut en ôter tous les ncEuds ou inégalités que forment les jets a , Fig. i : opération que les Canniers appellent «/z/îoysr ou éneyer, c'eft-à-dire , ôter les nœuds, ce qu'ils font en ratUfant la canne avec un couteau à contre-fens du nœud , ainfi qu'il eft repréfenté dans la Fig. 3 , en obfervant de tenir le couteau un peu panché le dos en dehors , afin qu'il ne coupe pas le jonc, mais ne faffe que le ratilTer. Lorfque le jonc ou canne eft éneyé , on le fend , ce qu'on fait de la manière fuivante : r M La canne ou roting fe vend à la livre , , en prendre une plus grande quantité fur un aenuis 7 à S fols , qui ell le prix ordinaire , juf- poids égal , lequel poids eft confiderablement nXio foU qu'elle vaut dans le temps de guerre, diminué par la moelle qu ils enlèvent , laquelle on bien nuand ks Marchands n'en apportent n'eft cependant pas tout-a-fait perdue pour eux , pas une quantité fuffifante, ce qui fait que les pu.fqu'ils la vendent pour faire des balais pro- Canniers haulfent ou baiffent le prix de leurs près aux cours, aux cmfines , & autres lieux de ouvrages , ou bien en diminuent la largeur pour [ peu de couiequeucc. Section IV. §. II. Du choix de la Canne, ôCc. 6i.g On commence d'abord par confidérer quelle eft fa grofTeur , & par confé- === quent combien il pourra contenir de brins fur fa circonférence ; enfuite on le Pi-anche fend au couteau en trois ou quatre parties , qu'on refend enfuite elles-mêmes au couteau , jufqu'à ce qu'elles n'aient que la largeur de deux brins , après quoi on ôte la moelle du dedans de la canne pour la fendre à fa véritable largeur , ce que l'on fait par le moyen du fendoir Fig. j , lequel n'eft autre chofe qu'un jnorceau de buis ou tout autre bois dur d'environ un pouce de diamètre , fur il i pouces & demi de largeur au plus , lequel eft arrondi par le bas & refendu ou évuidé en angle parle haut, de forte qu'il préfente quatre parties aiguës, dont on fe fert pour fendre les brins de canne , qu'on commence d'abord au couteau ; enfuite on prend le fendoir de la main gauche , un des angles en en-haut, dans lequel on fait entrer le jonc commencé à fendre au couteau , & qu'on tire en contre-bas de la main droite , en obfervant d'appuyer le pouce de la main gauche fur le jonc à l'endroit oià il fe fend , afin de f empêcher de fortir du fendoir. ^y^^ la Fig. 6. Il faut aulTi avoir attention , lorfqu'on fend ainfi la canne , de fe garnir le pouce d'un doigder de cuir , afin que le frottement & les inégalités de la canne ne le ble/îent pas , ce qui arriveroit par la force du frottement. Voyez la Fig. 4 , laquelle repréfente le plan d'un jonc de 4 lignes & demie de diamètre , refendu d'abord en trois , ce qui donne le triangle ou moelle aie; enfuite chacune des trois parties refendue en deux , chacune aux points de/, defquelles on enlevé enfuite la moelle indiquée par les lignes g, h, i, ce qui eft égal pour toutes les autres parties ; après quoi on fait la dernière fente indiquée par des points feulement , ce qui donne douze brins dans un jonc d'environ lignes de circonférence , lefcjuels brins ont une ligne & demie de large , lorf- qu'ils fe fendent bien droit fans s'arracher , ce qui eft la largeur ordinaire des brins dont on fe fert pour garnir tranfverfalement ; les autres , qui doivent être plus étroits , fe font avec des joncs plus petits , ou bien avec des brins qui fe font mal refendus. Lorfque la canne eft refendue à la largeur néceftàire , on la met d'épaifleur à la plane , laquelle eft une efpece de boîte de fer a^, Fig. 10 , découverte en deflus, dans laquelle eft placé un morceau d'acier c d , Fia. 12 ,) qui repréfente la coupe de la plane vue fur fa longueur , ) lequel morceau eft attaché aux deux côtés de la boîte par une goupille ou axe , de manière qu'on eft libre de le faire mouvoir du côté c , ce qu'on fait par le moyen d'une vis e , placée au delTous de la boîte , & par le moyen de laquelle on fait monter ou baiflèr le morceau d acier qui eft proprement la plane , qu'on approche du couteau Fig. p , autant quon le mge à propos. Ce couteau eft un morceau d'acier de la largeur de la plane , taillé en bifeau , & fortement attaché à un des côtés de la boîte , dans laquelle il entre en entaille pour l'empêcher de fe mouvoir , & où il eft arrêté par le moyen dun écrou h. Le taillant de ce couteau ne doit pas être parallèle au . 6^0 ME N UISIER , m. Pan. SeS. IL Chap. V. , deffijs de la plane , mais être un peu relevé fur le devant , afin qu'en paffant la Flanche canne entre le couteau & la plane , on Commence par ôter les greffes inégalités , & qu'on finiffe de la mettre d'épaiffeur en la rapprochant du fond. V ojei la Fig. 14 , qui repréfente la coupe de la boîte & de la plane , avec le couteau vu du côté du tranchant. Comme la plane pourroit s'ufer par le frottement continuel de la canne qu'on paffe deffus , on peut non-feulement la retourner fens deffus deffous, le trou étant placé au milieu de fon épaiffeur , mais encore bout pour bout , ce qui ell fort aifé , puifqu'elle eft , à cet effet , percée des deux bouts. La boîte de la plane eft arrêtée fur un banc ou petit établi , par le moyen d'une vis i , qu'on ferre en deffous de l'établi avec un écrou /. V oye^ les Fig. 10 , Ii,i2,i3,i4&i5, qui rcpréfentent la plane vue par devant , par derrière, en coupe longitudinale, en deffus, en coupe tranfverfale, & le couteau tout démonté tant en deffus qu'en coupe. Le Banc ou Etabli du Cannier , Fig. 7, eft d'environ 2 pieds de long fur 2 pieds de haut , & 8 à 51 pouces de largeur , à un des bouts duquel on perce un trou w ,pour paffer & arrêter la vis de la boîte de la plane Fig. 9 , (qui repré- fente le plan de cet Etabli , ) un peu fur le derrière & à une diftance convenable , pour que la vis , fervant à faire hauffer cette dernière , foit hors de l'Etabli dont l'angle eft arrondi , afin que la plane q , Fig. 7 , puiffe tourner au gré de l'Ou- vrier , lequel eft affis devant l'Etabli qu'il tient ferme en paffant le pied fur l'entre-toife du deffous. Enfuite pour mettre la canne d'épaiffeur , après avoir hauffé la plane à la hauteur convenable , qui eft environ un tiers de ligne fur le fond , il prend un brin de canne de la main droite , & le fait paffer entre la plane & le couteau , ( le côté du vernis , qui eft le devant de l'ouvrage , du côté de la plane , ) en appuyant avec les doigts de la main gauche fur la canne , & le plus près poffible du taillant du couteau , afin qu'en la relevant elle ne foit pas coupée par ce dernier. On répète la même opération à diverfes reprifes , jufqu'à ce que la canne foit parfaitement d'épaiffeur. On doit avoir foin , en mettant la canne d'épaiffeur, de fe garnir les deux premiers doigts de la main gauche, ou au moins un , avec un doigtier de cuir , lequel empêche les coupeaux de frotter fur ce doigt , & par conféquent de le couper. Foye^la Fig. 10, où la canne no eft repréfentée paffant fous le couteau , lequel , au point g , forme un coupeau p , qui , en fe relevant , pourroit couper les doigts de la main gauche de l'Ouvrier , s'ils n'étoient pas garnis de doigtiers, ainfi que je viens de le recommander. Après avoir mis la canne d'épaiffeur, on la met de largeur, en la faifant paffer entre des lames de couteaux , lefquelles font placées verticalement dans un morceau de boisr, Fig.J, lequel eft à l'autre bout de l'Etabli, & y eft arrêté en deffous par le moyen d'une clef. Ces lames de couteaux font difpofées à une diftance donnée pat la largeur de la canne , &. font un peu ouvertes par le haut, afin Section IV. §. IH. Manière de garnir les S iéges de Canne. 63 r afo que la canne y entre plus aifément. Voye^ la Fig. 2 , qui repréfente le plan de cet outil ; & celle 8 , qui le repréfente en élévation. Les outils dont je viens de faire la defcription , ne fervent que pour la pré- paration de la canne ; refte à décrire ceux qui fervent à fon emploi , lefquels font en très-petit nombre ; favoir : Un Poinçon, Flg. 1 5, lequel fert à déboucher & aggrandir les trous lorsqu'ils ont déjà reçu deux on trois brins de canne. La Figure 18 eft une Cheville pour arrêter les premiers brins de canne dans les trous , en attendant qu'on y fafTe pafTer les autres, & qu'on les y arrête tout-à-fait par une cheville à demeure. La Figure 17 repréfente un outil nommé Reprife , lequel fert à tirer les brins de canne au travers des mailles , lors de la dernière opération du Cannier. Les Figures 19 & 20 ne font autre chofe que des brins de canne appellés Bcnés, d'environ 3 lignes de largeur , qui fervent à élever & hûfCet les brins de canne pour faciliter le paffage d'une aiguille de même matière , laquelle fert à introduire la canne , comme je le dirai en fon lieu. §. in. De la manicre de garnir les Sièges de Canne ; & les diverfes opêradons du Cannier. Planche 22p. Lorsque les Sièges font préparés , ainfi que je viens de le dire , on les donne au Cannier, lequel , après avoir préparé canne , commence la première opéra- i-^^^^»^ tion , qu'il appelle ourdir , Ce qu'on fait de la manière fuivante : On commence par prendre le milieu de la pièce , Fig. 1 , cote A , fur le plus grand fens ; puis on arrête un brin de canne au trou du milieu , au point.^ , en y, faifant un noâud dont je donnerai la defrriprion ci-après ; enfuite on fait paflèr la canne en delTus du trou oppofé , au point laquelle , enpafTant en deflous , relTort au point c , & va rentrer à l'autre côté au point d, ce qui ne donne qu'une travée de fils , qu'on double en faifant palfer la canne du point d , cote B (*), en deflbus de la pièce , & la faifant repaffer par le premier trou a , au point e : de-là on mené le filet de e à/, ce qui fait le premier filet doublé ; puis pour doubler le fécond, on fait paflèr le filet en'defl"ous, & on le fait reflbrtir au point g ; on le mené en deflus , ainfi que tous les autres , de ^ à A ; puis on recommence l'opération de deux filets fimples , en faifant paflèr la canne de A à i , & la menant de ià /, puis en la faifant paflèr ( toujours en deflbus ) de ce point au point m , duquel on la mené au point n , ce qui finit la féconde opération fimple , qu'on double en faifant repaflèr la canne de /z à 0 , & la portant àsolp; puis en la faifant paflèr de à j , & la menant de ? à r, ce qui finit la féconde opération double : on fait la même chofe jufqu'à la fin ; puis on recommence l'autre r*)On obfetvera que j'ai fait d'abord l'opé- lettres, afin qu'on puiffe mieux '<^™n"°!''-^ tatio. des filets fimples di côté de la Figure i , fuite de cette opération , qui auroit cte trop cote i ■ & qu'cnfuite j'ai reporté cette opération embrouillée fi je ne l'avo.s pas fait double, de l'autre côté S , que j'ai coté des mêmes Menuisier , 111. Pan. II. Sea. Y y y y y y y ^3^ MENUISIER, III. Pan. Secl. IL Chap. V. ■ moitié, & la pièce eft ourdie; à l'exception que quand elle eft parfaitement Planche quarrée , comme la Flg. i , & que le dernier trou fe trouve le premier d'une nouvelle opération , comme dans cette Figure , on ne peut point doubler le dernier filet avec le même , qu'on fait alors pafTer de r à « , où on l'arrête avec une cheville jufqu'à ce qu'on garniffe : on prend un autre brin de canne qu'on noue en delTous & qu'on fait palier au point x , duquel on le mené au point j , puis on le fait paflèr en deflous au point où on l'arrête avec une cheville. Il efl à remarquer dans cette opération , que les cannes paffent non-feulement deux fois par chaque trou , mais encore qu'elles paffent différemment en delTous de l'un ou l'autre côté ; parce que par en haut , c'eft-à-dire , par où on commence , les filets paffent fimples dans tous, les intervalles , au lieu qu'ils paffent deux fois dans les intervalles du bas , dont ils laiffent un vuide entre-deux, lefquels inter- valles vuides j'ai marqués par une croix , pour faciliter l'intelligence de ce que je viens de dire à ce fujet, ce qui eft facile à concevoir, pour peu qu'on veuille faire attention aux divers mouvements de la canne , lefquels font cepen- dant plus aifés à faire qu'à expliquer. Avant de pafTer à la féconde opération du Cannier , je crois qu'il eft nécef- faire de donner la manière de nouer la canne ; ce qui eft d'autant plus naturel , qu'on ne fauroit ourdir une même pièce fans employer plufîeurs brins de canne & par conféquent fans les nouer , ce qui fe fait de la manière fuivante. Lorfqu'un brin de canne eft fini , c'eft-à-dirc , qu'il n'eft pas alTez long pour faire une longueur entière , on le fait entrer dans un trou b , Fig. 4, en deflùs à l'ordinaire , & on le pafl"e en deffous par le trou prochain ; enfuite on prend un autre brin de canne c , qu'on fait pafTer par le trou a ; puis dans l'efpace qui eft entre les deux trous & le premier hrin de. canne, on fait pafTer le bout d du fécond , qu'on reploie enfuite en defTus du premier & en deffous du fécond , c'eft-à-dire , de lui-même ; de forte qu'en tirant le bout c de ce dernier , on ferre le nœud. Voyei les Fig. 3 (& ^ , dont l'une repréfente deux brins de canne noués, vus en deffous; & l'autre ces mêmes brins pareillement noués, vus en defTus , c'eft-à-dire , du côté qui touche au bois. Ces deux Figures font cotées des mêmes lettres que la Fig. 4 , afîn de faciliter l'intelligence du difcours. Lorfqu'on noue les brins de canne , il faut faire attention fi le brin qui finie n'excède pas de beaucoup ce qui eft néceflàire pour le nouer , parce que le bout qui refte ne peut fervir à rien , à moins qu'il n'ait 8 ou 10 pouces au moins de longueur; c'eft pourquoi quand on s'apperçoit que ce qui refte a plus d'un pouce & moins de 8 ou 10 , on fera très-bien de faire le nœud à fautre bout du filet, dont le reftant pourra fervir à lier des parties plus courtes, où il pourra faire deux longueurs , ce qui épargnera la matière dont on perd toujours afl"ez. La féconde opération du Cannier s'appelle monter, & fe fait de la manière lùivante : On prend une petite tringle de canne C D , Fig. 2. , (nommée IL '.ne t Section IF. §. III. Manière de garnir les Sièges de Canne. 6, 3 rejîame , parce qu'elle refte en place jufqu a la fin de l'ouvrage ; ) on la fait palTer == entre les filets dè canne déjà ourdis , en obfervant de faire haufTer l'un & baifTer Pt^NCHS 1 autre ; enfuite on pafTe une autre liberté £ Z", en contre-fens de la première • puis des deux coins de la pièce prête à monter, on fait palFer deux brins dl canne , le premier ab, qu'on introduit dans une aiguille Q H, laquelle le fait pa/Ter entre tous les filets, félon qu'efl difpofée la liberté EF- puis on ôte cette dernière, & on fait pafTer l'autre brin de canne i , avec une autre aiguille , ou la même, ce qui eft égal , félon qu'eft difpofée la liberté reliante • enfmte on remet la féconde liberté , & on fait paflèr les brins en delTous dè 1 ouvrage; favoir, le premier défigné par des lettres , de ^ à c ; & le fécond defigne par des chiffres , de . à 3 ; puis on recommence l'opération en faifant pafler , par le moyen de l'aiguille , le premier brin de canne de c à ^, & le fécond de 3 a 4 , en obfervant d'aifurer les brins de canne avec une cheville , à chaque iois qu ils ont été paffés dans les trous de de/Tus en delTous , afin que l'ouvra^^e fe «amuenne ferme. Le refte de la monture fe fait de même , ainfi qu'on peut le Vo.rdanscetteFigure, où les lettres & les chiffres indiquent la route des brins de canne , laquelle eft facile à fuivre , d'après ce que je viens de dire. La troifieme & dernière opération du Cannier, eft la garniture, laquelle confifte a placer des filets de canne d'un tiers plus larges que les autres ( * ) diagonalement aux précédents , ce qu'on fait de la manière fuivante. On prend un filet de canne qu'on fait forcir par deux trous a,b,àu milieu de la pièce , Fig. 6; puis on les dirige diagonalement, foit parallèlement entr'eux comme ceux ^ c & ^ ^, ou en s'écartant à angle droit , comme ceux aeScbd, ouca,fg8c ch,cc qui eft égal . lefquels brins fe paffent en delFous avec la mam gauche, & fe retirent en de/Tus avec la droite , par le moyen de l'outil nommé rej^n/e , comme on peut le voir dans la F^^. 8, qui repréfente cette opération qu'on double de la même manière , ainfi que le repréfèntè la Fi^. 7 où l'ouvrage eft totalement fini. 7 » En général , lorfqu'on fait les diverfes opérations néceffaires pour garnir le. Sièges de canne , il faut avoir foin de bien tendre les brins à chaque fois qu'on les paffe , fur-tout aux derniers , qu'on doit arrêter avec de petites chevilles qu'on feroit très-bien de coller pour qu'elles ne reffortent pas, & ne laiffent par confé quent pas détendre la canne , comme il arrive fouvent, lorfque les Canniers ne niers , <,„i n^ettent. p^r ourdi /poS r„on«T S ftulTe 1^77', T''"' ' * des bnns de canne d^me trop petite lar<.eur è dëtcon & l^ ' r T''' qu'ils font pour épargner la L'tiere , & n^^^ ^a leur Soif ntX 're" de'ïà tan^d'"' 'î"' comme ils difenc , pour rendra Vnni,n„^ î,i,J • 'c'o'i- neçena re . de-la tant de gens trom- parfait , perfeccon Tnt on do t oZ,rF r ' ' "P'="''^°^ '^^ Po'i^'We de litre , lorf- inéfier, fur-tout lorfqu'eîle eft acqu ife auTdépe^s T 7 ' * f °" P^^" '« de la folidité , & qu'elle n'a d W ^ f"\''=P'="=' 5'^°^^=^ qu'environ la moitié ou les trois quarts que l'avidité d^ ga?n Se l'é^a^gnT'de il mîlere"; « ''-nés ^34 MENUISIER, III. Pan. Secl. IL Chap. VI. prennent pas cette précaution , laquelle eft très-nécelTaire , & qu'ils négligent à Planche prefque tous les doffiers , dont ils ne chevillent que les extrémités qu'ils ne peuvent pas nouer , ce qui porte un grand dommage à l'ouvrage , lequel devient lâche & fe détruit aifément. Voilà à peu-près tout ce qu'on peut dire touchant l'Art duCannier, du moins pour le général , ce que j'en ai dit étant applicable à; tous les cas , pour peu qu'on veuille y faire attention, tant pour les parties droites, qui ont fervi à faire les démonftrations des différentes opérations du Cannier, que pour les parties creufes ou rondes , auxquelles les mêmes principes font applicables. En général, les Sièges de canne font devenus fort à la mode en France, fur-tout depuis 25330 ans , & font d'un très-bon ufer , & beaucoup plus propres que ceux qui font garnis de paille ou de jonc, foit que les bâtis de ces derniers foient faits par les Menuifiers , ce qui eft très-rare à préfent , ou par les Tour- neurs , qui font prefque les feuls qui font de ces fortes de Sièges , qui ne font que pour les gens du commun, ou pour des appartements de peu de confé- quence. Les Sièges garnis de canne ont auffi l'avantage d'être beaucoup moins chers que ceux garnis d'étoffe , & moins fujets à fe tacher ; c'eft pourquoi on en préfère l'ufage dans les falles à manger, & généralement dans tous les lieux humides. CHAPITRE SIXIEME. Defcription de toutes fortes de Fauteuils ; leurs formes , proportions âC conJlruRion. L E Fauteuil dont je vais faire la defcription , eft un de ceux qu'on nomme en 'ni:^ Cabriolet, à caufe de la forme circulaire de fon plan, différente de celle des Fauteuils à la Reine , laquelle eft droite du côté du doffier , ainfi qu'on a pu le voir lorfque j'ai fait la defcription d'une Chaife à la ^dnt,page 614. & fuLv. J'aichoifi cette forme , afin que dans la defcription des Chaifes & des Fau- teuils , je ne fois pas obligé de me répéter ; ce que j'ai dit des Chaifes à la Reine pouvant s'appliquer aux Fauteuils de la première efpece ; & ce que je vais dire des Fauteuils en cabriolet, pouvant de même s'appliquer aux Chaifes de la féconde. Les Fauteuils en cabriolet font les Sièges les plus à la mode à préfent, & en même temps ceux qui demandent le plus d'attention de la part de f Ouvrier , fur-tout par rapport à la conftruaion & au débit des bois du doffier, lequel étant fur un plan circulaire & évafé , forme une partie de la furface d'un cône , ce que les Menuifiers appellent_/^iVe la hotte. Pour DefcrlptiOii de toutes fortes de Fauteuils , SCc. 63J Pour parvenir à faire de ces fortes de Fauteuils avec toute la perfe£lioii donc ; ils peuvent Être fufceptibles , il faut d'abord commencer par fe tendre compte de la forme de leur plan, qui , pour l'ordinaire, eft en S par devant , & en demi- cercle , ou , pour mieux dire , en demi-ovale par derrière , ainfi que la Fig. J & li. Fig. 8, qui repréfentent la moitié du plan Fig. J , moitié plus grand que ce dernier, afin d'en rendre les opérations plus fenfibles. Après avoir ainfî tracé ce plan Fig. 8 , ( la moitié pouvant être prife pour le tout, ) à environ i j pouces du devant du fiége , fur la ligne du milieu , ab ,Qn élevé une perpendiculaire c d,3. laquelle on donne 1 1 pouces de hauteur ; puis du point d au point e , qui eft le centre de la partie de cercle du derrière du fiége , on mené une ligne ef, qui repréfente le milieu du battant , aux deux côtés de laquelle ligne on trace la largeur du battant parallèlement à cette dernière ; de forte que quel que foit l'évafement, ou, pour parler comme les Ouvriers , le renvers du doffier , la face du battant doit toujours fe préfenter perpendiculairement au cintre du fiége, dont le contour extérieur efl: indiqué par les lignes g,g, gi&. l'intérieur ( du moins des traverfes ) par celles h, h, h. enfiiite relie à tracer fur le plan la longueur des traverfes & leur évaferaent, ce qui ne peut être qu'après s'être rendu compte de la hauteur du doflier & de la forme de fes contours , qu'il faut d'abord tracer à part fur la furface développée du doffier , ce qui fe fait de la manière fuivante : L' évaferaent du dolîîer étant déterminé , comme de a à ^ , Fig. ^ , de ces points on élevé deux perpendiculaires fur la ligne du milieu du fiége , lefquelles parallèles on prolonge indéfiniment hors de la Figure. Du point e , (qui efl: le centre de l'arc du derrière du plan ) on élevé pareillement une perpendiculaire parallèle à ces dernières , qu'wu jjujlungt, luJéCnîmonc des deux côtés ; enfiiite à une diftance quelconque, comme la Fig.^, on élevé fur cette ligne les perpen- diculaires /"/z & gd, dont la diftance eft égale à la hauteur du dclTier ; enfuite du point d, on. fait paffer une ligne oblique par le point h, qu'on prolonge jufqu'à ce qu'elle rencontre la ligne c i au point i , (lequel fe trouve hors la Planche) , duquel point comme centre , & des diftances if & ig, on décrit les arcs de cercle f mSc gn, Fig. 4; ce qui étant fait , on prend fiir le plan Fig. 5 , la diftance al, qu'on porte , Fig. 4 , de/ en o ; duquel point & du point i , on fait pafi^èr la ligne o p , qui alors efl; le milieu du battant , qu'on trace enfuite à l'ordinaire , tant pour les cintres que pour là rencontre des traverfes , foit que ce cintre foit d'une forme ordinaire comme le côté A , fur lequel je viens de faire la démonftration , ou bien qu'il foit un ovale comme le côté B , cela eft indifférent; à l'exception toutefois que le battant doit être plus large en dedans , comme je le dirai en Ibn lieu. Le cintre du doflier étant ainfi tracé fur fon développement, on trace à part, F%. 7 , le battant de doflier , ( lequel eft de la proportion du double que la E ig, 4 , afin de répondre au plan Fig. 8 , ) qu'on prolonge jufqu'à la hauteur totale Menuisier , III. Fan. II. Secl. Z z z z z z z Planche 6^6 ME NUI S 1ER, III. Pan. SeB. Il Chap. VI. ; du doffier ; enfuite on porte fur le battant la rencontre de toutes les traverfès , Planche tant du haut que du bas , à leur plus grande largeur , comme l'indiquent les points ' a ,b , c , d , defquels points on abaifTe fur la ligne i l , autant de perpendiculaires dont les diftances fur cette ligne , fe reportent fur le plan Fig. 8 ; favoir , celle i h , Fig, 7 , de I à 2 ; celle i g , de l à 3 , ce qui donne l'érafement de la traverfe du bas ; celle if, de i à 4 ; & celle i e ,de la ^ ; ce qui donne l'éva- fement de celle du haut, qu'on trace, ainfî que l'autre, par des arcs de cercles décrits du centre e , Fig. 8. Le bas de ces battants n'a rien de différent des autres , dont j'ai déjà parlé , fi ce n eft que le pied de biche eft plus évafé en dehors , afin de donner plus d'alfiette au fiége , ce que les Menuifiers nomment arcboutage , lequel doit être de a pouces au moins. J'ai dit plus haut que les Fauteuils différoient des Chaifes , en ce que les premiers ont des accotoirs deftinés à appuyer les coudes de ceux qui font affis dedans. Ces accotoirs font compofés d'un bras a , Fig. 3 , & d'une confole b , laquelle eft aflèmblée d'un bout dans la traverfe de côté du Cége , & de l'autre dans le bras , lequel s'afTemble lui-même à tenon & mortaife dans le battant , avec lequel on doit avoir foin de le faire raccorder d'une manière douce & gracieufe , ainfî que je l'ai obfervé aux Fig. i , 2 (& 3. L'affemblage des bras avec les battants , fe fait quarrément ; mais je crois que malgré f ufage , on feroic très-bien d'y faire une coupe , laquelle , en prévenanc les inconvénients des coupes quarrées dont j'ai parlé plus haut , rendroit l'ou- vrage plus folide , en ce que la coupe du deflbus foutiendroit le bras & l'em- pêcheroit de redefcendre en contre-bas. Les bras de Fauteuils Te fr^ o&r\t Cil plan , aù-i/I <^uo Ita traveriès de dofïler à l'exception qu'ils ne font évafés que du bout qui raccorde au battant , l'autre devant être perpendiculaire , ce qui lui donne une forme gauche , félon laquelle îl faut le mettre d'équerre , ce que j'ai indiqué par des lignes ponétuées mn 8c o P > ^'■g- 7- Voyez auffi les Fig. J (& 8 , où ces bras font tracés en plan , ainfî que les confoles, dont je donnerai une defcription plus étendue ci-après, en parlant des différentes fortes de bras de Fauteuils & de leurs confbles. Le Fauteuil dont je fais ici la defcription , eft difpofé pour recevoir un fiége de canne , comme on peut le voir Fig. l , qui le repréfente vu de côté ; celle Fig. 2 , qui le repréfente vu de face , le côté A tout défalTemblé & prêt à chantourner , & l'autre côté B tout chantourné & alfemblé, mais fans le fiége, qui ne s'y place que quand il eft garni de canne , parce que le tenon de la confole paffe au travers de ce dernier pour être chevillé dans la traverfe de ceinture. Voyez aufTi la Fig. 6 , qui repréfente la traverfe de derrière du Fauteuil , qui reçoit le fiége tout en vie , comme je l'ai dit plus haut ; & la Fig. 8 , où j'ai indiqué par des lignes ponduées i,i, i, le dehors du chalTis du fiége , dont la Defcrïption de toutes fortes de Fauteuils , ôCc. 6yj faillie fe termine aux deux battants, & dont l'intérieur indiqué par les lignes /, l, l, , , vient en s'élargi/Iant fur le derrière, pour laiflerdu bois plein d'après le devant Planche du battant. J'ai dit plus haut que les chaffis de Céges s'afTembloient en chapeaux pac devant; cependant je crois que pour la propreté de l'ouvrage , il feroit beaucoup mieux de les aifembier d'onglet pat devant , comme la ligne li par derrière lorfqu'ils font cintrés , comme dans cette occafion , en enfourchement , à l'en- droit de l'entaille des battants ou pieds. La hauteur des Fauteuils eft à-peu-près la même que celle des Chaifes , excepté que le fiége doit être un peu plus bas & par conféquent le doffier plus haut à proportion , fur-tout quand ils feront beaucoup évafés. Quant à leur largeur , elle doit être plus confidérable que celle des Chaifes vu qu'il faut que la perfonne qui eft alTife dedans , foit contenue commodément avec fes habits ; c'eft pourquoi on donne de largeur de fiége aux Fauteuils , depuis 22 jufqu'à 3.6 pouces , fur i8 à 20 pouces de profondeur, du moins pour les Fauteuils ordinaires , c'eft-à-dire , d'appartement ; car pour ceux qui fervent particulièrement à une feule perfonne , il faut , ainfi que je l'ai dit plus haut , confulter là-deffus fon goût & fes befoins. La grolfeur & le débit des bois des Fauteuils ordinaires , n'ont rien de diffé- rent de ceux des Chaifes , fi ce n'eft que dans le cas des cabriolets , les traverfes des dofliers doivent être refendues félon leur inclinailbn , ou , pour mieux dire , leur évafement , ce qu'on peut faire en les traçant delîus & deflous avec des calibres , dont on aura le cintre fur le plan , & en les reculant de ce qu'il eft néceffaire ; de plus , on pourra , fans aucune cfpece de perte , prendre l'une derrière l'autre la iiaverfè du liaut &. du bas, ce i^u'il eft très-facile de faire , vu qu'elles font de différents cintres , de forte que le dehors de l'une peut faire le dedans de l'autre , du moins à peu de chofe près. Voilà à peu-près le détail d'un Fauteuil , ( & par conféquent d'une Chaife à cabriolet, ) d'après lequel on pourra conftruire toutes fortes de Sièges, de telle forme qu'ils puiffent être , vu que la méthode que je viens de donner pour la conftruélion & la manière de tracer ceux-ci , eft applicable à tous , à quelques différences près ; ce qui a fait que je me fuis fort étendu fur la manière de tracer , tant le plan que l'élévation , de ces fortes de Sièges , afin d'être à la portée du plus grand nombre, lequel ne m'auroit pas fi bien entendu fi j'eufle die Amplement , comme il fembloit tout naturel , que le développement des doffiers des Sièges en cabriolet , n'ètoit qu'une partie de la furface d'un cône tronqué , dont l'inclinaifon eft donnée par celle du doffier , & prolongée jufqu'à ce qu'elle rencontre le centre du fiége repréfentant l'axe du cône, ce qui en détermine le fommet, &. par conféquent le centre de fon développement ; mais cette fimpli- cité fuppoferoit dans mes Leéleurs , ( du moins les Menuifiers ordinaires ) des connoiflânces qu'ils ne peuvent ou ne veulent pas acquérir , quoique j'en aie ^38 ME NUI S 1ER, m. Pan. SeB. Il Chap. FI. donné des principes élémentaires dans la féconde Partie de cet Ouvrage , au Planche commencement de l'Art du Trait ; c'eft pourquoi j'ai cru néceflàire , pour être à la portée de tous, de Eure toutes les démonftrations qui m'ont paru conve- nables pour épargner le temps de ceux qui n'auroient pas celui d'acquérir d'autre connoiflànce que celle de la pratique , laquelle , pour peu qu'elle foit raifonnée , eft à peu-près fufEfante dans la partie dont je traite (* ). De plus , les Menuifiers en Chaifes ne prennent pas toutes les précautions que je recommande ici , pour tracer foit le plan ou l'élévation de leurs ouvrages , qu'ils ne font que refendre le plus jufte poITible , & qu'ils affemblent fans les corroyer, pour les chantourner enfuite après avoir été affemblés, en quoi ils font fort mal ; mais enfin c'eft leur coutume , & ils ne s'en déferont pas aifé- Planche " La commodité eft ce qu'on doit le plus rechercher lorfqu'on détermine la forme des bras des Fauteuils, ou de tous autres Sièges où l'on fait ufage de ces derniers ; c'eft pourquoi avant de rien arrêter, tant pour leur forme que pour la hauteur des confoles qui les foutiennent , il faut d'abord fe rendre compte de la manière dont le Siège fera garni , de fa hauteur , de la forme de fon plan , & de la plus ou moins grande inclinaifon de fon dolfier , afin que de quelque manière qu'il foit difpofé , la perfonne qui eft afllfe dedans ait les bras commodément appuyés deflÂis les bras ou accoudoirs , dont le delfus doit être un peu creux , & baiffer fur le devant d'environ un demi-pouce , comme je l'ai obfervé aux Fig, I (& 3 , où cette inégalité de hauteur eft indiquée par des lignes ab 8ccd. La longueur des bras des Fauteuils ordinaires , doit être d'environ un pied ; c'eft pourquoi à ceux qui font cintrés en plan, il faut diminuer cette longueur de ce que le dofîicr a de ci eux, comme je l'ai obfervé à la Fig. i , laquelle repréfente un bras de Fauteuil en cabriolet , dont le plan eft repréfenté Fig. 4. La groffeur des bras de Fauteuils varie depuis un pouce jufqu'à un pouce & demi ou même deux pouces , félon qu'ils font ornés & garnis d'étoffe , ce qui fe fait de deux manières différentes ; favoir , des garnitures adhérentes aux bras, que les Tapiffiers nomment Manchettes , Fig. 3 , & celle de rapport , Fig. ^ C) Ce que j'avance ici femble être une con- tradiaion de ce que j'ai dit jufqu'à préfcnt dans toute la fuite de cet Ouvrage , où j'ai toujours recommandé la connoilTance, du moins élémen- taire, de toutes les Sciences qui peuvent con- courir à former ou à perfeftionner la théorie des Ouvriers , comme étant effentiellcment nécef- faite ; ce qui , en général , ert très-vrai pour toutes les efpeces de Menuiferies, fur-tout pour celle d'airemblagc & pour celle des Voitures , lefquelles Menuiferies étant compofées de par- ties courbes & gauches , avec bâtis & pan- neaux , ont befoin , pour être traitées avec fuccès , de toutes les reffources d'une théorie lumineufe , & fondée fur des principes auffi confiants que ceux de la Géométrie & de la Stéréotomis. Mais comme la Menuiferie dont il eft ici quellion n'a point de panneaux, n'ayant que des bâtis d'une très - médiocre largeur Se épaiffeur, on peut ne pas exiger à la rigueur, des Ouvriers qui travaillent à cette partie de la Menuiferie , les mêmes connoiOances que pour les autres parties ; quoique s'ils les acqué- roient, ils ne feroient que très-bien; une théorie raifonnée étant toujours préférable <à la pratique la plus confommée , qui n'a fouvcnt que la coutume pour guide: c'eft pourquoi malgré ce que je dis ici, je ne cefTerai jamais d'exhorter les jeunes gens de travailler à acquérir des con- noiflances, lefquelles, en joignant l'agréable à l'utile , les mettent dans le cas de perfeétion- ncr leurs ouvrages, & d'en accélérer l'exécu- tion , ce qui eft un double avantage. & 6, Defcription de toutes fortes de Fauteuils , ÔCc. 6^^ & 6, qui font nécefTaires aux fiéges à chaflls, afin de pouvoir changer la garniture des bras, ainfi que celledesfiéges & desdoffiers. Dans le premier cas, leMenuifier, Planche ou pour mieux dire , le Sculpteur réferve au milieu du bras un efpace d'environ 6 ^i^-- pouces de longueur au moins , chantourné en creux comme celui e fg , Fig. 3 , autour duquel on fait régner un membre des moulures du bras , & qu'on ravale enfuite pour que la garniture, qu'on attache delfus lailTe à cette moulure une faillie fuffifintc , & que les clous ne la débordent pas , ainfi que je l'ai expliqué en parlant de la manière de difpofer les Sièges pour recevoir les garnitures d'étoffes, page 622. Quand les garnitures des bras fe lèvent, on prépare les bras de la mêmS manière que cr-delfus , à l'exception que quand ils font ainfi préparés , on refend le dedans du bras fuivant le contour de la moulure, afin de le garnir féparément . & de pouvoir changer la garniture d'étoffe quand on le juge à propos, ce qui eit fort aifé àfaire, cette dernière n'étant que coufue en delTous. Foye^ les Fig. S,6&8.Ccz accoudoir de rapport s'arrête dans le bras par le moyen d'un goujon de fer k , Fig. j , dont le bout , qui efl taraudé , paffe au travers du bra, fous lequel il eft arrêté par le moyen d'un écrou qu'on enterre dans l'épailTeur du bras , afin qu il ne foit apparent en aucune manière ; & on met aux deux extré- mités de l'accotoir deux petites chevilles /,i,lefquelles entrent dans le bras & par conféquent empêchent l'accotoir de fe déranger ; quelquefois on fcit dans ledeffus du bras un ravalement d'environ 3 lignes de profondeur, & d'.,ne largeur convenable , .pour que l'accotoir entre dedans , avec fa garniture , le plus jufte poffible, ce qui fait très-bien, parce qu'alors on ne voit point de joint entre cette dernière & le bras, & que l'accotoir eft arrêté très-folidement, fans qu il foit néceflaire d'y mettre de petites chevilles aux deux bouts. Foyer la Fig. 8 , où j'ai obfervé ce ravalement. De telle forme que foit le plan des Fauteuils , il eft toujours néceffaire que leurs bras foient évafés & retournent en dehors par le bout, ce qui fait qu'ils ne font prefque jamais droits fur le plan , mais plutôt d'une forme creufe , comme la Fi. 4 , ( dont le plan du fiége eft indiqué par la ligne Im) , on bien en S par le bout quis affemble dans le dofller, comme la Fig. 8, qui repréfente le defllis d'un bras de Fauteuil à la Reine , dont le plan eft pareillement indiqué par la ligne n o p La hauteur des bras de Fauteuils doit être de 9 pouces au plus haut du deflùs du fiége , quand ce dernier eft garni de canne comme la Fig. r ; & quand ils font garnis d'étoffe , cette hauteur doit être de 1 1 pouces , pour regagner la hauteur, ou , pour mieux dire , l'épaiffeur de la garniture. Les confoles qui foutiennent les bras, font cintrées en S fur les deux fens , comme aux Fig. i <S- 2 ; & on doit obferver de ne jamais déterminer leur cintre de face, fans auparavant avoir tracé le plan du fiége & du bras, comme je l'ai fait ici , afin d'avoir au jufte f écart de la confole, laquelle doit être gauche fur la longueur, afin de regagner l'évaferaent du bras, lequel eft tracé fur le Menuisier , ///. Pan. SeS. II. A 8 6^0 MENUISIER, m. Pan. SeB. IL Chap. VI p\mFi<r 4- cependant les Menuifiers les chantournent d'équerre à 1 ordinaire , & laiffent aux Sculpteurs le foin de leur donner la forme qu'ils jugeât à propos, ce qu'ils font affez adroitement. Les confoles s'affemblent à tenon tant dans les bras que dans les traverfes des f éges ; & on obferve , à ceux qui font garnis de canne de faire les tenons du ba^d'une longueur fuffifante pour paffer au travers du deffus du fiege & venir s'affembler dans la traverfe de ceinture avec laquelle ils font chevilles. Voyei IcsFi,. I & où j'ai indiqué par des lignes r & . r, lepaiffeur du chaffis du Site deftiné à être garni de canne. Quand les Sièges font garnis d étoffe & que cette dernière eft attachée deffus, le bas des confoles saffemble ' toujours dans les traverfes de ceinture , & on y obferve fur la face Fj. 7 , ua ravalement d'une forme circulaire d'environ 2 pouces de hauteur en dedans , afin de recevoir la garniture qui vient s'attacher deffus , & qui retourne quelquefois par le côté d'environ un pouce de hauteur ; la profondeur de ce ravalement doit Le égale à celle des accoudoirs , c'effà-dire , qu'il faut qu'ils puiffent contenir répaiffeur de la garniture & des clous , pour que ces derniers n'excèdent pas les moulures ou les ornements du bas de la confole. Aux Fauteuils à chaffis , on ne fait point de ravalement au bas des confoles i mais on obferve feulement de laiffer liffe la place de ces derniers , ce qui eft tout naturel, puifque la faillie de la garniture de rapport cacheroit les ornements qu'on pourroit y faire. Il y a des Fauteuils nommés Bidets, auxquels le pied de devant & la conlola de l'accotoir font d'une même pièce , ce qui ne fouffre aucune difficulté , tant pour la décoration que pour la conftruûion; fi ce n'eft que les Fauteuils où l'on fait ufage de ces fortes de pieds , font moins protonds que les autres , ou bien font beaucoup cintrés en plan par devant , ce qui oblige alors à y mettre un pied au milieu pour foutenir le devant de la traverfé, ainfi qu'on le pratique aux Sièges de cabinets , dont je ferai la defcription ci-après. Fojq la Fig. 10 , qui repréfente un pied de Bidet avec une partie de fon accotoir. Je ne m'étendrai pas davantage touchant la forme des accoudoirs & de leurs confoles , vu qu'abUradion faite de leur longueur & hauteur, on peut en varier les ornements , & par conféquent la forme & la groffeur, que je n'ai donnée aux Figures ci-deffus que comme la plus ordinaire, & qui peut fervir à tous autres bras de Fauteuils de quelque forme qu'ils foient, du moins tant qu'ils ne s'écarteront pas de celle qui leur eft la plus ordinaire ; car pour ceux qui fervent aux malades, qu'on nomme ConfiJJwnnaux ou Fauteuils à joues , & les Bergères ou Chaifes longues, les accotoirs font d'une forme différente, comme on le verra ci-après. Les Fauteuils de malades , repréfentés Fig. 8 , n ont rien de particulier pour ce qui eft de leur décoration , vu qu'ils font tout-à-fait garnis d'étoffe, tant en dedans qu'en dehors ; les accotoirs de ces Fauteuils montent des deux côtés , & Defcrïpt'wn de toutes fortes de Fauteuils , dCc. 64.1 forment ce qu'on appelle des joues , fur lefquelles on peut s'appuyer la tête , de ' manière toutefois que les bras puiiTent auffi être commodément appuyés ; c'efl ^'-^-nchs pourquoi il faut avoir attention que les joues foient bien creufes à fendroit des coudes , afin de ne point gêner le malade. Le dofller de ces Fauteuils doit avoic environ 2 pieds Se demi de hauteur, pour que la têtepuiiTe s'appuyer defTus • & il eft bon de lui donner un peu plus de pente qu'aux Fauteuils ordinaires , pour que les reins de la perfonne aflife portent deflus , ce qui la foulage beaucoup. Il y a de ces Fauteuils dont le dolFier eft mobile du deflus du fiége , ce qui eft fore avantageux , parce qu'alors on leur donne la pente qu'on juge à propos , félon que f exige fétat du malade , lequel alors peut y repofer, & même y dormir à £on aife. Lorfque les doflîers font mobiles , on les ferre avec des charnières qu'on attache au fiége, & on les retient en place avec deux branches de fer, taillées en forme de cremailiée , lefquelles font attachées avec le doffier , & viennent s'accrocher à des elpeces de boutons ou clous placés aux deux côtés ; de manière que pour augmenter ou diminuer la pente du dofller , on fait avancer ou reculer les cremaiUées, ce qui efl: fort aifé à concevoir. Cette manière de faire moiivoic les doflîers des Fauteuils eft la plus ufitée ; cependant comme elle fuppofe de la force pour le faire , elle devient incommode pour des malades qui auroient peine à le faire eux-mêmes fans beaucoup fe fatiguer , ou même s'expofer à laiflêr échapper le doflîer tout-à-fait; c'eft pourquoi je crois qu'il feroit néceflàire que le mouvement de ce dofller put fe faire par le moyen d'un rouage placé dans l'épaiflèur de l'accotoir, lequel feroit très-facile à faire mouvoir, & retiendroic le doflîer à telle inclinaifon qu'on le jugeroit à propos , fans avoir befoin de beaucoup de force, de manière qu'un malade pourroïc le faire mouvoir lui- même , ce qui feroit d'un très-grand avantage. Lorfque les doflîers font mobiles , ils forment un chaflîs à part , qu'on fait entrer à feuillure dans les pieds de derrière , qui montent toujours de fond , & dans lefquels font aflemblées les joues, ainfi qu'à la Fig. 8. Foje:^ la Fig. 12 ■ où j'ai tracé à moitié de leur grandeur , le battant de doflîer A , & celui de côté B , dans lequel eft une feuillure deftinée à recevoir ce dernier avec fa garniture. Le fiége de ces Fauteuils n'a rien de diflierent des autres , fi ce n'eft que quelquefois ces Fauteuils fervent de Chaifes de commodité, comme je l'ai obfervé Fig. % & ïi; dans ce cas on y fait un deflîjs plein , dans lequel on perce un trou rond ou lunette C, de 8 à 9 pouces de diamètre , à environ 6 pouces du devant , qu'on remplit par un couvercle qui y affleure , afin qu'il ne nuife pas au couflîn qu'on met defltis le fiége du Fauteuil à l'ordinaire , & qu'on ôte lorfqu'on veut faire ufage de la Chaife percée ; on met pareillement un fond au bas de ce Fauteuil pour porter un feau de fayence qu'on retire par derrière ou par les côtés , félon qu'on le juge à propos. On a auflî la coutume de mettre des roulettes fous les pieds de ces Fauteuils, MENUISIER, III. Pan. SeS. II. Chap. VI. afin de pouvoir les mouvoir plus aifément fans fatiguer les malades , ce qui ne Planche change rien à leur conftruélion , fi ce n'eft qu'on eft obligé de les faire de 3 pouces à 2 pouces 8c demi plus bas qu'à l'ordinaire, pour que cette hauteur, qui eft celle des roulettes , n'augmente pas celle du fiége, laquelle ne doit être que d'un pied au plus ; quant à fa largeur , elle doit être d'environ 2 pieds , fur 20 à 22 ou même 24 pouces de profondeur ; la hauteur de leurs accotoirs doic toujours être de 10 à ri pouces ; la faillie de leurs joues doit être de 10 pouces au plus large en dehors , & de 5 à 7 pouces au plus étroit. La conftrLidion de ces Fauteuils n'a rien de particulier ; il fuffit qu'ils foient affemblés folidement ; & on doit éviter d'y mettre de trop gros bois, de crainte de les rendre trop lourds ; c'eft pourquoi 10 lignes d'épailfeur feront fufFifantes pour leurs bâtis , excepté les traverfcs de ceinture , qu'on pourra faire plus épaiifes, & les pieds , qui doivent avoir environ 2 pouces de gros par le bas , & qu'on évuide au-delTus de l'appui. Voyei^ les Fig. 8 (§■ i r. Les Bergères ou Chaifes longues différent des Fauteuils ordinaires , parla grandeur du fiége , qui a quelquefois 2 pieds de largeur, fur 20 à 22 pouces de profondeur, & par les accotoirs, qui non- feulement font tout-à-fait garnis d'étoffe en deffous , comme ceux dont je viens de parler , mais encore font quel- quefois cintrés en adoucilTant jufqu'environ les deux tiers de la hauteur du dolfier , ainfi que la Fig. p. Dans ce cas la moulure du doffier règne au pourtour de l'accotoir , & on obferve d'y laiffer du bois en dedans pour porter la garniture ; on prend la même attention pour le deffus de l'accotoir , qui, dans ce cas , doit être garni d'un pied de long au moins. Ces elpeces de Sièges font quelquefois très-riches , tant pour les ornements que pour les formes de leur lîége ôc de leur doffier ; cependant comme ils fervent quelquefois de Ducheffes , en y ajoutant un ou deux bouts fur la longueur , on les fait quarrés par leur plan , afin qu'ils fe raccordent plus aifément. En général , la conftruélion de ces Sièges n'a rien de particulier, ce que j'ai dit jufqu'à préfent , en parlant des Chaifes & des Fauteuils , pouvant s'appliquer à tous les Sièges. Quant à la décoration des Bergères , elle peut être plus ou moins riche, félon qu'on le jugera à propos , n'y ayant rien de fixe à ce lujet ; c'eft pourquoi je me contente de donner ici le détail de leurs formes, qui eft la feule différence fenfible qu'il y ait de ces Sièges aux Fauteuils ordinaires , dont , au fond, ils ne font guère différents que par la grandeur & le peu de hauteur de leur fiége , qui n'a quel- quefois que p à 10 pouces , & la pente de leur doffier, qu'on fait plus incliné qu'à l'ordinaire. Il y a encore des efpeces de Fauteuils nommés Bergères , qui ne différent des Fauteuils ordinaires que par la hauteur de leur doffier, qui n'a guère que 12 à 1 3 pouces au plus , & par la largeur de leur fiége , qui a quelquefois 3 o pouces de largeur. Ces fortes de Bergères ou Fauteuils , fe placent dans les Salles de compagnie , :)e Defcrîptîon de toutes fortes de Fauteuils , SCc. . 