LART DU TREILLAGEUR, o u MENUISERIE DES JARDINS Par M.RouBO fils^ Maître Menuijier. QUATRIEME ET DERNIERE PARTIE DE LART DU MENUISIER- M. D C C. L X X V. TH 5(005 Rs'5 7* ADDITION ET CORRECTION I L y a une faute très-ejjentielle à corriger dans la Seconde Farde de l'Arc du Menuifier, page 301 , ligne 32 , commençant par ces mots : Quant à l'ellipfe , elle peut fe décrire , &c. à la place de quoi il faut lire ce qui fuit ci-dejjous , en fupprimant le refle de la page, & les 16 premières lignes de la page fuivance , ainjique le haut de la figure 7, Pl. 107, qui re préfente l'ellipfe tracée fur le développement du cône droit , â en fupprimant aufji les deux premières figures de la Planche 108 , lefquelles repréfenteni un cône oblique avec fin développe- ment , ce qui m'a obligé de faire une autre Planche cotée 107 bis, tant pour réparer les fautes qui font dans les figures 7 , Pl. 107 , (5 l , 3 , Pl. 108 , qus pour donner plus d'étendue à cette partie du développement de la furface des cônes , qu'il efl trhs-efijentiel de bien entendre pour parvenir à tracer toutes fines de cour- bes coniques & autres qui peuvent y avoir rapport. Quant à rellipfc , un peut la décrire fur le développement du cône, de la même manière que la parabole & l'hyperbole ; mais je ne l'ai pas fait, vu que ^1"^^'^^^ les figures 6 6c 7 font très-compliquées , eu égard à leur petiteffe , & qu'il eft des occafions où il vaut mieux fe fervir des côtés du cône pour en tracer les coupes fur le développement de fa fùrface , ce qui fe fait de la manière fuivante. On trace fur l'élévation du cône , fig. r , les différentes coupes qu'on veut .y faire , comme le petit cercle ab, l'ellipfe , la parabole ad, & f hyper- bole «; puis de chaque divifion du plan tfig.^, reportée perpendiculairement à la bafe g h àu uône , on mené autant de lignes au foramet f de ce dernier , lefquelles repréfentent en élévation les divifions du plan , comme je l'ai dit ci- deflus. Cette opération étant faite , de chaque point où ces lignes rencontrent les différentes coupes du cône , on trace autant de lignes horizontales prolongées jufqu'à fes côtés, afin d'avoir fur ces derniers des diflances qu'on porte fur les lignes de divifion de la furface du cône développée , fig. 2 , qui font corref- pondantes à celles de l'élévation ; de manière que pour tracer la courbe de l'ellipfe fur la furface développée^, fig. 2 , où la ligne q r étant confidérée la même que celle / d, fig. i , on fàit la diftance q 1 , fig. :l , égale à celle fi, fig. 1 ,(ouà celle fe,ce qui eft la même chofe ) ; celle j 2 , égale à celle fl ; celle q 3 , égale à celle /m ; celle q 4 , égale à celle fin ; celle q 5 , égale à celle /o ; celle q 6 , égale à celle fp ; enfin celle q 7 , égale à celle /boa fa: puis par les points 4,3,2,l,2,3,4,j,(5,7,6,5'&4,on faitpaffer une ligne courbe qui reprélènte l'ellipfe fur la furface du cône développée. On fait la même opération pour tracer les courbes de la parabole & de l'hy- MenUISIER , //. Part. * ij Addition & Correction. — perbole , c'eft-à-dire , qu'on prend toujours la diftance des points de rencontre de ces coupes , avec les lignes de divilîon tendantes au fbmmet du cône , non pas fur ces lignes , mais for les côtés du cône , & cela par des points donnés par des lignes horizontales provenantes des premiers points de rencontre, comme je l'ai déjà dit, & qu'on peut le voir dans la figure r ; cela eft d'autant plus vrai , que de toutes les lignes tracées fur le cône , & tendantes à Ton fommet , il n'y a que celles g f Se fk , c'eil-à-dire , ces côtés qui foient dans leur véritable lon- gueur, la longueur des autres n'étant que celle de la perpendiculaire d'un triangle , qui auroir pour bafe un des fegments du plan ,Jîg. 3. Pour fe convaincre de cette vérité , fuppofé que le plan du cône Ibit coupé par des lignes parallèles , ainfi que celles ai, c d Se ef. Se que ces coupes en élévation foient prolongées jufqu'au fommet /"du cène, Jîg. i , chacune de ces coupes repréfenteroit un triangle dont la hauteur perpendiculaire feroit égale à la longueur de chaque ligne de l'élévation , correfpondante aux coupes du plan ; de manière qu'en traçant un triangle fur la ligne a b , Jîg. 3 , dont la hauteur perpendiculaire g h , foit égale à celle df de l'élévation , Jîg. i , les côtés ahSc bk às> ce triangle , deviennent égaux à raux gfSefh de l'éléva- tion ; par la même raifon , en Eaifant la perpendiculaire i L du fécond triangle , pris fur la ligne c d , fig. ^ , égale à celle e f,Jig. r , les côtés cl Scdl de ce fécond triangle deviennent égaux à ceux du premier , & par conféquent aux côtés du cône. Il en efi de même du troifieme triangle pris fur la ligne e f, dont la perpendiculaire m n , eft égale à celle s f,jîg. I , & dont les côtés e n Sefn font égaux à ceux des deux premiers triangles , ce qui eft d'autant plus naturel , que tous les côtés de ces différents triangles , repréfcntés en plan par des lignes ponétuées, étant tous également éloignés du centre du plan , & fe réunifiant tous au même point , foit en plan ou en élévation , ne peuvent pas différer de longueur entr'eux : il fuit de-là qu'on peut conGdérer chaque point de rencontre des coupes du cône , avec les lignes tendantes à fon fommet comme autant de coupes parallèles à fa bafe, ou , pour mieux dire , autant de lignes droites tracées fur chaque triangle , & perpendiculairement à leur axe , lefquelles donnent fur les côtés de ces mêmes triangles , des diftances qu'on porte fur les lignes du développement , Jîg. a , qui les repréfentent , ce qui revient à ce que j'ai dit ci-deffus , en expliquant la manière de trouver les véritables longueurs de chaque point de rencontre de l'élévation,/^, i , 3 laquelle cette démonftration fert de preuve , comme on peut le voir à la figure 3 , où la diftance n 0 , eft égale à celle fl,fig.i,Sc celle n l , égale à celle //; la diftance Ip, eft égale à celle /a, & celle /a, égale à celle fm ; la diftance A j , eft égale à celle / 3 , & celle h 3 , égale à celle fn; la dif- tance / r, eft égale à celle /4 , & celle , égale à celle/o ; enfin la diftance n A , eft égale à celle , & celle n 5 , égale à celle f p. Les coupes du cône oblique ,Jîg.i, fe tracent fur fa furface développée pat Ad D I T 10 N & C O R E E CT I O N. Hj la même méthode que ci-defTus , quoique l'exécution en foie un peu plus com- pliquée. On commence d'abord par tracer le plan du cône avec fes divifions , Planche qu'on trace fur l'élévation à l'ordinaire ; puis du fommet B du cône , on abalife une perpendiculaire à fa bafe A C, prolongée jufqu'en Z? ; & de ce point , comme centre , & de chaque divifion du plan , on décrit les arcs de cercle a h , <:d,ef,gkScU; puis des points 3 , </,/, h &l, on mené autant de lignes au fommet du cône , dont la longueur eft la véritable longueur des côtés du cône qui leur font correfpondants , lefquelles ne font que les axes des triangles conftruits fur les divifions du plan , comme on peut le voir dans cette figure , où la ligne m £ , eft égale à celle m B , & celle a £ , eft égale à celle è B ; celle 71 F, égale à celle nB,& celle c F, égale à celle dB ; celle oG, égale à celle oB,6i celle e G, égale à celle fB ; celle p H, égale à celle p B , de celle g H , égale à celle A B : en£a cdls q I , égale à celle qB, & celle il, égale à celle / JS : ce qui , je crois , n'a pas befoin de plus grande démonftration , du moins pour le cas dont il s'agit ici. Quand les vraies longueurs des côtés du cône font ainfi tracées , de chaque pomc va les coupes de ce dernier rencontrent les premières lignes provenantes des divifions du plan , on mené autant de lignes horizontales aux premières , c'eft-à-dire, à celles qui font les vraies longueurs, fur lefquelles on prend des diftances jufqu'au fommet du cône, qu'on porte enfuitefur la furface déve- loppée repréfentée/^. y , pour y tracer les différentes coupes du cône, ce qui n'a pas befoin d'une plus grande explication , d'après ce que j'ai dit en parlant du cône droit , qui ne diffère de celui-ci , du moins quant à la démonftration que j'en ai faite , qu'en ce que tous les côtés des triangles font égaux entr'eux , au lieu que ceux du cône oblique font tous inégaux , ce qui oblige à y tracer toutes les vraies longueurs des côtés du cône à côté des longueurs apparentes, pour pouvoir y prendre des diftances qui fe prennent fur les côtés du cône droit, qui font tous égaux au pourtour de fa circonférence ; au lieu que dans le cône oblique , il n'y a que ceux qui font oppofés l'un à l'autre , & parallèlement à fa bafe , qui foient égaux entr'eux , comme on peut le voir dans les triangles de la figure 4 , la moitié devant être prife pour le tout. Quand les cônes , tant droits qu'obliques, font coupés dans leurs plans par des tranches parallèles entr'elles , les axes des triangles quirepréfentent ces coupes ne font pas égaux entr'eux , du moins dans la moitié du cône droit, & dans la totalité du cône oblique , quand les coupes font prifes perpendiculairement à fon obliquité , comme dans la figure 4 ; mais quand les coupes du plan du cône droit ou du cône oblique paftent par fon centre , les axes de chacun de ces triangles font égaux, ce qui eft très-aifé à comprendre pour le cône droit, vu que tous ces triangles étant parfaitement femblables , ont non - feulement la hauteur perpendiculaire , mais encore les côtés égaux , en quoi ils différent de ceux du cône oblique , qui ont tous des axes d'une longueur égale , avec mm Addition ou Correction. des côtés inégaux , comme je vais le démontrer. ^OT^to^ 1^ cercle ac de b h gf,\e plan d'un cône oblique aib, divifé fiir fa cir- conférence en huit parties égales , ce qui donne quatre coupes fur le plan , donc on veut avoir la forme & l'inclinaifon ; on commence parabailTerdu fommer/ du cône une ligne perpendiculaire à là bafe ab , prolongée jufqu'en /, duquel point on élevé une autre ligne perpendiculaire à une des coupes du plan , comme , par exemple , celle Je , laquelle perpendiculaire on prolonge indéC- niment ; enfuite on prend la longueur m i de l'axe du cône , qu'on porte de m en n , où elle coupe la perpendiculaire ; & de ce point n , à ceux f&-e, ou mené deux lignes , qui font les deux côtés du triangle que forme la coupe du cône , prife fur la ligne/V. Si on vouloit prendre cette coupe fur la ligne c h, on fuivroit toujours la même méthode, (comme on peut le voir dans cette figure , ) & on auroit un triangle coh parfaitement femblable à celui fne,&. cela parce que la ligne c h eft autant inclinée à la bafe a b que celle fe. Quant à la coupe prife fur la ligne dg, qui eft perpendiculaire à la balè du cône , elle eft très-facile à trouver, puifqu'il ne s'agit que de prolonger cette bafe indéfiniment , & de faire la diftance p m , égale à celle mi, & du point p mener deux lignes aux points d&g, dont la longueur doit être égale à celle de la ligne y i , comme la longueur du grand côté des deux autres triangles eft égale à celle de la ligne ri. Se celle du petit côté de ces mêmes triangles , eft égale à celle s i. S'il arrivost qu'on voulût avoir la coupe d'un cône oblique fur une ligne pa- rallèle à fa bafe , comme , par exemple , celleyA , on feroit , d'une ouverture de compas égale à la ligne s i , une feélion de A à ; ; puis d'une autre ouverture de compas égale à la ligne r i , une autre feélion qui coupe la première ; puis par les points^/" & A , on méneroit deux lignes au point c , ce qui dnnneroit un triangle fht, dont l'axe ne feroit plus égal à ceux des autres triangles , mais qui égaleront la longueur de la ligne p u. Ce que je viens de dire touchant les différentes coupes des cônes , & le dé- veloppement de leurs furfaces , eft fuffifant pour donner à ceux qui s'applique- ront à l'étude du Trait , toute la théorie dont ils ont befoin , ( du moins celle qui eft abfolumentnéceffaire); & j'ai cru ne pouvoirme difpenfer de fairecette pe- tite augmentation à mon Ouvrage , tant pour réparer une faute qui m'a échappé, & dont je ne me fuis apperçu qu'après l'impreffion , que pour donner un peu plus d'étendue à cette partie des feélions coniques, que j'avois traitée un peu trop brièvement , rien n'étant fi effentiel , pour faire des progrès dans l'étude du Trait , que d'acquérir de bons principes de théorie pour les appliquer aux diffé- rents cas , félon qu'ils y deviennent néceflàires. N. B. J'ai dit qu'il f;illoit fupprlmer le-; 1 6 premières lignes de la page 502 ; cependant II y a une phrafe qu'on peut conierver , laquelle commence à la fixieme ligne , & finit à la onzième. Cette phrafc a pour objet le développement de la furface de la balc du cône reprél^entéc fig, 7 , P^- J07. LA RT DU TREILLAGEUR o u MENUISERIE DES JARDINS. Par M. R o u B o fils , Maître Menuifier. QUATRIEME PARTIE DE L'ART DU MENUISIER; L'Art dont je vais faire la defcripdon , eft un des plus modernes , & donc l'invention eft dûe aux François , ainfi que la perfeétion du Jardinage , dont il faifoit anciennement partie. Le Treillage fut , ainfi que les autres Arts , fimple dans fon origine , & borné aux chofes de néceffité , comme de foutenir les treilles ou feps de vigne : d'où eft venu le nom de Treillage. On s'en fervit auffi pour foutenir les arbrilTeaux d'efpaliers , puis à féparer les routes des taillis & les diverfes parties des Jardins-potagers, qui étoient les feuls que l'on connût anciennement en France. Ces fortes de Treillages étoient faits par les Jardiniers , ( comme ils les font encore quelquefois ) , & le plus fouvent fans ordre ni régularité ; mais lorfque fous le règne de Louis XIV , l'Art du Jardinage devint un art important quant à la décoration , & qu'il fut porté tout de fuite à un très-grand degré de perfe£lion par le Nôtre Se Jules Hardouin Manfart , l'Art du Treillage commença à faire une partie diftinfte & féparée de celle du Jardinage , pour ce qui étoit de l'exécution , qui fut abandonnée par les Jardiniers à des Ouvriers qui en firent leur unique occupation , & qui prirent le nom de Treillageurs , lefquels travaillèrent librement fous U Treillageur, I 13 wm 1038 L'JRT DU TREILLAGEUR. conduite des Archiccéles , ou d'après leurs propres deflîns , jufqu'en Ij6() , qu'ils furen: réunis au Corps des MenuiCers (*). Depuis Con origine , c'eft-à-dire , depuis le règne de Louis XIV , l'Art du TreiUageur n'a celTé de faire des progrès ; de forte que maintenant les ouvrages de cet Art entrent pour beaucoup dans la décoration des Jardins de propreté, où on fait non-feulement des Treillages de paliifade , tant de hauteur que d'ap- pui , & des Berceaux, mais encore des Cabinets , des Salions , des Portiques , des Galleries , des Colonnades , dans lefquels on rencontre à la fois l'élégance & la légèreté jointes à la févérité des règles de l'Architeèlure , n'y ayant aucun ouvrage de cet Art qu'on n'imite , ou qu'on ne puiffe imiter en Treillage, lequel fe lie beaucoup mieux avec les berceaux & les portiques naturels , que ne pourroient faire des bâtiments conftruits avec des matières folides , telles que la pierre & même le plâtre , qui , quelque légers qu'ils foient en apparence , oppofent encore trop de malTe dans un Jardin , dont il faut que l'air foit libre ; ce qui doit faire préférer les ouvrages de Treillage , dont les Vuides annoncent une légèreté réelle & apparente , & aux ornements artificiels defquels on peut, dans la belle faifon , en joindre de naturels , comme les gnirlandes de jafmins , de rofes, de chevre-feuille & d'autres plantes courantes & légères , qui , difpofées avec un heureux défordre , feroient douter def- quels nous devrions être plus agréablement afFeiSlès , de la Nature ou de l'Art, toujours fournis & uni à cette dernière. Qu'onyfaffe bien attention , toute la fcience des Treillageurs, quanta ce qui a rapport à la difpoOtion & à la théorie , n'eft pas renfermée dans leurs atteliers ; ce n'eft pas un Art de routine ; il faut de l'expérience , du goût , & ils doivent acquérir beaucoup de connoifîànces pour fe rendre habiles dans leur Art: car, fins parler des éléments de Géométrie , dont la connoiflànce leur eft abfolumenc néceflaire , ainfi qu'aux autres Menuifiers , il faut qu'ils entendent bien l'Ar- chiteâure ,du moins quant à la décoration ; qu'ils fâchent deffiner l'ornement, & fijr-tout les fleurs , afin d'être en état de les bien découper , & d'en com- pofer des guirlandes & des bouquets. Il faut auffi qu'ils ayent quelques notions de l'Art du Trait , pour la conflrudion des Berceaux , des Dômes & autres ouvrages de cette nature. A ces connoiiîânces élémentaires , ils doivent non- fculeraent joindre celles de la pratique ; pour ce qui a rapport au Treillage pro- prement dit , mais encore il faut qu'ils entendent bien la Menuiferie pour ce (*) C'efl au temps de ces deux grands Archi- teftes, qu'on peut fixer la naiffance de l'Arc du Treillage proprement die. Les berceaux des Jar- dins de Clagny f détruits depuis peu de temps), & ceux des Jardins de Verfailles & de Marly , qui font les plus anciens Ouvrages de cet Art que Ton connoiiïe, furent faits fous leur condui- te; & il y a roue à croire qu'ils furent les créa- teurs de l'Art du Treillage , comme ils l'avoient été de l'Arc du Jardinage , confidéré du côté de la décoration j car , quoiqu'il foie fait mention d'un très-grand Treillis qui faifoic un des princi- paux ornements des Jardins des Rois Charles VI Se fes SnccelTeurs , lorfqu'ils denieuroienc à ridotel de Saint Pol , & dont la rue Bsau-Tnillis a ciré fon nom ; ce Treillis n'écoît fùremenc fufceptible d'aucune régularicé , non plus que les Jardins donc il faifoic parcie , lefquels n'é- toient que des vergers fpacieux , où l'utile écoit préféré à l'agréable , ce qui faifoit des Jardins moins brillants , mais beaucoup plus utiles que ceux d'à-préfeut. L'ART DU TREILLAGEUR. Î039 qui concerne le corroyage & l'afTemblage des bois , tant droits que courbes , & l'arc de profiler & de poufler les moulures ; ce qui les oblige de travail- ler quelque-temps à la Menuiferie de bâtiment , afin d'acquérir plus prompte- menc les connoilTances pratiques de cet Arc , dont ils ontabfolument befoin, & des outils defquels ils ne làuroient fe pafier , du moins pour le plus grand nombre, comme les outils d'affûtage , les rabots de toute efpece, les bouvets, feuilletées , & outils de moulures , comme rabots ronds & mouchectes , &c. Ils fe fervent auffi de fermoirs , cifeaux , becs-d'âne , gouges , râpes , foies , tant à refendre qu'autres , des fergents , vilebrequins , vrilles , niveaux & au- tres outils propres à pofer l'ouvrage ; ce qui fait que l'Art du TreilLigeur eft intimement lié avec celui du JMenuifier, ou que, pour mieux dire, cet Arc n eft qu'une nouvelle branche de la Menuiferie , qui a pour objet les ouvra- ges qui entrent pour quelque chofe dans la décoration des Jardins , laquelle brandie eft devenue afTez étendue pour être traitée à part , non pas comme un Art particulier , mais comme faifant fuite d'un autre qui en eft la bafe & le principe. Ce font ces confidérations qui m'ont engagé à donner la defcripcion de FArc du Treillae eur lous le nom de JVÎenuîJerLc dés Jatdifis ^ 8c par conféquent comms fuite de l'Art du Menuifier , tant pour rendre complette la defcripcion de l'Art du Menuifier , que pour abréger celle de l'Art du TreiUageur , que je n'aurois pu traiter à part fans être obligé de répéter une partie des chofes dont j'ai parlé dans la première Partie de l'Art du Menuifier , ce qui n'auroit fiit qu'augmenter l'Art duTreillageur , fans pour cela le rendre d'une plus grande utilité. C'eft pourquoi après avoir traité fommairemsnt des connoilTances théoriques nécelfaires aux Treillageurs , comme les notions les plus indifpenfables des principes d'Architeaure , de l'Arc du Trait , & des divers Compartiments , je me bornerai à décrire le travail du TreiUageur , en commençant par les chofes les plus fimples, & allant de fuite jufqu'aux plus compofées , dont je ne donnerai des exemples qu'autant qu'ils feront applicables à la pratique , les préceptes étant plus nécelTaires ici que les exemples , qui varient fuivant les différents befoins , les ouvrages de Treillages n'étant pas des ouvrages ds modes , ou aifujétis à une certaine forme & grandeur , comme les Voitures & les Meubles , dont il a fallu donner abfolument des exemples de toutes les efpeces, ce que je n'ai pas fait à la Menuiferie de bâtiment & à l'Ebénifterie, dont je n'ai donné que des règles générales applicables à des cas particuliers , ces fortes d'ouvrages étant dans le même cas que le Treillage. Au refte , je fui- vrai toujours ma méthode ordinaire , c'eft-à-dire , que j'infifterai toujours fur la néceflité où font les Ouvriers en général , d'acquérir non-feulement les connoilTances néceffaires & relatives à leur état , mais encore celles qui y font accefibires , & à les perfuader , s'il eft poffible , qu'ils n'en ont jamais afièz acquis, & qu'en tout genre la demi-fcience eft plus à craindre que l'igno- Ï040 L'ART DU TREILLAGEUR. Chap. I. rance parfaice , puifcju'on ne fauroit fe flatter de connoître ce qu'on ignore abfolument , & par conféquent en tirer vanité. PuifTe mon travail & les réfle- xions , qui en font le fruit , être utiles à mes Confrères .' Je ne dis pas à tous, mais à quelques-uns ; je ferai trop payé fî ja puis avoir infpiré à un petit nombre , le défir d'atteindre à la perfe£lion dont j'ai eflàyé de leur tracer le chemin , & lî j'en ai alTez occupé d'autres pour les diftraire des occupations capables de nuire à leurs mœurs ou à leurs intérêts ; fefpece d'étude que je recommande ici ne pouvant qu'être utile à la conlèrvation & même à la per- feélion des mœurs des hommes qui , par état , font obligés de travailler la plus grande partie du temps pour fe procurer les moyens de vivre. CHAPITRE PREMIER. Notions Elémentaires des principes d' Architecture ÔC de l'Art du Trait , dont la connoijfance eft abfolument nécejfaire aux Treillageurs. Comme l'Art dont je fais ici la delcription a plus pour objet la déco- ration que la conftruâion , & que les Ordres d'Architeâure & les diiféren- tes parties qui y font relatives , entrent pour beaucoup dans la décoration des Treillages, qui, pour la plupart , imitent les ouvrages de cet Art , j'ai cru ne pouvoir pas me difpenfer de donner ici quelques notions élémentaires , non- feulement des trois Ordres Grecs , mais encore des différentes parties dArchi- tefture , qui , avec ces mêmes Ordres , entrent dans la compofition des faça- des , comme les foubalfements , les attiques , les frontons , les amortiffements , les baluftrades , les croifées , les portes , & les niches , les figures , trophées , vafes , caffolettes , &c. dont je donnerai les proportions relativement à la gran-. deur de chacune de ces différentes parties , & à celles des Ordres d'Archi- tefture qu'elles accompagnent ou qu'elles font fuppofées accompagner, y ayant des occafions où les Ordres font fupprimés dans la décoration des façades , comme je le dirai en fon lieu. Ces notions d'Architeflure font d'autant plus néceflaires ici , que les Treillageurs ne peuvent abfolument pas s'en paffer , & qu'ils ne les trouveront pas ainfi raffemblées dans aucun des livres d'Architec- ture connus fous le nom de VignoU, qui ne traitent même qu'alfez imparfai- tement des Ordres proprement dits ; de plus , les principes d'Architeélure que je raffemble ici , ne fe trouvent qu'épars ou vaguement décrits dans di- vers Ouvrages d'ArchiteiSlure inconnus aux Ouvriers , ou trop chers pour qu'ils putffent en faire facquifition : c'eft, à ce que je crois , un double fèrvice que je leur rendrai en leur épargnant une dépenfe très-confidérable , & le temps Ssct. I. Des trois Ordres Grées ; de leurs pràporàons , '&c. TOi^ï temps que leur coûteroit une longue & férieufe étude des principes d'Ar- chiteâure relativement à la décoration , vu que le plus grand nombre des Ouvriers n'eft pas à la portée de faire ces deux fortes de dépenfes , qui font , autant l'une que l'autre, au-deffus de leurs pouvoirs; les jeunes gens fur- tout , quoiqu'avec toute la bon:ie volonté pofl'ible , n'ayant pas , ainfi que moi , le bonheur de trouver des Maîtres qui veuillent fe charger gratuitement du foin de les inftruire. Ce font les mêmes raifons qui m'ont engagé à donner auffi quelques notion de l'Art du Trait , ncceflaires aux TreiUageurs , lefqucls n'ont pas befoin d'un Traité complet de cet Art , mais feulement des parties de ce dernier qui en- trent dans la compoiîtion , ou , pour mieux dire , dans la conftruétion de leurs ouvrages ; c'eft pourquoi je ne ferai que donner la manière de tracer les diffé- rentes courbes , foit d'arêtes ou autres , & de tracer les développements des furfaces , le tout confidéré comme axiome & fans aucune efpece de démonA tration, afin de ne point répéter ce que j'ai déjà dit dans le courant de mon Art du Menuifier , fur-tout à la partie qui a pour objet l'Art du Trait , à laquelle on pourra d'ailleurs avoir recours , fuppofé qu'on voulût faire une étude plus particulière de cette Science ; ce qui, quoique très-louable, n'eft cependant pas abfolument nécefTaire aux TreiUageurs , du moins à ceux qui ne veulent acquérir que les connoifïànces relatives & utiles à leur état. Section Première. Des trois Ordres Grées ; de leurs proportions & dhvifwns générales. Les trois Ordres d'Architeaure Grecque dont je vais faire la defcription ,• . font le Dorique , %. 7 , l'Ionique ,jîo-. 8 , & le Corinthien ,fig. p , qui tous Planche trois différent l'un de l'autre , non-feulement par le rapport du diamètre du fût de leurs colonnes avec la hauteur de ce même fût (ce qui eft le vrai caraélere diftinâif d'un Ordre ) , mais encore par la forme de leurs chapiteaux le nombre & la richeffe des membres de moulures qui accompagnent ces Ordres, ou les parties qui leur font acceffbires (*). Je n'entrerai ici dans aucun détail touchant la partie hiftorique des Or- dres d'Architeaure , ni fur les rapports que chacun d'eux a avec la forme humaine, prife en différents fexes & en différents âges, ces rapports étant (*) Si je ne parle ici que des trois Ordres Grecs, c'ell que deux raifons m'y obiigenr; la première Se la plus elTentielle efi , que comme les ouvrages de Treillage font toujours d'une certaine richelfe , tSc que leur conftruâion an- nonce beaucoup de léj;éreté , il ne feroit pas raifonnable d'y employer un Ordre d'une ex- preffion ruftique , tel que l'Ordre Tofcan ; l'Or- are Dorique étant même encore d'un caraderc un peu ferme pour être employé dans les ou- vrages de Treillage fufceptiblcs de quelque rriagnificence. La féconde railbn , c'eft que des cinq Ordres qu'on connoîr en Architedure, ii n'y a que les trois Ordres Grecs , qui méritenc ce nom, renfermant en eux trois les expredions folides, moyennes iS: délicates qui font les vrais termes de la nature , dont elle ne s'écarte jamais que par bizarrerie ou accident , mais fans aucune apparence de néceflité, TrEILLAGEUR, K 13. I042 L'ART DU TREILLJGEUR, Chap. 1. peut-être plus ingénieux qu'ils ne font vrais : je me bornerai donc feulement à repréfenter ces mêmes Ordres félon l'opinion de Vignole , qui eft celui des Commentateurs de Vitruve qui eft le plus généralement fuivi en France , & cela à quelques changements près , lefquels ont paru nécelTaires aux Maîtres de l'Art , dont je me fais un devoir de fiiivre les opinions , qui peuvent & même doivent fervir de préceptes , lorfquelles font fondées fur de bons princi- pes. Avant d'entrer dans le détail de chacun des Ordres , je vais donner la manière de faire la divifion générale & particulière de ces mêmes Ordres , & le nom des principales parties dont ils font compofés , afin d'abréger autant qu'il fera poffible les détails particuliers. Un Ordre d'Architeélure quelconque , eft compofé de trois parties prin- cipales ; favoir, l'entablement A , fig. 6, la colonne B , Se le piedeftal C : chacune de ces parties fe divife en trois parties; favoir , pour l'entablement la corniche a , la frife b , & l'architrave c ; pour la colonne , le chapiteau d , le fût e , & la bafe f ; & pour le piedeftal enfin , la corniche g , le dé ou focle h , cScla plinthe i. Chacune de ces fécondes divifions fe fubdivife en parties , qui prennent différents noms ; favoir , pour la corniche , une ci- maife fupérieure a , qui eft une partie toujours ornée de moulures ; un larmier b , qui eft une partie toujours lilTe & faillante , dont le deflbus fe nomme /offite , laquelle partie eft toujours placée entre deux cimaifes ou par- ties compofées de moulures qui prennent différents noms , comme je le dirai ci-après ; un autre larmier c , nommé larmier mutulaire , denuculaire , ou modillonnaire , félon qu'il porte des mutules , des denticules, ou des modillons, & une cimaife inférieure ou encorbellement. Toutes les corniches n'ont pas , ainfi que celle-ci , deux cimaifes & deux larmiers: il y en a qui ont trois cimaifes & deux larmiers, comme celle de l'Ordre Ionique ; d'autres trois cimaifes & trois larmiers , comme à l'Ordre Corinthien ; d'autres , moins de cimaifes ou de larmiers : mais de quelque ma- nière qu'elles foient compofées , elles ne peuvent pas avoir moins de deux cimaifes & d'un larmier, & toujours ce dernier placé entre deux cimaifes, pour faire un repos , & par conféquent empêcher la confufion que produiroienc plufieurs cimaifes placées au-de(fus les unes des autres. Par la même raifon il ne faut pas non plus placer deux larmiers au delfus l'un de l'autre , fans une cimaifè entre deux , ou du moins un petit membre de moulure , comme à l'Ordre Dorique , 7 j lequel eft repréfenté en ma(fe , fig. 6. Les cimaifes font ordinairement compofées de plufieurs moulures ; & quand il n'y en a qu'une , il faut toujours qu'elle foit accompagnée d'un filet , foit en-delTus ou en-deilous, pour la dégager d'avec les larmiers. Je viens de dire que la cimaife inférieure fe nommoit aulTi encorbellement ; lorfqu'il y aura trois cimaifes à une corniche , on nommera celle du milieu encorbellement fiipérieur , & celle du bas encorbellement inférieur ; & oij ne Sect. I. Des trois Ordres Grecs ; de leurs proportions, &€. 1045 donnera le nom de Cimalfe, qu'à celle qui couronne tout l'ouvrage , ainfique ce nom femble l'indiquer. Planche Les frifes des entablements font ordinairement lifTcs & droites fur leurs ^^^* faces ; cependant quelques Architeâcs les ont fait bombées comme la courbe " P ' fig- ^ > °" plu^ °" moins que cette dernière , ce qui ne me paroît pas fore néceflaire , ce bombage ne pouvant guère avoir lieu que quand on réferve des maffes pour être taillées d'ornements qui doivent être appliqués fur la frife , & non pas pris aux dépens de là furface. L'architrave eft compofée de plufieurs membres méplats , nommés faces , lefquels font en fiillie les uns au-de/Tus des autres , comme à l'Ordre Ionique , Jig. 8, ou féparés par de petites moulures, comme au Corinthien, jig. 9. Ces facettes font toujours couronnées par une partie faillante , foit un lifteau , comme à l'Ordre Dorique, fig. 7 , ou une cimaife , comme aux Ordres Ionique & Corinthien , ^jJ. 8 (& <j. Le chapiteau eft compofé de trois parties , du moins dans l'Ordre Dorique ; favoir , l'abaque ou tailloir , qui eft toujours d'une forme quarrée par foa plan, l'ove ou /cAi/!^ , qui fuit le plan de la colonne, (ces parties font toutes deux en malfe dans la fig. 6 , cote e,) & le gorgerin d , lequel eft ordinaire- ment lifFe & femble être une continuation du fût de la colonne , dont il eil féparé par Faftragale f , qui , dans tous les cas , eft compofé d'un demi- lond, ou, pour mieux dire, d'un boudin & d'un filet au-dcffous. Les chapi- teaux des Ordres Ionique & Corinthien différent de celui dont je parle ici , comme on peut le voir aux fig. ^ & ^ ; mais je n'expliquerai cette différence qu'en faifant le détail de ces mêmes chapiteaux plus en grand , parce qu'ils demandent une étude toute particulière. Les bafes des colonnes font compofées d'une partie ornée de moulures/, f.g. 6 , lefquelles fuivent le contour du plan de la colonne , & d'une plintha m , qui eft toujours d'une forme quarrée par fon plan. En général , les entablements & les piedeftaux ont une hauteur propor- tionnée à celle de la colonne , dont le diamètre eft plus ou moins confidé- rjible , félon l'expreffion folide , moyenne ou délicate de l'Ordre. La hauteur des piedeftaux eft ordinairement le tiers de celle de la colonne , & jamais moins que le quart. Celle des entablements eft toujours le quart de la hauteur de la colonne , quoiqu'il y ait des Architeéles qui ne leur ayenc donné que le cinquième , ce qui les rend trop petits , proportion gardée avec la hauteur & le diamètre de la colonne; c'eft pourquoi quand oTi veut di- minuer la hauteur des entablements , il faut feulement réduire cette hauteur entre le cinquième & le quart , & cela dans le cas feulement où l'on craiji- droit que l'entablement ne parût lourd proportionnellement avec les autres parties qui l'accompagnent. Quand on veut mettre un Ordre d'Archite6lure quelconque en proportion j Ï044 L'ART DU TREILLAGEUR, Chap. L ^ que fa hauteur , y compris celle de fon entablement & de fon piedeftal > Planche eft donnée, on divife toute cette liauteur en dix-neuf parties égales , dont quatre fervent pour la hauteur du piedeftal , douze pour celle de la colonne, ( dont quatre eft le tiers ) , & trois pour celle de l'entablement , qui fe trouvé par ce moyen le quart de la colonne , puifque 3 eft à 12 , comme r eft à 4. Si la hauteur d'un Ordre étoit donnée , & qu'on ne voulût point y faire de piedeftal , on diviferoit cette hauteur en cinq parties égales , dont une fer- Viroit pour la hauteur de l'entablement. Foyei la fg. 6 , où j'ai fait ces deux diviCons fur le côté, pour les rendre plus fenfibles. Si dans une hauteur donnée , on vouloir avoir la colonne & fon piedeftal fans entablement , on diviferoit toute cette hauteur en quatre parties égales , dont une feroit pour le piedeftal , & les trois autres pour la colonne , ce qui ne fouffre aucune difficulté, & eft , je crois, très-aifé à concevoir. • La hauteur de la colonne étant bornée , comme je viens de l'enfeigner , refte à déterminer la largeur de fon diamètre , ce qui fe fait de la manière lliivante. On commence d'abord par fe rendre compte fi la colonne dont on veut déterminer le diamètre , doit être d'Ordre Dorique , Ionique ou Corinthien , afin de lui donner un diamètre plus ou moins fort, relativement à l'expreffion de ces Ordres ; enfuite on divife toute la hauteur de la colonne en feize par- ties égales, dont deux donnent la largeur du diamètre pourfOrdre Dorique, en 18 pour l'Ordre Ionique , & en 20 pour l'Ordre Corinthien ; de forte que le diamètre du premier eft à fa hauteur , comme i eft à 8 ; celui du fécond , comme i eft à 9 ; & celui du troifieme , comme i eft à 10. Cette proportion des colonnes des trois Ordres Grecs , eft celle qui a été la plus conftamment fuivie depuis que ees Ordres ont été portés à leur perfeûion ; & c'eft , comme je l'ai déjà dit , le vrai caraaere diftinâif de chacun d'eux , plutôt que la forme & les ornements de leurs bafes & chapiteaux , ainfi que des divers membres dont leurs entablements font compofés. Voye^ les fig. 7 , 8 & 9 , où font marquées les diviCons de la colonne , ainfi que je viens de l'expliquer. Chacune de ces divifions fe nomme moiule ; & ces modules fervent d'échelles fur lefquelles on prend la mefure des différentes parties qui ornent foit la colonne , fon piedeftal ou fon entablement : chaque module eft divifé en plufieurs parties égales ; favoir, celui de l'Ordre Dorique en 12 , & ceux des Ordres Ionique & Corinthien en 18 , pour faciliter le détail des parties qui fon: plus petites à ces Ordres qu'au Dorique, & pour, autant qu'il eft polfible, éviter les fraaions. C'eft pour cette même raifon qu'il y a des Architeâes qui ont divifé leurs modules en 30 ; cependant la divifion en 18 eft la plus géné- ralement fuivie , & c'eft celle de Vignole, dont j'ai fuiyi l'opinion dans les trois Ordres repréfentés dans cette Planche. Ces SeCT. I. Des (rois Ordres Grecs; de leurs proportions 104^ Ces Ordres font ou colonnes ou pilaftres; les colonnes font des cylindres parallèles jufqu'au riers inférieur de leur fût, &qui diminuentde diamètre jufqu a Pi-anche leur extrémité fupérieure ( comme je l'expliquerai ci-après ) , lefquels cylin- dres doivent toujours être ifolés , du moins autant qu'il eft poflibie. Les pilaf- tres , au contraire , font des prifmes d'une forme quarrée par leur plan , d'une largeur égale dans toute leur hauteur , & qui ne font jamais ifolés , mais au contraire engagés dans des corps d'Architeélure fur lefquels ils ne failliffent que d'un lixieme de leur diamètre , ou d'un quart tout au plus. La diminution du diamètre des colonnes eft d'un fixieme de ce même diamètre , & cela à tous les Ordres. Cette diminution fe fait, comme je viens de le dire , depuis le tiers inférieur du fût , indiqué par la ligne h , fig. 6 , jufqu'au deffus de l'aftragale , & cela non pas par une ligne droite , mais par une courbe dont les différents points font donnés de la manière fuivante. Au tiers inférieur de la colonne, indiqué par la ligne horizontale a b, fig. 10, on trace le demi-cerle aqh; enfuite le diamètre fupérieur étant déterminé , com- me celui du pointe, on abailîe la perpendiculaire c /■, laquelle coupe le demi-cercle au point 6 ; enfuite on divife l'arc de cercle , compris depuis a , jufqu'à 6 , en autant de parties égales qu'on le juge à propos : on divife de même la partie fupérieure du fût de la colonne en un même nombre de parties égales ; & par ces divifions on fait palfer les lignes horizontales efi, g h, l l,mn à. 0 p , auxquelles on mené autant de perpendiculaires éle- vées des points de divifions de l'arc de cercle qui leur font correfpondants ; favoir , du point y , à la ligne e /; de celui 4 , à celle g k; du point 3 , à celle i / ; du point 2 , à celle m « ; & de celui i , à la ligne 0 p ; puis par les points a , o , m, i, g, e Sc c , on fait palfer une ligne qui eft la courbe demandée. Il y a une autre manière de tracer la courbure de la diminution des colonnes, qui {è fait ainfi qu'il fuit. Les diamètres fupérieurs & inférieurs étant donnés comme dans hfi(r. 10 , on prend avec un compas la diftance s h , qu'on porte de d en r , fur l'axe de la colonne ; & par ces deux points on fait palier une ligne qu'on prolonge jufqu'à ce qu'elle rencontre la ligne horizontale du diamètre inférieur ab auffi prolongée au point u , duquel point , comme centre , on fait partir au- tant de lignes qui traverfent le fût fupérieur de la colonne à la rencontre de l'axe , de laquelle on porte fur ces lignes la diftance s b , o\x celle i d , ce qui eft la même chofe , comme , par exemple , de x z y , 8c ds i a & , Sc ainfi des autres ; puis par chacun de ces points & celui b , on fait pafi"er la courbe demandée. Si on vouloir que la colonne diminuât du bas , on fe ferviroit de la même opération , ainfi qu'on peut le voir dans cette figure , en obfervant toutefois Treillagevr. L 1045 L'ART DU TREILLA6EUR, Chap. I. que fi le diamea-e inférieur étoic borné , comme il arrive prefque toujours , le centre u , ne pourroit plus fervir que par Iiazard , & qu'il pourroit s'en trou- ver un autre plus près ou plus loin que ce dernier , en raifon du plus ou du moins de différence du diamètre inférieur avec le vrai diamètre a b. La manière de trou- ver le centre de la diminution inférieure de la colonne , eft la même que pour la diminution du diamètre fupérieur ; c'eft pourquoi je n'en parlerai pas davantage. La diminution inférieure des colonnes , quoique mife en ufagepar beaucoup d'Architeéles , ne doit point être imitée , à moins qu'on n'ait de fortes raifons pour le faire , comme je le dirai ci-après ; & je n'en parle ici que pour ter- miner tout de fuite ce qui a rapport à cette partie. Il faut faire attention que la colonne, fig. 10, eft très-courte pour fa groflèur , & fes deux diamètres E F très-diftérents l'un de l'autre ; ce que j'ai fait pour faciliter l'intelligencb du difcours , & l'exécution des opérations, lefquelles eufTent été moins fenfibles , & fe fuffènt même confondues fi je les eulTe faites fur une colonne proportionnée comme celle de la_/?D-. 6. En général, il faut que toutes les parties qui couronnent les colonnes , comme les entablements & les focles D , fig. 6 , qui les furmontent quelque- fois , tombent bien à-plomb du fût fupérieur de la colonne , comme l'indique la ligne ij r, & que toutes celles qui leur fervent de fupport , comme les piedeftaux , les foubalTements , &c , tombent à-plomb du nud de la plinthe de leur bafe , comme de sa. r; à l'exception que quand les piedeftaux font convertis en focles , c'eft-à-dire, que l'on a ftipprimé la corniche & la plin- the du piedeftal , il faut que la partie du dé qui refte liflè ( & qui alors fe nomme ficle ) , failliftè le nud de la bafe d'une à deux parties , comme l'in- dique la ligne u x. Le deffus des entablements fe termine ordinairement par une ligne droite ; cependant il eft bon d'y obferver un petit glacis n , nommé reverdeau , lequel ne doit point faire partie de l'entablement , mais être pris aux dépens du focle , comme je l'ai obfervé ici ,Jig. 6. J'ai donné ci-deffiis la manière de faire la divifion des Ordres , leur hau- teur totale étant donnée : s'il arrivoit au contraire que ce fût le diamètre de la colonne qui fût donné , on feroit l'opération à l'inverfe de la première , c'eft-à-dire , qu'après avoir fait le choix de l'Ordre, & une échelle de modules fur le diamètre donné , on chercheroit , pour la hauteur du piedeftal , le nom- bre qui eft le tiers de celui de la hauteur de la colonne, qui étant de 16 modules à l'Ordre Dorique , par exemple , on trouve ^ modules & 4 par- ties de modules qui , multipliés par 3 , égalent 16 : on a de même la hauteur de l'entablement , en prenant pour le même Ordre le quart de 16, qui eft 4 , & ainfi des autres Ordres, à proportion du rapport de leur hauteur avec leur diamètre , ce qui eft fort aifé à comprendre. Sect. I. Des trois Ordres Grecs; de leurs proportions, éc. IO47 S'il arrivoi: que les piedeftaiix fullent d'une proportion moyenne, comme, par exemple , entre le tiers & le quart de la hauteur de la colonne , on pren- droit les deux fommes de ces différentes proportions, qu'on additionneroit en- femble , & dont la moitié du produit donneroit la hauteur demandée : ainfi de même pour les entablements & toute autre partie moyenne proportionnelle arithmétique encre deux grandeurs données. Il arrive fouvent , & même prefque toujours , qu'il y a deux échelles difFé-' rentes dans un deffin d'Architeâure ; favoir , une échelle de modules pro- pre à régler les diftérentes parties de l'Ordre d'ArchiteClure ; l'autre échelle , qui repréfente foit des pieds ou des toifes fervant à faire connoîcre les diffé- rents rapports que cette même Architeéfurea avec la grandeur humaine & les mefures connues , comme les toifes, les pieds, &c. Ces deux fortes d'échelles embarraffjnt beaucoup les Commençants , qui ont peine à bien entendre à quoi elles peuvent être utiles ; cependant pour peu qu'ils veuillent y faire attention , ils doivent fentir que f échelle de modules ne peut fervir que pour mettre en proportion les diftérentes parties d'un Ordre d'Architeélure ; & celle de toifes ou de pieds à leur rendre compte de la gran- deur qu'auroient ces mêmes Ordres s'ils étoient exécutés , puifqu'il efi: indiffé- rent , par rapport à fOrdre qu'on deflîne ou qu'on exécute , que fon diamè- tre ait uiî pied ou quatre pieds , cela ne changeant rien aux dimenfions & aux proportions de ce même Ordre. Voilà tout ce qui concerne la proportion & la difpofition générale des Or- dres d'Architeâure : refte maintenant à décrire chacun de ces mêmes Ordres , & à en donner les proportions , ce qui fera l'objet du Paragraphe fuivant. §. î. Defcripiion des trois Ordres Grecs ; leurs proportions & divijions pariLCulieres. L'Ordre Dorique, repréfenté jig. 7, eft le plus ancien des Ordres * d'Architeâure , & celui dont l'exprefllon annonce le plus de folidité , le rapport du diamètre de fi colonne étant à fa liauteur comme i efl à 8. Cet Ordre eft auffi le plus fufceptible de régularité par rapport aux ornements de là frife , lefqueis , joints aux mutules de fa corniche, gênent beaucoup dans la diftribution des plans où on emploie cet Ordre , comme je le dirai en fon lieu. L'entablement Dorique a quatre modules de hauteur , dont la corniche occupe un module & demi, là frife un module & demi; refte un module pour la hauteur de l'architrave, laquelle eft compofée de deux faces & d'un lifteau qui les couronne , dont les proportions font cotées dans la fig. 7. La frife eft ornée de triglyphes , lefqueis ont douze parties de largeur Si une de faillie , & ils font creufés de deux canaux & deux demi-canaux , de manière qu'ils lailfent autant de plein comme ils occupent de vuide. Planche 338. ¥ 1048 L'ART DU TREI LLJGEUK, Chap. I. „ Le milieu des triglyphes doi: tomber à-plomb de l'axe de la colonne , & la Planche diftance qui eft entre deux triglyphes , laquelle eft nomniiée viétope , doit 3^^- être égale à la hauteur delà frifè, & cela dans tous les cas, ce qui oblige d'y faire quelques changements iorfqu'on accouple deux colonnes , comme je l'expliquerai ci-après. Au-deffous du lifteau de l'architrave, & à l'à-plomb des triglyphes font placées fix gouttes, dont le milieu répond à l'arête de chaque lifteau du triglyphe, & elles font féparées de celui de l architrave par un filet d'une demi -partie de largeur; de forte qu'elles ont une partie & demie de hauteur fur à-peu-près deux parties de largeur , moins le jeu qui doit être entre chacune , pour qu'elles ne fe pénétrent pas. Les gouttes font d'une forme reftangulaire par leur plan ; cependant il y a des Architeâies qui les ont fait rondes , ce qui eft peut-être plus conforme avec leur étymologie. La cimaife inférieure ou encorbellement , a quatre parties & demie de hauteur : elle eft compofée d'un quart de rond de deux parties de haut , d'un filet & d'un lifteau auffi de deux parties de hauteur , qui fait relTaut fur chaque triglife , fur lequel il eft en faillie d'une demi-p. rtie , tant fur la face que fur chaque côté. Cette faillie du lifteau fe nomme chapiteau triglyphe. La faillie de toute la cimaife inférieure eft de quatre parties & demie , y compris la dem.i-partie de faillie que le larmier mutulaire fait fur le quart de rond , qui a deux parties de faillie , ainfi que de hauteur (*). Le larmier mutulaire a quatre parties & demie de hauteur , y compris une partie pour la hauteur du talon qui le couronne , ainfi que le mutule ou mo- dillon plat. Les mutules ont treize parties de largeur & de faillie , & leur axe doit tomber à-plomb de celui de chaque triglyphe : le larmier fupérieur a trois parties & demie de hauteur , & vingt parties de faillie , prifes du nud de l'entablement, ce qui fait qu'il refte un petit champ liffe d'une partie & demie de largeur du devant du larmier au devant du talon qui couronne le mutule , lequel champ doit tourner au pourtour de tous les compartiments du plafond ou foffite du larmier repréfenté en plan fig. II , cote H, La cimaife eft compofée d'un lifteau , d'une doucine , d'un filet & d'un talon, & a cinq parties & demie de hauteur ; favoir , une partie pour le lifteau , trois parties pour la doucine , une demi-partie pour le filet , & une partie pour le talon , fa faillie eft de quatre parties , dont trois pour la doucine , & l'autre pour le talon & le filet. (*) Je ne faurois me difpenfcr de donner ici les mefures, tant de hauteur que de faillie , des parties de détail des Ordres donc je fais la defcription , vn qu'étant delfinées dans cette Planche {tit un petit module, il n'ell paspoffible de les coter aulh exaftement qu'on pourroit le fouhailer 3 6i que je n'ai pas voulu faire les développements plus en grand, afin de ne pas multiplier les figures , & par conféquent les Planches ; cette partie , quoique trcs-néceffaire ici, n'étant cependant pas le principal objet de cet ouvrage , c'efl ce qui m'a fait préférer une explication un peu plus longue , à la multiplicité des ligures. II SecT. I. Defiriptlon des trois Ordres Grecs; leurs proportions, êc. 104^ 11 y a encore un autre entablement Dorique fig. 2 , qui diifere de celui dont je viens de faire la defcription , en ce qu'il n'a pas , comme celui-ci , des P^^c^ mutules , mais au contraire des denticules d, d , dont la hauteur eft à la lar* geur comme 3 eft à 2 ; la diftance qu'il y a entre elles doit être la moitié , dc^cette même largeur, à laquelle leur ûiUie doit être égale, de manière , qu'elles font quarrées par leurs plans , ce qui eft général pour toutes les den- ticules , à mohis que quelque raifon n'oblige de les difpofer autrement. Cet entablement diffire encore de l'autre , en ce qu'il n'a qu'une face à fon architrave, & que les moulures qui compofent les cimaifes de fa corniche, font d'un autre profil , quoique dans les m.êmes grandeurs. Voye^ la fig. a , qui eft cotée le plus exaftemcnt poffible. ^ Le chapiteau Dorique ,fig.-j,^xxn module de hauteur , & eft divifé en trois parties égales, dont une eft pour le gorgerin , l'autre pour i'efchine , & l'autre pour le tailloir , qui eft couronné par un talon & un filet d'une partie & demie de hauteur les deux enfemble , refte deux parties & demie pour la partie liffe du tailloir. L'efchine eft compofée d'un quart de rond de deux parties & demie de hauteur , d'une baguette d'une partie & d'un filet d'une demi-partie , ce qui fait en tout quatre parties. La faillie du chapiteau eft de cinq parties , prife du nud de la colonne , ce qui , joint à drx parties de la mo,t.é de fon fût fupérieur , fait en tout quinze parties depuis l'axe delà colonne jufqu'au nud de la faillie du chapiteau. L'aftragale qui eft pris aux dépens du fût de la colonne, a une partie & demie de hauteur, y compris fon filet quia une demi-partie fur trois-quarts de partie de faillie, qui eft la moitié de la faillie totale de l'aftragale, qui n'en a en tout qu'une partie & demie. La bafe Dorique a un module de haut en tout , dont la moitié eft occupée par la plinthe; refte fix parties, dont quatre pour le tore, un & un quart pour la baguette , & trois-quarts pour le filet, ce qui fait mieux que de faire ce dernier d'une hauteur égale à celle de la baguette , qui alors devient trop petite , comparaifon faite avec le tore , & même avec le filet ; la faillie de la bafe eft de cinq parties , prife du nud de la colonne. Vojei la fig. 13 de la Plan- che 339, où j'ai deffiné cette bafe, ainfi que celles Ionique & Corinthienne, fur une échelle beaucoup plus grande que celle des figures de cette Planche' La corniche du piedeftal Dorique a fix parties de hauteur, non compris le revers-d'eau d'une partie de haut, & elle eft compofée de deux cimaifes &d'un larmier. La cimaife fupérieure eft un filet d'une demi partie, & un talon d'une partie , ce qui fait en tout une partie & demie. Le larmier a deux parties & demie de haut , & eft refouillé en-deffous fur la largeur de deux parties & demie du devant du larmier au-devant du filet qui couronne la cimaife infé- rieure , laquelle eft compofée d'un quart de rond d'une partie & demie de haut , & d'un filet en-deffous d'une demi-partie. TrEJLLAGEI/R. jyjj,^ 10^0 L'ART DU TREILLAGEUR, Chap. I. '■ - La plinthe du piedeftal a neuf parties de hauteur , dont le focle en occupe Planche fix , les trois autres étant pour le filet & le talon renverfé : toute la faillie ' de cette plinthe eft de trois parties. Quand on orne le dé du piedeftal Dorique d'une table, ainfi que dans cette jig. 7 , on donne quatre parties de largeur au champ , une partie & demie de largeur au ravalement qui règne entre le champ & la table , laquelle doit défaffleurer d'une demi-partie en faillie fur le nud des champs , comme on peut le voir dans la fig. 6. Je ne parlerai pas ici des ornements dont l'Ordre Dorique peut être fut- ceptible , réfervant à le faire après la defcription des deux autres Ordres Grecs. L'Ordre Ionique, repréfenté ^g. 8 , nommé aulTi Ordre moyen, à caufe qu'il tient le milieu entre le Dorique & le Corinthien , ell celui dont on fait le plus d'ufage dans les ouvrages de Treillage , parce qu'il eft moins fufcepti- ble de régularité dans la diftribution des plans , qu'on peut varier autant qu on le juge à propos , fon entablement peu faillant & pour l'ordinaire denticu- laire , ne gênant en aucune manière dans la compofition de ces mêmes plans. Cet Ordre a auifi l'avantage d'être d'une exprelFion plus élég:inte & moins folide que le Dorique, ce qui contribue beaucoup à le rendre propre aux ouvrages du Treillage. L'entablement Ionique a quatre modules & demi de hauteur , dont un module & un quart pour l'architrave , un module & demi pour la frifè , & un module trois quarts pour la corniche , qui eft compofée de trois cimaifes & de deux larmiers , dont un eft denticulaire ; la cimaife fupérieure a neuf parties de hauteur ; favoir , une partie & demie pour le lifteau , cinq parties pour la doucine , une demi-partie pour le filet , & deux parties pour le talon. Le larmier fupérieur a fix parties de hauteur, & eft refouillé en-deffbus, comme on peut le voir à la fig. la , cote L , qui repréfente le plafond de la corniche Ionique vue en-deffous. L'encorbellement fupérieur ou cimailè intermédiaire a cinq parties & demie de hauteur; favoir, quatre pour le quart de rond , une pour la baguette, & une demie pour le filet. Le larmier denticulaire a fept parties de hauteur , dont les denticules en occupent fix ; refte une qui forme un filet fervant à couronner l'encorbelle- ment inférieur , qui a quatre parties de hauteur , & à le féparer d'avec les den- ticules , qui ont quatre parties de largeur & de (àiUie , & deux parties d'ef- pace entre elles. On doit obferver qu'il faut , autant qu'il eft pofllble , qu'il y ait une denti- cule à là-plomb de l'axe de chaque colonne , & que dans les angles rentrants il fe trouve un efpace entre les deux denticules angulaires , ce qui fait , ce me fcmble , mieux que de faire approcher les deux denticules l'une contre l'autre , comme beaucoup d'Architeéles l'ont pratiqué. La faillie de la corniche Ionique eft égale à fa hauteur , ce qui fait trente- Sect. I. §. I. Dcfinpdon des trois Ordres Grecs ; leurs proportions , êc. loyi une parties & demie du nud de l'entablement , dont fept & un quart pour - ia cimaife fupérieure , cinq pour l'encorbellement inférieur, quatre pour le Planche larmier denticulaire, & quatre & demie pour l'encorbellement fupérieur; refte ^^^* dix parties & trois quarts pour la faillie du larmier fupérieur. L'architrave Ionique eft coiiipofée de trois faces & d'une cimaife , laquelle a quatre parties & demie de hauteur , y compris fon lifleau d'une partie & demie; la première face a fept parties & demie de hauteur , ou , pour mieux dire, de largeur; la féconde £x parties, & la troifieme , quatre & demie; ce qui fait en tout vingt-deux parties & demie , qui eft la hauteur totale de l'architrave , dont la faillie eft de cinq parties en tout. La corniche Ionique fe fait quelquefois modiUonaire , comme celle de l'en- tablement , _fig. S, ce qui ne change rien aux dimenlions principales de cet entablement, non plus qu'aux membres fupérieurs de la corniclie , qui font les mêmes qu'à l'autre entablement , excepté que le larmier fupérieur eft plus haut d'une partie qu'à ce dernier, ce qui fait d'autant mieux que l'enta- blement dont je parle eft d'une expreffion plus ferme qu'à l'autre , où le larmier eft déjà un peu petit. Les modiUons fe diftribuent ordinairement de ma- nière qu'il s'en trouve un dont le milieu réponde à l'axe de la colonne , & l'autre à l'angle du profil, & la diftance qu'il y a de l'axe de la co- lonne à cet angle , détermine la largeur des modiUons , qui doit être à-peu- près la moitié de l'efpace qu'il y a d'un modillon à l'autre , ce qui donne à- peu-près fept parties de largeur pour les modiUons de cet entablement, & quatorze parties pour l'efpace qui doit être entre deux. Je dis à-peu-près, parce qu'il n'y a que vingt-quatre parties depuis l'axe de la colonne jufqu'à l'angle du larmier modiUonaire , qui , divifées par fept, ne donnent pas tout à fait trois parties & demie au quotient , s'en manquant à peu de chofe près d'un demi-tiers de partie. La largeur du modillon dont je parle ■ doit^être à fa longueur ou faillie (ce qui eft la même chofe ), comme 2 eft à 3 , ce qui fait à peu de chofe près dix parties & demie : on le taille en doucine en-defl-ous pour le rendre plus léger, & on affede même quelque- fois de le diminuer de hauteur fur le devant pour en augmenter la légèreté , comme je l'ai obfervé à la fig. 3. Ces deux entablements Ioniques ne doivent pas s'employer indifférem- ment , mais au contraire avec beaucoup de réflexion , afin qu'ils foient par- faitement en rapport avec tout l'enfemble de la partie qu'ils couronnent. Le chapiteau de la colonne Ionique a à-peu-près un module de hauteur, & eft remarquable à caufe de fes volutes contournées. Il y a diverfes fortes de chapiteaux Ioniques , les uns , comme celui de la fig- 8, qui a le tailloir quatre & les faces dilfemblables , fe nomme antique; les autres ont des tailloirs contournés , comme celui du chapiteau Corinthien, fig. 9, Se les faces femblables. Comme ces chapiteaux font très-détaillés , je 1051 L'ART DU TREILLAGEUR, Chap. 1. remets leur explication à la Planche fuivante , dans laquelle j'ai deffiné en grand les chapiteaux Ionique , Corinthien & Compofite. La bafe que Vignole a donnée à l'Ordre Ionique , étant d'une forme abfo- lumcnt vicieufe , on a fubftitué à la place celle nommée Anique , parce qu'elle fut inventée par les Athéniens : elle a un module de hauteur , non compris le filet fupérieur , qui eft en lus d'un module , & par conféquent pris aux dépens du fût de la colonne. Comme cette bafe eft compliquée , je l'ai deffinée plus en grand dans la figure 14 de la Planche 3 39 , où je l'expliquerai comme je l'ai annoncé plus haut en parlant de la bafe Dorique. Le piedeflal de l'Ordre Ionique a fix modules de hauteur , dont onze parties pour la corniche & le revers-d'eau, & quatorze autres parties pour la plinthe. La corniche eft corapofée d'un talon d'une partie & demie de hauteur , couronné par un lifteau d'une partie, d'un larmier de trois parties de hauteur, d'une doucine formant cimaife inférieure , dont le haut fe profile dans le deffous de la faillie du larmier , d'une baguette & d'un filet. Cette cimaife inférieure a quatre parties & demie de hauteur ; favoir , deux parties & demie pour la partie apparente de la doucine , une partie & demie pour la baguette , & une demi-partie pour le filet. La faillie de cette cor- niche eft de neuf parties , dont deux pour la cimaife fupérieure, une & demie pour la baguette & le filet de la cimaife inférieure. Des quatorze parties de la bafe du piedeftal , il y en a huit pour la plinthe ; refte fix , dont une au lifteau , trois un quart à la doucine , une un quart à la baguette , & une demie au filet ; la faillie de cette bafe eft de fix parties , dont une & demie pour la baguette & le filet. Quand le focle eftorné d'une table, on donne cinq parties de largeur au champ, & deux parties Se demie tant à la moulure qu'à la plate-bande du paneau , qui doit être fimple , c'eft-à-dire , fans filet : on doit obferver que ce pa- neau ne défafl^eure pas le nud des champs, qu'il eft bon de laiiler dominer un peu fur ce dernier. L'Ordre Corinthien, repréfenté j%. 9 , eft le plus riche de tous les Or- dres , & celui dont l'expreftîoa eft la plus élégante , tant par rapport à la forme & à la quantité de fes ornements , que par la forme fvelte & élégante de fa colonne , dont le diamètre eft à la hauteur , y compris bafe & chapiteau , comme i eft à ro. L'entablement de cet Ordre a cinq modules de hauteur , dont un & demi pour l'architrave , un & demi pour la frife , & deux pour la corniche , non compris la baguette & le filet de delfous l'encorbellement inférieur, qui font pris aux dépens de la frife. La corniche Corinthienne eftcompofée de trois ciraaifes &de trois larmiers, dont un eft modillonaire , & l'autre denticulaire. La Sect. I.§.1.BeJcnption des troisOrdres Grccs',leurs proportions ,^c. 10^3 La cimaife fupérieure a huit parties de hauteur ; fiivoir , une pour le lifteau , . „ , — . cinq pour la doucine , & deux pour le talon & fon filet , qui a une demi-par- Planche tie de hauteur. Le larmier fupérieur a cinq parties de hauteur , & eft ravalé en-delTous dans les efpaces que laiU'ent les modillons , comme on peut le voir à la /îo-, 13, cote iV: ces ravalements fe nomment cajfes ou cajjeites , Se font ordinairement remplis par des rofaces d'ornements, comme je le dirai en fon lieu. Le larmier modlilonaire a huit parties de hauteur , y compris une partie & demie pour la hauteur du talon qui couronne les modillons , & une demi-par- tie qui refte du deffous de ces derniers jufqu'à l'arête du larmier ; de forte qu'il ne refte que fix parties pour la hauteur du modillon , dont je donnerai la diftribution en parlant des faillies de cette corniche , qu'il eft nécelfaire d'é- tablir auparavant, comme on a pu le voir à l'Ordre Ionique. L'encorbellement fupérieur a cinq parties & demie de hauteur ; favoir , quatre pour le quart de rond , une pour la baguette , Se une demie pour le filet. Le larmier denticulaire a fix parties & demie de hauteur , y compris une demi partie pour le filet qui refte apparent du de/Tous des denticulcs , icfquels n'ont que fix parties de hauteur. L'encorbellement inférieur a quatre parties & demie de hauteur, dont trois font pour le talon ( qui eft le feul membre de cet encorbellement qui foie pris dans la hauteur des deux modules donnés à la corniche ) , une partie à la baguette , & une demi-partie au filet. La faillie de cette corniche eft de deux modules deux parties , dont cinq pour l'encorbellement inférieur , quatre pour la faillie des denticules , quatre & demie pour la faillie de l'encorbellement fupérieur ou cimaife intermédiaire, dix-fept parties & demie pour le larmier fupérieur , & fept pour la cimaife qui le couronne. J'ai donné la manière de déterminer la largeur & la diftance des modillons, en parlant de l'entablement Ionique ,Jig. 3 ; c'eft pourquoi je ne me répéterai pas ici , où ils font difpofés de cette manière , c'eft-à-dire , qu'ils ont de largeur à-peu-près la moitié de l'efpace qui les fépare , les modillons ayant huit par- ties de largeur , & les entre-modillons feize parties & demie. La largeur des modillons Corinthiens eft la moitié de leur longueur , qui , par conféquent , eft de feize parties. Cette manière d'efpacer les modillons a deux diiKcultés ; la première eft que fi on vouloir mettre deux colonnes proches l'une de l'autre , ou les mo- dillons ne tomberoient pas à-plomb de la féconde colonne , ou s'ils y tom- boient, il faudroit néceffùrement que les chapiteaux de ces colonnes fs péné- tralfent de deux parties , les deux diftances des modillons pris de leur axe ne donnant que quarante-neuf parties , lorfqu'il en faut cinquante-une pour Trejllageur. N 13 Planche 1054 L'ART DU TREILLAGEUR, Chap. 1. ■ que les chapiteaux ne fafTent que fe joindre fans fe pénétrer , ce qu'il eft très-elTentiel d'éviter. La féconde difficulté qui réfulte de l'arrangement des modillons , tels que Virnolenous les préfente , confifte en ce que les modillons affleurant à une demi-partie près l'arête du larmier , ils interrompent la continuité du lifteau inférieur de ce même larmier , ou pour mieux dire , des calfettes qui y font fouillées , lefquelles préfentent une forme barlongue , au lieu d'être quarrée , ce qui feroit beaucoup mieux , comme on peut le remarquer à la fig. 13, cote N. Pour obvier à ces deux difficultés , je crois qu'il faudroit donner vingt-fix parties de diftance d'axe en axe à chaque modillon , c'eft-à-dire , fept parties de largeur à chacun , & dix-neuf parties d'intervalle entre deux , ce qui feroit cinquante-deux parties d'axe en axe pour accoupler les colonnes , & ce qui ; ■ feroit plus que fuffifant , puifqu'à la rigueur il ne faudroit que cinquante-une parties pour que les chapiteaux ne fe pénétraffent pas. I Ce changement dans l'arrangement des modillons, feroit très-avantageux pour pouvoir accoupler les colonnes , ainfi qu'on a pu le voir ; mais il ferviroit a iffi à rendre le plafond de la corniche plus régulier , parce qu'en donnant ; I dix-huit parties de faillie au larmier fupérieur , à compter du nud du larmier t modiUonaire , on auroit des caffettes de dix-fept parties en quarré , & les ' modillons n'auroientque quinze parties & demie de longueur en mettant une |:' partie & demie de largeur au champ des caffettes , ce qui n'eft pas beaucoup ; : plus du double de leur largeur ; proportion dont on pourroit approcher en- core de plus près, en forçant la largeur des modillons d'un quart de partie ! ' feulement , ce qui diminueroir la largeur , & par conféquent la longueur des caffettes d'une demi- partie , ainfi que le modillon, qui n'auroit plus que quinze parties de longueur. Cette manière d'arranger les modillons de la corniche Corinthienne , ne i;; change rien à fon profil , fi ce n'eft qu'elle en augmente la ftillie d'une par- tie & demie ; favoir , une partie à la portion inférieure de l'entablement, qui , au lieu de treize parties & demie , doit en avoir quatorze & demie , & une demie-partie à la faillie du larmier fupérieur, ce qui donne à cet entablement lï , deux modules trois parties & demie de faillie , au lieu de deux modules deux % parties, ce qui eft peu de chofe en comparaifon du bien qui réfulte de cet arrangement. L'architrave eft compofée de trois faces & d'une cimaife , qui a fîx parties de hauteur ; favoir , une pour fon lifteau , quatre pour le talon , & une pour 1 la baguette de deffous. ' ' La première face a fept parties de hauteur , & eft féparée de la féconde , qui n'en a que fix , par un talon de deux parties de largeur ; la dernière face a cinq parties de largeur , & eft ainfi féparée de la féconde par une baguette d'une partie de largeur : la faillie de cette architrave eft de cinq parties en tout. Sect. t. §. I. Defcnpnon des trois Ordres Grecs ; leurs proportions, êc. 105 y L'architrave Corinthienne , telle que je la reprélente ici d'après Vigiiole , eft -. . ■ un peu haute, comparaifon faite avec la frife qui eft réellement diminuée par Planche la baguette & le filet de l'encorbellement inférieur, & qui femble encore l'être davantage , du moins en apparence , par la faillie de l'architrave qui en mafque une partie , & cela plus ou moins , en raifon de l'élévation de l'Ordre, & du point de diftance d'où il eft apperçu. Ces confldérations on: fait fouhai- ter qu'on diminuât de la hauteur de l'architrave trois oïl quatre parties , afin de grandir un peu la largeur de la frife. Cette architrave ainfi diminuée , on en met les dilFérenrs membres en proportion , en faifant une échelle exprès , dont un module égale les deux tiers de la hauteur de l'architrave, ce qui eft tout naturel , puifque la hauteur totale de l'architrave en contient un & de- mi (*). Le chapiteau Corinthien eft le plus grand & le plus orné de tous ; fa hau- teur , y compris le tailloir , eft de deux modules fix parties ; l'aftragale eft pris aux dépens du fût de la colonne , comme aux autres Ordres; de manière que la colonne Corinthienne , entre bafe & chapiteau , n'eft pas plus élégante que la colonne Ionique. Je réferve pour la Planche fuivante le détail du cha- piteau Corinthien , ainfi que de fa bafe , qui eft à-pcu-près femblable à la bafe Attique, à quelques augmentations près , & dont le filet fupérieur eft tou- jours pris aux dépens de la colonne. Le piedeftal Corinthien a fix modules douze parties de hauteur, dont qua- torze parties & demie pour la corniche & fon gorgerin ; favoir , une partie pour le revers-d'eau , une partie & demie pour le talon , & une partie pour fon lifteau ; trois pour le larmier , une partie & demie pour la partie apparente de la doucine formant cimaife inférieure, une partie & demie pour la baguette de deffous avec fon filet , & cinq parties pour le gorgerin. La faillie de cette corniche eft de huit parties en tout. L'aftragale a une partie Si demie de hau- teur , & eft- pris aux dépens du focle , comme je fai déjà dit. La bafe du piedeftal a feize parties & demie de hauteur, dont huit pour la plinthe , deux & demie pour le tore , un pour le lifteau, deux & demie pour la doucine , une & demie pour la baguette , & une partie pour le filet aii- deflîis : la faillie de cette bafe eft de fix parties. Quand on orne le dé du piedeftal Corinthien d'une table entourée de raou- (*) Ce que je dis par rapport au cliangement de grandeur de l'architrave Corintiiienne , peut & doit s'appliquer à tous les entablements & pié- defiaux qu'on fera hors de la proportion ordi- naire , c'eft à-dlre , qui auront moins du quart ou du tiers de la colonne , auxquels entablementsou piededaux il faudra faire d'ancres échelles que celles qui auront fervi à mettre la colonne en proportion , ce qui eft très-aifc à faire , puif- qu'il n'y a qu'à divifer les hauteurs données en autant de modules &: de parties de modules qu'ils doivent en contenir à l'Ordre Dorique ; pac exemple , on divifera la hauteur donnée pour Tentahlement en quatre parties égales , donc chacune fera un moduleà l'Ordre Ionique; com- me l'entablement contient quatre modules & demi, on cherchera le plus grand divifeur exad de certe quantité , & combien de fois ce divi- feur eli contenu dans un module , que l'on conf- truira par ce moyen ; ainfi pour l'Ordre Ionique, on divifera toute la hauteur donnée en neuf- parties égales , dont deux feront le module de- mandé , & de même pour les autres parties où il fe uouvera des fraflions, mm lojfi L'ART DU TREILLAGEUR, Chap. I. = Jures, le cliamp du pourtour doit être de cinq parties de largeur , la moulure Planche ^ plate-bande du paneau de trois parties & demie ; ce paneau doit être orné d'un filet fur l'arête de fa plate -bande, & être renfoncé d'après le iiud des cliamps. Les trois Ordres Grecs , tels que je viens de les décrire, font les feules pro- duélions dans ce genre auxquelles on puilFe donner ce nom , & cela par rap- port à la gradation de riche/Te & d'élégance qu'on y remarque , & qui fe fait fentir jufque dans les moindres parties qui les compofent , lefquelles non- feulement font analogues à l'Ordre auquel elles font employées, mais encore font connoître , par leurs formes & par leur nombre , à chaque Ordre , un palfage prefqu'infenfible , quoique bien marqué , qui ne lailfe pas de place à des Ordres intermédiaires , tous ceux qu'on a faits jufqu'à préfent n'étant que des imitations plus ou moins imparfaites de ceux-ci , mais qui ne pourront jamais être des Ordres , puifqu'ils n'ont pas de formes & de proportions qui leur foient propres; conditions qui font abfolument néceffaires pour conftater l'exif- tance d'un Ordre ; ce qui ne pourra jamais être , vu que tout eft trouvé depuis l'expreffion la plus folide jufqu'à la plus délicate , malgré les efforts toujours impuilîânts qu'on a faits depuis plus de 2000 ans , & notamment dans le dernier Cecle. Il faut cependant excepter de cette règle l'Ordre Tofcan , qui mérite vrai- ment ce nom , tant par rapport à la hauteur de fa colonne , qui eft à fon dia- mètre comme 7 eft à l , que par la forme & la quantité des diverfcs parties dont il eft compofé ; ce qui a fait que beaucoup d'Architeéles n'ont pas fait difficulté de l'admettre au nombre des Ordres , tandis qu'ils ont conftam- ment refufé de reconnoître l'Ordre Compofîte , foit Romain , François ou autre , lefquels font tous de la proportion de l'Ordre Corinthien , dont ils ne différent que par la forme des profils de leur entablement, & fur-tout par celle du chapiteau , qui , dans l'Ordre Compofite Romain , eft un alTem- blage des chapiteaux Ionique & Corinthien placés l'un fur l'autre , & tou- jours dans les proportions de ce dernier , comme je le dirai en fon lieu. L'entablement Compofite , tel que Vignole le donne , repréfenté/^. 4, eft denticulaire , & eft dans les mêmes proportions générales que le Corinthien ; c'eft pourquoi je n'en parlerai pas davantage , parce qu'on peut avoir recours aux cotes de la figure. La bafe Compofite eft la même que la Corinthienne , à laquelle on fupprime la baguette de deflus le petit tore. Quant au piedeftal , c'eft le même qu'à l'Ordre Corinthien , à l'exception qu'on y fupprime quelques membres de moulures , & qu'on fait celles qui reftent un peu plus mâles. On fait quelquefois la corniche de l'entablement de l'Ordre Compofite , avec des modillons, foit comme ceux de l'Ordre Corinthien , ou des modillons quarrés Sect. I. §. I. Defcripdon des trois Ordres Grecé ; leurs proportions , ê'c. îo^j quarrés qui font doubles fur la hauteur ; mais je n'en parlerai pas ici , vu f i ' '-'j-» que ces fortes de corniches modillonaires ne fe font guère en treillage , & PlancHè que de plus mon deflcin n'eft pas de faire un Traité des Ordres d'Architedbre en général, mais feulement de donner une idée nette & concife des trois Ordres d'Architeéture Grecs , que j'ai détaillés dans cette Planche avec tout le foin poflîble , du moins autant que la petiteffe des figures a pu me le permettre , & aux élévations defquels j'ai joint les plans au-deflbus , dont la moitié , cote G, /, M ,Jîg. rr , 13 (§• 13, repréfente la coupe tranfverfale de la colonne, prife au-delTus de la bafè , avec la faillie de la corniche des piedeftaux ; Tau-", tre moitié de ces plans, cotée H ,L,N, reprélènte les entablements vus en deffous, & la coupe tranfverfale de la colonne prife à fon plus petit diamètre. Il y a des occafions où , quand on efi: borné pour fa hauteur , ou par quelque autre raifon , on ne fait pas d'entablement complet au-dellùs des Or- dres , mais une elpece de corniche repréfentéejîg-. i , qui fe nomme corniche architravée , laquelle n'eft autre chofe que la corniche ordinaire d'un entable- ment d'Ordre quelconque , à laquelle on joint l'architrave du même Ordre i dont on a fupprimé la partie fupérieure, ainfi qu'on peut le voir dans cette figure , qui repréfente une corniche Ionique architravée pareille à celle de la fig. 8, excepté que les denticules ne font pas refendues, ce qui ne fait rien à la chofe. Quand on met de ces fortes de corniches au-deflîis d'un Ordre, le derniet membre de l'architrave doit toujours y tomber à-plomb du nud de la colonne ; C au contraire les Ordres , colonnes ou pilaftres , font fupprimés , le corps quî porte cette corniche doit être en arriere-corps d'une ou deux parties , comme l'indique la ligne 5;, ce qui efl général dans tous les cas, tant pour les corniches architravées , que pour les entablements réguliers , & pour les entablements décompofés , comme la fig. 5'. Les entablements décompofés peuvent être d'expreffion Dorique, Ionique, Corinthienne , &c ; mais ils ne doivent jamais s'employer qu'aux parties dans la décoration defquelles on ne fera pas entrer d'Ordre d'Archite61:ure , mais feu- lement l'expreflîon de ces mêmes Ordres , comme je le dirai en Ibn lieu. La principale partie de ces entablements, c eft-à-dire , la corniche, doit toujours être en proportion avec la grandeur de l'Ordre qui eft deflous , ou qui du moins eft fuppofée y être , comme je l'ai obfervé à cette fig. 5 , où la corniche qui eft d'expreflion Ionique aun moduletrois quarts de hauteur, ainfi que la corniche de cet Ordre. Ces fortes d'entablements n'ont pas de frife ni d'architrave , du moins d'une même grandeur que les autres ; la partie lifîè m , fe nomme gorgerin , & eft réduite à la moitié de la hauteur de la corniche ; Se celle qui fert d'architrave , & qui prend le nom à'ajlragak , a la moitié de la hauteur de la frife , de forte que toute la hauteur d'un entableinent àéi Treillageur. O12 10^8 L'ART DU T R E ILLAGEU R, Chap. 1. compofé étant donnée , on la divife en fept parties égales , dont on en donne quatre à la corniche, deux au gorgerin , & un à l'aftragale. Pour qu'une corniche ou un entablement foit d'expreffion d'un Ordre quel- conque , il faut que là hauteur foit en rapport avec celle de cet Ordre , foit qu'il exifte ou non , & que le nombre & la forme des parties qui le compo- fent foient eux-mêmes d'accord avec ce même Ordre , dont il faut qu'elles annoncent le caradlere folide , moyen ou délicat ; c'eft pourquoi aux corniches d'expreffion Dorique , on mettra quatre membres principaux ; favoir , deux cimaifes & deux larmiers ; à celles d'une expreffion Ionique , cinq membres , favoir , trois cimaifes & deux larmiers; & à celles d'une expreffion Corinthienne , on mettra fix membres , favoir, trois cimaifes & trois larmiers, afin de fuivre autant qu'il fera poffible la progrèffion de richeffe qui fe trouve non-feulemenc dans les corniches des trois Ordres Grecs , mais encore dans toutes leurs autres parties, lefquelles font compofées avec le même foin depuis la bafe jufqu'au fommet de ces mêmes Ordres , ce qui en fait la beauté & en même-temps ce qui fait aflez connoître qu'il n'efl: guère poffible de rien faire de nouveau en fait d'Ordres d'Architeélure. §. II. Defcripdon des Chapiteaux Ionique , Corinthien & Compojite; Les Chapiteaux Ioniques font de deux efpeces ; favoir , les antiques & les modernes. Les premiers repréfentés^. t ,i lir 6 y différent des féconds en ce qu'ils ont leurs faces diffemblables , & que leur tailloir efl d'une forme quarrée , comme on peut le voir dans les jig. i & 6. Le tailloir du Chapiteau Ionique antique a trois parties de hauteur , fur cinq de faillie , dont deux & demie du devant des volutes. Il y a quatre parties de diftance du defîbus du tailloir au-defTus de l'ove ou échine qui tourne autour de la colonne , ainfi que la baguette & le lîlet ; l'ove ou échine a cinq parties de hauteur , fur quatre de faillie du devant de la ba- guette , qui a deux parties de hauteur , & fbn filet une , ce qui fait trois pour les deux, fur deux parties de faillie ; favoir , une partie & un quart pour la baguette , & trois quarts pour le filet , ce qui donne fix parties de faillie du devant de l'ove jufqu'au nud de la colonne. Voye[ la fig. i , où toutes ces me- fures font exaélement cotées. La volute vue de face , fig. 2 , cote A , &. côté même figure , cote B , eft un ornement tout-à-fait étranger au fût de la colonne , qu'elle femble re- couvrir & féparer d'avec le tailloir qui la recouvre en partie ; la volute forme une fpirale qui a feize parties de diamètre perpendiculaire fur quatorze parties de largeur , dont l'axe perpendiculaire paffe à dix-huit parties du milieu de la colonne , & laiffe à la volute huit parties de largeur en dehors, & fix en dedans ; l'axe horizontal de la volute paffe à neuf parties de diftance du defîbus SeCT. I. §. II. De/cripcion des Chapiteaux Ionique , Corinthien , &c. lo^ç <3u tailloir, ce qui lui laiflè fepc parties en-delîbus , comme on peut le voir dans la jîg. a , cote J. Planché La volute fe trace au compas de différentes manières , dont voici la plus ordinaire. On trace au centre ou œil de la volute , un quarré nommé Cathete , fig. 5 , dont la diagonale b d , :x deux parties de hauteur, ainfi que celle a c. On divife chaque côté de ce quarré en deux parties égales , par lefquelles divifions on fait paffer les lignes I , 3 (& 2,4, qu'on divife enfuite en trois parties égales jufqu'au centre , comme findiquent les points 5, (5,7, 8, 9, 10 , II & 12. Ce qui étant fait , on porte une pointe du compas au point i , Se l'autre au point e , fig. 2 , (en fuppofant que le cathete Jig. J , foit au centre de la volute , jîg. 2 ) , & on décrit l'arc de cercle e f; on reporte enfuite la pointe du compas au point 2 ; & à la rencontre du premier arc de cercle au point y, on en décrit un fécond de / à g , ainfi des autres, en obfervant toujours d'arrêter aux points h , i, l, m , n , 0 , p , q , r , i , qui doi- vent fe rencontrer à l'angle de la cathete au point b, duquel & du centre de la volute , on décrit un petit cercle qui termine la volute. Loriqu'on décrit la volute , il ne faut pas faire commencer ou finir les arcs de cercle qui la compofent direélement aux lignes perpendiculaires & horizontales qui palTent par le centre de cette dernière , mais au contraire à des lignes perpendiculaires & horizontales provenantes de chaque centre de la cathete , comme je l'ai obfervé à la fig. 5 , oih les lignes ponéluées partent de chaque point de divifion , & font cotées des mêmes lettres qu'à la Jig. 3 , lut laquelle je la'ai pas fait ces différentes opérations , par rapport à la petiteflè de la figure , qui a cependant été tracée au compas félon la méthode que je viens d'enfèigner. L'intérieur du lifteau de la volute , qui a une partie de hauteur au-deflbus du tailloir , fe trace auffi au compas , non pas par les mêmes centres , mais on divife f efpace qu'il y a entre les points de centre de la cathete , en quatre parties égales , dont im quatrième en deflous des chiffres efl: le centre des révolutions qui fe tracent à l'ordinaire. J^oye^ ^"fig" S > °" ''^^ féconds centres font indiqués par de petits traits feulement , afin d'éviter la confufion. La plupart des volutes antiques font arrafées fur leurs faces ; cependant elles font beaucoup mieux lorfqu'elles font le limaçon , comme on peut le voir à la volute vue de côté ,Jîg. 2 , cote B. Les fûts des colonnes font quelquefois ornés de cannelures , qui font des cavités creufées perpendiculairement & en forme de demi-cercles par leurs plans , comme on peut le voir aux Jig. 2 & 6. Ces cannelures font ordinaire- ment au nombre de vingt-quatre au pourtour de la colonne , & jamais moins de vingt , encore n'eft-ce qu'à fOrdre Dorique. La largeur du lifteau quî fépare les cannelures , eft à celle de ces dernières , comme i eft à 3 , c'eft-à^ dire , le tiers. Cette proportion n'eft bonne que pour l'Ordre Ionique ; 8c au io(îo L'ART DU TREILLÂGEUR, Chap. I. Corinthien on ne leur donne que le quart. Quelquefois les cannelures font ornées de filets & de baguettes , ce qui diminue de leur largeur , ainfi que de telle des lifteaux qui les féparent. Quand on fait des cannelures aux pilaftres , on en met cinq à l'Ordre Dori- que , & fept aux autres Ordres , &. jamais fix , parce qu'il faut toujours qu'il fe trouve une cannelure au milieu des pilaftres, ainfi qu'aux colonnes. Quand l'échiné des Chapiteaux eft taillée en ove , comme aux fg. i & 6 ^ il faut que le milieu de ces dernières réponde toujours au milieu des can- nelures , afin que ces ornements foient plus fymmétriques , & fe préfentenc toujours bien à l'œil du fpeélateur. Foye^ la fg. 6 , qui repréfente le Cha- piteau Ionique antique vu en deiTous , le côté C avec la volute & fon coulTmct ( ainfi qu'à la fig. i , cote £ ) , & fes oves , & l'autre coté D , où la colonne eft fuppofée coupée au-deflus des oves , de manière qu'on découvre le deflbus du tailloir tout entier , la partie étant prife pour le tout. Le Chapiteau Ionique moderne , repréfenté Jig. 3,4 7 , a les quatre faces égales ; & fon tailloir , qui eft d'une forme creufe par les faces , a fix parties de hauteur , favoir , deux pour le quart de rond , un pour le filet , & trois pour le congé de deflius. L'ove eft diftant de deux parties du delTous du tailloir , & eft de même proportion que dans le Chapiteau antique , quoique plus bas d'une partie que dans ce dernier. Voye^ la fig. 4 , qui repréfenté le profil de ce Chapiteau, dont le plan du tailloir fe trace de la manière fuivante. On trace un quarré E F C H , fig. 7 , dont la diagonale doit avoir quatre modules de longueur , & par conféquent fa moitié / G, deux modules. Vers l'extrémité de cette diagonale, on élevé une perpendiculaire b c, dont la lon- gueur doit être de quatre parties , & toucher par fes extrémités aux lignes du quarré au point b c , et qu'on doit répéter aux quatre angles du Chapiteau ; enfuite on prend avec un compas la diftance a b ; & de ces deux points , on fait deux ferions en i , ( au-defTus de h fig. 3 ) , & à la rencontre defquelles ,' comme centre , on trace la courbe du tailloir , ainfi que les faillies de fon profil, qu'on prend fur le profil ,fig. 4 , ce qu'on fait des quatre côtés du tailloir , ainfi qu'aux quatre angles , où on eft obligé de forcer la faillie du profil pour empêcher que les lignes du bas du congé ne fe pénétrent. Quand le plan du tailloir eft tracé , on trace le plan des volutes auxquelles on fait fuivre , à peu de chofe près , le parallélifme de la cavité du tailloir, & dont on borne la faillie extérieure à l'à-plomb du filet de ce dernier ; puis cette même volute étant tracée à part félon la méthode ordinaire , on en prend toutes les révolutions horizontales , qu'on porte fur le plan des points f, g, h, z j duquel plan on les reporte à l'élévation, dont la volute fe trace à la main , parce que fon inclinaifon en-dedans du Chapiteau la fait paroître un peu ovale , quoi- qu'en la regardant fuivant la courbure de fon plan , elle foit femblable à la volute Sect. I. §. II. De/ci ipdon des Chapiteaux Ionique , Corinthien , &c. Ib5i volute antique, à laquelle elle eft parfaitement femblable , tant pour la hau- - teur que pour la largeur ; & fi elle paroît un peu plus bafTe que cette dernière. Planche ce n'eft que parce qu'il y a un intervalle entre le deflus de fbn lifteau & le filet du tailloir , ce qu'il eft néceflàire de faire pour que le filet du tailloir & le lifteau de la volute ne paroiflènt pas fe pénétrer ou ne faire qu'une feule & même partie , ce qu'il faut abfolument éviter. Les Chapiteaux Ioniques, tant antiques que modernes, font fouvent enrichis d ornements de fculpture , comme des ornements courants dans les révolutions de leurs volutes, des guirlandes de fleurs, des fruits, &c ,defquels ornements je n'ai donné ici qu'une idée , m'étant plus attaché à la conftruétion de ces Chapiteaux qu'à la manière de les orner , laquelle peut être infiniment variée , en évitant cependant que ces différents ornements ne portent trop de richeffe, ou n'y falTent de la confufion , ce qui eft encore pis. Le Chapiteau Corinthien, repréfenté^^. 9 é' ir , eft le plus beau de tous les Chapiteaux, tant pour la richefle que pour la régularité de fi compofition,' qui , quoique très-riche , ne laiffe pas de plaire infiniment par rapport à l'or- dre & à la belle proportion qui régnent dans toutes les parties de ce Chapi- teau La hauteur du Chapiteau Corinthien eft de deux modules fix parties , y compris le tailloir, qui en occupe Cx , & qui eft tout femblable à celui du Chapiteau Ionique moderne ; c'eft pourquoi je n'en parlerai pas davan- tage (*). Il ne refte que deux modules de hauteur pour le Chapiteau , dont le corps ou tambour eft un cylindre du même diamètre que le fût fupérieur de la colonne , donc la partie inférieure eft un peu arondie en-dedans , & la partie fupérieure évafée en-dehors de fix parties de chaque côté. Cet évafement ne monte pas direétement au-defîus du tambour , mais à deux parties d'intervalle dont l'excédent eft arondi en-de/Tus à-peu-près comme à un vafe. Voyei la fig.Ç, cote N, où le tambour eft vu à nud , & fon profil terminé par la ligne l m n. Au pourtour de ce tambour , font placées huit tigettes , qui prennent lêuc nain"ance fur le plan/^. 11 , au point V. De ces tigettes Q , fig. 9 , fortenc les feuilles nommées Caulicoles , qui embraffent la naiflànce des grandes volutes O , & des petites volutes ou hélices P. Après les tigettes , font deux rangs de feuilles au nombre de huit à chaque rang, dont celles K nommées grandes feuilles ou feuilles de de fus , font pla- cées aux huit points principaux du cercle, ainfi que celles^, X,fig. ir. (*) Quoique je dife que le tailloir du Cha- piteau Corinthien eft femblable à celui du Chapiteau Ionique moderne , ce n'eft pas que l'un foit fait à Timitation de Tautre ; tout au contraire, c'eft le tailloir du Chapiteau Ioni- que qui a été fait à l'imitation de celai da Chapiteau Corinthien , & ce que je dis ici n'eft que pour fuivre Tordre de la defcriprion de ces Chapiteaux, & ne me point répéter , dU nioins autant qu'il eft poflible. Treilljigeur, P 12 1002 L'ART DU TREILLAGEUR, Chap. 1. Les huit autres petites feuilles ou feuilles de delFous , font placées entre les premières , de manière que leur milieu recouvre direélement le milieu des tigettes , comme on peut le voir à la^^. ir. Quant à la hauteur & à la faillie de ces feuilles, on la trouve de la manière fui vante. On divife la hauteur totale du Chapiteau , prifè du deflbus du tailloir, en trois parties égales , & les deux parties inférieures op , Scqr , fig. 9 , don- nent la hauteur des deux premiers rangs de feuilles , dont la retombée, qui eft de trois parties , eft indiquée par leslignesî; & u x. Le tiers reftant de la partie fupérieure du Chapiteau fe divife en trois parties égales , dont deux font pour la hauteur des grandes volutes , & une pour les quatre petites feuilles T, leC- quelles font placées aux quatre angles du Chapiteau , derrière les grandes feuil- les , & montent julque deflbus les volutes qu'elles femblent foutenir. oye^ la fig. 9 , cote AT , & la fig. 8 , oià font cotées les mefures des différantes parties du Chapiteau Corinthien. Les petites volutes ou hélices P defcendent au niveau des grandes volutes O; mais elles font moins hautes , étant bornées par la lèvre du vafe ou tambour. Après avoir ainfi borné la hauteur des feuilles & des volutes , refte à en déterminer la faillie ; pour cet effet , on trace un profil du tailloir vu fur l'angle , comme à la fig. 9 ,, cote N, de l'extrémité duquel à l'angle du filet de l'aftragale , on mené une ligne oblique :^ , laquelle borne toutes les làil- lies , tant des volutes que des feuilles , comme on peut le voir dans cette figure , où elles font toutes deffinées de profil. Les faillies des volutes & des feuilles étant ainfi bornées , on abaillè de leurs extrémités autant de perpendiculaires, lefquelles avec la rencontre de l'axe hori- zontal de ce même plan , donnent naiffance à des cercles cotés l,2;3,4;5,5, 7, & 8, 9; qui bornent ces faillies furie plan oi!i on deffine lamaffe des feuilles; ce qui étant fait , on élevé du milieu & des extrémités de ces mêmes feuilles autant de perpendiculaires à l'élévation , ce qui donne la courbure & l'inclinai- fon des feuilles & des volutes , le Chapiteau vu étant de face , comme l^fig. 9 ,' cote M , où toutes les feuilles font deflînées en maflès pour' en mieux faire fentir les contours. Le milieu du tailloir du Chapiteau Corinthien eft orné d'une fleur ou lofe, laquelle defcend jufqu'au deflîisdes petites volutes ou hélices & remonte jufqu'au defi"us du tailloir, qu'elle ne déborde pas, du moins pour f ordinaire. Je n'entrerai pas dans un plus grand détail touchant la forme du Chapiteau Corinthien , ce que j'en ai dit, & l'infpeâion des figures , étant , je crois, fufSfànt pour en bien faire entendre la conftruâion ; & on obfervera que le profil tracé fur la fig. 9 , cote A'^ , eft une ligne de milieu que j'ai tracée dans toute la hauteur du Chapiteau , & qui n'en ftit les contours que parce qu'elle eft vue diagonalement. Le Chapiteau CompoCte , repréfenté fig. iq& la , eft tout-à-fait femblable Sect. I. §. II. Defcription des Chapiteaux Ionique , Corinchien, &c. lo6^ au Chapiteau Corinthien , du moins dans fà partie inférieure , fur laquelle eft — — ""-^ placé le Chapiteau Ionique moderne , dont cette partie ne diffère que par la Pi-anchs faillie des volutes, & leur inclinaifon qui fe rapproche plus delà diagonale du tailloir vu en plan , fig. ïi , que dans le Chapiteau Ionique ; à cetts différence près, tout efl égal des deux côtés. Les volutes font de même gran- deur , & fe tracent de la même manière qu'au Chapiteau Ionique. La faillie de ces volutes & des feuilles de ce Chapiteau eft bornée de la même ma- nière qu'au Chapiteau Corinthien , comme on peut le voir dans la Jîg. lo, dont un côté repréfente le Chapiteau vu de face , & fes feuilles taillées en feuilles de perfil , & de l'autre côté ce même Chapiteau nud , & vu fur l'angle avec fon profil pris au milieu du tailloir. Les feuilles des Chapiteaux Corinthien & Compofite , fe taillent en feuilles de laurier , d'olivier , d'acanthe & de perfil ; mais comme j'ai à parler ailleurs de ces différentes feuilles ôc de beaucoup d'autres , je n'en parlerai pas du touc ici. Ce que je viens de dire ne regarde que les Chapiteaux des colonnes ; cependant on peut l'appliquer aux Chapiteaux des pilaftres , à quelques diffé- rences près , comme on va le voir ci-après. En général , les Chapiteaux à pilaflres doivent être plus larges que ceux des colonnes de fix parties , vu que le fût des pilaftres ne diminue pas par le haut , ainfi que celui des colonnes ; c'eft pourquoi dans l'Ordre Ionique anti- que on doit reculer le centre des volutes de trois parties de chaque côté ; mais comme dans une ordonnance où il y auroit des pilaftres & des colonnes , cette différence de largeur des Chapiteaux des pilaflres & des colonnes , pour- loit faire un mauvais effet , on feroit très-bien de donner moins de faillie aux volutes des pilaftres , & un peu plus à celles des colonnes , ce qui rendroic la différence de largeur des Chapiteaux , colonnes & pilaftres , moins fenfible. Il faut auffi faire attention , à ces fortes de Chapiteaux, que l'ove ne peut avoir fa véritable faillie que dans le milieu du pilaftre , & qu'il faut diminuer cette faillie de trois parties au moins par les extrémités , afin qu'elle n'excède pas les volutes ; cette diminution fe fait en arrondiffant de manière que la furface fupér rieure des oves foit fur un plan bombé. Le Chapiteau des pilaftres de fOrdre Ionique moderne, doit aufîî être plus grand que celui de la colonne ; & lorfqu'on trace le plan de fon tailloir , il faut avoir foin qu'il ait la même faillie fur le nud du pilaftre que fur la colonne, & que fon angle foit toujours de quatre parties de largear, fans s'embarraffèr lî l'arc que forme fa partie creufe eft celui d'un triangle équilatéral ; Se dans le cas oia il y auroit des Chapiteaux-colonnes & des Chapiteaux-pilaftres à côté les uns des autres , on feroit très-bien de diminuer le faillie des angles du tailloir de ces derniers , pour lesraifons que j'ai données en parlant du Chapiteau loniq^ue antique. io(Î4 L'ART DU TREI LLAGEUR, Chap. I. Les Chapiteaux despilaftres Corinthiens font femblables à ceux des colonnes , quant à la forme & au nombre des parties dont ils font compofés ; mais comme le pourtour du pilaftre eft au pourtour du fût fupérieurde la colonne comme 144 eft à 94 , du moins à peu de chofe près , les feuilles du Chapiteau-pilallre deviennent près d'un quart plus larges que celles des colonnes , ce qui oblige à forcer leur hauteur , & à donner au Chapiteau-pilaflre trois parties de hau- teur de plus qu'au Cliapiteau-colonne , lefquelles trois parties font également réparties fur les deux rangs de feuilles. Cette augmentation de hauteur de Cha- piteau ne fouifre aucune difEculté , quand même il y auroit des pilaftres & des colonnes employés dans la même façade , parce qu'on augmente également la hauteur des Chapiteaux des colonnes , qui n'en font pas plus mal pour cela. Quant à l'arrangement des feuilles du Chapiteau-pilaftre , il eft le même qu'au Chapiteau-colonne : des huit feuilles de deffus , quatre font placées au milieu de la face du Chapiteau , & les quatre autres reployées par leur extrémité inférieure fur l'angle qu'elles embraffent: des huit feuilles de deffous , il y en a deux à chaque face également diftantes entre elles , ainfi qu'au Chapiteau- colonne. Le tailloir du Chapiteau-pilaftre d'Ordre Corinthien fe trace de la même manière que celui du Chapiteau Ionique moderne ; c'eft pourquoi je n'en parlerai pas davantage, non plus que du Chapiteau-pilaftre d'Ordre Compo- Cte , lequel n'eft , comme je l'ai dit plus haut , qu'un aftimblage des Chapi- teaux Ionique & Corinthien. 'Lesfg. 13 , 14 & I J , repréfentent les bafes Dorique , Ionique ( ou Atti- que ) & Corinthienne , dans le détail defquels je n'entrerai pas ici , parce que j'ai fait des échelles divifées en parties tant fur la hauteur que fur la faillie de ces mêmes bafes , auxquelles on pourra avoir recours. Ce que je viens de dire touchant les trois Ordres d'Architeélure Grecque renferme tout ce qu'il eft abfolument nécelTaire aux Treillageurs de favoir fur cette partie de l'Architeifture. Il me refte maintenant à faire l'application de ces mêmes Ordres aux divers genres d'édifices qu'ils imitent en Treillage , & à donner le détail & les proportions des différentes parties qui accompagnent les Ordres d'Architeélure , foit comme faifant parties effentielles de l'édifice , ou feulement comme parties accelîbires & purement de décoration. §.III, 4» Sect.I. §.m. Application des Ordres Grecs à la décoration , &c. lo6^ î. III. Application des Ordres Grecs à la décoration des Edifices , & le détail des dijférmtes parties £ Architeclitre , comme les Aitiques , ' les Souiaffèments , (Sfc. Les Ordres d'Architeflure entren: plutôt dans l'cnfemble des Edifices , comme partie toute de décoration , que comme partie effentielle à la conl- truftion , quoique ce foit de cette dernière embellie qu'ils cirent leur ori- gine. Quand on veut employer les Ordres d'Arclnteaure dans la décoration d'un -Edifice quelconque, il faut avant toute chofe, fe rendre compte du r,ne & ^a.. de l'ufage de cet Edifice , afin de faire choix d'un Ordre donc l'expreffion & la richeffe foient en rapport avec Fenfemble de ce même Edifice. Après avoir fait choix de l'Ordre , il faut fe rendre compte fi on l'emploiera colonne ou pilaftre, ou enfin lun & l'autre ; fi fon entablement fera modiUo- naire ou denticulaire , afin qu'au moyen de ces connoiŒinces primitives on puilTe décider de la forme des entre-colonnements, & par conféquenc de la iorme & de la grandeur des avant ou arriere-corps, & de la faillie de ces mêmes corps, ce qui ne peut être qu'en fai/îmt une étude particulière de la cormche de l'Ordre qu'on veut employer , & cela avant que de rien arrêter toucnant la largeur des corps Se de leur faillie. On nonr^r^e eture-colonnetnent, la diftance qu'il y a d'une colonne à une autre, depuis le nud de ces dernières, ce qui étoit la manière dont les An- ciens comptoient leurs entre-colonnements, qui éroient au nombre de cinq - ravoir , ceux d'un diamètre & demi ou de trois modules , ceux de deux dial •mètres ou quatre modules , ceux de deux diamètres & un quart ou de quatre modules & demi, ceux de trois diamètres ou ùx modules , ceux enfin de quatre diamètres ou huit modules. Les Modernes comptent leurs entre-colon nements de l'axe d'une colonne à l'autre , & cela par rapport à la diftance , foie des mutules ou % modillons , qui doivent tomber à l'à-plomb de chaque colonne , ainfi que je l'ai dit plus haut. Les plus petits entre-colonnements des Modernes, font les colonnes ac couplées, comme celles D E . fig. . , kfquelles font approchées l'une de 1 autre autant qu il a été poffible , fans que leurs bafes ou leurs chapiteaux fe penetraffent. Depuis cet entre-colonnement qui efi le plus petit poffible, on peut faire varier les entre-colonnements félon que l'exige la forme générale des avant ou arriere-corps, ou la grandeur des ouvertures placées dans ces entre-colonnements. NCHE Ces ouvertures font des portes , comme celles H I , fig. i ê . ou des croifees, comme celle L , fig. , , ou enfin des niches , comme celle M, qui / Ql2 o 1066 L'ART DU TRtILLAGEUR, Chap. ï. eft encadrée dans le chambranle de la croifée X, lequel peut également fervir Planche à recevoir une niche. Les ouvertures dont je viens de parler , ont des hauteurs proportionnées à leur largeur , félon l'exprelTion des Ordres qui décorent les Edifices où ils font placés. Celles d'Ordre Dorique , comme dans les figures de cette Planche , doi- vent avoir de hauteur deux fois & un fixieme de leur largeur , prife du de- dans de leurs pieds droits P , fig. 2 ; au-deffous du focle , les ouvertures Ioniques doivent avoir de hauteur deux fois & un quart leur largeur ; & les Corinthiennes , deux fois & demi. Ces ouvertures font quelquefois bombées par le haut , mais plus communément droites ou à plate-bande , comme celles H &. L, fg. I (S 2 , ou bien en plein cintre , comme celle / ; dans ce der- nier cas , la partie fupérieure de l'ouverture A'', fe nomme archivolte. Quand les ouvertures font quarrées , comme celle H , on peut leur donner un peu moins de hauteur , proportion gardée avec leur largeur , vu que les ouvertures quarrées paroiflent toujours plus élégantes que celles dont la partie fupérieure eft circulaire. Le pourtour des ouvertures quarrées , foit portes ou croifées , eft ordinairement orné d'un chambranle U , fig. i , dont le profil doit être le même que celui de l'architrave de l'Ordre , ou du moins à peu de différence près. La largeur du chambranle doit être le fixieme de la largeur de l'ouverture au plus , & le feptieme au moins, & leur faillie fur le nud du mur doit être le fixieme de leur largeur. Au-deffus des chambranles, foie des portes ou des croifées , on met quelquefois des corniches R , lefquelles font féparées des chambranles par une frife S , à laquelle la partie fupérieure du chambranle fert d'architrave ; de forte que la partie fupérieure ou couron- nement d'une ouverture quarrée lorfqu'elle eft terminée , comme je l'ai repré- fentée dans cette figure , forme un entablement régulier , dont les proportions & le module font donnés par la largeur du chambranle & de la corniche. Cet entablement doit être de même expreffion que celle de l'Ordre qui décore l'Edifice , fans cependant être le même : il eft bon qu'il ^it d'un profil un peu plus fimple , ou que du moins les membres qui le compofent foient moins chargés de moulures. Quand la place le permet , on met derrière le chambranle un double champ ou contre-chambranle T , qui monte de fond , & qui fert à porter la corniche qui profile à f à-plomb de ce dernier , dont la largeur doit être au moins égale à la moitié de celle du chambranle , ou les deux tiers au plus , à moins qu'ils ne foient ravalés en forme de pilaftres : dans ce dernier cas , ils peuvent être d'une largeur égale & même plus confidérable que celle du chambranle , qui , alors , ne peut pas avoir de crofiettes furie côtéainfi que dans cette figure. Les crofi"ettes font des reflauts a , qu'on fait faire à la partie fupérieure des \ Sect. I. i. III. Application des Ordres Grecs ala dccoradort , &c. ic6y moncaats des chambranles , & au dernier membre de fon profil feulement ; — — leur faillie doit être d'un lîxieme de la largeur du chambranle , & leur hauteur Tlanche le quart de la hauteur de ce dernier, ou le cinquième au moins quand le chara- ^'*°* branle tourne au pourtour dune croifée, & qu'on met des croflettes à la par- tie de de/Tous , on leur donne de longueur le quart de celle du chambranle pris du dehors en-dehors , ou le cinquième au moins. Les corniches des chambranles font quelquefois foutenues par des confoles , foit méplattes , comme celle X, ou chantournées en S; dans ce dernier cas' il faut qu'elles montent jufqu'au delTous du larmier de la corniche , à moins' que la cimaife inférieure de cette dernière ne faffe faillie à l'endroit des confoles , auxquelles, alors , elles ferviroient de couronnement. La partie inférieure d'un chambranle ne doit pas être terminée au-deifus du focle , parce que cela dimi- nueroit trop de fa hauteur, à moins cependant, que le focle ne fût très-bas , comme de la hauteur de deux à trois modules ; mais quand il eft un peu' haut , comme à la fig. i , il faut faire defcendre le chambranle en contre- bas du focle, & le terminer par une plinthe J' , dont la hauteur foit à-peu- près le double de la largeur du chambranle. Quand les ouvertures font termi- nées par un demi-cercle , comme celle / ,pg. a , on n'y met pas de cham- branle ; mais au nud du point de centre de leurs archivoltes, on met des im- pofies qui reçoivent les retombées de ces dernières. Les impajles O , font des parties ornées de moulures , d'un profil à-peu- prèsfemblable àceluide l'architrave; quelquefois, comme aux ordonnances Ionique & Cormthienne , fon profil eft fomblable à celui de la corniche du piedeftal de fOrdre , dont on diminue la faillie autant qu'il eft poftlble , & on y ajoute un aftragale , fuppofé qu'il n'y en ait pas. La hauteur des impoftes doit être d'un module moins la hauteur de l'aftra- gale , fuppofé qu'il y en ait un ; la partie P, qur foutient l'impofte , fo nomme pceds droits ; ils doivent toujours être liffes & d'à-plomb , malgré les avis de quelques Architeftes anciens , & les exemples contraires. Les archivoltes N, doivent avoir un module de largeur, & être d'un profil femblable à celui de l'architrave de l'Ordre , ainfr que les chambranles dont j'ai parlé ci-deffus; & il faut obforver de ne jamais mettre d'archivoltes fans im- poftes , m d'impoftes où il n'y aura point d'archivoltes. La proportion que je viens de donner pour les impoftes & les archivoltes n eft bonne que pour les grandes arcades telles que celles-ci ( où elles font même un peu petites , n'ayant de largeur que le huitième de celle de l'ouver- ture ) , & à toutes les autres on leur donnera de largeur le foptieme de l'ou- verture, qui, dans tous les cas, eft la mefure la plus convenable. Le milieu des archivoltes eft quelquefois orné d'un claveau lilfe , comme ceiui i c , 2 , dont la largeur la plus forte doit être égale au fixieme de 1 ouverture, & fa direélion tendue au centre d de l'archivolte. Les claveaux f 10^8 L'ART DU TREILLAGEUR, Chap. 1. peuvent être ornés , foit d'une confole en fculpture , ou d'une tête ou mafque , ce qui eft moins bien qu'une confole : ces têtes étant ainfi placées font égale- ment oppofées à la vraifemblance & à l'humanité. Quand on mettra des impoftes & des archivoltes aux arcades , il fera bon, du moins autant qu'il fera poffible , qu'ils foient entourés d'une niche quarrée Q> fg- 2 j qui en ferme toute l'ouverture , & empêche les impoftes de venir pénétrer dans les colonnes ou les pilaftres placés aux deux côtés des arcades. La faillie de la niche quarrée doit être égale à celle de l'impofte , qu'elle doit même excéder un peu , ainfi que cette dernière excède celle de l'archivolte , entre laquelle & l'arête de la niche quarrée , on doit laiiïèr un peu de jeu , afin qu'elle ne joigne pas contre , & que par conféquent ils ne femblent pas fe pénétrer l'une l'autre. La largeur des niches quarrées , ou , pour mieux dire , de leurs alettes , doit être d'un module pris du nud inférieur des colonnes ; cependant comme il arrive quelquefois qu'on eft borné par la diftance des modillons de la corni- che , ou par les triglyphes de la frife , comme à la fig. i , cette largeur eft fujette avarier un peu, foit en plus, foit en moins , comme dans la i. Il faut obferver cependant que cette variation ne foit pas trop confidérable , ce qu'on parvient à faire en hauffant ou diminuant la hauteur du focle qui porte l'Ordre , ce qui donne le moyen de grandir ou diminuer l'ouverture , & par conféquent toutes les parties qui l'accompagnent. Les portes & les croifées peuvent également être décorées de la manière que je viens de le décrire, ainfi que les niches M, y?^. 2 (5 4, en obfervan: cependant que comme elles font pour l'ordinaire circulaires tant en plan qu'en élévation , ( du moins aux ordonnances Dorique , Ionique & Corinthienne ) lorfqu'on les décorera d'archivoltes & d'impofles , ces derniers doivent tourner dans l'intérieur de la niche ; & que quand elles feront enfermées par un chambranle , il doit refter entre elles & ce dernier un efpace L , qui égale au moins la moitié de la largeur du chambranle. Quand il n'y a pas d'ouvertures placées dans les entre-colonnements , mais feulement des tables , comme celle Z ,fig. i , ou toute autre partie , foit d'Ar- chiteaure ou de Sculpture , on doit toujours fe rendre compte de leur forme & de leur grandeur , ainfi que de celle des portes , des croifées & niches dont j'ai parlé ci-de/Tus , afin de déterminer au jufte la largeur des entre-colonne- ments , & par conféquentle nombre de modillons ou de triglyphes qui doivent fe trouver d'un axe à un autre. L'Ordre Dorique , tel que Vignole le donne , & que je l'ai repréfenté dans la fg. 7 , de la Planche 338, ne peut fouffrir d'accouplement, parce qu'il n'y a que trente parties de diftance de l'axe d'un triglyphe à l'axe d'un autre , & qu'il en faut au moins trente-quatre pour que les bafes ne fe pénétrent pas. Il n'y a pas d'autre moyen pour remédier à cet inconvénient, que d'augmenter la hauteur .S'£cr, /. §. III. AppUcadon des Ordres Grecs à la décoration , Sx. lo6^ hauteur de la frife, & par conféquent la largeur des métopes , de trois fiar^ — ^ ties , & la largeur des triglyphes d'une partie , ce qui donne les quatre parties Pî-anche dont il s'en faut que les colonnes puiflent s'accoupler , en fuivant les mefures de Vignole. Cette augmentation de la frife , & par conféquent de tout l'enta- blpment , change fon rapport avec la hauteur de la colonne ; mais il n'efl: pas poflîble de faire autrement , à moins que de faire le métope , qui eft au-defTus des colonnes accouplées de quatre parties plus large que les autres , ce qui eft un défaut de lymmétrie qu'il faut abfolument éviter. Au refte , on n'cft obligé d'élever ainfi la hauteur de la frife de l'Ordre Dorique , qu'autant que Ton fera ulàge des colonnes accouplées ; & toutes les fois qu'il n'y en aura pas , on fera très-bien de remettre la hauteur de fentablement dans (à proportion ordinaire , c'eft-à-dire , au quart de la colonne (*). Quand il y a des angles rentrants , il faut d'abord fe rendre compte II ces angles portent fur deux colonnes , comme celle i (§■ j , ou s'ils portent d'un côté fur une colonne , comme celle E , fig. 2 & 6 , Si ds l'autre fiir un pilaftre F , même figure. Dans le premier cas , il faut que la diftancedeS axes , vue de face & de côté, foit égale entre elles , c'eft-à-dire , que la difiance A e ,fig. ^ ,,foit égale à celle B e , même figure. Dans le fécond cas , l'axe du pilaftre / , fio-. 