642 compagnie, & „e fervent qu'aux Dames , dont l'ajuftement exige cette forme pour n'être point trop froi/Té , & pour qu'elles foient affifes commodément. l'"^'™^ J'ai dit plus haut qu'on nommoit quelquefois Chal/es longues , les Sièges dont je viens de parler, c'eft-à-dire, les Bergères; cependant ce nom ne leur eft propre que quand leur fiége a affez de profondeur pour , qu'étant affis dedans les jambes portent tout en entier fur le fiége , lequel alors doit avoir depuis 3 pieds & demi de longueur , jufqu'à j pieds , ce qui ne change rien à leur décoration ni a leur conftrudion , fi ce n'eft que l'on eft obligé de mettre une barre à queue entre les traverfes de ceinture , pour en retenir fécart , ce qui eft très-peu de chofe , comme je le dirai ci-après. Les Chaifes longues prennent le nom de Duchefes , lorfque leur fiége paffe 5 pieds de longueur, & qu'on y fait à l'autre bout une efpece de petit dolfier de 12 à 15 pouces de hauteur. Il eft encore des Sièges dont les accotoirs différent de ceux dont je viens de . faire la defcription, en ce que la traverfe de doffier fe continue jufqu'aux acco- ~;::;;;;;;r toirs , de mamere que le doffier femble être continué tout autour du fié<re Ces fortes de Sièges fe nomment Fauteuils de Cabinet, & différent de ceux'dont je Viens de parler , non-feulement par les accotoirs , mais encore par la forme de leur plan, lequel forme un angle arrondi en faillie par devant, ce qui eft très- commode pour ceux qui font obligés d'être affis long-temps & penchés en devant, comme le font tous ceux qui écrivent , parce qu'alors les cuiffes, qui , en cette occafion fe trouvent écartées , portent également par-tout , & ne font pas bleffées extérieurement par le devant de la traverfe de ceinture , laquelle étant creufée , laiffe toute la portée du corps fi,r le devant du fiége , & par confé- quent fur l'intérieur des cuiffes, qui étant la partie la plus charnue, réfifte mieux à la fatigue , comme je l'ai déjà dit en parlant des Chaifes à la Reine. Les Fauteuils de Cabinet font de l'efpece de ceux qu'on appelle Bidas, parce que les pieds de devant & les confoles des accotoirs tiennent enfemble ce' qui eft d'autant plus naturel que le cintre de la traverfe de devant diminue' de beaucoup la profondeur du fiége à fendroit des pieds, dont la faillie doit être d'environ 6 pouces pris du devant de ces derniers. Voyei ^k- 3 . qui repré- fente le plan du Fauteuil dont je fais la defcription ; & celle 4 , qui repréfente ce même Fauteuil vu en delfus. Le cintre des traverfes du devant de ces Sièges eft d'une forme en S ; & pour plus de folidité , on les fait ordinairement de deux pièces, qu'on affemble' à tenon & à mortaife dans un pied qui eft placé au milieu du devant du Fauteuil , lequel eft néceflkire pour foutenir le devers de la traverfe du devant du fiége , foit qu'elle foit d'une pièce ou de deux , ce qui eft la meilleure manière pour éviter le bois tranché , comme je l'ai obfervé à la Fi.. 1 , qui repréfente l'élévation d'un Fauteuil de Cabinet vu de face; 8ckkFig.2, qui repréfente ce même Fauteuil vu de côté. Les Fauteuils de Cabinets n'ont ordinairement que quatre Menuisier , III, Pan. II. SecZ B 8 6a. me NUISIER,IILPan.Sea.n.Chap.VI. pieds ; favoir , les deux de côté , celui de devant & un derrière , oppofe a c= dernier , dans lequel viennent s alTembler les traverfes de ceinture & les accotoirs , lefquels forment doffier ; quelquefois on y met deux pieds pt derrière , comme aux Fauteuils ordinaires , ce qui fait très-bien , mais en même . temps devient plus difficile à faire , parce que les doflîers de ces Fauteuils ne font évafés que fur un fens , c eft-à-dire, fur le derrière , & repréfentent la moitié d uncylindre incliné, ce qui change néceffairement le plan des battants, leur don- ne du gauche, & les oblige d'être cintrés fur lahauteur, ce que je vais expliquer. Pour bien entendre cette difficulté, il faut fuppofer , comme )e lai lait ici Fi<r , , que le doffier eft égal de hauteur au pourtour ; alors il eft aifé de voir qu'e le demi-cercle . ^ . , ne peut être parallèle à celui d ef, ( qui eft le nud du Le) que fur k ligne des centres begh; d'où il fuit qu'il faut necelTaire- ment que les battants, qui ne fe trouvent pas fur cette ligne, foient gauches, a moins qu'on ne leur faife fuivre l'inclinaifon du doffier, indiquée par les lignes X X • ce qui eft irapoffible , puifqu'il faut néceffairement que les battants foieijf di'fpo'fés perpendiculairement au pourtour du fiége, & que par conféquent la direaion de leur mUieu tende à fon centre h , Fig. 3 ; de forte que la ligne . /, qui tend au centre A , ne peut être perpendiculaire à l'arc de cercle b c , dont le centre g fe trouvant plus élevé , donne , fur f épailfeur du battant , le gaucae exprimé par la ligne m L , ce qui donne en même temps le hors d'équerre m n , lorfqu'on ne gauchit pas le battant félon qu'il eft néceffaire. Pour ce qui eft de la manière de déterminer ce gauche fur la largeur du battant , elle eft très-tiifée , puifqu'après avoir déterminé la largeur du battant, il ne faut qu'élever, au plus haut point de ce dernier, une ligne perpendicu- laire 0/; , à un rayon mené de ce point au centre qui y répond , laquelle ligne n'étant point parallèle à celle q r, donne le gauche demandé. Les battants de doffier ainfi difpofés , ne peuvent être droits fur la hauteur ; mais ils creufent & forment une portion d'ellipfe très-allongée, qui fe trouve de la manière fuivante : On divife la diftance qui fe trouve entre les deux centres ^, A , en autant de parties égales qu'on le juge à propos, comme les points uècx, defquels points & d'une ouverture de compas égale à la diftance A e ou ^ ^ , on fait fur la ligne II, dont on veut avoir la courbure , les deux ferions s,t; enfuite on trace à part , Fia. 7 , une ligne perpendiculaire , dont la hauteur A B doit être égale à celle duljattant pris perpendiculairement du delTus du fiége ; puis on divife cette ligne en pareil nombre de parties égales que la diftance-^ A , Fig. 3 , aux points C,D, auxquels points on élevé autant de perpendiculaires ; ce qui étant fait , on prend, Fig. 3 , la diftance Is, qu'on porte de C à i , 7 ; celle , de D à a ; & celle /z , de fi à 3 ; & par les points ^ , l , i <& 3 , on fait paffer une ligne courbe qui eft le cintre demandé , lequel change à mefure que la ligne i L change de place. Defcripdon de toutes fortes de Fauteuils . ôCc. 6^^ Ce cintre eft très-peu de chofe , & doit même fe compter pour rieii , quand ' les doflîers font totalement garnis d'étoffe ; cependant il eft bon d'y faire ^'^^^^"^ attention , fur-tout quand ils font apparents & ornés de moulures , parce qu'alors ils feroient un très-mauvais effet s'ils n'étoient pas cintrés fur la hauteur & qu'ils ne fuffent pas dégauchis fuivant leurs différents plans, comme je viens de l'expliquer. Les accotoirs des Fauteuils de cabinet & leur doffier tiennent enfemble , comme je l'ai dit plus haut , & font compofés de deux ou de trois pièces , félon qu'il y a deux ou un feul pied au doffier. Ces accotoirs s'affemblent à l'ordi- naire dans les confoles , & à tenon & mortaife dans les battants , lefquels font alors partie du doffier ; d'où il réfulte deux inconvénients confidérables pour la propreté & pour la folidité de l'ouvrage ; parce que quand les battants font ainfi partie des traverfes de doffiers , & que ces derniers viennent à fe retirer , ce qui arrive prefque toujours , le bois de bout des battants, qui ne fe retire pas , defaffleure les traverfes, ce qui fait un très-mauvais effet, auquel on ne peut remédier qu'en retouchant fur le bois de bout , dont alors il faut arracher la peinture ou la dorure , ce qui eft fort difgracieux , fur-tout quand les meubles font de quelque conféquence. Le fécond inconvénient confifte dans le peu de folidité que peuvent avoir les affemblages de deux traverfes dans un battant de 2 pouces de large au plus , lefquels , lorfque les Sièges font totalement garnis d'étofte , tant en dedans qu'en dehors , doivent être ravalés des deux côtés de la faillie des moulures , ce qui diminue confidérablement de la largeur du tenon des traverfes ; c'eft pourquoi ' je crois que malgré l'ufage on feroit très-bien de conftruire les traverfes ( tant des Fauteuils dont je parle , que de tous autres Sièges , comme les Sofas , les Veilleufes , &c. ) d'une feule pièce , ou , pour mieux dire , de plufieurs pièces affemblées à traits de Jupiter , ce qui rendroit l'ouvrage beaucoup plus folide , fans le rendre pour cela plus fujet , du moins autant que l'Ouvrier feroit affez intelligent pour le bien faire , ce qui eft un peu rare parmi les iVIenuifiers en Chaifes. En faifant ainfi ks traverfes des Fauteuils dont je parle , l'ouvrage feroit beaucoup plus propre , & on y affembleroit les battants en chapeaux , ce qui ne fouffriroit d'autre difficulté que de gêner pour placer les joints des traits de Jupiter , qu'il faudroit éloigner des affemblages des battants , & qui obligeroit de faire les différentes pièces qui compoferoient ces traverfes, d'une longueur inégale , ce qui eft très-peu de chofe , proportion gardée avec le bien qui réfulte de la méthode que je propofe ici. Quant à la forme du cintre du doflîer du Fauteuil dont je fais ici la defcrip- tion, celle qui eft repréfentée ici, Fig. l (§ 2 , eft la plus ufitée; cependant comme ces élévations , tant de face que de côté , ne font que géométrales , elles ne font pas fuffifantes pour déterminer au jufte la forme qu'on doit donner à ces fortes de Sièges , ni à tout autre d'une forme cintrée en plan ; c'eft pourquoi lorfqu'on voudra le faire avec quelque sûreté, il faudra , ainfi que je l'ai fait ici , 6^6 MENUISIER, m. Part. Secl. IL Chap. VL Fig. 6 , tracer à part la furface développée du doflier , fur laquelle on trace le contour qu'on juge à propos de leur donner , d'après quoi on trace les élévations géométrales , comme je vais l'expliquer. J'ai donné plus haut la manière de tracer la furface développée du doffier des Fauteuils en cabriolet ; celle des Fauteuils dont il eft ici queftion , quoique d'une forme à peu-près femblable par leur plan , fe trace d'une autre inaniere , vu la forme de leur évafement , lequel n'eft ordinairement que d'un fens Se tout fur le derrière ( * ) , & fe réduit à rien fur les côtés. Pour parvenir à faire le développement de la furface intérieure d'un doffier difpofé comme celui du Fauteuil repréfenté dans cette Planche , on commence à divifer la moitié de fon plan en un nombre de parties égales , en commençant au point d , Fig. 3 , jufqu'à celui e , comme l'indiquent les points i , 2 & 3 , defquels points on abaiffe autant de perpendiculaires fur la ligne des centres ou du milieu e h ; enfuite on trace à part Fig. ^, la ligne horifontale a b , dont la longueur doit être égale à la diftance e h , Fig. 3 ; puis au point b on élevé une perpendi- culaire à la ligne a b , dont la hauteur b e doit être égale à celle du doffier prife perpendiculairement ; & par le point e , on mené une autre ligne parallèle à celle a b , dont la longueur doit être égale à la diftance hb , Fig. 3 ; ce qui étant fait , on prend fur la ligne e h , Fig. 3 , la diftance e y , qu'on porte , Fig. J , de i/à e , & de a à i ; celle e ^, de d 3.f, &. àe a&l; celle e& , de dzg. Se de a a m; 8c celle eh, de dà. h, ôc de ahb , qui eft déjà donnée ; puis par les points e i ,fl , g m &: h b, on mené des lignes inclinées parallèles entr' elles , lefquelles repréfentent en élévation celles du plan cotées^y , ^2 3c & i. Cette opération étant faite, on trace à part, Fig. 6, la ligne horifontale A B , au milieu de laquelle on élevé une ligne perpendiculaire CD, qui doit être le milieu de la furface développée ; enfuite on prend fijr le plan , Fig. 3 , la largeur d'une des divillons , comme par exemple , celle e 3 , qu'on porte fiir la Fig. 6 , de chaque côté do la ligne CD, en pareil nombre que fur le plan ; Se parles points E, F, G, H , on élevé autant de lignes perpendiculaires parallèles à celle C D ; puis après avoir tracé , Fig. 5 , du point a , une ligne a n , perpendiculaire à celle ad , on prend fur cette ligne la diftance o i , qu'on porte de H à. u, Fig. 6 ; celle p l ,de Gàt; celle g m, de Fa s; 8c celle r b , de £ à r ; puis on fait chacune des perpendiculaires de la Fig. 6 , égale à la ligne a d , Fig. J , ce qui donne le développement de la moitié de la furface demandée, du rtioins pour la partie circulaire , ( dont fautre côté fe trace de la même manière ; ) ce qui étant fait , on prend la diftance hc , Fig. ^ , qu'on porte de Lal, Fig. (5; & on fait la ligne ri, égale à celle b c , ce qui donne le (*) II n'eft pas abfolument vrai qiîc tous les Fau- teuils donc je parle n'aient pas d'évafemenc par les côtés; je n'ai donc fait choix de cette forme , qui eft celle du cylindre oblique , que pour avoir occalion de décrire toutes les formes dont les développements des furfaces des dolliers de Sièges font fufceptibles , comme les cônes droirs dont j'ai déjà parlé , les cylindres obliques, dont il eft ici queftion , & les cônes obliques , dont je parlerai çi-après, ce que je conûnnerai de dé- montrer mcchaniquement , fans faire mention du rapport que ces démonftrations ont avec la Stéréotomie, pour les raifons que j'ai données plus haut, en faifant la defcription d'un Fau- teuil en cabriolet , page 637. commencement Defcription de toutes fortes de Fauteuils , ÔCc. 6^7 commencement de la partie droite du plan, laquelle lui eft perpendiculaire, comme l'indique la ligne r X, 5. ' Planche La furface du doffier étant ainfi développée , on y trace le cintre comme on le juge à propos , en obfervant que les accoudoirs aient la longueur & la forme convenables, ainfi que je l'ai obfervé ici ; puis pour tracer ce cintre fur les élévations ,Fig.x&2, on commence par le tracer fur la Fig. j , en faifant la diftance l 1 , égale à celle u 2 ; celle l^, égale à celle t 4 ; celle m 5 , égale à celle s 6; Se celle b 7 , égale à celle r 8 ; puis par les points ^ , i , 3 , ; 7 on fait paffer une ligne qui eft la courbe demandée , qu'on reporte enfuite fur l'élévation , en portant fur cette dernière les diftances des points d,i,^,^&j, pris fur la ligne a b, Fig. ^,(8c perpendiculairement à cette ligne) fur lis lignes de l'élévation qui leur font correfpondantes , ainfi que je l'ai indiqué par des lignes ponauées provenantes des divifions du plan, ce qui eft, je crois, fort facile à concevoir, & n'a pas befoin d'une plus grande démonftration. Pour la Figure 2 , elle fe trace de même que la Figure ; ; c'eft pourquoi je n'en parlerai pas davantage. Il faut obferver que le développement de la furtace du doffier dont jo parle , eft^pnfe en dedans, comme la partie la plus apparente de tous les Sièges, & qu'il eft néceifaire que toutes les courbes foient d'équerre tendantes à 'leur centre, comme je l'ai obfervé ici, & que je l'ai indiqué par des petites lignes tendantes aux centres gSc h, Fig. 3 . U y a des Sièges dont les doffiers font d'un inégal évafement , ou même dont ~ un cote eft perpendiculaire , telles que les Veilleufes & autres , & dont les ^^'^^^^ doffiers font fufceptibles de contours , qu'on ne peut , ainfi que je l'ai déjà dit , déterminer au jufte , fans auparavant avoir iait le développement de leur furface' ce qui le fait de la manière fuivante ; * On commence d'abord par tracer le plan du fiége & fon évafement , lequel eft fuppofé venir à rien au point ^ , i ; enfuite du point B , où la partie droite du fiége vient rencontrer la partie circulaire dont on veut avoir le déve- loppement, on divife la partie circulaire du plan en autant de parties égales qu'on le juge à propos, comme les points a,b,c,d,e,f- defquels poinw Se de celui A, comme centre, on décrit autant, d'arcs de cercles qui viennent rencontrer la ligne A B aux points g, h,i,l,m, n. Cette opération étant faite, la hauteur & l'inclinaifon du doffier étant déterminées comme la ligne CB, on la prolonge en E , jufqu'à ce qu'elle rencontre la ligne horifontale L A d\ au point F, hors de la Planche ; duquel point & de ceux g, h , i , l , m 8l n , on mené autant de lignes repréfentant en élévation celles Ao ,Ap , A cj , A r , As A t 8c Au, vues en plan dans cette Figure : ces. mêmes lignes fervent 'auffi à déterminer la courbure de la furface développée , ainfi que je vais l'expliquer. ' On trace à part la partie droite du doffier GHIB, Fig. 3 , dont la hauteur GHoM IB, doit être égale à la ligne B C, Fig. l ; enfuite on prolonge en Menuisier , ///. Pan. II. Secî. C 8 ^48 MENUISIER, III. Pan. SeS. IL C kap. VI. contre-bas de la Figure , la ligne IBàiB^nE, jufqu'à ce qu'elle foit d'une Planche longueur égale à celle B F, Fig. i ; ce qui étant fait , on prend une des divi- 'H' fions du plan , Flg. i , qu'on porte , Fig. ^ , B l n: on fait un; fedion ; puis on prend pareillement fur la Flg. i , la diftance du point "f, hors la Planche, au point n , qu'on porte , Fig. 3 , de F à ; duquel point , & par celui F , on mené une ligne indéfinie au travers de la Figure ; enfuite du point n , & d'une ouverture de compas égale à une des divifions du plan, on fait une feftion en m; puis on prend , Fig. i , la diftance F m , qu'on porte , Fig. 3 , de F en m , & on tire une ligne indéfinie, & ainfi des autres divifions, que j'ai cotées, ainfi que ces dernières , des mêmes lettres que fur le plan , pour en faciliter- l'intelligence. Le deflbus de la furface développée étant ainfi tracé , on en borne la hauteur en faifant la ligne r i , Fig. 3 , égale à celle n 1 , Fig. i ; celle m 3 , égale à celle m 4 ; celle / 5 , égale à celle / 6 ; celle i 7 , égale à celle i 8 ; celle h p , égale à celle A 10 ; celle g 11, égale à celle g 12; enfin celle A L , Fig. 3 , égale à celle AL, Fig. r ; ce qui terminera le développement demandé, fur lequel on tracera le cintre qu'on jugera à propos , comme on peut le voir dans cette Figure. Pour fe convaincre de la vérité de cette démonftration , foit le triangle abc, Fig. 6 , ferabkble à celui FAB,Fig.i,( lequel repréfente 'évafemcnt d'un doffier tout d'un côté , en venant à rien de l'autre , & fur lequel j'ai tracé par des lignes ponduées, la longueur de chaque ligne fervant à faire le développe- ment d'un doffier ainfi évafé;) foit pareillement le triangle d ef, lequel repréfente la pente , ou , pour mieux dire , l'inclinaifon du doffier fur la ligne de;c<î qui eft exadement vrai , puifque les lignes ag8cdg,qai coupent les deux triangles en parties égales , font d'une même longueur , &. que l'extrémité d du fécond triangle abaiffé perpendiculairement fur fa bafe , vient rencontrer le point e , qui eft pareillement perpendiculaire au point a , qui eft le fommet du premier triangle; or, la ligne A i, qui eft la même que celle ef, a donné le point l, dont la diftance au fommet a , eft égale à la ligne de, 6c pareillement la ligne ef, qui eft auffi la même que celle hi, n donné le point m , dont la diftance ua fommet a , eft égale à la ligne d f. Il faut faire attention , lorfqu'on tracera ces cintres ainfi développés, au paral- lélifme de la bafe du développement , qu'il faudra toujours fuivre, afin que ces cintres ne creufent pas trop, ce qui arriveroit nécelTairement fi on n'y faifoir pas attention. Lorfqu il arrive que le plan d'un Siège quelconque eft d'une forme ovale , comme la Fig. 2 , on fe fert toujours de la même méthode pour avoir le déve- loppement de leur doffier ; toute la différence qu'il y a , c' eft que comme le plan eft compofé des deux arcs de cercle , ^ J9 C & C £> £ , il faut d'abord chercher le centre du plus grand arc de cercle , afin d'avoir le développement de cette partie du doffier , lequel étant d'un évafement égal dans toute l'étendue de cet Defcription de toutes fortes de Fauteuils , 3Cc. arc c3e cercle, fe trouve par la même méthode que celle que j'ai donnée en == pariant des Fauteuils à cabriolet, que j'ai indiquée par les lignes ponâuées Planche FGôc HI, lefquelles étant prolongées toutes deux , donnent le point L hors de la Planche , qui eftle centre d'où partent les divifions de la partie développée MNO P , Fig. J ; le refte du développement fe fait comme aux Fig. i é' 3 en obfervant de placer la première ligne du fécond développement en dedans du premier , d'une diftance égale à celle qui eft donnée fur le plan , c'eft-à-dire y qu'il faut que la diftance Q O foit égale à celle RS triangle PQO,Fig./, étant le même que celui CR S , lequel ne paroît plus court que parce qu'il eft vu en delîus. Il faut faire attention que toutes les lignes du développement des Figures r &2 , qui tendent aux points A^E, font exaâement droites; mais elles ne font bonnes que pour la conftrudion des Figures : c'eft pourquoi lorfqu'on aura des battants à placer dans des doffiers qui , comme ceux-ci, feront d'un évafement irregulier, il faudra toujours les difpofer perpendiculairement aux centres du plan comme je l'ai indiqué dans la Fig. 2 , où toutes les lignes pleines tendenc aux deux centres // & T, ce qui, dans la partie A B C , n. fouff.c aucune difficulté , vu qu'elle eft également évafée; mais dans celle CDE,œs battants deviennent gauches & cintrés fur leur hauteur, comme je l'ai démontré ci-delFus en parlant des Fauteuils de cabinets. Foje^ la Fig. y, où toutes les lignes tendantes aux centres font pleines , & celles de confiruftion font indiquées par* des lignes ponduées, ce qui ne fait rien pour le développement repréfenté dans cette Figure , dont on a également la hauteur par les unes comme par les autres; c'eft ce dont on pourra fe convaincre , en élevant à part une perpendiculaire a è] Fig. 4, dont la longueur fera égale à la hauteur perpendiculaire du doffier ; puis en prenant fur le plan , Fig. 2 , k diftance /w, & la portant de à c , plg. 4 • celle«o, de^à^;celle;.^,deHf; celle r 5 , de ^ à/; celle r , de'^ à ^ "• & celle c s , de ^ à A ; puis par les points c ,d, e , f , g8c h , on mené au point a autant de lignes dont la longueur donne celle des lignes pleines de la Fi<T j ■ favoir , celle ah , pour celle PO; ceUe ag, pour celle i l; celle af, pour celle m n ; celle a e , pour celle op; cdh ad, pour celle q r ; celle a c, pour celle ; Se celle a l , pour celle u x. ' De quelque forme & inclinaifon que foient les doffiers, les méthodes que je donne ici pour fervir à en faire le développement, font toujours les mêmes toutefois en les employant à propos ; c'eft pourquoi malgré toutes les démonftra' tions que j'en ai faites ici , & qui , à la rigueur , peuvent être fufiîfantes , je crois ne pouvoir trop exhorter les jeunes gens à prendre au moins quelques connoif- fances des éléments de Géométrie , fur-tout pour ce qui a rapport au développe- ment des furfaces & à la pénétration des corps, dontla connoifliince , fi elle n'eft pas abfolument nécefl-aire pour faire un Siège avec fuccès , ( comme bien des gens fe hmaginent,) eftdu moins très-utile, puifqu'en donnant de la théorie , elle <jj o MENUISIER, m. Pan. SeB. IL Chap. Vl facilite & afTure la pratique ; ceft ce que ceux qui ont quelques-unes des connoif- "^e^^ fances que je recommande ici, feperfuaderon: aifément, puifque tous les dofllers -il- -de Sièges fur un plan cintré , ne font autre chofe que des parties de cÔnes droits renverfés, ou de cylindres obliques , ou de cônes obliques renverfés, & quel- quefois un compofé des uns & des autres. , Comme ce que je viens de dire touchant les Chaifes & les Fauteuils regarde Planche plus leur conUrudion que leur décoration , on pourra avoir recours à la Planche 235, laquelle en repréfente plufieu rs , tant en plan qu'en élévation , des plus a la mode, & dont la décoration pourra donner des idées pour en conftruire d'autres de telle richeffe qu'on le jugera à propos ; des exemples de cette forte étant plus utiles que des préceptes , qui ne pourroient être qu'incertains, fur- tout dans des ouvrages qui, comme ceux-ci , font fujets à la mode, ceft-a- dire, à changer tous les jours , du moins pour la décoration. Section Première. Defcrlpnon de tous les grands Sièges, commeles Canapés, Sofis , Ottomanes, êc ; de leurs différentes formes , proportions & confiruBLon. J'a I dit plus haut , en parlant des Fauteuils , que lorfque leur fiége étoit d'une ■ forme plus allongée qu'à l'ordinaire, ils changeoient de nom, 8c qu'on les nommoit. Bergères, Chaifes longues, & quelquefois Duchefes; lorfque les fiéges de ces mêmes Fauteuils font plus larges du double au moms que de coutume, on les nomme alors Canapés , Sofas , &c, lefquels ne font autre chofe que des efpeces de Fauteuils , donc la largeur ell de 5 , 7 , & même 12 pieds ; de forte que leur conftruélion , à quelques changements près , eft la même' que celle de ces derniers , ainfi qu'on le verra ci-après. Les Canapés font les plus anciens des Sièges dont la largeur eft capable de contenir plufieurs perfonnes , & d'après lefquels on en a inventé beaucoup ' d'autres , qui , quoique d'une différente forme , font toujours femblables à ceux- ci , foit'pour la conftruaion , foit pour l'ufage, puifque ces fortes de Sièges peuvent également fervir de Lits de repos. Le Canapé repréfenté dans cette Planche, Fig. l (& a, a y pieds de largeur, qui eft la plus ordinaire , fur un pied de hauteur de fiège , & a pieds de profon- deur au plus , & environ 18 pouces de hauteur de doffier, ainfi qu'aux Fauteuils ordinaires ; les bras ou accoudoirs font aufli de la hauteur & de la forme ordi- naires. La conftruaion de ces fortes de Sièges n'a rien de particulier, fi ce n'eft nue quoiqu'ils aient plufieurs pieds fur leur largeur , il eft bon que leurs traverfes de ceinture foient d'une feule pièce, afin qu'elles foient plus folides , ce qui ne fouffre aucune difficulté pour celles de devant , lefquelles reçoivent les pieds du milieu , qui y font allemblés à tenon , & dont le furplus de f èpailfeur , foie Section I. Defcripdon de tous les grands Sièges , ôCc. 6^x. foit en devant ou par derrière, paffe en eni-ourchement deffùs, comme je ' -* ^ , l'ai obfervé à la Fig. 3 , qui repréfente le plan du Canapé dont je fais la Planche defcription. ^■5'^' Pour les traverfes de derrière , lorfqu'on veut les faire d'une feule pièce fuc la longueur , il faut, lorfque la petite traverfe de doflîer fera ifolée comme dans la Fig. 4, affembler cette dernière à tenons dans les pieds des bouts & de milieu , & faire paffer en enfourchement la faillie de leurs moulures par - defTus les battants jufqu'à la moitié de leur largeur , lorfque , comme dans le cas dont il eft ici queftion , le doflîer du Canapé fera un feul cadre ; fi au contraire il , | formoit plufieurs cadres, on les alfembleroit comme dans les Sièges ordinaires; [' ■ ce qui ne fouiFriroit aucune difficulté. Quant à la traverfe de ceinture , il faut li i lorfqu'on peut la faire allez épaifle , faire palTer le battant tout au travers de fon • ' épailTeur , comme de azb, Fig. 4 , & y faire un aiTemblage c d fur le devant ; lIl ou bien fi cette traverfe étoit mince, & qu'on voulût la placer fur le derrière ,■ : I; on pourroit la faire entrer en enfourchement dans le pied , au nud du derrière i ij de la petite traverfe de doffier , en oblcrvant d'entailler la grande traverfe de la ||p largeur du battant , félon que l'exigera fon épailTeur ; fi au contraire il arrivoic 1 !, qu'on voulût ou qu'il fallût , pour quelque raifon , placer cette traverfe fur ; 1 le devant du pied , on la feroit entrer en enfourchement dans ce dernier ^ 'I; au nud de fon ravalement, c'eft-à-dire , au point b , & on l'affembleroit à tenon i-j & mortaife à l'ordinaire , comme il eft indiqué par les points c ,d. Dans ce que je viens de dire touchant les traverfes de derrière de ceinture Se de dolTier , j'ai llippofé que cette dernière étoit ilblée , comme dans les Sièges ' |; ' ordinaires ; cependant il eft mieux de faire ces deux traverfes d'une feule pièce ' , ' 'j jj ' comme dans la Figure 6, foit qu'elles foient ornées de moulures ou non, parce ' qu'alors l'ouvrage eft plus folide & moins difficile à aifembler , vu qu'on peut faire paffer le montant en enta.ille du nud du ravalement indiqué par la ligne ef, & y faire un affemblage g h, fut le devant du pied. Les Canapés font ordinairement droits fur le derrière , & cintrés fur le devant & fur les côtés , à peu-près dans la forme repréfentèe dans la Fig. 3 , où j'ai difpofè les pieds perpendiculairement aux faces des différents cintres , ce qui eft abfolument néceffaire ; comme auffi de faire tendre les équerres de ces pieds aux centres de ces cintres , ce que j'ai obfervé aux pieds du milieu & à celui d'angle coté B , ce que les Menuifiers en Meubles n'obfervent pas aux pieds d'angles , qu'ils difpofent quarrément à l'ordinaire , comme celui coté A , ce qui ne fouffre pas grande difficulté , quand le cintre d'angle n'eft pas confidérable ; mais quand il l'eft, comme dans le cas dont il eft ici queftion , il faut abfolu- ment qu'ils foient difpofés comme celui coté B. Le milieu du fiège des Canapés doit être rempli par des barres afTemblées ; foit à queue , ou à tenon & mortaife , ce qui eft égal ; pour ce qui eft des traverfes du haut des doffiers , quoique les Menuifiers en Meubles foient dans MIenuisier , m. Pan. Sccl. IL D 8 (^5^ MENUISIER, 111 Part. Secl. II. Chap. VI. ; l'ufage de les faire de plufieurs pièces aflemblées à tenon & mortaife dans les Planche bouts des battants de milieu, ce qui, comme je l'ai déjà dit, en parlant des Fauteuils de cabinet, eft fujet à bien des difficultés ; je crois qu'il eft abfolument néceflâire, non-feulement aux Canapés, mais encore à toute autre efpece de Sièges dont la largeur eft confidérable , de faire toutes les traverfes du haut d'une feule pièce , ou du moins , s'il n'eft pas polTible , de plufieurs pièces afîèmblées à traits de Jupiter, qu'on aura foin de placer loin de l'alfemblage des pieds , qui alors s'aflembleront en chapeau dans ces traverfes. Quoique j'aie borné la longueur des Canapés à ^ pieds , ce n'eft que parce que cette longueur eft la plus ordinaire ; mais fouvent leur longueur eft bornée par la place qu'ils doivent occuper , comme le renfoncement d'une niche , la largeur d'un trumeau de croifée , celle d'un tableau , d'une glace , ou toute autre chofe qui puifîe & même doive déterminer non-feulement la longueur , mais même la hauteur & la forme générale de ces fortes de Sièges , dont la décora- tion doit être analogue à celle de la pièce dans laquelle ils font placés. Il y a des occafions où on arrondit les angles des Canapés , comme l'indique la ligne ^ A d, Fig. 3 ; dans ce cas on y fait une féparation ou joue à la rencontre du premier pied , comme celle h c de, dont la forme chantournée eft à peu-près femblable à celle des Fauteuils en confeffionnaux ; & pour rendre ces Sièges plus commodes , on en arrondit les angles des deux côtés , comme de a h ^ & de e \f: les Canapés ainfi difpofés , fe nomment Canapés a joues. Les Sofas font des Sièges qui ne différent des Canapés , qu'en ce que leurs accotoirs font pleins , à peu-près difpofés comme ceux des Bergères & des Duchefîès , & en ce qu'ils ont un peu moins de hauteur de fiége ; de forte que ce ne font , à proprement parler , que des efpeces de Lits de repos , dont , à ca qu'on dit , l'ufage vient de Turquie ou de Perfe , comme leur nom femble l'indiquer. A ces différences près , ils ne différent en rien des Sièges dont je viens de parler, c'eft-à-dire , des Canapés, auxquels ils font abfolument fem- blables , fur-tout pour ce qui regarde la conftruèlion. Les Sofas étoient ordinairement d'une forme droite par le derrière de leur plan ; peu à peu on s'eft avifé de les faire cintrés pour fuivre le plan des niches ou des appartements dans lefquels ils étoient placés , ce qui étoit affez naturel ; enfuite on a varié ce cintre de différentes manières , ainfi que celui des doUîers ce qui a donné lieu au changement de nom de ces Sièges ou Lits de repos, qui alors furent appellés Ottomanes , Veilleufes , Veilleufes a la Turque , Pafofes , Turquoifes , Gondoles , &c. noms bilàrres pour la plupart , & qui n'onc d'autre étymologie que le caprice ou la cupidité des Ouvriers & des Marchands En général , de quelque forme que foit le plan des Sièges , ou , pour mieux dire, des Lits de repos dont je viens de parler , il faut avoir foin , lor/qu'on en détermine la forme , d'éviter les bois tranchés le plus qu'il eft pofTible , & par conféquenr de placer les pieds de manière qu'ils foient afî'ez près les uns des Section I Dcfcrîptlon de tous les grands Sièges , SCc 6<, au.es, pou. que la coupure des .averfes ne foi: p. „op confidérable , ^ ll o„fecjue,u ne fo. pas trop en porte-à-fanx ; ceft pourquoi lorfque les traverfe de ces S.eges feron: beaucoup cintrées, foit er, creux foit en bouge, il eft bon de placer un ped au milieu du cintre, con..e je lai obfervé à la , cote A , & de ne ,ama>s s écarter de cette règle , à moins que ce cintre neft éduisîc a peu de chofe , ou qu il , e^. un autre pied placé près du .nUieu , co,.me cette F,gure, cote B. Quant à la conftruaion de ces Sièges, ci toujol. n^eme chofe que pour ceux dont fai parlé ci-delTus; c4 ourquoi e 'en parlera, pas davantage „e contentant de donner dans la Planche fuivante un exemple de ceux qur font les plus à la mode à l'heure préfente, & qT e ,e feront peut-être plus lorfque cet Ouvrage fera imprimé ^ L^ F.gure I de cette Planche, repréfente l'élévation d une Ottomane dont Ia mo,,e eft fime, & l'autre feulement difi^ofée à être fculptée. Ce ' L. de repos eft cmtré fur fon plan d une forme ovale allongée , & fon doffi dont le pomt le plus élevé fe trouve au milieu , vient , en dimin ant de h! 1. fe jomdre avec les accotoirs ; de forte que la traverfe de doffier A 7 ' font dune feule pièce, ou du moins'femblent lÏe c ^ , ^-.f 7 également à s'alTeoir comme à fe coucher, foit d'un bout S de l'ai ' " La Frgure . repréfente une efpece de Lit de repos , dont l'ufage eft de contenrr uneperfonneàdemi-couchée, c eft-h-dire , les jamLes & le! eu Lt pl t , & la part,e fuperreure du corps foutenue par des carreaux ou oreUlers 1 kfquels on s appu.; de forte qu'on peut y être alTez commodément pour y 1^ & être place devant le feu , ou par-tout ailleurs , ces fortes de Sièges étan f " pourfetranfporterdunlieuà l'autre, comme on le juge à propos^ en q 1 différent de ceux dont ,e viens de parler, lefquels reftent toujours en ni Les doffiers des Veilleufes font , ainfi qu'ol peut le voir d^s c j^^^^^^ plus élevés d un bout que de l'autre; c'eft pourquoi on en fait ordinaire'm ^ deux a la fors , un a droite 8c l'autre à gauche , afin de pouvoir contenir de x perfonnes placées v.s-à-vis l'une de l'autre , ou bien q Xn pui/fe IZ^Tl pofiaon , fe plaçant alternativement à gauche ou à droite ^ Il y a des Veilleufes qu'on nomme Veilleufes à la Turgue lefauell« r cmtreségalementdesdeuxbouts;defortequ';,peutindiLm^^^^^^^^ d un bout ou de l autre Vovpy P:„ ^ ■ t , le placer leufe ainfi difpofée. ' ' ^ ' ' "P"'^"" "^"'"^ Veii- Lepkn des Veilleufes eft quelquefois d'une forme droite, arrondie par les bouts & ph. étroite d'environ 6 pouces , du bout où le doffier eft moi L n^aisplus ordinairement d'une forme creufe fur le plan. Se pareiUemen ondie par les bouts , ce qui eft plus ràifonnable , cette forme étant pl an logue a la pofture d'une perfonne à demi-couchée ^ LaF,g„,e 4 repréfente une autre efpece de Lit de repos, qu'on nomme Prfofe, S. ;e ne fais trop pourquoi; l'idée qui femble attaché à ce nô„r ne Planche er. 2^7. 6<^ MENUISIER, m. Part. Secl. IL Chap. f L convenant nullemenc à un meuble de ceue efpece, & ne pouvan. pas f.re be u o p a'honneur à ceux qui l ont inventé , ou qui fe piquenc d en f.re ufag^ Teftefce neft autre chofe qu'une efpece de Sofa ttès- orne , dont les bou s fe terminent à peu-près comme ceux des Ottomanes dont , a> parle cr-deflus t luefois les accotoirs des Sréges ou Lits de repos dont ,e parle , viennent a Tn I devant , comme l'indique la ligne A B ; dans ce cas on les nomm Z^^, pour des raifons que fignore auffi bien que ceux qur les ont 'TnÎnéral , les Sièges dont je viens de faire la defcription, font ordinaire- Jn^ trè" riches , tant pour la forme des contours que pour les ornements de fe t r l'on ; introduit , defquels on ne peut guère déterminer la forme n. vu la diveraté des occaHons , & la plus ou moins grande depen au'on peut y faire. Au refte il faut, dans quelque cas que ce puiffe etr. . laue : foL' que'la richeffe de ces meubles foit analogue à celle de 1 appartement dans quel ils font placés, & dont ils doivent faire partie de a decorauon fetouX Sofas , les Ottomanes , & autres dont le doffier doit être borne tant ^r^Lurie pour les contours,parla.aut^r^.r^ Se Menuiferie, ou des glace, qu. font placées au - dflus , avec defquelles ils doivent être d'accord. Il faut auffi que la fculpture fort d fpofee emanierequ'ellenefalfeaucuntortàlafoliditédel'ouvrage, auement la Menuiferie foit fùte en raifon de cette dernière. C eR pouiquo rC les Sièges , & en général toutes fortes de Meubles , feront d une rrchefle 1:51 flrmf hors de l'ordmaire , on fera très-bien non-feulement de fa.re des :l:aela,randeurdel'exécution,maisencoredefairede.^^^^^^^^^^^^ fin mieux iuser de la forme des contours eu général , & d. toutes les paities tiaU ^^l el bon demodéler, du moins en partie, afin de détermmer au Îfte la grolTeur des bois , la place des alfemblages & des jornts , qu on dort evrter 'de placer dans des maifes d'ornements , fur-tout celles qui étant rfolees , devren- drient moins folldes , fi elles étoient coupées par les joints ; c eft pourquoi non- feulement le Menuifier & le Sculpteur ne doivent jamais rien faire de ce qur eft de leur Art , fans être parfaitement d'accord enfemble , mais encore rl faut que le Delfmateur , qui compofe les deffins de ces fortes d'ouvrages prenne toutes les connoitfances nécelTaires pour ne rien faire qui ne foit d une fchde exécution. Voilà en général tout ce qu'il eft poffible de dire touchant la forme & la conftruaion des Sièges d'ufage , ayant épuifé tout ce qu'on peut favoir a ce fujet , fi ce n eftlamaniere de faire les courbes gauches & rampantes qu on y emploie ; ta s comme cette partie a été fufEfamment traitée dans l'Art du Trait féconde ^ ie de cet Ouvrage , je ne faurois le faire ici fans tomber dans des répétitions inutiles , fur-tout pour ceux qui ont déjà cette Partie. Cependant comme i fe plroifaireque ceux qui, commelesMenuifiers en Meubles , n ont a folu- Le befoin que de celle-ci , n'eulfent pas ou ne voululfent pas acheter a Section I. Defcr'iption de tous les grands Sièges , ôCc. 6^^ féconde Partie de mou Ouvrage , dans laquelle il eft traité à fond de l'Art du - Trait , je vais en donner quelques notions les plus indifpeafables touchant la conftrudion de ces courbes , fans aucune démonftration , & toutes confidérées comme axiomes , renvoyant à mon Art du Trait , ceux qui voudront prendre une connoilîânce plus étendue de cette fcience. Les courbes qui forment les doffiers des Sièges dont je viens de parler , font: non-feulement cintrées en plan & en élévation , mais encore elles font évafées , foie régulièrement , comme celles des Fauteuils en cabriolet , foit irrégulièrement , comme celles des Fauteuils de cabinet , des Ottomanes , &c ; dans ces deux cas, il eft néceffaire de tracer le calibre ralongé de ces courbes , mais encore d'en déterminer au jufte l'évafement à tous les points de leur élévation, ce qui devient aiTez compliqué, fur-tout pour ceux qui n'ont pas beaucoup de connoiffance de l'Art du Trait , en faveur defquels je vais donner la méthode la plus facile , pour parvenir méchaniquement à l'exécution de ces fortes de courbes. Quand les courbes font d'un évafement régulier, on commence par en tracer — — — — le plan , Fig. J , & l'élévation développée , Fig. i , félon la méthode que j'ai Planche donnée ci-de(rus , page 63 5 ; on trace au-delTus du plan , & parallèlement à ià ^ ^ ^' bafe , le parallélogramme AB C D , Fig. 4 , dont la hauteur eft égale à celle de la courbe développée prife perpendiculairement , & la longueur eft bornée par l'extrémité du plan fùpérieur de la courbe EFGH, Fig. j, dont le plan inférieur ILMN, eft de même tracé en deflbus ; puis à la rencontre des équerres tendantes . au centre commun des deux courbes avec les arcs de cercles de ces mêmes courbes , on élevé autant de perpendiculaires au parallélogramme ABCD , Fig. 4 , afin d'avoir la pente des équerres tant du dedans que du dehors de la courbe & félon fon évafement , comme on peut le voir dans cette Figure , oà la ligne B S, Fig. 4 , qui eft le derrière de l'équerre de la courbe , & qui par conféquent repréfente celle F L , Fig. y , eft donnée par les perpendiculaires F B &. L S; & celle T U , qui eft le devant de l'équerre , & qui repréfente la ligne £ / , eft pareillement donnée par les perpendiculaires ET 8c I U : on fait la même opération pour avoir les autres équerres VX &.Y Z , lefquelles repré- fentent celles O (> & P , & qui par conféquent font données par les perpen- diculaires O F&. QXySc celles P Y ÔC R Z , ainfi des autres. Cette opération étant faite , on trace à part , Fig. 1 , une ligne a b , dont la longueur eft égale à celle A B , Fig. 4 ; puis au bout de cette ligne on abaiffc une ligne perpendiculaire ac, dont la longueur eft égale à la diftance I£ , Fig. 5 , qui eft l'évafement de la courbe ; puis par les points c &. b , Fig. 1 , on fait paifer une ligne dont la longueur fe trouve égale à une des lignes tracées fur la furface développée , Fig. l , & fur laquelle ligne on trace toutes les équerres de la courbe prife à fes différentes hauteurs , c'eft-à-dire , à fa rencontre avec les lignes qui divifent fa furface développée ; ce qui fe fait en prenant pour le deifus de la courbe , la diftance F A'', Fig. i , & la portant ds bl c , Fig. ï ; Menuisier , III. Parc. II. Sccl, E § 238. 6^6 ME NUI S 1ER, III. Pan. SeE. Il Chap. VI. celle' £ M, àsbld; celle DL,àtb\c\ celle CI,àeb'kf; celle B H, de Planche bs. g; 8c celle AG , Ae. hzh: on aura de même le deflous de la courbe , en prenant la diftance F T, Fig. l , & la portant àftblxp, Fig. 2 ; celle E S , bà q; celle DR, à&blr; celle CQ,àsb\s; celle B F ,àt bit; & celle AO , de ^ à K ; puis après avoir mené une ligne parallèle à celle c b, &. diftante de cette dernière de lepaifleur de la courbe , des points cp , dq, e r,fs,gc 6c hu, on abaifle autant de perpendiculaires à la ligne c b , lefquelles fervent à conftruire autant de parallélogrammes ou coupes , qu'il y a de lignes de divifions fur le plan , Fig. J , & fur la furface développée , Ylg. i , lefquels parallélo- grammes fervent à tracer le contour & les équerres de la courbe fur la Figure 4 , ce qui fe fait de la manière fuivante. De chaque angle des parallélogrammes , on élevé autant de lignes perpendi- culaires à la ligne a b , Fig. 2 , dont la diftance du point b étant reportée fur les lignes d'équerre de la Fig.^, auxquelles ces parallélogrammes correfpondent, donne le contour de la courbe demandée , comme on peut le voir dans cette Figure, où tous les points donnés par les angles des parallélogrammes fur la ligne a b , font reportés à égale diftance fur celle C D , Fig. 4 , de laquelle ils font menés horifontalement jufqu'aux lignes d'équerre qui leur font correfpon- dantes. Cette démonftration , quoique compliquée , eft cependant très - aifée à concevoir , pour peu qu'on veuille faire attention à la Fig. 4 , laquelle eft cotée des mêmes lettres que les Fig. 1 & 2 , tant pour le contour de la courbe , que pour la diftance des points donnés fur la ligne C D , Fig. 4- ( * ) Le contour géométral de la courbe étant ainfî tracé , on fait paifer par fes extrémités fupérieures & inférieures , des lignes parallèles entr'elles , ainfi que celles DE Se E G, Fig. 4 , ce qui donne le parallélogramme oblique E D E G , lequel repréfente la pièce de bols , dans laquelle la courbe peut être prife ; refte enfuite à tracer, Fig. 3 , les calibres ralongés de cette courbe , tant en delfus qu'en de/Tous, & félon fon obliquité , ce qui fe fait de la manière fuivante : On trace d'abord fur le plan géométral , Fig. J , le contour que donne l'obliquité du parallélogramme F D EG , Fig. 4 , en faifant fur la Fig. 2 , l'opération inverfe de celle qu'on a faite pour avoir le contour géométral de la courbe , c'eft-à-dire , qu'il faut prendre la diftance df , Fig. 4 , & la porter ^e ^ à 2 , Fig. 2 ; & celle c A , de 3 à 3 ; puis des points 2 & 3 , on abaiffe deux perpendiculaires fur la ligne a b ; enfuite on prend la longueur de ces lignes , qu'on porte fur les divifions du plan qui leur font correfpondantes , ce qui donne le premier point d'évafement géométral du plan , tant en deflous qu'en (*) La démonrtration que je viens de faire , ferc également pour le derrière de la courbe & pour le devant; & fi je n'ai point tracé fur la Figure 2 , des lignes provenantes des angles extérieurs de chaque parallélogramme , ce n'a été cjuc pour ne point trop embarralTcr la Fi- gure , qui n'ell déjà que trop compliquée ; de plus , les lignes ponftuées de la Fig. 4 , qui don- nent le hors d'équerre de la courbe , font aifé- ment voir que la méthode efl égale pour le derrière comme pour le devant de cetts der- çiexe. Section I. Defcription de tous les grands Sièges , ôCc. delTus. V oyei la Fig. y , où la diftance N / , efl égale à celle 2,6, Fig. 1 ; & celle N h, eft égale à celle 3 , 7 : on fait la même opération pour la divifion Pl fuivante ; c'eft-à-dire, qu'après avoir fait la diftance4 ^, Pi-g- 2 , égale à celle he,Fig.:^,&. celle y b , égale à celle a g, on prend la diftance 4,8, Fig. 2 , qu'on porte de 5 à i , Fig. y ; & celle , <j , de 5 , ainfi des autres divifions , ce qui, je crois, n'a pas befoin d'autre démonftration ; enfuite par les points m, n,o,p,q, g 8c II, on fait pafler une courbe qui eft le plan géométral du bas de la pièce , Fig. 4 , fuivant fon inclinaifon F G ; on fait pareillement palTer une autre courbe par les points /", i , î, a , x , i & /, qui eft le plan fupérieur de cette même pièce , lesquels plans différent de ceux indiqués par des teiates , à caufe de l'évafement de la courbe, laquelle change de plan à mefura qu'elle s'élève. Après avoir ainfi tracé le devant de la courbe inclinée, on en augmente l'épaif- feur félon les divifions du plan ; enfuite de chaque point de rencontre de ces lignes avec le plan des courbes inclinées , Fig. y , on élevé autant de perpen- diculaires qu'on fait paffer au travers du plan , Fig. y , & du parallélogramme oblique F D EG , Fig. 4 ; puis après avoir conftruit fur la ligne D F, Fig. 4 , le parallélogramme ou quarré long D HIE, Fig. ^ , dont la longueur eft égale à celle de la ligne oblique DE,Fig.^,(^ donnée par celle X Y àn plan , Fig. y , & fa largeur égale à celle T U, même Figure : ) on fait retourner ces lignes perpendiculairement à ce dernier parallélogramme , Vig. 3 , fur lequel on trace les calibres ou cintres ralongés de la courbe , en prenant fur le plan , Fig. y, les diftances qui fe trouvent entre la ligne X Y Se chaque point des courbes inclinées , & les portant fur les lignes de la Figure 3 , qui leur font correfpon- dantes ; c'eft-à-dire , qu'il faut faire la diftance a b , Fig. 3 , égale à celle / « Fig. 5 ; celle c d , égaie à celle 2 71 ; celle e f, égale à celle 3 o ; cdïegk , égale à celle ; celle il, égale à celle 4 ^; celle m n; égale à celle ^ g; &: celle op , égale à celle 6 h ; puis par les points b , d,f, h,l,n&c. p, on fait palier une courbe qui eft la même que celle du plan m , n , o , p , q , g &. h. On fût la iTiême opération pour la courbe du deflus , c'eft-à-dire, qu'on fait la diftance q r , Pig- 3 > 'égale à celle ir,Fig.y, celle s t, égale à celle p s ; celle H u , égale à celle 10 t; celle g x , égale à celle Tu ; celle j :j , égale à Celle 11 x; celle e & , égale à celle 12 & celle /x , égale à celle 13 / ; & par ces mêmes points on fait pafler une féconde courbe , qui eft le calibre ralongé du delTus de la pièce repréfentée Fig. 4 , comme la première courbe , Fig. 3 , en eft le calibre ralongé du deffous. Après avoir ainfi tracé les deux calibres ralongés de la courbe, on en aug- mente l'épaiflèur , ainfi que je l'ai enfcigné fur le plan , & toujours fur des lignes tendantes au centre de la courbe , lefquelles lignes fe tracent fur la Fig. 3 , par le moyen des opérations faites pour avoir le contour du calibre ralongé , ainfi qu'on peut le voir dans cette Figure. Planche 238. Planche 23p. 658 ME NUIS lE R,nL Part. Secl. II. Chap. FI. : Ces équerres pourroient encore fe tracer en les continuant fur le plan tant en dedans qu'en dehors , jufqu'aux lignes formant le parallélogramme dans lequel il peut être renfermé, (c'eft-à-dire, qui pafTe par fes extrémités, & qui, par conféquent, feroit égal en largeur à celui D H I E , Fig. ^ ,) Se en relevant de la rencontre de ces lignes d'équerre avec celles du parallélogramme , d'autres lignes perpendiculaires , lefquelles , après avoir paffé au travers de l'élévation, Flg.^, fe retourneroient perpendiculairement fur la Fig. 3 , & y donneroient , aux deux extrémités de fa largeur, autant de points d'où ces équerres pren- droient naiflànce, ce qui, je crois , eft fort aifé à comprendre après ce que je viens de dire , en donnant la manière de tracer les calibres ralongés de la courbe dont je parle. Ce que je viens de dire ne regarde que la théorie de ces fortes de courbes ; quant à la pratique , c'eft-à-dire , à leur conftrudion , elle eft fort aifée , pourvu qu'on les ait tracées bien juftes ; parce qu'après les avoir drelTées & mifes de la largeur convenable , on les trace en delTus & en deffous , & on les creufe d'abord en dedans , puis en dehors , en obfervant de toujours conferver les lignes d'équerre ; puis on cintre la courbe fur l'élévation , & on la met d'équerre fur ces mêmes lignes , félon la méthode que j'ai donnée F ig. 4. ^ La courbe dont je viens de parler n'eft évafée que fur un fens , c'eft-à-dire ^ régulièrement : quand elles fe trouvent d'un évafement inégal , comme dans cette Planche , elles font un peu plus compliquées , quoiqu'elles fe conftruifenc toujours par la même méthode que la précédente , ainfi qu'on peut le voir dans les Fig. 1 , 2 , 3 , 4 'S' î , lefquelles , d'après ce que je viens de dire en parlant de la courbe repréfentée dans la Planche précédente , n'ont befoin d'aucune démonftration , vu que le développement de la courbe , Fig. i , & fon plan , fi<r. j , fe tracent de la même manière que ceux des Fig. 2 5 , P/. 234 , fui l'explication defquelles je crois avoir dit tout ce qui eft nécelfaire pour donner toute la théorie dont le cas dont je parle peut être fufceptible. Toute la difficulté des courbes inégalement évafées , ne confifte qu'en ce qu'elles changent d'équerre à mefure qu'elles changent de plan , ce qu'on peutaifément voir dans la Fig. 6 , où la ligne E F , élevée perpendiculairement à celle AB,(qm e& celle des centres ,) donne tous les différents centres des équerres de la courbe, ce que je vais expliquer en parlant de la manière de tracer fur le plan , Fig. y , les courbes du parallélogramme oblique , ce qui fe fait des deux manières fuivantes : Après avoir tracé la Figure 2, & fait lesdiftances des lignes a, b, c,d,e,f, égales à la longueur des lignes de divifion du plan , tendantes au point A,Fig. ^ , ce qui étoit néceffaire pour parvenir à tracer félévation de la courbe , & le paral- lélogramme dans lequel elle peut être comprife , on prend la hauteur de ce paral- lélogramme à la rencontre des lignes de divifion , tant en deflûs qu'en deiTous , qu'on porte fur la ligne a , g , Fig. a.; chaque point on élevé une ligne perpendiculaire , Section I. Defcrlption de tbus les grands Sièges , SCc. dont la longueur donne fur le plan, Fio. 5, la courbe du parallélogramme : incliné, c'eft-à-dire, qu'on fait la diftance N ^ , Fig. J , égale à celle /"o-, Fig. a ; celle M i\. , égale à celle li i ; celle L 3 , égale à celle / m ; celle / 2 , égale à celle no ; Se celle H i , égale à celle pq: ce qui donne autant de points pour le delTus de la courbe , dont on a pareillement le delTus en faifinc la diftance N 10 , égale à celle rs ; celle M p , égale à celle c u ; celle L 8 , égale à celle xj ; celle ly, égale à celle ; & celle H6 ,ég3.[e à celle ^x. Cette première méthode eft bonne pour le contour des courbes ; mais elle ne donne pas le centre des différentes équerres du plan , qu'il eft pourtant nécef' faire de tracerpour les porter furl'élévation , ce qui fe fait de la manière fuivante : Les deux points de centre G E , Fig. 6 , étant donnés, on élevé fur la ligna AB, une perpendiculaire E F , dont la hauteur doit être égale à celle de la courbe prife perpendiculairement ; puis du point G , qui eft le premier centre , au point F , on fait pafler une ligne oblique CD , laquelle repréfente en éléva- tion celle des centres A B ; on prend enfuite les diftances qu'on a porté fur la ligne a g , Fig. 2 , qu'on reporte fur celle E F , F/g. 6 ; puis à chaque point on élevé autant de lignes perpendiculaires à cette dernière , qu'on prolonge jufqu'à la ligne C D , a la rencontre de laquelle on abaiffe de m.cme autant de perpendi- culaires à la ligLie A B , lefquelles donnent fur cette ligne les différents centres dont on abefoin , dont la diftance jufqu'au point A , reportée fur les lignes qui leur font correfpondantes , donnent fur le plan les courbes du parallélogramme incliné ; c'eft-à-dire , qu'on porte la diftance a A, de al y, celle l> A , de b\ 4 ; celle c /l , de c à 3 ; celle d A, de à 2 ; & celle e ^4 , de e à i ; ce qui donne la courbe de deifus ; celle de deflous fe trouve de même , puifque la dif tance gïo, égale celle g A ; celle i 9 , égale celle i A ; celle m 8 , égale celle m A ; celle 0 7 , égale celle o A ; Si celle .y 6 , égale celle q A, ce qui n'a pas befoin de plus grande démonftration , vu que toutes les différentes équerres données par chacun de ces points font prolongées jufqu'à leurs centres. Voilà à peu-près la defcription de toutes les courbes d'udige dans la partie de la Menuiferie dont je traite préfentenient , lefquelles font , comme on l'a pu voir , d'une forme très-compliquée , & par conféquent aftèz difficiles à bien entendre , i&ns auparavant avoir d'autres connoiffances que celles que j'en donne ici , lefquelles , à la rigueur , pourroient être fufiifantes , comme je l'ai déjà dit , mais qui ne difpenferont jamais de faire d'autres études fur l'Art du Trait , donc la connoiffànce aideroit beaucoup à l'intelligence de ce que je viens de dire touchant ces courbes, où malgré toute l'intelligence & la clarté que je me fuis efforcé d'y répandre , ( du moins félon ma capacité ) je crains fort de n'être pas entendu du plus grand nombre ; & comme mon but , en travaillant à cet Ouvrage , n eft autre chofe que l'utilité publique , & fur-tout l'inftruélion des jeunes gens , je ne faurois trop leur recommander l'étude de la Géométrie & des autres Sciences , dont la connoiffànce peut être utile à la perfeftion de leur Menuisier , III. Fart. II. Sea. F S 66o MENUISIER, III. Part. SeS. IL Chap. VI. — Art , & fi je puis m'exprimer ainfi , à leur former le jugement , & les prévenir Planche contre tout ce qui n'a d'autre fondement que la coutume ou des préjugés , le plus fouvent ridicules & contraires à la faine raifon. Section Seconde. Defcrlpaon des Siéaes d'appartements privés , comme les B aignoves , les demi- Baignoires, les Bidets, les Chaifes de commodité , &c. — Les Baignoires, Fig. i (5 2 , font des efpeces de Chaifes longues , dont le Planche milieu du fiége eft rempli par une cuve de cuivre qui en occupe toute la capacité, tant de longueur & de largeur , que de hauteur , du moins à 2 ou 3 pouces près, & qui ordinairement eft attachée fur les traverfes de ceinture avec des clous , comme on peut le voir à la Fig. 4 , cote C ; cependant je crois qu'il vaudroic mieux ne point attacher à demeure cette cuve ou Baignoire , mais y faire un rebord épais , & des efpeces de crampons qui entrent dans les traverfes de ceinture , comme je l'ai fait même Figure , cote D , ce qui ferait auffi folide que de la première manière , & qui en même temps donneroit la facilité de retirer la cuve fans être obligé de la détacher , ce qui ne peut guère fe faire fans endommager le bois de ces traverfes de ceinture. La longueur ordinaire des Baignoires eft de 4 à 4 pieds & demi , fur 1 pieds & demi au moins de largeur ; leur hauteur doit être de 20 à 22 pouces, & même 2 pieds , afin qu'une perfonne affife dedans puifTe avoir de f eau jufqu'aux épaules , fans trop fe pencher en arrière , ce qui eft quelquefois impolîible dans certaines maladies où Fufage du bain eft néceflaire. Ces fortes de Sièges n'ont rien de particulier , tant pour la conftruâion que pour la décoration , qui eft ordinairement très-fimple , fi ce n'eft qu'on les entoure de canne pour plus de propreté , & que le deflus de leur fiége , qui eft auffi garni de canne , fe brife en trois parties fur la longueur; favoir, deux parties depuis le devant de la Baignoire jufqifà la naifi^ance des accotoirs , & la troifieme, depuis ces derniers jufqu'au nud du doffier, ce qui eft néceffaire pour que la perfonne qui fait ufage du bain puilTe être couverte autant qu'elle le juge à propos, (ces différentes parties du deffus de la Baignoire pouvant être garnies d'étoffe en defiius , pour conferver la chaleur de feau , ) & qu'on puiife en même temps faider dans fes différents befoins , fins pour cela la découvrir tout- à-fait. Voyei la Fig. 3 , cote A , où la Baignoire eft repréfentée toute couverte ; & cette même Figure , cote B , où elle eft repréfentée découverte , le doffier été avec les mortaifes dans lefquelles entrent les clefs de ce dernier , lequel fe fépare du refte de la Baignoire , pour que dans le cas de néceflité on puifle tourner autour de la Baignoire , & aider la perfonne qui eft couchée dedans , fans être gêné en aucune façon , ce qui ne pourroit être fi ce doffier reftoit en place. Section II. Defcnption des Sièges d'appartements privés, ÔCc. 66z Ce-doffier n'a rien de particulier dans fa forme , ni dans celle de fes accotoirs , dont les confoles s'affemblent par le bas dans une traverfe d'une largeur égale à Planche i'épailTeur du deffus de la Baignoire , auquel elle eft continue. Voyei ''^ ^ > où le joint a de cette traverfe eft marqué , ainfi que la clef bc, qui entre dans la traverfe , où on farrcte par le moyen d'une cheville d. L'écart des côtés de la Baignoire eft retenu en deflous par une barre affemblée dans les pieds du milieu , & on doit avoir foin que cette barre foit placée le plus bas poffible, afin que le fond de la cuve de cuivre ne touche pas deflùs. Les demi-Baignoires ne différent de celles dont je viens de parler, que par leur longueur, laquelle n'eft ordinairement que de a à 3 pieds. Ces Baignoires font plutôt d'ufage pour la propreté que pour autre chofe , & font peu com- modes ; c'eft pourquoi on en fait peu d'ufige. Il eft encore d'autres efpeces de Baignoires de prop.cie, comme celles dont je viens de parler , telles que font les Seaux & les Bidets; les premiers font des efpeces de petits Sièges d'une forme circulaire , compofés d'un deifus de bois d€ i; à 18 lignes d'épaifleur, foutenu par quatre pieds dont l'écart eft entrete- nu par quatre traverfes & une tablette placée à environ 6 pouces du bas des pieds. Le delfus de ces Sièges eft percé d'un trou rond au milieu , dans lequel entre un feau de fayence ou de cuivre , ce qui eft égal , dont le rebord s'appuie dans une feuillure pratiquée dans le deflLs du fiége , dont l'arête extérieure eft arrondie , afin de ne point blelfer ceux qui s'afteyent defllis fins y mettre de couffin ou de bourrelet de cuir ou d'étofte deftinés à cet ulàge. Voye^ les Fig. ■) & 6. La traverfe du delfus de ce Siège fe fait ordinairement d'un feul morceau de bois percé au milieu , ce qui eft peu folide, fur-tout quand il y a des canelles ou robinets placées au bas du feau de fayence, parce qu'alors il faut que la traverfe foit coupée pour en faciliter le paflàge lorfqu'on veut retirer le feau • c'eft pourquoi il eft bon de faire cette traverfe de quatre morceaux collés en flûte ou aft"emblés à traits de Jupiter , ce qui rend cette traverfe plus folide & plus pro- pre à recevoir les aftemblagesdes pieds qui y entrent à tenon & mortaife. Voye^ la Fig. (j, quirepréfente le plan du Siège dont je parle, difpofé de cette manière. La hauteur des Seaux de propreté , varie depuis 14 jufqu'à 16 Se même 18 pouces , fur un pied jufqu'à 15 à ii5 pouces de diamètre , félon la grandeur ou la volonté de ceux qui en font ufige. Les Bidets font de petites Baignoires ou Sièges de propreté , dont f ufige & la conftruaion font à peu-près les mêmes qu'à ceux dont je viens de parler, du moins pour l'ordinaire. Le deflus de ces Sièges eft de la forme d'une poire allongée , de 18 à 20 pouces de longueur, fur un pied ou 13 pouces à fa plus grande largeur , & 9 à 10 à fa plus petite. Le milieu du deflûs de ces Sièges eft rempli par une cuvette de fayence ou autre , laquelle affleure au deftùs , dans laquelle elle entre à feuillure , comme aux Figures ^ Sc6. Foye^ les Fig. 7 gir 10. Il y a des Bidets , Fig.^ & n , dont la forme du plan eft oblono-ue & Planche 340, Planche 66^ MENUISIER,!!!. Part. SeS. II. Chap. FI. — droite , & dont le deffus eft fermé par un couvercle , de forte qu'on ne l'ouvre que lorfqu'on en veut faire ufage , ce qui eft plus propre que les autres , qui , reftant toujours à découvert , peuvent fervir indifféremment à plufieurs perfonnes ; au lieu que ceux-ci peuvent fe fermer à clef , leurs couvercles s'ouvrant à char- nières par derrière, ou bien s'y arrêtant avec des crochets , ce qui donne la facilité de l'ôter tout-à-fait , ce qui eft plus commode ; toute la difficulté qu'il y a à ces fortes de Sièges , c'eft que leur forme droite par les côtés & leurs vives-arêtes , peuvent blefler ceux qui s'afToient defllis , à moins qu'on n'y place un bourrelet très-épais , lequel entre dans TépailTeur du deflus , qu'on fait creux en deffous afin de placer ce bourrelet , qui alors ôte une partie de l'incommodité , à laquelle on peut obvier tout-à-fait , en chantournant les côtés du Bidet dont je parle , comme celui repréfenté Fig. j &' 10 , ainfi qu'on le fait aux Bidets à nécelFaire repréfentés dans la Planche fuivante. Les Bidets dont je parle font d'une même forme que les précédents , à l'exception qu'ils ont un doifier , & que le deflus de leur couvercle eft garni de cuir ; de forte que quand ils font fermés , ils refl'emblent à une Chaife dont le fiége eft plus alongé qu'à fordinaire. Foye^les Fig. i , a , 3 é?" 5. Ces Bidets contiennent une cuvette comme ceux dont je viens de parler, & fervent en même temps à prendre des remèdes foi-même , ce qui eft très - commode pour beaucoup de perfonnes , comme je vais l'expliquer. Quand on veut faire ufage du Bidet de cette manière , on en ôte la cuvette de fayence , puis on y place une feringue A B, Fig. 3,4^5, dont le bout inférieur entre dans un conduit d'étain C D, dont l'extrémité C reçoit un canon d'une longueur convenable , pour qu'il déborde la lunette Fig. 8 , qu'on pofe à la place de la cuvette , à l'endroit de là plus grande largeur ; cette lunette , hors ce temps , fe place dans l'épailTeur du defius ou couvercle, Fig. 5, & y eft arrêtée par deux mantonnets <7 , ^, & par un tourniquet c , lequel la retient en place. La feringue fe place de même dans Fintérieur du Bidet , au-deflbus de la cuvette , de forte qu'elle n'eft apparente que lorfqu'on veut en faire ufage. L'intérieur de ces Bidets doit être revêtu de plomb très-mince , afin que l'eau qui pourroit tomber dedans , ne les pourrilTe pas. Leur doffier eft ordi- nairement fort épais, afin d'y pratiquer des petites cafés ou efpaces E,E^ E , Fig. 3 <S' 5 , dans lefquelles on place des flacons & autres chofes nécelîàires. Le deflus de ces cafés eft fermé par une efpece d'appui qui fe ferre fur le derrière du dofller; & on doit avoir foin qu'il le foit de manière que quand il eft renverfé en dehors , il préfente une furface droite avec le defllis de ces mêmes cafés. La décoration de ces fortes de Bidets eft très-fimple , le pourtour de leur fiége étant fait de bois plein & uni , fans aucune efpece de moulure , ainfi qu'on peut le voir dans les Figures ci-deflus ; cependant il s'en eft fait de très-riches , où on a poufle l'indécence (qu'on me pardonne le terme) jufqu à y employer non- feulement les fculptures & les dorures , mais encore les glaces , qu'on a fait fbrtir îment font rte Section II. Defciiption des Sièges d'appartements privés , ôCc. 66-3, fortir de leur doffier , ou même qui en faifoient la garniture , & qui ne fe _-™— _ levoient que pour pouvoir fouiller dans l'intérieur de ce doffier. Planche Il fe fait auffi de petites CalTettes propres à prendre des remèdes foi - même , lefquelles ont 12 à pouces de longueur , & 7 à 8 de largeur, fur4 à y pouces. d'épailTeur , dont le deffiis eft percé d'un bout pour paiTer la feringue , & l'autre le canon , qu'on place l'un & l'autre lorfqu'on veut en faire ufage , & qu'on re/Ferre enfuite dans la boîte ou caflètte , ce qui eft fort commode pour les perfonncs infirmes. Je ne donnerai pas ici de figure de cette boîte, vu qu'elle n'a rien de particulier que la conftrudlion de la feringue , laquelle eft à peu- près la même que celle des Bidets avec nécefïïiire , dont je n'ai fait qu'une courte defcription , vu que cela ne regarde pas le Menuifier , qui n'a befoin que de la groffeur de la feringue & de la longueur de fon conduit , pour pouvoir percer les trous du deffus de la boîte dont il eft ici queftion , à laquelle on met quel- quefois des pieds comme aux Bidets repréfentés Fig. 8 11. Après les Sièges de propreté dont je viens de faire la defcription , il me refte à traiter de ceux de commodités ou de garde-robe , appelles communémei Chaïfes percées.^ Ces Sièges repréfentés -f^;?. p , 10 , 1 1 , 12 , 1 3 <& 14, ne foi autre chofe qu'une efpece de caiffe foutenue par quatre pieds, & recouvert d'un couvercle , lequel ferme quelquefois à clef. La largeur des Sièges de commodité , eft ordinairement de i(î à 18 pouces, fur la à 13 pouces de profondeur , & 14 ou iG pouces de hauteur, pris du nud de l'ouverture du couvercle ; on partage la largeur intérieure de ces Sièges par une cloifon , laquelle eft difpofèe de manière que le plus grand efpace fe trouve d'une forme quarrée , c'eft-à-dire , de ir à 12 pouces , qui fert à placer un feau de fayence , au-deffus duquel on perce une lunette , Ilg. 13 , percée d'un trou rond d'environ 7 à 8 pouces de diamètre , laquelle entre à feuillure dans l'épaifTeur des côtés du fiége , ou s'ik font trop minces, eft foutenue par les quatre angles des pieds , & par des taffèaux attachés fur ces premiers ; le petit efpace qui refte à droite, fert à placer les chofes dont on peut avoir befoin , & eft fermé d'une petite planche ou couvercle , lequcil eft ferré fur le côté du fiége. Voye'^ les Fig. 11 & 14. La lunette des Sièges dont je parle , doit être faite de quatre pièces aftem- blées à bois de fil , ce qui eft plus folide que de les faire en plein bois ; & on doit avoir foin d'en bien arrondir les arêtes intérieures , & d'abattre le refte en glacis , afin de leur réferver de la force au milieu. Voye^ les Fig. 11 (5 13. Le deflus ou couvercle des Chaifes de commodité doit être creux , pour pouvoir contenir le bourrelet qu'on met ordinairement fur la lunette. Ces Chaifes font toutes unies fans aucun ornement ; la propreté eft tout ce qu'on y recherche le plus. Comme il y a des gens qui , fans être très-riches , veulent jouir de toutes le commodités poffibles , on a imaginé des Chaifes faites à l'exemple des lieux Menuisier , ///. Part. II. SeB. G 8 les à 664: MENUISIER, m. Pan. Secl. Il Chap. VI foupapes, (communément connus fous le nom de Lieux à L' Angloife)\tÇa^th Flanche les remplacent en quelque manière. Ces Chaifes , Fig. 15 , 16 & 17 , font compofées d'un fiége plein difpofé à peu-près de la même manière qu'aux Sièges de commodité , & d'un doffier de 3 à 4 pouces d'épaiffeur , dans lequel eft pratiqué un réfervoir de plomb , qu'on emplit d'eau ; au bas de ce réfervoir eft placé un tuyau A , Fig. 16 , qui communique à une main B , qui , lorfqu'on la fait tourner , donne paffage à l'eau , laquelle entre dans un autre petit tuyau C,n-)m. mé flageolet, qui tient avec la main , & par conféquent tourne avec elle ; de manière que l'eau n'en fort que quand le bout de ce tuyau eft exaéle- ment au milieu de la lunette. Voye^ les Fig. 16 Scij. La confiruftion de ces fortes de Chaifes n'a rien de particulier; c'eft pourquoi je n'entrerai pas dans un plus grand détail à ce fujet , tout ce que j'ai dit jufqu'à préfent étant plus que fuffifant , non-feulement pour les Sièges dont je parle ici , mais encore pour tous les autres , de quelqu'efpece qu'ils puilTent être , dont j'ai déjà fait la defcription , ne me reftant plus à faire que celle des Sièges des jardins , dont je traiterai dans l'Art du Treillageur , lequel eft en poifeffion de faire ces fortes de Sièges , qui , avant qu'il fût réuni au corps des MenuiHers , étoient faits par les MenuiCers de bâtiment. Des Lits en général , ÔCc. CHAPITRE SEPTIEME. Des Lits en général; leurs différentes efpeces. Les Lits font les meubles les plus néceflàires , & donc l'ufage eft le plus univerfel: on fe palTe volontiers de tous les autres, mais ceux-ci font d'une nécefTité indifpenfable pour le riche comme pour le pauvre , fur-tout dans des climats comme le nôtre , qui , fans être fujets à un froid excelTif , ne font cepen- dant pas aflez chauds pour qu'on fe couche fur le plaflcher des appartements , ou du moins pour y pofer les matelas ou couffins , comme c'eft la coutume dans les pays chauds, où la fraîcheur des nuits n'eft pas fi à craindre. Les Lits , quoique deftinés au même ufàge , ont différentes formes , & pat conféquent différents noms en raifon de ces mêmes formes : on les nomme à la Françoife , ( ou plus communément à la DuchcJJi ; mais je les nommerai toujours à la Françoife , ce nom leur étant plus convenable , ) ^ li Polonoifi , à l! Italienne , à la Turque , ou tout autre nom qu'il a plu aux Ouvriers de leur donner, quoiqu'il y ait peu de différence entr'eux; c'eft pourquoi je crois qu'on peut, malgré l'ufage , confidérer les Lits comme faifant deux efpeces diftinéles l'une de l'autre ; l'une qu'on nomme à la Françoife , dont la forme du bois de lit ou chalit , eft quarrée , ou du moins formant un parallélogramme , ce qui eft la forme la plus ordinaire , & dont les pieds s'élèvent pour porter le ciel du Lit , ou dais , ou impériale , félon fes différentes formes ; quelquefois ces Lits ont les pieds coupés tant devant que derrière ; mais le ciel, qui alors eft fufpendu , eft toujours d'une même forme ou du moins de même grandeur que le bois de lit , lequel , dans l'un ou l'autre cas , n'a qu'un chevet , c'eft à-dire , une partie plus élevée , du côté de laquelle on pofe la tête lorfqu'on eft couché. La féconde elpece de Lits , font ceux qu'on nomme h la Polonoif , lefquels ont deux chevets , & ont des pavillons ou impériales d'un tiers plus petits que le bois de lit , de forte qu'on eft obligé de cintrer les colonnes ou montants du Lit , pour pouvoir regagner cette inégalité. Les Lits , foit à l'Italienne , foit à la Turque ou à la Chinoife , ne font qu» des nuances de ceux-ci ; c'eft pourquoi on doit les comprendre fous la féconde efpece de Lits , à laquelle , fi on pouvoir ajouter une troifieme , ce feroit les Lits de camps & de campagne , lefquels , quoiqu'à peu-près femblables à ceux dont je viens de parler , méritent de faire une claffe à part pour la fingularité de leur conftruélion. C'eft pourquoi ce Chapitre , qui contiendra la defcription des Lits, fera diyifa en trois Sections, 6&6 MENUISIER, ni. Pan. SeEL IL Chap. FIL Dans la première , je traiterai des Lits à la Françoife , de leurs formes, propor- tions & conftruâion. Dans la féconde , je traiterai des Lits à la Polonoife , 8c de tous ceux qui y ont rapport. Dans la troilleme enfin , je traiterai des Lits de campagne de toutes les efpeces, auxquels je joindrai la defcription de différents Sièges & Tables de campagne , pour ra/Tembler fous un même point de vue , la defcription de tous les Meubles de cette elpece. Section P r e m i e r î. i' Defcription des Lits à la Françoife ; de leurs formes , proportions & conflrucîion. Lis Lits à la Françoife, ainfi que tous les autres, font compofés de deux parties principales ; fivoir, le bois de lit, autrement dit couchette , & ancienne- ment clialit , & du dais , autrement dit ciel , ou enfin pavillon ou impériale ; c'eft par la première de ces deux parties , qui eft la principale , puifqu elle eft abfo- lument néceffaire , que je vais commencer leur defcription. Le bois de lit ou couchette , eft compofé de quatre pieds A , B , C , D y Fig. I. (§■ 2 , de deux pans ou battants E , F , deux traverfes G , H , &. d'un chevet ou dolTier /. Le dedans du Lit fe garnit de deux façons différentes ; favoir , par fept barres ou goberges L L, lefquelles entrent en entaille dans les pans , au-delfus defquels elles affleurent ; au de/Tous de ces barres font placées deux fortes barres M, M, qu'on nomme barres d' enfonçures , lelquelles enurent couc en vie de (j lignes de profondeur au plus dans la traverfe de devant , & en entaille dans celle de derrière , du moins pour l'ordinaire ; car la meilleure manière eft de les faire entrer tout en vie des deux bouts , comme je le dirai ci-après. La féconde manière de garnir les Lits , eft d'y mettre un chaffis Fig. y , qu'on garnit de fangles , lequel eft compofé de deux battants N,N,â& deux traverfes 0 , 0 , de quatre écharpes P , P , Se au milieu d'une traverfe Q, laquelle doit être d'une forme creufe en deffus , afin que la fangle ne porte pas, & qu'elle puille même ployer fans rencontrer la barre ou traverfe du milieu : on doit avoir la même attention pour les écharpes , qu'il faut creufer de même , ou bien faire défaffleurer d'environ 2 lignes le deffus du bâtis. Voyez la Figure ^ & la Figure 6, qui repréfentent cette traverfe vue de côté avec fon affemblage , lequel paffe en enfourchement par-deJfous les battants. Le bois de ce chatfis doit avoir i pouce d'épaiffeur au moins , fur environ 3 pouces de large , afin que les entailles qu'on eft obligé d'y faire à la rencontre des pieds , ne l'affoiblifTent pas trop ; pour les écharpes , deux pouces de largeur leur Section I. Defcription des Lits à la Francoife , âCc. 667 ieur fuffifent, toute leur force devant Être à bois de bout, pour empêcher le chaffis de ployer ni de biaifer lorfqu'on vient à le fincler r _ ^ b • Planche Les chaliis {angles entrent tout en vie dans le bois de lit , & font portés par ^1^- des taffeaux qu'on y rapporte fur les battants ou pans , & fur les traverfes ; mais il eft meilleur de les ravaler de 4 ou 6 lignes fur l'épaiflèur, pour réferver là portée du chaffis , ce qui en même temps eft plus propre & plus folide , comme je l'ai obfervé à la Fig. 4 , où le chaffis a affleure le deffijs du pan ^, lequel eft ravalé ainfi que je le recommande ici. Quand onfait ufage de ces chaffis , il eft bon de mettre en delTous une ou deux barres à queue c, Fig. 4, lefquelles fervent à retenir l'écart des deux pans, lefquels , s'ils n'étoient pas ainfi retenus , pourroient s'écarter , ce qui feroit un très-mauvais effet. En général , l'ufage des chaffis fanglés eft plus commode que celui des barres ou goberges , parce qu'ils rendent le Lit plus doux , & qu'ils ne font pas fujets à couper la toile des matelas ou fommier de delTous , ainfi que ces dernières , qui cependant font préférables pour les Lits des gens du commun, parce qu'elles coû- tent moins cLcr , & qu'elles font moins fujettes à loger les punaifes , lefquelles , quelque fom que 1 on prenne , font prcfqu'inévitables dans les m.ifoas à loyer , fur-tout quand elles font vieilles. C'eft pourquoi dans la conftrudion de tous les Lits en général, & fur-tout de ceux-ci , on doit prendre une attention finguliere pourenfaire les affiemblages avec toute la jufteffie &laprécifion poffibles, tant des pieds & du doffier, que les entailles des goberges & des barres d'enfonçure, auxquelles on ne doit pas laiffer une idée de jeu, tant fur la largeur que fur 1 épaiffeur , afin de ne pas laiffér de place aux punaifes , vermine auffi défapréable qu incommode, auxquelles il ne faut laiffier aucune retraite , non-feulement dans les affemblagci, n.ai. .u.^.c Jaus les bois du Lit, auxquels il faut éviter toute cfpece de nœud & de fente ; & il faut auffi éviter les angles rentrants qui font inutiles , comme ceux que forment les profils qu'on fait aux pieds de derrière pour regagner la diiférence d'épaiiTeur , auxquels il vaut beaucoup mieux fubftituer une doucine fans aucun quarré , comme j'ai fait ici. On doit auffi avoir la même attention pour le doffier, qu'on doit toujours faire affleurer aux pieds en dedans du Lit, mais encore par dehors ; & s'il arrivoit qu'il ftt plus mince, on doit abattre en chanfrein l'excédent des pieds ( *). Les Bois de Lits ont ordinairement 6 pieds de longueur fur 4 de largeur, (') L'obfervation que je fais ici e(l très-eflen- tielle quoique très-négligée par la plupart des Alenuifiers, qui ne fout que des Lits, lefquels lont > pour la plupart , mal corroyés & mal allembles; de forte qu'ils n'ont que l'apparence, lans aucune des quahtés que je recommande ici , lelquelles font pourtant bien nécellaires , fur- tout pour les gens du commun . lefquels font fouvent logés -a 1 étroit & dans de vieux bâti- ments , ou , quelque fom qu'on prenne , il efl prefqu'impoffible d'éviter les punaifes- ce oui n'arrive pas aux gens r-ches , lefquels font logés plus a 1 aife , & dont les appartejnents pjints & vernis , & fur-tout entretenus avec beaucoup do propreté , les mettent à l'abri de cette vermine ; c'efi pourquoi on leurfaitdes Litsnon-feuleraenc avec des chartis fanglés, mais encore garnis d'é- toffe &remplisde moulures&de fculptures, fans rien craindre, vu la grande propreté qui règne "3ns leurs Lits & dans leurs appartements Menuisier , IJI, Pan. SeB. II. H 8 66?. MENUISIER, m. Pan. SeB. IL Chap. VU. ^ pour coucher deux perfonnes ; cependant ceux qui veulent être plus à leur aife Planche jg ^ pieds & demi à 5 pieds de large. Les Lits des grands Seigneurs ont depuis 5 jufqu a 7 pieds de large , fur 7 & même 8 pieds de long , non pas que cela foit néceflaire pour eux , qui ne font pas ordinairement plus grands ni plus gros que les autres hommes , mais afin que la grandeur de leurs Lits réponde en quelque forte à celle de leur appartement. Les Lits dont je viens de parler , font fuppofés faits pour coucher deux perfonnes ; ceux à une feule perfonne ont depuis 2 pieds & demi jufqu'à 3 pieds & demi de large , ce qui eft la plus grande largeur poffible , & toujours fur 6 pieds de long du dehors en dehors , à moins toutefois que la perfonne pour laquelle on les feroit, ne fàt d'une grandeur extraordinaire, ce qui obligcroic alors d'augmenter la longueur du Lit. Les pieds des Lits ont ordinairement 3 pouces de groffeur, fur 2 pieds 2^3 pouces de hauteur ceux de devant, & 2 pieds 9 à 10 pouces ceux de derrière ; les pans & les traverfes ont 3 pouces à 3 pouces & demi de large , fur un pouce & demi d'épaiflèur au moins , lorfqu'ils recevront des goberges , ainfi que la Fig. 3 , & 2 pouces lorfqu'ils feront ravalés pour recevoir un chaflis , comme la Fig. 4. — — Voyez les Figures i & 4 , qui repréfentent un pan de Lit vu en dedans & en Planche deffus , avec toutes les entailles difpofées pour recevoir les barres ou goberges ^ dont celle du milieu eft à queue ordinairement , quoiqu'on faffe très-bien d'en mettre deux , ce qui retient mieux l'écart des pans. Voyez pareillement les Figures 7 & 8 , qui repréfentent une traverfe vue en dedans & en deifus, avec une mortaife a , & une entaille b , pour faire voir les deux manières de placer les barres d'enfonçure dans la traverfe de derrière , afin qu'on puilTe faire choix de l'une ou de l'autre , quoique la première ibit préférable , du moins à mon avis , tant pour la propreté que pour la folidité. L'afi"emblage des pans & traverfes dans les pieds , fe place à 8 ou 9 pouces du bas en deffous du pan , d'après lequel on y fait tourner une efpece de baluftre ou tout autre ornement, ce qui eft général pour tous les quatre pieds. Au- delTus de l'affemblage des pieds de devant, on creufe l'angle intérieur du pied en forme de quart de cercle, en lui lailfant 12 à IJ lignes d'épaiffeur fur le devant ; ce creux fcrt à placer l'angle des matelas , lequel feroit coupé par celui du pied s'il n'étoit pas abattu. Voye:(^ la Fig. J ,qui repréfente un pied de devant vu du côté de l'élégiflèment ; & celle 6 , qui repréfente ce même pied vu de face. Les pieds de derrière s'élégifient au-deffus de l'affemblage, à 15 ou 1 5 lignes d'épaiffeur ; & on termine cet élégiffement en forme de doucine fimple , pour les raifons que j'ai dites ci-deffus , en obfervant d'y laiffer environ un pouce de bois plein du commencement de cette doucine au-deffus de l'affemblage , afin que le deffus de la mortaife ne foit point fujet à s'éclatter. Voyez les Figures 2 & 3 , qui repréfentent l'une ce pied vu de côté avec Section I. Defcription des Lits à la Françoife , ÔCc. 66^ l'alTemblage du doffier, & l'autre le même pied vu par devant. Comme ces pieds font élégis, on ne les prend pas dans des morceaux différents, ce qui feroit Planche trop de perte ; mais on les prend dans un feul morceau , qu'on tient d'environ i8 pouces plus long qu'il ne faut , pour réferver la partie pleine de l'autre pied & le paffage de la fcie , avec laquelle on ne les refend qu'après les avoir tournés , ce qui ne pourroit être autrement, puifque le centre qui eft au milieu de la pièce feroit emporté. Voye^ laFig. 9 , qui repréfente les deux pieds de derrière dilpofés de cette manière. Les Lits fe montent ordinairement à vis , lefquelles paiTent au travers du pied pour venir joindre leur écrou , qui eft placé dans le pan , au milieu de fa largeur , ainfi que le repréfentent les Fig. i o fi- 1 1 , qui montrent la coupe du pan & la place de fécrou , qu'on place dedans de la manière fuivante : On commence par percer le pied au milieu de raffemblnge , avec une mèche d'une grolTeur convenable, c'eft-à-dire, dey à ^ lignes de diamètre ; enfuite on alTemble le pan dans le pied , & on le perce à la profondeur de 7 à 8 pouces au moins , avec la même mèche , en la palTant par le trou qui eft fait au pied ; ce qui étant fait , on défalTemble le pan , & à 3 pouces environ de l'arra- fcment, on y perce une petite mortaife à bois de travers de la largeur & de l'épai/Teur de l'écrou, en obfervant de ne la pas faire defcendre plus profond qu'il ne faut, pour que fécrou fe trouve vis-à-vis le trou percé dans le pan, parce que fi elle étoit plus profonde, fécrou , quelque jufte qu'il fût placé i pourroit retomber au fond de la mortaife, & par conféquent ne pourroit plus recevoir la vis lorfqu'on voudroit remonter le Lit : lorfqu'on a percé cette mor- taife , on y ajufte fécrou , & on y fait entrer la vis pour voir fi elle tourne aifé- ment ; ce qui étant fait , on afllire l'écrou des deux côtés , fuppofé qu'il y ait un peu de jeu ( ce qu'il fauc ccp.x.Junc éviter le plus qu'il fera poffible ) ; enfuite on bouche le devant de la mortaife avec un coin à colle, qu'on mec ordin'airement à bois de bout , pour plus de folidité. Voye^ les Fig. lo , 11 , ^ ^ j.. & comme il arrive quelquefois que le trou ou tarau de l'écrou n'eft pas percé perpendiculairement à fa furface, ce qui le fait pencher de côté , dans ce cas , il faut alors y faire attention ; & avant de percer la mortaife , on place la vis fur le pan au-delTus du trou; & alors Fécrou étant en place, c'eft-à-dire, avec la vis , on frappe un coup de marteau fur fécrou , lequel , en s'imprim'ant fur le bois , marque au jufte l'inclinaifon de la mortaife. On ne met des vis qu'aux aifemblages des pans ; pour ce qui eft des traverfes, on les cheville , ce qui eft mieux que d'y mettre des vis , lefquelles deviennent inutiles fur-tout aux pieds de derrière, qui font chevillés avec le doffier, qui, ordinairement, a 10 à 12 pouces de largeur, & apar conféquent deux tenons.' L'afl-emblage des pans & des traverfes des Lits, fe fait ordinairement fimple, au milieu duquel on fait paA^er la vis ; mais je crois que malgré l'ufage , lorfque' le bois des pans & des traverfes aura environ 2 pouces d'épaiffeur , on feroit très- ^7o MENUISIER, III. Part. SeB. II. Chap. VIL bien de faire cet aflemblage double , & de faire pafFer la vis au milieu des deux Planche afTemblagc» , ce qui rendroit l'ouvrage fort folide , & qui conferveroit les tenons de toute leur largeur ; ce qui eft d'autant plus aifé à faire , qu'on ne peut mettre que très-peu de joue au devant de ces aiïemblages , puifqu'on ne fait jamais affleurer le devant des pans & des traverfes avec les pieds , afin de iaifler plus de joue à ces derniers ; de plus , le trou de la vis étant percé dans le plein du pied , n'eft pas fujet à enfoncer dans ce dernier. V oye^ les Fig. 13 , 14 <5 1 5 , qui font difpofées de cette manière , laquelle ne pourroit être fufceptible de dilEculté , qu'autant que les bois feroient trop minces , ce qui obligeroit à y mettre des vis d'un trop petit diamètre. Foyq les Fig. 16, 17 & 18 , qui repréfentent une vis à tête ronde avec fon écrou , dont la forme eft barlongue , afin de prendre moins dans l'épaiifeur du pan , & de laiifer de la place pour le tampon qu'on met delfus. Je ne m'étendrai pas ici fur la forme des différentes vis , parce que j'ai fait la defcription de toutes fortes de vis dans la féconde Partie de cet Ouvrage , pagei'yf) êfuiv ; tout ce que je puis dire maintenant , c'eft que celles à têtes rondes font préférables , parce qu elles font plus propres que les autres , & que leur peu de faillie n'eft point fujette à arracher ceux qui pafTent auprès. Les affemblages des Lits doivent être très-juftes , fur-tout ceux des traverfes , qu'il faut mettre très-roides fur la largeur du tenon, lequel doit avoir 3 pouces de longueur , afin qu'étant chevillés , ils ne foient pas faciles à ébranler. Quant aux tenons des pans , quoique juftes , ils ne doivent pas être forts , parce qu'il faudroit frapper delTus les pieds chaque fois qu'on monteroit ou démonteroit le Lit , ce qui les meurtriroit & même les feroit fendre. Les tenons des pans doivent être très-courts , l j lignes étant fjffifantes , afin que la mortaife defilnée à les recevoir , ne paffe pas dans celle des traverfes , ce qu'il faut abfolument éviter ; il faut auflî avoir foin que ces mortalfes foient bien d'à-plomb h bois de bout , de crainte que fi on les fouilloit en delTous , comme on fait quelquefois, elles ne s'éclattalfent à bois de bout, & ne filfent du jeu; c'eft pourquoi on fera très-bien de rétrécir le bout des tenons des pans fur leur largeur pour leur donner de fentrée, & qu'ils joignent bien fur le bois de bout de la mortaife , lorfqu'ils feront entrés dedans jufqu'à leur arrafement , qu'on doit avoir foin de fcier bien d'à-plomb , afin qu'il joigne également par-tout. Ce que je viens de dire eft général pour tous les Lits , tant ceux à la Françoife que les autres , de quelqu'efpece qu'ils foient. Quand les Lits à la Françoife font à colonnes, c'eft-à-dire , que les pieds portent le dais ou ciel du Lit , on les élégit d'après l'affemblage des pans , comme le repréfente la Fig. 2^ , afin qu'ils foient & qu'ils paroi/Tent moins lourds ; 8c lorfqu'ils font très-hauts , il eft bon d'y mettre une écharpe de fer A par le bas , qui en empêche f écart. Le haut de ces pieds ou colonnes eft ordinairement garni d'une broche de fer , laquelle eft deftinée à recevoir le chaflis ; quelque- fois le bout de cette broche eft taraudé pour recevoir un écrou , lequel retient le Section I. Defcrlpùon des Lits à la Françoife , <5Cc. «jr le chaflîs en place de quelque manière que ce foit. Il eft bon de garnir le haut de la colonne d'une virole de fer B, laquelle fempêche de s'éclatter , ce qui eft très-néceffiiire , fur-tout quand les colonnes ont peu de grolTeur par l'e haut. Lorfque les Lits font à colonnes , il eft bon que tous les affemblages foienc montés à vis, afin qu'on puiJe les démonter tout-à-fait & qu'ils tiennent moins de place ; dans ce cas on fait paffer les vis les unes fur les autres , celles des pans par-deiTus celles des traverfes , parce qu'elles fouftrent plus d'effort que ces dernières. Le doffler des Lits à colonnes fe place derrière les pieds , par le moyen deS crochets & des pitons qu'on y met; cependant il vaut beaucoup mieux attacher fur les faces intérieures des colonnes , des coulilfes dans lefquelles on fait entrer ledoffier (qu'on arrête toujours avec des crochets, pour empêcher l'écart des colonnes), au-deifus defquelles on place des chantournés, Fig. 23, cote A B , lefjuels y font retenus par des defs C D , Se par des barres qui , étant attachées derrière , palfent dans des chapes de fer E, qui font placées vers le milieu du doffier. Voyei %• 22 , qui repréfente la coupe d'un doffier Se d'un chantourné arrêté de cette façon , & coté des mêmes lettres que la Figure 23. Ces chantournés fe font ordinairement de fapin , pour être plus légers , & font revêtus d'étoffe par le Tapiffier , qui en détermine ordinairement les contours , dont je me fuis contenté de donner ici deux exemples. Autrefois les chantournés , ainfi que tout le refte des Lits , fa faifoient de noyer ou autres bois propres à polir, qui étoient ornés de fculptures ou de divers compartiments percés à jour, de forte que la IMenuiferie étoit toute apparente. Les colonnes des Lits étoi.ent auffi très-ornées , & quelquefois tournées en forme de colonnes tuit^^, fculptés ôe ornés de moulures , ainfi que le ciel ou dais , qui étoit prefque tout de Menuiferie apparente , comme on le voie encore en quelques Provinces de France ; mais depuis que l'Art du Tapiffier s'ell perfeélionné , on a totalement perdu cet ufage : les colonnes des Lits ont été cachées par des cantonnieres , & le refte du bois du ^it par la courtine , autrement dit coa/V£-^oi/zK. Quand fufage des Lits à colonnes a celTé d'être à la mode , les bois de Lits n'en ont pas été plus apparents , parce qu'alors les courte-pointes pafferent par deffus les pieds de devant , Se les couvrirent totalement , ce qui obligea de placer des tringles d'environ un pouce Se demi de large , lefquelles entroient en enfour- chement a a dans les pieds de devant , & à tenons dans ceux de derrière , ainfi qu'on le pratique encore à préfent aux Lits de parade des grands Seigneurs , au bas defquels font placés des crochets ou mentonnets de ks: bb, qui fervent à porter de femblables tringles de bois, fur lefquelles font placés ce qu'on appelle les foubajfements de La courte - pomte. Voyez les Fig. i (& 2 de la Planche 342 , à laquelle j'ai obfervé ces entailles Se ces crochets, cote aaSehb. Menuisier , III. Pan. II. Scci. I 8 67^ MENUISIER, m. Part. ScB. IL Chap. VU. _ Quoique les Lits à la Françoife ne foicnt plus apparents , il faut cependant avok grand foin de les faire avec beaucoup de propreté , d'en arrondir toutes les arêtes , afin qu'ils ne foient point expofés à déchirer les mains de ceux qui ea approchent , & à couper les toiles des matelas , les couvertures , &c. Comme les Lits ne font pas toujours aifez ifolés pour qu'on puiffe les faire fans les changer de place , on a imaginé de les mettre fur des roulettes tournantes a pivot , lefquelles en facilitent le mouvement de quelque cote quon ,uge a propos de les faire mouvoir. Ces roulettes ont environ y pouces de diamètre , & 7 pouces de hauteur du delTous de la boîte dans laquelle leur tige entre h pivot. Ce font ordinairement les Menuiners qui les placent fous les pieds des Lits , dans lefquels ils percent des trous d'une grandeur capable de contenir la boîte de la roulette , qu il faut avoir foin de faire entrer le plus jufte poffible , pour éviter toute efpece d ébran- lement ; quand la boîte eft ajuftée , on arrête fa platine avec le pied non pas avec des clous , comme on fait ordinairement , mais avec des vis , lefquelles , quoiqu à bois de bout . tiennent pour le moins auffi bien , & même mieux, que ces derniers , & ne font pas fujettes , ainfi qu'eux , à faire fendre la plinthe du pied. Vcyei Us Flg- ip & ^° ' repréfentent une roulette & fa platine vue en defibus. Il y a des occafions , comme dans le cas d'un Lit en niche , ou on ne veut pas que les roulettes foient mobiles , mais où au contraire on ne les fait rouler que fur un fens ; dans ce cas , dis-je, on fait un enfourchement au pied, dans lequel on place une roulette , ce qui eft très-fimple , mais en même temps peu folide , parce que cet enfourchement diminue confidérablement la force du pied, & que'de plus on ne peut plus faire fervir un Lit ainfi difpofé , à d'autres ufages , du moins fans reboucher les enfourchements , qui fait toujours de mauvais ouvrage ; c'eft pourquoi je crois qu'on feroit très-bien , dans le cas dont je parle ici , de p'iacer les roulettes fous les pisds à l'ordinaire , en obfervant d'y faire des chapes adhérentes avec leurs platines, qu'on attacheroit fous le pied, comme celles dont je viens^ie parler. V oyei la Fig. 12. On fait encore d'autres roulettes, Fig.21, nommées à la Polonoife, lefquelles font beaucoup plus compliquées que les premières , mais en même temps beau- coup plus commodes, parce qu'étant plus grandes que les autres & plus courbées, elles roulent & fe retournent plus aifément , ce qui eft très-nécefTaire , fur-tout pour les Lits des gens riches , qui , pour fordinaire , font fort lourds. Ces rou- lettes ne fe pofent pas fous les pieds du Lit; mais on les attache diagonalement fous les pans & les traverfes avec de bonnes vis , en obfervant de les placer de manière qu'elles puilTent tourner autour d'elles-mêmes fans toucher à l'angle intérieur du pied. Voyei la Fig. 34, ol^ j'ai marqué par une ligne ponftuée la révolution de la roulette , de la conftruaion de laquelle je ne parlerai pas ici , vu que cela n eft pas du relTort de cet Ouvrage ; tout çe que je puis dire , c'elt Section I. Defcrlpùon des Lits à la Françoife , SCc. ^73 que Celle qui eft repréfentée ici eft une des mieux faites qu'on puifTe trouver , du moins pour le préfent , dont le modèle m'a été communiqué par M- Bonthome , Maître Serrurier , qui en eft l'inventeur , du moins pour la forme courbe de la partie du haut de la chape , laquelle , aux autres roulettes de cette forte , palToit droite du delfus des deux branches , ce qui raccourcilîôit trop la longueur du pivot. Les roulettes dont je parle font très-avantageufes pour les Lits fufceptibles de décoration , parce qu'elles n'en élèvent pas les pieds , qui alors femblent porter fur le plancher; de plus , les roulettes pofées fous les pieds ne làuroient jamais bien faire , parce qu'elles exigent trop de grofTeur , ce qui ne peut être aux Lits à la Polonoife , dont les pieds font en forme de pieds de biches ou toute autre forme. Voilà en général tout ce qu'on peut dire touchant la forme & la conftrudion des Bois de Lits à la Françoife ; quant à leur décoration , elle eft très - fimple , fur-tout depuis que la garniture d'étofte en fait tout l'ornement. Cependant comme la mode commence à changer depuis qu'on eft dans l'ufage de fe fervir des Lits à k Polonoife & autres , où les bois de Lits & les impériales font ornés de fculptures & de moulures peintes & dorées , il me femble qu'on pourroit de même faire des Lits à la Françoife , dont le bois du Lit fût apparent & très- orné ; c'eft pourquoi j'ai cru devoir en donner un exemple , ce que je ferai après avoir décrit les pavillons en général, ce que je vais faire dans le Paragraphe fuivant. Voyez ci-après , Fl. 24^. En général les bois de Lits fe font de chêne ou de hêtre ; mais le premier vaut mieux, fur-tout quand il eft bien Ciin, pas trop fec ni trop tendre, mais au contraire un peu liant & de fil ; on peut aulfi faire des Lits en noyer , quand il a les qualités que je d^^m^m^Ip rlanr le cîiciic ; le hois dc noyct eft de plus très- propre à cet ufàge , & bon à polir , ce qui doit le faire préférer, & ce qu'on feroit plus ordinairement dans ce pays , s'il n'étoit pas fi cher. §.1. Des Ciels de Lits, appelles communément Pavillons ou Lnpériales ; de leurs formes & conjlruclion. ■ Les Ciels des Lits à la Françoife font ordinairement tout-à-fait garnis d'étoffe , ide manière que le bois de leur chaffis n'eft aucunement apparent , & que toute leur décoration dépend du Tapiffier , lequel donne au Menuifier les mefures nécelTaires & les formes convenables ; de forte que tout fouvrage du Menuifiec confifte en des bâtis les plus légers poffibles , en leur confervant cependant toute la folidité convenable. Les plus fimples de ces bâtis ne font compofés que de deux battants & de. deux traverfes d'environ 2 pouces & demi de largeur , fur un pouce d'épaiffeur , lefquels font alTeniblés quarrément à l'ordinaire , ainfi que celui A B C D, ^74 ME NU IS lE R,in. Pan. ScB. II. Chap. FIL .. Fig. S , dont les bouts des battants excédent la traverfe de derrière d'environ 2 Planche à 3 pouces , ce qui eft néceflâire pour avancer le chaflîs au-deflùs du Lit. La largeur de ce chaffis doit être déterminée par celle du Lit , d'après laquelle on le fait plus ou moins excéder , félon que le Lit eft à colonnes ou bien à fordinaire. Dans le premier cas , fi le Lit eft difpofé pour avoir de doubles rideaux & des cantonnieres , comme dans la Fig. 7, il faut forcer la largeur du chaflis , pour que du dedans de la colonne il y refte environ un pouce & demi de largeur , ce qui eft néceflâire pour placer la tringle a , & pour que le rideau puifle tourner aifé- ment , & qu'il refte environ un pouce en dehors de la colonne , pour que la pente du Lit palfe aifément par-deifus la cantonniere. Si au contraire les Lits à colonnes n'ont pas de cantonnieres , & que les rideaux paffent par-deffus les colonnes , on fait affleurer le dedans du chaffis au dedans de ces dernières , & on porte toute la largeur en dehors, afin d'éloigner les rideaux du Lit le plus qu'il eft poffible. Quand les Lits n'ont pas de colonnes , on détermine la largeur du chaffis , en augmentant 2 pouces ou 2 pouces & demi au pourtour de la grandeur du bois de lit , afin que la tringle qui porte les rideaux , foit affez écartée du Lit , pour que les rideaux tombent d'à-plomb , du moins le plus qu'il eft poffible. Foye^ la Fig. 9 , fur laquelle j'ai marqué l'à-plomb du Lit par la ligne c d. Ce que je viens de dire touchant la manière de déterminer la grandeur des chaffis de ciel de Lit , eft général pour tous , de quelque forme qu'ils foient ; c'eft pourquoi je n'en parlerai pas davantage. Quelquefois les Ciels font compofés de deux chaffis , comme la ¥ig. 8 , de manière qu'ils forment en dedans comme une vouffure , foit en pente feulement comme la Fig. 7 , ou bien en arc , comme dans la Fig. 9 ; dans l'un ou l'autre cas, ce chaffis eft foutenu par des iiiuiil<»iii.3 cjui font pUcés de diftance en dif- tance pour porter l'étoffe, & qui font affemblés à tenon & mortaife dans les deux chaffis , comme la Fig. 4 , quand ces montants font droits ; ou bien à tenon dans le chaffis du bas, & en entaille dans le chaffis du haut , quand ils font d'une forme creufe , afin qu'ils foient plus folides , & qu'ils affleurent au nud du chaffis du deffus, du moins en dedans. Voye^laFig. 6. Ces montants fe placent ordinairement à un pied de diftance les uns des autres , tant fur les battants que fur les traverfes , comme la Fig. 8 , cote E G , fans en mettre dans les angles , ce qui ne vaut rien , fur-tout dans les parties creufes,où il eft néceffaire qu'on y mette un montant en forme d'arêtier creux , fur lequel le Tapiffier puiffe arrêter fon étoffe , ce que j'ai obfervé dans cette même Figure, cote F H , 8c qui ne demande qu'un peu plus d'attention de la part du Menuifier , fans pour cela rendre l'ouvrage plus difficile à faire. La hauteur de ces montants eft d'environ 6 pouces du deffus du premier chaffis ; cependant on peut f augmenter autant qu'on le jugera à propos , comme auffi celle des retours des faces , qui doit être au moins égale à cette dernière, & même la furpaffer au milieu. Fojei les Fig. 1 & Section I. §. 1. Des Ciels de Las ; de leurs formes , ôCc. 07^ & ^ , qui repréfentent la face du devant d'un challîs de Lit à la Françoife , & celle du côté. Planche Ces retours font foutenus par de petits montants placés de diftance en diftance ^ fur le premier cliaffis , dans lequel ils entrent à tenon & mortaife , ainfi que dans les pièces chantournées du haut , lefquelles font alîcmblées à queue par les angles. F oye{ ks Fig. 2 (5 3 , qui repréfentent les coupes du Ciel de Lit dont je fais la defcription , dont un côté eft en angle creux , & fautre en biais feule- ment , comme la Fig. 7. Voyez pareillement la Fig. 8 , cote E F , qui repré- fente ce Ciel de Lit vu en deffous difpofé de ces deux manières ; & cette même Figure , cote G //, qui le repréfente vu en deffus. Les Ciels de Lits à la Françoife fe font quelquefois fur un plan contourné , dont les faillies fortent du nud de la forme quarrée de celui dont je viens de parler , ou bien on fait le chaffis du dehors quarré à l'ordinaire , & on chantourne celui du dedans. Dans f un ou l'autre cas , ces Ciels fe nomment Impaiaks , & quelquefois Pavillons , fur-tout quand ils font deftincs pour des petits Lits , on pour des Lits à la Polonoife ou autres , dont la forme extérieure eft à-peu-près femblable à celle d'un pavillon , ou tente ancienne , comme celui repréfente Fig. 12 & 13. Je ne m'étendrai guère ici fur la forme & la décoration des Impériales des Lies à la Françoife , parce qu'elle dépend de cg^le de tout le Lit , dont la décora- tion dépend, prefque toute entière , du Tapiffier , lequel par conféquent décide de leur forme ; cependant comme il arrive quelquefois que ces fortes d'Impé- riales ont des parties de Menuiferie apparentes , tant à fintérieur qu'à l'exté- rieur, il eft bon que le MenuiOer & le Tapiflier travaillent de concert enfemble , & que ce dernier communique au Menuifier le deiTm de fon ouvrage , afin qu'il difpofe fi Jvîenuiferie en conféquence. Pour ce qui eft des Pavillons des Lits à la Polonoife & autres , ils font à-peu- près conftruits comme ceux dont je viens de parler , à f exception qu'ils font moins grands que les Lits, ( les plus grands de ces Pavillons n'ayant que 4 pieds & demi de long, fur 3 pieds & demi de large ) & qu'ils font prefque toujours d'une forme cintrée par leur plan, ainfi que la Fig. 14, cote A, qui eft la forme la plus ordinaire , dont l'élévation eft repréfentée Fig. 10. Quelquefois le dedans du premier chaffis eft d'une autre forme que par dehors, ainfi que la Fig. 14, cote B , dont le chaffis de deffus, quoiqu'ovale comme le dedans du premier , eft d'une forme moins alongée , ce qui donne des montants d'une courbe diiïérente les uns des autres. Foyei la Fig. 11, qui repréfente la coupe de ce côté de Pavillon. Lorfque les Pavillons ont beaucoup d'éléyation, comme les Fig. 12 , (& 13 qui eft la coupe de cette dernière , ils changent quelquefois de plan , comme la Fig. 1 5 , ce qui en rend la conftruélion quelquefois très-compliquée ; parce qu'alors il faut plufieurs chaffis les uns au-delîlis des autres, & des courbes de Menuisier , ///. Pan. II. SeS. K 8 6^6 ME NUIS 1ER, 111. Pan. SeEl, IL Chap. FIL „ différentes formes & longueurs , tant fimples qu'en arrctier , ce qui demande Planche beaucoup d'attention & de connoifTance de la part des Menuifiers , fur-tout dans la théorie des Traits, dont la connoifTance leur eft abfoiument néceffaire pour faire ces fortes d'ouvrages avec toute la perfeélion dont ils peuvent être fufcep- tibles ; c'eft pourquoi je donnerai ci-après la manière de faire de ces fortes de courbes , fans en faire de démonftration trop compliquée , renvoyant au furplus , ceux qui voudront prendre une connoidance plus étendue, tant de cette partie, que de ce que j'ai dit jufqu'à préfent qui y a rapport , à mon Art du Trait , où j'ai amplement traité de tout ce qu'il eft néceffaire qu'un Menuifier fâche , à quelque partie de cet Art qu'il fe foit attaché. Voyez la Seconde Partie de cet Ouvrage , page 341. On fait encore d'autres petits Pavillons , foit avec des retours ou avec des chaffis fimples , lefquels ne font cintrés que de trois côtés , le quatrième , qui eft droit , fe plaçant du côté du mur. Ces Pavillons n'ont rien de particulier tant pour la décoration que pour la conftruélion ; c'eft pourquoi je n'en parlerai pas davantage. Voye'^ la Fig. 14 , où j'ai indiqué par des lignes ponéluées a, è ^ c , d ,la forme de ces Pavillons , lefquels font , pour la plûpart , plus petits que celui-ci , leur longueur étant ordinairement depuis 2 pieds Se demi jufqu'à 3 pieds au plus. En général, les chaffis ou Pavillons des Lits, fe font en bois de hêtre , parce que ce bois eft plus liant que le chêne , & par conféquent plus propre pour les parties courbes Se étroites ; de plus , ce bois eft moins cher , ce qui doit encore le faire préférer. Lorfque ces Pavillons feront fufceptibles de décoration , tels que des trophées & autres ornements , on pourra faire ces parties en bois de tilleul , lequel eft propre à la Sculpture , & en même temps très-léger , ce qui eft fort à confi- dérer dans ces fortes d'ouvrages , qui ont befoin de beaucoup de légèreté , & où il faut , par conféquent , n'employer que des bois de cette qualité , autant que leur folidité pourra le permettre : obfervation qu'il ne faut jamais perdre de vue dans la conftruélion de toutes fortes de Menuiferies. La conftruélion dos chaffis de Lits n'a rien de particulier ; c'efl pourquoi je n'entrerai pas dans un grand détail à ce fujet , vu que ce ne feroit qu'une répétition de ce que j'ai déjà dit dans le cours de cet Ouvrage ; tout ce que je puis recommander , c'eft d'éviter, autant qu'on pourra, les bois tranchés , Se de faire enforte que quand il y aura plufieurs chaffis au-deffijs les uns des autres les courbes ne fe trouvent point vis-à-vis les unes des autres , parce que le peu d'épaiffeur des chaffis ne permettroit pas d'y faire des affemblages folides ; on obfervera auffi que quand les plans de ces chaffis feront d'une forme quarrée , il faudra y mettre des courbes aux angles , foit faillants, ou rentrants , afin que le Tapiffier puiffe y attacher fon étoffe, Se par conféquent fuivre exaélement toutes les formes du Pavillon. Section 1. §. I. Des Ciels de Lits ; de leurs formes , SCc. 6yj Quant à la groffeur des bois de ces derniers, on doit les faire les plus petits : poflîbles , c'eft-à-dire , ne donner qu'environ un pouce quarré aux courbes 8c P'-anche petits montants , & 2 pouces de largeur fur p à 10 lignes d epailTeur aux chaffis de dedans , à moins toutefois qu'elle ne foit bornée par la hauteur d'une moulure ^ qu'on y rapporte quelquefois en dedans , comme à la Fig. 7, ce qui fait un très- bon eifet. Quant à la largeur du cliaffis du dehors ou du bas ( ce qui eft la même chofe ) , on doit lui donner environ 3 pouces de largeur, fur un pouce d'épaif- feur , comme h ceux dont j'ai parlé ci-deflus. Ce que je viens de dire touchant la force & groflêur des bois des Pavillons & des Impériales, ne doit s'entendre que de ceux qui font d'une grandeur ordi- naire , c'eft-à dire , pour des Lits de 4 à 5" pieds de large au plus ; car pour ceux qui pafferont cette grandeur, on fera très-bien de forcer la groffeur des bois, tant des Pavillons que des couchettes, & cela à raifon de leur grandeur & de leurs différentes formes, dont il eft impoffible de donner des règles certaines. J ai dit plus haut qu'il étoit néceflâire qu'il y eût une courbe dans les angles _ des Pavillons des Lits , afin que le Tapiffier puiffe y attacher fon étofl^e , Se Pianche qu'elle fuive exaftemcnt le contour du Pavillon , foit à l'intérieur foit à l'exté- ^1^' rieur ; cependant il s'en trouve un grand nombre où on a négligé d'en mettre, foit pour épargner l'ouvrage , foit que les Menuifiers qui ont fait ces Pavillons , n'euffent pas la capacité de les fliire , ignorant abfolument tout ce qui a rapporc non-feulement à ces courbes d'angles, mais encore à beaucoup d'autres qui entrent dans la conftruélion de différents Pavillons , qu'ils font fouvent à l'aven- ture , & plutôt par habitude qu'avec connoiflànce de caufe ; de forte que s'ils étoient obligés de faire des Pavillons ou Impériales, dont la forme exigeât des courbes différentes de celles qu'ils ont habitude de faire , ils fe trouveroient fort embarrafles , faute dp rnnnoidânces tkéoricjnes à ce fujet. Ce font ces confîdérations qui m'ont engagé à donner ici quelques notions de ces différentes courbes , afin de mettre les Menuifiers en Meubles à portée d'acquérir des connoiffances qui leur font abfolument néceffàires , fans être obligés de faire une plus grande étude de fArt du Trait , dont , à la rigueur , ils peuvent fe pafTer , les courbes dont il eft ici queftion étant très-étroites , toutes liffes , & peu fufceptibles de régularité dans leurs équerres , n'y ayant que leur contour , foit intérieur foit extérieur , qui exige de la précifion , comme on l'a pu voir ci-devant. Quand on veut avoir le cintre d'une courbe d'arête d'un Pavillon d'une forme quarrée , on commence par en tracer le plan, tant intérieur qu'extérieur, comme l'indiquent les lignes A B C ôc D E F , Fig. 1 ; on trace au bout & perpendi- culairement à ce plan , la courbe droite Fig. l , c'eft-à-dire , prife fur la ligna C F ; enfuite on divife cette courbe en autant de parties égales qu'on le juge à propos , comme aux points a , b , c , d , e ,f, defquels points on abaiffe autant de perpendiculaires qu'on trace fur le plan jufqu'à la rencontre de la ligna 6-7% MENU ISIE R,in. Pan. Secl. IL Chap. FIL == d'arête E B , d'après laquelle on retourne ces mêmes lignes de l'autre côté du Planche plan , fuppofé qu'elles y foient nécelTaircs , comme je le dirai dans la fuite. Cette opération étant faite fur la ligne E B , ( dont on veut avoir la courbe d'arête qu'elle repréfente en plan, ) on élevé des perpendiculaires à la rencontre de cette ligne avec celle de l'élévation ; puis on prend fur la Fig. i , la hauteur de chaque perpendiculaire provenante des divifions du cintre , depuis chacune des divifions jufques fur la ligne a m , qui eft la naifîance de ce même cintre , & on les porte fur les lignes perpendiculaires de l'arrêtier qui leur font corref- pondantes , c'eft-à-dire , qu'on fait la diftance E n , Fig. 2 , égale à celle mf, Fig. I ; celle s 0 , égale à celle / e ; celle t p , égale à celle i d ; celle u q , égale à celle Ac ; & celle x r, égale à celle g l? ; puis par les points B ,r ,q,p,o &: n, on fait paffer une ligne qui eft la courbe demandée. Quelqu'inclinaifon que prenne une courbe , on fe fert toujours de la même méthode pour en déterminer le cintre , du moins quand le plan eft d'une forme quarrée , comme dans le cas dont il eft ici queftion , ce qu'on peut voir dans la Fig. I ,où la courbe élevée fur la ligne DB, eft déterminée par des lignes perpen- diculaires élevées à la rencontre des lignes provenantes des divifions de l'élévation avec la ligne DB\às forte que la hauteur de la ligne D 5 , eft égale à celle E n , & parconféquent à cellem/, Fig. 1 ; celle x ^ , égale à celle s o , & à celle le; celle & 3 , égale à celle cp, Se r celle i. d ; celle i 2 , égale à celle uq, & à celle h c ; enfin la hauteur j i , eft égale à celle x r, & à celle g b ; puis par les points 5" , I , 2 , 3 , 4 & y , on fait paffer une courbe dont le plan eft repré- fenté par la ligne £) 5. Le calibre des courbes ralongées étant ainfi tracé , on procède à l'exécution de ces mêmes courbes de la manière fuivante : on com- mence d'abord par marquer fur le plan la largeur de la courbe ainfi que fon épaif- feur , comme l'indiquent les points /j, !