2 (§ (5, vu de face , ne doit pas être plus éloigné de la colonne E , que li l'angle étoit porté par deux colonnes ; mais vu de côté , il doit être plus diftant de la moitié de la diminution de la colonne , de manière que la A^kmcc fF ,fig. 6» foit égale à celle Ae ,o\xe B ,fig. J ; & que la diftance fi E , foit plus conlî- dérable que ces dernières de deux parties de modules , qui font la moitié de la diminution de la colonne ; ce qui eft tout naturel , puifque le pilaftre ne diminue pas par le haut comme cette dernière , & qu'il faut toujours que l'entablement tombe à-plomb du fût fupérieuc des colonnes & despilaftres, fur-tout quand ces derniers font apparents , comme ceux F 8cG , fig. 6. Quand ce font des pilaftres qui forment un angle , ainfi que ceux F , G , la diftance de leur^axe doit être à égale celle E fi\ c'eft-à-dire , avoir de plus qu'à des angles formés par des colonnes , la moitié de la diminution de ces mêmes colonnes , qui eft , comme je viens de le dire , de deux parties pour fOrdre Dorique , & de trois parties pour les Ordres Ionique & Corinthien ; & on doit auffi obferver que les diftances des axes de ces pilaftres foient égales entre elles , ainfi qu'on peut le voir dans la fig. 6 , où la diftance F ^ , eft égale à celle g G , 8c ces deux dernières à celle fi E. O Sifai faic choix de l'Ordre Dorique pour donner des cîîemples de la manière d'appliquer les Ordres d'Archicedure à la décoration des façades, ce n'ell pas qu'on faiTe beaucoup d'ufage de cet Ordre dans les ouvrages de Treillage ; mais c'eft parce que cet Ordre étant le plus difficile à traiter , à caufe de la régnlarité des compartiments de fa frife & de fa corniche , il TrEILLAGEUR. R j3 fournit plus de moyens de faire feniir la difficultc de l'application de ces mêmes Ordres & en même- temps ceux dont il faut fe fervir pour le faire avec tout l'avantage & la perfeSion polTlbles, rien n'étant li commun que l'emploi des Ordres d'Architecture , mais aufTi rien de plus rare qu'uii Ordre bien exécuté, fait en tout ou en partie* 1070 L'ART DU TREILLAGEUR, Chap. I. g„ difpofant les angles rentrants des entablements ainlî que je viens de l'en- Planche feigner , il arrive que quand il y a des pilaftres derrière les colonnes , l'angle h ,fig. ■) , rentre de deux parties en arrière du nud du pilaftre , ce qui eft égal , quand ce dernier n'efl pas apparent ; mais s'il arrivoit que la colonne A , fût fupprimée , cette rentrée de l'entablement fur le nud du pilaftre feroit un mauvais effet , auquel on ne peut remédier qu'en partageant la différence par la moitié , c'eft-à-dire , en faifant porter l'entablement à faux fur le nud fupé- rieur de la colonne d'une partie feulement , & au contraire en le faifant rentrer d'une partie fur le pilaftre , ce qui alors oblige de rentrer l'axe de la colonne B , & par conféquent du pilaftre qui eft derrière , d'une partie de plus que fa diftance ordinaire , prife de f angle faillant de l'entablement. Quand les pilaftres régnent feuls fur un avant-corps , comme celui / , fig. 6 , l'entablement tombe à-plomb du nud de ces derniers , ainfi que je l'ai obfervé à cette figure ; mais quand ils font fupprimés , & que s'il y en a un, il eft caché derrière une colonne , comme au corps H , fig. 5 , l'entablement ne doit plus tomber à-plomb du nud du pilaftre , mais rentrer en arrière , & faire avant- corps fur le nud de la partie H d'une ou deux parties tout au plus , comme je l'ai obfervé dans cette figure. Quant à la manière de connoitre le nombre de modules ou de parties de modules qui doivent fe trouver depuis un axe d'une colonne fai/ànt ayant- corps , jufqu'à celui de la colonne qui fait arriere-corps , elle eft très-facile à quelque Ordre que ce foit , puifqu'il ne s'agit que de compter combien de par- ties il y a depuis l'axe de la colonne jufqu'au nud de l'entablement , enfiiite la faillie de ce dernier jufqu'au devant de la moulure qui couronne le raodillon ou le mutule ; plus , la moitié de la largeur de ce dernier , y compris la faillie de cette inoulure , ce qui , additionné le tout enfemble , donne la diftance demandée , par le moyen de laquelle le compartiment de l.i corniciie de l'en- tablement devient régulier & fans aucune efpece de mutilation ni de péné- tration , puifque les angles des moulures qui couronnent les modillons ne font que fe toucher fans fe joindre. Pour rendre les compartiments plus parfaits , on met entre la faillie de la moulure qui couronne le modillon vu de face , & celle qui couronne le mo- dillon vu de côté , une diftance égale au champ qui règne au-devant du mo- dillon jufqu'à l'arête du larmier ; ce qui fait d'autant mieux , que toutes les calfettes des angles deviennent égales , ainfi qu'on peut le voir à la fig. j , où les cafl"ettes i , l , des angles rentrants , font égales à celles des angles làillants m , n. Cette méthode eft générale pour tous les Ordres ; cependant à ceux où il y a un modillon placé fur l'angle de la corniche , comme , par exemple , à l'Or- dre Corinthien, & qu'on emploie cet Ordre en colonnes & pilaftres , C ces der. niers fe trouvent à des angles , il faut , pour que les caflèttes de la corniche SeCT. 1. §. III. Application des Ordres Grecs à la décoration , êc. loyi foient régulières , & par conféquent les entre-modiilons égaux, il faut, dis- je , donner moins de faillie aux membres inférieurs de la corniche , afin qu'il n'y Planche ait pas plus de diftance du dehors du modillon de l'angle jufqu'à l'axe du pilaf- tre , que fi l'entablement étoit porté par une colonne. Comme cette différence de faillie dans la partie fupérieure de la corniche eft de trois parties , on pourroit la faire un peu moindre , foit en forçant la largeur du modillon de l'angle , ou bien la largeur de la caifette ou des champs de côté , afin de lui conferver là forme quarrée autant qu'il eft poffible. Que les angles foient droits , comme dans les Jig. y 6" 6 , ou qu'ils foient aigus ou obtus , comme il arrive quelquefois , il faut prendre les mêmes pré- cautions pour l'arrangement des corniches des entablements , qu'il faut tou- jours tracer toutes détaillées , du moins à fendroit des angles , & cela avant que de rien arrêter , tant pour le plan que pour f élévation d'un Edifice quel- conque , fi on veut éviter les défauts dans lefqucls tombent Ibuvenc ceux qui ne veulent pas prendre le foin de faire ces développements. Voye^ les fig. 3 & 4 , qui repréfentent les plans des élévations fig. 1 & 2 , dont les principales dimenfions n'ont été arrêtées d'une manière fixe, qu'après que le plan de la corniche a été tracé , ou du moins qu'après que je me fuis rendu compte , par le moyen du calcul , des diftances que pouvoient avoir les différents entre- colonnements des fg. i & 2 , & de celles des axes des colonnes Se des pilaftres des angles. Les avant-corps d'un Edifice s'annoncent ordinairement par quelques cou- ronnements, comme les frontons , les amortiflements , Sec. Les frontons Jig. i , font des corps d'Architeélure dont l'ufage eft de termi- ner les principaux corps d'un Edifice , dont ils annoncent f extrémité du com- ble, auquel leur forme aiguë eft à-pevi-près femblable. Ils font corapofés de deux corniches inclinées qui viennent fe joindre au milieu en b , & s'appuyent au point a , fur la corniche horizontale a c , dont on a fupprimé le premier membre de la cimaife fupérieure, de manière que c'eft la moulure fupérieure de la cimaife rampante qui vient profiler fur la moulure inférieure de la cimaife horizontale , & avec la cimaife horizontale de l'arriere-corps , ce qui rend la faillie de la moulure rampante un peu ca- mulè , ainfi qu'on peut le voir à la fig. i. Les corniches rampantes des frontons font compofées des mêmes membres que les corniches horizontales , Se on y met également des raodillons ou des mutules , qu'on place à l'à-plomb des corniches horizontales , ce qui .augmente un peu la largeur de ces derniers. Les modilions ou les mutules des corniches des frontons font ordinairement biais , ainfi que les profils des moulures qui les couronnent : il feroit cependant plus raifonnable qu'ils fuffent perpendicu- laires à leur corniche ; mais ce n'eft pas l'ufage. La proportion de la hauteur des frontons , eft à leur largeur , comme r eft I07Î L'ART DU TREÎLLAQEUR, Chap. 1. à J , pris du deflôus de la première moulure de la cimaife inclinée , jufqu'au deflus du premier membre de la cimaife horizontale , & aux deux extrémités de cette dernière. On a encore la hauteur des frontons , en prenant la diftance oc, qu'on porte de c en ^ ; & de ce point , comme centre , & de la diftance p o ,on dé- crit un arc de cercle o q h , dont la rencontre avec la ligne perpendiculaire , donne la hauteur du fronton prife du deflôus de la principale moulure de la cimaife. Cette féconde manière de déterminer la hauteur du fronton , eft celle dont j'ai fait nfage dans la jig. I , & elle revient à peu de chofe près , à la proportion de la première. Les frontons font quelquefois d'une forme circulaire , comme la ligne o qh; mais il eft rare qu'on en falTe uiage dans des décorations d'une exprelfion un peu délicate , vu que leur forme lourde convient plutôt aux ordonnances d'un caraftere fclide , ce qui n'eft pas du reftort des ouvrages de Treillage. L'efpace d , compris entre les corniches inclinées des frontons , fe nomme tympan , Se eft ordinairement rempli par des bas-reliefs , comme dans la fig. I , ou bien par un cartel , dans lequel on place des chiffres ou des armoiries. Quand les avant-corps font d'une très-grande largeur , on ne doit pas les couronner par un fronton , parce que la hauteur de ce dernier deviendroic trop confidérable , comparaifon faite avec la hauteur de l'Ordre , dont il ne faut pas qu'il furpaffe la moitié , ou tout au plus les deux-tiers. Si les frontons trop larges , & par conféquent trop hauts , font un mauvais effet , ceux qui, au contraire , font trop petits , ne font pas mieux , vu que leur tympan fe trouve réduit prefqu'à rien ; c'eft ce qui m'a déterminé à écarter la colonne de l'angle B , do celle C, fig. i , au lieu de les accoupler comme celles D E , fig. 2 , parce qu'un fronton élevé fur ces deniieres feroit devenu trop petit. On met des frontons fur des corniches de chambranles , de croifées & de niches , ainC que celui e , fig. 2 ; & c'eft la feule place , excepté les principaux avant-corps d'un Edifice , oia l'emploi des frontons puiflè être toléré. • Que les frontons fbient triangulaires ou circulaires , il ne faut jamais les couper par des reflauts , & encore moins les enrouler , ce qui eft un abus dont on doit bien fe donner de garde , malgré les exemples qu'on en a. Les amortiffements font des corps d'Archite£l:ure ordinairement couronnés d'une corniche , & dont la partie principale f g , fig. 2 , eft d'une forme 11- nueulè , tant de face que de profil , ce qui les diftingue des attiques dont je parlerai ci-après. Les amortiffements fervent à couronner des avant-corps qui font trop étroits pour qu'on puiffe y mettre un fronton , & fupportent ordi- nairement un couronnement de Sculpture quelconque, comme des trophées, des figures aihfès ou couchées , des armoiries , &c. Le SeCT. Î. §. Ilï. Application des Ordres Crées h. là. décoration , êc. 107J Le milieu des amortilîeraents eft ordinairement orné d'une table plus ou ^ ïnoins riche , félon l'expreffion de l'Ordre qu'ils couronnent; & leur premier Flanche focle doit toujours être d'une largeur égale à celle du corps fur lequel il eft placé , comme on peut le voir dans la fig. 1. La hauteur des amortifTements île doit pas furpafler celle de la moitié de la hauteur de la colonne , & cela du defllis de leur corniche au-deffous de leur focle , qu'on fera plus ou moins Jiaut , félon la plus ou moins grande faillie de l'entablement , & la diftance d'où ils peuvent être apperçus. Les entablem.ents font, en général , toujours couronné: , ou, pour mieux dire, furmontés par un corps d'Architeélure quelconque , foit par un fimple focle , comme à la Jîg. 2 , ou bien par une baluftrade , comme à la fig. r. Les baluftrades font des efpeces de piedeftaux , dont le dé eft percé à joue <3e diftance en diftance , & rempli par des efpeces de petites colonnes d'une forme contournée , nommées baliijlres. Quand les baluftrades fervent de couron" nement aux Edifices , comme dans cette figure , leur hauteur eft relative avec celle de la colonne , ou , pour mieux dire, avec fbn diamètre , parce qu'à tou- tes les ordonnances la baluftrade doit avoir quatre modules & demi de hauteur; favoir , un demi-module pour la corniche ou tablette r , fig. 1 , deux modules pour la hauteur du dé , & par conféquent du baluftre s , un demi-module pour celle du premier focle f , & un module & demi pour le fécond focle ou piedouche u. Si l'on n'avoit pas de diamètre de colonne donné , mais feulementla hauteur de la baluftrade , on diviferoit cette hauteuren neuf parties égales , dont ime pour la tablette , quatre pour le baluftre , un pour le premier focle , & trois pour le fécond. Le baluftre eft compofé de quatre parties ; favoir, fon chapiteau i , le col 2 Ja panfe 3 , & h bafe 4 , dont on a les proportions de la manière fuivante. On divife toute la hauteur du baluftre en cinq parties égaies , dont on prend une pour la bafe. Cette première divifion fe fubdivife en douze parties égales , lefquelles fervent à déterminer la grofteur du baluftre , comme je le dirai ci-après ; le refte de la hauteur du baluftre fe divife en cinq autres parties , dont une eft la hauteur du chapiteau , qu'on fubdivife en trois parties égales, dont une pour le gorgerin , une pour les moulures qui le couronnent, & l'autre pour le tailloir. Le refte de la hauteur du baluftre , c'cft-à-dire , l'ef^ pace qui refte entre la bafe & le chapiteau , fe divife encore en cinq parties égales , dont deux fervent à déterminer la hauteur de la panfe , & les trois au- tres celle du col , dont la grolTeur eft la moitié de celle de la panfe , laquelle eft plus ou moins grolTe , félon rexprelfion de l'Ordre fur lequel le baluftre eft placé ; à l'Ordre Dorique, la panfe doit avoir vingt- trois douzièmes de la hau- teur de fa bafe , c'eft-à-dire , deux fois cette bafe moins un douzième ; à l'Or- dre Ionique , vingt-deux douzièmes , au CompoCte vingt-un , & au Corinthien vingt. La panfe de ce dernier baluftre n'eft féparée de fon col par aucune Treillageur, s r» m m m f 1 Planche Î074 L'ART DU T REILLAGEUR , Chap. 1. moulure ; mais elle eft taillés en forme de poire ; de forte que le coi & la panfe ne font pas deux parties féparées comm.e aux baluftres des autres Ordres , qui tous font ronds par leurs plans , à l'exception du Dorique , qui efl quarré. Aux baluftres qui font ronds par leur plan , il faut toujours que la plinthe de ieur bafe & le tailloir de leurs chapiteaux foient quarrés , malgré les exemples contraires. Les baluftres doivent être efpacés, tant pleins que vuides , c eft-à-dire, qu'il y ait entre deux cols la largeur d'une panfe , & entre deux panfes la largeur d'un col. Le nombre des baluftres doit toujours être non-pair , afin qu'il s'en trouve un au milieu de la travée ; que leur nombre ne foit pas moindre que cinq, & ne furpaffe pas celui de treize, du moins autant qu'il eft poiTible. A l'extrémité de chaque travée debaluftre, il faut mettre des petits pieds-droits ' X, nommés auffi acroteres , lefquels doivent avoir à-peu-près la largeur d'un baluftre, & être diftants de la panfe du dernier baluftre de la largeur d'un col. La longueur des trav éesde baluftrade, ou , pour mieux dire , leur largeur , eft déterminée par celle des entre-colonnements, à l'à-plomb defquels il faut que les piédeftaux reffautent , encore que l'entablement paftTe droit. En général , les baluftrades & les baluftres doivent être d'une riche/le analo- gue à celle de l'Ordre fur lequel ils font placés ; & lorfque leur dé eft orné de tables, il faut que ces dernières foient difpofées comme celles des piédeftaux des colonnes des Ordres, en obfervant toutefois de les faire un peu moins riches. Au-deft"us des baluftrades ou des focles placés fur les entablements , on met quelquefois des ouvrages de Sculpture , comme des figures , des trophées , des vafes, des caftblettes , &c; chacun de ces différents ornements doit être en rapport avec la hauteur de la colonne. Les figures doivent avoir de hauteur le tiers de celle de la colonne , plus celle d'un focle placé deflbus ,■ "dont la hauteur doit être égale à celle de la moitié de la tête de la figure ; cette proportion eft toujours la même , foit qu'elles foient placées fur les colonnes ou dans une niche , comme celle M,fig. 2 ; dans ce dernier cas , il faut que l'ceil de la figure foit placé au centre de la niche , ce qui fait qu'on met quelquefois fous la figure un piédouche ou ftylobate qui l'élevé à la hauteur convenable, quand il arrive, comme dans cette figure, que la niche eft plus haute qu'il ne faut pour que la figure qu'on y place atteigne à la hauteur du centre de cette dernière. Quand à la place des figures on mettra des enfants , on leur donnera de hauteur la moitié de celle de la figure, ou le Cxieme de. celle de la colonne. Les trophées , foit de guerre , de pêche, de chalTe ou au- tres , doivent avoir de hauteur les deux tiers de celle des figures , ou les deux neuvièmes de la hauteur de la colonne , ce qui eft la même chofe. Les vafes doi- vent avoir h même hauteur que les trophées. Enfin les calTolettes auront la moitié de la hauteur du vafe , ou un neuvième de la colonne. Les Edifices dans la décoration defquels on emploie les Ordres d'Architeélure , Sect . I. §. III. Application des Ordres Grecs à la décoration , &c. 1075 ne font pas toujours à un feul étage , ce qui a fait imaginer de mettre plufieurs — Ordres les uns fur les autres , pour décorer chaque étage , ou même pour en Planche décorer un feul, comme on a fait long-temps à nos portails d'Eglifes , & 3*'" à la décoration des façades des Palais. Comme ce n'eft pas ici le lieu de faire connoJtre les défauts qui réfultent de l'abus qu'on a fait de furmonter les Ordres au-delTus les uns des autres , je me contenterai de dire que pour éviter ces défauts, on a cru ne devoir em- ployer qu'un feul Ordre à la décoration de la plupart des Edifices , quoique ces derniers ayent plufieurs étages ,& cela en plaçant f Ordre d'Architeflure fur un foubalTement , comme le repréfente h fg. r , ou en le furmontant d'un Attique, comme dans hjîg. 2 , ou en faifant ufage de l'un & de l'autre, au milieu defquels l'Ordre fe trouve placé. Les foubaffements ne font , à proprement parler , que des piédeflaux très- élevés, dans lefquels on perce des ouvertures A , A , fig. i , pour éclairer ou donner entrée dans les étages au rez-de-chauflée. La hauteur des foubaffe- ments doit être égale aux deux tiers de celle de fOrdre placé de/fus ( ou qui eft fuppofé y être , ce qui efl égal ) , y compris celle de l'entablement , plus un focle de deux modules , qu'on fuppofe être placé fous les colonnes , quoi- que ce focle puiffe être plus haut , & qu'il pui/fe y avoir même des piédef- taux, ce qui ne change rien à cette proportion, qui efi la plus grande qu'on puilfe donner aux foubaffements, qui peuvent Être réduits jufqu'à la moitié de la hauteur de l'Ordre , y compris l'entablement & même un focle de deux modules. La corniche 5 des foubaffements, doit avoir de hauteur un module de rOrdre de defilis ; fon gorgerin C , la moitié de la largeur de la corniche ; & l'aRragaleD , le tiers du gorgerin, ou tout au plus la moitié. Cette cor- niche , ainfi que 1« ouvermres des foubaffements , doivent être d'une exprcC lîon plus folide que celle de fOrdre qui eft placé defilis , ainfi que je l'ai ob- fervé à la fig. i , où la corniche & les ouvertures du foubarement font d'ex- preflion Dorique : cependant comme les foubaffements font des efpeces de piédeflaux , il feroit raifonnable que leurs corniches fuffent d'un même profil que celle du piédeftal de l'Ordre qui eft placé fur le foubafi:'ement. Les focles des foubaffements doivent avoir de hauteur le fixieme de celle de ces derniers , ce qui revient à-peu-près à deux modules de l'Ordre de deffus ; & quand on y met un double focle , il faut qu'il ait de hauteur le tiers du premier. La décoration des foubaffements doit être très-fimple , pour faire valoir l'Ordre du defflis : on emploie quelquefois dans la décoration des foubaffements les refends , les bofl-ages ou autres membres d'Architeâure , dont je ne parlerai pas ici , vu qu'on n'en fait jamais aux ouvrages de Treillage. L'Ordre Ionique de cette figure eft difpofé en forme de colonnade , au- trement dit péiiftyle,ce qui n'eft autre chofe qu'une gallerie qui eft quelquefois xoy^ L'ART DU TREILLAGEUR, Chap. I. adoffée , ou bien ifolée comme celle-ci , dont le plan eft repréfenté fig. 3. Les colonnes des périftyles peuvent être folitaires ou accouplées , comme dans les Jig. I (S- 3 , fur-tout quand ils font d'une certaine longueur , parce que les colonnes ainfi accouplées annoncent plus de folidité. Que les colonnes Ibient accouplées ou folitaires , il faut que leurs entre-colonnements foient d'une ouverture proportionnée avec l'expreffion de l'Ordre : cette proportion doit être prife du delTous de l'entablement au-delfus de l'appui de la baluftrade, ainfi que je l'ai obfervé dans la jftç. I , du moins à peu de chofe près. La largeur d'un périftyle doit être égale à celle des entre-colonnements , afin que les plates-bandes foient égales de longueur , & que le plafond qui eft en- tre elles foit exaâement quarré. On nomme plates-bande , le delfous de l'entablement , ou , pour mieux dire , de l'architrave , lequel paffe droit d'une colonne à l'autre , foit fur la longueur , foit fur la largeur d'un périftyle , ainfi que celles E, E,fig- 3, que j'ai indiquée pardes lignes ponâuées ftir le plan des bafes des colonnes. La largeur des plates-bandes doit être égale au fût fupérieur des colonnes ; & elles font ornées de l'architrave de l'Ordre dans l'intérieur des entre-colonnements. Ces architraves fupportent les plafonds de ces derniers ( c'eft-à-dire , des entre- colonnements ) & ces plafonds font ordinairement creufés en voufliires , com- me je l'ai indiqué par des lignes ponéluées , tracées fur l'élévation ,fig. i. Quand les colonnes font accouplées , comme dans cette figure , comme l'eC pace F , fig. 3 , qui refte entre les deux plates-bandes , n'eft pas fort confi- dérable , on ne fait pas régner l'architrave de l'Ordre dans ce vuide , c'eft-à-dire , fur les côtés des plates-bandes ; mais on fe contente de féparer ces dernières par un renfoncement dont la hauteur eft à-peu-prè? égale à la première face de l'architrave. Voye'^ la fig. I , où j'ai indique ce renfoncement par des lignes ponctuées. Le delTous des plates-bandes £ , 3 , eft orné foit de caffèttes & de rofaces , ou fimplement d'un ravalement dans toute leur longueur , dans lequel on met des ornements courants. Le deflbus des plafonds G , G , même figure , eft aulTi orné de divers compartiments , foit ronds ou quartés , lefquels font en- richis de Sculpture, comme des trophées en bas-relief , des guirlandes , &c. Quand les périftyles font élevés fur un foubaiFsment , comme à la fig. i , le vuide de leur entre-colonnement entre les focles qui portent les colonnes , doit être rempli par des travées de baluftres ou des entre-lacs , comme ceux H , fig. I. Que ces travées foient remplies d'une façon ou de l'autre, il faut que leur hauteur , du deffus de leur tablette , foit affujétie à la grandeur humaine , ce oui fait qu'elles ne peuvent pas avoir plus de deux pieds & demi de hau- teur j pris du delfus du fol intérieur , & autant qu'il eft poffible , on fait régner le deftus des tablettes avec le delTus des focles des colonnes , qu'on alTujétk à la hauteur des baluftrades , ainfi que je l'ai fait ici. Les SeCT. I. §. III. Application des Ordres Grecs à la décoration, &€. to'jj Les travées des baluftres fe placent quelquefois au milieu de l'axe des .co- lonnes ; mais on fait mieux de les faire tombsr à l'à-plomb de l'entablement extérieur , ce qui grandit l'intérieur du périftyle , 8c donne à ceuic qui s'y pro- mènent la facilité d'appercevoir plus aifément ce qui fe paffè au-dehors. : Quand la partie fupérieure des périftyles n'eftpas terminée en terrafTe , & qu'elle ne peut pas fervir à la promenade, il n'efl: pas néceffaire de les couronner d'une baluftrade , à la place de laquelle on fait beaucoup mieux d'y mettre un focle orné de tables , foit làillantes ou renfoncées , au-delfous defquelles on fait régner une plinthe ou premier focle , qui profile à l'à plomb du nud du fût Ilipérieur des colonnes. Cette manière de terminer un périflyle , vaut d'autant mieux, qu'on ne répète point les baluftrades , & qu'on ne doit employer ces dernières qu'où elles peuvent & doivent fervir d'appui. Les fig. 2 (& 4 , repréfentent l'élévation & le plan d'une ordonnance Ioni- que , placée fur un piédcftal , &ftrmontée d'une Attique , efpece d'ordonnance employée par les Athéniens pour couronner leurs Edifices , & en cacher le comble. Les Modernes ont fait des Attiques une efpece d'Ordre-pilaftre , dont le dia- mètre eft à fa hauteur comme r eft à (î , & on l'emploie dans les étages fupé- rieurs, en y perçant descroifées, malgré fexemple & l'autorité des Anciens, qui ne faifoient , comme je l'ai déjà dit , ufage des Attiques que pour cou- ronner leurs édifices. L'Ordre Attique , tel que les Modernes l'emploient , Se que je l'ai repré» fenté ici , doit avoir de hauteur du deffus de fa corniche au-deflous de fon focle , la moitié de celle de l'Ordre qui eft placé au-delfous , à compter du deffus de fon entablement au-delfous de fon focle ou du piédeftal , fuppofé qu'il y en ait un, comme dans la Jig. 2.. Cette hauteur eft la plus confidérable qu'on puiffe donner aux Attiques , qui peuvent être réduits jufqu'au tiers de la hauteur de l'Ordre , y compris l'entablement Se le focle ou le piédeftal. Toute la hauteur de l'Attique fe divife en huit parties égales , dont une à la corniche /, Jig. 2. , lix au pilaftre Z , & une partie pour le focle M; une des fix parties du pilaftre fert pour la hauteur du chapiteau H avec fon tailloir , non compris faftragale , & une demi-partie pour la hauteur de la bafe : refte quatre parties & demie pour le fût du pilaftre , qui eft ordinairement ravalé , & qui a de largeur le fixieme de fa hauteur , y compris balè & chapiteau. La corniche de l'Ordre Attique Moderne , eft ordinairement architravée , 8c fon profil doit être d'une même expreffion que l'Ordre de deflous ; & quand on met- tra des baluftrades , figures , vafes , &c , au-deflTus des Attiques , il faut leur donner de hauteur les cinq fixiemes de ceux du même Ordre. Les chapiteaux Attiques font plus ou moins riches , félon l'expreffion de TrEILLAGEUR. T 10. ïoyS L'ART DU TREILLAGEUR, Chap. I. • • l'Ordre fur lequel ils font placés. Les uns, comme celui A'', font compo- LANCHE fés de deux rangs de feuilles , dont celles de delTus portent fous le tailloir , & font au nombre de trois ; fivoir , une au milieu , & les deux autres reployées fur l'angle. Il y a quatre feuilles au rang de delfous , dont deux de face , & les deux autres de profil. L'autre chapiteau O a des volutes comme le chapiteau Corinthien , & un rang de feuilles au nombre de trois , dont une de face , & les deux autres reployées fur l'angle; les bafes des pilaftres Attiques font auffi plus ou moins riches, & la faillie du pilaftre doit être d'un fixieme de fon diamètre. Les croifées Attiques doivent avoir de largeur les cinq fixiemes de celle de l'Ordre de defîbus , & avoir de hauteur une fois & demie leur largeur. Comme dans les ouvrages de Treillage , on ne fait pas ufage des croifées Attiques , je ne m'étendrai pas davantage à ce fujet. L'efpace que ces croifées occupent , doit être remplacé par des tables P , fur lefquelles on met des trophées ou autres ornements de fculpture. L'ordonnance Ionique , repréfentée dans la fig. a , peut fervir à décorer la principale entrée d'un Jardin ; & dans le cas où on voudroit qu'elle feryît à terminer le point de vue d'une allée , on pourroit convertir fon arcade en une grande niche , fur le plan de laquelle on mettroit deux colonnes , comme je l'ai indiqué dans le plan J%. 4 , où le plan de cette niche eft marqué par des lignes ponéluées. Il faut faire attention que le point de centre de cette niche ; doit être placé au devant de la faillie de l'entablement , afin que la faillie de ce dernier ne rentre point en-dedans , comme il arriveroit néceffairement , fi ce point de centre étoit placé au nud du devant des colonnes. Ce que je viens de dire touchant les trois Ordres d'Architeflure Grecs , leur application à la décoration des Edifices , & les diverfes parties qui accom- pagnent ces Ordres , renferme à-peu-près tout ce qu'il eft nécelfaire que les Treillageurs fâchent d'Architeélure , pour être en état non-feulement d'exécuter les deffins qui leur font donnés par les Architedles , mais encore pour en compofer eux-mêmes , du moins exempts de fautes groffieres. Si je me fuis un peu étendu fur cette partie de FArchiteaure , qui a pour objet la décoration, ce n'eft pas que les ouvrages de Treillage foient abfolument a(rujétis à toute la févérité des règles de rArchiteélure ; au contraire , c'eft, à ce que je crois, le cas où l'on peut le plus s'écarter des règles , & fe permettre des licences , qui , fans faire tort à l'entemble de la décoration , donnent la facilité de lai/fer plus de carrière au génie pour produire des décorations d'une exprelfion en même-temps riche & légère. Mais pour s'écarter des règles , il faut du moins les connoître pour être en état de diftinguer celles qu'il eft abfolument eflen- tiel de fuivre , & celles dont on peut s'écarter. La route que j'enfeigne ici , eft peut-être un peu longue & difficile à fuivre ; mais c'eft cependant l'unique Se " celle qu'ont fùivie tous ceux qui fe font diftingués dans leur état. SeCT. II. Nouons élémentaires de t Art du Trait \ érc. Section Seconde. Notions élémentaires de ï Art du Trait , relatives à celui du Treillageur, L'Art du Treillageur a pour objet non-feulemen: la décoration des jardins, mais encore la conftrudlion de différentes pièces propres à procurer l'ombre & le frais , comme les Salions & les Cabinets de Treillages, les Galleriesou Berceaux, &c, lefquelles fcnt toutes recouvertes en de/Tus par des parties de treillages , formant foit des dômes ronds ou en impériales , des calottes , des voûtes , foit en arcs de cloître ou en berceaux , des vouffures de toutes les eC- peces, des trompes, des queues de paons ou panaches , des lunettes , &c, dont il faut déterminer non-feulement les différentes courbures prilès géomé- tralement , ( c'ell-à-dire , perpendiculairement à leurs faces ) , mais encore celles que produifent les angles de ces voûtes , lefquelles font toutes difpofées en différents compartiments réguliers , du moins autant que ces différentes par- ties peuvent le permettre. Il eft donc effentiel que les Treillageurs fbient bien inftruits de la partie de l'Art du Trait qui a pour objet la manière de déter- miner la courbure des arêtiers & des différentes parties de voûtes , & auffi le développement des furfaces de ces mêmes voûtes, pour pouvoir parvenir à y tracer toutes fortes de compartiments. Ces notions de l'Art du Ti'ait, font d'autant plus nécelîâires aux Treillageurs , que c'efl: eux qui tracent aux Serruriers la courbure , ou, comme ils difent, le lîmblo des fers qui entrent dans la conftruélion des voûtes de treillage , dont non-feulement ils augmen- tent la folidité , mais encore auxquels ils afTûrent une forme confiante & du- rable 5 le fer n'étant pas , ainfî que le bois , fujet à fe cintrer inégalement ni à fè redreffer quand une fois il a reçu la forme convenable. Je n'entrerai pas ici dans le détail de la forme que peuvent prendre les dif- férentes voûtes des ouvrages de Treillage , vu que ces formes peuvent être variées à l'infini ; je me contenterai donc de donner quelques exemples géné- raux applicables à tous. les cas, du moins autant qu'il me fera poffible de le faire. La fig. I , repréfente le plan d'un Berceau en angle , dont les faces repré- '■— fentées en élévation 2 (S" 4, font d'inégale largeur, quoique d'une mê- Planche me hauteur , & dont la courbe d'arête , repréfentée en plan par la ligne -A B , fig. I, fe trace de la manière fuivante. Le cintre de l'élévation de face, fig. 2, étant donné , on le divife en un nombre de parties quelconques , comme aux points a,i>,c,d,e; puis on abaiffe de chacun de ces points des lignes perpendicu- laires fur le plan , & que l'on prolonge jufqu'à ce qu'elles rencontrent la dia- gonale A B , fig. I , aux points g, h, i, l, defquels , ainfi que de celui B , on élevé autant de perpendiculaires , dont la hauteur étant égale à loSo L'ART DU TREI LLAGEUR, Chap. î. celles de la fig. 2 . donnent les points m,n,o,p,qScr,-ç3t lefquels on fait pafler une ligne courbe , qui eft celle d'arête demandée , & repréfentée en plan par la ligne A B. Si cette courbe au lieu d'être placée direélement dans l'angle , comme celle A B, s'étendoit davantage fur la longueur du berceau, comme, pat exemple , la ligne A C , on fe ferviroit toujours de la même méthode pour tracer la courbe élevée fur cette ligne , laquelle ne difFéreroit de celle élevée fur la ligne A B , que par fon étendue , ainfi qu'on peut le voir à la fig. y , où j'ai repréfenté cette courbe avec les lignes qui ont fervi à fa conftruc- tion. Les côtés du plan repréfenté fig. I , font d'une largeur inégale , comme je l'ai dit plus haut ; ce que j'ai fait afin d'avoir occafion , & cela fur la même figure , de démontrer la manière de tracer le cintre de la face d'inégale largeur , ce qui fe fait ainfi qu'il fuit. Le cintre de face étant donné , comme la fig. a , on abaiffe des divifions de ce cintre des lignes qu'on mené jufqu'à la diagonale du plan , aux points de rencontre de laquelle on les fait retourner parallèlement à l'autre côté du plan , & on les prolonge au-delà jufqu'au travers de l'élévation du petit côté repréfenté fig. 4, dont on a le cintre en donnant à chacune des perpendicu- laires qui la traverfent , une longueur égale à celle de la fig. 1 , qui leur font correfpondantes ; c'eft-à-dire, que la diftance 5 i , 4, doit être égale à celle ï a, fig. 2 ; celle 7 t , égale à celle 2 b ; celle 8 u , égale à celle 3c; celle 9 X , égale à celle 4 ; celle 10 y , égale à celle J « ; & celle G égale à celle E H. Si au lieu d'avoir le cintre du grand côté donné , on avoic celui du petit côté , cela ne changeroit rien à la manière d'opérer, puifqu'au lieu de prendre des mefures fur la fig. 2 , on les prendroit fur la fig. 4. Il faut cependant obferver qu'il vaut mieux déterminer la forme du plus grand côté le premier , fur-tout quand elle eft régulière , comme la fig. 2 , qui eft un demi-cercle ( la moitié étant prife pour le tout) : fi, au contraire, c'étoit le petit côté qui fût d'une forme régulière , ainfi qu'à la fig. 3 , on commenceroit , dans ce cas , par déterminer la forme de ce petit côté , pour avoir enfuite celle du plus grand , repréfenté _fig. 6 , comme je l'ai obfervé dans cette Planche , où la fig. 2 , fert également de cintre original à la fig. i , & à la fig. 3 , dont elle eft le petit côté , & par le moyen duquel j'ai tracé le grand tepiéfenté fig. 6. Quand au lieu d'un cintre, comme dans la fig. 2, on n'a qu'une ligne inclinée, comme de D à //, on a la longueur de cette ligne dans l'angle du plan ,fig. r , par la même méthode que la courbe de cet angle , c'eft-à-dire , qu'il faut élever fur la ligne A B, une perpendiculaire B r, dont la hauteur foit égale à celle E H , fig. 2 ; puis du point A, fig. I, on mené une ligne droite au; point , dont la longueur eft celle de la ligne d'arête développée félon l'in- clinaifon de la ligne D H, fig. 2. Quand Sect. I/. Notions élémentaires de l'An du Trait, êc: io8r Quand les berceaux font d'une forme circulaire ou ovale fur le plan , °^ comme dans la iîg. 3 , on trace fur ce plan autant de cercles ou d'ovales concen' Pwnche triques qu'on a de points donnés par les perpendiculaires de l'élévation de face , ou , pour mieux dire , prife fur un des axes du plan , fi ce dernier eft de figure ovale , comme la fig. 3 ; & par le moyen de ces cercles ou ovales concentriques , on a le cintre non-feulement du grand côté repréfenté fl. 6 mais encore des courbes prifes à tel point du plan qu'on le juge à propos' comme , par exemple , celle LIN, prife fur la ligne M N. toujours par là méthode ordinaire. Quand les plans fupérieurs & inférieurs des voûtes ne font pas parallèles entre eux , & par conféquent de formes femblables , comme à la %. 7 , dont -la partie fupérieure ^ £ C eft un cercle, & la partie inférieure DE F un quarre-long, de manière que la diftance D A foit plus grande que celle C on commence par déterminer les deux cintres de face,> 8 ô ir fuivant la méthode que j'ai donnée ci-de/fus , i^. i , 2 4 ; ce q^^i donne fur le plan les points a , b , c , d , e ^ f, g , h , i , k; enfuite fur la diagonale du plan prife de l'angle £ ; & du milieu du cercle / en 5 , on trace une courbe de la même efpece que celle des cintres de face , c'eft-à-dire , une portion d'ovale ; enfuine des points de divifion du cintre de face , 8 , fou de 1 autre/., x i , ce qui eft égal ) , on trace , 8 , les lignes horizontales I " °^-a ? ' ' ' " ' q"°n porte fur la fig. 7 , en obfervant que leurs diftances à la ligne £5 , foient égales aux diftances des premières à la ligne ^ C ; & des points x , 2 , 3 , 4 & j , où ces lignes horizontales C ou pour mieux dire parallèles à la ligne Ê 5 ,/^. 7 ) rencontrent la courbe d arête, on abaiife autant de perpendiculaires à la ligne E B, lefquelles la rencontrent aux points =c ,y , ^, & , , . Ces points font nécelFaires pour avoir lur le plan des lignes , par le moyen defquelles on trouve des courbes prifes à telles parties du plan qu'on le juge à propos. Comme les extrémités fupérieure & inférieure du plan ne font pas parallèles entre elles, par conféquent de nature différente , il faut que les lignes qu'on trace fur le plan , dont les ex- trémités ont été données par la retombée des trois courbes de face & d'arête. Il faut , dis-je , que ces lignes approchent plus ou moins de la nature de celles des extrémités du plan , en raifon de ce qu'elles feront plus ou moins éloignées de ces mêmes extrémités ; c'eft pourquoi dans le cas dont il eft ici queftion , les lignes du plan font autant d'arcs de cercles qui palfent parles points don- nes & dont les centres font toujours placés fur les lignes A G,&C G prolongées autant qu'il eft néceffaire , de manière que les dernières lignes ' comme celles f x , ou x a , deviennent prefque droites. Si le plan intérieur , ou , pour mieux dire , fupérieur, étoit un ovale au lieu dette un cercle , comme celui J B C, il faudroit que toutes les lignes Vl3 loSï L'ART DU TREILLAGEUR, Chap. I. iufTent elliptiques, du moins celles qui approcheroient le plus de la partie itir térieure du pian. Lés lignes fx , gy , h i. Sec, étant tracées , on a le cintre de toutes les courbes prifes fur le plan , en fuivant la méthode que j'ai donnée ci-deflùs , Se par le moyen de laquelle j'ai trouvé le cintre des courbes Jîg. 12 (§ 13 , pri- fes fur les lignes H I, & L M , lefquelles lignes divifent le plan en par- ties égales , tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Si le cintre de la voûte repréfentée en plan , fg. 7 , au lieu d'être cintré , foit en demi-cercle ou en demi-ovale , liirhaufle comme le petit cintre de face , fig. S , ou furbaiffé comme la courbe prife fur la diagonale E B , fi, dis- je, ce cintre étoic en S , cela ne changeroit rien à la manière d'opé- rer ; car après avoir tracé àpart les deux cintres des bouts ,fig. 9 <& 11, & celui de la diagonale, 10 , on diviferoit la hauteur de ces cintres en un nom- bre de parties égales quelconques , & des points où ces divifions rencontrent les cintres de ces courbes, on abaifferoit autant de perpendiculaires qui donnent la naifTance des lignes intermédiaires du plan ; ce qui , je crois, eft très-facile à entendre , fi on a fait un peu d'attention à ce que je viens de dire ci dcfTus. Il faut obferver que toutes les opérations font faites de la face intérieure des courbes , parce que j'ai fuppofé que c'étoit la partie apparente de l'ou- vrage ; fi au contraire c'étoit la face extérieure qui fût apparente , on mettroic l'épaitTeur des courbes en-dedans, au lieu de la mettre en-dehors , comme je l'ai fait ici. Ce que je viens de dire renferme tout ce qui concerne les arêtes des ber- ceaux fuppofes à une même hauteur. Il faut maintenant: donner la manière de tracer la courbure que produit la rencontre de deux berceaux d'inégale hau- teur de cintre , ce qui fe nomme en Architecture , une voûte formant lunette ^ ce qui s'entend de la moins fiante , laquelle fe trace de la manière fuivante. Le cintre de face du grand berceau étant donné , comme la fig. i , on le divife à fordinaire en un nombre de parties égales quelconques, qu'on trace fur le plan , comme je l'ai enfeigné ci-defTus , & qu'on peut le voir dans la fig. 4. On trace pareillement fur l'élévation le petit cintre A B C , Jig. i , dont le diamètre eft borné fur le plan , fig. 4 , ce qui étant fait , des points de divifion du cintre de face du grand berceau , on mené autant de parallèles , jufqu'à ce qu'elles rencontrent le petit cintre 5 C, aux points C, a , i, c,d, defquels on abaiffe autant de perpendiculaires au plan , Se que l'on prolonge jufqu'à ce qu'elles rencontrent les lignes de ce dernier , qui leur font corref- pondantes , c'eft-à-dire, qui proviennent des mêmes points de divifion du grand cintre de face ,j2g. i ; & par chaque point de rencontre de ces lignes , on fait palfer une courbe D E F , qui forme l'arête de la lunette vue en plan, dont on a la véritable longueur en développant la partie du grand cintre de' face , dans laquelle le cintre de la lunette eft compris , ainfi qu'à la fig. 2 , où Notions élémentaires de l'An du Trait, &c. io8^ la d,ftance qu'il y a entre chaque ligne parallèle eft égale a« diyifions du ' grand cintre de face ,fig. i. Planche Ce développement étant ain/Ifait, des point. F. , , [3, , eleve autant de perpendiculaires , qui venant à rencontrer les Wnes de l'élé- vation développée, donnent le cintre de la courbe de la lunette développée, dont on a la véritable longueur en développant enfuite cette dern.ere courbe fur une ligne droite ; ce qu rl eft quelquefois néceffaire de favou-, fur-tout quand ces fortes de courbes font conftruites en fer, ce qui elt Ja meilleure façon de les faire. Lorfqu'à la rencontre de deux voûtes, ou, pour mieux dire, de deux ber- ceaux qui fe croifent à angle droit, on fait une voûte plus élevée , foie en dome ou en calotte , dont le plan circulaire prend nai/Tance au-delTus du cin- tre des berceaux , ainfi que celui GHI, fig. 4, en plan & en élévation. 3 - cote des mêmes lettres , l'efpace qui refte du point H au point L . qm eft 1 angle du plan inférieur , fe nomme pettdennf, ou queue de Paon , par rapport a l evafement que forme cet angle pour regagner la diiférence des plans fupeneur & inférieur ; la ligne du milieu de ces pendants ne forms pas une ligne droite en élévation, mais une courbe dont on a le cintre de la manière luivante. Le cintre de face d'un des berceaux étant donné & divifé comme je l'ai enfeigne ci-deftbs . de chacune de ces divifions on abaiffe fur le plan autant deperpend,culaires,jufgu'àcequ'ellesrencontrentlaligneM/.duplanfe4, laquelle reprefente l'extrémité de l'un des berceaux, & qui fait par coni quent tangente avec le cercle G H I , pkn fupérieur : de chacun de ces points de rencontre , & du centre N, on décrit autant d'arcs de cercle . lefquels venant à couper la ligne LH, donnent fur cette dernière autant de points , d après lefquels on trace fur le plan même, ou bien à part , comme je lai tait, fig. ; , la cerce de la courbe du milieu du pendentif, cotée des mêmes lettres que fur le plan & fur l'élévation , 3. Si au lieu d'une feule courbe, on vouloir en a'voir plufieurs , on fe fervi- roit toujours de la même méthode, ce qui ne fouffre aucune difficulté , du moins tant que cette courbe formera une ligne droite fur le plan , comme celle ^ L, h- 4. ce qui ne peut pas toujours être , comme quand , par exemple, on veut que ces lignes divifent en parties égales chaque cerce du plan , com! me celle m n o- alors il arrive que cette cerce devient cintrée fur le plan , comme on peut le voir dans cette figure. Il arrive fouvent qu'il fe trouve des vouffures de diverfes fortes dans des parties de Treillage , lefquelles font données par différentes hauteurs de berceaux, ou par des ouvertures de portes ou autres ; c'eft pourquoi je vais donner un exemple de celles qui font les plus compliquées , d'après lequel on pourra en conftruire d'autres d'une forme différente , & cela en fuivan: U même méthode que pour celle-ci. îoS4 L'ART DU T R E I L L A G E U R , Chap. I. a Soit , fig. 6 , l'élévation d'une arriere-vou/Ture en queue de Paon , ou ■ , , Planche contre-partie de Marfeille ; foit pareillement fon plan/'^. lo, (la moitié étant prife pour le tout , comme ci-delTus ) , & fa coupe prife au milieu ,fig.7, on commence par divifer cette dernière en un nombre de parties égales à volonté , & de chaque point de divilîon on abailTe autant de perpendiculaires qu'on porte fur le plan , pour y tracer les lignes parallèles a^,b i, , c o. 8c d i , cotées de même que fur la coupe ; & à chaque point où ces lignes rencontrent le côté du plan , on élevé autant de lignes jufqu'à la nailTance du cintre de l'é- lévatioa. Cette première opération étant faite , de chaque point de divifion de la coupe , on mené autant de lignes horizontales' fur la ligne du milieu de la vouffure , où elles donnent les points L,l,m8c n, par lefquels , & par ceux 'tf> gJ^jOnÏMt paiTer autant de demi-cercles ou de demi-ovales , foit furhauf- fés ou furbai/Tés , félon la diftance qu'il y a de chacun de ces points à celui /, centre de la vouffure. Ces cerces étant tracées , repréfentent en élévation les lignes parallèles du plan , & fervent à donner la cerce de toutes les coupes qu'on voudra faire à la vouffure , comme , par exemple , la ligne J B ,fig.6 , ce qui fe fait de la manière fuivante. On trace à part^^. 8, un parallélogramme, dont un des cotés DMeR égal à la largeur du plan , ou à la faillie de la coupe , ce qui eft la même chofe ; Se l'autre C D , égal à la ligne A B. On trace fur ce parallélogramme autant de lignes parallèles & à même diftance que fur le plan; enfuite on prend fur la ligne AB,fg. 6 ,tous les points de rencontre , qu'on porte fur la ligne CD , Fig. 8 , où on fait la diftance Cs, égale l Ao; celle Ce, égale à A p ; celle Cu.égaleà^y; & celle Cx, égaleà ^ r; puis des points s u & x , on abaiffc autant de perpendiculaires ; & où elles rencontrent les lignes parallèles a4,^3,c2&</i, elles donnent des points par où paffe la courbe demandée , repréfentée en élévation par la ligne A B. Si on veut avoir une féconde cerce , comme celle E F , on fait un fécond parallélogramme , dont le petit côté G Hyfig. ç , repréfente la longueur de la cerce vue de face , & le refte comme à l'autre que j'ai démontrée ci-deffus ; ce qui eft général pour toutes les vouftùres dans lefquelles on voudra placer des cerces de fer pour en maintenir la forme & pour la rendre plus parfaite. Il faut obferver que lorfque les cerces repréfentent une ligne droite fur l'é- lévation , elles deviennent courbes fur le plan , ainfi que celles tracées fur la %• lo , lefquelles ont été données par des perpendiculaires abaiffées de l'élé- vation fur le plan ; & que ces lignes ne peuvent être droites fur le plan , que quand elles font tracées fur l'élévation perpendiculairement à ce même plan. Les trompes, /ff. 1 1 , s'exécutent rarement en treillage; cependant comme celaarrive quelquefois , il eft néceffaire d'en donner du moins une idée. Leur figu. re eft ferablable à un cône , dont l'axe eft horizontal , ou , pour parler plus claire- " ment, elles repréfentent la moitié d'un entonnoir couché fur le côté, & dont les cotes Sect. il Notions élémentaires de l'Art du Trait, Io8j; côtés font écbanci'és , foie par une ligne droite , comme celle A C, ou bien ; par une ligne courbe, comme celle CGB; de manière que la coupe tnnÇ- Planche verfale d'une trompe de ^ à B , préfente un demi-cercle fur lequel on prend des points de divifion à volonté , defquels on abailîè des lignes perpendicu- laires jufque fur la ligne A B , aa ils donnent les points a , h , c Sc par lefquels , & de l'angle D du plan , on fait paffer autant de lignes qu'on prolonge jufqu'à celle A C, qui efl le dehors du plan de la trompe ; enfuite des points e , f, gSch, on trace des lignes horizontales parallèles à celle E C , qu'on prolonge jufqu'à ce qu'elles rencontrent le côté du plan de la trompe prolongé jufqu'en £ ; & à chaque point de rencontre on abaifle des perpendiculaires fur la ligne horizontale H C, à la rencontre de laquelle elles donnent nailfance à des demi-cercles dont le centre eft en C. L'extrémité du plan de la trompe qui eft en élévation , fe termine en un point , parce que le côté du cône ou de l'entonnoir eft coupé ; car s'il étoit continué jufqu'en E , fà face feroit un demi-cercle comme celui Ej F, & ainfi des autres lignes hori- zontales tracées fur l'excédent du plan de la trompe , & repréfentées en élévation par autant de demi-cercles concentriques à celui Ej F. Ces différentes opérations étant faites , donnent le moyen de tracer la cerce de la courbe d'arête de la trompe, repréfentée en plan par la ligne ^ C, ce qui fe fait de la manière fuivante. Des points e, f, g, h,C, on abaiffe autant de perpendiculaires à la ligne E C , qu'on prolonge jufqu'aux cercles qui leur font correfpon- dants ; enfuite des mêmes points e , f, g , h &. C , on élevé d'autres lignes perpendiculaires à celle A G , dont la longueur doit être égale à celle des premières provenantes des mêmes points , c'eft-à-dire , qu'on fait la longueuc C y , égale à celle C F ; celle A x , égale à celle n r ; celle g a , égale à celle m q ; celle / t , égale à celle l p ; 8c celle e s , égale à celle i o ; puis par les points A , s , t,u ,x 6c y , on fait paffer une ligne qui eft la courbe demandée , c'eft-à-dire , le cintre de la face d'un des côtés de la trompe , lequel fart égalementpour les deux, lorlqu'il eft d'une forme régulière par fon plan» Si les côtés de la trompe , au lieu d'être coupés droits par leur plan , comme la ligne A C , étoient terminés par une ligne courbe , comme celle C G B , on fe ferviroit toujours de la même méthode pour tracer le cintre de fon élé- vation , comme on peut le voir dans cette figure ; & pour avoir la vraie lon- gueur de cette courbe , il faudroit développer fon plan C G B , fur une ligne droite , ainfi que je l'ai recommandé ci-defTus , en parlant des courbes des lunettes, page 1083. Il arrive quelquefois que le plan des trompes eft d'une forme irréguliere, comme la _fig. 12 ; dans ce cas la courbe de chaque côté le prend à part , & le centre de chaque demi-cercle , repréfentant félévation des coupes parallè- les de la trompe , eft donné par des perpendiculaires abaiffées de la rencontre Treillageur. X 12 xo26 L'ART DU TREILLAGEUR, Chap. 1. == de ces parallèles avec l'axe û ^ , de la trompe , ce qui donne fur la ligne c cl, Planche ^g. l'extrémité de cette dernière, les points e ,f, g, centres des demi- cercles /; i ,lmôc no, repréfentés en plan par les lignes p q ,r sôc tu. Ce que je viens de dire touchant la manière de tracer les courbes des an- gles des berceaux , renferme â-peu-près tout ce qu'il eft abfolument nécelTaire à un TreiUageur de favoir de l'Art du Trait , pour conftruire toutes fortes d'ou- vrages en Treillage ; & encore pour conduire le travail du Serrurier , auquel appartient la conftruiSlion d'une partie des courbes dont je viens de parler, qui , pour être bonne & d'une courbure parfaite , doivent non-feulement être faites en fer, & allujéties à la forme & à la grofleur des bois du Treillage ^ mais encore en faire partie , du moins autant qu'il eft poffible de le faire ; c'eft pourquoi avant de palTer au développement des furfaces des berceaux , & à la manière d'en tracer les compartiments , je vais entrer dans quelques détails tou- chant la difpofition de ces fers, fur-tout pour ceux des parties cintrées dont je viens de parler ci-delTus. §. I. De la difpofitïan des fers fervant à foutenir les Treillages. Les ouvrages de Treillage , quoique légers & délicats en apparence , doivent cependant avoir une folidité réelle , pour qu'ils puiffent rélifter aux injures de l'air , auxquelles ils font continuellement expofés. Cette folidité confifte non-feulement dans les foins qu'on prend lors de leur conftruftion , comme je le dirai en fon lieu , mais encore dans les moyens qu'on emploie pour les arrêter fûrement en place , & pour lier toutes les parties les unes avec les au- tres , les bois dont on fe fert étant trop foibles pour réfifter long-temps à l'air , & pour conferver la forme qu'on leur a donnée. Le meilleur moyen de donner aux ouvrages de Treillage toute la folidité poffible , eft de faire entrer le fer dans la conftruâion des diverfes parties qui les compofent , foit pour les arrêter en place , ou pour les lier les unes avec les autres , ou enfin pour les aflujétir à une forme donnée, ou pour leur confer. ver cette même forme ; dans ce dernier cas les fers doivent faire partie du Treillage , afin qu'étant peints de la même couleur, on n'en puilTe pas faire la différence , du moins au premier coup-d'œil. Les parties de Treillage où le fer eft le plus néceflâire , font celles qui font cintrées foit fur le plan , foit fur l'élévation , ou enfin fur l'un ou l'au- tre fens , comme les voûtes ou couvertures de berceaux dont je viens de par- ler ci-deflus, les fers font fur-tout néceffaires dans les angles de ces voûtes, foit qu'elles foient difpofées en arcs de cloître , en voûtes d'arête , &c. J'ai donné plus haut la manière de tracer la courbe , ou , pour mieux dire , la cerce de chacun de ces cintres : refte maintenant à parler de leur forme , afin que le TreiUageur foit en état de conduire le travail du Serrurier , qui Planche m- Sect. il §. I. De la difpofition des Fers fervant à fouteiiir les Treillages, 1087 ne doit rien faire que par fon ordre , ou du moins en fuivant fes avis , ce qui .^j- efttout naturel, puifque c'eft le Traillageur qui lui trace tous ces fers , & Planche qui en détermine tant la forme que la longueur & la grolFeur. La conftruâion & la forme des fers qui terminent les cintres de face des berceaux, comme celui repréfenté jîg-. i, n'a rien de particulier, vu que fa groflèur & fa courbure étant données , eft qu'il doit être d'équerre fur tous les fens ; mais quand c'eft une courbe qui doit occuper un angle foit rentrant , comme \afig. 4, ou bien faiUant , comme la/^. 5 , repréfentée en élévation Jîg. 2 , il faut que la forme de cette courbe change à mefure qu'elle s'élève , & que d'un quarré vu fur l'angle qu'elle repréfente par l&n plan , à l'endroit de fa nai/fance/^. 5 (& 7 , cote A, elle devienne un hexagone irrégulier, comme celui cote B , ôc fs termine enfin par un parallélogramme comme celui cote C. Ce changement de forme eft donné par le reculement du calibre qu'on mené de c d. l> , fig. 2 , Si toujours horizontalement , afin que les lignes de divifion prifes fur la fig. i , 3c repréfentées en plan^o-. 4 y , fe trouvent toujours de niveau , & toujours d'équerre fur ce fens , pourvu que le plan foit à angle droit , comme je l'ai fuppofé ici ,^o-. 4 (§• j'. Ce que je dis pour le dedans de la courbe , doit s'entendre pour le dehors , c eft-à-dire , qu'après avoir tracé fon calibre extérieur par la même méthode que celui du dedans , on rapproche ce calibre de al i , fig. 2 , ce qui lui donne la forme demandée , en obfervant de tracer le milieu de la courbe tant en delTus qu'en delfous , comme l'indique la ligne e fg h, fig. & y, afin d'avoir la ligne d'arête , qui , peu-à-peu , s'efface & fe termine à rien au haut de la courbe , fig. 2 , tant en deflus qu'en deiTous. Cette courbe ainfi difpofée , peut également fervir pour les angles faiUants & rentrants , parce que lorfqu'on y appuie les échalas horizontaux, foit en deffus , foit en deifous , ils porteront toujours également ; cependant , fi dans le cas d'un angle rentrant , comme la fig. 4 , on vouloit que la courbe repréfentât en plan un angle creux, comme celui ///, on feroit la courbe de deux pièces fur Tépaiffeur pour en faciliter l'exécution , & on en difpoferoit la cour- bure en reculant le calibre du dedans Se du dehors , comme à la courbe pré- cédente. Foyei la fig. 3 , qui repréfente la partie inférieure de la courbe élevée fur le fhnfig. 4 , & cotée des mêmes lettres qu'à ce dernier. Chaque moitié de courbe forme , par fon plan , un parallélogramme obli- que , comme celui if g m, fig. 4, de manière que le côté extérieur de la courbe fe trouve biais avec la face du plan , ce qui eft indifférent pour le cas dont il eft ici queftion. Cependant fi on vouloit que le côté de la courbe fe retrouvât d'équerre avec la face du plan , comme de i à n , cela ne changeroi: rien à la manière d'opérer : il n'y auroit que la moitié de la courbe qui feroit plus épaifle par le bas en venant à rien du haut , comme l'indique la ligne o n , laquelle n'eft pas une ligne droite , mais une courbe donnée par des io88 L'ART DU TREILLAGEUR, Chap. L lignes parallèles à celle i n , qui partent de la rencontre des divifions du plan avec la largeur intérieure de la courbe , & dont la longueur eft terminée par d'autres divifions du plan prifes à l'extérieur de la courbe , fig. I , non pas à l'endroit des lignes parallèles provenantes des divifions intérieures , mais aux points donnés par des lignes qui paffènt par chacun de ces points de divifion , & tendantes au centre de la courbe , fig. i. Comme il eft très-rare qu'on fafle retourner d'équerre les courbes des angles rentrants du Treillage , je n'entrerai pas dans un plus grand détail touchant la manière d'en tracer les équerres extérieures , que je n'ai fait qu'indiquer ici pour en donner feulement une idée , cette partie étant traitée à tond dans mon Art du Trait , page 354 <& fuiv. Quand les courbes des angles creux font difpofées comme je viens de l'en- feigner , on les joint enfemble par le moyen de quelques clavettes qui palTent au travers de leur épaiffeur , & qu'on rive enfuite, de manière qu'elles ne fem- blent faire qu'une feule & même pièce , ce qui vaut autant pour les ouvrages dont il eft ici queftion , que fi on creufoit l'angle rentrant dans une feule pièce de fer , laquelle deviendroit très-coûteufe , vu la difficulté de fon exécution. Les courbes d'arêtes des lunettes, repréfentées fig. 6, doivent auffi changer de forme dans la longueur de leur contour , foit qu'on veuille que leurs côtés fe re- tournent d'équerre , en fuivant le cintre delà voûte , comme à la fig. (5 & à la fig, 8 , ( qui repréfentent en grand la coupe du milieu de la courbe , fig. 6) , ou que l'on fe contente de faire le delTus de la courbe parallèle à fa face intérieure , comme findique la ligne p q ; dans le premier cas , il faut , après avoir tracé le cintre de la courbe & fon développement fur une ligne droite , pour en avoir la véritable longueur , il faut , dis-je , renverfer peu-à-peu un des côtés de la pièce pour qu'elle devienne dans fon milieu comme la coupe r s y ; ; au lieu d'un quarré parfait qu'elle doit préfenter à fes deux extrémités , ainfi que celui r ux t. Dans le fécond cas , comme la furface du parallélogramme oblique pr qt ,ék moindre que celle du quarré r u x t qu'il faut diminuer la pièce pour la réduire à la forme du parallélogramme oblique , on commence par lui donner cette forme qui l'allonge peu-à-peu , & on n'en termine la longueur que quand elle eft tout-à-fait forgée ; alors fes deux extrémités doivent être parfaitement quarrées, comme dans le premier cas. Quand les courbes d'arêtes des lunettes font ainfi préparées , on les cintre d'abord fur la face , comme je l'ai enfeigné ci-defi"us , & enfuite fur le côté , c'eft-à-dire , fuivant le cintre de la voûte, ce qui n'eft pas très-aifé à faire ; c'eft pourquoi je crois qu'à des ouvrages de conféquence , on feroit très-bien de conftruire un modale de plâtre ou de bois cintré comme fintérieur de la voûte , où fe- roit tracé l'ouverture de la lunette, & fur lequel on cintreroit la courbe d'a- Kte de cette dernière , dont le développement , quant à ce qui regarde la manière SeCT. II. §, I. De la dLfpoJldon des fers fervams à fiutenlr les Treillages. 10§p manière d'en tracer les équerres , deviendroit très-compliqué , s'il falloir qu'ils fuffênt faits avec beaucoup de précifion , ce qui n'eft pas néceflâire ici ; au refte on peut voir ce que j'en ai dit dans mon Art du Trait, page 350 & fuLv. Quand les courbes des berceaux s'élèvent obliquement à leur plan , comme les fig. p & 10 , on les cintre d'abord à l'intérieur , & on refoule la matière fur l'angle qui s'évafe , en obfervant que le fécond cintre foit parfaitement ferablable au premier ; puis on achevé de mettre la courbe d'équerre toujours en tendant à fon centre , & ainfi des autres courbes de quelque forme qu'elles foient , dont je ne donnerai aucun exemple ici , vu que ce que je viens de dire eft fufHiànt pour donner aux Treillageurs toute l'intelligence de ces for- tes d'ouvrages , qui, quelque compliqués qu'ils puiiFent être, fe font toujours par les mêmes principes, du moins à peu de différence près. Après les fers des voûtes dont je viens de parler , ceux qui fervent à foute- nir les corniches ou autres parties faillantes , font ceux qui demandent le plus d'attention , parce qu'il faut non-feulement qu'ils fupportent ces mêmes cor- niches , mais encore qu'ils leur confervent la forme qui leur eft donnée lors de l'exécution ; c'eft pourquoi avant que de rien déterminer touchant la forme de ces fers , il faut d'abord tracer en grand le profil de la corniche , comme , par exemple, les fig. 11 & 12 , & enfuite le détail de toutes les parties qui les compofent ; après quoi on dilpofe la branche de fupport F G ,fig. 11 , de manière qu'elle avoifine tous les membres le plus près poffibie , ce qui oblige quelquefois à la cintrer comme dans la fig. 12. Quant aux parties faillantes, comme les larmiers , on les foutiertt par des brides de fer comme celle H , jig. I T , lefquelles paffent par-delTus la branche horizontale D F , Se font recourbées en defTous en forme d'un mentonet qui entre dans l'épaiffèur du bois , & qui en fupporte le poids. Ce que je dis pour le larmier fupérieur , doit s'entendre pour le larmier inférieur , ainfi que pour toutes les autres par- ties faillantes. Quand il y a de grandes parties cintrées , comme celles IL, fig. 12, il faut ajouter à la branche du fupport d'autres fers plus légers, qui fuivent exaâement la forme du cintre , comme je l'ai obfervé dans cette figu- re , ce qui eft très-néceflaire dans le cas d'une corniche d'une très-grande éten- due, afin qu'elle ne puiffe pas fe déranger. En général, il faut avoir foin , autant qu'il eft poflîble , de faire la même chofe à toutes les parties cintrées qui ont un peu de grandeur , & faire enforte que toutes les pièces qui compofent une corniche foient arrêtées avec les fers qui la foutiennent , foit par le moyen des brides ou par des enfourchements , comme le bout de la branche M ,fig. 11 , ce qui vaut mieux que des liens de fil de fer , qui ne font pas capables de fou- tenir long-temps un fardeau un peu confidérable. Il faut auffi faire en forte que tous ces fers ne foient pas apparents , ( à moins qu'ils ne faffent partie du corps de l'ouvrage ) rien n'étant fi ridicule que de voir les échafauds d'un bâtiment lorfqu'il eft entièrement conftruit. Si des fers Treillageur. J la Planche WÊHm. 'm 2 ri m 'à if m 51 f lopo L'ART DU TREILLAGE UR, Chap. I. Planche r= ainfi apparents font un mauvais effet , c'eft encore bien pis quand à leur place on met des pièces de charpente , comme on a fait aux Treillages du Colifée , (les plus grands ouvrages de cet Art qu'on ait faits jufqu a préfent) où on imagine voir des étayes qui en empêchent la chute , plutôt que des pièces néceffaires à leur conftrudlion , qui , comme je l'ai déjà dit , doivent être de fer , & le moins apparentes qu'il eft poflible , les pièces de bois de charpente étant d'un trop gros volume pour entrer dans la conftruction des Treillages , dont elles mafquent néceffairement les vuides , ce qui fait un très-mauvais effet. On ne peut cependant difconvenir que l'emploi des fers ne devienne très-coûteux ; mais il eft impoffible de s'en paffer pour donner aux ouvrages de Treillage toute la folidité néce/Taire , & pour en prévenir la prochaine dcflruélion ; c'eft pour- quoi cette dépenfe, lorfqu'elle eft faite avec prudence , devient une épargne par la fuite , puifqu'elle empêche des réparations trop multipliées , & même la ruine totale de l'ouvrage , qui ne peut abfolument pas réfifter long-temps aux intempéries des faifons & à fon propre poids , s'il n'eft foutenu par des fers qui , autant qu'il eft polfible , doivent en faire partie , afin d'être moins appa- rents , ainfi que je l'ai déjà dit plus haut (*). Je ne fiiis pas ici mention des autres fers fervant aux différents ouvrages deTreillage , parce que j'en parlerai en traitant de ces mêmes ouvrages, afin de joindre l'exemple au précepte & d'éviter les répétitions. m 'M 6 lits §. IL Manière de jaire le développement des furfaces des Treillages cintre's , & d'en difpofer les compartiments. ^ I L eft nécefîàire aux Treillageurs de {avoir faire le développement des Planche {ùrfaces des parties cintrées de leurs ouvrages , non-feulement pour en faire le toifé , mais encore pour difpofer les compartiments de ces mêmes parties , & déterminer au jufte la longueur des pièces dont elles font compofées; c'eft pour- quoi je vais donner quelques exemples de ces développements applicables à tous les cas , du moins les plus ordinaires. Soit, par exemple , fg. 5 (S" 7 , le plan d'un Cabinet d'une forme quarrée, & voûté en arc de cloître , dont on veut avoir le développement de la voûte , ou du moins d'une partie ( ce qui eft égal , la partie pouvant être prife pour le tout ) , on commence par tracer fur le plan la diagonale A C , ce qui étant fait, on élevé perpendiculairement à la ligne 5 C, le cintre de face de la voûte , fig. 6 , qu'on divife en un nombre de parties égales à volonté aux (*) Pour fe convaincre de la vérité de ce que j'avance ici, qu'on examine^vec attention les Treillages du Colifée, conllruits depuis peu de temps, on verra que toutes les parties Tail- lantes où on a négligé de mettre des fers , tom- bent déjà en ruine , ou du moins ne confervcnt plus leur première forme , les bouts d'échalats qu'on a fubftitués aux fers étant pour la plû- part rompus ou dérachés , de manière qa'avanc qu'il foit peu de temps il faudra y faire des réparations trcs-confrJerables , lefquelles coû- teront certainement beaucoup plus que les fers, que par économie , ou pour toute autre ration que je ne connois pas, on a négligé de mettre lors de la conftrudion de ces Treillages, SeCT.H. Développement des fur faces des Treillages cintrés , &c. lotjt points a,b,c,d,e,f, g , kSci ; defquels points on abaifle autant de per- r •» pendiculaii-es fur la ligne B C , f g. ^ , 8l on les prolonge jufqu'à ce qu'elles rencontrent la diagonale A C, aux points / , m , « , o , , y , /• , i & r ; puis on trace le développement de la partie de la voûte repréfentée en plan fig. J , de la maniera fuivante. On trace à part la ligne A B , fig. i , ( d'une longueur égale & parallèle a celle A B ,fic. 5 ) > à l'extrémité de laquelle on élevé une ligne perpen- diculaire B i , dont la longueur eft égale au développement de l'arc de cercle Bel, fis. 6 ; on divife cette ligne en autant de parties que l'arc de cercle , aux points a, h , c ,d, &c. par lefquels on fait palTer autant ide parallèles à la ligne A B ,fig. 2., dont la longueur doit être égale à celles du plan qui leur font correfpondantes , c'eft-à -dire , qu'on fait la ligne / a , fig. 2 , égale à celle Il ,fig. 5 ; celle m b , égale à celle m 2 ; celle ne , égale à celle n 3 ; celle 0 d, égale à celle 0 4 ; celle p e , égale à celle p 5 ; celle q fi , égale à celle q 6 ; celle rg , égale à celle r 7 ; celle s h , égale à celle s 8 ; & celle t i , égale à celle t D ; puis par les points A,l,m,n,o,p,q,r, s& r, on fait palFer une ligne courbe qui termine la furface demandée. Que les angles des voûtes foient dirigés à degrés , comme dans la fig. y , ou qu'ils foient plus ou moins ouverts , on fè fert toujours de la même méthode pour en tracer le développement , laquelle eft très-facile ; cependant quand les côtés , ou , pour mieux dire , les cintres de face des voûtes , font d'une lar- geur inégale , comme dans le plan^^. ij , leur développement devient un peu plus compliqué , comme on le verra ci-après , lorfque j'aurai donné la manière de difpofer les compartiments des furfaces dont j'ai tracé le développement , fig. 2. Si le berceau au lieu d'être cintré comme dans la fig. 6 , n étoit couvert que par une furface inclinée , comme de B à j , on auroit le développement de cette furface en portant la diftance B i , de B a P , fig. 2 , pàr lequel point on tireroit une lipne horizontale P O , d'une longueur égale à celle ci , ou a celle t D,fig ,ct qui eft la même chofe ; puis du point A, fig. 2, on méneroit une ligne droite au point O , ce qui termineroit la furface demandée. De quelque manière qu'on difpofe les compartiments formés par des lignes droites , ces dernières font toujours difpofées horizontalement & perpendicu- lairement , ou diagonalement ; le premier cas eft le plus ordinaire , & c'efl; celui par lequel je vais commencer. Lotfqu'on veut faire des compartiments quarrés à la nailîànce des voûtes , on commence par les tracer fur le plan fig. J , en faifant tendre toutes les di- vifions à fon centre C ; puis les lignes horizontales de l'élévation développée , fig. 2 , étant tracées , on porte fur chacune d'elles des diftancesprifes fur le plan depuis la rencontre de chacune des lignes tendantes à fon centre C , avec les lignes horizontales provenantes des divifions du cintre de face , jufqu'à la mm roça L'ART DU TREILLAGEUR, Chap. 1. «==ligne B C , ce qui donne fur l'élévation développée , la courbure de chacu- Planche lignes montantes, lefquelles fervent à former les quarrés qui font tous d'une même hauteur, & qui vont tous en diminuant également de largeur jufqu'au haut , où ils fîniroient en un feul point , fi le milieu de la voûte n'é- toit pas fuppofé vuide depuis D jufqu'à C. Cette manière de divifer les quarrés des voûtes eft la plus ordinaire ; cependant elle n'eft pas fans défaut , parce que les carreaux du haut devien- nent très-allongés; à quoi on peut remédier de différentes fliçons. La plus fimple eft de taire tous les carreaux de l'élévation développée , fig. 4 , parfai- tement quarrés & parallèles entre eux , ce qui ne fouffre de difficulté qu'à la rencontre des angles où il y a des carreaux qui fe trouvent coupés , ce qui fait un très-mauvais eifet ; auffi ne fe fert-on de cette méthode qu'aux ouvra- ges les plus communs. Il n'y a d'autre moyen d'éviter la trop grande inégalité de la divifion des carreaux de la fig. n , qu'en les divifànt fur la hauteur par une progreffion arithmétique , ce qui peut fe faire de deux manières. La premiè- re , repréfentée fig. 1 , eft la moins heureufe, & fe fait de la manière fuivante. Après avoir tracé la furface développée & fes divifions montantes , comme je l'ai enfeigné pour la figure 2 , on conftruit à côté de l'élévation développée un trapèze a b c d , dont la hauteur moyenne e f, eft égale à la hauteur des carreaux de la fig. 1 , laquelle fe trouve comprife neuf fois dans la hauteur G H , Se par conféquent dans la longueur de la bafe du trapèze-, qu'on divife enfuite en neuf parties égales , y compris les deux points des extrémités ; & à chaque point de divifion on élevé une perpendiculaire fut la ligne a c ; & la longueur de chaque perpendiculaire prife entre les lignes a c &:.b d , donne la hauteur des carreaux , de manière que la hauteur H i , eft égale à celle c d; celle i // , égale à celle s t ; celle u 2 , égale à celle q r ; celle 2 X , égale à celle 0 p ; celle x 3 , égale à celle e /; celle 3 y , égale à celle m n ; celle_y 4 , égale à celle i l; celle 4 ^ , égale à celle g h ; enfin celle [ G, éealeàcellerz^ : puis par les points ^, 4, y, 3,^,2, on fait palfer au- tant de lignes horizontales parallèles à celle E H, lefquelles donnent la hau- teur des carreaux , qui , par le moyen de cette divifion , deviennent tous oblongs proportionnellement les uns avec les autres. La féconde efpece de divifion repréfentée/^. 8 , fut beaucoup mieux , parce que tous les carreaux deviennent à-peu-près quarrés à chaque rangée , & on leur hauteur en faifantun trapèze , /g. 51 , dont la hauteur du plus grand côté c , eft égale à la largeur des carreaux prife fur la ligne IN, fig. 8 ; & celle de fon petit côté a , eft égale à la largeur d'un des carreaux pris fur la ligne L M ; enfuite on divife la longueur de la ligne a c , fig. <p , en un nombre de parties quelconque , afin d'avoir autant de perpendiculaires dont toutes les longueurs ajoutées enfemble , y compris celles des deux bouts du trapèze , égaient celle de fa bafe. La divifion que j'enfeigne ici ne peut être exaâement bonne a SeCT. il §. II. Développement des fur faces des Treillages cintrés , Ôc. 1093 bonne que dans le cas où la furface développée feroit elle-mêrae un trapèze , - & que par conféquent toutes les lignes de divifion montantes feroient des lignes droites , comme je l'ai indiqué par des lignes ponéluées _fig. 8 ; car dans le cas dont il s'agit ici , plus les quarrés approchent du milieu de la figure , plus ils deviennent barlongs, & cela par rapport au bombage du côté de la figure ; c'eft pourquoi on feroit mieux de prendre une largeur de quarré fut la ligne 7 ilf , & de la porter en contre-haut fur la ligne M N , ds N à. e , ce quidonneroit la hauteur de la première ligne, qu'on diyiferoit en autant de parties que celle IN; & une de ces divifions portée de e en /, donne- roit la hauteur de la féconde , ainfi des autres. Cette manière de faire les divifions eft très-aifée ; mais elle a le défaut de ne pas finir jufte à fon extrémité fupéiieure , où il ne refte quelquefois que la moitié d'un quarré ; car s'il arrive qu'il s'y trouve un quarré parfait , ce ne fauroit être qu'un effet du hazard , Sc non un effet de la juftelTe de l'opération. A ces fortes de compartiments , ainfi qu'à ceux faits par le moyen d'un tra- pèze , comme celui Jîg. 9 , on ne peut tracer les divifions horizontales du plan fîg. 12, qu'après avoir porté toutes les diftances des lignes horizonta- les fur le pourtour du cintre de face ,fig. 13 , d'où on les abaifie fur le plan à l'ordinaire , comme je l'ai indiqué par des lignes ponéluées qui paflint de la fig, 13 ahfg. 12. Quand on veut faire des compartiments diagonaux , ou , pour mieux dire , en lozange ou quarrés fur l'angle , & cela à des furfaces de voûtes dévelop- pées , on commence par y tracer des compartiments quarrés à 1 ordinaire , par les angles defquels on fait palFer des lignes courbes qui forment les lozan- ges demandées , comme on peut le voir auxjÇo-. 3 & 10. Quand les cintres de face des berceaux font d'une largeur inégale , comme dans le plan, fig. 15, la dillance des carreaux ne peut être égale que fur le développement de la furface , fur le cintre de face de laquelle on a fait la première divifion , comme on peut le voir ici. Le cintre de face du petit côté , fig. 16, étant divifé en parties égales donne des diftances égales fur le déve- loppement ,fig. 14; tandis qu'au développement , Jig. il , toutes ces diflan- ces font inégales , & vont en augmentant par le haut , ce qui eft tout natu- rel; parce que le cintre de face de ce développement étant une demi-ellipfe couchée fur fon grand diamètre , ( que , faute de place , j'ai tracé dans la figure même ) l'arc le plus furbailfé de cette ellipfe donne de plus grandes diftan- ces à mefure qu'il approche le plus de la ligne horizontale. Si au contraire cette ellipfe étoit divifée en parties égales , le petit cintre de face , Sc par confé- quent le développement ,fig. 14 , feroit divifé en parties inégales qui augmen- teroient en defcendant en contre-bas. Si le grand cintre de face étoit un plein- cintre , & que par conféquent le petit cintre de face devînt une demi-ellipfe • pofée fur fon petit axe , la différence des hauteurs des carreaux deviendront Trejllageur. Z la Planche 315- il, " ' ■mi ' s 1 IHVC ifïl< ist" ;j(i(Jri:| Planche rop4 Z'/fKT TREILLAGEUR, Chap. I. encore plus grande , foit que la divifion en parties égales fût faite fur le grand ou fur le petit cintre de face , ces dilEcultés font infurmontables ; c'eft pour- quoi on doit éviter , autant qu'il eft poffible , de faire des voûtes de berceaux dont la largeur des côtés foit trop inégale. Quant aux lignes montantes des furfaces développées de ces voûtes irré- gulieres , on les difpofe toujours à l'ordinaire, c'eft-à-dire , qu'on les relevé de deflùs le plan , au centre duquel on les fait toujours tendre ; cependant s il arrivoit qu'il y eût un yuide au milieu du berceau , & que ce vuide ne fûc pas en même raifon que fbn plan extérieur, on feroit les divifions fur les lignes intérieure & extérieure du plan , & cela en parties égales à chacune d'elles , fans s'embarrafTer fi elles tendent au centre de ce même plan. ==■ Tant que les plans des voûtes font formés par des lignes droites , le déve- Planche loppement de ces mêmes voûtes eft très-aifé à faire , comme on l'a vu ci-delFus mais quand les plans & les coupes font compofés de lignes courbes , leur déve- loppement en entier devient impoffible , & ne peut fe faire que par parties ; de forte que les compartiments de ces fortes de voûtes ne peuvent être tracés que géométralement , ce qui fe fait de la manière fuivante. Quand une voûte ou calotte eft d'une forme régulière , c'eft-à-dire , que fà hauteur égale la moitié de fon diamètre, comme auxjig. r d'' 4 , on trace à psiit, Jîg. 2 , fon cintre de face (ou fa coupe, ce qui eft la même chofè,) & on le divife en un nombre de parties égales félon le nombre des quarrés dont on a belbin ; puis de chaque point de divifion , on abaiflè autant de per- pendiculaires fur fa bafe AB , qui eft égale à la longueur du demi-diametre du plan C D , fig. 4 , fur lequel on porte les mêmes diftances que fur la première, c'eft-à-dire , qu'on fait la diftance D r ,fig. 4, égale à celle B h , fig. a; celle Hq, égale à celle B g\ celle T> p , égale à celle B f; celle D o, égale à celle B e ; celle D n , égale à celle B d; celle D m , égale à celle B c ; celle D l, égale à celle Bè; & celle D i, égale à celle B a: puis des points i, l,m,n , o ,p , q, r,Scde celui D , comme centre , on décrit autant de demi-cercles qui repréfentent en plan les lignes horizontales de l'élévation , qui font données par les points de divifion du cintre de ?nce,fig. 2 , d'après lefquels ils partent. Ces cercles concentriques étant tracés , on divife le pour- tour du plan en un nombre de parties égales entre elles, & s'il eft poffible,' aux divifions du cintre de face, en obfervant qu'il fe trouve un vuide au milieu. Se que quand le plan eft demi-circulaire ou demi-ovale , comme à h fig. J , il y ait une divifion pleine jufqu'à la ligne du devant du plan. Cette divifion étant faite , de chaque point on mené autant de lignes au centre du plan , lefquelles donnent la divifion de largeur des carreaux vue en-defTus ; puis pour tracer ces mêmes lignes fur l'élévation, on prend la diftance qui fe trouve depuis la rencon- tre de chaque ligne tendante au centre du plan avec les cercles concentriques, jufqu'à l'axe du même plan, qu'on porte fur les lignes de l'élévation, qui font ' M m m SeCT. il §. II. Développement des furfacis des Treillages cintrés , êc. 109 J correfpondantes aux cercles du plan , c'eft-à-dire , qu'on fait la diftance / ç,Jlg. i , -— égale à celle / a ,fig. 4 ; celle h 8 , égale à celle m b ; celle g 7 , égale à celle^'n c; Planche celle/tf , égale à celle o d ■ celle e y , égale à celle p e ; ceUe ^4 , égale à celle qf; celle c 3 , égale à celles g; celle b 2, égale à celle s h; enfin celle a r, égale à celle cl; & de même pour toutes les autres cerces qui , toutes , doivent être relevées du plan fur l'élévation , ainlî que cette dernière. Quand le plan d'une calotte eft ovale , & que fon élévation eft plein-cintre , comme aux figures y & 7 , on en fait le compartiment de la manière fuivante. Le grand & le petit diamètre étant donnés , on trace à part le cintre de face EFG, fig. 3 , fur lequel on fait les divifions à l'ordinaire , & par ces divifionson fait pafTer autant de lignes horizontales ; enfuite on trace la coupe de la calotte fur la même figure : or, comme cette coupe ne peut être qu'une demi-ovale EHI, elle coupe néceffairement les lignes horizontales en dedans du cintre de face , ce qui donne des longueurs à chaque ligne horizontale , qui étant re- portées fur le petit axe du plan , fixent le petit diamètre de chaque ovale concen- trique du plan, fig. ; , dont le grand diamètre eft pareillement donné par les mêmes lignes prolongées jufquà la rencontre du cintre de face £ f G ; ce qui n'a pas befoin d'explication , d'après ce que j'ai dit en parlant de la calotte fphé- xique, &d'aprèsrinfpeaion delà fig.3, où à la rencontre des lignes horizontales, avec les cmtres de face & de coupe , j'ai abaiflé autant de lignes ponduées qui indiquent les d.ftances qu'il faut porter fur le grand & fur !e petit axe , lefquel- les font toutes cotées des mêmes lettres , tant fur le plan que fur l'élévation fig.^,SL celles du grand axe marquées d'une x , pour les diftinguer des autres' Quand tous les ovales font tracés , on divife le pourtour de l'ovale extérieur en parties égales , ainfi que le plus petit ovale , qu'on divife auffi en un même nombre de parties que le grand , & égales entre elles , & auxquelles divifions on fait tendre des lignes droites fans s'embarraJer fi eUes tendent au centre du plan , ce qui ne peut pas être , vu que fi on les y faifoit tendre , les divifions du petit ovale deviendroientplus étroites fur fonpetit arc de cercle'que furie grand , &cela en raifon de la différence des diamètres de l'ovale du plan Quand les quarrés du plan font ainfi tracés vu en-deifus, on les trace fur 1 élévation ,fig.j, par la même méthode dont je me fuis fervi , i ce qui ne fouffre aucune difficulté. ' Si au lieu de quarrés , on vouloit tracer des lozanges . on commenceroi: toujours par tracer des quarrés à l'ordinaire , par les angles defquels on feroit paffer des lignes fervant à décrire les lozanges demandées , ainfi que je l'ai oblervé a la moitié des figures i , 4 & 7; Quand fur un plan rond , comme la fig. 8, on élevé une couverture coni- que , ou , comme difent les Ouvriers , en pain de fucre , ainfi que la fig. 6 le développement s'en fait très-facilement ; car après en avoir déterminé la hauteur & la la.geur, on commence par tracer le plan qu'on divife en un 10^6 L'ART DU T R E T LL A G E U R , Chap. L nombre de parties égales à volonté , ( mais toujours le plus près les unes des autres qu'il eft poffible ) ; enfuite d'une ouverture de compas égale au côté de l'élévation L M,fig. 6 , on trace à part , f!g. 51 , un arc de cercle d'une longueur indéterminée , fur lequel on porte un pareil nombre de divifions & d'une diftance égale à celles du plan , ce qui détermine la longueur de la partie inférieure du développement , qu'on achevé en menant des deux extré- mités O, de l'arc de cercle, deux lignes droites à fon centre P. Quant au compartiment des parties coniques , il eft très-facile ; car après en avoir tracé le plan & l'élévation de face, on divife le pourtour du plan en autant de parties qu'on le juge à propos , relativement à la grandeur des quarrés qu on veut y faire ; & de chacune de ces divifions , on mené une ligne droite au point de centre du plan ; enfuite on divife pareillement un des côtés de l'élé- vation en un nombre de parties égales à celles du plan ; & par chaque point de divifion , on fait paiFer une ligne horizontale parallèle à celle L N ; Si^it moitié de chacune de ces lignes horizontales donne autant de rayons de cer- cles qu'on trace fur le plan , ce qui achevé fon compartiment vu en delTus; puis de chaque divifion extérieure du plan on élevé autant de perpendiculaires à la bafe Z A"' ; de l'élévation & des points où elles rencontrent cette dernière, on mené des lignes au fommet M , ce qui donne la largeur des quarrés vus géométralement. Le compartiment de l'élévation développée , fig. 9 , fe fait en portant fur un de fes côtés les mêmes divifions que celles du côté L M l'élévation fig. 6; 8c de chacune de ces divifions , & du point P , comme centre , on décrit autant d'arcs de cercles ; enfiiite de chaque divifion de l'arc de cercle extérieur , ( qui doivent être égales à celles du plan ) , on mené des lignes droites au centre P , lefquelles achèvent les carreaux fur la furface développée , lelquels , à proprement parler , ne font que des trapèzes d'une égale hauteur , & dont la longueur va toujours en diminuant en approchant du centre , où les derniers font réduits à une forme triangulaire , comme on peut le voir dans cette figure , dont un des côtés eft tracé en lozange , ainfi qu'aux fig. 6 & 8 ; ce qui fe fait toujours à l'ordinaire , c'eft-à-dire , après avoir tracé des car- reaux par les angles defquels on fait paffer les courbes qui forment les lo- zanges. Quand les couvertures coniques , au lieu d'être droites comme dans la fig. 6 ^ fe trouvent renverfées , cela ne change rien à la manière d'en développer la fur- face ni d'y tracer les compartiments , parce que le plan fig. 8 , devient l'élé- vation , & que l'élévation devient le plan , ce qui ne fait aucune difficulté. Dans le cas où le plan d'une calotte ou d'une couverture conique feroit tronque , comme à la fig. i o , cote R , cela ne feroit non plus aucun changement à la manière d'opérer ; mais fi le côté du plan étoit coupé par une ligne circu- laire , comme le côté S , les lignes de divifion tendantes au centre du plan Sect. il §. IL Développement des firfaces des Treillages cintrés , &c. I097 ne peuvent plus être droites (du moins pour que le compartiment foit régu- -— — °-t lier ) ; mais ce font autant de courbes dont la cerce eft donnée par des points Planche de divifion égaux , pris fur chaque arc de cercle du plan , & en même nom- bre que fur l'arc de cercle extérieur de ce dernier. J'ai dit plus haut qu'il n'étoit pas poffible de faire le développement entief d'une calotte , & généralement de toute partie cintrée fur le plan & fur l'élé^ vation , & cela eft très-vrai ; cependant on peut faire ce développement pa( .parties , & par ce moyen fe rendre compte de la véritable forme des compar- timents , ce qui fe fait de la manière fuivante. On trace à part rr , la ligne a b, dont la longueur eft égale à la courbe du cintre de face, 2 , développée fur une ligne droite, & on divife la ligne a ^ , en autant de parties égales que cette dernière ; puis par chaque point de divifion on élevé des lignes perpendiculaires en-deffus & en-delTouS de la ligne, dont la longueur doit être égale à celle de chaque arc de cercle compris entre deux lignes de divifion tendantes au centre du plan , fig. 4 ; puis par l'extrémité de ces perpendiculaires , on fait palTer deux lignes cour- bes quj fe réuniffent au point ^ , & qui donnent la furfacc développée d'un des triangles du plan , fig. 4. On recommence la même opération pour cha- que divifion du plan, & on a fa furface développée prife par parties; & plus ces parties font multipliées , plus l'opération eft jufte. J'ai fait toutes les divifions des figures de cette Planche en parties égales prifes fur les cintres de face, parce que c'eft la méthode la plus ordinaire ; cependant on pourroit les divifer proportionnellement fur les développements des figures, comme je l'ai enfeigné ci-defllis , & que je l'ai indiqué par des lignes ponauées/^. 5 & 11 , cote T&.V. Voilà, à-peu-près , tout ce qu'il eft néceifaire de dire touchant le développement des furfaces des Treillages cintrés, & la manière d'en tracer les compartiments : refte maintenant à don- ner quelques exemples des compartiments qu'on fait ordinairement , ou qu'on peut faire aux ouvrages de Treillage , ce qui va faire le fujet du Paragraphe foivant. §. m. Différentes fortes de Compartiments, tant droits que cintrés, propres à être exécutés en Treillao-e. t> La fcience des compartiments eft une partie des plus elTentielles de l'Art du Treillageur, puifque tous les ouvrages de cet Arc ne font compofés que Planché de compartunents , foit femblables ou différents les uns des autres , dont l'af- femblage & le rapport parfait des pleins & des vuîdes . font tout le mérite , & drftmguent l'Ordonnateur vraiment homme de génie, d'avec fOuvrier pure- ment méchanique , qui ne travaille que par routine , & fans fe rendre compto des raifons qui l'engagent à préférer une efpece de compartiment à une autre Treillageur. , ^ ' A 13 I 1098 L'ART DU TRE I LLAGEU R, Chap. ï. — = ou à donner plus ou moins de grandeur à ces mêmes compartiments , qui peu- Planche yejjt gtfe très-bien exécutés , làns pour cela faire un bon effet , & cela par rapport à la grandeur de l'ouvrage , & du point de diftance d'où il doit être vu pour jouir à la fois de lôn enfemble & de fes parties de détail ; c'efl: pour- quoi il faut beaucoup d'expérience pour déterminer la forme & la grandeur des compartiments des Treillages , ce qui ne s'acquiert qu'avec le temps , & , ce qui eft encore mieux , par l'examein néfléchi des ouvrages de cet Art qui ont le plus de réputation , en failànt toujours attention à leur grandeur & à la place qu'ils occupent: tel compartiment fait très-bien dans de petits ouvrages , & par conféquent demande d'être vu de près , qui feroit très-mal dans de grands ouvrages , dont l'éloigneraent du point de vue fait difparoître les vui- des , ou du moins les diminue confidérablement en rapprochant les pleins , du moins en apparence , comme je le dirai en fon lieu , en parlant de la difpoficion générale des Treillages. En général , les compartiments des Treillages , ainfi que de toute autre forte d'ouvrages , font de deux elpeces ; favoir , ceux qui font compofés de lignes droites , & ceux qui font compofés de lignes courbes. Les premiers font difpofés horizontalement , comme les fig. i (& 3 , ou diagonalement comme les ^g. 2 , 4 cîr 5. Le plus fimple des compartiments des Treillages, eft celui qu'on nomme à mailles quarrées , repréfenté fig. i , lefquelles font plus ou moins grandes , félon les différents ouvrages , mais qui , dans tous les cas , doivent être régu- lières , c'eft-à-dire , que du dedans des bâtis , repréfentés par les lignes ab, cd , a c 8cb d,'A îe trouve toujours un nombre jufte de carreaux , & , autant qu'il efl polTible , un vuide au milieu , tant de la hauteur que de la largeur , indiquée dans cette figure par les lignes e J &. g h. Quand la forme des bâtis n'eft pas parfaitement quarrée , c'eft-à-dire , qu'ils ont plus de hauteur que de largeur (comme il arrive prefque toujours), on met un plus grand nombre de quarrés fur le plus grand fens , ou bien on fait les mailles barlongues , comme on fait ordinairement aux Treillages d'efpa- liers & à ceux d'appuis , ce qui eft égal , pourvu qu'il fe trouve toujours des mailles entières aux extrémités , ce qu'il faut toujours obferver. Les carreaux ou mailles quarrées ou barlongues, (car il n'en faut jamais faire d'oblongues) font celles qui font le plus en ufage ; cependant je crois qu'on pourroit quelque- fois en varier la forme en faifant des compartiments mi-partis , c'eft-à-dire , alternativement grands & petits , comme à la fig. 3 , ce qui feroit un très-bon effet, qui remédieroit à la monotonie des carreaux, foit difpofés horizontalement, comme la fig. r , ou fur l'angle , comme la fig. 1 ; car on pourroit également dilpofer les compartiments mi-partis de cette façon , en obfervant de les com- partir de manière que le nud des bâtis paftàt par l'angle des quarrés barlongs , ainfï que les lignes il&. mn, afin qu'il ne fe trouvât pas de coupe irréguliere Sect. II. Différentes fortes de Compartiments, &c. 1099 dans les autres carreaux, ce quiarriveroicnécefTairement fi les bâtis pafToient par ~ les angles des grands ou des petits quarrés , comme on peut le voir dans cette f'-*'^™'^ figure, où j'ai indiqué par des lignes ponéluées ces différentes manières de ter- miner ces fortes de compartiments. Les compartiments lozanges , fig. 2 , fe divifent , aiiifi que les quarrés, eil raifon de la grandeur de la place qu'ils doivent occuper , afin que tous les quar- rés faient coupés régulièrement , & que la pointe des autres touche le nud des bâtis , comme on peut le voir dans cette figure. Il faut auffi avoir foin que fur la ligne du milieu du compartiment , tant de largeur que de hauteur, il fc trouve un nombre jufte de carreaux , ou , que s'il arrivoit qu'on fût obligé de couper les carreaux des extrémités de la ligne d'à-plomb , il faudroit s'arran- ger de manière que ceux de la ligne horizontale du milieu le fuffent égale- ment, comme l'indique les lignes 0 p , q r 8c 0 q , ce c^\ù e& néce/Taire pour quil fe trouve un vuide fur la diagonale du compartiment, ce qui fait mieux quun plein qui y feroit nécelTairement , s'il y avoit un carreau plein fur un fens , & un demi-quarré fur l'autre ; ce qu'il eft aifé de voir en prolongeant la ligne 0 j de o à i , & de y à i , & en fuppriment celles op &.q r. Quant à la manière de divifer ces fortes de compartiments , elle eft très- facile : on commence par fe rendre compte de la largeur des pleins ou lattes qu'on trace à part , ainfi que ceux AB,CD,fig. 10, difpofés diagonalement ( & deffmés au double de grandeur de h fig. 2 ) ; on prend enfuite la moitié de la ligne u x , qu'on porte en dehors de la ligne du nud du bâtis, fg. 1 , dejy à 3 ; enfuite on divife la largeur du bâtis depuis la ligne du milieu ^, en autant de parties qu'on veut de moitiés de carreaux , & toujours en nombre impair , quand les lignes du milieu font terminées par des carreaux pleins. Quand au contraire elles font terminées par des carreaux coupés , on fait cette dxvifion en nombre pair, comme on peut le voir à la fig. a , où un des côtés eft divifé en trois parties égales , & l'autre en quatre. Quand on a fait la divifion fur la largeur , on fait la même chofe fur la hauteur, fuppofé qu'elle foit égale à la largeur , comme dans cette figure , ou que la hauteur plus ou moins grande contienne exadement un nombre de di- vifions foit pair ou non pair , félon qu'il eft befoin ; mais quand cette hauteur ne peut pas contenir ce nombre exaft de divifions, ou qu'on veut que les lozanges foient allongées en raifon de la forme intérieure des bâtis , on com- mence par tirer deux diagonales des quatre angles de ces mêmes bâtis , qu'on rapporte à part , & qui fervent à donner l'inclinaifon des lattes , comme celle de la fig. lo , fuppofée plus inclinée en dedans ; puis on prend la moitié de la ligne z^x, qui, dans ce cas, devient plus courte , pour porter au-delà du point , pour les divifions de largeur , & la moitié de celle a b, fig. 10, qui, par la même raifon , devient plus longue, qu'on porte en-delfus du point y ; puis on divife le plus grand côté en un même nombre d'efpaces que le plus étroit. "M " â\ Tioo L'ART DU TREILLAGE UR, Chap. L afin que les côtés des lozanges foient parallèles avec les diagonales du bâtis Planche Quand le pourtour du bâtis à remplir eft ainfi divifé , on tire de chaque point de divifioii autant de lignes parallèles aux diagonales du bâtis , foit qu'il Ijjîlij ^oic quatre ou barlong , (fijppole que dans ce dernier cas les côtés des lozanges îljlll] 'sur foient parallèles , comme je viens de le dire;) & fi l'opération eft bien Ij f^i'fe » ces lignes doivent rencontrer jufte les points de divifion de la ligne du milieu du bâtis, qu'elles viennent joindre; on ajoute enfiiite en dehors de chaque l^-éç. point la largeur de la latte â laquelle on s'eft fixé , 8c le compartiment eft fini. ' Il eft bon d'obferver que dans une même grandeur donnée, les carreaux Ijlj,, ^'^^ compartiments lozanges ne peuvent pas être en même nombre ni de gran- '•'^"'^ à ceux placés horizontalement dans ce même efpace , & cela par la f'ii|i:' 'l'^ 1^ différence de la diagonale du quatre avec fon côté ; c'eft pourquoi ~; ; : il arrive toujours que les carreaux font plus grands ou plus petits , ainfi qu'on (î, - peut le voir à lafig. 2 , dont les carreaux font d'un côté plus grands & de i'au- jl'i'' tre plus petits que ceux de hfig. i , qui eft cependant d'ur^ forme & d'une futface égale à la fig. 2 , que j'ai divifée de deux grandeurs de carreaux inégales entre elles , afin qu'on fente tout de fuite la raifon de cette différence (*). De quelque forme que foient les compartiments quarrés , c'eft-à-dire , com- ! pofés de lignes droites , leurs divifions fe font toujours par les mêmes principes que je viens de donner ci-deffus ; c'eft pourquoi je n'entrerai pas dans un plus grand détail à ce fujet , me contentant de donner ici quelques exemples de di- verfes fortes de compartiments applicables à différentes parties de Treillages. La fig. 4, repréfente une partie de pilaftre compofée de montants paralla- les , diftants les uns des autres d'environ quatre fois leur largeur , par derrière :i lefquels paflint des lattes parallèles entre elles , & inclinées à 45 degrés , ou ' d'onglet. Ces fortes de compartiments , quoique très-fimples , font un affez bon effet pour détacher les pilaftres & autres parties longues & étroites du corps du Treillage, en obfervant qu'ils foient oppofés fymmétriquement les uns !,, aux autres, & qu'ils foient divifés de manière qu'il y ait une latte qui parte de l'angle du bâtis tant du haut que du bas , prife du dedans en dedans , comme de c d, fig. 4 , cote G, ce qui oblige quelquefois à ferrer ou à écar- ter plus ou moins les lattes , ou à les incliner davantage , foit en dedans ou en dehors. Ces fortes de compartiments font très-bien dans les parties circulaires, com- me les fûts de colonnes & autres , ainfi que celle fg. 6, repréfentée en plan , fg. 8, parce qu'alors ils décrivent des lignes en hélices qui femblent tourner (*) L'obfervation que je fais ici paroîtra peut- être un peu raiiiuticufe Se peu elTeiniciie, fur- tout à ceux qui , verfés dans le dclliu & dans la Géomérrie , regardent comme inurile dans un ouvrage tout ce qu'ils favent cSc ce qui n'eft pas nouveau pour eux; mais on doit faire at- tention que c'eft à des Ouvriers que je parle , cS: £ue je fuppofe moins iallruits que ceux qui pour- roient me faire de femblables objeftions , & me dire avec un grand Poëte de ce liecle , jiie ié mojtn d'ennuyer eft celui de uut dire : penfée peut- être plus brillante que folide , & qui ne feroit tout au plus applicable qu'à des ouvrages faits pour l'amufement , & non pour l'inUruftion , & plus propres à parler à l'efprit qu'à la raifon. SeCT. il §. m. Diféremcs fortes de Compartiments , &c. iior au pourtour de la partie cintrée , & qui y tournent effeélivement , quoique ce ■ ne foit que des lignes droites quand la furface cintrée cft développée fur un I'lanche plan droit , ce qu'il eft néceflàire de faire pour tracer la courbure des lignes en hélices, ce qui fe fait de la même manière qu'à la fig. 4, cote G ; c'eft pourquoi je n'en parlerai pas davantage ici. Quand on veut que les compartiments des pilaftres foient plus riches que celui dont je viens de parler , on coupe ces compartiments en points d'Hongrie fur la hauteur, comme à la fig. 4, cote H , ce qui fait un très-bon efi'et , fur-tout fi on a foin qu'il fc trouve fur la hauteur un nombre complet de révo- lutions , comme de e à / , ce qu'il faut abfolument obferver à tous les com- partiments , rien n'étant fi défagréable à voir que des compartiments tron- qués. Au lieu de faire la coupe des compartiments fur la hauteur , on peut la faire fur la largeur , comme à la fig. 5 , cote / , de manière que tous les joints ou coupes fe rencontrent au milieu d'un montant. Quelquefois ces fortes de compartiments fe continuent du même fans dans toute la longueur du pilaf- tre , ou bien on les renverfe par travée , ce qui forme des carreaux à la ren- contre de chaque travée , ainfi qu'on peut le voir dans cette figure , en obfer- vant qu'il fe trouve toujours un nombre coiuplet de travées fur la hauteur , ainfi que je l'ai recommandé à la fig. 4 , cote H. A la place des compartiments à points d'Hongrie , on en fait quelquefois à quarrés pofés fur la diagonale avec des quarrés pleins pofés au milieu des vui- des , comme à la fig. 5 , cote L , ce qui fait très-bien , & qui eft d'une très, facile exécution ; cependant il faut obferver qu'on ne doit déterminer la lar- geur des montants qu'après avoir tracé à part ,fig. 10 , la largeur des lattes in- clinées AB 8cC D , dont la diagonale u x , donne la largeur du montant •E . qui , par ce moyen , pafTe jufie par l'angle des carreaux. Si au contraire c'é- toit la largeur du montant E F , qui fût déterminée la première, on traceroic fur ce dernier deux lignes diagonales g h & il, qui fe rencontreroient au point X , un des côtés du montant , & on méneroit deux parallèles aux lignes g h 8c i l, diftantes de ces dernières autant qu'il feroit nécelTaire pour qu'elles rencontraffent le point u , oppofé à celui x; fans cette précaution , il arrive que les angles des carreaux entrent ou fortent de deflbus les montants ; ou que s'ils y arrivent juftes , les lattes diagonales ne fe rencontrent plus vis-à-vis l'une de l'autre , comme on peut le remarquer à la fig. J , cote /, où les lattes m,n,o, p, ne font pas vis-à-vis l'une de l'autre , & cela parce que le montant eft un peu plus étroit qu'il ne faut, ce que j'ai fait de ce côté de la fig. 5 , pour mieux faire fentir la néceifité de ce que je viens de dire en expliquant la fig. 10. La fig. 7 , repréfente différentes fortes de compartiments propres aux frifès, aux plattes-bandes & autres parties d'une forme longue & étroite , defquels on peut faire choix félon les différentes occafions, en obfervant toujours de ne Treillageur. B j. ïroî L'ART DU TREI LLAGEUR, Chap. J. jamais tronquer ces compartiments , pour quelque raifon que ce puilîè être , les compartiments en général devant être toujours faits pour les places , & non pas les places pour les compartiments. La fig. 9 , enfin repréfente plufieurs compartiments qui , quoique très-com- pliqués , peuvent s'exécuter en Treillage fans aucune difficulté , fi ce n'eft celle de la main-d'œuvre , ce qui ne doit cependant pas en faire une pour un Ouvrier adroit & intelligent , qui n'en doit trouver que dans les chofes impoffi- bles , mais jamais dans celles qui font difficiles , fi ce n'eft le défaut du prix qu'on met à fon ouvrage , ce qui l'oblige fouyent de faire des chofes très- médiocres , quoiqu'avec beaucoup de talent. La fig. I , repréfente le bout ou éventail d'un berceau de treillage , qui eft le plus fimple des compartiments cintrés , & qui fe difpofe de la manière fuivante. On commence d'abord par tracer autant de demi-cercles qu'il y a de mon- tants à la partie droite du treillage , dont le delTus de la dernière latte doit pafler au nud du cintre de l'éventail ; enfuite on divife le pourtour intérieur du plus grand cercle de la fig. i , cote ^ , en un nombre de parties quelconques , éga- les , autant qu'il eft polTible , à la hauteur des mailles du bas , en obfervant un vuide au milieu , ainfi que la largeur des aiguilles ou lattes tendantes au cen- tre de l'éventail , qui doivent être par un bout d'une même largeur que les lattes horizontales , & être diminuées en venant à rien de l'autre. Cette manière de faire le compartiment des éventails , eft la plus ordinaire , & même la plus naturelle ; car quoiqu'elle diminue beaucoup les carreaux du bas , elle conferve du moins l'égalité à ceux du haut , c'eft-à-dire , du cercle extérieur , qui , pour lors , répondent à ceux de la couverture du berceau ; au lieu que fi on faifoit la divifion des carreaux fur la courbe du milieu de l'éven- tail , comme je l'ai fait à cette figure , cote B , les carreaux du haut devien- droient trop larges , & ne répondroient plus à ceux de la couverture du ber- ceau fi donc j'ai fait la divifion du côté B de cette manière , ce n'eft que pour en faire connoître le délàvantage. La fig. 2 , repréfente un autre éventail dont les carreaux & les cercles concen- triques font divifés de manière qu'ils deviennent de grandeur proportionnelle les uns aux autres , ce qui fe fait de la manière fuivante. La divifion du grand cercle étant faite à l'ordinaire , on fait à part un triangle, fig. 3 , dont les deux côtés A B &.CB, font égaux aux rayons du cercle , fig. i ; ou, pour mieux dire , on fait un triangle femblable à un de ceux de la fig. 2 , tant pour la forme que pour la grandeur ( celui Jig. 3 , n'étant double de ceux de la fig. 3 , que pour faciliter l'intelligence du difcours ) ; puis du point B , comme centre , & de la diftance C ou ^ , on décrit un arc de cercle prolongé au-delà du point A ; enfuite on prend la largeur d'une des lattes ou aiguilles tendantes au centre de l'éventail , qu'on porte de ^ à Z3 ; & de ce point on mené une ligne droite au point B ; ce qui étant fait , on divife l'are Sect. II. §. III. Differemes fortes Coinpanlmcnts , &c, 1103 A C en deux parties égales , au point £ duquel on mené une autre lig: ne droite au point S ; puis on prend la diftance £ C ou E A, qu'on porte de Flanche -E à c ; & du point B , comme centre , on décrit un arc de cercle qui donne , à peu de chofe près , la moitié moyenne de la longueur du premier carreau. On prend enfuite la diftance c e , qu'on porte de c à y, & celle c d, de ch. g; & du point B , comme centre , & des diftances J8c g , on décrit deux arcs de cercles, dont l'un termine la longueur du premier quarré, & l'autre donne la largeur du fécond cercle : on fait la même opération pour le fécond carreau , c'eft-à-dire , qu'on fait g h égale agi; hl égale à ho ,&.Iim égale a « ; & ainfl des autres jufqu'à la fin , comme on peut le voir à la fig. 3 : en fuivant cette méthode , touts les carreaux deviennent quarrés autant qu'il eft poffible , & les cercles concentriques diminuent , ainfi que les aiguilles , ce qui fait un très-bon effet , fur-tout dans le cas d'une roface de plafond , & même dans une calotte , en faifant l'opération ,fig. 3 , fur une partie de cette dernière développée fur une ligne droite , comme je l'ai enfeigné ci-devant , page 1097 1 1 , P/. 34(5. On pourroit auffi employer cette efpece de com- partiment dans une partie en demi-cercle , comme la repréfente la fig. 2, à condi- tion toutefois que fi elle étoit placée verticalement, elle ne fût pas furmontée fur des treillages pleins , comme la fig. r , aux compartiments defquels elle ne pourroit plus répondre , ce qui eR abfolument néceffaire. Si au lieu des carreaux , on vouloit que les parties circulaires fuffent remplies par des aiguilles en fpirales , comme à la fig. 4 , cote C, ou par des efpeces de lozanges , cote D, on commenceroit toujours par y tracer des carreaux com- pofés d'une feule ligne , comme font les développements des furfaces , PL 34^ & 346; &cela félon la méthode ordinaire, comme à la fig. i , cote A, ou félon celle de la fig. 2 , qui eft celle que j'ai fuivie pour la h"g. 4 ; & par cha- que angle des carreaux on fait palier des lignes courbes formant foit les fpirales ou les lozanges , ce qui eft égal , puifque les lozanges font compofées de deux fpirales tracées en contre-fens l'une de l'autre ; on ajoute enfuite en dehors de chaque fpirale , la largeur de l'aiguille qui vient en diminuant à rien au cen- tre du rond , comme on peut le voir à la fig. 4. S'il arrivoit que la partie dans laquelle on veut tracer des compartiments, foit quarrés ou lozanges , fût d'une forme ovale, on commenceroit par faire les divifions fur le grand axe , puis on feroit à part un triangle reâangle ,fig. 5 , dont l'hypoténufe a c , feroit égale à la moitié du grand axe ainfi divi/e , & le moyen côté i c, égal à la moitié du petit axe; puis de chaque point de divifion on abaiiferoit autant de lignes perpendiculaires à celle bc, ce qui donneroit fur cette dernière des points de divifion qui étant reportés fur le petit axe de l'ovale , fixe- roientles différents diamètres des ovales concentriques, qu'on feroitpafferparles points de divifion du petit axe Se par ceux du grand axe qui leur feroient corref- pondants , & on acheveroit le refte du compartiment félon la méthode ordinaire. 1104 L'ART DU TRE ILLAGEUR, Chap. I. On pourroit encore faire l'opération du triangle , fg. 3 , fur le petit axe comme fur le grand , ce qui reviendroit à-peu-près à la même chofe , excepté que les courbes ovales deviendroiant un peu plus larges de cette façon que de l'autre. Quand on a fait la divifion d'une partie , foit parfaitement ronde ou ovale , on doit faire enforte qu'il fe trouve des vuides aux quatre angles droits, c'eft- à-dire , par les axes , comme je l'ai obfervé à la fig. 4 , ce qu'on doit en gé- néral obferver à toutes fortes de compartiments , du moins autant qu il eft poflîble. Dans les compartiments de frifes circulaires , comme la fig. 6 , cote E & E , i\ faut obferver la même chofe que s'ils étoient pleins jufqu'à leur centre ; c'eft-à-dire, qu'il faut toujours que leur divifion tende à ce dernier, & que les parties qui en forment les compartiments tiennent de la forme des fpirales de la fig. 4 , comme je l'ai obfervé à la fig. 6 , cote E. La fig. 7 repréfente une frife remplie par les ronds difpofés de différentes manières ; les uns font joints les uns aux autres , d'autres font enlacés , & d au- tres alternativement grands & petits , Ibit joints, foit enlacés. La fig. 8 repréfente une autre frife remplie de ronds enlacés les uns avec les autres de différentes façons , dont je ne ferai aucune defcription , non plus que de la frife précédente , vu que l'infpedlion feule des figures doit fufHre. Les fig. 9 & 10 repréfentent deux modèles de compartiment courant , pro- pres pour les grandes frifes , auxquels on peut joindre des feuilles d'ornements, & même des guirlandes en treillages , tant pour les orner davantage que pour en remplir les parties vuides. La fig. 51 eft une fpirale double tournante fur deux points de centre à l'ordinaire , dont une partie eft d'égale largeur dans toute fon étendue , & f autre eft diminuée en venant à rien à fon centre. La fig. 10 eft contournée de la même manière que la volute Ionique; Se j'en ai fait une partie égale dans toute fon étendue, & l'autre diminuée à f ordi- naire , afin qu'on puiffe faire choix de l'une ou de l'autre manière. La conftruaion de la fig. 10 eft plus difficile que celle de la fig. tj , mais auffi eft-elle plus parfaite , & je les ai repréfentées ici toutes deux pour qu'on en fente mieux la différence. Il fe peut faire une infinité d'autres compartiments , tant droits que cintrés, propres à être exécutés en treillage , que je n'ai pas voulu repréfenter ici , m é- tant contenté de donner feulement quelques exemples fur lefquels j'ai dit à- peu-près tout ce qu'il eft néceffaire dédire à ce fujet, & d'après lefquels on pourra non-feulement en compofer d'autres, mais encore les diftribuer de ma- nière qu'ils foient auffi réguliers qu'il eft poffible de le faire. Quant à leur ap- plication aux ouvrages de Treillage , je n'en parlerai qu'après avoir traité de la partie pratique de cet Art , qu'il eft effentiel de connoître avant que de palfer à l'application des principes de théorie qui ont fait le fujet du préfent Chapitre. CHAPITRE CHAPITRE SECOND. Des Bois propres à la conftruEion dit Treillage , SC des Outils des Tfeillageurs en générai Les bois propres à la conftrudlion du Treillage proprement dit , font le Châtaignier, le Chêne & le Frêne ; ce font du moins les feuls qu'on emploie ordinairement , quoiqu'en général on puifTe y employer tous les bois qui font d'une qualité liante & propre à la fente ; comme l'Aune, le Bouleau, le Cyprès, le Laurier, le Micocoulier, le JVlûrier blanc , le Pin, le Saule; mais, comme ja viens de le dire , on ne fait ulàge à Paris que des trois premiers , à la des- cription defquels je m'attacherai particulièrement , du moins quant à ce qui a rapport au Treillage. Le Châtaignier qu'on vend pour la conftruâion du Treillage , eft de deux efpeces ; fàvoir , celui en échalas ou en cerceaux , & celui en pièce ou bûche : les échalas font des tringles d'environ un pouce de largeur , fur 8 à ji lignes d'épailTeur, qui font prifes dans de jeunes brins d'arbres qu'on fend , ainfi que les autres merrains. Les échalas fe vendent par bottes , de trente-fix toifes chacune , quelle que foit leur longueur , qui varie depuis 2. pieds & demi , 3 pieds , 4 pieds & demi , i5,7,8&9 pieds , qui eft leur plus grande longueur ; de manière que la botte de 9 pieds eft compofée de vingt-quatre échalas ; celle de 8 pieds , de vingt-fept ; celle de 7 pieds , de trente-un , & un pied de perte pour le vendeur; celle de 6 pieds, de trente-iix ; celle de J pieds, de quarante - trois échalas , & un pied de perte pour l'acquéreur ; ainlî des autres. On doit choifir les échalas les plus quarrés & les plus droits poffible , afin qu'ils foient plus aifés à employer ; il faut auffi qu'ils foient moyennement fecs, parce que , s'ils étoient trop verts , on les travailleroit difficilement ; & que , £1 au contraire ils étoient trop fecs , ils feroient fujets à fe pourrir très-prompte- ment. Les échalas , tels qu'on les vend en botte , font en partie équarris ; c'eft pourquoi , dans les ouvrages communs , on les emploie làns y rien faire que les redreflèr , quand ils fe trouvent tortus fur leur longueur ; mais quand l'ouvrage eft un peu de conféquence on les équarrit à la plane , comme je fenfeignerai ci-après. Les cerceaux font peu d'ufàge en Treillage , à caufe de leur forme demi- ronde par leurs coupes ; cependant on les emploie quelquefois dans les cin^ 1res des berceaux , où ils tiennent lieu de fers ; dans ce cas il faut prenare de gros cerceaux de cuves , qu'on équarrit pour les mettre à la grolfeur des échalas. Trejllageur, C13 iio6 L'ART DU TREILLAGEUU, Chap. IL Il faut obferver que les cerceaux employés aux Treillages , durent près de moitié moins que les échalas ; c'eft pourquoi il n'en faut faire ufage que le moins qu'il fera poffible. Les pièces de Châtaignier ne font autre chofe que des bûches de 3 à 4 pieds de longueur , & de 7 à (5 pouces de diamètre , que l'on vend en gru- me ; c'eft-à-dire, couvertes de leur écorce : il faut les choifir bien droites & de fil, & fur-tout vertes, afin qu'elles fe fendent plus aifément ; ce qui eft nécelfaire pour en faire des copeaux & autres menus ouvrages. Le Chêne entre dans la conAruftion des bâtis des Treillages , & dans leur remplillage ; dans le premier cas on emploie des chevrons , des membrures, & des planches de toutes fortes de qualités , ainfi que dans la Menuiferie de bâ- timent , en obfervant de n'employer que du bois d'une qualité dure & liante , afin qu'il foit en état de réCfter plus long-tems aux intempéries des faifons , aux- quelles ces ouvrages font continuellement expofés. Pour les ouvrages de rempliffage.on fe fert de lattes de Chêne, le plus liant & de fil qu'on puiffie trouver : on fait auffi ufage de chêne de Boiifelerie , comme je l'expliquerai en fon lieu. On fe fervoit autrefois d'échalas de Chêne, ce qui faifoit de très-bons ou- vrages ; mais on n'en trouve plus préfentement ; de forte que l'on ne fait ufage que d'échalas de Châtaignier, comme je l'ai dit ci-de/fus. Le Frêne ne fert qu'à faire des copeaux ; c'eft pourquoi on l'acheté en pièces ou bûches , à peu près femblables à celles de Châtaignier , dont j'ai parlé ci- delTus : il faut les choifir de même vertes & bien de fil ; ce qui eft tout naturel , puifqu'elles fervent aux mêmes iifages. Je n'entrerai pas dans un plus grand détail touchant les bois qu'on emploie à la conftruûion des Treillages, parce que, ce que je viens d'en dire eft très- fuffifant , & que , d'ailleurs , j'ai parlé de la nature de ces différents bois dans le courant de cet Ouvrage , première Partie, page 22 , & dans la troiCeme Seétion de la troifieme Partie , page 782. Les Outils des Treillageurs font de deux fortes ; favoir , ceux qui leur font propres comme Treillageurs , & ceux de Menuiferie dont ils font ufage , comme Menuifiers & Treillageurs. Je ne ferai ici aucune mention de cesderniers] parce que je les ai décrits au commencement de la première Partie de mon Ou- vrage , page 4P , où on pourra avoir recours ; c'eft pourquoi je vais paifer tout de fuite à la defcription des outils des Treillageurs proprement dits , & donner en même-temps la manière d'en faire ufage, pour n'avoir point à me répéter dans la fuite. Sect. I. Defirlption des principaux Outils des T rei liage urs , &C. XtOj Section Première. De/crlptlon des principaux Outils des TrelUageurs , & La manière J! en faire ufige. Les Treillageurs font dans le même cas que la plus grande partie des - Ouvriers ; c'eft-à-dire, qu'ils font ufage des outils appartenant à des Ouvriers de P^anchs différentes profeffions; car, /ans parler des outils des Menuifiers, des outils dont je vais faire la defcription , les uns appartiennent aux Tourneurs, d'autres aux Boi/feliers , ( qui anciennement ne faifoient qu'une même Communauté avec les premiers ) ; d'autres aux Tonneliers ; d'autres enfin aux Sculpteurs : ce- pendant chacun de ces différents outils , quoique décrits dans différents Arts , font très-néceifaires aux Treillageurs , & je ne pourrois pas en omettre aucuns fans faire tort à cette partie de mon Ouvrage. La figure première repréfente une fcie à main , dont l'arçon ou monture eft toute de fer , cSc a environ un pied de longueur ; la lame de cette fcie efi atta- chée d'un bout avec la branche de l'arçon ma. Se de l'autre avec un mentonec b , dont la tige qui efi terminée par une vis , palfe au travers de la brancha inférieure de l'arçon , & y eft arrêtée en deffous avec un écrou c , par le moyen duquel on tend la lame autant qu'on le juge à propos : il faut obferver que la tige du mentonet, ainfi que le trou de la branche au travers de laquelle elle palfe, doit être quarré, afin que , quand on ferre l'écrou , la vis ne tourne pas avec ce dernier. Les Treillageurs font grand ulage de cette fcie , tant pour couper les écha- las , que pour toutes les autres pièces de Treillage ; c'eft pourquoi il faut que fa denture foit moyennement forte , & qu'elle ait un peu de voie , pour palîër plus aifément dans le bois vert. Les Treillageurs fe fervent de cette même fcie pour tous leurs différents ouvrages ; cependant il feroit bon qu'ils en euffent au moins deux femblables pour la monture , mais qui différaffent entr'elles pour l'épaiffeur de la lame & la grandeur des dents , afin de fefervir de l'une ou de l'autre, félon que la force des bois l'exigeroit; ce qui eft d'autant plus néceffaire , qu'une fcie trop fine a peine à paffer , & s'engage dans du gros bois, & qu'au contraire celles qui font trop groffes , éclatent & déchirent les petites pièces , comme les lattes , les copeaux , &c.. La figure 2 repréfente une ferpe , dont la longueur du delTus du manche eft d'environ 9 pouces , fur 2 pouces & demi à 3 pouces de largeur. Cet outil eft affûté des deux côtés , comme un fermoir, ainfi que le repréfente fa coupe A , & eft d'un très-grand ufage pour la confirudlion de* Treillages firaples , comme on le verra ci-après. rio8 L'ART DU T RII L LAG E U R , Chap. IL Le marteau des Treillageurs , fg- , coté B Se C, diffère des marteaux ordinaires , tant pour la grandeur que pour la forme. La tète de ce marteau efl: ronde , & a environ 51 à lo lignes de diamètre; fa pane ell: applatie , & n'a tout au plus que 3 lignes d'épailfeur , fur une largeur à peu près égale au diamètre de la tête. Il eft bon que les extrémités , tant de la pane que de la tête , foient garnies d'acier , & même trempé , afin qu'elles réfiftent plus long-temps & qu'elles ne s'émoulfent pas en frappant fur les têtes des clous & fur les pointes. Le manche de ce marteau a environ i pied de longueur , & eft diminué dans fon extrémité fupérieure , afin de donner plus de coup au marteau. La tête du marteau des Treillageurs , àinfi que fon manche , font longs & menus , afin qu'ils puilTent s'en fervir dans des endroits creux & étroits ; ce qui ne pourroit être fi ces marteaux étoient conftruits à l'ordinaire. Après le marteau , les tenailles ,fig. ^ Scy , font les outils qui font le plus néceffaires aux Treillageurs : elles différent des tenailles ordinaires en ce qu'elles font plus petites de tête , & moins larges du dehors en dehors de leurs branches , ce qui eft néceffaire pour qu'un homme puifie aifémentles empoigner d'une feule main, fans être obligé d'ouvrir trop cette dernière , ce qui lui ôteroic une partie de fa force. Les tenailles qui font ici repréfentées , fig. 7, ont 18 lignes de largeur du dehors en dehors de la tête qui eft applatie en delfus , & n'a qu'un pouce de hau- teur , afin d'avoir plus de force : l'extrémité des deux mords de ces tenailles doit être d'acier trempé , & affûtée en bifeau en deffous , afin qu'elle puillè couper le fil de fei & les pointes , & on doit avoir grand loin que ces deux mords foient bien parallèles , & qu'ils affleurent parfaitement en delîùs , afin que leurs vives-arêtes ne fe chevauchent pas , ce qui les empêcheroit de couper vif. Les branches de ces tenailles font prefque droites & parallèles , lorfqu'elles font fermées, & ont 7 pouces de longueur depuis le clou au centre de mou- vement , jufqu'à leur extrémité , ce qui fait environ 9 pouces pour la longueur totale des tenailles ; quant à leur épailfeur ou largeur des mâchoires , 15 à 16 lignes font fuffifantes ; au KS.e,voyei les fig. 4<S' 7 où elles font exadlement deffmées. Les Treillageurs fe fervent de vilbrequins & de vrilles de toute grolfeur , mais plus communément d'une elpece de foret ou touret, (repréfenté fig. 5', 8 & 9), qu'ils nomment Violon; c'eft un morceau de bois d'environ i pied de long , fur 2 pouces d'épailfeur , & 2 pouces & demi à 3 pouces de largeur : l'extré- mité inférieure de ce morceau de bois eft diminuée & arrondie , pour qu'on puiffe l'empoigner plus aifément: à l'autre extrémité Se à environ 2 pouces du bout, eft une entaille d,e,fig.S, de 3 pouces de longueur,dans laquelle on plaça k boëte du foret D , dont un des bouts g ,fig. 9, entre dans un trou pratiqué à bois SectI. Defirlpdon des principaux Outih des Tre'dlageurs , &c. 1109 bois de bout dans l'épailTeur du violon , & l'autre bout f palTe da dans une en- taille , faite dans 1 epaifTeur du violon , au travers duquel il paiTe , & on l'arrête en place par le moyen d'une cheville ou d'une vis h , fig. 8 , qu'on ôte quand on veut retirer la boëte du foret ou en mettre une autre. Quand on fait ufage du violon , on prend le manche de la main gauche ; Sc de l'autre , c'eft-à-dire de la droite , on tient l'archet par le moyen duquel on fait mouvoir la boîte du foret à l'ordinaire : au moyen de cet outil on fait des trous dans des pièces très-minces , fans craindre de les éclater , ce qui eft un très-grand avantage. Je n'entrerai pas dans un plus grand détail au fujet de cet outil , parce qu'il eft d'une compofition très-fimple , & que les figures doivent fuffire : quant au foret & à fon archet , je n'en ferai aucune mention, parce que je les ai détail- lés avec affez d'étendue dans l'Art de l'Ebénifte , Seftion troifieme de latroifieme Partie de mon Ouvrage , page 938 & fidv. Les Treillageurs font auffi grand ufage du perçoir , Fig. j : c'eft un petit outi! à manche, dont l'extrémité p du fer eft aiguë & applatie furies côtés, qui, par ce moyen deviennent coupants , ce qui eft néce/faire pour qu'en enfonçant cet outil dans le bois pour y faire un trou , les deux arêtes de côté coupent les fils de ce dernier, & ne les falFcnt pas fendre ; cequiarriveroit fi cet outil étoit rond par fa coupe , ou qu'étant applati & coupant fur les arêtes, on ne difpofât pas ces dernières de manière qu'elles fullën: perpendiculaires au fil du bois. La figure 13 repréfente une maffe ou gros marteau dont les Treillageurs font ufage pour enfoncer des poteaux & autres pièces de cette nature : cette made doit avoir 435 pouces de longueur , fur 2 à 2 pouces & demi , & avoir un manche de bois très liant de 2 à 3 pieds de longueur. La figure 14 repréfente un drefToir , & un Ouvrier occupé à en faire ufage , c'eft-à-dire, à drefTer des échalas : ce drelToir n'eft autre chofe qu'une pièce de bois longue de lî à 7 pieds , de 4 à y pouces de largeur , & environ 2 pouces d'épaiffeur ; à 9 à 10 pouces d'une des extrémités de cette pièce , eft aftemblée une efpece de pied de tréteau, dont la longueur du deflùs du dreflbir doit être de 2 pieds 9 à 10 pouces ; ce pied ne doit pas être alFemblé quarrément dans le deffus du drefToir , mais être difpofé de manière que fon extrémité inférieure tombe à plomb de celle du defllis , comme l'indique la ligne i, l: cette pré- caution eft néce/Taire , pour que , quand on fait ufage du drefToir , le point d'appui de l'échalas fe trouve précifément à l'à-plomb du bas du pied , & que l'effort que fait l'Ouvrier ne tende pas à faire relever l'extrémité inférieure du drefToir , dont l'écartement du pied eft retenu par une entre-toife en écharpe , alTemblée d'un bout dans le defïïis du drefTjir , & de l'autre dans la traverfe du pied. , Sur le côté de ce dernier eft attachée une équerre de fer m n 0 , nommée mâchoire , dont la branche horizontale n , 0 , s'élève d'environ 3 pouces Treillageur. P Pljnche ïiio L'ART DU TREILLAGEUR. Chap.U. 85=™; au - delTus du dreflbir , & perpendiculairement à fa longueur. ^'"^p""^ Cette mâchoire fert de point d'appui pour dreffèr les échalas ; ce qui fe fait comme je vais l'enfeigner ci-après. Les échalas, tels qu'on les acheté en bottes, comme le repréfente la figure 12, ne font pas exaâement droits , mais le plus fouvent remplis de finuofités qui font plus ou moins confidérables , félon que la pièce de bois , dans laquelle ils onc été fendus, eftplus ou moins droite , & de fil ; quelquefois ces finuofités font fi confidérables, qu'il feroit impolTible de redreffer les échalas aux dépens de leur épailTeur ; c'eft pourquoi on les redrelTe fans les diminuer ; ce qui fe fait de la manière fuivante. On prend de la main gauche l'échalas qu'on veut redreffer , & on le pofe fur le drefi"oir ; enfuite , après avoir confidéré de quel côté il eft creux , on fait porterie côté oppofé , c'efl:-à-dire, le bouge, fur le bout du drelToir qui eft un peu arrondi; puis avec la ferpe qu'on tient de la main droite , on en donne un coup fur féchalas; ce qui étant fait, on appuiedela main gauche fur ce dernier, qui étant arrêté par la mâchoire de fer , eft obligé de ployer , & par confé- quent de fe redrefler. Il faut faire attention que le coup de ferpe ou navrure ne doit pas être donné perpendiculairement à la longueur de l'échalas , mais au contraire obliquement à cette dernière , & du côté où le fil du bois fe trouveroic le plus allongé, afin de couper moins de fibres ligneufes ou autrement dit de fil, & de conferver plus de force à l'échalas. Voyez la fig. 14 qui repréfente un Treilla- geur dans l'inftant où, après avoir donné le coup de ferpe (qu'il appuie fur le bout du dreffoir ) , il fait ployer l'échalas pour le redre/Ter; voyez auffi les figures 10 & I r , qui repréfentent , l'une un échalas tel qu'on le tire de la botte , Se l'autre, ce même échalas après avoir été dreffé comme je viens de l'enfeigner , & auquel on peut remarquer que les coups de ferpe ou navrures font donnés des deux côtés , & en différents fens, félon que les finuofités de l'échalas ,fig- 10 , font exigé. Cette manière de dreffer les échalas eft la plus prompte & la plus ufitéc ; mais elle a le défaut d'être peu propre ; Sc quelque foin qu'on prenne , on ne peut pas parvenir à rendre les échalas parfaitement droits; déplus, quand le bois vient à fe fécher , les coups de ferpe s'ouvrent , ce qui fait un alTez mauvais effet ; c'eft pourquoi, quand l'ouvrage eft un peu de conféquence, il faut choifir les échalas les plus droits poflîbles , & achever de les drefîèr au chevalet & à la plane , comme je l'enfeignerai après avoir fait la defcription du chevalet & de la plane, §. I. Du Tlanage des Bois , & des Outils qui y font nécejpiires. - — ' Le chevalet i ,i , 3 & 4 , eft une elpece de banc d'environ 4 pieds 350. 