> , c , J , Fig. 3 , ce qui donne la moitié du plan , ( ce qui eft égal , la moitié pouvant être prife pour le tout ) ; enfuite de l'angle b, on élevé une perpendiculaire à la ligne d'angle La, & on recule le calibre au point ff, toujours fur la ligne L a, et qui donne la courbe g h i, femblable à celle aef, à laquelle on augmente l'épaiflèur delà courbe, qui, à fon extrémité fupérieure , eft égale à celle qui eft marquée fur le plan. Voye^ la Fig. 3 , où la courbe eft vue en dedans , & fuppofée coupée au milieu de fa largeur, afin d'en faire voir fangle rentrant , qui fe fouille à même la pièce & à rien du haut , comme on peut le voir dans cette Figure. Il faut obferver que je fuppofe ici que la pièce fe retourne d'équerre dans tout fon pourtour , ce qui en augmente la largeur par le bout inférieur , comme je l'ai indiqué par la ligne ponéluée m c; cependant comme les courbes dont je parle ne font pas apparentes , il n'eft pas abfolument néceflîiire qu'elles fe retournent d'équerre dans tous leurs contours ; c'eft pourquoi la largeur indiquée par la ligne m n , eft fuffifante. S'il arrivoit que l'angle d'une courbe d'arête fût faillant , au lieu d'être ren- trant Section I. §. I. Des Ciels de Lits ; de leurs formes , SCc. tfyp trant comme dans le cas donc je parle , cela ne changeroit rien à la manière ■ d'opérer^ puifqu'au lieu d'avancer le calibre, on ne fait que le reculer, félon Planche que l'exige la largeur de la pièce. Quand il arrive qu'un Pavillon eft d'un plan cintré à l'extérieur , comme la partie d'ovale ABC, Flg, 4 , & que fon cintre intérieur eft d'une autre forme, comme le quart de cercle £) £ F, la méthode d'avoir la courbe des différentes cerces qui le compofent , efl à peu-près toujours la même , comme on peut le voir dans cette Figure , où après avoir déterminé la forme du principal cintre in- diqué par la courbe G l , Fig. 7, & celle du petit cintre indiqué par celle M N, Fig. y , on commence par divifer le premier cintre en autant de parties qu'on le juge à propos ; & on abailfe autant de perpendiculaires fur la ligne A D, Fig. 4 ; enfuite on prend la hauteur de chacune des perpendiculaires prifes au nud de la ligne G H , Fig. 7, qu'on porte fur la ligne L N, Fig. y ; de forte que la diftance L R , Fig. j , égale celle H Q , Fig. 7 ; celle L 5, égale celle HP ; & celle L T, égale celle H Q ; puis aux points 7Î, S ,T , on élevé autanc de perpendiculaires à la ligne L /V, qu'on prolonge jufqu'à la rencontre de la courbe , d'après laqvielle on abaifle autanc de perpendiculaires fur la ligne du plan C F, Fig. 4 ; puis par les points ad, bcSccf, on décrit autant de portions d'ellipfès ( ou ovales , ce qui efl: la même chofe ) , fur Ic/quelles on prend des diftances fervant à décrire les différentes courbes du pourtour du Pavillon , ce qui le flic par la méthode ordinaire ; c'ell-à-dire , qu'après avoir tracé fur le plan la place de la cerce dont on veut avoir la courbe , comme par exemple la ligne B E , Fig. 4, aux points g , h 8c i , que forme la rencontre des cerces du plan avec la ligne B E ; on élevé à cette dernière autant de lignes perpendicu- laires , donc la hauteur eft égale à celle des Fig. J <§ 7 , qui leur font corref- pondantes , & par le moyen defquelles on décrit la courbe demandée , ce qui n'a pas befoin de déraonftration. Si on vouloic que cette courbe fût placée en travers du plan , comme la ligne AU , on is ferviroic de la même méthode. Vojei la Fig. 8 , qui eft le développement de la courbe prife fur cette ligne. Comme les courbes des Pavillons font très-étroites , le même calibre peut fervir des deux côtés , encore qu'elles foient obliques avec les faces du plan , en obfervant toutefois de reculer le calibre fuivant l'obliquité du plan. Comme il y a des Pavillons dont la partie intérieure eft quarrée , je crois devoir donner la manière de tracer les courbes , laquelle , quoiqu'à-peu-près la même que la pré- cédente, devient cependant un peu plus compliquée, comme je vais f expliquer. Quand les Pavillons font ainfi difpofés , comme le repréfente la Fig. 6 , on fait les mêmes opérations qu'à la Fig. 4 , pour avoir les points ab c 8c def, des; bouts ; enfuite on trace la ligne o- A, félon la diagonale du quarré , qui devient le plan de la courbe d'angle , & fur laquelle on élevé une ligne perpendicu- laire , dont la hauteur os, & les diftances opfOqôcor, font égales à celles io , il , im&. in, Fig. 9 ; ce qui étant fait , du point s, Fig. 6 , au point h , Menuisier , III. Pan. II. Seci. L S Planche 2iS- Planche 680 MENUISIER, m. Pan. SeH. II. Chap. VU. on trace une courbe d'un cintre analogue à celui des deux autres des bouts , c eft-à-dire , que quand ces derniers feront des portions d'ellipfes ou de cercles, comme dans cette Figure, il faut que la courbe décrite fur la ligne o h , foit de même nature , c' efl-à-dire , une portion d'ellipfe. Cette courbe étant tracée , des points p ,q ,r, on élevé des perpendicu- laires à la ligne 0 s; Se aux points où elles rencontrent la courbe , on en abailTe d'autres fur la ligne o h , lefquelles y donnent les points /■ , u & jr, par lefquels, & par ceux abc &. de f, on fait palTer autant d'arcs de cercles dont le centre doit être placé fur les lignes a g è<. jg, prolongées autant qu'il eft néceflàire ; & fur ces arcs de cercles ainfi tracés , on peut prendre la courbure de toutes les antres cerces de ce Pavillon , de quelque fens qu'elles foient difpofées. Ce que je viens de dire au fujet des courbes ralongées , renferme à peu-près tout ce qu'il eft nécelTaire de favoir , du moins pour la conftrudion des ouvrages dont je traite ici; & quoique je n'en aie repréfenté que de trois différentes efpeces , les méthodes qui ont fervi à leur conftruétion , pouront s'appliquer à tous les cas polfibles , du moins pour cette partie du Meuble, qui , fi elle n'eft pas la moins intéreffante , eft du n:ioins celle qui eft la moins apparente , & qui n'eft fuiette à aucune efpece de décoration. Au refte , ceux qui voudront prendre des connoiifances plus étendues fur cette matière , pourront avoir recours à l'Arc du Trait , dont j'ai traité dans la féconde Partie de cet Ouvrage , où ils trouve-; ront de quoi fe fatisfaire , tant pour la théorie que pour la pratique. Ce que je viens de dire touchant les Pavillons & les Impériales , peut égaler ment s'appliquer à ceux des Lits à la Françoife , dont j'ai fait la defcription , & à ceux à la Polonoife, dont il me refte à traiter. Cependant avant de paffer à la defcription de ces derniers , je crois qu'il eft bon de donner un exemple d'un Lit à la Françoife richement décoré , & dont une partie du bois de Lit ou cou- chette foit apparent , ainfi qu'aux Lits à la Polonoife , afin de faire voir combien les Lits à la Françoife l'emportent fur ceux à la Polonoife , tant pour leur belle forme , que pour leur pofition avantageufe dans un appartement. Voyez les Figures de cette Planche , lefquelles repréfentent un Lit à la Françoife , avec fon ciel ou impériale , propre à l'ufage d'un très-grand Seigneur , d'après la décoration duquel on pourra en inventer d'autres plus ou moins riches , félon qu'on le jugera à propos. Au refte , je ne prétends pas donner ce Lit comme un exemple à imiter , mais feulement pour convaincre , s'il eft poffible , ceux qui fe mêlent de la décoration des appartements & des Meubles qu'on y place , qu'il eft des occa- fions oià il n'eft pas toujours bon de fuivre la mode, fur -tout quand elle n'a d'autre fondement que l'envie de faire du nouveau , & qu'elle eft oppofée à la raifon & à la commodité , qui eft ce qu'on doit le plus rechercher , fur-tout dans les Meubles dont il eft ici queftion. Section IL Defciiption de Lits à la Polonoife , ôCc. (58 r Section Seconde. Defcrlpuon des Lits à la Folonoife ; leurs proportions , firmes <S' décoration. Les Lits à la Polonoife ne différent de ceux à la Françoife , que pour la ■^-■-^■-"■■■"^ forme Se la décoration ; car pour les dimenlîons , tant de largeur que de Ion- Pi-'^f^cHE gueur & de hauteur de chevet , elles font toujours à peu-près les mêmes , ce qui eft tout naturel , puifqu'ils fervent aux mêmes ufages ( *). Les Lits à la Polonoife font toujours à deux chevets, & quelquefois à trois, de manière qu'ils font fermés de trois côtés , & qu'il n'y a d'ouvert que le côté de la chambre , par lequel on entre dans ce Lit. Les pieds de ces Lits montent de fond jufqu'environ la hauteur de 6 pieds ou 6 pieds 8c demi , d'après laquelle ils fe recourbent pour foutenit l'impériale , qui eft d'un bon tiers plus petit que le bas du Lit. Comme les pieds des Lits ainfi recourbés , pourroient être peu folides , à caufe du bois tranché, on a imaginé de faire ces courbures en fer, ce qui eft très-foUde , & fait également bien que il elles étoient faites en bois , vu que ces courbes font cachées par la retombée des rideaux , qui font attachés deifus , foie qu'ils foient ouverts ou qu'ils foient fermés. P^oje^ la Fig. x , qui repréfento la face d'un Lit à la Polonoife à trois chevets , avec le chaflis , ou , pour mieux dire , le bâtis de fon pavillon. Voyez la Fig. 2 , qui repréfente la moitié d'un des bouts de ce même Lit vu par dehors ; & la Fig. 3 , qui repréfente ce même bouc ou doffier vu par dedans avec la coupe du bâtis de fbn pavillon. L'iifage des Lirs à la Polonoife eft peu ancien en France, & ne peut être regardé que comme un effet dp Ip modr>. qui. fnnv&nr , ne fait préférer une cliofe à une autre , que parce qu'elle a le mérite de la nouveauté. En effet , les Lits à la Polonoife , tels qu'on les fait à Paris , coûtent très - cher , ne peuvent être à l'ufage des gens du commun , auxquels , d'ail- leurs, ils ne'pourroient pas fcrvir; ils ne peu- vent donc être propres que pour les gens riches , lefquels , cependant , ne peuvent décemment s'en fervir que dans de petits appartements , ou comme des Lits en niche, parce que ces fortes de Lits ne fe préfentant que de côté, ne peu- vent jamais s'employer dans des appartements fufceptiblesde quelque décoration, & par confé- qiient jamais chez les grands Seigneurs , à moins que ce ne foit, ainfi que je viens de le dire , dans de petits appartements prives , qui font les feuls où ces fortes de Lits peuvent bien faire , du moins conformément aux ufages reçus dans ce pays. Quoi qu'il en foit , la mode a prévalu fur la bonté & l'ancienneté de l'ufage , & tout le monde , ( du moins les gens aifés ) a voulu avoir des Lits à la Polonoife , fans s'em- barraffer de leurs défauts, lefquels font conft- dérables; parce qiie d'abord leur forme ne peut jamais guère répondre à celle d'un granj appar- tement , ainfi que les Lits à la Ftançoife , lef- quels ont , fans contredit , beaucoup de grâce & de grandeur, & font eu même temps plus propres à faciliter le ièrvice des domelliques , fur-tout dans le cas de mala.iie , où il cfl fou- vent néceffaire de tourner autour du Lit fans être obligé de le déranger, ce qui ne peut être aux Lits à la Polonoife , qui ayant deux chevets &. un côté proche du mur , ne peuvent avoir qu'un côté de libre, lequel étant en face du jour , en prive totalement la perfonne qui cH; couchée dedans lorfqn'on s'en approche , ce qui eft fort défavantageux , non-feulement dans le cas de maladie , mais même en tout autre temps. De plus , ces fortes de Lits ne peuvent ctrô propres qu'à une perfonne feule ; parce que s'ils fervoient à deux , celle qui coucheroit du côte du mur, feroit obligée de palfer par-deflus l'autre , fi elle avoit befoin de fe relever dans la nuit , ce qui eft fujet à beaucoup d'incon- vénients , qui , s'ils ne font pas abfolument rejet- ter l'ufage des Lits à la Polonoife, doivent du moins porter à ne s'en fervir qu'avec connoiffance de caui'e , & non pour fuivre la mode , laquelle cfl fouvent direitement oppofée au^ ufages reçus , & ce qui efl encore pis , à notre propre commodité. <582 M E N U I S I E R , III. Part. SeB. Il Ckap. FIL ■ Le cintre de ces courbes fe fait ordinairement en S, comme on le voit ici ; 8c Planche on ne le détermine pas en le traçant fur une des deux faces , mais au contraire , fur une faillie donnée par la diagonale du plan a b , Fig. y , qu'on reporte fur l'élévation de c à rf' ; puis on fait la courbe def, la plus gracieufe poffible , laquelle fert à tracer géométralement les courbes des deux élévations , ce que l'on fait par la méthode des courbes ralongées , comme je l'ai indiqué par les lignes ponéluées , lefquelles font communes aux Fig. \ & i. La hauteur la plus ordinaire des doITiers des Lits à la Polonoife , eft d'en- viron 4 pieds , à laquelle hauteur on fait régner au delTus d'une efpece de cymaife , ou toute autre moulure , laquelle règne au pourtour du doffier, & en fuit les contours , & vient fe marier avec les ornements qu'on y introduit , comme on peut l'obferver aux Figures ci-deffijs. En général , les bâtis de ces Lits font fufceptibles de décoration , tant les pieds , auxquels on peut donner diverfes formes plus ou moins riches , qu'aux traverfes , tant du haut des dolTiers que celle du bas , qu'on peut aulîi cintrer , en obfervant de faire ces cintres très-doux , afin que le chaffis fanglé qu'on y place à fordinaire , ne la déborde pas en delfus, & qu'il refte en deffbus au moins un demi-pouce de bols , d'après l'endroit le plus creux de la traverfe. Le pourtour des Lits à la Polonoife , du côté des chevets , eft rempli par des bâtis qui fervent à porter la garniture d'étoffe , qui y eiî attachée, tant fur les pieds que fur les traverfes , fur un ravalement qui affleure avec ces bâtis , & qui a environ p lignes de largeur, réfervé d'après la largeur de leurs profils, ainfi qu'on peut le voir à la Fig. 4 , qui repréfente en grand le profil d'un des pieds de devant de ce Lit , qui ne diffère de celui de derrière , qu'en ce qu'il n'a de faillie que d'un côté pour recevoir fétolïe , & que l'autre côté repréfente un pilatlre ravalé, fur lequel j'ai indiqué par des lignes ponéluées a b, bc & <r^^, la faillie néceifaire à ce pied s'il étok placé derrière , de que le Lk eût trois chevets , comme celui-ci. Voyez auffi cette même Figure , où j'ai Indiqué par les lignes £■ e , la faillie de la cymaife, fervant de couronnement à la faillie exté- rieure du pied , & retournant en dedans du pied de devant , & cette même faillie continuée en retour d'équerre pour le pied de derrière , indiqué par les lignes/,/,/ La conftruélion de ces Lits n'a rien de particulier ; ils fe montent avec des vis comme les autres , dont cependant on a foin de cacher les têtes dans quelques ornements. Leurs doflîers reftcnt toujours affemblés ; mais comme celui de derrière ( ou , pour mieux dire , de côté, les côtés de ces Lits étant pris ici pour le derrière ou le devant ) , s'il étoit retenu par la garniture , ne pourrolt pas quitter le pied avec lequel elle feroit attachée , on y fait un faux battant qui tient avec le doflier , & entre tout en vie avec fi garniture dans une rainure qu'on y pratique dans le pied à cet effet, Voye:^ la Fig. 4 , où j'ai indiqué cette rainure par les lignes g h, hl à,li. On Sectiojv il Defcription des Lits à la Polonoife , ÔCc. 6^ On obfervera à ce fiije: que cette rainure eft de 3 lignes plus large qu'il ne faut pour recevoir ce faux battant , ce qui eft nécelTaire pour les deux épaiiTeurs Planche des étoffes dont on entoure ce faux battant , fur le champ duquel elles font attachées , ce qui oblige à laiffer 3 lignes de jeu au moins , entre le fond de la rainure & ce dernier , auquel on peut alors donner deux bons pouces de largeur, afin de le rendre plus folide. Il faut auffi avoir foin de placer les joints des traverfes dans quelques enrou- lements de fculpture, ou à la rencontre des onglets de quelques refïïwts, afin qu'ils foient moins apparents. Quant à la manière de remplir le fond de ces Lits, c'eft la même chofe qu'aux Lits à la Françoife. Voye^ la Fig. 6, qui repréfente le plan du Lit donc je fais la defcription , pris au-deffus du chaffis finglé ; & la Fig. j , qui repré- fente ce même Lit vu de delfus avec le plan de fon pavillon , pondue feulement. La décoration de ces Lits eft aifez arbitraire ; on ne doit cependant poinc abufer de la permiffion que femblc donner cette efpece de liberté , pour rien faire qui ne foit aifujetti aux règles de la vraifcmblance & de la bonne conftruc- tion. On doit auffi avoir foin que les moulures dont font décorés ces Lits tant en dedans qu'en dehors, fe raccordent bien aux angles, qu'elles ne foient interrompues dans leur cours que le moins poffible ; & que les ornements de fculpture qu'on emploiera à ces fortes d'ouvrages , y femblent amenés par la néceflîté, & paroiffent plutôt appliqués fur f ouvrage, que pris aux dépens du relief des moulures, & même des contours, ce qui eft encore pis, & qui cependant n'arrive que trop fouvent. Il faut auffi avoir foin que ces ornements n'aient pas de parties trop faiUantes, & par conféquent fujetces à éclatter ; ce qu'il faut abfolument évitera toutes fortes de meubles, & fur -tout aux Lits, lefquels font fujets à être remués trop fouvent. Je ne parlerai pas ici des pavillons des Lits à la Polonoife, parce que j'ai traité cette matière avec toute l'étendue nécelTaire , en parlant des Ciels de Lits' en général. Lorfque les Lits à la Polonoife ont trois chevets ou doffiers , ainfi que calui dont je viens de faire la defcription , ils portent alors le nom de Lits à L' Ita- lienne ; mais encore plutôt lorfqu'au lieu d'avoir leur pavillon porté par quatre courbes montantes de deffijs les quatre pieds , ils n'en ont que deux , Isfquelles montent du milieu des deux doffiers oppofés ; il y en a d'autres qui n'ont que deux courbes , comme ceux-ci , mais qui montent de defTus les pieds de derrière & fupportent le pavillon, qui alors n'eft cintré que de trois côtés, celui qui refte droit pofant, ainfi que les deux courbes, contre la muraille. Toutes ces différerices font, à mon avis, trop peu de chofe, pour qu'on puifTe regarder les Lits à l'Italienne , & autres de ce genre , copime une efpece de Lits diftinsués Menuisier , IIL Pan. S'eS. IL M § 684 MENUISIER, III. Part. SeB. IL Chap. VIL de ceux à la Polonoife , dont ils ne font tout au plus qu'une nuance , étant a peu-près femblables, tant pour la décoration que pour la forme. Les Lits à la Turque font encore dans le cas de ceux dont je viens de parler , PiANCHE puifqu'ils ne différent de ces derniers que par la forme de leurs doflîers , lefquels H^-t font cintrés & forment un enroulement par le haut qui termine leurs pieds , de forte que leur pavillon eft fufpendu au plancher ; quelquefois les pieds le continuent du deffus de ces enroulements comme aux Lits à la Polonoife , & alors ils n'ont plus rien de différent que le cintre de leurs doffiers , lequel doit être très -doux, & difpofé de manière qu'il tourne bien avec la traverfe de devant , fans cependant que cette dernière foie trop cintrée , afin qu'elle puifle recevoir le chaffis fanglé , fans qu'il la déborde en aucune manière , ainfi que je l'ai obfervé à la Fig. J , qui repréfente l'élévation géométrale de ce Lit ; & la Fio. 6, qui repréfente la traverfe de devant vue par derrière , avec le ravale- ment fait, propre à recevoir le chaffis fanglé. Les chevets des Lits à la Turque fe conftruifent de même que ceux à la Polonoife , excepté que comme ils font cintrés , il faut mettre les traverfes propres à foutenir la garniture , plus proche les unes des autres , pour que cette dernière fuive plus exaélement le cintre du doffier , ce que j'ai obfervé à la Fig. 1 , cote A , qui repréfente le doffier vu en dedans ; & cette même Figure , cote B , qui repréfente ce doffier vu en dehors ; & la Fig. 3 , qui repréfente la coupe du doffier, & par conféquent de toutes les traverfes qui le compofent , une defquelles eft évuidée en angle creux pour recevoir la garniture à l'endroit de l'enroulement. Comme les pieds de ces Lits font cintrés fur les deux fens , il faut avoir foin qu'ils foient faits de bois bien fain , & le plus de fil poffible , afin qu'ils foient plus folides, comme je l'ai obfervé Fl^. i. Les Lits à la Turque font quelquefois cintrés en plan fur la face , ahifi que celui dont je fais la defcription Fig. 7, du moins c'eft l'ufage , qui , fans rendre l'ouvrage beaucoup plus parfait, le rend plus difficile à faire, non-feulement pour les Menuifîers , mais encore pour les Tapiffiers , qui alors font obligés de cir*rer les matelas & tout le refte du Lit , .ce qui devient affez inutile , vu qu'une forme droite eft la plus convenable pour ces fortes d'ouvrages , & généra- lement la plus ufitée. Quant à la décoration des Lits à la Turque , comme c'eft à-peu-près la même chofe que pour ceux à la Polonoife , je n'en parlerai pas ici , me contentant de donner le profil d'un pied grand comme l'exécution , d'après lequel on pourra en inventer d'autres , en prenant les précautions que j'ai recommandées lorfque i'ai parlé des Lits à la Polonoife. Voyei(^ la Fig. 4. Leur conftruélion eft auffi la même; c'eft pourquoi je n'en parlerai pas non plus. On fait encore d'autres Lits qu'on nomme à la Chinoijèy à l'antique , dans le Section III. Defcrïption des Lits de campagne , SCc. 8j goût pittorefqiic, &c. lefquels ne différent que de nom d'avec ceux dont je viens = r-— — ~" de parler, du moins que de très-peu de chofe , & encore n'eft-ce que dans quel- Planche ques parties de leur décoration , ce qui n'eft pas la partie effèntielle de mon fujet ; d'ailleurs ces fortes de Lits , quoique fort à la mode , ne doivent pas être employés indifféremment par-tout, mais avec beaucoup de retenue, comme je l'ai déjà dit plus haut ; les Lits à la Françoife leur étant préférables , tant pour l'ufage des pauvres que des riches , auxquels on peut en faire de très-niagni- fîques , ainlî qu'on peut le voir dans la Planche 24^. Section Troisième. Defcription de différentes efpeces de Lits de campagne ; leurs formes & conjlruclion. Les Lits dont je vais faire la defcription , fe nomment Brigantins , & ne ■ fervent qu'à la guerre ou dans les voyages des grands Seigneurs , lefquels , Planche ayant une fuite nombreufe , ne peuvent pas trouver fur les routes le nombre de Lits fuffifint pour eux & leurs gens. Deux chofes font à confidérer dans la conftruélion de ces Lits ; favoir , la légèreté & la commodité, parce qu'étant fujets à être tranfportés fouvent , il faut qu'ils foient très-légers , & qu'ils tiennent le moins de place qu'il eft poffible , ce qui a fait imaginer différentes manières de les ployer ou brifer ( en terme d'ou- vrier ) , dont celle qui eft repréfentée dans cette Planche , quoique coûteufe & très-compliquée , eft la meilleure , & une des plus folides dont on faffe ufage. Ce Lit , tel qu'il eft repréfenté ici dans les ¥ig. r (& 2 , qui en repréfentent l'élévation de côté & du bout , & la Fig. 4 . qui en repréfenté le plan , fe brife tant fur la hauteur que fur la largeur ; favoir , les pieds de derrière , Fig. r , au point a ; de forte que le haut du pied fe reploie de û à ^ , ce que j'ai indiqué par un demi-cercle ponélué. D'après cette brifure , ces pieds , ainfi que ceux de devant , fe brifent en dedans ; favoir , celui à droite ( ou à gauche , ce qui eft égal ) , Fig. 2 , au point c, d'où il fe reploie fur la traverfe au point d, & celui à gauche au point e , duquel il fe reploie fur l'autre pied au point /. V oyei La Fig. J , qui repréfenté ces pieds ainfi reployés , ainfi que ceux de deffbus , dont le mouvement eft indiqué fur les élévations Fig. i (S' 2 , par .des arcs de cercles pondués. Voyez auffi la Fig. 6, qui repréfenté ces mêmes pieds brifés & vus en dedans , afin qu'on puiflTe reconnoître k première brifure des pieds ou colonnes , que j'ai marquée des mêmes lettres que fur les élévations , pour faciliter l'intelligence du difcours. Les pans de ce Lit fe brifent chacun en trois endroits ; favoir , au milieu a , Fig. 4 , & aux deux bouts bb , à envifon 3 pouces de leur affemblage ; de forte qu'après avoir ôté les écharpes du dedans , & la traverfe du milieu , comme je 6S6 MENUISIER, lU. Pan. SeB. II. Chap. Vil ■ ^'^ «^'«i ci-après , on reploie les pans en dedans , l'un à droite & l'autre à gauche ; Planchs de manière qu'ils viennent rejoindre les traverfes des bouts aux points c , c. ^ l'^ F'<-g- 8 , qui repréfente ce Lit ainfi ployé vu en deflus. Chacune des brifures des pieds eft garnie de deux charnières de fer, l'une dont la goupille eft rivée & attachée furies deux boucs du pied, & l'autre attachée de même fur ces pieds , mais dont la goupille eft mobile, de manière qu'elle s'ôte pour brifer le pied , & fe remet pour le tenir droit , comme on peut le voir dans la Fig. 3 , où cette goupille mobile a un œil à la tête pour pafFer une chaîne qui eft attachée au pied , de crainte qu'elle ne fe perde. Les écharpes des bouts font jointes enfemble par une charnière d. Fia. 4, & on les fait entrer par leurs extrémités dans des mortaifes pratiquées à cet effet dans le milieu de la traverfe & dans les pans, dans lefquels on ne peut cependant les faire entrer qu'en brifant une des deux écharpes, ce qui fe fait de la manière fuivante ; On fait dans cijaque bout des deux pièces A,B,FIg.^, deftinées à faire une écharpe brifée , deux entailles a, i, furie plat, d'environ un pouce de long , plus larges du bout que de fond, afin de rendre les pièces plus fortes de ce côté. Ces deux entailles doivent être parfaitement égales , afin que le plein d'une pièce rempliffe le vuide de l'autre ; & pour rendre le joint de ces entailles plus fôlide , on fait aux deux bouts de chaque pièce de petites languettes , lefquelles les empêchent de fe déranger ; enfuite on arrête les deux pièces enfemble par le moyen d'une charnière C, placée fur leur champ , de manière qu'elles peuvent . s'ouvrir oufe fermer félon qu'on le juge à propos , & qu'on les retient enfuite fermées par le moyen d'une chape de fer D , qu'on fait gliifer fur le joint après qu'on l'a fermé , ainfi que je l'ai indiqué dans cette Figure par des ponéluations, & qu'on peut le voir dans la Fig. 10 , qui repréfente cette écharpe vue fur le champ , & la chape de fer à d place. D'après ce que je viens de dire , il eft fort aifé de voir qu'après avoir fait entrer l'écharpe droite dans le pan du Lit au point e , fig. 4 , on fait entrer les deux bouts joints enfemble dans la traverfe ; enfuite la brifure de l'autre écharpe étant ouverte, on fait entrer fon tenon dans l'autre pan, au point/; puis on referme la brifure, dont l'ouverture, en raccourcilTant fécharpe, facilite l'en- trée du tenon ; & on fait gliffer la chape g fur le joint de la brifure de l'écharpe, qui alors devient auffi folide que fi elle étoit d'une feule pièce , & par ce moyen on retient les pans en place. La traverfe du milieu de ces Lits fe brife également en deux parties, de la même manière que les écharpes , foit fur le plat , comme à celle /i i, Fig. 4 , ou fur le champ , comme celle repréfentée dans la Fig. 7, qui eft, je crois' Ja meilleure manière. Les brifures , tant de la traverfe du milieu que des écharpes , font non-feule- ment nécelfaires pour retenir les pans en place , mais encore pour faire bander le coutil Section IIÎ. Dejcription des Lits de campagne , ôCc. 6'èj Coutil qui eft attaché deirus, lequel fert de fond au Lit. Ce même coutil ferc auffi de doflîer , & eft pour cet effet attaché fur une traverfe A B , Fig;. i , '•-^^che laquelle entre dans des pitons placés derrière les pieds , avec lefquels on l'arrête par le moyen de deux crochets. Ces Lits n'ont point de pavillon , mais feulement quatre barres qui entrent dans des goujons placés au bout des pieds , ainfi qu'on peut le voir aux Fig. i cr 2 , où cette barre eft brifée en deux parties pour tenir moins de place lorlque le Lit eft démonté. Comme ces Lits font fujets à être montés & démontés fouvent , le bout des barres qui en font le ciel ou pavillon , eft garni de fer , afin qu'elles ne foient pas fi fujettes à fe cafl"er, ainfi que les tenons des écharpes & de la traverfe du milieu du Lit , qu'.on fait pareillement de fer , afin qu'ils réfiftent plus long- temps , & que les mortaifes deftinées à les recevoir foient moins grandes, ce qui alîoiblit moins les pans. Ces fortes de Lits font très-commodes , vu que par le moyen de toutes leurs brifures, ils n'occupent de place qu'environ 15 pouces quarrés, fur 2 pieds & demi à 3 pieds , qui eft leur largeur ordinaire ; de manière qu'on peut les mettre dans une efpecede malle ou làc de cuirdeftiné à cet ufige, ce qui les rend très-faciles à tranfporter ; mais en même temps on ne làuroit diflimuler que ces Lits , lorfqu'ils font bien faits & folidement ferrés , coûtent très-cher , vu leur grand nombre de brifures ; de plus , ils demandent un certain temps pour les monter & démonter , & on eft fouvent expofé à en perdre quelques pièces , fur-tout dans une occafion preflee , comme un décampement précipité, ou toute autre occafion où il eft prefqu'impoffible de ne rien oublier , & d'avoir même le temps de ployer ces Lits ; c'eft pourquoi j'ai cru devoir donner un modèle d'un Lit de camp qui, à la vérité , tient un peu plus de place lor/qu'il eft ployé , que celui dont je viens de faire la defcription, mais quia l'avantage d'être très-facile à mon- ter , &en très-peu de temps , & qui a cela de particulier , que toutes les pièces qui le compofcnt tiennent enfemble , & ne font par conféquent pas expofées à fe perdre. • Ce Lit, dont l'élévation eft repréfentée dans la Fig. p, & le plan Fig. i r, eft compofé de quatre pieds ou montants de 4 pieds de haut , allemblés à l'ordinaire Planche avec des traverfes, tant par le bas qu'à l'endroit du doiTier ; les deux pans qui font brifés au milieu forment deux chaflîs, (fur lefquels eft attaché le coutil qui ferc de fond au Lit ) & font arrêtés avec les pieds par le moyen de quatre charnières qui leur donnent la liberté de fe mouvoir quand on le juge à propos ; de forte que quand le Lit eft ployé, le deflùs du pan a vient rejoindre le pied au point b, & ce- lui t va de même rejoindre l'autre pied au point d. Le ciel de ce Lit eft compofé de trois chalTis tous ferrés à charnières, qui s'emploient les uns fur les autres , ainfi que lur les deux pieds d'un des bouts du Lit , & de l'autre ils entrent dans des goujons placés au bout des deux autres pieds, avec lefquels on les arrête avec Menuisier , III. Pan. II. Sec! N 8 688 MENUISIER, m. Pan. SeS. IL Chap. VII. jjgg crochets ; de manière que quand on démonte ce Lit , le chaflls ef vient fe Planche coucher fur les pieds en dehors ; celui g h fe reploie fur le premier , & celui il fur le dernier; ce que j'ai indiqué par des arcs de cercles pondlués, quiindiqUent îcs différentes révolutions de ces chaffis , & ce qu'on peut voir dans la Fig. ro , qui repréfente ce Lit tout ployé, & où j'ai mis les mêmes lettres qu'à l'élévation. Lorfque le Lit eft monté, on en retient l'écart par quatre crochets de fer attachés fur les pieds, & on foutient le joint du milieu des pans par deux mon- tants de fer qui ont un retour d'équerre percé d'un trou à fon extrémité, lequel fert à arrêter le pied ou montant de fer avec le pan , par le moyen d'une goupille qui , pallint au travers de ce trou , entre dans le pan. Les traverfes du milieu de ce Lit doivent être cintrées en creux , ainfi que celles des chaffis fanglés , afin que le coutil , qui fait le fond de ces Lits , ne porte pas deffus lorfqu'on y eft couché. En général , le bois de hêtre fert à la conftruélion des Lits de camp , Se on doit le choifir très-fain , vu le peu de groffeur des pièces qui les compofent , laquelle eft néceffaire pour les rendre plus légers. La groffeur de leurs pieds doit être de 2 pouces quarrés au plus , la largeur des pans & des traverfes , de 2 pouces à 2 pouces & demi , fur i pouce d'épaif-, feur ; ainC du refte des autres pièces , qui doivent être très-légeres. Ces Lits ne font fufceptibles d'aucune efpece de décoration : il fufEt qu'ils foient proprement & folidement faits ; c'eft tout ce qui leur eft néceffaire. Il eft encore une autre efpece de Lit de camp , nommé Lie de fangh , lequel n'eft autre chofe qu'une efpece de ployant , dont les traverfes du deffus ont 6 pieds de longueur, Se les pieds 3 pieds de hauteur aux plus grands , & a pieds & demi aux plus petits ; ces pieds s'affemblent à tenon dans les traverfes du haut, à environ l J pouces du bout , & reçoivent par le bas des entre-toifes qui en retiennent l'écart. Les pieds des Lits de fangle font retenus enfemble avec des vis qui paffent au travers , Se font arrêtées avec un ccrou. La'groffeur des bois des Lits de fangle doit être depuis un pouce de demi quarré jufqu'à 2 pouces , félon leur grandeur ; & on doit obferver d'abattre l'arête intérieure de leur traverfe du liaut , afin qu'elle ne coupe pas les fangles qui font attachées deffus. Les Lits de fangle ne font pas, à proprement parler, des Lits de camp, parce qu'ils occupent trop de place , & font par conféquent d'un tranfport trop difEcile ; ils ne font d'ufage à la Cour que pour les Gardes , Sc chez les Seigneurs , dans les anti-chambres , pour coucher les Domeftiques. Les particu- liers en font auffi ufage lorfque le peu d'étendue de leur logement les oblige à faire coucher leurs Enfants ou leurs Domeftiques dans des endroits qui doivent refter libres pendant le jour. Les Lits de camp dont je viens de parler , font à l'ufage de tous les Officiers Section ni. Defcription des Lits de campagne , SCc. (>Sç) en général ; mais quand le Roi , ou quelqu'autre grand Prince, va à l'armée , on leur porte des Lits à peu-près femblables aux Lits à la Françoife à colonnes, à l'exception que les colonnes fe coupent en deux parties fur la hauteur , & que les traverfes & las pans du Lit fe démontent tous de la manière fuivante : On commence par affèmbler les traverfes , tant du devant que du derrière , a queue dans les pieds , en obfervant que la queue ne paffe pas tout au travers de ces derniers , & que l'arrafement de la traverfe entre tout en vie d'environ 3 lignes dans le pied , comme on peut le voir aux Fig. 12 <& 14; ce qui étant fait, on perce le trou de la vis ( qui eft placée dans le pan à l'ordinaire ) au travers de la queue , de forte qu'en ferrant la vis , on arrête en même temps la traverfe , par- deJTus laquelle on fait palTer les platines AB , CD , Fig. 16 & 17, qu'on pro- longe au-delà de l'entaille , & qu'on fait entrer dans le pied, afin qu'elle ne fe dérange pas en ferrant la vis. Voye^ Us Fig. i'^ , ï6 & ij , qui repréfentent la vis avec là platine, vue de côté & de face. Le fond de ces Lits eft rempli par des fangles ou du coutil attaché fur les deux pans , dont l'écart eft retenu au milieu par une traverfe attachée à un des pans par une charnière , & fe reploic deflus lorfqu'on démonte le Lit. La brifijre des pieds fe monte à vis , laquelle tient au bout le plus court, & entre dans un écrou placé dans l'autre bout. Voye-^^ la Fig. 10, qui repréfente un bout de pied avec fa vis ; & celle i r , qui repréfente ce même pied en coupe Se tout monté , afin de faire voir la conftruélion de la vis & de Ibn écrou , lef quels font adhérents avec les viroles qui embraffent les bouts des pieds à l'en- droit du joint. Le haut de ces pieds ou colonnes , eft terminé par un goujon à 1 ordinaire , lequel reçoit les bouts du chaffis du ciel du Lit , qui y entrent en entaille l'un fur l'autre , & dont les extrémités font garnies de fer , ainfi que le repréfente la Fig. 13. Voyer^ les Fig. S & g, qui repréfentent les élévations de côté & de face de ce Lit , qui eft celui qui fert au Roi lorfqu'il va en campagne , & qui , lorfqu'il eft démonté , tient dans un fac de cuir de 13 à 14 pouces de diamètre , fur 6 pieds & demi de long. Lorlque j'ai parlé des diiîérentes cfpeces de Sièges , j'ai fait mention de ceux de campagne , dont j'ai réfervé la defcription avec celle des Lits de cette efpece. Les Sièges dont on fait le plus fou vent ufage à la campagne , font les Ployants , dont j'ai déjà fait la defcription , à l'exception que ceux de campagne font faits le plus fimplement & les plus légers polfibles , pour en rendre le tranlport plus facile. D'.après les Ployants, on a imaginé des efjjeces de Chaifes nommées Perro- quefs, lefquelles ne font autre chofe que des Ployants auxquels on a ajouté un dolfier. Voye'^ les Fig. i & 2, qui repréfentent cette Chaife ouverte & fermée. Le doflier & le defEjs de ces Chaifes font garnis de cuir , ainfi que celui des Ployants de campagne ; pour les rendre plus doux , on les a garnis de cuir & de crin à l'ordinaire , ce qui a obligé de faire un chaffis pour porter le deffus du fiége , lequel eft attaché d'un bout à charnière avec la traverfe du haiit des pieds 6^o MENUISIER, ni. Pan. SeB. IL Chap. VIL _„^^ de devant , & de l'autre vient s'appuyer fur celle de derrière , comme on peut le Planche voir dans la F%. 3 : lorfque le Siège ett ployé, ce fiége fe rabat en devant. Fojei la Fig. 4. La conflruftion de ces fortes de Chaifes eft fort fîmple ; leurs bâtis ne font que des bois droits & unis , d'un pouce & demi de largeur , fur un pouce d'épailTeur : leur hauteur de fiége eft toujours la même; il n'y a que leur largeur, qu'on réduit à 14 ou 15 pouces au plus, afin qu'ils tiennent moins de place. On fait encore une autre efpece de petits Sièges fans doffier , lefquels font d'une très-bonne invention pour tenir moins de place lorfqu'ils font ployés. Ces Sièges fe nomment Echaudés, & font compofés de trois montants de 26 pouces de long, d'une forme triangulaire par leurs plans , de forte qu'ils forment les trois enfemble un faifceau de 2 pouces de diamètre , en obfervant qu'ils ne joignent pas exafle- ment fur farête du dehors , afin d'en faciliter fouverture. F s/q la Fig. 8. Ces trois montants font retenus enfemble par trois goujons faits d'une feule pièce, & difpofés triangulairement, lefquels paffent au travers des trois montants , & au dehors defquels ils fonfrivés , de manière que les montants s'écartent tous les trois également & forment le fiége. Voye^ La Fig. 6 , qui en repréfente l'éléva- tion , & la Fig. 7 , qui en repréfente le plan tant fermé qu'ouvert , où les bouts des montants font cotés des mêmes lettres. Voyez pareillement la Fig. J , qui repréfente l'Echaudé tout fermé avec les rivures des goujons , lefquels font placés à 2 pouces plus haut que le milieu , afin de donner plus d'empalement à ce Siège , dont le deftlis n'eft autre chofe qu'un morceau de cuir ou de forte étoffe attaché au bout des trois montants. On fait aufTi des Fauteuils de campagne , lefquels fe ploient fur la largeur , de forte que les deux côtés reftent tout montés , n'y ayant que les traverfes de devant & de derrière qui fe brifent en deux parties au milieu & fe repouITent en dedans. Les traverfes des doffiers fe brifent auflï au milieu , mais fur le champ ; de forte qu'elles viennent fe rabattre fur le champ des battants. Toutes ces bri- fures font ferrées avec des couplets , & fe retiennent en place avec des crochets. Il y a de ces Fauteuils dont la brifure n'eft pas au milieu , mais au contraire à l'endroit de l'arrafement , ce qui eft plus propre , mais ce qui demande plus de précaution pour les bien ferrer. Il y en a d'autres dont le devant , le derrière & le fiége fe féparent & s'enveloppent féparément , & fe rafiî:mblent enfuite fort aifément par le moyen des crochets qui font placés à l'endroit des affem- blages. Je n'ai pas fait de Figures de ces Fauteuils , parce qu'elles m'ont paru inutiles , ce que je viens d'en dire étant fufEfant pour en faciliter l'intelligence. On fait aufli des Tables de campagne , dont le deflus & le pied fe brifent , Planche ^ cependant tiennent enfemble pour être plus faciles à tranfporter. Le defllis de ces Tables eft compofé de deux pièces fur la largeur , emboîtées à bois de fil , & jointes enfemble à rainure & languette , comme le reprèfentent les 3 (& 7. Le pied de cesTables eft compofé de quatre chaffis qui s'attachent deux Section III. Defcript'wn des Lits de campagne , ôCc. 6ç)t âeux à deux aux deux bouts de la Table , auxquels ils font arrêtés avec _ des charnières , en obfervanc d'en faire un plus court de l epaifFeur de l'autre , PiANCfie afin que quand ils font ployés , le talTeau qu'on attache à la Table pour regagner cette différence de hauteur , écarte le fécond chalTis de la Table de l'épailTeur du premier qui , étant ployé , vient joindre defllis. Voye^ la Fig. i , où la révolu- tion du premier chaflîs a b vient fe terminer fous la Table au point e ; & celle du fécond chafîis de ,{c termine fur le fécond chaflîs en /; ce que je dis pour un côté de la Table, doit s'entendre pour l'autre, comme on peut le voir dans ^2 P'-g- 5 ' qui repréfente la Table toute ployée , & les chaffis de pied à leur place & cotés des mêmes lettres que dans la Figure première. Voyez auffi la ^^g- ^> qui repréfente la Table vue par le bout avec l'entre - toifc g, qui fert à retenir l'écart des pieds , laquelle fe fait de bois plein ou bien d'allem- blages , comme la Fig. 6 , afin qu'elle foit plus légère. On fait encore d'autres Tables de campagne à pieds de biche , comme Tables de jeu & autres , dont les pieds fe reploient en de/fous diagonalement , & font ferrés avec des charnières , qu'on arrête en place avec des vis. On fait aufTi des Tables de nuit , des Chaifes d'aifancc & des Bidets , dont les pieds fe ploient auffi en deffous, ou fe rapportent & s'arrêtent avec des vis , afin qu'elles foient plus aifées à tranfporter , & leurs pieds moins fujets à être caifés , ce qui arriveroit fou vent dans le tranfport, foit en les chargeant ou en les déchar- geant ; c'eft pourquoi on prend la précaution d'en ployer les pieds , ou de les ôter rout-à-fait lorfqu'ils peuvent être contenus dedans , ce qu'il efl facile de faire aux Chaifes percées & aux Bidets fermés. Je ne m'étendrai pas davantage au fujet des Meubles portatifs , parce que ce que j'en ai dit eft plus que fufEfant pour pouvoir en faire de toutes les façons &. félon les différents befoins, qui, d'ailleurs , font moins étendus dans un camp ou dans un voyage , que dans les villes , ou ils femblent renaître avec la facilité de les fatisfaire. Section Quatrième, Defcription des Lits de repos ; des Berceaux & Lits d'enfants. L E s Lits de repos ne différent des Lits ordinaires ( c'eft-à-dire , des Lits à la Françoife , ) que par leur largeur & par la hauteur de leurs pieds, lefquels font P'-anche non-feulement beaucoup plus bas que ceux de ces derniers , mais encore font chevillés avec toutes les traverfes qui compolènt leur pourtour ; de forte qu'un Lit de repos n'eft autre chofe (du moins pour la conftruélion ) qu'une efpece de long Siège très-bas , avec un , ou quelquefois deux dofliers , fur lequel on fe couche dans la journée lorfqu'on veut prendre quelque repos. En général , les Lits de repos , tels que les repréfente la Fig. r , ont (î pieds de longueur , fur a à 2 pieds & demi de largeur au plus , & un pied de hauteur. Menuisier , ///. Pan. IL Seci. O § <J<P2 MENUISIER, m. Pan. SeE. IL Chap. VIL pris du deflus des pans ou traverfes ; leurs doffiers doivent avoir ly à i8 pouces Planche de hauteur, pris du deffus de ces mêmes pans , au-deflus defqucls les pieds de devant, lorfqu'ils n'ont point deux doffiers, doivent affleurer, comme je l'ai obfervé dans cette Figure. Comme les Lits de repos ne font couverts que d'un couffin , on les fangle & garnit comme les Sièges dont j'ai parlé ci-deflus ; c'eft pourquoi on doit avoir foin en les conftruifant, de les difpofer en raifon de leurs diiférentes garnitures, ainfi que ces derniers. Les Lits de repos peuvent être décorés très - richement , félon le rang ou l'opulence de ceux pour qui ils font deftinés ; &de quelque façon qu'ils le foient, ils font toujours mieux que les autres meubles qu'on leur a fubftitués , qui , à la vérité , annoncent plus d'élégance & de richeffe que les Lits de repos ordinaires , mais qui n'auront jamais, comme eux , le mérite de la vraifemblance , ce qui eft fort à confidérer. Les Lits d'enfants repréfentés Fig. 3,3 (& 4, font compofés de quatre pieds d'environ 1 pieds 6 pouces à 3 pieds de hauteur, dans lefquels viennent s'at fembler au pourtour des échelles ou côtés, d'environ 12 à IJ pouces de hauteur , de manière qu'ils font comme des caifTes percées à jour , dans lefquelles on place les matelas & le refte de la garniture du Lit , afin qu'ils ne puilTent pas fe déranger , & que l'enfant ne foit pas en danger de tomber hors du Lit, pour peu qu'il faffe quelque mouvement, ce qui arriveroit fi l'on n'avoit la précaution d'y faire des côtés ainfi élevés. Au chevet de ces Lits on y fait une arcade compofée de trois bandes de bois très-mince , laquelle fert comme de pavillon au-deffus de la tête de fenfant, du deffus de laquelle on place le rideau qui couvre tout le Lit, dont la longueur eft de 3 à 4 pieds , far 2 pieds à 2 pieds & demi de largeur. Ces Lits doivent être très-légers , en leur confervant toutefois la folidité nécef- faire ; & on doit les faire avec beaucoup de propreté & de précifion, pour éviter, autant qu'il eft poffible , la vermine qui pourroit s'y introduire. Les Lits d'enfants ne fe démontent pas ; mais ils font chevillés dans toutes leurs parties , tant du fond que des côtés, lefquels font ordinairement remplis par des baluftres ou autres ornements , afin de les rendre plus légers. Voyei les Fig. 2 , 3 S' 4. Les Berceaux font de petits Lits dans lefquels on couche ordinairement les enfants jufqu'à fâge de deux & même trois ans : ils ne différent de ceux dont je viens de parler , que par la grandeur & par la forme de leurs pieds , lefquels font affemblés par chaque bout dans un patin arrondi en deflbus & fur la lon- gueur, ce qui eft néceflaire pour que quand l'enfant eft couché, on puiffe le bercer, c'eft-à-dire, agiter fon lit de côté par un mouvement doux & égal , qui l'excite au fomraeil , & charme en quelque façon la douleur, qui , quelquefois , l'empêche de dormir tranquillement. Le cintre de ces patins doit être très-doux , un pouce & demi étant fuifilant, fur 2 pieds & demi de longueur , fur-tout quand le Berceau eft élevé à s. pieds ou . p.eds & de., de hau.eu. , ce qui efl nécelTai.e pou, que la No^^e Îi a po.ee de bercer 1 en an. pendanr la nuir. Les Berceaux'nW guère q.e . F ds & de,™ a 3 p,ed. e longueur, fu. . pieds de largeur au plus' On les fai ordma,ren,enr de bo>s ple.n ; cependanc je crois qu'U ferok miel de les faire ^ pur co^rne les autres Lirs d'enfaa.s, ftr.out le fond, afi„ den laiTc 1 a.fé.ent e.aporer l'hu^idicé. On pourroic rnê.e pratiquer en deifous un n for^ede boKe comme aux Chaifes percées, dans lequel tomberoienc le xcremenrs de 1 enfant , ce qui fuppoferoit que les matelas feroient perc omn,eonle fa.t à la Virginie, en Turquie, & ailleurs , où cette précauS d:fpenre de beaucoup d'autres, & n^ên^e de bercer les enfants , ce qui, d'ailleurs eft une afl-ez mauvaife méthode . comme le prouve très-bien M. de Buffon a l fon H.fto,re Naturelle de l'iromme, T... /r, ,,3 , ^-^^...^f ' Voda en gênerai la defcription de tous les Lits dont on fait ufige e„ France du mojns de ceux dont la conftrudion regarde le Menuifier, laquelle, (ainfi ete poflible , fans cependant rien négliger de ce oui nnnrmir f . 1a„ j-CT' r b"b^^ ce qui pouuoît en taire connoître es différentes formes & ,es différences qui fc trouvent entre chaque efpece de Lits, qui, quoique defiinés aux mêmes ufages , font, com.e I fa pu vou- fufceptibles de beaucoup de variétés , tant dans la décoration que dans la conf- truaion, ce qu il etoit eifentiel de fiire connoître, non-feulement aux Menui- 11ers , pour lefquels cet Ouvrage eft particulièrement deftiné, mais encore pour a pofterite a venir , qui verra , peut-être avec furprife , que des homm.s , que la Nature a doue des mêmes fens, & par conféquent des mêmes befoias, ai at tant varie fur la manière de les fatisfaire ; & que les Meubles, que les uns regardent comme d'une néceiîîté indifpenfable, font totalement inconnus d-^s autres ou du moins confidérés comme in^.lc. aux befoms de la vie, & même d un ufage incommode & fuperflu. ^ La même variété fe rencontrera dans la defcription des autres Meubles dont il me refte a traiter , comme les Tables & les Bureaux de toutes fortes les Armoires, les Commodes , & une infinité d'autres Meubles qui font faits à hnftar de ces derniers auxquels ils relfemblent toujours en quelque partie , &^dont abftraaion faite de la grandeur , ik ne différent que de nom , ainfi qu on a de,a pu le remarquer , & qu'on le verra dans la fuite de cette Partie de mon Ouvrage. 6n MENUISIER, m. Pan. SeS. IL Chap. FUI- Planche CHAPITRE HUITIEME. Des Tables en général ; de leurs différentes efpeces. A.^Ès les Lits & les .Sièges, les Tables font les Meubles les plusanciens , cudun^oins les plus utiles. Le nombre des Tables d'ufage a^uellement eft très-conndérable : il y a des Tables de cuifme, des Tables a manger , des Tables à iouer , des Tables à écrire , des Tables de toilette , des Tables de nuit de Lit , &c, lefquelles font toutes compofées d'un defTus & de pluHeurs pieds , & qur ne différent entr'elles que par la grandeur & la forme de leur delTus , ou par celle de leurs pieds ; c eft pourquoi avant d'entrer dans aucun détail au fujet de ce. différentes Tables, ( qu'on peut confidérer comme faifant trois efpeces diffé- rentes ; favoir , les Tables à manger, ceUes à jouer , & celles à ecnre , ) ,e vais traiter des différents pieds de ces mêmes Tables en général , afin de ne :.e pomt lépécei-lorfque je viendrai à leur détail particulier. _ L^s pieds de Tables font de deux efpeces ; favoir, ceux qui font immobiles, ' comme les Fig. i 2 , & ceux qui fe ploient, comme celles 3 , 4 & J. Dans le premier cas, les pieds font compofés de quatre pieds ou montants, de quatre traverfes par le haut, & de quatre autres par le bas , comme la F^g. i , ce qui eft la maniera la plus folide de faire les pieds de Tables ; quelquefois on n y met que deux traverfes par les bouts , avec une entre-toife , ou bien deux traverfes par les bouts & une par le côté , de forte qu'il y a un côté de libre pour paffer les jambes, ce qui eft néceffaire aux Tables à écrire , & à celles de toilette. Ces fortes de pieds font , comme on peut le voir , tri.-foWe. ; cependant on leur préfère fouvent ceux à pieds de biche, repréfentés Flg. ^ , lefquels, quoi- que moins folides que les premiers , ont l'avantage d'être d'une décoration moins lourde & de ne point gêner en aucune manière ceux qui font affis autour , foit pour jouer ou pour écrire , ce qui eft fort à confidérer, fur-tout quand ils n'auront pas befoin de beaucoup de force , ou qu'ils ne feront point fujets à être fouvent changés de place ; car Jans ce dernier cas il faudroit faire ces pieds comme la tig. i , à moins que les Tables ne fuffent très-légeres , comme de petites Tables à écrire , des Tables à jouer , & autres de cette efpcce. Les pieds de Tables brifées , ou ployants , font de deux fortes ; favoir , ceux en X, foie en élévation , comme la Fig. 3 , foit en x en plan , comme la Fig. 4 , & ceux à chaffis brifés, comme la Fig. j ; dans le premier cas, Fig. 3 , ces pieds font compofés de deux chaffis affemblés en chapeau par un bout, lefquels doivent avoir environ 2 pieds & demi de longueur chacun , fur une largeur égale à celle de la Table , moins % à 3 pouces , félon la plus ou moins grande largeur Des Tables en général ; de leurs différentes efpeces. 