6 pouces de longueur , fur 7 à 8 pouces de largeur dans fa partie la plus étroite. Ce banc eft fupporté par quatre pieds de 18 à 20 pouces de hauteur, pris du Sect. /.§./. Du Plarmge des Bois , & des Outils qui y font ne'cejfalres. iixt deffijs , lefquels pieds font alTemblés à tenon & mortaife dans le deffùs du clie- — valet, & l'écart de ces pieds eft retenu par des entre-toifes en écharpe , afin de ne ^''-inche pas nuire au mouvement du levier , A , B ,fg. r. Ce levier ou montant eft un morceau de bois d'environ 2 pouces quarrés , à l'extrémité duquel eft alFemblée une autre pièce de bois d'environ 3 pouces d'épaifleur , fur 4 pouces de largeur & 6 pouces de longueur ; cette pièce de bois fe nomme la tcie du levier , & reçoit ce dernier qui y entre à tenon & afFourchement à queue, pour qu'elle tienne plus folidement. Cette tête affleure le dehors du levier & le déborde en dedans , afin de pouvoir mordre fur la planchette C , D , Si y arrêter l'ouvrage d'une manière fixe & ftable. Le delTous de la tête du levier , du côté où il porte fur la planchette , eft garni d'une lame de fer mince qui y eft incruftée de toute fon épailleur,& arrêtée avec des clous ou avec des vis , ce qui eft encore mieux : on met cette bande de fer pour que l'arête de la tête du levier feconferve, & qu'elle niorde également dans toute fa longueur ; ce qui ne pourroit être fi on ne prenoit cette précaution, parce que la vive-arête du bois feroit bien-tôt emportée , pour peu qu'on fît ufage du chevalet. Le levier palTe au travers de la planchette & du delTus du chevalet , avec le- quel il eft arrêté , par le moyen d'une goupille ou broche de fer a , fig. i : voyez la fig. 4 qui repréfente la coupe tranfverfale du chevalet , prife à l'endroit de cette broche. Ce levier eft placé à environ un pied & demi du devant du chevalet , & il faut obferver que les mortaifes , tant de la planchette que du delfus du chevalea^ dans lefquelles il fe meut , foient d'une longueur fuffilànte pour qu'on puifle le drefter perpendiculairement , comme on le peut voir à la^. a , qui repréfente la coupe de la partie antérieure du chevalet. La planchette C, D , fig. 1 ô 2 , a environ 3 pieds de longueur depuis fon extrémité C , jufqu'à la rencontre de l'emboîture du chevalet , avec laquelle elle eft aflemblée ; elle eft Ibutenue par un montant E , qui l'élevé de 9 à 10 pouces à fa plus grande hauteur ; ce montant eft aflemblé à tenon & mortaife , tant dans cette dernière que dans le delTus du chevalet , & il faut qu'il foit un peu incliné du côté de la tête du levier , afin de faire effort , ou , pour mieux dire , réfifter à la preffion de ce dernier, qui par fon adion tend à abaiffer la planchette. Au bas du levier eft placée une cheville ou pédale i, fig. r , qui paiTe au travers de fon épaiffeur, & fur laquelle celui qui fait ufage du chevalet pofe fes pieds : 8 ou 10 pouces de longueur , & 8 à 9 lignes de diamètre fufiîfent à cette cheville , comme on le peut voir à la fig. 9. Cette cheville doit être faite avec du bois très-liant, comme du Cornouiller, ou autre bois de cette efpece, afin qu'elle réfifte plus long-temps à la preffion des pieds, qui ne laiffe pas d'être con- fidérable. Tous les Treillageurs n'ont pas des chevalets conftruits avec tant de Planche ma L'ART DU T R E I L L A G E U R , Chap. IL folidité que celui dont je viens de faire la defcription : la plupart de ceux dont ils font ufage étant peu folidement conflruits , & par confêquent d'un ufage peu facile ; ce qui ne peut être autrement , rien n'étant li difEcile que de fe fèrvir de mauvais outils. Quant aux dimenfions des différents chevalets , elles font toutes à peu près les mêmes , c'eft-à-dire , afTujetties à la grandeur humaine , qui ne varie guère dans le plus grand nombre de fujets. La plane , fig. ^ & 6 , efl: une lame de fer acérée , dont le tranchant , fem- blable à celui des cifeaux , eft fait fur fa longueur. La largeur de la plane eft d'un pouce & demi à 2 pouces , fur environ 1 5 pouces de longueur ; fbn épaif- fèur eft d'enviroip 2 lignes , & ià furface , du côté de la planche, doit être bouge fur fa longueur de 2 à 3 lignes , comme l'indique la ligne c ,d ,fig. y , afin que quand on fait ufage de cet outil on puiffe bien dreffer le bois; ce qui ne pourroit être fi la planche ou côté du taillant de la plane étoit exactement droite , comme on le verra ci-après. Les deux extrémités de la plane font diminuées de largeur , & reployées en retour d'équerre du côté de la planche d'environ 4 lignes , prifes du nud de cette dernière , d'après quoi elles font un fécond coude parallèle au plat de la plane , & font terminées en forme de foies , pour recevoir deux manches ou poignées de bois, qui fervent à tenir cet outil : cespoignées ont environ 2 pouces de longueur & un pouce & demi de diamètre , ce qui eft fuffifànt pour qu'on puiiTe les bien empoigner, & elles font,ainfi que leurs foies, reportées fur le derrière de la lame, afin que l'effort que fait l'Ouvrier , lorfqu'il fait ufàge de cet outil , & la réfif- tance qu'éprouve ce dernier, fe trouve fur le même plan; ce qui ne pourroit être fi les manches n'étoient pas reportés en arrière de la planche de l'outil, vu le bombagede cette dernière , par l'extrémité duquel bombage il faut que paffe le centre des deux manches, comme l'indique la ligne c ,fig. 5. Quand on fait ulàge de la plane, on empoigne les manches des deux mains, un peu renverfées en dehors , & les pouces fur le deflùs des manches , vers leurs extrémités fupérieures : la planche de la plane doit être en delîous , & parallèle à la face de l'ouvrage, fur laquelle on la fait mordre en la levant un peu du derrière & en la tirant à foi. Cet outil eft très-facile à mener , pourvu qu'on ne l'engage pas trop dans le bois , & que les manches foient affez en arrière : car C les manches de la plane n'étoient pas ainfi reportés en arrière , on ne pourroit faire ulàge de cet outil que très-difiîcilement , parce que l'efifort fe trouvant dans un plan plus élevé que la réfiftance , il faudroit néceflairement que la plane re- levât du derrière , & que fon taillant s'engageât dans le bois plus qu'on ne vou- dtoit ; & alors il arriveroit de deux chofes l'une , ou que l'on feroit expofé à gâter l'ouvrage en prenant trop de bois à la fois, ou que l'Ouvrier fatigueroit beaucoup pour fe rendre maître de {on outil & empêcher qu'il ne relevât du derrière, & par conféquent ne prît trop de bois. Quand Sect.I.§. I. Du Planage de. Bois , & des Oudh qui y font nàeljaues. r r r , Quand les TreiUageurs veulent faire ufage de k plane, pour quelque _ . , - a j -) f-i^ui v.ju_ique ouvrap-e — que ce fo.c .is s alToyent fur le chevalet ,f,g.^, pofent les deux pieds ftrl P^-chh marche ou chevi le , & après avoir placé la pièce qu'ils veulent planer fur la ^ planchette , ils la faifilTen: avec la tête du levier , qu'ils appuyent fortement delTus en pouffant les deux jambes en, avant ; aftion qui leur efl toute natrrclle purfque , lorfqu'rls cirent la plane à eux, ils ont befoin d'un point d'appui pou.' oppofer a la réfiftance de l'outil. Quand on plane des pièces d'une certaine longueur, comme des écha!as & autres ; on les faitpalfer le long de la planchette, à gauche ou à droite du levier félon qv, on le juge à propos , & on les fait avancer à mcfure , en relevant tant fort peulatece dulewer: quand lespiecesfont courtes , comme la fig. ^ ; on les place au m.beu de la planchette ; & pour que la plane ne gâte pas cette dernière, loHqu elle s échappe de delTus la pièce qu'on plane , on y met une petite planché n.nce qu on y arrête légèrement , & qui reçoit les coups de plane : on rechange cette planche autant qu'il eftnéceiTaire , c'eft-à-dire, autant qu'elle s'ufe plus ou moins promptement. Quand les pièces qu'on plane font d'une certaine largeur , il faut avoir grand foin que le tarllant de la plane foit très-droit , & mên.e un peu bouge , afin qu'il ne prenne pas trop de largeur de bois à la fois ; c'cfi pour cette rSifon que k pknche de k pkne eft bouge ; car ii elle étoit droite il feroit impoffible de k n^enerfur des pièces un peu krges ; & fuppofé que cela fût poflible , k furface de ces pièces deviendroit prefque toujours bombée Lorfqu'on plane au chevalet, il faut fe tenir droit en face de fon ouvrage , & e corps place de manière que quand on eft an bout de fon coup , c'elt-à-dire à I extrémité de k pièce qu'on plane , le corps ne foit pas trop renverfé en arrier'e afin d être toujours en force , & par conféquent le maître de fon outil Le chevalet , tel que je l'ai repréfenté dans k ligure 9 de cette planche , eft propre pour des hommes d'une taille ordinaire, c'eft-à-dire, de j à . pieds & demi ; pour ceux qui font plus grands ou plus petits , il faut en augmenter ou di- «muer lesdrmenfions pour que ceux qui en font ufage foient commodément deffus, de manière qu ils n'ayent les jambes ni trop ployées ni trop allongées; que e effus de la planchette leur vienne au bas de l'eftomach, & que . de l'extrLit de k planchette au evant de k tète du levier.il y ait aife. de diftance pour qu quand on approche le dos de k pkne de ce dernier , les bras fe trouvent tendus fans cependant être roides ; & que quand ils font a„ bout du coup , le corps li toujours en équilibre , & par conféquent en force ^ c^ZlT^T "'^ ■ S^^"'' "^^S^ Pl-^ & chevalet pou. co oyer & dreffer toutes fortes de pièces , tant grandes que petites , ce qu'ik font avec beaucoup d'adreffe , fur-tout pour les pièces minces , comme fofages & autres, qu'ik i^duifent à une très - petite épai^eur, & ce^ r également, & Fefqu'aulTi liffes que s'ils s'étoient fervis d'un rab^. IREILLAGEUR. E 13 3yo. • • III4 L'ART DU TREILLAG EUR, Ckap.ir. . figures 7 , 8 & 1 1 , repréfentent deux efpeces de coutres , qui ne dif- Planche fcrent entre eux que pat la manière dont ils font emmanchés : dans l'un , fig. 7 <& 8 , le manche entre dans une douille , pratiquée dans l'épaiiTeur même de l'outil , laquelle douille eft évafée du côté du tranchant , qui eft celui par lequel on fait entrer le manche , afin que quand on frappe fur le dos de l'outil le man- che ne forte pas dehors. Lalongueur de ce coutre eft d'environ ro pouces , fur 3 pouces de largeur & 4 lignes d'épaiffeur par le dos ; cette épaiffeur diminue des deux côtés , en venant à rien du côté du tranchant, qui eft placé au milieu ; de manière que cet outil n'a , à proprement parler , point de bifeau , fi ce n'eft vers le tranchant qu'il eft bon de lui réferver un peu d'épailfeur arrondie , en venant à rien , tant ' pour empêcher que le tranchant ne fe rompe , que pour aider à l'aftion de l'outil, qui doit plutôt faire l'office d'un coin, & écarter & féparer les parties du bois , de que les couper. L'autre coutre , fig. n , diffère de celui dont je viens de parler , en ce qu'il eft un peu moins long de fer, & que fon manche eft placé comme aux autres outils ; c'eft-à-dire , fur la même ligne que l'épaiifeur du fer. Le coutre, foit de l'une ou de l'autre efpece, fert aux Treillageurs pour fen- dre les pièces , foit de Châtaignier ou de Frêne , ainfi que l'indique la fig. 10, & les réduire , foit en lattes ou en copeaux. Dans l'un ou l'autre cas , il faut d'abord fendre la bûche en deux parties , puis chacune de ces parties en deux; après quoi on les fend , foit en fuivant les rayons tendants au centre de la pièce, ou bien parallèlement à une des premières fentes , en obfervant dans l'un ou l'autre cas de les fendre toujours en parties paires , & au milieu de leur grofteur, afin que la réfiftance foit égale des deux côtés , & qu'on parvienne à fendre des pièces très-minces , fans en cafter beaucoup ; ce qui ne manqucroit pas d'arriver s'il reftoit plus d'épailfeur de bois d'un côté que de l'autre. Quand les pièces qu'on fend font très-fortes , & que le maillet ordinaire devient trop léger, on frappe fur le coutre avec une maffe ou mailloche de bois ; mais cela arrive rarement , les pièces que les Treillageurs fendent n'étant jamais aflez grolTes , ni d'une lon- gueur affez confidérable pour cela. On fend quelquefois les lattes qu'on acheté en botte ; pour cet effet on les met tremper pendant quelque temps dans Feau , après quoi on les fend en deux fur l'épaiffeur avec un fort couteau , ou avec une petite ferpe ou couteau à lame courbe en dedans , dont je parlerai ci-après. Quand on fend ainfi des lattes , il faut choifir celles qui font les plus épailTes , & de fil , & fur-tout qui ont été fendues fur les couches concentriques de l'ar- bre , parce que celles qui font fendues fur la maille en premier , fe fendent très- difiîcilement en fécond ; de plus , quand on plane des lattes fendues fur la maille , & qu'elles font très-minces , il s'y fait des éclats , & même des trous , & cela , parce que les mailles ou rayons fe détachent des fibres ligneufes qu'elles traverfent, SecT. I. i.l.Du Flanage des Bols , & des Outils qui y font nècejfalres. i r r ^ & auxquelles elles ne font que peu adhérentes , & quelquefois même point du tout ; il arrive même qu'elles fe détachent quelquefois d'elles-mêmes. Quand î''-*'^^"* le bois eft très-fec , les mailles femblent être d'une autre nature que le relie du bois , duquel elles différent, & par la couleur & par la denfité , qui eft beaucoup plus confidérable dans les mailles , que dans ce dernier. De quelque forme que foient les bois qu'on plane, il faut toujours avoir grand foin que la plane coupe bien vif & que fon tranchant foit bien égal , fur - tout pourles bois minces ; c'eft pourquoi, après l'avoir aiguifé fur la meule , il faut lui ôter le fil avec la pierre à alEler , qu'il faut paiTer , tant fur le bifeau que fur la planche , en obfervant de tenir la pierre bien parallèle à cette dernière , afin de n'y pas faire de faux bifeau , ce qui l'empêcheroit de couper vif, ou du moins fans faire de grands efforts, ce qu'il fautabfolument éviter, fur tout pour lespieces minces , qu'on a bien-tôt coupées dans leur longueur , pour peu qu'on incline trop la plane en dedans , ou qu'il fe trouve des rebours , qu'il faut avoir grand foin d'éviter. Il y a des Treillageurs qui donnent leurs planes à affûter aux Rémouleurs , & cela, parce qu'ils n'ont pas l'habitude de le faire , ou qu'ils n'ont pas de meule, ce qui eft abfolument néceffaire pour affâter cet outil ; cependant ceux qui le font eux-mêmes , & qui par conféquent ont une meule , font très-bien , parce que les meules font très-utiles pour bien affûter toutes fortes d'outils, & même très-promptement ; ce qu'on ne peut pas fi bien faire fur un grès ordinaire, comme je l'ai déjà dit dans la partie de fEbénifterie , page 806, où j'ai fait la defcription d'une meule & de fon auge , à laquelle on pourra avoir recours ne m'attachant ici qu'à faire la defcription des outils des Treillageurs proprement dits. Pourles ouvrages ordinaires , les Treillageurs font, ainfi que je l'ai dit plus === haut , dans l'ufige de corroyer tous leurs bois à la plane , tant les gros bois , Planche comme les échaias , que les bois minces deftinés à faire des ronds & autres ou- vrages plus délicats , & les lattes de frifages ; & comme il eft néceflàire que ces dernières foient droites furie champ , & d'égale largeur dans toute leur lon- gueur , ils les dreffent & les mettent de largeur à la varlope , & cela par le moyen d'un outil nommé boîte a meure de largeur, repréfènté figure i. Cette boîte à mettre de largeur , n'eft autre chofe qu'un morceau de bois d'un bon pouce d'épaiffeur , fur 334 pieds de longueur & 4 à y pouces de largeur , aux deux côtés duquel , ( c'eft -à - dire fur le champ ) font attachées deux bandes ou rebords de bois dur & liant, qui l'afBeurent en deffous & le débordent! en deffus d'une faillie, égale à la largeur que doivent avoir les lattes : ces rebords font ordinairement attachés à plat avec des clous tout firaplement ; mais il vaut beaucoup mieux y mettre des vis , & fur - tout les aftembler à rainure & lan- guette avec le fond, afin qu'elles ne puifTent faire aucun mouvement fur la hauteur : il faut aufïï avoir foin de difpofer ces rebords , de manière .que leurs fils îii6 L'ART DU T RE ILLAGEVR , Chap. IL "planch T ^" raoni^aiit du côté de la tête de la boîte, afin que la varlope ait moins 35 1. de prife en pafîant deffus ; entre les deux rebords & à une des extrémités de la boîte , qu'on nomme la tête , on attache une traverfe dont l'épai/Teur eft égale à la faillie des rebords qu'elle affleure en deffus ; & pour que cette traverfe tienne plus folidement, il eft bon qu'elle entre à tenon & mortaife dans ces derniers, afin qu'elle réflfte mieux au choc des lattes qui pouffent contre lorfqu'on fait ufage de la boîte , ce qui fe fait de la manière fuivante : La boîte étant difpofée comme je viens de le dire ci-deffus, on la place fur l'éta- bli , & la tête , c'eft-à-dire , le bout qui eft fermé contre le crochet ; puis on met dans la boîte autant de lattes fur le champ qu'elle peut en contenir , & on les drelfe d'un côté avec la varlope ; après quoi on les retourne, & on achevé de les mettre de largeur en paffant la varlope deflus, jufquà ce qu'elle porte fur les rebords de la boîte , qu'il faut bien fe donner de garde d'entamer, afin de n'en point diminuer la hauteur. Quand on drefl"e ainfi des lattes , il faut , avant que de les mettre dans la boîte , faire attention fur quelle rive elles font le plus droites , afin de les commencer toutes de ce côté , & qu'il n'y refte de faute ( ou d'inégalité, ce qui eft la même chofe ) que le moins qu'il fera poffible ; après quoi on les retourne , comme je viens de le dire ci-defTus. Les lattes étant ainfi mifes de largeur , on les drefl"e fur le plat, & on les met d'épaifliur avec la plane , comme je lai dit ci-deflljs ; ce qui eft afl'ez bon pour les ouvrages ordinaires ; mais pour les ouvrages de conféquence il vaudroit mieux faire cette opération au rabot, ce qui les rendroit beaucoup plus unies & plus égales d'épaifl^eur, & ne coûteroit guère plus de temps ni de foins , en fe fervant d'un rabot difpofé exprès pour cela , comme je l'enfeignerai ci - après, quand j'aurai terminé ce qui concerne la defcription des outils des TreiUageurs proprement dits.La boîte à mettre de largeur fert non-feulement pour les lattes de remplifliges, mais encore pour toutes les autres pièces minces qui doivent être d'une largeur égale, comme, par exemple, celles qui font deftinées à remplir des membres de moulures , foit droits ou cintrés ; dans ce derniercas, après qu'elles ont été planées , on les fait tremper dans de l'eau pour les rendre plus fouples puis en les chauffe & on les tourne en cercle , à peu près comme on fait pour les cerceaux des futailles ; & on les retient en cet état en les nouant de diflance en diftance avec des liens de fil de fer, comme on peut le remarquer à hfig. 2. On fait de ces cercles de différents diamètres , afin d'avoir des pièces plus ou moins cintrées , & pour qu'elles confervent mieux leurs cintres on les laifl'e liées en cercles le plus long-temps qu'il eft poffible , afin qu'en féchant dans cet état les fibres du bois ne tendent plus à fe redrefl'er ; c'eft pourquoi les Treilla- geurs apprêtent d'avance beaucoup de cercles ou bottes de bois minces de diffé- rentes largeurs & diamètres, afin de les trouver au befoin: ils ont la même attention pour les copeaux ou bois de mâtinage , propres à faire des fleurs, qu'ils planent long-temps Sect. I. $. IL Des Ronds & des différents Outils , &c. Il 17 long-temps d'avance , pour ne les employer que très-fecs , comme je le dirai en fon lieu. La figure 3 repréfente un rond , propre à être employé dans les ornements courants des Treillages , comme les plattes -bandes, les frifes , &c. ce qui eft égal, du moins quant à préfent, où il ne s'agit que de la conftrudion des ronds & des outils dont on fe fert pour les conftruire. §. II. Des Ronds & des différents Outils qui fervent à leur conflruBion, En général les ronds de Treillage , grands ou petits , fe font avec du bois mince & de fil , qu'on fait ployer & tourner deux fols fur lui - même , du moins pour l'ordinaire. Pour bien faire un rond , & cela le plus régulièrement qu'il eft poffible , il faut d'abord commencer par le tracer au compas , tant à l'intérieur qu'à l'exté- rieur , ainfi que la fg. 3 ; ce qui étant fait, on divife fa circonférence en un nom- bre de parties égales quelconque , comme l'indiquent les lignes ab , cd, e f, &g h; après quoi ( C le bois doit faire deux révolutions fur lui - même ) on divife fépaifieur du rond en deux parties égales , & par cette divifion on trace un cercle intermédiaire , qu'on arrête des deux côtés de la perpendiculaire c d, comme, par exemple , aux points e, h, prolongée au centre du rond ; après quoi on prend une épailfeur de bois, qu'on porte au milieu de fépaiffeur du rond , fur la ligne c d , àft \ à p; puis par les points 2 , i &; e, & ceux 8 , 9 & 10 , on fait pafler deux lignes courbes , tendantes aux circonférences intérieures & extérieures du rond , lefquelles lailTent entre elles une diftance égale à la moitié de l'épaiffeur du rond , qui eft celle que doit avoir le bois avec lequel il eft conftruit , & qui par ce moyen fe trouve diminué , en venant à rien par fes deux extrémités : cette diminution fe nomme hahillure. Les Treillageurs em- ploient généralement ce terme , pour fignifier une pièce abattue en cham- frein par fon extrémité. Quand le rond eft ainfi tracé , on le développe fur une ligne droite , tant pour avoir la longueur de la pièce avec laquelle on le conftruit , que pour avoir celle des habillures ; ce qui fe fait de la manière fuivante : On trace à part une ligne droite , comme celle c \6 , fig. 8 (& 9 ; puis on porte fur cette ligne les diftances qui fe trouvent entre chaque divifion des cercles concentriques , pris intérieurement de ces mêmes cercles , en commen- çant au point i; 3, & finiffant au point 18, ainfi que je l'ai fait à la figure 3 & aux figures 8 & 9 , dont les divifions font cotées des mêmes chiffres que cette dernière. J'ai pris la diftance des divifions dans l'intérieur des cercles, d'abord parce qu'elles font plus proches les unes des autres , enfuite parce que c'eft le côté où le bois xefte plein dans toute fa longueur , les habillures fe faifant de l'autre côté, afin Treillageur. P j. Flanche îii8 L'ART DU TREILLAGËUR, Chap. IL , ^,„.,. que le bois ployé plus aiféinent dans l'intérieur du rond , & qu'à l'extérieur il tende moins à fe redreffèr ; ce qui arriveroit néceflairement fi on ne prenoic cette précaution , c'eft-à-dire , fi on failoit les habillures de l'autre fens. Quand on fait ainfi le développement des ronds , il faut avoir grand foin de faire les divifions le plus près les unes des autres qu'il efl poffible , afin que la longueur de la pièce , fig. 8 , foit égale aux circonférences des cercles concen- triques ; ce qui ne peut pas être exailement vrai , quelque proche que foient ces divifions ( la corde d'un arc étant toujours plus petite que l'arc qu'elle foutient ); c'eft pourquoi il efl: néceffaire d'ajouter quelque chofe à chaque diftance , prife fur les divifions des cercles , fijr-tout quand ces derniers font d'un petit diamètre, comme aux ronds dont il efl; ici queftion. La plupart des Treillageurs ne prennent pas beaucoup de précaution pour faire les ronds ; ils commencent d'abord par difpofer un morceau de bois de la largeur & épaiffèur qu'ils jugent convenable ; puis après y avoir fait une habillure par un bout , ils prennent un morceau de bois rond , nommé moule , fig. J & 6 , dont le diamètre efl: égal au diamètre intérieur du rond qu'ils veulent faire ; & après avoir attaché de!îus la pièce planée , ils la font ployer autour jufqu'à ce qu'elle ait fait deux révolutions , plus la longueur de l'habiUure prife de i à jiir, , & ils en terminent la longueur au point m, après avoir marqué le commencement de la féconde habillure en n ; ce qui étant fait, ils déployent la pièce & la détachent du moule , afin qu'elle puilTe leur fcrvir de modèle pour tous les autres ronds d'une même forme & diamètre. Cette méthode , toute pratique , de trouver la longueur des pièces propres à conftruire , feroit très-bonne & beaucoup plus prompte que la méthode théo- rique que j'ai donnée ci-deflus , fi les pièces étoient toutes parfaitement bien planées , & fur-tout égales d'épaiffeur , tant entre elles que dans toutes les parties de leur longueur , ce qui arrive rarement , d'où il arrive fouvent qu'on voit des ronds placés les uns à côté des autres , qui font inégaux d'épailTeur & de dia- mètre , ce qui efl: encore pis. On pourroit remédier à ce dernier inconvénient en faifànt des moules creux , comme celui/^. 7 , ce qui alors affureroit le diamètre extérieur des ronds qui ne pourroit plus varier ; ce qui feroit un très-grand avantage , vu que c'eft l'ex- térieur qui touche aux bâtis dans lefquels on les place; quant à leurépaiJîèur, on parviendroit à la rendre parfaitement égale en mettant les pièces d'épailTeur au rabot , comm.e je l'enfeignerai ci-après. Quand les pièces propres à faire les ronds font toutes difpofées , on les atta- che fur les moules, & on les finit comme je l'enfeignerai après avoir dit quel- que chofe des outils qui fervent à ces diverfes opérations : ces outils font le moule , la bigorne & le recaloir. Le moule ,fig. 5 (S (5 , eft un morceau de bois rond , fur le côté duquel efl: pratiquée une rainure 0 , dans laquelle on fait entrer l'extrémité de la pièce avec Sect. I. §. //. D«i Ronds , & des différents Outils, &c. irij» laquelle on veut faire un rond; cette rainure doit être profonde & d'une épaifleur; proportionnée à celle de la pièce , & fbn arête droite doit être arrondie , afin de faire ployer le bois fans le rompre. L'extrémité inférieure , ou queue du moule A, fig. 6 , doit être diminuée & réduite à un pouce & demi ou 2 pouces de diamètre au plus, quelle que foit la groffeur du moule, pour qu'on puilTe l'em- poigner plus aifément: la longueur du moule doit être de 6 à 8 pouces , y com- pris la queue , & on doit obferver de n'y faire la rainure ou entaille 0 , que jus- qu'à environ 2 pouces de longueur , afin qu'il refte par le bas du bois plein qui réfifte à l'effort de la pièce qu'on fait ployer dedans , & qui , fans cette pré- caution , feroit fendre le moule. La figure 7 repréfente un moule creux , qui , à mon avis , vaudroit mieux que ceux dont je viens de parler , ce dernier ayant l'avantage de former des ronds d'une forme très-réguliere à l'extérieur, qui.eft la partie du rond qu'il efl: le plus effentiel de faire très-jufte , comme je l'ai dit plus haut. On fait des moules de toutes fortes de grofleur , félon le diamètre des ronds, qui eft lui-même borné par le deflîn & la grandeur de l'ouvrage ; ce qui n'a pas befoin d'une plus grande explication , puifque telle que foit la groffeur de ces moules , on les fait toujours de la même façon, foit pleins ou vuides. La bigorne ,Jig. 10 & 13 , eft une efpece de petite enclume; c'eft un outil tout de fer, dont la partie inférieure fe place dans un billot de bois: une des bran- ches ou bigornes eft arrondie pour pouvoir entrer dans de petites parties creufes; l'autre eft quarrée & diminuée à fon extrémité ; au milieu de cette branche & vers fa fortie du tas ou corps de la bigorne, eft pratiqué un trou dans lequel on fait paffer la pointe des clous qu'on enfonce dans le bois : la longueur de cette bigorne eft d'environ un pied , fur 4 pouces de hauteur , pris du deflus de fa bafe. On fait ufage de la bigorne étant affis ou fur l'établi : dans le premier cas, il faut qu elle foit montée dans un billot de bois de 6 à 8 pouces de diamètre, pour qu'elle ait plus d'affiette , & il faut difpofer la hauteur de ce billot, de manière qu'il y ait 2 pieds 436 pouces de terre au-deffùs de la bigorne. Quand on en fait ufage fur l'établi , on la monte dans un morceau de bois d'environ 3 pouces d'épaiffeur, & d'une long ueur aftez confiderable pour qu'on puiftè l'arrêter avec un valet quand on le juge à propos , ce qui d'ailleurs eft prefque toujours néceftàire. Les Treillageurs font auffi ufage d'une autre efpece de bigorne , fig. 11, qui diffère de celle dont je viens de parler en ce qu'elle eft beaucoup plus haute , & qu'elle n'a qu'une branche : cette bigorne fert pour la conftrudion des vafej & autres ouvrages de cette efpece, & je n'en parle ici que pour terminer tout de fuite ce qui regarde cet outil. Le recaloir ,Jîg. 12 & 14 , eft un morceau de bois , dans l'épaiflèur duquel on a fait un ravalement d'une profondeur égale àTépailTeur , ou pour mieux dire. II20 L'ART DU TREI LLAGEUK, Chap. IL !a hauteur des roads qu'on y place à plat ; les deux côtés de ce ravalement font refouillés en deffous pour recevoir les languettes d'une planche ou couvercle B, jig. 12 & 14, laquelle eft creufée en demi-cercle par un bout , ainfi que la partie pleine du recaloir qui lui eft oppofée , afin d'embraffer le rond entre elle & cette dernière : il faut autant de recaloirs qu'on a de ronds de différents diamètres, du moins d'une différence trop confidérable , & fouvent on les fait doubles fur l'épaiffeur. Se d'une largeur inégale, comme on peut le voir à la figure 12, qui re_ préfente la coupe du recaloir double, Jig. 14 , où le deffous eft indiqué par des lignes ponftuées. Il efl bon de faire les recaloirs ainfi doubles , non- feulement pour ne pas mul- tiplier les outils , mais encore pour que le bois étant découvert & fouillé des deux côtés , il fe travaille moins , & ne fe cofine pas d'un côté ou de l'autre , ce qu'on peut en partie empêcher en emboîtant la partie pleine du recaloir. Quand on veut monter un rond, on commence par faire entrer le bout in- férieur de la pièce dans le moule , & on la replie de gauche à droite en appuyant le pouce delà main gauche deffus , puis on faifit la queue du moule de la main droite , & on fait tourner ce dernier en dedans de droite à gauche , en obfervant toujours de bien appuyer de la main gauche fur la pièce à mefure qu'elle tourne, afin qu'elle porte bien également, tant fur le moule que fur elle-même ; quand la pièce a ainfi fait fes deux révolutions, on l'appuie fur l'établi, l'habillure en delTus, ( fans pour cela la quitter de la main gauche ) , & on farrête vers l'extrémité de cette dernière avec une broquette à tête plate,^?^. 4, qu'on n'enfonce qu'autant qu'il faut pour qu'elle n'entre pas dans le moule ; ce qui étant fait on ôte le rond de deflùs le moule , & on met une autre broquette en dedans après avoir fait Ibn entjée avec le perçoit, comme à celle de dehors ; on enfonce la broquette de dedans fur la bigorne plate , afin que la pointe de la broquette paffe dans le trou de cette dernière , après quoi on retourne le rond & on le place fur la partie ronde de la bigorne , tant pour river le clou du dedans , que pour achever d'en- foncer celui du dehors , qu'on rive enfuite , ou pour mieux dire dont on replie la pointe , ainfi qu'à l'autre ; les rivures , proprement dites , ne pouvant fe faire que fur les métaux , du moins fans beaucoup de danger. Si au lieu de fe fervir des moules ordinaires pour monter les ronds, on vouloir faire ufage de celui fig. 7 , cela ne fouffriroit aucune difficulté , parce qu'au lieu de commencer par placer le clou extérieur, on commenceroic par l'intérieur, comme on le peut voir dans cette figure , & le refte à l'ordinaire. Quand les ronds font ainfi arrêtés , on les met de largeur avec la plane ; pour cet effet on place le rond dans le recaloir , dont on approche la couliffe autant qu'il eft poffible pour le tenir ferme. , Enfuite on met le tout fur la planchette du chevalet , fig. ly , dont on fait appuyer la tête du levier fur le defiîis du recaloir , qu'on tient ferme par ce moyen ; puis on dreffe d'abord à la plane un côté du rond , & on le retourne pour Sect. I. §. II. Des Ronds , & des différents Outils ,&c. I I2r pour le mettre de largeur ; ce qui fe fait de la même manière que pour mettre , les lattes de largeur ; c'eft-à-dire , qu'on ôte du bois jufqu'à ce que l'outil Planche porte fur le recaloir, qu'il faut bien fe donner de garde d'entamer. Lorfqu'on recale les ronds , il faut toujours choifir le bois de fil , & retourner le rond dans le recaloir autant qu'il eft néceiTaire, afin d'éviter les éclats, qui ne manqueroient pas de fe faire fi on recaloit les ronds à bois de travers : cette manière de recaler & de mettre les ronds de largeur , eft la plus ufitée par les Treillageurs ; cependant ils pourroient s'éviter une partie de cette opération » en mettant de longueur les pièces dont ils veulent faire des ronds, & cela avant que de les monter , & même de les mettre d'épaiftcur , ainfi qu'ils font aux lattes de frifages ; de manière que quand les ronds feroient montés , il n'y auroit plus rien , ou du moins très-peu de cliofe à faire. Quand j'ai parlé plus haut des compartiments circulaires , page 1 104 , j'ai dit , qu'on faifoit des frifes remplies de ronds qui fe pénètrent les unes dans les autres, ainfi que je l'ai repréfenté PL 348 , 7 ô 8 : en exécution ces pénétrations fe font par le moyen des entailles qu'on fait aux ronds, les unes en deffous, les autres en deflus ,& à moitié bois de leur largeur, ce qui eft très -facile à faire, du moins quant aux entailles ; toute la difficulté qu'il y a , ne confifte qu'à les bien tracer : les uns tracent ces entailles à la vue , en plaçant un rond fur un autre ; d'autres après avoir tracé en grand ces ronds ainfi entre - lacés , tracent leurs entailles fur le plan même , ce qui devient très-fujet , fans être beaucoup plus parfait : la meilleure manière pour tracer ces entailles juftes & très - promp- tement , eft de faire une entaille ou efpece de moule, jj^. 16 (& 18 , ravalée d'une profondeur égale à la largeur des ronds , & de faire la forme intérieure de ce ravalement , femblable à fextérieur d'un rond , & du commencement d'un autre , enlacé avec le premier , & de continuer la ravalement droit & parallèle d'un bout à l'autre du moule , qu'il eft bon de faire d'une longueur capable de contenir y à 6 ronds enlacés les uns dans les autres ; le ravalement intérieur du moule étant fait , il faut tracer à fa partie fupérieure C, deux entailles difpofées comme s'il devoit y pafler un rond pour s'enlacer avec le premier ; après quoi on ravale la partie extérieure du moule , afin de n'y laiffer que peu de largeur de bois à l'endroit des entailles q,r, qu'on fait d'une profondeur égale à la moitié de celle du ravalement intérieur. Le moule étant ainfi difpofé, on place les ronds dedans les uns après les autres, pour y faire deux entailles d'un côté feulement ; ce qui eft très-aifé à faire , puif- ' qu'il ne s'agit que d'affurer le rond dans le moule , & de faire pafl"er la fcie des deux côtés des entailles de ce dernier : cette opération étant faite à tous les ronds, & leurs entailles évuidées au cifeau , ce qu'on peut faire tout de fuite, on alTem- ble deux ronds l'un dans l'autre, ainfi qu'à la fig. i6 , & on les place dans le moule pour faire de nouvelles entailles à celui qui fe trouve à l'extrémité fu- ^ périeure du moule ; ces fécondes entailles étant faites, on y affemble un troifieme Treillagevr. q j L'ART DU TREILLAGEUR, Clmp. II. = lonà , Se ainfi de fuite , ce qui eH: auiïï aifé à comprendre qu'à exécuter. Cette manière de faire les entailles des ronds eft très-avantageufe , parce qu'elle efl: très-prompte & trcs-fûre , les ronds ne pouvant pas être plus avancés ou reculés les uns que les autres , ni s'enlacer de travers , vu qu'ils font contenus par les côtés du moule qui font droits, & parallèles d'un bout à l'autre. Il faut cependant faire attention lorfqu'on fera ufage de cet outil , de fe fervir d'une fcie qui ait très-peu de voie , afin de ne point ufer les côtés des entailles du moule , qui ne fauroient trop être confervées, pour que celles des ronds, qu'on fait d'après ces dernières , ne deviennent pas trop larges ; ce qu'il faut abfolument éviter , étant beaucoup plus expédient de les faire trop étroites que trop larges , parce qu'avec un coup de cifeau on les met à la largeur convenable. Comme il eft prefque impoflîble qu'à la longue la fcie n'ufe un peu les côtés des entailles du moule , on fera bien de conftruire la partie fupérieure de ce dernier avec du bois d'une qualité dure , comme du Cornouillier ou du Buis , ou même du bois de Fer , lequel donneroit moins de prife aux dents de la fcie , à laquelle , comme je l'ai dit , il ne faudroit de voie que le moins qu'il fera podible. Au premier coup-d'œil , la conftruâion d'un moule , tel que celui que je propofe ici, deviendroit trop coûteufe pour qu'on en fît ufàge, ce qui feroit vrai fi on n'avoir que quelques ronds à enlacer ; mais comme , pour peu qu'un ouvrage foit confidérable , les ronds & autres pièces de rempliflàge , font en très-grand nombre, on ne rifque jamais rien de faire des outils de diligence, fur - tout quand ils tendent , ainfi que celui - ci , à la perfedion de l'ou- vrage. De quelque forme que foient les enlacements des ronds, on peut en faire les entailles par le moyen d un moule d'une confiruélion à peu près femblable à celui-ci ; c'eft pourquoi je n'en parlerai pas davantage , l'exemple que j'en donne ici pouvant fervir à en faire d'autres , félon les différents befoins. Pour les vafes & autres ouvrages de cette nature, les cercles fè font fans beau- coup de façons , du moins pour ceux qui ne font point ornés de moulures , on fe contente de les tracer fur un plan , comme la fig. 17 , & on pointe des clous fur ces cercles de diftance en diftance pour fixer les cercles de Treillage , foit en dedans ou en dehors, pour déterminer la place de leurs joints ou habillures, & pour les arrêter enfuite , foit avec des pointes ou avec des liens de fil de fer, que les Treillageurs appellent fi/ à coudre ou Jïl ml, comme je le dirai en fon lieu. SecT. I. §. III. Des Ornements dcTràllage , & des Outils à découper, êc. 1123 §. III. Des Ornements de Treillage en général , lér des Outils propres à les découper Ù" à les mâtiner. Depuis que les ouvrages de Treillage ont été confidérés comme faifànt partie de la décoration des jardins de propreté , on a cherché à les enrichir de tous les ornements dont ces ouvrages peuvent être fufceptibles , & aux com- partiments dont j'ai parlé ci-devant , on a joint les formes régulières de l'Archi- teâure , qu'on eft parvenu à imiter parfaitement , ainfi que les ornements de Sculpture qu'on a adaptés à cette dernière , comme les ornements courants dans les membres des moulures , les vafes , les guirlandes , &c. Cette partie du Treillage , c'eft-à-dire, celle qui a pour objet les ornements, futdepeu de confé- quence dans les commencements de cet Art ; ce n'étoit le plus fouvent qu'une imitation grofficre & imparfaite des ornements de Sculpture , rendus fans goût ni fans proportion ; mais depuis que les ouvrages de Treillage ont été dirigés pat des habiles Artiftes , & ce qui eft encore mieux , depuis que les TreiUageurs font devenus eux-mêmes capables de connoîtreles vraies beautés de l'Art, & cela par l'étude du Dellm & de l'Architeélure , ils font parvenus à faire aux ouvrages de Treillage des ornements de toutes les efpeces , qui imitent ceux faits par les Sculpteurs , du moins auffi parfaitement que la matière qu'ils emploient peut le permettre. Tousles ornements deTreillage en général font conftruits avec des bois min- ces & de fil , fendus au contre , & planés comme je l'ai dit ci - deflus ; & comme il y a des ornements de toutes fortes de formes & grandeurs, les TreiUa- geurs ont foin d'avoir beaucoup de copeaux ou bois de fente , tout préparés d'a- vance , afin d'en trouver de fecs au befoin , étant très-eflentiel que le bois avec lequel on veut faire des ornements foit très - fec , pour les raifons que j'expli- querai ci-après. Quand les bois qu'ils fendent eux-mêmes , ne font pas d'une grandeur affez confidérable , ils font ufage de bois de BoilTellerie , de Chêne, qu'ils amincilTent ou qu'ils emploient en nature , félon que l'exige la forme & la grandeur de l'ouvrage ; mais ils préfèrent leurs bois de fente, foit de Châtaignier ou de Frêne, à celui de Boiffellerie , qui , étant toujours fendu fur la maille , ployé difficile- ment lorfqu'il eft Icié , & même fe calTe quand on veut le mâtiner avec les tenailles. Je n'entrerai pas ici dans une explication détaillée des divers ornements du Treillage , ce qui fera traité dans la fuite ; je me bornerai à la partie pratique de ces mêmes ornements , & au détail des outils qui font nécelfaires à leur conC- truèlion. Ces outils fervant à la conftrudlion des ornements des Treillages , font de 1124 L'ART DU TREILLAGEUR. Chap. II. deux cfpeces ; {çavoir, ceux qui fervent à les découper, & ceux avec lefquels on les mâtine. ( * ) Les outils propres à découper les ornements de Treillage , font un étau de bois , fig. I & 2 , une fcie à découper,/^. 3, & de petites ferpettes, jj^. y & 8. L'étau de bois ,fig. i S a, a environ 3 pieds un quart de hauteur , fur 4 pouces de largeur, à l'endroit des mâchoires ; fa vis efi de fer , & eft arrêtée dans un écrou auffi de fer , placé dans la partie dormante de l'étau , qui eft elle - xaèma arrêtée avec l'établi , contre lequel il eft placé. La partie mobile de l'étau eft arrêtée avec la partie dormante par le moyen d'une charnière , & cela le plus bas polfible , afin que l'arc de cercle qu'elle dé- crit en s'ouvrant foit moins confidérable , & que la preflion des mords de l'étau foit plus forte , fans être pour cela obligé de ferrer beaucoup la vis. Au bas de la partie dormante de l'étau , & vis-à-vis du centre de mouvement , c'eft-à-dire, de la charnière , eft réfervé un talon a , fig. i , afin de foutenir la pouffée de la partie mobile , qui fans cela tendroit à fe détacher d'avec la char- nière , ce qui arriveroit infailliblement fi on ne prenoit pas cette précaution. Il eft bon que la partie fupérieure des mords de l'étau foit garnie , foit de fer ou de cuivre , comme je l'ai fait ici , afin qu'elle s'ufe moins & qu'elle ferre plus également. L'établi contre lequel eft placé l'étau , doit avoir environ 18 pouces de largeur , & être garni d'un rebord par devant , pour empêcher que les pièces qu'on pofe deiTus ne tombent par terre. L'étau , tel que je viens de le décrire , fert aux Treillageurs pour découper les grandes parties d'ornements qu'ils placent entre les deux mords ; ce qui ne fouffre aucune difficulté , fi ce n eft qu'à chaque fois qu'il faut retourner la pièce qu'on découpe , on eft obligé de defferrer & de refferrer la vis, ce qui fait perdre beaucoup de temps , & devient très-embarralTant , vu qu'il faut retirer la fcie à chaque fois , & la pofer fur l'établi pour prendre la manivelle de l'étau de la main droite , pendant que la gauche eft occupée à tenir la pièce , qui fans cela tomberoit lorfqu'on delTerre fétau. Pour obvier à ces difficultés, je crois qu'il fèroit bon d'attacher une corde à la partie mobile de l'étau , au-deflbus de lavis , & de faire paffer cette corde au travers de l'autre branche de l'étau , & de-là fur une poulie i , fig. 2 , placée derrière cette dernière au-delTus de l'établi , au travers duquel on la feroit paflèr, pour venir s'arrêter en deffbus avec la pédale ou marche c d ; de forte qu'en mettantle pied fur cette dernière, on parviendroit à ferrer l'étau, fans être obligé de quitter la fcie , & que lorfqu'on voudroit retourner la pièce, on n'auroit qu'à (*) Parle terme de mitinerAes Treillageurs entendent l'aétion par laquelle ils donnent à Line feuille d'ornement la courbure ou le galbe qui lui eft ncceCTaire : je ne fais pourquoi ils ont adopté un terme aufli impropre , à moins que ce ne foie pour faire entendre que dans les com- mencements leurs ouvrages d'ornements étoienc groffiérement faits & mal imités , ce qui n'étoic fouvent que trop vrai ; cependant il me femble qu'on devrait changer un terme auffi bas , & qui paroit annoncer la gtoffiércté des moeurs de ceux qui en font ufage. celTer Sect. I. §. m. Des Ornements de Treillage , & des Outils a découper, &c. riaj' ce/Ter d'appuyer fur la marche , 1 ecau s'ouvriroit toutfeul par l'aftion du reflbrc ' e f, placé entre ces deux pièces ou mâchoires ; & pour que celle de devant ne s'ouvrît pas trop, on ne delTerreroit la vis qu'autant qu'il feroit nécetTaire , pour laiiTer un paflâge libre à la pièce à découper , comme je l'ai obfervé fig. i , où j'ai fuppofé le reflbrt c f fans adion , afin de faire voir l'étau tout fermé. La fcie à découper des Treillageurs , repréfentée/^. 3 , ne diffère des fcies ordinaires des Menuifiers que par la grandeur de fa monture , qui n'a guère que 9 à 10 pouces de dehors en dehors ; la lame de cette fcie efl très-étroite , pour pouvoir tourner plus aifément, & elle eft arrêtée dans deux tourillons de bois , dont un eft terminé par un manche , qui fert à conduire la fcie , qui , quoique très-petite , ne l'cft pas encore affez pour découper des pièces fufceptibles de beaucoup de petits contours , comme , par exemple , celle repréfentée/^. 9 ; c'eft pourquoi les Treillageurs feroient très-bien de fe fervir de la fcie à décou- per des Ebéniftes , ou du moins d'une femblable , dans laquelle ils pourroient mettre une lame d'une ou deux lignes de largeur, félon la nature de l'ouvrage ; ils feroient auffi très-bien de faire ufage de l'étau ou âne des Ebéniftes , ce qui leur feroit beaucoup plus commode que l'étau dont j'ai parlé ci-deflus , qui ce- pendant ne leur feroit pas inutile pour cela, parce qu'ils ont beaucoup d'autres occafions d'en faire ufjge , même avec le levier que j'y ai ajouté. A la place d'un âne , les Treillageurs pourroient fe fervir de leurs chevalets , en y ajoutant un petit étau , fig. 4 ê J , lequel feroit arrêté fur la planchette du chevalet , comme on peut le voir à la figure 6. Cet étau eft compofé de deux mâchoires d'environ 8 pouces de hauteur & 4 pouces de largeur ; l'une de ces mâchoires 4, eft mobile , & eft arrêtée avec une planche Li, par le moyen d'une charnière , placée à fon extrémité inférieure au point g; l'autre mâchoire B eft plus épaiffe du bas que la première, pour lui donner plus d'empattement, & eft folidement aftemblée avec la planché de de/fous A/, dans laquelle font placées quatre pattes ou queues de fer / , m , qui entrent dans l'épaifTeur de la planchette n o , avec laquelle elles font arrêtées ( ainfi que l'étau auquel elles tiennent ) par le moyen de deux broches de fer qui paffent au travers de l'épaifTeur de la planchette , & de ces dernières , c'eft-à-dire, des queues ou pattes de l'étau , comme on peut le voir dans la figure 4, qui repréfente la coupe longitudinale de ce dernier, & la figure 5 qui en repréfente la coupe tranfverfale , prife à l'endroit d'une des broches ; cet étau ainfi conftruit , on le place fur la planchette , & par conléquent fur le chevalet , en obfervant de percer les mortaifes de cette dernière de manière que la tête du levier pofe fur le mord mobile de l'étau , le plus haut qu'il fera poffible , afin que ce dernier ferre davantage lorfqu'on place les pieds fur la marche du levier, & qu'on lepouflèen avant, comme pour planer : voyez lafig.(î, qui repréfente la partie antérieure d'un chevalet avec un étau placé delTus, comme je viens de l'enfeigner. Treillageur, jj PiANCHE iï'±6 L'ART DU TREILLAGEUR, Chap. IL Qu'on fafîe ufage de l'étau , fig. i (S- 2 , ou bien de l'âne des Ebéniftes , ou enfin du chevalet avec un étau delTus , comme la figure 6 , cela ne change; rien à la manière de découper les ornements ; ce qui fe fait ainfi qu il fuit : On commence d'abord par tracer la pièce qu'on veut découper , après quoi on la met entre les mords de l'étau , en la tenant toujours de la main gauche , pendant que de la droite on fait aller la fcie , en fuivant les contours, deffinés le plus exaélement qu'il eft poffible ; & pour que la fcie aille plus doux, il faut avoir foin de tenir le trait de la pièce qu'on découpe le plus près du mord de l'étau qu'il eft poflîble , afin qu'elle ne tremble pas fous les dents de la fcie , & qu'elle ne tende pas par fes fecouflès à faire ouvrir les mâchoires de l'étau , ce qu'on ne pourroit empêcher qu'en appuyant davantage , ce qui ne lailTeroit pas de fatiguer beaucoup : à mefure que la fcie avance , il faut avoir foin de retourner la pièce qtr'-on tient toujours de la main gauche , pour que la fcie ne s'écarte pas de delTus les mords de l'étau , & il eft bon de faire enforte que le trait fe trouve toujours en delTus de la fcie , afin qu'il ne fc trouve pas caché par cette dernière , du moins autant que cela fera poffible. Quand on a beaucoup d'ornements d'une forme femblable , il faut d'abord commencer par en découper un le mieux poffible , pour tracer les autres deiTus ; & même dans le cas d'un très-grand nom.bre , il feroit mieux de faire ce modèle en fer-blanc ou en tôle mince , afin qu'il réfifte plus long-temps & que fes formes ne s'altèrent pas. On peut auffi , pour plus de diligence , mettre plufieurs pièces les unes fut les autres pour les découper , en prenant la précaution de les arrêter enfemble par une pointe ou deux , placées dans le milieu de leur largeur , & avec un petit étau à main , placé du côté oppofé à celui qu'on découpe. Pour peu qu'on travaille adroitement en découpant les ornements de Treil- lage , il n'y doit plus rien avoir à faire après que la fcie y a paffé ; cependant , quand il s'y trouve quelques inégalités défeâueufes , on les répare avec la ferpette courbe , fg. 7 , ou bien avec la droite Jig. 8 , félon qu'on le juge plus convenable : la lame de ces deux outils doit être mince & avoir environ 2 pouces de longueur , fur (5 à 8 lignes de largeur , & être toujours bien affûtée , afin de couper vif & de ne point faire d'éclats au bois ; à ces différents outils on pourroit joindre de petites limes Se des gouges de différentes grofleurs , pour éyider des parties où la fcie ne pourroit pas tourner aifément, comme dans les refends de la feuille fig. 9 , ou autres de cette efpece. Après que les ornements de Treillage ont été découpés , foit à la fcie , ou fimpleraent avec la ferpette, comme il arrive quand ils ne font pas fufceptibles de beaucoup de contours , ou qu'ils font très-petits , on les mâtine ; c'eft-à-dire , qu'on leur donne la courbure qui leur eft convenable > ce qui fe fait de plufieurs manières différentes. La plus fimple de toutes, eft de les ployer dans les mains, comme le repréfente SiCT. I. §. III. Des Ornement de Treillage , & des Outils à découper, &c. nij lafigure lo ; & quand les copeaux font bien fecs , & de fil , ils confervent = alez volontiers la forme qu'on leur a donnée ; cette manière de mâtiner n'eft bnne que pour de petites pièces , & dont la courbure eft à peu près égale dans ^ tiute leur étendue ; mais quand la forme de la courbure des pièces eft irré- ruliere , & quoique cela donnée , il faut les mâtiner aux tenailles , ce qui fè ait de la manière fuivante. On prend la pièce ou copeau à mâtiner de la main gauche , & de la droite les :enailles , avec lefquelles on fàifit le bout de la pièce pour la faire ployer , :omme le repréfente la figure 1 1 ; comme les arêtes du mord des tenaillesfont :rès-aiguës , elles entrent dans l'épailTeur du bois , & elles rompent les fibres ligneufes de fa furface , qui , une fois rompues , relient dans l'état où on les a mifes , ce qui ell tout naturel , puifque la circulation de la féve fe trouve in- lerrompue par ce moyen. On recommence cette opératio n de diftance en diftance , autant de fols qu'on .e juge à propos , ou pour mieux dire qu'il eft nécelTaire , & que la grandeur les tenailles peut le permettre ; après quoi on prend la pièce diagonalement de :haque côté pour en achever la courbure , comme on peut le remarquer à la fig. ; il feroit cependant beaucoup mieux de donner tous les coups de tenailles parallèlement entre eux , & du fens du galbe de la pièce , comme à la figure i r, & comme le font indiqués les cinq premiers de la figure 15 , ce qui obligeroit d'avoir des tenailles d'une plus grande ouverture de tête , ainfi que plufieurs Treillageurs en ont ; ce qui fait d'autant mieux , que les pièces ne contournent parfaitement bien que parallèlement aux coups de tenailles , qu'on ne doit incliner que quand on veut qu'une pièce fe contourne de côté , comme cela eft quelquefois néceffàire , fur-tout quand elles doivent repréfenter des feuilles ou des pétales de certaines fleurs. Alaplace des tenailles ordinaires, onpourroit fefsrvir d'une certaine efpece de pince, ^o-. 13, dont la partie fupérieure, depuis le centre de mouvement, a environ 6 pouces de longueur & la à 15 lignes d'épaiffeur, comme l'indique fa coupe , cote C , D , même figure : l'épailTeur de chacune des branches ou mords de cette pince , eft d'environ 6 lignes ; une des deux cotée C eft creufe intérieure- ment , & l'autre au contraire , cotée D , eft bouge , mais moins que l'autre n'eft creufe, afin qu'elle prenne mieux des arêtes, en appuyant fur le bois ; les deux branches ou mords de cette pince ne font pas parallèles entre elles quand elles font fermées, comme dans la figure 13 ; mais elles s'écartent un peu du bas , afin que quand elles font ouvertes à environ une ligne ou une ligne & demie ( qui eft l'épailTeur des copeaux ) elles pincent également d'un bout à l'autre , & même un peu plus du bout fupérieur, qui par Tufage tend toujours à s'ouvrir plus que celui qui eft pioche du centre de mouvement. Des pinces de cette efpece feroient beaucoup plus commodes pour mâtiner , que les tenailles ordinaires dont on fait ufage , qui quelque grandes qu'elles ÏÎ28 VART DU TREILLAGEUR, Chap. II. «p™-^™ ibient , rompent plutôt le bois qu'elles ne le courbent , & y forment plutôt ds Pi-ANCHE pans que des courbures ; il eft cependant vrai qu'il eft nécelîàire que les fils er térieurs du bois foient un peu rompus pour qu'ils fe courbent plus aifément , é qu'ils ne fe redrellent pas après avoir été mâtinés , comme je l'ai expliqué plu haut ; mais il ne faut pas que cette rupture foit trop confidérabie , & l'aélion des deux arêtes des pinces que je propofe ici , feroit plus que fufElànte ; de plus , le bombage intérieur de la branche D empêcheroit que le bois ne reliât droit entre deux coups de pinces , ce qui arrive à toutes les pièces mâtinées avec des tenailles. Soit qu'on fe fervedes tenailles ou des pinces que je propofe ici , on ne peut mâtiner de cette manière que les pièces qui ne font pas trop découpées , ou qui font faites de bois de fente , foit de Châtaignier ou de Frêne ( qui eft celui dont on fait un plus grand ufage ) ; mais quand les pièces font faites avec du bois de Boiffellerie, il faut les mâtiner au feu , parce qu'elles fe romproient 11 on les mâtinoit avec les tenailles ; c'eft pourquoi quand on a de ces fortes de pièces , on les ceintre de la manière fuivante : Après que les pièces ont été chantournées , on les met tremper dans l'eau environ une demi - heure , plus ou moins , félon qu'elles font plus ou moins feches ou de bois gras ; pendant ce temps , on fait du feu de charbon clair dans une poêle de fer, fg. i6 , au-deffus de laquelle on fait chauffer les pièces les unes après les autres, du côté où elles doivent être creufées, qui doit toujours être celui où elles l'étoient déjà lorfqu'on les a achetées ; & quand elles font fufEfamment chaudes , ( ce qu'on connoît quand le côté oppofé au feu devient fec & celle de fumer ) , on les retire prompteraent , puis on les pafle fur un moule , arrêté fur le bout de l'établi i/j, , autour duquel on les fait ployer, après avoir pris la précaution de les envelopper à l'extérieur avec un morceau de peau , tant pour ne fe pas brûler les mains , que pour faifir toutes les parties de la pi cce à la fois , & la mieux appliquer fur le moule , qui n'eft autre chofe qu'un morceau de bois arrondi félon que la forme des pièces l'exige. Le morceau de peau dont on fe fert doit être un peu confiftant, & il faut avoir grand foin de le mouiller de temps en temps , tant pour qu'il ne fe crifpe pas , que pour conferver de l'humidité à l'extérieur de la pièce , & aider à l'allongement des fibres. On fait des moules de toutes fortes de formes & grandeurs, félon que l'exi- gent les pièces qu'on veut mouler ; & quand une partie de ces dernières doit refter droite , il eft bon de les dilpofer comme celui repréfènté en coupe , fig. la , c'eft-à-dire , avec une rainure p , dans laquelle on fait entrer la partie droite , afin que le cintre ne commence que quand on le juge à propos : il faut obferver que les moules foient toujours plus cintrés que la pièce ne doit l'être, parce que quand on l'a retirée de deffus, & qu'elle eft entièrement re- froidie , elle fe redreiïe toujours un peu , à quoi on remédie en la cintrant un peu Sect. I. §. III. Des Ornements de Treillage, & des Outils à découper , &c. I latj peu plus qu'il ne faut. A la place des moules finiples , comme ceux-ci , on pourrait en faire de doubles ; c'eft-à-dire , compofés de deux parties , l'une Piancue creufe & l'autre bouge, correfpondantes Tune à l'autre , & entre lefquelles on mettroit les pièces après les avoir fait chauffer à l'ordinaire , ainfi qu'on fait pour l'écaillé , Se même pour le placage en bois ; mais cette dernière méthode de- viendioit un peu longue , & par conféquent trop coûteufe, & je ne la propofe ici que pour enfeigner tous les moyens de mouler les ornements de Treillage le plus parfaitement qu'il eft poflîble de le faire. Les outils dont je viens de faire la defcription, font ceuxdont les Treillageurs font le plus généralement ufage , auxquels ils peuvent en joindre beaucoup d'autres , félon qu'il leur paroîtra utile & commode de le faire ; comme , par exemple , une grande partie des outils des Menuifiers de bâtiment , dont on trouvera le détail dans la première partie de mon Ouvrage,/;. 49 (&/: Ils ont auffi befoin de plufieurs outils de Serruriers, comme des étaux , tant à pied qu'à main , des pinces de différentes efpeces, des limes, des forets, &c. dont j'ai donné quelques notions générales dans la troifieme Seûion de la troifieme Partie de cet Ouvrage,/;. 932 Ê/c'eft pourquoi je n'en parlerai pas ici. Cependant avant que de paffer à l'exécution des Treillages, tantfimples que compolés, je vais faire le détail d'une efpece de rabot, propre à mettre d'épaiffeur les lattes de frifiges, & autres pièces de cette efpece , qui , par le moyen de cet outil , font d'une épaiffeur parfaitement égale , tant entre elles , que dans toutes les parties de leur longueur ,& cela beaucoup plus proprement qu'on ne pourroitle faire à la plane , & fans y employer plus de temps ; je donnerai auffi des exemples de moules ou entailles , propres à découper différentes pièces de remplifTage , de quelque forme qu'elles pui/Tent être. §. IV. Defcrtption d'un Rabot à mettre d' épaiffeur , & de différents Aïeules ou Bois à couper de longueur. Le rabot à mettre d'épaiffeur, repréfcnté 7%. r <S- 2 , ne diffère des rabots , ordinaires que par la forme de fon coin , & par l'aûion des deux joues mobiles. Planche rapportées des deux côtés de fon épai/Feur. Les joues mobiles cotées A,B ,fig.^ê ont environ quatre lignes d'é- paifleur, fur une longueur égale à celle du rabot ; elles entrent dans deux rava- lements pratiqués aux deux côtés du rabot , qu'elles affleurent , tant par les côtés que par-deffous , & elles font retenues en place par le moyen de deux boulons à vis C , Z?, qui paffent tout au travers de l'épaifTeur de l'outil , ainfi qu'on peut le voir à la fig. 4 qui en repréfente la coupe. La tige de ces boulons eft d'une forme quarrée par leurs coupes , & ils ne font taraudés à leurs extrémités, qu'autant qu'il eftnéGefTaire pour recevoir l'é- crou , afin qu'il refte de la partie quarrée pour paffer dans les mortaifes £ F de la joue mobile ,Jig. TreillÀgeur, j 3n- II30 L'ART DU TREILLAGEUR, Chap. II. — Ces mortaifes font percées obliquement , leur extrémité la plus haute ten- A LANCHE jjj. dante au devant du rabot , pour que , lorfqu'on fait ufage de ce dernier , l'effort qu'on fait en appuyant delfus , ne tende pas à faire remonter les joues , qu'il eft effentiel de conferver toujours à leur même place ; c'eft pour cette même raifon que les tiges des boulons font quarrées , & qu'on les fait entrer très-jufta dans le corps du rabot , en fuivant toujours l'inclinaifon des joues mobiles , comme on peut le voir dans la figure 3 , qui repréfente le rabot vu de côté , & dont la joue ,fig. ^ , 3. été ôtée , pour faire voir les trous par où paiTent les boulons & l'intérieur du ravalement. Trois à quatre lignes fuffifent au diamètre des boulons , dont la tête , large de ^ à 8 lignes , peut être ronde ou quarrée , comme celle / , 4 ; ce qui eft égal , pourvu qu'elle foit bien évuidée en de/Fous , pour qu'elle porte égale- ment dans toute fa largeur fur la joue mobile B. Les écrous ne doivent pas porter fur l'autre joue A; mais il faut mettre des pla- tines ( ou rondelles ) de fer ou de cuivre G , entre eux & cette dernière , afin que le frottement ne les gâte pas , Se n'y falTe pas des cavités , qui les empê- cheroient de monter ou de defcendre quand on le jugeroit à propos , & de refter fixes en place après qu'on les auroit arrêtés. Les écrous H doivent être un peu épais , afin qu'ils contiennent plus de pas de vis, & il faut, autant qu'il eft poflible, les faire de forme quarrée ou liexagone à l'extérieur , pour qu'ils ne puiffent être ferrés ou deflerrés que par le moyen d une clef; ce qui vaut beaucoup mieux que des écrous à ailerons , qui , non- feulement nuifentpar leurs faillies , mais encore qui peuvent être delferrés par la première perfonne qui touchera à l'outil, ce qui arrive très-fouvent. Quand on veut faire ufage du rabot à mettre d'épailfeur , on commence par mettre les lattes à la largeur qu'elles doivent avoir , puis on les rabote fur le plat pour les mettre à peu près d'épaifleur ; ce qui étant fait , on prend un mor- ceau de bois de 3 à 4 pieds de long , fur ^ à 6 pouces de large , qu'on a foin de parfaitement bien drefler fur tous les fens ; on place ce morceau de bois, ainfi drefle, fur l'établi, contre le crochet , & on pofe la latte de/Tus , en obfervant de l'arrêter avec le valet par fon bout inférieur ; après quoi on fait ufage du rabot , fig. I, qu'on paffe fur la latte , jufqu'à ce que fes joues extérieures portent fur le morceau de bois fur lequel la latte eft placée. Avant que de faire ufage du rabot, il faut d'abord l'ajufter , c'efl-à-dire, faire defcendre les joues félon l'épaiffeur qu'on veut donner à la latte , en obfervant qu'elles fe dégauchiifent bien entre elles , & qu'elles défaffleurent également le delîous du rabot , tant dans leur longueur que de chacun de fes côtés. Et pour être plus fur que cette épailfeur eft bien égale , on peut mettre entre le deflus des joues mobiles & le delfous du ravalement du rabot des tringles d'une épaift"eur égale à celle qu'on veut donner aux lattes , pour que ces tringles , ainfi placées & retenues entre les joues & le delTus du rabot , Sect. I. §. IV. Dcfcripdon d'un Rabot, & de différents moules , &c. 1131 puilTent empêcher les joues de remonter, fuppofé que les vis viennent à fe de/Terrer. Planche Il faut que le rabot à mettre d'épailfeur foit fait de bon bois de Cormier , très-fec , fur-tout les joues , qu'on doit faire auffi de bois très - dur , & de fil , afin qu'elles s'ufent moins au frottement ; ce qu'on ne peut réparer qu'en les faifant remonter jufque fous le ravalement du rabot , pour enfuite les redre/Ter avec ce dernier , qu'il faut toujours , ( du moins dans cette occafion ) qu'elles affleurent en delTous , fur-tout fi l'on veut faire ufage des tringles dont j'ai parlé ci-deffus. Il eft bon auffi que la pence de ce rabot foit un peu debout pour qu'il n'è- corche pas le bois ; ce qu'il faut éviter avec grand foin , fur-tout quand on s'en fert pour des pièces très-minces, qui , fe trouvant fou vent difpofées fur la maille, s'éclateroient très - aiféracnt. Le coin du rabot à mettre d'épailFeur , fig. i , eft fait dilféremment des autres , afin de pouvoir le retirer quand il eft néceifaire , fans être obligé de frapper derrière le rabot , comme on fait ordinairement ; ce qui ne vaudroic rien à celui-ci, parce que les coups de marteau qu'on doiiiieroit derrière feroient déferrer les vis , & par conféquenc déranger les joues ; ce qu'il faut abfoluraent éviter. (*) La figure 6 repréfente un bois ou entaille à couper & recaler différentes pièces , tant droites qu'obliques: ce n'eft autre chofe qu'une pièce de bois, choifie la plus dure & de fil qu'il eft poifible , dans laquelle on fait des entail- les en divers fens , félon la grandeur & la forme des pièces qu'on veut mettre de longueur. Quelques-unes de ces entailles faites au travers de la pièce , ainfi que celles ZiW; d'autres , comme celles A^, O , P, ne font faites que jufqu'à une certaine diftance, félon la longueur des pièces qu'on veut recaler, dont elles bornent la longueur d'une manière fixe ; cet outil eft très-commode quand on a un grand nombre de pièces femblables à faire ; ce qui arrive toujours aux ou- vrages de Treillage ; cependant les TreiUageurs ne le connoiffent pas ; il n'y a guère que les Ebéniftes qui s'en fervent, comme on peut le voir dans la troi- fieme Seûion de la troifieme Partie de mon Ouvrage , page'S,^^ ,1 laquelle on pourra avoir recours pour ce qui concerne la manière de s'en fervir , qui d'ail- leurs s'explique aiïez par l'infpeâion feule de la figure. Comme les bois que les TreiUageurs emploient ne font pas toujours d'une longueur fuffifante , ils les rallongent par le moyen d'une efpece d'a/Femblage , ou pour mieux dire, de joint , fg. j , qu'ils nomment hablllure ■ ce n'eft autre chofe que deux chamfreins ou bifeaux , qu'ils font à Fextrémité de chaque ( » ) Le rabot que je viens de décrire eft très- propre à faire de menus ouvrages, & fur-tout des réglettes propres aux Imprimeurs , qui , par ce moyen , fe trouvent très-égales d'cpaiffbur dans toute leur longueur , quelque minces qu'elles foient , en obfervant que le rabot foit debout , & que fa lumière foit très-étroite j pour évitée les éclats qui les coupetoient ou qui y feroienc au moins des trous. 1133. L'ART DU TREILLAGEUR, Chap. II. pièce , à contre-fens l'un de l'autre, & qu'ils affùjétiflent enfemble par le moyen de deux coutures ou liens de fil de fer c, d. Cette elpece d'affemblage , quoique très-peu folide, eft celui dont ils font le plus d'ufage dans prefque tous les cas , & ils le préparent à la plane fans y pren- dre beaucoup de précaution , d'où il réfulte plufieurs difficultés , parce qu'il arrive fouvent, enles préparant ainfi, qu'ils en éclatent les extrémités ; de plus, ces joints , ainfi faits , font rarement droits & égaux de longueur ; de forte qu'ils fe trouvent obligés d'y retoucher; ce qui n'eft pas toujours poffible , fur - tout quand les pièces font coupées de longueur : c'eft pourquoi je crois que malgré l'ufige ils feroient très-bien de fe fervir d'une entaille ou boîte à recaler ,fig. ç , conftruite en bois liant & très-dur , dans laquelle ils recaleroient les joints de leurs pièces, ce qui leur feroit d'autant plus commode, que les mêmes pièces étant une fois coupées de longueur, & leurs habillures dégrolfies, ils feroient très-fûrs qu'en les finilTant dans la boîte , fig. 9 , les joints feroient très-droits , & qu'ils n'auroient rien à y faire davantage ; ce qui les indemniferoit fûrement bien du temps qu'ils pourroient employer de plus en fe feryant de cette féconde mé- thode. Voyez la figure 1 1 , qui repréfente une pièce dont le joint a été difpofé de cette manière. Dans les pièces d'une certaine force , au lieu des habillures ordinaires, je crois qu'on feroit très-bien d'y fubftituer des joints a, b , difpofés en entailles dou- bles , repréfentés/g-. 8 ê 10, lefquels feroient plus folides que les habillures , fans être beaucoup plus difficiles à faire , & n'auroient pas befoin d'être attachés avec des liens de fil de fer , à la place defquels on pourroit mettre des pointes reployées ; ce qui feroit beaucoup plus propre , ainfi que je l'expliquerai en fon lieu , en parlant de la conftruâion des bâtis des Treillages. Section Seconde. Des différentes efpeces de Treillages en général. Lis ouvrages de Treillage peuvent être confid érés comme faifant deux efpeces féparées & diftinguées l'une de l'autre ; fçavoir, les Treillages fimples, qui , quoique fufceptibles de riche/Fes , ne font conftruits qu'avec des échalas & autres bois de cette nature ; & les Treillages compofés , dans la conflruélion defquels on fait ufage des bâtis de Menuiferie, tant pour donner plus defolidité aux ouvrages de Treillage , que pour leur donner une forme plus confiante & plus régulière. De ces deux efpeces de Treillages , la première eft la plus ancienne & la moins coûteufe , & par conféquent celle dont on fait le plus d'ufage, du moius dans les jardins des particuliers, qui ne veulent ou ne peuvent pas faire degrandes dépenfes ; & c'eft aulll celle par laquelle je vais commencerla defcription théorie- pratique Sect. Il.§.'f. Du Fil de fer , des Pointes ,ê delà. Couture du Treillage .1133 pratique de l'Arc du Treillageur ; ce que je ferai après avoir dit quelque chofe = du fil de fer & des pointes , dont les Treillageurs font ufage pour lier & aiïujétir enfemble les différentes parties de leurs ouvrages ; ce qui fera l'objet du para- graphe fuivant. §. I. D// Vil de fer ê des Pointes , & de la manière de coudre le Treillage, Les pièces de bois qu'on emploie pour la conftruflion des Treillages , comme les échalas , les lattes , &c. étant d'une trop petite capacité pour pouvoir être aflemblées les unes avec les autres , on n'a pas trouvé d'autres moyens pour les alFujétir enfemble , que de les lier avec du fil de fer ou de les attacher avec des pointes. Le fil de fer ou fil d'archal ou de Richard , dont les Treillageurs font ufage , eft de deux efpeces ; favoir , le fil à coudre & le fil a pointe : le premier de ces deux efpeces de fils ( qu'ils nomment auffi // nul, ) vient d'Allemagne & du pays de Liège ; c'eft , dit-on , le meilleur de TEurope , & on le vend à Paris par cerce ou meule de dix livres pefant. Le fil à coudre doit être très doux & d'une qualité liante & élafiique , que l'on augmente encore en le faifant recuire avant que de l'employer, fuppofa qu'on l'ait acheté fins cette préparation , c'eft-à-dire , tel qu'il fort de la Manu- faélure. Par le terme de recuire, on entend l'aélion par laquelle on rend au fer ( ouà tout autre métal ) par le moyen du feu, la douceur iScfélaflicité qu'il avoic perdue en paffant par le pertuis de la filière, où en s'allongeant il avoit acquis une qualité aigre, caufée par la comprefTion des parties qui le compofent. Les Treillageurs achètent ordinairement le fil à coudre tout recuit ; cepen- dant il y en a d'autres qui l'achètent , (comme ils difenc ) tout crud , & qui le font recuire eux-mêmes ; ce qui fe fait de la manière fuivante : On commence d'abord par difpofer le fil par petites meules ou cerces, pout qu'elles foient plus pénétrables à l'aélion du feu ; après quoi on allume un feu clairJe copeaux & de menus bois , dans le milieu duquel on met le fil de fer , en obfervanr que le feu l'entoure également par-tout , & qu'il attaque à la fois toutes fes parties ; & quand on s'apperçoit que le fil eft d'un rouge couleur de cerife , on le retire promptement du feu pour le lailfer refroidir , non loin de ce dernier, ou du moins dans un endroit très-fec , afin que la fraîcheur de fair, ou l'humidité, ne le faififfent pas trop vite, ce qui empêcheroit une partie de l'effet du recuit. Il faut auffi avoir gande attention que le fil de fer s'échauffe également dans toutes fes parties , & qu'elles deviennent toutes couleur de cerife en même- temps , fans quoi il arrive qu'il n'efl: pas alfez recuit dans un endroit où il n'apas rougi julqu'à cette couleur , ou qu'il l'eft trop dans d'autres où il a plus chauffé , ce qui en détruit la force , parce que , quand le fil de fer a pallé la couleur de Treillageur. K 13 Planche PlANCHE 353- 1134 L'ART DU T RE ILLAGEUR , Chap. II. -cerire, il s'enlève de fa furface une quantité de fcories ou particules de fer brûlé , qui , par leur fuppreffion en diminuent la capacité ; ce qui par confé- quent lui ôte une partie de fa force. Il y a du fil à coudre de dilierentes grofleurs , qu'on emploie félon la nature de l'ouvrage ; mais le plus gros ne pafTe pas le N°. 8 , qui a à peu près une demi- ligne de diamètre. Quand le fil à coudre eft bien recuit , & d'une bonne qualité , on le ployé de telle façon qu'on le juge à propos , fans le rompre, & il refte volontiers dans la fituation où on l'a mis , ce qui eft très - néceffaire , comme on le verra ci-, après. Le fil à pointe , auflî nommé fil Normand par les Treillageurs ( parce qu'on le fabrique en Normandie ) , ne doit point être recuit ; il faut , pour qu'il foit bon , qu'il foit d'une qualité liante , mais ferme & roide , pour réCfter aux coups de marteau , & entrer dans le bois fans fe rompre. Ce fil eft ainfi nommé , parce que les Treillageurs le coupent par bouts de différente longueur, pour faire des clous ou pointes , avec lefquels ils attachent leurs ouvrages , lefquelles pointes fe nomment pointes de frifages , &c. félon la longueur & groffeur, ou pour mieux dire félon les divers ouvrages où on les emploie. Quand on veut réduire ce fil en pointe , on prend les tenailles de la main droite , & de la gauche le fil , dont on fait entrer l'extrémité entre les mords de ces dernières , félon la longueur qu'on veut donner à la pointe , puis on ferre fortement les branches des tenailles pour couper une partie du fil, qu'on rompt enfuite de la main gauche , avec laquelle on le tient le plus proche des tenailles qu'il eft poffible, afin de le caffer net, & de ne point faire ployer le refte du fil de fer , qu'il faut toujours conferver le plus droit polfible , afin de ne point être obligé de redreffer les pointes après qu'elles ont été coupées. Le bout de ces pointes n'eft point diminué , ainfi qu'aux clous ordinaires • mais on le lailTe tel qu'il eft coupé , afin qu'en les enfonçant dans le bois , ils le défoncent , au lieu de l'écarter , comme ils feroient s'ils étoient aigus comme aux autres clous , qu'on ne fauroit enfoncer dans du bois mince fans le faire fendre. Les Treillageurs font encore beaucoup d'ufage d'une forte de petits clous , connue fous le nom àtjernence ou hroqiiette a tête plate ; cette femence eft de deux efpeces ; favoir , celle qui eft la plus grande , qu'ils nom.ment de la demi- livre allongée, qui a la pointe longue & déliée d'environ 43 j lignes de longueur; & celle qu'ils nomment tout Amplement femence , dont la pointe n'a pas plus de 2 à 3 lignes de longueur au plus : la tête de ces deux fortes de clous eft plate en deftlis , & d'une forme à peu près ronde , ou du moins d'un polygone irrégulier. Les Treillageurs font encore ufage d'autres efpeces de clous , dont je ne Sect. il §. I. Du fil de fer, des Pointes, & de la Couture duTreillage. 113^ parlerai pas ici , parce qu'ils font très-connus, & que ce font les mêmes dont les Menuifiers font ufage,& dont j'ai fait la defcription dans la féconde partie de mon I''-*"'^"^ Ouvrage , page 258, m étant borné à ne parler ici que de ceux qu'ils emploient Amplement comme Treillageurs. Les jours que forment les divers compartiments de Treillages fe nomment : Planche mailles , comme je l'ai dit plus haut, page lopS ; & lorfque le Treillage eft conftruit avec des échalas, comme les figures r, 2,3,4,7 (S'8,la rencontre ' de chaque échalas perpendiculaire avec les échalas horizontaux , eft arrêtée par un lien de fil de fer, qu'on nomme couture , lequel eft noué fur l'arête de i'é- chalas perpendiculaire , & par conféquent fur la face de l'ouvrage , comme le repréfente cAxxi A , fig. 9. L'opération de coudre le Treillage eft une des plus ufitées dans cet Art , & quoique très-lîmple , demande cependant une cer^ taine adreffe pour être faite avec diligence & folidité , comme on va le voir ci- après. Quand on veut coudre une maille de Treillage , on prend du fil de fer recuit & d'une grolîéur convenable à l'ouvrage , & on le fait paffer diagonalement derrière la maille , de bas en haut , & le bout le plus court en deffus , comme en a, fig. Il, ce qui étant fait, on faifit ce bout avec des tenailles qu'on tient de la main droite C, & on le fait redefcendre diagonalement de 12 à 1^ , en paffant par-delfus l'autre bout du fil de fer , qu'on tient ferme de la main gauche B , en obfervant de les bien ferrer tous deux fur l'arête de l'échalas montant ; après quoi on les fait reployer l'un fur l'autre , en faifant faire aux deux mains un mouvement oppofé , c'eft-à-dire , en reportant la main gauche B de gauche à droite , & la main droite C , avec laquelle on tient les tenailles , de droite à gauche , comme le repréfente la fig. 10 : les deux bouts du fil de fer étant ainfi reployés l'un fur l'autre , on fait redefcendre celui qu'on tient de la main gauche B , pour venir joindre celui qui eft faifi avec les tenailles ; après quoi on ouvre ces dernières pour reprendre les deux bouts du fil de fer un peu au-deffus du nœud qu'ils commencent à former , & on fait une pefée en appuyant un des mords des te- nailles fur l'arête de l'échalas montant , pour allonger le fil de fer autant qu'il eft pofTible, & lui taire prendre la forme des angles des échalas, comme le repréfente la fig. 12 ; après quoi , fans quitter les tenailles , on les fait tourner de droite à gauche en montant , pour achever de ferrer le nœud , & pour rompre les extré- mités du fil de fer, ou pour mieux dire les couper, parce qu'en achevant de tourner les tenailles , il faut les ferrer fortement pour qu'elles coupent le fil de fer , fans quoi on courroit rifque de le rompre au-delFous du nœud ; ce qui occaConneroit la perte du temps & du fil de fer. C'eft de f opération de coudre le Treillage, que dépend une partie de fa folidité; c'eft pourquoi on doit bien prendre garde que la couture foit très - ferrée & le nœud bien fait , & fur-tout qu'il ne foit pas rompu trop court , parce qu'il pourroit lâcher, pour peu qu'on fît d'effort contre l'ouvrage ; au refte , c'efi ït35 CART DU T R ÊI L L A G E U R , Chap. IL une affaire toute de pratique , plus aifée à faire qu'à bien décrire; c'eft pour- Planche ^^^j rn'étendrai pas davantage à ce fujet . Il y a des Treillageurs qui font le nœud de la couture en deffus , d'autres en deffous , mais à gauche , ce qui ne change rien à la manière d'opérer ; cependant la manière la plus ufitée , & même la plus facile , eft de le faire à droite & en dclTous , comme le repréfentent les fg. 9 , lo , ir (& 12. Les mailles de Treillage , conftruites en échalas, font toutes arrêtées de cette manière ; ( c'eft-à-dire , coufues avec du fil de fer , quelle que foit la forme de leurs compartiments , ainfi que le repréfentent les fig. i, 2 & 7. Quand les com- partiments font diagonaux , comme aux figures 3 , 4 & 8 , on fait les coutures horizontalement ou perpendiculairement , ce qui eft égal : cependant , quand les lozanges font très-allongées , comme à la figure 8 , il eft bon de difpofer les coutures horizontalement , tant pour que ces mêmes coutures foient plus folides , que pour épargner le fil de fer , qui , quoique peu cher , ne laiffe pas que de faire une perte réelle pour l'Ouvrier, quand il ne le ménage pas comme il faut ; c'eft pourquoi à chaque couture il ne faut en laiffer paiïer que ce qui eft nécelTaire pour qu'on puiffe le prendre avec les tenailles , parce que ce qui eft coupé d'après le nœud eft abfolumcnt perdu , du moins par un des bouts , l'autre tenant au refte de la rneule ou botte de fil de fer , dans laquelle on prend le fil de chaque couture fans le couper , que quand le nœud eft fait, comme je viens de le dire ci-deffus. Quand les Treillages font en frifages ; c'eft-à-dire , conftruits avec des lattes , comme h fig. 5 , on n'y fait point de couture ; mais on arrête la rencontre de chaque latte avec une broquette à tête platte ; la plupart des Treillageurs ne mettent pas des clous à chaque rencontre de latte , mais de deux en deux , & en liaifon , comme c i, £/, & A , ce qui eft fuffifant quand les mailles font petites ; mais quand elles font grandes, il faut en mettre par-tout pour que l'ou- vrage foit plus folide. Il eft bon auflî que les broquettes foient alTez longues, non-feulement pour paffer au travers de l'épailTeur des deux lattes , mais encore pour les déborder par derrière , afin de pouvoir en reployer les pointes , pour empêcher qu'elles ne fe retirent de dedans les lattes , où elles ne peuvent guère tenir , vu le peu d'épailTeur de ces dernières. Quand on veut river , ou autrement dit repioyer les pointes des broquettes , il faut , fi l'ouvrage fe fait fur l'établi , appuyer leur tête fur un tas de fer ou fur le dos du valet , & avec le marteau faire ployer la pointe en frappant defius à petits coups, & en obfervant de ne les faire ployer que fur la largeur du bois, afin qu'elles entrent dedans fans le faire fendre ; ce qui ne manqueroit pas d'arriver fi on faifoit ployer le clou fur l'autre fens ; c'eft-à-dire , fur le fil du bois. Si l'ouvrage étoit d'une nature à ne pouvoir pas être placé fur l'établi pour river les clous , un Ouvrier appuie contre la tête des clous avec un fort marteau , pendant qu'un autre les rive par derrière , ainfi qu'on eft obligé de faire pour les a Sect. il '§. II. De la conJLructlon du Treillage finiple. tijj les enfoncer , à l'exceprion qu'il faut dans ce dernier cas fe fervir d'un morceau , de bois préfenté à bois de bout pour foutenir le coup de marteau, &. pour donner Pi-anché en même-temps palîàge à la pointe du clou ou broquette qui entre dedans ; ce qui ne pourroit être li on fe fervoit d'un marteau où tout autre morceau de fer , dans lequel la pointe du clou ne pourroit pas entrer. Il eft vrai qu'en fe fervant d'un marteau, on pourroit le placer auprès du palTagb de la pointe du clou pour la laifTer palfer librement; mais, outre que cela de- viendroit plus fujet , il pourroit fe faire que la pointe du clou fît éclater le bois qui fe trouveroit fins foutien , ce qui ne peut être quand on fe fert d'un morceau de bois, comme je viens de le dire ci-delfus. Quand on fait des Treillages en frifage^ c'eft-à-dire , avec des lattes , on les fait pa/fer les unes fur les autres à l'ordinaire , comme à la figure y ; cependant je crois qu'on pourroit les affembler en liaifon , c'eft-à-dire , les faire palfer alternativement l'une fur l'autre , comme le repréfente la figure a(î ; ce qui, dans bien des cas, feroitun très-bon effet, encore que ce ne foit pas l'ufige. L extrémité des frifages eft arrêtée de deux manières différentes; favoir, dans des bâtis , comme je le dirai en fon lieu , ou bien fur des échalas , ce qu'on fait par le moyen des pointes de frifages , dont j'ai parlé ci-delFus : ces pointes s'enfoncent du côté des lattes , & quand elles font entrées jufqu'aux trois quarts de leur longueur , on les reploie fur les lattes en travers de leur largeur pour les empêcher de fe cofiner , comme je l'expliquerai plus amplement en parlant des diverfes parties du Treillage à bâtis. §. IL De la conjîruaioii du Treillage Jimple. Le Treillage fimple eft de deux efpeces ; favoir , celui qui eft appliqué contré les murs , & celui qui eft ifolé. La première de ces deux efpeces de Treillages fe nomme auffi j^û&z- , parce que, par fa pofition , il femble deftiné à fup- porter les branches des plantes courantes & des arbres fruitiers, qu'on nomme arbres d'efpaliers ; quant à ceux de la féconde efpece , ils prennent différents noms , félon leur forme & ufage ; on les nomme Treillages en paliffades , tant d'appui que de hauteur , berceaux , cabinets , &c. Les Treillages fimples fe conftruifent avec des échalas , dreffés au dreffoir , comme je l'ai enfeigné ci-deffus , ou bien réparés à la plane ; ce qui eft très- rare pour ces fortes d'ouvrages: on les coud à l'ordinaire , & on les arrête de différentes manières , félon que l'exige leur forme , ainfi que je vais l'enfeigner. Quand on veut conftruire des Treillages d'efpaliers , on commence d'abord < parfe rendre compte de la hauteur & de la largeur, ( ou pour mieux dire, de la longueur ) du mur qu'il faut revêtir , afin de déterminer le nombre de carreaux ou de mailles qu'il y aura , tant fur la hauteur que fur la largeur, & cela à raifon de la grandeur qu'on a jugé à propos de donner à ces mêmes mailles ; Treillageur. £ 13 1138 L'ART DU TREI LLAGEU R, Chap. II. après quoi on prend un échalas d'une longueur convenable , fur lequel on trace Planche la divifion de la hauteur des mailles , prife du delTus de chaque latte ou échalas horizontal , comme on peut le voir à la figure 4 , qui repréfente un échalas ainfi divifé , lequel échalas fe nomme échalas de marque. On fait la même opération pour la largeur des mailles ; c'eft-à-dire , qu'après s'être rendu compte de leur grandeur & de leur nombre , on en fait la divifion fur un échalas , fig- 6 , qu'on nomme latte de marque , pour indiquer que les divifions qui font tracées deffus font celles de largeur. Il n'eft pas nécefiaire , lorfqu'on fait les divifions , tant des échalas que des lattes de marque , de tracer les largeurs des bois ; il fuffit de déterminer leurs diftances du dedans au dehors de chacun , en obfervant que les divifions fe trouvent à droite en regardant l'ouvrage pour les lattes de marque , & en deflus pour les échalas de marque , ainfi que je l'ai déjà dit. Au haut de l'échalas de marque, & au nud de la première ou féconde divifion, eft placé un crochet de fer , a , fig. 4 , qui fert à retenir l'échalas de marque fur la première ou féconde latte , qu'on commence par pofer de niveau , afin de régler & drelTer toutes les autres lattes , comme on va le voir ci-après. La divifion , tant de hauteur que de largeur des mailles , étant ainfi faite , on trace fur le mur des lignes de niveau à 2 ou 3 pieds les unes des autres , en commençant au - defious de la féconde latte du haut du Treillage , & fous ces lignes on pofe des crochets de diftance , pareillement de 2 à 3 pieds les uns des autres , lefquels crochets reçoivent des lattes , & par ce moyen entretiennent tout le Treillage dans une fituation droite & fiable. Ces crochets ne font ordinairement que de fimples clous à crochets à pointe,- ■ qu'on enfonce dans le mur à mefure que l'ouvrage avance , fe contentant d'ar- rêter de niveau la première ou la féconde latte du haut ; cependant je crois qu'il vaudroit mieux, pour la régularité & la folidité de l'ouvrage, faire ulàge de crochets en plâtre, comme celui repréfenté^. 10, qu'on fcéleroit dans les murs à la diftance & aux places convenables, en obfervant qu'ils fe rencontraifent dans le milieu des mailles , & bien à-plomb les uns des autres , du moins fur le de- vant de leur faillie , afin de dreffer parfaitement le Treillage qu'ils foutiennenc & qu'ils retiennent en place , & qu'il eft bon , autant qu'il eft poflîble , d'ifoler un peu du mur, pour que les feuilles mortes, & autres ordures qui peuvent tomber entre ces derniers & les Treillages ne s'y arrêtent pas, & par conféquent n'y faftent pas féjourner l'humidité, qui, à la longue pourriroitle bois: quand on ifole ainfi le Treillage, on arrête les lattes A , figure 10, avec le crochet, par le moyen d'un lien de fil de fer; ou fi on vouloir, on feroit à ce dernier, c'eft-à- dire , au crochet un mantonet par derrière, comme je l'ai indiqué par des ponc- tuations ; ce qui retiendroit les lattes d'une manière très-folide. Dans les angles des murs, il faut que les crochets foient placés vers la féconde maille , comme on peut le voir à la figure i , & il fufEt qu'en général ceux du Sect. II. §. IL De la cori/lru&ion du Treillage Jîinple. 1 1 39 bas foient placés à 2 ou 3 pieds de terre au - deiïus des parpins de la muraille , - fuppofé qu'il y en ait , parce que l'extrémité inférieure des échalas eft enfoncée Planché dans la terre de 3 à 4 pouces , du moins pour l'ordinaire. Quand les crochets font pofés ainfi que je viens de le dire , on y attaché des lattes , ainfi que celles b, b ,b , fig. i , après quoi on trace les divifions de largeur fur celle du haut , & on attache de diftance en diftance , comme de 3 en 3 pieds , des échalaS , comme ceux c,c , c , qu'on a grand foin de pofcr bien d'à-plomb ; après quoi on achevé de pofer toutes les autres lattes , c'eU-à-dirc , les pièces horizontales , lefquelles dans tous les cas doivent palTer derrière les échalas ou montants, du moins c'eft la coutume : en pofint les lattes on fait ufagé de f échalas de marque qu'on accroche fur la latte du haut , laquelle étant bien dreffée , règle toutes les autres , qu'on arrête avec les échalas c , c , c , félon que l'indiquent les divifions de l'échalas de marque : quand toutes les lattes font pofées , on achevé de placer les autres échalas , qu'on arrête d'abord du haut aux divifions qui ont été tracées fur la première ou la féconde latte , comme dans la figure i ; après quoi on achevé de les coudre avec les lattes , en faifant ufage de la latte de marque pour les dreffer & les elpacer également d'après les premiers échalas c , c , c, qui ont été pofés bien d'à-plomb & bien droits. Autant qu'il eft poffible, on faitles échalas d'une feule pièce, du moins quand la hauteur du Treillage ne furpalîê pas celle des échalas; quant aux lattes, comme il n'eft guère poflible de les faire d'une feule pièce , on les ralonge par des habil- lures, en obfervant de faire des joints en liailbn ; c'eft-à-dire, alternativement oppofés les uns aux autres , comme je l'ai obfervé aux lattes d, d, d , fig. I. Avant que de pofer les Treillages d'efpaliers , il eft bon de faire crépir les murs qui doivent les fupporter, afin qu'étant liflès&fans cavités confidérables ils amalTent moins d'ordures , & par conféquent confervent moins d'humidité , qui, comme je l'ai dit plus haut , - eft très-contraire à la confervation des Treillages , que la peinture ne fauroit garantir abfolument' de la pourriture , quelque foin qu'on prenne. Les Treillages d'elpaliers fe pofent ordinairement en blanc , c'eft-à-dire , fans être peints ; cependant je crois qu'il feroit bon d'en imprimer les bois d une ou deux couches , & de les laiiTer fécher avant que de les employer , parce qu'il n'eft guère poITible de le faire quand l'ouvrage eftpofé, fur - tout quand il eft plaqué contre le mur , comme il arrive le plus fouvent. Les Treillages en palilfades fe conftruifent à peu près de la même manière que ceux dont je viens de parler , excepté qu'on les appuie fur des poteaux de bois ou fur des bâtis de fer. La première manière , repréfentée_/z^. 1, eft la plus ufitée & la moins coûteufe ; mais auffi a-t-elle le défaut d'être peu propre & de faire un mauvais effet , parce que ces poteaux , ( qui pour être bons, ne peuvent avoir guère moins de 3 pouces de gros ) bouchent& interceptent les mailles , ce qui fait toujours mal. II40 UART BU TREILLAGE UR, Chap. n.\ . Les poteaux qui fbutiennent les Treillages de paliflades font de deux fortes ; Planche {"avoir , ceux qu'on emploie en rondins , c'eft-à-dire , tels qu'on les a tirés des arbres , fans y faire autre chofe que de les dépouiller de leurs écorces , & ceux qui font équarris & corroyés fur toutes leurs faces ; les premiers ne s'emploient qu'aux jardins potagers de peu de conféqtience , & à la campagne ; les féconds font plus en ufage, & en effet font plus propres que les premiers, fans cepen- dant f être autant que les bâtis de fer dont je parlerai dans un inftanc. En général les poteaux doivent être de bois de Chêne, fans nœuds vicieux, & bien de fil; leur extrémité inférieure doit être diminuée pour faciliter leur entrée dans la terre , dans laquelle on les enfonce à coups de maffe. Le bout in- férieur des poteaux , c'eft-à-dire , celui qui entre dans la terre , doit être brûlé , pour qu'il réfifte plus long-temps à l'humidité ; l'autre bout doit être abattu fur les arêtes , afin qu'il ne s'émoufl^e & même ne fe fende pas par la violence des coups qu'on frappe delTus pour les faire entrer dans la terre , & il efl bon aufïï de les faire un peu plus longs qu'il ne faut , pour que , quand ils font affez enfoncés , on puiffe les couperparleur extrémité fupérieure pour les rafraîchir, c'eft-à-dire, en ôter les barbes, & pour les mettre à la hauteur où ils doivent être. Quant à la longueur de la partie du poteau qui entre dans la terre , elle ne peut être déterminée au jufte , parce que cela dépend du plus ou moins de denfité de cette dernière , qui refufe ou qui facilite davantage l'entrée du poteau ; mais pour fordinaire il faut, autant qu'il eft poffible , les faire entrer en terre de i8 pouces à a pieds , afin qu'ils foient moins fufceptibles d'ébranlements, i Dans les Treillages d'appui , comme par exemple la Jjg. 2 , il faut que les poteaux ne foient pas plus éloignés f un de l'autre que de 5 à (5 pieds tout au plus , & il faut toujours les difpofer de manière qu'il s'en trouve un à chaque angle , foit faillant ou rentrant , & que ceux des intervalles foient au milieu d'un échalas , ou pour mieux dire , que l'échalas fe trouve au milieu du poteau. Comme les Treillages d'appui ou autres fe trouvent quelquefois fur des plans contournés & compofés de parties anguleufes , il faut qu'il y ait des poteaux à chaque angle, & qu'ils foient mis d'équerre , fuivant Fobliquité des angles, fur-tout à l'extérieur , c'eft-à dire , du côté qui porte le Treillage ; il faut auifîî quand les parties creufes ou bouges du plan font un peu confidérables, y mettre un nombre de poteaux fuffifant pour que les Treillages fuivent exadement le contour du plan. Aux angles faiUants , comme la fig. 7 , on met ordinairement un échalas e fur une des faces du poteau , pour terminer les mailles d'angles , & pour re- couvrir fur les joints des lattes /& ^ ; ce qui fait affez mal , parce que l'échalas d'angle n'étant pas quatre , non plus que les autres, il a une face plus large l'une que l'autre , & ne recouvre pas également des deux côtés ; c eft pourquoi je 35 ?• SèCT.II. §. il De la confîruaion du Treillage fiinple. 1141 crois que pour la propreté & la folidité de l'ouvrage, il vaut mieux ne point — "-^'-« mettre d echalas aux angles falUants des Treillages d'appuis , mais faire deux '"'■"""^^ ravalements aux poteaux d'angles , comme à la figure 8, dont l'un ferve à porter les lattes , & l'autre repréfente l'échalas d'angle , qui par ce moyen devient quarré fur toutes fes faces : quant aux angles rentrants , comme à la figure 9 , il faut abfolument évidsr un angle dans le poteau pour recevoir les bouts des lattes qu'on attache delFus , comme on le verra ci-après. Quand il y a des terreins qui ne font pas de niveau dans leur longueur, ilfaut né- cefTairement que les Treillagesd'appuis en fuivent l'inégalité, dumoinsd'un bouc à l'autre ; c'eft pourquoi on commence par planter les poteaux des deux extré- mités , & on tend un cordeau de l'un à l'autre , comme de h à i , fig. ^ , afin de régler la hauteur des poteaux intermédiaires , ce qui ne fouffre aucune difficulté. Quand les Treillages d'appuis font ainfi rampants , & en même-temps fur un plan circulaire , il faut , pour avoir la hauteur jufte du deffus de chaque poteau, deffinerunpeu en grand la malle générale du Treillage, développée fur une ligne droite avec la place de chaque poteau , afin d'avoir par ce moyen ce qu'ils excédent en defiîis du niveau l'un de l'autre , ce qui vaut mieux que de fe jauger du deifus du terrein , dont la furface ne rampe prefque jamais bien égale- ment. Quand les poteaux font tous plantés à leur place , on y conftruit le Treillage , ce qui eft très-facile à faire , puifqu'il ne s'agit que d'attacher la première latte du haut bien droite , & de niveau , ou en fuivant la pente du terrein , & enfuite les autres , parallèlement à cette dernière , par le moyen d'un échalas de marque ;i l'ordinaire. On attache chaque latte îivcc un clou ou une forte pointe j comme on peuc le voir à la figure 3 , après quoi on pofe les échalas, comme je l'ai die ci. deiïïis. Les échalas des Treillages d'appuis affleurent le de/Tus de la première latte du haut , & les poteaux débordent cette dernière de 3 à 4 lignes ; ce qui eft fuffî-> fant pour que les chanfreins qu'on fait au pourtour de la tête du poteau foien: au-deffus de la latte. Quand les Treillages d'appuis , ou autres font portés par des bâtis de fer , comme à la figure y , ils en font beaucoup plus parfaits , parce qu'on peuc donner à ces derniers une forme femblable aux pièces de Treillage ; de manière que quand le tout eft imprimé on ne diftingue plus le fer d'avec le bois. Quand les bâtis de Treillage font en fer , on fait les pièces des angles & celles de couronnement d'une groffeur égale à l'épailTeur des lattes, & des échalas pris enfemble : quant aux montants qui font placés de diftance en diftance, il faut qu'ils foient d'une largeur à peu près femblable à celle des échalas : pour leur épaiffeur , on peut la faire un peu plus forte qu'à ces derniers , pour leuE TrEILLAGEUR, j^j 1142 L'ART DU TREILLAGEUR, Chap.II. donner plus de force , dût - on entailler un peu les lattes à l'endroit de ces montants , afin qu'elles ne reculent pas trop en arrière. Aux angles Taillants , comme la figure 14 , le bout des lattes vient battre contre le montant de fer c, avec lequel on l'arrête par le moyen des nœuds de fils de fer; ce quine peut être autrement, à moins que de faire une feuillure dans toute la longueur du montant , ce qui n'eft pas fort aifé à faire , fans cependant être impolTible, comme je le dirai ci-après. Quant au haut & au bas de ces Treillages, on les termine par une latte fur laquelle on attache les échalas , &la latte elle- même avec les fonimiers ou traverfes des bâtis de fer. Quand les Treillages ifolés font d'une certaine hauteur , il eft bon que leurs bâtis portent une ou deux lattes en fer , affemblées avec le refte du bâtis, afini de donner plus de corps à l'ouvrage ; & quand cette dernière , ainfi que les bâtis de fer , font portés par des parpins de pierre , comme à la figure 5 , il faut né- cefiairement que la latte du bas foit en fer , parce que fi elle étoit en bois, elle feroit trop promptement pourrie. Quand il n'y a pas de parpin , on laiffe entre la terre & la première latte une diftance à peu près égale à la hauteur d'une maille, & on fait entrer l'extrémité des échalas dans la terre de 3 à 4 pouces de profondeur ; ce qui eft général à tous les Treillages ; lorfque l'extrémité inférieure des échalas entre ainfi dans la terre , on la nomme peigne ou herji ; quelquefois aux Treillages de clôture on laifl"e auflî un peigne par le haut , & on fait une pointe à l'extrémité de chaque échalas. Les bâtis de Treillage , faits en fer , font portés fur un maffif de mâçonnerie , du moins à l'endroit des principales pièces ou montants , & ils font retenus par derrière avec des arcs-boutants qui en empêchent le devers. La conftruélion de ces bâtis eft toute entière du reffort du Serrurier ; cepen- dant le Treillageur , habile homme , doit préfider à leur exécution , ou du moins en déterminer toutes les formes & les dimenfions principales , fans quoi il eft très-rare que le travail du Serrurier fe trouve parfaitement d'accord avec celui du Treillageur. Avant que de palTer à la defcription d'autre Treillage fimple , je vais parler des bandes ou bordures de parterre qui fe placent dans plufieurs jardins , au lieu des bordures de buis, de thim, & autres plantes aromatiques : ces bordures, jf^. II & 12 , ne font autre chofe que des planches de bois d'un pouce ou d'un pouce & demi d'épaiffèur tout au plus , qu'on corroyé d'un côté au moins à la moitié de leur largeur, ( quoiqu'il vaut autant les corroyer tout à fait fur toute leur largeur) ; une des arêtes de ces planches eft mife d'épaiifeur, & on y poufie un demi - rond entre deux quarrés , comme on peut le voir à la coupe B , fig. II ; les bordures s'affèmblent d'onglet à tous les angles , du moins fur la largeur d'un à 1 pouces , & on fait des queues d'aronde dans le refte de la largeur de la planche , comme à la figure 12 ; ce qui vaut mieux que de les attacher avec des Sect. II. §. //. Delà confiruEllon duTrelllageJimple. 1143 clous fans y faire aucun alTemblage ; on enterre les bordures, de manière qu'elles • ne failliffent que 3^4 pouces ou ^ pouces tout au plus , & pour qu'elles P'-'^nche tiennent plus folidement on les appuie contre des petits pieux de bois C , E , ^ & F ,fig. ir, i2-(& 13 , qu'on fait entrer à force dans la terre , jufqu'à ce qu'ils defcendent d'ua bon pouce plus bas que f arête intérieure des bordures ; de manière qu'ills failEiïènt peu le nud de la terre , indiqué par la ligne B D , fig. XX Ô 12 ; ces petits pieux fe nomment racineaux ; ils font diminués Se brûlés par leur bout inférieur , comme les poteaux dont j'ai parlé ci-deffus , & on échancre leur tête ou partie fupérieure pour en diminuer l'épailTeur , afin de n'être pas obligé d'y mettre de trop grands clous pour les arrêter avec les bor- dures , au travers deiquelles il eft bon que la pointe des clous pafîè pour qu'on puiffè la river en parement. On met des racineaux à tous les angles des bordures, & de 3 en 3 pieds dans la longueur de ces dernières ; ce qui eft fuffifant pour les rendre très-folides : 2 à 1 pieds & demi de longueur, fur 2 à 3 pouces de grOiTeur , font les dimenfions les plus ordinaires des racineaux. On fait des bordures droites & des bordures cintrées ; dans ce derniex cas on eft obligé de les prendre dans du bois d'une forte épaiiTeur, & quand leur cintre eft confidérable , & qu'on craint qu'ils ne deviennent trop tranchés ou qu'il ne faille de trop groffes pièces de bois pour pouvoir les faire d'une feule pièce , on peut très-bien les|conftruire de plufieurs pièces affemblées à traits de Jupiter au bout les unes des autres, en prenant la précaution de les faire imprimer d'une ou deux couches de groffe couleur à l'huile avant que de les pofcr , ce qui en général devroit être à toutes les bordures. Les bordures cintrées peuvent être moins larges que les droites , parce que leur courbure leur donne naturellement de l'afllette , & qu'elles font par con- féquent moins en danger d'être rcnverfées par la pouIFée des terres que ces dernières , c'eft-à-dire, les droites , qui , quoique foutenues par des racineaux , ont befoin d'être enterrées de 3 à 4 pouces au moins; les autres Treillages fmiples & ifolés , font, comme je l'ai dit plus haut , les berceaux, les cabinets , &c. Je n'entrerai pas dans le détail des différents ouvrages de cette elpece de Treillage, ce qui feroit inutile d'après ce que je viens de dire ; je me contenterai de faire celui d'un grand berceau, fupporté par des bâtis de fer d'après lequel on pourra aifément comprendre la conftruétion des autres ouvrages de cette efpece, quelles que foient leurs formes & leurs ulàges. Les figures i & 2 de cette planche repréfcntent le Plan & l'élévation , ( la ! moitié devant être prife pour le tout ) d'un grand berceau percé de cinq ou- Planch vertures fur une de fes faces , & reployé en aîle à fes deux extrémités : des cinq ouvertures du milieu, il y en a quatre petites C , C , & une grande D , laquelle fait avant-corps , comme on peut le voir par le plan , & forme lunette dans la voûte du berceau qu'elle affleure dans fon extrémité fupérieure ; le bout des aîli les ÎI44 L'ART DU T RE 1 LL A G EU R , Chap. II. ; en retour eft fermé , comme celui A , ou bien percé d'une ouverture moyenne B ,ce que j'ai fait pour , autant qu'il m'a été poffible, renfermer divers exemples dans le même fujct. Tous les bâtis de ce berceau font de fer, c'eft-à-dire , toutes les pièces qui forment les cintres d'arête , ceux des cintres de face , tous les pourtours des ouvertures , tant leurs montants que leurs cintres, les fommiers ou traverfes qui pafTent au nud du cintre de la voûte , & dans laquelle toutes les autres font affemblées ; plufieurs ccrces de la voûte , & des entre-toifes ou éclialas de fer aflemblés ou du moins arrêtés avec ces derniers pour en retenir l'écart : de tous ces fers, tous ceux qui forment les arêtes des ouvertures , les fommiers & les cerces des cintres de face , doivent être d'une forte épai/Feur, c'eft-à-dire , qui égale celles des lattes & des éclialas prifes enfemble , comme le repréfente la coupe du fommier E , fig. 3 , & d'un des montants F , fig. 4 ; les autres fers , comme les montants des petites portes , depuis la naiïïance du cintre de ces dernières jufqu'au fommier, les cerces de la voûte , tant d'arête que de travers, & leurs entre-toifes , doivent être d'une épaifleur égale à celle des éclialas , ou bien peu de plus, afin de n'être pas obligé de faire des entailles trop profondes aux bois qui paflènt , foit par delTus ou par-deflbus. Quant à la largeur de ces derniers fers , il faut qu'elle ne fùrpalîè pas celle des bois ; il n'y a que les premiers auxquels il faut donner plus de largeur , laquelle doit être égale à leur épaiffeur, fur-tout à ceux des angles, qu il faut , autant qu'il eft poffible, évuider en angle creux ; ce qui peut fe faire en conflruifant ces montants , de deux pièces jointes enfemble par le moyen du goujon arrêté dans l'une & rivé fur l'autre , au travers de laquelle ils pafTent , & dont le joint eft fait au nud de l'angle , comme l'indique la ligne a b, fig- 4 ; on peut faire la même chofe aux cercles des faces , & aux fommiers en delfous pour foutenirle bout des échalas; en deflus , au lieu de feuillures , on peut y faire des entailles à fendroit de chaque bout de cercle de bois pour en empêcher l'écart, ainfi que je l'ai indiqué par la ligne cd, figure 3 , cote E: quant aux autres cerces de fer , comme celle G, H, I , fig. 3 ; on les aifemble des deux bouts dans le deftus du fommier , & on les rive avec les entre - toifes qui paftent par-deffus , & qui viennent rencontrer la courbe d'arête à leur extré- mité aux points e & /, fg. 2 , où ils rencontrent des échalas de bois : comme il fe trouve une maille au milieu du defl"us du berceau, j'ai difpofé les entre-toifes de manière qu'elles ne fe rencontrent pas, afin que leurs rivures avec la courbe d'arête foit plus folide ; & quand même ce feroit un échalas qui feroit le milieu du deflus du berceau, on pourroit faire la même chofe , & cela pour donner plus de folidité à l'ouvrage. Quant à la conftruéiion des Treillages de ce berceau , c'eft toujours la même chofe qu'aux autres Treillages dont j'ai parlé ci-devant , comme on peut le voir aux figures de cette Planche , où tous les échalas montants paflent tous en- delTus , Sect. II. §. II. De la confiriLclloii du Treillage funple. I3'45' delîùs , à l'exception du deflîas du berceau , où ce fondes lattes qui paffent fu les cercles ,( qui lemblent être la continuation des échaias montants ); ce qu'on Franche eft obligé de faire pour donner plus de folidité à l'ouvrage , parce qu'en faifant porter les lattes fur les cercles du berceau , tant de fer que de bois , elles ne fatiguent pas les liens qui les arrêtent avec ces derniers; ce qui ne pourroitarriver f) les lattes paffoient en dclTous des cercles : de plus , comme c'eft plutôt le deflbus de la voûte d'un berceau qui eft apparente que le deflus , il femble tout naturel d'en difpofer les Treillages de cette manière , quoique cela préfente quelque irrégularité à l'extérieur à la rencontre de la voûte avec la partie verti- cale du berceau , comme on peut le voir à la figure l ; cette irrégularité eft auffi apparente au dedans qu'au dehors du berceau , & elle eft d'autant plus fenfible dans celui figure i , que la rencontre de la voûte avec la partie verticale , n'eft interrompue en aucune manière ; au lieu que s'il régnoit une corniche ou un importe au nud du cintre , la difiFérence des Treillages feroit moins fenfible ; c'eft pourquoi je crois que , fans s'embarralTer de l'ufage , on feroit très-bien de faire paffer les cercles en delTus des berceaux, dont la voûte femble être une con- tinuation des faces verticales, comme celui figure i ; ce qui ne fouffriroi: aucune difficulté , pas même du côté de la folidité , parce que les lattes de la voûte étant une fois bien attachées , elles ne feroient pas plus expofées à tomber , que celles des faces verticales. Quant aux berceaux, dont la naiflàncedela voûte eft interrompue par une corniche , on pourroit conftruire la voûte à l'ordinaire , c'eft-à-dire , mettre les lattes en deffùs , fur-tout s'il y avoit un double Treillage vertical , comme il arrive quelquefois , parce qu'alors les cercles de la voûte deviendroient une continuation des échalas montants de ce dernier , c'eft - à - dire du Treillage double. De quelque manière qu'on difpofe la voûte des berceaux , il faut toujours que leurs lattes répondent aux aiguilles des cintres de face , foit que ces derniers fe terminent au centre de l'éventail , comme à la partie cotée A , figure I , ou qu'elles foient interrompues par une ouverture de porte , comme celle B , même figure , dont toutes les lattes ou aiguilles doivent toujours tendre au centre de l'ouverture , & pafi"er en delTous des cercles , qui font la continuation des échalas perpendiculaires , qui ne font interrompus que par le fommier , auquel ils affleurent , & qui femble faire impofte , quoi- qu'à la rigueur on pourroit diminuer fépailTeur de ce dernier , qui alors devien- droit une fimple latte ; ce qui feroit très - bien dans le cas où il n'y auroit aucune corniche à la naiffance du cintre de la voûte , & où les lattes de cette dernière palferoient en deftbus des cercles , comme je l'ai dit ci-de/Fus, Quand les berceaux & autres ouvrages de Treillages fimples ne font pas fup- portés par des bâtis de fer , comme ceux dont je viens de parler, on les appuie fur des poteaux plantés en terre & placés à tous leurs angles , comme aux Treillages d'appuis ; quelquefois on y aflemble par le haut des fablieres ou TreillAGEUR. N ■114^ FART DU T RE I LL AGEU R, Chap.II. jmpoftes qui en terminent les parties verticales , & reçoivent la voûte , dont ,ANCHE - , . . , . ' , , on forme les principales cerces avec de gros cerceaux de cuves ; qu on equarrit à cet effet , & qui donnent un cintre plus régulier que ne font les échalas , qu'on ne peut faire ployer qu'en y faifant des navrures de diftance en diftance , du moins quand les cercles font d'un petit diamètre. Quand on conftruit les voûtes des berceaux , on commence par pofer les- principales cerces ( fuppofé qu'elles ne foient pas faites en fer ) , & on les arrête avec la latte ou entre-toife , la plus prochaine du milieu de la voûte ; après quoi la divillon des autres lattes étant donnée par celle des cintres de face , on les pofe toutes & on les arrête à mefure avec les premières cerces ; ce qui étant fait , on achevé l'ouvrage , en y ajoutant les autres cerces , foit en delFous ou en deffus , ce qui eft égal. Il y a des Treillageurs qui commencent par pofer les cerces les premières, après avoir arrêté les principales avec une latte ou entre - toife , fur laquelle font tracées les divifions de largeur des mailles ; ce qui efl: moins bien que de la première manière , parce qu'on n'eft pas auffi fiir de donner un contour jufte aux cerces de rempliffage , qui ne fe trouvent affujéties que par leur extrémité & par le milieu ; c'eft pourquoi je crois qu'on doit préférer la première manière d'opérer , ce qui au relie eft affez indifférent , pourvu que l'ouvrage' foit bien fait. En général les Treillages fimples , c'eft - à - dire , ceux qui n'ont pas de bâtis de Menuifcrie , peuvent être fufceptibles de beaucoup de richeffe & d'or- nements de toutes fortes , comme les vafes , les guirlandes , &c. defquels je ne parlerai pas du tout ici , parce que ce détail fera placé plus naturelle- ment à la fuite de la defcription du Treillage compofé qui va faire l'objet du Chapitre fuivant. 1147 C H APITRE TROISIEME. DiL Treillage compoféen général. Le Treillage compofé eft, comme je l'ai dit plus haut , celui dans la conf- truaion duquel on fait ufage de bâtis de Menuiferie , corroyés & affemblés avec toute la folidité pofflble , afin de donner à ces Treillages toute la per- feiSlion do,K ils peuvent être fufceptibles , & en aiTurer la durée. Je n'entrerai pas ici dans le détail des divers ouvrages de Treillage compofés, parce que ce détail feroit inimenfe , fans être beaucoup utile ; c'eft pourquoi je me bornerai à donner quelques exemples de différents genres de Treillatre dont le détail fuffira pour bien faire connoître la conflruflion de ces fortes d'ou- vrages , quelles que foient leurs formes & la richefle de leurs décorations. Les figures de cette planche repréfentent les plans & élévations d'un portique en Treillage où préfide un ordre Dorique compoié , & i'exprefl'ionde ce même ordre dans la face où il n'y a pas de pilaftre , repréfentée fig. 2 , laquelle efl parfaitement femblable , du moins quant aux malfes , à celle où il y a des pilaftres , repréfentée fig. i ; ce que j'ai fait pour avoir occafion de donner fur un même projet deux exemples de décoration différente , & en même - temps pour avoir lieu de parler des décorations , dans lefquelles on ne fait entrer que l'expreffion d'un ordre d'Architeélure , comme je l'ai annoncé au commencement de cet Arc , page & fulv. Le Portique, I , ( la moitié étant prife pour le tout ; , eft décoré de quatre pilaftres de 18 pouces de diamètre, & qui font accouplés deux à deux de chaque côté de l'arcade ; ces pilaftres ont 24 pieds 9 pouces de haut; ce qui fait dix-fept modules ou huit diamètres & demi , ce qui eft la même chofe ; ce qui fait qu'ils font d'une expreffion moyenne entre l'ordre Ionique & l'ordre Dorique , dont ils ont d'ailleurs la bafe & le chapiteau , à cette différence près , que le gorgerein de ces derniers a 14 parties de hauteur , & eft orné de trois feuilles , comme je l'expliquerai ci-après. Cette augmentation de hauteur donne plus d'élégance à cet ordre Dorique , & le rend plus propre à être employé dans des ouvrages légers , tels que les Treillages ; mais c'eft une licence qui n'eft tolérable que dans ces fortes d'ou- vrages , & encore même , quand par quelque raifon on ne peut pas faire ufage de Tordre Ionique ; c'eft pourquoi j'ai donné à l'ordre qui décore ce portique ^e nom d'Ordre Dorique compojè. L'entablement qui couronne cet ordre a quatre modules & un quart de hauteur ; ce qui eft nécefl"aire pour faccouplement des pilaftres , comme je l'ai Planche 357 1148 L'ART DU TREÎLLAGEUR,Clmp. m. -= démontré ci-devant , page 1068 & fuiv. cette hauteur eft un peu confidérable pour un ordre Dorique ordinaire ; mais ici elle n'eft que ce qu'il faut , puifque quatre modules trois parties font exailement le quart de dix - fept modules , qui eft la hauteur de l'ordre qui décore ce portique. Les moulures delà corniche de cet entablement font les mêmes qu'à l'ordre Dori- que ordinaire , tant pour la hauteur que pour la faillie, à l'exception du larmier fupérieur qui a beaucoup moins de faillie , & cela par le raccourciJement des mutules qui fervent de couronnement aux triglyphes que j'ai prolongés jufque fous ces derniers , & que j'ai contournés en confoles , ce qui en rend la forme plus élégante & plus riche ; à ces changements près, cet entablement eft le même que celui de l'ordre Dorique , difpofé pour couronner des colonnes & des pilaflres accouplés. 