6ç)^ largeur de cette dernière. La largeur des pieds dont je parle , ne doit pas être prife du dehors deleurs montants, mais des extrémités des travcrfes en chapeau, au bout d'une defqueiles on fait des tourillons ^ , qui fe meuvent dans des charnières attachées au-deffus de la Table, comme je le dirai ci-après. Le chaffis qui porte les tourillons doit être le plus étroit , afin qu'en arrondilTant ces derniers, il rcfte de l'épaulement à la mortaife qui reçoit le montant, ce qu'on ne pourroit faire à l'autre chaffis , à moins que de le reculer beaucoup, & par conféquent rétrécir les chaffis tant intérieurs qu'extérieurs , & diminuer en même temps de l'affiette du pied, qui n'en a jamais trop dans le cas dont il eft ici queftion. Les deux chaffis du pied de Table dont je fais la defcriptio.i , font arrêtés enfemble au milieu de leur longueur par un tourillon de fer qui entre dans chacun des montants , à environ la moitié de leur largeur, ce qui fait qu'on ne peut cheviller le chaffis le plus large, qu'après y avoir placé les tourillons, auxquels z à 3 lignes de diamètre fuffifent pour qu'ils aient toute la folidité convenable. Je viens de dire qu'on piaçoit les tourillons à moitié de la longueur du chaffiç • cependant fz on youloit donner plus d'empalement au pied, on pourroit les placer un peu plus haut , ce qui n'y fait d'autre changement que d'en nug.nenter un peu la longueur des montants ; c'eft pourquoi lorfqu'on fera de ces fortes de pieds , on fera très-bien d'en tracer l'élévation , afin d'avoir au jufte la longueur des montants, la place des charnières, f %.8, & des crémaillères, Fig.^), lefquelles s'attachent fous la Table , comme on peut le voir à la Fig. 7 , qui repréfente le pied ployé fous la Table A B , qu'il déborde d'environ 5 à 6 pouces d'un bout, du moins pour l'ordinaire. Les charnières FLg.?,, (que les Menuifiers nomment improprement tourillons') fe font en bois de hêtre , d'environ un pouce d'épailTeur , & de y à 6 pouces de longueur, au milieu defguels, & à environ 6 lignes du deffous, c'eft-à-dire , de la partie droite, on perce un trou rond ^, d'environ un pouce de diamètre, dans lequel entrent les tourillons de la traverfe du pied. Ces charnières s'attachent fous la Table avec des clous , ce qui eft la manière la plus ordinaire ; cependant il eft beaucoup mieux de les faire entrer en entaille , de f épaiffieur de leur joue dans le deffous de la Table, indiqué par la ligne /5 c, ce qui eft non-feulement plus folide , mais encore ce qui fait que le deffiis de la traverfe du chaffis porte également dans toute la largeur de la Table. Les crémaillères repréfentées Fig. 9 , fe font de même bois & de même épaif- feur que les charnières , & s'attachent fous la Table avec des clous ainfi que ces dernières ; de forte qu'on eft obligé de faire des entailles c d, Fig. 3 , dans lefquelles entre la joue de la crémaillère , qu'il feroit bon de faire entrer en entaille dans la Table de cette épaiffeur , afin qu'elle y fût attachée plus folide- ment, & qu'on ne fût pas obligé de faire d'entaille à la traverfe du pied, ce qui lui conferveroit toute fa force ; cependant comme ces entailles fervent à retenir Menuisier , III. Pan. Secl. IL p S Planche 6ç)6 MENUISIER, III. Pan. SeB. Il Chap. VUl le pied en place , ou du moins à l'empêcher de varier , on peut laiffer faillir la crémaillère d'environ 3 lignes d'après le nud de la Table , indiqué par la ligne de, ce qui ôte moins delà force de latraverfe, & eftfuffifant pour empêcher le pied de varier. Les crémaillères ont ordinairement deux amsfôcg, afin de pou- voir hauffer & baiffer la Table comme on le juge à propos , ce qu'on fait en changeant la traverfe du chaffis d'un cran à l'autre , en obfervant que le cran le plus éloigné fe trouve dlfpofé de manière que le pied y foit à fa hauteur ordi- naire, qui eft,pourlesTables à manger, ( auxquelles ces pieds font d'ufage) de 2 J à 3f> pouces du deflbus de la Table. Ces fortes de pieds ne font d'ufage qu'aux Tables à manger de moyenne gran- deur , & font d'ailleurs affez incommodes & peu folides , leurs pieds gênant ceux qui font placés autour ; c'eft pourquoi on doit leur préférer ceux en X fur le plan repréfenté Fig.^, lefquels font plus folides , moins embarralTants & moins compliqués , quoique conftruits à peu-près de la même manière, comme on peut le voir dans cette Figure , dont l'infpeaion feule eft fuffifante. Le haut des battants de ces fortes de pieds , doit défaffleurer la traverfe d'environ 9 lignes ou l pouce , ce qui leur eft nécelTaire pour leur conferver de l'épaulement; cette faillie eft auffi néceffaire pour entrer dans des entailles qu'on pratique au-delTous delà Table, afin de retenir le pied en place ; quelque- fois on ne fait pas d'entaille au deflbus de la Table , mais on y rapporte des taquets ou mentonnets , dans lefquels entre le bout des battants. Ces fortes de pieds de Table font très-commodes pour les Tables à manger d'une certaine grandeur , parce qu'ils ne gênent en aucune manière ceux qui font placés autour , & qu'ils tiennent peu de place lorfqu'ils font ployés , comme on peut le voir dans la Flg. 6, qui repréfenté ce pied tout ployé & vu en deflus , ce qui doit faire préférer ces fortes de pieds à tous autres pour les Tables à manger de moyenne grandeur ; de plus, ces pieds font dune coaltruetion très-fimple , & par conféquent peu coûteux , ce qui eft une raifon de plus pour les faire préférer. Il fe fait d'autres pieds brifés , beaucoup plus compliqués que ceux dont je viens de parler , mais qui font en même temps plus folides. Le pied repréfenté Fie 5 , eft compofé de 6 chaflis , ou , pour mieux dire , de quatre , dont deux de côté , & deux des bouts , lefquels fe brifent chacun en deux parties au milieu de leur largeur. Ces chaflis font ferrés de fiches à broches en dedans fur les chafTis de côté, & au milieu des deux en dehors ; de forte que quand on veut les ployer , on les fait rentrer en dedans de chaque côté , ce qui fait que ces pieds ainfî ployés , n'ont guère que J pouces d'épaifl^ur , comme on peut le voir ahFig. 10 , qui repréfenté ce pied ployé & retenu en place par un crochet de fera b, que f on ôte lorfqu'on veut l'ouvrir. Quand ce pied eft ouvert , on le retient en place par un crochet de fer plat cd, Fig. 5 , qui eft placé derrière la brifure du milieu ; on a auflî la coutume d'y mettre par le bas une entre-toife mobile , qui n'eft auue chofe qu'une planche Des Tables en général ; de leurs différente' efveces r.. es deux atcanrs du ...heu qui entrent en entaille dans les bouts de cette en te T ojre ciu on 3. quelquefois d.lTe.blage pour la rendre plus 1^^:^ celle des Tables de campagne, repréfentée dans la /,P/ 4r ^ Ces fortes de pieds font très-folides & fort en ufage pour les T bl"es à man.. dune «moyenne grandeur, dont la grande Mlie dap'ès le p^d f i " T dernier ne peut pas nuire à ceux qui font affis autour d'e la Table ' ' I y a des pieds de biches, comme la Fi,. qui fe brife^t de la même languette qu, entre dans le pied de biche fur lequel ils font ferrés! *Jn tait aulfi une languette à l-i a m- i „T,r j> c ■ ^ ""'^'^ °" "l'I'eu de ces traverfes & on t^^iu.. 77 'T^^™^"^ ^ - '^^^-^ p- ."'elles' fi: P fS £ a , r '"'^ "^'^g^ ^ -P^"^-^ ils font Cpt s c', P-nne en les ferrant, on doit leur préférer lente fig. 4 , pour les petites. ^ La grandeur des pieds de Tables à chaffis, varie depuis 3 pcds de long, fur . p:eds 3 pouces de large , jufqu a 5 pieds , fur 4 pieds .pouces fur la hautet ^1 a 5 pouces, ce qu, eft général pour toutes les Tables à manger • ce eu ne peut être autrement, puifque cette hauteur eft bornée par celle d\n; pe.W affife , au-delFous des coudes de laquelle il faut que le de/fus des Tables £ du moms pour ceux d'une grandeur ordinaire , ce qui donne ordinairemen a .7 pouces de hauteur du deifus des Tables. Quant à la gro/Teur des bois d ces ' te? t: t "r"" ^^"^ ^"^^-^ ' ™ P-- ^ ^eJi :: ^ pouces , & quelquefois . pouces & de,.; pour la largeur des battants félon la grandeur des pieds; leurs traverfes doivent être un peu plus larges qu le^ battants a proportion , fur-tout celles qui affleurent au bout de ces dernier afin de conferver de la force aux affemblages. ' " Voilà en général le détail de toutes les différentes efpeces de pieds de Tables d u%e , tant pour les Tables à manger , que pour celles à jouer & à écrire 1 f quelles, aquelqueschangementsprès,font toujours duneU^eform!^^^^^^^^^^ dant comme il y a des Tables de jeu dont les pieds fe brifent dune manie'r Tiï' rente de cel és dont j ai parlé ci-de(fus, jWai foin, en pailant ^ faue le détail de leurs pieds , du moins quant à ce qui diffère de ceux dont j vil de parler. On fait aulTi des pieds de Tables très-riches , qui font deftinés po des deifus de marbre , foit pour fervir de buffets dans L falles à manLr S dans les autres appartements. Ces fortes de pieds de Tables font prefq l'nS ce qui fait qu ,1 n y a pas beaucoup d'ouvrage pour le Menuilier; c eft pourquo ^..e contente™ den donne, quelques exemples pour ne rien l'aiffer 'défi: ANCHE M MENUISIER, m. Pan. SeS. Il. Chap VUI ^ ' Avant de p.ler des Tables à manger , il eft bon de dire que que chofe de """"^^ U A r„Le lefquelles fe font ordinairement d'une forte épa.ffeur & de ^;::^Î:ni:5!long.empsautravaiI^on.itdefluscesT^^^^ ^'S^ Gfrcompo.es de quatre pieds de bois de c... , de o, ^ -, i^riiirpi; d enailleur , leion «ouces de lar.eur . fur ^ pouces & demi à 3 pouces d'épailleur , ielorj : ; dtu e'ia T:ble , dans le bas defquels font affemblés deux traverfes ^ :f entre-toife de pareil bois , de . pouces d.pai.eur , ^^^^^^^^ à celle des pieds , du moins pour les traverfes , auxquels A eft bon de fane alTemblage double pour rendre l'ouvrage plus folide. , , -, Le deffus des Tables de cuifine fe fait d'une table ou madr.er de bo.s d. Hêtre de forte épailTeur , dans lequel on affemble 1« P^^s fo. a teno. & queue , comme aux Etablis de Menuifiers , ou bien avec es aO^^u^blages do ble ce qui eft à peu-près égal. Dans l'un ou l'autre cas , il eft bon, pom p us de t que' les'aifemblages ne paffent pas au travers du delfus (afin qu foj plu aifé à nétover & à redreffer à mefure qu'il s'ufe) , mais qu au connaue 1 s plus aiie a ne • , éoailTeur , ce qui eft fuffifant , a condi- n' aillent guère qu'aux deux tiers de Ion epaïueur , i-e q tion toutefois qu'ils feront aflTemblés bien juftes. ^ Les Tables de cuifine fe font depuis 6 pieds jufqu'à l. , & même a 18 pieds de longueur , fur 18 , .4, & 3^ P0-« '^^ ^^S^^ ' "^^'^ difficile à trouver fans fentes ni autres détauts. ^ L'épaift-eur de ces Tables varie depuis 4 jufqu'à 6 pouces , & même plus s il eftpoffible . la grande épaiffeur leur étant très-néceflaire , vu qu on les redreffe de temps en temps, ce qui la diminue affezpromptement. _ En Lierai , les dedus de Tables de cuifme doivent être difpofes de manière que le côté du cœur fe trouve c„ aeffi.., afin qu'en fe tourmentant ils ne Iffent que fe bougir de ce côté , à quoi on peut remédier a.fement ; de plus , on peut obvier à cet inconvénient , du moins en partie , en choifiifant le bois 1. plus fec poiTible , lequel alors ne fait que très-peu d effet. Quand les Tables de cuifine font d'une très-grande largeur, il eft bon d alTem- bler dans le haut de leurs pieds des traverfes , dont le deAbs affleure avec les arra- fements de ces derniers, afin que la Table foit fupportée dans toute fa labeur. nue les Tables de cuifme foient larges ou étroites , il eft bon d'en garnir les aeux extrémités avec des nerfs de bœuf attachés deffus , qui les empêchent de s'ouvrir, & fe retirent avec elle, ce qui vaut beaucoup mieux que dy niettre des liens de fer , lefquels , à la vérité, les empêchent de s ouvrir , mais „ui lorfque les Tables viennent à fe retirer , les font fendre , vu qu ils ne fe Lent pas à cet effet. La hauteur des Tables de cuifine eft de .8 àsopouces, & on y met deffous un ou plufieurs tiroirs , félon leur grandeur ou la volonté de ceux qui en font ufage. ^ ^ ,r „ On fait encore d'autres Tables de cuifine , nommées Tourapate , lefquelles font Section I. Des Tables à manger ; de leurs formes , ôCc. 65)9 font compofées d'un pied, comme la Fig. r , PA 2J3 , & d'un deflus de bois de chêne d'un pouce d'épailîeur au moins , au pourtour duquel , du moins de trois côtés , eft placé un rebord de (5 à 8 pouces de hauteur par derrière , & dont les côtés font chantournés en venant à rien lur le devant. La conftruâion de ces Tables lù rien de particulier ; il ne leur faut que de la folidité & de la propreté , flir-tout pour le delTus, qu'on doit faire de beau bois plein & uni : la hauteur de ces Tables eft à peu-près la même que pour celles de cuifine , fur 2 pieds de largeur au moins , & environ 6 pieds de longueur , du moins pour l'ordinaire. Section Première. Des Tables à manger ; de leurs différentes formes & confrucllons. Les Tables à manger ne font fufceptibles d'aucune décoration ; elles ne confiftent qu'en plufieurs planches de fapin , ou autre bois léger, jointes Plan.: enfemble à rainures & languettes, & emboîtées de chêne par les bouts. Ces Tables ou , pour mieux dire , ces deifus de Tables , font à peu-près tous d'une même forme, c'eft-à-dire , d'un parallélogramme plus ou moins grand, félon le nombre de couverts qu'ils doivent contenir. Anciennement on faifoit les Tables à manger d'une forme ronde ou ovale ; mais préfenccmcnt on en fait peu d'ufige. La grandeur des Tables fe détermine , comme je viens de le dire, parle noinbre des couverts qu'on doit y placer, lefquels doivent occuper au moins 2 pieds de place chacun , & 2 pieds & demi ou 3 pieds au plus , fur-tout quand il y a beaucoup de Dames à un repas , vu que leurs habits tiennent beaucoup plus de place que ceux des hommes. On peut confidérer les Tables à manger comme faifant trois efpeces diffé- rentes pour la grandeur ; fivoir , les grandes , les moyennes & les petites. Les petites Tables à manger font celles à quatre couverts , iefquellcs ont depuis 3 pieds jufqu'à 3 pieds &demi de longueur, fur environ 2 pieds 5 pouces de largeur. Celles à fix couverts qui doivent avoir 4 pieds de long au moins, fur 3 pieds 3 pouces de large ; celles de huit couverts qui doivent avoir 6 pieds de longueur, fur 4 pieds de largeur au moins, afin qu'on puiffe y placer un couvert par chaque bout , & trois de chaque côté ; enfin les Tables de ro cou- verts , qui doivent avoir 6 pieds de longueur au moins , fur 5' de largeur , ainfî que celle AB C D, Fig. l. Les moyennes Tables font celles qui contiennent depuis 10 jufqu'à i(î & même 20 couverts , & dont la longueur eft depuis 6 juf qu'à 14 pieds , fur j à. S pieds de largeur , ce qui eft nécelîàire pour contenir trois couverts par chaque bout (*). Comme il y a bien des gens qui font (*) Quoique je donne ici la grandeur des fures que comme Je terme le plus petit, ou au Tables à raifon des couverts, on obfervera que moins le moyen, étant beaucoup plus utile de je ne compte que 2. pieds pour cliacun , ôc que faire les Tables plus grandes que plus petites même ceux des coins de la Table font un peu que les mefures que je donne ici. gênés ; c'eft pourquoi on ne confidérera ces me- Menuisier , III. Parc. II. SeB. Q 8 Planc a fi. 700 ME NUIS lE R,ÎÎI. Pan. SeB. II. Chap. VIII. === fujets à donner à manger à un plus ou moins grand nombre de perfonnes un jour Planche que l'autre , il fembleroic néceflàire qu'ils eufTent un grand nombre de Tables de diflFérentes grandeurs , ce qui deviendroit en même temps très-couteux & embarraflànt ; ceft pourquoi on a imagine de ralonger les Tables , tant fur la longueur que fur la largeur , mais plus communément fur un fens que fur l'autre , ce qui fe fait de la manière fuivante. On prépare une efpece de petite Table , dont la longueur doit être égale à la largeur de celle qu'on veut ralonger , & de la largeur de 2 pieds , ( qui eft la place qu'occupe un couvert ). Cette Table ou ralonge doit être emboîtée par les bouts , & on doit en lailTer pafTer les emboîtures du côté du joint, afin que cette faillie étant creufée, puilTe remplir l'angle arrondi de la Table. V oye^ la Fig. r , où la ralonge £F, eft difpofée de cette manière. Les ralonges font arrêtées avec la Table par des barres / L , fig. 6 , lefquelles font attachées fous la ralonge , & entrent dans des chapes de fer ou de bois , attachées au-deffous de la Table , le plus proche du bout de l'ciTiboîture qu'il eft polfible , afin que les ralonges ne penchent pas en d ehors. Quelquefois au lieu de chapes , on fait les emboîtures affez épa'itTcs pour y faire des chapes ou mortaifes G H , Fig. ^ , dans leur épaifleur au nud de celle de la Table , comme je l'ai obferyé à la Fig. J , ce qui eft affez bon , pourvu toutefois que les emboîtures foient afl^ez folidement alTcmblées pour que le poids de la ralonge ne les faffe pas déverfer. Les barres fe placent aux deux bouts de la ralonge ; & on doit avoir foin qu'elles paffent en dehors du pied de la Table , afin de n'être pas obligé d'y faire des entailles pour lailfer paffer les barres des ralonges , qu'on ne met au milieu de ces dernières , qu'autant qu'elles font trop longues pour que deux barres fuffifent pour les porter ; mais quand elles ne font pas trop longues , ainfi qu'aux Fig. i , ^ & 6 , on fe contente d'y mettre une clef au milieu, fi la Table eft d'une feule pièce; & G elle fe brife en deux comme la figure I , on y met deux clefs P O , Fig. 6 , lefquelles entrent dans les deux mortaifes M N, Fig. 5. Ces clefs doivent être peu longues ; un pouce de long leur fîafEt , vu qu'une plus grande profondeur de mortaife ne feroit qu'affoiblir les emboîtures , fans rendre le joint de la ralonge plus folide pour cela. Ce que je viens de dire pour une ralonge , peut & doit s'entendre pour toutes , tant des bouts que des côtés , lefquelles doivent s'alfembler avec la Table de la même manière que celle dont je viens de faire la defcription. Les grandes Tables font celles qui non-feulement peuvent contenir un grand nombre de couverts , mais encore dont le milieu eft alTez grand pour contenir un fur-tout de décoration , foit en fleurs , ou fucreries , &c , lequel , avec le nombre de couverts donnés , détermine au jufte la grandeur de ces Tables , laquelle doit avoir 2 pieds de place au pourtour du dormant , ou bafe du fur- tout. Comme ces Tables font ordinairement très-grandes , on les conftruit de plufieurs tables jointes enfemble à rainures & languettes, $ç retenues avec des Section!. Des Tables à manger; de Leurs formes, ÔCc. 70T defs placées de diftance en difiance , & on les pofe fur des trétaux le plus foli- dement qu il eft poffible , ies pieds brifés étant trop petits pour ces fortes de Tables , auxquelles cependant il faut difpofer les trétaux de manière qu'ils ren- trent en dedans des extrémités de la Table d'environ un pied, afin que ceux qu. font aflis autour de cette dernière ne s'y heurtent pas les jambes, obferya- tion qui eft effentielle pour tous les pieds de Table à chaffis brifés ^ Après les grandes Tables dont je viens de parler , il y a encore les Tables evuidees . nommées communément i cheval- foi: que leur partie fupé- neure foit terminée en rond , comme la figure ou en retour d'équerre , comme a figure 4; dans 1 un ou l'autre cas ces Tables font très-commodes, en ce que le fervice peut fe faire par leur partie intérieure , fans nuire à ceux qui font M. autour & n ont d autre dilEculté que de ne pouvoir recevoir que des fur-touts poftiches & d une médiocre grandeur , ce qui , à mon avis , n'eft pas un grand mal , les énormes fur-touts dont les Tables des Grands font chargées , ne fervaot qu a rendre le fervice plus difficile , & même incomn.ode , & à offufquer la vue de tous ies convives, qui ne peuvent voir de l'autre côté de la Table qu'avec beaucoup de peine. LaIargeurdesTablesenferàcheval,eftordinairementde3 pieds, fur une iongueur^ proportionnée au nombre des convives ; c'eft pourquoi ces Table, doivent être difpofées de manière qu'elles puiffent être ralongées quand on le juge a propos , ce qu'on fait toujours de la manière ordinaire. Les Tables en fer a cheval font ordinairement portées par des trétaux , ou bien par des chaffis arrêtés en delfous avec des charnières , de forte qu'ils fe ploient fous la Table quand on n en fait pas ufage, & qu'on les retient en place, c'eft-à-dire ouverts, p.r le moyen d'un crochet de fer attaché de même au-deifous de la Table. Voycr U Fig. 3 , qui repréfente un chaffis ou pied de Table , dont le battant de devant eft reculé de p à 10 pouce. , ce qui , joiac à lu r^illie de la Table , donne environ un pied de reculage à ce chaffis, pour les raifons que j'ai dites en parlant de la gran- deur des pieds de Tables à chaffis & des trétaux , dont il feroit bon que les bouts fUITent conffiruits comme ce chaffis, afin qu'ils ne nuififfent pas , & que néanmoins la Table fût portée dans toute fa largeur. Les diverfes parties qui compofent les Tables en fer à cheval, font aJemblées les unes au bout des autres à rainures & languettes , & avec des clefs ; cependant il eft bon d'y mettre par delFous les joints des crochets de fer plat, qui les retiennent &. les empêchent de s'écarter En général , la conftruâion des différentes Tables dont je viens de faire la defcription, eft à toutes la même; il fuffit que les planches qui les compofent foient bien féches , jointes & collées enfemble le plus parfaitement poffible , & que leurs emboîtures (qui doivent toujours être de chêne bien liant), foient affemblées & chevillées folidement. On fait encore de petites Tables , Flg.'j , nommées TaMes de Lit. Ces Tables ne font autre chofe qu'une planche de 12 à 14 pouces de largeur , fur 20 à 22 2 f 703 ME N UÏSIER , m. Pan. S,E. Il Chaf. VÎII. pouces de longueur, au milieu de laquelle on fait une échancrure en creux J Planche a'environ 2 à 3 pouces de profondeur fur un pied de longueur , laquelle fert à placer le ventre de ceux qui étant dans le Lit , fe fervent de ces Tables , dont les bouts font emboîtés & foutenus par des petits pieds de 3 à 4 pouces de haut, ou bien deux petites planches évuidées par le milieu , ainfi qu'on peut le voit dans cette Figure. Les Tables de Lit fe font ordinairement de noyer , de 5 à 6 lignes d epaifieur, ce qui eft fuffifant, vu qu'il faut les rendre les plus légères qu'il eft poffible. Avant de terminer ce qui regarde les Tables à manger , je crois qu'il eft nécef- . faire de parler des Servantes , dont l'ufage eft très-commode, lorfqu'on n'a pas de Domeftiques pour fcryir à table , ou bien qu'on veut s'en paiTer. Ces Servantes font des efpeccs de petites Tables d'une forme quarrée ou ronde, ou même triangulaire fur leur plan (ce qui eft alTez indifférent) , de a pieds au plus de hauteur , fur un pied de largeur. La partie fupérieure de ces Tables, eft faite en forme de boîte découverte en delTiis, de 6 pouces de profondeur, dans laquelle on place un caiffon de bois , revêtu de plomb ou de fer - blanc , dans lequel on met de feau pour rafraîchir les bouteilles. Le deffus de cette boîte fe ferme quelquefois avec deux portes , lefquelles , étant ouvertes , laif- fent jouit de l'intérieur du caifFon, & fe referment enfuite, de forte qu'il n'eft apparent en aucune façon. Au-deflbus de la boîte qui renferme le cailTon , font placées , à 5 ou (5 pouces de diftance l'une de fautre, deux ou trois tablettes, fur lefquelles on met tant les affiettes blanches que les fales. Voye^ les Fig. 8 , Q , II (S- 12 , qui repréfentent l'élévation dune Servante, fa coupe & fon plan, &'un autre plan d'une forme triangulaire. Les Figures 10 & 13 repréfentent l'élévation & le plan d'une autre efpece de Servante , laquelle fert pour prendre le café ou des rafraîchiJTements ; quelquefois le delTus de ces Servantes eft revêtu de marbre, de 2 à 3 lignes d'épaifTeur, appliqué fur un autre fond de bois mince , qui le foutient. Les Servantes fe font quelquefois en placage ; mais comme on en lait auffi de bois uni , j'ai cru devoir en donner ici la defcription , afin de terminer tout ce qui regarde les Tables à manger. Quant à la conftruaion de ces fortes d'ouvrages, quoiqu'on les faft"e très-légers , il eft bon qu'ils foient alfemblés folidement , & collés dans toutes leurs parties ; & on doit avoir foin que les traverfes qui por- tent chaque plancher , foient excédentes à ces derniers en deffus , afin de retenir les affiettes en place. Foye^ la Fig. 9 , qui repréfente la coupe de la Servante conftruite delà manière que je le recommande ici, Se fur laquelle on pourra prendre toutes les dimenfions de ces fortes 'd'ouvrages , qui doivent être très- légers de bois , ainfi que je l'ai déjà recommandé , & qu'on peut le voir dans les Figures ci-deflus. Ce que je viens de dire touchant les Tables à manger , renferme tout ce qu'il eft néceffaire à un Menuifier de favoir à ce fujet , du moins pour le général , & pour Section IL Des Tables à jouer ; leurs différentes efpeces, êCc.jo^ pour l'ufage ordinaire , parce qu'il s'en fait tous les jours de formes & de conftruc- tions différentes les unes des autres félon le befoin , ou , pour mieux dire , la volonté de ceux qui les font faire , ce qu'il n'eft pas polfible de détailler ici , & ce qui , de plus , n'eft pas nécelFaire ; ce que je viens de dire étant plus que fuffifant pour qu'on puiffe en faire & inventer d'autres de telle forme qu'on le jugera à propos. Section Seconde. Des Tables a jouer ; de leurs différentes efpeces , formes & conflrucHon^. Les Tables à jouer différent de celles dont je viens de parler , tant pour la forme que pour la décoration , qui , dans celles-ci , eft comptée pour quelque chofe , & qui fe font quelquefois même de bois précieux , vu qu elles font toujours apparentes. Ces Tables font de deux efpeces ; favoir, les grandes & les petites. Les grandes comprennent les Billards de différentes grandeurs ; & les petites , celles connues fous le nom de Tables à qUiidnlle y pleines ou brifccs' les rondes , & celles qui font d'une forme triangulaire , Se qui fe brifent quelquefois , ainfi que ces dernières. Comme ces deux efpeces de Tables à jouer font fort différentes les unes des autres , je diviferai cette Sedion en deux Para- graphes , dont le premier comprendra la defcription d'un Billard , & des inftru- ments néceffaires à ce jeu ; & le fécond , la defcription des autres Tables de jeu , de quelqu'efpece qu'elles puiffent être. §. L Defcription d'un Billard; de fa forme , proportion & conpucîion. D e toutes les Tables de jeu , colles de Billard font , fans Contredit, les plus grandes , & dont la conflruélion demande le plus d'attention de la part du Menuifier, afin de leur donner toute la folidité & la perfeélion dont elles peu- vent être fufceptibles ; c'eft cette difficulté qui a fait que peu de Menuifîers fe mêlent de faire des Billards , & que le petit nombre de ceux qui en font à Paris , lorfqu'ils réuffiffent à les bien faire , font aux autres Menuifiers , un fecret de leurs procédés dans la conftruélion des Billards , qui , cependant , n'eft autre chofe que beaucoup de précautions djns le choix du bois, & une très -grande précifion dans fexécution, comme on le verra ci-après. Un Billard eft compofé de deux parties principales ; fàvoir , d'une Table proprement dite , & de fon pied. Le pied eft un bâtis de menuiferie compofé de douze pieds ou montants de 3 pouces quarrés de groffcur, difpofés fur trois rano-s, & de plufieurs traverfes tant du haut que du bas , fervant à entretenir ces pieds les uns avec les autres. Voye^ les Fig. i , 4 (5 f. Pour qu'un pied de Billard foit parfaitement bien fait, il faut non-feulemenc Menuisier , ///. Part. II. Seçl, R S 704 MENUISIER, m. Pan. SeE. Il Chap. VIII. ■" qu'il foit aflemblé avec toute la précifion poflîble , mais encore il faut qu'il foit Planche di/jDofé de manière qu'on puiflè le démonter facilement , & qu'étant monté , ces différentes traverfes foient conftruites de façon que l'enfemble du pied ne foit point fufceptible d'aucune efpece d'ébranlement , ce qui , jufqu'à préfent , a été aflèz négligé de la part de ceux qui font des Billards , puifque , exception faite des traverfes du haut du pourtour des pieds , toutes les autres font faites de plufieurs pièces coupées à la rencontre des pieds du milieu ; de forte que lorf^u'elles viennent à fe défalTembler , comme il arrive quelquefois , rien ne peut en retenir l'écart , ce qui eft alfez déCigréable, & à quoi j'ai tâché de remédier, comme on le verra ci-après , dans la defcription du Billard repréfenté dans cette Planche. La grandeur ordinaire des Billards eft de 1 1 à 12 pieds de longueur ( * ) , pris du dedans des bandes A B, B C Se C D , Fig. y , cote A, fur une largeur égale à la moitié de leur longueur , toujours prife du dedans des bandes ; leur hauteur doit être de 2 pieds 6 pouces du delîôus des bandes , c'eft-à-dire , du defliis des pieds , ce qui donne la longueur totale de ces derniers , à moins qu'ils ne foient fcellés dans le plancher, comme on le pratique aux Académies de jeu, où les Billards font arrêtés à demeure , ce qui alors oblige d'augmenter la longueur des pieds de 6 pouces au moins. Les pieds de Billard doivent , ainfi que je l'ai dit plus haut, avoir 3 pouces de groITeur , & font ordinairement tournés entre les traverfes , foit en forme de colonnes droites ou torfes , ou bien ornés de différents contours. Les traverfes du bas des pieds font d'une largeur , ou , pour mieux dire , d'une épaiffeur égale à celle des pieds , & fur 2 à 2 pouces & demi de hauteur , & s'aifemblent dans les pieds à environ 6 pouces du nud du plancher. Voye^ la Fig. 5 , 7 <§■ 8. Les traverfes du haut doivent avoir 4 pouces de largeur , fur i j lignes au moins d'épaiffeur , du moins pour celles du pourtour , un pouce étant fuffifant à ccllej du dedans. Les traverfes du haut au pourtour , font toutes d'une pièce fur leur longueur , & s'affemblent à tenon & mortaife dans les pieds des angles , avec lefquels celle: des bouts font chevillées, & celles des côtés arrêtées avec des yhaaa, Fig. i, 4 S 6. Les autres pieds s'aflemblent à tenon & mortaife dans ces traverfes , & le refte de leur épailTeur palfe en enfourchement-par derrière , en obfervant de ralongei à l'arrafement du devant, une barbe de la largeur de la moulure qui eft poulfée fur ces traverfes , ce que j'ai obfervé aux Fig. i , 3. &J. (*) Quoique je dife que la grandeur des Bil- lards eft de II à II pieds, ce n'eft pas qu'on n'en fafle de plus petits , & même de plus grands , ce qui eft affez extraordinaire ; mais pour de plus petits, il y en a depuis 7 pieds jufqu'à la gran- deur que je donne ici , comme étant la meilleure & la plus générale , fans compter les Billards d'enfants, qu'on peut faire très-petits, tant ds furface que de hauteur , en laifon de la graa deur de ceux pour lefquels ils font faits , ce qui, au refte , ne change rien à la ferme & à la conf- trudion des diverfes parties qui les compofent lefquelles doivent alors être moins grandes raifon de la petiteffe du Billard. Section II. §. I. Dejcnptîon d'un Billard , ôCc. 70^ Les traverfes du haut de l'intérieur du pied , doivent s'afTembler à tenon dans î les pieds ou montants du pourtour , & on doit obferver d'en faire pafTer les deux intermédiaires de toute la largeur du Billard , ce qu'il eft facile de faire , en pratiquant dans le pied du milieu un cnfourchement de la moitié de la largeur de îa traverfe, à laquelle on fait une entaille en deflbus de la largeur du pied , moins 3 lignes de chaque côté , que cette traverfe entre toute en vie dans ce dernier , tant fur l'épaiffeur que fur la largeur. Voye^ les Fig. i <& J , cote B , où les tra- verfes E F Si G H, paifent au travers des pieds. Voyez pareillement les Fig. p <§■ 10 , qui repréfentent cet aflêrablage tant en plan qu'en élévation. Ces traverfes ainfî d'une feule pièce , font très-commodes pour les Billards, qui , comme celui-ci , fe montent tous à vis ; parce que quand ils font démontés , ils forment moins de pièces féparées , qu'il eft plus facile de remettre & de relTerrer en place , & que de plus elles font moins fufccptibles de mouvement , que fi elles étoient faites de deux pièces leparées , qui pourroient être moins bien affemblées , ou bien d'une inégale denllté, qui les feroit rétrécir plus ou moins l'une que l'autre. Les autres traverfes du liaut de l'intérieur du pied de Billard , s'afîêmblent à tenons à l'ordinaire , ainfi que je l'ai obfervé aux Fig. l , J é'' 8 : & quoique j'aie fait affleurer le bout des pieds du milieu & de l'intérieur avec les traverfes , il eft cependant bon qu'ils foient plus courts de 2 à 3 lignes que le defllis de ces dernières , afin que fi elles venoient à fe retirer , la Table du Billard ne porte pas fur le bout des pieds ; de plus , les traverfes étant ainfi excédentes , font plus faciles à redreffer , fuppofé que cela fût néceflaire ; il eft aulîi bon que les pieds des angles foient un peu plus courts que le deffus des traverfes d'environ une ligne , ce qui eft tout ce que ces derniers peuvent fe retirer. Les traverfes du bas ne peuvent pas , ainfi que celles du haut , être de touta la longueur & Je la largeur du Billard , tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, vu quelles n'affleurent pas l'extrémité des pieds; mais comme elles font d'une épailTeur égale à celle de ces derniers , on peut y faire des afTemblages doubles , lefquels étant faits avec beaucoup de précifion , rendent fouvrage très-folide. Quant aux pieds du milieu , comme ces affemblages doubles pourroient empêcher do faire les tenons affez longs , on fera paftèr jufqu'au milieu des pieds les tenons de celles qui feront au - delfous de celles du haut , qui vont de toute la largeur du Billard , & on ne donne aux autres que <5 à 8 lignes de longueur de tenon , ce qui leur eft fuffifant , de même qu'aux bouts de celles qui font che- villées au milieu, & qui reçoivent des vis à leurs extrémités, lefquelles vis doivent paftèr au milieu de la largeur du pied , & par conféquent entre les deux alTemblages. J^oye^ les Fig. 6 , 7 (& 8. En général , les pieds de Billard fe font de bois de chêne , du moins pour l'ordinaire , & on doit avoir grand foin qu'il foit très-fec , tant pour les pieds ou montants, que pour toutes les traverfes du haut , qu'on doit avoir foin de choifir 7o6 ME NUI S 1ER, III. Pan. SecZ IL Chap. Vlîl. . d'une denfité égale , c'eft-à-dire , également dures ou tendres , afin que C elles Planche venoient à fe retirer, elles le fiffent également , Se ne dérangeaflent pas le niveau ^y^' du deffijs de la Table: on doit auffi avoir foin de donner de la refuite en contre- haut aux chevilles de ces traverfes , pour ne point les empêcher de faire leur effet , fuppofé toutefois qu'elles en faifent , ce qu'il faut éviter en employant le bois le plus fec qu'il fera poffible. J'ai dit plus haut qu'on fcelloit quelquefois las pieds des Billards , ce qui eft uH moven sûr pour éviter toute efpece d'ébranlement ; mais comme il n'eft pas tou- jours poffible de le faire , fur-tout dans les étages fupérieurs d'une maifon , il arrive alors que le niveau d'un Billard fe dérange , foit par faifaifTement du parquet , ou même du plancher ; on ne peut alors remédier à cet inconvénient qu'en callant les pieds qui fe trouvent trop courts , ou en rognant les autres , ce qui eft un fort mauvais expédient, vu qu'à mefure que le plancher feroit quelque effet, il faudroît recouper les pieds du Billard, ou augmenter ou diminuer les calles , dont la trop grande hauteur , ou la multiplicité , diminueroit beaucoup de la ftabilité du Billard , qu'il eft néccflaire de conferver le plus qu'il eft poffibl». Pour obvier à ces différents inconvénients , je crois qu'il vaudroit mieux placer fous chacun des pieds du Billard , des vis qui entraffcnt au milieu de la groffeur du pied, & dont la tête fût excédente au dehors de ces derniers, de manière qu'en les faiiànt tourner , on pût , par leur moyen, haulTcr ou baiffec le Billard autant qu'il feroit néceffaire. ï^oye^ la Flg. 8, dont le bas du .pied eft tourné avec une vis de fer telle que je viens de le dire. Les vis dont je parle doivent avoir J pouces de longueur au moins , fur 6 lignes de diamètre , & entrer dans un écrou à lanterne , comme à la Flg. i y , afin que leur taraudage fe fatigue moins ; leur colet doit être d'une forme hexa- gone , pour donner de la prife à la clef, Fig. 14 , & être flirmonté par un bouton , afin qu'ayant moins de frottement furie plancher, elles piiilîènt tourner plus aifément. Voyc^ la Fig. 16 , qui repréfente cette vis vue en plan. Quant aux autres vis qui fervent à monter le pied d'un Billard , on les fait de plufieurs façons , foit à tête quarrée ou à tête ronde en faillie ; mais la meilleure manière eft de les faire à têtes plates , lefquelles entrent tout en vie dans le bois, au nud duquel elles affleurent. Ces fortes de vis ne fe ferrent pas avec des clefs ordinaires , mais avec des clefs à deux branches , faites exprès , dont les extrémités entrent dans deux trous percés dans la tête de la vis , dont je ne fais pas une plus ample defcription , ainfî que de la clef propre à la faire mouvoir , vu que cela n'eft pas du reffort de cet Ouvrage , me contentant feulement de l'indiquer ici. J^qyeiles Fig. 11, 12 & 13. La Table ou deffus d'un Billard eft compofée de la Table proprement dite, & des bandes qui l'entourent Se qui lui fervent de cadre , & de couronnement au pied- La Table n'eft autre chofe qu'une efpece de parquet arrafé , compofé de battants de traverfes alTemblés à tenon <Sc mortaife à l'ordinaire, & de panneaux affemblés dedans rres ■ Section II. §. I. Dejcrîption d'un Billard , ÔCc. dedans à rainures & languettes. Ces Tables font tout unies, & n'ont tl'aurr difficultés que dans la régularité de leur conftrudion, qui doit être la rlus Pla^chi parfaite polTible , afin qu'il ne fe trouve à leur furface aucune efpece d'inégalité , * " ce qu'il eft très - elTentiel d'obferver ; c'eft pourquoi on fe fert pour les dreflèr , lorfqu'elles font alfemblées , d'une varlope de 3 pieds & demi de longueur au moins , qu'on fait aller de plufîours fens , afin qu'il n'y ait aucune elpcce de creux, qu'il eft alors très-facile d'éviter; c'eft pourquoi il faut avoir grand foin que le bois fervant à la conftruâion de ces Tables , foit très-fec, fans noeuds ni aucune autre défeduofité qui puilfe l'expofer à fe tourmenter. Le bois des Tables de Billard étant ainfi choifi , on doit , après l'avoir corroyé & fait les affemblages , ainfi que les languettes des panneaux , laifler le tout à un air modéré pendant deux ou trois mois de la belle faifon , après quoi on peut les alfembler fans craindre qu'ils falfent aucun etîet , fur-tout fi le bois eft raifon- nablement fec. Les bâtis des Tables de Billard doivent avoir un pouce d'épaifleur au moins , fur 3 à 4 pouces de large, pour ceux de remplifl"age ; pour ceux du pourtour, comme les deux battants & les traverfes des bouts , il faut qu'ils ayent a/Tez de largeur pour qu'il y refte un dciTii-pouce au moins de bois plein en dedans d'.aprcs le creux de la bloufe, qui eft percé perpendiculairement au-deflous de l'inté- rieur de la bande , & qui a ordinairement 3 pouces de diamètre, ce qui donne environ y pouces de largeur au battant. Voye^ la Fig. 6, où eft marquée la coupo d'une partie de la Table, à f endroit de la bloufe , laquelle defcend en contre- bas de la Table , d'environ 4 pouces ; de forte qu'on eft obligé d'écliancrer les pieds à l'endroit de ces dernières , dont le pourtour , d'après les pieds & le delTous de la Table , eft fermé par un petit caiflôn de bois mince , comme on peut le voir dans cette Figure. Le rempliiïage des Tables doit le faire en liaifon , c'cft-à-dire , qu'il faut qu'il y ait alternativement des traverfes longues & des courtes, & que les premières, c'eft-à-dire les longues , foient à côté des bloufes, afin qu'étant chevillées elles retiennent l'écart du tout , & foulagent Taflemblage de celles qui font placées à l'endroit des bloufes , lefquelles coupent une partie de l'affemblage. Il £ut aufli avoir foin, en faifant la divifion des panneaux fur la longueur de la Table , qu'il fe trouve une traverfe au-deflîis de celles du pied, afin que la Table porte mieux. y oye^ les Fig. 1 & ^ , cote A , où j'ai obfervé de difpofer la Table de la maniera que je le recommande ici. Les panneaux de la Table d'un Billard doivent être d'une épaifi"eur à peu-près égale à celle des bâtis ; & on doit avoir foin de mettre ces derniers d'épailfeur , afin qu'ils portent également fur toutes les parties du pied , ce qui eft eiTentiel à la perfeélion du Billard , puifque la Table portant également par-tout , ne peut faire aucun mouvement fenfible. La Table d'un Billard s'attache avec des vis fur le pied , avant de la garnir de Menuisier , ///. Parc. II. Seci, S 8 7o8 ME NUIS TER, III. Pan. SeE. Il Chap. VIII. — fon tapis , qu'il feut ôter pour les retirer ; c'efi: pourquoi je crois qu'il vaudroit Planche j-nieux mettre des clefs au-deffijs , lefquelles entreroient dans les traverfes du pied , Se y feroient arrêtées avec des chevilles à l'ordinaire , de forte qu'on pour- roit relever la Table fans pour cela détacher le tapis. On pourroit fubftituer aux clefs, des équerrcs de fer attachées au-delFous de la Table, lefquelles s'arrête- ïoient avec des vis en dedans des traverfes du pied , ce qui feroit le même effet , & feroit encore plus folide que des clefs , lefquelles peuvent fe détacher du de/Tus avec lequel on les colle. Les bandes d'un Billard , Fig. a & 3 , font, comme je l'ai dit plus haut, une eipece de cadre placé autour de la Table , au-defllis de laquelle elles failliffent d'environ deux pouces. Ces bandes font ornées de moulures fur leurs parties extérieures , & portent à feuillure fur le bord de la Table , fur laquelle on les arrête avec des vis placées de 2 pieds en 2 pieds ou environ ; leur extrémité eft coupée d'onglet , & on les affcmble à queue d'aronde perdue , pour qu'elles ne fe dérangent pas en les attachant, & on y met une vis à chaque joint, pour qu'elles tiennent plus folidement enfemble. La forme extérieure du profil des bandes eft affez arbitraire ; cependant la plus fimple eft la meilleure, parce que le grand nombre de membres, & par conféquent de vives arêtes , ou de trop petites parties , ne peuvent que bleflèr les Joueurs , qui s'appuient continuellement deflus. Voye^ la Fig. 2 , qui repré- fente une bande d'un profil ordinaire ; & celle 3 , qui en repréfente une autre d'un profil plus fimple , laquelle eft à recouvrement par deflbus , ce qui augmente de beaucoup la folidité de la bande , & eft en même temps plus propre. De quelque forme que foit le profil extérieur d'une bande de Billard , il faut toujours que leurs parties intérieures foient difpofées de la même manière ; c'eft- à-dire , que leur face intérieure doit toujours être inclinée en dedans , afia que la garniture qu'on place deflus , quoique d'une forme bombée , fe préfente toujours difpofée de la même manière ; c'eft-à-dire , inclinée en dedans , ce qui eft néceflâire, pour que quand la bille vient frapper contre la bande , fon point de contaft avec cette dernière , la force à s'appuyer fur la Table en s'en retournant. Il y a des Billards on on fait des tiroirs à l'un des bouts , ou même à tous les deux , en fens oppofé. Ces tiroirs fervent à placer les billes , les queues & , les mafles , & autres inftruments propres à ce Jeu , ce qui oblige à leur donner 4 pieds & demi à J pieds de longueur , fur 2 pieds de largeur au moins , & à couper à l'endroit des tiroirs , non- feulement les traverfes des bouts du pied , mais encore celles qui les fiiivent , ce qui diminue beaucoup de leur folidité ; c'eft pourquoi on n'en fait prefque plus. V oje^ la Fig. 4 , qui repréfente un Billard vu par le bout avec un tiroir placé à gauche ; mais la meilleure manière eft de les mettre à droite. ; Ce font les Menuifiers qui font les Billards , qui fe chargent ordinairement de ^ 3*jT"^ les garnir , c eft-à-dire , d'attacher le tapis deffus , ce qui n'cft pas fort difficile à s Section IL §. I. Defcrïption d'un Billard, ôCc. 70; faire , vu qu'il ne s'agit que de l'étendre le plus parfaitement poffible , & di l'attacher fur les côtés de la Table , dont on doit avoir grand foin d'abattre les F arêtes , de crainte qu'elles ne coupent le tapis , comme je l'ai obfervé Fig. r. La garniture des barres efl: un peu plus difficile , parce qu'il faut conftruire le bourrelet , qui fe fait de plufieurs lifieres de drap , choifies les plus égales poffibles fur l'épaiffeur , qu'on coud par leur extrémité fipérieure à une bande de toile a h , Fia. r ; & on obferve de faire dégrader chaque lifiere de largeur , & même d'en mettre entre deux d'autres qui n'aillent que jufqu'au tiers ou à la moitié de la largeur des autres , pour faciliter le contour du bourrelet , qu'on recouvre enfuite avec du drap femblablc à celui de la Table , & qu'on com- mence par attacher en delTus avec des clous dorés , aiafi que la toile à laquelle font coufues les lifieres ; enfuite on ferre le drap le plus qu'il eft poffible , & 011 l'attache en deffous, ainfî qu'on peut le voir dans cette Figure, laquelle eft deffinée à moitié de grandeur de fexécution. Il eft une autre manière de garnir les bandes d'un Billard , qui eft de faire le bourrelet avec de la laine ou avec du crin , ce qui vaut mieux que de la laine pour le cas dont il eft queftion ; cependant comme il eft afl"ez difficile de faire ce bourrelet bien égal dans toute la longueur des barres d'un Billard , il arrive que les inégalités qui s'y rencontrent , dérangent la direélion des billes ; c'eft pour- quoi il faut préférer les lifieres de drap , qui préfentent par-tout une forme & une réiîftance égale. Quant à la manière de pofcr les Billards , elle n'a rien de particulier ; il ne s'agit que de les mettre exaftement de niveau de tous les fens pofllblcs , & d'avoir foin que le defllis de leur Table foit auffi bien dreffe qu'il eft poffible d» le faire ; de forte qu'une bille placée deffus refte en place , à quelque endroit qu'on la mette , fans rouler d'aucun côté. Voilà tout ce qu'un McnuiCci Juk iZiyoJr touchant la forme & la conftruc-' tion d'un Billard, du moins pour ce qui regarde fa partie, qui eft la plus confi- dérable. Les autres parties accelFoires , comme le drap qui couvre le Billard , les billes , la paffie , & les autres infiruments propres à ce Jeu , n'étant pas de là compétence , n'ont pas befoin d'être décrites ici , vu que cette defcription fait partie d'autres Arts , dont chacune de ces chofes dépendent ; cependant comme il y en a , comme , par exemple , les malTes & les queues , qui , quoique faites par les Tabletiers , fe font auffi par les Menuifîers , ( quoique très-rarement ) }'ai cru qu'il étoit néceflàire d'en parler ici , ainfi que de la paffe de fer , que les Menuifiers pofent eux-mêmes. La palfe , ¥ig. 3 , eft deux montants de fer d'environ 3 lignes de diamètre , diftants l'un de fautre d'environ 3 pouces , lelquels fe rejoignent en arc à environ 8 pouces de hauteur ; au bas de chaque branche eft une bafb très- mince , de laquelle fort un goujon , dont le bout eft taraudé pour recevoir un écrou qu'on place lorfque la paffe eft pofée fur la Table. Voye\_ les Fig. 1 & 3. 710 ME NUI S 1ER, III. Pan. Secl. IL Chapi VIll. ~ Lapafle fe pofe au milieu de la largeur du Billard , à une de fes extrémités ^ NCHE ^ environ i pieds l ou a pouces de la bande du bout , avec laquelle elle doit ■* être parallèle, ainfi que l'indique la ligne & les deux trous b, c , Fig. J , 71. 3.j^ , ce qui eft bon pour un Billard de cette grandeur. Mais pour tous les Billards en général , tant grands que petits , on détermine la place de la paflè , en laiflànt entre la ligne diagonale menée d'une bloufe de l'angle , avec celle du milieu & la pafle , un intervalle depuis 3 jufqu'à 4 pouces , afin que la bille puilTe pafTer fur cette ligne fans toucher à la palTe, dont la diftance avec la bande du bout , donne aulîl celle des points d e , placés à l'autre bout du Billard , lefquels points fervent à déterminer la place de la bille , & à régler diffé- rentes opérations de ce Jeu. Quant à la manière de placer la pafle , elle ne fbuffre aucune difficulté , vu qu'il n'y a qu'à faire deux trous à la Table Se au tapis pour faire pafTer au travers les branches de la pafle , qu'on arrête en deffous avec des écrowx , qui étant ferrés , empêchent qu'elle ne fe dérange en aucune manière , fur-tout quand les trous ne font que de la groffeur jufte des branches de la palfe, ce qu'il faut abfolument obferver. Voye\ les Fig. a <S' 3 , Pl. 2^6. Les billes fe pouffent avec trois inftruments d'une forme à peu-près fem- blable ; favoir , une maflê , Fig. 4 , une queue , Fig. i r , & un bifi:oquet , Fig. S; chacun de ces différents infljuments a environ 4 pieds de longueur, & ils fe font de bois liant & de fil , tel que le frêne , le noyer blanc & autres bois quel- conques , pourvu qu'ils foient très-fecs, & qu'ils aient les qualités que je recom- mande ici. La maffe , Fig. 4,^,6 (S' 7 , a un manche droit Se uni d'environ un demi- pouce de diamètre par le plus petit bout , qui va en groffiflânt de peu de chofe , julqu'à l'endroit de la maffe , laquelle a environ un pied de longueur , fiir 20 lignes de largeur , & 8 à (j lignes d'épaifîêut à fbn extrémité , laquelle relevé en deflôus de ly à i(5 lignes, comme Imdique la ligne aô, Fig. 7. Le bouc de la mafl'e doit être à peu-près perpendiculaire avec la courbe de deffous , & on le garnit d'un morceau d'ivoire A , Fig. 6 , dans toute fa furface , afin que fon . contadl avec la bille fbit plus afluré; & on fait au-deflus de la partie inférieure de la mafl"e , une petite rainure ou alidade c d, fervant à régler l'incidence de la bille. T^oje^ les Fig. y , 6 & J , qui repréfentent la partie inférieure d'une maffe , moitié de la grandeur de l'exécution , vue en defllis , en defl"ous & de côté. La queue , Fig. 11, n'eft autre chofe qu'un morceau de bois rond de 6 lignes de diamètre au plus d'un bout , & de 15 à 18 lignes de l'autre , qu'on applatit par le gros bout à environ un tiers de fon diamètre, fur 7 à 8 pouces de long , ainfi qu'on peut le voir dans cette Figure. Cet inftrument fert également par le gros & le petit bout. Le biftoquet , Fig. 8,9 & 10, eft un inftrument qui tient des deux pre- miers , plutôt cependant de la mafl!e que de la queue. Le petit bout de cet inftrument Section II. Defcription d'un Billard, ôCc. jii inftnrment eft recourbé de p lignes ainfi que le gros bout , & eft applati de force — qu'il n'a à fon extrémité qu'environ a lignes d'épailTeur. Voye^ les Fig. 9 £■ lo , Planche qui repréfentent la partie inférieure de cet inftrument vu de côté & en deffus, avec fon alidade ef, & fon bout d'ivoire coté B. Je ne m'étendrai pas davantage fur la conftruélion de ces fortes d'inftruments, vu qu'ils ne font qu'indireacmenc du relTort du Menuiiîer , & que de plus l'infpeélion des Figures peut fuffire pour en faire , fans avoir befoin d'une plus grande explication. Avant de paffer à la defcription des petites Tables de jeu , j'ai cru qu'il étoit bon de dire quelque chofe de celles nommées Galet , repréfentées Fig. 1 , jeu Plan-che fort ufité dans la Province & parmi les gens du commun. ^j"- Ces fortes de Tables fe font ordinairement d'une feule pièce de bois , tant fur îa longueur que fur la largeur, lefquelles varient depuis 12 jufqu'à 18 ou ao pieds de longueur, fur 16 ou 20 pouces de largeur , félon leur différente conftrudtion , comme je vais l'expliquer. Les Galets font de deux efpeces ; favoir , ceux qui n'ont de noyons qu'aux deux extrémités, comme la Fig. 2 , & ceux qui en ont aux deux extrémités & des deux côtés dans toute leur longueur, comme Fig. i 6" 3. Les noyons fonc des ravalements a a , Fig. i& ^, qu'on fait aux deux bouts , & quelquefois , comme je viens de le dire , aux deux côtés des Galets , pour que l'écu, le palet ou difque qu'on fait gliffer d'un bout h. l'autre , foit expofé à tomber dedans , ce que les Joueurs évitent le plus qu'ils peuvent ; puifque pour gagner à ce Jeu , il faut faire parcourir au difque toute la longueur du Galet fans qu'il tombe dans les noyons , tant des côtés que des bouts. La profondeur de ces ravalements ou noyons , doit être de 8 à 9 lignes , fur 233 pouces de largeur par les côtés , & de ■4 à J pouces par les bouts , afin qu'ils puilTent contenir aifémenc plufieurs palets enfemble. Les Tables de Calots fa font ordinairement de bois de fapin de 2 à 3 pouces d'épaiffeur , au pourtour defquelles on attache des bandes de chêne qui excé- dent le deffus de la Table d'environ un pouce à celles qui n'ont pas de ravale- ments par les côtés , comme celles A B , Fig. 2 , & de (5 lignes de plus à celles qui en ont , comme la Fig. 3. L'épaiffeur de ces bandes doit être d'en- viron un pouce & demi , Se être difpofées de manière que leur face intérieure foit inclinée en dedans , afin que quand le palet vient frapper contre , cette pente fer ve à le retenir fur la Table , ce qui fe fait tout naturellement , puifque le contaél du palet avec cette bande, fe fait dans la partie fupérieure du premier , & par conféquent au-deflus de fon centre de gravité. Les bandes des Galets s'atta- chent ordinairement avec des clous, à plat-joint au pourtour de la Table, ou bien à recouvrement fimple , comme à la Fig. 2 ; mais il feroic beaucoup mieux , pour la propreté & la Iblidité de l'ouvrage , d'y mettre de bonnes vis en bois , & d'affembler les bandes dans la Table en rainures & languettes , 8c toujours avec des vis. F' ojei la Fig. 3. Ces bandes doivent aufli être affemblées à queues Menuisier , IIl. Pan. II. Secl. T 8 712 ME N UISIER , m. Pan. SeS. II. Chap. FUI. -~ les unes avec les autres ; & on obfervera de faire les queues dans celles de TtANCHE côté , afin que le choc des palets ne fafle pas déjoindre celles des bouts. J'ai dit plus haut que les Tables de Galets fe faifoient en bois de fapin , ce qui eft une très - mauvaife coutume , parce que ce bois ayant les pores très-larges & beaucoup de nœuds , il s'ufe inégalement par le frottement des palets , de forte qu'il s'y forme des inégalités qui dérangent ces derniers & les fait fouvent noyer ; c'eft pourquoi je crois qu'on fcroit très-bien de faire ces Tables de bois de chêne liant & bien de fil , ou tout autre bois qui auroit les mêmes qualités , qu'on emboîteroit par les bouts , au-dellous Se en travers def- quelles on feroit palTer plufieurs barres à queue , qu'on affembleroit dans les bandes des côtés , ce qui rendroit ces Tables tris-folides. Les Tables des Galets fe pofent ordinairement contre le mur ,33 pieds & demi de hauteur au plus du delTus des bandes , & on les foutient par des pieds placés affez proches les uns des autres , pour que la Table ne puifle pas ployer fur la longueur , & on les arrête dans le mur , afin que la Table ne puilTe faire aucun mouvement. Vojei la Fig. i , où le nud du mur eft indiqué par la ligne b c d. Quelquefois les Galets font ifolés ainfi que les Billards ; dans ce cas , il faut qu'ils foient arrêtés bien folidement fur leurs pieds , afin qu'ils ne puiffent être ébranlés. Quant aux pieds de Galets , on les fait de différentes manières , ce qui eft affez indifférent , pourvu qu'ils foient conftruits folidement ; & il eft bon de mettre un ou deux tiroirs en deflbus aux deux extrémités du Galet , pour qu'on puilTe y ferrer les palets. §. II. Dejcrlption des petites Tables de Jeu ; de leurs formes , propoiclons & conjiruclions. L E nombre des petites Tables de Jeu eft affez étendu , vu la multiplicité de ces derniers ; cependant je n'entrerai que dans le détail de celles qui font le plus en ufage , & dont la forme & la conftruélion demandent d'être décrites en particulier , comme celles connues fous le nom de Tables à quadrilles , brifées ou non brifées , les Tables de Brelan , les Tables de Tri ou triangulaires. Les Tables à Quadrilles font d'une forme quarrée par leur plan , & fervent à jouer à quatre perfonnes, ainfi que leur nom f indique, elles font ordinairement compofées d'un defliis garni de drap d'environ 2 pieds 6 pouces quarrés , & d'un pied très-léger , dans les traverfes du haut defquelles on place quatre tiroirs , c'eft-à-dire , un au milieu de chaque face , du moins c'eft la coutume ; car je crois que pour la commodité des Joueurs , il feroit beaucoup mieux de placer ces tiroirs aux extrémités de chaque traverfe à la droite du Joueur , qui alors pourroic en faire ufage fans fe déranger en aucune manière. Quant à la grandeur de ces I Section II. §. IL Defcription des petites Tables de Jeu, ÔCc. 713 tiroirs , 8 à 10 pouces quarrés leur fuffifent , fur 2 pouces de profondeur , & on — les fiii: porter par des couli/Teaux aflemblés dans les traverfes en deflbus de la Pi^anche Table. ^^7- La conftruiîlion de ces Tables n'a , ainfî qu'on peut le voir , rien de particu- lier , fi ce n'eft la garniture de leur delTus , qui , quoique d'étoffe , eft du relTorC du Menuifier , ainfi que celle des Billards dont j'ai parlé plus haut , &. qui fe fait do la même manière qu'à ces dernières , à l'exception qu'on met entre le deffus de la Table & le drap dont on la couvre , une garniture très-mince , foit de ouate de coton , foit de crin ou même de flanelle dont on double les glaces , afin que le defllis de la Table foit plus doux fous la main des Joueurs. Le drap , ou quelquefois le velours, s'étend fur cette garniture le plus ferme qu'il efl poffble , & on l'arrête fur le champ des extrémités de la Table, qu'on recouvre enfuite avec des bandes qui entrent à recouvrement fur le delfus , qu'elles excédent d'environ 3 à 4 lignes , & fur le champ duquel on les attache avec des vis à tête fraifée, comme on peut le voir à lai^/^. 