11 faut faire attention que j'ai fait voir une confole dans le retour de l'entable- ment ; ce qui ne peut être dans fexécution , vu le peu de faillie de ce retour , étant néceiîaire que le demi-m.étope de retour foit égal à celui de face , à moins qu'on ne voulût abfolument voir un profil de confole ; dans ce cas , on feroit paroître une confole engagée dans l'angle, & dont l'épaiifeur égaleroit à peu près la moitié de la faillie de l'avant-corps , comme je l'ai fait ici. Dans les arriéres - corps la partie fupérieure de la corniche eft profilée en plinthe , c'eft-à-dire, que la cymaife fupérieure eftfupprimée , de manière que le larmier monte jufqu'au delTus de cette dernière. On profile ainfi les corniches en plinthes quand on veut diminuer de leur faillie , & fur-tout pour les rendre plus fimples , & par ce moyen détacher les arriéres corps d'avec les avant-corps, & faire dominer ces derniers ; il faut ce- pendant éviter de faire trop fouvent ufage de cette mutilation des corniches , qui ne peut avoir lieu que dans les arrieres-corps qui terminent les façades , ainfi que je fai fait ici. L'entablement eft furmonté d'un focle d'une hauteur à peu près égale à celle de la frife & de l'architrave , prifes enfemble ; ce focle profile à l'à - plomb du nud extérieur des pilafires, & fupporte quatre vafes , dont les axes tombent à- plomb de ceux de ces derniers. Toute l'ordonnance eft fupportée par un focle, dont la hauteur, qui eft d'environ trois modules & demi , eft déterminée par la hauteur de l'arcade , dont la largeur eft donnée parla diftance des triglyphes, comme je l'ai enfeigné plus haut page 1068 : dans la hauteur de ce focle eft comprife celle d'un premier focle ou parpin de pierre , fur lequel tout l'ouvrage eft pofé , ce qu'on doit obferver à tous les Treillages compofés en général , afin de les préferver de l'humidité de la terre , & par conféquent de la pourriture. La hauteur de ce focle ou parpin varie félon les différentes occafions ; mais il faut toujours faire en forte qu'il entre pour quelque chofe dans la décoration totale de l'ouvrage ; ce que j'ai fait ici, où le parpin qui a environ 435 pouces de hauteur, règne avec les bordures Bu Treillage compofé en général. I r4<) bordures des pktes-bandes des Treillages qui avoifinenc ce portique & qui vêtiffènt les murs du jardin. jsy. Il faut , du moins autant qu'il eft poffible , que la hauteur de ces Treillages ne furpaffe pas le delTus de l'impofte de l'arcade , qui , étant continuée en dehors du portique , doit leur fervir de couronnement , ainfi que dans la figure i. Et fi par hafard le mur de clôture étoit plus haut que le deflus de l'impofte j on mettroit toujours une corniche qui régneroit avec l'impofte , & on rega- gneroit le furplus de la hauteur du mur par un focle placé au-delTus de cette dernière. Au-delTus des Treillages de clôture , & aux deux côtés des arriéres -corps du portique , j'ai placé deux confoies , dont la partie fupérieure vient fe terminer contre l'architrave de l'entablement du portique ; ces confoies portent fur une plinthe ou partie liffe qui couronne la cornicne des Treillages de clôtures , & elles tombent à-plomb du nud de ces derniers. L'ufage de ces confoies eft de faire pyr^mider l'enfemble d'un édifice, & quoi- qu'un abus dans des bâtiments conftruits avec folidité, elles peuvent être to- lérées dans des ouvrages de Treillage , où même elles font affez bien. ^ La figure i repréfente le même portique que la figure i , mais d'une dé- coration plus fimple ; les pilaftres étant fupprimés , ainfi que les triglyphes da la frife qui eft nue à ce dernier portique. La place des pilaftres eft occupée par un corps uni , au nud duquel l'entable- ment reflaute, tant en dedans qu'en dehors, & quand la diftance qui refte entre les deux fiiillies intérieures de l'entablement fe trouve trop étroite , on fe contente de faire profiler , ou pour mieux dire reffauter en dedans la partie iaf^^icurc de k corniche; de manière que k faillie de l'avant-corps feperd dans kkrgeur du focle du larmier, à conditfon toutefois que cette faillie ne foit pas trop confidérable. La corniche du portique , fig. a , eft dcnticulaire , tant dans les avant-corps que dans l'arriere-corps du milieu : dans les arriéres - corps des extrémités , j'ai fait le larmier denticulaire plein, afin de fimplifier cette partie de k corniche, & qu'elle réponde mieux à la plinthe qui k couronne. L'arcade de ce portique n'a point d'impofte ni d'archivolte , comme celle de la figure i : mais elle eft entourée d'un bandeau failknt, qui defcend jufque fur le focle ; & quoiqu'il n'y ait pas d'impofte à cette arcade, cela n'empêche pas qu'il ne kille kire régner le deffus de la corniche des Treillages de clôture avec le centre de l'arcade , ainfi qu'au portique figure i , dont celui figure 2 ne diffère , ainfi que je l'ai dit plus haut , que par k richeffe de fa décoration ; mais dont les maffes font exaftement les mêmes , tant pour les raifons que j'ai données ci-defl"us, que pour que ces deux décorations puilfent s'appliquer au même portique , l'une en dedans & l'autre en dehors , bien entendu que la plus riche feroit du côté le plus apparent , qui ordinairement eft celui du jardm. En général quand on fupprirae les ordres d'une décoration, il faut que toutes Trullageur. ^ '3 ii^o L'ART DU T REILLAGEUR. Chap.IIL I - les autres parties qui la Compofent Ibient dans les mêmes proportions que fi ces Planche Qfjfgs n'étoienc pas fupprimés , & que toutes annoncent au fpeftateur inftruic quelle eft l'expreffion de l'ordre qui préfide à cette décoration ; il faut cependant obferver que quand les ordres font lùpprimés , la décoration doit être moins riche dans toutes fes parties; mais cette diminution de richefle ne doit avoir lieu que dans les parties de détail , mais jamais , quant à ce qui a rapport au nombre & à la forme des principales parties, & au rapport qu'elles doivent avoir les unes avec les autres , & avec l'enfemble général de la décoration. Le Portique , tel que je viens de le décrire , & que je l'ai reprélènté figures I & 2 , ne peut donner qu'une idée générale de fa décoration & du rapport que les parties qui le compofent ont les unes avec les autres : il faut maintenant en- trer dans le détail de fa conftruélion , en commençant par celle des bâtis qui reçoivent les Treillages , ce qui va faire l'objet de la fedlion fuivante. Section Première. Dejcriptwn de la conflruUlon des lâi'a duTrùLlage compofé. Ce que j'ai dit julqu'à préfent touchant la pratique du Treillage , n'avoit de rapport qu'à ce qui regardoit le travail du Treillageur proprement dit ; il faut maintenant changer de langage , comme d'objet , ce même Treillageur devant être à la fois Menuifier-Treillageur , & même Sculpteur , quant à ce qui regarde la pratique , {ans parler des connoilTànces théoriques qui lui font nécelîàires , & que je lui fuppofe toutes acquifes ; c'efl: pourquoi , pour bien faire entendre ce qui concerne la conftrudion des bâtis de Treillage , je vais faire la defcription de toutes les parties de ceux du portique , repréfenté dans la Planche 3 57 , comme fi ce deffin dcvoit être mis à exécution ; après quoi j'entrerai dans le dé- tail de la conftrudlion des parties de Treillages qui doivent remplir ces mêmes bâtis , tant dans les parties droites que dans les parties cintrées, comme les mem- bres de moulures & autres, enfuite je traiterai de toutes les elpeces d'ornements dont on peut enrichir les ouvrages de Treillages , en joignant enfemble la théorie avec la pratique , & cela relativement à deux deffins repréfentés ci-après , tant en plan qu'en élévation ( Planches 365 , ^66 , &. 368 ) , dans lefquels j'ai tâché de raflèmbler divers genres de Treillage d'une décoration très - riche & régulière en même-temps , ce que je n'ai pu me difpenfer de faire pour donner au moins une idée de la beauté & de la perfeélion où peut être porté cet Art , qui , quoique conféquent , eft regardé du plus grand nombre comme très- peu de chofe , & qui à peine mérite une delcription courte & abrégée. La figure l repréfenté l'élévation & la coupe des bâtis de l'entablement mu- tulaire , & la figure 3 le plan de ce même entablement , vu en-defi"ous : le defiîis de la corniche , & par conféquent de l'entablement, doit être couvert par une Sect. i. Defcrlption de la conJlruSion des bâtis duTrcillage compofé. 1151 forte planche A B , §.g. i , laquelle doit être inclinée en devant pour — faciliter l'écoulement des eaux ; & quand la faillie de l'entablement efl; trop P"nchb confidérable pour que la largeur d'une planche foit fulîifiuue , il faut en met- ^' tre plufieurs à recouvrement les unes fur les autres , ce qui vaut mieux que <3e les joindre à rainure & languette , parce que , quelque bien faits que foient les joints , feau s'y introduit toujours , ce qui les pourrit promptement, ainll que les autres parties de la corniche qu'elles couvrent. Ce n'eft pas la coutume de couvrir ainfi les entablements de Treillage, parce que , dit-on , cela les alourdit trop , & que cela mafque le jour qu'il efl: néceA faire d'appercevoir au travers des compartiments & des ornements de la corniche, qui alors ne fait plus d'effet : la première de ces deux objeâions n'eft pas jufie , parce qu'on peut conftruire la corniche, de manière que le poids delà planche qui la couvre ne puilTe y faire de tort ; quant à la féconde, elle auroit quelque fonde- ment li tous les Treillages qu'on exécute ne pouvoient être vus que de près, de manière qu'on ne pût voir leur entablement qu'en delTous , où la planche qui les couvre feroit néceflàirement du noir. Mais comme ces fortes d'ouvrages font ptefque toujours placés dans des lieuï Fpacieux , & qu'ils font même deftinés à être vus d'un peu loin , il n'eft guère poffiblc qu'on s'apperçoive s'ils font couverts ou non , fur - tout dans la partie faiUante de leur corniche ; au furplus quand cela paroîtroit un peu , il vaudroit mieux fouffrir ce petit inconvénient , que celui qui arriveroit C le deffus de la corniche étoit découvert ; ce qui donneroit un paflâge libre aux eaux de la pluie , qui , quelque précaution qu'on prenne , ne hâtent que trop la deftruélion des Treillages. Le principal membre de la cymaife fupérieure , c'eft-à-dire , la doucine , eft rempli par des Treillages à jour qui s'attachent d'un bout fous la planche A B , qui eft ravalée à cet effet , & dont le devant forme le quarré de cette doucine ; l'autre bout s'attache fur le membre inférieur C de la cymaife , lequel eft plein pour faire un repos entre la doucine & le larmier , qui tous deux font percés à jour. La partie inférieure D E àw larmier eft affemblée avec le larmier mutulaire , que j'ai lailfé plein pour faire un repos dans la mafle de la corniche ; ce qui eft abfolument néceflaire , parce que fi tous les membres étoient percés à jour, ils y apporteroient de laconfufion,de manière qu'on ne pourroit plus en diftinguer les différentes parties. Le larmier mutulaire , le larmier & la cymaife fupérieure , peuvent ne faire qu'une feule maffe , en les arrêtant les uns avec les autres , par le moyen de plu- fieurs montants affemblés d'un bout fous la planche AB , fautre dans le deffus du larmier mutulaire , comme je l'ai indiqué par des lignes ponétuées. Toute cette maffe eft fupportée de diftance en diftance par les triglyphes en confoles, qui font affemblés d'un bout dans la partie fupérieure^ de l'architrave, îija L'ART DU TB.EILLAGEUR, Chap. IIL _ ils entrent à tenon & mortaife, & de l'autre dans la partie inférieure G de la Planche corniche , dans laquelle ils entrent à tenon & enfourchement , comme on le peut voir à la figure 5 , qui repréfente une des confoles vue de côté avec ces alTemblages dans les pièces G &. H , qui font les mêmes que celle de la figure i, cotée des mêmes lettres. Chaque confole forme un bâtis à part; elles font compofées de deux côtieres ou joues pleines II, f g. i, 3 <& 5, & de deux traverfes L & M,fig. 1 & 3, dans lefquelles font alTemblés deux montants N N, mêmes figures , lefquels forment trois cannelures évidées , qu'on remplit enfuite par derrière avec des compar- timents de Treillage quelconque ; le quart de rond qui eft entre le larmier mu tulaire F, & lechapiteau triglyphe G, eft vuide, & onle remplit avec des compar- timents ou des ornements de Treillage, ainfi que toutes les autres parties vuides, comme je l'expliquerai en fon lieu , en parlant des ornements des Treillages & de leur conftruâion. Les métopes ou efpaces qui reftent entre chaque triglyphe , font rcm.plis par des chaflls mobiles qui entrent tout en vie dans la pièce G, I , & à feuil- lure dans celle H , ainfi que dans les confoles , comme on peut le voir à la figure 3 & à la figure J : Ces chaffis font feuilles intérieurement pour recevoir les compartiments de Treillages , & je les ai faits ainfi mobiles pour que l'ou- vrage foit plus aifé à monter & à réparer , quand cela eft nécelFaire; on les arrête en place avec des clous qu'on pointe dans la pièce H , ou ce qui eft encore mieux avec des verroux attachés fur leurs traverfes. Les deux faces de l'architrave ,fig. i , font évidées , pour être remplies par des compartiments de Treillage ; c'eft pourquoi on la conftruit de trois pièces , dont une H porte le lifteau & un champ au-deftbus ; l'autre O termine la pre- mière face avec un champ b , d'égale largeur à celui a de la pièce du defiLs : au- defflis de ce champ eft obfervé un ravalement , contre lequel on appuie le rem- pliiTdge de Treillage , qu'on arrête par en haut avec des pointes ou des liens de fil de fer : le delTous de la pièce O eft ravalé de ce que la première face doit faillir fur la féconde , & ce ravalement forme un champ c , qui eft répété en d à la pièce P qui l^.iit le delfous de la face inférieure de l'architrave , & par confé- quent de l'entablement : le deftùs de la pièce P eft auflî ravalé pour recevoir le rempliffage de Treillage ; & autant qu'il eft poffible il faut donner à cette pièce une largeur fuffifante pour qu'elle recouvre fur le Treillage inférieur , & qu'elle le garantiffe de l'humidité autant qu'il eft poffible. Quand les traverfes d'entablement font un peu longues , on y afTemble par derrière des poteaux Q R , fig- i <& 3 , qui retiennent l'écart de toutes les pièces ; & autant qu'il eft poflible on fait en forte de les placer , de manière qu'ils ne foient pas apparents, comme je l'ai fait ici où ils fe trouvent cachés, du moins en partie , par la joue de la confole , & le champ du chaffis qui eft à côté ; quand il n'y a pas moyen de cacher ces poteaux, il faut les fupprimer toux-à-fait. Sect. I. Defcription de l.i CûnflruBion des k dus du Treillngc compofé. Iljj & mettre à leur place des montants de ter qui font beaucoup moins appa- rents , comme je l'ai dit plus haut. Quoiqu'on falTe ufage des poteaux , cela ne peut pas dilpenfer de mettre des fers qui entretiennent l'écart & la faillie des corniches ; & fi je n'en ai pas expri- mé dans les figures de cette Planche , ce n'a été que pour n'y pas faire de confu-* fion ; au refte, on pourra voir ce que j'ai dit à ce fujet page 1058. Dans les angles , foit faillants ou rentrants , toutes les pièces horizontales qui compofcnt l'entablement , doivent être affemblées dans des poteaux S , T ^ fig. ï & ^, qui montent de fond dans toute la hauteur de l'entablement , & même de tout l'ouvrage , quand cela eft pofilble ; & au lieu de tenons & de mortaifes , on moife les pièces , c'eft-à-dire , qu'on y fait des entailles pouiî les aifembler les unes avec les autres , comme je le dirai en fon lieu en parlant des afl"emblages des bâtis des Treillages en général. La figure 6 repréfente la pièce H , fig. i , vue en-defiîis ( c'eft-à-dire l'ar-' chitrave ) avec la coupe des poteaux d'angles & d'intervalles , ainfi que les mortaifes dans lefquelles entrent les pieds des confoles. J'ai deflîné cette pièce ainlî à part , pour qu'on en voye mieux la conftruélion & fon rapport avec le plan , fig. 3 . La figure 2 repréfente félévation & la coupe de l'entablement denticulaire de la figure 2 , de la Planche 3 yy ; & la figure 4 , le plan de ce même enta- blement , dont la conftruclion eft à-peu-près la même que celui dont je viens de faire la defcription , excepté que le larmier de celui , fig. 2 , eft plein , ce qui eft nécelTaire , parce que le larmier denticulaire étant déwUIe, le premier n'auroit pu l'être fans apporter de la confufion dans les divers membres qui compofent la corniche de cet entablement , dont la forme & Taftemblage des parties qui la compofent fe font aftcz connoître par la coupe , fig. 2 , pour nêtre pas obligé d'entrer dans un plus grand détail à ce fujet; excepté qu'il eft bon de faire attention qu'au larmier denticulaire , repréfenté en plan , fg. 4 , ( ainfi que le refte de la corniche ) , la divifion des denticules n'eft pas la même des deux côtés , ce que j'ai fait pour avoir occafion de faire voir un exemple des deux diiïerentes manières de dilpofer la divifion des den- ticules dont j'ai parlé ci-devant , page lO Jo. Comme la frife de l'entablement , fig. 2 , eft lifTe , j'ai pris les bâtis de cette même frife aux dépens tant de la pièce inférieure de la corniche, que de celle qui forme le delTus de l'architrave & des poteaux montants des an- gles , foit faillants ou rentrants , afin qu'il y ait moins de joints dans lefquels l'eau puilTe féjourner. Au refte , cette manière de difpofer les frifes & celle de la figure i , ont chacune leur avantage , cette dernière étant plus com- mode & plus facile, & l'autre plus folide & plus coûteufe en ce qu'elle - exige de plus gros bois. L'architrave de l'entablement ,f.g. 2 , eft femblable à celle de l'entablement, Treillageur. P 13 iry4 L'JRT DU T R É 1 L A G E U R , Chap. 111. fig. I , à l'exception que la première & la féconde pièce de l'architrave , 2, n'ont pas de cliamps ravalés en-delTbus , ce qui ne peut quelquefois pas être, félonie genre des ornements dont les deux faces font remplies, ou bien par rapport au peu de largeur de ces mêmes faces , qui , fi elles avoient deux champs fur la hauteur , ne lailferoient pas affez de vuide entre ces derniers pour y faire des compartiments ou autres ornements quelconques. La figure 7 repréfente le delTus de l'architrave , fig. 2 , qui , quoique la même que celle figure 6 , par rapport à la groffeur, en diffère cependant par la forme , comme on peut le voir à fa coupe , Jlg. 1. Il faut , autant qu'il eft poffibie , que toutes les parties anguleufes des pièces horizontales, tant des entablements dont je viens de parler, que de tous les autres bâtis de Treillages ,foient grafles , c'eft-à-dire déverfées foit en-dedans , foit en- dehors de l'ouvrage , félon q^'il eft plus convenable ou plus commode de le fai- re , & cela pour faciliter l'écoulement des eaux pluviales, qu'il eft de la dernière conféquence de n'y pas laiiïer féjourner ; & fi le defllis de toutes les pièces des coupes des figures I & 2 , ne font pas difpofées de cette manière , c'eft que je voulois , en les lain"ant de niveau , qu'on pût mieux juger de leur grofl'eur & de leur forme ; car, règle générale , il faut abfolument que le defîus de toutes les pièces horizontales de bâtis de Treillages foient déverfées , foit qu'il y ait des angles rentrants ou non, & cela en-dehors de l'ouvrage, c'eft-à-dire, par-derriere autant que cela fera poifiblc , afin que l'écoulement des eaux , joint à la poufliere qui nécefiairenient fe trouve fur l'ouvrage , ne le tache pas, & n'y faflè pas des bavures qui en gâtent toute la couleur. Après 1 entablement des parties les plus confidérables du portique repréfente dans la Planche 357, font les pilaftres & les colonnes , fuppofé qu'on en voulût placer devant ces derniers, comme cela pourroit être. Mais avant que de palier à ce détail , qui fera très-compliqué , je vais terminer ce qui concerne les bâtis de la partie inférieure de ce portique , pour n'avoir plus à revenir fur cet objet. Les figures i & 2 de cette Planche repréfentent l'élévation de la partie fupérieure des focles qui fupportent les bafes des pilaftres , avec une partie des bâtis de ces mêmes pilaftres & des autres montants des parties de Treil- lage qui les avoifinent. La figure 3 repréfente la coupe de ces dernières , ainfi que des pilaftres , prife au-deftus de leurs traverfes & le delFus des bâtis des focles , lefquels font ilolés en devant des bâtis des pilaftres de la faillie des bafes de ces der- niers , moins ce qu'ils recouvrent en-dellous de ces mêmes bafes , indiquées par des lignes pon£luées , ainfi que fur l'élévation ,fig. 1 & 2. Tous les poteaux ou montants font feuilles pour recevoir les rempliflàges de Treillage , & cela félon la forme & la difpofition de ces derniers. Quand il arrive qu'un poteau eft mince , c'eft-à dire , qu'il préfente peu de largeur Sect. 1. Defcription de la conJlruËion des bâcis de Treillage compofé. I r J J fur fa face , comme ceux A, B,C , D, des deux pilaftres , ou celui E , de l'an- - gle de la niche quarrée de l'arcade , & qu'on efl: obligé d'y faire une feuillure Planche des deux côtés de fon épailTeur, ou, pour mieux direde fa largeur, il faut, autan: qu'il eft poifible , que celle a cote £ , fig. 3 , qui eft la plus profonde , foit faite en venant à rien fur le derrière de la pièce , afin de lui conferver plus de force; & il eft même bon de ne faire cette feuillure fur la longueur du poteau qu'au- tant qu'elle eft nécelfaire , & laiffer le refte du bois plein. Ce que je dis pour cette feuillure , doit s'entendre de toutes les autres ; ce qui ne foufFre aucune difficulté. Il faut aufli, autant qu'il eft poftible , que les poteaux montent de fond, à moins qu'ils ne foient trop apparents ; mais quand ils peuvent être cachés derrière les bâtis des focles , comme ceux F , M ,N f Fig. i (S' 2 , ou quand ils font apparents , mais placés fur un plan plus r'eculé que les focles derriè- re lefquels ils paffent , comme ceux G , H , I Si L des pilaftres, il faut abfolument qu'ils montent du fol jufqu'au deflbus de Fentablement , & même jufqu'au delfus de ce dernier, quand cela eft pofflble , comme je l'ai dit plus haut. II eft auffi nécelfaire de mettre des traverfcs dans les intervalles qui fé- parent les montants , foit qu'elles fervent à la décoration de fouvrage , comme celles O , Q , R ,Jig- J & 2 , ou qu'elles foient cachées derrière quelques parties faillantes , comme celle P. La figure 4 repréfente le plan des focles pris au milieu de leur hauteur , ainfi que la coupe des quatre montants de pilaftres : ces focles font des bâ- tis ornés de moulure en parement , & feuilles par-derrie^c fur TépaifTeur , pour recevoir le Treillage , à moins que ces derniers n'y entrent à rainures , comme cela arrive quelquefois , & que je l'expliquerai en fon lieu. Ces bâtis doivent être d'une forte épaiffeur , très-folidemcnt affemblés ; & autant que cela peut être , il faut que leurs battants d'angles , foit faillants ou rentrants , foient conftruits d'une feule pièce ; ce qui vaut beaucoup mieux que d'y faire des joints, qui fe détruifent bien promptement à fhumidité , quelque foin qu'on prenne de les arrêter avec des vis ou autrement. Dans fangle rentrant S , fig. 4 , il n'y a pas de battant ; mais la traverfe eft reployée en angle droit , ainfi qu'on fobferve aux piedeftaux & autres parties d'Architeâure de ce gen- re ; cependant quand une des parties de l'angle eft très-étroite , comme dans cette figure, on fait mieux de la laifter lifte & pleine, comme celle T, même figure , dans laquelle les traverfes de côté viennent s'aifembler , & on y fait une feuillure pour recevoir le Treillage à l'ordinaire. J'ai dit plus haut qu'il falloir faire les montants ou battants des angles {ail- lants d'une feule pièce ; cependant quand leur grofl!eur eft très-confidérable j on eft obligé de les faire de deux pièces jointes à rainures & languettes , & on arrête la joint avec une quantité fuffifante de vis , pour qu'il ne faffe d'effet 115^ L'ART DU T RE I LLA GEU R , Chap. ni. que le moins poflible : de plus , ces parties étant pour l'ordinaire de bois large & épais, elles font moins fujettes à fe tourmenter. Les figures y & (5 repréfentent l'élévation & le plan des bâtis de la par- tie inférieure du portique de la Planche 357, /%. 2. Ces bâtis , tant ceux de hauteur que ceux d'appui , c'eft-à-dire , les focles , font dilpofés de la même manière que ceux dont je viens de faire la defcrip- tion, à l'exception que j'ai terminé ceux de hauteur au-defTus du focle , indi- qué par la ligne c d e , fig. y , au-delTous de laquelle ils defcendent en contre- bas d'environ deux pouces pour recevoir ces derniers qui s'attachent delTus ; & fi j'ai ainfi terminé ces bâtis , ce n'eft pas qu'on ne puifTe & même qu'il ne faille les faire defcendre jufqu'aunud du fol; mais c'eft pour donner un exem- ple de chaque manière de conftruâion. Quand les bâtis font ainfi terminés à la hauteur des focles , il faut les faire porter fur des retraites ou des corbeaux de pierre pratiqués fur la furface des murs , ou , au défaut de ces derniers , fur des corbeaux ou des potences de fer , ce qui rend l'ouvrage auffi folide que fi les poteaux montoient de fond , mais ce qui eft pour le moins auffi coûteux ; c'eft pourquoi je crois qu'on fera très-bien de s'en tenir à la première méthode , du moins quand rien n'empêchera de le faire. Lorfqu'il fe trouve des bâtis ifolés , comme celui U X , fig. y & 6 ,il faut les faire les moins lourds poffible , pour ne pas écrafer les Treillages qui fonc deffous ; & pour arrêter ces bâtis d'une manière folide , il faut y mettre par- dernere des liens de fer attachés avec des vis , tant fur ces derniers que fur les autres bâtis , en obfèrvant de placer ces liens aux endroits où ils peuvent être les moins apparents. Le bas des bâtis des focles fe termine de la même rnaniere que le haut , c'eft-à-dire , que les champs Se les moulures font les mêmes. Le tout doit porter fur des parpins ou doubles focles de pierre , qui les élèvent au-de/fus du fol , & les préfervent de l'humidité de la terre , comme je l'expliquerai après avoir traité de la conftruélion des piiaftres & des colonnes en Treillages. §. L De la coiifti-u'clion des Bâtis des Piiaftres & des Colonnes , & la manière de les garnir en Treillage. Les figures r & 2 de cette Planche repréfentent le deffin d'un des pi- iaftres ûu portique de la Planche 357, lequel pilaftre eft vu de face & de côté , c'eft-à-dire , fur fon épaifleur , & monté fur fon focle ; le tout deffiné en grand , pour en mieux diftinguer toutes les parties , tant celles de bâtis que celles de rempliflàges , dont je parlerai ci-après. Le chapiteau ^ , le fût 5 , & la bafe C du pilaftre , i & 2 , quoique trois Sect. I. §.ï. De la conftrucllon des Bâds des Fltajlres , &c. trois parties féparées & diftinâes les unes des autres, ne font plus qu'une, ? du moins quant à leur exécution, le même bâtis qui en forme le fût por- ^^""^"^^ tant à la fois la bafe & le chapiteau , qu'on y arrête comme je le dirai ci-après. Le bâtis eft compofé de deux battants ou montants D, E , fig. 3 , & de deux traverfes G & //, 3 6' 7: les battants fe placent fur le champ, de maniè- re que leur épaiifeur devient leur largeur vue de face , & cette largeur eft déterminée par la diftribution des cannelures auxquelles ces battants fervent de lifteaux , ainlî que les montants qui font placés dans la largeur des pilaftres. Quant à la largeur des battants , elle eft déterminée par la faillie que doit avoir le pilaftre , fuppofé que cette faillie foit pleine , comme aux figures 4 & S ; car quand elle eft percée à jour , comme dans la figure i , il faut que le battant de l'angle du pilaftre foit quarré , afin qu'il préfente fur le côté une largeur égale à celle de la face. Quand on évide ainfi le côté , ou , pour mieux dire , la faillie des pilaftres , il faut que leur diamètre foit un peu confia dérable , afin que le battant de l'angle ait une force fuflîfante ; fans quoi il vaut mieux le lailTer plein , & lui donner de largeur , comme je viens de le dire , la faillie du pilaftre , plus ce qui eft néceflaire pour recevoir les autres parties de Treillage qui avoifinent ce dernier , comme on peut le remarquer aux plans de ceux A,B ,C&. D , fig. 3 , Pl. ^^p. Les montants I , I , fig. 3 & doivent être d'un tiers ou environ plus étroits que les battants des angles , & leur largeur doit être le quart ou tout au plus le tiers de celle des cannelures , dont par conféquent il faut faire les divifions pour déterminer la largeur tant des battants que des monr.nr, ; quant à leur épaiflèur , elle doit être moindre que leur largeur , afin que leur fail- lie fur les Treillages foit moins confidérablo , comme on peut le voir à la fig. 3 cote M (qui lepréfente le chapiicau vu en-deffous) où l'épaiffeur des montants • vient au nud de la feuillure du battant d'angle fur lequel on attache l'extrémité des lattes ou autres parties de Treillages , lefquelles paiTent derrière les mon- tants, où elles font pareillement attachées, comme je l'expliquerai ci-après. Les traverfes G &. H ,fig. ^ , 5 , 7 (S' 9 , font placées au haut & au bas des pilaftres , au nud du point de centre des cannelures ; & il faut qu'elles foient d'une largeur fuffifante pour contenir la largeur des cannelures , c'eft- à-dire , leur demi diamètre , plus le champ qui doit être entre leur extré^ mité & le deflLus de l'aftragale ou le deflùs de la bafe : d'après cette largeur apparente , il faut encore qu'elles ayent ( pour celle du haut) la largeur de l'aftragale , & le champ du deKus qui , pour bien faire, doit être égal à la largeur des battants de rive, & pour celle du bas la largeur du premier mem- bre de la bafe. L'épaiifeur de ces traverfes doit être un peu forte pour donner plus de folidité à l'ouvrage , & on les ravale par-derriere à l'épaiiTeur des montants qui y font afl^emblés ou entaillés , & avec lefquels il faut qu'elles affleurent, comme on peut le voir lia fig. 6, qui repréfente le pilaftre vu Trejllaceur. q 1158 L'ART DU T REI LLAGE U R, Chap. III. par-derriere. Pour ne pas trop afFoiblir ces traverfes , on donne à ce ravale* ment le moins de largeur qu'il efl: poffible , c'eft-à-dire , environ un pouce d'à* près le fond des cannelures , ce qui eft fufBfant pour arrêter les lattes de frifa- ge. Les entailles qu'on fait dans les traverfes pour recevoir les queues des montants, doivent avoir de profondeur, environ la moitié de l'épaifFeur de ces derniers , & de largeur la moitié de ces mêmes montants , afin qu'il refte de chaque côté alfez d'épaulement pour ne pas craindre de faire fauter les deux côtés de ces entailles, lorfqu'on vient à chantourner les traverfes, ce qu'il ne faut faire qu'après y avoir affemblé les montants , tant pour avoir au jufte le nud de ces derniers , que pour qu'en les préfentant à leur place , ils ne faffent pas fauter les épaulements , ce qui pourroit arriver fi on chantournoit ces tra- verfes avant que de les alTembler. Il eft bon aufli de faire ces entailles à queues , afin que les montants y tiennent plus folidement , ce qui vaut beaucoup mieux que de les arrêter feu- lement avec des pointes , comme on le fait le plus fouvent. Il faut aufli aflembler les traverfes dans les battants d'angle avant que de les chantourner , & y ralonger d'après l'arrafement , une barbe a ,fig. 3 , d'un bon demi-pouce au moins, pour qu'il refte du bois plein d'après le chantour- nement de la cannelure ; & quand il y a des moulures fur l'arête de cette dernière , comme il arrive prefque toujours , il faut que cette barbe foit pro- longée autant qu'il eft néceflàire , pour qu'il refte au moins trois à quatre lignes de bois d'après la largeur de la moulure. J'ai dit plus haut qu'il falloit que le dedans des traverfes paflàt au nud du centre des cannelures , ce qui , dans la théorie , eft exaélement vrai ; cepen- dant il feroit bon de les faire redefcendre en-dedans du pilaftre d'une à deux lignes pour avoir la facilité de placer la pointe du compas à découper ( dont j'ai fait la defcription dans la première Partie de mon Ouvrage , page SS ) , avec lequel on trace & découpe la largeur des moulures & même le contour intérieur de la cannelure beaucoup plus parfaitement & plus promptement qu'on ne le pourroit faire autrement , c'eft-à-dire , par le moyen des cifeaux & autres outils ; ce qui n'empêche pas toutefois d'évider l'intérieur de la can- nelure avec la fcie à tourner , à laquelle le coup de compas à découper fert de guide. Quand les gorgerins des chapiteaux ne font pas fi hauts que dans les figu- res de cette Planche , on ne fait pas paroître de champ au-deffus de l'aftra- gale , afin de ne pas diminuer la largeur du gorgerin : dans ce dernier cas , on fait palTer l'aftragale en chapeau au-deflûs de la traverfe , comme l'indiquent les lignes b c , fig. y , cote G ; ce qui n'empêche pas qu'elle ne foit en- taillée fur la face de cette dernière , comme on peut le voir dans cette figure. Le tailloir du chapiteau , j?^, 3 , eft compofé d'une planche N L , Jîg. 3 , Sect. I. §. ï. De la conflrucïion des Bâtis des Pilafires , &c. 1159 laquelle doit être d'une épailTeur égale au premier membre du tailloir ; cette ■=* planche doit être emboîtée des deux bouts , & à bois de fil ( ou d'onglet , ce qui eft la même chofe ) fur la face apparente , ce qui eft néceffaire pour donner plus de propreté à l'ouvrage. En-deffous de cette planche , & du nud de la moulure , eft alfembléc en retour d'équerre la face ou gouttière du tailloir qui entre dans ce dernier à rainure & languette , & y eft arrêtée avec des vis qui pallènt au travers de fbn épaiffeur. Ces faces font elles-mêmes a^^emblées à bois de fil fur l'angle ; & quand le chapiteau eft d'une certaine grandeur , on les évide, c'eft-à-dire , qu'on les difpofe pour recevoir des remplillàges de Treillage : dans ce dernier cas , on fait à ces faces un bâtis reployé en retour d'équerre , qu'on affcmble & ar- rête dans la partie fupérieure du tailloir , comme je viens de l'enfeigner ci- delTus, Quand les faces du tailloir font ainfi évidées , & cela à caufe de leur grande largeur , la moulure du de/Tus peut être rapportée au pourtour de la planche qui forme le delTus du tailloir , afin de n'être point obligé à mettre du bois d'une trop forte épailTeur , en obfervant que la partie qui porte la moulure foit bien lolidement aifemblée tant dans les angles qu'avec la plan- che qui doit faire recouvrement fur les joints , afin de les préferver de la pourriture. Les montants entrent à tenon dans la planche du tailloir ; & quand il eft poflîble on leur lailîè affez de longueur pour qu'ils paflènt au-deflhs , afin d'arrêter la planche , & par conféquent le tailloir , par le moyen de deux clefs qui paflent au travers de l'épaifTeur des montants , ainfi que je l'ai fait au- deflbus de la plinthe de la bafe ,Jig. 7. Cette manière d'arrêter le tailloir avec le bâtis du pilaftre , eft aifez bonne ; mais elle n'eft pas toujours praticable : de plus , en perçant ainfi le defTus du tailloir , on l'expofe à la pourriture ; c'eft pourquoi je crois qu'il vaut mieux ne faire la mortaife de la planche du tailloir que jufqu'à la moitié de fon épaiffeur , & l'arrêter avec des vis dans le bout des battants du bâtis. L'ove ou échine du chapiteau pft faite de remplifiàge ; il n'y a que là partie inférieure O ,fig. 3 , c'eft-à-dire , la baguette & le filet , qui foit pleine ; & on lui donne affez d'épaiflèur pour qu'elle entre en-dedans du nud du pi- laftre de trois à quatre lignes au moins , tant pour qu'elle y foit arrêtée d'une manière plus fixe , que pour faciliter la naiflànce de l'adouci ou congé , qui donne naiffince au filet de deffous la baguette. Cette obfervation doit être générale pour toutes les parties qui s'adouciffent fur le nud de l'ouvrage , iefquelles doivent , ainfi que celles dont je parle , être entaillées pour qu'il refte du bois plein au-bas de l'adouci , afin que l'arête de ce dernier ne s'é- corche pas , ce qui ne manqueroit pas d'arriver fi on ne prenoit cette précau- tion, fiir-tout aux ouvrages de Treillage , dont aucunes parties ne doivent ni même ne peuvent être collées. Quand la partie O , fig. 3 , a été ajuftée dans les entailles des battants , on r-[6o L'ART DU TREI LLAGEU R, Chap. III. l'arrête avec ces derniers par le moyen des vis à têtes fraifées , dont on fait PiANCHE entrer la tête dans le nud du bois , ce qui vaut mieux que d'y mettre des pointes qui à la longue lâchent , & par conféquent iailTent ouvrir les joints : il eft bon aufli de mettre des vis , ou à leur défaut des pointes , dans les joints d'onglet qui , comme ceux-ci , {e trouvent trop petits pour qu'on puifTe y faire des a/Temblages. Laftragale P , fe condruit de la même manière que la baguette & le filet O , dont je viens de parler ; il en efl de même du premier membre Q de la bafe ,fig. 7; c'eft pourquoi je n'en parlerai pas davantage. Le tors de la bafe ell fait de rempliflàges qui viennent s'appuyer fur la plinthe R, fg. 10, qui n'eft autre chofe qu'une planche emboîtée à bois de fil , & dans laquelle font afiemblées , à rainures & languettes , les faces de cette même plinthe , qui, dans le cas d'un Ordre d'un petit diamètre , font pleines , ainfi que les faces du tailloir donc j'ai parlé ci-deffus. Quand la plinthe de la bafe eft d'une hauteur alTez confidérable pour être ornée de rempli/Tages , comme aux figures i & 2 , ou tout autres quelconques , on la fait à bâtis évidé , qu'on alTemble toujours avec la planche de delfus qui en forme le champ fupérieur ; & pour qu'elle tienne folidement avec cette dernière , il efl: bon d'y mettre derrière les montants des angles , des équerres de fer qui les lient avec la planche du delTus. Que la face de la plinthe foit pleine ou évidée , il faut toujours qu'elle defcende en contre-bas du delTus du focle d'un à deux pouces , pour qu'on puiffe attacher ces derniers delTus, comme je l'ai dit plus haut page 1156. Quand le diameLre des Ordres eft trop petit pour qu'on puiffe évider au- cun des membres , foit du chapiteau ou de la bafe , on les fait en plein bois comme à la figure 7 , cote S , Sc celle jo i.ute / , ( qui rcprifente la bafe fig. 7 , cote S, vue en-delfus) ce qui ne change rien à la conftruélion totale de l'ouvrage , comme on peut le voir dans ces figures & dans celles 4 & 8, qui repréfentent le pilaftre vu de côté. Les figures 5 & 9 repréfentent la coupe du pilaftre prifc dans le milieu d'une cannelure, ce que j'ai fait pour qu'on apperçoive mieux le détail de toutes les parties qui le compofent , & fur-tout la forme intérieure du battant d'angle , dont la feuillure eft terminée par le haut , fig. 5 , au nud du ravale- ment de la traverfe , afin de conferver au battant toute fa force dans fà partie fupérieure , dût-on être obligé d'y faire une rainure comme celle d e , pour recevoir les frifages qui remplilFent la largeur du gorgerin , ce qui vaut mieux ' que de faire la feuillure dans toute la longueur du battant , comme à la figure 9 , parce que , comme je viens de le dire , cela en diminue la force & fait un vuide dans la mortaife dans laquelle ce dernier entre tout en vie fur fon épailTeur , n'y ayant d'épaulement que fur la largeur, comme on peut le voir dans cette figure , où on voit le bout du battant £7, qui paffe en-deffous de h S£CT. I. §. I. De la conflruclion des Bâds des Pilafîres , &c. ii(5ï kbafe & k mortaife de ce même battant, dans kqu elle fe place la clef qui l'ar- ' rête avec k planche ou plateau qui forme le deflus de cette dernière , c'eft-à- ^''''^^^^ dire , de k plinthe. J'ai dit plus haut page ro5o , qu'il falloit qu'il y eût un vuide , c'eft-à-dire , une cannelure au milieu de chaque colonne ou de chaque pikftre , ainfi que je l'ai obfervé à k partie fupérieure du pikftre repréfenté i , ce qui faic fûrement beaucoup mieux que d'y mettre un montant, comme dans k partie inférieure de ce même pikftre , & ainfi que l'obfervent prefque tous les Treilk- geurs ; cependant il y a certains compartiments , comme ceux repréfentés fg. 4 , cote H ,Sc fig. ^ , cotes I ôcL, PL. 347, où il n'eft guère poffible de faire autrement , parce que fi on kiflbit un vuide au milieu , tous les joints des rempliffages fe trouveroient à découvert , ce qui deviendroit peu folide & peu aifé à exécuter , fur-tout dans les colonnes où les joints de pièces de rem- pliflâge n'étant pas appuyés tendent à fe redrelTer, ce qui fait un mauvais effet, fans parler de k difficulté d'arrêter folidement les joints ainfi découverts , ce qui n'eft cependant pas impofïïble , comme je le dirai en fon lieu ; c'eft pour- quoi avant de décider C on mettra un montant ou une cannelure au milieu d un pikftre ou d'une colonne , il faut fè rendre compte de fefpece de com- partiment dont ils feront ornés , afin de joindre enfemble k folidité avec k régularité de k décoration. Les colonnes , ou , pour mieux dire , les bâtis des colonnes de Treillage fè conftruifent à-peu~près par les mêmes principes que les pikftres dont je viens de parler ; cependant leur forme circulaire exige beaucoup plus de foins pour les conftruire avec folidité , comme on va le voir ci-après. Les figures de cette Planche repréfentent les parties fupérieures & inférieu- res d'une colonne de Treillage , ou du moins Ces bâtis. Toutes les parties des colonnes de Treillage fe démontent & fe conftruifent indépendamment les unes des autres. Le chapiteau fig. a (5 6 , eft compofé de (îeux parties ,fig. 3 !& 4 , dont une contient le tailloir & l'autre le gorgerin ; k colonne fe divife en deux parties fur fa largeur , comme f indiquent les li- gnes a b Sec d , fig. 6 ê 1 3 , qui repréfentent le chapiteau vu en-deffous & k bafe vue en-delTus. La bafe/^. xo & fig.2, & 11, fait une autre partie féparée qui eft quelquefois divifée en deux ou trois parties félon k forme de fon profil. Le deflus du tailloir ,fig.l (S J , eft plein , c'eft-à-dire, compofé d'un bâtis (qui porte k moulure de ce dernier ) aflèmblé à bois de fil , & rempli par un paneau qu'il eft bon de faire recouvrir deflus , comme je le dirai ci-après. Les faces du larmier font aflembléesdans ce bâtis à l'ordinaire , & font remplies en- deflbus par des goufiets/î, B, fig. J, fôit pleins ou évidés, qui bouchent le vuide que forme l'angle du tailloir , d'après le nud de Fove ou échine , qui eft rempli par des ornements de Treillages quelconques ; la baguette de deflLus l'ove forme un rond ou cercle fépaté , qu'on joint avec le tailloir par le moyen de Treillaçeur, R 13 m ii6i L'ART DU TREILLAGEU R, Chap. III. , huit petits montants C, C, C , fig. 5 , qui y font alTemblés à tenons & mor- Planche taifes , & difpofés vis-à-vis les huit principaux points du cercle , afin que les ^ '* ornements qu'on place à ces points puifTent cacher ces montants , du moins en partie. Le filet de de/Tous la baguette & Ibn congé , forment un autre cercle qui entre à feuillure dans le premier , & ferc à terminer le haut du gorgerin , dont la partie inférieure & l'aftragale forment le deflbus , c'eft-à-dire , la par- tie inférieure : ces deux cercles font liés enfemble par huit montants corret pondants à ceux du tailloir , & qui affleurent en-devant le nud de l'ouvrage. ■Ces montants doivent être peu épais , parce qu'il faut qu'ils affleurent aux ravalements qu'on fait à l'intérieur des cercles pour y placer les ornements de Treillages , à moins que ces derniers ne fe placent en parement de l'ouvrage,' comme il arrive quelquefois ; alors on recule les montants de l'épailTeur de ces treillages. Quand les compartiments ou autres ornements qu'on met fur des gorgerins de l'efpece de celui fig. 2 , font d'une nature à ne pouvoir pas cacher les mon- tants qui fervent à lier enfemble les cercles du haut & du bas , il faut fup- primer les montants de bois , & mettre à leur place des montants de fer , afin qu'étant plus minces ils faffent moins de maiTe, & ne s'apperçoivent pas de loin. On pourroit même courber ces montants de fer en dedans , pour qu'ils foient moins apparents , ce qui , au refte , n'eft pas fort néceflaire , vu qu'on peut les faire d'un très-petit diamètre. Le fût de la colonne fig. 1 , 7, 8 (& 9 , fe divife en deux parties fur là lar-^ geur , & chaque partie efl: compofée de deux demi-cercles , de neuf montants j & deux demi-montants qui y font alTemblés , ainfi que dans les pilaftres dont j'ai parlé ci-deflus. L'intérieur de chaque demi-cercle eft rempli par un plateau qui y efl alTeniblé à rainure & languette & arrêté avec des vis , ne pouvant pas y mettre de colle. Les plateaux , tant du haut que du bas , entrent les uns dans les autres à rainures & languettes, du moins chaque demi-cer- cle l'un avec l'autre; & il faut avoir grand foin que leurs joints fè trouvent précifément au milieu du joint des demi-montants , ou , pour mieux dire , au nud de ces derniers , comme on peut le remarquer à la fig. i j. Il eft bon de faire un ou deux trous dans chaque plateau , & de les creulèr à leur furface extérieure , afin que l'eau qui tombe deffus ne s'infinue pas dans les joints , mais qu'elle fe précipite promptement au travers des trous. Quand les colonnes font d'un grand diamètre , on n'y met pas des plateaux pleins comme ceux-ci , mais au contraire des bâtis d'aflèmblage évidés au milieu , ce qui eft beaucoup plus folide , & en même-temps rend l'ouvragé moins lourd. De quelque manière que foient difpofés les plateaux, il faut toujours qu'il fe trouve du bois plein au milieu pour y faire un trou ou ouver- ture quarrée , dans laquelle pafle l'arbre ou axe de la colonne , qu'il faut tou- jours faire en fer, parce que non-feulemept ils font plus folides que ceux da Sect. ï.§.\,De ia conjlruciion des Bâtis des Pilajires, êc. iiiSj bois ; mais encore parce qu'étant moins gros, ils peuvent plutôt être cachés • par les montants des colonnes & les compartiments dont elles font ornées. Planche La courbe du liaut du fût des colonnes ( les deux étant comptées pour une feule) I <S' 7, efl: ravalée à l'extérieur pour recevoir celle qui porte l'aftra- gale , laquelle en emboîtant ce dernier , empêche l'écartement des joints , qui d'ailleurs font retenus par des clefs placées dans les plateaux , & par des cla- vettes de fer qui paffent au milieu de l'épaifFeur des demi-montants , comme je l'expliquerai ci-après. La courbe du bas , fig. 8 (S" 9 , porte l'adouci & le filet de la bafe , & elle efl: ravalée en-deflous pour entrer dans le cercle qui en forme la baguette.' L'intérieur des deux courbes eft également ravalé à l'épaifTeur des montants , auxquels ces ravalements doivent affleurer intérieurement , ainiî qu'aux traver» fes des pilaftres dont j'ai parlé ci-deflus , j>age 1157. Le fût des colonnes de Treillage eft divifé en deux parties fur fon diame^ tre , pour avoir la facilité de les garnir de Treillage en-dedans , & pour les imprimer , ce qu'on ne pourroit abfolument pas faire , s'ils étoient d'une feule pièce , vu leur grande longueur ; de plus , étant ainfi divifées , elles font plus aifées à manier & à revêtir , ce qui eft encore un avantage. La bafo , fig.Ç , ir cb' 14 , eft compofée d'un cercle formant la baguette j & d'un bâtis quarré qui forme le defflis de la plinthe. Ce bâtis , fig. 14 , cote £ , e& aflemblé à bois de fil ; & dans fon milieu , qui eft vide , il y a une traverfe ou entre-toife , ou , ce qui eft mieux , «ne croix qui en entretient l'écart , & au centre de laquelle paflè l'axe ou arbre de fer. Le cercle qui porte la baguette & le defllis de la plinthe font joints enfemble par de petits montants difpofés comme au chapiteau , ainfi qu'on peut le voir aux Jzg. 9 , 10, II & 14. Quant aux faces de la plinthe, c'eftla même chofe qu'à celles des pilaftres dont j'ai parlé ci-deflus. Soit que ces mêmes faces fbient pleines ou qu'elles foient évidées , comme cela arrive quand les colonnes font d'un gros diamètre , les focles des colon- nes , font dilpofés de la même manière que ceux des pilaftres , tant à leui partie fupérieure qu'à leur partie inférieure , qu'il faut toujours , autant qu'il eft poffible, faire porter fur des parpins de pierre , comme celui F , fig. 12 , Se pour qu'ils y foient arrêtés d'une manière folide , il eft bon de faire à ces derniers une feuillure contre laquelle le bois du foclc vienne s'appuyer^ Pour que l'humidité n'attaque le bois que le moins qu'il eft poflrble , il faut faire déverfer le defTus du parpin tant à l'intérieur qu'à l'extérieur ; & dans le cas d'une colonne comme à la figure 12 , il faut creufer toute la furface du parpin , & y percer un égout fur une de fes faces par où l'eau puifFe s'é- couler , afin de ne point pourrir le bois ni rouiller l'arbre de fer qui eft fcélé au milieu , ce qui arriveroic fi on ne prenoit pas cette précaution , qui eft abfolumenc néceâàite. 1104 L'ART DU TREILLAGEUR, Chap.lII. — Tous les chapiteaux des colonnes Doriques non: pas le gorgerin aufù Planche j^^^ celui du chapiteau repréfenté fig. i , PL 361 ; c'eft pourquoi quand le gocgerin eft réduit à fa hauteur ordinaire , on le joint avec le refte du cha- piteau , & dans ce cas il emporte avec lui la baguette de l'aftragale , comme on peut le voir dans la figure i , qui repréfenté la coupe de la partie fupé- rieure d'une colonne Dorique , plus grande du double que les détails re- préfentés dans la Planche précédente , afin qu'on puilTe mieux juger de la forme des différentes parties qui compofent cette colonne , dont la coupe de la partie inférieure eft repréfentée fg. 14. Cette dernière coupe diffère de celle repréfentée Jtg. 9 , Pl. ^61 , en ce que c'eft la courbe qui porte le file: de la bafequi entre à recouvrement fur celle qui porre la baguette , ce qui exige moins d'épaiffeur de bois à la première courbe , qu'on fait intérieurement affleurer avec la féconde , comme on peut le voir dans cette figure. Cette féconde manière d'affèmbler le fût de la colonne avec fa bafe , eft moins folide que la première , parce que l'écart des deux parties du fût n'eft plus retenu par le premier cercle de la bafe , comme dans cette dernière ; c'eft pourquoi on fera très-bien de fuivre toujours cette méthode , à moins que pour quelque raifon on ne lût obligé de retirer le fût de la colonne fans déranger la bafe ni le chapi:eau : alors il faudroi: néceffai- rement faire ufage de la féconde repréfentée Jîg. 14, & faire la même chofe à la partie fupérieure du fut repréfentée^^. i , comme l'indique la ligne aè j & prendre des moyens fûrs pour arrêter folidement les deux extrémités du fût de la colonne, afin d'en empêcher l'écart. Les coupes 1 <& 14, font prifes à l'endroit des montants qui fiippor- tent tout l'enfemble du fût , & que j'ai fuppofées être verrinalement fur une même ligne , & cela afin qu'on puiife voir d'un feul coup d'œil la manière dont ils font affemblés , & leur correfpondance à l'à-plomb les uns des autres ; ce qui eft abfolument nécelîâire pour donner à l'ouvrage toute la folidité poffi- ble , & empêcher qu'il ne déverfe ni ne s'afiFaiffe en aucune manière , ce qui arriveroit certainement fi tous les montants n'étoientpas difpofés à l'à-plomb les uns des autres , pris fur leur épaiffeur , c'eft-à-dire , en coupe , comme on peut le voir dans les figures l & 14, qui font difpofées félon les principes que j'ai établis ci-devant , tant par rapport à la folidité de la conftruflion que par rapport aux foins qu'il eft nécelfaire de prendre pour faciliter fécoulement des eaux pluviales , tous les angles des coupes étant ouverts ou adoucis félon que cela a été poffible , les furfaces horizontales inclinées , foit en-dedans ou en-dehors , & le deflus du plateau , fig. 14 , creufé à fà furface , comme l'indique la ligne cd e , ainfi que je l'ai recommandé plus haut. Il eft bon d'obferver que tous les alTemblages fupérieurs des montants ne doivent pas paffer au travers des pièces, afin que l'eau ne s'y introduilè pas, & qu'au contraire on peut faire percer les aflemblagcs inférieurs quand les pièces Sect. I. §. I. De la tonjlnicllon des Bâtis dés Pilaflres , &c. Iiô'j' pièces ne font pas d'une force épailFeur, tan: pour rendre fouvrage plus '"^^^^ folide que pour faciliter l'écoulement de l'eau qui pourroit s'introduire dans ^^'^^l™ ces mêmes alTerablages , qui n'étant pas percés , la conferveroient ; ce qui occafionneroit la pourriture des tenons & même des pièces dans lefquelles ils font affemblés. J'ai aullî fait paroître dans cette coupe toutes les vis qui font nécelfaires pour arrêter folidement les joints , & la manière d'arrêter les remplilïïiges , foit d'ornements ou de frifages fimples, fur la pratique defquels je ne m'étendrai pas davantage pour le préfent , parce que je le ferai dans la fuite en traitant des divers ornements de Treillages & de leurs conftrudions. La figure 6 rcpréfente le montant du gorgerin vu de tace , & les figures (j & 12 , les deux extrémités d'un des montants du fût de la colonne , auffi vu de face, avec leurs tenons ou queues difpofés pour entrer dans leurs entail- lesfjgSc h ,fig. 17, qui repréfentent une partie de traverfe de pilaPtre vue intérieurement, à laquelle fintérieur des courbes ou cercles des colonnes eft parfaitement femblable , du moins quant à la difpoficion. La figure 1 5 repréfente une partie de f axe ou arbre de fer , qui pafiè au milieu des colonnes de Treillage, auquel eft réfervé une bafe ou embaJeC, (comme difent les Ouvriers) qui fert à fupporter la partie inférieure de la bafe , au travers de laquelle l'arbre pafle ; au-delfus de cette embafe , & pré- cifément au-deffous du premier plateau de la colonne , eft percée une mor- taife dans laquelle on fait paffer une clef de fer qui fert à foutenir ce dernier & à contre-balancer autant qu'il eft poflible le poids du fût de la colonne , pour empêcher qu'elle n'appuie trop fur fa bafe , & ne la faffè fléchir , ce qui pourroit arriver à des colonnes d'un gros diamètre. Il faut faire la même • chofe au-deffus du fût & du chapiteau , c'eft-à-dire , y mettre des clefs de fer pour empêcher que ces derniers ne remontent & ne falfent aucune efpece de mouvement. Autant qu'il eft poflîble , on fait paiTer farbre de fer au tra- vers de l'entablement & de fon focle , & même des vafes qui couvrent ce dernier ( fuppofé qu'il y en ait) afin de lier enfemble toutes les parties de l'ouvrage , & les drelfer autant bien qu'il eft poffible de le faire. Toutes ces précautions deviennent coûteufes , à la vérité , & rendent l'exé- cution des ouvrages de Treillage très -compliquée , mais aulfi en alfurent-elles la perfeâion & la durée ; c'eft pourquoi on n'en doit négliger aucune, ainfi que de celles dont je parlerai dans la fuite , l'expérience confirmant tous les jours ce principe , que rien n'eft plus cher que fouvrage mal fait. Tout ce que je viens de dire touchant les bâtis des colonnes de Treillage, a plus de rapport à leurs formes qu'à la conftruilion proprement dire de ces mêmes parties , fur-tout par rapport aux courbes , dont la conftruclion demande beaucoup de foin pour les faire auffi folides qu'elles peuvent fêtre. La plupart des Treillageurs ,ou, pour mieux dire, des MenuiCers qui conftruifenc Treillageur. s 13 ïi66 L'ART DU T R E I L L A G E XJ R , Chap. IIL — — ces courbes , fe contentent d'y faire des joints en flûtes , ou , en terme de Planche Xreillageurs , des habillures , qu'ils collent pour avoir la facilité de les tra- vailler; après quoi ils y lardent des pointes de diiîerents fens pour retenir les joints , qui fe décolieroient bien promptement à l'humidité , ce qui ne peut jamais faire de l'ouvrage bien folide ; c'eft pourquoi il vaut mieux , autant que cela eft poffible , les joindre à traies de Jupiter , placés fur le plat , comme aux figures 2 & 3 , ou fur le champ , comme à celles 10 & 11 , félon la forme & la deftination de ces courbes. Par exemple , à la figure 2 & 4 , qui eft une portion de celle A , fig. i , j'ai difpofé le trait de Jupiter fur le plat , parce que c'eft la manière la plus folide , & que le joint peut pafter dans une par- tie pleine & large de cette courbe , comme de m à n. A la figure 7 & 10 , qui eft une portion de la courbe B , fig. i,]e n'ai pas pu faire autrement que de mettre le trait de Jupiter furie champ , comme ds 0 a p , fig. i , parce que c'eft le fens le plus large de la courbe , laquelle eft beaucoup élégie en parement , ce qui m'a obligé de rapporter l'aflemblage fur le derrière , afin qu'il refte de la joue d'après l'élégiffèment. Les autres courbes fe conftruifent delà même manière, c'eft-à-dire , qu'on y place l'aftem.blage ou trait de Jupiter de l'un ou de l'autre fens , félon que cela eft plus convenable; cependant autant que cela fe pourra, on fera très- bien de les placer fur le plat , comme aux figures a & 4 , ce qui eft la ma- nière la plus folide , vu qu'il ne s'y trouve jamais de bois tranché , ce qui eft inévitable de l'autre manière , dont on eft cependant obligé de fe fervir quel- quefois , ainfi que je l'ai dit plus haut. Les courbes des colonnes font compofées d'un plus ou moins grand nombre de pièces , félon que Fexige le plus ou moins grand diamètre de ces colon, nés ; & il faut , autant qu'il eft poffible , éviter qu'il y ait trop de bois tran- ché , fur-tout à celles dont les joints font faits fur le champ , & qu'en géné- ral ces joints ne fe rencontrent pas à l'endroit des affemblages quelconques , ce qu'il faut abfolument éviter. Les Menuifiers finiffent eux-mêmes toutes les cerces ou courbes des colon- nes qui forment les divers membres , foit des bafes ou des chapiteaux , ou même des extrémités du fût de ces dernières ; cependant je crois que pour donner plus de perfeélion à l'ouvrage , ils feroient très-bien de les ébaucher feulement , puis de les faire finir par les Tourneurs , ou de les tourner eux- mêmes ( ce qui feroit égal , pourvu que l'ouvrage fût bien fait ) , cela accéléreroit la façon de fouvrage & le rendroit plus parfaitement rond , ce qui feroit très-eflentiel , fur-tout pour les parties qui s'emboîtent les unes dans les autres : en fe fervant ainfi du Tour , on feroit les courbes qui termi- nent le fût de la colonne d'une feule pièce , c'eft-à-dire , un cercle parfait ; & quand elles feroient terminées , on les diviferoit endeux parties égales par un uait de fcie fine, qui y feroit un joint net & égal , ce qui vaudroit beaucoup Planchb Sect. Ï. §. I. De la conJîruSion des Bâds des Pi/ajïres , &c. ix6j tnîeux que de les faite de deux pièces , qui fe raccordent rarement hipn Fn '-î difpofant ainfi les cercles des extrémités du fût , on pourroit , avant de les tour- f '•'^'^che ner, & même d'arrêter & de coller les traits de Jupiter, y placer les fonds ou plateaux , qui entretiendroient ces courbes & ferviroient à les centrer & à les placer fur le Tour; & quand les pièces feroient tournées , on les tra- ceroit pour y faire les affemblages néceflàires , ce qu'on ne pourroit faire au- paravant , de crainte qu'en les tournant elles ne fe décentraflènt , ce qu'il eft allez difficile d'éviter , fans cependant être abfolument impoffible. Quant à la conftruélion pratique de ces joints ou alTemblages à traits de Ju- piter , je n'en parlerai pas ici , parce que j'en ai déjà traité dans la première Partie de mon Ouvrage , page 47 , & que l'inlpeélion des figures 2, 3,4,5', 7,8, 10& ir , doit fuffire pour en donner une idée, au moins théorique, à ceux qui n'ont pas une grande connoillance de la Menuiferie. La conftruflion des montants des colonnes demande auffi quelques foins, 1 quand on veut les faire diminuer de groffeur proportionnellement à la dimi- nution de la colonne & à la courbure de cette même colonne , ce qui fe fait de la manière fuivante. Le plan & l'élévation de la colonne étant tracés , comme les figures i Sc 6 , ( qu'on doit fuppofer faites fur une même échelle ) , & les divifions de diminutions tracées fur l'élévation,/^, i , on prend fur la courbure de la co- lonne toutes les diftances de ces divifions , qu'on ajoute les unes aux autres pour avoir la véritable longueur du montant ; c'eft-à-dire , qu'on fait la diftan- ce a i , égale à celle a l ; celle i 2 , égale à celle i c ; celle 2 d , égale à celle c 3 ; celle d 4 , égale à celle 3 e ; celle /^f, égale à celle e 5 ; celle f 6 , égale à celle 5 g- ; celle 6 h , égale à celle g 7 ; celle h 8 , égale à celle 7 i ; & celle 8 / , égale à celle i 9 ; de forte que la diftance m a , plus celle al, devient celle du montant prife du fond des cannelures, moins ce qu'il faut pour que chaque diftance étant prife fur la partie courbe de la colonne, elles éga- lent toutes enfemble la longueur de cette même courbe, ce qui fe réduit à très- peu de chofe , quoique cette différence foit vraiment exiftante , la corde d'un arc étant toujours plus courte que ce même arc , ce qui eft une vérité in- conteftable. Il y a une manière pratique d'avoir au jufte la longueur des montants des colonnes , qui eft beaucoup plus prompte que cette dernière : il ne s'agit que de planter des pointes de diftance en diftance le long de la courbure de la colonne , & de prendre une règle droite & d'égale épailTeur , qu'on fait ployer contre ces dernières , & fur laquelle on trace les arrafements des mon-" tants , qu'on a foin de marquer auparavant fur l'élévation de la colonne. Cette manière , toute pratique , d'avoir la longueur des montants eft aifée , & en mê- me-temps très-jufte , parce que la règle en ployant le long des pointes , & par conféquent de la courbure de la colonne , acquiert toute la longueur L'ART DU T R Ê I L L AG E U R , Chap. III. nécefTaîre fans être obligé de rien augmenter , comme de la première manière. Planche ^^^^ jg j^'^i parlé que pour joindre la théorie à la pratique, ainfi que je l'ai obfervé dans toutes les différentes Parties de mon Ouvrage. Quand la longueur des montants eft fixée , refte à déterminer leur largeur , ce qui fe fait de la manière fuivante. Le plan de la partie inférieure de la colonne étant tracé , comme à la figure 6 , cote A B C , on y marque toutes les divifions des cannelures, & la largeur des montants, qu'on meneau cen- tre du plan , fur lequel on trace la partie fupérieure du fût de la colonne Z) E F , qui , par ce moyen , fe trouve divifée , comme le plan inférieur AB C ,cs qai donne fur le premier la largeur des cannelures, & celle des montants à leur extrémité fupérieure ; ce qui étant fait , on a la largeur in. termédiaire par la même méthode, c'efl-à-dire , qu'on prend un diamètre de la colonne , comme, par exemple , celui n g , fur la ligne n o , fig. i , & on le reporte fur le plan , Jïg. 6 , où on a un troifieme plan G H I , divifé comme le fécond D E F , a qui donne des largeurs de cannelures , & par conféquent de montants , correfpondantes à la hauteur de la ligne n o , fig. r, c'efl-à-dire, au point 6 du montant repréfenté par la ligne l m, fig. r. Ce qu'on fait pour un plan intermédiaire , on le fait pour tous les autres , pris aux différentes hauteurs de la colonne , ce qui , je crois , n'a pas befoin d'une plus grande explication. Quand il y a des moulures fur les arêtes des montants , comme cela arrive toujours , on les trace fur le plan inférieur , & on les fait tendre au centre du plan , ce qui en détermine la largeur dans toute la longueur du montant , "dont les côtés ne font pas droits d'un bout à fautre , mais un peu bombés , à- peu-près comme des douves de tonneaux. Quant à l'épaiffeur des montants , on la détermine au jufiie en faifîmt pour l'intérieur de la colonne la même opération que pour l'extérieur , c etl-à-dire , qu'après avoir tracé fur le plan inférieur l'épaiffeur des montants , on diminue ce diamètre intérieur d'un fixie- me, ce qui donne le diamètre intérieur du fût fupérieur de la colonne , & le refte à l'ordinaire , comme je l'ai expliqué en parlant de la manière de tra- cer la diminution des colonnes, page 1045-. L'opération que je viens de décrire pour tracer la largeur & l'épaiffeur des montants d'une colonne , eft un peu compliquée ; cependant on ne peut gueres faire autrement fi on veut leur donner une forme gracieufe & relative au fût de la colonne: de plus, un de ces montants étant ainfi difpofé , ou fimplementune règle ou calibre de bois mince , on trace tous les autres deffus , ce qui ne de- vient pas plus long que fi on les corroyoit au hazard , comme font prefque tous les TreiUageurs , qui fe contentent de les faire diminuer d'un bout fans les faire bombés par les côtés , ou s'ils le font , c'eft fans aucune règle , & , comme ils difent , à vue de ne[ ; d'oià il arrive qu'il eft très-rare qu'ils le foient en proportion & tous également. D'un autre côté , quand , par habitude , ils parviendroient Sect. 1. §. I. De la confiruSion des Bhls des Vllafim , éc. tl6g parv.endroient à les bien faire, ils feroienc plus long-temps que s'ils fe fer- voient d'un calibre pour les tracer comme je le propofe ici , qui , une fois fait leur épargneroit beaucoup de foin & de temps , vu le grand nombre de mon- tantsfemblables qu'ils ont ordinairement à faire , étant très-rare qu'ils faffent pour une ou deux colonnes à la fois ; & quand cela feroit , ils y gagneroient encore & du côté du temps & du côté de la perfcftion. Ces montants doivent Être hors d'équerre en tendant au centre de la colonne; & comme la différence de l'angle qu'ils forment dans leurs différentes hau^ teurs, nefl prelque pas fenfible , il fullit de fe borner à une feule équerre prife au milieu de leur hauteur. Quand toutes les pièces qui compofent le fût des colonnes font préparées comme je viens de le dire ci-deffus , on les aRl-mble pour les garnir de Treil- lages , ce qu'on fait après avoir déterminé la forme &.l'efpece de compartiment quon veut y employer, ce qui demande beaucoup d'intelligence & de foins non pas pour les attacher , mais pour les difpofer dans l'intérieur du fnt des colonnes , comme on le verra ci-après. Avant de fe déterminer pour une efpece de compartiment , & borner les dunenlions de ces derniers, il faut d'abord fe rendre compte s'rl y aura feu- lement des colonnes employées dans une décoration , ou feulement des pilaf- très ou enfin des uns & des autres ; dans ce dernier cas , il faut faire enfortc que les compartiments des colonnes & des pikftres s'accordent les uns avec les autres, ce qui peut fe faire deplufieurs manières différentes , comme je l'ai expri^ mé dans les figures a , 3 , 4 & ^ de cette Planche , on j'ai fait ufage du même compartiment qu'aux pilaftres du portique repréfenté dans la Planche 3^7. Il eft démontré que le périmètre au pourtour d'un pilaflre ,fig. 10 , fuppofé quarré par fon plan , eft à la circonférence d'une colonne , fig. 7 , de même diamètre, comme 14 eft à ir , ou du moins à peu de chofe près ; de ma- nière que la face d'un pilaftre eft plus large que le quart de la circonférence dune colonne, d'environ trois onzièmes de ce même quart de circonférence, ou , ce qui eft la même chofe , ce dernier n'a de largeur que les 11 quator- zièmes du pilaftre , ce qui fait environ un cinquième de différence de largeur- d'où il réfulte que les compartiments qui deviennent d'une forme quarrée fur les pilaftres , comme à celui repréfenté fig. ^ , deviennent oblongs fur le quart de la circonférence de la colonne ; ou que s'ils font quarrés fur ce dernier, ils deviennent nécelfairement barlongs fur le pilaftre. La différence du périmètre du pilaftre à la circonférence de la colonne développée, eft même plus confî- derable que ,e ne viens de le dire, parce que le développement de la colonne repréfenté, 3 (5 4 , eft pris intérieurement , c'eft-à-dire , en-dedans des montants, ce qui en diminue le diamètre ,& par conféquentla circonférence développée, fans cependant augmenter la différence des compartiments , parce •que celui des pilaftres neft pris qu'entre les battants des angles, ce qui TrEILLâGEUR. rr T13 tijo L'ART DU TRÊI LLAGEUR, Chap.lII. revient à peu près à la même chofe que fi la circonférence de la colonne éroic Planche ^^-^k extérieurement , comme on peut le voir aux fig. 4 6" 5 ; mais il étoit ^ ^' nécelTaire de faire cette obfervation pour qu'on prenne garde , en faifant le développement de la colonne , de prendre ce développement intérieurement, comme je l'ai obfervé aux figures 3 & 4 , qui repréfentent celui du pkn , fis- 7- Quand les compartiments dont on orne les pilaftres de Treillages , font difpofés de manière qu'ils occupent toute la largeur de ces derniers , comme aux figures 2 & J , & qu'on veut que ces mêmes compartiments régnent aux colonnes fur les quatre faces , il faut néceffairement augmenter le nombre des compartiments du pilaftre , c'eft-à-dire , qu'au lieu de fept quarrés que pré- fente celui du pilaftre , fg. 2 , il faut en mettre huit , comme à la figure y , lefquels deviennent un peu barlongs , à la vérité ; mais en même-temps ils donnent fur la colonne des quarrés , ou , pour mieux dire , des lozanges d'une forme très-agréable , & dont la largeur eft à-peu-près moyenne propor- tionnelle entre leur hauteur & la largeur de ceux des pilaftres. Si au contraire on vouloit faire régner le compartiment de la figure 1 , il faudroit de deux chofes l'une , ou que les lozanges de la colonne devinflent très-allongées , ce qui feroit mal , ou qu'on ne fît que trois lozanges fur la furface développée de la colonne , ainfi qu'à la figure 3, (la moitié devant être prife pourle tout) , ce qui ne feroit pas un fort bon effet , fur-tout fi cette dernière étoit un peu ifolée ; de plus , en ne mettant ainfi que trois rangs de lozanges fur le pourtour de la colonne , il faut néceffairement que le nombre des montants foit divifible par trois , comme 15 , 18 , 21 ou 24 ; car C on n'en met que 16 ou 20, comme dans la figure 3 , il arrive que l'extrémité du compartiment du milieu de la colonne ne peut pas rencontrer le milieu d'un montant ou d'une cannelure , ou fi on le fait venir comme à la figure 3 , il faut que le lozange du milieu foit plus large que les autres , comme je l'ai obfervé dans cette figure , pour faire mieux fentir la difficulté qui fe rencontre lorf- qu'on veut difpofer les compartiments des colonnes de cette dernière manière, laquelle eft abfolumenc vicieufe, & que je ne propofe ici que comme un exemple à éviter. Aux figures 3 & 4 , qui repréfentent le développement de la furface inté- rieure de la colonne , fg. 7 , je n'ai tracé les compartiments que jufqu'à la ligne L M qui eft le commencement de fa diminution , parce que palTé cette ligne , cette furface ne peut plus être cenfée pleine ; c'eft pourquoi je me fuis contenté d'y indiquer les milieux & les extrémités de chaque compartiment , afin d'a- voir fur chaque montant des points par où doivent paflèr les pièces de rem- pliflàges. Ce que je viens de dire par rapport aux compartiments des figures 2,3, 4 & 5 , doit s'appliquer à toutes fortes de compartiments de quelque forme Sect, I. §. I. Dt la conJlriicÎLon des Bâds des PLlaJlns, Ôc. lïjt qu'ils puiflent être , qu'on ne doit jamais exécuter fans auparavant avoir fait ■ attention s'ils feront également bien fur les pilaftres & fur les colonnes , afin i^i-jNctiE d'y faire les augmentations ouïes changements qui y feront nécelTaires pour ^^^* donner à l'ouvrage toute la perfeflion poffible. Quand les compartiments , quels qu'ils foient , font tracés fur l'intérieur des montants des colonnes (ce qu'on doit faire avant même que de les arrêter tout-à- fait avec leurs courbes) , on travaille à les remplir , ce qui fe fait de la manière fuivante. On commence , avant toute chofe , par faire des moules ou entailles D , E , fig. ô 16 , leiquels font des planches d'environ deux pouces d'é- Planche paiffeur , fur une longueur & largeur fufEfantes , c'eft-à-dire , relative au demi- diamètre de la colonne : ces moules font creufés en demi-cercle d'un dia- mètre égal au diamètre intérieur de la colonne , plus deux à trois lignes , ce qui eft nécelfaire pour faire défafBeurer les montants , comme je l'expliquerai ci-après, & qu'on peut le voir dans la figure 16. Avant de cintrer ce moule , on y trace bien exaélement le diamètre exté- rieur de la colonne , & la place que chaque montant doit occuper , après quoi on l'évide , ainfi que les entailles dans lefquelles ces derniers doivent être placés , en obfervant que le dehors , ou , pour mieux dire , le côté de chaque entaille qui regarde les extrémités du moule foient coupés perpendiculaire- ment à la bafe de ce dernier, & même un peu évafés en-dehors , pour facili- ter la fortie de la colonne lorfqu'elle eft toute garnie de Treillage. Il faut plufieurs moules , comme celui fig. 16 , pour monter une colonne; lavoir, au moins un placé à l'endroit oià commence la diminution de la colon- ne, & au moins deux autres dans le refte de la longueur , qu'il faut faire da différent diamètre , félon les places qu'ils doivent occuper. Quand la colon- ne eft d'une longueur un peu confidérable , il faut mettre un fécond moule en- tre le tiers & la bafe de la colonne , & un ou deux de plus dans le refte de la hauteur , en obfervant que tous ces moules foient faits le plus exaélement pof- fible , que leurs demi-cercles foient bien perpendiculaires à leur bafe s t , Se que quels que foient leurs différents diamètres, ils ayent tous la même hauteur prife du defîus de la ligne qui palTe par leur centre , comme celle q r, fig. 16 , jufqu'à leur bafe i t. Quand tous les moules font ainfi difpofés , on les place fur un établi ou toute autre chofe dontla furface eft bien droite &dégauchie, & tous à la place quileur convient , c'eft-à-dire , aux différentes hauteurs de la colonne , auxquels leurs diamètres font correfpondants ; après quoi on y place la demi-colonne , dont on attache les montants avec les moules par le moyen des liens de fils de fer qui paffent dans des trous qu'on fait aux moules à l'endroit de chaque en- taille, comme on peut le voir aux figures 13 & 16. Ce qui étant fait, on re- •garde fi les deux arêtes de la demi-colonne fe dégauchiffent bien , & fi elles fonC II7Ï L'ART DU TREILLAGEUR,Chap. III. parfaitement droites fur le plat ; on vérifie aufiî C elles font d'un jufte écart , & fi leur courbure eft régulière , ce qu'on peut voir en plaçant deffus un cali- bre cintré , comme doit l'être la furface de la colonne prife fur fa perpendicu- laire : il farcit même bon que ce calibre fût un chalTis de bois mince d'une grandeur & d'une forme femblables à celle de la coupe de la colonne , pour qu'en le préfentant fur la demi-colonne , on pût être plus fûr de fa perfec- tion. Toutes ces précautions étant prifes , on garnit la colonne de ces frifàges félon que l'exige la forme des compartiments dont on a fait choix , après quoi on la retire de dedans les moules pour en faire autant à l'autre moitié , & ainfi des autres. Les pilaftres fe garniffent de la même manière que les colonnes, à l'exception qu'un feul ou deux moules comme aAuifig. i8, font fuflifants , & qu'il n'eft pas néceflaire d'attacher les montants comme à ces dernières ; & pour que les pi- laftres fortent plus aifément de dedans les entailles de ces moules, il faut les faire un peu évafés de l'entrée , & juftes du fond , en obfervant toujours que le def- fus du bois qui refte entre les entailles foit un peu plus bas que l'épaifleur des montants, ainfi qu'à la figure i6, afin qu'il ne nuife pas en attachant les frifàges , & que ces derniers portent bien fur les montants où on les atta- che. J'ai dit plus haut page 1163. , que les montants qui terminoient les de- mi-colonnes , n'avoient de largeur que la moitié des autres montants , & cela pour avoir la facilité de féparer les colonnes en deux parties , comme cela eft néceflaire. Quand les colonnes font pofées , ces deux montants ne font, ou du moins ne femblent plus faire qu'un, & on retient l'écart de leur joint, qui ordinairement eft à plat, ( comme celui du montant coté N , fig. J) ) , avec des coutures ou liens de fil de fer , placés de diftance en diftance fur la longueur des montants , ce qui eft peu folide , & fait un afl"ez mauvais effet , vu que ces liens paroiflent toujours , fur-tout à l'endroit des moulures ; c'eft pourquoi je crois que quand la grolîèur des demi-montants pourra le permettre , on fera très-bien de les joindre à rainures & languettes , comme ceux cotés P , fig. 9 > & d'en retenir l'écart avec des boulons de fer p , y , fig. 9 , cote O , qui paflint au travers des deux montants , & les tiennent liés enfemble par le moyen d'une broche ou goupille de fer qui pafle au travers de la queue du boulon tout à fon extrémité , comme on peut le voir dans cette figure & dans la figure 8. Pour que ces boulons foient moins apparents , on entaille leur tête dans un des montants , & on ne leur donne de longueur que ce qui eft néceflaire pour qu'ils affleurent l'autre montant , du moins à peu de chofe près, la goupille qui les retient entrant dans une rainure pratiquée dans le côté du montant , laquelle n'a de hauteur que ce qu'il faut pour contenir la goupille , & la refuitc néceflaire pour la faire fortir lorfqu'on le juge à propos , comme on peut le voir à la figure 8. Cette S£Ct. I, §. 1. De la confiruBion des Bâtis des Pilajlies , êc. 1 173 Cette manière d'arrêter & de joindre enfemble les deux parties des colon- nes , eft propre & très-folide ; c'eft pourquoi on doit la préférer à celle dont on fait ordinairement ufage , encore qu'elle (bit plus coûteufe. Les extrémités des colonnes n'ont pas grand bejfbin d'être arrêtées par au- cune efpcce de ferrures , quand elles entrent dans la bafe & dans le chapi- teau qui en retiennent futEfamment l'écart, comme aux figures 1,9,4,7, ^ & II , FA 361 ; mais quand au contraire c'eft la bafe & le chapiteau qui en- trent dans le fût de la colonne, comme aux figures i & 14, Pl. ^62 , il faut nécelTairement arrêter les extrémités du fût , ce qu'on peut faire de différen- tes manières , foit en y mettant des crochets entaillés dans l'épailTeur du bois , ou, ce qui eft encore mieux , en y rapportant des tenons de fer comme celui A ,fig. I , dont un des bouts eft arrêté à demeure dans l'une des deux courbes , & dont l'autre eft percé pour recevoir une broche ou goupille de fer par le moyen de laquelle on arrête les deux courbes enfemble , & qu'on retire pour les réparer quand on le juge à propos , ce qui oblige à y faire une petite tête faiUante qu'on puifTe faifir foit avec des tenailles ou autre inftrument. Quand la forme ou la grofleur des courbes ne permettra pas de mettre les tenons de fer fur le plat , comme à la figure i , on les mettra fur le champ , ce qui eft égal ; & même quand des courbes feront trop minces pour y alfembler folidement les tenons , on attachera ces derniers deffus intérieurement ; dans ce cas on pourroit les conftruire comme des loqueteaux à relTort , qu'on ouvriroit en dehors par le moyen d'un bouton placé à l'extérieur du Treillage. J'ai dit plus haut que quand les colonnes étoient garnies de Treillages intérieurement , ces derniers entretenoient l'écart des montants , & confer- voient la forme du tût de la colonne , ce qui n'eft exactement vrai que quand les compartiments font d'une nature à pouvoir embrafter tous les mon- tants à la fois , comme ceux repréfentés Jig. 3 eb' 4 , de la Planche 3(53 , ou autres de cette efpece ; mais quand les compartiments n'erabraftent qu'un ou deux montants , ou que les lattes qui forment ces compartiments , font coupées à la rencontre de chacun des montants , il n'eft guère pofTible d'empêcher qu'ils ne varient, & fur-tout qu'ils ne fe redreffent lorfqu'on a détaché ces colon- nes de dedans les moules; c'eft pourquoi il eft bon d'affujétir les montants fur des plateaux placés de diftance en diftance , dans l'intérieur de la colonne qui , en les retenant dans un jufte écart , confervent à cette dernière la forme qu'elle doit avoir. Ces plateaux peuvent être faits de différentes manières , félon la nature des compartiments de la colonne. Quand , par exemple , ces compartiments préfentent des parties horizonta- ' les , on peut faire les plateaux compofés d'un cercle d'environ deux pouces de largeur , dont l'intérieur foit rempli par une croix pour leur donner plus de Treillageur. V 13 Planche II74 VART DU T RE 1 L L A G E U R , Chap. III. fbliditc , & en même-temps pour recevoir l'axe ou arbre de fer qui paiïè au milieu de la colonne. Si au contraire les compartiments ne préfentent pas des parties horizontales ( comme il arrive prefque toujours ) il faut alors que les plateaux foient difpofés de manière qu'ils ne préfentent aucun plein dans les ef- paces des montants , ainfi que celui repréfenté fig. 2 , lequel eft évidé dans toute fa furface , & ne préfente que des rayons qui viennent butter contre cha- cun des montants avec lefquels on les attache par le moyen d'une pointe , com- me on peut le voir à la figure 6. Pour qti'un plateau de cette efpece foit bon , il faut le faire d'afTemblage , c'eft-à-dire , compofé de plufieurs pièces , afin que les rayons fe trouvent à bois de fil, du moins autant qu'il eft poffible. Celui qui eft repréfenté fig. 2, eft compofé de fix morceaux , dont quatre , comme celuij^^. 4 , portent chacun trois rayons , &deux , comme celui_^^. 5 , qui n'en ont que deux de chaque bout. Ces deux derniers , cotés ab &. c d , fig. 3 , font affemblés en entaille au milieu de leur épailfeur , & on y réferve au milieu une largeur de bois fuffi- fante pour former un rond fur lequel ceux fig. ^ , cote, e f g h , fig. 2., font attachés & font difpofés de manière qu'ils recouvrent tout-à-fait le premier rond , en fe joignant les uns aux autres à angles droits , comme on peut le voit dans cette figure ; & pour que ces dernières pièces ne failliifent pas trop fur les premières , & qu'elles ne puiffent pas reculer ni avancer , on les ravale à la moitié de leur spaiifeur à la naifîânce des rayons , comme on peut le voir à la figure 4, & à la figure 3 , qui en repréfentent la coupe prife fur la ligne //, fig- 4- Ce plateau ainfi difpofé , eft très-folide , & n'a d'autre défaut qu'en ce que la plupart de fes rayons font tranchés , ce qui ne peut pas être autrement , à moins qu'on ne rapporte tous ces rayons au pourtour d'un premier plateau , comme celui que forme le cercle intérieur de celui-ci , ce qui alors leveroit toute ef- pece de difiiculté , & abrégeroit même beaucoup d'ouvrage ; mais auffi cela feroit-il moins folide que de la première manière , qui, je crois, doit être pré- férée j en obfervant cependant que quand un plateau n'eft compofé que d'un cercle avec une croix au milieu , ou qu'il eft à rayons rapportés , on peut aifément le féparer en deux parties , qu'on arrête chacune féparément dans les demi- colonnes , ce qui eft plus commode que s'il étoit d'une feule pièce , parce qu'alors on ne peut arrêter les montants de la féconde demi-colonne que quand elle eft pofée en place , ce qui alors empêche de la retirer quand on le juge à propos , à moins qu'on ne l'enlevé par en-deflus de l'axe , comme on l'a fait entrer toute bâtie , ce qui vaut mieux & eft plus facile à faire que de la bâtir , c'eft-à-dire , l'arrêter avec un des côtés des plateaux lorfqu'elle eft en place. On pourroit cependant féparer en deux parties le plateau ^g-. a , en en re-' fendant la pièce fig. J , fur fa longueur au milieu de deux rayons, comme I 1 Sect. I. §. II. Des affhnblages des Bâtis de Treillage , êc. 117; i'iadique la ligne mn,&. en coupant l'autre pièce femblable à celle fig. y , f^- au milieu de fa longueur , fuivant la ligne o p , qui cft la même que i''"™cBE celle //z 77 , en Tuppofant la féconde pièce perpendiculaire à la première , com- me cela doit être : en coupant ainfi les deux premières pièces du plateau , fg- 5 > cela ne changeroit rien à la forme de celles fig. 4 , excepté qu'il faudroit changer la coupe de leur joint, foit en-dedans , foit en-dehors, pour les faire correfpondre à celui de la féparation du plateau , comme l'indiquent les lignes q l 81 r l , fig. 4 , laquelle eft repréfentée en points fur la figure 5 , pour mieux faire fentir la difpofition & les coupes des différentes pièces du plateau. De quelque forme & conftruaion que foient les plateaux, il faut,lorf- qu'on les fépare en deux parties , que leurs joints foient entretenus par des languettes , ou , ce qui eft encore mieux , par des clefs , & que l'entaille qui eft faite au milieu de chaque partie pour former le paffage de l'arbre , foit un peu évafée d'un côté , pour en faciliter fentrée. Cet évafement eft néceffaire quand c'eft une cannelure qui fe trouve au milieu de la colonne , parce qu'alors le joint fe trouve de biais , comme celui m n ,fig. 5 , & qu'il faut que l'arbre fe revêtiffe perpendiculairement à ce joint , ce qui ne pourroit être fi le côté de l'entaille n'étoit pas évafé , à moins que l'arbre ne fût lui-même planté félon l'inclinaifon du joint de la colonne , ce qui pourroit encore être. §. II. Des affemblages des Bâtis de Treillage , & la manière de les difpofer pour recevoir les différentes fortes de garniture. L ï s afferablages des bâtis de Treillages font de deux efpeces ; favoir ; ceux qui fervent à rallonger les bois , & ceux qui fervent à en lier les différen- tes parties. Les premiers ne peuvent être autre chofe que des traits de Jupiter , comme les figures 7 , 8 , 9 & i o , auxquels , pour leur donner plus de force , on fait le joint de biais fur l'épaiffeur , comme de s \ t , fig. 7 , ce qui eft tout naturel , puifqu'en les difpofant de cette manière , on augmente la force du bois dans le fond de l'entaille , & qu'au contraire on diminue fon extrémité pour qu elle tende moins à faire renverfer la partie qui lui eft oppofée. Ces joints ne doivent pas être collés ; du moins la colle n'y ferviroit pas 3 grand chofe; c'eft pourquoi il eft bon de faire leurs coupes en angles ren- trants du côté du plein bois , c'eft-à-dire , du côté qui porte la rainure , afin que fi par hazard la clef venoit à fe rétrécir , le joint ne puift"e pas fe déranger fur le champ , ce qui pourroit arriver fi on faifoic ces joints quarrés à l'ordi-; naire. Il eft bon auflî de faire les rainures peu profondes , afin de procurer à leurs joues plus de réfiftance ; de plus , le bois de bout ne fe retirant pas , ou du moins très-peu ,il fufiit que les languettes foient faites bien juftes , fans être longues, iiyS L'ART DU T RE I L L A G E U R. Chap. III. Mme longueur égale à leur épaifleur étant plus que fuffifante. Les autres affemblages font les tenons , les raortaifes & les entailles , qui ^ dans bien des cas, font préférables aux premiers , c'eft-à-dire, aux tenons & mortaifes , parce qu'ils alfoiblilTent moins les bois , & donnent moins d'entrée à l'humidité ; les entailles font fur-tout préférables dans le cas où deux pièces fe croifent, comme aux figures ii & i6 , parce qu'au lieu de couper une des deux pièces , comme cela feroit nécelTaire lî on les alTembloit à tenon & mor- tai(è , les deux pièces relient toutes entières par le moyen des entailles qu'on y fait à moitié de leur épailfeur. Ces entailles fe clouent ordinairement , ou du moins les pièces entaillées , mais cela eft peu folide ; c'eft pourquoi quand ■ les pièces font un peu fortes , on fait très-bien d'y mettre un boulon qui pafle au travers de leur épailTeur, & qu'on arrête par-derriere avec des écrous. Dans le cas où une pièce recevroit dans fa longueur le bout d'une autre pièce, comme aux figures 12 & 17 , on pourroit l'affembler en entaille à queue , ce qui deviendroit trcs-folide, en obfervant toujours d'arrêter les deux pièces enfemble par le moyen d'un boulon, comme on peut le voir à la figure 13. Pour faire un afTerablage ainfi à queue , il faut avoir l'aifance de retirer de côté la picce qui porte la queue ; fi cela n'étoit pas polTible , on feroit l'en- taille à fordinaire , c'eft-à-dire , dans toute la largeur de la pièce ; & pour empêcher que la pièce dont le bout eft affemblé en entaille , ne puiffe fe reti- rer, on peut y réferver un talon u,fig. 14 (& 18 , qui entre dans une féconde entaille x , faite à la pièce montante , fig. 1 5 ; au moyen de cette double en- taille & du boulon, il eft impoffible que Taffemblage faife aucun mouvement; mais ce ne peut être que dans des pièces d'une certaine force , où on puiffe faire ufàge de cet alTemblage , parce qu'il aflbiblit un peu les pièces mon- tantes. On fait auffi des entailles aux extrémités des pièces , c'eft-à-dire, aux angles des bâtis ; cependant je crois que ce ne doit être que quand les pièces ne font pas affez fortes pour y faire des tenons & des mortaifes d'une force fuffifinte, dont on craindroit que les joues & les épaulements ne fe pourriflènt trop vite : car quand les pièces ont une force fufSfante , comme deux pouces au moins d'épaiHeur , fur quatre à cinq pouces de largeur , on ne rifque rien de les alTembler à tenon & mortaife aux angles feulement , & y faire des entailles dans tout le refte de leur longueur, comme je l'ai dit plus haut. Quant aux pièces qui feront moins fortes, il faut les affembler en entailles partout, & arrêter ces dernières avec des vis , au lieu d'y mettre des pointes ou des clous , ce qui ne vaut abfolument rien , parce que cela eft mal-propre , & que pour qu'ils ne fe retirent pas , il faut les river par-derriere Fouvrage , ce qu'il n'eft pas toujours poffible de faire. Quand on arrête les entailles avec des boulons , il faut que la txte de ces derniers Sect. I. §. II. Des ajJcmUages; & la manière dt les âifpofir , éc, Xljj derniers foit quarrée & plante, pour qu'elle affleure avec l'ouvrage dans le- quel on l'entaille comme on peut le voir aux figures 1 3 & 17. On met ordinairement des écrous à queue à ces fortes de boulons , Comme à celui fig. 13; mais il vaut mieux, pour la folidité de l'ouvrage, y mettre des écrous quarrés à l'ordinnaire , qu'on ferre par le moyen d'une clef , par- ce que ces fortes d'écrous fe ferrent plus fortement que les autres , & qu'ils ne peuvent pas être deiferrés par le premier venu , à moins qu'il n'ait une clef. Quand les bâtis deviennent abfblument trop petits , leurs aifemblages , quels qu'ils foient , ne peuvent pas être folides ; alors au lieu de les faire en bois , il faut les conftruire en fer , ce qui revient aux bâtis des Treillages fimples dont j'ai traité ci-deflùs , page 1141 ; c'eft pourquoi je n'en parlerai pas davantage. Quant à la forme des bâtis des Treillages , c'eft , comme je l'ai déjà dit , la forme totale & la décoration de l'ouvrage qui la détermine , en faifant tou- tefois attention à l'efpece de Treillage dont ces bâtis doivent être remplis. Ces rempliflàges font , comme je l'ai déjà dit , de deux fortes; lavoir , ceux qui font faits avec des échalas , comme à la figure 19 , & ceux qui font faits avec des lattes de frifages , comme aux figures ao , ai & 22. Dans le premier cas , ces rempliflàges entrent à feuillures par-derriere les bâtis , fur lefquels on les attache avec des pointes ; & il faut que les feuil- lures des traverfes , tant du haut que du bas , foient plus profondes fur l'épaiC feur que celles des battants, de l'épaifleur des échalas , afin que l'extrémité des lattes porte fur les battants , comme celles des échalats portent fur les traverfes , ce qui fait que les quarrés de defïous les moulures deviennent iné- gaux , ce qu'il n'eft pas poffible de faire autrement , à moins qu'on ne fît toutes les feuillures femblables à celles des battants , c'eft-à-dire , au nud du devant des lattes , & des entailles aux traverfes , pour y faire entrer les bouts des échalas, ce qui feroit très-bien , mais en même-temps ce qui de- viendroit plus fujet à faire , & par conféquent plus coûteux. Il y a des par- ties de Treillage , comme , par exemple , des focles , où on ne met pas de moulures fur l'arête , & où on fait affleurer les échalas avec le devant de l'ouvrage ; dans ce cas , on fait des feuillures au derrière des battants feulement pour appuyer fextrémité des lattes qu'on y attache à l'ordinaire. Quant aux traverfes, on y fait les feuillures en parement pour porter l'extrémité des échalas , ce qui ne fouffre aucune difîîculté , fi ce n'eft que fi on fait la divi- fiondes mailles de l'arête des traverfes , la feuillure en diminue la hauteur , ou C on fait ce compartiment du devant de la feuillure , les mailles du haut & du bas paroiffènt trop hautes , ce qui fait un mauvais effet. On pourroit remédier à ces deux inconvénients , en fupprimant les feuillures des traverfes , & en y faifant des entailles pour placer l'extrémité des montants qu'on y arrête à l'orr dinaire. Treillageur. X13 Planche 1178 L'ART DU TREI LLAGE U R, Chap. m. - Quand les bâtis font remplis par des lattes , coKime aux figures 20 , a l & 22 , Planche on y fait des feuilUires d'une profondeur égale dans leur pourtour , comme à la figure 20 , & on fait ployer l'extrémité des lattes pour venir porter contre la feuillure du battant , où on les attache comme je l'ai enfeigné , page 1137. Cette manière de difpofer les bâtis pour recevoir les frifages , efi: la plus ufitée , tant pour les compartiments à mailles quarrées , comme dans ces figures , qu'à ceux à mailles lozanges , où il faut abfolument qu'ils foient difpofés de cette manière ; cependant quand les compartiments font à mailles quarrées , on pour- roit , comme à la figure 21 , faire la feuillure des battants moins profonde que celles des traverfes de 1 épaiflèur des lattes montantes , ce qui dilpenferoit de faire ployer les lattes horizontales. Les remplifiàges , foit à compartiments quarrés ou lozanges , s'attachent fur les bâtis dans lefquels on les conftruit ; cependant il vaudroit mieux les conf^ truire à part, pour avoir la facilité de les ôter , quand on le juge à propos , in- dépendamment des bâtis : dans ce cas , il faut attacher l'extrémité des lattes fur une tringle ou échalas B , fig. 2 1 , dont la largeur n'excède pas la lar- geur de la feuillure du bâti. On doit faire la même chofe par le haut & parle bas , c'eft-à-dire , attacher l'extrémité des lattes montantes fur des tringles femblables à celles des côtés, avec lefquelles on les arrête dans les angles, de forte qu'elles forment une eipece de bâtis qui entoure le paneau ou rem- plifiâge de Treillage , foit que les mailles foient quarrées ou qu'elles foient lozanges. On peut auffi faire la même chofe pour les Treillages conftruits avec des échalas , ce qui ne fouffre aucune difficulté. Quand les paneaux ou remplilfages de Treillages font ainfi conftruits, indé- pendamment des bâtis , on a beaucoup plus d'ailànce à ajufter & à pofor l'ou- vrage , fur-tout quand il eft d'une grandeur un peu confidérable ; déplus , dans le cas où il faut faire quelque changement ou quelque réparation , il eft bien plus aifé de le faire que fi toutes les parties du Treillage étoient conftruites les unes avec les autres , de manière qu'on ne pût en changer ou réparer une par- tie que fur la place même , ou fans être expofé à la détruire , ou celles qui l'avoifinent. Quand les parties de Treillage ne font pas d'une grandeur confidérable, on fait entrer leurs rempliflages dans des rainures , comme à la figure 22 ; & quand les compartiments font lozanges, on fait ces rainures d'une épaiffeur affez; confidérable pour qu'elles puiftent contenir aifément deux lattes l'une fur l'au- tre. Quand , au contraire , les compartiments font à mailles quarrées , comme dans cette figure , il ne faut faire des rainures que de l'épaiffeur d'une latte , Sc les difpofer comme les feuillures dont j'ai parlé ci-deflîis. Cette manière de placer les paneaux de Treillage eft aflez bonne , & même fort ufitée; mais elle ne peut guère avoir lieu que dans des parties d'une mé- diocre grandeur , Se qui peuvent s'enlever indépendamment du lefte de ■ Sect. I. §. II. Des ajjemblages ; la manière de les dijpofer , &c. 1 179 l'ouvrage : de plus , la rainure des traverfes du bas retient l'eau qui en pourrit _____ bien vîte les joues , à quoi on peut remédier en y faifant plufieurs trous dans Pianché le fond, pour faciliter l'écoulement de l'eau; mais ces trous fe bouchent promptement, & l'eau féjourne toujours dans les rainures, qu'on feroic tontauffi bien de fupprimcr tout à fait , du moins aux traverfes du bas , c'eft-à-dire , de n'y faire qu'une feuillure , & de rapporter une tringle par-derriere pour rete- nir le bas du paneau de Treillage , en obfervant que la feuillure foit déverféc en-dehors , & que la tringle foit élevée au-deffus de cette dernière d'une à deux lignes , pour laiffer pafFer f eau librement ; ce qu'en général on doit faire i\ tous les paneaux de Treillage. Ce que je viens de dire renferme toute la théorie-pratique des bâtis du Treillage compofé : je vais maintenant paffer au détail des divers ornements de Treillages , & donner la manière de les conftruire. Section Seconde. Du Treillage orne en général ; & defcrlpcion de deux morceaux de Treillagt d'une décoration différente. Le portique en Treillage, repréfenté Pl. 357 , & dont la defcription m'a fèrvi à donner des principes touchant la conftruélion des bâtis de Menuiferie , quoique d'une décoration affez riche par rapport aux divers compartiments dont il eft orné , n'eft cependant pas fufBfant pour donner une idée de la ri-, cheffe & de l'élégance dont les ouvrages de Treillage peuvent être fufceptî- bles ; car aux compartiments ordinaires , on peut y joindre les ornements de toute efpece , comme les ornements courants propres aux divers membres de moulures & aux frifes , les vafes , les enroulements , les bouquets & les guirlandes de feuilles & de fleurs de toutes fortes , lefquels fe font non-feule- ment avec des copeaux , mais auflî en Sculpture , comme dans les ouvrao-es de Menuiferie. C'eft de cette dernière efpece de Treillage (que je woxamitT reillage orné ) , dont je vais donner deux exemples , dans lefquels j'ai raffemblé , autant qu'il m'a été poffible , tous les différents genres d'ornements , afin d'avoir lieu d'entrer dans le détail de leur conftruélion , ce qui terminera la defcription de l'Art du Treillageur proprement dit ; après quoi je parlerai de quelques autres efpeces de Menuiferie d'ufige dans les jardins , comme les chaifes & les bancs de jardins , les caifFes de toutes fortes , & autres parties de Menuiferie qui entrent dans la conftruâion des Serres chaudes, afin de ne rien lailTer à défirer touchant ce qui concerne la Menuiferie des Jardins , qui fait le fujec de cette quatrième & dernière Partie de mon Ouvrage. La figure i , Pl. 36^ , repréfenté un Sallon de Treillage (la moitié prife 1. pour le tout) , dont le plan eft repréfenté fig. i & s , Pl. ^66. Ce Sallon a 3^ ^ J^''^"™^, ii8o L'ART DU T R E I L LA G E U R , Chap. III. pieds 9 pouces de largeur, fur 52 pieds de hauteur, pris du deffus de foti couronnement. Il eft décoré fur fa face principale de quatre colonnes Ioniques de 20 pieds de hauteur, lefquelles font portées par un focle de 3 pieds 3 pou- ces de haut, y compris le parpin de pierre fur lequel tout l'édifice eft pofé dont CCS quatre colonnes forment le principal avant-corps. Cet avant-corps eft percé d'une arcade qui donne entrée dans le Sallon , dont le plan intérieur forme un ovale qui a 33 pieds 4 pouces fur fon grand diamètre , & a() pieds 9 pouces fur fon petit diamètre , qui eft le fens où il fe préfente en entrant par la principale porte du Sallon , c'eft-à-dire , celle qui eft placée au milieu de l'avant corps. Les angles extérieurs du plan font terminés par des parties arrondies , faifant arriere-corps d'après les colonnes de la face , & les faces latérales qui paflent droites , & qui font percées chacune d'une ouverture , par le milieu de laquelle palfe le grand axe de l'ovale du plan. Les efpaces qui reftent en- tre les plans intérieur & extérieur peuvent être remplis par des niches , com- me à la figure 3 ,P 1.^66, ou bien former des cabinets qui feroient très-utiles pour un Sallon de cette efpece , qui peut fervir à dilïérents ufages. L'Ordre Ionique qui décore la face extérieure de ce Sallon eft moderne; fon entablement ( qui a le quart de la hauteur des colonnes ) eft denticulaire , ce que j'ai fait à caufe des mouvements du plan qui n'auroient pas fouffert des modillons fans qu'ils fe pénétraJTent dans les angles ,ou dans quelque efpece de mutilation , du moins en laiffant la forme & la faillie des corps du plan telles qu'elles font. L'entablement eft furmonté d'un focle faifant reffaut au nud du fût fupérieur des colonnes d'environ un fixiemc de ces mêmes fûts. Sur le focle , Se au mi- lieu de l'avant-corps , eft placé un cartel ou amortiffement , dans lequel on peut placer des armes , un chiffre , ou toute autre chofe de cette efpece. Sur ce même focle , & à l'à -plomb de chaque colonne , ainfl qu'aux angles des faces latérales , font pareillement placés des vâfes qui portent des fleurs & qui fervent à couronner les parties verticales de l'édifice , qui eft enfin ter- miné par une calotte elliptique, montante de l'intérieur du Sallon , dont elle fuit le plan : le milieu de cette calotte eft couronné par une efpece de lanterne en ornements , qui aide à la faire pyramider. Aux deux côtés du Sallon , font des galeries pareillement en Treillage dont la voûte eft foutenue par des colonnes Ioniques antiques , accouplées fur l'épaiffeur pour aflurer la folidité de ces mêmes galeries , dont les arcades retombent à l'à-plomb des colonnes qui font couronnées par une architrave fervant d'impofte aux arcades , au nud du centre defquelles elles paffent. Le tout eft terminé par une corniche furmontée d'un focle dont le deffus vient au niveau du delfus de l'architrave de FOrdre Ionique du Sallon ; ce focle fait refîàut au-deffus de chaque colonne , & porte des caflLlettes, defquelles fcrtent des guirlandes de fleurs qui fe répandent fur fa face. A Sect. II. Du Treillage orné en général , &c. 1 1 S r A chaque arcade', le deflbus de ces galeries forme des voûtes d'arête qui — font réparées par des avant-corps ou plates-bandes circulaires qui prennent ^^^''^ naiCance de delTus les architraves qui couronnent les colonnes , comme on peut le voir à la figure l de la Planche -^66 , qui repréfente le plan des corniches du Sallon & des galeries vus en-delTous , avec la forme des plates- bandes & des voûtes , dont j'ai indiqué les arêtes par des lignes poncStuées , Voyez auflî la figure 3 , même Planche ( qui repréfente le plan du bas du Sal- lon & des galeries), oià toutes les plates-bandes & les faillies des corniches font pareillement indiquées par des lignes poncStuécs. La largeur de ces galeries efl de 19 pieds 4 pouces , pris du devant des focles qui portent les colonnes ; Se cette largeur a été déterminée par celle des faces latérales du Sallon, qui doivent déborder un peu la faillie de la cor- niche des galeries qui viennent s'arrêter contre , comme on peut le voir aux figures I & 3. Ces galeries font faites pour fervîr d'accompagnement au Sallon , & en même-temps pour procurer la facilité d'y arriver fans être expofé au trop grand foleil , & même à la pluie , & font fuppofées fe terminer à quelques allées couvertes , ou à quelques ailes de bâtiment. Tout l'édifice eft pofé fur un maf- fif en forme de perron de 3 marches , qui règne tout au pourtour tant du Sallon que des galeries , comme on peut le voir dans ces deux Planches , ce qui garantit un peu l'ouvrage de l'humidité de la terraflè , fur laquelle j'ai fup- pofé qu'il pouvoir être placé, & cela pour lui donner plus de grâce en l'éle- vant davantage au-deflus du fol du jardin , de manière que la terraiTe fem- ble être le foubaffèment du Treillage , ce qui eft d'autant plus naturel , que j'ai fait répondre la décoration de la terraffe avec celle des Treillages , & que les mouvements du plan de cette dernière ont été déterminés par celui du Sal- lon de Treillage & des galeries qui l'accompagnent (*). La terraiTe a 9 pieds de hauteur , & eft ornée de refends Se de corps qui reflautent vis-à-vis des principales malTes du Sallon & des galeries de Treilla- ges. Dans les deux arrieres-corps , il y a deux efcaliers à deux rampes , dont le milieu répond avec celui des galeries , que je fuppofe avoir cinq arcades de face , dont trois font ( dans la terraiTe ) occupées par les efcaliers ; favoir , celle du milieu pour le premier repos ou palier, & les deux autres pour les rampes. Flanches (*) C'eft principalement clans une occafion com- me celle-ci , que le Treiilageur a befoin d'avoir des connoiffancesaffez étendues fur l'Architeftu- re, pour favoir tirer parti du terrein ou des ou- vrages déjà faits ( comme , par exemple , cette TerraiTe) pour compofer un édifice qui puilTe s'allier avec cette dernière , de manière qu'on puifTe croirequ'ils ont été faits l'un pour l'autre ; ou fi la terrafle n'étoit pas faite ( ce qui feroit encore mieux ) , pour pouvoir compofer de manière que la décoration du Treillages; celle de latcrralïe fuilent analogues l'une à l'autre, du moins autant que peuvent l'être deux genres Trejllageur, y I d'Architefture fi difparatcs ; l'un devant an- noncer beaucoup de légèreté apparente, avec une folidité réelle ; & l'autre , au contraire , de- vant être vraiment folide , non-feulement quant à l'exécution , mais même en apparence. Ce que je dis ici par rapport aux Treillageurs , peut & doit s'appliquer aux ArchircL^es , qui , pour la plupart, négligent le détail de tout ce qui n'eflpas Architeclure proprement dite, d'où il réfulre rant d'ouvrages mal faits .fans accord ni vraifemblance . &dont on voit^tous les jours tant d'exemples. I182 L'ART DU TREILLAGEUR, C/iap. m. . La figure 2 , Pl. 365 , & celles 2 8c ^ , Pl. ^66 , repréfentent l'éléva- ^s'^*fic'""ff tion & les plans d'un Sallon élevé fur les mêmes malTes que le précédent , ' dont il nediiïFere que par la décoration , qui n'eft alTujétie à aucun Ordre d'Ar- cLiteélure apparent , quoique les principales maffes foient dans les mêmes proportions qu'au Sallon repréfenté Jîg. r , c'eft-à-dire , d'expreffion Ionique ou moyenne , ce qui eft la même chofe. L'avant-corps du Sallon , fig. 1 , eft décoré de quatre efpeces de colonnes , dont la partie fupérieure repréfenté des palmiers ; ces colonnes font plus me- nues de tige que celle de la figure i , afin qu'elles paroifTent plus légères , & elles portent un entablement compofé , dont la hauteur ell d'une proportion moyenne entre le quart & le cinquième des colonnes , afin qu'il paroiffe moins lourd fur ces dernières , fur lefquelles il porte à faux en avant & par les côtés , pour que la faillie des feuilles de palmier ne paroiffe pas fi confîdérable , ou du moins ne l'excède pas trop , comme on peut le voir à la figure 2 , Pl. ^66. La corniche de cet entablement eft contournée en S des deux côtés , & vient _ s'enrouler au milieu de l'avant corps , pour donner naiffance à une palmette ou agraffe d'ornement qui couronne cette partie du milieu delà corniche , Se par conféquent de l'avant-corps du milieu du Sallon. Cette corniche ainfi contournée , forme une efpece de fronton , dont le milieu du tympan eft rempli par un cartel d'ornement , duquel fbrtent des guirlandes de fleurs qui ornent le refte de la frife , tant de l'avant-corps que du refte du Sallon. L'entablement eft furmonté d'un focle dont la hauteur paroît un peu forte , ce que je n'ai pu faire autrement , parce que l'enroule- ment de la corniche en diminueroit trop la hauteur ; & pour que ce fbcle paroiffe moins haut , je l'ai divifé en deux parties , dont la moins haute , qui eft proche de f entablement , eft terminée en adoucilfement fur ce dernier , ce qui diminue de la hauteur , du moins en apparence. Au-deffus du focle font pofées des corbeilles remplies de fleurs , dont la for- me large & évafée remplit , à peu de chofè près , Fefpace qui eft donné par l'écartement des deux colonnes ou palmiers du bas. A la place de la calotte qui termine le Sallon fig. I , j'ai couronné celui- ci par un pavillon orné de huit pilaftres ou corps faiUants , qui viennent s'ap- puyer fur un focle qui tombe à-plomb , & qui fuit le plan intérieur du Sallon, de même que celui qui fupporte la calotte, fig. r. Les galeries qui accompagnent le Sallon,^. 2 , font , comme je l'ai déjà dit , élevées fur le même plan que celle fg. i , dont elles ne différent que par la décoration des arcades qui font toutes en ornement , & par la forme des colonnes qui les fupportent , lefquelles font diminuées par en-bas en forme de gaines , pour leur donner plus de légèreté. Ces galeries différent encore des premières par la forme de leurs voûtes , qui , à celles dont je parle , font eri berceaux dans toute leur longueur , & dans lefquels chaque ouverture ou arcade Sect. II. Du Treillage orné en général, &c. 1183 forme lunette , comme je l'ai exprimé par des lignes ponâuées dans la figure a , a Pl. -^66 , qui repréfente le plan de l'entablement & des galeries vu en-deiïbus. I'^-'^^ches Des deux morceaux de Treillage dont je viens de faire la defcription , ^ le premier eft le plus régulier, & le fécond eft le plus riche pour la variété & la quantité des ornements dont il efl enrichi , ce que j'ai fait pour donner une idée d'un genre de décoration plus léger & moins froid que celui d'une Architedure régulière, telle que celle delà figure i. Il faut cependant conve- nir que la décoration de la figure 2 , eft fufceptible de beaucoup de licence (comme l'enroulement des corniches , la forme des colonnes , &c.) lefquelles , dans toute autre occafion , feroient des abus , mais qu'on peut tolérer dans les ouvrages de Treillages , fur-tout quand ces licences ne font que dans des par- ties de détail , & qu'elles n'altèrent pas la forme principale des maffes qui doivent toujours être régulières , comme je l'ai obfervé dans la figure 2 , qui, comme je l'ai déjà dit , eft parfaitement femblable à la figure r , tant pour les maflès du plan que de l'élévation , ainfi qu'on peut en juger par l'inlpeélion des figures des Planches 5155 & ^66. Les deux Planches fuivantes repréfentent l'élévation & les plans détaillés ■ d'un autre Sallon en Treillage , dans la décoration duquel j'ai tâché de ioin- dre la richeflè des ornements à la régularité de l'Architefture. Ce Sallon eft d'une forme circulaire par fon plan, /%■. 3 4 , /"/. 3 6 8 • il a 34 pieds de largeur , pris intérieurement , & 47 pieds 6 pouces extérieu- rement du dehors des focles qui portent les colonnes , fur 47 pieds de hau- teur du nud du perron , fur lequel il eft élevé jufqu'au delTus des vafes ou cor- beilles qui couronnent l'attique. Il eft décoré à l'extérieur de 16 colonnes Corinthiennes de 20 pieds de hauteur , y compris bafes & chapiteaux ; ces colonnes font ifolées & éloignées: des pilaftres adaptés au corps de l'édifice d'environ a pieds un quart, & font portés , ainfi que ces derniers , par un focle de 4 pieds de hauteur y compris le parpin de dellôus. L'entablement qui couronne les colonnes , a de hauteur le quart de ces der- nières : fa corniche eft modillonnaire , & fa frife eft enrichie d'un ornement courant dans fon pourtour. Au-delfus de l'entablement eft un focle qui tombe à-plomb du nud fupé. lieur des colonnes , & qui reflTauce d'après chaque groupe d'environ un Cxieme ' du diamètre fupérieur de ces dernières. Au-deffus de l'entablement & de fon focle, & à l'à-plomb du corps qui porte les pilaftres , s'élève un attique qui a de hauteur le tiers de l'Ordre de deflous, y compris l'entablement & le focle de deflous les colonnes ; cet attique eft orné de 16 pilaftres, dont les axes correfpondent à ceux des pilaftres Corin- thiens : ces pilaftres , c'eft-à-dire , ceux de l'attique , font terminés en amortif- fement par leur extrémité inférieure , pour venir regagner la faillie du focle 11-84 L'ART DU T RE I LL A G E U R , Chap. III. .-^■^..