15 , ce qui eft la manière la plus ordinaire d'arrêter ces bandes ou rebords , qu'il vaut ceoendant mieux ne faire que coller à rainure & languette avec le delfus de la Table , afin de n'y point voir de têtes de vis , qui font toujours un très-mauvais effet , fur- tout quand ces Tables font faites avec foin & de bois précieux , comme il arrive quelquefois. Comme les Tables à jouer ne fervent pas toujours , & que dans les maifons oi"! l'on joue ordinairement, il en faut plufieurs, il arrive que hors le temps du jeu , ces Tables deviennent cm-barraffantes , ce qui a fait imaginer de les brifer en deux fur leur largeur ; de forte qu'une Table qui a 2 pieds 6 pouces de large , fe trouve réduite à pouces , & n'occupe par conféquent que la moitié de la place de celles dont le delîùs eft à demeure fur leurs pieds , ce qui eft d'un très - grand avantage , fur tout dans do potîts appartements où fon eft gêné par la place , ou même dans un grand , quand on eft obligé d'y placer plufieurs de ces Tables. Le deffus des Tables à quadrilles brifées , fe fait de la même manière que ceux dont je viens de parler plus haut , à f exception qu'il eft féparé en deux parties égales fur là largeur ou fur fa longueur , ( ce qui eft la même chofe , puifque le deffus de ces Tables eft quarré ) , lefquclles fe rejoignent à plat-joint , & font arrêtées en affèmblage par des charnières de fer C D, Fig. 12 &• , qui font attachées fur le champ de l'extrémité des deux parties du deffus de la Table , Se dont le centre ou œil E , fe trouve au milieu du joint & au-deffus des bandes ou rebords , dans fépaiffeur defquels il eft entaillé ; de forte que quand on fait mouvoir une des deux parties du daffus de la table, elle fe reploie fur l'autre avec laquelle elle joint , ainfi qu'on peut le voir à la Fig. 12, Se à celles y , 6 & 7 , qui repréfentent félévation d'une Table à quadrille brifée vue de côté , là coupe fur la longueur , & une autre coupe fur la largeur. La brifure du deffus de ces Tables ne change rien à la manière de les garnir ; toute la précaution 7 H ME NUIS lÉ R,in. Part. SeH. Il Chap. FUI. _ qu'elles exigent de plus , c'eft d'appliquer , à l'endroit d.i joint , une bande de Planche drap attachée fur chacune des parties du deffus , afin que quand il eft ouvert , ou pour mieux dire , fermé , le crin ou le coton , qui eft entre la Table & le drap , ne foit pas apparent & ne forte pas dehors. Cette bande de drap s'attache & fe . colle fur les deux côtés de la Table , comme je viens de le dire ; & il eft bon de faire un petit ravalement de fon épaiffeur dans les deux parties du.delTus , afin qu'elles ne falTent point lever le drap , & que la garniture de crin ou autre , foit égale pat-tout. Foyei la Fig. 1 4 , où la bande de drap e/g , eft attachée fur le nud de la Table fans aucun ravalement , comme on le fait ordinairement , quoi- que ce ne foit pas la meilleure manière , ainfi que je viens de le dire. Les pieds des Tables dont je parle ici , font , ainfi que les autres , compofés de quatre pieds ou montants de 25 pouces de haut du deffous de la Table , ( hauteur qui eft commune h prefque toutes les Tables où on joue alTis j , & de quatre tra- verfes , dont deux font de toute la largeur de la Table , moins la faillie qu'on juge à propos de lui donner , & les deux autres n'ont de longueur que ce qui eft nécelTaire pour que le pied du côté de la brifure affleure avec cette dernière , & que l'autre pied laiffe à la Table fa faillie ordinaire , voye^ La Ftg. J ; de manière que ce pied , quand il eft fermé , n'a de largeur que la moitié de fa lon- gueur. Quant à l'ouverture de ces pieds , elle fe fait de la manière fuivante : On alfemble dans les pieds qui doivent refter en place fous la Table , ainfi que ceux GG , Fig. 4,^,7, \o & 11 , une grande traverfe & les deux petites, dont le bout n'a qu'une petite languette qui entre dans les autres pieds F F, même Figure , dans lefquels font affemblés l'autre grande traverfe & un tiroir, dont la profondeur, (ou, pour mieux dire, la largeur, ) eft donnée par la capacité intérieure du pied lorfqu'il eft fermé , & la longueur , par l'efpace qui refte du dedans en dedans des deux petites traverfes entre lefquelles il coule ^ & dans lefquelles il eft retenu par de forces Lmguciccs fliillauies , prifes à même l'épailîeur du tiroir, lefquelles entrent , foit à rainure ou à queue , dans les petites traverfes de côté , d'environ 4 à 5 lignes de profondeur au plus fur la plus grande largeur qu'il foit pofllble de leur donner , afin qu'elles tiennent folidemenc enfemble, ce qui vaut mieux que de les faire étroites , comme c'eft la coutume , & que je l'ai fait à la Figure 6. La hauteur du tiroir eft bornée par la largeur des traverfes du pourtour de la table , moins l'épailTeur d'une fauffe traverfe ou entre-toife H , Fig. j & 10 , laquelle fert à retenir l'écart des traverfes dans lefquelles on l'affemble à queue en delfous. Foyei les Fig. 4 (5 10 , qui repréfentent le pied de la table tout ouvert tant en plan qu'en élévation , & celles y, 7 & 11 , qui le repréfentent fermé , dont l'infpeclion eft , je crois , fuffifante pour donner toute la théorie nécefîaire de ces fortes d ouvrages. On obfervera que les pieds ainfi ouverts ne peuvent pas porter la Table dans JCoute fon étendue , parce qu'il faut qu'il refte environ 2 pouces de longueur du tiroir Sect/on II. §.l. Defcript'ion des petites Tables de Jeu, SCc. 71J tiroirs fans les coulifles des traverfes , avec lefquelles on le recienc par le moyen _______ d'un taJTeau /, Fig;. 7, attaché au-deflous de la Table. „ ' b / ' Planche Les Tables à quadrille ainfi brifées , ont non-feulement l'avantage de tenir ajy; moins de place que les autres , mais encore lorfqu'elles font ployées , elles peu- vent fervir de tables à écrire ou de Damier , ainfi que le repréfente la Fig. p , ce qui eft un double avantage. La forme des Tables dont je parle eft quarrée , comm.e je l'ai déjà dit, aux quatre angles defquelles on obfervoit jadis quatre parties circulaires d'environ 6 pouces de diamètre , dont la circonlérence pafFoit par l'angle de la Table , Se qui fervoieat à placer les cartes d'écart & l'argent des Joueurs , comme aux Fi- gures 4 & 8 : mais on n'en fait plus ufage maintenant ; on fe contente d'arrondie les angles de la Table comme à la Figure 9. Les Tables dont je viens de faire la defcription , n'ont d'autres défauts que le peu de folidité de leurs pieds , qui , lorfqu'ils font ouverts , font fujets à faire beaucoup de mouvement , n'étant retenus que par l'extrémité du tiroir ; c'cft pourquoi j ai imaginé qu'on pourroit , pour les rendre plus folides , y mettre par le bas une entre-toife àbrifure Fig. 17 , laquelle feroit mobile près des pieds aux points MN, dans le milieu aux points 0 P Q/J, & qui fe briferoit fur le champ au milieu de leur longueur , où ils feroient arrêtés en place par un crochet ou un relFort , ce que j'ai indiqué fur la Figure 10 , par des lignes ponétuées h i 8c l ni , qui repréfentent l'entre-toife ouverte ainfi que le pied , lequel venant à fe reployer, fait revenir le centre n de l'entre-toife au point 0, & le point h au point q ; la première brifure , indiquée par le point p , à celui r ; & la féconde , indi- quée par le points, au point f, ainfi du refte, la moitié de la démonftration pouvant fervir pour le tout. Quant à la conftruélion de ces entre-toifes , elle n'a rien de particulier ; il faut fèulemeni: avoii Coin de les faire trcs-Iégeres , & cependant folides. Voye:^ la Fig. 1(5 , qui repréfente l'alfemblage de l'entre-toife avec le patin qui lui fert de centre ; & la Fig. 17 , dont l'infpeélion feule doit fuffire, d'après ce que je viens de dire ci-deffùs. On fait ufàge chez le Roi , de Tables à quadrille dont les pieds le reploient en deflbus , ou bien s'ôtent tout - à - fait & s'arrêtent en place avec des vis placées au haut & à f intérieur des pieds , qui font coupés un peu au-deffbus des traverfes , ce qui eft très-commode , non feulement pour les Tables de jeu dans les a- parlements , mais encore pour celles de campagne , comme je fai dit en fbn lieu. Après les Tables à quadrille dont je viens de parler , les plus compliquées • font celles nommées Tables de Brelans , parce qu'elles fervent particulièrement Planche à ce jeu & autres jeux de hafard , comme le Trente-un & autres. Le de/Fus de ^S^- ces Tables, repréfentées Fig. r , 2 , 3 (§■ 4 , eft d'une form.e circulaire par leur plan , d'environ 3 pieds & demi de diamètre , au milieu duquel eft un trou Menuisier , ///. Pan. II. Secl. V 8 Planche 716 MENUISIER, m. Pan. Secl. II. Chap. VUl . rond d'environ 10 à 11 pouces de diamètre , dans lequel eftajufté un corbiUon ou caflêtin, fur lequel on place le flambeau & des jeux de cartes au pourtour, dans des cafles deftinées à cet effet , comme je le dirai en fon lieu , en faifant k <3efcription de ce caffetin. Le deffiis de la Table dont il eft ici queftion , fe brife en deux parties , comme ceux des Tables à quadrille, Sa eft conftruit, ferré & garni de la même manière qu'à ces dernières , comme on peut le voir aux Fig. 2 , 3 4 ; c'eft pourquoi je n'en parlerai pas davantage. Le pied de ces Tables , Fig. J , forme un demi-cercle par fon plan, & eft compofé de quatre pieds AB CD, dans iefquels viennent s'affèmbler à tenons & mortaifes les traverfes cintrées & la droite , laquelle eft coupée au milieu par un tiroir E F, de 14 pouces de large , qui glifle dans des coulilTeaux HI, affemblés dans la traverfe droite & dans les pieds du milieu , ou du moins appliqués & chevillés contre , ainfi qu'on peut le voir dans cette Figure. Au milieu de la tête de ce tiroir eft alTemblé un autre pied G , lequel fert à le foutenir quand il eft tiré dehors , & par conféquent à foutenit la Table , qui , lorfqu'elle eft ouverte , vient s'appuyer deflus. F oyei la Fie 6 , oià le tiroir eft ouvert , & la circonférence de la Table indiquée pat un cercle ponélué (*). Le tiroir de ces Tables coule ordinairement à queue dans les coulifTeaux qui le reçoivent , afin d'en retenir l'écart , comme à la Fig.' 7 , cote ; mais je crois que cette queue eft affez inutile & même peu convenable pour retenir cet écart , & qu'il vaut mieux faire cette coulilTe quarrément à l'ordinaire , comme à cette Figure , cote O , & placer en deftbus du tiroir une fauffe traverfe L L , ^'ë- 5 7' po^^*^ '""'^ plat,a(lémblée à rainure & languette dans la traverfe droi- te de devant , & à tenon ou à queue dans celle cintrée , ce qui rendroit l'ouvrage très-folide, & ce qui feroit d'autant plus aifé à faire , que cette traverfe pourroic n'avoir que 6 lignes d'épaifteur , & par conféquent être cackée dans la hauteur de traverfe du pourtour de la Table , fans pour cela nuire au tiroir , auquel 2 pouces 9 lignes de profondeur , ( ou , pour mieux dire , de hauteur ) , font fuffi- fants pour placer le caiïètin , qui n'a que 2 pouces 6 lignes de hauteur en tout , lequel doit être placé dans le tiroir lorfqu'il eft fermé , comme on peut le voie à la Fig. 5. Ce tiroir doit être le plus profond qu'il eft poffible , afin qu'étant tiré dehors il foutienne mieux la Table ; & on doit obferver , en plaçant le tafleau du deflbus qui fert à l'arrêter contre la fauITe traverfe , que le tiroir ne foit pas trop avancé , afin qu'il ne nuife pas au deffous du caffetin , qui entre dedans d'environ un pouce lorfqu'il eft placé fur la Table , dont l'ouverture , & par conféquent la place du caffetin , eft indiquée par un cercle pondué abc, Fig. 6. ( * ) J'ai dit plus haut que les traverfes cintrées des pieds de Tables de Brelan , venoient s'alTcin- bler dans les pieds du pourtour , parce que c'eft ia manière la plus ufuée ; car il vaudxoit beau- coup n:ieux faire la traverfe cintrée d'une feule pièce ralongée àtraits de Jupiter dans fon pour- tour, & y aliembler les pieds à tenon àc à en- fourchement par derrière. Section II. §. II. Defcripdon des petites Tables de Jeu , SCc. 717 Le dedans de la tête du tiroir doit être garni d'un morceau de bois M , Fig. _ 5 , qui doit pofer fur le bout du pied , ( donc lepaiflèur paffe en enfourche- Planche ment derrière la tête du tiroir ) , & qui doit être d'une grandeur fuffifante pour ^5^' cacher le trou que fait la Table lorfqu'elle eft ployée , comme on peut le voir à la Figure 4 , qui repréfcnte la Table vue en deflus toute ploy ée & avec fon pied. Le caflètin ou corbillon , Fig. 7 <§■ 8 , eft , à proprement parler , l'ouvrage du Tourneur , lequel l'évuide & y pouffe les moulures, le Menuifier ne faifanc qu'y ajufter les réparations. Cependant comme ce n'eft ordinairement qu'ua morceau de bois de travers qui eft fujet à fe tourmenter, il eft bon de le faire de deux pièces fur l'épaiflèur , collées en contre - fens l'une de l'autre , ou bien d'y adapter en dedans un autre morceau collé toujours en contre-fens , ainfi que celui P Q. Il y a des Tables de Brelan on l'on arrête le caflètin avec une vis de bois percée au travers du tiroir , & qui prend dajis le deffous du caflètin , ce qui , à mon avis , eft a/Tez inutile , étant , de plus , fort aifé d'empêcher le caifetin de tourner , en y adaptant une languette fur le côté qui encre dans le trou de la Table , & par conféquenc l'empêche de tourner. Quant à la forme des profils de ces caflêtins , elle eft aflez arbitraire ; celle qui eft repréfentée ici , eft celle qui femble leur convenir le mieux , ainll que pour la forme & la grandeur des caflêtins , dont chacun peut contenir au moins trois jeux de cartes fur l'épaiflèur. P^ojei L's Fig. 7 <& 8. Les Tables de Tri ou triangulaires , font , ainfi que celles à quadrille, mobiles ■ 1 ou immobiles ; dans ce dernier cas elles n'ont rien de particulier , tant pour la Planche conftrudion que pour la décoration, qui, en général, font à peu -près les mêmes à toutes les Tables de jeu. Leur deflus , qui a la forme d'un triangle équilacéral, a environ 3 pieds & demi de longueur, pris des extœmités de chacun de ces côtés , & eft garni d'étoffe , ainfi qu'aux Tables dont j'ai parlé plus haut. Quand le deflus de ces Tables fe brife , ainfi que l'indique la ligne A B , Fig. I , on les ferre à l'ordinaire , & chaque partie fe reploie l'une fur l'autre ; alors elles ont la forme d'un triangle redangle , comme le repréfente la Fig. 2 , ce qui ne fouffre aucune difficulté , du moins pour le deflias de la Table , toute celle qui peut fe rencontrer n'étant que dans la conftruâion de leurs pieds , Fig. 3 é?' 4 , lefquels ont trois pieds d'une forme différente ; favoir , un quarré C; l'autre D, d'une forme lofange très - alongée; & le troifieme d'une forme aufli lofange , mais moins alongée que l'autre , & tel que devroient être tous les trois pieds , fi la Table n'écoit pas brifée. Cette difficulté n'eft pas la feule qui fe rencontre dans la conftruètion de ces pieds de Table , vu que la différente forme du plan de ces pieds n'exige qu'un peu plus d'attention de la part de l'Ouvrier ; au lieu que leur ouverture , quoique d'une très-facile exécution , ainfi qu'on peut le voir aux Fig. 3 ?îr 4 , eft peu folide , ÔC fait toujours un aflèz mauvais 71 8 M ENVI S 1ER, m. Part. SeB. IL Chap. VUI. » effet , vu qu'elle ne peut fe faire que dans l'arafement de la traverfe au point F, Planche Fig. 3 ; au refte, c'eft la feule manière de la faire & qu'on ne pourroit guère changer. Voyei la Fig. 4, où le plan de la Table eft indiqué par des lignes poniluées G H I , ainfi que celui du pied , indiqué par celle L M. En général , les Tables de jeu dont je viens de faire la defcription , fe font, eu du moins peuvent fe faire de toutes fortes de bois ; mais .on les fait le plus communément en noyer , ou en cerifier & en merifier , foit en plein foit de pla- cage, ce qui eft aiïez ordinaire pour les deffus ; mais quelque bois qu'on emploie à ces Tables , elles doivent être très - légèrement conftruites , leurs pieds ne devant pas avoir plus de 2 pouces de groffeur par le haut , & leurs traverfes 9 à 10 lignes d'épaiifeur , ainfi que leur delTus; cependant quelle que foit la légèreté de ces Tables , il faut toujours qu'elles foient afifemblées avec toute la précifion & la folidité pofiîbles , que leurs delTus foient faits d'ademblages , ou au moins emboîtés par les bouts , foit que les bâtis de defTus foient apparents , ou qu'ils foient recouverts de placage , qui eft le cas où pour l'ordinaire ces Tables font le plus mal conftruites ; les Menuifiers Ebéniftes ( ou foi-difant ) qui les font , ne connoiffant que leurs placages , qu'ils font comme ils peuvent , & aban- donnant le foin de la carcalTe de leur ouvrage à d'autres Menuifiers qui n'en ont que le nom , qui font très - ignorants dans l'Art de la bonne conftruâion , & qui , à quelques mauvais aflèmblages près , ne connoi/Tent d'autres moyens que de la colle & les chevilles , & quelquefois même les clous , pour retenir en- femble les diverfes parties de leurs bâtis, de forte qu'en très -peu de temps la fécherelTe ou l'humidité fait déjoindre les bâtis & détruit tout l'ouvrage , qui , à la vérité, a été vendu peu cher, mais qui, par fon mauvais ufage, l'a été encore trop. Les Tables qui font à bâtis apparents , & faites par les Ouvriers dont je parle, ne font guère mieux traitées, tant pour la conftruélion , qui , pour l'or- dinaire eft mauvaife , que pour la folidité de la matière , qui eft fouvent défec- tueufe & toujours trop épargnée , défaut qui femble attaché à prefque tous les Ouvriers de ce genre , lefquels ne travaillant que pour les Marchands , ou , pour mieux dire , les Faéteurs de ces fortes de marchandifes , ( n'y ayant de vrai Marchand que celui qui cultive ou fait la chofe à vendre , & celui qui la con- fomme ) , fe trouvent, fi je l'ofe dire, dans l'impolfibilité phyfique & morale de faire de meilleur ouvrage , comme je crois l'avoir prouvé au commencement de cette Partie , en note , page 601. Avant de finir ce qui concerne les petites Tables de jeu , j'ai cru devoir donner la forme d'une efpece de Table de jeu nommée Loptinh, jeu Anglois, & qui a été beaucoup d'ufage à la Cour. Cette Table, repréfentée Fig. 6 & ^, eft de la forme d'un oélogone irrégulier d'environ 4 pieds de longueur , fur 3 pieds de largeur, au pourtour de laquelle font adaptées des bandes ou rebords de 3 pouces 6 lignes de hauteur du delTus de la Table , arrondies en dehors & creufées Section IL §. Il, Dejcriptïon des petites Tables de Jeu , ÔCc. 719 creufées en delTous, comme on peut le voir à la Fig. 5 , q„i repréfente une partie de la coupe de cette Table au double de la Fig. 6. Planche Au milieu & d'un côté de cette Table , font incruftées neuf bandes de boîj différent de celui de la Table, ce qui produit au milieu huit calTes creufées, dans kfquelles fe rapporte une petite trape N, Fig. ^, laquelle affleure au- de/fus de tout l'ouvrage , & s'enlève par le moyen d'un bouton qui eft placé au ' milieu pour les changer de place comme on le juge à propos , ou , pour mieux dire, félon le nombre donné par les dés dont on fe fert à ce jeu. Vis-à-vis de ces caffetins , c'efl-à-dire , de l'autre côté du jeu , en font placés deux autres , à' 2 pieds de diftance Fun de l'autre, & à 10 pouces du bord de la Table; ces caffetins font remplis par de petites trapes qui s'enlèvent comme les autres, mais qui ne font pas numérotées ainfi que ces dernières. Voyer les Fi^. ? Cette Table efl portée fiir un pied contlruit à l'ordinaire , & de 26 pouces de haut du delfous de la Table , ainfl que toutes les autres Tables de jeu. Les Damiers font de petites Tables de jeu de 18 pouces de long , fur environ 33 pouces de large, dont le milieu cft rempli par 6^ quarrés de différentes couleurs, difpofés en échiquier, fut lefquels on place les Dames ou petits cylindres avec lefquels on joue. Aux deux bouts du Damier , font conflruites deux petites boîtes d'environ 2! pouces de largeur en dedans , & dont le dcfTus ouvre à couliffe. Ces boîtes doivent s'ouvrir chacune à la droite du Joueur, & -fervent à placer les Dames. J'^oyei la Fig. 7 , où font repréfentées la coupe & les élévations d'un Damier. Quelquefois les Damiers font à double parement , fait de la même maniera que celui dont je parle , à l'exception qu'ils ont cent petits quarrés d'un côte pour jouer ce jeu à la Polonoife. Le Triarac , P^g. 9 , ^ , , x , , ^ ^ft „ne efpece de Damier brifé au milieu de fa largeur , lequel étant ouvert & retourné , préfente deux cai/Tes O P , Fig. 8 , 1 1 12 , féparées l'une de l'autre par le côté des brifures , qu'on arrondit en dedans , pour ne point bleffer les Joueurs lorfqu'ils ramaffent leurs dés. Au fond de chacune de ces caiffes font incruftées fIx lames , foit de bois , d'os ou d'ivoire , alternativement de différentes couleurs entr'elles , & par confé- quent au fond de la caiffe. Ces bandes doivent être taillées en pointe d'environ 6 pouces de longueur fur 6 lignes de largeur à leur bafe , & placées à diftance égale l'une de l'autre. Quant à la conftruélion tant des Damiers que des Triâracs , elle eft très- fimple ; ce ne font que des bâtis affemblés à queue recouverte , dans lefquels font embreuvés les fonds , comme on peut le voir aux Figures ci-deffus. Les Damiers & les Trictracs fe font quelquefois en ébene ou quelques autres bois précieux , dont je ne fais pas mention ici , non plus que de la manière d'in- crufter ou de plaquer les Damiers & le fond des Tri£tracs , parce que cette; Menuisier , ///, i^an, IL Seçî, X 8, 720 MENUISIER, III Pan. SeB. Il Chap. VIII. = defcnption appartient à l'Art de l'Ebénifterie , dont je traiterai dans la fuite. Planche n'ayant ftit ici mention des Damiers & des Tridracs , que pour épuifer tout de fuite ce qui concerne les Tables à jouer , du moins celles qui font le plus en iifage. Section Troisième. Des Tables à écrire de toutes fortes ; de leurs formes, proportions & conftrucl'wns. L E s Tables à écrire peuvent, ainfi que celles à jouer , être confidérées comme 3.60 Planche faifant deux efpeces diftinéles l'une de l'autre; favoir , les grandes & les petites. La première comprend les Bureaux de toutes fortes , fermés & non^fermés , fur lefquels plufieurs perfonnes peuvent travailler enfemble. La féconde comprend les petites Tables à écrire , propres à une feule perfonne , & les Secrétaires de toutes fortes , dont la defcription , ainfi que des premières , va faire le fujet de cette troifieme Seâion, que je traiterai le plus fuccindement qu'il me fera poflîble. Les Bureaux proprement dits , font de grandes Tables fur lefquelles plufieurs perfonnes pouvant écrire enfemble , foit à côté ou vis-à-vis f une de l'autre.^ Les Bureaux font, ainfi que les autres Tables , compofés d'un pied & d'un deffus, lefquels font plus ou moins grands , félon qu'on le juge à propos, y ayant des Bureaux de toutes fortes de grandeurs, depuis 4 pieds jufqu'à 6,&. même 8 pieds de longueur fur une largeur proportionnée à leur longueur, c'eft-à-dire , depuis 2 pieds jufqu'à 3 , & même 4 pieds. Les pieds des Bureaux fe font de différentes formes , foit avec des tiroirs , comme la r , cote A , ou fans tiroirs , comme à la même Figure , cote B; mais dans l'un ou l'autre cas. il fn"" — du deifus de la table , que 36 ou 38 pouces au plus , afin que toutes fortes de perfonnes puilfent y travailler à leur aife. La conftrudlion des pieds des Bureaux ordinaires , n'a rien de particulier , du moins quant à l'extérieur , étant, ainfi qu'aux autres Tables , compofés de quatre pieds ou montants , & de quatre traverfes , dans lefquelles on place des tiroirs ou des tables à coulilTes, ainfi que je l'expliquerai ci-après. Les delTus ou tables des Bureaux font compofés d'un bâtis de 3 à 4 pouces de largeur ( & quelquefois davantage), fur un pouce à un pouce & demi d'épaif- feur , alfemblé à bois de fil & rempli par un panneau de fapin , qui doit être renfoncé en deffus d'environ une petite ligne au plus , afin de laifll;r la place du maroquin , qu'on colle ordinairement delfus, & qui doit affleurer avec le bâtis du pourtour de la table. Cette manière de remplir les delTus des Bureaux , eft la plus ordinaire ; cependant je crois qu'il vaudroit beaucoup mieux pour la folidité de l'ouvrage, qu'au lieu de panneaux, foit de fapin ou même de chêne, on Section. 111 Des Tables à écrire ; de leurs formes SCc ..r .emplît le milieu de ces tables avec des bâtis d alTemhlagei fZe' d o comme je lai obfetvé aux F^. . ^ 1 ^c 1. du'Z"' T= Fio- T rntp R f,r,i- 1 I „ . "-uupLS au Bureau Planche rig. r , cote /j- , tant fur la longueur que fur la laro-eur Cerro f.r. a ■ a6o deconar.relesden.sdeBureau.,d:iendroitu„^pS::^^^ Z --i^ IWantage d'être belo fol.de, ce qu. efl fort à confidcrer , fur-tout quand les Bureaux font dC certame conféquence. lar^t^alT' o^^Iinairement garnis de trois tiroirs fur la largeur a.nfl que la F.g. x , cote A, lefquels ouvrent immédiatement du dcffous et dot :; rr ""^^ ^^"^ - ^^^-^^^ ^ une trav^rfe p r le haut du p,ed de la Table, d'un pouce & demi environ de largeur , dans laquelle on puiife liTpmh]^ I environ ae ce nni fn-,! 1 / / , ^"'""^^^^ montants qui portent les tiroirs, ce qu, foulagera la traverfe du de/Tous , qui , lorfqtf elle L Teule . porte tout 1 p :ds des t.ro,rs , qut la font ployer ainfi que le deifus de la table,'dans leque on^affemble les montants qui féparent les tiroirs, ce qui fait un aL mauvais De plus, en mettant deux traverfes, on peut orner les tiroirs de moulure, au pourtour, & n.eme les difpofer en forme de frifes ouvrantes dans les moulures , auifî qu à la Fig. 3. Les tiroirs des Bureaux , & généralement de toutes les Tables , font ordinai- rement po.. es par ces couinrcaux qu. les ruppor... ^ ment , fo.t en les ouvrant ou en les fermant ; mais ces coulilfeaux ne peuvent es contenu- fur la hauteur , c eft-à-dire , du haut en bas; de forte que quand es trrorrs font ouverts , ils penchent en devant de tout ce qu'ils ont de ieu fur la hauteur ce qui les expofe à tomber, &qui, d'ailleurs, fait un très-mauvais effet. C eft pourquoi je crois qu'il vaut mieux faire les coulilfeaux qui portent es tu-otrs , d une largeur a/Tez confidérable pour contenir les tiroirs dans toute leur argeur, ou, pour mieux dire, leur hauteur, en obfervant de n'y lailfer que le moins de jeu poffible, afin que les tiroirs ne penchent que de peu de chofe lorfqurls font ouverts. Voje^ la Fig. 5 , qui repréfente la coupe de largeur du tiroir Fig. 3 , avec fon couliffeau ainfi difpofé, & dans les côtés duquel tiroir j ai obfervé un petit ravalement fur l'épai/fcur du côté pour donner paffage à l'air qui, lorfque les tiroirs font ajuftés avec précifion , les empecheroit de fermer fans cette précaution. il eft bon a«ffi de mettre m faux-fond fous les tiroirs, ( foit qu'il porte immé- MENUÎSIE R,in. Part. SeR. Il Chap. VIIL diatement ces derniers , ou qu'ils foient placés plus bas , comme aux Fig. 3 &. '^^^ <, ce qui eft indifférent, pourvu qu'il y en ait un,) lequel non-feulement «mpêche la pouffiere d'entrer dans l'intérieur des tiroirs, mais encore fert a les renfermer d'une manière sûre , ce qui eft abfolument néceifaire dans le cas dont il eft ici qucftion. Quant à la forme & à la conftrudion des tiroirs , ils n'ont rien de particulier, :'fi ce n'eft qu'il faut les faire les plus grands & les plus légers poffibles , quatre lignes d'épaiffeur à leurs bâtis étant fuffifantes. Ces bâtis doivent être affemblés à queues d'aronde , au nombre de deux ou trois fur la hauteur, & jamais une feule, ce qui n'eft pas afl'ez folide ; il faut aufli obferver de placer les queues ^ans Ls côtés des tiroirs , afin qu'en les faifant ouvrir , on ne les faffe pas défalTembler , ce qui pourroit arriver files queues étoient difpofées autrement, c'eft-à-dire , dans les têtes au devant des tiroirs & dans les derrières; il faut auffi obferver de lailfer une barbe aux côtés des tiroirs, pour remplir le vuide de la languette du fond, qu'il faut toujours alTembler dans le bâtis des tiroirs à rainures & languettes , comme aux Fig.^& non pas à feuillure fimple , .comme le font prefque tous les Menuifiers en Meubles , ce qui eft peu folide , & qu'il faut abfolument éviter. Les fonds des uroU-s doivent être difpofés à bois de fil fur leur largeur , ou ,* ipour mieux dire , fur le fens le plus étroit , parce que plus ils font courts , & inoins ils font fujets à faire d'effet ; ce qui eft d'autant plus h craindre , que ces fonds font ordinairement très-minces , & par conféquent fujets à ployer , tant fut la largeur que fur la longueur , que l'on ne fauroit par conféquent trop diminuer. Les Bureaux , tels que je viens de les décrire , ne peuvent fervir qu'à une feule perfonne , à moins qu'on ne les faffe très-grands , ce qui n'eft pas toujours poffible , fur-tout quand on eft borné par la place , ce qui a fait imaginer de placer, dans ceux d'unp g.a^d-. uiUmaire , ^, comme par exemple celui repré- fenté Fig. 4 ) , des tables à couliffes , lefqu elles fe tirent dehors au befoin , & alors on peut y placer quatre perfonnes au pourtour ; favoir , ufie perfonne fur chaque table des bouts , & deux autres fur celles de derrière , ce qui eft très- commode , fur-tout pour écrire fous la di6lée de celui qui eft placé devant le Bureau à l'ordinaire , lequel jouit toujours de toute fétendue de ce dernier,' Toute la difficulté qu'ont les tables à couliffes , confifte à Finégalité de leur hauteur , laquelle ne peut être la même à toutes , puifque celle de derrière paffe au-deffous du deffus du Bureau , & celles des bouts fous la première , ce qui , joint à l'épaiffeur des joues des couliffes , donne aux tables des bouts environ 3 à 4 pouces de plus bas que le deffus du Bureau. Quand les Bureaux font alnfi difpofés , les traverfes de leurs pieds font ordi- nairement ornées de moulures en forme de frifes , ( comme la Fig. i , cote B,^ Se on fait ouvrir les tables à couliffes au nud ou dans le dégagement des mou- lures , afin que leurs joints fpient moins apparents , comme on peut le voir aux Fig. 6 & 7. l'es Section III. Des Tables à écrire ; de leurs formes , dZ.cj'i.'i Les Tables à coulifles fe conftruifent de la même manière que les deffus des Bureaux , foit à remplilTage de panneaux, foie d'alTemblages , ce qui eft encore Planche mieux ; & on doit avoir foin de difpofer leurs bâtis , de manière que quand ils font tirés dehors autant qu'ils peuvent l'être , il refte un cliamp apparent au dehors du Bureau , égal à ceux du pourtour , comme on peut le voir à la Fig. 4 , qui repréfente le Bureau , Fig. l > cote B , vu en deffus avec la moitié de la table C; & la même Figure, cote D, avec les tables à couliffes tirées dehors d'en- viron un pied : ils ne pourroient pas l'être davantage à un Bureau de cette gran- deur , vu qu'il faut qu'il refte au moins 6 à 7 pouces de la table en dedans des couli/fes , pour qu'elles puilfent fe tenir de niveau , du moins autant qu'il eft poffible ; car quelque précaution qu'on prenne , elles penchent toujours un peu en devant, à quoi on pourroit cependant remédier en faifant déverfer les coulif féaux en dedans. -VoycT^ la Fig. 6, où la table à coulilTe £ F , eft vue en coupe dans ces couliiFeaux ; & celle G H, qui eft une des bouts , eft tirée dehors & retenue en place par le taffeau a. Voyez pareillement la Fig. 7 , ou la table à couliffes IL du derrière du Bureau, eft tirée dehors & arrêtée par fon taffeau i, ainfi que la table MN, vue en coupe fur fa largeur & placée dans fes cou- liffeaux, lefquels font affemblés dans les pieds, & les excédent de 4 lignes, ce qui eft fuffifint pour porter les tables à couliffes. La largeur , ou , pour mieux dire , l'épaiffeur des coulilTeaux , eft bornée premièrement par celle des tables , qui doit être de 8 à 9 lignes , plus 6 lignes de joue de chaque côté, ce qui détermine au jufte la place des tables dans les traverfes du pied , & fert en même temps à borner les champs & les profils de ces mêmes traverfes, comme on peut le voir aux Figures ci-deifus, dont linf- peélion feule doit fufEre pour peu qu'on veuille y faire attention. On doit avoir foin , lorfqu'on ajufte les tables à couliffes, de les faire avec le plus de précifjon poffiUo ^ .en n'y laifTanr que le jeu néceffaire pour qu'elles puif- fent couler aifémenc après avoir été frottées avec un peu de favon ; cependanc fi on vouloir faire la dépenfe de placer des roulettes de cuivre dans l'épaiffeur des coulilTeaux , ces tables couleroient fort aifément & très-jufte , ce qui les empê- cheroit de pencher en aucune façon. Comme les Bureaux ainfi difpofés ne peuvent pas avoir de tiroirs , on a ima- giné de placer au-deffus des caffetins ou ferres-papiers O P Q, Fig. i & 2 , de 6 à 8 pouces de hauteur, dans le bas defquels on met des tiroirs qui ferment à clef, & tiennent lieu de ceux qu'on place ordinairement fous les Bureaux ; au- deffus de ces tiroirs on laiffe des cafés ou efpaces vuides , qui fervent à placer les papiers de peu de conféquence. Les ferres-papiers dont je parle , forment un corps à part , qu'on peut ôter lorfqu'on le juge à propos , & qu'on arrête fur la table du Bureau avec des gou- jons à vis , qui paffent au travers de cette dernière , fous laquelle on les arrête ; Menuisier , 111. Parc, II. Seci. Y 8 Planche 260. 724 ME N UIS 1ER, m. Pan. SeB. II. Chap. FUI. de forte qu'on peut les fupprimer lorfqu'on le juge à propos , ainfi que je l'ai déjà dit. Quant à la conftruélion des ferres-papiers , elle n'exige que de la propreté Sç de la précilîon , étant pour la plupart faits de bois uni , alTemblé à queue perdue; & on doit avoir foin en déterminant la profondeur, ou, pour mieux dire , la largeur des tiroirs , qu'ils foient d'une grandeur fufSfante pour qu'ils puifTent contenir du grand papier de compte , qui a ordinairement 13 à 14 pouces de long , fur 5 à 10 pouces de large. J'ai dit plus haut que le defFus des Bureaux étoit couvert de maroquin ou de bafane de couleur noire, ce qui eft néceifaire , non-feulement pour rendre le de/Tus de ces Tables plus doux pour écrire facilement deffus , mais encore pour qu'en cas qu'on y répande de l'encre , il ne s'y falTe pas de tache ; ce qui arrive- roit néceffairement fi ces delTus étoient faits de plein bois. Le maroquin eft une peau de bouc teinte en noir & apprêtée par des Ouvriers qui font une clalfe à part parmi les Corroyeurs , lefquels les teignent & les dégraiffent , de façon qu'on peut aifément les coller fur le bois ainfi que la bafàne , qui eft une peau de mouton , teinte & apprêtée à peu - près com- me le maroquin , du moins en apparence ; car il y a une grande différence entre les procédés dont on fe fert pour apprêter ces deux fortes de peaux , comme on peut le voir dans les Arts du Corroyeur & du Maroquinier , donnés par M. de la Lande , de FAcadémie des Sciences ; mais cette différence ne fait rien aux Menuifiers , dont toute l'affaire eft de les appliquer fur le bois , ce qu'ils font de la manière fuivante : Quand la Table eft toute finie , & le fond bien dreffé & raboté avec le rabot bretté ou rabot à dents , on coupe le maroquin de la grandeur de la Table , moins environ 4 à 5 lignes au pourtour; puis on met fur la Table une couche de colle de farine bien cuire <% un peu rhnnA.^ après quoi on applique la peau deflùs , en obfervant de la placer bien au milieu de la Table de tous les fens ; enfuite on prend une ferviette blanche qu'on met fur le maroquin pour n'en point arracher la fleur , Se on tient l'une & l'autre d'une main au milieu , & de l'autre on appuie doucement fur le maroquin en le tirant du côté des bords de la Table , ce qui le fait alonger à mefure que la colle s'y introduit , de forte que fes extrémités viennent joindre avec les bâtis de la Table. Quand les peaux, foit de maroquin ou de bafane , ne font pas affez grandes pour couvrir toute une Table , comme il arrive fouvent , ( les plus grandes de ces peaux n'ayant guère que 3 pieds &demi de longueur au plus, fur 2 pieds & demi de largeur tout équar- ries,) on en met deux jointes fune contre l'autre, & collées de la même manière que ci-deffus , en obfervant de choîfir le côté le plus égal des deux peaux pour faire le joint qu'on pl ace au milieu du Bureau, ce qui , je crois , vaut mieux que de mettre un grand morceau & un petit , du moins à mon avis , fur-tout quand les delTus desBureaux font d'une forme quarrée ; car s'ils avoient des avants ou Section III. Des Tables à écrire ; de leurs formes , SCc. 725- arrieres-corps, comme dans le cas des Bureaux à cylindres , dont je parlerai ci- après, on feroit très-bien de faire aller la peau jufqu a la rencontre d'un de ces reffiuts , fuppofé qu'elle fût allez grande. Quelquefois, au lieu de maroquin ou de bafane , on couvre le defTus des Bu- reaux avec des peaux de veau apprêtées en fuif & teintes en noir , ce qui, à mon avis, eft préférable aux autres peaux dont je viens de parler, du moins pour les grands Bureaux , parce que non-feulement ces peaux font plus grandes que les autres , mais encore elles font plus fortes & s'écorchent moins facile- ment, ce qui eft fort à confidérer pour des Bureaux ou autres Tables à écrire d'un ufage journalier , dans lefquelles la folidité eft préférable à la beauté. Les peaux de veau fe collent de la même manière que celles de bouc & de mouton , à l'exception qu'il faut y lailfer moins de jeu qu'à ces dernières , pro- portion gardée avec leur grandeur , vu que les peaux de veau étant plus fortes que les autres , prêtent moins ; il eft bon aufll d'y mettre de la colle un peu plus chaude & plus forte, afin qu'elle s'y incorpore mieux & la retienne folidemenc en place. En général, le maroquin eft la plus belle efpece de peau dont on puiffe fe fervir pour couvrir le delTus des Bureaux, mais auffi font-elles les plus chères & très-faciles à s'écorcher ; la fleur ou le grain de de/fus s'enlève très - aifément pour le peu qu'on les frotte. La bafane eft moins belle & moins chère , & peu folide ; c'eft pourquoi on fera très-bien de fe fervir de peau de veau , comme je l'ai dit plus haut, fur -tout quand les Bureaux ne feront pas fufceptibles de décoration. Les Bureaux , tels que je viens de les décrire , font à l'ufage des différents Particuliers, qui les placent dans leurs Cabinets, ou dans leurs Archives ou Secrétariats ; mais dans les endroits où il faut continuelllient de la place pour que plulieur. por/o„„.. ^o.;„e„t à 1. fo:. , comme les Bureaux de quelque efpece que ce folt , les Etudes & autres lieux de cette forte , où les Bureaux ordinaires deviendroient trop petits & même peu commodes, oa a fait de grandes Tables à une , ou le plus fouvent à deux places fur la largeur , & de la longueur qu'on a jugé à propos , où chaque Ecrivain avoit fon tiroir fermant à clef, & fur lef- quelles ilsplaçoient un pupitre, dont la forme inclinée leur étoit plus commode pour écrire que celle des Bureaux ordinaires , dont le defllis eft toujours de niveau. Comme l'ufage des pupitres étoit alfez incommode , on a incliné le deflùs de ces Tables dans toute leur longueur; & pour profiter de l'efpace que donnoit cette inclinaifon , on a fait ouvrir le delTus de ces Tables vis-à-vis la place de chaque Ecrivain, ce qui lui a fait une efpece de cave ou d'armoire, dans laquelle il ferroit fon ouvrage , mais en même temps ce qui étoit très-incom- mode , parce que chaque fois qu'il vouloit fouiller dans cette cave ou armoire , il falloit déranger tout ce qui étoit delTus. Pour remédier à ces différents inconvénients , on a imaginé une efpece de Planche 2l50. Planche i 726 MENUISIER, III. Pan. SeB. IL Chap. VIIL = Bureau fermé en forme de Secrétaire , lequel , fans tenir beaucoup de place , a Planche l'avantage d'être très-commode , comme on le verra ci-après. Ce Bureau , repréfenté Flg. i , 3 , ^ & ^ ^ ^ pl^=« 3 V^^^s de largeur chacune,.&naq- 6 pieds de long fur 3 P-ds de large; fa hauteur tout fermé , eft de 3 pieds a pouces , & la partie plate de fon deffus eft de 4 p.eds . pcuces de long, fur 16 pouces de largeur , & le refte eft ferme de fix portes ou abattants ; favoir , uneà chaque bouc , & les quatre autres fur les deux cotes ; de forte qu'on peut les ouvrir indépendamment les unes des autres; & que quand elles font ouvertes, ou, p.ur mieux dire , abailfées, elles préfentent une furface de 2 pieds de largeur , comme on peut le voir à la F^g. 3 , cote qui repréfenté la coupe du Bureau ouvert & fermé ; & à la ¥tg. 6 , qui repre- fetlte ce même Bureau vu en deffus & tout ouvert. Comme les abattants des angles ne peuvent pas être quarrés , puifquiis viennent joindre enfemble fur les lignes d'arêtes a b 8^ c d ,¥1^. ^ , on remplit ce qui leur manque pour être quarrés, par une partie triangulaire efg , inerne Flaure , laquelle eft jointe avec l'abattant par une feuillure , & y eft ferrée fur l'arête , de manière que quand on veut fermer ce dernier en reploie en dedans cette partie triangulaire, laquelle ne nuit pas à la fermeture de 1 abattant, comme je le démontrerai ci-après. Cette partie triangulaire ne peut pas être de toute la longueur indiquée par l'abattant ; mais il faut en fupprimer le petit mangle e h i, c'eft-à-dire, le couper au nud du joint de l'abattant avec le deffus du Bureau, & abattre le refte de la panie triangulaire en pente depuis la ligne ]ufqu à l'arête du deftbus , indiquée par la ligne h i , laquelle pente eft donnée par Im- clinaifon de fabattant fermé avec le defllis du Bureau. Foye^la Fig.3, cote C où la diftance n qui eft produite par la rencontre de la double épailTeur dô l'abattant avec le dUs du Bureau , eft égale à celle qui eft entre les lignes h i & Im , prife perpendiculairement i co= Polir rendre l'ufige de ces Bureaux plus commode, on en fait le deffus en pente d environ 4 pouces dans toute fon étendue, & on a foin de ferrer les abattants fur l'arête avec le deffus du Bureau , afin que quand ils font ouverts , ils préfentent, avec ce pre- mier, une furface Unie. Foye^ la Vig. 3 , cote D, Se celle 4, où j'ai marqué à moitié de grandeur de l'exécution, le profil du deffus du Bureau, ainfi que celui de rabattant, tant ouvert en £, que fermé en F, lefquels profils font dif- pofés de manière que le plein de fun remplit le vuide de l'autre , ce qui eft d'au- tant plus commode , que ces profils, en ornant l'ouvrage, le rendent plus folide , en foulageant les ferrures. Les abattants fe foutiennent ouverts par des tirants de fer p q 8c rs,Fig. 3 , lefquels entrent dans le deifous du Bureau , & y font arrêtés par des charnières f f ; de marjiere que quand ils font tirés dehors , ils foutiennent les abattants , qu'il eft bon qu'ils fatfent relever un peu du devant, parce qu'avec le temps, leur propre poids joint à celui de la perfonne qui écrit deffus , les fait revenir , 1 , Les a leur place. Section III. Des Tables à écrire; de leurs formes , SCc. 727 Les barres ou tirants de fer dont je parle , conviennent pour les angles de ces "' '■' « Bureaux, où on les fait pafler les uns au-deflus des autres , c eft-à-dire , ceux des Planche bouts par-deflbus ceux des côtés , comme l'indiquent les trous u , u , Fig. 3 ; mais pour le milieu on peut s'en palTer , en y mettant des tringles ou brides de fer plat, à crochet d'un bout , & à brifure dans le milieu ; de forte que quand l'abattant eft ouvert, cette bride eft retenue par la gâche ou crampon x ; & qu'au contraire , lorfqu'on le ferme , elle fe brife au point , & remonte en contre- haut de ce qui eft néceffaire , ce que j'ai indiqué par des lignes ponctuées , cote ^ (S- & X. ■ La partie pleine du milieu de ce Bureau , contient douze tiroirs , dont deux de chaque bout & quatre de chaque côté ; de forte que chaque perfonne en a deux ou bien un feul , fuppofé qu'on n'en mît qu'un fur la hauteur , & que le relie fût occupé par une cafe vuide ; & on obfervera de placer l'ouverture de ces tiroirs à la droite de chaque place , du moins de celles des côtés , ainfi que jo l'ai fait ici. Voyci la Fig. r , cote B , & celle 6. On peut encore placer des tiroirs au-delTous de f appui de ces Bureaux , en obfervani: de les faire ouvrir au-delTous du padige des barres ou tirants de fer qui foutiennent les abattants. P^oye^ la Fig. 3. Ces fortes de Bureaux ne font pas fufceptibles de beaucoup de décoration ; il fuffit qu'ils foient bien aflemblés à bois de fil fur tous les fcns, comme on peut la voir aux Fig. i , cote A ,Sic \ celles J & (î. Le de/Tus de la table de ces Bureaux peut être garni de peau de veau ou autre ainfi que le dedans des abattants , ce qui feroit d'autant mieux , que ce cuir retiendroit leurs joints & les cacheroit , ainfi que le vuide des extrémités des parties triangulaires des abattants , du moins en partie. En général, les Bureaux dont je parle doivent être conftruits trcs-folidement, fans cependant être trop maffifs , fur-tout les abattants , auxquels il ne faut pas! donner plus de 9 à 10 lignes d épailleur, ahn de l^o icnJrp plus légers; & ondoie avoir foin de les aflembler trcs-folidement , ainfi que tout le refl:e de l'ouvrage. La conftruâion de ces Bureaux n'a , ainfi qu'on l'a pu voir , rien de particu- lier, C ce n'eft la coupe des angles des abattants, laquelle eft d'une fujétion confidérable pour ceux qui n'ont aucune connoiflànce de f Art du Trait , tant pour déterminer la longueur de la pièce de fangle , que la pente & la profon- deur des feuillures fervant à recevoir la partie triangulaire de ces abattants ; c'eft pourquoi je vais en faire une courte démonftration en faveur de ceux qui ignorent cette partie de l'Art du Trait , toujours fuivant les mêmes principes que j'ai enfeignés dans cette Partie de mon Ouvrage, à laquelle on pourra avoir recours fi on le juge à propos. Voyez ÏAn du Trait, Seconde Partie , page. 34E <& fuwantcs. . Pour parvenir à avoir la longueur de la pièce d'angle des abattants dont il eft ici queftion , on commence par tracer le plan du Bureau , comme la Figure ^ ', Menuisier , ///. Pan. IL Sed. Z 8 7^8 MENVISIE R , ///. Pan. SecZ IL Chap. FUI. — puis la ligne d'angle a h étant tracée , on élevé à l'extrémité de cette dernière i .ANCHE une ligne perpendiculaire h c , dont la hauteur doit être égale au deflus du Bu- reau ; & du point a au point c, on mené une autre ligne qui eft celle demandée, ou , pour mieux dire , dont la longueur donne celle de la pièce d'arête , dont la pente fe trace de la manière fuivante : On trace à part , Fig. i , un angle du plan avec fa diagonale femblable à celle a b , Fig. 5 , ) fur laquelle on trace la ligne a g félon la méthode que j'ai donnée ci-delTus ; ce qui étant fait , on trace à un des côtés du plan la pente verticale de l'ouvrage , indiquée par la ligne a l> , a laquelle on mené une parallèle u &, félon la largeur qu'on veut donner à la pièce ; & du point u on abaiffe une ligne perpendiculaire à la diagonale aj', laquelle la rencontre au point j ; & de ce point on élevé à la ligne a g une autre perpendiculaire j , dont la diftance au point a, donne la pente demandée ; de forte que pour tracer la pièce , on prend cette diftance , que l'on porte quarrément & de fon extré- mité , d un côté à l'autre , comme l'indique le point x. La pente de la pièce étant ainfi tracée , refte à trouver fà faulTe équerre pour le joint de l'angle , ce qui fe fait de la manière fuivante : On trace , Fig. 1 , l'épaiffeur de la pièce félon fon inclinaifon verticale a b Sec du point d on abaiffe une perpendiculaire à la ligne au , fur la diagonale af; & du point e , où elle rencontre cette ligne , on mené une parallèle a la ligne de l'arête ag , fur laquelle, & à une diftance quelconque, on abailfe une perpendiculaire g x ; enfuite on prend fur le plan la diftance a e , qu'on porte de i3.k; puis par les points g h , on fait paffer une ligne qui repréfente le deflus de la pièce, à laquelle on augmente fon épailfeur , & dont par conféquent la pente eft déterminée par la ligne g i. Cette opération étant faite , on trace la feuillure 0 p y de la profondeur & de la largeur que l'on juge à propos , &toujours parallèlement aux lignes g h Se g i, ce qui détermine la longueur CC l'épaiffeur de la pièce qui reçoit les abattants ; ce qui eft trcs-aifé à concevoir , puifque la ligne 0 /z eft parallèle à celle a g , dc que la diftance Im eft égale à celle p o. S'il arrivoit que cette féparation fût faite avant les feuillures des abattants , on feroit l'inverfe de l'opération ; c'eft-à-dire , que du point n on méneroit une ligne parallèle à celle a g, Se qu'on prolongeroit jufqu'àce qu'elle rencontrât la ligne gx, fur laquelle elle donneroit un point pour déterminer la profondeur de la feuillure , dont la largeur feroit pareillement donnée par la diftance Im; foit qu elle fût plus ou moins confidérable. La pente de la pièce de la partie ployante de l'abattant fe trace par la même méthode que celle dont je viens de parler , ainfi que fes feuillures , qui fè font à l'inverfe de l'autre , mais toujours fuivant la même pente , comme on peut le voir dans cette Figure , où la diftance i f eft égale à celle o g; celle sr, égale à celle op;Si celle qr, égale à celle ^ p. Au refte, ceux qui Section III. Des Tables à écrire ; de leurs formes , SCc. 729 voudront acquérir uné théorie plus étendue, pourront avoir recours à mon Art l du Trait, comme je l'ai dit plus haut, & ils y trouveront tout ce qu'ils pour- Planche ront defirer, tant pour l'efpece dont il s'agit ici, que pour toutes les autres parties de cet Art , lefquelles y font démontrées par principes fuiyis , ce qui en rend l'intelligence plus facile. Le Bureau ou Secrétaire repréfenté dans cette Planche , fe nomme Bureau à " cylindre, à caufe de la manière dont il eft fermé par-delFus, comme je l'expli- "PiÂï^ querai ci-après. 