-^ qui couronne l'Ordre Corinthien, comme on peut le voir à la figure l , Planches pi_ ^gg ^ qui repréfente le plan de cet attique vu en-deflus. *7 & 3<8. corniche de l'attique relTaute fur chaque grouppe de pilaftre , & elle eft furmontée d'un focle qui porte des ornements & des corbeilles remplies de fleurs, qui terminent tout l'édifice. Les efpaces qui relient entre les pilaftres de l'attique , font remplis par des cadres enrichis d'ornements , dont le milieu répond au milieu de chaque entre- coionueraent de l'Ordre du bas , qui font au nombre de huit ; favoir , quatre grands , où font percés des arcades qui donnent entrée au Sallon , & quatre autres plus petits , au milieu defquels font placées des figures de marbre ou de pierre , pofées fur des focles de même matière. La diftance de ces différents entre-colonnements eft déterminée par la lar- geur des ouvertures , & par le nombre & l'écartement des modillons , qu'il faut compter , non pas d'après le nud des pilaftres ni des colonnes , mais d'après la faillie du larmier modillonnaire , comme je l'ai fait à la figure 2 , qui repré- fente le plan de l'entablement vuen-deflous , ce qui rend l'arrangement de ces différents entre-colonnements un peu difficile à faire, parce qu'il faut d'abord, après avoir déterminé la largeur extérieure du Sallon , prife au nud des pilaf- tres , & celle des principales ouvertures , faire tendre les axes des pilaftres au centre du plan, & prolongés au-dehors ; après quoi on cherche un diamètre, ou , pour mieux dire, une circonférence qui foit capable de contenir un nom- bre de modillons complet, c'eft-à-dire , qu'il s'en trouve un certain nombre , foit pair ou impau- , depuis un des axes des entre-colonnements jufqu'aux axes des colonnes , & pareillement un nombre complet entre les axes de ces dernières. Cette ligne de circonférence étant trouvée, elle donne le devant du larmier modillonnaire , d'après quoi on reporte en-dedans fa faillie fur le nud de l'entablement , plus le demi-diametre du fût fupérieur des colonnes , ce qui détermine au jufte le plan de l'axe de ces dernières, & par confé- quent leur faillie d'après le nud des pilaftres , qui , dans ce plan, fig. 2 ,^ 3c 4 , font accouplés , c'eft-à-dire , approchés auffi près l'un de l'autre que cela eft poffible, fans qu'aucunes parties de leurs bafes Sc de leurs chapiteaux fe pénétrent. Le plan intérieur de ce Sallon eft circulaire , ainfi que fon plan extérieur , & dans les efpaces qui fe trouvent entre chacune de ces ouvertures , font pratiquées des ouvertures faites en forme de niches , dans lefquelles on peut placer des bancs dont la faillie ne nuife point à fintérieur de la pièce. Ce Salbn n'eft pas couvert , ainfi que celui repréfente dans la Planche 3 (î y : mais il eft percé au milieu par uneouverture de 17 pieds & demi de diamètre ; le refte de fon diamètre intérieur étant racheté par une vouffure que forme une efpece d'attique qui couronne la corniche intérieure. Cet attique en vouffure met à l'abri une partie du Sallon , & laiffe en même-temps jouir de la vue du Sect. il Du Treillage orne en général , èci ii8j du ciel, ce qui en rend l'intérieur plus agréable, & en même temps plus a , I . , Planches _ iSy&jSS. Ce Sallon ell élevé fur un perron de cinq marches qui règne tout au pour- tour , pour aider à le faire pyramider , & encore plus pour le garantir de la trop grande humidité ; & j'ai même fuppofé qu'il étoit placé à l'extrémité d'une terralTe, & qu'il étoit vu de l'extérieur du jardin terminé par cette dernière j afin qu'étant ainfi élevé , il fit un meilleur effet. Les Salions dont je viens de faire la defcription , font très-confidérables , tant pour le treillage proprement dit , que pour les ornements de Sculpture dont jg les ai enrichis à l'extérieur. Quant à leur intérieur , à ces diiférents ornements on peut encore y joindre les figures de marbre on de bronze , les peintures , les dorures , les glaces , & même les eaux jaiUifîàntes ; & à ces ornements artificiels en ajouter de naturels , comme les fleurs , les arbriifeaux , & les plantes cou- rantes & légères, qui dilpofés artifteraent , fur-tout à l'extérieur, feroient un très-bon effet en fe liant aux différentes parties de Treillages, où ils forrae- roient des guirlandes qui feroient d'autant plus agréables à voir , que l'art y paroîtroit moins , ce qu'on pourroit faire, non-feulemenc dans les p.irties infé- rieures des Treillages , mais même dans les parties fupérieures , rien n'étant fi aifé que de placer des caiflès dans l'intérieur des focles ( ou toute autre partie oîi elles ne feroient pas vifibles,) d'oii on feroit fortir des fleurs , qui , par ca moyen , pourroient fe changer ou fe renouveller quand on le jugeroit à piopoï, A ces différents ornements, on pourroit encore joindre la mélodie tendre & naturelle des oifeaux, en formant des volières dans l'épaiffeur des corps dâ Treillages , où ces chantres du bonheur & du plaifir fembleroient s'unir aux produâions de la nature & de l'art joints enfemble. Ce que je viens de dire par rapport aux deux Salions repréfentés dans les Planches 355 & 367, peut & doit s'appliquer à toutes les efpeces de Treilla- ges, & cela à raifon de leur forme & ufàge, & encore plus de la plus ou moins grande richeflé de leur décoration, & fur-tout de la dépenfe qu'on veut y faire , ce qu'on doit bien confulter avant que d'entreprendre un ouvrage de quelque nature qu'il puilfe être , afin de n'être pas obligé de le laiflèr imparfait faute da fonds , comme cela arrive très-fouvent , ce qui donne lieu à tant d'ouvrages nonj feulement mal faits ou peu fblides , mais encore où il manque le plus fouvenc des parties eflèntielles à fenferable de leurs décorations. En général, lorfque les ouvrages de Treillage font bien faits , & d'une décoi ration relative à leur deftination & à la place qu'ils occupent dans un jardin , on ne fauroit nier qu'ils n'entrent pour beaucoup dans la décoration totale de ces mêmes jardins , dont ils augmentent la magnificence. Cependant quelqu'agréables que foient les ouvrages de Treillage , il ne faut pas les employer indifféremment dans tous les jardins ni dans toutes les parties d un jardin , à moins que les Treillages ne s'accordent parfaitement avec fà Treillageur. z 13 IIË6 L'ART DU TRElLLAGEUR,amp. m. - fituadon & décoration totale , foit pour terminer agréablement les extrémitcs Planches d'une allée , ou même du jardin en général , ou pour en décorer les faces laté- 3 «S? & j<f8. ^^^^ ^ fuppofé que les uns &les autres foient bornés par des murs ou autre chofc défagréable à voir ; car quand les vues ou extrémités d'un jardin ne font pas bor- nées , du moins d'une manière défîigréable , il faut bien fe donner de garde d'y rien placer qui en interrompe la vue ; & fi pour quelque raifon on vouloit y placer des Treillages , il faudroit y obferver d'aflez grandes ouvertures pour qu'on pût toujours , de l'intérieur d'un jardin , jouir de l'alpeâ des dehors , qui , quand il efl: agréable , eft préférable à tous les ouvrages de l'art, quels qu'ils puifTent être (*). Je n'entrerai pas ici dans le détail des différents ouvrages de Treillage orné,' quelles que foient leurs formes & ufàges , non plus que dans celui des parties de détail des deux Salions dont je viens de faire la defcription, parce que cela devien- droit inutile , d'après ce que j'ai dit jufqu'à préfent au fujet des différentes elpeces de Treillages ; de plus, c'eft (comme je l'ai déjà dit) la place, & fur-tout le plus ou moins de dépenfe que l'on veut faire , qui doivent décider de la forme & de la richelTe des ouvrages de Treillage ; c'eft pourquoi au lieu des préceptes que je ne donne pas ici , qui , d'ailleurs , ne pourroient être que des à-peu-près ^ je crois devoir confeiller aux jeunes Treillageurs qui veulent acquérir une con- noilîance parfaite de leur Art, (quant à ce qui concerne la théorie ) de vifiter & d'examiner avec foin les ouvrages de leur Art qui ont la réputation d'être les plus parfaits , d'en mefurer exadlement toutes les dimenfîons , tant générales que particulières , afin de fe rendre compte des rapports qu'on a obfervés entre les pleins & les vides de ces mêmes ouvrages. Il faut auffi qu'ils examinent fi les ouvrages qu'ils mefurent font placés de manière à être vus de loin ou de près ; s'ils font environnés de mafles , foit d'arbres ou de bâtiments , ou s'ils font placés au milieu d'un efpace vide ou fuppofé tel , ainfi que l'air qui nous environne , parce que toutes ces confidérations ont fervi , ou du moins ont dû fèrvir à déterminer les formes & les rapports de ces ouvrages, tant dans les parties qui en forment l'enfemble , que dans celles de détail. Ce n'eft pas cependant qu'il faille regarder tous les ouvrages faits comme des modèles parfaits à imiter dans toutes leurs parties ; il faut même avouer qu'il y en a peu qui le foient ; que la plus grande partie ne doivent leur perfeélion qu'au hazard , & qu'il en eft même qui font abfolument mauvais ; mais il faut toujours les examiner & les meforer tous , ne fût-ce que pour éviter de tomber dans les mêmes défauts; C*) C'eft la jouiffance des points de vue des dehors, qui fait la principale beauté des jardins. Celui de Seaux eft peut-être le plus magnifique , par rapport à ce genre de beauté y de tous les jardins de nos Maiibns Royales, fans en excepter rncme celui de Marly , qui eft cependant un lieu délicieux, mais dans lequel, malgré tous les ef- forts de l'opulence & de l'arc réunis , on n'éprou- ve pas la même fenfation que dans celai da Seaux, quoique beaucoup plus ïïmple, & cela parce que laûtuation & la beauté des dehors de ce dernier, décoré par les mains de la nature, plaifent davantage que toutes les vues fiiperbes, mais bornées, de celui de Marly , où de plus la nature femblc être anéantie , ou du moins très- gênée pai-touc. Sect. II. Du Treillage orné en général, &c. 1187 Ces défauts ne peuvent pas échappera celui qui a déjà des connoilTances théori- = ques & pratiques de fon Art , connoifTances que je fuppofè toutes acquifes avant l'examen que je recommande ici , & fans lefquelles il feroit abfolument infruc- tueux & même nuiCble , puifqu'il ferviroit plutôt à infpirer de l'orgueil en por- tant à l'efprit de critique , qu'à former le jugement ; au lieu qu'en faiftnt cet examen avec les connoilTances requifes , on eft moins prompt à juger , & par conféquent à juger mal, & on ne juge même qu'après avoir mûrement réflé- chi fur les raifons qui ont dû porter à choilîr telle forme ou tel compartiment, & à les préférer à d'autres qui auroient peut-être auffi bien ou même mieux fait (*). Après avoir ainfi puifé dans les ouvrages déjà exécutés , toutes les connoif- fances qui peuvent fervir à former le jugement , relativement à fon Art, il faut paiTer à l'exécution de l'ouvrage, non pas en nature, mais en deflin, qu'il faut d'abord faire petit , pour décider des formes principales, enfuice plus en grand, à demi-pouce, & même à pouce pour pied , pour fe rendre compte des parties de détail dont il eft bon de faire des développements à part; & quand l'ouvrage eft d'une certaine conféquence , il faut le tracer en grand fur le mur , afin de ne rien faire au hazard, & d'être parfaitement sûr de l'effet qu'il fera lorfqii'il fera exécuté. Quoiqu'il foit rare qu'il y ait toujours de grands ouvrages à faire , & encore plus que tous les Ouvriers fcient dans le cas de préfider à leur exécution , cela ne les difpenfe pas de faire les études que je leur recommande ici, ne fût-ce que pour les mettre à portée d'entrer plus facilement dans les vues de ceux fous le commandement defquels ils travaillent, y ayant certains cas, fur-tout dans les Arts méchaniques , où , pour bien obéir , il faut être en état de commander , ou du moins de connoître les raifons qui déterminent celui qui commande. Planches 357 & jêâ< Section Troisième. Dts Corheilks de terre ; de leurs formes ô conflruzlion. L ss ouvrages de Treillage fervent non-feulement à orner les diverfes parties des jardins, comme revêtiffements, ou comme des corps d'Archite6lure , tels ^"5™' que ceux dont j'ai parlé ci-devant; mais ils fervent encore à orner l'aire ou parterre de ces mêmes jardins, en entourant les compartiments des parterres foie (• ) Si tous ceux qui fe mêlent de critiquer les ouvrages, (de quelque nature qu'ils foient) pre- noicnt les précautions que je recommande ici , on ne verroit pas tant d'apologies ou de m.auvai- fes critiques, faites le plus fotn>ent fansconnoif- fance de caufe , & on ne loueroit ou on ne dé- crieroit pas fi facilement des ouvrages qu'on n'a quelquefois pas lus, ou que très-fuperficielle- ment , &: dont oti ne connoît même pas la ma- tière. Ce n'eft pas que de femblablcs apologies ou critiques falfent rien à un ouvrage , qui n'en cit pas pour cela meilleur on plus mauvais ; mais ce qui eil un grand mal , c'eft qu'elles en impo- fent au^c igiiorants , qui , malheurcufement , for- ment le plus j^Tand nombre de ceux qui lifcnE ces fortes d'apologies ou de critiques. ii88 LART DU T R 1 1 LLA G E U R , Chap. 111. avec des bandes ou bordures dont j'ai parlé ci-devant , page 1142 , ou avec des Planche Corbeilles à compartiments, qu'on nomme CorbdLU de rer/e & dont je vais 3 dp, faire la defcription. Il y a des Corbeilles de terre de différentes elpeces , foit pour la forme ou la grandeur ; mais leur conftrudion eft toujours à peu-près la même ainfi que leur ufage , toutes fervant également à enfermer des fleurs qu'on change quand on le juge à propos. Ces Corbeilles de terre font ordinairement cintrées par leur plan , félon la forme qu'on veut leur donner , ou , ce qui eft encore mieux , félon que l'exige l'enfemble du parterre dans lequel elles font placées. Il y en a de fimples & de doubles ; les fimples ne forment qu'une enceinte d'environ un pied de hauteur , & les doubles en ont deux, trois , & quelquefois même davantage , diftantes les unes des autres d'un à deux pieds , & parallèles les unes aux autres , en fui- vant toujours les contours de la première. Ces différentes enceintes ne font pas de niveau avec le dellùs de la première ; mais elles s'élèvent pyramidalement les unes au-deffus des autres , afin que les fleurs qui font placées entre, fe détachent mieux. Quelquefois les enceintes des corbeilles doubles font d'un contour différent, comme celle repréfentée en plan , fig. a , ce qui , à mon avis , fait très-bien ; parce que la différente forme des contours préfente comme autant de caflès réparées les unes des autres , ainfi que celles A, B , C , D,fig. a , ce qui m'a fait choifir cette difpofition de préférence à toute autre , comme celle qui fait un meilleur effet. La Corbeille de terre dont je fais la defcription , & qui eft repréfentée en élé- vation ,Jïg. I , & en plan ,Jîg. 2,33 pieds 6 pouces de hauteur du deffus de la féconde enceinte , & 5 pieds 7 pouces du deffus du vafe qui eft placé au milieu ce qui n'eft pas une hauteur trop confidérable , parce que je l'ai fuppofé placé au milieu d'un boulingrin de ly à 20 pouces de profondeur, de forte qu'il ne peut pas interrompre la vue du jardin. La plus grande Corbeille , c'eft-à-dire , celle qui eft la plus proche de terre ^ a 14 pieds 2 pouces de longueur, fur lo pieds 4 pouces de largeur, & 13 pouces de hauteur du delîus de' la marche ovale de gazon E F G H , fur laquelle la Corbeille eft élevée. Cette première enceinte de la Corbeille , quoique très- contournée , eft enfermée dans un ovale concentrique à la marche de gazon : elle eft compofée de quatre demi-ovales , dont les petits axes paffent par ceux du grand ovale qui l'enferme , & de quatre angles creux ou oreilles /, L, M, N, lefquels donnent naiffance à huit autres oreilles droites qui féparent ces dernières d'avec les demi-ovales. Cette première Corbeille eft évafée en dehors , fur fa hauteur , d'environ 6 pouces du devant de l'ouvrage , comme je l'expliquerai ci-après , en détaillant les développements de cette Corbeille. La Sect. ni. Des Corheiiles de terre ; de leurs formes & conjlrucllon. ii8p La féconde enceinte a 5 pieds 11 pouces de longueur, fur 4 pieds 4 pouces de largeur , prife fur fes axes ; & 7 pieds 5 pouces de longueur , prife diagona- lement fur la ligne IN , ou fur celle L M , ce qui eft la même chofe. Le contour de cette lèconde enceinte eft compofé de quatre parties d'ovale , correlpondantes à celles de la première enceinte , auxquelles elles font parfaite- ment femblables , de manière qu'il forme avec ces dernières des ovales parfaits , ce qui donne les quatre calTes A, B,C,D, dont j'ai parlé ci-delTus. Les quatre angles de cette féconde enceinte font abattus, c'eft-à-dire, qu'ils préfontent quatre faces diagonales i J pouces de largeur, qui correfpondent , autant qu'il eft poifible , avec les oreilles ou angles creux , & font difpofées de manière qu'il refle affez de vuide entr'ellcs & ces dernières , pour y placer des fleurs , & qu elles n'empcclient pas la vue du milieu des ovales de côté. Cette féconde enceinte eft contournée fur fa hauteu'r, comme on peut le voir dans la figure i , & chacun de fes huit angles eft orné d'une agraife ou confole en fculpture, qui les couvre & qui fenible les foutenir. , Le rempliifage de cette féconde Corbeille ou enceinte , eft beaucoup plus riche que l'autre, c'eft-à-dire, la première; ce qui eft tout naturel, parce qu'étant plus élevée que cette dernière , elle eft plus en vue & moins expofée aux accidents caufés , foit par le voifinage de la terre , ou le choc des corps étrangers. Du milieu de la féconde enceinte s'élève une autre Corbeille en forme de vafe applati , qui fert à faire pyramider le tout. Cette dernière Corbeille ou vafe eft d'une forme ovale par fon plan : elle a 2 pieds de hauteur , & autant de lar- geur, prife fur fon grand axe & à fon extrémité fupérieure. A la place de cette dernière Corbeille , on pourroit mettre une figure , ce qui feroit très - bien ; & même dans le cas d'un jardin richement décoré , des eaux jaiUiffantes de peu de hauteur, comme des bouillons ou des champignons , ce qui ne pourroit que faire un effet d'autant meilleur, qu'en récréant la vue, elles procureroient beaucoup de fraîcheur aux fleurs placées dans la Corbeille. Une Corbeille de terre telle que celle repréfentée fig. i & 1, feroic d'une très-riche exécution , & ne pourroit que très-bien faire , étant garnie de fleurs par les mains d'un Jardinier adroit & intelligent , lequel tireroit parti des diver- fes formes de ces plans, pour y diftribuer les fleurs d'une manière avantageufe à la forme totale de fouviage , & de la manière dont elles pourroient être vues ; c'eft ce qui m'a engagé à repréfenter h Corbe Ue ,fg. i , toute garnie de fleurs , pour qu'on puifle mieux juger de l'effet qu'elle pourroit faire étant exécutée. Quant au plan ,Jîg. 2 , j'y ai repréfenté les principales malTes des bâtis qui for- ment les différentes enceintes de la Corbeille , afin qu'on puifle voir d'un coup d'œilla place qu'elles occupent, & leurs difpofitions refpeétives à l'égard les unes des autres ; de plus, U étoit nécelTaire de tracer le plan de ces différentes maflès de bâtis , pour me rendre compte de l'effet de chacun des plans , ce qu'on Trejllageur, a 14 Pi an'Chs 369. iipo VART DU TREILLAGEUR. Ckap.IIf. •eU. également obligé de faire quand on vient à l'exécution de ces fortes d'ou- vrages , comme je l'expliquerai ci-après. " Quelles que foient la forme & la richefle des Corbeilles de terre , leur conf- tru£lion eft à peu-près toujours la même, & elles font toujours compofées d'un bâtis de Menuiferie difpofé pour recevoir la garniture ou rempUfTage de Treil- lage , comme je l'ai déjà enfeigné ci -deffus , & qu'on peut le voir à la figure 3. Ces bâtis de Menuiferie ne font ordinairement que des membres de moulures diverfement profilés , & dont le contour fuit le plan de la Corbeille , & qui font feuilles intérieurement pour recevoir les garnitures de Treillage qu'on attache defl"us , comme on peut le voir à la cymaife A , fig. 3 (& 4 , laquelle fert de couronnement à la première Corbeille , dont la partie inférieure eft terminée par une plinthe B , même Figure, Cette plinthe porte ordinairement fur le nud de la terre , indiqué par la ligne C D ; mais il vaut beaucoup mieux la faire un peu plus large , afin qu'elle entre d'environ 1 pouces dans la terre, afin de donner plus de folidité à fouvrage , comme je fai obiervé aux deux figures 3 & 4 , qui repréfentent , l'une une partie de Corbeille vue de face & de profil , & l'autre cette même partie de Corbeille vue en dedans & en coupe , pour qu'on puiffe mieux juger de fa conftruâion. A tous les angles delà Corbeille font placés des montants E,fig. 4, qui fbutiennent les cymailes avec lefquelles on les alTemble fimplement en entaille , vu le peu de confiftance de ces dernières. On ne fait pas d'affemblages par le bas de ces montants , parce qu'ils pourriroient trop vîte ; mais on fe contente d'entailler les plinthes à l'endroit des montants , & de les arrêter deffus avec des clous , ou avec des vis , ce qui vaut encore mieux. Comme ces montants font placés dans les angles , foit faillanrs ou rentrants , & qu'ils font cintrés fur leurs faces , leur conftrudtion devient un peu fujette , du moins pour ceux qui n'ont pas de connoiffânce dans l'Art du Trait , ce qui fembleroit exiger que je donnaffè ici quelques notions de la conftrui5lion de ces fortes de courbes; mais comme les principes de leur conftruâion font les mêmes que ceux des fers des angles des Berceaux , dont j'ai parlé ^ page 1079, on pourra y avoir recours ; ou , ce qui eft encore mieux , à mon Art du Trait , Seconde Partie de mon Ouvrage , page 354. Les bâtis des Corbeilles de terre font feuillés pour recevoir la garniture quand cette dernière eft double, comme aux figures 3 & 4; & en général à toutes les Corbeilles fimples on fait deux feuillures à la cymaife A, fig. 3 , l'une qui fert à placer les montants perpendiculaires qu'on attache d'abord de/fus , & l'autre pour faire entrer les extrémités de la garniture , qui , par ce moyen , fe trouve retenue d'une manière fixe. Quant à la plinthe jB , on n'y fait qu'une feuillure , dans laquelle fe placent & s'arrêtent d'abord les montants perpendiculaires , & enfuite la garniture à -l'ordinaire. SeCT. m. Des Corhe'dks de. terre ; de leurs formes ô' conflruBlon. Iipi Quant aux montants des angles , on n'y Eiit pas de feuillures , mais fimple- - ment des rainures peu profondes, dans lefquelles on fait entrer les extrémités de la garniture. Les montants perpendiculaires de k garniture doivent être un peu épais , pour donner plus de confiftance à l'ouvrage , & que l'épaifleur de la joue des rainures des montants d'angles , qui doit être égale à celle des montants per- pendiculaires, foit un peu plus forte. Quand on veut donner plus de folidité à l'ouvrage , on y met de diUance en diftance ( comme , par exemple , de 3 en 3 pieds dans les parties droites , & de a en a dans les parties cintrées,) des bandes de fer d'une forme parfaitement femblable aux montants perpendiculaires de remplifTage, ce qui folidifie l'ou- vrage , & lui aflure une forme confiante. Les cerces qui corapofent les bâtis des Corbeilles dç terre , ne peuvent pas être d'une feule pièce, tant par rapport à la grandeur des parties cintrées , que par rapport au bois tranché , qu'il faut éviter autant qu'il eft polfible , ce qui oblige à les faire de plufieurs pièces , qu'on alFemble les unes avec les autres à traits de Jupiter , du moins autant qu'on peut le faire , atnfl que je l'ai enfèigné page 1 175 ; cependant quand le trop peu de groffeur des pièces , ou la forme de leurs profils , empêcheront de les aflembler ainll , on fe contentera de les joindre en flûte ou habillure, en obfervant toutefois d'y faire un ravalement à chaque pièce , pour conferver un peu d'épailTeur à l'extrémité du joint , ce qui lend la pièce plus folide , fur-tout quand fon extrémité eft à bois tranché , comme cela arrive à toutes les pièces cintrées. En faifant les ravalements de ces joints , il faut faire en forte que leur profon- deur foit égale à celle de quelques-uns des membres du profil de la pièce , comme je l'ai obfervé aux figures 7, 8, 51 & 10 , parce qu'alôrs ces joints devien- nent beaucoup plus propres , mais encore plus folides , en Ce qu'ils préfentenc moins de parties aiguës , & par conféquent fujettes à s'éclatter & à pourrir plus Vite ; & fi l'on vouloit donner à ces forces de joints toute la folidité poffible , ce feroit de les couvrir d'une ou deux bonnes couches de peinture à l'huile avanc de les alTembler , en obfervant de mettre la féconde couche avant que la pre- mière fût parfaitement feche , pour la conferver dans un état de molleffe qui l'empêchât de prendre corps avec le bois , avant que les deux parties du joint, ainfi imprimées , fuflent réunies enfemble , ce qu'il faudroit faire avant que la féconde couche de peinture fût feche: au moyen de cette précaution on affure la durée de l'ouvrage , en folidifiant les joints des courbes auxquels la peinture fert de colle , ce qui les empêche de s'ouvrir à l'air ; & quand cela arriveroit j l'eau qui s'y introduiroit , ne pourroit y faire aucun tort , parce qu'elle trouveroic tous les pores du bois bouchés & occupés par la peinture. On pourroit même prendre la même précaution pour tous les joints , & même les aflemblages des bâtis de Treillages , qui étant :dnfî couverts de peinture , feroient moins fujets irpa L'ART DU T RE I L L AG E U R , Chap. III. à reflentir les mauvais effets de Fliumidite, & même de la chaleur, qui, ainfi que cette dernière , s'introduit dans les pores du bois & en défunit les parties en les refferrant les unes fur les autres , ce qui donne à l'humidité une entrée beau- coup plus libre, & par conféquent accélère la deftruûion totale du bois , qui, alors, fe pourrit bien promptement. Ce que je viens de dire par rapport aux courbes des Corbeilles de terre , peuc & doit s'appliquer à toutes les autres courbes des Treillages, de quelque nature qu'elles puilTènt être , & même en géaéral à toutes les parties des ouvrages de cet Art, qui ne font durables qu'autant qu'on apporte beaucoup de foins à leur conferyation , foit lors de leur conftrudion, foit quand ils font entiéremen: finis. Les Corbeilles de terre s'arrêtent en place avec des racineaux qu'on enfonce en terre , & dont l'extrémité fupérieure s'arrête contre la partie intérieure de la plinthe , comme je l'ai déjà dit en parlant des bandes de parterre , page \ 142 ; & pour que ces derniers les foutiennent mieux , on feroit très-bien d'y faire des entailles à environ la moitié de leur épailTeur, comme à celui F , fig. 3 , fur lefquelles pafferoient les plinthes de la Corbeille, comme on peut le voir dans cette figure. Cette manière de difpofer les racineaux , n'a d'autres difficultés que la fu jétion qu il y a de les pofer avant la Corbeille , ce qui demande beaucoup de juftelTe pour les bien pofer à leur place, fur-tout dans les angles, à quoi on pourroic remédier en fcélantles racineaux fur un petit mafflf de maçonnerie , au lieu de les enfoncer en terre à coup de mafTe , ce qui ieroit beaucoup plus folide, & leveroit toute efpece de difficulté, parce qu'alors on pourroit attacher les raci- neaux avec la Corbeille avant que de pofer cette dernière , & les (céler enfuite. Il faut mettre des racineaux à tous les angles des Corbeilles de terre , & avoir foin que leurs entailles fuivent bien exaftement la forme de ces angles , afin qu'étant attachés fur les pièces qui les forment , ils les maintiennent dans leur état primitif , ainfi que je l'ai obfervé à la figure 6. La figure i repréfente la coupe des bâtis de la féconde enceinte de la Cor- beille de terre repréfentée i g- , , PL 3^^, & p,^^,^ ^.^^^^ bat,s vus de face & par derrière , pour qu'on pui^-e mieux juger de leur forme. Cette féconde enceinte , élevée d'environ un pied au-deffus de la première , eft portée par des racineaux C// & /Z, qui ne différent de ceux de la pre- mière enceinte que par la longueur & la groffeur, & qu'il eft bonde les fcéler au lieu de les enfoncer , quoiqu'ils foient di/pofés de cette manière dans les figures de cette Planche. Ces racineaux ne palTent pas le deffus du fécond membre de moulure du bas , afin de ne pas préfenter de maffe apparente , & ils font rem- placés pr des montants de fer M , A^, O, />, qui foutiennent l'enfemble des batis, & dont le peu de capacité ne peut pas faire un mauvais effet au travers des rempliffages de la Corbeille , fuppofé même qu'on ne pût pas les cacher der- r^ere, fort en tout ou en partie, q^^; Sect. m. Des CorhdlUs de terre; de leurs formes & conftraaion. tî^j Quoique des montants de fer foient très-folides pour entretenir les bâtis ds cette Corbeille, il faut cependant, fur-tout dans le cas où elle feroit cintrée fur l'élévation , ainfi que celle-ci , il faut , dis je , avoir foin d'y mettre de dif- tance en diftance des cerces de fer qui en fuivent le contour, & qu'on attache fur les moulures horizontales qui forment les bâtis. Ces cerces peuvent fe dif- pofer de deux façons différentes , foit en les plaçant derrière les garnitures de la Corbeille , ou en les faifant femblables à ces dernières pour la forme extérieure , comme elles doivent l'être pour le contour. Quant aux bâtis de cette dernière Corbeille, il faut, lorfqu'ils ne forment pas quelques membres de moulure apparents , ainfi que celui , i , il faut , dis-je, qu'ils foient le moins gros poffible, afin de ne pas préf^iter' de trop grandes malles , qui font toujours mal lorfqu'elles paroiffent au travers des com- partiments de Treillage. Quant aux autres, qui font membres de moulures, comme ceux QSS^T, leur largeur, ou, pour mieux dire, leur hauteur sft déterminée par le profil de l'ouvrage, à quoi on ajoute feulement ce qui eft néceifaire pour appuyer ou pour porter les garnitures de Treillage , comme on peut le voir dans cette figure; & quand leur hauteur eft très-petite , comme ■ cela arrive quelquefois , on les fait le plus larges qu'il eft poffible , afin de leur donner plus de force. Comme cette féconde enceinte s'élève beaucoup au-deffus de la première ^ & qu il faut qu'elle foit remplie de terre, au moins jufqu'au-deffus de la pièce S,jig.-L,à, même 3 à 4 pouces au-delîus, on garnie tout l'intérieur avec des planches qui s'attachent fur les racineaux, & qui defcendent jufqu'à environ au-delfus de la première enceinte , comme je l'ai indiqué par des lignes h, c, fig. I. Ces planches ainfi difpofées , forment une efpece de cailFe qui retient la terre de la féconde enceinte, fans pour cela empêcher qu'elle ne communique par-deffious avec la première , & n'y porte le fuperflu de fon humidité. La figure 2 repréfente la coupe & félévation, (la moitié prife pour le tout ) des bâtis de fefpece de vafe qui termine le milieu de la Corbeille de terre , fig. 1 2 , Pl. ^69. Ces bâtis forment autant de cerces ovales , dont le profil eft difpofé en raifon du galbe ou contour de ce vafe, & qu'il a été par conféquent neceffaire pour recevoir & y adapter les garnitures de Treillages. Le fond du vafe eft terminé par un morceau de bois plein, qui lui-même eft loutenu par un montant de à 3 pouces de gros , qui porte fur le plateau [/ qui foutient le tout , & fur lequel le vafe eft fortement arrêté. Le plateau eft foutenu par quatre poteaux ou racineaux qui font fcélés en terre , amfi que les autres donc j'ai parlé ci-devant, & doivent être alfez gros pour ne pas pourrir trop promptement. Il faut en général, que toutes les parties qui compofent le vafe, fi. , (fur.tout les inférieures) foient très-folides, parce qu'il doit fupporte'r & Treillaceur. „ B 14 II54 L'ART DU T R E I LL A G E U R , Chap. 111. ■ ■ contenir un autre vafe foit de terre ou de plomb , qui monte jufqu'à environ la Planche ligne ef. Se. dans lequel on met de la terre & des fleurs. Pour que le vafe fig. 2, ait toute la Iblidité poffible, il efibon aufll d'y mettre au moins quatre lames de fer qui en fuivent exadlement tous les contours , foit que ces lames foient placées derrière les garnitures de Treillage , ou qu'elles en faffent partie , ainfi que je l'ai dit plus haut. Quant aux parties de détail de ce vafe, je n'en parlerai pas ici , non plus que de celles de rempliflàge ou des garnitures du refte de la Corbeille , parce que ces différentes parties feront traitées avec plus d'étendue dans la Seélion fuivante. On fait des Corbeilles de terre de toutes fortes de grandeurs , foit qu'elles foient fimples , doubles , & même triples , comme celle-ci. La forme du contour de leur plan eft auffi aflez arbitraire , du moins quant à ce qui eft relatif à leur conftruâion ; car elle doit être en rapport avec la place qu'elle occupe dans un jardin , & avec les parties qui l'avoifincnt , comme je l'ai dit plus haut. Cependant quelle que foit cette forme, il faut toujours que les contours en foient doux & coulants , que les parties qui forment l'enfemble du plan foient en rap- port les unes avec les autres , & fur-tout qu'elles ne foient pas trop petites , comparaifon faite entr'elles & avec le tout. Il faut auffi avoir grand foin , en traçant le plan de ces fortes d'ouvrages, de prendre garde il les contours intérieurs feront auffi bien que les contours exté- rieurs ; ce qui n'arrive pas toujours , comme on peut le voir à la figure 6 , dont le contour extérieur, qui eft celui de la cymaife, fait très-bien , pendant que l'inté- rieur, qui eft celui de la plinthe, fait moins bien ; & cela parce que le centre de la partie ronde qui palTe au nud de la ligne ^ A ,fig. 6, fe trou ve trop en dedans de l'angle 2 du plan intérieur, ce qui oblige à terminer la partie ronde de ce plan , par une ligne droite il, ce qui non-feulement rend l'exécution de l'ouvrage plus difficile à faire , mais encore fait un mauvais effet ; ce qui eft cependant moins mal que II on continuoit l'arc de cercle de / à m. L'oreille ou angle creux de cette figure , eft dans le même cas que la partie ronde , c'eft-à-dire , qu'elle fait bien aux contours extérieurs , & mal aux con- tours intérieurs , parce que fon centre qui eft en n , eft trop éloigné du contour intérieur , ce qui le rend trop plat. Pour remédier à ces différents inconvénients , & fur-tout dans le cas d'une Cor- beille fimple , il faut reporter le centre de la partie ronde, y , au-devant de l'an- gle du contour intérieur , fur la ligne op. Si celui de l'oreille de r en ^ , ce qui donne plus de grâce à ces différents contours , fuppofé toutefois qu'on puifîe le faire , Se qu'on ne foit pas gêné par celui de l'enceinte intérieure de la Cor- beille , lorfque cette dernière eft double , comme cela m'eft arrivé dans la dif tribution du plan de celle repréfentée Jîg. 1, PL^6ç; parce qu'alors on eft obligé de facrifier les parties de détail à l'enfemble de f ouvrage , ce qu'on ne doit faire qu'après y avoir bien réfléchi , & avoir edâyé de dijïerentes formes Sect. IV. Des Ornements de Treillages en général, &c. iii^^ Se moyens pour juger de ce qu'il fera le plus convenable de faire pour donner à fa compofition toute la perfeiftion dont elle peut être fufceptible , & toujours Pi-anche autant que cela pourra fe faire fans rien altérer de la folidicé de la conllruétion , qu'on doit toujours préférer à la beauté de l'ouvrage. S E G -T I o N Quatrième, Des Ornements de Treillages en général, & de leurs différentes ejpeces. Les ornements de Treillages dont je vais traiter ici , font de plufieurs efpeces ; favoir, ceux qui font fimpleraent formés par des lignes droites ou courbes , mais parallèles entr'elles , tels que les compartiments de toutes fortes , & ceux qui font découpés & galbés d'une certaine manière , de fotte qu'ils repréfentent , ou, pour parler plus jufte , imitent les ornements de Sculpture, comme ceux de moulures , les fleurs , les guirlandes , &c. Je ne parlerai pas ici' de la première de ces deux elpeces d'ornements , du moins quant à la théorie , parce que j'ai traité cette matière avec alTez d'étendue au commencement de cette Partie de mon Ouvrage , page 1 097 , où à la théo- rie des compartiments , j'ai joint plufieurs exemples de ces mêmes coraparti- nients, d'après lefquels on peut en compofer d'autres plus ou moins riches, félon qu'on le jugera à propos , & que l'enfemble de l'ouvrage pourra le permettre. Tout ce que je puis dire ici , c'eft que dans le cas des ouvrages de confé- quence , on peut augmenter la richeffe des compartiments , en y ajoutant quel- quefois des ornements de la féconde efpece , comme des fleurons des rofaces &c. On peut encore augmenter la richeflè des compartiments , en employant alternativement dans leur compofition, des lignes droites & des lignes courbes , & en y faifant entrer quelquefois des cadres de menuiferie, & même des orne- ments de Sculpture , comme de grandes rofaces, des trophées , &c. La perfedion dans la main-d'œuvre augmente auffi la richeffe de l'ouvrage ; c'eft pourquoi on feroit très-bien , dans le cas d'un ouvrage de conféquence , de drelfer & de corroyer à la varlope toutes les pièces qui fervent à former les compartiments droits, ce qui les rendroit beaucoup plus réguliers. On pour- roit même entailler les échalats avec les lattes, à moitié de leur épaiffeur, de manière qu'ils affleurent les uns avec les autres , ce qui feroit un très-bon effet, mais ce qui rendroit l'ouvrage d'une exécution très-fujette , & par conféquen: plus longue & plus coûteufe. Il faut cependant faire attention qu'en entaillant ainfi les pièces qui forment les compartiments des Treillages , on en diminue la force , ce qu'il faut abfolu- ment éviter dans des ouvrages où les compartiments forment eux-mêmes le Planche 570. 1.1^6 L'ART DU TREI LLAGEU R, Chap. III. corps da Treillage ; mais à ceux où les compartiments font portés par des bâtis de Menuiferie , dont ils ne forment que les panneaux , il n'y a aucun danger de les faire de cette manière , c'eft-à-dire , d'entailler les pièces qui forment les compartiments , à condition toutefois qu'elles auront au moins 6 lignes d'épaif- feur, & qu'on aura la précaution d'enduire les entailles de peinture avant que d'aflembler les pièces les unes avec les autres. Quant aux ornements de la féconde efpece, qui imitent les ouvrages de Scul- pture, Je vais les détailler autant qu'il fera nécelfaire pour bien faire entendre cette partie de l'Art du Treillageur , qui efi celle qui demande le plus de génie & d'adrelTe, du moins quant à ce qui concerne l'exécution de l'ouvrage. §. I. Des Ornements des moulures de Tn 1 gênerai i & de leur eonftruelion. Plakche 371- J!*!if:: Les moulures , abftraftion faite de celles qui font droites & plates , comme les larmiers, les lifteaux, &c. font de trois efpeces ; favoir, les rondes ou con- vexes A ,fig. I , les creufes B , flg. 4 , & les mixtes C & D , fig. 7 & 10. (*) Dans les ouvrages d'Architeélure , dont toutes les parties font & doivent être pleines & folides , tant de fait qu'en apparence, les moulures de ces mêmes ou- vrages peuvent refter pleines & lilTes , fans aucune efpece d'ornement à leur furface , comme les profils A, B ,C &. D ,fig. i , 4, 7 <& 10. Dans les ouvra- ges de Treillage , au contraire , dont toutes les parties doivent être percées à jour , ( à moins qu'elles ne foient abfolumcnt trop petites , ) les moulures ne peuvent pas être pleines ; de forte que quelque fimples qu'on veuille les faire , elles paroiïîènt toujours un peu ornées par rapport aux compartiments que for- ment les parties qui les compofent. En général , les moulures de Treillage font compofées de parties droites ou courbes , difpofées en diftérents fens , ou de parties découpées qui imitent des ornements de Sculpture. Dans l'un ou l'autre cas , on ne peut rien décider tou- chant la grandeur & la forme des pièces qui compofent le rempliflàge des mou- lures , fans avoir auparavant tracé à part le développement de ces mêmes mou- lures, ce qui fe fait en divifant leurs pourtours, c'eft-à-dire, celui de leur profil , en un nombre de parties égales , les plus petites poifibles , & en les reportant enfuite fur une ligne droite , comme do u à ^ , ^g. i , ce qui donne le développement de la furface du quart de rond A , même figure. Le profil A étant auin divifé , ainfi que fon développement , on trace par chaque point de divilîon autant de lignes parallèles qui fervent à déterminer la forme des pièces de rempliflàge des moulures : comme la diftance ab , fig. I , en a donné la mm, (*) Je n'entrerai pas ici dans un p!us grand (iécail touchant le genre , la forme & la divi- fion des différentes efpeces de moukires , ainfi <jue de leur conftruftion géométrique , parce commencement de la première Partie de mon Ouvrage \ & que de plus cette defcrîption dé- taillée des moulures n'ell pas nécelîaire ici , où il n'eft queltion que de leurs ornements , que j'ai traité ce fujet avec affcz d'étendue au | & de la manière de les conllruire en Treillage. longueur, Sect. IV. §. I. Des Ornements des moulures de Treillages , &c. 1197 longueur, piife des angles c,d, du quart de rond A, fig. I : ces l'giies parallèles fervent auffi à déterminer la courbure des pièces de l'angle du pro- fil , ce qui eft général pour toutes fortes de profils , & qui fe fait de la manière fuivante. Les lignes parallèles provenantes des points de divifion du profil /l , étant tracées & prolongées jufqu'au profil d'angle , même figure , des points e , f, g , h , L Se l, où ils coupent la courbe de ce profil , & de ceux d &. m , qui en font les extrémités, on abaiifc autant de perpendiculaires à la furface déve- loppée, & on les prolonge jufqu'à ce qu'elles rencontrent les parallèles de cette dernière, qui font correfpondances à celles du profil, d'après lefquelles on a abailîé les perpendiculaires dï,ei,f'^, Ôic , ce qui donne la courbe 1,2, 3 , 4 , J , &c. laquelle n'eft autre chofe que le développeraeat de l'angle du profil , Jîg. i. Quand le profil eft creux, comme celui ^o'. 4, on fait toujours la même opération pour avoir la courbure développée de fangle du profil , comme on peut le voir aux figures 4 & 7 , & à leur développement placé au-delTous , ainfi qu'à toutes les autres figures de cette Planciie, ce qui n'a pas befoiii, je crois, d'une plus grande explication. Ce que je viens de dire touchant le développement des angles des mou- lures , n'eft applicable qu'autant que le plan de ces mêmes angles eft quarré j car quand il eft aigu ou obtus , l'opération , quoique la même, eft plus com- pliquée , parce qu'il faut d'abord tracer en plan ces angles , ainfi que les di- vifions provenantes & abailfées du profil A de Félévation ; puis de chaque point où ces lignes de divifion du plan rencontrent l'angle aigu ou obtus , on élevé autant de perpendiculaires à l'élévation , où leur rencontre avec les lignes parallèles de cette dernière , donne la courbure de l'angle du profil ; après quoi on a cette courbure fur la f u-face développée , comme je viens de l'enfeigner ci-delfus , c'eft-à-dire , qu'on abailfe de l'angle du profil des perpendiculaires à fa furface développée , &c. Les rempliftages fimples fe font ordinairement avec de petits bouts de lattes minces & parallèles, qu'on fait ployer lelon la forme du profil, ainfi que je l'aienfeigné ci-devant , page 1 1 16. Ces remplifi]iges fimples fe difpofent ordi- nairement inclinés à la bafe du profil d'environ 4^ degrés , ou d'onglet , ce qui eft la même chofe. Cette pente fur le profil n'eft plus la même fur !a fur- face développée , comme on peut le voir à la figure r , parce que le dévelop- pement eft beaucoup plus large que n'eft le profil vu de face , & que les dif- tances de longueur font toujours les mêmes ; c'eft pourquoi on doit avoir atten- tion , après avoir déterminé la pente des rempliifages fur félévation , d'abailfer des lignes perpendiculaires , ainfi que celles n ^ & o ^ , fur la furface dévelop-» pée, ce qui donne au jufte la longueur & la pente des lattes avec lefquelles on veut remplir le membre de moulure ,fig. i. Treillageur, Ç 14 irpS L'ART DU TRE I LLAGEU R, Œap. TH. — Il faut prendre garde que , lorfque les lattes font droites ainfi développées. Planche gHes paroinent courbes fur l'élévation , où elles forment une moitié d'hélice qui paroîtroit toute entière , fi la moulure étoit un demi-cercle au lieu d'être un quart de rond , ce qui , je crois , n'a pas befoin de démonftration. Dans ce dernier cas , un membre de moulure ainfi difpofé , s'appelle retors ^ du moins c'eft ainfi que les Treillageurs le nomment. Ce retors eflCmple quand les lattes ou friftge qui le forment , ne font difpofées que d'un fens , comme à la figure i , ( la moitié prife pour le tout ) ; & quand elles le font de deux fens, c'eft à-dire, qu'elles fe croif^at l'une fur l'autre, on dit que c'eft un retors double. Quant à la courbure des parties d'hélices , on la trace fur l'élévation par le moyen des lignes perpendiculaires élevées de delfus le développement de la moulure , comme on peut le voir dans cette figure. Si on vouloir que les lattes de remplifi"age paruffent droites dans le profil vu horizontalement , comme , par exemple , à la figure 2 , on opéreroit à l'inverfe de la figure i , c'eft-à-dire , qu'on commenctroit par tracer les lattes droites fur l'élévation , fig. i , puis on abaiiferoic des perpendiculaires fur l'élévation développée , même figure , par le moyen defquelles on auroit la courbure des lattes, & leur longueur naturelle. On dilpofe quelquefois les lattes perpendiculairement à la bafe de la mou- lure, comme à la yj o-. 7, ce qui ne fait pas mal , fi ce n'eft dans les angles, fo:t rentrants ou faillants , on ils lailTent de uup grands vuides , qu'on eft alors oaligé de remplir par une efpece de feuille d'ornement , comme je l'ai obfervé dans cette figure & dans fon développement. Pour remédier à cette efpece d'inconvénient, il y a des Treillageurs qui difpofent les lattes du milieu d'un membre de moulure prefque droites, c'eft-à- dire , perpendiculairement à leur bafe, & qui les inclinent peu-à peu jufqu'à ce qu'elles foient parallèles aux angles du profil , comme aux figures l & 4 , ce qui fait un afiez bon effet. Ce que je viens de dire au fujet des remplilfages fimples , eft applicable à tous les autres remplifi:,ges de moulures, quelle qu'en foit la forme , tant pour en avoir les contours que le développement ; c'eft pourquoi je ne m'étendrai pas davantage à ce fujet. Les autres figures de cette Planche repréfentent différentes fortes d'orne- ments propres à remplir les membres des moulures des ouvrages de Treillage, qui , toutes, font développées au-deffous de leur élévation , pour qu'on puifle mieux juger de leurs formes, & ce qui étoit de plus néceffaire pour les defliner juftes fur les élévations , à quoi je fuis parvenu avec le fecours des lignes hori- zontales tracées au travers de toutes les moulures & de leur développement, qui font , comme on peut le voir, cotées des mêmes chiffres fur les unes que fut les autres. 371- Sect. IV . §. I. Des Ornements des moulures de Treillages , &'c. 1199 La Figure 2 repréfente une efpece de remplifTage compofé en partie de 1 montants ou lifteaux droits , entremêlés alternativement de feuilles d'une forme ^"''^"^ rrcs^fimple & très-peu contournée. Cette efpece d'ornement peut également fervir aux moulures creufes & aux moulures rondes. La Figure 3 repréfente des ornements nommés oves. Il y en a de plus ou moins riches ; mais c'eft l'efpece d'ornement qui convient le mieux aux mou- lures rondes , c'eft-à-dire , aux quarts de rond. La Figure 5 repréfente un ornement nommé à caneaux. On entremêle quel- quefois CCS caneaux de feuilles d'eau ou d'autres feuilles fimples ; quelquefois même on y met des feuilles de refend & des ronds, qui femblent lier ces carreaux les uns avec les autres , comme à la figure ir , dont le profil eft une doiîcine, où ces fortes d'ornements font moins bien qu'aux moulures creufes. La Figure 6 repréfente un ornement nommé à entrelacs avec des rofes. Ces ornements , quoique deftinés particulièrement aux moulures creufes , font encore très-bien aux demi-rondes. La Figure 8 repréfente un ornement nommé rais de cœur. Il eft particulière- ment affeclé aux talons, ainfi que celui repréfenté /%. qu'on nomme treffli à fleurons. Les Figures ro & ra , repréfentent des ornements en feuilles , qui ne diffé- rent les uns des autres que par le travail de ces mêmes feuilles , qui font Am- plement coiitournées dans la figure 10 , & qui font déraillées dans la figure 12. Ce genre d'ornement eft celui qui convient le mieux aux doucines , quoiqu'on pui/fe l'employer à d'autres moulures, où il fait également bien. Il fe fait encore d'autres ornements de moulures : mais ceux là font les plus «fîtes ; c'eft pourquoi je me contenterai des exemples que je viens de donner dans cette Planclie , mon principal objet n'étant pas de donner des exemples de tous les différents genres d'ornements , mais plutôt d'enfeigner à les bien dif- pofcr & à les conftruire. En général , il faut que les ornements des moulures foient d'une lichefFa relative à celle de l'ouvrage où on les emploie , qu'ils foient difpofés de manière qu'ils préfentent toujours un milieu à chaque partie de moulure , & qu'ils foient difpofés à l'à-plomb les uns des autres, quand il y a plufieurs membres de mou- lures ornés dans une corniche; il faut auffi qu'il s'en trouve toujours un dontl'axe enfile celui des raodiUons ou des denticules ,& fur-toutdescolonnes&des prin- cipales parties d'un édifice , ce qui n'eft pas difiicile à faire, mais ce qui exige beaucoup de foins de la part de l'Artifte , foit pour tracer les différents plans d'une corniche , foit pour en faire les divifions félon les règles que je prefcris ici. En affujétiffant ainfi les ornements à une certaine diftance donnée , il arrive quelquefois qu'on eft obligé de diminuer la largeur des uns , & d'augmenter celle des autres, ce qui rend Fouvrage un peu plus fujet à faire , mais ce dont on ne peut pas fe difpenfer, quand on veut donner à fon ouvrage ce degré de Planche 572. Ï200 L'ART DU TREILLAGEUR, Chap. III. perfeâion , qui , au premier coup d'œil , fait diftinguer l'Arcifte habile d'avec l'Ouvrier purement méchanique , qui ne fuit d'autre règle que celle d'un long ufage. Quand on fait choix des ornements, on les trace & on les découpe, comme je l'ai enfeigné ci-deflus , page 11236" Juiv. du moins pour ceux d'une moyenne grandeur ; car pour les grands , comme , par exemple , la feuille de chapi- teau ,ficr. T (S' 2 , ou toute autre feuille d'ornement d'une certaine grandeur, quoiqu'on les découpe de la même manière que les premiers, ils font fufcep- tibles d'un plus grand travail , comme on va le voir ci -après. Aux grandes feuilles d'ornements, comme celle repréfentée fig. i , la côte ab, ie rapporte tant pour donner de la grâce à la feuille, que pour en aug- menter la folidité ; cette côte fuit le contour de la feuille , & on a fa longueur, ainfi que celle de cette d ornière , en développant le profil , fig. 2 , fur une ligne droite à l'ordinaire , comme l'indiquent les lignes parallèles des figures 1,2 & 3, en obfervant toutelois que ces divifions parallèles doivent êtreprifes fépa- rément fur le devant de la feuille & fur celui de la côte , afin qu'elles fe ren-; contrent juftes les unes avec les autres, & que par conféquent la longueur extérieure de la côte , lon'qu'elle eft ployée , foit égale avec la longueur inté- rieure de la feuille auflî ployée , & fur laquelle elle doit être appliquée , ce qui fait que la côte & la feuille font d'inégale longueur lorfqu'elles font développées fur une ligne droite , comme on peut le voir aux figures 3 & 4. Quand le revers ou la retombée d'une feuille d'ornement eft très-conC- dérable , comme dans la figure 1 , il n'cfl: pas abfulument néceffaire que la côte fuive tout le contour de la feuille , ainfi que je l'ai obfervé dans cette figure , parce qu'elle ne peut pas être apparente , & qu'il n'eft pas fort aifé de lui faire fuivre ce contour, ou du moins de l'arrêter avec la feuille; cependant il eft bon de la prolonger en longueur le plus qu il eft poffible , parce que quand elle eft arrêtée avec la feuille , elle en entretient le galbe , en fem- pêchant de fe redrefier , ce qui eft tout naturel , parce qu'étant plus courte que cette dernière , elle doit l'empêcher de fe redrefier lorfqu'elles font arrêtées enfemble , & qu'elles s'affleurent par leur extrémité , ce qui ne peut être qu'en les faifànt ployer l'une & f autre. Quant à la largeur & à la forme de la côte , elles font données par le deffin , ainfi qu'à la figure i. On y forme des tailles ou nervures avec le burin & la gouge , fig. 6 , 7 , 8 & 5 , dont je parlerai ci-après. Quand la côte eft difpofée , ainfi que la feuille d'ornement fur laquelle on veut l'appliquer , après avoir galbé l'une & l'autre, on com.mence par les arrêter enfemble par l'extrémité fupérieure , qui eft la plus difficile à attacher, fur- tout dans le cas où une feuille a beaucoup de galbe, comme aux figures i & 2, où on eft obligé de redreifer la feuille & la côte pour pofer les premiers clous; ce qui étant fait , on reploye la feuille d'ornement , Se par conféquent la côte avec. SecT. IV. §. I. Des Ornements des moulures de Treillage , &c. laor avec elle, puis on les arrête à leur extrémité inférieure, & après dans le refte de ' " — • *- •—"' leur longueur, en commençant toujours du haut en bas , afin de mieux con- ferver leur forme. Ces côtes s'attachent avec des clous d'épingles courts , dont la tête eft un peu large , & on les rive ou reploie par derrière pour empêcher qu'ils ne fe reti- rent , comme je l'ai expliqué plus haut , page 11^6. Les grandes feuilles d'ornement fe conftruifent ordinairement avec du bois de boiiFellerie , qu'on découpe félon la forme donnée ,Jig. i , ainfi que le repré- fente la figure 3 ; cependant comme la feuille jîo-. i , préfente plufieurs malTes de feuilles qui paîTent les unes fur les autres, il feroit nécelfaire que la feuille , /ig. 4 , fût compofée d'autant de pièces qu'il y a de mafles de feuilles , (ainfi que je l'ai indiqué par des lignes ponéluées) , lefquelles recouvriroient les unes fur les autres , & feroient toutes attachées fur la principa-Ie pièce , c'eft-à-dire , celle qui monte de fond & qui porte la côte , laquelle pourroit recouvrir fur les pièces de rapport, & en cacher les joints , du moins en partie. Des feuilles d'ornement ainfi conftruites , deviendroient d'une exécution un peu difficile ; mais elles feroient très-bien , & approcheroient davantage de celles de Sculpture qu'elles imitent. De quelque manière qu'on difpofe les feuilles ou toute autre partie d'orne- ment de Treillage , il faut , d'après la longueur donnée par la furface déve- loppée de ces mêmes ornements y augmenter ime queue ou tenon A B , f.g, 3 , pour les attacher en place , & cela par les deux bouts, quand il n'y en aura pas un reployé fur le nud de l'ouvrage , comme aux fig. i <§■ 2. Et quand ils feront comme ceux-ci en faillie d'un bout, & que cette làillie & le galbe de la feuille feront confidérables , comme dans ces figures , on fera très-bien d'y mettre des liens de fil de fer , comme à<t c\ d , fig. 2. , afin que la feuille conferve toujours le galbe qu'on lui a donné : le même lien de fil de fer peut être continué de dtï\c , qui repréfentc le nud de fouvrage , pour retenir la feuille avec ce dernier , & empêcher qu'elle ne retombe t:rop en devant. Si on craignoit que la feuille ne fe redreflàt de en e , au lieu de fil à coudre on prendroic de gros fil de fer pour faire le lien dont je viens de parler , afin qu'il pût mieux réfifter à l'eifort que feroit la feuille pour fe redreffer, & qu'il fervît en même temps à en retenir la retombée. Les ornements dont je viens de parler , ne peuvent guère imiter ceux de Sculpture que par leurs contours , vu le peu d'épaiffeur des matières qu'on em- ploie à faire les ornements de Treillage , qui font fuppofés n'avoir aucune efpece de faillie , du moins lorfqu'ils font vus de loin, ce qui, au refte, ne fait pas mal dans les parties d'une médiocre grandeur ; mais à ceux qui préfentent de grandes maffes, il fout non-feulement les faire de plufieurs morceaux, comme je viens de le dire ci-delTus , mais encore les faire de morceaux alFez épais pour Treillaceur. P j.^ Î202 LART DU TRËILLAGEU R, Chap. III. . qu'on puifle y indiquer les finuofités des feuilles , les arêtes des côtes , &c. foit Flanche avec la gouge ou avec le burin. Ce dernier , repréfenté_/îg'. 6 & j , eft une elpece de cifeau dont le fer eft d'une forme triangulaire par fon plan C , & eft évidé en dedans , de manière qu'il coupe des deux côtés & par fon 3.ngle y,fig. 7, qui eft un peu plus court que fes deux extrémités g ôc h , même figure , afin qu'il coupe plutôt des deux côtés que de l'angle , & que par ce moyen il n'écorche pas le bois. La gouge , fig. 8 (& p , eft une efpece de cilèau , ou , pour mieux dire , de fermoir creux par fa coupe , & qui n'a par conféquent pas de bifeau ; cependant beaucoup d'Ouvriers préfèrent celles qu'on affûte intérieurement , & dont par conféquent le taillant eft fur l'arête extérieure , ce qui , à mon avis , en rend l'ulàge beaucoup plus facile , tant pour les ouvrages dont il eft ici queftion , que pour les ornements découpés à jour , dont je parlerai ci-après. Il y a des gouges de toutes fortes de grandeurs , de plates , de demi-rondes , &c, dans le détail defquelles je n'entrerai pas ici , parce que j'ai traité de ces fortes d'outils dans les différentes parties de mon Ouvrage , & particulièrement dans la première Partie ,page 88 & Jiiiv. Les Figures 10 & n repréfentent une fcie à découper, ou, pour mieux dire une fcie à main , qui ne diffère des fcies à main ordinaires , qu'en ce que les dents de fa lame font inclinées à rebours , c'eft-à-dire , en remontant du côté du manche , ce qui eft néceflalre pour que la lame ne le ployé pas lorfqu'on en fait ufige. Cette efpece de fcie , ( ainfi que beaucoup d'autres outils des Menuifiers , comme les cifèaux , les râpes, les grêles & écouenes , c&c, ) eft utile aux Treil- lageurs pour faire les ornements découpés dont je vais parler dans un inftant,' après avoir dit quelque cliofc des rempliflages ou garnitures en ofier , lefquels ne font autre chofe que des Treillages à compartiments , le plus fouvent lolàn-; ges , dont toutes les pièces font enlacées les unes fur les autres alternativement , & dont la furface de ces mêmes pièces eft fillonnée au burin & à la gouge, comme fi elles étoient compofées de plufieurs brins d'ofier joints à côté les uns des autres , ainfi que le repréfente la figure Ces fortes de pièces fe font ordinairement avec des morceaux de bois de frêne d'environ 2 lignes d'épailTeur , & on les emploie fouvent à la conftru6lion des Vafcs , des Corbeilles , & autres ouvrages de cette elpece. Il eft encore une autre efpece d'ornements propres aux ouvrages de Treilla- ges , qui ne font autre chofe que des morceaux de bois de (î à 9 lignes & même un pouce d'épailTeur , qu'on découpe à jour pour y former différents comparti- ments, comme aux figures 12 , 13 & 14. La furface de ces ornements eft toujours plate , & on l'enrichit de canaux & de filets , qui , lorfqu'ils font difpofés avec un certain art , font un très-bon effet. Sect. IV. §. I. Dis Ornements des moulures de Treillage , &c, 1203 La forme de ces ornements eft très-variée , ainfi que leur ufage ; c'efl: pour- quoi je n'en parlerai pas ici , me contentant de recommander à ceux qui en Planche feront ufage , de les conftruire avec beaucoup de folidité , en obfervantfur-tout qu'il ne s'y rencontre pas trop de bois de travers , ce qu'il faut éviter le plus qu'il fera poffible , en dilpofant les pièces à découper de manière qu'elles fe préfentent toujours à bois de fil , étant bien plus expédient de les faire de plu- fieurs pièces jointes les unes avec les autres, que d'y laiffèr trop de bois de bouc , qui fe fendent & s'éclattent à l'air. Les dilférentes parties qui compofent les ornements découpés , ne peuvent pas être collées , non plus que toutes les autres parties qui compofent les ou- vrages de Treillage ; c'eft pourquoi il n'y a d'autre moyen de les arrêter enfem- ble que des coutures ou liens de fils de fer qui paffent dans des trous qu'on y fait exprès , & qu'on a foin de bien remplir de peinture , aind que les joints , qu'on peut , pour plus de folidité , faire à rainure & languette , ou au moins à feuillure , pour que les pièces ne débordent pas les unes aux autres. Outre les différents ornements dont je viens de parler , on peut encore , dans le cas d'un ouvrage de conféquence , y employer ceux de Sculpture propre- ment dits , ainfi qu'on peut le voir dans les Salions repréfentés PL 3(15 (5 3^7 ; mais comme la conftruélion de ces fortes d'ornements eft du reffort du Sculp- teur proprement dit, je n'en parlerai point du tout ici, fi ce n'eft pour recommander de ne les point faire trop délicats , & divifés par trop de parties , ce qui détruiroit la folidité de f ouvrage ; & il faut fur-tout , autant qu il eft poffible , que leurs ma/fes foient prifes à bois de fil , ce qui dépend abfolument du TreiUageur, qui doit préparer les maffes d'ornements avant de les donner au Sculpteur. Les ornements de Sculpture doivent auffi ( ainfi que ceux de Treillages pro- prement dits , ) être d'une forme & d'une richelfe proportionnée à celle du refte de l'ouvrage , & fur-tout être tous d'un même genre , c'efl-à-dire , que fi les feuilles des chapiteaux font en perfil ou en laurier , il faut que celles qui ornent les moulures foient femblables , &c. Après avoir traité des dilférentes elpeces d'ornements propres aux Treillages , === & de la conftruélion de ces mêmes ornements , je vais paffer à la conftruilion f'-*^'^"^ des moulures en Treillage , ou , ce qui eft la même chofe , enfeigner la manière d'arrêter les ornements de Treillage pour former divers membres de moulures , quels qu'en foient la forme & le profil. Les moulures plates , comme les faces & les larmiers, fe rempliffent ordinai- rement par des compartiments droits de différentes elpeces , & le plus fouvent avec des chevrons brifés , comme aux figures r , 2 , 3 , 4 & 5 , ce que les Treil- hgeurs appellent des V ou des U : ( d'où ils ont donné à tous les larmiers , ou lout autre membre plat rempli de cette manière , le nom de membre d'V). Ces compartiments fontcompofés de lattes de frifage A,A,fig. i , & de pièces trian- 1204 L'ART DU TREILLAGE UR,aiap. m. — guiaires B , qu'on nomme coins , lefquels s'attachent fur les bâtis de différentes manières , félon que ces derniers font difpofés. Quand ces membres font ifblés , comme à la figure i , & qu'ils portent la moulure qui les couronne, on fait ordinairement des feuillures en parement & fur l'arête intérieure de ces bâtis pour y arrêter les garnitures , comme on peut le voir dans cette figure , ce qui eft fujet à deux inconvénients , dont le moin- dre eft la malpropreté que produifent les pointes qui arrêtent ces garnitures, & qui font reployées dcffus. L'autre inconvénient eft le plein que préfente le bois du fond des feuillures qui paroît entre les compartiments, ce qui en diminue les jours, & y fait un louche défagréable à voir. Quand la moulure qui couronne le larmier fe rapporte après coup , comme cela arrive le plus ordinairement, comme à la figure a , on attache la partie fupérieure des garnitures fur une latte , qui , alors , fait partie du bâtis , mais ce qui lailfe toujours llibfiilier l'in- convénient du plein bois ; à quoi on a en partie remédié en reculant la latte du haut du bâtis, qui alors fe trouve entièrement cachée fous le recouvrement de la moulure qui paffe au niveau de celle fg. i , &. par conféquent par le milieu du compartiment , ce qui fait bien pour le haut du larmier ,Jîg. 3 , mais ce qui lailTe toujours le bas dans le même état. C'eft pourquoi je crois qu"il vaut mieux, du moins autant que cela eft poffi- ble , faire les feuillures par derrière les bâtis pour y attacher les garnitures , ou pour recevoir ces dernières les lattes fur lelquelles elles font attachées , ce qui, d'une façon ou de l'autre, rend l'ouvrage beaucoup plus parfait, comme on peut le voir à la figure 4 , qui eft difpofée de cette manière , & à la figure ^ > qui rcpréfenre Ir- larmier , fîg. 4 , vu par derrière. Si , au lieu d'attacher les garnitures fur le bâtis même , ainfi que je l'ai fait à ia figure J , on les attachoic fur deux lattes qui formeroient un fécond bâtis qui entreroit à feuillure dans le premier , cela n'en feroit que mieux ; Se c'eft même le meilleur parti qu'on puiffe prendre dans tous les ouvrages de Treillages à bâtis , ainfi que je fai déjà dit plus hmt, page 1178. Quant à la conftruflion des larmiers ou membres d'U, elle fe fait de la ma- nière fuivante. On commence d'abord par préparer toutes les lattes de frilàge & les coins félon la mefure donnée ; ce qui étant fait , quand les compartiments s'attachent fur des lattes , ou que leurs bâtis font très-foibles , comme cela arrive le plus fouvenr, on attache ces derniers fur une ou plufieurs tables placées au bout les unes des autres , & fur lefqueiles font tracées la largeur & la longueur intérieure de ces bâtis vrais ou faux , en fe fervant d'un modèle ou échantillon , fS- ^ » qu'on place entre deux de diftance en diftance à mefjre qu'on attache la féconde latte fur la table , afin qu'elle foit bien parallèle à la première , qu'on a d'abord attachée le plus droit poffible. A mefure qu'on attache les lattes ou les bâtis des larmiers dont je parle , ou de toute autre partie de Treillage de cette efpece , on, en fait les joints ou Sect. if. §. I- Des Ornements des moulures de Treillage , é'c. 1205' ou habiUures ( du moins c'eft la coutume ) ; & on doit avoir foin que ces joints ne foient pas aux deux lattes vis-à-vis les uns des autres , mais en liaifon , afin que des parties pleines fe trouvant en oppofition avec les joints, l'ouvrage en ibit plus folide (*). Quand les bâtis du larmier font ainfi arrêtés , on y attache les lattes de fri- fage , en obfervant que celle qui fe trouve en delTous par le bas , & à gauche de l'ouvrage ( qui eft le côté par oià on commence ordinairement ) , foit en deifus de celle qui la fuit , & ainfi des autres alternativement , comme on peut le voir aux figures 1,2 (& 3. Les coins s'attachent auiïï à melùre que l'ouvrage avance , & on les arrête , ainfi que les lattes de frifiige, avec des pointes de frifage , qu'on n'enfonce que jufqu'à environ les deux tiers de leur longueur , & qu'on reploie enfuite en tra- vers le fil du bois , pour le tenir plus folidement, & l'empêcher de fe tourmenter. En faifant ainfi paffer les lattes de frifage les unes fur les autres , il arrive un inconvénient, qui cft que quand la feuillure qui porte la garniture eft en pare- ment , il faut la faire alTez profonde pour qu'elle puilTe contenir l'épailTeur des deux lattes l'une fur l'autre: d'où il fuit de deux chofes l'une , ou qu'il faut faire les coins d'une épaifi^eur égale à celle des deux lattes de frifage prifes enfemble ; ou que s'ils font plus minces , ils n'afHeurent pas le devant du bâtis ; ce qui faic très-mal , fur-tout quand l'ouvrage n'efl: pas d'une gra;ideur allez confidérable four que ces défauts difparoilFent à l'œil du fpe6lateur. C'eft pourquoi je crois qu'il vaudroit mieux, du moins autant que cela feroit polfible , attacher les frifages , & par cnnféquent les coins , par derrière l'ou- vrage , comme aux figures 4 & 5 ; ou fi cela n'étoit pas poflible , faire venir les frifages bout à bout les uns des autres , comme à la figure J , ce qui leveroic toute efpeee de difficulté , & concourroit en même temps à la perfeftion de l'ouvrage , parce que les frifages étant coupés d'onglet par les bouts , on ne pourroit pas les faire avancer ou reculer , comme cela arrive quelquefois , d'où il réfulte qu'il y a des compartiments inégaux en largeur, ce qui fait toujours mal. Les coins B ,fig. i , fe placent ordinairement à bois de fil, parce qu'étant de ce fens , ils font moins fujets à fe fendre lorfqu'on les arrête fur les bâtis ; cependant je crois qu'il vaudroit mieux les mettre en fens contraire , c'eft-à- dire , à bois de bout , parce qu'étant ainfi difpofés , ils feroient moins en danger Planchs ) Ce que je dis par rapport à la difpoGtion des Joints du iîjâtis donc je parle , peut & doit 5'appliquec non-feulemenc à tous les membres de moulures ( c'etl-à-dire, aux bâtis qui les por- tent) , mais encore à l'enfemble de plulieurs membres placés les uns au-defius des autres; de forte que cous leuts joints fe trouvent en liaifon , ce qu'il eft très-effentiel d'obfetvet, fur-tout quand l'ouvrage efl cintré, foit en plan ou en élévation , comme dans les corniches qui cou- ronnent des parties circulaires, des niches, des arcades , &c. qui fe dctruifenc le plus fouvent Treillageuk. par le défaut de liaifon qui fe trouve dans les différentes parties dont ces corniches font coii^- pofées; ce qui ne dcmandeioit cependant qu'un peu plus d'attention de la parc de l'Ouvrjer lorfqu'il ccnflruit ces fortes d'ouvrages , & un peu plus de matière , à caufe des fauffes coupes qu'on eft obligé de faire ; c'eft à quoi on doit avoir égard , ainfi qu'à quantité d'autres pertes de temps ou de matières , lotfqu'on mec le prix aux ouvrages, de quelque nature (ju'ils foienu E 14 120(5 L'ART DU T R E I L L A G E U R , C/iap. III. d'être cafles au moindre choc , comme cela n'arrive que trop fouvent. Quant à là Planche ^Jifllculté de les attacher, on pourroit y remédier en plaçant les pointes moins proches des extrémités des coins , & en y faifanc des trous avec le perçoir ou avec le violon , pour faciliter le pafTage des pointes , qu'on rabattroit en dehors , pour empêcher que les angles du coin ne levalTent. Toute la difficulté qu'il pourroit y avoir en plaçant ainfi les coins à bois de bout , c'eft qu'ils emploient plus de bois que de l'autre maniera , où ils peuvent être pris les uns dans les autres , & cela dans un morceau de bois dont la largeur égale la hauteur perpendiculaire du coin , ce qui eft, je crois , la feule raifon pour laquelle les Treillageurs ne mettent pas les coins à bois de bout, comme je le recommande ici. Les Treillageurs ne prennent pas ordinairement grande précaution pour k diflribution des membres d'U , tels que ceux Jïg. 1 , 2 <S' 3 ; car après s'être rendu compte de la hauteur de leur compartiment , ce qui eft néceffàire pour couper de longueur les frifages & les coins , ils entreprennent de remplir le bâtis en commençant par le côté gauche , comme je l'ai dit ci-delTus ; & fur-tout quand ils ont une grande longueur à remplir , ils avancent l'ouvrage jufqu'à environ les trois quarts de cette longueur , après quoi ils compaflent le quarc reftant pour voir s'il fe trouvera un compte jufte de révolutions , ce qui arrive quelquefois. S'il fe trouve du plus ou du moins de longueur , comme cela arrive le plus fouvent , ils augmentent ou diminuent la diftance ou le nombre des révo- lutions du compartiment , félon qu'ils le jugent le plus convenable , & ils ache-^ vent de conftruire le relie de leur rempliffage fur cette nouvelle divilîon. Cette manière , toute pratique, de remplir les compartiments dont je parle, eft très commode , parce qu'elle accélère la conftruélion de Fouvrage ; mais elle a le défaut d'être peu régulière ; c'eft pourquoi je crois qu'il vaut beaucoup mieux faire les compartiments pour les grandeurs données , Sc obferver fur-touc que les milieux des compartiments fe répondent entr'eux , & particulièrement avec ceux des principales parties de l'ouvrage, comme je l'ai recommandé. Lorfque les profils des moulures font compofés de lignes courbes , ainfi que ceux des figures 6, 7, 8 , 5 & 12 , leurs remplilTages (quelle qu'en foit la forme , ) s'attaclient par leurs extrémités ou fur les bâtis de ces mêmes moulures^ ou fur des lattes; & cela félon que la grandeur ou la forme du profil permettent de le faire le plus commodément , fans cependant faire de tort à la folidité de fouvrage. Au quart de rond repréfenté fig. 5 , on peut attacher la garniture fur les deux taffeaux ou lattes a & i , 8c commencer indifféremment par celui du haut ou du bas, ce qui eft égal, parce qu'on enfonce les pointes par le parement de 1 ouvrage. Si au contraire on fupprimoit le taffeau du bas l> , pour attacher la gar- niture fur le membre de moulure C, il faudroit commencer par attacher la partie inférieure de la garniture fur cette pièce , ce qui ne pourroit être autrement , SeCt. IV. §. L Des Omemems des moulures de Treilla^re, &c 1^07 parce que dans ce cas il faut enfoncer la pointe d'un autre fens , c"cft-à-dire , par derrière la garniture. ' Lorfqu'on fupprime ainfi le tafTeau ou latte du bas , il faut lailFer fub^er celui du haut, parce qu'il ne feroit pas poffible d'attacher la garniture par derrière ou du moins très-dtlEcile . fur-tout fr la partie fupérieure du quart de rond étoic pleme, comme dans cette figure; de plus, il eft beaucoup plus avantageux d attacher le haut de cette garniture en parement, parce qu'on voit mieux ce qu on fait , & qu'd eft d'ailleurs fouvent néceffaire que ce membre de moulure ainfi que les autres , foit fêparé d'avec les parties qui le couronnent , du moins lors du temps de la conflrudion, afin que l'exécution & le tranlport de l'ouvraee loient plus faciles. ^ Lorfqu'on conftruit des moulures rondes comme le quart de rond dont je v.ens de parler , on peut , pour en alTurer la forme , y mettre par derrière & de diftance en diflance , des liens de fil de fer, comme de . à ^ afin de retenir 1 écart des deux taiTeaux , & pour empêcher par conféquent la garniture de fe redrelTer, ce qu'on peut également faire aux doucines & aux talons f!. 8 <5 p. La garniture du cavet ou congé, 7 , peut s'attacher fur des talTeaux ou fur les bâtrs de l'ouvrage . ce qui eft égal, parce que par fa forme rien n'em- peche de Attacher en parement , foit qu'on commence par fa partie lupérieure , ou par fa partie mférieure , ce qui , au refte , eft toujours mieux. Il faut obferver à ces fortes de moulures , & en général à toutes celles qui fimlTentpar une partie creufe, comme la partie fupéneure de la doucine ,fi. 8 & la partie inférieure du tafon ,fig. p , que la garniture ne doit pas aller jufqu'à la vrve-arète de la moulure ; mais qu'il faut réferver du plein bois au bâtis afîa que la garniture vienne l'affleurer & s'appuyer contre , ce qui termine beaucoup mieux ces moulures que fi leur arête fe trouvoit découpée , comme cela arrive- roit , fi on faifoit aller la garniture jufqu'cà leur vive-arête. La doucine , fig. 8 , Se le talon, fig. 9 , font des moulures mixtes , qui parti- cpent de la forme du quait de rond, 6,&d, cavet 7 , & q^i doivent par conféquent être conftruites, quant à leurs garnitures , par les mêmes prin- cipes ; c eft pourquoi je ne m'étendrai pas davantage à ce fujet . d'autant plus que 1 infpeâion des figures doit être fuffifante. La figure 10 repréfente une moulure nommée bec-de-corbin , laquelle eft tres-ufitec pour fervir de couronnement à divers ouvrages de Treillage , ou du rnoins pour en terminer la corniche. Quand on conftruit les garnitures de ces lottes de profils, on commence par attacher leur partie inférieure en puis quand toutes les pièces font ainfi attachées , on les relevé pour les attache^ enfuice fur le taffeau d, comme on peut le voir dans cette figure. Jin général, il faut avoir grand foin que toutes les pièces qui doivent cora- pofer la garniture d'une moulure quelconque , foient bien égales de longueur, 573- ï2o8 L'ART BU T RE I LLA G E U R, Chap. III. foit qu'elles ayeiu des queues par le moyen defquelles on les arrête fur les bâtis Planche taffeaux , comme à la figure 6, ou qu'elles n'en ayent point du tout, comme à la figure 7: il faut auffi que les ravalements ou feuillures qu'on fait aux bâtis pour y placer les garnitures, foient d'une profondeur égale à fépaiffeur de ces dernières , & leur largeur égale à la longueur de la queue des garnitures. Il faut auffi que , quand il n'y aura pas de queue aux garnitures , & que le point de centre de ces dernières fera plus loin que leur extrémité , comme à la figure 7 , il faut , dis-je , que le ravalement qui doit recevoir les extrémités des garni- tures, foit en pente pour fuivre le contour de ces dernières , ainfi que je l'ai obfervé dans cette figure , & aux figures 7 , 8 & 9. Les foins que je recommande ici , paroîtront peut-être minutieux , & par con- féquent peu néceffaires ; ce font cependant ces mêmes foins qui concourent à donner aux ouvrages des Artiftes habiles , le degré de perfedion que fhomme connoififeur faifit du premier coup d'œil , & que la multitude même admire quelquefois , fans cependant être en état de fe rendre compte de ce qui fait le fujet de fon admiration , & de ce qui peut en être la caufe. La Figure 12 repréfente le profil d'une bafe atcique , & par conféquent la toupe des garnitures de cette même bafe , dont j'ai fuppofé tous les membres percés à jour. Les bâtis de cette bafe doivent , ainfi que je fai dit plus haut , être faits d'alfemblage à traits de Jupiter , & être tournés , pour plus de perfeaion , & foutenus par des montants qui les tiennent élevés à la hauteur nécefiaire , comme on peut le voir dans cette figure , où fe trouvent en coupe les trois cer- cles Z3 ,£ , F, qui compofent les bâtis de cette bafe, ainfi qu'une partie du plateau de fa plinthe GH, repréfentée en plan ,fig. 13, & les cercles ci-deffiis, qui y font cotés des mêmes lettres qu'à la figure II. Les membres de moulures de cette bafe , du moins ceux qui font garnis de Treillages , font au nombre de trois ; favoir , les deux tores / & M, & la gorge ou fcotie L ; la garniture du petit tore s'attache d'abord d'un bout fur la cerce D, puis on la reploie pour l'attacher de f autre fur le talîeau e , qui eft ployé circulairement , comme je fai enfeigné page 1 122. La garniture de f autre tore s'attache d'abord fur le plateau de la bafe , un peu plus loin que le centre de ce même tore , indiqué par la ligne ^/z ; enfuite on relevé la garniture pour l'attai cher fur un talFeau /, confirait de la même manière que celui e. La garniture de la fcotie L , s'attache immédiatement fur les deux cerces E & F, de forte qu'elle forme avec ces dernières comme une efpece de bâtis à part , ainfi que je fai repréfenté/^. 14 ; & on commence par attacher fa partie fupérieure en i ,fig. 12 , puis on la reploie pour attacher fa partie inférieure en /, ce qui eft tout naturel, puifque cette dernière partie excède de beaucoup la faillie de l'autre. En conftruifint ainfi cette bafe en trois parties féparées, on a la commodité àe. travailler plus librement , & 011 n'eft pas expofé à détruire ou à endommager une Sect. if. §. I. Des Ornements des moulures de Treillage , &c. 1209 une partie déjà faite , tandis qu on en conftruit une autre. ^ Quand tous les membres de moulures qui doivent compofer foit une cor- ^ niche ou une bafe , comme celle Jîg. 12 , font terminés chacun féparément, on les réunit tous enfemble , & on les attache le plus folidement qu'il eft poffible , foie avec des pointes ou avec des liens de fil de fer , fi on ne peut pas y employer de pointes, ou que l'ouvrage foit d'une nature à être démonté pour être peint ; dans ce dernier cas , il faut faire en forte que les liens foient placés de manière à n'être point apparents que le moins qu'il eft poffible j & qu'il y en ait une quantité fuffi/ànte pour que l'ouvrage foit folidement attaché. Quand les parties qui font compofées de plufieurs membres de moulures , font cintrées fur leur plan, ainfi que la bafe , 12, repréfentée en plan fig. 13 , on doit avoir grand foin de tracer fur ce plan toutes les parties qui compofènt tant les bâtis que les remplilTages ou garnitures des moulures , dont les faillies font indiquées par les lignes ponftuées m n 0 8c p q H. Il faut auffi , comme je l'ai déjà dit , tracer fur ce plan les divifions des compartiments ou ornements des moulures , & les faire tendre aux divers centres du plan , fup- pofé qu'il y en ait plufieurs : aux bafes des colonnes fur-tout , il faut faire ces divifions tendantes au centre A^, fig. 13, & les di/pofer de manière qu'elles correlpondent au milieu des cannelures ou des lifteaux de ces dernières , félon la forme & la grandeur des ornements de la bafe , afin que ces derniers foienc correfpondants les uns aux autres , Se aux cannelures qui ornent le fût de la colonne. Voilà , en général , tout ce qu'il eft néceffaire de dire touchant ce qui con- cerne les ornements des moulures de Treillage , & la conftruâion de ces mêmes moulures , les préceptes que j'ai donnés à ce fujet pouvant s'appliquer à tous les cas , félon la forme & la nature des diffirents ouvrages. §. II. Des Vafes & des Chapiteaux de Treillages , de la manière de les conjlruire. LANCHZ 373- Le détail dans lequel je vais entrer au fujet des Vafes de Treillages, aura - — ...-l. . plus pour objet la conftruâion de ces mêmes Vafes , que leurs forme & déco- I'i-anchb ration, qui, fi elle n'eft pas arbitraire, eft du moins très-variée, & cela par rapport à la diverCté 8c. au plus ou moins de richeffe des ouvrages où on en fait ulàge. Les Vafes de Treillages repréfcntés en élévation , fig. i (§• 3 , & en coupe , fig. 2 (5 4 , font , quant à leur conftruélion , tous du reiïbrt du Treillageur pro- prement dit , du moins à quelques parties près , comme on le verra dans la fuite , & qu'il pourroit faire lui-même s'il le jugeoit à propos. Pour bien entendre la conArudion des Vafes de Treilla ges, on doit les Treillageur. F 14 I2IO L'ART DU TRElLLAGEUR,Ckap. III. confidérer comme un compofé de plufieurs membres de moulures placés les uns au-deflus des autres , de manière cependant qu'ils puiflent fe féparer quand on le juge à propos , ce qui eft nécelTaire non-feulement pour les conftruire , mais encore pour les peindre après qu'ils font faits , ainfi qu'on peut le voir à la figure 5 , où les diverfes parties ^ , 5, C & D , qui compofent le Vafej/V. I , font toutes féparées les unes des autres ; & à la figure 7, où celles E ,F , G ôc H, du Vafe , fig. 3 , font pareillement féparées & cotées des mêmes lettres qu'à la figure 3. Quand toutes les parties d'un Vafe font réunies , on les arrête enfemble pat le moyen d'une tringle de fer a b ,fig. 1 , qui fert d'axe au Vafe , & qui pafi"e au travers desgobrioles c,d, du. haut & du bas du Vafe, & du moyeu e, qui porte les fleurs , au-dellus duquel on place une clavette f, qui pafFe au travers de l'axe de fer a i , & par ce moyen arrête toutes les parties du Vafe d'une manière folide. Les Treillageurs nomment gobrioles des morceaux de bois, fig. 9 & 10, (qui font les mêmes que ceux c,d,fig. 2. , mais du double plus grands ), qu'ils placent aux parties les plus étroites d'un Vafe, & le plus ordinairement par le bas , pour mieux en fupporter le poids, & fur lefquels ils attachent une partie des garnitures de ce dernier. Les gobrioles font percées pour laifFer le paflàge de l'axe de fer qui monte dans toute la hauteur du Vafe, & on les adèmble, fur- tout celui du bas , dans le plateau de la plinthe du Vafe repréfenté en coupe, 7%. 9 , & en plan , fig. 12. Les gobrioles portent ordinairement plufieurs membres de moulures, qui, à moins que le Vafe ne foit très-grand , fe trouvent trop petites pour être faites en Treillage , ce qui oblige à faire tourner les gobrioles ainfi que celles 9 6 10 , lefquelles font repréfentées en plan fig. 6,8 6 12. Aux ouvrages communs , les Treillageurs ne prennent pas beaucoup de pré- caution pour faire les gobrioles des Vafes , qu'ils font avec un morceau de bois à peu-près arrondi , fur lequel ils attachent les garnitures ; & quand il efl: nécef Caire qu'il y ait des moulures , ils les font avec des cercles de bois plus ou moins épais , qu'ils ploient & attachent defiiis , ce qui fait toujours un très-mauvais effet. Le moyeu e , fig. 2 , 8c g , fig. 4 , n'eft autre chofe qu'un morceau de bois percé dans là longueur pour le pafîlige de l'axe de fer, & fur la firrface duquel font plufieurs trous deftinés à recevoir les tiges des fleurs dont on orne quel- quefois la partie fupérieure des Vafes d'où ces fleurs femblent fortir. Il feroit à fouhaitet que l'axe de fer qui pafîè au travers du Vafe, fût adhé- rent au corps de l'ouvrage fur lequel ce dernier eft placé , ainfi que je l'ai dit plus haut , & que cet axe fût quarré par fon plan , afin que le Vafe ne fût pas fujet à tourner fiar lui-même , comme cela arrive quelquefois , ce qui donne- roit , à la vérité , un peu de fujétion en attachant les garnitures du Vafe fur les SeCT.IV. §. II. Des Vafes & des Chapiteaux de Treillages, 6ie. 1211 gobrioles , mais en même temps rendrait l'exécution de l'ouvrage beaucoup i^^^^'^^ plus parfaite. Planc Les bâtis des autres parties des Vafes, c'eft-à-dire , de celles qui font les plus évafées , fe font avec des cercles qu'on fait ployer comme je l'ai enfeigné ci-deflus , page r 1 22 ; & quand la forme de ces bâtis exige qu'il y ait des feuil- lures ou des corps faiUants , on parvient à les faire en mettant plu/ieurs cercles les uns fur les autres , auxquels on donne une épailîèur & une largeur conve- nables , félon que l'exigent la forme & la grandeur du Vafe , ainfi qu'on peut le voir, quoique très-en petit, aux figures 2 & 4. Cependant s'il arrivoit que le Vafe fût d'une certaine grandeur, comme de 2 à 2 pieds &. demi de diamètre , on feroit très-bien de faire ces bâtis d'affèm- blages , & de les faire tourner comme ceux du vafe de la Corbeille de terre , Pl. 365, ce qui rendroit l'ouvrage beaucoup plus folide,'& fur -tout plus parfait. Quant à ce qui eft de la conftruâion proprement dite des Vafes , c'eft-à-dire , des garnitures de Treillage qui les décorent , c'eft la même chofe que pour ks membres de moulures dont j'ai parlé ci-deflus ; c'eft pourquoi je n'entrerai pas dans un plus grand détail à ce fujet , parce que ce ne pourroit être qu'une répé- tition de ce que j'ai déjà dit , excepté que pour les gobrioles , les garnitures qui les entourent s'attachent d'abord deflis , en prenant la précaution de les placer fur la grande bigorne fig. 11 , Pl. ^^i , tant pour que le coup de marteau porte mieux , que pour ne point froifler les garnitures déjà attachées ; ce qui étant fait , on met la gobriole en place , & on achevé d'attacher ces garnitures fur le plateau du Vafe , & ainfi des autres. Quand toutes les parties qui compofent un Vafe font terminées , on les alTemble & on les arrête avec des liens de fil de fer , en oblèrvaot de n'en mettre que ce qui eft nécefTaire pour que ces différentes parties ne fe féparent pas , parce qu'il faut les défàflembler de nouveau pour les peindre intérieurement avant de les mettre en place , ce qu'on ne fait qu'après les avoir remontés Se attachés folidement. Les Corbeilles , les Caflblettes , & même les Candélabres , fe conftruifent de la même manière que les Vafes dont je viens de faite la defcription; c'eft pour- quoi je ne m'étendrai pas davantage à ce fujet. Avant de paflèr au troifieme Paragraphe de cette Seâion , oià je traiterai des Fleurs en Treillage , je vais parler de la conftruaion des Chapiteaux Ioniques & Corinthiens, lefquels, pour être bienfaits, méritent quelques détails, comme on le verra ci-après. Je ne parlerai pas ici de la forme & des ornements des Chapiteaux Ioniques = & Corinthiens repréfentés dans cette Planche , parce que j'en ai traité avec affez Pt anc, d'étendue au commencement de cette Partie de mon Ouvrage ; je ne vais main. tenant m'occuper que de ce qui a rapport à leur conftrudion , relativement au Treillage. I2I2 L'ART DU TREILLAGEUR,Chap. III. Les figures T & 2 repréfentent la coupe & la face d'un Chapiteau Ionique antique , dont le tailloir eft fait en plein bois , ainfi que la baguette de deiïbus l'ove & fon file:, & i'aftragale du Chapiteau , dont le boudin fait partie de ce dernier. L'ove, ainfi que le gorgerin , font difpofés pour recevoir des garni- tures de Treillage , ainfi que l'intérieur des révolutions de la volute , fig. 2. Cette volute eft la partie du Chapiteau la plus difficile à exécuter en Treil- lage , à caufe de la régularité qu'exige la circonvolution de fon lifteau , qu'il n'eft guère polTible de bien faire avec du bois ployé , ce qui a quelquefois obligé les TreiUageurs de faire conftruire ces lifteaux en fer : l'exécution des volutes eft devenue par-là plus parfaite & beaucoup plus folide , mais , à la vérité , bien plus coûteufe. La trop grande dépenfe qu'exigeoient les fers des volutes , les a fait aban- donner par la plupart des TreiUageurs ; & au lieu de ces derniers , ils ont fait des volutes en plein bois qu'ils ont découpées à jour & remplies intérieurement de diverfes fortes d'ornements , ainfi qu'ils faifoient aux volutes dont les lifteaux étoient conftruits en fer. Cette dernière manière de faire les volutes , eft bien moins coûteufe que l'autre ; mais aulTi a-t-elle le défaut d'être moins parfaite , & fur-tout bien moins folide ; parce que pour peu que les volutes foient petites , il n'eft pas poflible de les contourner autant qu'il eft néceftâire & à la fimple épaiffeur du lifteau, fans qu'elles ne fe cafTent dans les endroits on ce dernier fe trouve à bois de bout ; & quand cela feroit poflîble , de femblables volutes feroient bientôt détruites au grand air , à moins qu'au lieu de découper ces volutes tout- à-fait, on ne les prît dans une pièce de bois très-épaiffe , & qui , dans le cas d'un Chapiteau Ionique moderne , fufEroit pour prendre les deux volutes d'an- gle , & qu'on fculptât cette pièce en forme de volute , & cela à une profondeur fufnfante pour pouvoir contenir les ornements de Treillage qu'on y adapte à l'ordinaire. De femblables volutes faites par un bon Artifte , font très-folides , & ne peuvent que bien faire ; mais ce n'eft que de la Sculpture & non du Treillage ; c'eft pourquoi je crois qu'on doit préférer les volutes dont le lifteau eft fait en fer , ou , fi l'on veut ménager la dépenfe , avec du bois ployé , ce qui peut fe faire de la manière fuivante. On fait le développement du lifteau de la volute fur une ligne droite , afin d'avoir la longueur de la pièce qui doit former le lifteau & fon épaiifcur dans les diiïerentes parties de cette longueur ; ce qui étant fait , on prend un mor- ceau de bois de frêne ou de châtaignier très-liant & bien de fil , qu'on corroyé comme l'indique le développement qu'on en a fait, ainfi que je l'ai dit ci-deflus ; après quoi on le mouille & on le fait chauffer pour le rendre plus élaftique , puis on l'attache , par fon extrémité la plus menue , fur un morceau de hois arrondi , dont le diamètre eft égal à l'œil de la volute : puis on fait ployer le lifteau m mm Sect, if. §. II. Des Va/es Ô des Chapiteaux de Treillages , &c. 1215 lifleau en tournant , autant que cela eft néceflaire ; & pour qu'il prenne une forme régulière , on l'affujétit avec des liens de fil de fer fur un femblable lifteau fait en fer , pour, en cet état , .recevoir les garnitures de Treillage, qui étant une fois arrêtées en place , empêchent le lifteau de fe redreffer , & par conféquent de changer de forme. Au lieu d'un modèle de fer que je propofe ici , on pourroit , par économie , fe fervir d'un moule de bois creux , dans lequel on feroit entrer le lifteau de bois du côté du parement , & à environ la moitié de fbn épailTeur , afin d'avoir l'aiiànce d'y attacher par derrière des liens de fil de fer qui, entretenant ces diverfes révolutions les unes avec les autres , l'empècheroient de s'écarter lorf- qu'on l'auroit retiré du moule pour le garnir d'ornements à l'ordinaire. Il faut avoir deux moules femblables , l'un à droite , & l'autre à gauche , ce qui eft fort aifë à concevoir , puifqu'à chaque face du Chapiteau il y a deux volutes dont le contour eft d'un fens oppofé. Tant que les volutes font arrafées fur leurs faces , ce que je viens de dire ne IbufFre pas de difficultés ; mais quand on les fait forcir du centre en forme de limaçons , leur exécution devient beaucoup plus difficile , parce que fi on fe fert de modèles de fer pour les contourner, comme je l'ai dit ci-deftus , il faut alors en faire deux , fun à droite & l'autre à gauche , ce qui , dans ce cas , vaut mieux que des moules de bois , qu'on pourroit creufer de même en lima- çons , mais qui ne pourroient pas donner une forme auffi régulière aux volutes , parce que , comme il faut les retirer du moule pour les garnir , elles pourroient alors changer de forme en s'applatilfant , ce qu'il faut éviter le plus qu'il eft poflible. Les couflinets des volutes du Chapiteau Ionique antique , fe conftruifent très- facilement en Treillage ; & pour que tout l'enfemble des volutes & des coufli- nets ne fafTe qu'un , on peut prolonger les axes des volutes de l'une à l'autre , en paflànt en travers & iiir la longueur des couflîiiets , ou , pour mieux dire , prolonger l'axe des coulîinets autant qu'il eft néceflaire pour qu'il entre par chacun de fes bouts dans les morceaux de bois qui fervent d'œils aux volutes , qui , dans le cas d'un Chapiteau antique , peuvent être arrêtées avec le tailloir , & fe revêtir enfuite , ainfi que ce dernier , fur le tambour qui porte les oves , & qui termine le fût fupérieur de la colonne. Les volutes du Chapiteau Ionique moderne, repréfenté en face , yîV. 3, & en coupe , flg. 4 , fe conftruifent de la même manière que celles dont je viens de parler ci-deftus , à fexccption qu'il faut qu'elles foient creufes fur leurs faces verticales , en fuivant à peu-près le plan du tailloir , foie qu'elles foienc arrafées fur leurs faces , ou faillantes en forme de limaçons , ce qui fait toujours mieux. Ces volutes peuvent être adhérentes au tailloir du Chapiteau ou au fût fupé- rieur de la colonne , ce qui eft égal ; mais d'une façon ou de l'autre , elles font Treillageur, g 14 I2T4 L'ART DU 1 REILLAGEUR. Chap.IIT. toujours jointes deux à deux à chaque angle par des garnitures de Treillage qui enluivent extérieurement le contour ;& pour que le centre des volutes ne puiflè pas rentrer en dedans ni fortir en dehors , il eft bon de mettre entre-deux un faux axe arrêté avec les pièces qui forment l'œil de chaque volute. Le tailloir du Chapiteau moderne fe fait d'affèmblage , ainC que celui du Cha- piteau antique, & l'un & l'autre portent fur des montants qui font partie du fût fupérieur de la colonne , ou , pour mieux dire , du tambour qui termine ce fût, foit que ce tambour porte une partie de l'aftragale , comme à la figure i , ou que ce dernier appartienne tout- à -fait au fût de la colonne, comme à la figure 4. Il eft rare qu'on mette des aftragales aux colonnes Ioniques ; le contraire arrive même le plus fouvent : alors le fût de la colonne monte jufqu'au-defTous de la baguette de l'ove du Chapiteau , & le filet de defTous la baguette refte adhérent avec le fût fupérieur de la colonne , comme je l'ai obfervé à la figure 4 , cote A. Les figures ^ Se 6, repréfentent un Chapiteau Corinthien vu de face & en coupe. Ce Chapiteau ( du moins quant à fa conftruélion ) eft compofé de trois parties principales ; favoir , le tailloir , le tambour ou vafe , les feuilles & autres ornements qui entourent ce dernier. Le tailloir repréfenté vu en defTous , /^g. 7 , cote F, Se en delTus , même figure, cote G, eft compofé de quatre pièces de bois alTemblées d'onglet, de manière que le joint paffe par le milieu des faces des angles , comme on peut le voir dans cette figure , où quand ce joint eft bienfait, il eft peu apparent; cepen- dant on pourroit éviter de le faire ainfi au milieu de cette face, en y faifant deux coupes , l'une d'onglet , qui iroic jufqu'à la rencontre du profil , & l'autre qui fuivroit la coupe , ou, pour mieux dire, l'angle de ce même profil, foit en a ou en b,fig. 7, ce qui feroit égal; mais, comme je viens de le dire, cette précaution n'eft pas fort nécelTaira pour l'ouvrage dont il eft ici queftion , oh la folidité des aflemblages eft la partie la plus recommandable. Le deflus du tailloir , cote D ,fig. 6 , & cote Q ,fig. 7, eft difpofé en chan- frein, pour faciliter l'écoulement des eaux qui tombent delfus, & le delTous eft fouillé circulairement pour recevoir la pièce qui forme le deffus du tambour , laquelle entre dans le tailloir , & y eft , par ce moyen , arrêtée d'une manière fixe. Dans le milieu du vide du tailloir , on alTemble une croix , ou tout fim- plement une traverfe , comme à la figure 7 , dans le milieu de laquelle traverlè paffe l'axe de la colonne ( que les Treillageurs nomment aufii mandrin , fur-tout quand il eft fait en bois ) ; & pour que les affemblages qu'on feroit dans les pièces du tailloir pour recevoir une croix ou cette traverfe , n'en diminuent pas la force , on peut les fupprimer tout-à-fait , & mettre fimplement ces dernières en entaille deffus , & les attacher avec des vis , comme je l'ai obfervé à la figure 6. Sect. ÎF. §. II. Des Vafes & des Chapiteaux de Treillages, (St. 12 Quand les Chapiteaux fon: d'une moyenne grandeur , les tailloirs fe font prdinairement à bois apparent, comme à la figure 5 , cote iJ , à la figure 7 & à la figure 6 , cote D ; mais quand ils font très-grands , & qu'on craint que leurs maffes ne produifent trop de plein , on fait très-bien de les orner de garnitures de Treillage , comme à la figure J , cote C, où il n'y a que le filet qui fépare les deux moulures du tailloir , qui foit plein ; c& dans ce dernier cas , on difpofe le profil du tailloir pour recevoir des garnitures de Treillage , ainfi qu'on peut le voir à la figure 6 , cote E , en obfervant de lui laiffer toujours fa hauteur ordi- naire , comme je l'ai fait ici , afin que , quoique léger en apparence, il foit réel- lement folide, ce qui, d'ailleurs, ne change rien à fa conftruèlion, qui eft , quant au refte , la même qu'à celui repréfenté en plan y. Le tambour ou vafe du Chapiteau eft compofé de deux cerces , dont une , qui eft l'inférieure, vient repofer fur l'aftragale de la colonne , ainfi qu'à la figure 6 , cote D , ou bien fait partie de cet aftragale , comme à cette même figure , cote E. L'autre cerce qui termine la partie fupérieure du tambour , eft très-large , afin de déborder autant que l'exige la faillie des lèvres du vafc. Quant à fon épaif- feur, elle efl: auffi déterminée par l'épaifleur de la lèvre du vafe, plus ce qu'il faut pour entrer en defTous du tailloir , comme on peut le voir dans cette figure. Cette cerce , qui eft repréfentée en plan & vue en delfous , 8 , cote H, & vue en deifus , même figure , cote /, eft a/Femblée avec l'autre cerce du bas du tambour ou vafe du Chapiteau , par le moyen de huit montants qui répon- dent aux huit points principaux du plan , de manière qu'ils fe trouvent en partie cachés par les feuilles du Chapiteau. Toute la furface extérieure du tambour eft garnie de Treillages à comparti- ments , qui en forment une efpece de Corbeille , comme le repréfenté la figure J , cote B ; il faut , autant qu'il eft poffible , qu'il fe trouve un milieu de compartiment aux huit principaux points du cercle du plan , afin que ce qui en refte apparent fe trouve au milieu des huit faces du Chapiteau , ainfi que je l'ai fait ici. C'eft par-deiFus cette efpece de vafe , que fe placent les volutes & les feuilles qui forment la décoration de ce Chapiteau , & cela félon l'ordre prefcrit par les règles de l'Architeélure , comme on a pu le voir au commencement de cette Partie de mon Ouvrage ; c'eft pourquoi je n'en parlerai pas ici , du moins quant à leurs formes : pour ce qui eft de leur conftruflion , c'eft la même chofc que pour les feuilles d'ornements dont j'ai parlé ci-defTus. Les volutes & les hélices peuvent fe conftruire avec du bois ployé ; mais elles font mieux faites lorfqu'elles font fculptées , quoiqu'elles foient moins folides que de l'autre façon. Toutes ces pièces fe conftruifent à part , & on les réunit par le moyen Planché 37J. 121^ L'ART DU TREILLAGEU R, Chap. ni. ~ des coutures ou liens de fil de fer , du moins pour les parties qui n'ont pas ^ befoin d'être clouées. Quand toutes font prêtes , on commence par pofer & arrêter en place les volutes & les hélices , dont les tiges fe réuniflent en une feule à l'endroit des caulicoles; cette tige doit être très-menue par le bas , & amincie prefqu'à rien, afin de ne pas nuire à la feuille qui fe trouve placée deiTus : les feuilles fe pla- cent enfuite , en commençant d'abord par celles de derrière , qui font les plus longues , & en finiiFant par celles du bas , qui font les plus courtes , comme on peut le voir à la figure 5 , cote C, où les feuilles font chacune à leur place , & deiFmées en malles feulement. Il faut avoir grand foin , lorfqu'on arrête les différentes parties d'un Chapi- teau , de le faire très-folidement , mais de manière cependant qu'elles puiflent être détachées quand on le juge à propos , foie pour peindre l'ouvrage ou pour le réparer. Les Chapiteaux CompoCtes fe conftruifent de la même manière que les Cha- piteaux Ioniques & Corinthiens, dont ils font un affemblage, comme je l'ai dit en fon lieu ; c'eft pourquoi je n'en parlerai pas du tout ici. ^, III. Des Fleurs eh Treillages, & de leur conjlruclion. L A conftruétion des Fleurs en Treillages , eft une partie de l'Art du Trei!- lageur, qui , fi elle n'eft pas la plus favante, eft celle qui demande le plus de patience & d'adrelîè de la part de l'Artifle, & qui a été portée de nos jours à un degré de perfeélion dont on n'auroit jamais cru qu'elle fût fu(ceptib!e. Les Fleurs en Treillages ne font plus aéluellement ( du moins quand elles font bien faites ) un aifemblage de copeaux groffiérement travaillés , qui reffembloient à peu-près à des fleurs d'une forme bizarre & fouvent faites au hazard ; mais c'eft l'imitation la plus parfaite de ces belles produélions de la nature : c'eft , pour tout dire en un mot , un nouvel Art rival de la Sculpture , & qui s'efforce d'égaler cette dernière , s'il ne la furpaffe pas quelquefois , du moins pour les ouvrages dont il eft ici queftion. En effet, les fîeurs faites par le moyen de la Sculpture, quelque parfaites qu'elles puilTent être, font toujours un peu lourdes, & ne peuvent pas être aufli détaillées qu'elles le font dans la nature ; au lieu que celles faites en Treil- lages en ont toute la légèreté , & imitent d'autant mieux les fleurs naturelles, qu'elles font , ainfi que ces dernières , compofées d'une infinité de feuilles ou pétales qui recouvrent les unes fur les autres. On ne fauroit cependant nier que les fleurs de Treillages, telles que je viens de les dépeindre , ne tiennent & ne doivent beaucoup à la Sculpture ; car c'eft par le fecours de cette dernière , que les Treillageurs imitent certaines fleurs ou parties de fleurs, qu'ils ne pourroient pas exécuter autrement que par le Sect. IV. §. III. Des Fleurs en Treillages, & de leur conjlruclion. 1217 le moyen du cifeau & de la gouge ; c'eft pourquoi l'exécution des fleurs en • Treillages peu: & doic même être confidérée comme une efpece de Sculpture de pièces de rapport. Je n'entrerai pas ici dans le dérail des différentes fleurs qu'on peut exécuter en Treillage , parce que ce détail feroit aufli immenfe qu'inutile , puifqu'il n'y a pas de meilleur livre pour étudier la nature, que la nature même. C'eft donc à ce grand livre toujours ouvert aux yeux de l'homme ftudieux , que je renverrai pour l'étude des fleurs , du moins quant à leurs formes , me contentant de don- ner ici quelques exemples de feuilles , tant compofées que naturelles , & dont l'ufàge eft le plus commun dans les ouvrages ordinaires. Les feuilles compofées font celles qui n'ont pas de modèles dans la nature , du moins pour la forme de leurenfemble ; telles font, par exemple , les feuilles qui ornent les chapiteaux Corinthiens & Comportes, lefquelles font connues fous les noms de feuilles d'olivier , de perfil, de laurier , S acanthe , &c. parce qu'elles font compofées de plufieurs maflfes de ces fortes de feuilles. Les feuilles naturelles font celles dont la forme eft exaélement la même que dans la nature , d'après laquelle on les a copiées , comme , par exemple , les feuilles de chêne, de laurier, d'olivier, de myrte, de rofes , de pavots , &c. Ces fortes de feuilles fervent ;i faire des guirlandes , des couronnes , &c ; & l'on fait choix dans ces diverfes efpeces félon l'expreffion de l'ouvrage on on les emploie , afin que l'enfemble & les parties de détail de ces mêmes ouvr.ages, foient d'accord entr'eux , & tous enfemble avec la deftination totale de l'édifice. Les quatre premières figures de cette Planche , repréfentent des feuilles com- pofées , defîînées d'après les beaux Chapiteaux Corinthiens & Compofites de l'Œuvre de Daviler , édition de lyro. La figure i eft une feuille de laurier; la féconde, une feuille d'acanthe ; la troifieme , une feuille d'olivier ; & la quatrième , une feuille de perfil. La fé- conde & la troifieme de ces elpeces de feuilles , font particulièrement conlà- crées aux Chapiteaux Corinthiens , & les deux autres aux Chapiteaux Compo- fites , du moins tel a été l'ufage des Anciens & de la plus grande partie des Modernes. Ces feuilles fervent non-feulement à la décoration des chapiteaux des colonnes , mais encore à beaucoup d'autres parties d'Architeélure , comme les gorges des corniches & des plafonds , les différents membres de moulures , &c; c'eft ce qui m'a engagé à en donner ici un exemple , avant de parler des feuilles naturelles repréfentées dans les autres figures de cette Planche. Les feuilles naturelles dont on fait le plus d'ufage dans la corapofition des guirlandes & autres ornements de cette efpece , font les feuilles de chêne , f,g. 5 ; les feuilles de laurier ,fia. 7 ; celles d'olivier ,fig.^\ celles de myrte , jig. 1 1 ; enfin celles de rofes & de pavots , jig. 1 3 é?" 1 5. On fait des guirlandes avec ces différentes efpeces de feuilles , de plufieurs manières , c'cft-à-dire , où elles font diyerfemcnt difpofées. Les plus lîmples Treillageur, h 14 Planche 37J- Planche i^6. lîiS L'ART DU TREILLAGEUR, Chap. m. ^^^^^^^ & l^s plus naturelles fe font avec des branches de ces différents arbres , garnies ^^S. leurs feuilles & de leurs fruits , repréfentées 17, 18 , ip iS" 20. D'autres guirlandes fe font fimplement de feuilles attachées par paquets , qui font indé- pendants les uns des autres , ce qui forme des intervalles dans le cours de la guirlande ; d'autres enfin font , ainfi que ces dernières , compofées toutes de feuilles , mais qui font difpofées de manière qu'elles ne laillent pas d'intervalles entr'elles , & recouvrent les unes fur les autres d'environ un tiers de leur lon- gueur ; & chaque côte ou milieu de feuille eft placé au milieu de l'intervalle que laifFe celle qui la couvre. Il eft rare qu'on falTe des guirlandes feulement de feuilles de rofes ou de pavots , ces fortes de feuilles fe joignant toujours à leurs fleurs pour faire des guirlandes plus riches & plus ornées. Si donc je les ai repréfentées ici , ce n'eft que parce qu'il arrive qu'on en fait quelquefois ufage indépendamment de leurs fleurs. Les feuilles que j'ai repréfentées ici , ne font pas les feules dont on fe fert pour faire des guirlandes : car on peut y employer également celles de palmier, de cyprès, de lierre, de vigne , &c ; mais comme les ouvrages de Treillages font pour fordinaire d'une expreflîon gaye & légère , tous les ornements n'y font pas propres , foit par rapport à leurs formes générales , ou aux parties qui les compofent ; & c'eft pour cette raifon que je ne fais mention que de ceux qui y font les plus analogues. Les feuilles dont je viens de parler font fimples ou ornées, c'eft-à-dire , qu'on peut les faire comme les figures (î, 8 , 10 , 11 , 14 & i(J, qui , quoique les mêmes que celles fig- S t 7 > 9 , I3&ij,ne font fufceptibies d'aucun relief apparent , & font fimplement contournées & quelquefois un peu galbées; au lieu que les autres font fufceptibies de reliefs qui repréfentent les faillies des côtes , & les principales ramifications des feuilles. Ces dernières fortes de feuilles tiennent pour beaucoup à la Sculpture , &on ne les emploie que dans les ouvrages qui font d'une nature à être vus de près ; car quand les guirlandes, ou autres ornements de Treillages , font deftinés à être placés loin de l'œil du fpeélateur, les feuilles fimples font tout auffi bien que les autres, c'eft-à-dire, celles qui font fculptées. De quelque manière que les feuilles foient difpofées , il faut toujours réfer- ver à leur extrémité inférieure un pédicule ou queue , tant pour imiter plus parfaitement la nature , que pour avoir le moyen de les attacher pour en faire des guirlandes , des bouquets , &c. Je n'entrerai dans aucun détail au fujet des fleurs, du moins quant à leurs formes , pour les raifons que j'ai données ci-deffus. Je vais fimplement dire quel- que chofe des diverfes parties dont la plupart font ordinairement compofées , après quoi je paflerai à leur exécution en Treillages. Les fleurs font, en général, compofées de plufieurs parties principales , fok Sect. If^. §.ïll. Des Fleurs en Treillages, & de leur conflruBion. tiTÇ internes ou externes ; les parties internes font les étamines & le piftil, & les , parties externes font les pétales & le calyce : ce font ces dernières dont la con- Fi anche noillànce eft la plus nécellàire aux Treillageurs. 377- Les pétales font les parties les plus apparentes des fleurs : ce font ces feuilles colorées qui en forment l'enceinte 8c la principale partie , lefquelles prennent nailîànce dans le calyce , où elles font attachées , ( fuppofé qu'il y en ait un ; car il y a des fleurs qui n'en ont pas ). Le calyce eft la partie inférieure de la fleur , d'où fortent toutes les autres ; c'eft une elpece d'enceinte formée par le renflement des pédicules ou tiges qui portent les fleurs. Les calyces des fleurs font prefque toujours découpés par leur extrémité fupérieure : leurs formes font variées à l'infini , ainfi que celles des pétales ou feuilles coloriées. Quant aux parties internes , elles font la plupart trop petites pour être exaélement copiées par les Treillageurs,; & comme elles varient beaucoup félon les différents fujets , je n'en parlerai pas ici , parce qu'on pourra avoir recours aux originaux pris dans la nature même, comme je fai dit ci-delTus. Les fleurs faites en Treillages font , en général , compofées de feuilles ou pétales, & du bouton ou tige. Le bouton,/^. 4, n'eft autre chofe qu'un morceau de bois tourné félon que l'exige la forme des fleurs qu'on veut exé - cuter. La partie fupérieure de ce bouton eft diverfement travaillée , pour repré- fenter l'intérieur des fleurs autant bien qu'il eft poiTible , & fi partie inférieure eft coupée en biais ou habiUure , pour la rejoindre à une tige plus longue , fuppofé qu on foit obligé de faire cette tige de deux pièces , foit pour avoir la commodité de la tourner plus aifément , ou pour quelque autre raifon que ce foit. Aux ouvrages communs les Treillageurs ne font pas tourner les boutons ; ils les font tout uniment avec un morceau de bois de frêne , dont ils fendent l'ex- trémité fupérieure en divers fons & à 6 ou 8 lignes de profondeur , pour y faire une barbe , au milieu de laquelle ils laiflent fubfifter une cfpece de bouton de bois plein , fait au couteau ou au cifeau tout limpleraent , comme on peut le voir à la figure 7. En préparant les boutons, il faut avoir foin que leur forme, & for-tout leur grofleur , foient relatives à celle de la fleur qu'on veut faire, & diminuer fur cette épaiiTeur celle des feuilles ou pétales qui doivent être attachées deifus , foit que cette fleur ait un calyce ou non, parce que dans le premier cas le bas du calyce eft formé dans le bouton , & on facheve avec de petits morceaux qu'on rapporte après avoir attaché toutes les pétales. Quant à ces dernières , on les prépare toutes félon la forme & la grandeur qu elles doivent avoir & félon la place qu'elles doivent occuper; ce qui étant fait, on les courbe au teu , quand c'eft pour faire de l'ouvrage propre , ou on les mâtine à la tenaille , fi c'eft de l'ouvrage commun ; après quoi on les attache fur le 1220 L'JRT DU TREILLAGEUR, Chap. III. ~ bouton ou tige, en commençant par celles de l'intérieur de la fleur , où font les plus petites pétales , & en fmiflânt par celles de l'extérieur , où Ibnt les plus grandes , comme on peut le voir aux figures 6 & 9 , qui repréfentent les cou- pes des deux fleurs , fig. J <& 8 , dont la première eft une rofe , & l'autre un pavot. Chaque pétale s'attache avec une ou deux broquettes à tête plate ; & quand les fleurs font petites , on fait ufàge de clous d'épingle , dont la tige eft courte & la tête large & plate ; & il faut avoir foin , en attachant les pétales ou feuilles des fleurs , d'y faire des trous avec le perçoir , pour que les clous ne les falTent pas fendre. Les fleurs qui fe trouvent trop petites pour être faites de pièces rapportées , comme le jafmin & autres , on les prend en plein bois qu'on découpe , ainfi qu'on peut le voir à la figure ir. Ces fortes de fleurs ne deviennent trop petites pour être exécutées de plu- fieurs pièces , qu'autant qu'on les fait de grandeur naturelle , ce qui arrive rarement; mais on peut prefque toujours les faire en pièces de rapport, de quelque efpece que puiffent être ces fleurs. On fait quelquefois des guirlandes de fleurs & de fruits ; alors ces derniers font fculptés dans du bois léger & liant, & on les monte fur un pédicule ou tige , par le moyen duquel on les attache , ( ainfi que les fleurs ) , fur un mandrin ou maffe de bois repréfenté Jig. 1 & ^ , qui eft contourné félon la forrnp qu'on veut donner à la guirlande , laquelle doit être defllnée à part , comme celle repréfentée^^. 2. Quand on veut faire des bouquets de fleurs qui terminent des Corbeilles on des Vafès , on fait leur tige droite , & on la fait entrer dans des moyeux ou mandrins qui terminent ces derniers , Jig. 12 , comme je l'ai dit plus haut , ce qui n'eft pas bien , & n'eft guère tolérable que quand ils font élevés à une très- grande hauteur; car quand ils font placés fous les yeux, il vaut mieux faire courber la tige des fleurs , afin qu'elles paroiflènt fbrtir naturellement de dedans la Corbeille ou le Vafe , dont on termine le defl"us avec un morceau de bois épais , dans lequel on place & arrête les tiges des fleurs après qu'elles ont été peintes. S'il arrivoit qu'on voulût faire beaucoup pyramider un bouquet , on feroit la pièce de bois ou mandrin auffi élevé qu'il feroit néceflàire , & on y feroit des trous à différentes hauteurs , dont la diredlion feroit la même que celle qu'on voudroit donner à la tige des fleurs , & par conféquent à ces dernières, comme on peut le voir à la figure 10. Les TreiUageurs qui font des fleurs , travaillent aflls devant un établi ou table placé au jour, comme celui repréfenté fig. i , P/. ^^2. Cet établi doit avoir des tiroirs en deffous , pour y ferrer les pièces dont on fait les fleurs, & être garni d'un rebord fur le devant, pour empêcher qu'elles ne tombent & ne fe Sect. IV . §. IIL Dci F Leurs m Treillages y tr de leur conftruclion. 12 ir fc perdent. Ils font ufage de tous les outils dont j'ai parlé , page 1125 , aiufî que de ceux des Sculpteurs, & enfin de toui ce qu'ils jugent convenable pour accélérer & perfedlionner leur ouvrage , qui , pour être bien fait , exige beau- coup d'adrelTe & d'ufage de la part de l'Artifte , comme je l'ai dit plus haut. Je ne m'étendrai pas davantage au fujet de la conUruftion des fleurs en Treillage, parce que c'eft une affaire toute de pratique & de goût, chofes qui ne s'enfeignent guère dans des Livres , mais qu'on n'acquiert qu'en travail- lant beaucoup , & fous les yeux d'habiles Maîtres ; c'eft pourquoi je vais terminer ici la defcription de l'Art du Treillageur proprement dit, & paffer tout de fuite à celle des autres parties de Menuiferie propres aux Jardins, dont je vais traiter dans le Chapitre fuivant (*). (*)Ladercripcîoii de l'Art duTioillageur, qiioï- qu'aflcz étendue , n'eft peut-être pas aiifîi com- pîectc qu'on Tauroit pu fouhai ter; mais il faut faire attention que cet Art eli prefque encore dans fa nailTance, & qu'il y a tout à croire qu'il fera des progrès dans la fuite. Quoi qu'il en foit . j'ai fait tout mon poiTible pour ne rien laiiTer à dé- lirer , du moins quant à fon état actuel : en quoi j'ai été aidé , quant à ce qui regarde la pratique & la conpoilTance de certaids outils & termes propres à cet Art , par M. Courfel , Com- pagntin Treillageur. Quant à la partie de la Me- nuiferie nécelTaire Se rclari\-e aux ouvracres de Treillages , j'ai fait en forte de la détailler aulli parfaitement qu'elle pouvoir l'être ; parce que cette partie , d'où dépend la beauté des formes & la folidité des Treillages , n'efl pas bien fami- liers aux TrciUageurs , Se qu'il étoit par csnfé- quent eflentiel de la bien développer. Treillageur. 114 1222 L'ART DU TREI LLAGEUR, Cliap. IV. CHAPITRE QUATRIEME. Des divers Ouvrages de Menuiferïe nécejfaires dans les Jardins. De puis que la coutume s'eft introduite de faire , dans les Jardins , des Salions & des Cabinets de Treillages, non-leulement comme ceux dont j'ai fait men- tion ci-deflus , mais encore de ces mêmes Salions & Cabinets bâtis en plâtre ou toutes autres matières folides & revêtus de Treillages , les ouvrages de Me- nuiferie de toute elpece , comme les portes , les croifées , les jaloulîes & les lambris, ont été néceflairement employés, foit pour fermer ou pour décorer ces pièces ; ce qui exigeroit une defcription de ces fortes d'ouvrages , fi cette defcription n'étoit pas déjà faite dans la Première & la Seconde Parties de mon Ouvrage , auxquelles on pourra avoir recours. C ell pourquoi je ne vais traiter ici que des ouvrages de Menuiferie dont l'ufage efl: particulièrement confacré aux Jardins, & qui n'étoient faits que par les Menuifiers de Bâtiments , avant que les Treillageurs fuffent Menuifiers, ou , pour mieux dire , qu'ils euflent acquis le droit de faire ou de faire faire de la Menuiferie. Les ouvrages que je vais décrire , font les Sièges de Jardins de toutes Ibrtes, les Caiflès propres à mettre des arbriiïèaux & même des arbres d'une certaine grandeur ; enfin tout ce qui concerne les Serres chaudes , comme les Gradins , leurs chaffis de toutes efpeces, &c. Je terminerai ce Chapitre , & en général la defcription de l'Art du Menuifier , par un Effai fur le toifé , & l'appréciation des Ouvrages de Menuiferie , & cela relativement aux ufages reçus, du moins pour les ouvrages de cet Art qui Ibnt fufceptibles de toifé , comme la Menuiferie de Bâtiment & le Treillage. Section Première. Des diférentes fines de Sièges de Jardins. _ii „i „ Lorsque j'ai terminé la defcription des différentes elpeces de Sièges , j'ai Planche dit , page 664 , Seconde Sedion de la Troifieme Partie de mon Ouvrage , qu'il en étoit encore d'une autre forte , qu'on nommoit Sièges de Jardins , dont je traiterois à la fuite de l'Art du Treillageur. Ces Sièges font de deux efpeces ; favoir, les Chaifes proprement dites, &les jffana. Les Chaifes les plus ordi- naires , font celles qui font d'une forme quarrée par leur plan , comme celle repréfentée/g-. i, 2, 5 & 6. Ces fortes de Chaifes font d'une forme très-iîmpléj & il fuffit qu'elles foient conftruites proprement & folideraent : les bois de leurs Sect. 1. Des différentes jories de Sièges de Jardins. 122^ bâtis doivent avoir un pouce^& demi à 2 pouces en qiiarré, du moins pour -.™~««««( leurs pieds , tant de devant que de derrière ; ces derniers doivent avoir 2 pieds Pianchï 6 à 8 pouces de haut , & être deverfés en dehors d'environ 2 pouces pris du deflus ^ '^^ du lîége , qui doit être élevé de terre d'environ 16 pouces : le refte des bâtis , 1 c'efl-à-dire , les traverfes du pourtour du lîége & du doffier , ont 2 pouces à a ^ pouces & demi de largeur , fur un pouce d'épaiJTeur. Quant à celles du bas , & l'entretoife jÇo". 6 , il faut qu'elles foient d'une largeur égale à celle des pieds dans lefquels elles font affemblées, & qu'elles affleurent des deux côtés, comme ij5 on peut le voir dans cette figure ; l'épailTeur de ces dernières traverfes doit êtrg d'environ i J à 18 lignes , afin de donner plus de largeur , & par conféquent plus de force à leurs afiemblages. On orne les arêtes de traverfes des Chaifes de Jardins d'une petite moulure , & on fe contente de faire un chanfrein fur celles des battants, tant dans leur partie inférieure qu'au doffier, où il vaudroit cependant mieux faire régner la même moulure qu'aux traverfes , comme on peut le voir à la figure r , en obfervant d'arrêter cette moulure au-devant de la traverfe du bas du doffier, afin de ne point trop diminuer la largeur des battants. On pourroit auffi , au lieu de mettre des chanfreins au bas des pieds, les faire tourner en forme de petites colonnes , ce qui feroit beaucoup plus propre , & les rendroit plus légers , fans pour cela en diminuer la force , qui feroit toujours la même à f endroit des affemblages des traverfes , comme on peut le voir aux pieds du Banc repréfenté fig. 9 & 10. Le deffiis ou fiége de ces Chaifes eft fait de planches d'environ 10 lignes d'épai/Teur , qu'on arrête fur les traverfes avec des clous à têtes perdues , c eft-à-dire , qu'on fait entrer tout en vie dans le bois , après en avoir fait fiuter la tête , ce qui fe fait de la manière fuivante. On prend le clou dont on veut faire fauter la tête , de la main gauche , & on le couche fur le deffiis du valet , en obfervant que û tête , ou du moins une partie , porte contre l'arête de ce dernier ; puis avec le marteau qu'on tient de la main droite , on frappe fur la tête du clou , qui étant retenue d'un côté par l'arête du valet , ploie & fe rompt de ce côté , & laiffie une petite barbe à la tige du clou , dont on fait fauter les quatre côtés de la tête en les appuyant ainfi les uns après les autres , fur l'arête du valet, ou de toute autre chofe capable d'oppofer affez de réfiftance au coup de marteau pour faire fauter la tête du slou , qui , étant ainfi rompue , ne dimi- nue point de fa longueur , & y conferve une largeur plus confidérable qu'au refte de la tige , ce qui y fait une elpece de petite tête qui empêche le bois de fe coflSner. Le deflus du fiége faille d'environ un pouce , d'après le nud du bâtis de la Chaife , de trois côtés feulement , parce qu'on le fait affleurer avec la traverfe ><fe derrière , comme on peut le voir aux figures 2 & y. Le doffier des Chaifes de Jardins eft ordinairement vuide ; cependant il vaut 1224 L'ART DU TREILLAGEUR, Chap. IV. .■ „ „ .. — — mieux qu'il foie rempli par des compartiments de Treillages quelconques,afin que Planche ^gy^^ ti{^ge deces Chaifes puiflenc s'appuyer le dos plus commodément. Les Tourneurs font des efpeces de Chaifes de Jardins qu'ils nomment PdUs- à-cuL , & cela par rapport au fiége de ces fortes de Chaifes , qui eft fait comme une pelle , & percé au milieu de fa largeur pour faciliter l'écoulement de l'eau qui tombe deffus. Ces Chaifes n'ont que trois pieds , & font très4ègeres , mais pea folides ; ce qui en a fait imaginer d'autres d'une forme à peu-près fem- blable , mais en même temps plus commodes & d'une plus grande folidité. Ces Chaifes , repréfentées fig. 3,4, 7 & ^ , font cintrées par leur plan ; leur doffier eft creux & évafé , & elles n'ont que trois pieds ainfi que les Pelles- à-cul , afin qu'en quelqu'endroit qu'on les place dans un Jardin , elles prennent une alTiete folide , ce qui n'arrive pas toujours quand les Chaifes ont quatre pieds , vu les inégalités qui peuvent fe rencontrer dans la furface du terrein , quelqu'uni qu'il puiffe être. Les Chaifes dont je parle , peuvent être ornées de moulures & même de fculpture, du moins autant que cela ne nuira pas à leur folidité, qui doit être préférée à tout , parce qu'étant expofées à l'air , du moins pendant la belle faifon , on ne doit rien négliger de ce qui peut prolonger leur durée , ou , ce qui eft la même chofe , prévenir leur deftruftion , qui n'arrive toujours que trop promptement , quelque précaution qu'on puiffe prendre. Comme ces Chaifes n'ont que trois pieds , il s'en trouve néceflairement un par devant qui s'alfemble en chapeau dans la traverfe de ceinture , qui vient s'alfembler elle-même dans les deux pieds de derrière. Cette traverfe doit être faite de trois pièces au moins , afîêmblées en enfouf- chement , ou , ce qui eft encore mieux , à traits de Jupiter ; & pour qu'elle fati- gue moins , on difpofe le deffus du fiége à bois de bout en devant de la Chaife , comme le repréfente la figure 7 , afin que fon fil appuie & foutienne les joints de la traverfe fur laquelle on l'attache à l'ordinaire. L'écart des trois pieds eft entretenu par une entretoife cintrée repréfentée fg. 8 , laquelle eft compofée de deux pièces affemblées au point a, afin qu'elle foit à bois de fil , du moins autant que cela eft poffible , ainfi qu'on peut le voir dans cette figure. Je n'entrerai pas dans un plus grand détail au flijet de la forme & de la conf- truélion de ces dernières efpeces de Chaifes , (ou de toutes autres dont la forme peut varier à finfini ) parce que quant au premier objet , l'infpeélion feule des figures doit fufEre ; & que pour le fécond, c eft-à-dire , la conftruftion , j'en ai traité amplement dans la féconde Sedion de la troifîeme Partie de mon Ouvrage , à laquelle on pourra avoir recours fi on le juge à propos , ce qui , au refte , n'eft pas abfolument néceffaire. Les Bancs de Jardins font de deux elpeces; fàvoir, les fimples 8c ceux à- dolTier. Les premiers ne font autre chofe que des planches d'un pouce ou d'un pouce Sect. I. Des différentes fines de Sièges de Jardins. 