262. Ce Bureau , Fig. x , 2 , ^ , ^ & ^ , t\k compofé (ainfi que ceux dont je viens <îe faire la defcription, ) d'un pied garni de tables à couliifes par les bouts , & de tiroirs par-devant , & d'une table garnie de cuir , quelquefois mobile, comme on peut le voir aux Fig. ^ & 6. Au-delTus de la table de ce Bureau, eft placé un fecrétaire ou ferre-papiers , garni de cafés & de tiroirs , comme le repréfenté la Fig. a , qui fe ferme, ainfi que la totalité delà table du Bureau, parle moyen d'un cylindre ou trape circulaire, lequel s'ouvre & fe ferme à volonté. Les cylindres ou fermetures de ces Bureaux , fe font de deux manières diffé- rentes; favoir, en deux parties brifées & jointes à rainures & languettes , dont une fe reploie derrière le ferre-papiers , ou bien en un nombre de petites alaifes jointes enfemble , lefquelles fe reploient autour d'un cylindre lorfqu'on le juge à propos. Ces cylindres fe meuvent par le moyen d'un reflbrt dont je donnerai ci-après la figure ; & ce font probablement eux qui ont donné le nom à ces fortes de Bureaux. Quand la fermeture d'un Bureau à cylindre fe fait de deux pièces , comme à la Fig. 6 , qui repréfenté la coupe de la partie fupérieure du Bureau , au double des élévations , Fig. r & 2 , on fait la brifure la plus haute poflible , afin que quand on la fait tourner dans la rainure difpofee à cet effet , elle occupe toute la profondeur du Bureau , & que la partie qui fe ploie ne defcuiidc que le moins bas qu'il eft poffible , & on difpofe la rainure du derrière du ferre-papiers , de manière que la partie ployante puilTe y paifer facilement. Cette rainure eft très- facile à tracer , parce qu'il n'y a qu'à faire deux règles courbes d'une longueur égale à chacune des parties de la fermeture , dont fune A B, entre dans la rai- nure circulaire de la joue ou côté du ferre-papiers ; de forte que fautre CD , qui eft mobile & que l'on attache delTus comme une faulfe équerre , détermine , en fe reployant entre le derrière des tiroirs & le fond du ferre-papiers , la largeur & la forme de la rainure dans laquelle elle doit paifer. Il faut obferver , en faifant le dedans de cette feuillure , qu'elle ne vienne pas jufqu'au derrière des tiroirs , mais qu'elle s'en écarte d'environ un demi-pouce par le bas , afin d'éviter le frottement , qui , s'il y en a, ne doit être qu'à la partie fupérieure , ainfi que l'indique la ligne abc , Fig. 6. Les fermetures des Bureaux étant ainfi difpofées , fs tiennent d'elles-mêmes MENU! S 1ER, m. Pan. Secl. IL Chap. VÎII. • en place , tant ouvertes que fermées, & fur leur propre poids, (qu'on doit obferver ANCHE de faire le moindre poffible , afin qu'ils foient plus aifés à mouvoir ) ; cependant fi, pour quelque raifon que ce fût , on vouloit que la partie fupérieure de la fermeture D, n'entrât pas dans TépailTeur de la table, comme dans cette Figure , ■êc qu'elle fût néanmoins d'une même grandeur, il faudroit alors qu'elle remontât en contre-haut au point E , ce qui feroit facile à faire , mais ce qui, en même temps, l'expoferoit à fe refermer toute feule, & à retomber fur les mains de la perfonne qui feroit ufage du Bureau , ce qu'il faut abfolument éviter , foit en mettant de petits vérouils montants à reifort au-dedans du ferre-papiers au point F, lefquels retiendroient la fermeture en place ; ou bien , ce qui feroit encore mieux, en mettant en deiïbus de cette dernière un relTort au point G , lequel en la retenant en place, aideroit à l'ouvrir, ce qui feroit un double avantage, comme je le prouverai ci-après , en parlant des véritables fermetures à cylindres. La rainure dans laquelle coule la fermeture du Bureau , doit avoir 6 lignes de profondeur au plus, fur 7 à 8 lignes d'épaiffeur , y compris le jeu nécef- faire, qui doit cependant fe réduire à peu de chofe, parce qu'il faut que la fermeture joigne dedans le plus qu'il eft pofîible. La forme de cette rainure , ainfi que celle de la fermeture , doit toujours être un arc de cercle dans toute fon étendue , afin que la fermeture y glilfe également & y joigne par -tout , ce qui ne pourroit être fi cette forme étoit en anfe de panier , à moins que d'aggrandir la largeur des rainures autant qu'il feroit nécelTaire , pour que la partie la plus cintrée de la fermeture pût y pafl"er , ce qui ne peut être' quand cette dernière n' eft que de deux pièces , comme dans cette Figure , parce que les rainures étant ainfi élargies , la fermeture retomberoit delFus , & par conféquent ne pourroit plus joindre étant fermée. Il faut cependant convenir que fi la fermeture du Bureau dont je parle étoit d'une forme elliptique , ou, comme difent les Menuifiers, en anfe de panier elle feroit un meilicui cflec ; mais cette forme ne peut avoir lieu que quand ces fermetures font de beaucoup de pièces , & dont par conféquent le cintre eft peu différent ; on pourroit cependant faire les cintres des Bureaux , dont la fermeture eft de deux pièces , d'une forme elliptique, en donnant dans toute la longueur de la rainure , toute la plus grande largeur néceftaire , & en garniff'ant le deftîis des parties les plus plates , de diftance en diftance , afin de remplir les rainures exaéleraent , & de faire joindre le deffus de la fermeture avec leur joue extérieure , du moins autant bien que faire fe pourroit. „_____ Quand la fermeture des Bureaux fe fait de plufieurs pièces , comme aux Fig: Planche I <& 2 , elles font plus aifées à mouvoir & tiennent moins de place que de la première manière. Ces fortes de fermetures £b font d'alaifes de 3 à 3 pouces de largeur jointes enfemble à rainures & languettes , foit à joint arrafé , comme à la Fig. 2 , ou à recouvrement , comme à la Fig. 3 , fur-tout ceux cotés a, a, lefquels font d'autant mieux , qu'ils foat difpofés de manière que la poulTiere pe peut y entrer en aucune façon. De Section lit Des Tables à écrire ; de leurs formés", 3Cc. yjt De quekpe manière que foient conftruites ces fermetures , elles fe meuvent ; y'elles-mêmes par le moyen d'un cylindre autour duquel elles s'enroulent , & ^"J'i'^"'* qui eft lui-même entraîné par des reflbrts placés à fes deux extrémités , ou bien à la manière des flores ou jaloufies de croifées , comme je vais l'expliquer. La première manière de faire mouvoir ces cylindres eft la plus ufitée : elle confifte en deux reflbrts de pendule, ou du moins femblablcs, dont l'extrémité a , Fig. 6 , eft fortement attachée fur le cylindre , & l'autre b , dans un tambour ou enfoncement circulaire , pratiqué dans le côté ou joue du Bureau , de manière qu'en tirant la fermeture en dehors, ( laquelle eft roulée autour du cylindre , ) comme de a à c , on comprime alors le relTort , lequel , pour remettre à l'aife , tend à retirer la fermeture à lui , & par conféquent à la faire entourer le cylindre , dont l'axe d , qu'il eft bon de faire de fer, tourne dans un colet de cuivre placé au fond du tambour, Voye:^ la Fig. y , qui rcpréfente le cylindre avec la coupe du reffbrt & de la platine de fer ef, qui le recouvre , laquelle eft enfoncée dans la joue de la profondeur de la rainure , afin de ne pas nuire au bout de la fermeture qui vient s'y loger, yjie^ les Fig. ^ Ù" 6 , qui font defTinécs au tiers de fexécution. Cette manière de faire mouvoir les cylindres eft très-facile , comme je l'aî clit plus haut ; cependant comme elle eft un peu coûtoufe pour être bien faite , & que quelque foin que l'on prenne , il arrive quelquefois que l'un des deux reflbrts vient à cafter ou bien qu'ils tirent inégalement , je crois qu'on feroic auffi bien d'y mettre des reflbrts de flores femblables à ceux que les Serruriers font pour les jaloufies de croifées & des voitures , ce qui , à mon avis, feroit plus folide & moins coûteux. Voy^l l" Pi-g- 4j qui eft difpofée de cette manière avec la fermeture entourée defllis , & cotée comme aux Figures i & 2. Les brifures de ces fermetures ne font pas ferrées , mais elles font retenues enfemble par une forte toile collée derrière , qu'on garnit enfuite de nerf de bœuf battu & collé defllis cette toile, qu'on «fcnrl If- pliic yin-,^ rofllble fur la fermeture, dont on place les extrémités dans des rainures ou entailles qui fervent à arrêter les joints, & à les ferrer les uns contre les autres , ce qui fe fait par le moyen d'un coin ■olacé à l'extrémité des morceaux de bois dans lefquels ces rainures font faites. Il faut obferver, en faifant ces rainures, de les cintrer un peu davantage que celles des joues, & par conféquent de dégrailTer les joints un peu en dedans j afin que la toile étant appliquée deffus les joints , tende à les faire ferrer lors- qu'ils font dans leur état naturel , ce qui eft abfolument néceflatre , fur-touC quand les joints font apparents. La toile , dont on garnit le deflbus des ferme- tures , ne fe coupe pas au nud de ces dernières ; mais on la prolonge , du moins par le haut , de ce qui eft néceflîiire pour que ces dernières étant fermées , la toile puilTe être attachée fur la cylindre , au pourtour duquel il eft bon qu'elle fafle un tour , qu'on y colle après l'avoir attachée. Ce que je viens de dire touchant le mouvement & la fermeture des BureaujS Menc/isi er , 111. Pan. IL S eB. A j> 732 MENUISIER, m. Part. SeB. Il Chap. VIIL • à cylindre , reniermc toute la théorie de ces fortes d'ouvrages , du moins pour Planche l'ordinaire ; car on pourroit en rendre les mouvements plus doux & plus faciles , en faifànt porter ces fermetures £ir des roulettes de cuivre ou d'acier, & placées dans l'épaifleur des joues , ce qui obligeroit à garnir le dedans des extrémités de ces fermetures avec des bandes de fer ou de cuivre , aifez minces pour pouvoir ployer autant qu'il feroit néceflàire; on pourroit auffi placer des roulettes au fond des rainures pour faciliter le mouvement des bouts de ces fermetures, qui , pour peu qu'elles avancent plus d'un côté que de l'autre , vont difficilement ; c'eft pourquoi de telle manière que foit difpofée la fermeture d'un Bureau à cylindre, il faut obferver de faire cette dernière très-jufte de longueur , afin qu'elle ne puifTe pas fe déranger ; & on aura foin d'en abattre toutes les arêtes pour en diminuer le frottement. Les fermetures s'arrêtent en place par le moyen d'une ferrure placée dans la tête du tiroir du delfus du ferré-papiers , laquelle fert à la fois pour le tiroir & la fermeture , qu'on hauffe ou bailTe par le moyen de deux mains ou portants , placés à fon extrémité inférieure , lefquels font mouvants , de forte qu'ils fervenc non-feulement à relever la fermeture , mais encore à la baiffer ( * ). ' ' . — • Le deflîis du ferre-papiers ou fecrétaire d'un Bureau à cylindre , eft ordinai- Planche rement terminé en forme d'amortifîèment , dans lequel on fait ouvrir plufieurs tiroirs fur la largeur , comme on peut le voir aux Fig. i , 2. ,^ & 6 ; &. quand ces Bureaux feront placés contre le mur, comme ilarrive fouvent,on fera bien de fup- primer non-feulement le profil de l'amortilfement, mais encore la faillie du derrière de la table, afin qu'il ne refte point d'efpace entre le mur & le delTus du Bureau. L'extérieur , ou , pour mieux dire , le coffre du ferre-papiers, forme un bâtis à part , qui entre à rainure & languette dans le delfus du Bureau , & qui y eft arrêté avec des clefs chevillées en dedans , ou , ce qui eft mieux , avec des vis qui peuvent s'ôter au befoin. La partie qui porte les tiroirs forme un coffre à part , qui entre jufte dans cplui s'y anCn, j^aicillciiient avec des vis. Quant à la eonftrudion tant du bâtis intérieur que de l'extérieur , elle n'a rien de par- ticulier ; c'eft pourquoi je n'entrerai pas dans un plus grand détail à ce fùjet , vu que leur plus ou moins grande décoration peut changer toute la difpofition , du moins des parties acceflblres , car les principales ne fauroient changer. Ce que j'ai dit jufqu'à préfent , tant au fujet des autres Bureaux que de celui-ci , joint à l'infpeaion des Figures , doit , à ce que je crois , être fuffifant , pour peu qu'on .veuille y faire attention. Le delfus de la table du Bureau eft quelquefois mobile en devant, afin de lui rendre une partie de la profondeur occupée par le ferre - papiers , dont le plan ( • ) Je n'entrerai pas ici dans le de'tail des ferrures de ces fortes de Meubles , non plus que de tous les autres, dont la defcription fait Je fujet de cette Partie de mon Ouvrage, parce que non - feulement ce détail eft très ; com- pliqué , mais encore qu'il fait partie d'un autre Art que le mien, dont il eft cependant bon que^ les Menuilîers prennent des connoilTances élé- mentaires , ainfi que je l'ai toujours reconiT mandé, Section 111. Des Tables à écrire; de leurs formes , SCc. 733 eil indiqué par les lignes d, e ,/, g , Fig. J . Le mouvement de cette table fe fait horifontalement & à rainures & languettes fur l'épailTeur, comme on peut le Plakcm voir à la Fig. 6 , où cette table i7 / L , eft marquée en coupe & tirée dehors , ainfi qu'à la Fig. J'ai dit plus haut qu'on mettoit des tiroirs fous les tables à coulilTes , comme le repréfente la Fig. 7 ; mais ils ne peuvent pas avoir beaucoup de profondeur, parce qu'alors ils defcendent trop bas & empêchent de pafTer les jambes de la perfonne qui eft alTife devant le Bureau , ce qui oblige de pra- tiquer un renfoncement au milieu de ce dernier , d'environ un pied de profon- deur, comme on le pratiquoit aux anciens Bureaux qui, alors, avoient 4 pieds fur la face , & plufieurs rangs de tiroirs au-delTus les uns des autres , ce qui rendoic ces fortes de Bureaux très-lourds & peu commodes , vu que les pieds du milieu devenoient embarraffiints ; à quoi on a remédié en coupant ces pieds, comme à la Fig. r , ce qui, à mon avis , fait un très-mauvais effet; c'eft pourquoi il vaut beaucoup mieux faire les tiroirs moins profonds, & ne point faire de renfonce, ment, comme je l'ai obfervé à la Fig. 1, ce qui, non -feulement, rend le Bureau moins lourd , mais encore donne la facilité de palTer les jambes de plu- fieurs perfonnes aflifes à côté les unes des autres. Pour ce qui eft des dimenfions des Bureaux à cylindre, c'eft la même chofe qu'à ceux dont j'ai parlé plus haut, tant pour la hauteur de la table du delïïis que pour la longueur & la largeur, lefquelles ne peuvent cependant guère êtrô moindres qu'à celui qui eft repréfente ici , lequel a 4 pieds 8 pouces de long , fur a pieds J pouces de largeur. Les Bureaux à cylindre font ordinairement très-ornés , & le plus fouvenc couverts de bois de rapport & de marqueterie ; cependant comme on peut très- bien les faire unis & même de bois ordinaires , j'ai cru devoir en faire la defcrip- tion ici, afin de terminer tout ce qui regarde les Tables à écrire, & par confé- quent toutes les dijïérentes efpeces de Bureaux, dont l'u%e eft à la mode 3 préfent. Avant de palTer à la defcription des petites Tables à écrire , j'ai cru devoir i_ parler de celles qui fervent dans les Bureaux de peu de conféquence & dans les P^^nchk Ecoles. Ces fortes de Tables, repréfentées Fig. 7,8 & ^ , font compofées d'un pied très-folide & fimple , fur lequel eft placé un defllis , fouvent de bois de fapin & emboîté de chêne au pourtour pour le rendre plus folide ; quelque- fois on fait le dcifus de ces tables en pente en forme de pupitre , ce qui en rend l'ufage plus commode , & on y réferve une partie horifontale fur le derrière , d'environ à 8 pouces de largeur pour y placer des livres & autres chofes donc on peut avoir befoin. La largeur de ces Tables doit être de 2 pieds un quart à a pieds & demi ; quant à leur longueur , elle eft fouvent déterminée par la place qu'elles doivent occuper, & on doit faire en forte qu'elles aient un nombre pair de pieds comme fix , huit , dix , &c , chaque perfonne qui écrit occupant au moins 3 pieds de largeur ; il eft bon auffi de mettre des tiroirs au-deflbus de la Table & à< 734 MENUISIER,!!!. Part. SeH. Il Chap. VIIÎ. , chaque place, afin que chacun puilTe y ferrer ce dont il a befoin. Les pieds ou Planche Kiontants qui fupporœnt la Table , doivent être divifés en raifon des places , da manière qu'ils fe rencontrent entre deux , comme je l'ai obfervé à la Fig. 7. Les Tables à deflîner, Fig. 10, font femblables à celles dont je viens de parler , à l'exception qu'elles font droites par-defTus , & qu'on y obferve un^ rainure fur le devant d'environ un pouce de largeur , comme celle a c , laquelle fert à pafier le papier & à l'empêcher d'être froifle par ceux qui , en deffinant , s'appuient fur le bord de la Table , ce qui eft prefqu'inévitablc. Le rebord des Tables à deffiner doit être de chêne ou tout autre bois liant , d'environ un pouce & demi à 2 pouces de largeur , & on le foutient par un petit montant l>, placé entre l'intervalle de chaque place , afin qu'il ne nuife pas aux Deflinateurs. Les arêtes de ce montant ainfi que de la Table , doivent être bien arrondies,' ainfi que le refte de ces Tables , lefquelles n'ont befoin que de propreté & de folidité ; c'eft pourquoi on fera très-bien de les emboîter au pourtour , comme je l'ai déjà dit, -d'y mettre des clefs dans les joints , & de faire pafFer des traverfes en deffous d'un pied à l'autre , pour foutenir la Table fur fa largeur. Ces Tables s'arrêtent à clefs dans les pieds , ou y font fimplemeat attachées delTus avec des yis à tête fraifée , ce qui eft fuflSfant. •==ei Les petites Tables à écrire ne diflFerent guère de celles dont je viens de parler Planche qi,e par la grandeur de leurs deflus , lefquels font quelquefois réduits à 2 pieds de longueur, fur à 18 pouces de profondeur ou de largeur , ce qui eft la même chofe. Au nombre de ces Tables il faut comprendre les Secrétaires de différentes efpeces , lefquels font à la fois Tables & Meubles fermés , & qui tiennent de la forme des Bureaux dont je viens de faire la defcription, & des petites Commodes à pieds de biche , dont je traiterai dans la fuite. Les Secrétaires repréfentés Fig. 1,2, 3, J, y & 8 , font compofés d'un pied de 24 à 27 pouces de hauteur; dans la partie fupérieure duquel font placés deux rangs de tiroirs ,qui occupent 9 à 10 pouces de hauteur; le fécond rang de tiroirs , c'eft-à-dire , celui du bas , ouvre de toute la largeur du Secrétaire ; & le premier rang eft divifé en trois fur la largeur, dont les deux des bouts font mobiles , & celui du milieu arrêté à demeure , ou , pour mieux dire , n'a qu'une tête apparente , fa place étant occupée par la cave , dont l'ouverture eft en deflus du Secrétaire , comme je l'expliquerai ci-après. P^oye:^ la Fig. i , cote A & B, laquelle repréfente l'élévation d'un Secrétaire & fa coupe prife fur fa largeur ; 8c la Hg. 8 , cote C D, laquelle repréfente le plan de ce même Secrétaire vu du deflus de fon pied, & coupé au-deflîis du premier rang de tiroirs , & par confé- quent de la cave , dont il eft aifé de voir la conftruélion , tant dans cette Figure que dans la précédente. Le deflus du Secrétaire eft terminé par un ferre - papiers compofé de deux rangs de tiroirs , l'un à droite &. l'autre à gauche , lefquels font au nombre de ideux Section IIL Des Tables à écrire : de leurs formes , SCc. 73^ tablettes. Le ferre-papiers forme un coffre ou bâtis à parc , lequel entre ; : a rainure & languette dans le de/fus de la table du Secrétaire, avec lequel on le colle & Planche l'arrête quelquefois avec des clefs, (ainfi qu'aux Bureaux dont j'ai parlé plus haut) , & il eft fermé par-devant avec une porte ou abattant ferré fur le devant du pied pour fervir de Table à écrire. Foyei les Fig. 2 , 3 , ; <& 7. Ces portes ou abattants font ordinairement à recouvrement delFus le devant du ferre-papiers , ce qui fait un alfez mauvais effet , parce qu'alors il faut y fau-e des feuillures très-profondes, comme le repréfente la F/^. 4, où cette feuillure eft indiquée par la ligne aÈ, es qui fait que la partie inférieure du côté forme un angle au point ^, au lieu de venir fe terminer à celui c, ce qui fèmbleroic plus naturel ; de plus , fangla c d e ds fabattant , fe préfente mal , à moins qu'on ne l'orne d'une moulure , comme je l'ai fait ici , où j'ai eu foin que le membre fupérieur de cette moulure profile avec le recouvrement du pourtour de fabat- tant, ce qui remédie au mauvais effet de l'angle de l'abattant, mais qui lailFe toujours fubfifler celui des feuillures trop profondes , & l'irrégularité de la forme des côtés ; c'eft pourquoi je crois qu'il vaudroit mieux ne point faire de feuil- lures à l'abattant, comme je l'ai obfervé à la Fig. 6 -, ce qui eft plus régulier & plus propre , parce qu'alors on peut orner de champ & de moulures les côtés du ferre-papiers , & faire au niveau de la table du Secrétaire , une efpece de cymaife , fur laquelle l'abattant vienne s'appuyer , ce qui en foulage beaucoup les ferrures , & fait en même temps un très-bon effet. Fojei la Fig. 6 , où l'abattant eft ouvert & fermé. Les abattants des Secrétaires fe foutieiînent horifontalement de différentes manières ; favoir , avec des tirants de fer placés au-deffous de la Table, ou bien avec des crochets attachés d'un bout au-dedans de fabattant, & qui s'arrêtent de fautre dans une mortaife pratiquée à cet effet dans la pièce qui fépare les bâtis intérieurs & ex(.>5iicui5 du ferré.-p;,pie« , entre lerquels ce crochet pafTe lorfqu'on ferme l'abattant, comme on peut le voir à la Fig. 7, qui repréfente les coupes , ou , pour mieux dire , les plans du ferre-papiers , pris au-deffus du troifieme & du premier tiroir ; & à la Fig. 9 , qui repréfente l'abattant ouvert & fermé , ainll que fon crochet difpofé félon ces deux cas. Cette féconde manière de retenir fabattant des Secrétaires , eft très-commode & plus sûre que la première , parce qu'elle n'a d'autre inconvénient que de gêner un peu par le côté ; au lieu que l'autre non-feulement eft moins propre , vu que le bout des tirants eft toujours apparent , & que fi on oublioit à les tirer avant que d'ouvrir fabattant , on s'expoferoit au rifque d'en arracher les ferrures , ce qui eft fort à craindre , & par conféquent à éviter. J ai dit plus haut que la cave ou elpace vuide qui dévoie occuper le tiroir du milieu , s'ouvroit en de/fus, & cela par la raifon , dit-on , que l'argeat & les papiers de conféquence qu'on y place ordinairement y font plus en sûreté , ce qui ne me paroît pas exadement vrai , parce qu'un tiroir fermé à clef eft auffi Menuisier , ///. Pan. II. Secl, B 9 73<5 ME N VIS 1ER, ni. Pan. SeB. Il Chap. Vlîh difficile à forcer que l'abattant du Secrétaire , qui l'étant une fois , donne la Flanche liberté de fouiller dans la cave , qui n'eft ordinairement fermée que par la tablette inférieure du ferre-papiers , laquelle couvre l'ouverture de la cave , & eft retenue en place par un taffeau collé en deffous, lequel frotte avec le devant de l'ouverture de la cave. Je fai bien qu'on ferme quelquefois cette tablette par le moyen de quelques relTorts fecrets à l'ufage de ces fortes de meubles ; mais qu'eft-ce qu'un fecret, dont la copie ou l'original eft entre les mains de tout le monde , ou qui , quand bien même il n'y feroit pas , oppofe peu de réfiftance , & eft par conféquent plus aifé à forcer qu'une bonne ferrure \ En général , les Secrétaires , lorfqu'ils ne font pas couverts de marqueterie , fe font de bois uni, fans aucune efpece de moulure, qu'on alTemble ( fur-tout le ferre-papiers ) à queues recouvertes par le bout, & à rainures & languettes par le bois de fil, ce qui eftpeu folide; c'eft pourquoi je crois qu'il vaudroit mieux les faire d'affemblages à fordinaire , foit qu'ils foient ornés de moulures , ou qu'ils foient unis ou arrafés , ce qui ne change rien à leurs formes ; & , à mon avis , cela feroit beaucoup plus folide , fur-tout pour le ferre-papiers , lequel, lorfqu'il n'eft pas d'ademblage , préfente, du côté de l'ouverture , ijne furface qui n'eft ni de bois de bout ni de bois de fil , ce qui l'expofe à fe fen-dre aifé- ment , ou du moins à fe tourmenter. Je crois aufti qu'il feroit bon , pour la foli- dité de ces fortes de Meubles , qu'ils fuffent d'une feule pièce fur leur hauteur , c'eft-à-dire , que les pieds de derrière Tncntaffcnt jufqu'au haut du ferre-papiers , ce qui feroit très-aifé à faire, fi on en affembloit toutes les parties à tenons & mortaifes , comme je le propofe ici. Comme les Secrétaires font de très-petits meubles , il eft bon qu'ils foient conftruits de bois raince , fur-tout pour la partie du ferre-papiers & de fes tiroirs , dont les bâtis ne doivent avoir que 2 à 3 lignes d'épaiffeur au plus : il en fera de même pour toutes les autres parties > qu'on tiendra le plus minces qu'il fera poffible de les faire , fans ôter la folidité de l'ouvrage , laquelle doit toujours être préférée dans quelque cas que ce puifle être , & qui eft fouvent très-négligée dans celui dont il eft ici queftion , où les Menuifiers mettent fouvent des bois non-feulement trop minces & de mauvaife qualité , mais encore pouffent l'é^ pargne jufqu'à ne mettre les féparations qui portent les tiroirs , & autres parties qui ne font pas apparentes , que de la moitié , ou tout au plus les deux tiers de leur largeur totale , de forte que la poulTiere peut aifément tomber d'un tiroir dans un autre , & qu'on peut y fouiller étant fermés , ce qui eft encore pis. La hauteur de la table des Secrétaires doit être , comme je fai déjà dit, de 24 à 27 pouces au plus, ce qui ne fauroit varier. Quant à leur largeur, elle varie depuis 2 jufqu'à 3 pieds, fur 12, & 18 pouces de profondeur. Pour ce qui eft du ferre-papiers , hauteur perpendiculaire varie depuis 9 pouces jufqu'à un pied , & 6 pente depuis 9 pouces jufqu'à ir , afin que l'abattant ait une largeur fuSifante pour écrire commodément delTus. S'ECTioN m. Des Tables à écrire ; de leurs formes , SCc. 737 Il fe fait d'autres Secrétaires dont , lorfqu'on ne veut pas faire ufage du ferre- ■ papiers , le delFus repréfente une Table ordinaire , fui: laquelle on peut jouÈr Planche ou écrire félon qu'on le juge à propos. Ces fortes de Secrétaires fe nomment Secrétaires à culbute, parce que leur ferre-papiers rentre dans l'intérieur du pied de la Table , & fait par conféquent ce qu'on appelle communément la culbute. Voyez la Vig. i , qui repréfente la coupe de ce Secrétaire , prife au milieu de fa largeur , avec le deffus de table rabaiffé. Voyez auffi la Fig. 2 , qui repréfente l'élévation de ce Secrétaire, avec fa table ou delfus relevé en forme de pupitre. Les ferres -papiers de ces fortes de Secre'taircs n'ont rien de différent de ceux dont j'ai parlé ci-deffus , fi ce n'eft qu'ils font arrondis par leur partie exté- rieure , afin de pouvoir paffer entre la traverfe de la table, fur laquelle ils s'arrê- tent pat le moyen de deux loqueteaux à reffort a a , Fig. i , ^ & 6 , lefquels ploient fur le ferre-papiers lorfqu'on le relevé , & viennent s'appuyer fur le haut de la traverfe. Lorfqu'on veut baiffer le ferre-papiers , on repoulfe ces loqueteaux par le moyen de deux boutons ^ ^, Fig. ^, ce qui les fait échapper de de/fus cette dernière. ^ Les ferres-papiers dont je parle, font plus étroits que l'intérieur de la Table d'environ 2 pouces de chaque côté, afin d'éviter , dans leur révolution, la rencontre des pieds de devant & de derrière , & de lailFer deux efpaces pouc placer les plumes & l'encre, qui fe répandroit néceffairement fi elle étoit renfer- mée dans le ferre-papiers , lequel étant abaiffé, penche tout-à-fait en arrière , & s'arrête fur les bouts des traverfes de côté de la Table , par le moyen de deux petits mentonnets de fer c e, Fig. 3 & 6, qui repréfentent l'une l'élévation du Secrétaire avec fon ferre-papiers relevé , & l'autre le même Secrétaire vu en deffus avec fa table ouverte , c'eft-à-dire , dans la difpofition où elle doit être pour écrire dc/Tus , & en même rî-mpç faire ulàge du ferre -papiers. Cette Table, comme je l'ai dit plus haut , peut fervir de pupitre, foit pour lire ou pour chanter; dans l'un ou l'autre cas , on le levé au degré qu'on le juge à propos, par le moyen de deux petites tringles de fer attachées deffous , dont l'extrémité entre dans des crémaillères taillées dans l'épaiffeur de la Table. Fojei ■les Fig. ^ & 6. Ces mêmes tringles peuvent auffi fervir à retenir le devers de la Table lorC qu'elle eft ouverte , en y obfervant un crochet par le bout , qui vient s'ap- puyer dans une entaille faite à la traverfe de la Table , laquelle eft faite en contre-fens des crémaillères , voyei la Fig. 8 , ce qui foulage beaucoup les ferrures de la Table , qui n'ont , du moins pour l'ordinaire , pour point d'appui que l'épaiffeur de la Table , plus la faillie du rebord fervant à retenir les livres lorfqu'elle fert de pupitre, ce qui eft très-peu de chofe, fur-tout quand cotte Table eft d'une certaine largeur , ce qui en augmente de beaucoup le poids , & qu'on ne peut alors foutenir que par des tirants de fer placés au-deffous , ainfi qu'aux Secrétaires dont j'ai parlé ci-delîus. 738 MENUISIER, III. Pan. SeB. Il Chap. VllI. == Dans le cas où le deffus de ces Tables feroit très-lourd , & qu'on ne voudrok Planche ou ne pourroit pas placer de tirants de fer pour les fupporter , on pourroi: , ainfi qu'à la Fig. 7 , brifer la Table à J ou 6 pouces du bord au point d , de manière qu'en l'ouvrant elle fe reploieroit fur elle-même , ce qui l'appuieroit folidement , & en diminueroit la largeur, qui eft un peu trop confidérable à la Flg. 6; de plus, cette Table étant ainfi difpofée, pourroit avoir une faillie égale au pourtour , ce qui ne peut être dans le premier cas, où il faut néceifai- rement qu'elle affleure au pied de la Table du côté de fon ouverture. On fait encore des Tables à écrire ou Secrétaires femblables aux Bureaux à cylindre , dont elles ne différent que par la grandeur. On en fait auffi d'une forme à peu-près femblable aux Tables de toilettes dont je vais donner la defcription. Il eft encore une autre efpece de Secrétaire fort à la mode à préfent ; mais comme il tient plutôt de la forme des Armoires que de celle des Tables & des Bureaux , je n'en ferai la defcription qu'à l'article des Meubles fermés , comme étant leur place naturelle. Quant aux petites Tables à écrire proprement dites , elles ne différent en rien des Bureaux fimples, que par leur grandeur & par tan petit rebord qu'on y ajoute de trois côtés , & par un cintre qu'on y fait par-devant , je ne fa, pas trop pourquoi , vu que ce cintre étant bombé , ne peut que nuire à la perfonne qui écrit, dont la pofition femble plutôt exiger une forme creufe qu'une forme ronde. Le delfus de ces petites Tables eft quelquefois garni de peau , ainfî que les Bureaux & les Secrétaires ; quelquefois on les fait de bois uni & apparent. Dans l'un ou l'autre cas , il eft bon qu'ils foient d'aifemblages , ou au moins emboîtés par les bouts , ne fût-ce qu'à rainures & languettes , ( quand elles font trop minces pour y faire des affemblages ) , afin d'empêcher qu'elles ne fe tour mentent. Les Pupitres repréfentés Jî-/^. p , to , 11 , 12 <5 13 , ne font autre chofe qu'une efpece de petite cafl'ette , dont le deffus eft incliné d'environ 2 à 3 pouces pour faciliter ceux qui écrivent deffus , ou même qui y lifent , & dans le derrière defquels eft placé un petit tiroir propre à ferrer l'encre & les plumes. Leur deffus eft quelquefois garni de cuir , & fe ferme à clef La grandeur des Pupitres êft de ao à 24 pouces de longueur, fur 16 à 18 pouces de largeur, & 4 à J pouces de hauteur. On les affemble à queues recouvertes, & on les orne quel- quefois de marqueterie , ainfi que les Tables & les Bureaux dont je viens de faire la defcription , qui , quelque riches qu'ils foient , ne changent guère des formes fous lefquelles je les ai décrits. §.L Section 111. §. I. Defiriptlon des Tables de Toilette , SCc. 73P §. I. Defaipnon des Tables de Toilette , des Tables de nuit & autres ; de leurs formes & proportions. L E s Tables de toilette proprement dites , ne font autre chofe que des Tables ordinaires , dont les angles font arrondis , & au pourtour dcfqucUes on ajoute des rebords d'environ 3 à 4 lignes de hauteur , & qu'on couvre d'un tapis & d'une toilette ou tavaïolle , garnie foit de moufTeiine ou de dentelle , félon la volonté ou l'opulence de ceux qui en font ufage. On fait ufagc d'autres petites Tables de toilette portatives, lefquelles contiennent tout ce qui £-rt à la toilette des Dames , comme le miroir , la boîte à poudre , les pomades, les flacons propres à mettre les odeurs, & autres ingrédients de cette efpece , qui fe pofent fur les .Tables de toilette ordinaires. Les petites Tables de toilette repréfentées Fig. font compofies d'un pied & d'un defl-us , lequel eft divifé en trois parties fur la largeur ; favoir , celle du milieu, laquelle porte une glace, & ouvre verticalement , & celles des deux côtés, qui couvrent deux cailTons, ôc fe rabattent aux deux côtés de la Table; au-deffous de la glace, c'eft-à-dire, dans le milieu de la traverfe du pied, eft placée une petite Table à écrire , large d'environ un pied, laquelle entre à coulilfe Jiorifontalement , & qu'on tire dehors lorfqu'on veut en faire ufige. Au-delTous de cette Table & des deux caillons , font placés trois tiroirs à l'ordinaire , dont la profondeur , jointe à celle des caiffons , eft ordinairement de 6 pouces ; favoir ; 3 pouces au moins pour le caiifon , & le refte pour le tiroir & la traverfe qui lé porte , ce qui réduit la profondeur des tiroirs de delfous le caiifon à trés-peu de chofe, à la vérité; mais il n'eftpas poffible de leur en donner davantage, vu qu'il faut que les genoux de la perfonne affife devant cette Table , puilfenc aifément paffer deffous la traverfe qui porte les tiroirs. Foyei la Fig. 3 , qui -repréfente la coupe de cette Table de toilette , prife au milieu de fa longueur Ç & la Fig. 4, qui repréfente une autre coupe prife à l'endroit d'un caiifon , lequel fe remplit d'un fécond cai/fon garni de fon couvercle ou deffus. Vojei la Fig. î , qui repréfente la Table vue en deffus & toute fermée; &; la Fig. 6, qui repréfente cette même Table toute découverte. La conftruélion de ces fortes de Tables n'a rien de particulier , 11 ce n'eft l'ouverture du de/fus, à fendroit qui porte la glace, laquelle fe fait de la manière fuivante : On fait une rainure dans les deux féparations de la Table, dans laquelle on fait entrer une traverfe A A , Fig. 7 , fur laquelle on ferre la partie de la Table qui porte le miroir , & dont farcte extérieure eft abattue en pente, pour donner à la glace l'inclinaifon qui lui eft néceffaire ; de forte que quand on veut feire ufage de cette dernière , on la tire en devant pour la dévêtir da deffous la partie B du deffus, qui demeure en place; puis on la retire Si ou Menuisier, IJL Pan. II. Sea, C51 740 MENUISIER, m. Pan. Secl. II. Chap. Vîll. • l'approche du devant de la Table comme on le juge à propos , en faifant couler Planche \^ traverfe A dans les rainures des côtés , ainfi qu'on peut le voir dans cette 2<SS. Figure. Les deux autres parties du de.Tus font ferrées for les travcrfes des bouts de la Table; &on doit avoir foin de faire déborder le centre ou œil de la ferrure , d'une diftance égale à la faillie du delfus, afin que ces derniers puiffent fe ren-, verfer touf-à-fait en dehors. Vojei la Fig. 8. Les deux côtés du deffus fe ferment à clef dans les réparations de la Table, & elles arrêtent la partie du milieu par le moyen de deux pannetons a,b, Flg. a , attachés au-delTous & aux deux côtés de cette dernière. 11 fe fait encore d'autres Tables de toilette différentes de celles dont je viens de faire la defcription , foit pour la forme générale foit pour la manière de les faire ouvrir; mais ces différences font de peu de conféquence; de plus, celles que je viens de décrire font les plus commodes & dont on fait le plus d'ufage. J'ai dit plus haut qu'on faifoit des Tables à écrire à peu-près femblables à celles de toilette. Ces Tables ne différent de ces dernières que par l'ouverture de la partie du milieu , laquelle fe brife en trois autres parties ; favolr , celle de derrière, qui refte en place, comme aux Tables de toilette; celle du milieu a l> , Pk- 9 ' r<=leve en forme de pupitre ; & une autre petite partie b c , d'environ 2 pouces de largeur , laquelle efl ferrée avec la partie du milieu , de manière qu'en faifant mouvoir cette dernière autour du point ^/ où elle eft ferrée avec la Table, la partie bck relevé & fert de rebord au pupitre, qu'on tient relevé par le moyen d'un petit chaffis e f, qu'on reploie en deffous du pupitre , lorfqu'on ne veut pas faire ufage de ce dernier. Les Tables de nuit repréfentées Fig, lo , xi & ii Jont compofées de quatre pieds & de deux tablettes, dont une eft placée à environ i8 pouces de hauteur, ^l'autre à a(5 pouces au moins , au-deiTus de laquelle on fait faillir les pieds & les trois côtés , pour retenir ce qu'on pofe fur ces Tables , qu'on place auprès des Lits , & dont on ne fait ufage que pendant la nuit ou dans le cas de maladie. Au-deffous de la première tablette , c'eft - à- dire la plus baffe , on pratique un tiroir d'environ % pouces de profondeur , qu'on fait ouvrir par le côté droit de la Table , avec laquelle il eft arrafé. Les trois côtés qui entourent l'efpace com- pris entre les deux tablettes de la Table de nuit , font ordinairement percés à jour , pour qu'elles contraient le moins d'odeur qu'il eft poffible ; & on y meH quelquefois des tablettes de marbre très-minces, tout au moins à celle de deffus, ce qui eft un très-bon ufage , vu que le marbre n'eft pas fujet , ainfi que le bois , à fe tourmenter à l'humidité , à laquelle ces fortes de Tables font expofées , ni à contrader aucune mauvaife odeur. Foyq les Fig. lo éri i , qui repréfentenc une Table de nuit vue de côté & de face ; & la Fig. 12 , qui repréfente cette même Table vue en deffus , ce qui eft, je crois , fufEfant pour donner toute la théorie néceffaire à ces fortes d'ouvrages. Section lîl. §. I. Defcrîptwn des Tables de Toilette , ^c. 741 En général , ces fortes de Tables ne font fiifcepcibles d'aucune efpece d'c 1 orne- 1 ment ; il fuffic qu'elles foient propres & fur-tout très-légères , pour être plus Planche faciles à tranfporter; c'eft pourquoi un pouce & demi fuffit pour la grofTeur de leurs pieds , qu'on évuide en creux en deffus , & feulement à pan en dedans , a(în que le peu de bois qui refte , fervc à porter la tablette du deffus , qu'il eft cepen- dant bon de faire entrer à rainure & languette dans les côtés, aGn de l'empêcher de fecofEner; on doit avoir la môme attention pour celle du bas, qui, ainfi que celle du deflus & les côtés de la Table, ne doit avoir que 435 lignes d'épaiflcur au plus. Quand on met des tablettes de marbre aux Tables de nuit, il eft bon qu'elles foient foutenues en delTous par une autre tablette de bois, ( quoique ce ne foie pas la coutume ) , ce qui les empêche de fe rompre , comme il arrive fouvent. Ilfe fait encore une infinité de Tables de toutes les efpeces , de toutes formes & grandeurs , dans le détail defquelles je n'entrerai pas ici, vu qu'elles ne font fouvent que l'ouvrage du caprice de quelques Ouvriers , ou de ceux qui les font faire ; de plus , ces fortes de Tables différent peu de celles dont j'ai fait la defcription , dont f ufage eft le plus généralement reçu , & d'après lefquelles on pourra en inventer de telle forme qu'on le jugera à propos. Avant de terminer ce qui concerne les Tables , & généralement les Meubles . à bâtis fimples , & par conféquent de paffer à la defcription des Meubles fer- Planche mants , je vais donner dans la Planche o.6j , divers exemples de pieds de Tables ornés , ainfi que je l'ai annoncé à l'Article des pieds de Tables , page 6ç)y ; & je terminerai ce Chapitre par la defcription des Ecrans &. des Paravents de différentes efpeces. §. II. Defcription des Ecrans ê des Paravents ; de leurs formes & proportions: Les Ecrans Fig. i & ^, font compofés de deux pieds ou montants afilimblés - . dans deux patins , & joints enfemble par deux traverfes ; favoir, une par le bas ^ ^'"'^^g'^"^ & l'autre par le haut , laquelle eft de deux pièces fur l'épaiffeur , afin de laiifer un vuide entr'elles , pour paffer le chaffis qui coule dans des rainures pratiquées dans les montants. Voyei la Fig. l , qui repréfente la coupe d'un montant d'Ecran avec celle du chaffis , qui entre dans fa rainure ou couliffe , à laquelle j'ai obferyé le jeu néceffaire pour la place qu'occupe fétoffe dont le chaflîs eft couvert. Les Ecrans fe placent devant les cheminées , pour empêcher que l'ardeur du feu ne nuife à ceux qui font aflîs devant , & on hauffe ou bai/Te le chafîîs félon qu'on le juge à propos , & on le retient en place par le moyen d'un cordon, ainfi que les glaces des voitures. Ces fortes de Meubles font fufceptibles de beau- coup de décoration , vu qu'ils font , ainfi que les Sièges , partie de la décoration des appartements , du moins pour ce qui eft des Meubles. Quelquefois ces Meubles font très-firaples , & on y adapte de petites Tables , lefquelles fervent 74î MENUISIER, m. Fan. SeB. II. Chap. VIII. . foir à lire -ou à écrire, & qu'on liaulTe ou baiflè félon qu'on le juge à propos > Planche par le moyen -d'un chaffis & d'une crémaillère taillée dans le devant du montant. -P^oyci les Fig. 4 <& y. Quant à la grandeur des Ecrans , elle varie depuis a pieds & demi jufqu'à 3 pieds & demi de hauteur , fur 2 à 3 pieds de largeur au plus , du moins pour l'ordinaire ; car on en fait de très-petits qui ne différent de ceux dont je parle que par la grandeur. ! Les Paravents Fig. 6 j'y & ç , font les plus iimples de tous les Meubles j du moins pour ce qui eft de la partie de la Menuiferie , laquelle ne confifte qu'en des bâtis unis , aifemblés à l'ordinaire avec une traverfe au milieu. Ces fortes de Meubles fervent pendant l'Hiver pour entotiret les Tables & les cheminées, de garantir de fair extérieur ceux qui font dans les appartements. Les bâtis ou feuilles de Paravents , font ferrés les uns avec les autres en fens contraire , afin qu'étant fermés , ils fe reploient les uns fur les autres , & par conféquent tiennent le moins de place polfible , comme les repréfentent les Fig. 8 p. On fait des Paravents depuis g pieds jufqu'à 6 & même 7 pieds de hauteur, fur une largeur proportionnée depuis 18 pouces jufqu'à 2 pieds & demi chaque feuille , lefquelles font au nombre de quatre , fix , huit, & même dix , felou qu'on le juge à propos ; & chacune de ces feuilles efl recouverte d'étoffe ou de toile , recouverte de papier peint , ce qui n'eft pas du relTorc du Menuifîer; c'eft pourquoi je n'entrerai dans aucun détail à ce fujet , fi ce n'eft que dans le cas de certaines étoffes ou papiers à fleurs , dont la largeur eft bornée , ainfi que la hauteur des compartiments ou deflîns dont ils font décorés ; dans ce cas , dis-je , il eû bon que le Menuifier prenne connoifîànce de la lon- gueur & de la largeur de ces dernières , afin de ne point occafionner de faulîe coupe dans l'étofFe en conftruifant les feuilles félon les grandeurs données. ^ .CHAPITRE 743 CHAPITRE NEUVIEME. Des Meubles fermés , connus en général fous le nom de gros Meubles. L E s Meubles dont il me refte à faire la defcripdon , quoique très-nécelTaires , font ceux qui, jufqu a préfent, ont été fujets à moins de changement, du moins pour la plupart, lefquels fe font encore d'une même forme qu'il y a ,o & n.cme 50 ans. Ces fortes de Meubles ne fe placent pas dans les appartements de confequence, n'étant guère d'ufage que dans les appartements des .eus d un état médiocre , ce qui , à mon avis , n'a pas peu contribué à leur conferver leur ancienne forme. Ce neft pas que ces Meubles ne foient néceffidres aux nens riches ; mais c'eft que dans ce cas ils ne font placés que dans des Garde-robes les Oftices ou autres appartements de peu de conféquence. Ces Meubles font de deux efpeces ; fivoir , les Armoires de toutes fortes , qui font les plus j^rands de tous & les Commodes, lefqucUcs ont fuccédé aux anciens Bureaux, qui font les feuls anciens Meubles fermés dont on ait quelque connoiffince , encore n ont-ils guère que .50 ans d'ancienneté ( *) ; c'eft pourquoi je vais palfer tout de fuite a la defcription des Meubles d'ufage , comme les grandes Armoires, les buHets, les Commodes , les Secrétaires en Armoires, enfin toutes les autres efpeces des Meubles , qui , quoique d'une forme différente de ceux-ci , n'en font cependant que des nuances, & qui ne m.ér.tent par conféquent pas de faire une clalTe a part. Dans la defcription de ces différents Meubles , je fuivrai la même méthode que j'ai fuivie jufqu'à préfent, c'eft-à-dire , que je n'entrerai dans le détail de leur conftruclion qu'autant qu'il fera ablolument néceiT.ire , m'atta- chant fur-tout à faire connoître leurs différentes formes & proportions Les Meubles dont je vais faire la defcription , fe font pour la plupart en bois de noyer poli , du moins toutes les parties les plus apparentes , & on doit avoir fom de les faire avec le plus de précifion & de propreté qu'il eft poffible , ce qui eft une des principales perfeélions de ces fortes d'ouvrages , comme on le verra dans la fuite (*)Je ne donnerai pas ici d'exemple de ces fortes de Meubles, quoique cela puiffe paroitrc ncceflarre pour faire connoîire les progrès des l\Piuifiers par rapport à ces Meubles ; car comuie ils étoicnt prefque tous faits dëbénirte- vll J'=';<="^ exetnpie pour la partie de ihbeniltene , afin de faire un parallèle de la manière ancienne de travailler avec la moderne laquelle n'a , je crois, d'autre avantage fur là première, que beaucoup d'éclat, mais°qui n'en Menuisier , III. Pan. IL SeB. a pas le précieux & la folidité , comme ie le ferai voir en fon lieu. ("'Quoique je difc que les Meubles fer- mants (e f.iffent en nover poli , ce n'eft pas qu'on n en falie quelquefois de chêne ou d'autres bois doux, comme le hêtre, le poirier & aurres, le. on que les bois font plus ou moins communs, & par conléquent plus ou moins coûteux; dé plus, il importe fort peu à la defcription que je larsici des Meubles fermants, de quels bois ou Dp MENUISIER, m. Pan. SeS. IL Chap. FUI. Section Première. Defcrlptlon des Armoires; de leurs décorations, proportions & conftruElwn. ^ Les Armoires font les plus grands des Meubles fermants : elles ont pour Planche l'ordinaire depuis 6 jufqu a 7 & même 8 pieds de hauteur , fur 3 pieds 6 pouces jufqu'à 4 pieds 6 pouces de largeur , & depuis 18 jufqu'à 24 pouces de proton- deur. Elles font compofées de fix parties principales ; favoir, la devanture , compofée de deux portes A, B, fig. 1 ; d'un chambranle CC, Fig. i & i, & d'une corniche de deux côtés ££, a ér 4 ; d'un derrière F, Ftg. 4 ; & de deux fonds , l'un du haut G , Fig. 2 , & l'autre du h,s H , F ig. 4- Quelquefois on y met des tiroirs apparents par le bas, ainfi que ceuxi/., Fz<r. I , lefquels fe difpofent de différentes manières , comme je le dirai ci-après. , . j ; L'intérieur des Armoires eft garni de tablettes & de tiroirs , dont je donnerai la forme & la difpofition en parlant de leur conftruaion intérieure. ^ Comme les Armoires font quelquefois fujettes à être tranfportées d un lieu à ■ un autre , on les conftruit de manière qu'elles puilTent fe démojiter par pièces , & cela avec le moins de rifque poffible , ce qui fe fait de la manière fuivante : On conftruit à part & on encheviUe les traverfes avec le chambranle & le pied de derrière , commele repréfente \^Fig. . ; & les traverfes du devant.