122^ pouce Si demi d'épaifTeur , dre/Tées & corroyées fur toute leur longueur , lef^ , quelles font pofées & attachées fur des fupports plantés en terre. Ces fupports P^-^nche font des bouts de planches dont la largeur eft un peu moindre que celle des delTus , afin que ces derniers les défaffleurent d'environ un pouce de chaque côté. Les fupports doivent avoir au moins un pouce & demi d'épaifTeur, & être enterrés d'un bon pied , afin qu'ils tiennent plus folidement ; & il faut avoir (bin de brûler le bout qui entre en terre , afin qu'il réfifte plus long-temps à l'humi- dité. Quant à leur nombre, c'eft la longueur du Banc qui le détermine, en obfèrvant qu'ils ne Ibient écartés les uns des autres que de deux pieds & demi à trois pieds , tour au plus ; 3c que ceux des bouts foient éloignés de 8 à 12 pou- ces tout au plus , des extrémités du deffus , dont les arêtes & les angles doivent être arrondis , & la furface extérieure un peu bouge , pour que feau ne féjourne pas delTus. Les delTus des Bancs fimples s'attachent fur les fupports fans y faire aucune efpece d'affemblage , ce qui ne peut être , parce que fi ces derniers pafToienc au travers du delTus , ils donneroient entrée à l'eau , qui pourriroit les deffus & leurs fupports ; cependant je crois qu'il feroit bon d'y faire en delTous des rai- nures de 3 lignes de profondeur tout au plus, dans lefquelles les bouts des fupports entreroient tout en vie , ce qui n'altéreroit pas la force du delTus du Banc, Se empêcheroit les fupports de fe coffîner ou de fe fendre , comme il arrive quelquefois. On arrête les delTus des Bancs avec des clous à tête perdue ; mais il vaudroit mieux y mettre de bonnes vis à tête fraifée , qu'on entreroic dans l'épailTeur du bois , ce qui feroit plus propre , & fur-tout plus folide que des clous à tête perdue , qui fouvent lâchent , ou bien paffent au travers l'épaif- feur de la planche du delfus , qui , n'étant plus retenue , fe coffine aifément , foie en deffus ou en deffous. Quand on conftruit ces fortes de Bancs , il faut , autant qu'il eft poffible mettre le côté de la planche qui eft le plus proche du cœur de l'arbre , en deffiis , parce que quand le bois vient à fe travailler , il fe bougit de ce côté , & fe creufc par conféquent de l'autre , qui , s'il étoit en delTus, conferyeroit Feau , ce qui , à la longue , le pourriroit. Les Bancs à doffier,^^. ç & 10 , différent des Chaifes dont j'ai parlé ci- deffus, par leur largeur, qui eft quelquefois de 12, 15 , & même 18 pieds, & par les bras ou accotoirs qu'on met à leurs extrémités. Les pieds de derrière des Bancs ont 3 pieds de hauteur , fur 2 à 3 pouces de gros , félon la force & la grandeur des Bancs ; ceux de devant ont 25 à 26 pouces de haut , pris du deffus des accotoirs , qui s'affemblent deffus à chapeau d'un bout , & de l'autre à tenon & enfourchement dans le battant ou pied de derrière, à un pied au- ^1 de.ffus du fiége, pris perpendiculairement à ce dernier, comme on peut le ' voir à la figure 9. Trejllageur. K; m 1226 L'ART DU T REILLAGEU R, Chap. IF. Les accotoirs font cintrés en S fur le plat, & ornés de moulures par le bout & par les côtés ; leur largeur eft donnée par celle des pieds , qu'ils doivent déborder des deux côtés de la faillie de leurs profils au moins , comme on peut le voir à la figure lo. Quant à leur épaifieur , elle ne peut guère être moindre de 2 pouces , à caufe de leur cintre , qu'on doit faire le plus doux pofllble , fans cependant le faire plat. La hauteur du fiége des Bancs de Jardins , doit être comme celle des Chaifes, c eft-à-dire , de l J à 17 pouces tout au plus ; quant à leur profondeur, elle doit être un peu plus confidérable ; c'eft pourquoi il eft bon qu'ils ayent environ 18 pouces , au lieu de 14 ou 13 qu'on donne aux Cliaifès. Les fiéges des Bancs fe font de planches jointes à rainures & languettes , & arrêtées avec des clefs placées de diftance en diftance , pour qu'ils ne s'écartent pas fi la colle venoit à manquer , ce qui arrive fouvent à caufè de l'humidité à laquelle ils font con- tinuellement expofés , à quoi on pourroit en partie remédier, en inclinant un peu la furface des fiéges fur le derrière , pour faciliter & accélérer l'écoulement des eaux pluviales. En inclinant ainfi le deflus de ces fiéges , on les rendroit d'autant plus commodes , qu'on ne feroit pas expofé à glilfer de deflus lorfqu'on s'appuieroit contre le doflîer , comme il arrive à tous les fiéges dont le deflus eft plein & de niveau. Quand les Bancs de Jardins ont plus de 4 à y pieds de largeur, ou , pour mieux dire, de longueur, on y met des pieds de diftance en diftance, tant par devant que par derrière , & cela félon la plus ou moins grande longueur de ces mêmes Bancs. Ceux de devant s'afl"emblent en chapeau dans la traverfe, qu'il eft bon de ne point couper dans fa longueur, autant que cela peut fe faire. Quant à ceux de derrière , on les fait quelquefois monter de fond ( ainfi que ceux des bouts ) , & on les affemble en chapeau dans la traverfe du haut du dolfier, qu'on fait paifer droite dans toute la longueur du Banc, & on coupe les autres traverfes , c'eft-à-dire , celle du bas du dolfier , & celle de deflous le fiége , à fendroit du battant montant dans lequel on les aflemble à l'ordinaire. Cependant je crois qu'il vaudroit mieux faire pafler cette dernière droite , & couper le pied de derrière à la hauteur du fiége , plus 334 pouces , poux y faire un tenon qui entreroit & feroit arrêté dans une entaille pratiquée dans le milieu de la largeur d'un montant qui feroit aflemblé avec le refte du doflîer , comme on peut le voir à la fig. 10 , ce qui donneroit la facilité de faire ce dernier d'une largeur convenable , & de faire la traverfe qui porte le fiége , d'une feule pièce dans toute fa longueur , ce qui efl: très-efl"entiel pour la folidité de l'ouvrage. Les doflîers des Bancs de Jardins font quelquefois vides ; mais on les remplit le plus ordinairement par des montants de 3 pouces à 3 pouces & demi de lar- geur , ornés d'une moulure fur l'arête , & elpacés tant pleins que vides ; ou bien à la place de ces montants , on y met des baluftres , comme à la figure 10 , ce rui fait un très-bon effet. Que les dofllers foienc remplis par des montants ou s ECT. I. Des différentes fines de Sièges de Jardins. liij des baluftres , il faut que 1 epaifTeur des uns & des autres ne furpalTe pas i5 à 8 lignes , afin qu'ils laiflent un quarré d'après le fond de la moulure des bâtis, ^' comme on peut le voir à la figure ro. Les Bancs de Jardins fe conftruifent tous à peu-près de la même manière que celui dont je viens de faire la dcfcription , foit qu'ils foient droits ou circulaires par leur plan , comme il arrive très-fouvent quand ils font placés dans des BoP ;uets ou des Cabinets de verdure , dont il faut qu'ils fuiyent la forme ; dans ce dernier cas , il faut mettre les pieds de devant plus proches les uns des autres , que quand les Bancs font droits , ce qui efl tout naturel ; parce que les traverfes cinuées , foit en bouge ou en creux , font moins fortes que les droites. Quelquefois on met des patins aux pieds dos Bancs de Jardins, ce qui les préferve davantage de l'humidité. Ces patins ne font autre chofe que des pièces de bois de 3 à 4 pouces d'épaiffeur, fur j' .t (j de largeur," dans lefquelles on afTemble les pieds des Bancs, en obferyant que l'affemblage ne foit pas plus profond que les deux tiers de l'épailTeur du patin , parce que s'il fétoit davan- tage , ou s'il paffoit au travers , l'humidité de la terre s'y introduiroit aiféraent, ce qui les détruiroit bien promptement. Le pourtour des patins eft orné d'une moulure y & on les creufe un peu en delfous fur leur longueur, afin qu'ils portent mieux fur la terre, & donnent au Banc une alfiette plus folide. On fait encore des Bancs de Jardins avec marche-pied : ce n'cft autre chofe qu'une planche appliquée fur les patins , qu'on fait faillir en devant à cet effet. Ces marche-pieds fervent à élever davantage le fiége du Banc , & à pré- ferver les pieds de ceux qui s'aiTeyent fur ce dernier, de l'humidité de la terre. Il y a des Bancs de Jardins à doubles fiéges , ce qui eft très-commode pour jouir des différents afpeûs d'un Jardin comme on le juge à propos , & pour éviter d'avoir le foleil ou le vent dans les yeux. Ces fortes de Bancs , repréfentésji^. ir , 12 , 13 (S 14 , différent de ceux dont je viens de parler , par la largeur de leurs fiéges , qui eft le double de l'or- dinaire , & par la forme des accotoirs , qui occupent toute la largeur du Banc. Le doffier de ces Bancs forme un bâtis à part , & efl mobile pour pouvoir fe renverfer foit à droite ou à gauche , félon le côté où l'on veut s'affeoir , & il eft arrêté par le bas en A , /g. 1 1 (S 1 2 ( où eft le centre de mouvement ,) par le moyen de goujons de fer qui pafTent au travers de l'épaiffeur des montants de doffier , & des petits montants affemblés au milieu des traverfes qui portent le fiége, comme on peut le voir à la figure 11 , lefquels petits montants entrent dans une entaille ou enfourchement fait au milieu de la largeur des montants de dolTier, ce qui forme des efpeces de charnières , auxquelles les boulons /; fer- vent de goupilles. Le devers du doiTier eftretenu parles accotoirs , dans lefquels font pratiquées ii28 L'ART DU TREI LL AG EU R, Chap. ÎV. ■ — — — . des mortaifes où les battants entrent tout en vie fur leur largeur , ce qui vauC Planche j„i£.,,x que de les faire plus étroites , & de diminuer la largeur des battants à l'endroit des accotoirs , comme on le fait quelquefois. La longueur des mor- taifes des accotoirs eft déterminée par la pente du doflîer, laquelle doit être égale des deux côtés du Banc , comme on peut le voir à la figure 12 , où le doffier eft incliné de i en c , & de ^ en d, où ce même doffier eft indiqué par des lignes ponâuées , ce qui , comme je viens de le dire, donne la longueur des mortaifes & leur pente , qu'il faut cependant faire un peu plus droite , afin que le battant de doffier porte plutôt du haut que du bas. Quand on fait ainfi des mortaifes aux accotoirs , on eft obligé d'y faire entrer les battants de doffier avant que de les alTembler avec leur traverfe , ce qui devient affez incommode ; de plus , quand tout l'ouvrage eft monté , on ne peut plus retirer le doffier , fuppofé qu'on ait quelque chofe à y faire ; c'eft pourquoi je crois qu'il vaut mieux, comme aux figures 13 & 14 , féparer 1 acco- toir en deux parties fur la largeur , à l'endroit de la mortaife , & y rapporter une joue mobile plus longue que la mortaife de 2 à 3 pouces de chaque côté , dont le joint en pente fur la face intérieure de l'accotoir , feroit encore retenu par des languettes qui entreroient dans l'épaiffeur de l'accotoir , comme on peut le voir dans ces deux figures , qui repréfentent l'une , l'accotoir vu fur fa face intérieure , & fa joue mobile élevée au-deffius ; & l'autre , ce même accotoir vu en deffus , avec la joue à fa place : au moyen de cette joue mobile on peut , quand on le juge à propos , ôter le doffier du Banc , & le remettre enfuite , fans pour cela être obligé de rien défaffembler ; & quand il eft remis en place , on arrête cette dernière , c'eft-à-dire , la joue mobile avec deux vis en bois qui paffent au travers de fon épaiffeur , & fe taraudent dans le refte de l'accotoir. Quant au fiége de ces fortes de Bancs , il fe fait quelquefois plein fur la lar- geur ; d'autres le font en deux parties avec un jour au milieu , comme aux figures 1 1 & 14 , ce qui devient néceffaire pour Fécoulement des eaux pluviales , fur- tout quand on fait deverfer des fiéges fur le derrière , comme je l'ai dit ci- defllis. En général , les Sièges de Jardins doivent être conftruits avec beaucoup de foin & de folidité , & être faits de bois bien fain , d'une qualité ferme , & pas trop fec , pour que l'aéllon du foleil & de l'humidité ne les faffe pas tendre trop promptement à la vermoulure. Le delîùs , fur-tout, doit être fait avec de bon bois plein , & fans aucune efpece de fentes ni de giyelures , qui s'ouvriroient bien promptement au grand air. Quant à leur décoration , on peut ^ comme je l'ai déjà dit , la faire plus ou moins riche , autant que cela ne nuira pas à leur folidité. Section s ECT, IL Des Caijjes de Jardins ; de leurs différentes ejpeces , Se. la 25 Section Seconde. Des Caiffes de Jardins; de leurs différentes efpeces , formes & conflruBion. Les CaifTes dont je vais faire ta defcription , fervent à placer des arbriffeaux qu'on ne plante pas en pleine terre , pour avoir la facilité de les tranfporter quand on le juge à propos, & les mettre pendant l'hiver dans des ferres oà ils font à l'abri du froid, dont la plupart ne pourroient pas fouffrir la rigueur , comme, par exemple, les grenadiers , les orangers , &c. Il y a des Caiffesdl toutes grandeurs , depuis 6 pouces en quarré , qui font les plus petites , jufqu'à 4 pieds , & même 4 pieds 6 pouces, qui font les plus grandes qu'on ait faites jufqu'à préfent. Les Caiffes , eia général , forment une efpece de coffre , jig. x & ^ , dont le deffus eft découvert , & qui eftcompofé de quatre pieds ou montants de quatre côtés, qui font attachés fur ces derniers , & d'un fond. Aux petites Caiffes , c'eft-à-dire , celles depuis 6 pouces jufqu'à 2 pieds en quarré , les côtés ou panneaux s'attachent deffus ; & à celles qui font plus grandes , ils font difpofés de manière qu'ils puiffent s'ouvrir pour pouvoir chan- ger les arbriffeaux, ou y faire quelque opération, comme je le dirai en fon lieu, après avoir parlé des petites Caiffes, qui fe conftruifent de la manière lui vante. Après s'être rendu compte de la grandeur de la Caiffe qu'on veut conf- truire , on commence par faire les côtés ou panneaux , qu'on équarrit & qu'on met de longueur . en obfervant d'en faire deux plus courts que les autres de l'épaiffeur de ces derniers , afin que la Caiffe étant montée , elle foit égale fut fes quatre faces. Quand les panneaux font ainfi équarris , on les met d'épaiffeuc fur la rive de devant & par les deux bouts , en y faifant un ravalement d'une largeur fuflîfante pour que le pied de la Caiffe, étant placé fur le panneau, joigne contre le ravalement , comme on peut le voir à la figure 6 , qui repré- fente un panneau ainfi ravalé, fur lequel j'ai indiqué, par des lignes ponfluées, le dehors des pieds , ce panneau étant un des plus longs. Après avoir préparé les quatre panneaux , les pieds étant corroyés & tournés par la tête , comme ceux de la fîgure 2 , on attache un des panneaux les plus courts fur deux pieds qui l'afHeurent en dehors, comme le repréfente la figure 2. On en fait autant à l'autre panneau ; après quoi on attache fur les pieds , & en dedans de chacun des deux panneaux , un taffeau ab,fig.^ , qui fert à porter le fond de la Caiffe, qui doit affleurer avec le deffous des panneau)c , comme on peut le remarquer à la figure 4. Ce raffeau s'attache tout à plat fur les pieds ; cepen- dant il vaut mieux faire à ces derniers une entaille de 2 , 3 , 4, ou même 6 lignes , félon leur groffeur , dans laquelle on fait entrer le taffeau , qui , par ce Treill4csvr. t 14 1230 L'ART DU T R E I L L A G E U R , Chap. IV. ' ■ moyen , fe trouve foutenu , & n'eft pas expofé à fc détacher par la trop grande Planche pefanteur de la terre qui eft dans la Caillé , comme cela arrive quelquefois. Quand les deux taffèaux font attachés, on achève de bâtir la Caiffe, en atta- chant fur les deux côtés déjà montés , les deux panneaux les plus longs, dont les extrémités doivent affleurer avec le nud des deux premiers , comme on peut le voir aux figures i,2&5,&àla figure 8 , qui repréfente une partie de la Caiffe vue en deffus , & prête à recevoir le fond ,fig. 7 , qu'on y place enfuite. . Ce fond doit entrer un peu à l'aife, & être percé de plufieurs trous pour faci- liter l'écoulement de l'eau qu'on y verfe pour arrofer les arbrifTea-j;; qa on place dans la Caiffe. Il faut que le fond Ibit de bon bois dur & liant : il n'efl: pas néceflaire qu'il foit corroyé ; & quand il efl: un peu grand , on y met une ou deux barres en deflbus , attachées avec de bons clous qui doivent paffer au tra- vers , pour avoir la facilité de les river en deffus du fond , afin qu'ils ne lâchent pas , comme cela pourroit arriver quand le bois du fond vieadroit à fe pourrir. Quant aux côtés ou panneaux du pourtour de la Caiffe , il faut qu'ils foienc corroyés proprement à ^'extérieur , & joints à rainures & languettes , & collés , quoique cela ne foit pas abfolument néceffaire. Quand ils font d'une certaine grandeur , il faut y mettre des clefs dans les joints, &une ou deux barres à queue en dedans , prifes dans l'épaiffeur du ravalement , qu'il eft bon de faire un peu profond , tant pour donner plus de prife aux barres à queue , que pour dimi- nuer la faillie que font les côtés de la Caiffe fur les pieds où ils font attachés. Ces pieds doivent être faits de bois fain , fans noeuds ni fentes , parce que les clous qu'on enfonce dedans, lorfqu'on attache les côtés de la Caiffe, ne man- queroient pas de les faire ouvrir davantage , ce qui occafionneroit leur defiruc- îion. Le haut des pieds des petites Caiffes eft ordinairement orné d'une boule ; & aux grandes , dont je vais faire la defcription , d'une boule & d'une gorge au- deflbus , ainfi qu'aux figures <j,io,ii&i2. J'ai dit plus haut que les Caifles dévoient être quarrées , ce qui efl: exac- tement vrai quant à leur plan ; mais il eft bon de les faire un peu plus hautes que larges, parce que cela leur donne plus de grâce , & en même temps plus de profondeur en dedans. Il fe fait cependant des Caiffes barlongues par leur plan , pour mettre le long des murs ou des paliflàdes. Ces fortes de Caiffes ont rarement plus de ly à 18 pouces de hauteur de corps , & leur longueur eft déterminée par celle de la place qu'elles occupent ; cependant quand cette longueur eft un peu confidé- rable , il faut y mettre de faux pieds fur la longueur , dans lefquels on affemble. des barres à queue qui fupportent le fond de la Caiffe , & qui en empê- chent l'écart , du moins par le bas. Quant au haut, on ne peu: l'empêcher qu'en y mettant une femblable barre à queue , ou , ce qui eft mieux , une tringle de fer qui prenne d'un côté à l'autre de la CaiSè. Sect. il Des Calfes de Jardins ; de leurs différentes efpeces , êc. r 2 3 r Quant à la force des bois des CailTes dont je viens de parler, elle varie félon ■ leur grandeur : à celles d'un pied en quarré , les pieds doivent avoir un pouce & demi de gros , & les panneaux un demi-pouce d'épailTeur. A celles d'un pied ^ & demi en quarré , les pieds auront 2 pouces de gros , & les panneaux g lignes d'épaiiTeur, & à celles de a pieds en quarré, les pieds auront 3 pouces de g°ros, & les panneaux un pouce d'épailTeur, & ainG des autres. Quant aux fonds , i'i eft^ bon de les faire un peu plus épais que les panneaux du pourtour , parce qu'ils portent tout le poids de la terre, & qu'ils font plus expofés à l'humidité. Les grandes CaiiTes font celles qui palTent deux pieds en quarré, & qui font difpofées de manière que leurs, panneaux ou côtés peuvent s'ouvrir quand on la juge à propos. Ces fortes de Cai/Fes fe conftruifent de deux manières ; favoir , à feuillure, comme aux figures p, 10 & 13 , ou à recouvrement, comme aux figures, ri , 12 & ij'. La première manière eft la plus ufitée , & en quelque façon la plus propre ; mais elle a le défaut d'être moins commode que l'autre, quand les panneaux n'ouvrent que de deux côtés , comme je l'expliquerai ci-après. Quand on met les panneaux des CailTes à feuillures , on alTemble leurs pieds avec de fortes traverfes, dans lefquelles on fait des feuillures, ainfi qu'à ces derniers , où les panneaux entrent tout en vie , & viennent affleurer le nud des pieds & des traverfes. Les feuillures des pieds ne font pas faites dans toute leur longueur ; mais on les arrête par le bas à l'endroit des traverfes , & par le haut au-delTus des pan- neaux , comme on peut le voir à la figure 51 , ce qui conferve aux pieds toute leur force , & n'en gâte pas la forme. ^ Les panneaux de ces CailTes font retenus en place par des barres de fer arrê- tées avec un crampon ou piton à vis dans un des pieds, & qui viennent s'accro- cher dans un piton ou crampon placé dans l'autre, ce qui non-feulement em- pêche le panneau de forcir de ces feuiUures , mais en même temps retient Técart des pieds. On met deux barres de cette efpece à chaque panneau ouvrant , & cela vers leurs extrémités fupérieure & inférieure , pour empêcher qu'ils ne fe cofEnent, à quoi les barres à queue , qu'on met à ces panneaux, obvient en partie ; cependant je crois qu'il feroit bon , pour la folidité de l'ouvrage , qu'on fît les feuillures des traverfes qui reçoivent les panneaux à l'intérieur de ces der- nières , comme à la figure 14, ce qui empêcheroit les panneaux de fe tourmente* par le bas , & l'humidité intérieure de la CailTe de fortir dans la feuillure de la traverfe, &d'y féjourner, comme il arrive prefque toujours, ce qui la pourrit, ainfi que le bas du panneau. II y a beaucoup de ces fortes de CailTes où on ne fait ouvrir que deux pan- neaux ; alors on met des traverfes par le haut des panneaux dormants, & quelquefois même à ceux qui ouvrent ; ce qui n'eft pas bien, parce qu'elles nuifenc lorfqu'on veut retirer l'arbrilTeau ; de plus , les CailTes qui n'ouvrent que Planche 37P- 1232 L'ART DU TREILLAGEUR, Chap. ir. de deux côtés , quand même il n'y auroit pas de traverfe par le haut des pan- neaux ouvrants , font peu commodes , parce qu'il arrive quelquefois que les côtés qui font pleins , fe trouvent ceux qui devroient être ouverts , pour qu'on pût voir la caufe de la maladie de l'arbriffeau qui eft dans la Caifle, ou pour le chan- ger, ce qu'on fait plus aifément quand les quatre côtés ouvrent également, ce qui leur a fait préférer les Cai/Tes fig. 11 , 12 (& 13 , dont tous les panneaux ouvrent , foit enfemble ou féparéraent , félon qu'on le juge à propos ; de ma- nière qu'il ne refte plus que les quatre pieds de la Caifle , le fond & les traverfes qui la portent. Ces traverfes font afîèmblées dans les pieds à l'ordinaire , & font d'une épaiP- feur a/fez confidérable pour déborder ces derniers & recevoir les côtés de la Caifle, avec lefquels ils affleurent; & pour que ces traverfes foient plus folide- ment aflemblées dans les pieds , on fait entrer leur partie faillante en enfour- chement dans l'épaiffeur de ces derniers , comme on peut le voir à la figure i5, qui repréfente le bout d'une de ces traverfes avec fes aflèmblages. Les panneaux de la CaifFe ,jig. r l, font retenus en place par le moyen de deux e/peces de pentures de fer qui y font attachées , & qui tournent tout au pour- tour de la CailTe , aux angles ou aux joints d'épaifleur de laquelle elles s'affem- blentles unes dans les autres, comme des charnières, dans lefquelles paflent des broches de fer qui fervent de goupilles à celles du haut & du bas , comme on peut le voir dans cette figure & à la figure ly ; & pour que les côtés foient plus adhérents avec les pieds , on pofe au milieu de la largeur de ces derniers & de celle du panneau , des loqueteaux à reflbrt qui palTent au travers de l'épaifleut des panneaux , & les retiennent en place. Les fonds des Cai/Tes ,fig. 9 (S- 1 1 , portent fur des feuillures faites aux tra- verfes du bas des bâtis ; & pour qu'ils ne ployent pas , on aflemble dans ces dernières de fortes traverfes qui les foutiennent lur leur largeur. Les bois des grandes CaifTes dont je viens de faire la defcription , doivent , ainfi que ceux des petites CailTes dont j'ai parlé ci-deffus , être proportionnés à leur grandeur ; c'eft pourquoi on fera les pieds depuis 3 pouces de grofleut jufqu'à 5 , & les panneaux depuis un pouce d'épaifleur jufqu'à deux , & même 2 pouces & demi. Les Cai/Tes peuvent être fufceptiblcs de quelque décoration à leur extérieur ; mais on doit bien prendre garde que cette décoration ne nuife à la folidité de leur conftruâion, qu'on ne doit altérer en aucune manière , fur-tout pour les gran- des CaifTes , qui portent de lourds fardeaux , tant des arbres que de la terre , qui eft très-pelànte , & poulîè au vide avec beaucoup d'effort , fans compter la pefànteur de ces mêmes CaifTes, qui eft très-confidérable , & qu'on ne pour- roit par conféquent remuer fans rifquer d'y faire quelques dommages , fi elles étoient décorées de petits membres de moulures ou autres parties quelconques. Les CaifTes doivent être imprimées , tant en dedans qu'en dehors , de deux ' ou Sect. ni. Des Gradins & des Chafps de Serres chaudes , &c. 1233 ou trois couches de grofle couleur avant de les employer ; & c'eft une précau- tion qu'il faut nécelTairement prendre pour tous les ouvrages qui doivent être expofés au grand air , de quelque nature qu'ils puiiTent être, ' s Section Troisième. Des Gradins & des Chajfis de Serres chaudes ; leurs formes & confiruelion. L E s arbres & les plantes étrangères à notre climat , ou qui viennent des pays — méridionaux de la France , ne peuvent refter ici expofés à l'air pendant l'hiver, Pi-^nche fans être en danger de périr , ce qui a fait imaginer de les enfermer dans des pièces deftinées à cet ufage, pour les garantir du froid & des intempéries de notre climat. Ces pièces font connues fous les noms S Orangeries & de Serres chaudes. Les premières font toujours très grandes , & fervent à ferrer les oran- gers & autres arbres & arbuftes, qui font placés dans les cailfes dont j'ai parlé ci-deffus , pour avoir la commodité de les tranfporter comme on le juge à propos, Les Serres font moins grandes que les Orangeries, & fur-tout moins pro- fondes; & elles fervent, ain/î que ces dernières, à retirer pendant l'hiver, & même pendant toute l'année , des arbri/Feaux &. des plantes, qui , pour croî- tre & fe conferver, ont befoin de beaucoup de chaleur. Les Serres font de plufieurs efpeces ; les unes font des Mes de 20 à 30 pieds de hauteur, fur une profondeur de 13 à i; pieds tout au plus , & dont la face principale (qui doit être expofée au midi ) doit être la plus ouverte qu'il eft poflible, & fermée de chalTis vitrés, dont je donnerai la conftruaion ci-après. Les autres font des enceintes de murs d'appui faits en pleine terre , qu'on cou- vre de chaffis vitrés , & inclinés au midi d'environ 1 5 degrés. Sous ces dernières Serres , & quelquefois fous celles de la première efpece ,■ font pratiqués des foûterrains où il y a des fourneaux dans lefquels on fait du feu pendant l'hiver , afin que la chaleur y foie , en tout temps , fuffifmte pour faire croître ou pour conferver les plantes qu'elles contiennent, ce qui leur a fait donner le nom de Serres chaudes. Il eft encore une autre efpece de Serre dont la conftruaion eft toute du reffort du Menuifier; ce n'eft autre chofe qu'une efpece de cailTe fans fond, dont le defl"us eft formé par des chaffis dont je décrirai la forme & la conftruc- tion ci-après. La Menuiferie des Orangeries ne confîfte qu'en des croifées & des portes croifées, dont le bois doit être d'une très-forte épaiffeur, ainfi que l'exige la grandeur de leur baye , qui a quelquefois 6 à 8 pieds de largeur , fur i/à r y pieds de hauteur pour les croifées, & 8 à 12 pieds de largeur, furi; à 25 pieds Treilljceur. 1234 L'ART DU T RE I L L A G E U R. Chap. IF. de hauteur , pour les portes , ce qui eft quelquefois néceflàire pour le palTage des Orangers de la grofle efpece. On met auffi de doubles croifées & de doubles portes aux Orangeries , afin que ces dernières foient plus hermétiquement fermées ; & il faut toujours qu'elles ouvrent en dehors & de toute leur hauteur, pour qu'en les ouvrant dans les premiers jours du printemps , où le foleil commence à avoir un peu de force , lès rayons puiflent plus aifément pénétrer au travers les vitres des autres croifées , & par conféquent échauffer l'intérieur de l'Orangerie. Les autres croifées doivent être ouvertes en dedans, quoiqu'il y ait des Orangeries où on les fait à coulifle, ce qui, à mon avis, n'eft pas bien, parce que ces fortes de croifées ne donnent pas aflèz de paflàge à l'air , & que quand elles font ouvertes, leur double épaifleur porte obftacle aux rayons du foleil , qui ont peine à pafTer au travers. Au refte , on ne doit rien décider à ce fujet , fans avoir confulté ceux qui en font ufage , c'eft-à-dire , des Jardiniers habiles , qui font dans le cas , mieux que perfonne , de décider laquelle de ces deux manières de conftruire les croi- fées des Orangeries , eft la plus convenable. La Menuiferie des Serres de la première elpece , c'eft-à-dire , de celles qui font à peu-près conftruites comme des Orangeries, confifte en des portes & des chaffis vitrés qui en ferment les ouvertures, & en des gradins de bois de chêne , fur lefquels on place les pots & les petites caifFes , dans lefquels font mifes les plantes de toute efpece. Ces gradins font de différentes grandeurs, félon celles des Serres, & du nombre de pots qu'on veut y placer. Celui repréfenté ici en élévation,/»', i , & en planj^zo-. 2, eft de la moyenne grandeur ; fa hauteur eft de 9 pieds , pris du fol de la Serre , au-deffus de fon dernier rang ou tablette ; & fa largeur eft de 7 pieds 6 pouces du devant de fa première tablette , de manière que le devant de ces gradins , indiqué pat la ligne ab , forme avec celle de terre , un angle d'environ 53 degrés. Ce gradin a douze rangs de tablettes qui font inégales de hauteur & de lar- geur , lefquelles vont en décroiffant jufqu'à la feptieme , cotée A , qui eft à J pieds & demi de hauteur , & recroiflènt enfuite dans la même proportion juf- qu'à la douzième. Il n'eft pas ordinaire de divifer ainfî inégalement les gradins des Serres ; & fi je l'ai fait ici , c'eft que cette divifion m'a paru d'autant plus naturelle , que les pots de terre qui renferment les plantes ,Cont d'inégale grandeur , & cela en raifon de celle de ces dernières. Or , il eft donc plus rai- fonnable de faire la hauteur des gradins proportionnée à celle des pots qu'ils doivent porter , que de les faire tous égaux ; de plus , la divifion que je propofe ici a cela d'avantageux , que les plus petits objets fe trouvent le plus près de la vue , & que les autres s'en éloignent davantage à mefure qu'ils augmentent de_^ capacité : au refte , je ne propofe ceci que comme une opinion qui m'eft SecT. ni. Des Gradins & des Chajfis de Ser'ns chaudes , &c. 1235 propre , & dont on fera ufage fi on le juge à propos, ce qui , d'ailleurs , ne peut ™~ rien faire à la conflruâion de ces gradins , qui doit toujours être la même. Pi Les tablettes de ce gradin font faites de bois de chêne , d'un pouce au moins d'épaifleur, (ce qui revient à peu-près à 15 lignes): ejles font portées par des fcpports d'aiTemblage , diftants d'environ 3 pieds & demi les uns des autres. Ces fupports , dont un eft vu de côté , ou , pour mieux dire , de face , fig. 1 , fontcompofés d'une forte planche AB C,At bois de chêne de 2 pouces d'épaif^ feur, taillée en crémaillère pour recevoir les planches ou tablettes qui forment le gradin. La partie inférieure de cette planche eft alfemblée à tenon & embreu- vement dans un patin DE ,àoat la partie antérieure eft prolongée pour [xirter la première tablette. Ce patin a quatre pouces d'épailFeur , fur 6 pouces de hauteur , & eft évidé en delTous , afin qu'il porte mieux des extrémités , & que les inégalités qui pourroient fe rencontrer au fol de k Serre , ne le fafl"ent pas vaciller. L'extrémité fupérieure de la planche B C, eft foutenue par un montant F G, qui eft aflèmblé d'un bout dans le patin , & de l'autre avec cette dernière , où il entre à tenon avec une barbe c , qui forme un point d'appui qui foulage la tenon , & afixire la folidité de l'afi^emblage. Le montant FG eft incliné en dedans par là partie fupérieure , afin d'avoir plus de force pour réfifler au poids du gradin , qui , lorfqu'il eft chargé , ne laifTe pas d'être très-confidérable ; & pour diminuer l'effet de ce poids , & par conféquent foulager le montant F G , j'ai ajouté deux autres montants ou écharpes L M 8c N O , qui venant à butter contre la planche BC,en foutien- . nent tout le poids , & l'empêchent de faire aucun mouvement en arrière. Ces deux écharpes font afl"emblées à tenon & embreuvement dans le patin D,E,& fimplement en entaille dans la planche D C, comme je l'ai indiqué par des lignes ponftuées ; ce qui eft fuffifant , parce qu'on peut les arrêter avec cette dernière avec des clous ou avec un boulon à vis , ce qui eft encore mieux. L'écharpe Z M eft moifée avec la traverfe H I, c'eft-à-dire , qu'elle eft affèmblée en entaille avec cette dernière , ce qui vaut abfolument mieux que d y faire des tenons & des mortaifes : car cela obligeroit néceffairement à couper l'une ou l'autre de ces deux pièces , ce qui en diminueroit confidérablement la force , & nuiroit par conféquent à la folidité de l'ouvrage. Comme l'extrémité inférieure de l'écharpe IV O , porte à faux fur le patin D E , on feroit très-bien de mettre une cale fous ce dernier quand l'ouvrage eft pofé , afin qu'il fe main- tînt toujours dans la même fituation. Les fupports du gradin font , comme je l'ai dit plus haut , diftants les uns des autres d environ 3 pieds & demi , & on en entretient l'écart par deux cours d entre-toifes P, P ,fig. i Ê 2 , qui font entaillées comme celle^^. 3 , à l'en- droit de chacun des patins , avec lefquels on les arrête par le moyen de boulons à vis. «NCHE jSb. 1 123^ L'ART DU TREILLAGtU R, Chcip. IF. ^ On met auffi un autre cours d'entretoifes 0,0, fis;, i <& 2 , dans la partie 'ANCHE ^ — ^ — ^ A 5S0. fiipérieure du gradin , lefquelles font entaillées , ainfi que celles du bas , pour recevoir les montants E ,G , avec lefquels on les arrête avec des boulons à vis , ainfi que ces dernières. La difpofition des gradins , quant à leur plan, jf^. 2 , ell toujours fiir une ligne droite , quoiqu'à mon avis on feroit très-bien de les conftruire fur un plan creux , afin que les rayons du foleil fulTent plus concentrés dans la Serre , que je fùppofe conftruite iur le même plan que le gradin , c'eft-à-dire , en creux. Il arrive rarement qu'on falîè retourner les gradins en retour d'équerre , ce qui ne feroit même pas bien , par rapport à leur ufage ; mais s'il arrivoit , pour quelque raifon que ce fût, qu'ils fiffent un angle par leur plan, foit droit, comme à la figure a , ou fimplement obtus , ce qui feroit plus vraifemblable , il faudroit mettre dans cet angle deux fupports joints l'un contre l'autre, ainfi que ceux RS &.T U ,fig. 2 , afin qu'ils portaflènt les extrémités des tablettes , & qu'ils puflent fe féparer indépendamment l'un de l'autre , dans le cas d'une reftauration ou d'un changement ; & pour afiurer ces deux fupports enfemble , on peut les lier avec des boulons à vis , ce qui eft d'autant plus facile que leurs patins font plus minces que ceux des autres , de manière qu'ils affleurent inté- rieurement la planche ou crémaillère & les montants qui la fupportent. Quant à la conftruélion de ces Apports d'angle , c'efl la même que celle des autres dont j'ai fait le détail ci-deffus , à l'exception que les pièces qui les com- pofent font plus grandes qu'à ces derniers , & que leurs dimenfions Se leurs coupes doivent être relevées de defllis la ligne d'arête de l'angle du plan , ce qui ne fouffre aucune difficulté , après tout ce que j'ai dit au fujet du rallonge- ment des lignes d'arête , tant dans la partie de l'Art du Trait , que dans les notions de cet Art, qui font au commencement de cette quatrième Partie de mon Ouvrage. Quand on craint que la diflance qu'il y a de l'extrémité de l'angle du plan , jufqu'au premier fupport droit , ne foit trop confidérable , il faut y mettre dans l'intervalle des demi-fupports , comme ceux X, X ,fig. 2 , afin de diminuer la portée des tablettes, qui ne doit pas être plus confidérable que 3 pieds & demi à 4 pieds , ce qui eft encore beaucoup pour des planches qui n'auroient qu'un pouce à I J lignes d'épaifieur , parce que le poids des pots , qui eft confidéra- ble , les feroit aifément ployer. En général , la folidité eft la partie la plus recommandable des ouvrages dont je parle , dont les bois doivent être très-fains , pas trop fecs , & corroyés fur toutes les faces , fans aucune efpece de moulure , fi ce n'eft aux tablettes , qu'on peut orner d'une moulure fur farête, quoiqu'un arrondiffement foie fuffifant. Ces tablettes doivent être corroyées proprement en deflus , afin qu'étanf peintes Sect, III. Des Gradins & des ChaJJis de Serres chaudes, &c. xi^j peintes , leurs furfaces foient plus unies , & que l'eau glilTe plus facilement _ delTus : elles font clouées fur les fupports & à l'endroit on elles finllfent ( ce qui P'-'^'^che doit toujours être à l'endroit d'un fupport ) ; on doit les entailler à moitié bois de leur épailTeur , fur ^ pouces de longueur , afin qu'en les attachant l'une avec l'autre fur le fupport , elles y tiennent plus folidement. Ce que je dis par rap- port aux bouts des tablettes dans la longueur d'un gradin , doit auffi s'obferver dans les angles , & cela pour la même raifon. Si au lieu de clous , on fe fervoit de vis pour arrêter les tablettes , on feroit beaucoup mieux , parce que dans le cas où on voudroit les détacher , on ne feroit pas expofé à les brifer , comme cela arrive le plus fouvent. La fermeture des Serres dont je parle , abftraiftion faite des portes , confifte en des chaffis dont les bâtis font réduits à la moindre largeur polTible , afin de porter moins d'obftacle à la chaleur du foleil , donc les rayons- pénètrent au tra- vers des verres dans l'intérieur de la Serre ; ce qui fait qu'on a quelquefois pris le parti de les faire en fer , ce qui eft le meilleur moyen. Quand on les fait en bois , il faut que toute leur force foit fur leur épai/Teur , Ibit qu'on les faffe ouvrants ou à couliife; ou non &pour conferverplusdcjourà ces chaffis, on n'y met pas de petits montants ni de traverfes de petits bois, mais à la place de ces dernières des tringles de fer qui fupportcnt les carreaux de verre , & entretiennent fécart des battants. Il y en a même où on ne met point du tout de traverfes de bois ni de fer dans toute la hauteur du chaffis, fi ce n'eft une ou deux petites tringles qu'on pofe en dedans des chaffis pour retenir l'écart des battants , & oià les carreaux de verre recouvrant les uns fur les autres, on arrête leurs extrémités avec des vis pour les empêcher de tomber, comme je l'expliquerai ci-après. Les chaffis des Serres dont je parle , montent de toute la hauteur de la face de ces dernières , dans laquelle on ne laiffie de plein que le moins qu'il eft pof- fible , & où on ne fait point d'entablement faillant qui pourroit porter obftacle à la chaleur du foleil , ce qui , d'ailleurs , n'eft pas néceffiaire , parce qu'on cou- vre ordinairement les Serres en appentis renverfés , c'eft-à-dire , que l'égoût de leur comble fe trouve fur le derrière , de manière que leur plafond , qui fuit l'inclinaifon de ce dernier, eft beaucoup plus bas fur le derrière de la Serre que fur le devant. La féconde efpece de Serres , font celles qui ne confiftent qu'en une enceinte de murs d'appui faite en pleine terre , & qu'on couvre avec des chaffiis vitrés , Planche comme je l'ai dit" plus taut , lefquels chaffis font la feule partie de ces Serres qui foit du reffiort du Menuifier ; c'eft pourquoi je vais palTer tout de fuite à la defcription de celles qui (bnt conftruites tout en bois, & que, par rapporta leurs formes & leurufage, je nommerai Serres portatives. ^ Les efpeces de Serres repréfentées fig.j,/^&6, font compofées de denx Trejllâgevr. 1^38 L'ART BU T REILLAQEUR , Chap. IF. ^.«.A-» -. ^ chaffis qui en forment la couverture, & d'une efpece de caiflè fans fond qui les Planche fupporte. ^ ' Cette caifle a environ 6 pieds de longueur , fur 4 pieds & demi de largeur; ïà hauteur par-derriere eft d'environ 2 pieds 334 pouces, & par-devant de 12 à 13 pouces feulement ; de manière que fa furface fupérieure eft inclinée à l'ho- rifon d'environ 16 degrés , comme on peut le voir à la figure i , qui en repré- fente la coupe prife fur la largeur , comme celle 6 en repréfente la coupe llir la longueur prife fur la ligne a b ,fig. i. Cette caiflè doit être faite de bois d'un pouce &' demi d'épaiffeur , joint à rainures & languettes & avec des clefs ; & pour qu'il ne fe trouve pas de bois tranché aux côtés , qui doivent être d'inégale largeur d'un bout à l'autre , il faut y mettre une planche en deiïlis & une en deflbus , & faire les alaifes en biais , comme on peut le voir à la figure i. Les pourtours de cette caiffe doivent être affèmblés à queue d'aronde , & arrêtés avec de fortes vis à bois , après quoi on y met de bonnes équerres de fer qui en embraflent les angles , & en empêchent l'écartement. Au milieu de la longueur de la caifle , & à fa partie fupérieure , eft aflemblée en entaille double une forte traverfe I,flg. 12 , d'environ 4 pouces de large , laquelle fert à porter les chaiîis , & qui eft creufée au milieu de fa largeur pour faciliter l'écoulement des eaux qui tombent de deflûs ces derniers. La caifl"e eft garnie de quatre mains de fer placées fur fa longueur , deux de chaque côté , afin de pouvoir la tranfporter quand on le juge à propos pour cou- vrir de nouvelles couches. Les Serres portatives font compofées de plufieurs caifles femblables qu'on place à côté les unes des autres , & qui font chacune couvertes de deux chaflls qui les débordent au pourtour d'environ un pouce, tant pour faciliter l'écoule- ment des eaux , que pour qu'ils ne débordent pas trop en dedans de la caiflè , dont l'intérieur eft indiqué par les lignes ponéluées cd, ef,ceSc df,fig. 4. Chaque chaffis eft compofé de deux battants , de deux traverfes & de deux montants difpofés parallèlement à ces derniers dans toute la longueur du chaffis , dont tous les bois , du moins une partie , doivent avoir 2 pouces ou 21 lignes d'épaiiTeur au moins, comme on peut le voir aux figures 7 , 8,5, 10, ir, 12 & 13 , qui repréfentent les différentes pièces de ce chaffis , qui font deffinées au tiers d'exécution. Les traverfes du haut du chaffis doivent être plus épaiflès que les battants, de 4 à 5 lignes qu'ils les défaffleurent en defl"ous pour former un revers-d'eau A , fë- 7 » 'î"' écarte les eaux du bord de la caifle. La traverfe du bas , 8 , doit être d'une épaiflèur à peu-près égale à celle du haut , dont elle diffère non-feulement par la forme , comme oh peut le voir dans cette figure , mais encore en ce qu'elle défaflSeure le defllis des battants, indiqué par la ligne g h. As h profondeur de la feuillure , ce qui eft néceflâire pour que les carreaux de verre , qui portent fur cette dernière , paflènt fur la 'Sect. III. Des Gradins & des C/iaffis de Serres chaudes, &c. 1239 traverfe , afin que l'eau qui tombe fur les carreaux ne s'y arrête pas , & tombe tout de fuite à terre , ce qui ne pourroit être s'il y avoit des feuillures à cette traverfe , lefquelles arrêteroient l'eau , & la feroient paffer en dedans du chaffis , quelque bien maftiqués que les carreaux de verre pufFent être. En defTous de cette traverfe , & d'après le nud du chalîis indiqué par la ligne i l, eft réfervé intérieurement une elpece de talfeau B, fig. 8, qui fert à retenir le chalîis en place , en l'empêchant de gliffèr de deffus la caiflè , comme fà pente fembleroit l'exiger. Le devant de cette traverfe eft terminé par un larmier C, lequel facilite l'écoulement des eaux en devant de la caiife. Les montants du chaffis s'affemblent dans la traverfe du haut à l'ordinaire , & dans celle du bas à tenon & entourchement , ce qui ne peut pas être autre- ment , vu que cette dernière paflè au nud du fond des feuillures, tant des battants que des montants , comme on peut le voir à la figure 8 , & plus parti- culièrement à la figure 13 , qui repréfente la coupe d'un montant , & celle de ia traverfe du bas du chaffis avec leur affemblage. La conftruétion des battants de ces chaffis , n'a rien de particulier , fi ce n'eft qu'ils font fouillés en deffous pour recevoir une languette obfervée au côté de la cailfe H , qui entre dans le battant de rive D ,fig. p , comme les languettes de la traverfe / j^j". 12 , entrent dans les battants de milieu F &.G , même figure. Il faut faire attention que ces rainures font moins profondes que les lan- guettes ne font hautes , ce que j'ai fait afin que l'eau qui pourroit s'introduire extérieurement entre les deux pièces D & H ,Jjg. <} , (ou celles !''&/, jig, 12 , ce qui eft égal , ) n'y féjourne pas ; & que n'étant pas arrêtée par le frot- tement des deux joues , elle s'écoule pkis vite , à quoi elle eft excitée par la pente de ces mêmes joues , comme on peut le voir dans ces figures. Il faut auffi qu'il y ait beaucoup de jeu fur la largeur de ces rainures , afin que les chaffis puiflenc fe lever aifément , quand cela eft néceftaire. Les montants E,E,fig. 10 «jr 11 , doivent être très-étroits, toute leur force étant fur leur épailTeur; & pour que le poids du verre, qu'on pofe deffiis , ne les faiïè pas ployer , on met en delTous du chaffiis & dans la moitié de fa lon- gueur , une tringle de fer m « , /îd'. ^ , ( qui repréfente un chaffis vu en deffious ) qui les fbutient, & en même temps en empêche l'écart , ainfi que des battants llir lefquels elle eft attachée avec des vis , de même que fur les montants , comme on peut le voir dans cette figure. Les verres de ces chaffis fe pofent à plat & à recouvrement les uns fur les autres d'environ 2 pouces , ce qui oblige à faire les feuillures plus profondes qu'à l'ordinaire , afin que le maftic ait plus d'épaiffeur , & par conféquent de force en cet endroit de recouvrement du verre , qu'on ne doit pofer qu'après avoir imprimé les chaffis , & fur-tout les feuillures , de deux fortes couches de peinture , en obfervant qu'il ne faut pas attendre que la dernière couche foie I240 L'ART DU T RE I L L AG E U R , Clmp. ir. !=— != parfaicemen: feche , afin que le maftic s'incorpore plus parfaitement avec elle , Planche ^ qy'j[ fg détache du bois plus difEcilement. -î 8 1 Il y a des gens qui ne donnent que peu de profondeur aux feuillures de ces fortes de chalTis , & qui iont difpofèr le maflic comme une elpece de bourrelet qui porte autant fur le plat du battant que fur les verres , & cela par la raifbn , difent-ils, que quand les chaffis font difpofés à l'ordinaire, l'eau s'introduit entre les feuillures & le maRic qui fe retire en féchant , & fe détache par con- féquent du bois ; mais cela n'arrive pas toujours , fur-tout quand on prend les précautions que j'ai recommandées ci-deflus. De plus , quand cela feroit inévi- table , cette défunion du bois & du maftic n'arriveroit-elle pas auffi bien fur le plat que fur le champ 2 ce qui donneroit également entrée à l'eau ; c'eft pour- quoi je crois qu'on doit s'en tenir à la première méthode , qui eft la plus folide & la plus généralement fuivie ; ce qui n'empêcheroit pas de faire excéder le maftic en bourrelet en delFus de la feuillure , flippofé qu'on voulût le faire : on pourroit même , dans ce cas , l'arrêter fur l'arête des feuillures avec des petits clous d'épingle , qui , venant à faire corps avec le maftic , le rendroient plus adhérent au bois. Les Serres dont le contour eft conftruit en maçonnerie , comme celle repré- fentée en coupe ,fig. 2 , font quelquefois très-longues , fans être pour cela plus larges que celles dont je viens de faire la defcription : elles font également couvertes par des chaffis dont la forrpe & la conftruélion font les mêmes qu'à ces dernières , & qui font aulîl portés dans la longueur de la Serre , par des pièces de bois femblables à celle I ,fig- 12 , & aux extrémités & fur la longueur de la Serre , par des dales de pierre taillées en revers-d'eau , comme on peut le voir à la figure 2. On fait encore des Serres chaudes qui ne différent de ces dernières qu'en ce que leur pourtour eft fermé par des chaffis de Menuiferie , du moins des trois côtés les plus expofés au foleil. Ces chaffis font vitrés , ainfi que ceux qui for- ment la couverture de ces caifTes , dont le deflous eft ordinairement fouillé pour y placer des fourneaux , ainfi qu'à celles dont le contour eft conftruit en maçonnerie , dont les Serres vitrées au pourtour ne différent , du moins quant à la forme , que par la hauteur, ces dernières étant affez élevées pour qu'on puiffe entrer librement dedans. Les chaffis qui forment le deffijs des Serres chaudes, s'élèvent, comme on a pu le voir , indépendamment les uns des autres , ou on les entr ouvre pour donner de l'air à l'intérieur de la Serre , ce qu'on fait en les levant du derrière à la hauteur qu'on juge convenable, & on les retient ainfi ouverts par le moyen d'une crémaillère , fig. 3 , laquelle a plufieurs crans pour élever plus ou moins le chaffis , dont le devant pofe fur le bout de la Serre , où le taffeau B,fig. 8, l'empêche de couler , quoiqu'il foit bon d'y mettre des crochets de fer pour prévenir tour accident. Des ■ Sect. III. Des Gradins & des Chajfu de Serres chaudes , &c. X241 Des chaffis tels que je viens de les décrire ci-deffùs , peuvent fervir avec avan- tage à fermer les ouvertures des ferres de la première efpece , comme je l'ai dit plus '5 s'l liaut, en obfervant qu'il faudroit mettre des petits crochets de fer attachés avec des vis fur le battant des chaffis , & qui fuflent recourbés en dedans pour fupporter le "poids des carreaux, qui étant pofés verticalement, doivent être foutenus plus jfblidement qu'avec le maftic. Les mêmes chaffis dont je viens de parler, font fort en ufage pour couvrir . les cours & autres pièces dont le jour vient d'en-haut ; & on doit faire en forte qu'ils foient conftruits de manière qu'ils faffent plufieurs parties féparées qui fe léuniffent quand on le juge à propos , & qu'on rejoint enfemble avec des vis palTées dans l'épailTeur des battants , qu'on joint à rainures & languettes , en prenant la précaution d'imprimer ces joints avec plufieurs couches de groffe couleur, qu'on ne laiffe pas fécher parfaitement avant que de pofer les chaffis, pour que la couleur fafl"e corps dans ces joints , & lie les chaffis de manière que l'eau ne puiffe pas palTer au travers, ce qui n'eft guère poffible , parce qu'on couvre ces joints avec des battements de bois ou de plomb, qu'on imprime , ainfi que les chaffis , & qu'il faut auffi avoir foin de pofer avant que la pein- ture de ces derniers foit parfaitement feche. Fin de l'Art du Treillaeeur. :CHE Treillaceur. 124^ L'ART DU MENUISIER. ESSAIS SUR LE TOISÉ Et l'Appréciation des Ouvrages de Menuiferie en général. J'ai enfin terminé le détail des différentes efpeces de Menuiferie , quant à ce qui concerne la forme & la conftruaion des différents ouvrages de cet Art, du moins autant que nies forces & l'étendue de cet Ouvrage ont pu me le permet- tre. Ce qui me refte à traiter préfentement , quoique de moindre étendue , n'eft pas d'une moindre conféquence , puifqu'il s'agit d'affurer à l'Ouvrier la propriété d'un gain légitime , & de préferver celui qui le fait travailler , des fraudes que l'amour du gain enfante fous mille formes différentes. Mon deffein n'eft pas d'entrer ici dans un détail circonftancié du Toifé , & de la valeur relative de tous les ouvrages de Menuiferie , ce qui feroit une entreprife, finon au-deffus de mes forces, du moins trop confidérable pour avoir lieu dans cet Ouvrage , qui a plus pour objet la théorie & la prati- que de l'Art, que la difcuffion des intérêts de ceux qui l'exercent , ou de ceux qui en acquièrent les ouvrages, de quelque nature qu'ils foient. Je me contenterai donc de préfenter ici la méthode la plus en ufage d'appré- cier les ouvrages de Menuiferie, les avantages & les défavantages qui en réful- tent , & ce qu'on pourroit faire de mieux pour apprécier les ouvrages de cet Art, pour que les intérêts des Bourgeois , & ceux des Ouvriers foient égale- ment en sûreté ( * ). (*) Nous avons un Ouvrage qui traite c!u Toifé de la Menuiferie de bâtiment qui a pour titre : Détaili da Ouvrages de Mmuïfiik pour les Bâlimencs , où l'on trouve Us iijféremsprixie chaque efpece d'Ouvrage, avec les Tarifs nécejfaires pour leur Toifé, par IVl. Pocin, ancien Entrepreneur ers Bâtiments du Roi. Vol. in - S". A Paris, chez Jombert , 17451 , &c. , , Quoique cet Ouvrage ( dit l'Editeur de l'Arclii- tefture-pratique de 'iVl. Buict ) fait fufcepiiUe de plus grands détails , il peut être d'un grand ^ ufage à ceux que leur état met dans l'occafon de régler des Mémoires de Menuiferie. Oui, fi cet Ouvrage étoit plus étendu, & fait avec plus d'équité , ou du moins Je difcernement dans l'appréciation des ouvrages, qui y font portés , pour la plus grande partie , à un tieis ou au moins un quart plus bas que leur valeur réelle , dans le temps même de l'édition de cet Ouvrage : d'où il fuit que ceux qui s'en rapporteroient aux réglemenrs qu'on trouve dans cet Ouvrage, ruineroient l'Ouvrier quiauroitlafoibleffed'y paficrjOu lejettcroient, ainfi que le Bourgeois , dans des procès où ce dernier fuccomberoit infailliblement , fans pour cela que l'Ouvrier y gagnât davantage . par rap- port à la perte du temps & aux foins que de- mande la pourfuite d'une affaire. Pour prouver la vérité de ce que j'avance , je ne citerai qu'un exemple tiré de cet Ouvrage , où l'Auteur dit, pa7e I 60 , " que le lambris de fapin d'un pouce » d'épailTcur pour les bâtis, & les panneaux d'un pouce refendu en deux, ledit lambris orné „ d'une moulure fimple , comme un bouvement >i ou autre , vaut la toife fupcrficielle , tout pofé ,>en place, 12 liv. 15 f. 10 den. y compris une 13 livre 3 f. I den. pour le bénéfice de l'Linrrepre- 51 neur;« laquelle fomme efl le dixième de celle de II liv. 10 f. 9 den. à laquelle il fait montée la dépenfe d'une toifc de cette cfpece de lam- bris , ( qu'on paye aduellemcnt 18 liv. la toife, au plus bas prix; ) ce qui n'efi pas vrai, du moins quant au prix de la façon, du déchet du bois & des faux irais. Mais quand cela feroit vrai, efl- ce que le dixième de bénéfice efl fufhfant pour dédommager un Maître de fes foins , & même pour le faire vivre? Car, fuppofons pour un infiant qu'un Maître ait chez lui fix Ouvriers occupés à faire' de femblables ouvrages, ils ne lui en feront guère qu'un tiers de toife par jour chacun, ce qui fait pour les fix deux toifes par jour , ou , ce qui eîl la même chofe , 2 liv. 6 f. 2 den. de bénéfice, fur lefquelles il faur qu'il prélevé d'abord fa nourriture & celle de fa fa- mille, l'entretien de cette même famille, le loyer de fon logement, qui ne peut pas êjrr» moindre de 2 à 300 liv. les droits du Roi & les Ejfals fur le Toifé , &c. 124 De tous les ouvrages des Arts méchaniques einployés à la conftruâion des édifices , la Menuiferie eft la partie de ces mêmes Arts , où à quantité égale de matière ou de valeur de la chofe employée , il y a plus de main-d'œuvre & de perte de matière , & où , par une finguiarité qu'on ne {àuroit expliquer , la coutume accorde moins de dédommagement à l'Ouvrier , ou , pour mieux dire , à l'Entrepreneur, à qui on ne paye exaélement que l'ouvrage apparent, fans s'embarrafler du déchet & de la perte du bois , occafionnés par la forme ou la grandeur des ouvrages , ou même des parties qui , fouvent , fe trouvent dou- bles d'épaifleur, ou enclavées les unes dans les autres ; pendant qu'aux autres Arts , comm.e la Maçonnerie , la Cliarpenterie , la Couverture , &c , il y a des ufages établis pour indemniler les Entrepreneurs des pertes que leur caufent le déchet de la matière, &. la difficulté de la main-d'œuvre. La raifon d'une coutume auffi bizarre , ne peut guère être fondée que fur la multiplicité des ouvrages de Menuiferie , cSc fur les différences que peuvent apporter le choix des matières , & encore plus le plus ou moins de façon qu il y a à ces différents ouvrages , & le plus ou moins de perfeélion avec laquelle ils font traités, ce qui auroit demandé de la part des Appréciateurs, une expérience confommée de cet Art , & un détail immenfe , pour mettre à chaque efpece d'ouvrage un prix qui lui fût convenable ; ce qui a fait qu'on a beaucoup mieux aimé , pour éviter tous ces détails , donner à chaque efpece d'ouvrage un prix à peu-près convenable du plus au moins , & cela en raifon d'une grandeur convenue , comme des Toifes fuperficiellcs , des Toifes cou- rantes , &c. Cette manière d'apprécier & de mefurer les ouvrages de Menuiferie , a cela de commode , ( fur-tout lors de la façon & de la vérification des Mémoires , ) d'épargner beaucoup de temps , tant à f Entrepreneur qu'au Vérificateur ; mais auffi quel mal n'en a-t-il pas réfulté \ Que de procès entre les Bourgeois & les Entrepreneurs , & entre ces derniers & leurs Ouvriers, depuis que , pour le malheur de l'humanité & la deftruélion des Arts , h coutume de faire tra- vailler les Ouvriers à leur tâche s'eft introduite (* ) ! Cen'eftpas que je veuille frais de Communauté , le revenu de l'argent qu'il a donné pour acquérir le titre de Maître , le temps qu'il faut qu'il attende pour être payé de Ces ouvrages, les pertes qu'il eft fouvent expofé à faire. S: qu'il fait effeûiveraent , l'ufuiedes outils, &c. &c. &:c. Par ce fenl exemple, on pourra juger du refte de l'Ouvrage & de la fiiicé- rité de l'Auteur , qui , à la vérité , étoit Entre- preneur des Bâtiments du F.oi , oii les ouvrages fe font au rabais , mais où les Entrepreneurs comptent fouvent leur gain par leurs peries , ce qui , je crois , n'a pas beibin d'autre explication. (* ) La plupart des Maîtres & des Compagnons Menuifiers , ne feront sûrement pas de mon avis fur cet article , qui n'en fera pas pour cela moins vrai. Les ptemiers , c'eft-à-dire , les Mairres , préfèrent de faire travailler à la tâche , parce que, difent-ils, leur ouvrage efl; mieux fait, & qu'il leur coûte moins cher de façon: ce qui eft exaâement vrai quant à es fécond article ; car pour le premier, il fouifrc plus de difficultés comme je le prouverai ci-après. Les ^ompagnous préfèrent de travailler à leur tâclie , parce qu'ils font, difent-ils , plus libres, & qu'ils gagnent davantage que s'ils [ravailloienc à la journée : ce qui eft vrai d'un fens , & faux de l'autre; car en gagnant davantage, en font-ils plus riches ? C'elt ce qu'il faut exatrrirrer. D.ins l'état afloel des chofes , on ne fauioit nier qu'un Ouvriei adroit. Se à qui la nature a accordé la fanté & la force du corps , ne gagne la moitié & même le double de plus que ceux qui travaillent à la journée , félon la nature des ouvrages ; mais quel profit le plus grand nom- bre tire-t-il de ces prétendus avantages ? Très- peu ; parce que ne fe fentant pas gênés pour 1244 L'A R T DU MENUISIER. accufer les uns ni les autres de mauvaife foi , à Dieu ne plaife que j'en aye la penfée ! ce feroit un trop grand malheur fi cela écoit : au contraire , je fuis per- fuadé que tous croient, félon leur confcience , avoir raifon , Se qu'il ny a que le défaut de lumières qui les rend injuftes les uns envers les autres. En cfFec , rien n'eft fi aifé que de devenir Juré-Expert ou Maîcre d'une pro- fcffion : il ne faut que de l'argent pour acquérir ces titres ; mais le titre donne- t-il la capacité? Non i car l'expérience prouve journellement le contraire. Que faudroit-ii donc faire pour remédier aux abus dont je me plains ici ? Il faudroit de deux chofes Tune : ou réformer la coutume établie pour le Toifé & TAppréciation des ouvrages de Menuiferie ; ou qu'en iaiiîànc fubfifier les chofes remplir exaftement leur journée, ils Te livrent plus aifément à la dilîïpation , & même à la débauche, à quoi les excite la jouillance mo- mentance de leur prétendu gain, qui, au bout d'une femaine , dont ils ont perdu une journce ou deux, ii'eft pas plus confidérable , & même quelquefois beaucoup moindre que s'ils avoient rravaillé toute la femaine à la journée ; ce qui lëroit très-peu de chofe, fi la débauche âc la perte du temps n'avoient pas de fuiteplus funefte pour le bien de Thumanité. Mais qu'arrive-t-il ordinairement lorfqu'un Ouvrier a perdu un jour ou deux , ou quelquefois même davantage ? il veut, dit-il, rccompeufci: le temps perdu; il s'efforce & s'épuile de travail pendant le refîe de la femaine; d'où fuivent fouvent les maladies , îa ruine de fa fanté , encore plus altérée par la dé- bauche que par le travail , une vieilletTe antici- pée , ôc enfin la more : trop heureux encore li , en mourant , il n'a pas le malheur de laîller des enfants en bas-âge , dont îa fanté foible & déla- brée lui reproclic tacitement le mauvais ufage qu'il a fait de fa jeuneffe 5c de fes talents ! Quant à la liberté fur laquelle ils fe récrient fi fore, comment l'entendent- ils , cette liberré ? croyent-ils qu'elle conlifte à faire ce qui cft contraire à la raifon &; à l'humanité f Le Citoyen vertueux n'ell-îl pas toujours libre , lorfqu'il iouit en paix de lui-même & du fruit ye fon tra- vail , qui, de quelque nature qu'il foie, n'efl jamais un efclavage , mais une occupation hon- nête , qui égale en quelque façon les condirions, en ne faifant dépendre celui qui travaille que de lui-même. Se en le rendant nécelTaire aux Ki- ches, qui lui payent le prix de fon travail pour fatisfaire leurs befoins réels ou imaginaires ? Il faut cependant avouer que dans l'état aftuel , le travail de la journée a quelque chofe de dur &. de rebutant, du moins chez les Menulliers , parce que ceux qui travaillent ainfi , ne font que les plus mauvais ouvrages , & les plus mal-propres , 6c qu'ils font, en quelque façon, méprifés de ceux qui travaillent à leur tâche , & quelquefois , même des Maîtres, qui n'eftiment ces derniers qu'en raifon du profit qu'ils leur font. Mais fi tous les Ouvriers travailloient à la journée, Se qu'en cet état le mérite & l'habileté fiiflent récompenfés , ces difficultés s'évanoui- roieiic , l'émulation & la concorde régneroient parmi les Ouvriers , & entre ces derniers Se leurs Maîtres , qu'ils regardcroient comme leurs fupé- rieurs quant au commandement , mais auiïi com- nae leurs amis Se leurs compagnons de travail , puifqu'iJs feroient obligés de travailler avec eux, ne fut-ce que pour les exciter par leur exemple. De ce nouvel ordre de chofes, (qui exiflolt encore à la fin du dernier fiecle , & au commen- cement de celui-ci,) il s'en fuivroit que l'ou- vrage en feroit fait avec plus de foin & de foli- dicé , foit qu'il fut conduit par le Maîcre ou pac différents Ouvriers, mais toujours fous fes yeux , ce qui n'efl pas une chofe indifférente, encore que le Maître ne fût pas très-habile en fon Art ; l'Ouvrier feroit auîTi moins fatigué, Se jouiroic d'une fanté plus parfaite, Ôc d'une plus longue , vie ; enfin l'égalité fe rétabliroit , âc les Maîtres , qui alors travaillcroienf avec leurs Compagnons, ne feroient plus expofés à être les victimes d'un luxe deltructeur , qui, comme on le voit tous les jours , caufe la ruine de ceux qui ont le malheur d'oublier ieur rang Se les obligations de leur ccat. Ce que je dis ici par rapport à la pcrfeftion des ouvrages faits à la journée, paroîtra peut- être un paradoxe , fur-tour pnnr ceux qui con- noilTent l'état aduel de la Menuiferie, où les ouvrages les plus confidérables font faits à la tâche , & même aile?, bien faits ; mais ]e font-ils tous également? L'avidité du gain, ou les efforts <5uc font Jes Ouvriers pour récompenfer le temps perdu, ne font-ils pas de tort à la perfection Se à la folidité de l'ouviage? L'expérience prouve tous les jours le contraire; Ôc pour un Ouvrier qui elt curieux de bien faire , il s'en trouve vingt qui ne s'occapcnc que de faire beaucoup , à quoi ils font fouvent forcés, paria médiocrité du prix; des ouvrages, Depltis, ponrtjuoi les ouvrages les plus Im- portants fe font-ils adluelîement à la tâche f C'eft qu'ils coûtent moins cher de façon que s'ils croient faits à la jjurnée, & cela aux dépens de la folidité de l'ouvrage , & de la fanté de l'Ou- vrier, qui s'épuife de travail pour gagner davan- tage. D'un autre côté, en faifant travailler à la tâ- che, les Maîtres ne font pas obligés de fournir d'outils , excepté ceux d'affûtage ; ce qui efi pour eux un très-grand avantage, &. un fardeau de plus pour l'Ouvrier, Se ce qui diminue beaucoup de ion gain; ajoutez à cela que le Maîire n'a pas befoin d'être afiidu chez Jui pour conduire les ouvrages. Mais avec tout cela l'ouvrage en elt-il mieux fait? Non ; tous les ouvrages de Me- nuiferie les plus célèbres de Paris, ont été faits à la journée: donc on gagneroi: beaucoup à les faire tous de même. {ht Efaisfur h Toifi, &c. j^^^ fur le pied où elles font, (ce qui feroit peut-être le meilleur parti qu'il y auroic à prendre, ) ceux qui , par état , font deflinés à juger de la valeur des ouvra- ges , foit en totalité , foit par rapport à la façon , fe donnalTent la peine de s'inf- truire à fond de tout ce qui a rapport aux ouvrages qu'ils doivent juger, tant dans la théorie que dans la pratique, afin de favoir remédier à propos aux dé^ fauts de l'ufage reçu , & d'être , par ce moyen , en état de rendre à chacun la juftice qui lui appartient. Il y auroit un autre moyen , qui feroit le meilleur & le plus certain de tous , s'il étoit auffi facile dans la pratique que dans la théorié ; ce feroit de fe fier à la bonne-foi des Entrepreneurs, en ne les forçant pas d'être injuftes, du moins en apparence , comme on le fait tous les jours, où on ne leur payeroit pas leurs ouvrages ce qu'ils valent , s'ils n'avoient pas la précaution d'enXiire monter le Mémoire un tiers, & même la moitié plus qu'il ne leur faut légitimement , 8c qu'ils n'efperent même avoir , & cela pour que ceux qui doivent le régler, ayent quelque chofe à diminuer , ce qui (par une bizarrerie , ou, pour mieux- dire, une inconféquence inexplicable de l'efprit humain) ne leur fait aucun tort dans l'efprit de ceux pour lefquels ils travaillent, qui ne les eftiment pas moins , & font toujours contents pourvu qu'ils s'imaginent avoir payé moins cher que fi le Mémoire eût été fait de hnnnc-foi , & n'eût pas été réglé par un Archi- tedle ou tout autre , quel qu'il foit. Cette façon d'agir avec les Ouvriers , les met dans un état continuel de guerre avec ceux pour lefquels ils travaillent, ce qui bannit toute confiance dans le commerce des hommes, qui, par état , doivent vivre les uns avec les autres. De plus , le Bourgeois paye-t-ii moins en faifant régler & diminuer un Mémoire? Point du tout ; parce que, comme je viens de le dire, l'Entrepre- neur le fait monter de façon que quelque réduit qu'il foit, il y trouve toujours fon compte , foit qu'il en ait impofé à celui qui le règle , par la manière dont il a fu arranger & préfenter les articles dont fon Mémoire eft compofé, foit en employant vis-à-vis de ce dernier, des moyens auffi deshonorants pour l'un que pour l'autre, & qu'on me difpenfera d'expofer ici. Il eft donc rare Cfur-toue dans les grandes affaires) que l'Entrepreneur perde; au lieu que le Bourgeois paye toujours davantage , puifqu'après avoir payé l'Ouvrier , il faut encore payer l'Expert ; & quand celui-ci n'eft pas habile dans fon Art, (comme cela arrive fouvent , & se que l'Entrepreneur au fait apperçoit au premier coup d'oeil , ) il laifTe palier , & fait payer comme bon de mauvais ouvrage, que l'En- trepreneur n'auroit sûrement pas fourni , s'il n'avoir pas fu à qui il avoit affaire. D'un autre côté , le defpotifme abfolu que quelques Architefles exercent fur les Entrepreneurs , en les forçant de faire les ouvrages pour le prix qu'ils jugent à propos d'y mettre dans les marchés qu'ils leur font faire & figner d'a- vance, ou de perdre leurs pratiques s'ils ne le font pas , les met dans le cas de faire de mauvais ouvrage , tant pour la façon que pour la matière ; & , ce qui Treillageur. P 124'^ L'A R T DU MENUISIER. eil le comble du malheur , à faire tort aux Ouvriers , qu'ils font travailler à leur tâche , Se qu'ils ne payent fouvent que quand l'ouvrage eft fait , & cela le moins qu'ils peuvent , & quelquefois même point du tout ( * ). Je ne prétends cependant pas qu'il faille en croire l'Entrepreneur fur fà parole , ni recevoir les Mémoires qu'il préfente fans aucune efpece d'examen ; cette extrémité feroic peut-être aufîi dangereufe que l'autre ; car de quoi les hommes n'abufent-ils pas, & quel empire l'intérêt n'exerce-t-il pas fur eux? Mais je voudrois qu'on fe dépouillât du préjugé où font la plupart des hommes , de croire qu'il faut qu'un Mémoire foit diminué à la vérification , 6c qu'on confi- dérât comme habile , & , ce qui efl: encore préférable , comme honnête homme , un Architeéle qui, connoilTànt la valeur des ouvrages , ne diminueroit rien, Se même augmenteroit le Mémoire d'un Entrepreneur , s'il jugeoit à propos de le faire , ce qui feroit également honorable pour tous les deux. En agiffant ainfi , on rendroit les Entrepreneurs plus attentifs à faire ou à fournir de bons ouvrages , tant par l'honneur qu'il y a à bien faire , que par l'efpoir d'être récompenfés de leurs foins , par faugmentation qu'on metcroit au prix de leurs ouvrages. Je viens d'expofer en peu de mots les avantages & les défàvantages qui réful- tent de la méthode de laiffer les ouvrages de Menuiferie fans aucune efpece d'indemnité pour l'Entrepreneur , ou du moins fans une connoîiTànce parfaite dans cet Art , Se fans un examen bien réfléchi des ouvrages dont on règle les prix. Il me refte à faire voir maintenant comment & dans quel rapport on a ap- précié les différents ouvrages , relativement à cette méthode. Les ouvrages de Menuiferie s'évaluent, ainfî que je l'ai dit plus haut , à raifbn d'un certain prix pour chaque toife fuperficielle , ou chaque toife courante de certaine largeur, comme de 2 , 3 , 4 , (5 pouces , Scc. ou enfin au pied courant de hauteur, fur 3 , 4, J, & même 6 pieds de largeur, ce qui n'eft en ufage que pour les croifées Se leurs guichets (*} Ce que ie dis ici efï de la plus grande vérité ; j'ai les faits pour garants de ce que j'a- vance , & les Tribunaux de la Juftice recentiflcnc tous les jours des cris des malheureux Ouvriers qui y viennent réclamer le prix de leur travail , d'où dépend le foucien Je leur exiftence , 5c quelquefois celle d'une nombreLifc famille. On ïeiir rend juftice , il efl vrai; mais la longueur d'une procédure, aux frais de laquelle leurs moyens ne fuffifcnt pas , quelle qu'en foit la mé- diocrité ; ôc plus que tout cela encore , l'impuif- fance d'un Maître , peut-être aulTi malheureux qu'eux , & qui n'eil: fouvent ïnjufte que parce qu'on Fa forcé de l'être en ne le payant pas du prix de fcs ouvrages; tout cela , dis-je, achevé de mettre le comble à leur infortune, ôc les por- te quelquefois à des extrémités qu'on ne peut imaginer fans frémir, Se que la voix de la nature qui s'élève dans mon cœur m'empêche de dé- tailler ici. (**■) Des cinq efpeces de Menuiferies dont j'ai fait le détail, il n'y a que celle de Bàà- inenc & la Menuiferie des Jardins , dont les ou- vrages fe vendent à la toife , foie courante , foie fuperficielle. Pour les trois autres efpeces de Me- nuiferies , les ouvrages fe vendent à la pièce, félon l'eflimation , ou , pour mieux dire , félon que l'Ouvrier ju^e qu'elles peuvent valoir, ce qu'il peut certainement juger mieux que per- fonne. Cette dernière manière d'apprécier la Menuiferie , loin d'être onéreufe au fiourgeois , lui efl même avantageufe; parce que la concur- rence entre les Ouvriers , établit entr'eux & comme malgré eux , des prix fixes dont ils ne peuvent guère s'écarter fans s'expofer à perdre leurs pratiques, à moins que leurs ouvrages ne l'emportent fur ceux de leurs Confrères, foie pour la bonne qualité de la matière ou de la fa- çon ; alors il en réfulte ces avantages , que !e Eourgeois qui paie un peu plus cher , efl certai- nement mieux fervi, & qu'en même temps l'Arc fe petfedionne par la concurrence & l'émula- tion qui régnent entre les Ouvriers ; ce qui n^; peut pas être lorfque l'ouvrage fe vend fur des prix courants qu'un Architcfte fuit aveuglément , îanss'cmbdiralîfcrfi l'ouvrage efl bien oumal fait. EJJ'als fur le To'ifé, &c. 12 4.7 Le prix ordinaire de la toife ou du pied courant , eft le même pour les ou- vrages de chaque efpece , foie qu'il s'y trouve plus ou moins de matière em. ployée , ou de façon , comme on le verra ci-après ; & ce qu'il y a de plus fin- gulier, c'eft que les ouvrages où il y a plus de façon & de matière , font moins: payés que ceux qui en ont moins : un exemple pris dans les ouvrages les plus ordinaires , & même de néceffité , en fera la preuve. Une ou deux portes pleines , de bois de chêne d'un pouce d'épaifleur , joint \ rainures & languettes , & emboîté par les extrémités , ou quelque chofe d'é- quivalent , efi payé à raifon de 27 liv. la toife ; & une croifée de 4 pieds de largeur , fur p pieds de hauteur , comme celle B,fig.\,\.^ moitié prife pour le tout, ce qui fait également une toife fuperfîcielle , n'eft pas payée davantage , ( puifque 9 pieds à 3 livres , qui eft le prix ordinaire de ces fortes de croifées , font également 27 liv. ) quoiqu'il y ait près du double de façon , & autant de matière ; car le vide des carreaux de cette croifée , en les comptant de 7 pouces & demi de largeur chacun, fur p pouces de hauteur , ne produifent , les qua- rante enfembles que 2700 pouces quarrés. & le plus d'épailTcur des dormants meneaux & jets-d'eau , produifent , le tout enfemble : 1703 Savoir, pour le plus d'épailTeur des deux battants de dormant , qui ont , les deux enfemble , 6 pouces de lar- geur , fur 108 de hauteur , font : . . . . . . . 5^8 pouces quarrés. Pour la traverfe du haut , qui eft double d'épaiffeur des chaffis , ainfî que les battants de dormants , & la pièce d'appui qui eft quadruple , p pouces de largeur , le tout enfemble, fur 43 pouces de longueur, font : . . . 387 Pour le plus d'épaifleur du battant meneau, 4 pouces de largeur , fur 104 de hauteur , font : 411^ Pour le plus d'épaifleur des jets-d'eau , qui eft triple de celle des chaflls, 7 pouces de largeur, fur 36 de lon- gueur, font: 2^ Réfumons. Battants de dormants ^48 Pièce d'appui & traverfe du haut du dormant . . . . ^87 Battant meneau Jets-d'eau 2j'2 Total . . 1703 pouces quarrés. Ce qui fait d'abord plus des t^">-. du vuide des carreaux. Qu'on ajoute à cela le double emploi des feuillures & des languettes , la longueur des tenons & des barbes D , 7%. y , celle des pointes de diamants des petits bois ; le bois qu'il frut laifîër à l'extrémité des battants , pour qu'en les aflimblant les épaule- ments ne fe fendent pas, ce qui exige un pouce & demi à 2 pouces de bois de la^S L'ART DU MENUISIER. plus par chaque bout , comme on peut le voir à la figure 4 , cote C ; enfin le ^'"sa déchet du refendage du bois , qui eft d'autant plus confidérable , que les pièces font plus étroites , les gerçures , les nœuds qu'il faut abfolument éviter : on concevra aifément qu'il entre plus de bois dans une croifée que dans une porte pleine , ou tout autre ouvrage de cette efpecc , les furfaces étant égales de part Se d'autre , c'efl-à-dire , produifant également une toife chacune. S'il y a une importe à cette croifée , comme à celle cotée A , fig. 1 , h difc- férence du plus de façon & de matière , fera encore plus confidérable ; & cette différence augmentera encore fi les croifées augmentent de largeur & diminuent de hauteur , parce qu'il faut , dans ce cas , des traverfes plus longues ; qu'il y a autant de gros bois employé aux traverfes de dormant , pièces d'appui & jets- d'eau d'une petite croifée de (5 à 7 pieds de haut , qu'à une de 9 ; & que la façon eft , à peu de chofe près , la même , puifqu'à une ou deux traverfes de petit bois , & deux ou quatre petits montants près , les affemblages & les moulures à poufi^er font les mêmes , & en égale quantité. Si, après avoir comparé le prix d'une croifée d'une toife fuperficielle, avec une toife fuperficielle de porte pleine , je compare cette même croifée avec une toife de lambris,/^. 3 , la différence de l'une à l'autre fera encore bien plus confidérable ; car du côté du prix afluel , le lambris eft beaucoup plus payé que la croifée , puifque cette dernière , à raifon de 3 livres le pied , ne vaut que 37 livres , & qu'un lambris de bois de chêne d'un pouce d'épaiffeur pour les bâtis , & dont les panneaux , auffi de bois de chêne, font de 6 lignes d'épaiffeur, eft payé 32 à 34 livres la toife fuperficielle , lorfqu'il eft à petit cadre comme celui-ci ,fig. 3 , ce qui , au plus bas prix , fait J à 7 livres de différence par toife d'ouvrage , & cela en plus pour le lambris , où il y a un bon tiers de façon de moins qu'à la croifée , & près du tiers de moins de bois ; car la croifée , comme je viens de le prouver ci-deffus, doit être cenfée pleine, ce qui équivaut ^ _ 5 1 S4- pouces quarrés. & la toife de lambris , eu égard à la moindre épaiffeur des panneaux , n'en a que 3 Savoir , pour les quatre battants, 12 pouces de lar- geur, fur ic8 de hauteur , font : 1295 pouces quarrés. Pour les quatre traverfes , tant des panneaux que du pi- laftre , 15 pouces les quatie enfemble, fur 36 pouces , font: Î4° Pour la traverfe de frife du lambris , 3 r pouces fur 4 , font : -4 Le tout enfemble ipl^o P°uces quarrés. La EjfaifurU Toifé , lirci Îi4p La toife lùperfîcielle fait : ^184 d'où il faut ôter pour la valeur des bâds ..... 1950 refle 3224 pouces quarrés, dont il faut prendre la moitié pour la valeur des pan- neaux , plinthes & cymaifes , parce qu'ils n'ont que 6 lignes d'épailTeur , ce qui fait : . ...... Ii5r2 qui , joints à la valeur des bâtis, \^6o font, en tout, 3J72 ce qui eft moindre que la valeur de la toife fuperficielle : ^^'^àe. y 184 pouces quarrés. ÔteZ la différence fera de ........... ce qui revient au quart de moins , plus 3l5 pouces quarrés; ce qui fait un peu moins que les cinq feiziemes d'une toife ; de manière qu'il entre près du tiers de moins de bois dans une toife de lambris, que dans une croifée dont la furface équivaut à une toife , comme je l'ai dit ci-deffiis. Les volets ou guichets, fig. 2 , la moitié pri{è pour le tout , fe payent , pour l'ordinaire , au pied courant , ainfi que les croifées , à raifon de 3 1. à 3 1. 10 f. le pied , lorfqu'ils font ornes d'une» moulure de 8 à 51 lig. de profil; ce qui fait, four une toife de volet de 4 pieds de largeur , les quatre feuilles enfemble , fur <J pieds de hauteur, 31 livres lo f. ce qui atteint à peu-près, au prix du lambris ; mais quelle différence y a-t-il entre une toife de guichet & une toifa de lambris , tant pour la quantité de la matière , que pour la façon ! car, quant à la matière , il y en a près du double pour les bâtis ; de plus , il faut que le bois , tant de ces derniers que des panneaux , foit d'une qualité plus parfaite , à cauft que l'ouvrage doit être vu des deux côtés. Quant à la façon , elle eft prefque double ; car au lieu de quatre battants , qui efl tout ce qui peut fe trouver dans une toife de lambris où il y a un grand panneau , comme à la figure 3 , il y en a huit à une toife de guichet , & pat conféquent huit longueurs de moulures & de plates-bandes ; les affemblages y font auffi plus du double , puifqu'au lieu de dix-huit tenons & dix-huit mor- taifes qu'il y a à la toife de lambris 3 , il y en a 48 à la toife de guichets , jig. %. Qu'on joigne à cela le travail du double parement, ( qui , s'il n'eft pas orné de moulures , eft du moins replani & mis à une épaiffeur égale , ) les bri- fures qui joignent les feuilles des guichets , les feuillures & les quarts de rond dont ils font ornés au pourtour fur leur arête extérieure , & l'on jugera s'il ell poifible de mettre au même prix des ouvrages d'une nature fi différente. Par le peu d'exemples que je viens de donner de l'appréciation des ouvrages de Menuiferie, & cela en rapport à des grandeurs données, comme des toifes, Trejlljgeur, Q 14 Ï250 L'ART DU MENUISIER. ~ des pieds courants ou fuperficiels , on pourra juger de tout le refte , & avec combien peu de réflexion & de jugement , ou, pour parler plus jufle , de con- noiffànce , ces appréciations ont été faites. On m'objeâera peut-être , & cela avec raifon , que ces appréciations , tout imparfaites qu'elles font , ne laiffent pas d'avoir lieu , & n'empêchent pas les Entrepreneurs , qui y paflent tous les jours , de bien faire leur état , & même de s'enrichir quelquefois ; ce qui eft encore vrai. Comment donc cela peut-il fe faire , fi ce que je viens de dire eft vrai , & n'eft pas un paradoxe 1 Mais voici le fait : dans le nombre des ouvrages ainfi appréciés , il y en a d'avantageux pour l'Entrepreneur, lefquels le dédommagent en partie de ceux qui ne le lànt pas . d'où il fijit que quand le nombre des uns eft moins confidorable que celui des autres , il gagne raifonnablement & s'y enrichit , comme cela arrive à tous ceux qui ont de grandes entreprifes , où il y a mille moyens ( peut-être juftes ) de gagner beaucoup. Quand , au contraire , il n'a que des ouvrages dont les prix font défavantageux , il arrive de deux chofes l'une , ou qu'il fe ruine , ou qu'il trompe le Bourgeois en lui donnant de mauvais ouvrage , en quoi fa conlcience lui pa- roît en sûreté, puifqu'il lui en donne pour fon argent , en épargnant le plus qu'il peut fur la matière & fur la façon ; ou fi cette dernière eft paflâblement bonne,' ce ne peut être qu'aux dépens d'un malheureux Ouvrier, auquel il ne paye les ouvrages que la moitié ou les deux tiers de ce qu'ils vaudroient légitimement* Ainfi quelque chofè qu'il arrive , la méthode de toifér les ouvrages de Menui- ferie à face apparente feulement , fans aucune efpece d'indemnité pour l'Entreprei jieur, &1' appréciation trop générale & trop peu réfléchie de Ces mêmes ouvrages, eft vicieufe, comme je viens de le prouver. Il me refte maintenant à donner une idée de ce qu'il faudroit faire pour affigner à chaque efpece d'ouvrage , un prix qui fût relatif à fa nature , c'eft-à-dire , à la quantité de la matière employée , à l'emploi de la matière , ou à la façon de l'ouvrage , ce qui eft la même chofe , & au gain que doit légitimement faire l'Entrepreneur en raifon de l'un & de l'autre. Pour bien juger d'une chofe, quelle qu'elle foit , il faut la bien connoître ; cette vérité eft inconteftable , & n'a pas befoin de preuve : ainfi pour bien appré- cier les ouvrages de Menuiferie , il faut avoir une connoilTànce parfaite de cet Art , tant pour la théorie que pour la pratique , afin de fe rendre un compte exaél de la qualité & de la quantité de la matière , & de fôn emploi. La matière, ou , pour parler plus clairement, les bois qu'on emploie à la conftruélion des ouvrages de Menuiferie , ne font pas tous d'une qualité égale- ment parfaite, & font fujets à plus ou moins de déchet , foit en raifon de leur qualité dure ou tendre , ou plus ou moins noueufe , ou enfin de la grandeur & de la forme qu'ils doivent avoir lorfqu'ils feront employés. Le déchet n'eft pas égal dans toutes les efpeces de bois ; mais quel qu'il foit il eft toujours très-confidérable , & cela d'autant plus que le Menuifier paie le Epi fur le Toife-, &c. j^j bois au Marchand comme s'il n'y avoit pas de déchet, une toife de bo!s défec ,, tueufe ou non, étant toujours comptée par ce dernier pour une toife ; c'eft V.^^t' pourquoi quand on veut apprécier avec équité la valeur des bois , il faut s'at- tacher à connoître d'abord le prix qu'ils coûtent chez le Marchand , le coût des voitures de l'empilage dans le chantier de l'Entrepreneur, & k temps qu'il faut qu'ils y reftent jufqu'à ce qu'ils foient en état d'être mis en œuvre • après cela il faut fe rendre compte de combien doit être la perte caufée par l'aubier lesflaches, les fentes, les nœuds, les givelures & autres défeél.ofités des bois, laquelle perte eft quelquefois d'un quart de leur valeur réelle, ou tout au moins d un huitième, félon la nature des bois. A cette perte, fur laquelle il faut compter lorfqu'on acheté les bois , il taut joindre celle qui arrive inévitablement lorfqu'on les débite. & qui aug mente d'autant plus , que les pièces débitées font en plus petit volume • caï chaque trait de fcie des Scieurs de long, doit être compté pour 3 lignes au moins , fans ce qu'on laiffe de plus large aux pièces , pour qu'en les corroyant on puiffe les drelTer parfaitement , ce qui va toujours de 4 à ; lignes pour cha^ que trait de fcie. ' b t La perte de longueur eft auif, très-confidérable , à caufe des fauffes coupes que donne la longueur des pièces , qui ne fe rencontre pas toujours avec celle des planches , dont la longueur eft bornée de 3 en 3 pieds. Combien cette perte augmente-t-elle , quand l'ouvrage eft cintré fur le plan ou fur 1 élévation , ou fur les deux fens à la fois ; ou bien quand la couleur des bois doit être appareillée , comme dans le cas d'un ouvrage qui doit être verni ? Combien faut-il fonder, débiter, & même corroyer de bois qui ne fervent quelquefois pas, ou du moins fins beaucoup de perte, dans d'autres ouvrages ou on tache de les employer le mieux qu'il eft poffible ? Il faut auffi faire attention à la plus ou moins grande épaiiTeur ou longueur des bois , qui , lorfqu'ils font d'une raefure hors de l'ordinaire , ou d'une belle qualité & parfaitement fecs , n'ont plus d'autre prix que celui que ceux à qui ils appar tiennent jugent à propos d'y mettre, ce qui, d'une façon , eft jufie étant bien naturel qu'ils falfent payer fintéret de la valeur de ces bois , & les frais de 1 emplacement qu'ils ont occupé quelquefois pendant une longue fuite d'années Apres ces connoiffances , relatives à la matière qu'on emploie aux ouvrages de Menuiferie , il faut entrer dans le détail des façons de ces mêmes ouvrages Quelle immenfité d'objets ce détail n'embraffe-t-il pas! que de différences le plus ou moins de perfedion dans la main-d'œuvre . dans la forme des contour, ou des profils , napporte-t-il pas au prix des façons ! Ces derniers . fur-tout qui, au premier coup d'œil, femblent être d'une exécution auffi prompte les uns que es autres , du moins , quand ils font d'un même genre , emploient quelque- fois le double du temps & de foins. Quelques exemples en feront la preuve Le bouvement,/^. 6 , fe pouffe avec un feul & même outil , & à une feule r^fi L'ART DU MENUI S 1ER. fois ; mais fi ce même bouvement eft dégagé par derrière , comme celui de la PijVNCHE ^^^^^^ ^ ^ ^ ^^.^ j,^^^ certaine largeur , il faut pouffer cette moulure à deux fois & av€C deux outils , dont l'un forme le dégagement ou tarabifcot , & l'autre le bouvement. Si , au lieu de la baguette du bouvement ifig.J, on vou- loit faire un quarré , ce fcroit encore une opération de plus , ce qui allongeroit la façon de l'ouvrage. Ce que je dis pour les profils fimples , comme les figures 6 Scj , doit s'en- tendre pour les profils à petits cadres , comme la figure 8 ; & s'il arrivoit que la moulure excédât le nud des champs , comme cela fe pratique quelquefois , il faudroit ravaler ces derniers de l'excédant de la moulure , ce qui augmenteroit encore la façon de l'ouvrage , quoiqu'en apparence le profil fût toujours le même. Les profils à grands cadres, comme ceux Jig. ç) & lo , font encore dans le même cas , foit qu'ils foient embreuvés ou ravalés , ( quoique dans ce dernier cas ils emploient plus de bois , les bâtis devant être de même épaiffeur que le cadre , ) parce que la différence de hauteur des membres de moulures , ou celle de leurs formes, en rend l'exécution plus longue & plus difficile, ce qui efl: très-aifé à appercevoir par l'inTpeilion feule de ces deux profils. Les profils des plates-bandes des panneaux , 1 1 , 1 2 , r 3 & 14 , font dans le même cas que ceux des bâtis , c'eft-à-dire , que quoiqu'à peu-près les mê- mes en apparence , ils coûtent beaucoup plus de temps & de foins à faire les uns que les autres , fur-tout quand ces profils font doubles , comme à la figure 14 , parce qu'alors la moulure intérieure devient beaucoup plus difficile à faire que l'extérieure , tant à bois de bout qu'à bois de fil. A ces difficultés , il faut joindre la grandeur & la forme des profils , qui obli- gent fouvent à faire des outils exprès , ce qui devient toujours très-coûteux , foit à f Ouvrier ou à l'Entrepreneur. Combien la forme des cintres n'apporte-t-elle point de difficultés , & pat conféquentde différences dans la façon de l'ouvrage? UnrelTaut, une oreille de plus ou de moins , rendent quelquefois la façon d'une traverfe cintrée du double , & même davantage , plus coûteufe qu'une autre traverfe aufïï cin- trée , mais fans ces reffauts ou oreilles. Les ornements de Sculpture , ajoutés aux ouvrages de Menuiferie , en aug^ mentent encore la façon, parce qu'ils en rendent l'exécution plus longue & plus difficile à faire ; & c'eft encore une étude de plus pour bien juger quelle peut être cette augmentation. Je ne finirois pas fi je voulois détailler ici toutes les différences qui fe rencon-^ trent dans l'exécution des ouvrages de Menuiferie , confidérés dans la partie dit Bâtiment feulement, & dans les ouvrages ordinaires, defquels j'ai tiré les exemples que j'ai cités ci-deffus ; car s'il falloir parler des ouvrages extraordi- naires , ce feroit l'objet d'un Ouvrage confidérable, qai , quoique très-nécef-' faire , ne peut pas avoir lieu dans cet Effai , où je me fuis fimplement propofé de I.pifur k Toifé, &c. 1253 de donner une idée du Toifé , & de l'Appréciation des ouvrages de Menuiferie - fans entrer dans aucun détail circonflancié à ce fujet (*). La parfaite connoilTance de la conAruftion des ouvrages de Menuiferie , des différences & des diîEcultés qui s'y rencontrent, n'efi pas encore fuffifante pour apprécier ce que vaut la façon de ces mêmes ouvrages, il faut auffi favoir au jufte le prix de cette façon , relativement à celui donc on paye le temps des Ouvriers, & à la quantité de temps qu'ils emploient à faire ces mêmes ouvra- ges ; cette étude eft toute de pratique, & on n'y peut faire de progrès qu'à ra.de de l'expérience: car ce n'eft qu'en voyant travailler, ( ou, ce qui eft encore mieux, ) en travaillant long-temps de fes mains , qu'on peut bien juger de la valeur d'un ouvrage, quant à la façon. Or il y a ici plufieurs chofes à confidérer : la première, & la plus effcntieile , c'eft qu'il faut abfolument que le pnx du temps de l'Ouvrier foit affez payé pour qu'il ait le néceiTaire honnête , & qu a ia.de d'une fage économie , il lui refte encore, après avoir pris fur fon gain ce qui eft néceffaire à foutenir fon exiftence & celle de fa famille, & cela furvant fon état , qu'il lui refte , dis-je , affez pour fe foulager dans des temps de difette d'ouvrage ou de maladie , afin qu'encouragé par cette efpece d'aifance il travaille avec plaifir, & ne fe confidere pas com.ne un forçat condanmé à une peine dont il n'efpere la fin qu'avec celle de h vie. Cette première condition remplie , on a déjà un point fixe pour apprécier la valeur du temps des Ouvriers , & d'où l'on peut partir pour apprécier la valeur des ouvrages, relativement au temps employé à les faire , en prenant un mi- lieu entre le plus ou le moins que peuvent coûter les ouvrages d'une même efpece, & faits par différents Ouvriers , ou même en fe réglant fur le travail du moins habile ; car il faut que les hommes vivent en travaillant , & du fruit de leur travail: orl'abfolu néceffaire eft dû à tous; & il eft en même temps jufle que celui qui a plus d'adreffe ou de force de corps , jouiffe de ces bienfaits de la nature, & qu'il gagne par conféquent davantage. C'eft pourquoi , comme je l'ai dit ci-deffus , il faut régler le prix de la façon des ouvrages , fur la quantité de temps que les Ouvriers les moins habiles ' oa du moins de k moyenne force, emploient à les faire ; ce qui étant' une fo.s connu, amfi que la quantité, & par conféquent la valeur de la matière employée, on peut enfuite juger de la valeur totale des ouvrages, en y joi- gnant le gain de l'Entrepreneur. Ce gain doit être modéré, mais fixe & relatif à la quantité des ouvrages ( ) Si 1 ElTai que je préfente ic!, ell favora- blement reçu du Public, je me propofe de don- ner dans la fujte un détail circonflancié des ou- vrages de Menmlerie , où je ferai voir d'une manière claire & précife, comment les différents ouvrages de cet Art peuvent & doivent être appréciés , tant en fuivanr la métiiode du Toifé ordinaire , que par d'autres méthodes différen- tes , lefquelles reviendront toutes au même; ce qui ne doit ni ne peut être autrement, puifque d'une façon ou d'une autre , la valeur de la ma- tière , le prix de la façon , & le gain de l'Entre- preneur, doivent toujours être les mêmes , fous quelque point de vue qu'ils puiffcnt être conG- dérés. TrEJILAGEUR. t) ^, ri 14 1254 L'A RT DU M ENU ISI E R, &c. , plutôt qu'à leur qualité , & être clébarrafTé de tous les faux-frais qu'il eft obligé Planche de faire , indépendamment du prix de la matière & de la façon dont j'ai parlé ci-defTus. Ces faux-frais , pour un Maître Menuifier , font très-confidérables ; car fans parler de l'intérêt que doivent lui rapporter ce qu'il a payé pour parvenir à la Maîtrilè, & les fonds qu'il a placés pour faire des proviflons de bois, il y en a qui font journaliers , comme les droits du Roi & de Communauté , le loyer de l'emplacement qu'il occupe , ( qui , dans les villes , eft toujours très-cher , vu la quantité de place qu'il lui faut pour placer fon bois & fes Ouvriers , ) l'achat & l'entretien des outils , les clous , la colle , la chandelle , les voitures pour le tranfport de fcs ouvrages , &c. &c. Le gain de l'Entrepreneur doit , dis-je , être débarralfé de tous ces faux-frais , ou du moins être affez confidérable , pour que leur dépenfe prélevée , il lui refte encore le cinquième au moins de bénéfice fur fès ouvrages, ou entre le tiers & le quart , en y comprenant les faux- frais, ce qui n'eft sûrement pas trop confidérable, fur-tout pourles Entrepreneurs , qui n'ont journellement que cinq à fix Compagnons chez eux , & qui doivent vivre auffi bien que ceux qui en ont davantage. Je ne m'étendrai pas davantage fur le détail du Toifé & l'Appréciation des ouvrages de Menuiferie , pour les taifous que j'ai données ci-deffus ; de plus , je crois avoir rempli les conditions que je me fuis impofées en commençant cet Elîai , qui ne pouvoir pas être mieux placé qu'à la fin d'un Ouvrage qui a pour objet la defcription de l'Art du Menuifier ; mais cet Ouvrage eft déjà par lui- même C confidérable , que j'ai craint de l'augmenter davantage , en m'étendanc fur des matières, qui, quoique relatives à cet Art, ne font & ne doivent pas même être confidérées comme faifant parties effentielles de fa defcription. 1255 CONCLUSION D E L'ART DU MENUISIER. L'Art que je viens de décrire, eft un des plus confidérables des Arts méchaniques , & c'efl: même le plus utile & le plus répandu, après les Arts d'une nécelTité abfolue, tels que l'Agriculture, la Charpenterie &. la Maçonnerie. La Menuiferie eft très-ancienne, & doit, ainli que les autres Arts, fa naiflance au befoin, & fes progrès à l'induftrie des hommes. Sim- ple dans les commencements , ainfi que la Charpenterie , dont elle e'toit une branche , on ne l'employoit que pour fermer les ouvertu- res des habitations , ou pour conftruire les parties les plus légères de ces mêmes habitations, qui sûrement étoient auffi lîmples que les befoins de ceux qui en faifoient ufage étoient peu étendus. Peu à peu les befoins venant à croître avec l'aifance que procura la So- ciété devenue plus nombreufe , l'induftrie fit auffi des progrès ; les ouvrages ordinaires devinrent plus ornés & faits avec plus de foins, puis on en inventa d'autres , foit néceffaires ou Amplement agréables. II eft à préfumer que les premiers ouvrages de Menuiferie étoient des Portes , des Fenêtres , & quelques Meubles , comme des Lits, des Sièges , des Tables , ou quelque chofe d'équivalent , quel qu'en fût le nom ou la forme. D'après ces premiers ouvrages abfolument né- ceffaires (du moins pour certains Peuples,) on fit des Meubles de sûreté , comme des Coffres , des Armoires, &c ; & quand les Bâti- ments furent conftruits avec de la pierre & autres matériaux, on revêtit de Menuiferie l'intérieur des Appartements , & même des Temples , pour en rendre fhabitation plus falubre ou plus magni- fique; & aux ornements qui étoient propres & naturels aux ouvra- ges de cet Art , tels que les moulures & les compartiments quels qu'ils furent, on y joignit ceux de la Sculpture Se de la Dorure, & on les enrichit de différents métaux & matières précieufes , comme l'or, l'argent, le cuivre , les pierres fines, l'ivoire, &c. 1256 CONCLUSION Il feroit auffi impoffible qu'inutile, de chercher à fixer ici l'épo- que du commencement & des progrès de cet Art, dont l'origine fe perd dans l'antiquité la plus reculée , ainfi que celle des divers chan- gements auxquels il a été fujet, foit dans la manière d'opérer, foit par rapport aux noms & à la forme des outils ou des ouvrages , foit enfin fij.r les différents noms fous lefquels cet Art a été connu chez les divers Peuples qui en ont fait ufage; de femblables recher- ches ne pourroient guère être que des conjectures , & ferviroient plutôt à faire paroître l'érudition de leur Auteur , qu'à la perfection de l'Art , & à l'inflruâion de ceux pour lefquels j'ai parLiculiérement écrit. Je me contenterai donc de dire que l'Art du Menuifier eft maintenant, fur-tout en France, un Art de ncceiïité & de goût, lequel eft devenu fi confidérable , que les Ouvriers qui le profelFent ont été obligés de fe féparer en cinq branches, qui font autant d'Arts diftingués les uns des autres , tant pour la manière d'opérer , que par rapport à la diverfité des ouvrages, comme on a pu le remar- quer en lifant la defcription de ces différents Arts. Je ne m'étendrai pas non plus pour prouver l'utilité de ce bel Art nécelfaire à tous, riches comme pauvres , & cela à raifon de leurs différents befoins. Car, en effet, c'eft à lui à qui nous fommes rede- vables d'une partie des commodités de la vie, tant à la ville qu'à la campagne , & même dans les voyages , & de la falubrité , de la commodité & de la sûreté de nos habitations ; c'eft par fon fecours que nous fommes parvenus à décorer avec tant de richeffe & de magnificence les Palais des Rois & des Princes, les Hôtels des Seigneurs & des riches Particuliers, & même nos Temples, qui, quelquefois, tiennent de cet Art une partie de leur décoration, fans parler des ouvrages de ce même Art qui leur font particuliè- rement confacrés. Et jufqu'à quel point de commodité & d'élégance nos Meubles , & fur-tout nos Voitures , n'ont-ils pas été portés dans le dernier fiecle & dans celui-ci, où tous les Arts femblent s'être réunis pour accom- pagner la Menuiferie , & en augmenter la magnificence? Il n'y a pas jufqu'à nos Jardins , dans la décoration defqueîs on en faffe ufage avec le plus grand fuccès , fur-tout depuis que l'Art du Treillageur , uni à celui du Menuifier , en a formé la cinquième & dernière branche. Nos DE L'ART DU MENUISIER. 12,7 Nos Théâtres enfin tirent de la Menuiferie une partie de leur éciat aâuel , tant pour leur conflruâion proprement dite, que pour celle des machines qui portent & en font mouvoir les décorations (*) : & à combien d'autres Arts la Menuiferie n'eft-elle pas utile, pour la conf- truâion des machines & inftruments nécelTaires foit à la préparation ou à fexécution des ouvrages de ces mêmes Arts ? La Menuiferie a encore l'avantage de fournir au Citoyen aifé & laborieux, un objet d'occupation d'autantplus utile, qu'il exerce éga- lement le corps & l'efprit; & comme il efl; des Sciences, telles que la Phyfique expérimentale, laMéchanique , &c. où cet Art eftnécef- faire, du moins comme moyen, il n'efl: guère polTible à ceux qui s'occupent de ces Sciences , de fe pafler des connoiffances , élé- mentaires, de cet Art , ce qui fait que plufîeurs hommes illuftres par leur rang & par leur favoir , fe font un devoir & un plaifir de tra- vailler d'une Profeirion trop peu connue, & dont les Ouvriers vrai- ment habiles, pourroient aller de pair, & même être préférés à la plupart de ces Artiftes , à la vérité adroits & ingénieux , mais dont tout le mérite ne confifle qu'à favoir faire de ces précieufes baga- telles, qui n'ont fouvent d'autre prix que celai qu'y met l'opulence ou le caprice de ceux qui en font ufage. Si la Menuiferie efl:, par elle-même, un Art fi important, que de connoiffances ceux qui la profeffent, ne doivent-ils pas avoir, ou du moins s'efforcer d'acquérir pour devenir vraiment bons Menuifiers , tant dans la théorie que dans la pratique? ce qui, malheureufement^ n'eft pas bien commun à préfent ; c'eft pourquoi il feroit à fouhaiter que les Menuifiers ( & fur-tout les jeunes gens, ) fuffent bien perfuadés de ces vérités , afin que s'accoutumant à regarder leur Art comme une Profeffion honnête & diflinguée, ils fiffent tous leurs efforts pour acqué- rir les connoiffances néceffaires à la partie de la Menuiferie à laquelle ils fe font particulièrement confacrés , & une idée, du moins générale, des autres parties de cet Art, ainfî que des Arts analogues & relatifs ( * ) La conflruftion desThéâtres & des machi- nes théâtrales, eft une partie des plusintéreirante de l'iiidoirc des Arts modernes , & qui efl toute du relTort du Menuificr-Machinifte , qui y pré- fide. Mais comme cette partie de la Menuiferie eft très-compliquée , je n'en ai fait aucune men- tion dans la deicription de cet Art , m'écant té- ,fervé de traiter à part ce qui concerne la Me- nuiferie des Théâtres, & des machines théâtra- les, dont je vais donner incellamment la defcrip- Trejll4Geur. tîon C qtii cil déjà très-avaticée, ) tant pour la théorie que pour la pratique , afin qu'elle foie également utile aux Curieux en ce genre , qu'aux Menuifiefs , q'ii , pour la plupart, ne connoif- fenr pas cette partie de leur Art, & en même temps pour lailfer à la poftérité une idée julfe & p^écife de nos Théâtres, du moins quanta cette partie, qui n'en ell sûrement pas la moin- dre , & dont toutes les autres dépendent abfo- lument, S 14 1258 CONCLUSIO'N au leur : c'eft ce que je n'ai celTc de leur recommander dans le cou- rant de mon Ouvrage, qui ne leur fera vraiment utile, qu'autant qu'ils joindront à beaucoup de bonne volonté & d amour pour leur état, line grande affiduité à l'étude & au travail, n'y ayant que ce inoyen pour acquérir les connoilTances théoriques & pratiques de leur FrofeiTion, les Livres pouvant bien aider le génie, mais ne le donnant jamais , quelque bien faits qu'ils puiffent être. Quant à celui-ci , il feroit à fouhaiter que fa perfedion répondît aux foins & au zèle avec lequel je l'ai fait ; & je fuis perfuadé que ii cela étoit , le Public , & fur-tout mes jeunes Confrères , n'auroient rien à defirer à cet égard ; car je puis bien alFurer que je n'ai épar- gné ni peines ni dépenfes (*) , enfin rien de ce qui pouvoit concou- rir à fa perfeâion , tant dans l'ordre & l'arrangement des matières qui y font préfentées , que par rapport aux recherches & aux expé- riences que j'ai été obligé de faire pour ne rien dire d'après des rap- ports fouvent incertains , quelquefois peu fidèles ou mal entendus , ayant voulu être moi-même perfuadé , & cela par le fecours de l'ex- périence , de ce que j'enfeignois aux autres. J'ai aulli fait en forte de joindre toujours l'exemple au précepte , en n'enfeignant rien , de quelque chofe que ce fût , fans en faire remarquer les avantages & les défavantages , & les différentes occa- fionsoù certaines formes d'ouvrages, ou certaines manières d'opérer dévoient être préférées à d'autres, quoique meilleures , & dont j'a- vois montré l'avantage en d'autres occafions ; ce qui m'a quelque- fois mis dans le cas de faire des critiques , peut-être un peu vives , mais dans lefquelles, en parlant mal de l'ouvrage , j'ai toujours ref- peâé rOuvrier , du moins telle a été mon intention. Quant à l'arrangement & à la divifion de l'Ouvrage , j'ai eu attention de les faire de manière que les Menuifiers en puilfent acquérir la Partie qui leur efl nécelTaire indépendamment des autres, quoique toutes fe fuivent & falFent un corps d'Ouvrage complet, qu'ils feroient cependant très-bien de fe procurer, pour les raifons que j'ai données ci-delTus. Enfin après fept années d'un travail conti- ez) La dépenfe la plus confîdérable que j'ai cré obligé de faire , & celle qui m'a été la plus onéreufe , eft la perte de mon temps ( du moins par rapport à mon établifîement ) laquelle a né- ceflair-'inent entraîne celle de mon état, perte peut-être irréparable , ^; dont rien ne peut m'in- dcmniier , que le plaiûr d'avoir été utile à mes Concitoyens : trop heureux encore fi mon tra- vail & mes Ibins peuvent être vraiment utiles! & fi le facrifice que j'ai fait, ( dont je ne me repents cependant pas , ) peut m'être compté pour quelque choie , à contre-balancer en quel que lorte les faiites involonraires dont mon Ouvrage n'efi; siirement pas exempt ! DE L'ART DU MENUISIER. 12J9 nuel & affidu , paffées , tant à compofer & à faire des de/Tins des îlanclies de mon Ouvrage, ( dont j ai gravé un grand nombre) qu'à en faire l'explication, je jouis de la douce fatisfaûion de le voir ter- miné, & d'avoir été affez heureux pour avoir atteint le but que je m'étois propofé , non pas en commençant cet Ouvrage j car je ne connoiflbis pas alors toute l'étendue de mon entreprife, ni la gran- deur des engagements que je prenois avec le Public & avec moi- même; mais lorfque j'eus iini la première Partie de mon Ouvrage, & bien avancé la féconde , ce fut alors que je m'apperçus de l'im- nienfité du travail qu'il me refloit à faire pour ne rien négliger de ce qui pourroit contribuer à donner de l'ordre & de la clarté à mon Ouvrage , afin que s'il n'étoit pas agréable , il fût du moins utile. J'avois cependant beaucoup d'obftacles à furmonter; car, excep- tion faite de la Menuiferie de Bâtiment, & de l'Art du Trait, je n'étois pas familier dans la pratique des diverfes autres parties de la Menuiferie , dont, par conféquent, j'ai été obligé de faire une étude particulière, afin de joindre la pratique à la théorie, tant pour la connoiffance, le choix, l'emploi des matières & celui des différents outils, que pour la parfaite connoilTance des ouvrages auxquels on emploie les uns & les autres. J'ai même été privé de, tous fecours étrangers, étant le premier qui ait écrit fur l'Art du Menuifier, & n'ayant pas , par moi-même, les fecours que peuvent fournir une éducation foignée , ce qui ne pouvoit pas être , & ce qui fe trouve rarement dans la clalTe des Citoyens dans laquelle la Providence m'a placé. Né de parents honnêtes , mais pauvres comme le font tous les Ouvriers qui n'ont d'autres reflburces que le travail de leurs mains^ ils furent , par conféquent , hors d'état de me donner de bons iMaî- tres , & je ne reçus d'autre éducation que celle des Ecoles publiques de charité, où j'ai à peu-près appris à lire une Langue morte que je u'entendois pas ( & que je n'entends pas encore,) & celle qui m'é- toit naturelle; mais je n'y ai pas appris à parler ni l'une ni l'autre de ces deux Langues , ce qui ne pouvoit pas être , puifqu'on ne l'en- feigne pas , du moins dans les Ecoles dont je parle ici. - Je n'ai pas même joui long-temps de cette éducation , toute im- ,parfaite qu'elle étoit, parce qu'a l'âge de 11 ans, (c'étoit en i/yo ) mon pere, qui étoit, &"qui eil encore Compagnon Menuifier, me i26o CONCLUSION fit commencer à travailler avec lui, pour me tranfmettre fes con- noiffances Se fon état, le feul bien qu'il eût à me donner, & qu'il avoit pareillement reçu de fon pere , auflî Compagnon Menuiiier. (*) Depuis ce temps jufqu en 1758, où j'ai commencé à faire mon uni- que objet de la Defcription de l'Art du Menuifier, je me fuis plus occupé des connoilTances pratiques de mon état , que de celles qui , quoique propres à étendre l'ame & orner l'efprit , étoient étrangères à mon principal objet. J'ai eu le bonheur de faire des progrès dans ma Profeffion pendant les dix-huit années que je fai exercée manuelle- ment , & encore plus de connoître feu M. Blondel , dont j'ai fuivi les leçons l'efpace de cinq années, pendant lequel temps il m'a rendu tous les fervices polTibles , en me donnant gratuitement , tant en public qu'en particulier, tous les fecours & les confeils qui pou- voient m'être utiles pour me faire acquérir les connoiffances théo- riques néceffaires & relatives à mon état , & fur TArchitedure en en général. J'ai répondu à fes bontés avec tout le zèle &. l'application dont j'étois capable, & félon quele peudetemps quej'avoii àmoi,pouvoit me le permettre , vu que je n'avois de libres que les Fêtes & Di- manches , & quelques heures prifes fur mon repos; Se j'ai reconnu, par ma propre expérience , qu'il n'eft point d'obftacles que là bonne volonté Se un travail afïïdu ne furmontent. Les connoilFances que j'avois acquifes , tant dans la théorie que dans la pratique de mon Art, étoient sûrement beaucoup pour moi; mais combien m'enmanquoit-il encore pour pouvoir les tranfmet- tre aux autres par le moyen de cet Ouvrage , quim'auroit été abfolu- ment impoffible de faire , vu mon éducation primitive , fi je n'avois trouvé dans la leâure des bons Auteurs François, (tels que MJVI. Roi/hi, Momefquieu, de Bufon , J. J. Rouf eau , Se autres, ) des fecours que ne m'auroit peut-être pas fourni une éducation plus foignée , mais fouvent donnée & reçue dans un âge où l'homme n'eft pas encore capable d'en profiter. Au lieu que ces leûures , quoiqu'abfolument étrangères à mon (*) Claude Roubo, mon aïeul, eft mort au • incommodités de la vieillefle : il n'avoit eu mois de Juillet lyfiy , âgé de ans. Il avoit 1 qu'une maladie en fa vie, & cil mort fans êtrs travaillé à la Menuiferie de Bâti". eut jufquà | malade, l'âge de 78 ans, fans avoir reflèoti aucune des | objet , DE L ART DU AI E N U I S I E R. 1261 objet, mais faites dans un temps où ma raifon commençoit à fe développer, (à quoi m'a beaucoup fervi l'étude de la Géométrie,) m'ont mis en état de rendre mes penfées , finon dans un ftyle fleuri & élégant, du moins avec précifion & une forte de clarté; elles m'ont aulFi mis à portée de connoître Se de fentir l'ordre qu'il étoit néceffaire de faire régner dans un Ouvrage didadique tel que le mien, où toutes les phrafes doivent être liées enfemble, & fouvent en conféquence les unes des autres , & où les répétitions font quelquefois inévitables, & même nécelTaires pour faire mieux connoître la vérité & l'importance de ce qu'on avance , & les con- féquences qu'on doit ou qu'on peut en tirer. Auiïï eft-ce à l'ordre & à l'arrangement des matières à quoi je me fuis le plus attaché dans le courant de mon Ouvrage , fans me mettre beaucoup en peine de la beauté du %le , qui , d'ailleurs , devoit être fimple & à la portée des Ouvriers, mes Confrères, pour lefquels je l'ai particulièrement écrit. Ce n'efl: pas que, femblable à ce Conful Romain (Marins), je faffe mépris des Arts que je ne connois pas , & fur-tout des Belles- Lettres & de l'Eloquence; au contraire, je fais combien la pureté du ftyle , le choix & l'arrangement des mots donnent de grâce à un Ouvrage , & en rendent la leârure agréable. Mais, comme je l'ai déjà dit, cette perfeâion eft au-deffus de mes forces ; & je fuis alFuré que fi j'avois voulu écrire dans un ftyle plus exaâ & plus châtié , j'au- rois donné dans l'enflure ou dans le verbiage , auxquels ma fimpli- cité ell certainement préférable. Un des plus grands obftacles que j'aye eu à furmonter, c'efl le cri du Public contre les gros Livres , que les uns n'achètent pas , parce qu'ils font trop chers, ou que les autres achètent, mais ne lifentpas , parce qu'ils font trop volumineux. Mais comment falloit-il que je filfe ? Devois-je tromper le Public en travaillant , à la vérité , à fon goût , mais contre fes intérêts, en lui donnant un Abrégé peu confidéra- ble , & par conféquent peu cher, mais où il n'auroit rien appris , ou tout au plus que des mots ou des noms d'Arts ( *). C ) Ce que je dis ici efl une vérité inconteUa - ble : rien n'a faitplns de tort aux Sciences & aux Arts, que les Abrégés qu'on a donnés des Ou- vrages déjà faits , ou bien les Ouvrages nouveaux faits de cette manière. J'ai donc cru être bien fondé à donner à mon Ouvrage toute l'étendue convenable , du moins autant que mes forces ont pu me le permettre , afin d'être utile tant à pré- fent qu'à l'avenir , en n'obligeant pas le Public à faire une double dcpenfe , comme il arrive tous les jours, par les augmentations iS; les change- ments qu'on fait à la plupart des Ouvrages dont: on multiplie les éditions ainfi augmentées , lef- quelles deviennent très-coûteufes , & demeucenB toujours très-imparfaites. Treillagevr, T 14 CONCLUSION 11 faut cependant avouer que j'ai été le premier trompé fur l'éten- due de mon Ouvrage, que je ne croyois pas devoir être fi confi- dérable, lorfque l'Académie Royale des Sciences me fit l'honneur d'accepter mon travail , & d'en permettre l'impreffion fous fon nom & avec fon approbation ; mais à raefure que j'ai avancé , j'ai été entraîné malgré moi par l'abondance des matières dont j'avois à trai- ter, comme je l'ai dit ci-deffus, & que je l'ai fait remarquer dans l'AvertifTement qui efl à la tête de la féconde Partie. De plus , il n'eft pas polFible , pour peu qu'on ait lu cet Ouvrage avec attention , & qu'on foit de bonne-foi ou fans préjugés , il n'eft pas poffible, dis-je, qu'on ne convienne que le détail des différentes elpeces de Menuiferies efl: immenfe ; que quelque concis qu'on foit dans ce détail , il ne peut être que très-confidérable ; Se qu'il n'efl: pas de l'ouvrage dont il efl ici quefl;ion , comme de rHifl;oire ou des ouvrages d'imagination , où on fe contente d'expofer les faits aux yeux du Leâeur, ou de foccuperagréablem.ent, mais où onluilailfe la liberté de faire l'application de ce qu'il a lu, en ne prévenant pas fon jugement , ce qui deviendroit ennuyeux pour tout Leâeur raifonnable. Ici , tout au contraire , & dans la defcription de tous les Arts en général, où il efl queflion d'enfeigner, il faut non - feulement tout dire, mais dire comment il faut faire , & pourquoi il faut faire; cxpofer les différentes manières d'opérer dans tout leur jour , & en faire voir les avantages & les défavantages , Se les occafions où une méthode efl préférable à une autre , ce qui entraîne néceffairement le détail des ouvrages de l'Art, foit en tout ou en partie. Je fai qu'il efl des Arts qui ne confiftent qu'en certaines prati- ques & manutentions, qui, une fois bien connues, font applica- bles dans tous les cas, du moins à peu de chofe près; mais auffi en efl-il d'autres , & fur-tout celui dont je viens de faire la defcription, où cette manutention change à chaque ouvrage de différente na- ture , & où, aux connoilfances néceffaires & relatives à fétat, il en faut joindre quantité d'autres qui y font acceffoires, & dont il faut donner des notions du moins élémentaires. Le détail de ces connoiffances élémentaires, fe trouve, dit-on, dans d'autres Livres , où elles font traitées avec plus d'étendue qu'on ne le pouroit faire dans un Art, (ce qui efl; en partie vrai;) DE LART DU MENUISIER. 11^3 mais ces mêmes Livres font très-chers. Se ce dont on a befoin y eft prefque toujours noyé dans une infinité de chofes dont l'Ouvrier peut fe pafler , & d'avec lefquelles il ne lui efl fouvent pas facile de diflinguer celles qui lui font vraiment utiles. De plus , le langage des Livres favants n'efl pas à la portée de tout le monde ; & quand il le feroit, pourquoi obliger un Ouvrier qui fait la dépenfe de la Defcription de fon Art , d'acheter encore d'autres Livres pour y trouver ce dont il a befoin , quand on peut le lui procurer dans la Defcription de ce même Art ? C'eft pourquoi j'ai cru ne pouvoir pas me difpenfer de donner , dans le courant de cet Ouvrage , des notions, du moins élémentaires , des Sciences ou des parties des autres Arts qui font relatifs ou accef- foires aux différentes efpeces de Menuiferies , afin de rendre mon Ouvrage plus utile, & de faire mieux fentir f analogie & le rapport que les Arts ont entr'eux, & ces derniers en général avec les Scien- ces de raifonnement & de goût , telles que quelques parties des Mathématiques , l'Architedure , le Delfin de différents genres , & autres, fans le fecours defquelles il n'efl; pas poITible de faire de véritables progrès dans fArt du JMenuifier , où il faut abfoluraent joindre le flambeau de la théorie à l'habitude de la pratique. Ce font ces différentes raifons qui m'ont engagé à ne rien om.ettre de ce qui pouvoit fervir à la perfeâion & à l'utilité de mon Ouvrage , tant pour répondre , autant qu'il étoit en moi , aux vues de l'Académie Royale des Sciences, toujours portée avix progrès Se à la perfeâion des Arts, que pour témoigner à cette favante & illuflre Compagnie , combien je fuis fenfible à l'honneur qu'elle m'a fait en m'alTociant à fes travaux , pour concourir avec elle & fous fes aufpices , à la perfedion du plus beau Monument qu'on puilfe élever à l'efprit humain. FIN. TABLE DES CHAPITRES ET TITRES DE L' A R T DU TREILLAGEUK VjHAPITRE PREMIER. Notions élémen- taires des principes à' ArclmeEiiire & de l' An du Trait y dont la con/ioijfance ejl abfolument nécejfaire aux Treïllageurs. Page 104.0 Section première. Dts trois Ordres Grecs ^ de leurs proportions y divifions générales. • ïO\i §. I. Dercription des trois Ordres Grecs ; leurs proportions & divillons particulières. JO4.7 §. II. Defcription des Chapiteaux Ionique , Corinthien & Compofice. ioj8 §. III. Application des Ordres Grecs à la dé- coration des Edifices , &; le détail des diffé- rentes parties d'Architedlure , comme les Attiques, les Soubaifements , &c, 1065' Section II. Notions élémentairps Vrin Un Trait » relatives à celui du Treilla^eur. I079 §. I. De la difpofition des fers fervant à fou- tenir les Treilîages. 1086 §. II. Manière de faire le développement des fiirfaces des Treillages cintrés. Se d'en dif- pofcr les compartiments. io(;o §. III. Différentes fortes de Compartiments, tant droits que cintrés , propres à être exé- cutés en Treillages. ^^97 CHAPITRE If. Des Bois propres à /a conf iniclion du Treillage , & des Outils des Treillageiirs en gênerai, i lOf Section J. Dejcrip.ion des principaux Outils dts TreiUageurs , & la manière d'en faire nfcige. 1 1 07 §. I. Du Placage des Bois, & des Outils qui y font nécellaires. 1 1 10 §. Il, Des Ronds , Se des différents Outils qui fervent à leur conflruftion. 1 1 17 §. ÏII. Des Ornements de Treillage en géné- ral , Se dus Outils propres à les découper Se à les mâtiner. 1 123 §. IV. Defcription d'un Eabot à mettre d'é- paiffeur , Se de différents Moules ou Eois à couper de longueur. 1129 S ï-CTioN II. Dqs di£erentes efpeas ds Treillagts m général» 1132 §.ï. Du Fil de fer Se des Point&s , &. de la manière de coudre le Treillage. 11 ^5 §. II. De la conflruftion du Treillage fimple. 1137 CHAPITRE III. Du Treillage compofé en général. Section I. Defcription de la conJîru£îion des bâtis da Treillage compcifè. 115^ §. I. De la conftruaion des Bâtis des Pilaflres & des Colonnes , 6; la manière de les gar- nir en Treillage. iiyû §. II. Des affembiages des Bâtis de Treillage & ia manière de les difpofer pour recevoir les différentes fortes de garnitures. i i-JS\ Section II. Du Treillage orné en général ; &■ def- cripiion de (/rii.v mnTceau.x de TreUlags d'une dé-i coration différente. 1 17^; Section III. Des Corbeilles de terre ; de leurs for- mes &" cpnjïruBion. Section IV. Des Ornements de Treillages en géné- ral , &■ de leurs différentes efpeces. l-^PTi I. Des Ornements des moulures de Treil- lage en général , Ôc de leur conflruftion.^ 1 iç)6 §. II. Des Vafes -Se des Chapiteaux de Treil- lage , & de la manière de les conllruire. J20C? §. III. Des Fleurs en Treillages, & de leur confîruflion. 121 5 CHAPITRE IV. Des divers Ouvrages de Menuijene nécejfaires dans les Jardins, i 222 Section I. Des différentes fortes de Sièges de Jar- dins, ibido Section II. Des Caiffes de Jardins ; de leurs diffé- rentes efpeces , formes &" confîruElion, 1229 Section 111. Des Gradins Gr des Chaffis de Serres chaudes ; leurs formes 6" conflruBiion. 1 25 5 E s s A ï fur le Toifé , & l'Appréciation des Ou- vrages de Menuiferie en général. 12,^2 CoNCLusioijde l'Arc du Menuifier. 1255 Fin de la Table, TABLE TABLE ALPHABÉTIQUE, o u VOCABULAIRE RAISONNÉ Des différentes Matières qui compofent la Defcription de l'A rt dv Menuisier. A. , boîs rougeâtre & l^ger, qui croît à Ccylan. 5. Partie , Secl. 3 , pa^e 770. Acajou y bois rougeâtre & moyennement dur, originaire des ifles de l'Amérique. 3. fart, feB. 3 , pag. 770. Accotoirs ou Accoudoirs. On nomme ainfi les traverfes des côtés des voitures. 3. part. JeSî. I j pag. ^66. On nomme ^.u^Ti Accoudoirs des pièces ho- rizontales placées aux deux côtés des fiéges , pour appuyer les bras de ceux qui s'aiïeyent delTus ces derniers. 3. part, fecl, 2 , page 6^6. Acrotcres. Ce l'ont des elpeces de petits pieds droits, placés aux extrémités de cha- que travée de baluflres , pour les terminer & fervir de point d'appui à la tablette, -i.part. pag, 1074. , , Affiler y donner le fil à un outil, c'eft-a- dire, finir de l'affûter avec une pierre plus fine , qu'on nomme pierre à affiler. Les outils de moulures s'afTûtent fur ces fortes de pier- res, lefquelles font placées dans une entaille. I. part, page 84. Affiioires. On nomme aînfi des pierres min- ces & longues , d'une couleur grife, ôc par- femées de points brillants , qui fervent à don- ner le fil aux outils à tranchant droit, & à affû- ter les outils de moulures ■■, pour cet effet on affujétit les Affiioires dans un morceau de bois qu'on nomme entaille à Affiloire. i.part. page 84. Affûtage. ( Outils d') On nomme ainfi les gros outils que les Maîtres fourniffent à leurs Compagnons , comme les Etablis , les Var- lopes , les Guillaumes , le Feuilleret , le Rabot , le Cifeau , le Fermoir , le Valet & le Marteau : chaque Ouvrier doit avoir un Affûtage complet, i. part, page '^2. Affûter (manière d') les outils, c'eft-à- dire, d'en refaire le tranchant à mefure qu'il s'émouffe parl'ufage. Les Menuifiers affûtent la plupart de leurs outils fur un grès, i . part, -page 63. Treillaceur, Aileron. ( traverfes d* ) On norame aînfi celles qui prennent la place des accoudoirs,' quand il n'y a pas de glaces aux cuftodes des voitures. 3 . part. feB. i , page 5-13, Alaifèou ■ laife: c'eft une planche étroite qu'on emploie pour rélargirquelque chofe,ou pour en complecter la largeur, i . part.pag.'jg» On dit auîn quon met une Alaije à un pan- neau , lorfqu'un certain nombre de planches n'eflpas fufiifant pour faire la largeur donnée. On dit encore un plancher cl'Alai/cs , c'efl- à-dire, qui eft fait avec des planches refen- dues en deux fur la largeur. 2. pa: i. pag. 16 1. Alcove , partie de Menuiferie compofée d'une niche , dans laquelle on place un lit- A la plupart des Alcôves on pratique des Cabinets , un de chaque côté de la niche , lefquels fervent de Garde-robes ou de déga- gements. 2. part. pag. iÇ'^. Alette. On nomme ainfi les pieds droits d'une niche quarrée. 4. part. pag. iq6S. Ahfier , bois François , plein , de couleur blanche : il s'emploie pour les ouvrages d'é- béniflerie. ^.part.feB. 3 , pag. 783'. Aloes, bois rare fie peu connu, de trois différentes efpeces, fie en général de bonne odeur : il cr jit à la Cochïnchine &c ailleurs, ^.part.feâ. 3 , pag. 770. Alun , fel foffile , reffembiant à du cryflal dont on fait grand ufage dans la compolition des teintures. 3. part. fcSl. 3 , pag. 794. Amaranthe ^ bois de couleur violette j quî croît à la Guiane , en Amérique. 3. part. feSi. 3 , pag, 770. AmortiJJement. Par ce terme on entend tous corps d'Architecture dont la forme py- ramidale couronne ôc termine heureulement, c'eft-à-dire avec grâce , un avant-corps quel- conque. 4. part. pag. 1072. Amourette, bois dur, de couleur rouffâtre ÔC varié de brun , qui croît aux Antilles. 3. part.feÛ. 3. pag. 771. Ane , efpece de chevalet ou banc , fur le- quel eft placé un étau de bois. Les Ebéniftes fe fervent de TAne quand ils veulent découper y 14 J266 Table AlphahéùqUi le placage, & ils s'aflbient à califourchon delïïis. 3. part. fecl. 3. png. 842. Angî<:\ c'eft le point ou la rencontre de deux lignes , foit droites ou courbes. Les Angles prennent différents noms, félon l'ou- verture ou la forme des lignes qui les com- pofent ; c'eft pourquoi on dit cingle droit ou qaarré , /Jngle aigu ou Jermê , y^ngle obim ou ouvert, ou Angle gras ,tï\'àn AngU reBiligne , curviligne ou mixtiligne. i. part, pag. 8. A'iis ou Anil à tkoile , bois de couleur grisâtre, qui croît à la Chine. ^.part./eSÏ, Anfe à panier ou de panier. On nomme ainfi un cintre qui a la forme d'un demi-ovale pris fur fon grand axe. \ . part. pag. 12. A-plomh, Les Menuiliers nomment ainfi toutes lignes perpendiculaires à l'horizon. 2. part. -pag. 27 J. AppartemenT. Sous ce terme on entend l'cnfemble de plufieurs pièces fervant à loger des perfonnes de diftindtion. Defcription des différentes pièces d'un Appartement. 2, part, pag. i8y. Appui.Vd.x ce mot, on entend, en général, toute partie de Menuiferie difpofée horizon- talement , & dont la hauteur ne furpaffe pas j à 4 pieds. Appui j ( pièce d') c'eft la traverfe du bas d'un dormant de croifée , laquelle reçoit les deux chaftis : fes différentes formes & pro- portions. \.paït. pa'^.^1. Appui de porte , dont la hauteur fe déter- mine par celle du lambris d'appui. \.pMt. pag. 138. Appui. ( lambris d' ) On appelle ainfi toutes fortes de lambris dont la hauteur ne paffe pas 334 pieds. On dit /^ppui de croifet , tant du iambris donc cet Appui eft revêtu , que de la tablette qu'on pofe quelquefois deffus. Appâts d^ voiture , appellés autrement cein- turer. Les traverfes d'une caille qui font pla- cées à l'endroit de la ceinture , fe nomment traverfes de ceinture , pour le devant & le derrière; & celles de côtés fe nomment rra- verfes de cujîodes ou à' accotoirs. 3. part.feB. \ , pag. 4(56. Apfichet , languette faillante faite pour retenir en place les glaces des voitures, 3. part.JeÛ. 1 , pag. 476. Arbitraires. ( Outils ) Par ce terme, les Me- nuifiers en Carroffe entendent deux outils à fût qui forment la même moulure , quoique faits à contre-fens l'un de l'autre. ^.part.feSî. I , pag. 473. Archet; c'eft un morceau d'acier ëlaftique , rnonté dans un manche de bois : à l'extrémité de l'Archet eft attachée une corde de boyau ou une courroie de cuir qu'on arrête vers le manche , & on donne à cette dernière une longueur fuftîfance , pour qu'après avoir fait deux fois le tour de la boîte à foret, l'Archet ou branche d'acier ploie, & par fa réftftance , ou Kocabulalre faffe tourner le foret ainfi entouré. ^. pan. feSi. 3 , page 539. _ _ _ Archirraue , partie inférieure d'un entable- ment qui eft compofé de plufieurs faces 6c de moulures peu faillantes. 4. pan. p. 1045. Architravée. On nomme ainfi une efpece d'entablement donc on a fupprimé lafrife, 6c où l'Architrave, donc on a aulTi fupprimé la partie fupérîeure , eft joint à la corniche. ^.part. pag. 10Ç7. Archivolte. On appelle ainfi le revêtifie- ment extérieur d'une arcade plein-cintre. Le plafond ou revêtïlTement de cette même ar- cade , fe nomme auffi Archivolte. 2. parr. page s 12. Archivolte. En ArchiteÊlure , on nomme ainfi les moulures & les faces qui ornent le pourtour de la partie circulaire d'une porte, d'une croifée , ôcc. 4. part. pag. 1066. Arête, Arêtier ,pïeCQ droite ou circulaire, formant l'angle rentrant ou faillant d'une cou- verture ou toît, fimpleraent inclinée pour le premier cas, & cintrée en voûte pour le fé- cond. 2. part. pag. 341 er ? Î4. Argent; c'eft le fécond des métaux pour la valeur : fa couleur eft blanche & brillante,' & on peut en faire ufage à la place de l'étain dans les ouvrages de marqueterie. 5, part», fea. 3 , pag. 900. yi nier e- corps , champ liffe qu'on met entre deux parties de lambris, ou à la place d'un pilaftre , lorfqu'on craint qu'il ne devienne trop étroit. 2. parx.pag. 1 71. Armoire , le plus grand des meubles fer- mants dont on fafie ufage actuellement : il fert dans les OfHces , Garde- robes , & aux gens d'un état médiocre. ^. part.feÛ. 2 , pag, 74?- On nomme auffi. Armoire y toute devanture de Menuiferie fervant a fermer un renfonce- ment ou toute autre partie d'un appartemenc quelconque , à condition toutefois que cette devan.ure ait une ou plufieurs portes ouvran- tes. Ce nom s'entend aufîi du renfoncement couvert par la devanture de Menuiferie. /■hra(em2nt y extrémité d'une traverfe à la naiffance du tenon , laquelle vient joindre le battant à l'endroit de i'aflemblage. i.part, pag. 45. yJrrafer un panneau ou une porte , c'eft-à* dire, faire affleurer l'un ou l'autre avec leurs bitis , de forte qu'ils leur foient égaux d'é- paifiTeur d'un ou des deux côtés, i. part, pag. 100. AJpalathe , bois peu connu des Modernes; 3. part.feB. 3 , page 771. Affemblages. L'art des AfTemblages eft une partie trcs-întérefiance pour les Menuifiers, puifque les aflemblages fervent à lier enfem- ble toutes les parties de leurs ouvrages. Il y, a diverfes forces d'affemblages , comme les tenons & les mortaifes , les enfourchements , les entailles , les traits de Jupiter de âe l'An du àiffêtentes efpeces, les queues, les ramures & les languettes, les embreuvements , &c. Voyez chacun de ces Articles , i.part. pae. 45 & Jidu. * On appelle encore les Affemblages quarrés , d onglets, ànfaujcs coupes , doubles , &c. félon les différentes manières dont ils font difpofés. [Voyez idem. ^ yijjembhge. ( Menuiferie d' ) On nomme amli la partie de l'Art du Menuilier, quia pour objet la fermeture & les revêtiffements des édifices , ce qui lui a fait donner auffi le nom de Menuiferie de Bâtiment. En g&dral ce nom doit s'entendre de tous les ouvrages de cet Art qui font compofifs de plufieurs pièces affembldes à tenon & mortaife , & qui renferment des panneaux qui y entrent à rai- nures & languettes. yllTemblage à la Carrofme. On appelle ainfi le jomt d'un cadre auquel on ne rallonge pas de barbe a la traverfe , de manière qu'on eft oblige de pouffer à la main un bout de la moulure du battant. 5. part.fecl. i,pag. 47; yi/lragale , moulure compofe'e d'un demi- rond fait en forme de boudin , 6c d'un filet au-deffous. L'Aflragale fert à féparer le clia- piteau d'avec le fût de la colonne. 4.. pan page 104.;. ^Jiraga/ée.On nomme ainfi un profil d'une corniche dont la partie inférieure eft termi- née par un Aftragale. 2. pan. p.,gc 1 tf;. Attrape-mouche. On donne ce nom à une petite épaiffeur de bois en faillie, qu'on réfer- ve au bas de la partie inférieure de l'impofte d'une croifée à couliffe, pour que les mou- ches ne paffent pas entre cette dernière & le haut du chaffis , où on en a réfervé une femblable. \. part.pag. 1 1 5. _ Atticiiie ou Deffus de porte. On nomme ainfi la Menuiferie dont on revêtit le deffus des portes d'un appartement , laquelle eft quelquefois ornée de Sculpture, ou bien eft difpofée pour recevoir un tableau. 2. pan. pag. 184. Attique , ( Ordre ) efpece d'Ordre d'Ar- chiteaure inventé à Athènes, pour fervir de couronnement aux Edifices. Cet Ordre ne s'emploie jamais en colonne , mais en pllaftre toujours engagé. Les Modernes y font des croiféesqui ont des proportions qui leur font propres , & qu'on nonmie croifies attiques. ^.part.pag. 1077. Attique , ( bafe ) ainfi nommée , parce qu'elle fut inventée à Athènes: elle eft par- ticulièrement affeaée à l'Ordre Ionique. 4. fart. pag. 10(54. Aubier , défaut dans le bois ; c'eft la der- nière croiffance de l'arbre , qui fe trouve im- médiatement après l'écorce. L'Aubier eft toujours plus blanc que le bon bois , & on ne doit jamais l'employer dans aucune efpece de Menuiferie. i. part, pag, aj, ■ Menuifier. J257 Aulne, bois Fran(;ois, tendre, de couleur rougeâtre , propre à différents ouvrages dUbénifterie. j.part. feS. , pag. 785. Axe , quelquefois Mmdrm ou Arhe. On nomme ainfi une pièce de bois ou de fer qui paffe par le centre d'une colonne ou de toute autre partie cylindrique, 'i. part. pag. ,iS;, B. Baguette , moulure parfaitement ronde , excepté le côté où elle tient au refte de la pièce. Cette moulure s'emploie rarement feule, & en accompagne toujours quelqu'au- tre. 1. part. pag. 44. Baignoire , efpece de Chaife-longue , dans laquelle eft renfermée une cuvette de cuivre. 3. part. fecl. 2 , pag. 660. Baignoire. ( demi- ) Voyez idem. BarVi-maWs. (chauffer la colle au ) On en- tend par ce terme l'aaion de faire chauffer la colle dans un vafe de cuivre qui eft placé dans un autre plus grand , qu'on remplit deau, qui, en s'échauffant, fait fondre & chauffer la colle qui eft dans le premier vaf». Voyez Pot à colle, i. part. pag. 81 , & 5. part. feit. 5 , page 8;o. Baleine. On nomme ainfi les lames ou fa- nons qui fervent de dents au poiffon de ce nom. La Baleine eft filandreufe, & ordinai- rement de couleur noire, h. part. fea. ^ .var Balufîrade. On nomme ainfi une efpece de focle , ou quelquefois de piédeftal dont le dé eft évidé de diftance en diftance pour y pla- cer des baluftres ou petites colonnes qui y font efpacées tant pleins que vides. 4. part, pag. 1073. Bahflre, efpece de petite colonne d'une forme contournée, circulaire par fon plan , & quelquefois quarrée. ^.part. pag. 1073. Bambou , (bois de) efpece de'groffe canne qui croit dans les pays maritimes des Indes Orientales. 3. S. j , pa<re lojj. ^ Banc de jardin , efpece de fiége à doffier & a accotoirs. Il y a auffi des Bancs de jardins qui n'ont ni l'un ni l'autre, ^.pa. t.pay. 1 ^2;. Banc de tour. On nomine ainfi l'établi fut lequel on tourne. 3. part. fea. 3 , pag. 504. Bandeau,^ corps liffe & faillant, quelque fois orné d'une moulure fur l'arête, qu'on met fouvent à la place des chambranles. Voy. Chambrantes. Bandeaux, pièces de bois minces, ornées de moulures qu'on met par le haut des lam- bris , à la place d'une corniche. 2. part. pag. Bandes ou Bordures de parterre. Ce font des planches dont une des rives eft ornée d'une moidure , & qui fervent à border les parterres dans certains jardins. On les fait entrer dans la terre, qu'ils défaffletirent de j à 4 pouces , St on les arrête fur des pieux 1258 Table Alphahéùqm nommés racimanx. 4. part, page 1 14,2. Bandes de billard. Ce font des pièces de bois ornées de moulures , lefquelles fervent de rebord à une table de billard. part./e^. 2 , pag. J06. Banquette ou Sonbaljement , efpece de petit lambris d'appui , fervant de revêtifTement aux appuis de croifée , dont la hauteur eft moin- dre que celle du lambris d'appui de la pièce. 2. part. pag. i 8 i fuiv. Banquette f fiége fans dollier, d'une lon- gueur capable de contenir plufieurs perfonnes adifes à côté les unes des autres, 5. part.fe6î. pa^^. 613. Barbe. On appelle de ce nom le bois qui excède l'arrafement intérieur d'une traverfe , ou , pour mieux dire , la ligne qui indique fur cette dernière le nud intérieur de la moulure des battants , de forte que la longueur d'une barbe eft toujours déterminée par la largeur des moulures ou des feuillures qui font faites fur le battant dans lequel elle doit s'alfetn- bler. Quand il y a des moulures des deux cô- tés de l'ouvrage, on rallonge des barbes des deux côtés des traverfes. i. part. pag. ^6. Barre à queue» On appelle ainfi une pièce 'de bois qu'on rapporte fur le meneau d'une crolfée à manfarde , laquelle eft rainée pour recevoir les challîs : cette pîece s'ôte de place quand on veut recirer ces derniers. 1. part, p3g. 1 1 5". On appelle aulfi Barrcc à queup , Ap^ pièces de bois dont la largeur eft inégale d'un bouc à l'autre , & qui font en pente fur leur épaïf- feur. Ces fortes de Barres à queue fe placent derrière les panneaux & autres ouvrages de cette nature. 2. ^arr. ^d^. 172. Barres d'enfonfures. On nomme alnfi une ou deux barres placées au milieu d'une cou- chette j au - deffous des goberges , qu'elles foutiennenc au milieu de leur longueur, 3. part.Jeâ. 2, pag, 666. Bafe ou Embafe , en terme d'Ouvrier, faillie pratiquée à la partie fupérieure du fer des outils à manche, pour appuyer ces der- niers, i. part. pag. 6^. Bafe f moulure falUante qui fe pofe fur les parquets des portes-cocheres. 1. part, pag. Bafe , partie inférieure des colonnes ; ma- nière de les conftruire en Menuiferie. 2. part, pag. 289. Les bafes font toujours ornées de moulu- res qui fuivent le contour des colonnes , ôc font terminées par une plinthe ou partie lilTe d'une forme quarrée par fon plan. 4. part, pag. 1043. Bâtis. Par ce terme , les Menuifiers enten- dent toute la partie de leur ouvrage qui doit recevoir les cadres & les panneaux, ou les panneaux feulement ,( ce qui arrive quand l'ouvrage eft à petit cadrel ; c'eft pourquoi on dit Bdfis de lambris j Bâtis de parquets j &c. y QM V ocabulalre Bâtis. Par ce terme , les Ebéniftes enten- dent le corps ou la carcalTe de leurs ouvrages , & généralement tous les m.eubles quelcon- ques, fur lefquels ils plaquent des feuillets de bois mince. ^. part. (eB. 5 , pag. 811. Bâtis de Treillage. Sous ce nom on com- prend toutes les parties de Menuiferie qui entourent & foutiennent le treillage. ^. part. pag..\xso. Battant, Par ce mot , on entend toutes pièces de bois placées perpendiculairement, & dans les extrémités defquelles on fait des mortaifes où viennent s'alTembler les tenons des traverfes , foit que ces dernières foienc plus courtes que les battants, comme il arrive ordinairement , ou qu'elles foient d'une longueur égale à celle des battants , ou qu'elles foient même plus longues , ce qui eft égal. Les Battants prennent différents noms, félon les ouvrages où Ils font employés : or> les nomme Battants de croifée , de porte ^ de lambris , de parquet. On appelle encore Bat-, tants de portes-cocheres , des pièces de boîs de 3 à 4 & même 6 pouces d'épaiffeur, fur ua pied de largeur , & de 1 2 à 1 S pieds de lon- gueur. Voyez 1. /Ji^rr. /î^k^^. 28 & 2^. Battement. On nomme ainfi une partie excédente qui forme la feuillure d'une porte ou de toute autre partie ouvrante. Les Bat- tements font toujours rapportés d'après le nud de l'épaiflVur du bois, afin de lui con- fërver toute fa force, i.part. pag. 10^. Baye , ouverture ou place propre à recc; voir une porte, une croifée, &c. Bec-d'âne , outil de fer garni d'un manche.' Le Bec-d ane fert à faire des mortaifes. Il y en a de différentes groffeurs ; mais ils font tous de la même fornie. \. part, pag, jj. Bec-ie-canne , outil à fût , dont l'extrémité du fer eft recourbée en forma de croiffanc, de manière qu'il coupe plus fur les côtés qu'autrement. Cet outil fert à dégager ôc arrondir le derrière des talons , & le deffous des baguettes, où la Mouchecte à joue na fauroit aller, i . part. pag. . Bec-de-corhin , moulure, efpece de boudin renverfé dégagé en delTous de fon talon, part. pag. 44. Berceau , efpece de petit lit propre aux Enfants. 3 . part. feû. z , pag. 6^2. On nomme auŒi Berceau , le chaflis d'une preffe d'Imprimerie , fur lequel eft placé le coffre & tout ce qui compofe ce qu'on appelle le train. ^, part. fecî. 3 , pag. pôy. Berceau. Par ce terme , les Treillageurs entendent toute partie de Treillage donc la voûte eft terminée par un cintre , foie circu- laire ou ovale , quoique fes bouts foient quelquefois terminés en arc de cloître , ou en voûtes d'arête, ^.part.paçr. 1080. Bergère , efpece de fauteuil dont le fiége eft bas Ôc profond, ^.pan. fecl. 2. ^p. 6 {2. Berline de ï An du Berline , voiture fort à la mode à préfent , laquelle eft d'un ufage très-commode , & peut contenir quatre perfonnes. On les nomme Berlines , parce qu'elles ont été inventées à Berlin, ville Capitale de Pruffe. s.part.feB. I ,pag.^^i) & ^Sj. II y a des Berlines de campagne qu'on nomme Berlines Allemandes , lefqueiles ont quatre portières & trois rangs de fiéges. 3. fart.fea. l , page 573. Berlingot ou Carrojfe coupé. Voy. Diligence. Bibliothcijue. Efpece d'armoire propre à mettre des livres. 2. part. pag. ao6 & Juiv. On donne auffi ce nom à de vaftes pièces dans lefqueiles on ralfemble une quantité de livres de toute efpece , & qu'on place dans des corps de Menuiferie adhérents aux murs de ces dernières. Bidet , petit fauteuil qui diffère des autres fauteuils , non-feulement par la grandeur , mais encore parce que les pieds de devant montent de fond pour porter les bras ou accoudoirs, t. pan.fcB. 2 ,pag. ^40. Bidet ou Chaife de propreté , petit fiége dans lequel eft renfermée une cuvette de fayence. ^.pan.fecl. 2, page 661. Bigorne , outil tout de fer ; c'eft une ef- pece de petite enclume qui fe place fur l'éta- bli ou fur un billot de bois. Les Treillageurs font ufage de deux fortes de bigornes. 4. part, pag. llip. _ Billard, grande table de jeu portée fur un pied d'une conftruûion folide & compliquée. 3. part.feS. 2 , pag. 703 & fuiv. Bifeau. On entend par ce terme le chan- frein ou pente qu'on donne à un fer pour y faire un tranchant aigu. Le Bifeau fe fait toujours du côté du fer qui n'a point d'a- cier. La plupart des fers d'outils n'ont qu'un bifeau : il n'y a que les fermoirs & quelque- fois les gouges qui en ont deux. j. part. p. 6}. Bijeaux. Voyez Garnitures. Bijloijiiet , inlirument propre au jeu de bil- lard, ^.part. fea. n.pag. 710. Blanc d'Efpagne , efpece de terre ou marne blanche , dont on fait ufage pour terminer le poli des bois Scdes mét3ux..j.part.fec.^,p.S6o. Blanchir. Par ce terme on entend l'aftion de découvrir la face du bois , & d'en faire difparoître les inégalités les plus confidéra- bles, fans cependant s'alTujétir à le dreffer & le dégauchir parfaitement, en quoi le blan- chiffage diffère du corroyage ; de plus , le blanchiffage fe fait prefque toujours à la de- mi-varlope & au rabot , & fur le plat du bois fimplement. ^ Bloufe , trou rond pratiqué dans la table d'un Billard. 3. part.fech 2 , page 707. Bois, fubftances végétales & compaSes , avec lefqueiles on fait les ouvrages de Menui- ferie de toutes les efpeces : Quels bois font propres à la Menuiferie de Bâtiment, i.pan, pag. 22. Treillaceur. Mcnmfur. -[26^ Leurs différentes qualités. Idem, pag. 23. Bois Franfois ou de Pays, Bois de Lorraine ou de ^^ofges. Voyez idem. Bois de Fontaineileaii , Bois de Hollande, Bois de Merrain ou Corfon. Idem. pag. 24. Bois de Châtaignier. Idem. pag. 2^. Bois de Noyer blanc & noir. Bois d'Orme, Bois de Hêtre , Bois de Sapin , &c. Idem.^ujg-. 26. Bois d'échantillon , ou Bois affujétis à dif- férentes épaiffeurs & largeurs. Table des dif- férents échantillons, i. part. pag. ?(). Bois à ajn/ler. On nomme ainfi des morceaux de bois fur lefquels on fait des entailles de la grandeur & de la forme des pièces qu'on veut ajufter. j.part.feit. ^ , pag. 83;. Il y a d'autres Bois à ajufter qui font rava- lés des deux côtés de leur épaiffeur , & dans toute leur longueur, jufqu'à environ 2 pou- ces de leur extrémité , où on réferve des ta- lons coupés à angle droit & d'onglet , à con- tre-fens l'un de l'autre. ^. part. Jecl. 3 , pag. ^36 & Juiv. Bois à mettre de lardent. Ce n'eft autre chofe qu'une pièce de bois fur laquelle eil obfervée une petite élévation dans toute fa longueur, pour y appuyer le feuillet qu'on veut mettre de largeur, s. part. fief. 3 , pag. 832. Il y a d'autres Bols à mettre de largeur, où au lieu d'une faillie, on fait un ravale- ment dans lequel on place la pièce à mettre de lai-gcui. 3. pan. feS. 3 , pag. 834. Bois à polir. Ce font des morceaux de bois le plus fouvent de noyer, auxquels on donne différentes formes , pour qu'ils puift'ent s in- troduire dans toutes les parties de l'ouvrage qu'on veut polir. 3. part. fe£l. 3 , pag. SSo. On fe fert auffi de ces Bois pour polir les métaux. Idem. pag. ^^2. Bois à recaler , ou moule à ajufter les pièces de Treillage. Ce font des efpeces d'entailles femblables aux Bois à ajufter des Ebéniftes. 4. part. pag. 113t. Bois à refendre c'eft un morceau de bois ravalé , qui fert pour refendre les pièces de placage au trufquin. ^part.fecl. 3, pag. S32. Bois de fonds. Voy. Garnitures, Bois tranché. On appelle ainfi tout bois dont le fil n'eft pas dirigé parallèlement à fa fur- face, i. part. pag. 26. Boiffellerie. ( Bois de ) Ce font des feuillets de chêne très-minces , fendus au coûtre , fie roulés en cercles. Les Treillageurs en font ufage pour faire de grandes parties d'orne- ments. 4. part. pag. i 106. Boite â lagraijje i c'eft un morceau de bois creufé , dans lequel on met de la graiffe avec laquelle on frotte les outils, pour qu'ils gliP fent plus aifément fur le bois. Les Menui- fiers appellent quelquefois cette boîte Gode- miellé i niais ce terme eft impropre, 6c on ne doit pas en faire ufage. r. part. pag. ^7. Boite à mettre de largeur ; c'eft une efpece X 14 layo Table Alphabétique tle boîte découverte en defTus , & qui n a qu'un bout. Les Treillageurs en font ufage pour mettre de largeur leurs lattes de frifage, ^.part.pag. Iliy, Boite à recaler, outil compofé de quatre rnorceaux de bois afiembles à rainures & lan- guettes, & donc un des bouts eft coupd en cnglet. Cette boîte fert à recaler les joints des cadres qu'on fait pafler dedans, i.pan. fag, 87. Eoîte de crochet ; c'eft un morceau de bois d'environ un pied de longueur, fur 5 pouces quarrés , dans lequel eft placé le crochet de lecabli. Voyez Etabli & Crochet. Boue de rappel. Voyez Rappel. Boite de toilette , efpece de coffre de difié- lentes formes & grandeurs , dans lequel on place sûrement les divers uftenfiles propres à la toilette, ôc même les bijoux des Dames. ^.part.fea. i ,pag.^-!%. Boîte de vilbrequin ou Boite à mèche , petit morceau de bois quarré , dans le milieu du- quel on fait entrer la mèche ; l'autre bout de la boîte eft terminé par un tenon ou queue qui entre dans la partie inférieure du fût, où on l'arrête quand on le juge à propos, i. fart, }ag, go. Bondieu ; c'eft un petit coin de bois dont le? Scieurs de long font ufage pour écarter les pièces qu'ils refendent, i . part. pa^. ^p. Borax y fubftance foftîle alfez femblable à de l'alun. On l'emploie pout fuite des foudures. 5. part.fe/^. 3 , pag. (J^^- Bordures de tapiftTerie , de tableau & de glace. On nomme ainfi des tringles de diffé- rentes largeurs & épaifl'eurs , ornées de mou- lures, qu'on ajufte au pourtour des tapilferies, tableaux , &c. 2. part. pag. i6j & 181. Boudin à baguette , efpece de moulure com- pofée d'un boudin ou tors applati , & d'une baguette ou petite moulure ronde. L'outil à fût qui fert à former cette moulure, porte le même nom. i. part. pa£. 84.. Bouge. Par ce terme les Menuifiers enten- dent qu'une pièce eft bombée , foit fur la longueur , foit fur la largeur : ce terme eft , ■parmi eux, le contraire de crf^A- ; c'eft pour- quoi ils difent telle chofe eft cintrée en creuxy ou bien en bouge, i, pan. pag. 66. Boule , habile Ébcnifte demeurant à ia Ma- nufacture des Gobelins , fous le règne de Louis XIV. ^.parî.feB. 3 , pag. 76^. ■ Boutique du Menuifier , nommée aufti ^/c- iier , eft le lieu où travaillent les Menuifiers, Comment elle doit être conftruite félon les différentes efpeces de Menuiferie, i. part, pag. jo & fuiv. Bouton ou tt^e. Les Treillageurs nomment ainfi la partie intérieure des fleurs , fur la- quelle ils attaclient les pétales de ces mêmes fleurs. ^. part. pag. 1215;. Botivement fimple , moulure compofée de deux parties de cercles difpofée à l'inverfa , OU Vocahiilaire l'une de l'autre & d'un filet. L'outil à fût qui forme cette moulure , porte le même nom, I . part. pag. 84-, Bouvement ou Doucine à Baguette , mou- lure & outil femblable à ceux ci-deffus , à l'exception de la baguette, qui eft de plus, & qu'il y a deux fers à l'outil, l'un qui for- me la doucine, & l'autre la baguette. Idem, même pag. Bouvet , outil compofé d'un fer & d'un fût, dont la partie qui pofe fur le bois eft faillante en forme de languette, afin qu'en le poulfant fur ce dernier, il y faffe une cavité nommée rainure. Ces forces de Bouvets , font de dif- férentes grofl!"eurs, & ont tous des joues ou conduites au bas de leur fût, afin de les ap- puyer contre le bois, 6c que les rainures qu'on fait avec, foient toujours bien parallè- les avec le devant de la pièce, i.part. pag. 72. Les Bouvets propres à joindre des plan- ches enfemble , font deux outils féparés, dont l'un fait la rainure & l'autre la languette. Quand les planches n'ont que ^ lignes d'é- paift"eur au plus, les Bouvets qui fervent à les joindre , fe nomment Botivets à panneaux , lefquels différent de ceux dont je viens de parler, en ce que le fer qui fait la rainure, & celui qui fait la languette , font montés fur le même fût , l'un d'un côté , & l'autre de l'autre , en fens contraire, i. part. pag. 78 fuiv. Il eft encore une autre efpece de Bouvet qu'on nomme Bouvet de deux pièces , parcç que fon fût eft compofé de deux pièces fut l'épailleur , dont l'une , qui porte le fer , eft affemblée avec deux tiges qui pan"ent au tra- vers de la féconde pièce qui fert de joue aa Bouvet , de forte qu'on peut, avec cet outil , faire une rainure à telle diftance du bord de la pièce qu'il eft nécelfaire, du moins tant que peut le permettre la longueur des tiges. i.part. pag. 72 & fuiv. Les autres Bouvets prennent différents noms, fuîvant leurs ufages. On les nomme Bouvets à ravaler j Bouvets à couiijjes y à em~ breuver , à dégager , e^f . Brancard Ou Bateau. On nomme ainfi le fond de toutes fortes de voitures, ^.part.feâ. I , pag. 46 j CT" 5 59. Bras ^ appuis ou accotoirs de fauteuils, lefquels font différer ces derniers d'avec les chaifes ordinaires. ^.part.feB. 2 , pag. 6^'ô. Bréftl , (bois de) de couleur rougeâtre^ veiné de jaune , bon à la teinture & à l'Ebé- nifterie. 5. part. feâ. 3 ,pag. 771, Breté. (fer) On nomme ainfi des fers de rabots ou autres, dont la planche eft cannelée fur la longueur, de manière que fon taillant préfente une quantité de petites dents, lef- quelles grattent plutôt le bois qu'elles ne le coupent. 3. part./e6l. 3 , pag. 809. Brïgantin , forte de lit portarlf ou de cam- pagne, ^.par/.feB, 2 jpag. 6S^ & fuiv. de [An di Brîfement d'un Canojfe, On nomme ainfi le reffaut que font les deux côtés du bran- card des Carroffes anciens , fous lefquels Bri- fements on plaçoit les boîtes des reflforts. 3. pan. fcâ. I , pag. 'i^^. Brifure ou joint à rainure & languette , dont les arêtes intérieures font arrondies, de manière qu'elles puiffent fe féparer aifément ; c'eft pourquoi on dit la Brijure d'une table, d'une porte, d'un guichet, &c. l. part. p. 107. Broche. On nomme ainfi une cheville de fer dont la tige eft ronde & pointue , & dont l'extrémité fupérieure eli refoulée, à froid pour y former une petite tête : c'eft avec les broches qu'on arrête en place la Menuiferie ordinaire. 2. part. pag. 2 f fj. Bronze. On appelle ainfi tous les ornements de cuivre foit fondus , forgés ou limés , dont on embellit les ouvrages d'Ebénifterie : leurs différentes efpeces & ufages. j.part.fect. j , pag. 1026, Brou de noix. On appelle ainfi l'ccorce des noix vertes, laquelle étant bouillie, donne une teinture fauve & brunâtre. 3. part.feét. 3)P"^- 79 r- Brouette ou Roulette , petite voiture à deux roues, traînée par un homme. 3. part. feS. 1 , pag.^60 & 5S7. Brouter. On dit qu'un outil broute, lorf- qu'au lieu de couper le bois vif & facilement, il ne fait que reffauter delfus , ce qui en rend la furface mal unie. 1. part. p-r^. -i3 /. BruniJJoir , outil d'acier à manche , dont la coupe eft à peu-près de la forme d'une olive : il eft diminué fur fa longueur en venant à lien à fon extrémité fupérieure. Cet outil doit être bien poli & très-dur , & on s'en fert pour polir le cuivre & en eft'acer toutes les inégalités, ^.part.fcét. s ,pag. iot8. Buffet , efpece de meuble qui fe place dans les Salles à manger , & qui fert à ferrer le linge de table , & quelquefois l'argenterie. 2. part.pag. l 8p & Jttiv. Se pag. y^tJi , 3 . part, fea. 2. On nomme auflî Buffet , toute la Menuife- rie propre à contenir toutes les pièces fer- rant à former un Orgue. 2. part. pag. 245. Buiî , bois de France & d'Efpagne , très- dur , de couleur jaunâtre. 3. part. fe£l. 3; pag. 783. Bureau , ou petit Buffet à hauteui; d'ap- pui. 2. part. pag. 1 Sp. On appelle auffifturari.v, différentes for- tes de tables à écrire. 3. part.feff. 2 , page 720. _ Bureau , forte de table à écrire , avec des tiroirs , & quelquefois des faux- deffus mou- vants à couliffes. 3.parr. /et?, i, pag. 120. Bureau à cylindre. On nomme ainli des Bu- reaux ou tables à écrire dont le deffus eft fer- mé avec des tables à couliffe d'une forme cir- culaire fur leur plan, 5. paTt.feii. 2, page 11}. Menuijier. X2JZ Burgaut, coquille de limaçon de mer , feai- blable à la nacre de perle, yoyez Nacre. Burin à isis, outil d'acier, à manche, dont le fer un peu courbe eft d'une forme triangu- laire par fa coupe , & évidé en deffus dans une partie de fa longueur. Il fert aux Ebé- niftes pour graver leurs ouvrages. 3. part, fea. 3 , pag. 884. Bmin , outil d'acier d'environ une ligne & demi de gros , lequel eft quarré ou quelque- fois lozange par fa coupe : il eft affûté d'angle en angle , & eft monté dans un petit manche de bois dont un côté eft applati. Cet outil fert à graver le cuivre, i. part. fea. 3 , page 1017. C. Cabriolet , voiture extrêmement légère , dont la caiffe eft terminée k la hauteur de la ceinture, j. part. fea. 1 ,pag. yS^.. ^ Cadre , ornement que forme l'entourage d'un profil fur une partie de Menuiferie quel- conque, à laquelle il donne un caraftere dif- tinflif ; c'eft pourquoi on dit que la Menui- ferie eft à grand ou à petit Cadre , félon la forme de ces derniers. 1. part. pag. On dit auffi Cadre ra-jalé, Cadre eméreuvéj Cadre à plate-bande. Caiffe d'une voiture. On nomme ainfi toute la partie d'une voiture quelconque, dont la conftruûion eft totalement du reffort du Me- nuifier. i.yurt. fi-a. l,pag. 15; &fiiiv. Caiffe ou Cave d'une voiture , petite efpece de coffre pratiqué au-deffous du brancard , & dont l'ouverture eft en dedans de la voiture. 3. part. feél. i , pag. 4^7. Cflijfc, efpece de coffre découvert, monté fur quatre pieds , dans laquelle on met des arbuftes , & même de gros arbres , comme les orangers , les grenadiers , &c. afin de pou- voir les tranfporter quand on le juge à pro- pos, i^. part, page 1225. Calèche!, voitures de campagne à <?, S, & même 10 places : ces voitures font toutes ouvertes au pourtour, au-deffus de la cein- ture , excepté par derrière. 3. part. fea. i , page^ 575. Calibre^ , courbe ou modèle d'un cintre ; fervant à tracer ce dernier autant de fois qu'on le juge à propos. On nomme Calibre rallongé, celui qui eft tracé par des points de projection pris fur le plan horizontal d'une courbe , 6c renvoyé fur un autre plan dont la longueur eft donnée parl'obliquité ou ram- pant de l'élévation de cette même courbe , dont l'épaiffeur eft toujours la même , tant fur le plan horizontal, que fur fon calibre rallongé, du moins en fuivant les équerres de la pièce. 2. part. pag. ^6^ & fuiv. Calotte , tfpece de vouffure cintrée, tant fur le plan que fur l'élévation. 2. part. p. 312. Calotte. On nomme ainll toutes fortes de voûtes dont le plan eft circulaire ou ellipti- 2-^72 Table Alphabétique que , foit que leur élévation foit de l'un ou de l'autre de ces deux différents centres. 2. part, pag. 512. 4. part, pa^, 1094. Ca!:!us. On nomme ainfi la copie d'un det fin qu'on a fait , en pofant fur ce dernier du papier allez fin & tranfparent pour qu'on en apperçoive tous les traits, qu'on marque fur le Calque , foit avec le crayon , la plume , ou enfin la pointe à graver, 5. part. Jecf. 3 , pag, 8J4. & 878. Calcjuer. Par ce terme on entend la ma- nière de prendre fur un papier les formes Ôc les contours d'un delfin quelconque. 2. part, p. 280, & 5. pan.Jeci. 3 , f. 853 , 878 & ftiiv, Calyce. On nomme aînfi la partie inférieure des fleurs j de laquelle fortenc les pétales. ^. _par-r. pag. 1219, Canapé, efpece de banquette à dolTier, ou , pour mieux dire , de fauteuil , donc la largeur eft fuififante pour contenir piufieurs perfonnes alfifes les unes à côté des autres, 3. pait.JeB. 2 , page 6$o. Cannelure. On appelle ainfi une cavité d'une forme demi-circulaire ou approchante, faite dans l'épaiiTeur du bois. On nomme auili cannelures des cavités dont on orne le fût des colonnes : leurs pro- portions & divilions. 4. part. pag. loj'p. Cannelure!. ( Machine propre à faire les ) Elle cil: compofée de deux jumelles & de deux collets , dans lefqupls la pîpre, à canne- 1er eft alTujétie : manière d'en faire ufàge. 3. part.JeôL 3 , pag, p i 0. Canne ou Roting , efpece de rofeau des Indes , fervant à la garniture des fiéges , &c. 5, part.feH. 2 , pag. 62^^. Cane lie y bois qui ne croît qu'à Ceylan. 3. part.feâ. 5 , page 771. CannUr , (l'Art du ) qui a pour objet l'em- ploi de la Canne quant à ce qui concerne la garniture des fiéges 6c des voitures. 3. part. Jeâî. 2 , pag. 62^. Carahaccium , efpece de bois jaunâtre , de très-bonne odeur. 3. part. fcB. 3 , pag. 772. Carré ou filet , partie liffe & plate , qui fert à couronner, ou , pour mieux dire , à fépa- ler les moulures, i. part. pag. 44. Carrojjei , anciennes voitures dont on a commencé de faire ufage en France fous le régne de François I. ^. part.feû. i ,p. 4^7. Carrojfc's modernes , voitures qui ont com- mencé à être en ufage fous le régne de Louis XIV,jufqu'au commencement de celui de Louis XV , Ôc qui ne fervent maintenant que chez le Roi ou chez les Princes , pour les cérémonies, ^.part.feâ. i ,pag.^6^. Carrojfe coupé ou Berlingot. Voyez l'article des Voitures modernes, ^, part.fecl. i ,page Caffe.On nomme ainfi toutes divifions ou cloifons faites dans des tiroirs ou autres caifies quelconques j ÔC paiciculiéremenc à celles Vocabulaire dans lefquelles on ftietles caratleres de fonte propres à l'Imprimerie , qui doivent toujours être doubles, c'eft-à-dire, compofées de deux caifl'es nommées Cajfeaux, d'une même grandeur, mais divifées différemment, Ôc en un nombre inégal d'efpaces ou de caifetins. S.parr. feâ. 3 , pag. 5^4. CajJ'olette , efpece de petit vafe d'une forme large & applatie. 4. part. pa^. 1074. Catlieie y petit quarré fur l'angle, dans le- quel font les différents points de centre de la volute Ionique. 4. part. pag. i oj-tj. Cauiicoles , efpece de feuilles qui fortenc destigetces du chapiteau Corinthien, ôc qui embraffent la naiffance des volutes ôc des hélices. part, pag, \ o6\. Cave , efpace vide obfervé en deffous de la table d'un Secrétaire , dans laquelle on place les chofes les plus précieufes. ^.part, Jeâ}.2,pag. 734. Cayenne f ( bois de ) veiné de jaune ôc de rouge, ôc quelquefois de brun ôc de gris. 3. part, fea, , pag. 772. Cèdre 3 bois odorant , blanc ôc rouge , qui croît en Afie ôc en Amérique, ^.part.feà. 3 , pag. 772. Cerce. Les Menuifiers nomment ainfi toute courbe faifant partie d'une vouffure, d'une calotte, ôcc. 1, part. pag. ^i^^. Quelquefois, par ce terme , ils entendent le cintre d'une courbe irrégulïere , ôcc. Cerceau , cercle fait avec de jeunes brins d'arbres fendus en deux fur leur diametre. Les Treillageurs en font quelquefois ufage pour la conftrudion des berceaux, -i, part, pag. iio^. Cerifi^r , bois de couleur rougeâcre , origi- naire d'Afie, d'où, il fut apporté en Europe par LucuUus. ^. part. feéî. 3 , pag. 785. Chaire à prêcher ^ efpece de tribune élevée,' ordinairement placée contre un des piliers d'une Eglife. 2. part. pag. a^g. Il y a deux efpeces de Chaires à prêcher, les unes qui font mobiles , ôc d'autres qui font placées à demeure. Chaife, fiége avec un dofTier , lequel prend différents noms, félon la forme de fon plan ; ceftpourquoi on dit : Chaifesà la Reine, Chai- /es en Cabriolet , &c. ^.part.fe^. 2 , pag, & fitiv. Chaife - à- porteurs , petite voiture portée par deux hommes. 3. part.feSl. i , pag, ^60 & 587. Chaife de commodité , autrement dit Chaife percée , petit fiége fermé tant en dcffous que par les côtés , dans lequel on place un feau de faïence , ôc qui eft recouvert par un cou-, vercle, 3. part. J'eB. a , pag. 66^. Chaifes de jardins , voitures propres à la promenade, Redécouvertes pour la plupart, lefquelles font traînées ou pouffées par des hommes. s.part,feÛ. i , pag. $(jq. Ch.iifè -_ longue f fiége peu différent des fauteuils J€ tÀn du îauteuj^s ordinaïres. ^, part, feâ, 2, pag. Chaife de pofle , voiture propre à faire des voyages , comme fon nom l'indique. 3. pan. feà. i ,pag. ^60 j8i. Chambranle , partie de Menuiferie le plus fouvent ornée de moulures , dont on revêtit extérieurement les bayes des portes, & fur lefquels leurs vantaux font ferrés, i. part, pag. 154. Il y a aufll des Chambranles de croifée. 2. fart. pag. 185. On fait aufTi des Chambranles pour revêtir la face extérieure d'un manteau de cliemi- rée; maïs ils font peu d'ufage à ^réfent. Chambranle enArchitedure; c efî un corps faillant orné de moulures, qui entoure l'ex- térieur d'une ouverture quelconque. 4. part, pag. 1066. Champs. On appelle de ce nom les parties llfTes & unies que forment les bâtis autour des cadres & des moulures de toute efpece de Menuiferie , lefqueiles en donnant du repos à l'ouvrage, en marquent, d'une manière sûre, les formes bonnes ou mauvaifes. 2. part. pag. On appelle aufTi Champ ou Clian , la par- tie la plus étroite d'une pièce de bois ; ainli on dit quHiie planche ejî fur le champ , lorfqu'elle eft placée verticalement le long de l'établi , foit pour la dreffer fur le côté ou fur le champ , ce qui eft la même chofe , on pour y faire des rainures, Ôcc. Quand, au contraire, la planche eft fur l'établi pour la corroyer , on dit qu'elle efl fur le plat. Il en eft ainfi de toutes les autres pièces de bois dont la face la plus large fe nomme le plat, & la plus étroite le champ, i. part. pag. 66. Chanfrein. { abattre en ) Par ce terme on entend l'aâion de mettre hors d'équerre ou de biais l'arête d'une pièce quelconque. ï, part. pag. 72. Chantourné* On appelle de ce nom une partie pleine contournée en deCTus, laquelle îe pofe au-deffus des doïïîers des lits. 3. part. feB. 2 , pag. tfyi. Chanîournement. Par ce terme, on entend les finuoCicés que forment les différents cin- tres dont on orne la Menuiferie ; c'eft pour- quoi on dit chantourner une traverfe , un pan' neau , &c. ce qui fe fait par le moyen de la fcie à tourner ou à chantourner , du cifeau, de la rape à bois, ficduracloir. Voyez ces différents articles. Diverfes manières de chan- tourner les traverfes. \. part. pag. 14.2. Chapelle. Sous ce nom on entend la Me- nuiferie dont font quelquefois revêtues les chapelles des Eglifes. 2. part, pag, 244. Chapier , efpece d'armoire remplie de tî- ïoirs d'une forme demi circulaire par leur plan , dans lefquels on ferre les chapes 6c autres ornements, a. part. pag. 229. ^ Il eft une autre efpece de Chapier , qu'on Treillaceur. nomme Chapier àpoicnce ; ce n*eft âutre chofé qu'une grande armoire , dans laquelle fonc placées plufieurs potences tournantes à pivot fur la branche horizontale defquelles on place les chapes. 2. part. pag. 235. Chapiteaux , parties fupérieures des co- lonnes ; manière de les conftruire en Menui- ferie. 2.part.pag. 2^g. Les Chapiteaux font différents, fuivant les Ordres. ^. part k pag*: 1043. Chapiteaux pilaftres, Ioniques & Gorin-» thiens , différents de ceux des colonnes; ma- nière de les difpofer. 4. part. pag. 106 j. Charhon pour polir les bois ou les métaux^ On préfère celui de hêtre ou de fufain , & on l'emploie en pîece ou en poudre. ^. parti, feÛ. 3 ,pag. S6'o & Charme , bois de France , dur & de cou- leur blanche , très-propre aux ouvrages d'E-^ bénifterie. ^.part.fe£l. 3 , pag. 785. Chajje-bondieu ; c'eft un morceau de bois long & applati d'un bout, avec lequel les Scieurs de long enfoncent le coin qu'ils nom- ment bondieu. l. part. pag. ^o. Chaff pointe ; c'eft une broche de fer donc la partie fupérieure eft recourbée en équerre 1 elle fert à ferrer l'Ebdnifterie. ^.part.feôl. 3 , pag. P42. Chaffis. On appelle ainfi tout bâtis de Me- nuiferie dont l'intérieur n'eft pas rempli pat vin panneau ; c'eft pourquoi on appelle Chalfs à verre les deux vanr^"^ d'une croifée : on die aulli Chaffis de tableau , Chaffis pour porter la tapijjerie , Chajfis de lit , &c. Voyez ces diffé- rents Articles. Chaffis de glaces de voiture , efpece dê petit bâtis dans lequel les glaces font conte- nues. ^.part.feB. i,pag. J03. Chaffis de lit j ou Chajfis fanglé , qu'on pofa dans l'intérieur d'une couchette , à la place des goberges Ôc des barres d'enfonçure. 3. part.JeSl. 2 , pag. 666. Chaffis de J'cge. On nomme ainfi des bâtîs deftinés à porter les garnitures d'étoffe , pour en changer ^uhefoin. 3. part. fecl. 2 ^ p. 622. ChJtaigner f boïs de France , à peu-près femblable au chêne, dont on fait ufage dans la Menuiferie. i.part. page 2$. ^.pan. pag^ 1 loy. Cheminée. Par ce mot on entend la Me- nuiferie fervant à revêtir le deffus des che- minées des appartements, laquelle eft, pour l'ordinaire , difpofée pour recevoir une glace, & quelquefois un tableau au-deffus» Cette efpece de Menuiferie eft quelque- fois nommée Trumeau de Cheminée , ce qui n'eft pas jufte , parce qu'un trumeau n'eft: autre chofe que l'efpace plein qui refte entrs deux croifces, 2. part. pag. 174 & fuiv. Chêne , bois de France, de Lorraine & da Hollande, le plus utile pour la Menuiferie. I. part. pag. 23. Cherche. On donne ce nom a un cintre Y 14 ï Table Alphabklque d'une courte irréguliere ) fju on ne peut tra- cer que par plufieurs traits de compas , ou fimplement à la main , d'après plufieurs points donnés , comme , par exemple , un calibre rallongé, & autres cintres inéguliers. i. part, page 12. 2, part. pa^. 554. Chevaln , outil de Treillageur. C'eft une efpece de petit banc fur lequel s'élève une planche inclinée nommée plauc/ierte , laquelle eft traverfée dans le milieu de fa largeur, ainfi que le delfus du chevalet , par un mon- tant ou levier arrêté dans ce dernier, & dont la tête vient s'appuyer fur la planchette pour y arrêter l'ouvrage qu'on veut planer, 4. part* pflg. 1 1 1 0. ChevcT. On nomme ainfi un dolller de Ut. iVoyez Lit & Dojjieï. Chevet d'une couverture de pied ; c'eft la partie la plus élevée de la couverture, i . part. pag. 5 i . Cheville. On nomme ainfi de petits cylin- dres ou prifmes de bois , { car il s'en fait de rondes & de quarrées ) diminués un peu d'un bout pour leur donner de l'entrée. Les che- villes fervent à arrêter les alTemblages de la .Menuiferie, \. part, page Cheviller. Far ce terme , on entend l'adion de fixer enfemble les différentes pièces qui compofent un ouvrage de Menuiferie quel- conque , & cela par le moyen de chevilles de bois , qu'on fait pafTer au travers des alTemblages. i.pan.pa^. Idem. Chevron , pièce de bois de 5 pouces quar- tés, fur 5, p, ou même if pieds de lon- gueur. I. p. rt.pûg. 2S & 2p. Chiffonnière , petite table garnie de deux t)u trois tiroirs en deffous. On appelle encore de ce nom des corps de tiroirs d'environ 4 pieds de haut, j.part.feâl. 2 , pag. 7J7. Chine ou Serpentin , bois dur , de couleur iougeâtre , marqué de taches noires. ^. part, fcff. 3 ,pag. 772. Chœur d'Egli/e. Sous ce nom, les Menuî- fiers entendent les ftalles ou fiéges , & les lambris dont le chœur de certaines Eglifes eft revêtu. 2. part. pag. 214. Ciels de lit , autrement dit Dais , Impérïals ou Pavillons , parties de Menuiferie compo- fées d'un ou plufieurs chaffis, qui fe placent au-delTus des lits pour porter les rideaux , .&c. ^.part. feB. 2 , pag. 57 j. Ciment. Voyez Majlie. Cintre plein ou plein-cintre.On donne ce nom à un cintre qui forme un demi-cercle parfait. ]j. part. pag. 7. Cintre Jarhaujfé. On nomme ainfi un cin- tre qui repréfente un demi-ovale pris fur fon petit axe ou diamètre, i. part. pag. 12. Cintre furbaijje ; c'eft celui qui eft pris fur fon grand axe. Voyez Anfe de panier. Cintre homhé. On nomme ainfi un cintre dont la courbure eft une portion de cercle, II. part. pag. 12, t OU V ocabulaire Cintre en S , celui qui eft mixte , & cofflî pofé d'une partie creufe & d'une partie bom- bée , difpofées en contre-fens l'une de l'autre. Cire à polir; c'eft ordinairement un com- pofé de cire jaune & de fuif , du moins pour les ouvrages communs ; cependant il vaut mieux ne fe fervir que de la cire jaune toute feule, & même de bonne cire blanche , lorf- qu'on veut faire un beau poli, 3, part.Jeét. } , pag. Syp. ^ ^ Ci/eau, outil à manche dont le fer n'a qu'un bifeau ; du refte il eft femblable au fermoir. 1, part. pag. 66. Citron, bois de couleur jaunâtre, & de très-bonne odeur, qui croît dans les Mes de l'Amérique. ^.part.feSl. 3, pag. jjj. Citronnier, bois blanc, originaire d'Afie , très-eflimé chez les Romains vers la fin de la République, Idem. Clairembomg , bois. Voyez Jaune. Claire-voie. ( pile à ) On nomme ainfî une pile de bois où les planches font efpacées les unes des autres tant plein que vide, ou à peu-près, 1. part. pag. 3 1. Claire-voie ou Claire-voir , partie fupérieure des tourelles & des plates-faces d'un Orgue, contre lefquelles les tuyaux de lamoncre font appuyés, 2. part. pag. 248. Claveau , pièce de bois difpofée en biais J de manière qu'elle tende au centre d'une arcade. 2, part. pag. 31$ & fiiiv. Claveau o'oft U pièce du milieu d'une arca- dequ'on fait faillirfurla face de cette dernière en tendant à fon centre ; quelquefois ces cla- veaux font ornés de fculpture , foit en forme de confole ou autre, ^i. part. pag. io6j. Clefs, efpece de tenons de rapport qu'on place fur le champ dans les planches des portes pleines, avec lefquelles on les cheville pour en retenir les joints. 1. part. pag. 14s. Clef avis ; c'eft un morceau de fer plat qui a une queue recourbée qui lui fert de manche; la clef à vis eft percée de plufieurs trous quarrés d'inégale grandeur , pour pou- voir aller à toutes fortes de têtes de vis. 2. part. pafy. 261. Cloifon. Fat ce terme, on entend toute Menuiferie fervant à féparer une pièce d'ap- partement quelconque, ou à enclore quel-, que chofe. Les Cloifons faites par les Me- nuifiers font de deux efpeces ; favoir , les pleines , qui font compofées de planches jointes enfemble à rainures & languettes,' les Cloifons à claire-voie , qui font faites avec des planches brutes , de 4 à j pouces de largeur , entre lefquelles on laifi'e autant de vide qu'elles ont de plein. Ces fortes de Cloifons fe nomment aulTl Cloifois à otirder i parce qu'elles font toujours recouvertes de plâtre. 2. part. pag. ip j. Clous , efpeces de chevilles de fer dont la tige eft quarrée & pointue , & qui ont une tête faillante , du moins pour l'ordinaire, IS' de tArt du y a des clous de différentes formes & gran- deurs , & qui prennent diHerents noms, fé- lon leur grofl'eur & les ufages où on les emploie. On dit Chm de quatre, de ftx , de liuit , de dix; Chm à parquet , dont la tête efl: applatie , ou même qui n'en ont point du tout ; Cûhrjc/ie , clous qui n'ont qu'une tête très-peu failJante , mais épaiffe ; Clous à tête ronde , ceux dont la tête eft arrondie comme une demi-fphere ; enfin Clous d'épingle , ceux qui font faits avec du fil de fer palTc à la filière : la tête de ces derniers eft ronde & plate ; leur pointe eft courte & faite fur la meule. Les Menuifiers font ufage de ces dif- fe'rents clous. 2. part. pag. 2yS. ^ Clou à patte , efpece de petit clou dont la tête eft reployée d'un côté en retour d'é- querre. Il fert pour alTujétir de petites par- ties de placage, ^.part.fecl. 3 , pag. Sjj. Coelies , efpece de voitures anciennes , dont on a fait ufage jufqu'au régne de Louis XIV. 3. part./eff. 1 , pag. cr /„iv. Cofiier , caujjiner ou déjetter , terme qui lignifie qu'une pièce de 'bois s'eft tortuée fur fa longueur & fur fa largeur, foit par l'impreffion de la chaleur ou de l'iiumiditc , ou^ parce qu'elle n'a pas été empilée , ou qu'elle ne l'a pas été avec foin, i, part pa" 31- Coins. Les coins font des morceaux de bois qu'on place dans les lumières des outils pour j-etenir leur fer en place. Ces Colno font de différentes formes , félon les outils, i. part, pag. tfj , & les articles Fetiillerets , Gnillau-r. mes & Outils de moulures. Coins. Voyez Garnitures. Col. On nomme ainfi la partie fupérieure du fût d'unbaluftre. ^.part.pa^. 1073. Colifichet , petite pièce de bâtis de parquet, 2. part. pag. i 55. Collage des bois. Pat ce terme , on entend l'art de joindre & lier enfemble , par le moyen de la colle , plufieurs morceaux de bois, foit droits ou circulaires. 2. /(«t.;;. 283. Ce terme s'emploie aufli pour fignifierdes mafles de bois qu'on a collées. Colle , matière faûice 5c tenace , dont les Menuifiers fe fervent pour unir enfemble les diverfes parties de leurs ouvrages. Il y a de deux fortes de Colles pour la Menuiferie ordinaire ; favoir , celle d'Angleterre & celle de Paris ; mais celle d'Angleterre eft la plus belle & la meilleure ; c'eft pourquoi on doit la préférer à l'autre : comment il faut la pré- parer. I . part. pag. So er Juiv. Colle depoiffon , laquelle eft beaucoup meil- leure que celle ci-deffus, mais aufii eft-elle plus chère ; c'eft pourquoi on ne l'emploie qu'aux ouvrages d'Ebénifterie les plus pié- cieux. ^.part.fea. j , pag. t/i^i. Colle , ( pot à ) vafe de cuivre d'une moyenne grandeur, monté fur trois pieds, £c auquel eft attaché un manche de fer pour Menuijier. pouvoir le porter commodément, i. pan^ pag, 80. Colonne , pilier cylindrique dont le dia- mètre diminue par le haut ; manière de lea conftruire en Menuiferie. 2. part. pag. 285. Manière de les terminer fur le Tour , & d'y faire des cannelures, ^.part. [eâ. 3 ,pagH t)l6 & fui-j. Chaque Colonne eft portée par une bafe & couronnée par un chapiteau , qui en font les principales parties, 'j.. part, page 104,2. Colophane , efpece de réfine de couleur brune , ou plutôt noir.ître , dont on fait ufage pour finir l'Ebénifterie : c'eft de le térébenthine cuite dans de l'eau jufqu'à ce qu'elle devienne folide. s.part.feùJ. s,p.S^s. Commode, meuble dont la hauteur n'ex- cède pas 2 pieds & demi à 3 pieds , & dont la capacité eft remplie par desriroirs. On fait de différentes fortes de Commodes , qui changent de nom félon leurs formes & ufa- ges. 3. part. fecl.2, pag. yfj. ^ Commodités à l'yingloife , ou autrement dit , Lieux à foupape. Ce font des fiéges de commodité dont le deffus eft compofé de plufieurs trapes, qui, étantune fois fermées, ne laiffent entrer aucune niauvaife odeur dans la pièce , la cuvette de ces Commodités étant d'ailleurs exactement bouchée par la bonde. 2. part. pag. 203. Compas, outil de fer ou de cuivre , trop ronn.. j^oui ÙL1.C rîJcrit ici. Compas à verge , efpece de trufquin donc la tige a depuis 6 jufqu'à 1 2 , & même i j pieds de longueur , lequel fert à tracer de grands cintres. Il y a des Compas à verge tout de fer ou de cuivre, dont l'ufage eft de tracer & de découper , ainfi que ceux de bois , compofés d'une tringle de bois 6c de deux têtes , dont l'une eft fixe , 6c l'autre mobile , 6c fous chacune defquelles eft pla- cée une pointe d'acier, i. part. pag. 6p. Compas d'épaijjeur. Il diffère des Compas ordinaires , en ce que fes branches font re- courbées en dedans. Il fert pour prendre le diamètre des corps ronds. 3 . part. fect. j , page 911. Compofé, ( Ordre ) ou Conipofite ou Ordre Romain. On appelle ainfi une efpece d'Ordre d'expreffion Corinthienne , dont le chapi- teau eft un compofé des chapiteaux Ioniques 6c Corinthiens. ^. part. pag. 10^6. Cône , efpece de pyramide qui a un cercle pour bafe. l. part. pag. 13. Conduit ou Conduite , partie excédente du fut d'un outil ,foit en defibus ou par le côté, laquelle fert à l'appuyer contre le bois , it à l'empêcher de defcendre trop bas. Il y a des outils de moulures qui n'en ont qu'une en deffous , 6c d'autres deux , dont l'une efl; en deffous, âcl'autre par le côté. 1. pan. pag, 6^ & 11. Confeffionnal , ouvrage d'Eglife en forma t2j6 Table Alphabédqm 'd'annoire, compofé de trois parties, dont une qui eft fermée , pour le Confeiïeur , & les deux autres qui font ouvertes fur la face , pourles Pénitents. 2. part. pûg. 23^. Confejjionnal y efpece de fauteuil qui a des côtds ou joues pour appuyer la tète des ma- lades qui en font ufage. 3. part.J'eB. 5 , page Congé y efpece de moulure creufe en forme ide quart de cercle , & outil à fût propre à la former. Cet outil a deux conduits , l'un par ie côtéj Ôc l'autre en deffous. i. part. p. "6^, Cùn/oles , ou petits montants cintrés qui fupportent les bras des fauteuils avec lefquels ils font afiemblés. 5. pan.feâ. 2 , page 6^ g. On appelle ainfi la pièce chantournée qui fert à féparer les Halles. Voyez Parclofe. Contours. Voyez Chantourncment. Contre-marche. Voyez Marche. Contre-partie. Par ce terme , on entend tout ouvrage fait à contre-fens d'un autre ; c'eft pourquoi on appelle Contre - partie de Marfeille , une vouffure dont la forme cft direàement oppofée à celle d'une vouffure de Marfeille, &c. 2. pan. pag. 322, Contre partie. Voyez Partie. Contre-pYoJiier. Par ce terme , on entend i'a£lion de creufer une pièce de bois, de manière que les moulures pouffées fur une autre , entrent exaciement dans la première , dont la partie creufée fe nomme Contre-profil, 2., part. pag. 282. Contre-tenir. Par ce terme , on entend l'ac- tion d'appuyer derrière l'ouvrage , foit avec le marteau ou le maillet , pendant qu'un autre frappe par-devant. Contre-'jents , efpece de fermeture de Me- nuiferie pleine qu'on pofe au - dehors des bayes des croifées. Ils font ordinairement emboîtés d'un bout, & ont une ou deux barres fur leur hauteur, \. part. pag. 14.5). Copaiha , bois plein, de couleur rouge foncé , & parfemé de taches rouge vif. C'eft de l'arbre de Copaiba d'où découle le baume de Copahu. Il croît dans l'Amérique. ^. part, fea. ? ,pag. 775. Copeaux ou Coupeaux. Par ce terme , on entend généralement tout le bois qu'enlèvent les outils lorfqu'on travaille , foit qu'ils foient gros ou petits; mais les Treillageurs donnent ce nom à de petites pièces de bois qu'ils fendent très-minces , & qu'ils unifient avec la plane , pour enfuite en faire des fleurs & autres ornements de leurs ouvrages. 4.. fan. pag. 1 1 14-' Corail i bois rouge veiné, qui croît aux ïfles du Vent , en Amérique. ^. part.feB. 3 , pag. 775. Corbeille de terre f ouvrage de Treillage qu'on place dans le parterre d'un jardin pour contenir des fleurs. Il y a diverfes fortes de Corbeilles de terre; mais toutes font peu hautes, ôc eUes font toujours contoutnées 5 OU J^ocabuialre par leur plan. ^. part. pag. 1 187; Corbillards , forte de voitures anciennes , dont on ne fait plus d'ufage maintenant que pour les convois des grands Seigneurs. La forme de ces voitures eft à peu-près la même que celle des anciens Coches. 3. part. fecî. Corinthien ; ( Ordre) c'eft le plus élégant 6c le plus riche des trois Ordres d'Architedure Grecs. Il fut inventé à Corinthe par un Scul- pteur nommé Callirnachus ou Calli/naque. Cet Ordre eft auftî nommé Ordre -uirg-jKiï/, àcaufe de fon expreftion fvelte & délicate : fes pro- portions & divifions. ^. part. pag. 1052. Corinthien , { chapiteau ) fea formes ôc pro- portions. 4. /Jtirf. ^^Tg-. lOfS'i, Cormier j bois de France, dur, de couleut rougeâtre , propre aux ouvrages d'Ebénifte- rie. 3.part.feâf. 3, pag. -7^3. Corne d' Aiigleterre. On appelle aînfi des feuilles de corne blanche, dont les Ebéniftes font ufage dans les ouvrages de contre-partie de marqueterie, c'eft-à-dire, où ie cuivra fait le fond, & l'écaillé les delïïns. 3. part» fea. 3 , pag.^j^-j. Corniche , affemblage de moulures fervanc de couronnement à l'ouvrage, 2, pan. page. 2.90. Corniches volantes. On nomme aînfi des corniches compofées d'un ou de plufieurs morceaux de bois choifis de moindre épaif- feur pofTïKU ^ dont les maftes fuivent l'in- clinaifon des divers membres de moulures dont elles font compofées. 2. part. pag. 2yoj Les Ouvriers donnent aulTi ce nom ( pat dérifion ) aux auvents qu'on place au-defTus des ouvertures des boutiques. Corniche ; c'eft la partie fupérieure Se faîî- lante d'un entablement : fes différentes divir fions. 4. part. pag. 1042. Corroyer, On entend par ce terme l'aÊliort d'appianir, de dreffer , mettre de largeur ÔC d'épaiffeur une pièce de bois quelconque, ce qui fe fait par le moyen de la varlope &c autres outils. Voyez l'article f^arlope , èr'c. Cote j partie excédente qu'on obferve aux battants de dormants ôc de meneaux des croi- fées , pour porter les volets ou guichets, i, part. pag. 91 p6. Cotieres , pilaftres qui fervent de revêtifTe-- ment aux côtés d'une cheminée dont le corps ou tuyau efl en faillie fur le mur d'une pièce. 2. ^^f-r. /j^^f Coudre. Par ce terme, les Treillageurs entendent l'aâiion d'arrêter enfemble les dif-^ férentes parties de leurs ouvrages , ôc cela par le moyen de Uens de fil de fer. 4. part, pag. 113$. Couleurs ; leurs différentes efpeces ; ôc une' Table de tous les Bois des Indes 6c de Fran- ce, difpofés félon l'ordre des couleurs. 3; part. fea. 3 , pag. 7S7 & fuiv. CouliJJeauj pièce de bois qui diffère dts couliiTes ; de l'An du Menuijîei couliffes ; en ce qu'au lieu d'avoir une rai- nure comme ces dernières , on y fait une lan- guette en faillie , laquelle fert à porter la cliofe qui doit couler deffus. Coîdijfeaiix. Sous ce nom on comprend toutes fortes de bâtis dans lefquels on place des tiroirs, ^.pan.feâ. 2 , pag. 744. CoHÎiJfes. On nomme ainfi toute pièce de bois dans laquelle eft pratiquée une rainure capable de recevoir la partie qui doit mou- voir dedans , telle qu'une porte , une ta- blette , les bouts des planches d'une cloi- fon , &c. CoitUjfes & Coîilîlfcaux propres à recevoir les glaces des voitures. 3. /jart./ciî. i ,p. 455. Coukiies , grandes & fortes pièces de bois que les Scieurs de long mettent fur leurs tré- teaux , pour porter le bois qu'ils ont à re- fendre. I. part. pag. 37. _ Coupe. Par ce terme , on entend la ma- nière de difpofer les joints des moulures & des champs des bois. On fait des Coupes quarrces , d'onglet ou à bois de fil , des fauffes Coupes , &c. Les Coupa quarrces font celles qui fe font en travers d'une pièce de bois perpendiculairement à fa longueur. Les Coupes d'oi.-gki font celles qui fe font diagonalement dans la largeur d'une pièce de bois , de manière que les fils de chaque pièce ainfi alTemblée , viennent joindre les uns contre les autres ; les Coupes d'onglet forment toujours un angle de degrés avec le champ du boic X.ts faujes- Coupes différent de celles d'onglet, en ce qu'elles forment un angle plus ou moins ouvert que ces dernières. Il ne peut y avoir de fauffes-Coupes que quand les traverfes & les battants ne forment pas un angle droit lorfqu'ils font affemblés , ou que la largeur des champs eft inégale , quoiqu'af- femblésà angle droit, i. part. pag. 45 & fuiv. Couperofe verte , efpece de vitriol qui vient dans les mines de cuivre. On fait ufage de cet acide dans la compofition de la teinture des bois. ^, part. feSl. 3 1 pt^ge 795". Courbe. Par ce terme, les Menuifiers en- tendent toute pièce de bois dont la face ( ou le plat , ce qui eft la même chofe, ) eft cin- trée , foit en plan , foit en bouge. Couteau à fcïe , qui diffère de la fcie à main en ce que fa lame eft plus étroite, & qu'elle eft montée dans un manche d'une forme or- dinaire. 3. part. fei^. 3 , pag. 900. On fait quelquefois l'inclinaifon de la den- ture de ces fortes de Scies à rebours , c'eft- à dire , du côté du manche , afin qu'elles ne ploient pas , & ne faffent d'effort qu'en les retirant à foi. Il y a d'autres Couteaux à fcie , ou Scie à conduite, ou, pour mieux dire, à incrufler , qui différent de ces derniers , en ce qu'ils ont une ou deux conduites mobiles rappor- tées furie plat de leurs lames. }.part,feff. Treillageur. 1277 3, pag.^o\. Couteau de taille , efpece de couteau dont la lame eft courte & aigtië. Il y en a à lono- manche qui ont jufqu'à iS pouces de long" & d'autres dont le manche n'a que 5 à 5 pouces. Tous les deux fervent à découper les places où on veut faire des incruftations. i. pan.feB. 3 , pag. 848 & Coûtre , outil de fer acéré , dont le tran- chant eft fur la longueur , & a deux bifeaux. Il y a deux fortes de Coûtres , qui différent par la manière dont leur manche eft placé, mais qui fervent également aux Treillageurs. 4. part. pag. 1114. Couture. On nomme ainfi un lien de fil de fer avec lequel on arrête le treillage. Voyez Coudre, Couverture de pile. On nomme ainfi des planches qu'on place dans une fituation in- clinée fur les piles de bois, -pour les garan- tir de la pluie, i . part. pag. 3 1 , Craie ou Craye , pierre calcaire, de cou- leur blanche , dont on fe fert pour débitée le bois. La meilleure vient de Champagne, l. part, pag, ^6. Crémaillère, tringle de bois dentelée fur le champ , pour recevoir le bout des taffeaux fervant à porter les tablettes d'une bibliothè- que. 2. part, page ao^j. Crochet d'établi , efpece de patte coudée ^ pofée dans un morceau de bois nommé Boite du crochet , laquell'^ pft placée au bout f„^J^;^^L Ju Jcv=.ii de l'établi. Le Crochet eft dentelé comme une fcie , & fert à rercnir le bois en place fur l'établi lorfqu'on le cor- royé, ou qu'on y fait des moulures, i.part. pag. 54. Croc/;«, (clous à) efpece de clous reployés en retour d'équerre , dont les Treillageurs font ufage pour arrêter les efpaliers contre les murs. 4. part. pag. 1138. Croifées , vantaux de Menuiferie , dan» lefquels on place des verres pour fermer les appartements , & y conferver le jour. Les Croifées prennent différents noms , feloa leurs formes & ufages. i . part. p. ; o cr f;v. Croifées ( doubles ). On appelle ainfi celles qui font pofées à l'extérieur des tableaux des Croifées: leurs différentes efpeces. i. part, pag. 102. Croifées-jalouftes , eCpeces de doubles Croi- fées qui différent de celles ci deffus , en ce qu'elles n'ont point de croifillons , & que leurs chaflSs font remplis par des lattes pofées obliquement, pour garantir des rayons du foleil l'intérieur des Appartements, i.part. pag. 104. Croifées-manfardes & à couliffes. Ce font y pour l'ordinaire , de petites Croifées compo- fées de deux chaffis fur la hauteur , lefquels n'ouvrent pas verticalement comme ceux des autres Croifées , mais , au contraire , qui coulent à rainure & languette les uns Z 14 jiyS Table Alfhabédqh fut les autres dans leurs dormants, i. part. Cnifèes, en terme d'Architeflure. On nomme ainfi toute ouverture qui ne defcend pas juf- ques furie fol de l'ëdilke; & quand elle y def- cend , mais qu'elle eft deflinée à être remplie par des vantaux vitrés , alors elle prend le nom de Porie-Croifée. i.pari. pag. 100.4. part.pag. lotfy. Crmfillons. On appelle de ce nom en géné- ral , tous les petits bois qui remplifl'ent les cliaffis des Croifées. i. part. pag. 97 & fuiv. CroJJi. ( montants de ) On nomme ainfi de petits montants cintrés qui portent les glaces de cuftode des voitures. 3. part.feS. i ,fag. Croffitle. On nomme ainfi des faillies ou reffauts à angle droit qu'on fait faire à des cadres ou à des champs , & notamment aux ta'oles faiUantes des portes-cocheres. On nomme auffi Crojfette , le reffaut qu'on fait faire au dernier membre d'un cham- branle , d'un cadre, &c. i. pan. page 123. 4. part. pag. loëô. Cuivre , métal élallique & moyennement pefant. Il y en a de deux fortes ; le rouge , qu'on nomme Rofeite , & le jaune, qui eft un métal factice , compofé de deux parties de rofette & d'une partie de calamine , ou terre calaminaire. 3. part. feâ. 3 , pag. pSS. Cal - de - lampe , ou, pour mieux dire,' Amartijfement renverfi. On nomme ainfi toute partie faillantc &. diminuée en contre-bas. On n'emploie guère ce terme en Menuuen^ que pour indiquer le fupport d'une pendule. ^.part.feli. 3 , pag. 1002. Cuflode. On nomme ainfi toute la partie 'd'une voiture qui efl comprife entre fes fonds & fes portières , au-deffus des traverfes de ceinture ou d'appui. }. part. feff. i , pag. Cymaife , pièce de bois ornée de moulures , fervant de couronnement aux lambris d'ap- puis. 2. part. pag. \6^. Cymaife , partie d'une corniche qui eft tou- jours ornée de moulures : leurs différentes efpeces, 4. part. pag. 1042. Cyprès , bois folide , de couleur jaunâtre , originaire de Candie & des Ifles de l'Archi- pel. 3. part.feff. 3 , pag. 774. Cyiife , ou Ebénier des Jtpes , bois à peu- près femblable à l'ébene verte. 3. pan.fett. 3 ! POS^ 784- D. Damier, petite table de jeu fans pieds. Voyez l'article TriBrac. Dé ou Socle. On nomme ainfi la partie lifTe d'un piedeflal , comprife entre fa cor- niche & fa plinthe. 4. part. pag. 1042. Débillarder. Ce terme fignifie dégroffir line courbe , foit à la fcie ou au fermoir, afin , OU Vocabulaire qu'elle foit prête à être corroyée. 2. part, fart. 3 I y. Débit du bois. Par ce terme , on entend la manière de tirer d'une pièce de bois tout le parti pofiible ; c'eft pourquoi avant que de la refendre , foit en long , foit en travers , il faut fe rendre compte des pièces qu'on pourra prendre fans y faire trop de perte, ce qui eft une partie très-effentielleà connoi- tre pour les Menuifiers, puifqu'il y va de leur intérêt & de la folidité de l'ouvrage. On appelle encore de ce nom , la maniera & l'aàion de refendre le bois & de le couper par pièces à la longueur de chacune d'elles. Voyez cet Article , i. part, page ^2 & fuiv. Décompofés. (entablements) On nomme ainfi les entablements dont la forme n'eft pas régulière. On n'emploie ces fortes d'enta- blements que quand on ne met pas d'Ordre d'ArchiteSure. 4. part. pag. 1 o J7. Dégauchir. On entend par ce terme l'ac- tion de drelfer parfaitement une pièce de bois , de manière que tous les points de fa furface ne foient pas plus élevés les uns que les autres , & qu'en la bornoyant d'un côté , l'autre rive s'élève également d'un bout que de l'autre. 1. part. pag. 66. Demi-livre allongée , efpece de broquette dont les Treillageurs font ufage. Voyez Semence. Demicuks , petites parties faillantes quar- rées par leur plan , & dont la largeur eft à la hauteur, comme deux eft à trois ; la dif- Lrtuuc qu'il y a ein.i'fcUes doit Être égale à la môitié de leur largeur. Les Dentieulcs fer-, vent à orner les corniches, 4. pan. pagi 1049, DéfoBligeante , voiture qui ne diffère d'une Diligence , qu'en ce qu'elle eft plus étroite , & qu'elle ne peut contenir qu'une perfonne feule. ^.part.Jeâ. i , page ^60. Deffus-de-pone ou jittiijue. On nomme ainfi la Menuiferie qui décore le deffus des chambranles des portes d'un Appartement. 2. part, page i ^'4. Diable , voiture , efpece de Calèche cou- pée , dont l'impériale ou pavillon eft élevé de manière qu'on puiffe s'y tenir commodé- ment debout. ^.part.feCl. i , pag. j8o. Diligence , efpece de voiture qui n'eft autre chofe qu'une Berline coupée dans fa longueur au nud du pied d'entrée de devant. part.feS. l , pag. 4jp & 548. Dorique , ( Ordre ) le plus fimple & le plus régulier des trois Ordres Grecs. Il a été in- venté par les Doriens , d'oii lui vient le nom de Dorique. Cet Ordre fe nomme aufii Ordre viril ou falide , à caufe de fon expreffion grave & régulière : fes proportions & divi- ûons. ^. part. pag. 1047. Dormant ou bâtis dans lequel entrent les chalïïs des croifées : leurs formes & conf- truûion. i. pan. pag. j i. l'An du 'l^oi-miîKW. ( Meiîuiferie ) Sous ce nom on entend toute efpece de Menuiferie qui eft d'une nature à refter en place , & comme adhérente avec le lieu oii elle eft pofée. i. part.pag. i. & 2. part.pag. 155, Dormeufcs , forte de voitures pour aller en campagne , & dans lefquelles on peut fe coucher comme dans un lie. 5. part, Je6l, i , pag. $6s. Dojfera. On nomme ainfi l'efpace qui refte entre l'angle d'une pièce & l'arête de la baye d'une croifée ou d'une porte, i . part, fag. 130. & z. part. pag. 171. Doffier. On nomme ainfi la partie du deffus d'un fiége, contre laquelle on s'appuie. Les Menuifiers en Meubles appellent de ce nom les traverfes de dofîier , tant de haut que du bas, qu'ils diftinguent p^r grand & petit DoJJiers. 5. part.fecl. ^,fag. 5i j. Dojfier de lit. On nomme ainfi la partie pleine d'un des bouts d'une couchette , la- quelle eft plus dlevée que l'autre , qui , alors , fe nomme pied du lit. 5. part.feSl. 2, pag. 6yi. Dojfes. Les DoiTes font les premières le- vées faites fur ie corps de l'arbre, & font utiles à peu de chofe. Les pièces prifes après les Dofies , fe nom- ment comre-DoJfes , 6c font d'un meilleur ufage, félon la manière dont elles font re- fendues, i. part. pag. 2J. Doiéh'.re. ( panneaux de ) On appelle de ce nom des panneaux de bois blanc placés dans l'intérieur de« vniriirec>j jinnr porter la niatelaffure & la garniture d'étoffe, j.part. felf. I , page 457. Doacine , moulure & outil. Voyez Boiive- ment à baguette. Dmcine , forte d'ouverture de croifée j 'dont la coupe eft faite en doucine. i. part, page ^6. Drejfoir i c'eft une efpece de banc qui n'a des pieds que par un bout, de manière que fa furface eft inclinée à 1 horizon ; au bout qui a un pied , & au-deffus de ce dernier, eft placé une équerre de fer, qui , ainfi que le banc , fert aux Treillageurs pour dreffer les échalats. ^^.part. pag. 1109. Drille ou Trépan , outil compofé d'une verge de fer , au bout de laquelle eft placé un foret , lequel fert à percer les métaux ou les bois durs , ce qui fe fait en faifant tourner le drille fur lui-même par le moyen d'une corde qui palTe par fon extrémité fupérieure , & qui eft arrêtée par les deux bouts à une traverfe de bois, au milieu de la longueur de laquelle paife la tige du drille. 3. part, fea. 3 ,pag. $^o. Df.cheje , efpece de grand fauteuil dont le fiége eft affez profond pour qu'une perfonne puiffe être aftife commodément deffus , les jambes étendues, j. pan.felt. 2 , page 6^3. Menulfier, ^'^79 E. Eau de chaux ; c'eft de l'eau dans laquellâ on a fait éteindre de la chaux vive : on y mêle du fublimé corrofif, afin de lui donner plus d'aclion pour brûler les bois. 3. part.' feB. 3 , page SfSa. Eharboir. Cet outil diffère du Grattoir, en ce qu'il a quatre côtés au lieu de trois , & il fert à peu-près au même ufage que ce dernier. Voyez Grattoir. Eiene , bois dur, de différentes couleurs ; favoir , la noire, la rouge, la verte, & la noire & blanche. L'Ebene , en général, croît à Madagafcar. 3 . part. Jecî. 3 , page 77i- Jibénijîerie , (Art de 1') ainfi nommé, parce qu'anciennement tous les ouvrages de cet Art étoient faits avec de l'ébene , du moins le plus grand nombre. Cet Art vienc d'Afie , d'où il fut apporté .1 Rome , & y fut oublié jufqu'au quinzième fiecle. Il eft venu en France avec les deux Reines de la Maifon de Médicis. j.part. feB. 3,pagej6i à- f. tbémjierie pleine. On nomme ainfi les ou- vrages d'Efaénifterie faits en plein bois , & où on n'emploie le placage que par incruftar tion. 3. part.fecl. 3 ,pag. SpS. Ebinijles. On appelle ainfi les Ouvriers qui travaillent à l'Ebénifterie. Ecaille , fubftance du genre des cornes, ou du moins à peu-près femblables. Ce font des feuilles provenantes de la couverture «iihudl QmpJiibie nommé Tortue. Il y en a de diverfes grandeurs 6c qualités. Celles connues fous le nom de Carreites , font les plus belles ; mais les Ebéniftes emploient plus volontiers celle qu'on appelle Cahoane ou Kaouane. 3. part, feùh 3 , pag. 5)84. Ecaille. (Manière de travailler, mouler , & fonder 1'). j. part. feS.j. pag. \oc6. Cr futv, Echalats. On nomme ainfi de petites trin- gles de bois de chêne ou de châtaigner qui font fendues dans de jeunes arbres. On fe fert d' Echalats pour faite le Treillage, Ôc on les achettc par bottes de différentes lon- gueurs, ^.part. page i loj. Echannllori.{hois d') Par ce terme on entend le bois que les Marchands vendent à une lon- gueur & épaiffeur déterminées , comme 6, g, 12 pieds de long, fur un pouce lignes, un pouce & demi & 2 pouces d'épaiffeur, &c. i. part.pag. 27. Echarpe , pièce placée diagonalement dans un bâtis. On appelle auffi de ce nom une pièce de bâtis de parquet. 2. part. pag. i jp* Echaude , petit fiége ployant ou de cam-, pagne. 3. part. [eCt. 2 , pag. 6^0. Echelle de Meûnier , force d'efcalier droit, 2. part. pag. ^26. Echelles ou Mefures , ou , pour mieux dire , certaines longueurs divifées en parties éga- les , reptéfentant des toifes , des pieds, &c. î28o ^ahlc Alphabétique y ou Vocabulaire Les Echelles fervent à régler & à mettre en ordre les différentes parties d'un delTm , Ôc à juger de la grandeur que les objets qu'il repréfente , auront en exécution. Echelle de ■pieds , Echelle modul:. 4. -part. pajr. 104.7. Echiquier , efpece de compartiment com- pofé de quarrés difpofés parallèlement avec les côtés de l'ouvrage. ^. -part, Jecl. 3 ^ pag. 824. Echope. Voyez Burin, E coin [on y efpece de petit bureau d'une forme triangulaire par fon plan , lequel fe place dans les angles des Appartements. 5. part.Jca.2 , pa^, j^6. Ecouenesj efpeces de limes dentelées fur leur largeur comme les dents d'une fcic, lef- queiles fervent à travailler les bois durs ôc les métaux. 3. pan. feâ. , pûg. r)jj. £n-iî?;, meuble à bâtis , compofé d'un pa- tin & de deux montants , dans lefquels coule un chaffis garni d'étoffe, pour garantir de l'ardeur du feu. j. part.feâ. 2 , pa^. 741. Egoiit. On nomme ainfi une planche qu'on pofe à l'extrémité d'une pile de bois , qu'elle défaffleure d'une partie de fa largeur, ainfi que par les bouts : c'eft fut cette planche que porte le bout de celles qui forment la couverture de la pile. 1 . parr. pag. 3 1 . E/égir. Par ce terme on entend l'action de idiminuer une pièce de bois en certains en- droits. Ce mot efl: fynonyme à ?-ava/ement. Voyez cet article. ÉUgiJJemem. Yoy^^ ^lé^ir, Ellipfe y figure à peu-près femblable à un Ovale. L'Ellipfe eft donnée par la coupe oblique d'un cylindre ou d'un cône. i. part, pag. 14. 2. part. pag. 2^6 35)8. Embotti'.re , efpece de traverfe dans la- quelle on fait des mortaifes & des rainures pour recevoir les tenons & les languettes du bord des planches qui compofent les portes pleines & autres ouvrages, i. part, pag. i^p. On appelle aufli Embohttres , les traverfes de chambranles, i. part. pag. i;;". Embrafement ou Embrafure. On entend par ce terme la partie intérieure des bayes de portes ou de croifées. On appelle aulTi de ce nom la Menuiferie dont ces parties font re- vêtues, i. part. pag. 136 , 2. part. pag. 181. Emhreuvement j embreuver ^ faire fur le champ de deux pièces de bois dont l'épaif- feureft inégale entr'elles, des rainures & des languettes, lefquelles entrent jufte les unes dans les autres , de manière que la pièce la plus mince foit contenue dans la plus épaiffe , & que les pleins de l'une rempliffent exaÛe- ment les vides de l'autre. 1 . part. pag. 44. ù" 140. Emeri ou Emeril , pierre métallique qu'on trouve dans les mines On le réduit en pou- dre plus ou moins fine , félon le degré dont on a befoin. L'Emeri broyé avec de l'huile fert à polir le fer ; c'eft ce qu'on appelle de la Potée d' Emeri. ^. part.feâ. 5 ^pag.'^'^z. Emr}ïarchement. On nomme ainfi les en- tailles faites dans les timons pour recevoir les marches d'un efcalier. 2. part, page ^22. Empenoir ; c'eft une efpece de cifeau re- courbé par les deux extrémités, qui font également tranchantes, mais fur divers fens. Cet outil fert aux Ebénïftes pour pofer les ferrures de leurs ouvrages. ^. part. feB. 3, pag. 9^2. Empiler , Empilage. Par ce terme on en* tend l'atlion d'arranger le bois par piles. Voyez Piles. Encorbellement. On nomme ainfi la cymaife intermédiaire d'une corniche. 4. part. p. 1 042. Enéyer. On entend par ce terme ôter les nœuds de la canne avant de la fendre. 3. part.jeH. 2 , pag. Enfilade. Par ce terme, on entend la ren- contre de plufieurs ouvertures de portes , lefquelles font difpofées de manière que leur point milieu fe trouve fur une ligne droite. i.part. pag. 129.2. part, pag. 27^. Enjourchemcm , alfemblage qui diffère de la mortaife ordinaire , en ce que cette der- nière n'a pas d'épaulement, de forte que le tenon peut y entrer de toute fa largeur, encore que le dehors de la traverfe affleure l'extrémité du battant, i. part. pat^. 46". Entablement. On nomme ainfi la partie fupérieure d'un édifice, & qui lui fert de couronnement. A un Ordre d'Architetture, l'Entablement pôle immédiatement fur la coJuiuie. ^. part. pag. 1042. Entaille , outil. Sous ce nom on comprend toutes fortes de morceaux de bois dans lef- quels on a fait des entailles pour pouvoir contenir différentes pièces d'ouvrage ou au- tres , qui y font arrêtées par le moyen d'un coin ; c'eft pourquoi on appelle Entaille à /i- mer les fcies , celles qui fervent à cet ufage, i, part. pag. yi>. On dit de même Entaille à fcier les ana/ements j pag. 76. id. Entaille à poujjev, les petits boiSjpag.H^ . idem. Em aille à rallonger les fergentSj pag. 82. idem. On fait aufii des Entailles cintrées propres à coller & cheviller les parties circulaires. 2. part, page 2 8 6'. Entaille, ( alfemblage en ) lequel confifte en un ravalement fait dans l'épaiffeur de deux pièces de bois d'une largeur égale à celle de chaque pièce, de manière qu'elles puiifent entrera plat l'une dans l'autre. 4. paa. pag& 1175. Entre -colonnement. On nomme ainfi la dif^ tance qu'il y a de l'axe d'une colonne à l'axe d'une autre colonne. Les Anciens comptoienc les Entre-colonnements du nud du fût de ces dernières ; mais les Modernes les comptent: des axes de ces mêmes colonnes , à caufe de la diftribution des modifions des corniches , ou des triglyphes de la frife de l'ordre Do^ ïique. pan. pag, 106^, Entrelacs y de [Arc d. Entrelacs , efpece d'ornement qu'on em- ploie aux moulures creufes. 4. pan. pag. En général , on donne ce nom à tout ornement dont les parties fe répètent 8c s'en- lacent alternativement les unes dans les au- tres. Entre-fol. On appelle de ce nom une pe- tite pièce ou appartement pris fur la hauteur d'une grande pièce , ce qui a donné le nom aux croifées qui les éclairent , qu'on appelle par conféquent Croifées-entre-fol. i.part. pag. [ICI. Entre-toife. On donne ce nom en général , à toutes les traverfes dontl'ufage eft de rete- nir l'écart des pieds d'un banc, d'une cliaife, &c. Les Entre-toifes s'affemblent toujours dans les traverfes des pieds, ^.fan.feli. 2 Entre-youx , efpece de planche qui n'a que 5 à 10 lignes d'épailfeur. 1. part. pag. & ap. Epatikment. On nomme ainfi la partie pleine qui refte entre deux mortaifes , ou depuis la mortaife jufqu'à l'extrémité du bat- tant. On dit auffi épauler un tenon , c'cft-à- dire , diminuer de fa largeur, pour qu'elle foit égale à celle de la mortaife dans laquelle il doit entrer, i. part. pag. 45. Epi de bled , bois rayé de brun & de rou- gcâtre, & très-poreux, dont la coupe à bois de bout eft femblable à celle du jonc. ^.par^. fea. i,pag. 77y. Epiiie-yinette , bois François, plein & de couleur jaune , qui fert à l'Ebénifterie ôc à la teinture des bois. 3 . part.fccf. 3 , pag. 784. Ecjuerre, fauJfe-Equerre ou Sauterelle , ef- pece de triangle dont la lame eft mobile , de manière qu'on peut lui donner l'inclinaifon que l'on juge à propos, i. part. pag. 70. On appelle mffi fauJfc-Equerre , de grands compas de fer , qui ne différent des compas ordinaires que par la grandeur, i. part. pag. 70. Equerre ou Croix mobile ; c'ell un inftru- ment propre à tracer & découper des ovales d'une même courbure que celles qui font fai- tes fur le Tour ovale. Cette machine eft très- fimple , & faite à peu-près dans le goût de la conchoïde ancienne de Nicoraéde. j. part. feS. 5 ,pag. 1003. Eijiierre , outil de bois compofé de deux branches alTemblées à angle droit , pour fer- virà équarrir les pièces de bois. 1. pan. pag. 6j. Efjuerre à chaperon , outil de fer ou de cuivre , compofé de deux branches , fur l'une defquelies eft une conduite ou chaperon ajouté fur le champ. Cette efpece d'Equerre eft très-commode pour les ouvrages délicats 6 qui demandent de la précifion. 5. pan. Jea. 3 , pag. 8sp. Il y a encore une autre efpece d'Equerre Treillaceur. i Menuijier. 1281 de fer ou de cuivre , nommée Equérre à croix y dont une des branches, qui eft mobile , paifc au travers de l'autre, & eft arrêtée en place par le moyen d'une vis de predion. }. part, fea. $,pag. 85p. Erable, bois de France & d'Amérique, plein & léger , de couleur blanche & ondée, très-utile pour les ouvrages d'Ebénifterie. 3. part. feâ. 3 , pag. 784. Enfubles. On nomme ainfi des pièces cy- lindriques percées de deux mortaifes à coir- tre-fens l'une de l'autre à chacune de leurs extrémités. Ce font les principales pièces d'un métier à broder. 3. part. fea. 5. p. pyff, Efcaliers en vis , c'eft-à-dire , qui tournent fur eux-mêmes autour d'un poteau, 2. part, pag. 427. Ejchine ou Ove ; c'eft la partie du chapi- teau Dorique qui fupporte le tailloir. L'Ef- chine eft compofée d'un quart de rond , d'une baguette & d'un filet , 6ç fuit le con- tour du fût de la colonne, 4. part, pag. 104p. Efpal'.er. ( treillage d' ) On nomme ainfi; celui qui eft deftiné à revêtir les murs d'un jardin, j^. part. pag. 1137. Efprit de nitre , violent acide dont on fait ufage pour ombrer les bois. 3. part. fea. 3 , pag. 8S2. Etabli, grande & forte table de bois d'orme ou de hêtre , montée fur un pied de chêne. Manière de conftruire les Etablis ; leurs formes ôc proportions. 1. part. pag. 54 Etablis à l'allemande , qui différent des Etablis ordinaires , en ce qu'au lieu du cro- chet , ils ont une boîte de rappel , laquelle fe meut par le moyen d'une vis , de forte que le bois qu'on travaille eft arrêté fur l'Etabli fans avoir befoin de valet. 3. part. fea. 3 , pag. 803. Etablijfemenîs. Ce font certaines marques dont les Menuifiers fe fervent pour dif- tinguet une pièce d'avec une autre, & faire connoître le haut ou le bas de chacune d'elles , ou leurs faces apparentes , qu'ils nomment parement de l'ouvrage,- c'eft pour- quoi on dit qu'on établit les bois , c'eft-à-dire 9 qu'on les marque d'un caraîlere diftinÊlif 6c relatif à la place qu'ils doivent occuper, i. part. pag. S8. Voyez auffi l'Article de la ma- nière de marquer l'ouvrage. 2. part. pag. 277, Etain, métal léger, mou & de couleur blanche, qui, uni aux autres métaux, les rend caffants comme du verre. Ce métal eft d'ufage pour les ouvrages de Marqueterie; S.part.fea. 3 , pag. 58p. Etamoïr ; c'eft une petite palette de bois J garnie de fer-blanc en deifus. On frotte le fer à fonder fur l'Etamoir pour en faire l'ef- fai , ôc pour l'étamer. ^. part. fea. 3 , page 102p. Etau de fer ou de bois , outil compofé dç A 15, 1282 Table Alphabétique deux pièces nommées mords ou mâchoires , qu'on approche ou qu'on éloigne l'une de l'autre par le moyen d'une vis qui paffe au travers d'une d'elles , & qui eft taraudée dans l'autre, ^.part.feèl. 3, pai^. 8^3 & y)2. ^ Etaii de Treiilageur. Cet Etiu ell de bois , & eft difpofé de manière qu'on le fait fewer par le moyen d'une pédale , quoiqu'il y ait une vis comme aux autres Etaux. .j.. fart, pag, 1 124.. Etrégnohs , outils dont l'ufage efl; de ferrer les joints des panneaux , & de les tenir très- droits fur leur largeur. Ces outils font com- pofés de deux fortes pièces de bois , percées de plufieurs trous vis-à-vis les uns des au- tres , dans lefquels on fait palfec de fortes chevilles , pour qu'elles puiffent réfifter à l'effort des coins qu'on mec entr'elles & le panneau. \, part. pag. 82. Etrêfilbn ou Goberge; c'eft une pièce de bois quelconque , qui butte entre deux par- ties pour les tenir en place i. fart. pag. 37. On appelle encore Goberges , les barres qui remplilîent le fond d'un lit. Voyez Go- berges. Etuves , fortes d'armoires propres aux offices & aux garde-robes, pour faire fé- cher le linge ou autre chofe. Les tablettes de ces fortes d'armoires font ordinairement à claire-voie. ^.pari. Jec't. 2 , pag. 748. Eventai!. On appelle de ce nom toute croifée donr la partie fupérieure fe termine en demi-cercle ou en L\«mi o»»!-^- pnrr. pag. 100. ■ , . . On donne aufli ce nom a la partie verti- cale qui termine le haut d'un berceau de treillage, ^.fari. pag. 1102. F. Faces, (plates) On nomme aïnfi les parties de la montre d'un buffet d'orgues , qui font entre les tourelles , 6c qui n'ont pas de fail- lie fur le maffif , ainfi que ces dernières, 2. part. pag. 248. Kmteiiil, efpece de fiége qui diffère des Chaifes , en ce qu'il a des accotoirs ou ac-- coudoirs pour appuyer les bras de ceux qui s'en fervent. 3. part. feB. 2 , page S54. Faittciiil de cabinet, fiége propre à ceux qui s'occupent long-temps à écrire. 3. part, feé}. 2 , page SiS. Faux Acacia , bois originaire d Amérique , d'une couleur jaune Se verdâtre. ^.pan.fecl. 3 , pag. 784- Faux-parmcaux. On nomme ainii des pan- neaux de bois mince & léger , qu'on fubdi- tue quelquefois à la place des glaces d'une voiture , ou avec lefquels on remplit les cuf- todes & le derrière des voitures , au-deffus de leur ceinture ou appui. 5. fart. felf. 1 , pag. 504. , OU Vocabulaire Tendoir , petit morceau de bois cylindri- que , & évidé en angle par un de fes bouts; c'eft avec cet outil que les Cannlers divifent la canne. 5. part.feà, 2 , pag. 62(j. Fer â chauffer ; c'eft une maffe de fer un peu barlongue, en forme de bateau , laquelle eft terminée par une tige d'environ un pied de long , avec laquelle on tient le fer pour réchauffer la colle qui eft deffous le placage. 3. part. feB. 3 y pag. 84(j. Fer d'outil. On appelle ainfi un morceau de fer mince garni , ou , pour mieux dire , doublé d'acier d'un côté , qu'on nomme la planche. Le taillant des fers eft droit ou cin- tré , félon la forme des fûts dans lefquels ils font placés. Dans l'un ou l'autre cas , ils font toujours trempés , 6c leur bifeau doit Être abattu du côté qui eft de fer , afin que le taillant fe trouve tout d'acier. 1. part, pag. 53. Fer à mouler , efpece de cylindre de fer, fur le côté duquel eft réfcrvée une languette excédente, laquelle fert à retenir le bois qu'on cintre fur ce cylindre après l'avoir fait chauffer. ^. part. fecl. 3 , pag. 8 y 5. Fer à fonder. On appelle ainfi un outil de fer , qui a au bout de fa tige une ma0"e de fer ou de cuivre , qu'on fait chauffer a un degré capable de faire fondre le plomb 6c l'étain. Il y a différentes fortes de fers à fou- der. ^. part. feB. 3 , pag. 1029. Fer. ( bâtis de ) On nomme ainfi les mon- tants 6c les traverfes de fer qui foutiennent les treillagco , nu qui en font partie. 4. part; pag. 1141. Fers de Treillage. Sous ce nom , on com- prend tous les fers qui entrent dans la conf- tru£tIonde ce dernier. 4. part. pag. 10S6. Fer, (bois de) de couleur brune, tirant fur le noir, 6c d'une qualité extrêmement dure. 3. part. feB. 3 775. Fereol , bois qui croît à Gayenne ; fa cou- leur eft blanche , tachetée de rouge. 3.;)3rr. feB. ^, pag. 1-16. Fermoir. Outil à manche dont le fer eft a deux bifeaux. Cet outil fert à dégtofTir le bois. \. part. pag. Fermoir-néron ou à nez-rond., outil à man- che , dont le tranchant eft en biais , pour pouvoir entrer plus facilement dans les an- gles rentrants, i. part. pag. 88. Ferrure. Par ce terme, on entend toute efpece de Serrurerie propre à lier enfemble les diverfes parties de la Menuiferie , 6c à la pofer fondement , ou du moins à l'ariêcet en place. 2. part. pag. 258, Ferrure des ouvrages d'Ebénifterie ; leurs différentes efpeces, 6c la manière de les po- fer. ^. part. feB. 3 ,page^^^. Feuilles de volet , de parquet. On nçmme ainfi chaque volet ou parquet en particulier. Voyez les Articles Folet ou Guichet 6c Far- qitet. de l'Art du TeuHîe. On nomme aînfi une pièce ou bâtis cte parquet , qui efl: d'une forme quarrée , fie qui a ordinairement 333 pieds 3 pouces fur tous les fens. 2^ part. pag. 155». Vcmlle. En général , on nomme alnfi toute partie d'ornement large fie plate, quirepré- îente , à peu de chofe près, les feuilles de différentes plantes ou arbres. Il y a des feuil- les de laurier, d'acanthe, d'olivier, de pal- mier , de perfil , &c. Les Chapiteaux Corin- thiens font ornés de feize feuilles principales, dont huit fe nomment Feuilles de de/fous , &les huit ?iutxes grandes Feuilles ou ieuilles de dejjiis. ^.part. pag. 106 i. Feuilles. On nomme ainfi les bois que les Ebéniftes emploient à leurs placages : ma- nière de les refendre & de les débiter. 3. païî,Je5î. 3 , pag. ']^^ %\%. Feiiïlhreî y outil à fût , an bas duquel il y a un conduit qui fert à l'appuyer contre le bois. Cet outil fert au corroyage du bois, i, part, pag. 6^. Feuillet , efpece de planche mince propre à faire des panneaux & autres ouvrages. Les Feuillets ont ordinairement 6-aj lignes d'é- paiHeur; ceux de bois de Hollande n'en ont que 5 pour l'ordinaire. Il y a encore un Feuillet de Hollande plus épais que celui-ci, qu'on nomme Trois- qitarts , lequel a depuis 6 Jufqu'à 8 lignes d'épailTeur. Le Feuillet de fapin a jufqu'à p lignes d'épaiffeur. i. part, page 29. Feuillet ou Règhtîe. Voyez (^■^'■'■'îtures. Feuillure, On appelle ainfi tout angle ren- trant fait dans le bois parallèlement à fon fil. On fait de grandes & de petites Feuillures; les petites Feuillures fe font avec un outil à fut , nommé Feuilleret , lequel a , pour l'or- dinaire , deux conduits, ce qui le diflingue du Feuilleret d'établi, qui, d'ailleurs, eft plus long que ce dernier, i. part. pag. Les Feuillerets prennent différents noms félon leurs ufages ; c'eft pourquoi on dit Feuil- leret d'établi 3 Feuilleret à petit haïs , FeuU- lereî à mettre au mollet , &c. Figures en ArcliiteBure. On entend toute repréfentation humaine faite par le moyen de la Sculpture. Les Figures fe placent au- deffus des colonnes & des principales parties d'un édifice, ou dans des niches, ou dans des entre-colonnements , ce qui eft encore mieux. Les Figures doivent être en pro- portion avec l'Architecture. 4. part. pag. 1074. Filets , petites tringles de bois de placage , réduites à une demi -ligne de largeur, ÔC quelquefois moins. Ils fervent à féparer & à entourer les compartiments de la Marque- terie, ^.part.feci. 5 ,pag. 832. Filet , ( tire- ) outil compofé d'un fer , d'un fût à peu-près femblable à un rabot, & d'un levier attaché deifus. Cet outil ferc à mettre Mermijier. I283 les filets de largeur. 5. part. fecf. 3 , pag, 833. Filet. Voyez Carré. Filière en bois. Voyez Tarau. Fil Normand ou Fil à pointe. Les Treilla* geurs nomment aïnfi du fil de fer non recuit , avec lequel ils font des pointes qu'ils appel- lent Pointes de fi'ifage , dont ils fe fervenc pour arrêter les différentes parties du Treil- lage. 4. ;7<7^. i 54. Fil nul ou Fil à coudre. Les Treillageurs appellent ainfi du fil de fer recuit avec lequel ils arrêtent les échalas ÔC autres pièces de Treillage. ^. part. pag. ii?3. FiJItiies. Ce font des coupes de corps étran- gers qui endommagent la furtace du bois. i.part, pag, 26. Flache, défaut d'équatriffage d'une pièce deboîs, qui la fait fouvent reouter. i.part, pag. 2;. Fleurs de Mofa'ique faites en bois ; la ma- nière de les conftruire & de les terminer. 3. part.fecï. 3 >pag. 888. Fleurs enTreillage. Ces Fleurs font faites de plufieurs copeaux taillés (d'une forme femblable à celle des pétales des Fleurs que les Treillageurs vQulent imiter , & ils les attachent avec des pointes fur une tige ou bouton de bois. 4. part. pag. 1216 & Juiv. Flottée. ( traverfe ) On nomme ainfi toute traverfe qui paffe par derrière un panneau , 6c qui n'eft pas apparente en parement, i. On nomme auffi Panneaux flottés , ceux qui font pofés à plat l'un fur l'autre. 1. part, pag, 141 & fuïv. Flûte ou Sifflât j efpece d'afferablage , ou , pour mieux dire, de joint propre au rallon- gement des bois , dans lequel le bout de cha- que pièce de bois eft aminci à rien d'une cer- taine longueur , 6c à contre - fens l'un de l'autre, afin quêtant collés l'un fur l'autre, elles ne femblent faire qu'une même pièce, A quoi bon cet affemblage. 1 . part, pag. 4S, loret. On nomme ainfi un petit outil de fer acéré d'un bout , Ôc qui eft monté dans une boîte ou bobine de bois , qu'il déborde des deux bouts. On fait ufage de cet outil pour percer le bois ôc les métaux. ^. part. fe£i. 3,' Fourrure. On nomme amfi des pièces ou tringles de bois plus ou moins épaifles , qu'on met fur le plancher pour pofer le parquet, quand il n'y a pas affez de place pour y met- tre des lambourdes. 2, part. pag. i jy. Note^ Foyer ; c'eft un bâtis de bois qui entoure l'âtre ou foyer d'une cheminée, 6c dans lequel les feuilles de parquet, coupées à cec endroit, viennent s'aflembler. 2, part, page Frêne , bois de France, très-liant, décou- lent blanche rayée de jaune. ^. part. fe^. ^ i pag.^%^. I2S4 Tahle Alphabétique Frifage, efpece de Treillage conftruit avec des lactés ou autres bois minces, ^.part.pag. 11^6. frife. On appelle de ce nom toute partie de Xîenuiferie étroite & longue , foit pleine Gu à panneaux , dont la longueur fe trouve parallèle à l'horizon , & qui divife d'autres grandes parties ; c'eft pourquoi on dit Infes de lambris , de porte , de croifée-entrefol , de parquet , &c. Frïfes. On nomme ainfi des pièces de boîs de 3 à 4 pouces de largeur , qu'on pofe avec ks feuilles de parquet, auxquelles elles fer- vent comme de cadre. 2. part. pag. i-^S. On nomme auffi l'rife , la traverfe du haut de la caifle d'une voiture , au-deflus de la portière. 5. pan.Jeù}. i , piige ^66, Frifc. On donne aufli ce nom à la partie llfTe & intermédiaire d'un entablement. 4. part, pag. 1045. Fronton, Par ce terme on entend deux par- ties de corniche qui s'élèvent des deux extré- mités d'un avant-corps, & viennent fe ren- contrer au milieu , où ils forment un angle obtus. 11 y a des Frontons triangulaires , ûc des Frontons circulaires; leurs proportions font les mêmes. 4. part,pag. 1071. Fuir, Fii'n. On dit qu'un outil fuit, lorf- qu'en le pouffant, on ne le tient pas alTez fer- me , de manière qu'il fe dérange de fa place. On dit fuir en dedans ou en dehors , félon que l'outil fc d^rangÉ* de l'un ou l'autre fens. i, part, pax- yi- Fitfain , bois de France , dut , de couleur jaune pâle, 5. part.fecî, 5 T^y. Fnfetf bois d'une belle couleur jaune, mais d'une qualité peu folide. -^.part.JeSî, 3,pag. Fût ou Monture d'un outil ; c'efi: le bois dans lequel le fer eft placé ; c'eft pourquoi on dit le Fût d'une varlope , d'un rabot, d'un bou- din , trc. Ainfi tous les outils dont Ja mon- ture eft du côté du conduit, d'une forme femblable à celle du coupant du fer, doi- vent fe nommer Omils à fut. i. pan. pag. Fût i partie de la colonne comprife entre le chapiteau & la bafe. 4. part. pag. 1 042. Fiitêe ou Majiic. Les Menuifiers nomment ainfi une efpece de pâte faite avec du blanc d'Efpagne & de l'ocre jaune détrempée ou broyée avec de l'huile de lin ou même de l'huile d'olive. Quelquefois, au lieu d'huile , ils fe fervent de colle claire , afin que quand l'ouvrage efl: peint en détrempe, la Futée ne falfe pas de taches à la peinture. Pour les ou- vrages communs, on fait de la Fûtée avec de la pierre de S. Leu réduite en poudre , & de la brique pareillement pulvérifée & dé- layée dans de la colle , à la confiftance de pâte. On fait encore de la Fûtée très-forte en faifant fondre de la cire jaune & du fuif, dans ^ ovl V ocabulaire lefquels on mêle foit du blanc d'Efpagne & de l'ocre , ou de la pierre de S. Leu : cette dernière efpece de Fûtée, ou pour mieux dire de maftic , ne s'emploie que chaud. La Fûtée fert à remplir & à cacher les défauts de l'ouvrage, comme les fentes, les trous des nœuds, & même les joints mal faits. Fujlocf bois. Voyez Jaune. G. Galée , petite planche d'une forme barlon- gue , qui eft garnie d'un rebord de trois cô- tés, dans lequel entre une coulilTe fur laquelle on place les caraderes d'impreffion à mefure qu'on les arrange enfemble. ^, part. feB. 3, pag. 9^ S- Gale , efpece de petits nœuds qui défi- gurent la fur fa ce du bois. \. part. pag. 26. Galet , force de table de jeu d'une forme barlongue, entourée de bandes ou rebords. ^. part. Je£i. 2 y pag. ji i. Garniture j troiiieme & dernière opération du Cannier , par laquelle il place les brins diagonalement. 3, part. fe^. 2. pag. 6^3. Garniture d'un fiége. Par ce terme , on en- tend ce qui remplit le vide de ces bâtis, à l'endroit du fiége & du dolfier. 3. part.JeB, 2 , pag. 622. Garnitures. On nomme ainfi différents mor- ceaux de bois qui fervent à féparer les pages d'imprelfion 3 & aies affujétir dans un chafTis rlp fer. Lca fauillets rie boîs qu'on place quelquefois entre les lignes, pour les efpa- cer plus ou moins , doivent être compris fous ce nom, ainfi que les coins, les bifeaux, &c. 5 . part. feB. 3 , pag. p 6$ . Garnitures. Les Treillageurs nomment ainfi les parties de Treillage qui forment dif- férents compartiments , & qui fervent à rem* plir les vides que forment les bâtis de leurs ouwx^^t^. ^. part. pag. 1177. Gauche. Par ce terme, on entend une fur- face dont tous les points ne font pas dans le même plan ; de forte qu'une des extrémités de fes rives eft plus haute ou plus bafle que celle qui lui eft oppofée. i. part. pag. 66. Il y a des ouvrages qui doivent être gauches. 2. part. pag. 5 1 8. Gaude , plante commune en France , dont on fait ufage dans la teinture en jaune. 3, part.feâf. 3 , page 754. Gayac ou Bois faint , d'une qualité très- dure , & d'une couleur verdâtre rayée de brun. 3. part. feâl. 3 jpageyjô. Gelif's ou Gelivures , & en terme d'Ou- vriers , Givelures , fentes qui fe trouvent dans les bois ; par quoi caufées, i . pan. p, 2 Géoynétrie , partie des Mathématiques , qui a pour objet la mefure de l'étendue. Cette fcience eft la bafe de toutes les autres , & eft très-né ceffaire aux Menuifiers. Eléments de Géométrie-pratique, i. part. pag. 4 & fui-j. Giron lis l'An du Giran des marches. On entend par ce ter- me la largeur que doivent avoir les marches d'un efealier, prifes au milieu de leur lon- gueur. 2. parî,pag. 4.27. Goberge , tringle de bois qu'on place entre le plafond de la boutique & l'ouvrage, pour fixer ce dernier fur l'établi. 5. part.feôt. 5 , Gobtrires , ou petites traverfes qui forment le rempliffage d'une couchette, & qui en- trent toutes en vie dans les entailles des pans. ^ . fan. feB. 2 , fag. 666. Gobriole. On nomme ainfi un morceau de bois ordinairement rond par fa coupe, & fur lequel on monte les principales parties d'un .vafe dj Treillage, /^.farr.pag. 1210. Gommer, bois de couleur blanche , veiné de gris. Il y en a de dur & de très-tendre , quoique d'un grain lin & ferrd. 3. pan.feel. '5>P^S- 777- Gondole , grande voiture de campagne , dans laquelle on peut tenir 12 à ij perfon- nes. 3. parî.fech i ,png, J72. Gorge & Gorget , efpece de moulure creufe qui fe place entre la moulure principale d'un cadre , & le champ de l'ouvrage. On diftin- gue les Gorges des Gorgets , en ce qu'elles font plus grandes que ces derniers , & qu'elles ont un petit carré ou filet de chaque côte, au lieu que les Gorgets n'en ont qu'un. On nomme auJU He ce nom i-;» outils pro- pres à les former dans le bois , lefquels outils font compofés d'un fer & d'un fut. 1. part, pag.li. Gorre fouillée , efpece de bec-de-canne dont l'extrémité du fer eft recourbée & arrondie avec un filet , de manière que cet outil fait à la fois l'office d'un rabot rond de côté , 6c d'une mouchetfc. l.part. pag. 8^. Gorgeri-'t , partie iiffe du chapiteau Dori- que, qui fembie être une continuation du fût de la colonne. 4. part. pag 104J. Gouge , outil à manche , efpece de fermoir creux fur la largeur, fervant à pouffer des moulures à la main. Il y a des Gouges de toutes grandeurs , & de plus ou moins cin- trées. \,part. fag. 88. Goujon , efpece de petit tenon d'une for- me cylindrique , lequel eft/en ufage pour les jaloufies d'aflemblage, & pour les tenons à peigne. I. part. pag. ^r) & 104. - Gorifet. On nomme ainfi un morceau de bois d'environ un pouce d'épailTeur, chan- tourné en confole, lequel fert à porter des tablettes. On fait auffi des gouffets d'affemblage en forme de potences. Les Menuifiers en Carrofle appellent auffi Goifjfet , un morceau de bois mince taillé en creux pour fupporter la glace d'une cuftode. ^, part. feB. I , pag. S''!-^. Gradin de ferre chaude. On nomme ainfi plufieurs rangs de tablettes difpofés en gra- Treillageur, Menuijlcf. laSj' dins , fur lefquelles on place des pots qui contiennent difi'érentes plantes qu'on veut fc*ftraire à l'intempérie de notre climat. 4. part. pag. 1254. Grattoir, outil d'acier à trois côtes, com- me une lime en tiers-point. Les arêtes de cet outil font aff'ûtées à vif dans une grande par- tie de fa longueur. Son ufage eft d'enlever les ébarbures qui fe forment aux deux côtéa des tailles qu'on fait fur le cuivre lorfqu'oiî le grave. ^. part. feB. j , pag. 10: s. Gr.ivme , (Art de la' necen"airc aux Ebé- niftes, pour tracer, foit fur le bois ou fut les métaux , les parties les plus délicates des delfins qu'ils veulent repréfenter , & qui ne peuvent pas être découpées avec la fcie de Marqueterie. 3. partie , feBion. 3 , page 8 84. Grêles , efpece de petites écouenes. Voyez Eeoiienes. Grès. Les Menuifiers fe fervent de Grès pour affûter deffus leurs gros outils , comme cifeaux , fermoirs , fers de varlopes , de ra-> bots , &c ; & ils donnent en général le nom de G. es , au lieu ou ils afi'ùtent , en y com- prenant le banc fur lequel le Grès eft placé , l'auge de bois ou tout autre vailfeau dans le- quel il y a de l'eau , enfin l'Ange avec lequel ils verient cette dernière, i. partie , pag. 6}. crue-naon , er[)c.,-o de petite table d'une forme circulaire , fupportée fur un pied droit. 3. part, f a. ^ ,pag.çn2. Guéridon à t'ylngtoife , ( efpece de ) dont la table a un mouvement horizontal. 3. part, J.B. 3 , pag.^Ti. Gueule de Loup. On nomme ainfi l'ouver- ture du milieu d'une croifée , dont le battant meneau eft fouillé en creux fur le champ , pour recevoir le petit battant de l'autre chaffis qui y entre tout en vie. i. part. p. ga. & g6. On fait quelquefois les ouvertures des portes -cochères à gueule de loup, ce qui eft d'un très bon ulage. Guichet , petite porte qu'on fait ouvrit dans le vantau d une porte-cochere ou autre. 1. part, pag. 122. bis. On donne auffi ce nom aux volets des croilées. "Voyez Folets. Guillaume , ouûl compofé d'un fer & d'un fut mince & long. Cet outil diffère des var- lopes & des rabots, en ce que fon fer, qui eft d' une forme femblable à celle d une pelle à four , affleure en dehors des deux côtés de fon fût , ce qui rend cet outil propre à faire des angles rentrants. Les Guillaumes pren- nent difi'érents noms, félon leurs formes fie ufages. On les nomme Guillaumes courts, debout , cintrés , à navette , &c. i . part, pagt Guillaume de coté , outil à fût , dont le fer eft placé perpendiculairement & un peu en biais fur l'épaiffeur, afin qu'il coupe fur la B 15 XiSS Talle Alphabétique côté , ce qui eft l'unique deftination de cet outil. I. pan. pafre S6. Gmlfaiime a plate-bnnde , outil qui difl^e des Guillaunies ordinaires , en ce qu'il a un conduit en deflbus, & que fon fer, qui eft placé un peu de biais fur l'épalifeur , eft arrondi fur le coin ; de plus , cet outil a un fécond fer qui forme un filet fur le devant de la plate-bande, i. part.pa^,%^. Guimbarde, outil compofé d'une pièce de bois d'une largeur capable d'être tenue d'une main par cliaquebout , au milieu de laquelle eft placé un fer un peu de pente , & d'une épaiffeur capable de réfifter à l'effort de cet outil. Son ufage eft de fouiller des fonds parallèlement au-deffus de l'ouvrage. 2. pan. fag. 2S1 , Si part. feff. 3 , pag. 8^1. Guimpe ou Guimbé. On appelle Douriue guim'jée , celle dont la baguette eft plus éle- vée que le bas du devant du talon ou bou- venient. Guingu'm , petit panneau de parquet. 2. pan. page ijp. H. Habillure. Par ce terme, les Treillageurs entendent une efpece de joint fait en flûte , c'eft-à-dire , diminué en venant à rien pat fon extrémité. 4. pan.pag. 1 1 17 & 1 13 1. Happe. Voyez fn •„ p„jj. .J „._.„ , fart. ject. 3 , page 84s e;^ Sjo. Hélice y figure géométrique ; c'eft une li- gne circulaire qui tourne fur elle-même en lampant autour d'un cylindre ou d'un cône. 2. part. pag. 50^^. Hclice.On nomme ainfi un plafond rampant, faifant le delTous d'un efcaliei cintré par fon plan. 2.;.a«. pa^. 3J7.^ Hélice. On nomme ainfiles petites volutes d'un chapiteau Corinthien. ^. part. pag. 1062. Hêtre, bois François, plein, de couleur blanche, d'ufage pour le Meuble, i.pari. pag, 26. 3. part. jeB. 2, pag. 60^. Hotte, terme dont fe fervent les Menuifiers en Meubles , pour exprimer un dofiier de fiége qui eft cintré fur le plan, & incliné ou évafé fur la hauteur. 3. part./eS. 2 , pag Houx, bois de France très-plein , de cou- leur blanche, d'un très-grand ufage en Ebé- nifterie. 3. part. feâ. 3 , pag. 78 j. Huile de foufre , acide moins violent que l'efprit de nitre , mais dont on fait égale- ment ufage pour brunir le bois. 3. part.feû. i,pag. 882.^ ^ Huifehe, bâtis de charpente ou de Menui- ferie , qu'on pofe dans les cloifons pour fer- vir de baye aux portes. 1. partie, pag. M8. Hyperbole, courbe & furface qui font don- nées par la coupe d'un cône , parallèlement a fon axe. i. part. pag. 13, 2. par;, pag. 2^2, , OU Vocabulaire I. If, bois de France , très-dur, de couleur rouge mêlée de brun & de jaune , d'ufage en Ebénifterie. 3. part.Jed. 3 , pag. 787. Impériale , partie fupérieure d'une voiture à trois cintres. Voyez l'Article Pavillon. Impojle , traverfe d'un dormant de croifée y laquelle fépare les chaffis du bas d'avec ceux du haut. I . part. pag. «33. On appelle encore de ce nom les traverfes ou pièces ornées de moulures , qui palfent au nud du cintre d'une porte-cochere , ou qui régnent feulement au-.cleffous de la retombée de l'archivolte d'un cintre, i. part. pag. 1 ip, & fuiv. 4. part. pag. 1 067 Imprimerie de Caliinei , ( defcription d'une ) & de toutes les pièces qui y font néceffaires. 3. part./eS. 3 , pag. $64.^ Incrujlation. Les Ebéniftes entendent pac ce terme , l'aflion de creufer dans la furface de l'ouvrage , les places que doivent occuper les pièces des compartiments , ou les orne- ments de mofaïque , & de les y coller, 3. fart. fe£t. i , pag. S^2 , 883,^^851. Inde (bois d') ou de Campêche , de couleur rouge , brillant , glacé de jaune. Il fert à l'Ebénifterie & à la Teinture. 3. part.Jecl. pag. 777. Indei- ( ^^io des ) Sous nom on com- prend tous les bois étrangers propres à l'E- bénifterie : leurs différentes efpeces, quali- tés, couleur? & odeurs. s.part.feS. 3 , pag. 7d8 & [uiv. /»A^o, cendre bleue, provenante des feuil- les d'une plante qui cro:t dans l'Amérique & dans rindoftan ; fon ufage pour la teinture des bois. 3. part. feS. 3 , pag. 7J4. Inverfable , efpece de voiture où la por- tière eft par-derriere. ^. part. fe^l. 1 ,p. ^62. Ionique ; {Ordte) c'eli le fécond des trois Ordres Grecs. Il fut inventé par les Ioniens, Grecs d'Afie. Le fameux Temple d'Ephefe étoit décoré de cet Ordre, qui eft auffinom- mé Ordre moyen , parce que fa forme , ou , pour mieux dire , fon expreflîon eft moyenne entre celle de l'Ordre Dorique & celle de l'Ordre Corinthien; fes formes & fes propor- tions, i^. part. pag. loyo. lomijues , ( chapiteaux ) de deux efpeces y l'un qu'on nomme /Imique , qui a deux ds fes faces difl"emblables , & dont le tailloir eft quarré; & l'autre qu'on nomme Moderne , dont les quatre faces font femblables , & dont le tailloir eft creux des quatre côtés , & fes angles abattus, i^. part, page lojS. Ivoire, fubftance offeufe , provenante des défenfes de l'Eléphant. Il y a deux fortes d'Ivoire , le blanc & le verd ; le dernier eft le plus eftimé , parce qu'il ne change par aifément de couleur. 3 . part. fiel. 3 , pag. 1 de l'An du J. Jacatarida , efpece de bois dur, dont la couleur eft mêlée de blanc & de noir. Il croît aux Indes orientales, j. part. feSl. } , pag. in- Jaloliftes, On nomme ainfi de petits treillis de bois faits pour bouclier des ouvertures quelconques , de manière qu'on puiiïe voir au travers fans être vu de deliors , du moins que de très-près, telles que font , par exem- ple, les Jaloulies d'un Confeffionnal. 2. part, fag. 337. Jalouses de voitures, à peu-près fembla- bles à celles des croifées. On les met à la place des glaces aux voitures de campagne. ^.part.feèh i ,pag. yo<?. Jarret. Par ce terme on entend tout point qui s'éloigne d'une ligne courbe quelconque , foit en dedans , foit en dehors ; c'eft pour- quoi les Menuifiers difent qu'un cintre jar- rene, lorfqu'il s'y trouve des inégalités ou des reffauts dans fon contour. 2. part. pag. 303. Jaune ou Fiifloc , bois de couleur jaune , approchant de celle de l'or. Il croit aux Antilles ; c'eft le même que le Satiné jaune. S. part. fea. 3 , page -jn. Jean de Vérone , Reflaurateur de l'Art de l'Ebénifterie en Italie. ^.part.Jia.j ,p.-]6^. Jet-d'eau, traverfe du bas des chaffis de croifées , laquelle les excède en dehors en forme de doucine , pour rejetter l'eau au-delà de h feuillure de la pièce d'appui du dor- mant. I. part. pag. 5)7. Joint. Voyez AJJemblage. Joue , épaiffeur de bois qui refte de chaque côté des mortaifes , ou entre deux , quand il y en a deux à côté l'une de l'autre , comme dans le cas d'un affemblage double. On dit aufli , par la même raifon , Joue d'une rainure, &c. Jumelles. On nomme ainfi les deux princi- pales pièces qui forment le deffus d'un banc ou établi de Tour. ^.part.JeH. 3, pag. 503. Jumelles. On donne ce nom aux deux prin- cipaux montants d'une preffe d'Imprimerie en Lettres ou en Taille-douce. 3. part.feff. 3,pag.sS6. Jupiter, (trait de) efpece d'aifemblage propre au rallongement des bois , ainfi nom- mée à caufe que cet affemblage , vu de pro- fil , eft à peu-près difpofé comme on repré- fente la foudre. Cet affemblage eft très- folide , & fe fait de différentes manières. ■1. part. pag. 4.7. L. Laine à débonillir. Ce font des écheveaux de laine teinte en rouge , dont on tire une eau propre i teindre les bois. 3. part. Jelf. j, fag. 7Pi, Menuifier. 1287 Lambourdes , pièces de bois de 2 à 3 pou- ces de gros , qu'on fcelle & arrête fur le plan- cher pour porter le parquet. 2. part, pag. Lambris. Sous ce nom , on entend toute efpece de Menuiferie fervant au revêtiffe- ment des Appartements. On diftingue deux fortes de Lambris , l'un d'appui , qui n'a que 2 à ; , ou tout au plus 4 pieds de hauteur , & l'autre dont la hauteur égale celle de la pièce dans laquelle il eft pofé. 2. part. pag. 1 6tj. & fuiv. Languette, partie excédente obfervée fut le champ ou épaiffeur d'une pièce de bois , pour pouvoir entrer dans la rainure d'une autre pièce , à laquelle rainure il faut qu'elle foit égale , tant en épaiffeur qu'en profon- deur, afin de faire des joints folides. Voyez les Articles Rainures , Joints , Bouvets & Pan- neaux. Lapiré , bois de bonne odeur , de couleur rouge & jonquille. 3. part.fea. 5 , part. 777. Latfue ; c'eft une efpece de gomme ou ré- fine de couleur rouge, dont on fait ufage pour polir l'Ebénifterie. ^.part. fe3. 3 , par, Sjp. Larmier , partie liffe & faillante d'une cor- niche ; diverfes fortes de Larmiers. 4. part, pag. 1042. Latte. On fe fert de Lattes de chêne pour faire des ouvrages de Treillage qui n'ont pas befoin de beaucoup d'épaiffeur. Ces ouvra- ges fe nomment Irifages , d'où les Lattes pre-.nent le nom de Laites de frifages, 4. part. pag. 1 1 07. Laurier aromatique. Voyez Inde, Levier. Voyez les Articles Meule & Tire- filet. 3. part. fe:L 5. Voyez aufli Chevalet, part. pag. 1 1 1 1. Liberté , oucil de Cannier , qui n'eft autre chofe qu'un brin de canne qui leur fert à monter, ^.part.fejf. 2 , pr.g. Lieux à l'A-ag/oife , ou Cabinet d'aifance , dont la conftruSion eft prefque toute du reffort du Menuifier. 2. part. pag. 203. Ligne , trait fimple trace fur l'ouvrage. En Géométrie , une ligne eft confidérée comme n'ayant ni largeur ni profondeur, mais feu- lement de la longueur , & on donne diffé- rents noms aux Lignes , félon leur forme & leur fituation ; c'eft pourquoi on dit Ligne droite , Ligne courbe. Ligne mixte. Ligne fpi- rale , Ligne perpendiculaire ou d' à-plomb, ( ce qui eft la même chofe , ) Ligne horizontale ou de niveau , Ligne diagonale , Ligne tangente , Ligne fécante , &c. 1 , part. pag. y. Xî'me, outil d'acier trempé , dont la furface eft fiUonnée en divers fens , pour pouvoir en- tamer les métaux & les bois durs. Il y a des Limes de diverfes formes & groffeurs , & la plupart font garnies d'un manche , pour pou- voir les tenir plus aifément. Il y a des Limes d'Allemagne & d'Angleterre : elles d-'iJerent entr'elles tant pat la forme, qps pat la ma-: I^S8 Table Alphabétique , ou Vocabulaire niere dont elles font taillées. 