^tant du haut que du bas , & le derrière , s'affemblent dans fes côtés , & s y arrêtent avec des vis a, a , Fig. 2 , qu'on ferre ou qu'on defferre comme on le ,uge a propos. Ces vis fe placent comme celles des Lits , dont j'ai parlé ci-devant , page 660 ■ & on doit obferver que leurs écroux foient pofés par derrière , pour la plus 'grande propreté de l'ouvrage. Il y a des Armoires où au lieu de cham- branle comme à celle-ci , Fig. i , . <& 3 . °" >^^' ^es pieds corniers fur angle , ce qui fait affez bien , mais en même temps ce qui devient très-difficultueux , par rapport à la vis , dont la tête ne peut pas porter à plat, ainfi qu'on peut le remarquer Fig. 5, où, pour que la tête de la vis portât également , fa. été obligé de faire une entaille dans le pied, ce qui fait un très-mauvais effet, & qui doit abfolument faire rejetter fufage des pieds corniers à ces fortes d'Armoires. ^ . o • La corniche des Armoires fe conftruit à part , & on la fait entrer a rainure & "l^;;;^ à languette dans les traverfes du haut; ou bien quand elles n'ont pas affez 370 les condruife , pourvu qu'ils aient les qualités requifes , c'ell-à-dire , qu'ils foient doux & fecs ; d'ailleurs les Meubles dont je vais parler, peu- vent être aufii bien faits de bois uni couvert de placace , quaflemblés avec des panneaux & ornés" de moulures, fans rien changer de leurs formes Se dimenlions principales , du moins pour formes & dimenlions principale. , u.. . la plupart , comme les Commodes , les tcomf- ! les labiés , escc. fons, les Secrétaires & autres, qui fefont^ale ment des deux manières ; c'efl pourquoi je leral la defcription de toutes fortes de Meubles , fans avoir éffard s'ils font faits par les Ebénifles ou les autres Menuiflers en Meubles, ainfi que je l'ai obfervé jufqu'à préfcnt dans la defcription des autres Meubles , comme les Chaifcs , les Lies , Sect. I. Defcrîpdon des Armoires ; de leurs décorations , ÔCe. 745 -d epaiflèur, on y fait fimplement une feuille , & on y pofe par derrière des taquets == 'lib, Fig. 6 , lefquels la retiennent , lui fervent de joue , & par conféquent la Planche retiennent en place. Ces corniches s'alfemblent d'onglet à l'ordinaire , & on y place un pigeon c d , Fig. 6 , Se efg h, même Figure , dans le fort du bois , ce qui , lorfqu'il eft bien collé & ajufté, vaut mieux que d'y faire un tenon en plein bois, ou du moins ce qui rend le joint plus facile à faire. Voy. la Fig. 3 , cote B. La faillie des corniches ne retourne pas par derrière l'Armoire , où elle feroit nuifible , mais on coupe les retours au nud de cette dernière , & on en retient f écart par une barre à queue placée en de/îùs , comme celle C D, Fig. 6, ou , ce qui eft mieux , placé à bois de bout , comme je l'ai indiqué à la Fig. 3 , cote A. Comme ces corniches font quelquefois cintrées; on peut, pour éviter la perte du bois, les prendre dans du bois de moyenne largeur , dont la levée du dedans puiffe fervir au dehors , ainfi qu'il eft indiqué Fig. 3 , par les lignes i l & m rt. Le derrière des Armoires fc brife en deux parties fur la hauteur, lefquelles font affemblées à rainures Se languettes ; chaque partie eft compofée de deux traverfes & de quatre montants au moins , entre lefquels font des panneaux unis. Ces montants font quelquefois ornés d'une moulure fur farête , ainfi que fur celle des traverfes. Voyei les Fig. i (S- 2 , qui repréfèntent la coupe d'une Armoire , & par conféquent du derrière coupé au milieu du panneau , & où font marquées les places des vis cotées a , a. Les traverfes du haut & du bas des Armoires font rainées pour recevoir les fonds , ainfi que celles de devant 8c de côté , comme on peut le voir à la Fig. I , cote B , qui repréfente la coupe d'un côté de f Armoire , & à la Fia. 2. Quand les Armoires font cintrées , comme celle dont je fais la defcription , le fond du haut forme un bâtis avec la traverfe du chambranle & une autre traverfe de derrière , dans laquelle on place la vis. Cette traverfe eft jointe à rainure & languette avec celle du haut du derrière , dont le joint , avec cette dernière , eft indiqué par la ligne 0 p q , Fig. i & 2. Quelquefois on ne cintre que la tra- verfe du devant de l'Armoire ; dans ce cas , le fond du haut paffe droit & s'af- femble comme celui du bas , ce qui ne ïbufFre aucune difficulté. La traverfe de chambranle s'aflemble toujours à l'ordinaire , c'eft-à-dire ,'à tenon & enfourche- ment , fon arrafement de derrière étant coupé quarrément au nud du battant , n'y ayant que la faillie de la moulure qui foit coupée d'onglet &nui pafte en enfourchement. Foye^ les Fig. 4& ^ , qui repréfentent un battant de cham- branle vu de face , & ce même battant vu fur le champ. Les derrières & les traverfes des côtés des Armoires , fe font de bois d'un pouce d'épaiffeur au moins , & leurs panneaux de 8 à 9 lignes ; leurs pieds doi- vent avoir 2 pouces d'épaiftèur , fur 3 pouces de largeur au moins. Quant aux traverfes du bas , un pouce & demi d'épaiftèur leur fuffit , vu qu'il faut qu'elles affleurent au nud du ravalement du chambranle , comme on peut le voir à la Fis. 2 , cote E. 74^ MENUISIER, III. Part. SeR. H. Chap VIII. — — Les fonds des Armoires fe font de bois uni de 9 lignes d epaiffeur au moins , Planche & on les entaille a l'endroit de la faillie intérieure des pieds , dans lefquels ils entrent à rainures & languettes , auxquelles on ne donne que le moins de lon- gueur qu'il eftpoffible , afin de ne point trop affoiblir la joue des alfemblages , ces languettes n'étant faites que pour empêcher la poufllere d'entrer dans fmté- rieur de FArmoire. Comme ces fonds font fujets à être démontés , il eft bon d y mettre des barres à queues par derrière , pour les empêcher de fe coffiner & de fe caffer s'ils venoient à tomber lorfqu'ils font démontés. Fojei Us Fig. i , 2 '3 ^ Les tablettes des Armoires fe font auffi de bois plein & uni , & on les pofe Planche dans les Armoires ordinaires au nombre de trois , fans compter le deifus du cailfon qui porte les tiroirs , qui fait la quatrième. Ces tablettes pofent fur des talfeaux b , b , b , Fig. 1 & 2 , lefquels font alfemblés dans les battants ou pieds de l'Armoire , mais plus ordinairement porte par des taquets r , r, ce qui eft plus commode , parce qu'on a la commodité de haulfer ou baiffer les tablettes félon qu'on le juge à propos. Le cailTon qui porte les tiroirs du milieu, eft compofé d'une tablette en delTus, & d'une autre en delfous , avec des montants alfemblés tant par la face que par les côtés , lefquels forment deux cafés à part , dans lefquelles entrent les tiroirs , comme on peut le voir aux Fig. i&2,où ces tiroirs font repréfentés tant en face qu'en coupe de longueur & de largeur. Ces tiroirs ont ordinairement 4 à J pouces de profondeur du dedans, & oa doit avoir foin que le caiffon foit ajufté de manière qu'il n'y aie aucun jour tant en deffus qu'en deffous , oh la tablette doit être de toute la profondeur de FAr- moire , quoique la plupart des Menuifiers qui font des Armoires , ne les fa(fent aller qu'à la moitié au plus , ce qui eft malpropre & peu sûr , ces tiroirs étant deftinés à renfermer ce qu'on a de plus précieux. Les tiroirs du bas des Armoires ouvrent de toute la largeur de ces dernières , & leur tête eftordinairement ornée de moulures en forme d'une bafe attique, comme celui I,Fio.l, Pl. 269 , ou bien ils forment une frife qui ouvre du dedans des moulurls , comme celui L , même Figure. Dans f un ou l'autre cas , ces tiroirs palfent fur des couli (féaux d, Flg. I , qu'on alferable dans les cotés de l'Ar- moire , qu'ils débordent de 8 à 9 lignes , fur une épailfeur à peu -près égale. II faut obferaer que ces coulilfeaux doivent remplir tout fefpace qui refte depuis le devant du pied jufqu'au derrière de la traverfe de côté , qu'il eft bon de faire defcendre jufqu'au delfous du tiroir, afin de le cacher ,& qu'étant jointe avec le couliffeau, il ne refte aucun vuide par où la pouffiere ou les fourls puiffent s'introduire dans les tiroirs , dont la conftrudtion , ainfi que ceux du milieu , n'a rien de particulier ; il fuffit qu'ils aient une épaifer fuffifante , c'eft-à-dire , 8 à 10 lignes celui du bas, & environ 6 lignes les autres, & qu'ils foient fondement allemblés à queue d'aronde ; leurs fonds doivent y être placés à rainures Sëct. I. Defcription des Armoires ; de leurs décorations , ôCc. 747 rainures & languettes , & on doit les placer à bois de bout à celui du bas , afin que les planches qui le compofent étant les plus courtes pofTible , elles foient moins fujettes à fe tourmenter. Cette manière de difpofer l'intérieur des Armoires eft la plus en ufage ; cepen- dant lorfqu'on les deftine uniquement à ferrer des habits, on y met des tablettes Planche de 6 pouces en 6 pouces , lefquelles coulent dans des coulilFeaux alTemblés dans les côtés de l'Armoire , qu'ils excédent d'environ 6 lignes , pour que leur rai- nure , qui en doit avoir quatre , laifle 2 lignes de jeu de chaque côté des pieds. F oyei les Fig. y,S & (), qui repréfentent^un couliffeau vu en face par le bouc avec une partie de la tablette , & ce même couliffeau vu en delTus avec fon aflèmblage : la rainure fe fait ordinairement de toute l'épaifTeur de la tablette; comme à la Figure 4 , cote B, ce qui n'eft bon qu'autant qu'elle eft fort mince ; mais comme , pour qu'elles aient quelque folidité , il eft bon qu'elles aient au moins 10 lignes d'épaiifeur, on fait la tainure du coulifTeau des deux tiers de l'épaifTeur de la tablette, à laquelle on fait une feuillure en de/fus pour leur conferver plus de force. Fojq la Fig. 4, cote A, Se h Fig. 8. Les tablettes fe font quelquefois pleines , comme celle Fig. j ; mais il vaut mieux les faire à claire -voie, comme la Figure 6, non-feulement pour les rendre plus légères , mais encore pour que l'air y circule plus aifément , Se que les habits ne prennent aucun goût. De quelque manière que foient fûtes ces tablettes , il eft bon d'y mettre des mains de fer qui fervent à les tirer dehors de l'Armoire , foit pour ferrer les habits, foit pour les ôter. Il y a des Armoires de garde-robe , où au lieu de placer ainfl les habits fur des tablettes , on les place fur des porte-manteaux, Fijj. 11 , qu'on accroche enfuite fur une barre de fer qui paffe dans toute la largeur de l'Armoire , de forte qu'on peut y placer un nombre de porte-manteaux où les habits font beaucoup mieux que fur des tablettes , fur-tout ceux qui font enrichis de broderie , & les robes de femme, oyei La Fig. 10 , où cette barre de fer eft repréfcntée avec les deux taffeaux A B qui la fupportent, dans l'un defquels elle entre en entaille , du moins par un bout, afin de la pouvoir retirer quand on le juge à propos. La décoration des Armoires eft allez arbitraire ; cependant il faut toujours que leurs formes, tant générales que particulières, foient les plus gracieufes pofll- ble; c'eft pourquoi j'ai repréfenté la moitié de l'Armoire cote A, Fig. r. Pl.; 3.6çy félon la manière la plus ordinaire des Menuifiers en Meubles; & l'autr» côté cote B, d'une autre décoration , qui , fans être moins riche , eft plus régulière que la première ; les côtés des Armoires font ordinairement très-fimples , n'y ayant de moulures que fur les traverfes , & un fimple chanfrein fur les battants , comme à la Fig. 2, Pl. 16^ ; cependant on peut les décorer plus richement Se fans diminuer de l'épaiftèur des battants , qui , dans ce cas , deviennent la largeur : on y rapporte des moulurer , comme je l'ai obfervé à la Fig. 3 , même Planche, i Quant aux profils , tant des chambranles que des portes, ils doivent être plus Menuisier, llI. Part. II. Secl, E5 74» ME N UIS lE R , ///. Pan. SeS, IL Chap. IX. moins riches en raifon de la décoration totale de l'Armoire; ceft pourquoi je Planche me fuis contenté d'en donner ici de quatre fortes , dont deux ,Fig.X2&l^. d'une forme très-fimple , & les deux autres plus riches , un defquels , Fig. 14 , eft à cadre , à double parement & à recouvrement fur le chambranle, ce qui eft îa manière ordinaire , qui. cependant n'eft pas la meUleure , parce que ces fortes de portes font fort aifées à forcer, au lieu que ceUes qui font arrafées dans le chambranle , comme la Fig. 15 , font beaucoup plus folides , & font tout auffi bien que les autres. Les Armoires, telles que je viens de les décrire , fervent aux gens du commun pour ferrer le linge , les hardes & autres effets ; c'eft pourquoi il s'en fait de très- propres , vu qu'elles font un des principaux ornements de leurs chambres; au contraire , chez les gens aifés les Armoires ont moins befoin de décoration, parce qu'elles ne fervent que dans les garde-robes & les offices, où elles ont plus befoin de folidité que de magnificence , fur-tout les dernières , qui doivent être très-folides , & avoir leurs panneaux arrafés , parce que c'eft dans ces Armoires dans lefquelles on fert fargenterie & le linge de table. On fait encore des Armoires d'office , nommées Etuves, lefquelles fe font de bois très-fort, & dans lefquelles on met plufieurs rangs de tablettes affem- blées à claire-voie , dont toutes les parties qui les compofent, n'ont qu'un pouce & demi de largeur au plus. Les Armoires fe conftruifent en chêne , en hêtre & en noyer , fur-tout celles qui font fufceptibles de quelque décoration & dont on fait parade. Quant aux autres, comme celles de garde-robes & d'offices, il vaut mieux les faire de chêne que de hêtre , dont l'ufage eft abfolument vicieux. Les tablettes fe font pour l'ordinaire de fapin, qui , lorfqu'il eft beau, eft très-propre à cet ufage. Au refte , il ne faut pas croire que les Menuifiers qui font des Armoires , pren- nent toutes les précautions que je recommande ici ; la plupart de ceUes qu'ils font n'ayant que fapparence , tan: pour la folidité que pour la décoration, laquelle eft fou vent mal-entendue , les concours jarreteux , & les profils d'une mauvaife forme. La folidité eft encore plus négligée que la décoration , la plupart des bois étant d'une mauvaife qualité , trop minces , & trop étroits , les panneaux de derrière étant fouvent faits avec de vieilles douves de tonneau , & le tout mal fait & mal affemblé. Il eft vrai que ces Armoires fe vendent peu cher, puif- qu elles ne content guère plus , toutes faites & fournies , qu'elles ne vaudroient de façon fi elles étoient bien faites ; mais cette apparence de gain ne doit point en impofer , puifque de l'ouvrage aulTi mal fait eft toujours payé trop cher. Il faut cependant avouer qu'il fe fait de très-bons ouvrages dans ce genre ; mais ils font fort difficiles à trouver , les Ouvriers fe fouciant peu d'en faire , à caufe de la difficulté qu'ils auroient à les vendre ce qu'elles valent, fur-touc depuis que les Marchands fe mêlent de vendre f ouvrage des Menuifiers , ainfi que je l'ai démontré au commencement de cette Partie de mon Ouvrage. Sect. I. §. I. Dejcrîption des Buffets ; de leurs formes , dCc. 749 §, I. Defiription des Buffets ; de leurs formes , proporùons , décoration (Ùr conjîruclion, Aprè s les Armoires , les Buffets font les plus grands des Meubles fermants ; =5=^ leur ufage n'eft propre que dans les falles à manger des gens d'un état médiocre , Planchb où ils tiennent lieu des Buffets décorés dont j'ai parlé dans la féconde Partie de mon Ouwrzge , page 188 & fuivames. Les Buffets dont je fais ici la defcription , font fulceptibles de beaucoup de décoration ; c'eft pourquoi j'ai deffiné celui qui eft repréfenté dans cette Planche, d'une décoration très-réguliere & très-riche , quoique fans ornements de fculp- ture , afin que la Menuiferie étant toute feule , on puiffe mieux fuiyre le détail de fa conftruélion , dont l'intelligence fera d'autant plus facile , que j'en ai deffmé toutes les coupes dans la Planche fuivante. Les Buffets Fig. i , 2 <§• 3 , font ordinairement divifés en deux parties fiir leur hauteur , à fendroit de la tablette d'appui , de forte qu'on peut , lorfqu'on les change de place , les porter chacune féparément , ce qui eft très-commode , vu qu'étant ainfi divifés, ils font bien moins lourds & plus aifés à paffer par des efca- iiers étroits & difficiles , comme le font fouvent ceux des maifons à loyer. Le corps du bas du Buffet eft chevillé dans toutes fes parties , & renferme communément une rangée de tiroirs d'environ 4 pouces de hauteur, placés au- deffous de la tablette d'appui , dans le/quels tiroirs on enferme l'argenterie ; c'eft pourquoi il eft bon qu'ils foient renfermés dans un bâtis ou caiffon , comme je l'ai obfervé à la Fig. 1 , cote A , & à la Fig. 3 , qui repréfenté la coupe du Buffet , & par conféquent du tiroir & de fon caiffon , dont on peut aifément voir la conftruélion dans cette Figure. On place ordinairement une tablette au milieu de l'efpace qui refte du deffous du caiffon au-deffus du fond d'en - bas , qu'on doit faire faillir au-delTus du battement des porccs, afin qu'il foie plus aifé à nétoyer , & que les ordures ne s'y arrêtent pas ; ce qu'on doit auffi obferver à la tablette d'appui , laquelle fcrt de fond au corps du haut , qui doit être plus étroit , ou , pour mieux dire , moins profond que celui du bas de 6 pouces au moins , non compris la faillie de la tablette. Voye^ les Fig. 3 <5 y , dont le côté C repréfenté le plan de la partie fupérieure du Buffet , au-deffus de la tablette d'appui ; & l'autre côté D, qui repréfenté le plan de la partie du bas. La partie fupérieure du Buffet eft remplie par trois ou quatre tablettes au plus, fur lefquelles on place les plats & les affiettes , & autres chofes nécelîàires au fervice de la table ; & comme ces plats font quelquefois très-riches , ou d'une matière précieufe & fragile , comme , par exemple , la porcelaine , on les mec debout fur ces tablettes, oii, pour qu'ils n'y gliffent pas, on y fait une rainure pour en retenir les bords ; ou , ce qui eft mieux , on y rapporte un petit taffeau placé à environ deux pouces du derrière. Voy, la Fig, cote C, où j'ai indiqué yjo MENUISIER, in. Part. SeB. II. Chap. IX. ____ par la ligne a l> , h place de ce dernier. Ces tablettes fe font droites , & ont I-LANCHE ordinairement toute la largeur , ou , pour mieux dire , la profondeur du corps du ^7/" jBuifet , moins ce qui eft nécelfaire pour que les portes ferment aifement. Quelquefois on les rétrécit au milieu en les chantournant de manière qu'elles aient à leurs extrémités toute leur largeur, afin qu'on puiffe y placer commodé- ment des piles d'affiettes. Foj. la Flg. 5 , cote C, où j'ai indiqué le chantourne- ment par la ligne ponduée <r ^ ^. Les arrêtes de ces tablettes font ornées d'une mou- lure en forme de doucine, & on les pofe fur des taffeaux foutenus à l'ordinaire pat des taquets , foit de face ou de coté , qu'il eft bon d'attacher avec des vis , afin de ne pas faire fendre le bois , comme il arrive fouvent quand on y met des clous. Voyel les Fig. ^& 6, qui repréfentent un taquet de côté & un de face. La face d'un Buffet , tant du haut que du bas , eft fermés de deux portes à chaque partie , à côté defquelles on fait deux pilaftres , qui ouvrent à brifure avec les portes. Ces pilaftres font non-feulement bien pour la décora- tion , mais encore ils font néceflaires pour que les portes étant ouvertes puilfent fe reployer fur les côtés du Buffet , & par conféquent ne nuifent pas , par leur faillie , dans l'intérieur de la falle à manger , fur-tout pendant le temps des repas, où ces portes reftent toujours ouvertes, plus cependant par oftentation que par nécefTité. Voyei ^'^ P^g- ^ ' A,ohh Buffet eft repréfenté ouvert, & l'autre côté B eft fermé tant du haut que du bas. La largeur des Buffets varie depuis 3 pieds Se demi jufqu'à 4 pieds , fur 6 juf- qu'à 7 pieds & demi de hauteur. La hauteur de l'appui doit être à tous de 2 pieds 8 à 10 pouces au plus. Quant à leur profondeur, elle doit être , pour le corps du bas , de 18 à 20 pouces au plus ; & celle du haut, de 5 à d pouces de moins qu'à l'autre. En général, les Buffets peuvent, ainfi que je l'ai dit , être très - riches , tant pour les ornements de Menuiferie que pour ceu^ ae Sculpture , ainfi que je l'ai dit plus haut ; & il faut avoir foin que leur décoration foit la plus régulière poffible , de manière que tous les champs foient égaux & régnent enferoble , que les cin- tres des traverfes foient gracieux & difpofés de manière que ceux des deux portes faffent un enfemble , ce qui fait beaucoup mieux que de faire des cintres particu- liers à chacune , ce que j'ai obfervé au Buffet dont je fais la defcription , & dont le développement que j'en ai fait à part , donnera toutes les lumières néceffaires pour donner à ces fortes de Meubles toute la perfetftion dont ils peuvent être fufceptibles , comme on le verra ci -après dans l'explication de la Planche 273. _ Les Figures l , 2 & 3 , repréfentent les coupes du haut du Buffet , tant de Planche aerriere que de devant & de côté , les joints de la corniche avec ces dernières , ainfi que l'ouverture de la porte , dont le profil eft à double parement , & le champ égal à celui de côté , lequel doit être plus large que celui de la porte, de la largeur de la languette qui entre dans la corniche , laquelle y eft collée Sect. I. §. ï. Defcriptioti des Bufets ; de leurs formes ^ âCc. ( -eu arrêtée avec des clefs , ce qui eft néce/Taire puifqu'elle fait partie du corps du , haut du Buffet , qui n'a point d'autre traverfe par-devant , les portes emportant le Planche; champ avec elles ,& battant fur la corniche, qui, à cet endroit , eft plus large que ' parles côtés de toute la largeur du battement , laquelle doit être de j à 6 lignes. Les Figures 4, 5 & 6, repréfentent la coupe du Buffet, à fendroit de l'appui tant en deffus qu'en deffous, avec le joint du corps du deffus , indiqué par la ligne d ef, ainfi que la coupe du deffus, qui eft plus épaiffe de 3 lignes dans l'intérieur du Buffet abc, qu'à l'endroit de fa faillie , ce qui eft néceffaire non-feulement pour fervir de battement aux portes, comme à la F/^. 4, mais encore pour affurcr d'une manière fixe le deffus du Buffet , lequel eft retenu avec le bas par le moyen de quatre clefs , qu'on place au pourtour de ce dernier , comme je le dirai ci-après. Cette plus grande épaiffeur que je recommande ici , coûte un peu plus de bois & de fujétion ; mais en même temps elle eft très- avantageufe pour la folidité de l'ouvrage , ce qui doit faire préférer cette méthode , quoique plus coâteufe , à la manière ordinaire de faire ces deffus d'une égale épaiffeur, & de mettre des taffeaux en dedans du corps du deffus pour l'empêcher de varier , ce qui eft peu folide & malpropre ; de plus , les deffus étant ainfi difpofés , ne donnent pas de battement aux portes , lefquelles , alors , ne font retenues en place que par leur ferrure. Le corps du deffus eft , comme je viens de le dire , retenu en place par quatre clefs ; favoir , deux fur le derrière , & les deux autres de chaque côté , & le plus près du devant qu'il eft poffible , pour mieux retenir l'ébranlement de ce corps. Ces clefs g, h, Fig. 4 (§■ (5 , font arrêtées à demeure dans les traverfes de l'ap- pui , ou , pour mieux dire , du corps du bas du Buffet , & paffent au travers de la tablette d'appui, entrent dans les traverfes du corps du haut, avec lefquelles on les cheville ordinairement au travers des traverfes, ce qui eft fujet à plufieurs difficultés , parce qu'il faut, chaque fois qu'on déplace un Buffet , repouffer ces chevilles , ce qui elt lujet a faire des éclats au. , j„ à g- ^^^.^ fur-tout quand l'ouvrage eft poli ou verni ; de plus , ces chevilles étant ainfi appa- rentes , peuvent aifément être repouffées , de forte que l'on peut enlever le deA fus du Buffet, & fouiller dedans malgré que les portes foient fermées , ce qu'il faut éviter ; c'eft pourquoi je crois qu'il vaut mieux mettre à chaque clef & en dedans du Buffet , des chevilles de fer l,i , Fig. 4 S' 6 , lefquelles peuvent fe retirer quand on le juge à propos , & on a foin de ne pas les faire paffei au travers des traverfes, ce qui obvie à tout inconvénient. On peut auffi à la place des clefs chevillées , mettre en dedans du Buffet , des crochets de fer atta- chés fur les traverfes du corps du haut , lefquels s'arrêtent dans des pitons à vis placés fur la tablette d'appui , ce qui , toutefois, ne di/penfe pas d'y mettre des clefs de p lignes de longueur au plus , afin de retenir l'écart extérieur du corps du deflus du Buffet. Les Figures 7 , 8 (§• 9 repréfentent la coupe du bas du Buffet au-deffus du MENf/isiBR , ni, San, 11. Seçî, F p 7<a MENUISIER, m. Part. Secl. Il Ckap. IX. fond lequel entre à rainure & languette dans le derrière & les côtés Fcg. 7 &. Planche 9 , & en embreuvement dans la plinthe du devant , afin de fervir de battement aux portes. Foyei la Figure 8. La FiPurc 10 repréfente la coupe, ou , pour parler en terme d Ouvrier , le plan du pied de derrière, lequel eft évuidé pour affleurer avec les traverfes de derrière & de côté. La Figure rr repréfente le plan dun pied cornier C du Buffet, le pilaftre ouvrant B, & le battant de porte A avec fa brifure , qui eft placé au derrière de la moulure du pilaftre , lequel eft pris en plein bois pour lui donner plus de folidité. J'ai tracé autour de cette Figure le plan de la plinthe avec fes divers membres de moulures, lefquels refTautent à l'endroit du pied cornier, excepte la partie liffe qui tourne tout uniment , fon reffaut étant peu nécelTaire , & faifant même mal dans une partie auffi petite que celle-ci, qui eft fujctte à Être gatee ou meurtrie, , La Fir-..e la repréfente le plan du pied cornier du haut du Buffet avec le plan de la torniche & fes rcffauts , qui ne régnent que dans la partie inférieur» de fon profil , & vont fe perdre fous fa gorge ou larmier. Les Buffets, tels que celui dont je viens de faire la defcription, ne font, comme je l'ai dit plus haut , qu'à l'ufage des perfonnes d'un état médiocre , mais aifées , lefquelles en décorent leur falle à manger. Pour ce qui eft des gens du commun , ou , pour mieux dire , dont l'état ne permet pas de faire la dépenfe de ceux-ci, on fait d'autres petits Buffets moins grands & moiiw riches que ces derniers, qui n'ont que deux portes de largeur fans pilaftres , & dont les pan- neaux de celles du haut font fupprimés & remplis par des treiUis de fil de laiton ,■ pour donner de l'air à l'intérieur de ces Buffets , qui fervent en même temps de garde-manger. Les Buffets dont je parle, fe font quelquefois très-propres & en bois de noyer ainfi que les premiers , mais le plus fouvent de chêne ou de hêtre , afin qu'ils coûtent moL.. =k.. , .nais de quelque toaniére qu'ils ioient faits , Se quelque forte de bois qu'on y emploie, on doit toujours avoir foin de les faire propres & folides , ce qui fe rencontre rarement à ces fortes d'ouvrages , où la propreté & la folidité font le plus fouvent très-négligées. On fait encore d'autres Buffets à l'ufage des Offices , lefquels ne font autre chofe que des faces d'Armoires féparées fur la hauteur par un appui faillant & rempli en dedans par des tablettes. Ces fortes de Buffets font du reffort du Me- nuifier en bâtiment , & font peu fufceptibles de décoration , la folidité & la pro- preté étant ce qu'on y doit le plus rechercher. Quant à leurs proportions , on ne peut guère leur en affigner aucune , puifque c' eft la grandeur de la pièce & le plus ou moins do befoin qui en décide ; il n'y a guère que la hauteur des appuis qui doit toujours être la même. On fait encore de petits bas de Buffets nommés auffi Bas-d' Armoires , 8c quelquefois Bureaux, lefquels font conftruits à peu-près comme le bas des i Sect. il Defcrîption des Commodes de toutes fortes , ôCc. 753 Buffets ordinaires , excepté que leurs tiroirs font apparents , & que leurs portes - ouvrent du deflbus de ces derniers, ai;ifi qu'aux petits BufiFets fervant de garde- Planchî manger. Ces petits Bas de Buffets ou Bureaux étoient fort en ulàge il y a en- viron 30 ans, du moins parmi les gens du commun; mais préfencement on n'en fait prefque plus que pour les falles à manger , dont j'ai parlé dans la féconde Partie de mon Ouvrage , ^(7^ê 1851 , oià ces fortes de Buffets font plu- tôt conCdérés comme faifànt partie de la décoration , que comme des Meubles , ainfi que je f ai dit en fon lieu. A la place des petits Bas de Buffets ou Bureaux dont je viens de parler , on a fubftitué une autre efpece de Meubles, qui, quoique d'une forme à peu-près femblable , différent de ceux-ci en ce qu'au lieu de portes , leur devanture , & par conféquent leur capacité , efl: remplie par des tiroirs placés les uns au-deffus des autres. Ces efpeces de Meubles fe nomment Commodes , peut-être à caufe de la ficilité qu'on a d'y placer beaucoup de ciiofes féparéraent les unes des autres, ainfi que je vais l'expliquer dans la Sedion fuivanie. Section Seconde. Dejcriplion des Commodes de toutes fortes ; de leurs formes , proportions & confruclion, O N nomme Commodes , des Meubles dont la hauteur n'excède pas 2 pieds 8 à 2 pieds 10 pouces, & dont la capacité eft remplie par des tiroirs au nombre de trois ou quatre fur la hauteur ; c'eft en quoi ils différent des Bureaux fermés à hauteur d'appui , dont on fe fervoit anciennement , auxquels on les a préférés à caufe de leurs tiroirs , qui , dans un même elpace que ces derniers , donnent la facilité de ferrer beaucoup plus de chofes féparément , ce qui leur a fait donner le nom de Camm^J^^ , /^»ic ]<,^.,ol Cartes de Meubles font connus maintenant. Les Commodes font de deux efpeces; fayoir, celles dont toute la hauteur eft remplie de tiroirs, & celles qui n'en ont que jufqu'à un pied ou 18 pouces de terre , à laquelle hauteur leurs pieds ou montants fe terminent en pieds de biche, comme les pieds des Secrétaires & autres Meubles de cette efpece. Les Commodes de la première efpece , c'eft-à-dire les grandes , ainfi que celles repréfentées Fig. l , a , 3 , 4 & y , font corapofées de trois rangs de tiroirs ; favoir , deux par le bas qui occupent toute la largeur de la Commode , & d'un en haut , lequel eft féparé en deux , & quelquefois même en trois fur la largeur, ce qui eft cependant rare. Quand les Commodes ont plus de trois rangs de tiroirs fur la hauteur , elles prennent alors le nom de Garde-robes , 8z, ont quelquefois 3 pieds de hauteur. Le coffre ou bâtis de la Commode eft compofé , comme les Armoires donc j'ai parlé ci-deyant , de quatre pieds ou montants , de tijaverfes & de panneaux de Planche 7J4 MENUISIER, m. Pan. SeB, IL Chap: IX. _ côté , d'un derrière d'affemblage , & par-devant de traverfes qui fervent à portet Planche les tiroirs ainfi que les fonds, qui font affemblés à rainures & languettes dans ces traverfes, au-delTus defquels elles affleurent, comme on peut le voir aux Fig. 3 eir 4, qui repréfentent la coupe de la Commode tant fur la largeur que fur la profondeur. Le fond du bas de la Commode entre à rainure & languette au pourtour de fon bâtis à l'ordinaire ; & les autres , qu'on nomme faux-fonds , entrent par les bouts dans des coulilfeaux qui font affemblés dans les pieds de la Commode , & qui doivent être d'une largeur fufEfante pour qu'ils affleurent au nud du dedans des pieds , pour contenir les tiroirs lorfqu'on les ouvre ou qu'on les ferme , & qu'en même temps ces coulilfeaux viennent joindre contre les pan- neaux de côté ainfi que la Fig. 3 , afin qu'ils les foutiennent , & qu'un tiroir étant ouvert , la pouffiere ne puifi'e pas pénétrer dans ceux de delfous. Il faut auffi avoir la même attention pour le derrière de ces fonds , qu'il eft néceffaire de faire bien joindre contre le derrière , Se de faire même entrer à rainure d'en- viron deux lignes dans l'épailTeur des montants , afin que ces derniers les fou- tiennent fur leur longueur , oîi ils fon: d'autant plus fujets à ployer , qu on ne leur donne qu'environ 6 lignes d epailTeur , afin de rendre le Meuble plus léger ; ou bien fi le derrière eft à panneaux arrafés , comme à la Fig. y , ( ce quj eft la meilleure manière de les faire à ces fortes de Meubles , ) d'y faire des rai- nures au travers pour recevoir les fonds , en obfervant de les faire très-peu pro- fondes pour ne pas aitoiblir les panneaux , ce qu'on pourroit encore éviter en les couchant , & en mettant au derrière des Commodes , des traverfes à la rencontre de chaque faux-fonds. Le deflùs des Commodes fe fait ordinairement d'un feul ou de deux morceaux 'de noyer joints enfemble & attachés fur le bâtis avec des chevilles , ce qui , à mon avis , eft d'un affez mauvais ufage, parce que quelque fec que foit le bois, il n' eft guère pofllble qu'il ne faffe quelqu'effet , n'étant pas emboîté , ce qui arrive a/Tez communément ; de plnc , iiwiUcic de i'anêtcr me paroît peu folide , vu que rien n'eft fi facile que de lever un delTus ainfi attaché, & de fouil- ler du moins dans les tiroirs du haut; c' eft pourquoi je crois qu'il eftnéceflàire d'emboîter les delTus des Commodes à bois de fil , & d'y coller plufieurs clefs en deflâus , qui entrent dans les traverfes du pourtour où on les chevilleroit en dedans de la Commode, ainfi que je l'ai recommandé en parlant des Buffets, Il y a des Commodes dont le delTus eft de marbre ; dans ce cas on y met un double fond en deflbus à l'ordinaire , ce qui ne fouftre pas de difficulté. Les tiroirs des Commodes fe conftruifent de la même manière que ceux des Bureaux dont j'ai parlé plus haut ; c'eft pourquoi je n'entrerai dans aucun détail à ce lujet. Tout ce que je puis recommander , c'eft de les affembler le plus foli- dement pofllble, de difpofer leurs fonds à bois de travers, & de les affembler dans leurs bâtis à rainure & languette , quoique la coutume foit de ne les mettre qu'à feuillure , comme je l'ai fait à la Fig, 10. J'ai Sect. il Defcripdon des Commodes de toutes fortes, SCc. 75 J J'ai dit plus haut que le premier rang des tiroirs d'une Commode , étoit -~ divife en deux fut la largeur , au milieu defquels étoit un montant ou petit tiroir ; Plancha dans ce dernier cas , ce tiroir eft quelquefois ouvrant & fe ferme à clef comme ^ les autres , foit avec la même clef ou une autre d'une forme différente , afin que ce tiroir (bit plus sûrement fermé ; alors il ne peut s'ouvrir que les deux autres ne foient hors de. leur place , à moins qu'on ne lui fiilTe un bâtis qui ferve de bat- tement aux deux autres , ce qui arrive rarement. Quelquefois les tiroirs du milieu des Commodes ne fe tirent pas , mais fe gliffent de côté , 8c font retenus en place par le moyen d'une languette faillante qui entre dans la tête du tiroir , tant en delTus qu'en deffous. Quand- les tiroirs dont je parle font difpofés de la forte , on n'y met pas de ferrure, fe contentant de celle du tiroir du côté duquel celui-ci ouvre , & en y mettant quelquefois un petit pêne ou vérouil à reffort en delTous , pour empêcher de l'ouvrir quand même le tiroir de côté feroit ouvert , ce qui eft affèz sûr , mais encore moins qu'une bonne ferrure , ces fortes de fermetures fecrettes ne pouvant guère l'être long^ temps, vu que ce font des fecrets connus de tout le monde. P^pye^ les F ig. J & 6, qui repréfcncent le plan d'une Commode , pris à la hauteur du petit tiroir; & Flg. 6, qui repréfente plus en grand la coupe de ce même tiroir difpofé comme je viens de l'expliquer. Les Commodes font quelquefois très-richement ornées , fur-tout quand elles font recouvertes de placage & de marqueterie , comme je l'expliquerai en fon lieu ; mais quand elles le font en bois ordinaire , comme le noyer & autres , elles font décorées comme le repréfente la Fig. i , cote A. Cependant je crois qu'on pourroit très-bien ravaler les têtes des tiroirs, comme je l'ai fait à cette même Figure , cote B, ce qui , à mon avis , feroit mieux que de la première manière , à condition toutefois que les moulures feroient très-douces & auroient peu de . relief, ce qu'il eft, en général, bon d'obferver à toutes fortes de Meubles. Vqyei les Fig. 7 , 8,9 & 10 , qui repréfentent les deux manières d'orner les têtes des tiroirs tant en face qu'en profil. La hauteur des Commodes ordinaires eft , comme je l'ai dit plus haut , de a pieds 8 à ro pouces , fur 3 pieds 6 à 3 pieds 9 pouces de largeur , & 18 à 20 pouces de profondeur. On en fait de plus petites, du moins pour la largeur & la profondeur ; car pour ce qui eft de leur hauteur , elle ne peut jamais varier , vu que c'eft celle du lambris d'appui des appartements ( d'une grandeur ordi- naire , ) au-delTus duquel il faut qu'elles affleurent. Les Commodes font ordinairement cintrées fur le plan , ainfi qu'aux Fig. I • 5 , PA 274 , ou fimplement bombées , comme la Fig. i , cote Quelquefois ^'-'J^^^^ on les fait auffi cintrées fur le côté , comme à cette même Figure, cote B, mais cela eft très - rare à préfent , quoique cette forme foit allez bonne ; elle n'eft plus guère à la mode depuis qu'on a adopté les formes quarrées pour tous Menuisier , 111. Pan. II. Seéî. ME NUIS lE R, III. Pan. Se^. Il Chap. IX. - ■ ■ ■ ; ce qui s'appelle ouvrages faits à la grecque. Fojei ^'^ ^'S- 3 ' CSc D, qui Planche repréfènte deux différents plans de Commodes dans le goût a£luel. * Les Commodes font quelquefois cintrées fur l'élévation , comme le repré- fènte la Fig. 2 , foit en fuivant le contour plein de cette figure , ou feulement celui indiqué par des lignes ponéluées ou quelqu'autres à peu-près femblables , qui ont fait donner aux Commodes cintrées de cette façon, le nom de Commodes en tombeau , lefquelles font pour l'ordinaire revêtues de placage ; mais elles font peu à la mode à préfent , où , comme je viens de le dire , le goût des formes droites a prévalu fur tout autre , non feulement dans la décoration extérieure & intérieure de nos édifices quelconques, mais encore dans celle des Meubles & même des habits , comme fi chacune de ces chofes, quoique très différentes entr'elles , dévoient fe reffembler dans le genre , ou , pour mieux dire , la forme de leur décoration. Les petites Commodes ne différent de celles dont je viens de parler, que par leur grandeur & par le nombre de leurs tiroirs, lequel eft réduit à deux fur la hauteur ; de forte que l'efpacc qui refte entre celui du bas & le plancher, refte vuide & eft porté par des pieds de biche ou de telle autre forme qu'on le juge à propos , ainfi qu'à la Fig. 4 , cote E. Quelquefois on ne fait point de tiroirs apparents à ces fortes de Commodes , mais on en décore la face par un panneau , comme à cette même Figure , cote F, lequel ouvre dans les moulures du haut & du bas , & dans le milieu de fi largeur , ce qui , à mon avis , fait un très- mauvais effet , parce que quelque bien fait que foit le joint , il paroît toujours , & indique la féparation des tiroirs qu'on veut cacher , je ne fai d'ailleurs pour quelle raifon , vu qu'il eft très-naturel qu'ils foient apparents , & n'y ayant , à ce qu'il me femble , que très-peu d'adreffc à fâir<; des chofes dont la forme & la décoration font oppofées à leur ufage. Les Ecoinffons font de petits Meubles d'une forme & d'une décoration quel- quefois femblables aux petites Commodes dont je viens de parler, ou bien aux Bureaux fermés, ainfi que les Fig. J (& 8 ; de quelqu'efpece qu'ils foient , ils font toujours d'une forme triangulaire par leur plan , ainfi que leur nom l'in- dique ; & il vaut mieux les fermer avec des portes , comme à la Fig. 5 , que d'y mettre des tiroirs , donc la forme triangulaire les rend peu folides , ou , pour mieux dire , les expofe à fe renyerfer lorfqu'on les tire dehors. Les Ecoinflons fe conftruifent de la même manière que les Commodes & les Bas de Buffets dont j'ai parlé ci-deffus ; c'eft pourquoi je ne m'étendrai pas davantage à ce fujet. Quant à leurhauteur, c'eft la même chofe qu'aux Commodes , fur 18 à 10 pouces de largeur , prife fur un de leurs côtés ; cependant quand on les fait exprès pour un appartement, il eft bon de conformer la largeur des Ecoinffons dont je parle , avec la place où ils doivent être pofés , afin qu'ils n'anticipent point fur les chambranles tant des croifées que des portes. Il faut auffi, lorfqu'on fait des e SE.CT. IL Defcrlpnon des Commodes de toutes fortes , ÔCc. 757 Ecoin/Tons pour les appartements, prendre garde fi les angles qu'ils doivent — — ~~ remplir font droits , ou s'ils font aigus ou obtus, parce qu'alors il faudroit s'y Planche conformer dans la conftruâion des EcoinfTons , qui doivent être par leur plan d'un angle égal à celui de la place dans laquelle ils font pofés. Les Chiffonnières repréfentées Fig. 7, 8, 9 <§ 10, font des efpeces de petites Commodes , ou , pour mieux dire , de petites Tables à l'ufkge des Dames , dont elles fe fervent lorfqu'elles travaillent , foit à coudre*^ ou à broder. Ces Tables ont deux ou trois tiroirs placés au - dcffous de leur deffus, dont l'ouverture fe fait par - devant , ou, ce qui eft mieux, parle côté de la Table, afin de ne point nuire à celles qui en font ufage. Le dernier de ces tiroirs , ou , pour mieux dire , celui du haut , eft difpofé pour ymectre uh encrier ainfi qu'aux Secrétaires, & on garnit auffi quelquefois le delTus de ces Tables avec du maroquin , comme aux Tables à écrire dont j'ai parlé ci-delfus. A 5 ou (5 pouces du bas des pieds des Chiffonnières , eft placée une tablette affemblée avec les quatre pieds dont elle retient fécart. Cette tablette eft garnie d'un rebord au pourtour pour retenir ce qu'on y plice, ce qu'on doit auffi obferver au deffus de la Table , a l'exception qu'on ne doit y mettre des rebords que de trois côtés , & laiffer le devant libre. La hauteur ordinaire des Chiffonnières doit être d'environ 2 pieds , fur 12 ou IJ pouces de longueur, & p à 12 pouces de largeur: on en fait de beaucoup plus petites ; mais elles ne peuvent guère fervir qu'à des enfants , à l'ufage def- quels elles doivent plutôt être confidérées comme un jouet, que comme une chofe utile. Il y a des Chiffonnières auxquelles on adapte un écran par derrière, pour s'en fervir l'hiver & n'être pas incommodé par le feu. Elles n'ont rien de différent de celles dont je viens de parler, que deux couliffeaux qu'on y attache pour retenir l'écran en place. Ces fortes de Meubles fe conftruifenL le plus légèrement qu'il eft poHible , & il eft bon , pour les rendre d'un ufage plus commode , de mettre des roulettes de cuivre fous leurs pieds , ainfi qu'à toutes les autres Tables dont j'ai parlé ci- deffus , où cette précaution eft très-bonne , tant pour les changer de place plus aifément, que pour empêcher que leurs pieds ne fe fatiguent & même ne fe caffent , comme il arrive quelquefois lorfqu'on tire ces Tables pour les changer d'un lieu à un autre. La dernière efpece de Meubles fermés & dont on faffe ufage afluellement , font les Secrétaires ou Bureaux en forme d'Armoires , lefqucls fervent à la fois Pianche de Coffres-forts , de Secrétaires , & même de Commodes , félon qu'on le juge à propos. Le bâtis de ces fortes de Meubles fe conftruit à peu-près comme ceux des Armoires , comme on peut le voir aux Fig. i,2,4,J(S'^,&ade hauteur environ 4 pieds , fur 2 pieds & demi à 3 pieds de largeur , & 12 à IJ pouces de profondeur. ytS MENUISIER, m. Part. SeE. II. Chap. IX. ' Leur faee principale , Fig. i , eft compofée de quatre portes , dont les deux 'fi^^^ du bas ouvrent à l'ordinaire , c'eft-à-dire , yerticale^nent ; & les deux autres du ^7'^- l,aut , lefquelles tiennent enfemble , & font par conféquent feintes , fe rabattent horifontalement pour fervir de Table à écrire , quand on veut faire ufage de ce meuble comme d'un Secrétaire , ainfi que le repréfente la Fig. 2. Au-delTus des portes , c'eft-à-dire , immédiatement au-delfous de la corniche , eft placé un tiroir qui ouvre de toute la largeur, & dont l'ouverture fe fait foit dans le dégage- ment des moulures ou au nud des champs , comme je l'ai obfervé ici ; quelque- fois le haut de ces efpeces de Meubles , au lieu d'être couronné par une cymaife , comme aux Fig. i, 2 & 6 , eik terminé en forme d'amorti/Tement, comme le repréfente la 3 , ce qui fait affez bien, fur-tout quand ces Meubles font placés dans un cabinet , & fervent à porter foit des fpheres , des buftes , &c ; ce qui n'empêche pas d'y mettre des tiroirs qui fuivent à l'extérieur le contour de l'amortilTement ou couronnement. Quelquefois le deffus de ces Secrétaires eft couvert par une tablette de marbre , ce qui ne change rien à leur conftrudion , comme je l'ai expliqué en parlant des Commodes. On incline auffi le deffus des Secrétaires ou Bureaux dont je fais la defcription , en forme de pupitres , aSn qu'étant debout , on puilfe écrire commodément deffus , ce qui alors empêche d'y mettre des tiroirs par le haut , & diminue de la hauteur du Meuble , qui alors ne peut guère avoir que 3 pieds & demi du devant , afin qu'une pcrfonne d'une taille ordinaire puilfe commodément en faire ufage. Dans le bas de l'intérieur des Meubles dont je parle , eft placé un caiffbn d'en- viron un pied de haut , qui contient deux rangs de tiroirs fur la hauteur ; lefquels ouvrent de toute la largeur, comme aux Commodes ordinaires, ou bien font réparés en deux comme à la Fig. 6. Quelquefois ces tiroirs ne font que feints , foit en tout ou en partie , ou la devanture du cailTon s'ouvre par-devant en forme d'Armoire , ou par-deifus , ce qui eft plus commode , quand ce caiifon fert de Coffre-fort. De quelque manière que ce foit , il faut que ce dernier foit très-foli.. dément conftruit , & forme , comme je l'ai dit plus haut , un coffre à part , tant fur le derrière que par les côtés , & qui foit cependant arrêté folidement avec le refte du bâtis. La partie fupérieure du Meuble eft remplie, au-delfus de la table à écrire, par un ferre-papiers , comme aux autres Secrétaires, lequel eft compofé d'un caidon qui contient deux rangs de tiroirs placés de chaque côté , & dont le milieu eft rempli par un autre petit caiffon A , Fig. 1&6, qui entre dans le grand le plus jufte poffible , lequel petit caiffon fert non-feulement à placer différents papiers , mais encore à cacher de petits tiroirs B, B , Fig. 2 , & à fermer la cave C, même figure. Voyei les Fig. 1, $&6, oh\& ferre-papiers eft marqué en coupe , en plan & en élévation , ainfi que tout le refte du Meuble dont je fais la defcrip- tion , fur laquelle je ne m'étendrai pas davantage , vu que l'infpeélion feule doit fufEre , Sect. h. Defcrïption des Commodes de toutes fortes , ÔCc. 759 fuffire , après ce que j'en ai dit ci-devant , en parlant des autres Meubles , dont la ==; conftruaion eft peu différente de ceux dont je parle. Planche L'abattant ou tablette d'appui fe place de manière que quand il eft abaiffé , le de/Tus foit à 26 pouces de hauteur ; & on doit le difpofer de façon que quand il eft ouvert, il vienne joindre le de/Tous du ferre-papiers , qui lui fert de point d'appui , qui , s'il n'eft pas fuffifant pour foutenir le poids de l'abattant en foulage cependant beaucoup la ferrure. Voy. la Flg.j, où j'ai marqué plus en grlnd la coupe de l'abattant tant ouvert que fermé , ainfi que la coupe de la cymaife kquelle eft fouillée intérieurement pour faciliter la révolution de l'abattant & qui fert en même temps de devant à la cave de delfous le ferre-papiers L'abattant roule fur deux axes ou pivots placés aux points a, a , Fig 7 &S,Sc font retenus par des tirants de fer placés aux deux côtés , comme aux autres Secrétaires ; cependant je crois qu'on pourroit s'en pafter , en plaçant aux deux cotes de l'abattant des équerres de fer c, c, Fig. 7, dont la branche laillante, lorfque l'abattant feroit ouvert , viendroit s'appuyer courre les côtés du ferre-pap.ers , ou , pour mieux dire , en deiïbus , dans des ravalements prati- ques à cet effet, & qui , lorfqu'il feroit fermé, fe trouveroient cachés der- rière le pied ou montant du bâtis, ce que j'ai indiqué par les arcs ponâués Les Secrétaires en forme d'Armoire font fort à la mode à préfent ; on en fait de très-grands & d'une décoration très-riche , tant pour le choix de la matière que pour les ornements qu'on y ajoute. Mais de quelque manière qu'ils foient faits Ils ne fortent guère de la forme fous laquelle je les ai repréfentés ici, ce qui eft a même chofe qu'aux autres efpeces de Meubles, dont la defcription a fait 1 objet de cette Partie de mon Ouvrage ; ayant toujours eu plus d'égard à la forme & a la bonne conftruaion de chacun d'eux (relativement à leurs différents ufages ), qu a leur décoration , qui , comme je l'ai déjà dit , eft affez arbitraire & fufceptible de beaucoup de changements ; c'eft pourquoi je n'ai pas donné un grand nombre d exemples de ces différentes décorations, me contentant de ceUes qui mont paru abfolument néceft^aires pour inftruire les Menuifiers & pour laifl-er à la poftérité un tableau raccourci des ufages & du luxe de notre fiecle Au refte. quelque foin que j'aie pris pour rendre la defcription des Meubles la plus fuccinde qu'il m'a été poffible , je n'ai pas pu faire autrement que de paffer beaucoup au-delà des bornes que je m'étois prefcrites au commen- cement, non- feulement de tout mon Ouvrage, mais même de cette Partie, laqueUe eft devenue très-confidérable , vu la grande quantité des objets qui y font détailles ; de forte que, fans m'être trop étendu fur chacun d'eux en parti- culier, & après avoir, autant que je fai pu , généralifé les préceptes & les dé^ monftrations , fans cependant faire tort à l'Ouvrage, j'ai été obligé , non pas de 1 augmenter, mais de le faire beaucoup plus confidérable que je ne me l'étois Menuisier , III. Pan. IL 8(3, jjp 76o MENUISIER, 111 Part. SeB. U. Chap. IX. imaginé ; & cependant il ne peut pas l'être moins, ainfi qu'on en a pu juger, pour peu qu'on l'ait examiné avec quelque attention (*). (•) Il fera fort aifé de fe convaincre de ce que j'avance ici , (Ton veut obferver que l'Art du Menuificr eft , fans contredit, le plus étendu des Ans méchani'ijues, tant pour les différentes ef- peces de Menuilerie , que pour la multitude des ouvrages appartenants à chaque efpece de Me- nuilerie , ce qui demande quantité de connoif- fances diflinftes les unes des autres ; de forte que l'Art du v.enuifier peut & doit même être regardé comme fix Arts connus fous le même nom , m.ais tous diflcrenis les uns des aurrcs ; favoir , l'Art du Menuifier de Bâtiment , qui eft très - confidé- rable; l'Art du Menuifier en Voitures; l'Art du Menuifier en Meubles , qui ell féparé en deux claffes diflindes l'une de l'autre -, TAtt du Menui- fier Ebénifle, qui cmbraffe non-feiilement la connoiflance du choix & de l'emploi des bois, mais encore celle de différents métaux .îc autres fubfiances lant minéralesque végétales, & l'ufage même du Tour & de la lime ; l'Art du Tredla- geur ou Menuifier des Jardins , qui fait encore une clalfe à part , fans compter l'Art du Trait, néceffaire à diverfes fortes de Menuiferie , dont le détail a fait l'objet de plus de la moitié de la féconde Partie de cet Ouvrage. Cette oblerva- tion eO: d'autant plus naturelle, que c'cd le feul Art qui , fous le même nom , le rapporte à tanG d'objets dilfétenrs ; car, exception faite de la Charpente , l'Art du Menuifier cmbràiïe tout ce qui a rapport à l'emploi des bois ; au lieu que les Arts qui ont pour objet l'emploi des métaux , prennent diflérenrs noms , quoiqu'emplovant la même matière. Car, fans parler de l'exploitation des Mines & des Forges à fer , les Ouvriers qui emploient ce métal , font connus fous différents noms, comme les Maréchaux des deux efpcces, les Serruriers aufli de deux efpeces , les Taillan- diers, les Ferblantiers , les Couteliers, les Clou- tieis , & même les Horlogeis , ceux qui font les Inftfuments de mathématiques, & qiiantité d'autres qui font autant d'Arts léparés & diflinds les uns des autres , dont la defcription , s'ils étoient réunis en un feul & même Art, contien- droit plus de dix à douze volumes , fuppofé qu'ils fulTent traités félon les intentions de l'Acadé- mie Royale des Sticuccs, ccrt - à- dire , avec la préciCon & toute l'étendue convenable à chacun d'eux. Fin de l'An du Menuifier en Meubles. 7<jr TABLE DES CHAPITRES ET ARTICLES DELA MENUISERIE EN MEUBLES. SECONDE SECTION DE LA TROISIEME PARTIE o£ l'Art du Menuisier. Chapitre cinquième. De u au- ninjerie en Meubles en général , & fes diffé- rentes efpeces. Page iSoo Section Phemiere, Dts Outils & des Bois propres aux Meuhlest 602 §. I. Des anciens Meubles en général. 504. §. II. Des différentes efpeces de Sièges d'ufage à préfent. O08 Section II. Dejcription des Plojams , Tabnums, Banquettes , Sfc i de leurs formes , proportions & conjiruclion, Section III. Defiription de toutes fortes de Chaifes ; de leurs décorations , formes , proportions conj- 'ruClion. (,^^ §. I. Manière de dirpofer les Sièges pour recevoir les garnitures d'étoffées. 622 Section IV. De la Gamilure des Sicgcs avec la Canne , & de l'Art du Cannier en général. 62^ §. I. De la manière de difpofer les Sièges pour recevoir la Canne. ^25- §. II. Du clioix de la Canne ; de la manière de la fendre ; & des Outils du Cannier. 628 §. III. De la manière de garnir les Sièges de Canne; & les diveifes opérations du Cannier, CHAPITRE VI. Defcription de toutes fortes de Fautemls ; leurs formes , proportions & con[lruéiion. Section I. Defcription de tous les grands Sièges , comme les Canapés , Sofas , Ottomanes , de leurs différentes formes , proportions b confiruHion. Section II. Defcription des Sièges d'appartements privés , corn tie les Baignoires , les demi-Baignoires , les BHets , les Chaifes de commodité , bc. 660 CHAPITRE VII. Des Lits en général; leur, différentes efpeces. tfjj- Section [. Dfcription des Lit! à la Françoife ; de leurs jormes , proportions & confiruaion. 666 §.I. Des Ciels de Lits, appelles communé- nement Pavillons ou Imper.aU, ; de li-urs formes Su conitruflion. Paee 6n Section II. Defcription des Lits à la Polon..,,/; leurs proportions , formes fr décoration. 68 1 Section IlI.De/cr,;.,,.;! des différentes efpeces dé Lits de campagne; leurs formes & coiiflruaion. Section IV. Defcription des Lits de repos; des Ar- ceaux & Lits d'enfants. CHAPITRE VIII. DesT.tiks en général ; de leurs différentes efpeces. Section I. Des Tables à ma gcr ; de leurs différentes formes & conflndîion. ^ Section II. D« Tables à jouer; de leurs différentes efpeces , f .^rmes b conprunion. -j^, §. I. Defcription d'un ijlard ; de fa forme , proportion & conllruaion. j/„^ §. II. Defcription des petites Tables de Jeu j de leurs formes, proportions & conllruc- tion. Section llt. Des Tables à écrire de toutes fortesV U leurs jormes . proportions &• conllruaion 7 „ §.I. Defcription des Tables de Toilette, des Tables de nuit & autres; de Icur^ formes & proportions. §. II. Defcription des Ecrans & des Para vents; de leurs formes & proportions. CHAPITRE IX. Des Meubles fennéJVn gênerai , connus fous h nom de gros Meubles» Section I. Defcription des Armoires;de leurs tUcoll tions , proportions O confiruaion. §. I. Defcription des Buffets ; de leurs for- mes, proportions, décoration & conf.. truftion. Sbction II. Defcription des Commodes de toutes for. tes, de leurs formes , proportions & conjiruâwn. 7/3 Fin de la Table de la Memiferle en Meubles, EXTRAIT DES REGIS TRES DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES. Du 8 Juillet I//Z. ]VÎ ONSIEUK Duhamel qui avoit été nommé pour examiner la Seconde Seftion de la Troifieme Partie de i-'A rt du Menuisier, par M. Roueo, en ayant fait fon rapport , l'Académie a jugé que cette fuite de l'Art , traftée avec le même foin que les Parties précé- dentes, étoit digne de paroître comme elles fous fon approbation : en foi de quoi j'ai Cgaé le piéfeut Certificat. A Paris, le 26 Juillet 1772. GRANDJEAN DE FOUCHY, Secrétaire perpétuel de l'Académie Koyale des Sciences. Fautes à corriger, P d G E 6IP , ligne 8 , ou ; li[ez : &. Page , ligne i , au commencement , ajoutez : perpendiculaire. Tage â8î , ligne 8 , qu'on peut le voie ; lifez : qu'on l'a pu voir. Page 7 1 î , au litre , §. I. Hfez : §.11. lè/J. ligne I , tiroirs Uns les coulilTes ; lifcz : tiroir dans les coulilTes. Au cQmmencemeni de la page 7 j î , ajoutez : deux ou trois fur la hauteur , & âont te milieu eîl occupé par une ou deux. DE L'IMPRIMERIE DE L. F, DELATOUR. 1772.