5. fan.JeS. 3 , , M. Limo:n ou Ec/iifres , pièces rampantes dans iefqiielles les marches d'un efcalier viennent s'aflembler. 2. part. pag. 422. On nomme faux-Limon , une pièce ram- pante pofée contre le mur , laquelle ne reçoit pas le bout des marches , comme le vrai Li- mon , mais qui efl découpée pour les porter en deflbus , & en appuyer les contre-mar- ches. 2. part. pag. 1^23. Lij'îe/ , partie plate & faillante, dont on accompagne quelquefois le derrière des mou- lures. \. part. pag. Lit ou Couchette , autrement dit Boit de lit. Par ce terme, on entend la partie de Menui- ferie fur laquelle on place des matelas , &c. Lit à la Franfoi/ë ou à la Dacliejfe , Lit à la, Pohnoife , Lit à l'Italienne , Crc. ^.pan.JcS. 2 5 pag. 66$ cr 58i. Lit de camp. Voyez Briganiin ou Lit de campagne. Lit de repos, efpece de petit Lit à un ou deux chevets, à l'ufage des gens riches. 3. fart.fici. 2 , pag. 6g i. Lit de/angle , efpece ds Lit portatif, com- pofd de deux chaffis difpofés en X. part, fecl. 2, pag. 5SS. Litière , voiture portée par des chevaux ou des mulets , laquelle peut contenir deux pcrfonnes affifes vis - à - vis l'une de l'autre. Ces fortes de voitures ne fervent que pour faire des voyages dans des pays montueux , ou bien à tranfporter les perfonnes malades. 3. ;;arf. feCt. i , pag. 58J. Lofange , efpece de petit panneau quarré , placé fur la diagonale, & qu'on alfemble dans les feuilles de volet, dans le milieu des plafonds des pilaftres , &c. 1. part. pag. Loupes. On nomme ainfi les excroilfances, les nœuds 6c les racines de différents bois, comme le buis, l'érable ^ & fur-tout le noyer: elles font d'un grand ufage en Ebénifterie. 3. part.Jca. 3 , pag. ySç. Lumière ; c'eft une cavité pratiquée dans le fût d'un outil, pour y placer le fer, & pour faciliter la fortie du copeau. 1 , pan. ptîge 6-2. Lunette. On nomme ainfi une ouverture percée dans une voûte , ou , pour mieux dire , la jouée que fait cette ouverture dans la voûte , où elle forjiie des arêtes à la ren- contre des deux cintres. Quand cette ouver- ture eft aulfi haute que la voûte qu'elle ren- contre , elle change de nom ; & alors on dit que c'eft une voûte d'arête. 2. part, pa^e 31J. ^.pari. page 1082. Voyez l^oûte d'ante. Lunette , petite trappe percée d'un trou rond , qu'on pofe aii-delTus des cuvettes des Commodités à l'Angloife, & dans les chaifes perciies. 2. part. pag. 204. 3. part. Ceci: 2 , pag. 66i. Mâchoires ou Mords, On nomme ainfi les deux côtés d'un étau , foit de fer ou de bois. Voyez Etau. Les Treillageurs appellent Mâchoire, une équerre de fer placée fur le devant du dref- foir. Voyez DreJJoir. Maille. Les Mcnuifiers appellent le bois refendu fur la maille , lorfque les refentes ont été faites félon, la diredion des rayons de l'arbre, ce qui ne peut être exailement vrai, qu'à trois ou quatre pièces dans un même arbre, i. part, page & fuiv. Maillet , morceau de bois de frêne ou de charme , dans le milieu de la longueur du- quel eft placé un manche fervant à en faire ufage. Cet outil eft tfès-nécellaire aux Me- nuifiers pour la conftruftion de leurs ouvra- ges , & eft préférable au marteau de fer, parce qu'il ne meurtrit pas l'ouvrage , & ne caffe pas les manches des outils. 1. part, page 77. Mailles. On nomme ainfi les vides que forment les compartiments de Treillage. Il y a des Mailles quarrées , d'oblongues , de lofanges , &c. 4,. part, page 105)8. Âialandres , défauts de bois -, ce font des veines de bois rayées & blanches , qui ten- dent à la pourriture. 1. part. pag. 25". Manchette, partie de l'accotoir d'un fau- teuil, qu'on garnit d'étolîe, & qui s'enlève quelquefois, part. feB. o. , pag. «38. f^'andrins , outils ordinairement de bois fur lefquels on place quelquefois l'ouvrage qu'on veut tourner. 3 . part. feSi. 3 , p ag. 909. Mantelets , rideaux de cuir ou d'étolîe , placés audelfous de l'impériale des corbil- lards, pour les fermer au befoin. 3. part. fe£l. I , pag. ^62. Alarche. On nomme ainfi la pièce de hoU d'un efcalier , fur laquelle on pofe le pied pour monter ou defcendre ce dernier; & contre-Marche , celle qui e/î pofée vertica- lement , ôt qui fait par conféquent le devant de la marche, a. part, page 420. & fuiv. Marche. Voyez Pédale. Marormier , bois originaire des Indes orien- tales, blanc & très-mou, peu d'ufage pour les ouvrages de Menuiferie. Marque ; { éclialat de ) c'eft un échalat ou toute autre tringle de bois, fur laquelle les Treillageurs tracent les divifions de hauteur de leurs Treillages. Ils nomment de même Latte de marque , une tringle fur laquelle font tracées les divifions de largeur de ces mêmes Treillages, ^.pari.paq. 1138. Marquer t ouvrage. Far ce terme les Me- nuifiers entendent l'aflion de le tracer fur /e plan. 2. part. pag. 277. Marqueterie, ( ouvrage de ) Sous ce nom y les de l An du les Ebénifles entendent les ouvrages de pla- cage , dans la conftruclion defqueU ils em- ploient avec le bois ôc l'dcaille , les diffé- rents métaux, comme le cuivre, l'étain , &c. 3. part.feSi. j , pag, p82. M.irqueîerie , ou Ebénifierie à compartiment. Voyez Placage, ÂIjrreaH , outil trop connu pour en faire la defcription; d'ailleurs ceux des Menuifiers ordinaires n'ont rien de particulier. Marteau à plaquer. Il ne fert qu'aux Ebé- niftesj ôc diffère des autres Marteaux, en ce qu'il a la pane très-large & mince, & quelquefois cintrée. ^. part.fëôh ^ypag. 84S, Marteau de Treilla^cur. Il diffère des Mar- teaux ordinaires par la forme de fa tête , qui eft ronde & menue ; fa pane efl. auffi menue & applatie , & fon manche long d'environ un pied. 4. part, pag* 1 108. Mûjfe , faire de la Mcnitiferie en 7najfe ou e.j plein bois. Par ce terme on entend toute ef- pece d'ouvrage qui n'eft point fait d'affem- blage , & donc les champs ôc les panneaux font pris dans un feul morceau de bois, ou, pour mieux dire, dans plufieurs morceaux collés les uns furies autres, 2. part, pag, 5 i-^, Mafje , inffrumenc propre au jeu de Bil- lard. ^. part. fetl. 2 j pag. '] io. Majje i c'eft un très-gros marteau de fer qui fert aux Treillageurs pour enfoncer des pieux ou poteaux en terre. 4. part. pag. Majfif, partie inférieure d'un buffet d'Or- gues. 2. part. pag. 247. MajQic. On nomme ainfi toute compofi- tîon tenace ôc coagulante, laquelle fert à fixer ôc arrêter diverfes matières , foit mi- nérales ou métalliques, ou enfin fatlices, comme les verres 6c les émaux , ôcc. On fait différentes fortes de Maftics , félon les différentes matières. ^.part.feB. 5 , pag. ^92, Mâtinage. Par ce terme , les Treillageurs entendent l'aâion de donner aux copeaux avec lefquels ils font les ornements ou les fleurs, U courbure qui leur eft néceffaire. ^.part. page 1 124. Mèche, petit Outil de fer fervant à faire des trous. Il y a des Mèches de différentes groffeurs , ôc qui prennent différents noms félon leurs formes ôc ufages. 1. pan. pag. 8p, & 3.part.feB. 3 fpag. p^i. Membrures , pièces de bois de 5 pouces d'épaiffeur, fur 5- à 5 pouces de largeur , ôc depuis 6 jufqu'à 1; pieds de longueur, i. pan. pag. 28 & 251. Meneaux. ( battants ) Ce font les battants de milieu du cbaffis d'une croifée, qui por- tent les côtes , & dans lefquels on creufe la gueule de loup. \. part. pag. ^6. ManfardeSy croifées qui ouvrent à cou- liffe : elles tirent leur nom de l'étage en man- farde ou elles furent d'abord employées, i, ^an, pag. 114. Trejlljgeuh. Menuljîer. îiBp Menmferie , Art mécKanîque ] qui a pour objet la conftruîliion des ouvrages faits en bois , excepté ceux de la Charpencerie , dont la Menuiferie faifoit une branche autre- fois. Il y a cinq fortes de Menuiferies ; fa- voir, Menuiferie de Bâtiment , Menuiferie en Voitures , Menuiferie en Meubles, Ebé- nifterie & Menuiferie des Jardins. Voy. ces Articles. 1. pan. pag. i & 2. Mer'm ou Crejjon, On nomme ainfi du boîs de chêne ou de châtaignier , qui n'a pas été refendu à la fcie , mais au coûtre ; ce quï oblige à choifir ce bois bien de fil. i.part* pag. 24. Menfier , bois de France à peu-près fem- blable au cerifier, d'un grand ufage en Ebé- nifterie. 3.part.Jeâl.s,pag.'jS^. Métiers à broder. Il y en a différentes efpeces , tant à pieds qu'à mettre fur les genoux. 3. part./èâl. 3 , pag. ^^6 & Juiv. Métier à filet , petit métier compofé d'une table , au milieu de laquelle elt placé un petit pied qui porte un axe de bois , aux extré- mités duquel eft arrêté un cylindre fur le- quel on attache l'ouvrage. 3, part.feSî. 3 f pag.9f>3. ^ Métier à tambour , efpece de métier à bro- der compofé de deux cercles de bois , donc un, qui eft monté fur un pied , a un mouve- ment vertical , ôc l'autre, dans lequel entre le premier, a un mouvement horizontal, j, part.feB. 3 ,pag. 960, Métopes. On nomme aînfi les parties de la frife Dorique, comprifes entre les triglyphes. Les Métopes doivent toujours être quarrées, c'eff-à-dire , avoir autant de largeur que de hauteur. ^. part. pag. 1048. Meubles des Anciens, peu connus : Meu- bles anciens par rapport à nous , en petit nombre Ôc peu connus. 3. pan.fecl. 2, pag-, 60^. Meubles de différentes efpeces ; Meubles à bâtis. Meubles à bâtis ôc a panneaux , au- trement dit gros Meubles. 3. part. feÔï. 2 , pag. 600. Meule ; ( la ) c'eft un difque de grès percé à fon centre pour y placer un arbre de fer dont le bout eft terminé par une manivelle ; le tout eft placé fur une auge de bois , de manière que la Meule puiffe tourner fur elle- même pour affûter les outils. 5. part, fed, 3 , pag. Sotf. Miféricorde , petit fiége en forme de cul- de-lampe, attaché au-deffous du fiége d'une ffalle, ôc dont on fait ufage quand ce der- nier eft relevé. 2. part, page 223. Mobile. { Menuiferie ) Sous ce nom on entend la Menuiferie qui a pour objet la conftruclion des ouvrages ouvrants, comme les portes, les croifées, ôcc. 1. part. pag. i. Modiîlon, efpece de petite confole , ou, pour mieux dire , de partie faillante ôc con- tournée, qui femble foutenir le larm''t^c iapo Table Alphabétique fupi^rieur d'une corniche, ^.pan. pag. loyi. Module ou mefure fcrvant à régler les di- menfions des différentes parties d'un Ordre d'Arciiiteaure. Le Module doit toujours être égal ou à demi-diametre de la colonne. ^. part. pag. 1 044. Molet , petit morceau de bois dur de 2 à 5 pouces de long , où on fait une rainure , dans laquelle on fait entrer les languettes des panneaux, pour voir fi elles font juftes d'é- pailTeur , ce qu'on appelle mettre les panneatix au Mjlet. 1. part. pag. 87. Montant. On appelle de ce nom toute pièce de bois placée perpendiculairement. Les Montants différent des battants, en ce que leur extrémité eft terminée par des tenons : les Montants prennent , ainfi que les battants , différents noms , félon les ouvrages aux- quels on les emploie. On dit , par exemple , Montant de dormant , de croifée , de lambris , tie parquet ) &c. Monter , terme de Canniers , qui fignifie la féconde opération qu'ils font pour garnir les fiéges de canne, ^.part. feâ. 2 , page 6^2, Montre d'un Orgue. On nomme ainfi toute la partie fupérieure de cet inftrument , dans laquelle les tuyaux font apparents. 2. part, pag. MarJache. On nomme ainfi un morceau de bois refendu fur fon épaiffeur &; dans une partie de fa longueur , lequel fe place entre les mâchoires d'un étau , pour faifir l'ou- vrage que ces dernières pourroient meur- trir. 3. part.jcB. 3 , pag. s 3 3. Morefque, efpece de mofaïque compofée de deux efpeces de bois feulement , dont l'un fait le fond, & l'autre les ornements de l'ouvrage, part. feâ. ^ , pag. S()2. Mirtaifé ou Morloife , cavité pratiquée dans l'épaiffeur d'une pièce de bois , pour recevoir le tenon d'une autre pièce , par le moyen duquel les deux pièces tiennent en- femble , foit en formant fur leur champ un angle droit, ou de toute autre ouverture. i.part. pag. 4J. Mofaïque, efpece d'Ebénifterie , par le moyen de laquelle on repréfentc les fleurs, les fruits , &c. On l'appelle auffi Mufaïque ou ouvrage rnfpiré par les Alufes. ^.part./eél. Mouehette , outil à fût , dont l'ufage eft d'arrondir l'ouvrage , & dont , par confé- quent , le fer efl affûté en creux, i. part, pag. Si. Il y a encore une autre efpece de Mou- ehette qu'on nomme Mouehette à joue , la- quelle diffère de celle dont je viens de par- ler, en ce qu'elle a deux joues à fon fût, pour appuyer deffus & contre la pièce de bois qu'on travaille. L'ufage de ces Mou- chettes eft de former & d'arrondir les ba- guettes, i. part. pag. 8j. Mouffie, On appelle ainfi deux morceaux , OU Vocabulaire de bois creufés dans le milieu de leur lar- geur , avec lefquels on embraffe la tige du fer à chauffer. 3. part.feel. 3, pag. 8^9. Moule à mottler le bois de placage & t écaille ; ce font des morceaux de bois creufés en contrefens l'un de l'autre , entre lefquels on met le bois ou l'écaillé après l'avoir échauffé au degré convenable. ^pan.feâ.J.pag.^^6, & 1009. Moule , outil de Treillageur ; c'eft un morceau de bois arrondi fur le bois de fil , dont l'extrémité eft diminuée pour pouvoir le tenir plus aifément ; le côté du Moule eft fendu pour recevoir l'extrémité du rond qu'on tourne deffus , pour l'affujétir à un diamètre donné, i. part. pag. 11 18. On fait auffi des Moules creux qui font préférables à ceux ci-deffus , & fervent au même ufage , c'eft-à-dire , à fixer la gran- deur des ronds. Ibid. pag. iiip. Moule à entailler les ronds ; c'eft un mor- ceau de bois creufé pour recevoir les ronds qu'on y arrête : aux deux côtés de ce Moule , font des entailles difpofées comme doivent être celles des ronds , qu'on fait très-régu- liérement d'après ces dernières. 4. part, pag, 1 121. Moule à màtiner au feu; c'eft un morceau de bois rond , fur lequel les Treillageurs appuient les pièces de boiffellerie ou tou- tes autres , pour les faire ployer pat le moyen du feu. i. part, pag, 1 128. Moulures. Ce font des ornements faits fut les ouvrages de Menuiferie , fur le nud def- quels lis faiUent quelquefois, ou bien qui font faits aux dépends de fon épaiffeur ; l'af- femblage de plufieurs Moulures forme co qu'on appelle des profils. Voyez Profit. Les Moulures de Menuiferie ont diffé- rents noms, & font de plufieurs efpeces: ils peuvent fe tracer géométriquement. 1. part. pag. 40 & fuiv. Moyeu. Les Treillageurs nomment ainfi un morceau de bois dans lequel font placées les tiges des fleurs dont ils couronnent or- dinairement les vafes. pnrt. pag. 1210. Mûrier , bois d'Europe ôc d'Afie , de cou- leur tirant fur le jaune-verdâtre. ^.part.feCl^ 3 , page 785. Mufeaiix. On nomme ainfi les appuis fall- lants des ftalles , lefquels font arrondis par les bouts & ornés de moulures. 2. ^art. pag. 217. Mutules. On nomme ainfi des efpeces de modillons plats, 6c d'une forme quarrée pac leur plan , dont on orne la corniche Dori-; que. i. part. pa^. 1048. Miifcadier , bois qui croît aux Indes orien-; taies. 3. part.feB. 3 , page Tj-j. N. Nacre de perle ; c'eft l'écaillé d'une efpece d'huître dans laquelle fe forment les perles j 9 de [Art du fon ufage en Ebdnillerîe. 3. fan. feâ. 3 , '"'^Aa-Jàtc. (Guillauma) On appelle ainf, un Guillaume dont le fût eft diminué fut l'épaiffeur, comme une navette de iUle- rand. i.fart.fag- 7Î- Nêccjjane. Voyez Mte de toilette. Ntche. On nomme ainfi toute forte de ren- foncement pratiqué dans une pièce , lequel cft revêtu de Menuiferie , pour placer un ht, un fopba , &c. On appelle auffi ( liambre en vide, celle dont la place du lit eft indiquée par un renfoncement fait exprès. 2. part. pag. '''^Nide. On appelle ainfi toute cavité prati- quée dans l'épaiffcur des murs , pour y pla- cer une figure, un vafe, &c. Il y a des Niches quarrées , & d'autres demi-circulai- i-es par leur plan ; celles qui font quarrées par leur plan , le font aufli par 1 élévation ; & celles qui font demi - circulaires par le plan , le font également par l'élévation. 4. part.pag. 10S6. Niche marrée en Jrchiteâure. On entend par ce terme un corps faillant & droit , tant fur la perpendiculaire qu'horizontalement, lequel enferme les arcades , pour empê- cher que leur impolie ne vienne pénétrer les pilafires ou les colonnes placés à côté de ces ouvertures. 4. part. pag. 101S8. A'iyeaa de Mmuifier , efpece d'équerre de bois , dont les branches font égales , & qui font entretenues par une traverfe placée vers leur extrémité inférieure ; cette traverfe ell divifée au milieu de fa longueur par un fort trait qui répond à l'angle de l'équerre ou Ni- veau , où eft un trou par lequel palTe un hl , au bout duquel eft attaché un plomb ; ce fil doitpafTer par le milieu du trait qui divile la traverfe , pour que le deftous des bran- ches du Niveau foit dans une fuuation parallèle à l'horizon, i. part. pag. 9°. Niveau. { mettre de ) Par ce terme , on entetid l'aBion de mettre un ouvrage dans une fuuation parallèle à l'horizon , c'eft a- dire , qui ne We pas plus d'un bout que de l'autre. Voyez l'article précédent. 2. fart, page 2*5 & Iv.iv. Attui ou fortie d'une branche dans le corps de l'arbre , qui en rend fouvent les pièces défeaueufes : différentes efpeces de Nœuds. 1. part.pag. 2$. No'.x , rainure dont le fond eft arrondi en creux. On appelle de ce nom le bouvet qui fait cette ; „.aure 6c la languette qui doit y entrei. i. part.pa<re <)\. Noix de galle , excrefcence qu'on trouve fui le chêne verd nommé P.ot:vre. Elles fer- vent pour teindre en noir. 3. part.felt. 3 , Noyer , bois de France , un des plus beaux qu'on emploie pour la Menuiferie; fa cou- leur eft d'un gris cendré veiné de noir. i. Menuifier. î29^ part, page 26. 3. fart; feBim 3. page 7S5. Niid. Par ce terme les Menuifiers enten- dent le devant d'une partie quelconque ; ainli ils difent que telle longueur eft prife du Nitd du mur , du Nad du chambranle , &c. O. (EU de perdrix , efpece de bois de fer qui croît à la Chine. 3. part.fcB. 3 , pag. 777. Ogive ou Ogif, efpece de voûte gothique , compofée de plufieurs arcs de cercles , & for- mant arête au milieu de fa largeur. 2. fart, pa^. ^61. Olive , efpece de moulure dont la coupe eft d'une forme à peu -près femblable à celle d'une olive ou d'un ovale très-allongé, i. part.pag. 44. Olivier , bois de couleur jaunâtre, rayé de brun , qui croît en Afie & au Midi de l'Eu- rope, i.part.feff. 3 ,pag. 778. Ombrer ( manière d' ) les pièces de mofa'i-' que, ce qui fe fait par le moyen du feu ou des acides. 5. part. Jeil. 3 , pag. 881 & fiiiv. Onde. On appelle ainfi les marques que font fur le bois les fers des varlopes & des rabots , à chaque copeau qu'ils enlèvent. 0,ides , (outil à) ou machine propre à onder la furface & le champ des moulures. Comme cette machine eft très compliquée , on pourra avoir recours à fa defcription. 3. part. feâ. î ,pag.S2). . _ Onglet. On appelle de ce nom tout jomc coupé diagonalement fuivant l'angle de 4J degrés. Voyez. l'Article Coupe. Or ; le plus beau , le plus précieux & le plus dangereux de tous les métaux. On ne l'emploie que dans des ouvrages de très- grande conféquence. ^.part.fea_. },pag.p9°- Oranger , bois de couleur jaunâtre , ôc blanc vers le cœur , qui eft originaire de la Chine, s- pan. Jea. 3 ,pag-nS. Orangeries , vaftes pièces dans lelquelles on met les arbres qui ne pourroient pas rélif- ter au froid de l'hiver , du moins dans es climat. 4.pai-t.;<a^. 1233- Ordres d'ylrcliitsBure Grecs ; leur caratlere diftinaif, leurs noms & proportions, ^.pan. pa^. 104t. 'Oreilles. On nomme ainfi de petits cin- tres qui forment ordinairement un quart de cercle ou d'ovale. Les Oreilles fe placent aux angles des traverfes , foit qu'elles foienc droites ou contournées dans toute leur lon- gueur. On fait auffi des Oreilles quarrées ; ce n'eft autre chofe qu'un angle faillant qu on lait à l'angle d'un panneau. i.pan.pag.U'i. Oreille-d'âne. On nomme ainfi une vouf- fure dont la partie fupérieure eft droite en devant , & dont le fond eft bombé en arc: elle eft de l'efpece des voulfures de Mat- feiUe. 2.'fart. pag. 324. J2p2 Table Alphabédq, Orme, faoîs de France très-liant, qui n'eft guère d'ufage en Menuiferie, que pour la ccnftrutlion des cailles des voitures, ^.paru fe6î. 1 j pa^, ^6B. Ornement. Par ce terme , les Menuifiers entendent toute forte de fculpture quelcon- que faite fur leurs ouvrages , foit qu'elle foit prife dans le même bois , ou qu'elle foit feu- lement appliquée defliis. i.part, pag. -i^. & 2, part. pag. 280. Ornements do Mofaique ; la manière de les découper & de les conftruire, j.part.feef. 3, pag.2So. Ofter , bois de France , tendre & blanc, qui n'eft d'ufage que pour l'Ebénifterie, 5. part.feS. 3 , pag. 785. OJJe/eî f c'eft un écrou fait en bois , dont les extrémités font cliantournées & un peu allongées pour qu'on puiffe le ferrer & le defferrer plus siKmem. s . part. feff. ^,p.io6. Ottomane , grand fiége qui fert à la fois de foplia & de lit de repos, ^.part.fect, 2 , pag. 6j2. Ourdir, terme de Canniers, par lequel ils défignent la première paffe de la canne. 3. fart. fett. 2 , peg. 6j l. Outih de mouttsre. Par ce terme , on entend tous les outils à fût propres à Ipoufler des moulures quelconques, comme les mouchet- tes , les rabots ronds , les congés , les ronds entre deux quarrés , les boudins à baguettes les bouvements fimples &: à baguettes , & les talons renvetfés. 1. part. pag. 83 & /uiv. & chacun des Articles ci-deffus. Outils des Menuifters en Carrojj'es , à peu- près femblables à ceux des Menuifiers de Bâtiment. ^. part. fe3. i ,pag. 473. Ouli/s des Menuifiers en Meubles , peu nom- breux, & à peu-près les mêmes que ceux des Menuifiers de Bâtiment. 3. part. fect. 2, page 602. Outils des Ebènifies , allez nombreux , dont une partie diffère de ceux des autres Menui- fiers. s.pan.Jecl. 3. pag. 802. Outtls des Treillageurs , peu nombreux , mais différents de ceux des Menuifiers pour la plus grande partie. 4. part. pag. 1 1 07. Ouverture. Par ce terme on entend le vide que préfente une porte , une croifée , une niche , &c. Il fe prend auffi pour faire çonnoltre la manière dont les joints ou ou- vertures des différentes parties font difpofés : ainli on dit, ime porte, une croifée, une ar- moire , lire, ouvrante à feuillure , à noix , à gueule de loup , à doucine , &c. i . part. pag. po , 121 & 125. Ouvertures en ArchiteBure. Par ce terme on entend toute efpece de vides , comme ceux des portes, descroifées, des niches , &c. qui font eux-mêmes fous-entendus pad: leur baye ou pourtour , fans avoir aucun égard aux rempliffages de ces mêmes ouver- tures, ^, part, pag, 10(55, 'e , OU Focabulaire Ove , efpece d'ornement particulièrement confacréaux quarts de rond. 4. ;;flr/.^, ii^;. P. Pellette à foret ; c'eft une pièce de boiV garnie d'un morceau dans lequel il y a plu- fieurs trous , dans lefquels on place un de» bouts du foret pour appuyer deffus. 3. part. Ceci. 3 ,pag. 93p. Palier , ou repos obfervé aux angles, ou , pour mieux dire , à chaque révolution d'un efcalier. 2. part, pag. ^33, P alijade. ( treillage de ) On nomme ainlî toute partie de Treillage ifolée, & qui fert de féparation dans un jardin. 4. part. pag. 11J7. . Paliffandrt ou Palixandre , efpece de bois violet , tirant fur le brun. Il eft très-poreux & de bonne odeur. }. part. fe(l. s,pag.-jSo. Pance ; c'eft le nom qu'on donne à la par- tie inférieure du fût d'un baluftre. 4. pan. pag. 1073. Panne. On appelle ainfi la partie la plus menue d'un marteau ; la Panne eft ordinaire- ment mince & arrondie. 1. part, pag. 57. {*) Panneau , partie de Menuiferie compofée de plufieurs planches jointes enfemble, le- quel entre à rainure & languette dans les cadres ou les bâtis de l'ouvrage, i. part, page it & 2. part, page 171. On nomme Panneau arrafé , celui quî affleure le bâtis ; & Panneau recouvert, celui qui fait faillie fur ce même bâtis. Panneaux propres aux voitures , faits de bois de noyer , minces & d'une feule pièce , qu'on fait cintrer au feu , ce que les Menui- fiers en carroffes appellent faire revenir les panneaux. 3 . part. fecl. 1 , pag, 49 1 . Pans des lits , ou battants d'une couchette, dans lefquels les goberges font affemblées. 3. part. feB. 2 , pag. 666. Papliofe , grand fiége ou lit de repos. Voy. Ottomane, Parabole , courbe & furface donnée par la coupe d'un cône, faite parallèlement à un de fes côtés, i . part, p.i:; , ^. part. pag. ap8. Paravent , efpece de meuble à bâtis, com- pofé de plufieurs feuilles jointes enfemble par des charnières. 3. part, feB, 2 , pag, 742. Parclaufes , petites traverfes minces qu'on rapporte aux pilaftres ravalés. Parclaufes ou Confoles, On nomme ainlî les montants chantournés qui fervent à fépa- rer lés flalles. 2. part. pag. 221. Parrjuers. Ce font des parties de Menui- ferie compofées de bâtis & de panneaux arrafés les uns avec les autres , & difpofés félon différents compartiments. Il y a de deux fortes de Parquets , les uns qu'on ap- plique dans le devant & au bas des portes- (*)riya, dansIaTçxleiline ftule en cet endr™' : oa X Ut E'^Wî l'unit^ cocheres , de L'Art du Coclieres , & les autres qui fervent à revêtir ies aires ou planchers des appartements, i. jart. pcig. 123 bis, & 2. fart. p. 154 ^ fuiv. Parquet àe glace. On nomme ainfi la Me- nuiferie qui porte les glaces de cheminée , ôtc. Ces fortes de Parquets font compofés de panneaux & de bâtis , auxquels ces der- niers défaffleurent. 2. part. paz,. I7f). Parement. Par ce terme , les Menuifiers entendent la face apparente de leurs ouvra- ges ; c'eft pourquoi ils appellent Owjra^e à double parement , celui dont les deux cote's font ap,arents , ou, pour mieux dire, qui eft travaillé des deux côtés. Patin. On appelle de ce nom toute pièce fervant à porter quelque chofe ; c'eft pour- quoi on nomme ainfi les plinthes qui portent îesftalles , & dans lefquelles elles font affem- blées. 2. part. pa^. 220, Patin , forte pièce de bois dans laquelle on afTemble les pieds des bancs de jardins & autres. part. pa?. 1227. Parpin ou mallif de pierre, fur lequel on élevé quelquefois les ouvrages de Treillage. ^.part.pa^. 1 142. Partie. Dans les ouvrages de Aîarquete- rie oîi on emploie les métaux , on nomme ainfi celle où ces métaux forment les orne- ments de l'ouvrage, & le bois, ou plus communément l'écaiile , le fond ; & quand , au contraire , ce font les métaux qui forment ie fond de l'ouvrage , & l'éjaille les orne- ments, on dit que c'eft de [ouvrage en contre- partie. 3. part. feÛ. 3 ,pag. 1014. Patte , efpece de clou dont l'extrémité eft applatie & élargie en forme d'ovale , & per- cé d'un ou deux trous pour l'attacher contre l'ouvrage. 2. part. pag. 26 1 . Patte ; c'eft la partie mobile d'un fergent. Voyez cet Article, Pavillon. On nomme ainfi la partie fupé- lieure d'une caifie de voiture ; quelquefois on appelle les Pavillons Impériale) , quoi- qu'il y ait de la différence de l'un à l'autre. S.part. feel. i ,pag.^;7, ^ij fuiv. PavilUi de In. Voyez l'Article Ciel de lit. Peau de chien ; c'eft la dépouille d'un poif- fon nomme Clhen marin ; cette peau eft par- femée de petits grains termin 's en pointes, ce qui la rend propre à polir le bois. Le côté de la tête eft le plus rude de la peau ; la queue & les nageoires, appellées , par les Ouvriers, oreilles, font les parties les plus douces , & fervent à terminer l'ouvrage. ■i. part. page 88. part. fecl. 3 , page Pédale ou Mjrche ; ce n'eft autre chofe qu'un morceau de bois fur lequel on pofe le pied pour faire mouvoir foit une meule, le tour, le levier d'un âne ou d'un chevalet, &c. Voyez ces différents Articles. Peigne; ( tenon 3 ) c'eft un tenon de rap- port qu'on colle dans des traverfes , foit Treillaceur, Menuifur. upj droites ou cintrées. Ces tenons ont des gou- jons de leur épaifleur, qui entrent dans l'é- paiffeur des traverfes, ce qui leur a fait don- ner le nom de Tenons à peigne. 1. part. pag. 49. 2. part. pag. 40p. Peigne Ou Herfe. On appelle ainfi les ex- trémités des échalats de Treillage , qu'on fait entrer dans la terre , ou bien qui f irpaflent la dernière latte du haut de ces mêmes Treil- lages ; dans ce dernier cas , on les termine en pointes. 4. part. page l 1^2. Peinture en bois. Voy. Abfalijue. Pelle-d-cul, efpece de Chaife de Jardins, dont le deffus du fiége a la forme d une pelle. 4. part. pat;. 1224. ^ Penden:if ou queue de paon. On nomme ainli la retombée d'une partie de voûte , qui, d'un plan quarré ou à pans , vient tegjgnet un plan circulaire dont la circonférence parts en dedans du premier. 4. part. pag. loS;. ■ Pendule. ( boite de ). On nonîme ainfi des caifl'es ou chaftis de Menuiferie ordinaire , ou plusfouvent d'Ebénifterie, dans lefquels on place des horloges de moyenne grandeur, nommées PcnAi/cj, lefquelles ont donné leur nom aux boîtes dans lefquelles elles font placées. 3. part. felt. 3 , pag, J. Pénétration. Par ce terme on entend l'ac- tion par laquelle un corps entre dans un au- tre , foit en toutou en partie, & la connoif- fancede la couibe que forme l'approxima- tion ou les points d'attouchement de ces jeux corps. La fcience de la pénétration des corps eft ttès-néceffaire aux Menuifiers. 2. pa.t. pag 307. Pénétration en /trchiteHure. On entend,' par ce tenne , l'aSion, ou, pour mieux dire, le défaut qui réiulte de l'approximation de deux corps, dont les membres faillants en- trent les uns dans les autres, foit en tout oti en partie. Les pénétrations font un grand vice en Architeaure , & on doit faire tout fon polfible pour les éviter. part.pag.lo6S. Pente. Les Menuifiers entendent par ce terme l'inclinaifon qu'ils donnent au fer de leurs outils. On dit encoit la pente d'un joint, iTc. i.part.pa^. 62. Perfoir; c'eft un petit outil à manche, dont le fer, long de 2 à 3 pouces, eft aigu & d'une forme applatie par fa coupe, de forte qu'elle préfente deux arêtes qui coupent les fils du bois lorfqu'on l'enfonce dedans pour y faire un trou. 3, part. feS. 3 , pag. <joi 4. part. pag. 1 1 op. Perroquet ou Ckaife ployante , efpece de fiége de campagne. 3. part.feB. 2 , pag. 58 p. Perjpeâive , Art qui a pour objet de re- préfenter, & cela par le moyen du dsffin ou de la peinture, différents objets, non pas tels qu'ils font , mais tels qu'ils paroi/Tent à notre vue. Cet Art eft néceliaire aux Ebéniftes ; la manière de l'exécuter en bois de rapport. ^, part. feci. 3 , pag. iCj & fuiv. Di^ I2(j4 Table Alphahénque Perftemîes ; ce font des efpeces de jalou- fics qui n'ont pas de bâtis , mais qui font faites avec des Jattes attachdes à certaine diftance les unes des autres , avec des rubans de fil, & qu'on fait mouvoir par le moyen de plufieurs cordes qui pafTent au travers. i.part. pag. 105". Pétales j ce font les feuilles colorées qui forment la partie la plus apparence des fleurs. 4.. part, pag, 1 2 ip. Petit!) boh. Voyez Crolfdhu^, Peuple , bois de France , très-mou , d'un blanc un peu roufsâtre. Il n'efl: guère d'ufage que pour le dedans des voitures. ^. pan.Jèùl. I , pag, 45p. Phaêton , voiture deflinde à la promenade feulement, laquelle n'a pas d'impériale. 3. part. JeB. i , pag. 580. Pièce (jtiûrrèe , efpece d'dquerre pleine , propre à vérifier fi l'ouvrage eft affemblé quarrément. C'efl aufli une des pièces qui entrent dans la conîlruÛion du parquet, i. part. pag. 87. Pièce d'appui. On appelle ainfi la tr^verfe du bas d'un dormant de croifée. Dift'éren- tes manières de faire les pièces d'appui, i. part. pag. 92. Picce-onglet ; c'eft une de celles qui com- pofent le bâtis d'une feuille de parquet : elle efl coupée d'onglet par les deux bouts. 2. part. pag. 1^9. Pièce. Sous ce nom , les Treiilageurs en- tendent une bûche , foit de châtaigner ou de frêne , qui eft fans nœuds & bien de fil, afin de pouvoir la fendre en parties auffi minces qu'ils le jugent à propos. ^. part, pag. iio5. Pièce. On nomme ainfi les traverfes du pourtour d'un fiége quelconque; c'eli: pour- quoi on dit Pièce de devant , de derrière & de coté, 3, part.feB, 2. pag. fi 15", Pied-de-hiche ; c'eft un morceau de bois dur, dans le bout duquel elî faite une en- taille triangulaire , fervant à retenir le bois fur le champ le long de l'établi, i. part, page 61- Pied-de -Biche. On nomme ainft tout pied de fiége ou de table, qui efl cintré en S fur fa hauteur fur tous les fens. 3. part.feSi. 2, pag, 61^. Pied-cormier ou cornier jCe qui eft mieux. On nomme ainfi tout battant formant angle fatl- lant , dontl'arête eft arrbndie. 2. part. p. 2^6. On appelle aufTi Pieds-cormiers , les quatre battants d'angle de la caiffe d'une voiture. ^.part.feâf. i ,pag, ^66. Pied d'entrée , battant ou montant d'une voiture, fur lequel la portière eft ferrée, ou contre lequel elle vient battre. 3. part. JeÛ. I , pag. ^66. _ ^ ^ Piédejîai , partie d'Ârchlteûute qui eft ornée d'une corniche 6c d'une plinthe. Le Piédeftal fert à fupporter une colonne, ^, pm, page 1042. , ou Vocahulahe Pieds droits. Ce font des parties lifTes qui foutiennent les imposes d'une ouverture quelconque. ^. part, pag, loôj. Pieds de lit. On nomme alnfi les quatre montants d'un bois de lit ou couchette , dont l'extrémité inférieure eft le plus fouvent tournée en forme de baluftre ; fie ils font quelquefois nommés Pieds déport ou de porc, 5. pcrt.jeB.. 2 , pag, 666. Pieds de fiége. En général , on nomme Pieds , foit de tabouret , de chaife ou de fau- teuil, toutes les pièces perpendiculaires da ces fortes d'ouvrages , qu'on nommeroit Bat- tants ou iMùntants à tous autres. 3. part, fea.2,pag.6i$. ^ . Pierre à l'huile. Il y en a de différentes ef- peces; les meilleures font celles qui viennent d'Afie : elles fervent à adoucir les tranchants des outils , après qu'on les a affûtés fur la meule, ^.part.fecf, 3 ipag. S08. Pierre noire , Pierre foffde qui fert à mar- quer l'ouvrage. Cette Pierre fe conferve bien à l'humidité; mais elle fe durcit & s'exfolie lorfqu'elle eftexpofée à la chaleur ôc au grand air. i, part. pag. 68. Pierre-ponce i c'eft une efpece de pierre calcinée , poreufe & légère , dont on fait Uuige pour polir foit les bois ou les métaux. 3. part.fecl. 3 , pag. 8jiJ. Pierre rouge ou faaguiiie ; c'eft une efpece de pierre fofTde , de couleur rouge, avec laquelle on établit l'ouvrage. 1. part. pag. 68. Pigeo?7 ou Pig}70?j , petit morceau de boia mînce qu'onplace dans un ongletfur lechamp, eu cadre, pour que quand le bois vient à fe recirer, on ne voie pas le jour au travers du joint. ï. part, pag. it^o. PîLiJlre , partie de Menuiferîe compofée de bâtis & de panneaux , qui eft d'une forme oblongue , & qui fert de revêtiflemcnt aux petites parties d'un appartement , ou à fépa- rer deux grandes parties de Menuiferîe, fur lefquelles ils font fouvent avant-corps ou fail- lie , ce qui eft la même chofe. 2. part, pag* \6^. Pi/a/ire. On nomme ainfi une efpece de colonne , ou , pour mieux dire , de pilier quarré par fon plan , & d'un diamètre égal dans toute fa hauteur , en quoi il diffère des colonnes. Les pilaftres ont des bafes & des chapiteaux ainfi que ces dernières , mais ne font jamais ifolés , & ne failliffenc le nud des corps fur lefquels ils font placés j que d'un fixleme de leur diamètre , ou d'un quart tout au plus. ^. part. pag. lo-l-y. Pile de bois. Sous ce nom on entend une quantité quelconque de pièces de bois arran- gées par lits 6c avec ordre les unes fur les autres , de manière que l'air puiffe circulec librement entr'elles. Chaque Pile doit être un peu élevée de terre, 6c être couverte avec un toit de planches. Voyez la manière d'empiler les bois, i . pan, pag. 3 0 &fitiv. de r An du Pin , bois de France. Voyez Saphr. Pince à brûler ou brunir In brjis. Les mords de cette Pince font longs, ii ont une petite faillie par les bouts & en dedans , pour ne toucher les bois que par cet endroit, s.part. feS. 3 ,fag. SSi. Pime à mdtiner, cfpece de Pince dont les branches font longues & c^paiiTcs ; une de ces branches eft creufe , & l'autre bouge en dedans , afin d'aider au bois à ployer fans le rompre , comme font les tenailles ordinaires. 4. part, fag. 1 127. Placage. Par ce terme on entend toute lorte d ouvrage dont la furface eft revêtue de leuilles de bois très-minces qu'on colle deffus. J.part. (cet. J,pag. ydj 81J. ^ Placage, ( Ebénifterie de ) efpece d'Ebd- mfterie compofée de feuillets de bois très- mmces , appliqués fur un fond de iVIenuife- rie ordinaire, i.part.feff. 3,pag.^6^. PlicarJs. On nomme ainfi les poites d'ap- partements faites d'affemblage , foit qu'elles loient a un ou à deux vantaux. Quelquefois les Flacards n'ouvrent pas, & ne font placés lur les murs d'un appartement que pour le rendre plus fymmétrique ; alors on les nom- me l lacards feints, i.pan.pag. 129 éff„iv. flafond. Un nomme ainli toute efpece de Menuiferie placée horizontalement , fervant a revuir le haut des embrafements des por- tes , des croifées, &c. 2.part.pag. iSi. PlajmJ de brancard. Les Menuifiers en Larrolles appellent ainfi des trapes qui fer- vent a remplir les vides des bâtis d'un bran- card ; & par conléquent ne font, à pro- prement parler, que le plancher de la voi- ture i.part.fea.x,pag.^^o. rian. Par ce terme , les Menuifiers enten- dent également ce qui repréfente la cou™, 1 élévation & le plan de leur ouvrage 2. part. pag. 277. P/ancbe. On nomme ainfi toute pièce de bois refendue depuis un jufqu'à 2 pouces d'é- pailfeur, fur différentes longueurs & lar- geurs. [. part. pag. 2 8 £>- 29. eianc/i„< efpece de Menuiferie compo- fée de planches ou d'aîaifes jointes enfem- b.e , dont on revêtit les planchers ou aires des appartements. î. part. pag. iSi. rianchette. Voyez Chevalet. Plane, outil tout de fer, dont on fe ferc pour mettre la canne d'épaiffeur. 3. part. Jed. 2 , pag. ^ Plane m Platne , outil de Treillageur ; ceft une lame de fer acérée, dont le tran- chant eft fur la longueur, & n'a qu'un bi- feau ; les deux bouts de la Plane font recour- fcés du cote du tranchant & en delfous de ce ou'nn"V*'i'T g""' d'"" "anche ou poignée de bois, avec lequel on tient la Ran lorfquonveutenftireufage. 4. Menuifur. j^p; flan: ou Platane , efpece de bois blanc qui vient de l'Amérique feptentrionale. 3. part.Jea. 3 , pag. 778. Phner. Par ce terme , on entend l'aclion de dreffer & unir le bois par le moyen d'une pane & du chevalet. 4. par,. Voyez auffi C/;cra/tt. Pla>j,ier. Par ce terme on entend l'adion de coller toutes les pièces de revêtilTemenc d un ouvrage ; c'eft une des parties de l'E- béniftene qui demande le plus d'attention & d expérience de la part de l'Ouvrier. 3. part.Jea. 3 , pag. S48 dr 8f o. Plateau ou Tourte. On nomme ainfi un rond de bois plein ou évidé , qui fcrt à por- ter quelque chofe , ou plus particulièrement a entretenir l'écart des tringles qui compo- lent une colonne. 2. part. page 2^7. ^.p'ari. page 11S2 & 1 173. Plate-bande, efpece de ravalement orné dun adouci & d'un filet qu'on pouffe au pourtour des panneaux, i. part. pag. 85, cr 2. part. pag. 171. Plate - bande en Jrchiteatire. On entend par ce terme, le deffous de l'architrave , ou , pour mieux dire , d'un entablement , qui paffe droit d'une colonne à une autre. JLes Plates-bandes n'ont de largeur que le diamètre du fïit fupérieur des colonneî fur lefquelles elles portent. 4. partie paci Plates-faces, psnks de la montre d'un Or- gue, qui font ordinairement fur un plan droit , & qui féparent les tourelles en rem- pliUant l'efpace qui eft entre ces dernières. 2. part. pag. 248. Plein bo,,. ( ouvrage en ) Par ce terme, 011 entend tout ouvrage dans la conftruaion du- quel il ny a pas d'afi-emblage , mais dont toutes les pièces font collées les unes fur les autres a joints droits, foit horizontaux ou perpendiculaires. 2. part. pag. 3 14. Pl,nihe,f3KK liffe, contre laquelle vien- nent heurter les moulures d'un montant de croifée ou d un chambranle. i.;,^rf. pag. jS On nomme auffi Plinthe ou Socle ,Mnt par- tie liffe qui règne au bas du hmbris, au pourtour dun appartement. 2. part, pag, ^ Plinthe. On nomme ainfi la partie infé- rieure dun piédeftal, laquelle eft faillanie & ornée de moulures, 'i. part. pag. 1042. Ployant , petit fiége dont les pieds en X font mobiles. 3. partie feaion 2 , pa<re 610. J r o Point de Hongrie , forte de parquet , ou , pour^ mieux dire , de plancher ,* compofé d alaifes ou de frifes de 3 à 4 pouces de lar- geur, dipoféesenzig-zag, & qu'on nomme aulli Plancher à la Capucine, a. pan. par. r t ù la^fS Table Alphabétique Point âe vue 3 ternie de perfpeSive ; c'efl le point où toutes les lignes horizontales des corpsdoiventtendre. ^.part.fe^-. 3 ,pûg.?>6^. Pointe de diamant. Par ce terme on entend la jonftion de quatre joints d'onglet , tels que ceux des croifées à petits montants. Voy. cet Article, i, part. pag. r^s. Pointes de frifage. Les Treîiiageurs nom- ment ainfi des bouts de fil de fer fan.'^ tête nî pointe , dont ils fe fervent comme de clous d'épingle, j^. part. pag. 1134. Pointe à graver^ petit outil à manche, dont le fer n'eft autre chofe qu'une vieille lancette ou un morceau de refibrt affilé & aigu par le bout. Cette Pointe fert aux Ebé- niftes pour incrufter & graver les ouvrages délicats. 3. part.fecî. 3 , pag. SSfî. Pointe à tracer , outil qui n'eft autre chofe qu'une broche de fer , dont un des bouts eft garni d'un manche, & l'autre eft aiguifé pour pouvoir marquer des traits fins fur le bois ; c'eft pourquoi il eft bon que ce bout foit au moins d'acier trempé, impart, pag. Cç, Poirier, bois de France, très-doux quoi- que plein , d'une couleur rougeâtre , d'un grand ufage pour diverfes fortes d'ouvrages , & fur-tout pour l'Ebcnifterie. 5. part.feti. 5 , pag. 78(5". Poti. Manière de polir l'Ebénillerie , ôc la defcription des ingrédients qui fervent aux différents polis. 3. part.Jcôh 3 ,pag. 858 cr fuiv. Poli du fer & du cuivre, & la defcription des ingrédients qui y font nécelfaires. 3. part, fea. 3 ,pag.s/)^- Polir , aûion par laquelle on unit la furface de quelque chofe, aurant bien qu'il eft poffi- ble , & on la rend claire & luifante. Polijjoir ; c'eft un faifceau de jonc dont on fe fert pour étendre la cire lorfqu'on polit i'Ebénifterie. 3. part.fecf. 5 , pag. By^^. Pommier , bois de France , de couleur blanche, moins en ufage que le poirier. 3. part.feB, 3 , pag. 7S1?. Porches. On nomme aînfi des efpeces de veftibules de Menuiferie, qui fe placenta l'entrée des Egiifes. 2, part, page 244. Porte , partie de Menuiferie fervant à fer- mer l'entrée d'une maifon, d'une chambre , d'une armoire , ôcc. 1. part. pag. iis>. Les Portes cocheres, font celles qui fer- ment l'entrée des Hôtels & des Palais, i.part. pag. \\() & fuiv. Les Portes bâtardes, font celles qui fer- mtnt les maifons particulières, i. part. pag. X28. Les Portes à placard, font celles qui fer- ment les Appartements; 6c les Portes vitrées, celles dont la partie fupérieure eft difpofée pour recevoir des verres. Voyez ces Articles. Portes coupées. On nomme ainfi celles qui ne doivent pas être apparentes , & qui font prifes dans des lambris , dont les panneaux fe j ou V ocahulaire trouvent quelquefois coupés fur la hauteur ou fur la largeur , & fouvent même fur les deux fens à la fois. i. part, page 146", & 12., part. pag. i^^. Pones-crorfécs. On nomme ainfi des croi- fées dont la partie inférieure eft remplie par un panneau , & qui font pofées dans une baye qui donne fur une terrafle ou un balcon , ou , pour mieux dire , qui font ouvertes jufqu'au nud du plancher d'une pièce, i.part. pag. \oo. Pone-wontre , efpece de petite boite de pendule, dans laquelle on place une montre portative, ou une très- petite horloge à relfort. ^.part.Jeâ. 3 ^pag. 1002. Portes pleines. On nomme ainfi les Portes unies -, lefquelles font compofées de planches jointes enfemble à rainures & langu.ttcs j &: avec des clefs, i.pa'^t.pûg. 149. Porte en /Irchitetlure. On nomme riiiiù toute ouverture qui defcend julque fur le fol d'un édifice , ou fur le plancher de ce même édifice, fuppofé qu'il ait plufieurs étages. 4. part. pag. iq6$. Porte-tapijferie. On nomme ainfi le dernier membre de la corniche d'un Appartement , contre lequel le lambris de hauteur vient joindre. 2. part* pag. 173. On appelle encore Porte - îapijjerie , un chaftis attaché fur la porte d'une pièce , le- quel monte jufques fous la corniche , ÔC fert à porter la tapilferie qu'on attache delTus, afin qu'elle s'ouvre avec la porte qu'elle ca- che , ce qui n'eft guère d'ufage que dans les Appartements de peu de conféquence. Porte'tapiJJerie. Par ce terme , lesMemu- fiers entendent la faillie que fait la corniche d'un Appartement, tan: fur les murs que fu£ le nud de l'ouvrage. 2. part. pag. 275'. Portières. On nomme ainfi les portes d'en* trée des voitures. Aux Chaifes-de-pofte , les Portières font placées par-devant , & ou- vrent horizontalement ; dans ce cas on les nomme Portières à la Toulouje. 3. part. JeH. 1 , pag. ^66 & 547. Pojë, pofûge la Menuiferie. Par ce terme on entend l'aÉtion d'ajufter & d'anêter en place les divers ouvrages de cet Art. 2. part, page 264. Pofu'if, petit buffet d'orgue qui fe place toujours au-devant d'un grand. 2. part. pag. 247- Poî à colle , petit vafe de cuivre rouge, fupporté par trois pieds , & garni d'un man- che. Il fert à faire chauffer la colle, i.part, pag. 80. Poteaux OU Pieux , pièces de bois dim.inuées & brûlées d'un bout, que les Treillageurs enfoncent en terre pour foutenir les treilla- ges , foie d'appui ou de hauteur. 4. part, pag. 113p. , Poupées , fortes pièces de bois placées fur le banc du Tour , & avec lequel elles font arrêtées , de manière cependant qu'on puiffe les de FAn du ?es faire aller & venir entre les jumelles quand on le juge à propos. Au haut des Pou- pées font placées des pointes de fer qui fer- vent à centrer l'ouvrage qu'on veut tourner. Poujjer. Par ce terme on entend l'adion de former fur le bois des moulures , des rainu- res, des feuillures, ôcc ; c'cfl: pourquoi on dit poujTer un bouvet , un giullaume , une gorge , &c. Ce terme efl; gdnéral pour Tufage de tous les outils à fer Ôc à fût. Quand les par- ties fur lefquelles on forme des moulures , font cintrées , ôc qu'on ne peut fe fervir des outils de moulures ordinaires , les moulures fe font avec des outils à manche nommés gouges, & autres, ce qu'on appelle /JOi/_//£r les imtilures à la main. i. part, page 83. Prêie , efpece de jonc marin , dont la fur- face efl: rude & cannelée. On s'en fert pour polir l'ouvrage , & principalement l'Ebcnifte- xiQ. ^.pan.jeâ, ^ , pag. 8yp. Préparer l'ouvrage au Sculpteur, c'eft-à- dire , y réferver ou y coller des maifes de bois de la forme générale, & de la gran- deur des ornements de fculpcure. 2. part, pag, 2"oO. Preffe d'habl'i. î^le efl: compofée d'une via en bois ou en fer , 6c d'une jumelle ou mord. L'ufage des Preifes d'écabli efl: le même que celui des valets de-pied. Voyez l'Article l^a- ht. 1. part, page 7 5. Il y a encore des Preffes d'établi qui font compofées d'une jumelle & de deux vis ta- raudées dans le deffus de l'établi. 1. part, page $6. 5. part, (ccL 1 , page ^72 & feàl, 5 , page 8oy. Prejfe à fcier ou à refendre debout ; c'eft une efpece d'établi dont font ufige ceux qui re- fendent le bois de placage, 3. pari.fecL 5 , page 8 00. PreJJes ou yis â main. Ce font des outils 'd'Ebénifl:e , compofés de trois morceaux de bois affemblés en retour d'équerre, dans l'un defqueis eft taraudée une vis de bois, qui , en partant au travers, vient butter contre l'autre. Cet outil fert à affujétir en place des pièces de placnge. On fait de ces fortes de PrelTes tout en fer ou en cuivre, fur-tout lorfqu'elles font petites ; 6c alors on les nom- me happeu part. fcB. 3 , pag. 849 & fuiv. Pi'ej]e, outil d'Ebénifte. Elle efl: compofée de deux jum.dles , & de deux longues vis de bois : elle fert à retenir les joints des pièces qu'on a collées enfemble. 5. part, Jecî, 5 j pag. 8o5. Preffes, machmes fervant à l'imprelîîon, foit en Lettres ou en Taille-douce. Il y en a de grandes Ôc de petites ; les petites fe nom- ment Preffes de Cabinet , fic ne peuvent fer-' vir que pour faire de petits ouvrages de peu _ deconféquence. 3. part.JeB. 3 , pag. <)66 û' fuiv, ProfL On appelle de ce nom Paffemblage Treillageur,. Menuifier. ta 97 de plufieurs moulures dont bii orne les di-^ verfesefpecesdeMenuiferies. 1. part. pd.\. 4^0 Parle mot de Profil , on entend encore la figure que doit repréfenter le relief de ces mêmes moulures, coupées dans leur largeuC Ôc perpendiculairement à leur furface. Pvojiter. Par ce terme on entend Tattibrï de tracer des profils iur le papier , ou de les exécuter en bois. Ce terme fignïfie encore que deux membres de moulures ou de pro- fils fe rencontrent parfaitement a fendroic de leurs joints, ou enfin qu'on entaille un morceau de bois félon la forme d'un profil,' ce qui s'appelle contre - proj.L'r. Voyez cet Article. Prunier, bois de France doux 6c léger,' d'une couleur ventre -de - biche , veiné de rouge, d'un bon ufage en Ebénifterie. 3. part. jeB, 3 , pag. 785. Puant, bois de très-mauvaife pdeur , qui croît au Cap de Bonne-Efpérance. 3. part, feâ. i>pag. 11%. Pupitre , efpece de petite caflTette dont le defTus eft un peu incliné , pour la commodi- té de ceux qui écrivent delfus. ^. part, (ecl Pupitre , efpece de petite table dont le deffus eft difpofé obliquement , & garni d'un rebord par le bas , afin de retenir les livres qu'on place deffus. Jl y a des i'upî- tres de différentes fortes, les uns avec des pieds ôc mobiles, tant fur la hauteur qu'ho- rizontalement , d'autres fans pieds , Ôcc. 5. pari.feçl. 3 } P^g- 91'}* Qjian de rond , profil & outil de moulure conipoK d'un quart de cercle ou d'ovale, ôc de deux filets. Voyez Rond entre deux qttar* rés. Quartier tournant. On nomme ainfi la révo- lution que font les marches autour d'un an- gle quelconque. 2. part. pag. ^2p. Queue, efpece d'affemblage qui fe fait au bout des pièces de bois pour les réunit en angle les unes avec les autres. On les nomme Queues d'aronde ou d'ironde , à caufe de la forme dvafée de l'efpece de tenon ainli Hommé. r. part. pag. 47. Queue. { pièce à ) On nomme ainfi toute partie aCfemblée à queue, ou rapportée à queue dans le corps de l'ouvrage. "Voyez Barre â queue^ Queues recouvertes Ou perdues. On nomma ainli celles qui ne font pas apparentes à l'ex- térieur du bois. I. part, page 47. Queue , forte d'inftrument propre au jeu de billard, ^.part.feff. 2 ,pag. jio. Queue de morue. On nomme ainfi unê planche dont la largeur eft inégale d'un bout à l'autre : on doit éviter de mettre des plan- ches en queue de morue dans les panneaux &; autres ouvrages apparents , parce que l'obli- E 15 Table Alphabétique Ï298 quité de leurs jonits eft défagréable à l'œil , & que de plus les joints ainfi diffolés font plus d'effet en fe retirant que ceux qui font parallèles. R. R abat , outil à fût d'une condruftion à peu- près femblable aux varlopes , dont il ne dif- fère que par la longueur , & parce qu'il n'a point de poignée. Cet outil fert à finir l'ou- vrage , & aux endroits où il n'eft pas nécef- faire de fe fervir de la varlope, i.fan. pag. 66. Rabot à dents. On nomme ainfi les rabots dans lefquels on met des fers bretés. Voyez Breté. Rabot de fer. On nomme ainfi un Rabot dont le fût efl: tout de fer. On s'en fert pour les mdtaux & les bois de bout ou. extrême- ment durs. j. fan. fett. j , fag. S 10. Rabot à mettre d'épaiJJ'eur. Il diffère des Rabots ordinaires , par l'addition de deux joues mobiles qui y font rapportées aux deux côtés , & qui y font arrêtées avec des vis. Ce Rabot fert à mettre d'épaiffeur égale des tringles , quelque minces qu'elles foient. 4. part, page 1 12p. Rabot rond, outil à fût, dont l'ufage ell de creufer dans le bois , & dont , par confé- quent , le fer eft affûté en rond, i . part. pa^. ^ Rac'meat'X. On nomme ainfi de petits pieux de bois qu'on enfonce dans la terre pour foutenir les bandes de parterre & au- tres ouvrages de cette nature. 4. part. pag. 114;. ^ Racler. Par ce ternie on entend l'aflion d'unir & d'achever d'ôter les inégalités d'un morceau de bois , & cela par le moyen du racloir. Voyez l'art, fuiv. Racloh. Cet outil eft une lame de fer à la- quelle on donne le mord-fil , & qui eft em- manchée dans un morceau de bois pour la tenir commodément, i . fart. pag. Si j 3 . fart.feci. 3 , pag. Sj8. Il y a des Racloirs auxquels on ne donne point de morfil , & dont les arêtes font mê- me un peu arrondies. Ces fortes de Racloirs fervent aux Ebéniftes à enlever le fuperllu de la cire qu'ils ont étendue fur leurs ouvrages. î.fart. fea. pag Sjp. _ Raccord. Par ce terme on entend ia ma- nière de faire rejoindre enfemble les mou- lures d'une pièce horizontale , avec celles d'une pieée rampante. Il y a des Raccords à angles & des Raccords droits. 2.. part. pag. 377 e?" fftv. Rainure, cavité faite fur l'épaiffeur d'une pièce de bois parallèlement à fa longueur , dans laquelle les languettes viennent s'affem- bler pour pouvoir joindre deux pièces de bois enfemble. Voyez les Articles Languette, Joint , Bouvet & Panneau. j OU Vocabulaire Rais de cœur , efpece d'ornement particu- lièrement affeaé aux moulures nommées talons. part. pag. i icjp. Rallongement des bois. On entend par ce tenue , l'augmentation de longueur d'une pie- ce quelconque, lorfqu'on y ajoute une ou plu- fieurs pièces au bout les unes des autres ce qui fe fait par le moyen des entailles , des' en- fourchements , & , ce qui eft le mieux, des joints en flûte , 6c des affemblages à trait de Jupiter, i. part, page ^-j. Voyez les Articles Huie 6c Jupiter. Rampante. On donne ce nom à toute pieca pofée dans une fituation inclinée. Ainfi on dit (Qu'une Rampe eft droite , ou ciunne pieee eft fmipkment rampante , lorfqu'elle eft droite fur fa longueur , ou Amplement inclinée ; fi, au contraire , cette pièce eft fur un plan cintré , on la nomme courbe rampante. 2. part. pag. 337 & 3ffy- Rampe. On nomme ainfi l'appu! d'un ef- calier, lequel fuit l'inclinaifon de fes limons. 2. pan. page 433. Rape à bois, efpece de lime dentelée, dont les dents font plus ou moins gtoffes , félon les différents ouvrages où on les emploie. i.pan. pag. 83. & ^.part.feB. 3 pag. 537. Rappel, (boîte de) On nomme ainfi une efpece de boîte longue dans laquelle eft pla- cée une vis qui la fait avancer & reculer. Cette boîte fert aux établis de Menuifiers , nommés ét.Mis à l'Allemande. Voyez cet Article. Raquette , efpece de fcie dont les Scieurs de long font ufage pour refendre les pièces cintrées, part. pag. 3p. Râtelier; c'eft une planche, ou fimple-» ment une tringle de bois attachée contre le côté de l'établi ou fur le mur de la boutique , pour y placer les outils à manche , comme ci- feaux , becs-d'âne , &c. ce qui oblige d'ifoler le Râtelier de f à 5 lignes au moins , & cela par le moyen de deux taffeaux qu'on met en- tr'eux & le mur, ou le côté de l'établi, i. part, pag, 57. Rebour. ( bois de ) On nomme ainfi celui dont les fils ne font pas parallèles à fa furface, & à contre-fens les uns des autres, de forte qu'on ne peut le travailler que difiîcilement. Par ce terme on entend auffi travailler le bois en contre-fens de fon fil. 1. part, page 0.6 & Ravalement. On entend par ce mot la di- minution d'une pièce de bois en certains en- droits pour en faire (aillir quelque partie, foit qu'on veuille y former des moulures faillan- tes , ou y réferver des maffes pour de la fculpture. l. part. pag. ji. Recaler. Par ce terme on entend l'aflion de dreffer & finir un joint quelconque , ce qui fe fait au cifeau , au guillaurae , au ra- bot ou à la varlope-onglet , félon que le cas l'exige. 1. pan. pag. S3 & 87. de l'Art du Recakir ; c'ell un morceau de bois ravalé dans une partie de fa longueur , & dont l'ex- trémité du ravalement eft terminée en demi- cercle. Les deux cotés du ravalement font fouillés en delTous pour faire place aux lan- guettes du couvercle du Recaloir, quieft auffi creufé en demi - cercle par fon extrémité , pour pouvoir faifir les ronds qu'on met dans le Recaloir pour les recaler , c'ell-à-dire , les mettre d'une épaLOfeur égale. 4. pan. pag. 1 j i^. Recouvrement. On nomme ainfi toute fail- lie que forme la joue d'une pièce embreuvée dans une autre; c'efl: pourquoi les panneaux qui font en faillie fur leurs bâtis, fe nom- ment panneaux à recouvremeni, l . part, page 100. Recuire. Par ce terme on entend l'aflion de donner de l'élaflicité au fil de fer , & cela par le moyen du feu. 4. part. pag. 113;. Refuite. { donner de la) On entend par ce terme la facilité qu'on donne aux planches des ouvrages emboîtés , de fe retirer fur elles-mêmes , ce qu'on fait en élargiifant les trous des chevilles dans les tenons , & en de- hors de chaque côté , c'eft-à-dire , du côté des rives de l'ouvrage, i. part. pag. 149. Reg/e , aingh de bois mince & droite, dont on fe fert pour prendre des mefures. Il y a des Règles de différentes longueurs, de- puis quatre jufqu'à douze & même quinze pieds : celles qui ont fix pieds" de longueur & qui font divifées en fix parties égales , fe nomment Toifes. Voyez cet Article. Règle à panneau. On nomme ainfi une pe- titellegle mince, à laquelle on a fait une en- taille d'un pouce de profondeur à une de fes extrémités. Cette Règle fert à prendre la mefure des panneaux , dont la longueur des deux languettes, foit à bois de bout ou à bois de fil , fe trouve indiquée par la faillie de l'entaille faite au bout de la Règle. Réglet , outil tout de bois , fervant à dé- gauchir les planches & autres pièces d'une certaine largeur. Il faut deux Réglets pour faire cette opération. 1, part. pag. 6^.. Relever '/es moulures. Far ce terme on en- tend l'aêlion d'achever les moulures , & d'y faire les dégagements néceffaires, foit avec les becs-de-canne , les tarabifcots, les mou- chettes à joue , &c. 1. part. pa7. S^. Remplijfage , l'aSion de remplir. Voyez Carnitltre. Par ce terme , les Treillageurs entendent toutes fortes de parties de Treillages qui fervent à garnir les vides des bâtis. Renfiemem. Par ce terme , les Menuifiers en Carroffes entendent le bombage du plan de leurs voitures ; c'efl pourquoi ils nomment traverfes de renflement , les traverfes du mi- lieu d'un brancard, ^.part.fea. i ,pa?. 479. Reptanir. Par ce terme on entend l'adion àt finit l'ouvrage au rabot ôc au racloir , Menuifier. lapp en ôtant toutes les inégalités qui y relient après avoir été corroyé, t. part. pag. 87. Reprife , outil du Cannier, qui fert à mon- ter, ce qui eft la dernière opération, 3. part, fea. 2 , pag. tfjj. Retable. On nomme ainfi le coffre d'un autel ; cependant les Menuifiers donnent aulli ce nom aux parties de Menuiferie qui accom- pagnent les autels. 2, part. pag. 241. Retombée. Par ce terme on entend la fail- lie d'un cintre, ou, pour mieux dire, la dit tance qu'il y a depuis fa plus grande profon- deur, jufqu'à l'endroit oii il rencontre les battants ou autres parties droites, i. part, pag. 143. Retors. Les Treillageurs nomment ainff des garnitures de moulures d'une forme demi- ronde , lefquelles forment des hélices fur cette dernière. 4. /;jr;. ^a^. 1198. Revenir. Les Menuifiers en Carroffes em- ploient ce terme pour exprimer l'action ds cintrer les panneaux des voitures, & cela par le moyen du feu, 3. part. feSK i , pag. iP4, Revers-d'eaii. On entend par ce terme una petite élévation qu'on obferveau-defl'us d'une corniche ou toute a - tre partie faillante, pour faciliter l'écoulement des eaux qui tombent deffus. ^. part. pag. 104<?. RlioJe ou Kofe, bois ferme , d'une couleur mêlée de ro ge-violet, de jaune & de rouf- sâtre. On le nomme aulfi Bois marbre. 3. parl.feB. ] , pag. 77 S. River. Parce terme les Treillageurs, &en général les Menuifiers , entendent l'adion de reployer la pointe des clous par-deffus l'ou- ^t^g^ , pour empêcher qu'ils ne fe retirent. 4. par', pag. 1 1 3«. Rochon , petite boîte de cuivre ou de fer- blanc , dans laquelle on met le borax. 3, part, jea. 3 , pj!i^. Rond. On nomme ainfi une frife circulaire qu'on afi'emble fouvent dans les feuilles de guichets, dans les plafonds & autres ouvra-, ges de cette nature; manière de les conf-r truite. I. part, nage l 1 1. Rond. Les Treillageurs nomment ainfi ds petits cercles faits avec du bois de fente , quils font ployer, ou, pour mieux dire, tourner deux fois fur lui-même , & dont ils arrêtent les extrémités avec des petits clous. 4 part. paa. 1117. Ron i cnre deux fjuarrés , efpece de mou- hire ronde en forme de quart de cercis e u d'ovale , avec deux filets ou quarrés. < n appelle aulTi de ce nom l'outil à fût propre à former cette moulure, i. part. pag. 5 J. Ronre ou de fansr, bois dur, d'un très- b 'au rouge , 6c qui fert à la teinture 8c à l'E- b -,ii(icr!e. J. part. CeB. 5 , pa-;. 779. l'o:-g:itr. Les Rongeurs dans le bois an- noncent fa pourriture prochaine & que I3°° Table AlphahéàqUi l'arbie ^tok en retour lorfqu'on l'a coupé. ,1. pan. pag. 16. Roulure. On appelle ainfi le début de liaifon qui fe rencontre entre les couches concentriques du bois. 1, part. pag. 2S. S. Sahots y fortes d'outils de moulures , corn* pofés , comme les autres , d'un fer 6c d'un fût, dont ils ne différent que parce qu'ils font plus petits & prefque toujours cintre's, foit fur un fens , fort fur un autre , ôc quel- quefois même fur tous les deux. Les Sabots font très-utiles pour pouffer des moulures dans des parties cintrées, i. pan. pag. S y. Safran , plante qui croît dans le Gâtinois , & dont le piflile donne une belle couleur jaune. 3. part.feS. 3 , pag. 754. Santal , bois qui croit à la Cliine. Il y en a de rouge , de jaune & de blanc : les deux derniers font de bonne odeur, ^.pan.feâ. 3 , pig- 119- Sainte-Lucie ou Padus , bois qui croît en Lorraine & en Italie. Il efl: de bonne odeur , & à peu - près femblable au cerifier. 3. part, fecf. 3 , pag. 785. Sapin , bois de France & de Hollande , tendre & léger , d'une couleur blanche rayée de veines verdâtres , qui jauniffent en vieil- liffant. i. part. pag. 26. Satiné , bois qui croît aux Antilles, de couleur nuancée & brillante. 3. part.feB. 3 , pag. 77S. Sauvageon. On nomme ainfi le bois des arbres fruitiers qui n'ont pas été greffés. 3 . pan.feS. 3 ,pag. 785. Seie y outil compofé d'une monture ou chaffis, & d'une lame dentelée , qui eft vrai- ment la fcie. Les Scies prennent différents noms , félon la forme de leur monture , ou des ufages auxquels on les emploie ; c'eft pourquoi on dit Sc ie à refendre , Sci-e à débi- ter 5 Scie a tenon , Scie à arrafement , à arra- fer, à tourner , &c. l. part. pag. $7 & fuiv. Voyez auffi chacun de ces Articles. Scie à arrafer , efpece de bouvet dont la languette eft un morceau de fcie attaché au fût , qu'on fait porter contre une tringle de bois droite , pour fcier des arrafements d'une grande largeur , tels que ceux des portes em- boîtées & autres, i . part. pag. ■]€. Scie à cheviile, morceau de fer plat dentelé & attaché à une tringle de fer recourbée , garnie d'un manche. Cette Scie fert à couper les chevilles quand l'ouvrage efl: chevillé, i. fart. pag. 85)0. Scie à découler les ornements de Treillage, Cette Scie eft a peu-près femblable aux Scies à tourner des Menuifiers de Bâtiment , finon qu'elle eft plus petite , & qu'elle a un man- che dont l'extrémité tient avec la lame de la Scie. ^. part, page 112J. Scie à découper , efpece de petit çifeau ou , ou Vocabulaire fer dentelé qui fe place dans un trufquin ou compas à verge. \. part. pag, 88. Scie à dégager y outil à manche , dont l'ex- trémité eft recourbée & dentelée en forme de fcie. \. part, pag, ^'è. Scie à dépecer , qui eft montée dans un chaflîs de fer, à l'extrémité duquel eft placé un manche, par le moyen duquel on feiit mouvoir la Scie. ^.part.feB, 3 , pag. 801. Scie à l'Angloife , à peu-près femblable aux Scies à découper. ^.part.feB. 3 , pag. poo. Scie à main ce n'elt autre chofe qu'un morceau de lame d'acier , un peu plus large que les Scies ordinaires, & qui vient en di- minuant pat fon extrémité ; cette lame eft attachée p.ar le bout le plus large à une poi- gnée j dans laquelle on paffe la main pour faire mouvoir la Scie. i. part, pag. po. Scie à main des TreiUageurs ; c'eft une Scie dont l'arçon ou monture eft toute de fer : elle fe tend par le moyen d'une vis , comme les Scies à TAngloife. part. pag. 1107. Scie de placage ou de marcjueterie , efpece de Scie donc la lame eft très -fine, & dont la monture efl: toute de fer. Cette Scie fe tend & détend par le moyen d'une vis qui paffe au travers du manche , & fert à découper des lleurs ou des ornements de marqueterie, 3, part,fecl. 3 , pag. S.J3 & fuiv. Scie àprejfe , à peu-près femblable à celle à refendre des Menuiliers de Bâtiment ; ma- nière de la conftruire & d'en faire ufage. 3. part, fccl. 3 , pag. Soo. Scie à refendre. Elle eft compofée d'un chaffis plus long que large , au milieu du- quel eft placée la lame , dont les dents font difpofées verticalement à la face du challis ; c'eft en quoi cette Scie dift'ere des autres , dont les lames font partie du challis, & font tournées du même fens que le plat ;de ce dernier, c'eft-à-dire, fur fon épaiffeur. i. pan, pag, ^-j. Scie à tourner. Cette Scie ne diffère de» autres , qu'en ce que fa feuille ou lame eft très-étroite, & eft attachée des deux bouts dans des tourillons de fer , iefquels fe meu* vent à volonté dans les bras de la monture de la Scie , au travers defquels ils paffent. 1, part. pag. 61. Scienis d'ais ou Scieurs de long , Ouvriers employés par les Menuifiers pour refendre leurs bois félon la largeur 6c l'épaiffeur dont ils ont befoin. 1. part. pag. 27. Outils des Scieurs de long , ôc leur ma- nière d'en faire ufage. i. part. pag. & f, Scotie , efpece de moulure creufe compo- fée de 2 ou 3 arcs de cercles. 1. part. pag. 42. Seau de propreté , efpece de petit fiége compofé de quatre pieds , d'un deffus percé d'un trou rond , dans lequel paffe un feau ou cuvette de fayence , laquelle porte fur uns tablette affemblée dans les pieds du fiége. 3. pan,Jeél, 2, pag, 66l. Secrétaires, de l'An du Secrétaires. On nomme ainfi de petits meubles fermés , portés fur un pied comme une table , & dont le deflus fe rabaiffe pour fervir de table à écrire. 3. part.feSl. 2 , page Secrétaires à culbute , qui différent de ceux ci-defius, en ce que leur partie fupérieure icdefcend , quand on le juge à propos , dans la hauteur des pieds, de forte qu'ils peu- vent alors fervir de table. ^.part.feSl. 2, page 737. Secrétaires en armoires , lefquels font d'une forme quarrée d'environ 4 pieds de hauteur. & fervent en même temps de Secrétaire ôc de cofFre-fort. 3. part. frcl. 2 , pag. T^-j. Sedeïbanàes , cfpeces de plates-bandes ou parties étroites , qui font ordinairement ac- compagnées de deux filets, 6c qui fervent à accompagner ou à féparer les compartiments de marqueterie. 3. part.feB. 5 , pa^. 820. Semelle ou taioii. On appelle ainfl un feuil- let de bois propre à être plaqué, lequel ed lefendu obliquement dans une pièce de bois. ^. part. TeB. } ,pag. 819. Semence ou Braguette à tcte plate ; c'eft une efpece de petit clou dont les Treillageurs font grand ufage pour la conftruÊlion de leurs ouvrages. 4. p,!rt.pag. ii;4. Sergent ou Crochet, ou quelquefois -Diï^'/ej' , outil tout de fer , dont on fe fert pour ferrer & faire approcher les joints de l'ouvrage. Il y en a de toutes fortes de grandeurs , depuis un pied jufqu'à huit. 1. part, pag. 8 i. Quand les Sergents ne font pas allez longs , on fe fert d'une entaille à rallonger les Ser- gents , décrite page 82,1. part. Serres-chaudes. On nomme ainfi des pièces dont la def^ination efl: à peu-près la même que celle des Orangeries , mais qui font moins vafles & d'une confïrudion différente. Il y a des Serres-chaudes qui font toutes du ïefTort du Menuifier , qu'on nomme Serres portatives. 4. pan. pag. \2^^ & ftiiv. Serre-papier. Sous ce nom on entend de grandes armoires de Menuiferie , divifées par cafés , fur lefquelles on place les papiers de conféqucnce. 2. part. pag. 20J. erres - papiers , efpece de corps de ta- blettes formant plufieurs cafés , dans lef- quelles on place des cartons & des papiers. 3. part. feSi. 2 , fag. 723. Serpe , outil à manche , dont le fer , qui a environ p pouces, s'affûte fur la longueur & des deux cotés , comme un fermoir. Lei Treillageurs en font grand ufage , fur tout pour les ouvrages communs. 4. part. pag. ;i 107. Serrurier , ( partie de l'Art du ) dont la connoiflance efl abfolument néceffaire aux Ebéniftes. Defcription de quelques outils de cet Art, & la manière d'en faire ufage. 3, part. feâ. 3 , pa^. 5 2 . Servante , petite table à l'ufage des per- Treillageur. Menulfitt. 130 r fonnes d'un état médiocre OU quî ne veu- lent pas fe faire fervir à table. 31 part. ject. 2,pag.-]02. Seuil. On appelle ainfi une feuille de par- quet qui fert à revêtir l'aire d.un embrafe' ment de porte. 2. part. pag. i i 9. Quelquefois les Seuils ne font que des frifes , lorfque l'embrafement n'eft pas d'une épailfeur affe.: confidérable pour les faire d'alfemblage. Sièges anciens , d'une forme finguliere. 3. part. feâ. 2 , pag. 606. Sièges modernes, depuis vers la fin du 16'"'^, fiécle jufqu'au commencement de celui-ci. 3. part. fecl. 2 , pag. fio8. Sièges de voiture. On nomme ainfi des ef- peces de petits coffres placés dans les deux fonds d'une berline, fur lefquels on s'alfeoit. Il y a d'autres Sièges de voiture, qu'on nom- me Bancs, Strapontins , &c. 3. part. Jech 1 , pag. '^.d'l & yj4. kiéges de lieux à /ôw/Jj/îfs , autrement dit à l'Angloife, partie de Menuiferie compofée d'un bâtis 6c de plufieurs trapes mobiles. Quelquefois ces Sièges font très-riches, SX. revêtus d'Ebéniflerie. 2.part.p.ig. 20;. Simbto. Par ce terme on entend l'aclion de tracer une courbe, 6c d'en déterminer le cintre. Ce terme eft peu ufité, 8c il n'y a guère que les Treillageurs 6c quelques autres Ouvriers, qui en fallènt u.Qige. ^. part, pag, 107p. Socle c'eff , en général , une partie lifi'e , fervant à porter quelque partie d'Archicec-. ture, ou à la terminer, ^.part. pag. 1073. ■.'ojjite. On nomme ainfi toutes fortes de plafonds horizontaux , 6c plus particulière- ment le deffous d'un larmier. 4. part. pag. 1042. solide, (corps) On entend fous ce nom tout ce qui a de la foliditè , ou , ce qui eft la même chofe , de l'étendue en longueur , largeur 6c profondeur. Les Solides prennent: différents noms, félon leurs formes : on les nomme cultes, parallélépipèdes , prifmes, cy- lindres , pyramides, concs , fphrrss , &c. l* part. pag. 1 2, Sommiers , pièces de bois dans lefquelles font afi'emblèes les confoles des ftalles , à l'endroit du fiége. 2. part, page 222. Sommiers de Preffe d'imprejjion. Ce font des pièces difpofèes horizontalement , dans l'une defquelles la vis eft affemblèe. j.patt.JeCl. 3 , page<j6-i. Sonder. On fonde le bois en découvrant fa fuperficie foit à la demi-varlope, ou avec un fermoir , pour en connoitre les défauts ôc la couleur, ce qui fe fait en le débitant, afin de ne pas s'expofer à couper des pièces qui ne puiffent pas fervir. i.part. page 33» & faiv. Soplia , grand fiége peu différent d'un Ca- napé. }.part.fe£}.2, pag. 6$2. 13° 2 Table Alphabétique Sorbome ou Etuve , lieu où on fait chauf- fer les bois & la colle : comment elle doit Être conflruite. i. part. pag. 51. SoiibaJJ'emem , petit appui de croife'e. Voy. Banqueltc. Soubaffemem , efpece de grand piédeftal , quelquefois percé de portes & de croifées , lequel fert à élever l'ordre d'un édifice au- delfus du lez - de - chauffée, part. paT. "07r. ^ ^ Souder. Par ce terme on entend l'aflion d arrêter enfemble différentes pièces de mé- tal , foit homogènes ou hétérogènes , ôc cela par le moyen d'un métal compofé , nommé rotidure , qui doit toujours être à un plus bas titre que celui qu'on veut fonder, ou, au- trement dit , qui puiffe entrer en fulion plus promptement que ce dernier. Manière de faire différentes Soudures. 3. part. Jet}, j , fag. 102S. Soudure , métal conipcfé. Il v a diverfes fortes de Soudures , à raifon de la diffé- rence , ou , pour mieux dire , de la nature des métaux qu'on veut fouder. pajt.Jecf. Soupente. On nomme ainfi un plancher conftruit dans la hauteur d'une pièce pour en faire deux d'une ; c'efl: auffi le nom de celle de deffus. 1 . part, page 101. Stalles ou Formes, efpeces de fiéges pro- pres aux chœurs d'Eglifes. 2. part. pag. 217. Stéréotomie , ou la fcience de la coupe des foUdes, Art néceffaire aux Menuifiers. 2. part. pag. 2i>Ji. Stores, efpeces de rideaux avec lefquels on ferme les ouvertures des portières de voi- tures, s.part./ect. i. pag. J07. Strapontin, efpece de fiége de voiture. 3. fartie,fea. l , pag. jfS. Support , pièce de bois ou de métal , fur laquelle on appuie l'outil Idrfqu'on tourne quelqu'ouvrage. 3. partie ,/eâion 3 , pape SOS. SurbaiJJe , cintre demi-ovale pris fur fou grand axe. Les Menuifiers appellent auffi ce cmtre yJnJe dé pannier. \ . part. pag. 12. Sureau , bois François , très - plein , de couleur jaunâtre , à peu-près femblable à celle du buis. 3. part. feél. 3 ,pag. ^^6. ^ Surface , pian ou fup:rfécie. On nomme amfi une étendue quelconque en longueur & en largeur, fans aucune profondeur, cora- nie , par exemple , celle que repréfente un deffin fait fur le papier , ou le papier même. Les Surfaces prennent différents noms , félon leurs formes ou le nombre de leurs côtés, ou , pour mieux dire, des li- gnes qui les entourent ; c'eft pourquoi elles prennent les noms de cercles , de man^/es , de auairés , de parallélogrammes , de rhombes ou lofanges , de trapèzes", de polygones , à'ova- les, àt: rhomboïdes , de trapezoïdes, &c. i. f^rl.fag.y. OU V ocabulaire T. Table, meuble à bâtis, compofé d'un pied & d'un deffus, fervant à différents ufages ; c'eft pourquoi on dit Tai/e à manger , à écrire, à jouer, &c.s. part.feS. 2 , page (5p^, Table irijée ou de campagne , propre pour les voyages. j.part.feS. i , pag. tftjo. Table d'attente ou /aillante , petit panneau faillant placé au haut du vanteau d'une porte- cochere, immédiatement au-deffous de l'im- pofte. l. part, page 123. Table de lit , petite table à manger à l'u- fage des perfonnes malades. 3. part. feU. 2 , page 701, Table de nuit, petite table dont le deffus eft conftruit en forme de caiffon , dont on fe fert dans les chambres à coucher, ^.part. /e(t. 2, pag. 741. Table à quadrille, table à jouer d'une for- me quarrée. 3. part.feél. 2 , pag. 712. Tcd'le de berlan , table à jouer d'une forme circulaire, au même endroit. ^ Table de tri , autre forte de table à jouer d'une forme triangulaire, au même endroit. Tablefaillante ; c'eft un corps d'Architec- ture orné de moulures , qu'on fait faillir fur une partie liffe , pour qu'elle paroiffe moins nue. i. part. pag. i^j. ^. part. pag. io6f,. Tableau. On appelle de ce nom l'intérieur de la baye d'une croifée ou d'une porte ; & c'eft toujours du Tableau qu'on doit préfé- rablement prendre les mefures de ces fortes d'ouvrages. 2. part. pag. 27^. Tablette. On nomme ainfi toute efpece de Menuiferie pleine , pofée horizontalement , foit dans les armoires ou ailleurs. Tablette à claire-voie. On nomme ainfi des tablettes d'affemblage , à peu-près fembla- bles à des feuilles de parquet fans panneaux , lefquelles Tablettes font très-propres à l'u- fage des armoires & des étuves. j.part.fefl. ^ > 747- Tablette en Architecture. On nomme ainfi la corniche qui couronne une baluftrade,ou, pour mieux dire , les baluftres. 4. part. pag. I07J. Tabouret, petit fiége fans doffier, d'une forme quarrée par fou plan. 3. part. feS. 2 , pag. 61 3. Tailloir , partie fupérieure d'un chapiteau. 4. part, pag. 1043. Talon renverfé, moulure dont la forme eft inverfe de celle des bouvenients Cette mou- lure eft quelquefois accompagnée d'un quarré ou d'une baguette dans fa partie inférieure , & toujours d'un filet par le haut , ce qui fait que dans tous les cas l'outil qui forme cette moulure, a deux fers, l'un qui forme le quarré ou filet fupérieur , & l'f.utre qui for- me le talon avec fa baguette ou fon filet, i. part. pag. 84. Talon, On appcUe de ce nom le derrieia de l'An du Menuifier, d'une moulure , lequel eft arrondi & ddgagé ; c'eft pourquoi on dit le Talon d'un ioadm , à\.ne doitcins t &c. Tambour, partie liffe du cliapiteau Co- rinthien, autour duquel font placées les feuilles , les tigettes , &c. Le l'ambour efl: évafé par le haut en forme de vafe. 4. ^arf. ^ag. 1061. Tampons , morceaux de bois qu'on place dans les murs pour recevoir les broches ou les vis avec lefquelles on arrête la Me- nuiferie. 2. pan, pag, 270. Taquets , petits morceaux de bois dchan- crés à angles droits , lefquels fervent à por- ter le bout des taffeaux , lorfqu'on ne peut ou ne veut pas attacher ces derniers à de- meure, i.pan.pag. 2.0s ^. pan. jca. 2, pag. 7Î0. On appelle encore de ce nom un petit morceau de bois percé au milieu de fa lar- geur pour laiffer paffer un clou , avec lequel on arrête des maffes de bois fur l'ouvrage, pour que le Sculpteur y taille des ornements. 2. part, pag. 2S2. Tarabifcot ou grain-d'orgé , petit dégage- ment ou cavité qui fépare une moulure d'a- vec une autre , ou d'avec une partie liffe. L'outil qui forme cette moulure fe nomme du même nom , & efl: compofé d'un fer 6c d'un fût. I , pan, pag, .^o. dr/urj, Tarau , outil de fer en forme de vis , qui fert à creufer des écrous en bois. Chaque Tarau a toujours fa filière , qui n'efl: autre chofe qu'un morceau de bois méplat, termi- né par deux poignées ou manches, au mi- lieu duquel on a fait un trou avec le Tarau. La filière efl: compbfée de deux morceaux fur l'épaiffeur ; & dans celui qui eft le plus épais , efl: placé un fer d'une forme triangu- laire par fon plan , qui coupe le bois des cy- lindres , fur lefquels on fait des pas de vis par le moyen de la filière. 3. ;)3«. fect.^, p, ^12. Tas, efpece de petite enclume ou cube 'de fer, dont la furface eft acérée. Cet outil efl: néceffaire à tous les Menuifiers , & fur- tout aux Ebéniftes. s.part.JeS. J,pag, 103 y. en note, TaJJeau, petite tringle de bois qu'on atta- che contre le mur ou les côtés d'une armoi- re , pour fupporter le bout des tablettes. 2. f art. pag. 208. Teinture , Art par le moyen duquel on change la couleur des corps : les teintures font d'un grand ufage en Êbénifterie : diffé- rentes compofitions de Teintures pour les fcois. Defcription des ingrédients dont elles font compofées , & la manière d'en faire ufage. j. pan. feR. 3 , pag. 792. TeniMles ou Triqm'ifes , outil de fer com- pofé de deux branches, dont les extrémités fupérieures font applaties & recourbées : elles font jointes enfemble par une goupille de forte gu'en prel&nt leur extrémité iwïi- 1303 tieure, elles prelTent du haut. \.part. pag.go. Tenailles de Treillagear. Elles différent des Tenailles ordinaires par la forme de leur tête , qui eft plus petite & applatie en def- fus. L'extrémité des mords de ces Tenailles eft acérée , pour pouvoir couper les pointe». 4. part. pag. 1 108. Tenon , partie excédente à l'extrémité d'une traverfe , laquelle eft diminuée d'épaif- feur des deux côtés , de forte que le tenoo fe trouve réduit à une épaiffeur égale à celle de la mortaife dans laquelle il doit entrer, avec laquelle il ne fait plus qu'un , ce qu'on appelle faire un ajfemblage à tenon &■ mor- taijc. I. part, pag, 4J. Terre à jatme ou Ochre jaune. On fait ufage de cette terre pour la teinture des bois. 3. pan,Jeâ. s , pag, 7J4. Tête ; c'eft ainfi qu'on nomme la partie la plus greffe d'un marteau : elle eft ordinaire- mentplate & quarrée. 1 . part, pag, 77. jVota , qu il y a faute dans le Texte , où la pane efl: mife pour la tête. ^ Tete de mort. Les Menuifiers nomment ainfi une cavité qui fe trouve à la furface d'un ouvrage, & qui a été occafionnée par la rupture d'une cheville qui fe trouve rom- pue plus bas que le nud de l'ouvrage ; ce qui arrive prefque toujours, quand au lieu de fc;er les chevilles on les renvetfe d'un coup de marteau après les avoir fuffffamment enfoncées, ce qu'il faut abfolument éviter, i. part, pag, 8(j. Tiers-point , efpece de lime triangulairepat fa coupe , propre à affûter les dents des fcies. l. pan. page ;8. Tirettes ou Tiges. Ce font des efpeces de faifceaux , defquels fortent les caulicoles & les volutes du chapiteau Corinthien. Les Tigettes font au nombre de huit à chaque chapiteau. part. pag. io5i. Idittil, bois plein & léger, de couleur blanche , d'ufage dans la Menuiferie de Bâ- timent, ï. part.pa:. 27. Tire filet , outil d'Ebénifle. Voyez Filet. Tire-fond, On appelle ainfi une efpece de pilon , dont l'anneau a depuis un pouce juf- qu'à 2 de diamètre intérieurement , & donc la tige eft taraudée d'un pas de vis en bois à deux filets. Cet outil fert à pofer l'ouvrage. I. part, pag, 90. Toilette , ( table de ) petit meuble à l'ufage des femmes. 3. part. feSl. 2 , pag. 73p. To/je. On nomme ainfi une pièce de bois qui a fix pieds de longueur , & qui eft divi- loe en fix parties égales , ce que les Ou- vriers appellent Tti;/? ^/f'rff : une des fix divi- fions , & à une des extrémités de la règle , doit être divifée en t2 pouces. 2. part, pag, 27; ' mnuvante , efpece de règle creufe àv' rf)ute fa longueur, pour y placer une avu. rc'gle mobile. 2. part. pag. 274. pofe à fe ] Travéi Î304 Taltk Alphabétique i ou Vocabulaire Toifé de la Menuiferie ; fes défauts , & les moyens d'y remédier. 4. fan. fag. 1242. Topt'wk , table à jouer fervatit au jeu de ce nom. 3 . part.fecl. 2 , pag. 718. Tdw , ( partie de l'Art du )dont la connoif- fance eft abfolument néceflaire aux Ebéniftes. Defcription du banc du Tour , de fes pou- pées & de leurs pointes , des fupports & de ia perche ; des principaux outils propres à tourner ie bois , & la manière d'en faire ufage. part. fe(i. 3 , pag. 502. ï'oKi- a /;af f , efpece de table de cuifine. 5. part.JeB. 2 , pag. 6s>8. Tourelles , parties de la montre d'un buffet d'orgue , qui faillilfent en demi -cercle fur le nud de l'ouvrage. 2. part. pag. 2^-j. Toiime-à-gaiiche , outil à manche, dont l'extrémité du fer eft applatie & eft entaillée à divers endroits ; quelquefois ce n'eft qu'un morceau de fer plat entaillé par les deux bouts. Cet outil fert à donner de la voie aux fcies , c'eft-à-dire , à en déverfer les dents à droite & à gauche, pour qu'elles paffent plus aifénient dans le bois, i . part. par. ;8. Tourne-vis : les Ouvriers difent aulTi Tourne- û- gauche ; c'eft un petit outil d'acier trempé , mince & applati d'un bout, pour pouvoir entrer dans la fente de la tête des vis , & les faire tourner. LeTonrne-viseft monté dans un manche de bois , qu'on fait large & plat, afin qu'il ne tourne pasdansla main, &qu'onait par conféquent plus de force. 2. part. p. 260. lotirn'uitiet ; c'eft un petit morceau de bois de 3 à 4 lignes d'épaifleur , & 2 à 3 pouces de longueur. Il eft taillé par fes extrémités en forme de pied de-biche. Les Tourniquets s'attachent fur le dormant des croifées à couliffe , & fervent à en foutenir les chaffis lorfqu'ils font levés. Tracer. Les Menuifiers entendent par ce terme l'aElion de déterminer & de marquer fur les différentes pièces de bois la place & la grandeur des affemblages , les différentes coupes qu'il faut y faire , 6tc. 1. part. pag. <SS &fuiv. Traîneau , efpece de petite voiture fans Train ni roues , pour aller fur la glace. 5. parl.feit. t ,pag. j85. Traînée. Les Menuifiers nomment ainli un trait de compas fait fur le bois , en appuyant l'autre branche du compas contre le mur ou toute autre partie faifant un angle avec le bois où on fait la Traînée. 2. part.pafe 26-/. Trait , ( Art du ) lequel contient non-feu- lement la fcience des courbes & de la coupe des bois , mais encore celle de prendre les mefures de la Menuiferie , & de la marquer fur le plan. 2. part. pag. 273. Trait de Jupiter , efpece d'allemblage qu'on emploie pour rallonger les bois. i. part. /;.47. Tranché. ( bois ) On nomme ainfi celui dont les fils ne font pas parallèles à fa furface , ce oui lui ôte une nartie de fa force , & l'ex- ■ompre aifément. i.pan. pag. 2S. On nomme ainfi une partie de baluftrade comprife entre deux dés ou fo- cles , c'eft-à-.dire , oîi font placées les baluf- tres. 4. part. pag. 1074. Traverfes. Les Menuifiers appellent ainfi toutes pièces de bois dont la fituation doit: être horizontale , lefquelles prennent diffé- rents noms , félon la nature de l'ouvrage ; c'eft pourquoi on àkTraverfcs du haut , d't bas , du milieu , de croifée , de porte , de lam- bris, &c. i. part. pag. ^Ç). ^ Traverfer. Par ce terme on entend l'ac- tion de corroyer le bois en travers de fa lar- geur , foit avec la varlope ou le rabot. On traverfe les bois durs & de rebours, i.part. pag. 6j. Treffie, profil ufité aux croifées, lequel eft compofé de deux baguettes, entre lefquelles eft placé un demi-cercle ou un demi-ovale. I. part, page $0, Treffle , efpece d'ornement propre aux ta- lons. ^. part. pag. i i^jjj. ^ Treillage, efpece de Menuiferie compofée d'échalats & de lattes attachés les unes fur les autres , pour former divers compartiments à jour. 'i. part. pag. 1037. Treillage fimpk: On appelle ainfi le Treil- lage dans la compofition duquel on ne fait entrer que des échalats & autres bois de cette efpece. 4. part. pag. 1132. Treillage compofé. On nomme ainfi celui dans la conftruQion auquel on emploie des bâtis & autres parties de Menuiferie. 'i.part. pûi;e i 147, Treillage orné. On nomme ainfi celui oi^i aux compartiments ordinaires , & aux bâtis do Menuiferie, on ajoute des ornements, foit de copeaux découpés & mâtinés , ou de Sculpture. Cette efpece de Treillage eft la plus riche de toutes. ^. part. page 1 ijy. Trcillageur , ( Art du ) cinquième efpece de Menuiferie, qui a pour objet la décora- tion des Jardins ; fon origine 6c fes progrès en France, .i. part. pag. 1037. Trépan. Voyez Drille, Triangle , efpece d'équerre dont une des branches eft beaucoup plus mince que l'au- tre , de manière que la plus épaiffe puiife s'appuyer contre la pièce de bois fur laquelle on veut tracer un trait quarré ou d'équerre , ce qui eft la même chofe. Il y a encore une autre efpece de triangle , qu'on nomme Triangle-onglet , parce qu'il eft difpofé de manière que toutes les lignes qu'on trace avec, font inclinées de 4J degrés, i. part, pag. 6çi dr fuiv. Trictrac , petite table de jeu fans pieds ; compofée de deux efpeces de caiffons joints enfemble par des charnières, j.part.feff. 2 , ' fag. 719. Ti-ipoU , efpece de craie d'un blanc-rougeâ- tre rude au toucher. On s'en fert pour polir de l'An du . polir le bois & les métaux. ^.parî.Jecl. ^.pag. 2.60, Triglyphfs , parties faillantes dont la frife de l'entame ment Dorique eft ornée. Les Tri- glyphes font fouillés en forme de caneaux , & font toujours difpofés de manière que leur axe tombe à-plomb de celui des colonnes. ^.part. pûg. 104,7. Trompe , partie Taillante en angle , dont le deflbus eft échancré en creux. 2. part. pag. 313. i^.parî, pag. 1084. Trophée, affemblage de plufieurs inftru- ments d'Arts quelconques, qu'on place fur des focles ou des piédeftaux pour couronner un édifice, ou qu'on attache contre les pa- rois de ces derniers. Les Trophées font tous du reifort de la Sculpture; mais ils doivent être analogues à la deftination de l'édifice , & en rapport de proportions avec l'Archi- tefture qui le décore, -i. part, pag. 1074. Trumeau. On nomme ainfi toute partie de Menuiferic fervant à revêtir l'efpace qui fe trouve entre deux croifées , foit que cette Menuiferie foit difpofée pour recevoir une glace , comme les clieminées , ou fimple- ment des panneaux , comme la Menuiferie ordinaire. 2, part. pag. iSi. Trumeau. On donne ce nom à tous les parquets de glace ; cependant il n'appartient qu à ceux qui font placés entre deux croi- fées , vu que cette partie de Menuiferie fc nomme ainfi. 2.. part. pa^. 174. Trufquin , outil de bois compofé d'une tête & d'une tige, au bouc de laquelle eft placée une pointe de fer. Cet outil fert à tra- cer des lignes parallèles fur des pièces de bois. Il y a deux fortes de Trufquins , l'un dont je viens de parler, qu'on nomme Truf ijuïn d'établi ou à longues pointes, &: l'autre Trufquin d'ajjemblage. i. part. pag. 6$. Tympan ; c'eft l'efpace compris entre les corniches d'un fronton. Le Tympan eft fou- vent orné de fculpture. 4. ^m. /Jiïg". 1072. U. U. (membre à') Les Trelllageurs nom- ment ainfi les parties de leurs ouvrages d'une forme longue & étroite , comme les larmiers , les bandeaux , &c. lefquels font remplis par des compartiments difpofés en chevrons bri- fés en forme d'U , ou , pour mieux dire , de V,4. part.'pag. 1205. V. yalet , outil de fer fervant à retenir le bois fur l'établi d'une manière fixe & inébranla- ble. Il y a deux fortes de Valets ; favoir , les Valets d'établi dont je viens de parler , & d'autres plus petits , qu'on nomme /-''alets de pied j dont l'ufage eft de retenir les pièces de bois le long de l'établi , ou , pour mieux Treillageltr. Meninjïer, dire, fur le côté de ce dernier, i. part, pag, SS & fuiv, [■^anteauy l^antaïl ou Battant, ce qui figni- fie la partie d'une porte quelconque ; ainfi on appelle foïTf à un -vanteau, celle qui n'cft compofée que d'une feule partie fur la lar- geur, Porte à deux vanteaux , celle qui eft compofée de deux parties , &c. i . part. pag. 1 22. Farlope , grand outil compofé d'un fer ÔC d'un fût , lequel fert au corroyage du bois. H y a deux fortes de Varlopes ; l'une qu'on nomme dcmi-l^arlope , qui eft la plus petite , & qui fert à dégrofïir le bois ; & l'autre nommée grande arlope , avec laquelle on achevé de le dreflTer. i. part. pag. 62. Farlope-onglct ou à onglet , efpece de ra- bot de 12 à 13 pouces de longueur, lequel ne fert qu'à faire des joints fins , & à recaler des onglets. 1 . part. pag. S S. i^afe , partie de Sculpture dont on cou- ronne quelquefois les édifices : ils doivent Être d'une proportion relative à celle de l'Architecture qu'ils ornent. 4. part. pag. 1074- P'eau, On nomme ainfi la levée qu'on fait dans une pièce de bois pour la cintrer, foit fur le plat ou fur le champ. 1. part. pag. 37, l^eiileufe, grand fiége ou lit de repos. Voyez Ottomane. l'erd-de-gris , efpece de rouille qu'on tire des lames de cuivre. On s'en fert pour tein- dre les bois. 3. part. fe6f. 5 , pag. y^^, ternis, liqueur vifqueufe & luifante qu'on applique fur la furface des bois. Les Ebé- niftcs appliquent fur leurs ouvrages duVernis blanc, nommé f^ernis de F'enife. 3. part, Ject. 3, «-854. ycrnis propre pour les métaux , connu en France fous le nom de ternis d'Angleterre 5 fa compofition & la manière de l'employer. ^. part. feÛ. ^ f page 1051. fAe. (tout en) ou tout à vif. Par ce terme ; les Menuifiers entendent une pièce de bois qui entre dans une autre fans qu'on ait rien di- minuédefagroffeur. La même chofe s'entend de l'ouvrage, comme, par exemple, une por- te, qui, dit-on, entre toute en dans fes bâtis , c'eft-à-dire , à laquelle on n'a point fait de feuillure au pourtour , & dont le de- vant affleure avec le bâtis. l'ilbrequin ou f^irebrequil , outil propre à faire des trous , lequel eft compofé d'un fût de bois, & d'une mcche de fer montée dans une boîte de bois. i. part, page gp. Violet i bois qui vient des Indes orienta- les : il eft d'une très-bonne odeur; fa cou- leur eft violette mêlée de blanc-vineux. 3. part. CeSi, 3 , pag, 7S0. Violon , outil de Treillageur ; c'eft une efpece de tourec de bois à main, dans lequel eft placé un foret qu'on fait mouvoir par le moyen d'un archet à l'ordinaire. 4. part. pag, Gi; X^OÔ Table Alphabétique^ ou Fod 1 io8. Voyez les Articles ïoret & Archet* (^îs à bois ; ce font de petics cylindres de fer , dont une des extrémités eft diminuée &: cannelée en fpitale. Ces cannelures doi- vent être un peu larges, ôc leur arête très- aiguë j pour mieux prendre dans le bois. A l'autre extrémité eft une tête ronde fendue par le milieu , pour pouvoir les tourner avec ie tourne-vis. Le delfus des têtes des Vis eft arrondi : quelquefois on les fait plates , & alors elles prennent le nom de yïs à tête fraifêe. Les Menuifiers font un très-grand ufage de l'une Ôc de l'autre efpece de Vis , pour la conftruÛion & la pofc de leurs ou- vrages. 2. part, page 259. y^is d'armoires & de lits. Ces Vis font lon- gues de tige : elles font taraudées dans un petit écrou de fer d'une forme plate &: à peu- près quarrée. Leur tête eft quelquefois quar- lée ôc faillante. On en fait à tête ronde, & d'autres à tête percée en forme de piton. 2. part. pag. 260, ^.part. feâ.2,pag.66^&^/^^. f-'is à par^ftiet de g/ace. Ce font des Vis en fer. La tête de ces Vis eft large & plate ; leur tige eft courte ôc taraudée dans un écrou de fer j dont les extrémités font recourbées pour les arrêter dans le plâtre oii on les fcele. 2. pàrt.pag. 261. yis-à-vis , efpece de Berline étroite , qui ne peut contenir qu'une perfonne fur la lar- geur, ^.pan.feâ. i , pag. ^$9- f^iforium, petit montant de bois terminé en pointe par le bas , & fur lequel les Com- pofiteurs d'Imprimerie placent les feuillets de la copie , ou , pour mieux dire , de l'ori- ginal de leur ouvrage. 3. part* fecl. 3 , pag, yhriol, { huile de) liqueur acide , qui fert à faire la teinture en bleu. 3. part. je6î. 3 , page 794. ^Vf. ( donner de la ) Par ce terme on entend l'action de déverfer de côté & d'au- tre les dents d'une fcie, pour qu'elles pren- nent plus de bois , & , par ce moyen , faci- litent le palfage de la lame. 1. part. pag. 39 <Ù' fuiv. f^oitures , ( Menuiferie des ) ou Car- ïoiTes : Voitures anciennes & modernes , Voitures de ville & de campagne , Voitures de fantaille , &c. yoittAres arrafees. On nomme ainfi celles auxquelles les portières ne font pas apparen- tes , de forte que le panneau de côté de la '.bulalre de l' Art du Menuljier, voicure femble être d'une feule pièce. 3. part-« JcB. I y pag, s s Ci. [■^oitures à trois cintres. On nomme ainfî celles dont le battant de l'impériale eft cin- tré en trois endroits ; favoir , au-deffus de la portière & des deux cuftodes. 3. part. fe6î. i y pag. s so. V litures à l'AngUife , fort à la mode à préfent, ^.part.feâ. i , pag.^%2 & J78. Vokts ou Guichets , vantaux de Menuife- rie pofés fur les croifces pour fermer sûre- ment les Appartements ; leurs différentes efpeces 6c conftrudion. i. part. pag. 107. ^ ')liges ou l-'ohches. On nomme aînfi des planches de bois blanc , ordinairement de peuple , qui n'ont que y à 5 lignes d'épaif- feur. Le bois mince , foit de chêne ou de fapin , fe nomme Veuillet. V ohges à pavilIo7is , petites planches très- minces , avec lefquelles on couvre le delfus des pavillons. 5. part.feâ. 1 , pag. $^Q, Volute , principale partie du chapiteau Ionique , en forme de fpirale. Les chapi- teaux antiques en ont quatre , & les moder- nes huit ; leurs proportions, 6c la manière de les tracer. 4. part, pag. lojp. Vource ou IV mrjl , voiture de chalTe , qui n'eft prefque pas du reflbrt du Menuifier. ^.part.JeB. 1 ^pag. y8i. V wjftire , ( arrière-) partie fupérieure d une baye de porte ou de croifée , dont le cintre de face eft différent de celui du fond. Les Vouffures prennent différents noms félon leurs formes. 2. part, page 312, Voûte d'arête. On nomme ainfi une Voûte qui eft rencontrée par une autre Voûte dont le cintre eft de même hauteur que la pre- mière , foit que ces Voûtes fe croifent à angle droit ou non, ou qu'elles foient d'un diamètre égal. 2. part. fag. s 13. Y oytz Arête & Arêtier, Vrille , petit outil de fer garni d'un man^ che qui y eft adapté perpendiculairement à la longueur du fer, de manière que ce der- nier entre dans ie milieu du manche ; l'autre bouc du fer eft terminé par une mèche en forme de vis , afin de s'introduire plus aifé- ment dans le bois , l'ufage de cet outil étant d'y faire des trous quand on ne peut pas fe fervir du vilbrequin, 1. part. pag. 90. Vrillon. On nomme ainiî une efpece de petit tarière , dont l'extrémité du fer eft terminée comme une vrille. FIN. EXTRAIT DES REGIS TRES DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. Du Mardi 20 Décembre 1774. ;Â.Y A N t été chargé par l'Académie d'examiner VArt du Treillageiir , qui lui a été préfentê çar le fieur R 0 u B o , Maître Menuifier , je vais mettre fous les yeux de l'Académie , la toute qu'a fuivie l'Auteur. Les ouvrages de Treillage font de pure décoration , Ci l'on en excepte les Treillages d'efpaliers , qui , étant très-lîmples , font ordinairement exécutés par les Jardiniers , & pouc cette raifon n'ont guère fixé l'attention du fieur Roubo. H s'efl: principalement attaclié aux ouvrages d'ornements , qui entrent pour beaucoup dans la décoration des Jardins de pro- preté , tels que des Baluftrades d'appui, des Berceaux, des Cabinets , des. Salions, des Portiques , des Galleries , des Colonnades : car il n'y a aucun ouvrage d'Architeflure qu'on ne puiffe imiter en Treillage ; mais plus ces ouvrages font riches , & plus il efl: eflsmtiel de les affujétir aux régies de la bonne Architeaure ; c'efl pourquoi l'Auteur donne dans ie premier Chapitre , & dans les trois Seûions qui le compofent, des notions élémentaires des principes d' Architecture & de l'Art du Trait, fe renfermant dans ce qui eft abfolument néceffaire au Treillageur , non - feulement pour exécuter la partie de fon ouvrage qui eil en bois , mais encore pour defllner exaûement au Serrurier ce qu'il doit exécuter en fer, afin de donner de la folidité à l'ouvrage. Le fécond Chapitre efl: deftiné à rapporter les diff'érentes efpeces de boîs dont les Treil- lageurs font ufage. On peut , dit le fieur Roubo , employer beaucoup de différentes efpeces de bois; mais à Paris on a coutume de ne faire nfage que Ju Chêne , du Châtaignier ôc du Frêne. Le Chêne qu'on acheté en planches , en membrures, &c. fert pour les princi- pales pièces des Bâtis & des Corniches ; les échalas de Chêne font auffi très-bons , mais rares. On fait auffi ufage de lattes de Chêne pour les rempliflTages , ainfi que des cercles de boiffellerie. Le Châtaignier, qu'on acheté en échalas ou barreaux d'un pouce de largeur fur 8 à 9 lignes d'épaifieur , fert pour les parties droites ; ceux qu'on acheté en cerceaux s'emploient dans les cintres; & pour le mieux, on prend des cerceaux deftinés pour les cuves , qu'on réduit aux grofleurs convenables ; enfin on en acheté en bûches pour faire des copeaux , ainfi qu'on l'expliquera dans la fuite. Comme le Frêne ne fert qu'à faire des copeaux , on l'acheté ordinairement en bûches : quoique le fieur Roubo entre à ce fujet dans des détails intéreflants , il renvoie néanmoins à ce qu'il a dit dans la première & la troi- fieme Parties de l'Art du Menuifier. Notre Auteur palfe enfuite au détail des Outils dont les Treillageurs font ufage. Il en diftingue de deux efpeces; les uns qui leur font communs avec les Menuifiers, & pour ceux-là il renvoie à la première Partie de fon Ouvrage ; mais il décrit avec foin ceux qui font propres aux Treillageurs. Outre les Scies à débiter, les Treillageurs ont des Scies a arçon , dont la feuille efl: tendue par un écrou à aile , dont ils font grand ufage , fur-tout pour les ouvrages fimples , & d'une Serpe à deux bifeaux. Les Marteaux dont ils fe fervent^ ont d'un côté une maflè , & de l'autre une pane qui n'efl pas refendue : il faut que l'un & l'autre foient menus 6c longs , ainfi que le manche , pour pouvoir frapper dans des par- ties creufes. Les Treillageurs font aulïï un ufage très-fréquent des Tenailles ; il faut que les mors foient bien acérés & tranchants , pour couper le fil de fer & les pointes de clous ; les bran- ches doivent être longues & parallèles , pour qu'elles puiffent entrer aifément par - tout, & que les Treillageurs puilTent s'en fervir pour couper. Dans ces fortes d'ouvrages on a beaucoup de trous à percer , & on fe fert pour cela d'un Vilbtequin, & pour les pièces minces, d'un Poinçon; mais ils emploient fouvent un Foret à main , ou un Touret , qu'ils font mouvoir avec un archet , & que pour cela ils nomment violon. Il y a des circonftances où il leur faut une nialTe de 4 à J pouces de longueur, fui 2 pouces en quarré , & dont le manche ait 2 à 2 pieds 6 pouces de longueur. Les échalas que les Treillageurs achètent , font prefque toujours courbes ; on les re- dreffe au moyen d'un inflrument qu'on nomme RedreJJoir. Pour s'en former une idée, il faut imaginer un banc qui n'a de pied qu'à un de fes bouts, dont par conféquent la planche eft inclinée ; le bout oppofé a un pied portant à terre : auprès de ce bout élevé , eft folidement établi un crochet de fer ; le Treillageur pofe fon échalas entre le crochet & le banc , il fait porter la partie courbe furie bord du banc, & donne à cet endroit, obliquement, un petit coup de ferpe ; en appuyant enfuite fur l'échalas , il s'en détache en petit éclat , 6c la courbure difparoît. Ce moyen eft expéditif; mais on ne doit y avoir recours que pour les ouvrages qui n'exigent pas beaucoup de propreté ; c'eft pourquoi il vaut mieux fe fervir de la Plane ou Pleine , avec la fellette ou chevalet des Tonneliers. Quand les Treillageurs veulent planer des pièces très-minces, comme des copeaux pour faire des frifages , ils les appuient fur une planche qui a affez d'épaiffeur pour fournir un appui folide à la pièce mince , au moyen de quoi ils les redreifent avec la Plane auflTi préci- fément que s'ils les avoient paffés à la Varlope. Ils ont fouvent à refendre des billes de bois , & pour cela ils fe fervent d'un inflrument que les Fendeurs & les Charrons nomment un Cotitre ; les uns font emmanchés comme un couperet ; aux autres le manche eft à l'équerre , relativement à la lame : en ce cas le manche fert de levier pour ouvrir la fente qu'on a déjà commencée en frappant avec le maillet fur le dos de la lame. Comme les Treillageurs ont bcfohi d'un nombre de lattes minces qui foient d'une même largeur , ils en arrangent une quantité dans une forte boîte , bien ferrées les unes contre les autres ; Se avec la Varlope ou la Plane , ils les mettent toutes d'une même largeur en un inf- tant. Quand les lattes font ainfi dreffées , elles peuvent fervir à des rempliffages ; mais comme pour les ornements courants , il faut beaucoup d'annelets , ou , comme difent les Treillageurs , de ronds , il faut rouler ces lattes minces comme les Cercliers font des cer- ceaux dans les forêts , ou les Fendeurs des cercles de boîffellerie ; mais les ronds dont les Treillageurs font ufage , doivent être faits avec beaucoup de régularité 6c de précifion , ce qui exige bien des attentions de la part de l'Ouvrier. En général, les Ronds de Treillage , grands & petits , fe font avec du bois mince 6c de fil, qu'on fait ployer 6c rouler deux fois fur lui-même. Il faut que ces annelets foient d'une égala épaiffeur dans toute leur circonférence, ce qui oblige de tailler en chamfrein les extré- mités des bois qu'on emploie. Il faut auffi que tous ceux qu'on emploie pour une partie d'ornement , une Frife , par exemple , foient d'une même épaiffeur 6c d'un égal diamètre; toutes ces ptécifions exigent bien des précautions , 6c un nombre d'opérations que le fieut Roubo décrit avec beaucoup d'ordre ôc de clarté , mais qu'il feroit trop long de détailler dans ce Rapport. Quelquefois on place ces Ronds les uns à côté des autres ; mais d'autres fois on veut qu'ils fe pénètrent en entrant les uns dans les autres pour former un enlacement , ce qui oblige de les entailler à mi-bois dans le fens de leur épaiffeur. M. Roubo indique plufieurs moyens d'exécuter ces Ornements avec beaucoup de régularité. L'Auteur traite enfuite des différents Ornements dont on décore les Treillages, & de h 130;) la manière <îe les découper. En général , tous les Ornements dont on décore les Treillages, font faits avec du bois mince & de fil, fendu au Coûtre , & plané ainfi qu'il a été expli- qué. Comme il y a des Ornements de toutes fortes de formes & grandeurs, les TreiUa- geurs ont foin d'avoir une bonne provifion de ces bois, qu'ils nomment Copeaux. Dans cer- taines circonftances, ils emploient des cercles de Boiffellerie ; mais c'eft le moins qu'ils peu- vent , les bois qu'ils fendent eux-mêmes, réfiflant beaucoup mieux aux efforts des tenailles lorfqu'onveut les mâtiner. Les Outils qui fervent pour les Ornements, font, en général, de deux fortes ; les uns fervent à découper les Feuilles d'ornements , les Rofettes , &c ; & les autres à leur faire prendre des contours agréables , ce qu'on appelle mânncr. Il faut , pour découper , avoij un Etau de bois ; & comme il efl: néceffaire de changer fouvcnt de pofition la pièce qu'on découpe , on ferre l'Etau en mettant le pied fur une marche , qui , au moyen d'une corde de boyau paffant fur une poulie , & aboutilfant à la mâchoire mobile de l'Etau , le ferme , pendant qu'un reffort, qui eft entre les deux mâchoires, les écarte. Les TreiUageurs dé- coupent leurs Feuilles d'ornements avec de petites Scies à tourner , dont la lame eft étroite ; mais il s'en faut beaucoup qu'elles foient auflS commodes que celle des Ebénlftes. M. Roubo invite les TreiUageurs à l'adopter , ainfi que plufieurs autres Inftrumcnrs qu'ils pour- loient prendre des Ebénilles. Pour réparer les défauts de la Scie à découper de petites parr lies , on fe fert de Couteaux tranchants , les uns droits , les autres courbes. Quand les pièces font découpées , on les mâtine , c'eft-à-dire , qu'on leur fait prendre la courbure néceffaire , ce qui s'exécute de différentes manières. Quand les pièces font minces y -& qu'il s'agit de leur faire prendre une courbure uniforme , on les plie dans les mains ; & quand la force des mains n'eft pas fufhfante , on fe fert de Tenailles de différentes gran- deurs , avec lefquelles on ferre fortement la pièce qu'on veut courber ; les mors qui font coupants , font dans le bois une impreffion qui aide à l'autre main à faire prendre la cour- bure , dont on change la direflion en variant la difpofition des Tenailles ; mais ces moyens ne peuvent Être employés que pour les pièces minces ; quand elles ont de r^paiifeur, il faut, après les avoir fait tiempcr dans l'eau , les chauffer fur un feu clair , & leur faire prendre la courbure qu'on defire , en les roulant fur des moules de bois , à qui on donne différentes formes , fuivant que le cas l'exige. M. Roubo termine ce qu'il s'étoit propofé de dire des Outils des TreiUageurs , par la defcription d'un Rabot très-commode pour mettre les bois d'épaiffeur. La plupart des pièces qui forment les Treillages , font attachées avec des pointes , ou liées & en quelque façon coufues avec du fil de fer. Celui dont on fait les coutures , doit être fouple , & pour cette raifon bien recuit. On en emploie de différentes grolfeurs, fui. vaut la force des pièces qu'on veut affembler. Le fil pour les pointes doit, au contraire, être ferme 8c point recuit. Les pointes des TreiUageurs ne font point appoiuties : ils pré- tendent qu'elles fendent moins les copeaux. Ils emploient outre cela différentes efpeces da clous , les uns plus longs que les autres, & tous menus & à tête plate. M. Roubo détaille les difli'érentes manières de faire les maillons pour coudre les pièces qui doivent former le Treillage ; car c'eft de la perfeSion des coutures que dépend la folidité de ces ouvrages. Après tous ces détails particuliers , qui font clairement expliqués dans l'Ouvrage , M. Roubo entre , pour ainfi dire , en matière , & parle de la conftruaion des Treillages , qu'il divife en fimples & en compofés ; les fimples , qui font faits avec des échalats équarris , ou des lattes , forment des Efpaliers appliqués contre les murs , les Berceaux , les Cabinets , les contre-Efpaliers , les Treillages d'appui, les Rampes aux côtés des Efcaliers, &c. Pour ne rien omettre, l'Auteur parle des Bordures en bois qu'on fubftitue , dans les Jardins , à celles de buis ; mais enfuite il donne le plan Sa l'élévation d'un grand Berceau Treillacevr. h Ï3IO percé de cinq ouvertures fur une de fes faces , dont les unes font grandes & les autres pe- tites. Ce Berceau ell reployé en aîie à fes deux extrémités : tout le bâtis efl: en fer. L'Au- teur explique les attentions que le Serrurier doit apporter pour donner du goût &c de la foli- dité à fon ouvrage. A l'égard du rempliflage en bois , il eft très-fimple. L'Auteur ne néglige point de faire remarquer qu'on ne peut éviter plufieurs difformités qu'en ajoutant certaines parties d'or- nements , comme des Corniches , des Frifes , qui favorifent le raccordement des parties cintrées. Comme , par économie , on retranche fouvent les fers , l'Auteur décrit les affemblages de charpente légère qu'on fubftitue au fer , & remarque que pour les parties cintrées on em- ploie des cercles de cuves équarris : au refte ces Treillages fimples font fufceptibles de diffé- rents ornements , ainfi que les compofés , dont l'Auteur parle enfuite fort en détail. Les Treillages compofés font ceux dont les bâtis font faits en Menuiferie , bien affemblés & ornés de Moulures , de Corniches & de tous les Ornements qui conviennent à la bonne Architetlure. Ainfi , comme on le voit dans un Portique que l'Auteur donne pour exemple , la Menuiferie fait la partie principale de l'ouvrage, & le Treillage en forme les rem- pliffages , qui forment comme une Mofaïque , 6c qu'on rend très-agréables par la variété des mailles, ce que M. Roubo fait très-bien appercevoir, n'omettant rien pour rendre très- fenfible tout ce qui regarde tant la partie du Bâtis, qui fe fait par le Menuifier, que ce qui concerne plus particulièrement le Treillageur. On trouvera dans l'Ouvrage de M. Roubo , plufieurs morceaux de Treillages de la plus belle exécution , & dans lefquels il a fait entrer tous les Ornements dont ces fortes d'ou- vrages font fufceptibles. Corniches, Frifes, Pilaftres , Colonnes , Vafes de beaucoup de différentes formes , Groupes & Guirlandes de fleurs , ce qui lui fournit l'occafion d'expli- quer en détail la conflruftion de ces différentes fortes d'ouvrages. Je fuis fâché qu'il ne me foit pas poffible de fuivre plus en détail l'Ouvrage de M. Roubo , pour en donner à l'Académie une idée plus précife j mais je puis affurer l'Académie que tout y eft bien vu & expofé avec clarté , de forte que je le crois très-digne de l'impreffion. A l'Académie ce 20 Décembre 1774. Si^Hf, Du HAM EL du Monceau. Je certifie l'Extrait ci - deffus conforme à fon original & au jugement de l'Académie. A Paris , le 7 Janvier i77j. GRANDJEAN DE FOUCHY, Seciétaire perpétuel de rAcadémie Royale des Sciences. ERRATA de l'An du TreUlageur. Haï I04J , ligne i8, 6c le gorgerini; llftz: & le gorgerm /. Bld. ligne lo, l'aBragalc/; : Taltragale g !04J, /<gw lï , la ligne I,; lijcz : la ligne 1,1. lojo , ligne S, dans la lîgure 6 ; tifez: dans cette figure. ^°7\;J'S"' î*" ' à rà-plomb des corniches; llfez: a l'a-plomb de ceux des corniches , &c. "tifs' '''' PS"''»'!"; ''7" : ces penden- ïo8î, lignei^, AG; ilfex : AC. 1085, ligne ^î , D F ; lifez : DE. lopj , //^tif 7 , J M; llfez ; / w. Fj^f nos, '/g'" ly, 6g. s';;,7-,,j.. Jg, 6. "ks ronds. ' " """'""^ ; ''ï"" •• * ""limite I1J7, W 14, figure ii;llfef. figures, r 149 , >g»t 15 , du i'ocle ; llfez : du foffite. 1180, l'gin, fur lequel tout rédifice efl pofe; /</t; : lut lequel pofe tout I édifice. 1184, ligne J4,de ces ouvertures : llfez - de fes portes. 1 158 , ligne 15 , fig. , ; ;,y„ . £g. . Wra. ligne 17, fig. ^ . . jg, iiio, /mie il, iig. £g. , 1-3 J > l'Z"^ 18 , au midi ; llfez ; à l'horizon. Dans le VocabuL Page ti7i , ligne i , centres ; llfez : cintres. "74. %"« 18, de pied; ///êi: de pile. ii7« . j'ii" 7 , Sea. i ; /,Ji, : Scd. ». 1133, tlgneiSy des coupes ; /r/ez : des coups. aire. Tige I»p8 %nt J4, raccords droits; //Tez: raccords adoucis. 1301 , /;g«e 19 ^ davier ; aîmtiez: ou david. , %ie 47 , pilon ; llfez : piton. Errata des Planches. ""l^AS^tlil^i^â^^.^ lignera indique A la Jlanche 3.8. U manque les lettre. G & H à ,a ""indlauïÏL^rn ot^^^ '^^ ^ î^4> a manque la lettre , à la figure 4. Additions. Tage \ ^ ligne j ^ j[ manque : -^nge ; c'ell un mor- ceau de bois long de 7 à 8 pouces, & de <? à 10 li- gnes de gros, à l'extre'mire duquel ell attachée une éponge , ou plus communément la partie antérieure d un louUer , par le moyen de laquelle on prend de l'eau dans 1 auge pour la vcrfer fur le grès. Ibtdcn, l!g 17, il manque: .J'»/-<'.«V. On nomme ainfi des tringles de 9 a 10 lignes çn quarte , dans lerquelles lont ailcmbk-s do 18 à 10 pouces de dillance en dUUnr<> les uns des autres , des petits montan'ts de 6 pouces de longueur. Se d'une groiteur femblable à celle de la trinj;le, dont la longueur varie à l'infini. Les Anii- bois fe placent à plat fur Ip parquet 6c le long des murs, ou, pour mieux dire, des lambris des apparte- ments , pour arrêter les pieds des fiéges , afin que quand on s'aTicd delTus, le dolTier de ces derniers ne vienne pas frapper contre les lambris , ik en gâter la peinture. Pn^e 1157, ligne , il manque : ^«uen(r. On nomme amli .des efpeces de plafonds faillants , places au-deflus des ouvertures des boutiques , pour en écarter les eaux pluviales. Les Auvents font inclines dans leur largeur pour faciliter l'écoulement de l'eau, fie font conlttuits de deux façons difFércntes. Les uns (Se ce font les plus fimples ) font faits avec deux ou trois planches de chê- ne , pofces à recouvrement d'un bon pouce Se demi les unes fur les autres , pour , en cet état , être clouées enfemble 5c fur le chafTis de bois qui les porte. Les autres font faits avec des planches de i à 1 pieds 6c demi de longueur, fclon la faillie de l'Auvent; ces planches font jointes à rainures Se languettes, 6c leurs joints recouverts avec des tringles de 9 lignes d'épaif- feur,au moins, 6c environ i à j pouces de largeur, qu'on cloue en place quand les planches de l'Auvent lont pofces. De quelque manière qu'on difpofe les pi:.n.l,c. de, ALivents, il faut toujours qu'elles foient d un bon bois de chêne, d'un pouce d'épaiiieur au moins; Il taut qu elles foient traverfées au moins d'un côté 6c qu elles foient portées par un chaffis de bois de chêne de î_ pouces de gros. Se foutenu par des arcs-bouîants ouccharpesde femblable grolfeur 6c qualité. Page 1304 , ligne 1 1 , il manque , Tr^ope de cave. On nomme ainli deux vantaux de Menuiferie pleine, placés dans un chaflis , lefquels étant pofés harizontaic- mcnt, fervent a fermer Icntrce des caves des maifons a loyer. Les Trappes de caves doivent être faites en bois de z pouces d épailleur, au moins, jointes à clefs 8c languettes rapportées, 6c être garnies en delTous de deux ou trois fortes barres à queue. Leur chaffis , dans lequel elles entrent tout en vie, doit avoir 3 pouces dcpailieur , au moins , llir 4 pouces de largeur. Les feuillures de ce chalTis doivent être faites en dé- pouille , amfi que le joint du milieu des deux Trappes pour en faciliter l'ouverture. * Faute à corriger dans la IP. Seclion de la IIP. Partie. On obfervcra qu'à la figure S de la Planche ir?, de la Seconde Sechon de la Troifieme Partie de cet Ou- vrage , laquelle figure repréfente l'intérieur d'un Tric- trac , les pointes font difpofées à contre-fens, c'cft-à- dire , qu'au lieu d'être perpendiculaires au joint du milieu, elles doivent être du même fens. Fautes à corriger dans la IIP. Seclion de la III,. Partie, Page 76S , n°. 7 , afphalate ; llfez : afpalathc- Page fj^., ligne 15, même faute. Depuis que TEbémAcrie elt au jour . M. la Force , Menmfier d Epmal en Lorraine , ma communiqué les deux recettes fuivantes pour teindre les bois en rofe & en argentm qui font , pour le rofe , quatre onces de cochenille bouillie dans un pot de vin blanc l'ef- pace d une demi-heure de temps , 8c cela dans un vafe de terre vernille. Qtiand le tout a bouilli, on y aioute quatre onces de cendre laque ; puis quand tout elt froid , on y met de l'huile de vitriol , jufqu'à ce qu'on s'ap- perçoive qu'un morceau de bois qu'on y trempe prend bien la couleur , 6c qu'elle foit affez foncée. On trempe !e bois dans cette teinture à froid, 6c on le laiffe au- tant de temps qu'il eli nccelfaire pour qu'elle le pé- nètre. Pour l'argentin , on fait une caiO'e de bon bois d'environ 2. à 3 pieds de longueur, Se d'un pied fur les autres fens, 6c on la paudronne en dedan; quoi on y met deus féaux de l'eau de l'a , après ;e des i3i2 Couteliers , avec la boue qui fe trouve au fond de l'auge; puis on f met quatre onces de fel de tartre, quatre onces de fel de nitre ou de falpètre , en égale quantité i quatre onces d'alun de glace , quatre onces de vitriol blanc ; on pulvérife bien le tout avant que de le mettre dans l'eau, qu'il efl bon de faire tiédir pour faciliter la fonte de ces fels ; après quoi on re- mue bien le tout, & on y met le bois de plane re- fendu fur la maille, en obfervant de le placer fur le champ , 6c qu'il foit totalement couvert de !a tein- ture ; puis on met la caille dans un lieu humide l'cf- pace de quinze jours ; après quoi on retire le bois , qu'on laide enfuite ftcher fans le laver , Ôc il fe trouve teint d'un beau gris argentin. N. B. J'ai fait des Errata à la fin de chaque Partie éc mon Ouvrage , pour corriger les fautes qui s'y ctoient gUifées , & que j'ai apperçues après l'impref- fion de chacune de ces différentes Parties ; cependant maigre mes foins je ne les ai pas toutes vues, foit qu'elles m'ayent échappé en relifant mon Ouvrage , ou que rempli de mon objet , j'y ayc vu les choies , «gn pas tçUcs qu'elles étoient , mais telles qu'elles dévoient être. Cependant comme ces fautes ne font jpas très - confidérables , n'étant , pour la plupart, que des omiiTions ou des tranfpofitions de quelques lettres, foit dans les Planches ou dans leur explication , je n'ai pas cru devoir faire une nouvelle rcvifion de mon Ou- vrage pour corriger ces fortes de fautes, auxquelles un Ledeur un peu intelligent pourra aifément remédier. Quant aux omiffions des chofes , foit des ouvrages ou des outils, je crois en avoir peu fait; ëc celles dont je me fuis apperçu , je les ai rapportées dans le Vocabulaire , foit en tout ou en partie , afin de ne rien laiiler à defirer dans la defcription de mon Art, dont la première Partie eft cependant traitée un peu trop brièvement , du moins quant à ce qui concerne la pratique Ôc la manutention des outils , certains ouvrages communs , que je regardois , dans ce temps, comme devant être connus de tout le monde , & par confe'quent peu fufceptibies d'une defcription plus am- ple. Ce défaut n'eft pas réparable pour le préfent; mais fi on fait une féconde Edition de mon Ouvrage , je la xeverrai avec foin , &: j'y ferai alors loutes ie* augmen-^ tacions qui y Ictgnt néceliaîrcs, DE L'IMPRIMERIE DE L, F. DELATOUR. 177;.